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magsacem n° 85 Le magazine des sociétaires Sacem septembre-décembre 2012

Musiques urbaines Le son de la rue Page > 09

05 > Échos 14 > Décryptage Jean-Noël Tronc : L’action culturelle « Reprendre l’initiative Au service de la musique stratégique » 02 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda Échos 03

L ’ édito Formation des artistes auteurs ÉTATS-UNIS Les échanges non-marchands Adossé à l’Afdas, le fonds de formation des artistes auteurs poursuit sa mise en Un nouveau partenaire place. Le conseil de gestion, en cours de constitution, se verra doté de trente- pour la Sacem deux membres : vingt et un représentant les artistes auteurs, sept représentant les ibéralisation des échanges non- au monde entier le titre qui vient de sortir, lorsque le Goncourt diffuseurs et quatre représentant les sociétés d’auteurs. et la SDRM marchands » : telle est la douce ne fera plus qu’un quart de ses ventes actuelles, alors vous vous L’offre de formation pourrait être élaborée avant la fin de l’année 2012 par les Les États-Unis sont, « L litanie que nous susurrent réveillerez, mais il sera trop tard. commissions, créées par le conseil de gestion, par secteur professionnel. • après l’Europe, le ces derniers temps, sous diverses formes, Car Mesdames et Messieurs les politiques, si très peu d’entre \ Les auteurs-compositeurs intéressés peuvent, dès maintenant, s’inscrire à premier marché à bon nombre de nos femmes et hommes vous sont cinéastes ou compositeurs, nombreux parmi vous se uneliste de diffusion à l’adresse suivante : www.afdas.com/auteurs/newsletter. l’export pour le réper- politiques. piquent de littérature et rares sont ceux qui n’ont pas publié toire de la Sacem­. « Échanges non-marchands », cela signifie, quelques opus, certains par profession et avec talent, telle notre Afin d’y améliorer à mon sens, « mise à disposition et téléchargements, à but non- ministre de la Culture, d’autres par ambition de laisser une les revenus de leurs Gouvernance Sacem lucratif, de fichiers illégaux ». trace, par simple opportunisme ou mus par la nécessité de membres, en particu- Certes, nous ne sommes pas devant des margoulins du style meubler une traversée du désert. Modification des statuts lier pour les droits Megaupload qui, sous la bannière d’une pseudo-liberté du Net, Il sera alors passionnant de voir si la générosité, dont vous vous de reproduction mé- ne font que s’enrichir. apprêtez à faire preuve avec le produit du talent des autres, per- Les propositions de modification des statuts et du règlement général de la canique, la Sacem et Mais l’internaute qui, sans pour autant en faire commerce, pro- durera lorsqu’il s’agira des fruits de votre propre travail. • Sacem, soumises lors de l’assemblée générale extraordinaire du 19 juin, ont la SDRM ont conclu pose au monde entier le nouvel album d’un artiste, porte néan- été approuvées ; notamment celles tendant à faire évoluer le mode de gouver- un partenariat avec moins un préjudice considérable à tous ceux qui ont contribué Laurent Petitgirard, nance en supprimant le directoire et en modifiant la dénomination du gérant, la société californienne Reel Muzik ­Werks à sa réalisation, des auteurs, éditeurs, interprètes, producteurs compositeur, chef d’orchestre, membre de l’Institut et initialement président du directoire en directeur général, dont les fonctions (RMW). Basée à Los Angeles, RMW est présidée et musiciens aux studios d’enregistrement. président du Conseil d’administration de la Sacem demeurent inchangées. • par Teri Nelson Carpenter et dispose d’une Il y a dix ans, lorsque le téléchargement illicite a commencé à \ Pour plus de détails, consultez le procès-verbal en vous connectant à votre excellente connaissance du marché américain gravement déstabiliser la musique, nous nous sommes tournés espace réservé sur sacem.fr : Mon espace > Mes informations sociétaires de la musique et de ses acteurs. > Assemblée générale sans succès vers une industrie cinématographique qui a fait la Ses principales missions consistent à améliorer la sourde oreille, persuadée que la lenteur des processus de télé- documentation du répertoire de la Sacem auprès chargement des films, consécutive au poids des fichiers, la pro- d’Harry Fox Agency (1) afin de faire progresser les tégerait pendant de nombreuses années. perceptions ; explorer de nouveaux secteurs por- L’augmentation vertigineuse des débits proposés aux inter- teurs ; et enfin, mieux faire connaître la Sacem et Code d’accès nautes a contraint du cinéma à se ressaisir, un peu la SDRM auprès de la filière musicale américaine. tard, malgré tout. + 42 % N’hésitez plus ! La Sacem compte sur ce partenariat pour Eh bien, je l’annonce aujourd’hui à nos chers femmes et hommes AG 2012 : le vote électronique progresser sur le marché américain et obtenir de politiques de tous bords, dont une large majorité semblent ne Certaines informations ne sont accessibles que sur votre espace réservé. bons résultats pour ses membres. • penser qu’à séduire un jeune électorat, la même mésaventure confirme son succès Pour obtenir votre identifiant et votre code confidentiel par courriel, cliquez sur (1) La principale société de gestion des droits mécaniques va bientôt arriver au livre. Pour la troisième année, les sociétaires ont pu s’exprimer l’onglet « pas de code » sur sacem.fr (coin supérieur droit de la page). • aux États-Unis. On constate déjà qu’une partie de la presse écrite est majoritai- en ligne du 22 mai au 18 juin. Le succès de ce mode de scrutin rement consultée par voie électronique et que ce mouvement ne s’est pas démenti, avec plus de 750 votes électroniques irréversible s’est nettement accéléré avec l’arrivée des tablettes. supplémentaires par rapport à 2011. Tous modes de vote Le livre commence déjà à suivre. confondus (par correspondance, sur place et en ligne), Quel que soit le plaisir du papier et de la belle édition, dont 3 344 membres se sont exprimés, dont 77,5 % via Internet. certains ne pourront jamais se passer, des modes de lecture À cette occasion, un tiers des membres ont été élus au conseil magsacem

n° 84 permettant d’emporter toute une bibliothèque dans une simple d’administration et une partie des membres des Commissions Le magazine des sociétaires sacem mai-août tablette, de grossir les lettres et d’amplifier la luminosité à sou- ont été renouvelées (Commission des programmes, 2012 hait, d’y effectuer toutes les recherches par mot, phrase ou Commission des comptes et de surveillance et Commission thématique et d’acquérir pour un prix moindre n’importe quel prévue à l’article R. 321-6-3 du code de la propriété titre dans la minute où que l’on soit, vont s’imposer. intellectuelle). • Lorsque le digital sera devenu majoritaire dans le livre (ce qui \ Composition du Conseil d’administration 2012-2013 et biographie Écrire est en train de se passer aux États-Unis) et que nos chers pirates, de ses membres sur sacem.fr et composer pour le qui auront cassé sans peine toutes les protections, proposeront jeune public Page > 05 Magsacem

10 > Décryptage 14 > pOrtraIt Programmateurs de festivals Ludovic Bource magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Jean-Noël Tronc | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de rédaction : Olivier Un magazine de plus en plus vert Inventer l’affiche Le hold-up malgré lui Bernard, Laurence Bony, Olivia Brillaud, Louis Diringer, Claude Gaillard, Catherine Kerr-Vignale, Claude Lemesle, Karine Mauris, Alejandra Norambuena-Skira, Dominique Pankratoff, Laurent Petitgirard, David Séchan et Arlette Tabart | Signatures : Philippe Barbot, Thomas Blondeau et Sophie Loubière | Ont collaboré à ce numéro : Bernadette Bombardieri, Vous êtes de plus en plus nombreux à consulter ce magazine en ligne sur sacem.fr et profiter ainsi des fonctionnalités de la Claire Giraudin, Églantine Langevin, Olivier Le Covec, Nicolas Pribille, Chantal Romanet, Sophie Schemoul et Guillaume Sintès | Direction artistique : Jessica Couty et Sophie Nguyen | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto – BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Magazine imprimé sur du papier recyclé | Le version digitale (zoom, liens directs vers les bonus et les vidéos). Une démarche de développement durable à encourager !• magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | \ Si vous Ne souhaitez plus le recevoir au format papier, merci d’en faire la demande expresse par courrier en indiquant votre COAD et vos Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social : Sacem – Département relations coordonnées postales à : Sacem – Magsacem – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex professionnelles et communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | Couverture : © GO US Photography/

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magsacem # 85 septembre-décembre 2012 04 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda Échos 05

Parole de créateurs Gestion collective Entretien Interview croisée Proposition de directive européenne « Reprendre l’initiative stratégique » Jean-Noël Tronc a été nommé le 20 juin 2012 directeur général de la Sacem. Il expose ses premières impressions, sa stratégie pour la société et les premiers chantiers mis en œuvre. En juillet, la Commission européenne a présenté une proposition de directive relative à la gestion collective des droits d’auteur et des droits voisins. Elle poursuit deux objectifs. Le premier, qui intéresse 250 sociétés en Europe, a trait à la gestion : des mesures sont proposées pour renforcer la transparence. Le second, qui se limite aux sociétés d’auteurs dans le domaine musical, concerne l’octroi des licences multiter- ritoriales favorisant le développement du La Sacem, Platine et .fr proposent une série d’entretiens réalisés par Jean-Pierre marché de la musique en ligne, aujourd’hui Pasqualini, entre deux créateurs, auteurs et/ou compositeurs. Ils répondent d’abord sé­pa­ freiné par la fragmentation des répertoires. rément aux questions avant de se retrouver ensemble pour une interview croisée. Ils nous À la Sacem, le projet a fait l’objet d’une parlent de leur rencontre et de leur collaboration. Également de leur métier… Tout cela étude approfondie pour mettre en avant autour d’un piano : de très beaux moments d’émotion et de musique à ne pas manquer. les points requérant modifications ou cla- À découvrir : Alain Chamfort et Élodie Frégé (photo), Antoine et Stanislas… • rifications, et préparer les discussions en \ Sacem.fr > Créateurs Éditeurs > Informez-vous > Actualités > Interviews et en Europe. •

Trésorerie Sacem Hommage Un premier semestre 2012 Emmanuel Nunes contrasté et Jean-Philippe Quignon

Les fonds placés par la Sacem ont progressé de 6,62 % au Le compositeur portugais de musique classique Emmanuel 30 juin 2012 par rapport au premier semestre 2011, pour atteindre Nunes, qui résidait en France depuis 1964, avait obtenu plu- 908 769 000 €. sieurs prix internationaux parmi lesquels le prix Cim-Unesco, Le taux moyen du marché monétaire est de 0,35 % au premier destiné à récompenser des musiciens dont l’œuvre a contribué à semestre 2012, contre 0,86 % pour la même période en 2011 l’enrichissement et au développement de la musique. Il ensei- (baisse proche de 60 %). gnait notamment aux États-Unis, en Allemagne et en France, où tockphoto S C’est pratiquement le même il avait récemment donné des cours au Conservatoire national i / taux qu’en 2010. supérieur de musique et de danse de Paris.

Le taux moyen des emprunts Humaniste, attachant, dynamique, atypique et ouvert, Jean- K indler rn

d’État à long terme baisse de Philippe ­Quignon, l’un des plus ardents défenseurs du monde de ö j

près de 20 %. Il atteint 2,9 % la musique, incarnait l’esprit des Vieilles charrues, dont il était B – au premier semestre 2012, coprésident et coprogrammateur. • hesneau contre 3,6 % au premier \ Retrouvez les hommages rendus aux sociétaires disparus ces hesneau C C semestre 2011. derniers mois : sacem.fr > Créateurs Éditeurs > Informez-vous arc • > Actualité. arc © M © • • • M ©

magsacem # 85 septembre-décembre 2012 06 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda Échos 07

• • • Magsacem — Après trois mois Quels sont les grands enjeux C’est dans cet esprit que nous avons Pour un euro collecté, annoncé, dès le 20 juin, certaines déci- à la Sacem, quelles sont vos d’avenir pour la Sacem ? 14,8 centimes 84,2 centimes premières analyses ? sions comme la création d’une direction sont dévolus sont reversés J.-N. T. — Notre ambition doit être de de l’audit et du contrôle interne, la publi- à la gestion aux créateurs Jean-Noël Tronc — Je constate que faire de la Sacem la première société de cation de mon salaire ou encore le sou- et aux éditeurs notre situation est contrastée. D’un côté, nous gestion collective d’Europe à l’ère numé- hait du Conseil d’administration d’avoir disposons de beaucoup d’atouts, à commen- rique, ce qui passe par une amélioration des personnalités indépendantes dans cer par le nombre et la diversité de nos socié- constante des services rendus aux socié- certains organes de la Sacem, comme taires, plus de cent quarante mille, ce qui fait « Trois grands enjeux taires, la préservation et la diversification c’est déjà le cas au comité des rémuné- de nous la deuxième société de gestion col- de nos perceptions et la poursuite de notre rations, créé en 2012, et qui valide les lective au monde après l’Ascap américaine. modernisation informatique. salaires et avantages de l’équipe de 1€ Nos sociétaires représentent tous les pour l’avenir de la Sacem : Pour servir cette ambition, nous avons iden- direction, ou au Conseil d’administration genres musicaux, bien sûr, mais aussi tifié avec le Conseil d’administration trois du Fonds d’action Sacem. d’autres secteurs importants de la création, faire de la Sacem une grands enjeux pour l’avenir de la Sacem : Nous avons une responsabilité particulière : en particulier celui de l’audiovisuel et du faire de la Sacem une entreprise plus per- nous sommes le premier employeur de la cinéma, avec les auteurs-réalisateurs (pour entreprise plus formante ; transformer son image ; reprendre musique dans ce pays 5, et nous en sommes la captation de spectacles vivants, les émis- l’initiative stratégique. le premier financeur. Les sommes réparties sions et documentaires musicaux, les clips, performante ; transformer Ces trois enjeux sont étroitement liés. La en droit d’auteur Sacem l’an dernier aux etc.) et les auteurs de doublage, qui sont transformation de notre image passe par auteurs, composi­ teurs­ et éditeurs (650 mil- Quelle est votre stratégie plusieurs milliers­ à la Sacem, ou encore son image ; reprendre une modernisation de notre maison et par lions d’euros) étaient supérieures au chiffre pour améliorer l’image dans le domaine de l’humour. des actes tangibles, en particulier en ma- d’affaires total de l’industrie du disque (617 de la Sacem ? L’importance de nos perceptions est un autre l’initiative stratégique. » tière de transparence. Et ça n’est qu’en millions d’euros). atout clé, pour ce qui concerne tant les droits changeant notre image que nous pouvons Les métiers, dans la musique, changent. J.-N. T. — Ma stratégie, c’est de remettre généraux que les autres droits perçus. Là en- vraiment reprendre l’initiative stratégique, Les modèles économiques aussi. Le numé- notre maison au cœur de la musique afin core, les différences sont frappantes : nombre Le fait que plus de 10 % des sociétaires de peu. Au cours de ces derniers mois, j’ai été même si, depuis juin, j’ai déjà pris réguliè- rique est partout. Mais le droit d’auteur de l’éloigner, ce qui ne se fera pas d’un de grandes sociétés ne gèrent pas, comme la la Sacem ne soient pas français témoigne frappé de voir combien de personnes croient rement position sur des sujets importants comme clé de voûte de la création, cela coup, des polémiques régulières dont elle Sacem le fait, les droits mécaniques, ou la copie de l’excellente réputation dont jouit la Sa- que la Sacem est une administration, alors que comme la baisse du revenu de nos socié- doit rester vrai demain comme ça l’a été fait l’objet depuis trop longtemps. privée, que nous traitons même au-delà de la cem dans le monde pour l’importance de c’est une société 100 % privée, sans un euro taires, l’Hadopi, la lutte contre le piratage, depuis cent soixante ans. Pour cela, comme je l’ai dit, il faut d’abord musique, comme pour le cinéma américain. ses perceptions et l’efficacité de ses répar- de subvention, sans un fonctionnaire parmi la défense de la copie privée, le projet du mener à bien la transformation de la Sacem­ Troisième grand atout, la précision de la titions. Avec cent soixante-quatre nationa- ses collaborateurs et dont les cent qurante CNM, l’importance de l’action culturelle 5 Hors secteur subventionné : l’Opéra national de vers plus de transparence et d’efficacité. répartition aux sociétaires, point essentiel lités différentes, la Sacem est ainsi l’une mille sociétaires sont les seuls propriétaires. financée par les droits d’auteurs, etc. Paris emploie plus de personnes que la Sacem. En communiquant régulièrement sur ce de la philosophie qui gouverne, depuis son des sociétés de gestion collective du monde Nous sommes connus et méconnus à la fois. que nous sommes et ce que nous faisons, 13 % par sondage (2) origine, notre maison : près de 80 % des les plus ouvertes sur l’international. Quant à notre image, elle est moyenne, voire nous pourrons changer progressivement 7 % pour la musique d’ambiance sommes réparties au programme, œuvre Je constate aussi, et cela fait partie de nos mauvaise. La bonne nouvelle que révèle ce notre image et être plus efficaces pour et de sonorisation (3) à œuvre selon la réalité exacte des diffu- principaux problèmes, une grande mécon- sondage, c’est que la majorité des gens nous défendre l’intérêt des sociétaires. sions, c’est là aussi un record mondial dont naissance de notre action. À la différence trouve « utile ». Mais sur des notions comme Cela passe par une communication active, nous pouvons être fiers. du cinéma ou de la presse, par exemple, la « transparence », « l’honnêteté » ou « la mo- déterminée et autant que possible positive, les gens connaissent très mal la manière dernité » de la Sacem, les réponses sont pour faire comprendre à ceux qui la voient dont fonctionne le secteur de la musique, majoritairement négatives. Là aussi, les cli- comme « un problème » que la Sacem, c’est et les clichés tiennent souvent lieu d’opinion chés, voire les fantasmes sur la Sacem, ont au contraire « une solution ». Ventilation du mode de répartition quand on parle de la musique, du droit la vie dure. d’auteur ou de la gestion collective. De plus Plus inquiétant encore, plus de 20 % des 79,5 % d’après 11,5 % par sondage 2 en plus de gens semblent penser que « la personnes interrogées sur le droit d’auteur • • • les relevés d’œuvres 9 % pour la musique musique, c’est comme les arbres : c’est « c’est un principe qui est diffusées d’ambiance répondent que ou reproduites 1 et de sonorisation 3 beau, mais ça pousse tout seul ». dépassé ». L’une de nos priorités doit donc Nous bénéficions d’une forte notoriété : plus être la communication et la pédagogie autour « Nous avons une responsabilité de 90 % des gens connaissent le nom de nos métiers et de notre action mais aus- « Sacem », d’après un sondage que nous avons si, plus largement, une action sur tous les particulière : nous sommes fait réaliser par BVA 4. Mais combien com- plans pour changer le regard sur le droit prennent ce que fait la Sacem ? Sans doute d’auteur et sur ceux qui créent. le premier employeur

1 Télévisions, radios, concerts, spectacles, cinémas, CD, DVD, téléchargements, sonneries de téléphone. non subventionné de la musique 2 Discothèques, bals avec orchestre, copie privée… 3 En tenant compte des œuvres reproduites sur CD et diffusées en radio ou lors de concerts. dans ce pays, et nous en sommes 4 Sondage BVA réalisé pour la Sacem en juin 2012 auprès d’un échantillon de 1 176 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas. le premier financeur. »

magsacem # 85 septembre-décembre 2012 08 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda À la une 09

• • • Notre maison a subi de nombreuses at- Dans nos actions de lobbying, je souhaite Nous essayons aussi de mener des actions taques depuis dix ou quinze ans. Il nous associer les sociétaires qui le désirent, en communes aux autres industries cultu- faut reprendre fortement la parole et occu- commençant évidemment par les membres relles. Avec l’édition littéraire, avec le ci- per la place qui doit être celle de la Sacem, du Conseil d’administration. Ils sont les néma, avec l’audiovisuel, avec la presse, au cœur de la musique et de la création meilleurs ambassadeurs de la Sacem. Que nous avons des intérêts communs, et nous en France. Nous essayerons ainsi de nous le directeur général de la Sacem rencontre faisons face aux mêmes acteurs des sec- exprimer régulièrement pour annoncer des des « institutionnels », c’est bien, mais c’est teurs de l’informatique et des télécommu- choses concrètes, comme pour le nouveau beaucoup plus efficace s’il est accompa- nications, qui captent une bonne partie de portail monprojetmusique.fr, dont l’idée gné de créateurs ou d’éditeurs. la valeur de nos industries depuis une m’est venue en voyant l’importance de C’est aussi cela, lutter contre les idées dizaine d’années. Les industries culturelles notre action culturelle, grâce au fameux reçues, parce que beaucoup de gens, pèsent ensemble plus d’un million et demi « 25 % copie privée ». J’ai été très heureux notamment chez les politiques, voient la d’emplois et 7 % du PIB de la France. Et de pouvoir convaincre nos partenaires de Sacem comme une grande « machine » nos emplois ne sont pas délocalisables. l’Adami, de la Spedidam, des majors, des opaque, qui vivrait pour elle-même. Dans un pays comme le nôtre, qui peine indépendants, mais aussi du CNV, du FCM Pour expliquer notre fonctionnement et la à donner de l’emploi à sa jeunesse, les ou encore des JMF, de rejoindre ce portail philosophie de nos statuts, j’utilise souvent industries culturelles sont donc une partie Internet qui regroupe ainsi, dès son lan- l’image d’une « coopérative ouvrière », qui de la solution. cement, la plupart des aides qui existent vit pour et par ses sociétaires, au service Il faut aussi sortir de la posture défensive en France pour la musique, dans tous les desquels je suis moi-même, comme tous dans laquelle nous nous sommes laissé domaines (cf. page 16). nos salariés, et non l’inverse. Notre Conseil enfermer ces dernières années. Les indus- d’administration et nos commissions sta- tries culturelles et le droit d’auteur ne sont tutaires, qui se réunissent plusieurs fois pas des freins au développement du numé- par mois, sont le garant de cet intérêt rique : ils en sont au contraire l’énergie général. renouvelable. D’un point de vue stratégique, remettre la Sacem au cœur de la musique doit signi- fier aussi être force de proposition sur tous les sujets qui concernent la musique et la Et les sociétaires ? création en France, en tissant des liens étroits avec tous les métiers de ce vaste J.-N. T. — Parmi les nombreux chantiers « écosystème » qu’est la musique : inter- qui structurent le plan stratégique que nous prètes, producteurs de disques comme de mettons en place, le développement des spectacles, musiciens, managers, syndi- services aux sociétaires est é­vi­demment la cats, autres sociétés de gestion, etc. première des priorités. Cela concerne J’ai pris l’initiative d’organiser depuis la aussi bien l’accueil, la richesse de l’infor- rentrée plusieurs réunions avec un certain mation sur les répartitions, de nouveaux . nombre de décideurs de la musique. Nous services que le dépôt des œuvres. ne sommes pas d’accord sur tout, mais si Mais j’aurai plaisir à revenir, dans les pro- nous voulons nous faire entendre des chains mois, sur un certain nombre de pouvoirs publics et peser davantage dans nouveautés concrètes que nous présen- les débats actuels que par le passé, nous terons pour tous les sociétaires. devons parler d’une seule voix sur les Vous comprendrez que je ne vous les grands sujets clés. dévoile pas aujourd’hui… • Musiques urbaines : le son de la rue « Les industries culturelles et le droit d’auteur Méconnues il y a vingt ans encore, les musiques urbaines occupent aujourd’hui une place non négligeable dans le paysage culturel. De l’underground aux , ne sont pas des freins au développement des petits labels aux grandes maisons de disques, la réussite des artistes de rap, de hesneau

du numérique : ils en sont, au contraire, R’n’B ou de slam témoigne du formidable dynamisme d’un répertoire qui n’en finit pas C arc l’énergie renouvelable. » de se renouveler. • • • M ©

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de la fidélité du public. Un engouement qui ne semble relative à la liberté de communication précise que pas près de faiblir : (environ 200 000 exem- les radios devront diffuser, dès 1996, 40 % d’œuvres plaires vendus pour Lunatic), (plus de musicales d’expression française, dont 20 % de nou- 150 000 exemplaires vendus pour Mes repères)­ ou veaux talents. Le réseau radiophonique national Sexion d’Assaut (66 000 exemplaires pour L’apogée Skyrock, qui consacre alors la quasi-totalité de sa en première semaine) semblent traverser la crise du « L’innovation grille au rap français, est une aubaine pour le genre. disque sans ciller. Il n’en demeure pas moins que ce première, « Ici s’amorce un âge d’or, analyse Olivier Cachin, jour- répertoire connaît de nombreux problèmes liés à sa dans les naliste spécialisé. Les majors signent des groupes qui diffusion, qui demeure souvent le fait de réseaux prennent du poids, car ils sont relayés nationalement. encore très spécialisés. musiques Personne n’aurait espéré cela cinq ans plus tôt. » La fin comme le rap, des années 1990 reste comme un symbole de cette Une ascension difficile c’est brusque ascension : NTM, , Secteur Ä, L’arrivée de ce type de musique en France est relati- l’utilisation , Akhenaton ou 113 collectionnent les vement récente : si les danseurs de hip-hop arpentent du “je”. » disques d’or, tandis que les albums d’IAM et Doc les rues françaises depuis le début des années 1980, Gyneco dépassent le million de ventes. le rap a fait ses débuts discographiques sur le tard. Oxmo Puccino. Après un passage à vide au début du siècle qui, couplé Accueillis par un public enthousiaste qui a favorisé à la crise du disque, a poussé certains producteurs à se les premiers disques d’or d’artistes comme MC Solaar, désengager, ces dernières années ont vu s’ouvrir un les musiques urbaines ont cependant mis près d’une nouveau terrain de jeu pour les musiques urbaines : décennie à s’installer en France. En dépit des Victoires « Le développement du répertoire s’est encore accéléré, de la musique de MC Solaar (1992 et 1996), d’IAM commente ­Thibaud Fouet, responsable du service de (1995) ou d’Alliance Ethnik (1996), on ne peut nier vérification des répartitions. Cette activité est en effet la difficile médiatisation de ces musiques, dont le facilitée par le développement du home studio, outil de discours et les techniques instrumentales atypiques prédilection de cette culture du “Do It Yourself” ». Mais c’est détonnent alors dans le paysage culturel français. surtout l’avènement du Web 2.0 qui a permis à une « Les musiques urbaines et la culture hip-hop ont long- multitude d’artistes de créer leur buzz sans passer par temps été les vilains petits canards de la musique française, les canaux traditionnels. Ainsi, depuis 2010, on a vu constate Bruno Laforestrie, cofondateur de la radio surgir une formidable variété de productions maison Générations et président de Hip Hop Citoyens.­ renouvelant diction, discours, musiques, attitudes et Malgré quelques tubes, il n’y a jamais eu de réflexion de tendances, et ravivant une compétition créative entre fond de la part des diffuseurs, des radios, des salles ou des les groupes en même temps que l’intérêt de la filière festivals, ce qui fait que le genre a perdu beaucoup de (cf. encadré page 12). Par ailleurs, ce milieu longtemps temps. » Paradoxalement, c’est en partie de l’Assemblée demeuré masculin est en voie de féminisation, ce qui nationale qu’est venu le salut : une loi de février 1994 élargit d’autant son public : « Je crois que la situation est • • • Le groupe de quatre DJs éfinir les musiques urbaines n’est appréhender. Il s’agit d’abord de musiques relative- C2C a bénéficié du soutien pas chose facile. Cette appella- ment récentes, dont l’évolution est liée à une tech- de la Sacem pour lancer tion, utilisée par la presse pour nologie ainsi qu’à une textualité propre. Ainsi, le rap, > Focus Le salut est dans le verbe son projet scénique, désigner un corps de tendances le plus populaire de ces genres, est né du funk amé- Le rapport des musiques urbaines projeter. » Un verbe inédit qui n’a pas qui n’étaient pas qu’une traduction avec quatre-vingts dates initiées ou pratiquées dans l’es- ricain à la fin des années 1970 avant d’être trans- au texte est central. Des jeux de mots tardé à être salué, notamment par des Américains. Là, c’est devenu déjà programmées. pace urbain, regroupe en réalité formé par les progrès de la microélectronique des lumineux de MC Solaar aux le ministre de la Culture Jack Lang. intéressant, l’écriture du rap est de plus une grande variété de disciplines. années 1980 et de devenir un style musical à part métaphores saisissantes de Booba, Mais il n’en était pourtant qu’à ses en plus travaillée, de plus en plus La seule catégorie « musiques urbaines » des Victoires entière. Au niveau du texte, les revendications sociales célébrées notamment par la Nouvelle balbutiements. Les années 1990 ont personnelle, aussi », confie Oxmo de la musiqueD rassemble en effet des artistes aussi et politiques portées par les leaders du rap américain revue française, le rap comme le slam vu surgir, soutenues par des nombreux Puccino. Un parcours textuel divers que Lord Kossity (ragga), Joey Starr, comme Public Enemy ont donné une direction sont le vivier d’une textualité neuve, ateliers d’écritures organisés parfois aujourd’hui reconnu et couronné ou Diam’s (rap), Grand Corps Malade, éthique et des thématiques que le rap, le slam ou le moderne et moderniste. « L’innovation par des auteurs de rap, de nouvelles par de nombreuses récompenses, (slam) ou encore Tragédie (R’n’B). Au sein même de R’n’B enrichissent depuis (cf. encadré ci-contre). première, dans les musiques comme visions de l’écriture rap ; coléreuse à l’instar du prix Raoul-Breton remis la Sacem, la question ne se pose pas : « À la Sacem, Trente ans après, le répertoire conserve un dyna- le rap, c’est l’utilisation du “je”, confie le chez NTM, descriptive chez IAM, par la Sacem à MC Solaar (1994) ou, les créateurs comme les éditeurs n’ont pas d’étiquette misme remarquable. Après des débuts hasardeux rappeur Oxmo Puccino. Contrairement rentrée et sensible chez Oxmo plus récemment, à Abd Al Malik artistique. Les musiques urbaines sont une appellation liés à une médiatisation difficile, il occupe aujourd’hui au rock ou à la chanson, qui sont bien Puccino ou Abd Al Malik. « Au fil (2007), ou encore le prix Vincent- utilisée essentiellement par les médias, comme l’électro une place de choix dans le paysage culturel. Les souvent dans la narration de du temps, ces thèmes, cette écriture, Scotto remis à Diam’s (2007). ou le rock, mais ici, ils sont auteurs ou compositeurs », disques d’or ou Victoires de la musique ré­cemment sentiments ou d’histoires, le “je” du rap qui était assez monolithiques au

commente Louis Diringer, responsable de la direction récoltés par Abd Al Malik, Grand Corps Malade, ouvre de nouveaux territoires parce départ, se sont diversifiés. On a vu hesneau C des Sociétaires. Pour autant, ces musiques possèdent Diam’s ou Orelsan (deux Victoires de la musique en qu’il permet de se raconter, de se arriver de véritables personnalités, arc © certaines caractéristiques qui permettent de les 2012) témoignent en effet de la vitalité des artistes et M ©

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artistiques : « Son approche était intéressante et surtout années dans d’ambitieux projets comme en témoignent professionnelle, confie Lilian Goldstein. Nous étions le récent spectacle de C2C, mais aussi l’imposante également très attentifs à son entourage, qui s’est révélé très tournée d’Orelsan, les mises en scène d’Abd Al Malik engagé, et nous avons donc décidé de le soutenir dans le et Hocus Pocus, ou encore les grandes réunions live cadre de la production de son spectacle ». Coup de maître : du festival Paris Hip Hop. En apportant un soutien à en 2012, sous le nom d’Orelsan, le jeune Français l’autoproduction, à la création de spectacle ou un ac- remportait deux Victoires de la musique… compagnement de carrière, la Sacem tente de valoriser « Ce n’est pas tant ce répertoire particulièrement dynamique à un instant le milieu qui s’ouvre aux Tous en scène clé de sa professionnalisation, en l’aidant à franchir femmes, mais plutôt Cette attention portée par la Sacem aux spectacles est les portes des salles ou des festivals. Aux Nuits de les femmes qui arrivent, fondamentale, car la diffusion des musiques urbaines Fourvière, aux Francofolies ou aux Eurockéennes, les est longtemps demeurée problématique : « Le rap a une musiques urbaines « à la française » ont désormais désormais, à se projeter image de culture adolescente, et de nombreux décideurs ne droit de cité, même si les festivals de hip-hop peinent dans ce style. » lui accordent pas le bénéfice de la crédibilité, regrette Bruno ­ encore à trouver des sponsors. Dans le cadre de sa . Laforestrie, organisateur du festival Paris Hip Hop. politique d’accompagnement des auteurs émergents En tant que porteur de projet, on a parfois l’impression qu’il à travers son programme d’aide à l’autoproduction, la faut tout prouver, tout réexpliquer, en dépit du fait que la Sacem propose une aide à la diffusion de modules soutien que peut apporter la Sacem est évident dans un production se porte bien, que les disques se vendent ». Le vidéo – clips accompagnés d’interviews – offrant ain- domaine comme les musiques urbaines. Dans ce style, très soutien de la Sacem est d’autant plus précieux qu’il si une belle carte de visite aux jeunes artistes de ce arc-bouté sur des logiques d’autoproduction, nous voulons intervient à un moment clé : longtemps demeurés Orelsan, lors des Victoires répertoire désireux de se présenter à la filière. La boucle donner un coup de pouce pour accompagner des démarches réticents à la production de grosses manifestations de la musique 2012, est bouclée : désormais, des petits home studios aux qui nous paraissent viables ». Récemment, c’est le groupe scéniques, le rap ou le slam se lancent depuis quelques où il remporta deux prix. plus grands festivals, il n’y a qu’un pas. • • • • de DJs C2C qui a bénéficié, dans le cadre de ce dis- en train de changer, affirme la chanteuse de R’n’B Zaho. positif, d’une aide à la résidence au Chabada (Angers­) Ce n’est pas tant le milieu qui s’ouvre aux femmes, mais ainsi que d’une aide à la production de spectacles et plutôt les femmes qui arrivent, désormais, à se projeter dans à l’export. « Le projet scénique de C2C nécessitait une logis- ce style ». Alors qu’on comptait encore peu de filles il y tique très particulière et financièrement lourde, détaille a quelques années, à l’exception de Diam’s, Princess Pierre-Pascal Houdebine, directeur de Furax, le tour- Aniès ou K-Reen, le boom 2.0 a profité aussi à la gente neur du groupe. En nous proposant son soutien, la Sacem féminine : « C’est très visible dans les clips, les vidéos… Il nous a aidés à lancer la machine : en quelques mois, nous suffit d’aller sur Youtube pour s’en rendre compte », ajoute avons écrit le spectacle, acheté du matériel, travaillé en rési- l’artiste. dence et lancé la tournée. » Du côté des artistes, on en reconnaît également l’importance : « C’est une démarche Un répertoire encore jeune qui nous a permis d’amorcer le projet. Il nous reste au- Quoique solide, le répertoire urbain n’en a pas moins jourd’hui à lancer le spectacle à l’international, et là encore, besoin de soutien, en termes de production comme nous bénéficions du soutien de la Sacem », analyse Yann de diffusion. À la Division culturelle de la Sacem, qui Nedelec­, manager du quatuor de platinistes. En 2010, met en place des programmes d’accompagnement également dans le cadre de l’action culturelle de la de carrière ou d’aide à la production, Lilian Goldstein, Sacem, un jeune rappeur alors peu connu bénéficiait responsable des musiques actuelles, observe : « Le lui aussi d’une aide visant à sécuriser ses premiers pas

> Rap 2.0 : nouveaux territoires, nouveaux héros L’avènement du Web 2.0 (et notamment des réseaux sociaux) a bousculé les habitudes des artistes en leur permettant de s’exposer à la vue de tous sans passer par les canaux traditionnels. Le groupe 1995 est l’exemple type de cette évolution. « On dit qu’Internet a tué la musique, mais c’est à double tranchant. Pour de jeunes artistes, c’est surtout l’opportunité de partager un truc totalement inconnu avec la planète entière. Pour nous, cela a été extrêmement bénéfique, et il s’est passé la même chose au même moment pour plein de jeunes groupes », commente Fonky Flav’, l’un des rappeurs du groupe. Parfaitement inconnu il y a deux ans, 1995 a en effet été accueilli en 2012 par le label Polydor sur la foi de ce buzz, créé à l’aide d’une page Facebook et d’un compte Twitter. De son côté, Guizmo, issu de la même mouvance, se voyait offrir un contrat d’artiste chez Because. Inaudibles quelques années plus tôt, ces jeunes rappeurs, parmi lesquels on peut aussi compter Orelsan ou L’entourage, se retrouvent parmi les grands gagnants de ce renouveau, qui transforme la toile en un terrain de jeu où s’expriment désormais une foule de propositions artistiques. « Ça a ouvert un regain de créativité du côté des groupes et ravivé l’attention et la curiosité du côté du public, appuie (1995). Comme tu peux t’exposer facilement à la vue de tous, tu n’as plus

besoin de te conformer à des standards pour te faire entendre. » De la provenance des rappeurs en passant par leurs hesneau C

influences ou les thèmes abordés, les stéréotypes rap sont ainsi en train de s’effacer, à mesure que se dessine une liberté arc \ Plus d’informations sur © M © artistique retrouvée. © DR

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L’action culturelle Au service de la musique Des programmes de soutien embryonnaires des années 1960 aux aides sur mesure d’aujourd’hui, la Sacem est depuis cinquante ans un partenaire incontournable de la création et de la diffusion. Nourrie en partie des revenus de la redevance pour copie privée, cette action s’est vue renforcée dans les années 2000 avec l’arrivée du numérique. Retour sur dix années d’une collaboration étroite entre Sacem, artistes et diffuseurs, au service d’un véritable pari sur le futur du paysage culturel.

n réalité, l’action culturelle entre ces trois institutions. Chacun a il y a une dizaine d’années, avec l’avè- de la Sacem a débuté bien saisi cette opportunité et l’a poussée nement de la rémunération pour la avant l’obligation faite aux encore plus loin. » En 1985, le vote de copie privée sur les supports numé- Ci-dessous : Esociétés civiles d’aider la la loi sur la rémunération pour la copie riques (CD-R, DVD-R, baladeurs Barbara Carlotti. création. Mise en place dès les années privée – dont le quart des recettes MP3…), ouvrant ainsi une nouvelle Grâce à la Sacem, 1960 à destination du répertoire complète les fonds propres consacrés ère. « Nous avons pour ainsi dire pris à la fin de sa contemporain, elle s’appuie à l’époque aux créateurs par la Sacem – donne un nouveau départ, même s’il s’agit tournée L’idéal, sur une constatation simple : « Ce réper- le coup d’envoi d’une politique de sou- d’une continuation de ce que nous elle a pu monter toire était conséquent, on en percevait tien qui ne cessera plus. « La Sacem a faisions par le passé », commente un spectacle inédit le dynamisme, mais il était très mal choisi de se lancer dans cet activisme Olivier Bernard. Du rap au rock, en qui lui a mis le pied exposé et peu soutenu par les pouvoirs et d’y mettre les moyens, en se servant passant par le jazz, la musique clas- à l’étrier. publics », confie Olivier Bernard, res- de sa situation de carrefour : nous sique ou contemporaine, la Sacem Page de droite : ponsable de l’Action culturelle de la sommes en contact avec les éditeurs, multiplie alors les programmes visant Alexis HK. Sacem depuis 1985. Ces premiers les auteurs, les compositeurs, les festivals, à sécuriser la démarche des créateurs. Le soutien de la soutiens apportés aux créateurs at- les salles de spectacles, les produc- Durant ces dernières années, des ar- Sacem lui a permis tirent peu à peu l’attention des pouvoirs teurs… », analyse Olivier Bernard. tistes aussi divers que Philippe Hurel, d’enregister son publics sur le secteur, stimulant la mise Alexis HK, Yves Jamait, Barbara nouvel album en place d’un réseau de relations entre Nouvelle ère Carlotti ou encore Giovanni Mirabassi, et de participer la Sacem, le ministère de la Culture et Si ces multiples programmes de soutien ont ainsi bénéficié de bourses d’aide aux Rendez-vous les services de Radio France. « L’idée ont mûri durant les années 1980 à l’écriture, d’aides à la résidence, par- pro de Montréal. était de développer des collaborations et 1990, ils ont pris un envol inattendu, fois en collaboration avec le ministère de la Culture dans le cas de la musique nous les aidons aussi dans leur com- d’une attention particulière. Lieux territoire britannique. Un travail de contemporaine, ou d’aides à la création munication ou dans leurs relations avec essentiels où se tisse en temps réel longue haleine, réalisé avec le concours de spectacles. « Cette multiplicité de la filière. C’est une forme de mécénat ». le contact entre l’artiste et son public, de l’Afijma, et qui offre également programmes n’est pas mise en place Actif dans le domaine de l’éveil musical les salles de concerts et festivals font la réciprocité aux jazzmen anglais au hasard, prévient Olivier Bernard. Ils des enfants, mais aussi dans l’accom- régulièrement l’objet de partenariats accueillis dans l’Hexagone. Dans des ont avant tout pour but de coller aux pagnement de films musicaux (Le qui leur offrent une grande liberté domaines plus spécifiques comme spécificités de tel ou tel répertoire. Tout Magasin des suicides, de Patrice Leconte, 570 d’action. « C’est ici que se joue le futur le cinéma, le Fonds culturel franco- en conservant une certaine unité dans récemment) ou encore dans le soutien festivals soutenus des carrières que nous soutenons par américain (Fcfa), mis en œuvre par la notre démarche, nous savons très bien aux jeunes talents du jazz, le Fas peut en moyenne par an. ailleurs ; nous ne pouvons donc être en Sacem, prend le relais en encoura- que les artistes de rock n’ont pas les ainsi se féliciter d’avoir accompagné retrait de ce secteur. Aider les créateurs geant la diffusion du cinéma français mêmes besoins que les ensembles les débuts de musiciens reconnus sans aider la diffusion n’aurait pas de aux États-Unis : en dix ans, Col Coa contemporains. » Il faut également comme Baptiste Trotignon ou Ibrahim 448 sens », développe Olivier Bernard. Et est devenu le premier festival de film évoquer l’action complémentaire du Maalouf. « Nous intervenons afin que les projets puisque la musique ne s’arrête pas au français sur le territoire américain. Le Fonds d’action Sacem (Fas), un orga- artistes puissent travailler sereinement, d’autoproduction pied des montagnes, c’est aussi Fcfa soutient également la création nisme qui écoute, observe et repère, commente Alejandra Norambuena- depuis 2004. au-delà des frontières que la Sacem et la restauration cinématographiques selon une approche sélective, les Skira. Mais plus que tout, nous cherchons explore et stimule des territoires où de part et d’autre de l’Atlantique (voir artistes de demain. Sa secrétaire géné- à coller aux spécificités des artistes. des artistes francophones ont poten- page 23). Il stimule ainsi les rencontres rale, Alejandra Norambuena-Skira, C’est vraiment du sur-mesure, un travail 487 tiellement leur place. Ainsi, des entre les professionnels du secteur de

explique : « Nous repérons des talents leury d’orfèvre. » aides à des échanges artistiques sont réalisés avec ces deux pays. oriou F L

et les accompagnons au plus près. ois Pour autant, la Sacem ne s’intéresse résidences l’Allemagne ou les États-Unis, ou ç Cela signifie que nous leur allouons pas à la seule création. La diffusion, de création encore une formidable visibilité est ran © F ranck © une certaine somme d’argent, mais que F © maillon clé de la filière, fait aussi l’objet depuis 2002. offerte aux jazzmen français sur le • • •

magsacem # 85 septembre-décembre 2012 16 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda Techno 17 • • • Cercle vertueux sait et notamment la crise du disque, mité avec la chose artistique, ces aides Au fil des années, une logique s’est les producteurs sont moins actifs dans parviennent de fait à point nommé Financer vos projets musicaux installée, qui inscrit les différentes ce domaine ». dans le développement des carrières, actions de la Sacem dans un cercle Autonome et indépendante, la sélection comme en témoigne Alexis HK : « La Un service en ligne souple et accessible vertueux. L’aide à l’accompagnement des artistes, projets, salles ou festivals Sacem s’est tournée vers moi alors que de carrière profite aux artistes ainsi concernés relève du choix des experts je venais de quitter une major et de qu’aux producteurs, aux festivals ou aux de la Sacem. Les principaux critères signer chez un éditeur indépendant. Je salles de concerts, qui programment qui entrent en jeu sont la viabilité du possédais une certaine notoriété, mais à leur tour ces projets. Un soutien projet artistique, le sérieux de l’entou- Plus de pas suffisamment pour voler de mes dynamique, dont la philosophie n’est rage professionnel et la pertinence du témoignages propres ailes. Leur soutien, financier et autre qu’un pari sur le futur de la diver- projet. Une aubaine pour les artistes, d’artistes dans humain, m’a permis d’enregistrer dans sité musicale : « Il s’agit de favoriser le qui se voient ainsi confortés dans leur la brochure Dix ans des conditions confortables, mais m’a passage de flambeau entre les créateurs démarche : « À la Sacem, ils m’ont de vie musicale également accompagné sur scène et installés et ceux de demain, de favoriser écouté leur parler de mes projets, de soutenue par la permis d’élargir mon public ». l’émergence des jeunes auteurs de la mes rêves et m’ont dit : “Très bien, fais- Sacem sur sacem.fr. 1 création future », commente Olivier le !”. Ils m’ont apporté une aide humaine Et demain ? 2 3 Bernard. Dans le même temps, cette et financière dans un cadre très libre, Ces dix dernières années, la Sacem a action salvatrice aplanit les difficultés sans rien me demander d’autre que de Ci-dessous : ainsi aidé plus de 15 000 projets artis- du marché pour les bénéficiaires et faire de la musique ! », se réjouit ainsi Frànçois & The tiques, auxquels elle a consacré plus maintient une forme de diversité, le pianiste Giovanni Mirabassi, qui a Atlas Mountains de 100 millions d’euros. À travers ces même en pleine crise : « Cela nous bénéficié d’un soutien dans le cadre ont bénéficié d’un programmes de soutien mis en œuvre permet de pérenniser la démarche des de l’enregistrement d’un disque live accompagnement en partenariat avec d’autres organisa- auteurs dans un domaine où il existe réalisé en Corée. Appuyées sur une de carrière (scène, tions professionnelles comme le CNV 4 une concurrence terrible. Car malheu- observation attentive du terrain, un bourse, résidence ou l’Adami, la Sacem est ainsi parvenue à reusement, pour les raisons que l’on maillage étroit du territoire et une proxi- et export). impliquer la filière dans son ensemble, sécurisant du même coup un certain nombre de financements publics émanant de l’État et des collectivités territoriales. « Nous sommes en effet parvenus à interconnecter de nombreux acteurs, du ministère de la Culture jusqu’aux Smac en région. C’est fondamental pour la création », conclut Olivier Bernard. En dépit des perspec- Cette nouvelle application de dépôt de demande d’aide en ligne est un vrai plus pour les porteurs de projets, comme pour les équipes de la Division culturelle et du réseau régional qui gèrent les demandes au quotidien. tives de diminution des ressources récoltées au titre de la copie privée 1. Le porteur de projet effectue une demande en ligne selon le calendrier d’ouverture des programmes. 2. Il a ainsi accès aux programmes d’aide (autoproductions, préproductions, festivals, saisons de concerts, productions scéniques, dans les années à venir, la création résidences, salles de musiques actuelles, orchestres et ensembles spécialisés, structures de formation…). entre dans un nouveau cycle, armée 3. Grâce à son compte, le porteur de projet peut déposer sa demande, puis consulter l’état d’avancement de son dossier. d’un système de coopération entre les 4. Il peut en outre le compléter au fur et à mesure, ajouter des pièces jointes, modifier ses coordonnées, consulter l’historique différents acteurs qui n’existait pas il de ses demandes antérieures… y a encore vingt ans. Un grand pas. • Les programmes 2013 sont accessibles à partir de début novembre 2012 et jusqu’à fin janvier 2013. • \ Pour effectuer une demande : sacem.fr > Actions culturelles > Financer vos projets > Demande en ligne

76,5 M€ ont été mis en répartition par la Sacem le 5 octobre 2012. Ce montant est en baisse de 20,84 % par monprojetmusique.fr Répartition rapport à l’année dernière. Cette différence s’explique essentiellement par la mise en répartition en oc- d’octobre tobre 2011 de droits en provenance de l’opérateur Orange (13 153 971 € pour la période 2006 à 2009) et par la En juillet dernier, les principales sociétés de gestion par catégorie d’aides, type de porteur 2012 baisse des droits en provenance de la vidéo (– 51,61 %) en raison du paiement tardif des droits par certains de droits et organisations professionnelles de la filière de projet et organisme. « Nous souhaitons y intégrer, dans > producteurs. • Les droits en provenance de l’étranger progressent de 5,13 % et les droits phonographiques de musicale (Adami, Bureau Export, CNV, FCM, Sacem, un second temps, les informations émanant du ministère 3,37 %. • Des progressions importantes sont enregistrées par le secteur de l’exploitation en ligne, es­sen­tiel­ Spedidam, SPPF…) ont mis en place un site Internet, de la Culture et des collectivités territoriales, qui ont aussi lement en raison de régularisations : + 130,66 % pour les téléchargements payants de fichiers musicaux, + 609,09 % pour les monprojetmusique.fr, qui référence toutes les aides un rôle à jouer à ce niveau, précise Olivier Bernard. téléchargements de sonneries de téléphones mobiles et + 92,47 % pour le streaming de fichiers musicaux.• La copie privée est financières proposées aux porteurs de projet (créateurs, Et pourquoi pas, dans le futur, y rassembler également en baisse de 13,11 %, dans le domaine tant sonore qu’audiovisuel. • Enfin, cette répartition comprend des redevances (3 394 984 €) éditeurs, organismes de diffusion et de formation). Un les fondations et les clubs d’entreprise qui œuvrent dans en provenance des concerts et spectacles qui n’avaient pu être traitées lors de la répartition du 5 juillet 2012.

moteur de recherche permet de filtrer les informations une logique de mécénat. » erstowsky \ Prochaines répartitions : vendredi 4 janvier 2013, vendredi 5 avril 2013.

© L. P \\ Informations sur les répartitions précédentes : sacem.fr > Mon espace > Mes informations sociétaires > Données des répartitions. © 21x29,7

magsacem # 85 septembre-décembre 2012 18 Échos | à la une | décryptage | Techno | Portrait | coulisses | Agenda portrait 19

2000 2005 Juillet 2012 Lauréate des Jeunes Charrues. Victoire de la musique catégorie Rejoue aux Francofolies de La Rochelle le premier album « Artiste révélation du public de l’année ». de Véronique Sanson, Amoureuse, sorti 40 ans plus tôt. Bio

Jeanne Cherhal

entre Paris et Madrid avec l’ingénieur du son Yann Arnaud, Charade plus rock, plus expé- entre nous, rimental, est salué par la critique. « Le fait de tout jouer, je n’y avais pas réfléchi au préalable. On travaillait sur des maquettes avec Yann Arnaud, on a transformé l’essai. J’ai continué bravo et merci l’album comme ça, en retournant toute seule en studio faire des prises. » En résultent des chan- De retour d’une maison en Auvergne où Vos danses folles sons de soufre et de miel. « Je suis très attirée elle s’isole pour écrire son prochain album, Jeanne a 23 ans lorsque sort un CD autopro- par le fait de dire des choses un peu dures et grin- Jeanne prend le temps d’ouvrir une parole duit suivi de l’album live Jeanne Cherhal. « J’ai çantes dans une enveloppe agréable. Le roi, c’est intime : évocation de ses chemins artistiques, rencontré les bonnes personnes au bon moment.­ Trenet. La chanson Je chante raconte l’histoire souvenirs d’improvisations et combats de Nantes, c’est une ville favorable à l’art, en mou- d’un SDF qui finit par se pendre. » Se moquer femmes comme bonne provende. vement permanent. Y avoir grandi m’a permis du sacré et de l’intime est un art nécessaire de franchir plus vite les étapes. » En 2002, elle à celle qui sait être sincère. « Chaque fois que L’espoir sera chose permise s’affiche avec Vincent Delerm à l’Européen, je parle d’amour dans une chanson, je ne peux C’est une petite fille de l’hiver, née en Loire- belle rencontre de jongleurs de mots. « On m’empêcher de tourner tout en dérision. Le ma- Atlantique, qui prend les mots à rebours, partageait une loge de 3 m2. À l’époque, Vincent riage, je n’ai pas réussi à en parler d’une manière accole des frimas à l’image chaleureuse : cartonnait avec son premier disque. Je venais de sereine, c’est peut-être parce qu’on ne m’a jamais « J’ai grandi à la campagne. Le soir, mon sortir un album live qui ne passait jamais à la demandée en mariage. » Qu’est-ce qu’il attend ? père remplissait la cuisinière à bois et ma radio, j’ai profité de son public. » Son deuxième mère terminait la soirée avec les pieds dans le album, Douze fois par an, assied Jeanne sur les Indignée et insoumise four ». Élevée avec ses sœurs cadettes, les marches du succès. « Pour le premier disque, on Lorsque le groupe d’activistes russes Pussy moments complices sont montrés derrière est dans les jets de l’amateurisme. Quand on veut Riot est condamné pour avoir chanté une un drap blanc tendu entre deux chaises : réitérer commence alors le vrai travail : ne pas se prière anti-Poutine dans une cathédrale de « Monter des pièces de théâtre, on adorait ça. répéter ni se trahir, se surprendre et surprendre les Moscou, Jeanne, choquée, écrit Tant qu’il y aura « Je suis très attirée On a aussi fait beaucoup de danse classique ». gens sans se perdre. » des Pussy (en ligne sur YouTube), paroles de vie Un souci de santé écarte la jeune fille des percutantes 1. « Elles dénoncent quelque chose de par le fait de dire chaussons roses et l’assied à un piano. « J’ai Audacieuse à haute dose grave. J’ai eu besoin d’écrire cette chanson pour des choses un peu commencé à chanter en faisant des reprises à Une scène ne suffit pas. Fin 2005, Jeanne elles. Ça ne change rien à leur condamnation, l’oreille de Starmania et de William Sheller. La Cherhal joue Les Monologues du vagin et re- mais savoir qu’elles sont soutenues moralement dures et grinçantes musique, c’était du plaisir. Je n’ai jamais pensé trouve les audaces du fameux drap blanc de en Europe leur apportera peut-être du réconfort. » dans une enveloppe que cela pouvait devenir un vrai métier avec l’enfance. Expérience qu’elle renouvellera à agréable. » des contraintes. » l’occasion. Pour son troisième album, elle se Pour aujourd’hui et pour demain jette à L’eau et tente l’aventure d’une tournée Riche de mille perspectives artistiques, Sauvageonne en sursis mondiale hors limites : « À Beyrouth, la ville Jeanne Cherhal n’a pas peur du roi des cons, Jeanne sera prof : « La philo, c’était la seule ma- était en reconstruction. La journée, on ne croisait de la foule, de la mort ni du hors-bord, comme tière que je ne séchais pas. J’avais une super prof personne, les affiches du concert avaient été arra- elle le chante si bien. Alors qu’est-ce qui la fait qui suscitait des débats, ouvrait l’esprit. Le bac en chées, on jouait le soir dans une boîte de nuit : mi- trembler ? « Égoïstement, j’ai peur de tout dans poche, j’ai voulu être comme elle, me poser des raculeusement, c’était plein… Le grand souvenir, mon métier : peur moteur de ne plus pouvoir questions de morale sur le droit et la justice, c’était c’est l’Afrique centrale. On oublie toute exigence écrire, de perdre ma voix, de monter sur scène, à la fois théorique et relié à notre quotidien ». technique, on se contente d’un groupe électrogène. des mauvaises critiques… En même temps, sans Mais Jeanne s’ennuie ferme et griffonne des Au Congo, on a joué dans une station-service. » cette peur-là, je serais molle. Elle me maintient chansons pendant certains cours, désintérêt en vie. » • qui lui ouvre la voie. « J’improvisais des concerts Assoiffée de liberté 1 Les paroles de cette chanson sont les intertitres de au resto de la fac du théâtre universitaire. » Éclo- Pour son quatrième opus, l’artiste se duplique cet article. sion d’un talent, restait à le nourrir. et joue de tous les instruments. Enregistré­ C lément

\ Retrouvez l’interview vidéo de Jeanne Cherhal par Sophie Loubière sur icky © M ©

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Salles de concerts. Leur rôle ne se ne se limite pas à la diffusion musique live : aux quatre coins du territoire, elles recherchent, repèrent et soutiennent aussi les artistes. Un travail de fond, auquel la 111 66 Sacem apporte son soutien. salles de musiques actuelles soutenues artistes présentés durant ces Scènes Sacem – Ci-dessous , de gauche à droite : (en 2011). Tournée Chantier des Francos Salle de répétition et concert (33 artistes locaux + 33 artistes issus au Chabada (Angers) ; Plaque tournante du chantier). La Cartonnerie de Reims.

— « Les artistes émergents rencontrent un Dans la continuité de ses programmes d’aides Billetterie sauvage : un enjeu pour l’image de la filière problème de diffusion, constate d’emblée Lilian « Nous suivons les groupes locaux, nous aux créateurs, la Sacem soutient également Comme l’ensemble de la filière, les salles de concerts sont affectées par Goldstein, responsable des musiques actuelles l’activité de ces lieux ouvrant leur program- le problème de la billetterie sauvage. Une pratique sanctionnée par la loi du à la division culturelle de la Sacem. Les artistes sommes en alerte. Nous les aidons pour mation aux artistes locaux ou émergents. Elle 12 mars 2012, mais dont les effets subsistent : « Lorsqu’un spectateur dépense reconnus sont invités à la télévision, mais pour prend ainsi en charge la tournée du Chantier une somme astronomique de manière illégale pour assister à un concert, c’est les nouveaux venus, il est difficile de se faire une répéter ou enregistrer une maquette. » des Francos : après avoir accueilli de jeunes autant d’autres concerts qu’il n’achètera pas », analyse Aline Renet, responsable place. » En permettant aux artistes de rencontrer créateurs au sein du Chantier, elle leur offre de la communication du Prodiss. Mais c’est aussi l’image de la filière qui est — Didier Veillault, directeur de la Coopérative de Mai. leur public, les salles de concerts occupent l’opportunité de se produire dans six salles en jeu : « Quand le public paie ses billets trop cher, c’est contre le producteur ou une place centrale dans le parcours des artistes, françaises 1. contre les artistes qu’il est en colère. Or, ce ne sont pas eux qui sont en cause, à l’instar de la Cartonnerie (Reims), de la artistes qui leur correspondent, et eux les guident « Nous suivons les groupes locaux, nous sommes mais bien les spéculateurs ». Avec le Prodiss, le CNV et le ministère de la Culture, la Sacem a mis en place une campagne de communication visant à lutter contre Coopérative de Mai (Clermont-Ferrand) ou vers le public, les programment ou les accueillent en alerte. Nous les aidons pour répéter ou enregistrer Diversité artistique ce marché noir en palliant le manque d’informations du public, notamment via encore du Chabada (Angers) : « Notre appui est en résidence. » C’est ainsi que Château une maquette, un peu comme un producteur », En dépit d’un équilibre financier parfois un clip diffusé sur Internet. Une démarche pédagogique qui vise à accompagner fondamental pour les jeunes groupes, explique Marmont­ investit dans quelques jours la commente Didier Veillault. Les salles repré- précaire, le travail opéré par les salles de le public dans son acte d’achat en assainissant, au fil du temps, l’accès à la culture. Didier Veillault, directeur de la Coopérative Coopérative de Mai, avant que les BB Brunes sentent ainsi pour les artistes une opportunité concerts est essentiel. Qu’elles recherchent, de Mai. Ils ont besoin d’exposition pour atteindre viennent y répéter leur spectacle début 2013. d’insertion dans le circuit professionnel, en produisent ou soutiennent les artistes la presse, les tourneurs, les producteurs ». « Ce travail de soutien est logique, ajoute Didier leur offrant une visibilité accrue. « Il arrive en avant de les présenter au public comme à soutenir l’économie des lieux et de préserver Pour autant, leur rôle ne se résume pas à Veillault. Sans groupe, il n’y a pas de concerts ! effet que nous leur fassions confiance sur un artiste la filière, elles sont un garant de la diver- la diversité, cela va dans le bon sens. C’est une simple diffusion. Nombreuses sont les Il faut donc s’y engager ». local qu’elles soutiennent, en le programmant en sité artistique. Et, malgré un phénomène aussi aux tourneurs de varier leur program- andia salles qui accompagnent les artistes sur le première partie d’un de nos artistes », commente de rachat de salles de concerts par des mation », résume Lilian Goldstein. • /

long terme, du coaching à la résidence, en Échange dynamique Sébastien Zamora. Lilian Goldstein voit même tourneurs qui pourrait laisser craindre l’avè- olyot coopération avec d’autres acteurs de la filière. Par ailleurs, le travail de terrain opéré par les plus loin : « Les salles installées sur des zones nement de programmations réduites au 1 La Maroquinerie (Paris), Le Fil (Saint-Étienne), J – « C’est une logique de partenariat, confirme responsables de salles confère à ces lieux un frontalières jouent un véritable rôle interna- roaster des propriétaires, l’avenir ne semble La Poudrière (Belfort), Le Kabardock (La Réunion), habada C

le tourneur Sébastien Zamora, chez Zamora rôle essentiel : « Ils défrichent, repèrent les artistes tional ». L’attestent les échanges qui se nouent pas si obscur : « Tant que cela permet de Le Rocher de Palmer (Cenon) et Le VIP (Saint-Nazaire). e Production. Les salles comprennent nos lo- sur leur territoire et tentent de les amener plus entre francophonie et anglophonie dans la L – giques de développement, et nous respectons en loin », observe Lilian Goldstein. À la Coopérative région lilloise, ou encore autour du carrefour \ Plus d’informations sur ostaky

retour leurs exigences. Nous leur proposons des de Mai, on soutient en effet la scène locale : toulousain à destination de l’Espagne. T ©

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particulièrement la création La Maroquinerie (Paris) Prix mondiale de Patrick Burgan, > La Demoiselle inconnue, TÉLÉVISION Expo Cinéma > D. G. in memoriam, pièce Sir Alice, Fauve, 4 octobre scène Sacem > > > hommage à Xavier Darasse > Nevchehirlian, Claire Émergences Musique de film \ jouée durant La Nuit Denamur, Mustang, Sur « Le Ring » Django Reinhardt Exposition \ Prix France de l’orgue, le 21 octobre 5 octobre et scène Sacem Mettez un musicien sur un Swing de Paris Paris vu par Hollywood Musique-Sacem à Saint-Sernin. Internationale ring, il donnera le meilleur de Son seul prénom résonne Toulouse, du 9 au 21 octobre Le Fil (Saint-Étienne) lui-même. C’est de cette idée encore comme un accord Décerné à un compositeur, > www.toulouse-les-orgues.org > Altam, Lee Harvey qu’est parti François Clarou parfait : Django, magicien ce prix récompense chaque Asphalte, Mac Abbé pour créer une nouvelle de la guitare manouche, année une création musicale Cinéma \ et le Zombi Orchestra, forme de magazine musical. disparu il y a près de pour le cinéma, parmi Rencontres 5 octobre Pas un vrai match de boxe, soixante ans, a laissé une sélection de films sortis > Mustang, Rover, We Were plutôt une performance, une une empreinte indélébile en salle l’année précédente. Henri Langlois Evergreen, 19 octobre rencontre aux sonnets entre dans la musique Le lauréat reçoit ensuite une La musique de film est le fil un chanteur et un artiste contemporaine. Comment commande de Radio France, rouge du 35e Festival La Poudrière (Belfort) peintre, dans le décor d’une connaissance d’Henri un saltimbanque tsigane a qui sera jouée en concert international des écoles > My Lady’s House, Maggy salle de sport. Le premier Gougaud, auteur pu révolutionner le jazz, c’est l’année suivante. Le 7e prix de cinéma, avec un atelier Bolle, Go Butterfly,25 octobre se confie à la caméra avant compositeur interprète, ce que raconte l’exposition France Musique-Sacem sera de composition musicale > , de se livrer à son public, le qui « courait les petites Django Reinhardt organisée décerné le 12 novembre en résidence réunissant Théodore, Paul et Gabriel, second réalise en temps réel scènes de minuit ». au Musée de la musique, 2012 à Paris, lors d’un compositeurs et jeunes Buridane, 26 octobre un portrait de l’artiste. De cette rencontre naîtra, avec le soutien du Fonds concert exceptionnel où réalisateurs, sélectionnés Le Ring, l’émission animée sept ans plus tard, un film d’action Sacem. l’Orchestre philharmonique sur leurs projets. Ces travaux par Aline Afanoukoé et documentaire avec les Plus de 800 documents, de Radio France interprétera feront l’objet d’une table diffusée une fois par mois témoignages de Jean disques, photos, affiches Les Villes invisibles, l’œuvre ronde en présence d’écoles sur France Ô avec le soutien Rochefort, Juliette Gréco, ou œuvres d’art retracent commandée à Bruno de cinéma avec l’objectif de du Fonds d’action Sacem, , Henri en sept étapes le parcours Coulais, lauréat 2011 pour les sensibiliser, d’interroger réinvente la musique live à la Gougaud, Paul Tourenne, mouvementé de ce virtuose le film Au fond des bois, la place de la musique télévision : « C’est un véritable Pierre Perret, Serge Lama, dans le Paris d’entre-deux de Benoît Jacquot. de film et de susciter défi, constate François Marie-Thérèse Orain, guerres. Comme le dit Vincent À l’occasion de l’exposition « Paris vu par Hollywood » à l’Hôtel Retrouvez ce concert en une collaboration en amont Buridane. Clarou, mais aujourd’hui, Francesca Solleville et Anne Bessières, commissaire de Ville de Paris, le Fonds culturel franco-américain (Fcfa) direct sur France Musique. entre auteurs. être chanteur est aussi Sylvestre. Le Trianon (Paris), Poitiers, de l’exposition, « plus qu’une est fier de soutenir l’édition du catalogue du même nom Le Kabardock Toguna. un combat… » À découvrir sur Arte musique, c’est toute la 12 novembre 30 novembre - 9 décembre (fin décembre, immortalisant cette exposition emblématique. (La Réunion) Le Ring, 20 h 30, sur France bande-son d’une époque… ». www.sacem.fr, www.rihl.org Ô. 19 octobre : Stuck in The date communiquée > Grèn Sémé, Jim Fortuné, « Django Reinhardt Swing Paris vu par Hollywood est le livre de cinéma indispensable www.radiofrance.com Sound et Orelsan, ultérieurement). Les jeunes talents s’exportent de Paris », du 8 octobre 2012 pour comprendre l’apport et l’influence de Paris dans le Maya Kamaty, 9 novembre avec les peintures Avec le soutien du Fonds CONCERTS au 20 janvier 2013, Musée > Maïa Vidal, Cabadzi, Afin de conquérir de nouveaux territoires géo- de Frank E. Rannou ; d’action Sacem. cinéma américain, une passionnante balade cinéphilique Festivals > de la musique. We Were Evergreen, graphiques et culturels, le développement des 16 novembre : Mai Lan illustrée par des photos et documents inédits. > 10 novembre et Michael Kiwanuka, avec Scène Sacem \ artistes passe de plus en plus par la scène. Pour > Interview de Vincent Paris vu par Hollywood - ouvrage collectif, sous la direction Étienne Cail ; 14 décembre : Hommage \ Bessières par Philippe d’Antoine de Baecque, éditions Skira Flammarion. Tournée toujours mieux accompagner les artistes qu’elle Lily Wood and the Prick Le Rocher de Palmer Barbot sur sacem.fr Exposition du 18 septembre au 15 décembre 2012. Xavier Darasse Chantier (Cenon) soutient, l’Action culturelle de la Sacem propose, et Oxmo Puccino, à Toulouse avec Frédéric Adrait. des Francos > Perrine Fifadji, Fabien depuis 2011, Scène Sacem Émergences et Scène Festival \ les Orgues Deuxième session de ce Bœuf, Calame, 7 décembre Sacem Internationale. Ces nouveaux rendez-vous > Interview de François La 17e édition du festival a rendez-vous proposé par > Ben Mazué, Claire professionnels internationaux associent concerts Clarou par Philippe Barbot Toute la mémoire du monde Denamur, Rover, 8 décembre rendu hommage à Xavier la Sacem et le Chantier des et temps d’échange. Au Bis, à l’Iomma (marché sur sacem.fr Le Fcfa, en partenariat avec la Darasse, compositeur et Francos, avec six nouvelles des musiques de l’océan Indien) ou encore aux Cinémathèque française, organise organiste toulousain. Les 19, salles. Au programme : Francofolies de Montréal, les artistes jouent 20 et 21 octobre lui ont été les Talents d’ici, concerts Film la première édition du Festival dédiés avec des ateliers d’artistes locaux, séances devant un public de professionnels, qu’ils ren- documentaire international du cinéma restauré à thématiques (écriture, de coaching par des contrent à l’issue des concerts, en présence de > Paris. Depuis 2006, le Fcfa s’est investi dans la restauration création, portrait…), professionnels de la filière leurs managers, tourneurs, éditeurs, également de films du patrimoine cinématographique français et rythmés par des intermèdes et la Sélection Chantier, Il est minuit, invités. Ces rencontres permettent ensuite aux Paris s’éveille américain, en soutenant la Cinémathèque française et The musicaux et des concerts. concerts des artistes professionnels d’envisager, concrètement, de W elters Film Foundation, créée par Martin Scorsese. C’est donc La Sacem soutient tout du Chantier. Sur la rive gauche, Claire Denamur. programmer les artistes découverts. an naturellement qu’il s’associe à ce nouveau rendez-vous.

– J – entre 1945 et 1968, plus de Depuis deux ans, à travers ce dispositif d’insertion We Were Evergreen. deux cents cabarets vont « Toute la mémoire du monde » présentera une sélection Le Vip (Saint-Nazaire) professionnelle, la Sacem a présenté plus de vingt ouvrir à Paris. éclectique et cinéphile de plus de quarante films d’une oignant > Moongaï, Élodie Rama, et un artistes, qui ont signé plus de cent soixante R Les talents qui sont nés sur qualité optimale. Projections, ciné-concerts, spectacles, hom- Manon, 14 décembre dates, et ont pu rencontrer managers, tourneurs, ces petites scènes sont > Cabadzi, Rover, Frànçois mages, master class, conférences, ateliers et démonstration

ébastien encore pour longtemps dans etc., donnant ainsi un nouvel élan à leur carrière. occuperont tous les espaces de la Cinémathèque. Cette & the Atlas Mountains, S – notre imaginaire… 15 décembre Grâce à Scène Sacem Émergences et Scène En 2003, Yves Jeuland, première édition rendra hommage à The Film Foundation. onat

Sacem Internationale, l’Action culturelle de la D réalisateur, fait la Cinémathèque française, 27 novembre - 2 décembre. uc www.cinematheque.fr

Ciné-concert \ Sacem offre visibilité et crédibilité à ces talents L – émergents, et leur permet d’en recueillir les béné- Festival aniel D l d’Aubagne fices concrets. ë Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem sont réalisées, notamment, grâce au financement Plus d’infos sur sacem.fr > Actions culturelles

Le Balzac (Paris), apha issu des ressources de la copie privée. Consultez toutes les informations dans l’espace Actions culturelles sur

17 décembre R ©

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