Vers Le Omt-Dore Issoire-Le Mont-Dore S* O
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pYCLO U MAGAZINE .135 DU FOREZ A L'AUVERGNE VERS LE OMT-DORE PAR LUCIEN CLAIRET CHAPITRE II ISSOIRE-LE MONT-DORE • THIERS - Pont St-Jean sur la Durolle Gravure de J. Brugière 'AI terminé le premier chapitre de cette relation a voulu que je revois souvent cette belle vallée, et je à Issoire, le soir d'une mémorable agape, citant me souviens, fort à-propos, qu'il y a dix ans, le di le vieux dicton populaire qui affirme «que les manche de Pentecôte 1932, nous avions rendez-vous filles de ce pays sont fort belles à voir ». Et sur la grande place de Champeix, à midi précises. Jceci est bien vrai. Le chroniqueur Maurice Prax a Parti de Roanne, le matin même, avant l'aube, dit : « Le bon vin de la Limagne leur fait les dents en compagnie de trois camarades, nous devions re blanches ; le bon blé de la Limagne leur fait le corps trouver la famille Labbaye, de Clermont, et six robuste et les yeux vifs... » Roannais, amateurs de camping itinérant. A Issoire, dans le temps, au bon vieux temps, Après le pont de l'Allier, après la traversée de mais il y a cependant moins d'un siècle, on pouvait Coudes dans une campagne aux vergers luxuriants, boire le vin dans les auberges, à deux sou^ de l'heu- nous arrivions à Champeix ; il y avait foule sur la v re. Ceux qui n'étaient point ivrognes pouvaient le place, et tous étaient rigoureusement exacts. On se ' ".fjdevenir ! Par exemple, ajoute le chroniqueur, le bu serait cru, ma foi, à une de nos premières concentra veur qui s'endormait les deux coudes sur la table, tions régionales et, pour la première fois peut-être, après avoir copieusement honoré le divin jus de la 4 Clermontois, 9 Roannais et 4 Bordelais, qui se trou treille, payait pour ses heures de sommeil comme vaient de passage, furent momentanément réunis pour ses heures de libation. On ne disait pas «qui sur la grande place, au pied du Marchidial. dort dîne », mais on disait « qui dort boit » ! Champeix est une grosse bourgade adossée aux Pour continuer dans un bon ordre d'idées, repre collines qui encadrent la Couze du Chambon. La ri nons la route de Roanne au Mont-Dore où nous vière, descendue de la montagne, traverse le village, l'avions laissée, c'est-à-dire au pont de l'Allier, en courant dans son lit de galets. Sur l'un des quais tre Coudes et Montpeyroux. Nous allons remonter bordant la Couze se trouve une petite boutique por maintenant la vallée de la Couze jusqu'au Lac tant l'enseigne : épicerie-mercerie. On y servait à Chambon. boire de ce bon vin d'Issolre ; on y servait à manger La route des Dores, dans la vallée de la Couze, du miel, du succulent fromage de Saint-Nectaire... c'est pour moi une vieille connaissance. Il y a dix- Il me semble, en écrivant ces lignes, que je me sept ans que je la suivis pour la première fois, ve retrouve à Champeix, attablé sur la petite terrasse nant du Mont-Dore, et allant à Issoire. Le hasard de notre aimable épicière, devant la roche basalti- : S*O OYCLO 136. U MAGAZINE que qui porte l'antique Marchidial, château ruiné gne monumentale est justement fière ! Bâti sur un dont il reste la chapelle et sa tour, fin cylindre de rocher de basalte, l'antique sanctuaire dessine sa pierres couronné par un campanile à l'italienne. silhouette massive et pittoresque, dans l'harmonieux Le touriste qui traverse Champeix doit consa cadre de la montagne. crer quelques minutes pour gravir la butte encom Saint-Nectaire ! Ce nom sonne pour moi l'envol brée de maisons en ruines, et respirer le grand air des souvenirs. Que de fois j'ai traversé la « ville de la terrasse du Marchidial. De plus, il jouira d'une thermale». En 1928, nous y fîmes étape, venant du agréable vue panoramique sur la petite ville et la Mont-Dore. En 1929, au lendemain du rendez-vous vallée. d'Issoire, nous allions au Mont-Dore et, attardés par On a l'impression de se trouver en Cévenne, quel une averse orageuse, nous avions trouvé refuge sous que part dans la Gardonnenque et, cependant, nous un balcon, devant la vitrine d'un magasin exposant sommes presque au cœur de l'Auvergne... Champeix de petits objets pétrifiés comme ceux de la fontaine a un peu l'aspect d'Issoire, avec son Marchidial en Saint-Alyre, de Clermont. Il y avait même des mé plus. Il est à remarquer que la plupart des villages daillons portant effigie d'hommes illustres : Vercin- de la Limagne d'Issoire, comme les villages des Li- gétorix, Napoléon, Desaix, etc... et, placés en vis-à- magnes de Brioude et de la vallée de l'Allier, jusqu'à vis : Louis XV, dit le bien-aimé, et Arouet, dit de Langeac, prennent un tantinet d'allure méridionale. Voltaire, qui semblaient se regarder en chiens de Le ciel est bleu, lumineux... L'arborescence, très faïence. vigoureuse, prête son manteau à l'âpre nature, qui Nos réflexions sur la vie et les célébrités du galant épouse déjà la structure cévenole. XVIII" siècle n'allèrent pas sans faire sursauter la dame du premier étage qui, passant la tête par des • sus la rampe du balcon, nous pria sèchement d'al * * ler discuter ailleurs ! ! ! Par bonheur, la pluie cessait et nous rîmes beau Comme dit plus haut, nous allons remonter la coup en reprenant la route du Mont-Dore... Le Mont- pittoresque route Nationale 496, une des principales Dore, toujours le Mont-Dore ! Ce nom revient sou voies d'accès aux hautes montagnes d'Auvergne. vent sous ma plume ! Pour moi, il évoque un site Merveilleux début. Le premier village que l'on merveilleux entre tous que j'aime et j'admire ; un rencontre est Montaigut-le-Blanc, s'étageant à flanc site qui fut le but de mon premier « grand » voyage de coteau, sous les tours ruinées de son château à bicyclette en 1925. On ne va pas qu'une seule fois féodal. au Mont-Dore, on prend toujours plaisir à reve Paysages d'Auvergne... Variété infinie de sites et nir vivre dans son ambiance, à en goûter la séduc de couleurs ! Plus loin, c'est la Couze torrentueuse, tion et apprécier la majesté de son cadre mon grondante, encaissée dans sa gorge, entre des pa tagnard. rois envahies d'une végétation sauvage et d'éboulis En attendant, nous n'y sommes pas encore. Une volcaniques. Sur un piton se dresse la Tour de Mau- rampe légère, mais soutenue, sinue au long des pins rifolet. Les hommes d'autrefois l'avaient juchée là- qui bordent le Curançon. Puis, sans transition, nous haut, sans doute pour veiller la passe. passons sur un plateau. En pleine lumière, nous Le lieu présente quelque ressemblance avec les voyons briller les toits de Murols devant une magni gorges de Courgoul, et la route serre le rocher jus fique toile de fond, formée par les Dores, neigeux et qu'à la sortie de l'étroit goulet où, dans un décor éblouissants. plus ample, s'amorce la N. 678 qui est la route de Nous sommes au seuil de la haute montagne. Au Besse-en-Chandesse, de Condat-en-Feniers et du Lac seuil de la rude et véritable Auvergne. C'est un au Pavin, un des sites les plus réputés d'Auvergne. tre pays qu'il faut voir et connaître, dans son aus Longtemps, cette merveille limpide fut maléfique. tère décor de volcans éteints, de forêts et de pâtu Les paysans n'approchaient de ses bords qu'avec ter rages. Le sol y est d'une pauvreté parfois inconce reur et regardaient avec un certain malaise cet vable, la vie y est dure. Nous approchons du Cantal, abîme d'eau glauque et silencieuse. et ce sont de nouveaux paysages, plus hautains, plus Notre ami Marcel Grandjean a dépeint, jadis, violents, plus grandioses que ceux de l'Auvergne des l'agreste caractère de cette région et, plus récem ment, Roger Parisse nous entretenait de la traver Dômes... sée du Mont-Dore à Notre-Dame-de-Vassivière, et Le Tartaret, chaudière de l'ère quartenaire, s'e- esquissait, d'une façon vivante, la fête de la Déva- crase en bornant le bassin de la Couze. L'ancien lade, curieuse coutume des habitants du vieux vil volcan est à la fois proéminent et débonnaire... Il est mort et bien mort, comme tous ses frères au lage de Besse. Mais, continuons à remonter la Couze du Cham- vergnats, du moins nous le croyons ! bon. Elle s'évase pour laisser plus d'aise au village Murols a le type curieux des villages de la Haute de Verrières, Sur le bord du torrent, au milieu de la Auvergne, accueillant, sans opulence, vivant et ani feuilleraie, on peut voir un dyke de belle proportion. mé. La route thermale y déversait les cars emplis George Sand l'admira jadis... La célèbre voyageuse de touristes, durant les beaux jours d'été. Les esti préférait l'Auvergne aux Alpes. « C'est moins terri vants séjournent, l'air est salubre, la montagne pro ble, écrivait-elle, mais c'est plus beau ! » che Les environs immédiats du village ont un as Nous délaisserons un instant la rivière vaga pect étrange, une nature extrêmement contrastée. bonde pour gagner Saint-Nectaire-le-Bas, station Mais ce n'est point là l'attraction de Murols... thermale caquette et fréquentée. Les stations ther Ce sont bien les formidables ruines de son château male d'Auvergne sont faites pour les vrais mala féodal, qui s'élèvent sur un petit mont.