Le Livre V Des Guerres Civiles D'appien D'alexandrie
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Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm Université Nancy 2 Ecole Doctorale « Langages, Temps et Sociétés » EA 1132 —HISCANT— « Histoire et Cultures de l’Antiquité Grecque et Romaine » Thèse Présentée pour l’obtention du titre de Docteur de l’Université Nancy 2 en Langues et Littérature grecques Par Maud ETIENNE Le Livre V des Guerres Civiles d’Appien d’Alexandrie Edition critique, Traduction et Commentaire —Volume II— Composition du jury : Monsieur Alain BILLAULT, Professeur de Langues et Littérature Grecques à l’Université Paris IV Madame Valérie FROMENTIN, Professeur de Langues et Littérature Grecques à l’Université Bordeaux III Monsieur Paul GOUKOWSKY, Professeur émerite de Langues et Littérature Grecques à l’Université Nancy 2 (Directeur) Monsieur François HINARD, Professeur d’Histoire à l’Université Paris IV Madame Bernadette PUECH, Professeur de Langues et Littérature Grecques à l’Université Nancy 2 —15 décembre 2007— TRADUCTION FRANÇAISE NOTES COMPLÉMENTAIRES LE LIVRE V DES GUERRES CIVILES Les lendemains de Philippes I. 1 Après la mort de Cassius et de Brutus, César se dirigea vers l’Italie, et Antoine vers l’Asie : c’est là que Cléopâtre, reine d’Egypte, le rencontre, et sa vue le subjugue aussitôt. 2 Cet amour eut une fin des plus malheureuses pour eux-mêmes, et il concerna l’Egypte entière en dehors d’eux. C’est pourquoi il y aura, pourrait-on dire, une sorte de « partie » de ce livre consacrée à l’Egypte, une petite partie qui ne mérite pas encore d’avoir un titre particulier, puisqu’elle s’insère dans le récit même des guerres civiles, qui est bien plus abondant. 3 De fait, même après la mort de Cassius et de Brutus, il se produisait d’autres guerres civiles, semblables aux précédentes, même s’il n’y avait plus de général en chef, comme cela avait été le cas de leur temps1, mais des généraux différents pour chaque secteur, jusqu’à ce que Sextus Pompée, le fils cadet de Pompée le Grand et l’héritier encore2 restant de cette faction, fût éliminé après Brutus3, que Lépide fût déchu de sa part de commandement et que la totalité de l’empire romain revint à deux hommes seulement : Antoine et César. Voici comment se déroula chacun de ces événements. II. 4 Cassius de Parme, comme on le surnommait, avait été laissé par Cassius et Brutus sur les côtes de la province d’Asie, à la tête de navires et de troupes, pour prélever de l’argent. Mais à la mort de Cassius, comme il ne fondait pas les mêmes espérances sur Brutus, il choisit trente navires rhodiens, autant qu’il croyait en équiper, et incendia le reste, à l’exception du navire sacré, afin que les Rhodiens ne fussent pas à même de se révolter4. 5 Cela fait, il gagna le large avec ses propres navires et les trente navires rhodiens. Mais Clodius, envoyé à Rhodes par Brutus à la tête de treize navires, trouva les Rhodiens en révolte (car Brutus était désormais mort, lui aussi), au point qu’il fit sortir de la ville la garnison, qui comptait trois mille légionnaires, et alla retrouver Cassius de Parme. 6 Se joignit aussi à eux Turulius, avec de nombreux autres navires et tout l’argent qu’il avait perçu auparavant de Rhodes. Vers cette force navale donc, comme vers ce qui constituait désormais une sorte de point fort, se pressaient tous ceux qui, dans différents secteurs de la province d’Asie, étaient chargés d’exiger 2 Le Livre V des Guerres Civiles l’accomplissement des corvées, et ils complétaient les équipages avec des légionnaires, pris parmi tous ceux dont ils pouvaient disposer, avec des rameurs, pris parmi des esclaves ou des prisonniers, et, comme ils attaquaient les îles par mer, parmi les insulaires eux-mêmes. 7 Vinrent aussi à eux Cicéron, fils de Cicéron, et tous les autres nobles qui avaient fui de Thasos. Ce fut bientôt une foule et un rassemblement considérable de chefs militaires, de troupes et de navires. 8 Après s’être aussi adjoints Lépide, avec d’autres forces qui avaient soumis la Crète à Brutus, ils firent voile vers la mer ionienne pour rejoindre Murcus et Domitius Ahenobarbus, qui étaient à la tête d’une importante force armée. 9 Certains d’entre eux passèrent en Sicile avec Murcus et joignirent leurs forces à celles de Sextus Pompée ; les autres restèrent auprès d’Ahenobarbus et formèrent leur faction séparée5. III. 10 Tels furent les premiers regroupements qui se constituèrent à partir des restes du potentiel militaire de Cassius et de Brutus. Quant à César et à Antoine, aussitôt après la victoire de Philippes, ils offraient de magnifiques sacrifices et décernaient des éloges à leur armée. 11 Et, en vue de donner les récompenses de la victoire, le premier se rendait en Italie pour répartir la terre entre les soldats et pour enregistrer les colons (c’était lui qui avait choisi cette tâche en raison de sa mauvaise santé), le second, dans les provinces transmarines, pour récolter tout l’argent qu’elles leur avaient promis. 12 Ils s’attribuèrent à nouveau les mêmes provinces qu’au premier partage et prirent en outre celles de Lépide. Car ils jugeaient bon, à la demande de César, d’accorder son autonomie à la Gaule Cisalpine, conformément aux intentions du premier César, et Lépide était accusé de trahir leurs intérêts au profit de Pompée6. Et il fut fixé que, si l’accusation apparaissait comme fausse à César, il donnerait en échange d’autres provinces à Lépide. 13 Ils libérèrent aussi du service ceux qui avaient accompli leur temps de campagne, à l’exception de huit mille d’entre eux, qui avaient demandé à faire encore campagne pour eux et avaient reçu une réponse positive de leur part, si bien qu’ils se les partagèrent et les réunirent pour former des cohortes prétoriennes7. 14 Quant à l’armée qui leur restait, en incluant les troupes de Brutus qui étaient passées dans leur camp, elle comptait onze légions d’infanterie et quatorze mille cavaliers. Sur ces effectifs, Antoine eut six légions et dix mille cavaliers, parce qu’il partait à l’étranger, et César, quatre mille cavaliers et cinq légions ; il céda deux de ces mêmes 3 Le Livre V des Guerres Civiles légions à Antoine, pour recevoir en compensation deux légions d’Antoine, laissées en Italie sous les ordres de Calenus. Antoine en Orient Discours d’Ephèse IV. 15 César se dirigeait donc vers la mer ionienne. Quant à Antoine, arrivé à Ephèse, il offrit de somptueux sacrifices à la déesse et fit grâce à ceux qui, après le malheur arrivé à Brutus et à Cassius, s’étaient réfugiés comme suppliants dans le temple, à l’exception de Petronius, qui était impliqué dans le meurtre de César, et de Quintus, qui, à Laodicée, avait livré Dolabella à Cassius. 16 Après avoir réuni les <représentants des> Grecs et <de> tous les autres peuples qui habitent l’Asie autour de Pergame, venus en ambassade pour conclure8 un arrangement ou convoqués, il tint ce discours : 17 « Grecs ! Attale, votre roi, vous a légués à nous par des dispositions testamentaires et aussitôt, nous avons été pour vous meilleurs qu’Attale. De fait, les tributs que vous versiez à Attale, nous vous en avons fait remise, jusqu’à ce que, après l’apparition de démagogues chez nous aussi, nous ayons besoin de lever des tributs. 18 Mais lorsque ce besoin s’est fait sentir, nous ne vous avons pas imposés au prorata de votre fortune, de manière à ce que nous autres, nous prélevions un tribut non soumis aux fluctuations, mais nous vous avons demandé d’apporter comme tribut une part de vos récoltes annuelles, afin de partager jusqu’aux vicissitudes avec vous. 19 Comme ceux auxquels le Sénat affermait la perception des impôts usaient avec vous d’une violence extrême et vous demandaient bien plus que vous ne deviez, Gaius César vous a fait une remise du tiers de l’argent que vous leur versiez et a fait cesser les violences. C’est à vous, en effet, qu’il a confié la tâche de collecter les tributs levés sur les cultivateurs. 20 Et lui, un homme de cette trempe, nos « bons » concitoyens l’appelaient tyran. Et vous, c’est à eux que vous versiez de fortes contributions, eux qui étaient pourtant les assassins de votre bienfaiteur, et ce, contre nous, qui étions pourtant ses vengeurs. V. 21 Maintenant que la juste Fortune a décidé du sort de la guerre, non comme vous le vouliez, mais comme il convenait, s’il fallait vous traiter en agents de l’ennemi, il 4 Le Livre V des Guerres Civiles faudrait vous punir ; mais puisque nous voulons bien9 croire que vous avez agi ainsi par nécessité, nous vous épargnons les punitions majeures. Cela dit, nous avons besoin d’argent, de terres et de villes pour récompenser l’armée victorieuse. Nous avons vingt- huit légions de fantassins, qui, avec leurs auxiliaires, représentent plus de cent soixante- dix mille hommes10, et ce, sans compter les cavaliers et autres troupes légères de nos deux armées11.