Reconstruction Ou Modernisation ?
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Rapport d'étude au Ministère de la Culture et de la Communication Mission du Patrimoine Ethnologique Reconstruction ou modernisation ? Un village après la tempête Le lioscfuel en Picardie Marie-Christine Zelem Décembre 1991 FDMJC de la Somme 5, rue des Provinciales - 80090 Amiens MINISTERE DE LA CULTURE-DAPA 9042 007097 Je tiens à remercier tous les habitants du Bosquel qui ont bien voulu m'aider dans cette recherche, ainsi que Monsieur Paul DUFOURNET qui m'a si gentiment accueillie. 1 Sommaire 1. Le Bosquel avant la guerre de 39-40: 1.1. Un village picard: - Une rue de granges - Le village et son terroir - Un sens très poussé de l'égalité - La distribution de l'eau - Des tisserands et des cultivateurs 1.2. Le remembrement de 1934 1.3. A la veille de la guerre de 1940 2. Le village sous la guerre: 2.1. L'évacuation 2.2. Le retour - Une campagne désolée - Une vie qui reprend - Se reloger 2.3. L'occupation - La vie au quotidien - Les fêtes - L'école 3. L'Etat face à la Reconstruction 3.1. Reconstruire 3.2. L'esprit de la Reconstruction avant la seconde guerre 3.3. L'Etat français face aux destructions de guerre 4. Le projet d'aménagement du Bosquel 4.1. Un schéma de village théorique? 4.1.1. La zone d'agglomération urbaine 4.1.2. La zone d'établissement agricole 4.1.3. La zone de grande culture 2 4.2. Une nouvelle conception de ferme 4.3. Les avantages du plan d'aménagement 4.4. L'esprit du projet de Reconstruction du Bosquel 4.4.1. Reconstruire, oui, mais quel type de village? 4.4.2. Le respect des traditions picardes 4.5. L'avant-projet 4.6. Qui va payer la Reconstruction? 5. Le remembrement de 1943 5.1. La loi du 9 mars 1941 5.2. Le principe du remembrement 5.3. Les modalités des opérations du remembrement 5.4. A quelques détails près... ou les obstacles rencontrés 5.5. Les résultats du remembrement - L'évolution de la structure des exploitations - Un parcellaire différent 6. Le Bosquel sous la Reconstruction 6.1. L'équipe des architectes d'opération 6.2. La main d'oeuvre 6.3. De nouveaux procédés de construction 6.4. La construction des fermes modèles 6.4.1. Les maisons d'habitation 6.4.2. Les bâtiments d'exploitation 6.4.3. L'adduction d'eau 6.4.4. La distillerie 6.4.5. L'église 6.4.6. La mare 6.4.7. L'école des 20.000 pierres 6.4.8. Une exposition sur la Reconstruction 3 Amiens? 6.4.9. La fin de la Reconstruction 7. Les aléas de la Reconstruction 7.1. L'arrêt des chantiers? 7.2. Les relations entre architectes et sinistrés 7.3. Les expropriations 7.4. Une véritables course d'obstacles 3 8. Le Bosguel depuis la Reconstruction 8.1. Les effets du remembrement 8.2. Un nouveau paysage 8.3. Des bâtiments agricoles devenus trop vite vétustés 8.4. Des maisons au destin bien commun 9. Une expérience fructueuse? 10. Repères 11. Annexes 12. Bibliographie 4 " Placé sur une hauteur, le Bosquel fut choisi pour être un centre de résistance. L'avance allemande s'étant faite rapidement par la route nationale 16 et par la vallée de la Selle, cette position fut bientôt tournée. Les allemands montèrent à l'assaut du village et la résistance fut sévère (...)" Paul DUFOURNET, Rapport justificatif de l'aménagement de la commune du Bosquel, CTRI, 1941, 25 p. 5 La percée de la ligne Weygand. "(...) Mais nos chars ne laissent pas un instant de répit à l'ennemi en fuite. Ils le talonnent. Même dans sa retraite il est anéanti. Ce n'est qu'à Grattepanche que l'ennemi se rétablit. Un rude combat se déclenche pour ce petit nid de résistance. C'est aujourd'hui un tas sauvage de décombres. C'est à peine si une maison tient encore debout. Ici, c'est un coup de plein fouet de notre artillerie sur un dépôt de munitions ennemi. Là, c'est une lutte infernale. Des heures durant, le combat reste hésitant; des heures pendant lesquelles nos tirailleurs doivent combattre pour avancer mètre par mètre à la manière de leurs camarades qui suivent nos chars à droite et doivent mener un sauvage combat de rue jusqu'à une heure avancée de la soirée dans Rumigny et Hébécourt. Ce fut la première brèche décisive qui élargit la tête de pont d'Amiens. C'est un coin enfoncé dans la ligne Weygand mais celle-ci n'est pas encore franchie. Nos régiments doivent s'emparer de chaque pouce de terrain en couvrant en permanence leurs flancs droit et gauche. Le Bosquel et Essertaux sont les objectifs suivants. Il y a toujours devant nous des divisions françaises aguerries que soutiennent des troupes coloniales. Ces bandits pratiquent une tactique insidieuse. C'est ainsi qu'ils font passer rapidement une patrouille dans un nid de résistance pour se jeter ensuite avec le gros de leurs forces sur l'ennemi qui riposte et assurer la sûreté de cette patrouille. Mais, c'est alors que notre artillerie intervient de manière décisive dans le combat ainsi que notre D.C.A et nos canons d'infanterie. Très avancées, ces pièces atteignent impitoyablement les nids de résistance les uns après les autres. De l'autre côté, derrière le Bosquel, se révèle un nid de mitrailleuses ennemi. Il suffit d'un seul coup pour le volatiliser. Mais viennent ensuite ces damnées forêts bourrées de mines d'où les français tirent sans cesse dans le flanc de nos chars et de nos troupes. Une attaque de "stukas" qui anéantit toute cette canaille dans la forêt apporte un grand soulagement. Ils foncent sur leur proie 6 comme des rapaces dans les bois un et deux, près de Conty et Rogy; et de l'autre côté, derrière Essertaux et Jumel. Ils font un excellent travail. Les motocyclistes qui ont mis pied à terre nettoient le reste. Ce rude combat impitoyable se prolongea pendant trois jours dès le matin jusqu'à une heure avancée de la soirée et dans des escarmouches de nuit. Trois jours pendant lesquels chaque pouce de terrain fut disputé. C'est à peine si nos hussards noirs ont dormi normalement une seule fois. Et, en plus, il faisait une chaleur étouffante dans nos chars. Mais nos braves équipages roulaient, attaquaient et remportaient des succès jour après jour. Toujours en avant! Puis, quand le dernier barrage d'artillerie ennemi fut dépassé derrière Essertaux et Jumel et qu'apparut Esserteaux à l'horizon, semblable à un tas de ruines fumantes, la résistance ennemie fut brisée. Les français reculaient dans une fuite éperdue pour tenter de sauver ce qui leur restait de vie. Alors nous commençâmes notre grande poursuite. Les régiments d'infanterie portée embarquèrent, les chars roulèrent à toute allure: axe d'effort Saint-Just. Talonnant l'ennemi, on atteignit l'Oise en une seule journée, soit trente kilomètres, mais l'ennemi continuait à nous harceler, nous attaquer et nous ralentir sur nos deux flancs. Les yeux écarquillés d'étonnement, Ins français surgissent des fermes qui se trouvent devant nous. Ils n'arrivent pas à croire que nous sommes là, lèvent les bras en l'air et jettent leurs armes. Personne n'a le temps de se soucier des prisonniers; nous devons avancer,. avancer, avancer... à une vitesse infernale. Les voltigeurs ne descendent pas de leurs véhicules. C'est un nuage de poussière compact, avançant à une vitesse folle qui poursuit les français dont les chars, les canons, les obusiers, les caisses de munitions, les sacs et les caissons gisent pêle-mêle. Plus loin, dans un char français un cadavre entièrement carbonisé. Breteuil est atteint, Saint-Just traversé. Partout des décombres". Sieg über Frankreich, Oberkommand der Wehrmacht, 1940, pp. 106-107. 7 Colonel Roger Le CLERC 18 décembre 1941 Commandant le 50ème R.I Oflag II D Groshom POMERANIE N° de prisonnier: 211 Bl-III Baraque 41 Stùbe 11 Monsieur le Maire de "Le Bosquel", "De Poméranie où je suis prisonnier avec quatorze officiers de mon régiment, nous réunissons pour vous envoyer et à vos administrés, notre salut et nos voeux. Le 50éme R.I chargé de défense Bois Quennetot et le Bosquel (1er bataillon) a fait tout son devoir. Sous bombardements massifs d'avions dès le 5 juin 1940 matin, il a le 6 et 7 au Bosquel jusqu'à 15h30 résisté à tous assauts de divisions blindées appuyées par aviation et tous engins les plus modernes. De 15h30 à 19 h lutte poursuivie pied à pied à la grenade et fusils dans votre localité en flammes depuis midi. Ai traversé le Bosquel prisonnier le 8 à la nuit la mort dans l'âme, mais fier résistance de mon régiment; localité brûlait encore, monceaux de cendres, sauf église. Dites vos compatriotes que si avez triste privilège être localité de Somme la plus durement frappée, notre brave 50éme est de tous les R.I du Sud-Ouest celui qui a le plus souffert. Sous chacune de vos maisons, braves petits gars de Dordogne, Charente, Bordelais. Au seuil année 42, unissons pensées à vos foyers dévastés, vers nos morts. Vive la France". R. Le CLERC 8 "(...) Le village incendié fut détruit dans la proportion des huit-dixième. La population qui avait fui, revint rapidement. Dès la fin juin, la vie reprenait dans les ruines; tous les cultivateurs sauf un, étaient des sinistrés totaux. Des cabanes en planches étaient édifiées, des demeures et des caves aménagées et la culture acquérait immédiatement les soins de tous (...)" Paul DUFOURNET, Rapport justificatif de l'aménagement de la commune du Bosquel, CTRI, 1941, 25 p.