Histoire d’

Un « Camp de César » à , un tumulus et une motte féodale à Sendets, le Castéra, quelques vestiges à Idron attestent une très ancienne présence de l’homme dans nos villages. Idronium ou Idron est cité dans un cartulaire du XIème siècle et porta jusqu’au XVIème siècle le nom d’Ydroo, Lee, Ousse et Sendets sont mentionnés dans des documents du XIIème siècle. Ousse s’appela d’abord Ossa, puis Osse, puis Oose en 1402 et enfin Ousse à la fin du XVème siècle. Sendeds ou Sendez devint Sendegs en 1385 et Sent Detz en 1675. Ces villages firent toujours partie du bailliage, puis de la sénéchaussée de Pau et de l’évêché de avant d’entrer dans le district de Pau en 1790, puis dans son canton en 1791.

Leur peuplement fut longtemps médiocre ; en 1385 Idron comptait 22 feux, Lee 14, Ousse 12 et Sendets 11. Chaque feu regroupait cinq à six personnes environ. Au milieu du XVIème siècle la population avait diminué par rapport au Moyen Age ; Idron avait seulement 19 feux en 1644, Ousse 17, Lee 11 et Sendets 14. Jusqu’à la Révolution, le nombre des habitants ne varia guère : des épidémies, comme celle de 1760, fauchaient les jeunes générations. Au XVIIIème siècle encore, la moitié des habitants n’atteignait pas l’âge de vingt ans. La population ne commença à croître vraiment que dans la seconde moitié du XIXème siècle ; 502 habitants à Idron en 1858, 234 à Lee, 519 à Ousse et 563 à Sendets.

Seigneuries de paroisse, ces quatres villages changèrent souvent de seigneurs. Idron fut érigée en baronnie en 1655 et comprenait à ce titre la communauté d’Higuères. Au XVIème siècle, Sendets fit partie de la grande baronnie de ; son hospice, d’abord indépendant, releva ensuite de la commanderie de Caubin. Les seigneurs possédaient la dîme, ils nommaient les curés et entraient aux Etats de Bearn dans le Corps de la Noblesse. Au XVIIIème siècle la baronnie d’Idron appartint à une puissante famille, les Belsunce ; leur gentilhommière existe toujours.

A Lee se succédèrent les familles de Fréchou, puis de Batsalle, le célèbre Armand de Gontaut, marquis de Biron et enfin les Ségure. Après avoir appartenu aux Navailles, au XVIIème siècle, Sendets échut ensuite aux Perpigna, qui le conservèrent jusqu’en 1789. Ceux-ci possédèrent quelques temps la seigneurie d’Ousse qui revient aux Batsalle, aux Duleau du Lin et enfin aux Touya de Lort. Les Belsunce et les Biron exceptés, tous ces seigneurs furent de modestes personnages, peu fortunés.

Les ressources des villageois étaient essentiellement rurales et l’élevage était plus important que de nos jours. Cultivé dès la fin du XVIIème siècle, le maïs ne fut longtemps qu’un appoint. L’agriculture se transforma sensiblement au XVIIIème siècle, on commença alors à clore les terres et même vendre des communaux comme à Idron et à Lee. Idron fut l’un des premiers villages du Béarn à cultiver la pomme de terre avant 1789. A l’agriculture s’ajoutait un artisanat prospère ; dès 1385 il y avait un tisserand et un forgeron à Idron. En 1760 les tisserands étaient nombreux, on comptait un tailleur d’habit, un chirurgien, plusieurs charpentiers… Le XVIIIème siècle, fut relativement prospère : des routes furent percées, on édifia des presbytères à Lee et Sendets, les églises paroissiales reçurent un mobilier nouveau, des retables en particulier. Mais la vie demeurait toujours précaire et en 1789 les villageois chassaient encore les loups dans la vallée de l’Ousse.

Epargnés par les guerres, nos villages ne participèrent que de très loin aux grands évènements historiques. En 1547 le capitaine de la milice d’Idron conduisit sa compagnie à ; en 1713 les communautés accueillirent les troupes en route vers l’Espagne. Depuis le XVIIème siècle elles étaient affranchies du paiement de la taille parce que Henri IV était né dans leur sénéchaussée ! En décembre1789, la commune d’Idron fut la première à refuser au gouverneur du château de Pau le bois qu’il recevait chaque année gratuitement.

Les seuls troubles que connurent ces villages vinrent des droits d’usage, coupe de la fougère et pacage, qu’elles avaient sur le Pont Long. Celui-ci était la propriété des berges d’Ossau ; plusieurs conventions furent signées avec la vallée en 1464 et en 1465. Elles n’empêchèrent jamais les querelles, parfois violente ; Idron et Lee furent en procès presque constant entre 1754 et 1793.

Ces disputes ne cessèrent qu’avec la vente à des particuliers de la plus grande partie des landes après 1850. Le temps de la réconciliation était alors venu, il annonçait celui de l’union « Lous lauquettes d’Idroun » les pêcheurs de loches d’Idron tendirent en une main fraternelle aux « Cepassès de Lee », les ramasseurs de cèpes de Lee, aux pimpants de Sendets, « A Sendetz, que-s hèn hère bètz » et enfin aux habitants d’Ousse où l’angélus sonnait autrefois deux fois, « Lous dus angelus d’Ousse », une fois pour le commun et une autre pour les seuls cagits…

Christian DESPLAT

Professeur à l’Université de PAU