Somme Tarn-et-Garonne

Les piliers latéraux de support de cet arc, construits en pierre de médiocre qualité et Puylaroque irrégulièrement sollicités, avaient éclaté. D’ autres désordres affectaient les voûtes Canton Quercy-Rouergue (acnien canton de ), arrondissement , 675 habitants du chœur, dus au mauvais état des char- ISMH 1975 pentes qui poussaient les murs goutte- reaux vers le vide. Des fissures verticales, qui semblent stabilisées grâce aux restau- rations qui viennent d’ être réalisées, glise Saint-Jacques. Établi sur affectent les murs du chœur. un site habité dès l’ Antiquité, l’ ancien bourg féodal, sur lequel Les travaux récents ont consisté à Éouvre le portail ouest de l’ église (place de remplacer les pierres éclatées des piliers la Citadelle), remonterait au xie siècle. Sa par des pierres de meilleure résistance, destruction en 1209 par une armée que à restaurer le pignon séparant le chœur conduisait l’ évêque de Cahors, Guillaume et la nef, à remailler et conforter par des de Cardailhac, est mentionnée dans inections les parties hautes des murs, à l’ Histoire anonyme de la croisade des restaurer et consolider les charpentes et Albigeois : « Assayada et finablement presa à refaire la couverture. La Sauvegarde de et demolida per la dita armada. » La place l’ Art français a participé à ces travaux 3. Façade nord ne survécut pas à ce drame, si ce n’ est dans par un don de 30 000 € en 2015. L’ état les fondations de l’ église, visibles sous le préoccupant des maçonneries du chœur sanctuaire, qui remontent au xiie siècle. incitera la commune à programmer des Quant à la seigneurie, sans doute confis- travaux futurs. quée pour cause d’ hérésie, elle rejoignit les domaines d’ Alphonse de Poitiers. La Jean-Louis Hannebert maison de Puycelsi de 1262 à 1316, puis les comtes d’ Armagnac, jusqu’ en 1362, en furent titulaires avant Raymond des Prez, qui l’ obtint par échange avec celle de Tournay-en-Bigorre. La reconnaissance du roi de par les habitants fut 1. Couverture de la nef et de la tour-clocher récompensée en 1369 par le duc d’ Anjou d’ une substantielle exemption d’ impôts pour une durée de dix ans. Depuis les dernières années du xvie siècle et jusqu’ à la Révolution française, la seigneurie érigée en marquisat en 1685 ne quitta plus la famille de Vignes.

« Simple chapelle, annexe de l’ église de Mazerac » (Moulenq), l’ église Saint-Jacques appartenait aux évêques de Cahors qui, en 1254, la cédèrent au chapitre de cette ville. C’ est Bernard de Carit, chanoine de Notre-Dame de Paris, évêque d’ Évreux en 1379, qui, originaire de Puylaroque, la fit agrandir et embellir en 1364. L’ homme, fort savant, est lié à la naissance de l’ humanisme français. On lui doit la chapelle Notre-Dame des Grâces (vocable rappelant sans doute le petit pèlerinage des Claux de Notre-Dame, situé dans un vallon à l’ extérieur du bourg), où il établit six chapellenies perpétuelles. Cette fonda- tion fut approuvée par le pape Urbain V en 1366. En 1493, la chapelle reçut encore la belle somme de seize florins d’ or 4. Vue intérieure vers le chœur avant restauration d’ Hugues des Prez, seigneur de Montpezat, 2. Plan (Joëlle Cumin, arch. du patrimoine)

380 Cahier 27 La Sauvegarde de l’Art Français 381 Tarn-et-Garonne Tarn-et-Garonne

e au bénéfice de la communauté (ou con- au xx siècle et l’ exécution de reprises Prés (1280-1361), vice-chancelier sous e sorce) des prêtres de Puylaroque. Au dans la nef. Les vitraux du xix siècle des quatre papes d’ Avignon. Le tableau de prestige de l’ église concourt la présence, ateliers toulousains de Victor Gesta sont L’ Apparition du Christ ressuscité à saint depuis 1360, d’ une relique du Saint-Voile, conservés, ainsi que le mobilier liturgique Dominique date du xviie siècle ; celui qu’ un écuyer du roi d’ Angleterre aurait de la seconde moitié du siècle : maître- représentant sainte Marguerite, œuvre distraite du fameux suaire de Cadouin autel avec ciborium et pinacle surmonté d’ Oscar Varcollier (1820-1846), d’ après (plus probablement, un fragment de sa de la croix, en pierre d’ Arles, sculpté par Raphaël et Giulio Romano (musée du doublure ou de sa garniture de présenta- Paul Espinasse, d’ Albi, autels et statues des Louvre, inv. 607), résulte d’ une com- tion). Selon d’ autres sources, elle serait à chapelles, œuvres des ateliers Virebent, de mande de l’ État en 1843. rattacher, avec la Sainte Coiffe de Cahors, Toulouse. Des pièces anciennes (un encen- e aux libéralités de Charlemagne en Quercy. soir de la fin du xvii siècle ou du début du La restauration des toitures et des maçon- e e xviii , deux plats de quête du xvi siècle, neries a nécessité des travaux importants Les reconstructions de la fin duxvi e siècle ornés l’ un d’ une figure de saint Georges auxquels la Sauvegarde de l’ Art français a font suite aux troubles des guerres de terrassant le dragon, l’ autre d’ une Vierge participé en 2013 à hauteur de 15 000 €. Religion : mouvements des armées calvi- à l’ Enfant, un calice et patène d’ argent e nistes à partir de 1580, puis siège de la du xviii siècle) constituent une sorte de Paul Mironneau place par celles de la Ligue, conduites petit trésor regroupé autour du coffret- par le marquis de Villars en 1591. Au reliquaire du Saint-Voile, objet composite xviiie siècle, les préséances ont définiti- remonté après la confiscation et la fonte du reliquaire d’ origine pendant la Révolution : Abbé L. Razoua, Notes et documents pour servir vement basculé : l’ église de Puylaroque à l’ histoire civile et religieuse de Puylaroque, prend le titre paroissial, tandis que le coffret de bois recouvert d’ argent et de Montauban,1883 (réimpr. Paris, 2007). Mazerac lui est donnée pour annexe. 3. Vue nord-est du chevet nacre, aux armes de la famille des Prés Fr. Moulenq, Documents historiques sur le Tarn-et- D’ importants travaux de réparation et d’ une autre famille non identifiée, est Garonne, Montauban, 1879-1894, t. II, p. 301-306. (contreforts, couvertures, voûtes, frontis- xviie et xviiie siècles. Si le frontispice et travées. La tourelle qui la flanque possé- surmonté d’ une croix d’ argent portant P. Gayne, Dictionnaire des paroisses du diocèse pice ouest) sont effectués en 1810. Dans la première travée, à l’ ouest, datent du dait son campanile propre, attaché à la le poinçon de la curie pontificale sous de Montauban, Montauban, 1978, p. 187. la seconde moitié du xixe siècle, d’ autres xviiie siècle et représentent une exten- chapellenie fondée par Bernard de Carit. 5. Vue intérieure vers l’ entrée Clément VI (1342-1352), dans laquelle il E. Moureau, « Reliquaire du saint Voile », faut sans doute reconnaître celle qui fut dans Tarn-et-Garonne. Histoire d’ un département, transformations renouvellent le décor, sion de l’ édifice, les quatre autres travées, catalogue d’ exposition, abbaye de Belleperche, donnant lieu à une nouvelle consécration le inégales, remontent au xive siècle, ainsi Le décor peint, entrepris avant 1853 et léguée au chapitre collégial de Montpezat- 2008, Montauban, Conseil général du Tarn-et- 3 septembre 1878 par Mgr Legrain, évêque que leurs voûtes et celles des six chapelles achevé par un élève des frères Pedoya, de-Quercy par le cardinal Pierre des Garonne, 2008, no 31, p. 71-73. de Montauban, à l’ issue de vingt-cinq ans latérales aménagées entre les contreforts ; Henri Petit (1830-1906), de Verfeil en de travaux. Quelque temps plus tard, en le chœur à chevet plat percé de trois baies Tarn-et-Garonne, était constitué, sur 1883, l’ abbé Joseph Razoua, curé du lieu, longues et étroites, qui correspond à une les voûtes, d’ arabesques, candélabres et répondant tout d’ abord à un question- cinquième travée, ouvre au nord sur la rinceaux sur fond bleu azur dans un style naire de son évêque destiné à améliorer chapelle Notre-Dame des Grâces, de néo-Renaissance et complété sur les murs la connaissance historique et archéolo- plus amples proportions, formée de deux de motifs au pochoir, avant sa réduction gique des paroisses du diocèse, publie de Saint-Porquier riches Notes et documents qui constituent toujours la base d’ une information appro- Canton Beaumont-de-Lomagne, arrondissement Montauban, 1 439 habitants fondie sur le passé de Puylaroque. Au ISMH 1978 xxe siècle, l’ inscription à l’ Inventaire supplé- mentaire des monuments historiques fut prononcée par arrêté du 31 mai 1927. glise Saint-Clair. La donation reconnaissances de biens dans le territoire bien que l’ église fût épargnée au début des de Saint-Porquier à l’ abbaye de de la paroisse. Mais le jeune évêché de guerres de Religion, contrairement à beau- Les maçonneries en pierre de taille Bonneval en 847 constitue la Montauban créé en 1317 y percevait aussi coup d’ autres du diocèse de Montauban. soigneusement assisées sont couronnées Épremière mention du lieu. Nouvelle dona- des revenus, aussi en 1745, le chapitre put La reprise des travaux est attestée par d’ une génoise moderne ; les toitures sont tion, en 1174, à l’ abbaye de Belleperche, affermer toute la dîme de Saint-Porquier. une brique portant le millésime 1589, au en tuile canal. Le clocher, dont la partie par Montarzin d’ Argombat : elle porte premier étage du clocher. L’ édifice néces- haute est du xviiie siècle, a connu divers sur « la grange de Saint-Porquier » Au cours des troubles de la guerre de Cent sitait encore des réparations au début du aménagements : il fut un temps couronné reçue du comte de Toulouse par le père Ans, les passages de bandes armées dans xviie siècle. Le chapitre de Saint-Étienne- d’ une coupole, puis d’ une toiture à trois du donateur. C’ est au sujet des églises la vallée de la Garonne n’ épargnèrent pas de-Tescou fut même condamné à parti- pans avec fronton, enfin, en 1998-1999, d’ et de Saint-Porquier que le « fort de Saint-Porquier », qui fut pris ciper au financement par un arrêt du d’ un édicule en cuivre sur le modèle de les abbayes cisterciennes de Belleperche en 1362. Que l’ église eût à pâtir de cette parlement de Toulouse en 1613. La région l’ ancien clocher. Les glacis des contreforts et Grandselve entrent alors en conflit ; situation ne fait aucun doute, mais sa resta longtemps perturbée : en 1628, le ont été modifiés et surmontés de dalles Géraud, abbé de Clairvaux, dut arbi- reconstruction ne fut entreprise que bien duc d’ Épernon, qui avait occupé la place, en béton. On pénètre dans la nef unique trer le litige, et l’ on considère que Saint- après la guerre de Cent Ans, pas avant fut attaqué par le gouverneur protes- par la porte principale, du xixe siècle, ou Porquier revint à Belleperche. En 1453, 1524 ! En 1537, les travaux n’ étaient pas tant de Montauban, Saint-Michel, entre par l’ une des portes latérales. Au sol, on Pierre de Carmaing, abbé de Belleperche (et terminés ; ils connurent un temps d’ inter- Escatalens et Saint-Porquier. relève la présence de pierres tombales des 4. Façade sud futur abbé de ), recevait plusieurs ruption avec les troubles civils et religieux,

382 Cahier 27 La Sauvegarde de l’Art Français 383