La valorisation de la recherche au Centre de Conservation et d’Étude de Lorraine

Rolande Simon-Millot, DRAC – /service régional de l’archéologie (site de )

« Il y a certaines missions comme la conservation du mobilier archéologique qui peuvent avoir une ambition régionale. Je pense notamment à la création de CCE sur l’ensemble du territoire. Ces CCE pourraient conserver le mobilier, ouvrir leurs portes aux étudiants et chercheurs, développer des actions d'EAC » Dominique Garcia, MUMOP, 1er avril 2015 – interview n°38107

Les centres de conservation et d’études (CCE) ont vocation, comme leur nom ne l’indique pas forcément à prendre soin du mobilier archéologique. Ils ont été conçus en 2008 en réponse à la crise de la conservation du mobilier archéologique pointée par différents rapports ministériels depuis 30 ans, qui rendaient compte d’un phénomène que connaissent tous les pays où une archéologie préventive s’est développée : l’inadéquation des moyens dévolus à la conservation des archives du sol au regard de l’accroissement considérable des données. Ce qu’une anthropologue américaine, Barbara L. Voss1, de l’Université de Stanford a résumé ainsi « a gross imbalance between the continued generation of archaeological collection through excavation and a corresponding lack of resources and facilities devoted to the accessioning, analyzing, reporting, curating, and otherwise caring for these collections. »

1 VOSS Barbara (2012), Curation as research. A case study in orphaned and underreported archaeological collections, in Archaeological Dialogues 19 (2) 145–169, Cambridge University Press

______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 1

Partant de ce constat, qu’est-ce qu’un CCE ? Au risque de paraître caricaturale, je définirais les centres de conservation et d’étude comme des « dépôts archéologiques habités » par des agents qui y travaillent en permanence. La présence humaine dans les locaux est ce qui distingue le mieux les CCE des simples dépôts. Elle est la condition nécessaire et indispensable pour que puisse se développer une vraie politique de la recherche au sein de ces structures dédiées à la conservation. En effet, la présence humaine change tout : elle signifie quelqu’un qui regarde le mobilier régulièrement, qui est donc capable de remarquer les changements et les problèmes en termes de conservation, qui est en mesure de connaître et de faire connaître le mobilier, qui se rend compte et qui peut rendre compte ! Le personnel d’un CCE est le vecteur indispensable de la conservation et de l’étude du mobilier : il en est le garant et le principal moteur.

L’activité des CCE dotés de personnel se décline ainsi principalement en quatre grandes missions : collecter c'est-à-dire accueillir le mobilier archéologique mis au jour dans la région ou le département (transferts opérateurs, dons etc.), le conserver dans des locaux appropriés, grâce à des techniques de préservation, de conditionnement et de restauration répondant à des normes scientifiques, le classer et le documenter, rédiger à cet effet des instruments de recherche (inventaire, aide à la consultation, campagnes photographiques…) et enfin le communiquer aux étudiants, chercheurs, conservateurs qui en font la demande.

Par bien des points, le fonctionnement d’un CCE ressemble beaucoup à celui d’un Centre d’archives départementales. Comme lui, le CCE détermine des normes et fixe les règles pour la bonne conservation et l'archivage du mobilier des fouilles. Il normalise, impose des types de conditionnement, d’inventaire, de traitement, de telle façon que, ce qui a vocation à entrer au CCE, s’intègre facilement à l’ensemble. Comme lui, il collecte, conserve, classe et communique les archives. Mais celles-ci diffèrent par la variété de leur nature. Le CCE considère en effet l'ensemble des archives du sol2 à savoir bien sûr le mobilier archéologique, mais également les écofacts – prélèvements sédimentaires, faune, graines,…vestiges anthropobiologiques - et la documentation (rapports, cahiers d’enregistrement, fiches de restauration, résultats d’analyse, etc.). En outre si les centres des archives départementales peuvent sélectionner, choisir, trier ce qui entre dans leurs réserves en fonction d'une grille établie par leur soin qui encadre la collecte, les CCE n'ont pas cette opportunité. Ils s'inscrivent dans le cadre réglementaire défini par le Code du patrimoine qui impose à l’Etat l'obligation d'accueillir le mobilier archéologique dont l'inventaire est annexé au rapport remis par l'opérateur à l'issue des opérations préventives de fouille. Une obligation très lourde qui n’est pas sans rappeler celle du dépôt légal.

Prenons par exemple le Centre de conservation et d’étude de Lorraine (CCEL).

Une brève présentation du CCEL Rebaptisé en 2008, Centre de conservation et d’étude de Lorraine, le dépôt archéologique régional de Scy-Chazelles () occupe depuis 1989 un vieux chai militaire en réemploi. De 1989 à 2004 l’usage du dépôt a été partagé entre le service régional de l'archéologie et l'Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales – précurseur de l’Institut national de recherches archéologiques préventives Inrap) qui en fait sa base de fouilles principale en Lorraine jusqu’en 2004. De 2007 à 2012, à la suite du départ de l'Inrap vers de nouveaux locaux, les espaces de traitement du mobilier ont été mutualisés avec le service archéologique de Metz Métropole. Depuis 2012, date du départ des équipes de Metz Métropole vers leurs nouveaux locaux de la Maison de l’Archéologie et du Patrimoine (MAP), le CCEL n'est plus géré que par trois agents du service régional de l'archéologie qui sont affectés en permanence à son fonctionnement : une conservatrice responsable du site, une régisseuse et un agent technique. Le CCEL a pour principale mission de conserver l’ensemble des mobiliers archéologiques issus des opérations de fouilles programmées et préventives réalisées en Lorraine. Il comprend sur 2 300 m² trois niveaux de conservation (le rez-de-chaussée plus deux niveaux de sous-sol) et un étage qui est assigné au traitement et à l’étude des mobiliers (bacs de lavage, équipements et matériels d’examen), à la documentation et aux bureaux des agents affectés sur place. Le CCEL en quelques chiffres En 2016 le CCEL conserve près de 15 000 unités de conditionnement pour la conservation du mobilier archéologique provenant de plus de 1 500 opérations archéologiques (OA) réalisées en Lorraine depuis 1964 soit le produit de 50 ans de fouilles régionales. C’est la plus importante collection archéologique de Lorraine. Dans le détail, cela correspond à 11 656 caisses de mobilier « stable » (céramique, lithique, faune, etc.), 322 palettes de lapidaires et encombrants divers, 1 430 caisses de vestiges anthropobiologiques et 997 caisses ou boîtes de mobiliers « sensibles » (métal, verre ou organique traité).

2 Jean-Claude Papinot et Guy Verron évoquent ces archives au sens large dès 1998, dans le rapport qu’ils destinent au ministère de la Culture concernant la situation du mobilier archéologique en . Ils s’appuient en fait sur la convention de Malte pour étayer leur définition du mobilier archéologique : « Le mobilier forme avec la documentation écrite, graphique et photographique réunie lors d'une opération de terrain, des archives archéologiques indissociables qui doivent être sauvegardées et accessibles » (Rapport Papinot et Verron 1998, introduction). ______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 2

Budget moyen du CCEL sur les cinq dernières années : La conservation du mobilier et l’entretien du CCEL représente actuellement un coût annuel d’environ 70 000 euros. À l’intérieur de cette enveloppe globale, le poste de dépense le plus lourd (50%) est celui du fonctionnement du bâtiment : 35 000 euros par an pour les fluides (gaz, eau, électricité), la mise en sécurité (alarmes), la maintenance des équipements (gerbeur, monte-charge) et les menus travaux d’entretien. Ce poste va au mieux doubler sinon tripler dans le futur CCEL en cours de construction, qui sera un bâtiment moderne, beaucoup plus technique, très contrôlé selon les normes de la construction actuelle et gros consommateur d’énergie. Le deuxième poste de dépense (30%) est celui de la stabilisation/restauration : 20 000 à 30 000 euros par an. Il s’agit d’un budget apparemment considérable mais tout juste suffisant si l’on considère la quantité des collections anciennes (antérieures à 2004) non stabilisées conservées au CCEL. Par ailleurs il faut garder à l’esprit, que parmi les collections récentes (postérieures à 2004), seule une partie des mobiliers sensibles est stabilisée ou mise en état pour étude dans le cadre des opérations préventives. Le troisième poste important (15%) est celui des acquisitions diverses pour la régie, le conditionnement, la documentation et l’étude du mobilier (caisses plastiques, mousses, palettes, sachets, chariots, matériels d’étude, d’analyse et de photographie…) : 10 000 à 15 000 euros par an. Très loin derrière (5%) viennent les budgets consacrés aux études, analyses, publications, expositions, ou toutes autres actions de recherche et de valorisation réalisées directement par le CCEL sur ses collections (à peine 1 500 à 3 000 euros par an).

Les conditions de la recherche et de la valorisation : bien connaître pour faire connaître

L’importance de l’inventaire Une des principales conditions – si ce n’est la principale – permettant d’engager des actions de valorisation et d’étude au sein des CCE est l’existence d’un bon inventaire général des collections (IGC). Au CCEL une base globalisée et documentée a été développée dès 1997 par Florence Mousset (alors archéologue à l’Afan) et Olivier Caumont (conservateur au SRA Lorraine) sous format filemaker®. L’inventaire du mobilier a évolué constamment depuis sa création de façon à intégrer les nouvelles missions du CCEL : bases complémentaires pour les « archives de fouilles », les rapports d’opérations, les mouvements et conditionnements, nettoyage des doublons et introduction des n° d’OA dans l’identification des collections. À ce jour l’inventaire du CCEL compte plus de 170 467 fiches (correspondant à un objet, ou plus généralement à un lot d’objets). Il devra sans doute évoluer encore dans les années à venir peut-être vers une plate-forme plus collaborative et une solution internet. Qui travaille sur l’inventaire régional ? La régisseuse du CCEL, Florence Mousset, est responsable de la gestion de l’inventaire régional. Mais depuis 2010, les opérateurs d’archéologie préventive qui effectuent les transferts de mobilier auprès du CCEL en sont les principaux contributeurs. En effet chaque bien archéologique versé est systématiquement inventorié par les responsables d’opération sur la base des prescriptions du protocole « mobilier » qui accompagne depuis 2010 les cahiers des charges de fouilles. Après validation, l’inventaire mobilier de l’opérateur intègre de manière quasi-automatique la base générale du CCEL. Les chercheurs, associations et étudiants qui travaillent sur le mobilier archéologique conservé au CCEL sont également amenés ponctuellement, à l’occasion de leur stage ou de leurs recherches, à compléter ou corriger l’inventaire, notamment certaines attributions ou certains champs laissés pudiquement en « indéterminé » dans l’inventaire (il s’agit généralement des fouilles anciennes souvent mal ou peu renseignées). Leurs apports effectués sous le contrôle des agents du CCEL constituent une aide précieuse et améliorent considérablement la qualité scientifique de l’inventaire régional. Ainsi l’inventaire d’un CCE est-il un outil en perpétuelle évolution. Il s’agit d’un véritable instrument de recherche mais aussi d’un objet d’étude en soi. Les agents du SRA, mais aussi les opérateurs, les étudiants, les stagiaires, les chercheurs et les bénévoles travaillent concrètement et régulièrement à son amélioration. Tous participent à son enrichissement. Tant et si bien qu’il serait juste de qualifier l’inventaire du CCEL d’ouvrage collectif vivant. Des biens contextualisés La recherche au sein des CCE repose en priorité sur la bonne conservation du lien entre le terrain, les données et l’objet. À ce titre le rôle de l’inventaire est essentiel mais aussi la qualité de l’étiquette, du sachet, de la caisse, de tout ce qui, concrètement, garantit la conservation de l’information et du contexte. Pour une bonne intégration des biens archéologiques au sein des collections du CCEL et afin de garantir au mieux la pérennité des données qui les contextualisent, le SRA Lorraine encadre strictement depuis 2010 toute entrée de mobilier par un protocole de conditionnement et d’inventaire, qu’il s’agisse des transferts issus des opérateurs d’archéologie préventive ou des dons faits par des particuliers ou des collectivités. Cette pratique est d’autant plus importante que, depuis la réforme de l’archéologie préventive, les données matérielles générées

______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 3 par les opérations de fouilles – le mobilier mais aussi les rapports, les études, les archives papier et numériques – se sont considérablement accrues. L’entrée des biens archéologiques mobiliers au sein du CCEL se fait ainsi au rythme de trois ou quatre transferts annuels de 200 à 300 caisses généralement palettisées. Le rôle de la documentation Documenter l’objet ou la donnée constitue l’autre impératif d’un CCE et le deuxième pilier de la recherche. Depuis 2008, le CCEL reçoit systématiquement un exemplaire de chaque rapport d’opération remis au SRA Lorraine. Depuis 2014, chaque versement de mobilier s’accompagne également du versement des archives de fouilles qui lui correspondent. Enfin toute étude, analyse, recherche universitaire ou exposition qui donne lieu à un rapport, une publication ou un catalogue est archivée au CCEL. La documentation informatique (rapports, inventaires et photographies numériques) est versée en même temps que les archives papiers mais est conservée à part et non en accompagnement de la documentation papier. Elle fait l’objet d’un traitement spécifique et notamment d’une sauvegarde réalisée par le service régional de l’archéologie afin de permettre sa pérennité au-delà de la survie du support. La documentation accueille à ce jour 1 321 rapports d’opération soit à peine le quart des rapports inventoriés dans la Carte archéologique du SRA Lorraine. Cette différence s’explique par la « jeunesse » de la documentation du CCEL, créée en 2008, et par le fait que les rapports anciens n’existent souvent qu’en un seul exemplaire. La remise à niveau de la documentation nécessitera que l’on procède à la copie systématique – numérique et papier – des rapports des opérations anciennes présents dans la Carte archéologique. Pour l’instant il est procédé à la numérisation au compte-gouttes des rapports manquants, au fur et à mesure des besoins. Le versement des archives de fouilles au CCEL est également en cours de normalisation. À ce jour, le CCEL conserve les archives de 486 opérations soit à peine le tiers des opérations dont le mobilier est conservé (1 500 opérations). Afin de garantir la bonne conservation de ces ensembles papiers et numériques, il est régulièrement fait appel à l’expertise des Archives départementales de la Moselle (AD 57).

Les formes de la recherche et de la valorisation au sein du CCEL Les consultations, prêts pour exposition et pour étude Les consultations du mobilier sur place Si l’inventaire et la documentation constituent les moyens indispensables de l’étude, un autre point à ne pas négliger est l’accessibilité de la donnée. Ce dernier aspect est primordial, mais il est en partie conditionné par les deux précédents. Le CCEL est en mesure de répondre aux demandes de consultation, car il dispose d’un système performant d’inventaire et d’adressage du mobilier, une gestion normalisée qui permet l’intégration sans perte des données opérateurs (protocole 2010), du personnel sur place pour assurer la préparation, le contrôle et le rangement du mobilier consulté, des moyens d’étude (binoculaires, statif et appareil photographique de pointe, balances de précision) et une documentation associée au mobilier (archives de fouilles, rapports d’opération, de restauration, d’études, d’analyse, etc.) qui permettent de le contextualiser. Le taux de consultation Le taux de consultation au CCEL est d’environ 100 jours/homme par an selon une moyenne établie entre 2009 et 2016. Les consultations concernent à ce jour presqu’exclusivement le mobilier. La documentation (archives de fouilles, rapports) en cours de constitution n’est que peu ou pas consultée. Au total, si l’on ne comptabilise que le nombre de demandes annuelles de consultation, sans égard pour le nombre de personnes concernées ou la durée de celles-ci, l’évaluation de la fréquentation du CCEL plafonne à moins d’une vingtaine de consultations par an, ce qui n’est pas beaucoup à l’échelle d’un centre régional. Une plus large ouverture serait souhaitable à l’avenir mais cela nécessiterait de mieux faire connaître les collections du CCEL. Jusqu’à présent les consultations sont essentiellement le fait de chercheurs connaissant déjà l’objet de leur étude soit pour avoir contribué à sa mise au jour, soit pour avoir pris connaissance de son existence à la lecture des rapports ou des publications auxquels ils ont eu accès. Une meilleure diffusion de l’inventaire du CCEL, sous la forme d’une version « publique » illustrée disponible sur internet est à l’étude pour l’avenir. A titre d’exemple, en 2014, 843 caisses ont été consultées sur place au CCEL et 59 caisses sont sorties pour étude. En 2015, en raison de la fermeture du CCEL pour préparer le déménagement, il y a eu peu de consultations (seulement 68 caisses consultées sur place) ; à l’inverse, 584 caisses sont sorties pour étude. Qui consulte ? Le système de suivi des consultations mis en place ces dernières années au CCEL (fiches de demande précisant l’identité du ou des personnes requérantes ainsi que l’objet de l’étude et les pièces ou lots consultés – au moins par conditionnement) permet de se faire une idée du volume des requêtes annuelles, de l’origine des consultants et de leur motivation. Les consultations sont majoritairement le fait des professionnels lorrains de l’archéologie, qu’il s’agisse des opérateurs d’archéologie préventive (responsables d’opération, spécialistes), des universitaires, ou des membres des musées locaux (conservateurs, attachés, régisseurs, en préparation d’exposition) et à un degré moindre des étudiants de l’université. Ces derniers sont généralement de niveau master ou supérieur. Ils viennent souvent sur le conseil de leurs professeurs ou dans le cadre de leur thèse. La durée et le volume des consultations sont très variables (de quelques minutes à plusieurs jours, d’une ½ caisse à plusieurs dizaines…). On remarque également la présence de quelques chercheurs extra-régionaux et étrangers qui, pour la plupart, ont pris connaissance du CCEL ______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 4 par l’entremise de leurs collègues lorrains. Un nouveau mode de consultation est apparu ces dernières années suite à la réforme de l’archéologie préventive. Dans le cadre de la législation antérieure au 7 juillet 2016 concernant le mobilier archéologique provenant d’opérations préventives, le propriétaire du terrain dispose d’un délai d’un an, après réception du rapport final d’opération, pour signifier à l’État son souhait d’entrer en possession de la moitié du mobilier mis au jour. Entre 2014 et 2015, quatre propriétaires privés ont ainsi manifesté le souhait de prendre possession de leur bien. Il leur a été proposé de venir se rendre compte par eux même au CCEL du volume et de la qualité du mobilier archéologique découvert sur leur terrain. Suite à leur visite, les propriétaires ont à chaque fois renoncé à leur droit. Pour chacune de ces visites, ce n’est pas tant la quantité ou l’état du bien archéologique qui ont été déterminants dans le renoncement des propriétaires, que la qualité de l’accueil au CCEL, la richesse des informations qui leur ont été fournies sur la fouille et sur le mobilier, ainsi enfin que la compréhension de la valeur scientifique de l’ensemble. Le fait d’être reçu dans un lieu d’étude et de conservation clairement affiché comme un espace de travail et de recherche a permis d’illustrer aux yeux des propriétaires la démarche scientifique dans laquelle le bien archéologique était porteur de sens. Le CCEL les a amenés à percevoir l’objet archéologique comme un fragment de savoir et un indice qui perdrait toute signification en dehors de son contexte. Il leur a également permis de comprendre que son étude restait pertinente pour la communauté scientifique au-delà du temps de la fouille, en qualité d’archives du site. Les prêts pour exposition : Les prêts pour exposition du mobilier archéologique constituent une activité importante du CCEL. Ils occupent un temps considérable de la régie des collections (préparation du prêt, constats d’état, établissement des valeurs d’assurance, convoyage et aide à la mise en place pour les pièces les plus fragiles, idem pour les retours de prêt). En moyenne, le CCEL prête 200 pièces ou lots par an, ce qui correspond à 4 ou 5 expositions Les prêts pour étude : Depuis 2010, date de la mise en place du système actuel de consultation et de fiches de prêt pour étude, nous disposons d’une bonne visibilité du mobilier sorti temporairement pour étude. Actuellement plus de 500 caisses de mobilier sont sorties pour étude, majoritairement auprès de l’Inrap (90% des demandes). Le mobilier est fréquemment (ré-)étudié par les responsables d’opération et les spécialistes dans le cadre de programmes collectifs de recherches (PCR) régionaux pour de nouvelles analyses ou des études croisées. D’autres opérateurs ont également sollicité des prêts : le pôle archéologique de Metz Métropole et la société Antéa. Leurs demandes portent sur le mobilier provenant de diagnostics effectués par l’Inrap alors qu’eux-mêmes ont été chargés de la fouille préventive. Enfin à la marge, l’université ou le CNRS sollicite parfois un prêt pour étude, mais il s’agit rarement d’une quantité importante. Leur demande est généralement très ciblée et orientée par les PCR en cours.

Les travaux, traitements et analyses menés au CCEL En principe le CCEL accueille du mobilier archéologique déjà conditionné et stabilisé. En réalité il conserve encore des ensembles provenant de fouilles anciennes qui n’ont pas été triés, déterminés et encore moins traités. L’état de conservation des collections du CCEL est donc très variable. En outre, les quelques traitements de stabilisation effectués par les opérateurs ne peuvent être garantis sur le long terme, en dépit de conditions de conservation préventive adéquates. Les consultations, expositions et recherches en cours sont ainsi souvent l’occasion de prendre la mesure de l’état de conservation du mobilier. Pour les pièces les plus sensibles comme le métal, le verre ou les matériaux organiques il est procédé régulièrement à des inspections sanitaires du mobilier, généralement sur le mode de l’échantillonnage. Suite à nos constats, l’état d’altération de certaines pièces ont nécessité la mise en œuvre de campagnes de stabilisation et parfois même la restauration de quelques objets particulièrement fragiles. La limite entre les deux exercices est parfois difficile à tracer.

Valorisation, portées à connaissance et opérations pédagogiques En 2008, Jean-François Charnier pouvait conclure son article des Nouvelles de l’archéologie3 en opposant les CCE régionaux de l’État et les CCE territoriaux des collectivités : au premier revenaient les activités réglementaires liées « à la réception (…), à l’instruction des partages avec les propriétaires, à l’expertise des demandes de transfert de propriété vers les collectivités, à la mise en œuvre de chantiers des mobiliers pour le passif, à l’accueil des collections en déshérence, à la conservation-restauration des mobiliers issus des monuments historiques, etc. » ; aux seconds, adossés aux musées locaux et aux services territoriaux d’archéologie, « l’articulation des missions de conservation avec les missions de valorisation auprès du grand public. ». Aujourd’hui que les solutions hybrides se multiplient mélangeant volontiers CCE État et CCE collectivités dans des structures mixtes, la frontière de principe entre fonctions réglementaires et activités de valorisation est de plus en plus poreuse. De fait, si

3 Jean-François Charnier, « Les centres de conservation et d’étude », Les nouvelles de l'archéologie [En ligne], 113 | 2008,

______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 5 l’instruction et l’expertise restent du seul ressort de l’État, les différents aspects de la valorisation ne peuvent demeurer le propre des CCE territoriaux. L’exemple du CCEL démontre s’il en était besoin l’importance pour les structures régionales de s’ouvrir aux universités, aux musées ainsi qu’aux élus et au public.

Le réseau ARMeL (Archéologie, Recherche et Musées en Lorraine

Soucieux de la valorisation de son patrimoine archéologique depuis de longues années, le SRA Lorraine a commencé à mettre en œuvre il y a plus de vingt ans des rencontres avec les responsables des musées archéologiques de la région afin de présenter les recherches récentes et les découvertes susceptibles d’être exposées au sein des musées. Dans ce dispositif, le CCEL de Scy- Chazelles a toujours été un partenaire déterminant. En 2013, la journée SRA/musées jusqu’ici réservée aux musées s’est ouverte aux régisseurs des opérateurs d’archéologie préventive (publics et privés) et aux laboratoires de recherche (le Laboratoire d’archéologie des métaux de Jarville – Meurthe-et-Moselle). Le réseau a été rebaptisé ARMeL (Archéologie, Recherches et Musées en Lorraine). Il comprend des conservateurs, des chercheurs, des régisseurs, des techniciens et des étudiants de la région. Point de rencontre entre les opérateurs d’archéologie préventive et les professionnels des musées, la journée ARMeL permet aux deux extrêmes de la chaîne opératoire du mobilier archéologique de partager leurs expériences, de comprendre leurs besoins et d’évoquer leurs contraintes respectives. Le CCEL apparaît pleinement adapté pour remplir cette mission de relais et de partage des savoirs, en premier lieu parce qu’il représente la nécessaire neutralité de l’État.

Accueil de stagiaires et activités d’enseignement Les liens du CCEL avec l’université de Lorraine se sont considérablement accrus ces dernières années à travers les activités d’enseignement des agents du CCEL et l’accueil régulier d’étudiants stagiaires. Ils ont acquis une vigueur nouvelle en 2013, quand, fort d’une expérience accumulée depuis plus de vingt ans dans le domaine de la conservation du mobilier archéologique, le CCEL s’est associé avec l’Université de Lorraine pour créer un module spécifique de formation à la régie des collections archéologiques (12h plus TP), au sein du master 2 – Archéologie. Cette formation s’est avérée très à plus d’un titre. D’abord parce qu’il est essentiel de former les professionnels de demain à la théorie et à la pratique de la régie du mobilier archéologique issu des opérations préventives. Il s’agit d’un domaine qui ne manquera pas de se développer dans les années à venir, et qui constitue une source d’emplois potentiels non négligeable pour les étudiants. Ensuite parce que la mise en œuvre de cette formation depuis 2013 a permis au CCEL de proposer de nombreux stages consacrés à l’inventaire et au reconditionnement du mobilier archéologique. Cet apport régulier de jeunes stagiaires motivés, véritables forces vives « questionnantes », intéressées, parfois « bousculantes » et surtout dynamisantes a considérablement aidé et modifié le travail au sein du CCEL. Les stages proposés ont pour l’essentiel consisté à reprendre concrètement, bien que souvent partiellement, certaines collections anciennes en déshérence. Animations à l’occasion des journées de l’archéologie et du patrimoine « Faire connaître » au public les missions d’un centre de conservation et d’étude, ses finalités et son fonctionnement constitue un aspect essentiel de l’archéologie préventive encore peu valorisé par les services de l’État. Trop de personnes ignorent encore ce qu’il advient du mobilier archéologique après la fouille. Il est d’autant plus important de communiquer aujourd’hui sur ce thème que la loi LCAP (Titre II – Chapitre 2 – article 70) reconnaît enfin les vestiges archéologiques comme des « biens communs de la nation » et les soumet à un régime unifié de propriété publique. Considérés comme des archives précieuses et non renouvelables, documentées et contextualisées, ces biens archéologiques publics n’ont pas vocation à être abandonnés sans soin dans des hangars mal fermés à la périphérie des grandes villes. Encore faut-il signifier qu’ils sont conservés précieusement dans des centres adaptés afin d’être transmis aux générations futures. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler qu’ils sont dès lors accessibles à la communauté scientifique et visibles dans les musées. Cela peut sembler une évidence mais trop peu de chercheurs, d’élus et de citoyens en ont vraiment conscience. Depuis plusieurs années le SRA Lorraine s’est donc attaché à communiquer sur le centre de conservation et d’étude de Scy- Chazelles et sur ses missions : une petite plaquette de présentation a été publiée, des reportages ont été réalisés par FR3 Lorraine à Scy-Chazelles, des expositions sous la forme de posters ont été présentées à la DRAC et à la Maison de l’archéologie et du patrimoine de Metz, enfin des montages photographiques et des diaporamas ont été déposés sur le site internet de la DRAC.

Les projets du CCEL Continuer les études sur les collections Le CCEL entend bien poursuivre à l’avenir ses missions de recherche et de valorisation. De nombreux projets sont à l’étude avec l’Inrap et l’Université de Lorraine mais aussi avec David S. Citrin et Alexandre Locquet, de la Georgia Tech University (CNRS UMI 2958) ainsi qu’avec le Laboratoire archéologique des métaux de Jarville (54) et le LEM 3 de l’Université de Lorraine à Metz (Lionel Germain) pour continuer les analyses non destructives sur les biens archéologiques mobiliers conservés au CCEL.

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De nouveaux outils de consultation

Actuellement les prêts et consultations sont très majoritairement le fruit de demandes régionales. Un des prochains enjeux du CCEL sera de se doter d’outils pour faire connaître plus largement les collections archéologiques lorraines : poursuite des campagnes photographiques programmées depuis 2009 et mise en œuvre d’un inventaire disponible sur internet. L’objectif est évidemment de favoriser la recherche et de permettre une meilleure valorisation des collections régionales.

Mieux connaître

Une trop grande part d’indéterminés (16 %) au sein des collections du CCEL rend nécessaire la reprise et l’amélioration de l’inventaire. Cela passe inévitablement par une plus grande ouverture à la recherche et aux étudiants. Cela demande également que l’on puisse consacrer plus de temps à des récolements périodiques des collections, au besoin à l’occasion des stages et des consultations. Il s’agit de programmer des « aller-voir » du mobilier par « section » ou par « opération » ce qui permet par ailleurs de vérifier son état sanitaire. Enfin, une meilleure connaissance passe aussi par l’amélioration de la documentation du CCEL. Il faut continuer d’assurer une mise à jour régulière des rapports d’opération et des publications en lien avec la recherche archéologique tant au niveau du mobilier que des techniques de conservation et d’analyse.

Mieux faire connaître À ce jour le CCEL dispose seulement de 820 photographies publiables documentant une centaine d’objets archéologiques soit à peine 1/10 000e du fond actuel. S’il n’est pas souhaitable de photographier l’ensemble du fond de façon exhaustive (loin de là), il reste qu’il est indispensable de documenter un échantillonnage représentatif des collections du CCEL ainsi que les objets ou lots d’objets les plus remarquables. L’objectif est de faire connaître le mobilier auprès des chercheurs en dehors des consultations locales. Il s’agit donc d’un enjeu majeur pour lequel le CCEL s’équipe petit à petit d’outils performants, de matériel de stockage et de traitement de l’image : un appareil photographique de qualité, un ordinateur adapté, des disques durs de taille suffisante et des logiciels de travail. Dans un second temps, le CCE souhaite moderniser son inventaire actuel (qui sera âgé de 20 ans en 2018) afin de systématiser l’intégration d’images (vignettes) et ainsi favoriser la consultation par les chercheurs via internet. Ce projet qui constitue un enjeu de taille pour l’avenir du CCEL devra attendre la fin du déménagement des collections au sein du nouveau bâtiment en 2018. Le futur CCEL à Metz. Projet novateur financé et porté entièrement par l’État avec le soutien de la communauté d’agglomération de Metz Métropole, le futur Centre de conservation et d’étude de Lorraine est destiné à remplacer le bâtiment actuel de Scy-Chazelles pour accueillir le mobilier archéologique mis au jour sur l’ensemble de l’ancienne région Lorraine ainsi qu’une partie du patrimoine mobilier des Monuments Historiques. Il est actuellement en cours de construction en périphérie de Metz, dans un secteur périurbain où il sera étroitement associé à la Maison de l’Archéologie et du patrimoine (MAP) un bâtiment construit en 2012 par la communauté d’agglomération de Metz Métropole. La MAP abrite les réserves externalisées du musée de la Cour d’or de Metz et le pôle d’archéologie de Metz Métropole. Une convention ayant pour objet de préciser les modalités de mutualisation des espaces de la Maison de l’Archéologie et du Patrimoine (MAP) et du Centre de Conservation et d'Étude de Lorraine (CCEL) a été signée entre l’État et Metz Métropole en juin 2015 afin de permettre le fonctionnement des deux structures en partenariat. Ensemble, la MAP et le CCEL formeront le Pôle de Recherches Interdisciplinaires Archéologiques de Metz (PRIAM), qui est constitué de l’association des deux bâtiments et réalise la synergie des moyens et des compétences propres à chaque structure. Le projet CCEL (DRAC – ACAL) : une maîtrise d’ouvrage assistée OPPIC La construction du CCEL placée sous la maîtrise d’ouvrage du ministère de la Culture, Direction générale des Patrimoines et sous la maîtrise d’ouvrage déléguée de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC) a commencé en mai 2016 pour une livraison du bâtiment prévu en juillet 2017. Le projet retenu pour la construction du CCEL est celui de Bernard DESMOULIN, architecte lauréat de l’Équerre d’argent en 2009, bien connu en Lorraine pour la réalisation du Musée du Pays de . Il a fait le choix, pour le CCEL, d’un bâtiment fonctionnel, à la géométrie simple, qui évoque les grandes structures industrielles et rurales de la Lorraine. Le budget global de l’opération est de 7,5 millions d’euros TTC (coût construction 4,2 millions TTC) pour une surface utile totale du projet de 4 450 m² dont 3 250 m² d’espaces de conservation du mobilier (soit 73 % du bâtiment). À terme le CCEL sera susceptible d’accueillir près de 17 000 mètres linéaires d’archives (mobilier et documentation).

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Conclusion

La recherche et la valorisation sont des missions fondamentales au sein des centres de conservation et d’étude, qu’ils soient d’État ou de collectivités. Mais si les services territoriaux ont depuis longtemps pris conscience de l’importance qu’il y a à communiquer sur la recherche et le patrimoine – ce que d’aucuns pourraient qualifier de « nécessaire retour sur investissement » – l’État a plus de mal à dégager des forces et des moyens pour défendre ces aspects au sein de services régionaux de l’archéologie déjà exsangues. Le cas du centre de conservation et d’étude de Lorraine est atypique au sein des autres CCE. Combien disposent de trois personnes à temps pleins ? Combien de ces équipements ont un budget de 70 000 euros annuels ? Et pourtant l’enjeu est de taille. Il ne s’agit ni plus ni moins que de nos archives du sol. Des archives qui sont détruites chaque jour. Des archives uniques, non renouvelables. Des archives qui seront bientôt tout ce qui restera à fouiller aux générations futures. “The future of archaeology is in excavating the collections”.4 Cette phrase d’une de nos collègues américaines est un constat que partagent beaucoup de nos collègues de part le monde. À l’avenir, les archéologues passeront sans doute plus de temps à reprendre les études des collections anciennes conservées dans les musées, les dépôts et les CCE qu’à fouiller de nouveaux sites…à supposer que nous ayons conservé le mobilier et la documentation qui lui est associée. Il est grand temps que nous mesurions l’importance de l’enjeu et que nous lui affections les moyens adéquats. Dans cette perspective, la recherche et la valorisation sont des outils essentiels à la compréhension du public et des élus : elles permettent d’expliquer et de légitimer les moyens mis en œuvre, de la fouille à l’étude. Elles justifient la chaîne opératoire que nous avons contribué à construire depuis plus de trente ans en France, du chantier au musée. Le Centre de conservation et d’étude de Lorraine est le produit de la volonté forte du Service régional de l’archéologie de Metz de créer un dépôt archéologique régional centralisé et habité. Il est également le résultat de l’effort financier soutenu de l’État qui a permis la rénovation, l’entretien et la maintenance de l’ancien bâtiment puis la construction d’une nouvelle structure moderne et mutualisée avec la communauté d’agglomération de Metz Métropole. Grâce à toutes ces énergies cumulées, le CCEL constitue aujourd’hui une expérience pilote en matière de conservation et un outil de recherche de premier plan. Cette structure d’État novatrice en matière de culture scientifique est en mesure de lancer, de suivre et d’accompagner des études, des analyses, des missions de valorisation… mais il reste encore beaucoup à faire en Lorraine comme ailleurs pour conforter les services en charge du mobilier archéologique et soutenir les initiatives locales.

“Rather than being seen as costly and time-consuming logistical problems, curation processes can be reconceptualized as research endeavours in and of themselves.” 5 Barbara VOSS (2012)

Il est temps de ne plus percevoir la gestion des archives du sol comme une contrainte nécessaire et coûteuse reléguée en bout de chaîne par des services publics à court de moyens. Il s'agit bien au contraire de considérer les CCE comme un point de départ : une perspective pleine de promesses pour des études renouvelées et des approches différentes, une nouvelle étape pour ces archives du sol dont on souhaite qu'elles survivent encore longtemps après la fouille afin d’être partagées par tous.

4 CHILDS Susan Terry (2004) Our Collective Responsibility: The Ethics and Practice of Archaeological Collections Stewardship. Washington, DC: Society for American Archaeology.

5 «Plutôt que d'être perçus comme des problèmes logistiques coûteux et longs, les processus de conservation [gestion du mobilier archéologique] peuvent être repensés en tant que projets de recherche en eux-mêmes». Barbara L. Voss (2012), Curation as research. A case study in orphaned and underreported archaeological collections, in Archaeological Dialogues 19 (2) 145–169, Cambridge University Press. Dans cet article, Barbara VOSS démontre notamment comment les pratiques de la conservation adaptées aux collections archéologiques du Market Street Chinatown de San Jose en Californie ont pu générer des recherches innovantes et des résultats appréciables

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Annexe 1 : quelques chiffres du CCEL

Les transferts

 2010 – 2 transferts INRAP : l’un en mars de 260 caisses comprenant le mobilier de 6 fouilles et 14 diagnostics, l’autre en septembre composé uniquement de l’opération de fouille de l’Esplanade à Metz comportant 21 palettes lapidaires et 59 caisses.  2011 – 2 transferts INRAP : l’un en juillet de 298 caisses (7 fouilles et 10 diagnostics), l’autre en décembre de 150 caisses et 4 palettes (5 fouilles et 41 diagnostics)  2012 – 2 transferts INRAP dont Sainte-Chrétienne 2009 OA 7550 (240 caisses)  2013 – fermeture CCEL pour cause de réaménagement interne.  2014 – 3 transferts INRAP de 12 palettes (environs 250 caisses par transfert)  2015 – 1 transfert anticipé de la société Eveha concernant 8 palettes de fragments lapidaires gallo-romains mis au jour sur le site des Cugnots à Vandières (Meurthe et Moselle) - 3 transferts INRAP (74 caisses, 270 caisses et 193 caisses)

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Les dons

 2010 – donation Champion : mobilier archéologique ramassé en prospection et sondages sur le site de l'oppidum de Fains Les Sources (Meuse) lors des campagnes de fouilles de M. Nicolas. Acquis en salle des ventes à Bar le Duc en 2010 et donné au SRA (succession)  2011 – donation Collin : mobilier archéologique provenant des fouilles et prospections réalisées sous la responsabilité de M. Léon Collin sur les communes de GRAND-, PETIT-FAILLY et ALLONDRELLE (54), statut juridique peu clair, actuellement conservé au Musée de la Tour aux Puces à (57).  2012 – donation Orlandini - 8 fragments d’une statue ont été découverts en 2008 au lieu-dit Bois des Tillots, dans la forêt domaniale de Moyeuvre, sur la commune de (57). Depuis mars 2012, ces fragments font partie du domaine public de l’Etat : leur inventeur M. Stéphane Orlandini a fait don de sa part à l’Etat.  2013 – intégration de 100 cartons d’ossements humains de la nécropole mérovingienne de Cutry (54) à l’étude depuis plusieurs années au CEPAM, Université Nice Sophia Antipolis (06). L’étude réalisée par Luc BUCHET, ingénieur de recherche au CNRS, a été publiée dans l’ouvrage que René LEGOUX a consacré à la nécropole mérovingienne en 2005.  2015 – Intégration des restes osseux de Châtel – Saint- Germain . La commune de Châtel Saint-Germain a transféré au CCEL par l’intermédiaire de M. Jacques Guillaume les restes humains découverts à l’occasion des fouilles programmées réalisées sur le Mont-Saint-Germain depuis 1979 par le Cercle archéologique et historique de Châtel – Saint-Germain. Cela correspond à 133 caisses anthropologiques comprenant les vestiges humains des sépultures à inhumation datées de la période mérovingienne mises au jour sur le site. Documentés, conditionnés et inventoriés par Jacques Guillaume conformément au protocole du CCEL, ces vestiges osseux contribuent à enrichir les collections anthropologiques du centre de conservation et d’étude de Lorraine déjà très importantes pour le Premier Moyen Âge. Le mobilier archéologique, propriété de la commune, reste présenté dans le musée local de Châtel Saint-Germain.  2015 – donation Blanco – mobilier issu de prospections pédestres (54). 56 pièces et lots provenant des prospections autorisées menées par Julien Blanco sur les communes de Gellenoncourt et de Varangeville en Meurthe-et-Moselle. Ce mobilier a fait l’objet d’un inventaire et d’un conditionnement réalisés par le prospecteur lui-même selon les normes du CCEL.  2015 – donation André – tête de statue antique – NEUFCHEF (57). M. René André, maire de a fait don à l’État d’une tête d’Apollon en pierre découverte au même endroit que les fragments mis au jour en 2008.

Apollon de Neufchef découvert fortuitement au lieu-dit La Source des Anges Propriété Etat déposé au musée de Thionville (57)

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Les consultations

En 2014, 843 caisses ont été consultées sur place au CCEL et 59 caisses sont sorties pour étude :

(Sophie Galland (Inrap GEN) dans le cadre du PCR Meule – 343 caisses ; Nicolas Tikonoff (Inrap GEN), Sylvie Deffressigne (Inrap GEN) et Marc Leroy (CNRS – LAM) dans le cadre de la préparation pour l’exposition fer (AFEAF2015) – 141 caisses ; Magali Mondy (Inrap GEN), Dominique Heckenbenner (conservateur honoraire du musée de Sarrebourg) et Morgane Thorel (musée de Sarrebourg) dans le cadre de la préparation de l’exposition « Enduits Peints » – 92 caisses ; Anne Cloarec (LA3M Aix en Provence– Chercheur associé) dans le cadre de l’étude comparative de la céramique médiévale et moderne provenant des fouilles du Pontifroy avec le mobilier découvert sur la fouille récente de Metz Métropole rue Paille-Maille – 11 caisses ; Christelle Baillif-Ducros (UMR 5199 PACEA Bordeaux) dans le cadre de l’approche méthodologique pour distinguer un ensemble lésionnel fiable de la pratique cavalière, étude anthropologique des vestiges anthropobiologiques de Cutry (juin/juillet 2014) .-109 caisses ; Marc Feller (Inrap GEN), Philippe Vidal(Inrap GEN), Emilie Gaillot (Etudiante master 2 Université de Lorraine, Amandine Deschamps (Étudiante master 2 1-Sorbonne) dans le cadre du PCR anthropologie de la mort -Cutry (juillet/décembre 2014) – 42 caisses ; Arnaud Lefebvre (Inrap GEN) /Jaroslav Bruzek/Petr Veleminsky/Jana Veleminska (UMR 5199 PACEA Bordeaux et Musée national de Prague). Prélèvement de fragments osseux humains pour études isotopiques. – 131 caisses ; Isabelle Reyter (Musée de la Tour aux Puces, Thionville) dans le cadre de la préparation de l’exposition « » (décembre 2014) – 16 caisses ; Véronique Brumm (Musée Lalique, Wingen-sur-Moder) dans le cadre de la préparation de l’exposition « verre » (décembre 2014) – 20 boîtes

En 2015, en raison de la fermeture du CCEL pré-déménagement, il y a eu peu de consultations (seulement 68 caisses consultées sur place) ; à l’inverse, 584 caisses sont sorties pour étude.

Les chercheurs ayant sollicité le CCEL ont été presque aussi nombreux que d’habitude : Amandine Deschamps(master 2 Université Paris IV) Étude céramique de la nécropole antique de Cutry (54) – Niveaux supérieurs ;Elsa Espin (master 2 Université Paris IV) ; Émilie Gaillot (master 2 Université de Lorraine) Étude céramique de la nécropole antique de Cutry (54) – Dépotoir Ouest ; Alexandre Bignon (master 2 Université de Lorraine) ; Léa Durakovic (master 2 Université de Lorraine) ; Aline Girard (master 2 Université de Lorraine) ; Véronique Brunet (Inrap) – mobilier de la fouille préventive de la Ferme de Grimont à Saint-Julien les Metz (1998) ; Aurélie Thiébaut (Université de Liège) les pierres à aiguiser romaines entre Seine et Rhin ; Bertrand Horner (Chercheur amateur) – Étude des productions céramiques sigillées du site de La Madeleine à Laneuveville Devant Nancy (54) – les productions de style Ricken, oves de type K3, L. ; Samantha Dub (master 2 Université de Lorraine) – Étude céramique de la nécropole antique d’Epping (57) ; Dr Jochen Büttner et Jenny Schlehofer (Excellence Cluster TOPOI, Humboldt Universität zu Berlin) projet « Waagen zwischen Wissen und Innovation ».

Les prêts pour exposition

• 2010 – 177 pièces prêtées

 GRAND (88) – Espace d’interprétation du site de l’Amphithéâtre – Exposition temporaire – 15 pièces  METZ (57) – Musée de la Cour d’Or - Exposition Metz Métropole « Vive la République» – 150 pièces prêtées  VÖLKLINGEN HÜTTE (All.) – Exposition “Die Kelten” – 12 pièces  • 2011 – 160 pièces prêtées  GRAND (88) – Espace d’interprétation du site de l’Amphithéâtre – Exposition temporaire – 4 pièces  METZ (57) – Musée de la Cour d’Or - Exposition AFAV « L’En-Verre du décor» – 110 pièces prêtées  SAINT-DIE (88) – Musée Pierre Noêl – Exposition à l’occasion des Journées du Patrimoine – 46 pièces  • 2012 – 337 pièces prêtées  BLIESBRÜCK (57) – Parc archéologique européen – Exposition « Il était une voie…» – 10 pièces  GRAND (88) – Espace d’interprétation du site de l’Amphithéâtre – Exposition temporaire « Les Gladiateurs » – 1 pièce prêtée  METZ (57) – Musée de la Cour d’Or – Exposition Metz Métropole « En-quête du passé» – 236 pièces prêtées  NANCY (54) – Musée du fer – Exposition à l’occasion des Journées du Patrimoine – 1 pièce prêtée  SARREBOURG (57) – Musée du Pays de Sarrebourg – Exposition « Vestiges de voyage » – 60 pièces prêtées  TOUL (54) – Musée d’Art et d’histoire – Exposition « découvertes récentes du passé toulois… » – 29 pièces prêtées

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• 2013 – fermeture du CCEL pour réaménagement interne – 79 pièces prêtées

 NANCY (54) – Musée Lorrain – Exposition « Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne » 04/05/2013 au 04/08/2013 – 1 pièce prêtée  STENAY (55) – Musée de la Bière – Exposition « les arts de la Table à la Renaissance » -17/06/2013 au 04/11/2013 – 40 pièces prêtées  (67) – Musée archéologique – Exposition « A l’Est, du nouveau ! Archéologie de la Grande Guerre en Alsace et en Lorraine » – 16/09/2013 au 31/12/2013 – 38 pièces prêtées  • 2014 – 281 pièces prêtées  BLIESBRÜCK (57) – Parc archéologique européen Exposition LGV2 – «c’étaient là sous les rails… » 260 pièces prêtées  EPINAL (88) Musée d’art et d’Histoire - Exposition « à la romaine ». 2 pièces prêtées  NANCY (54) exposition Eté 1914, Nancy et la Lorraine dans la guerre, 19 pièces prêtées  • 2015 – 172 pièces prêtées  WINGEN SUR MODER (67), Musée Lalique, exposition « Le verre au quotidien, fabrication et usage en Alsace et en Lorraine de l’Antiquité à nos jours », 20 pièces prêtées  JARVILLE-LA-MALGRANGE (54), Musée du Fer, exposition « Les ateliers du Faire : Vivre et produire il y a 2 500 ans en Lorraine », 48 pièces et lots d’objets prêtés  BLIESBRÜCK (57) – Parc archéologique européen Exposition « Quand la Moselle était gallo-romaine… Trésors des Médiomatriques », 22 pièces et lots d’objets prêtés  THIONVILLE (57), musée de la tour aux Puces, « A la recherche de Judicium », 76 pièces et lots d’objets prêtés  VERDUN, musée de la Princerie, exposition « Desseins d’architectures », 6 pièces prêtées

Les prêts pour étude

• 2013

 Inrap : 16 caisses correspondant à deux études dans le cadre de PCR en cours ainsi que deux boîtes de mobilier spécifique extrait pour étude en laboratoire.  Metz Métropole : deux sorties pour étude : l’une au centre de recherche archéologique de la Vallée de l’Oise (CRAVO) – étude de la faune - et l’autre pour le Centre de recherche d’archéologie nationale, Université catholique de Louvain – étude céramologique.  Antéa : une sortie pour étude – il s’agissait de mobilier provenant d’un diagnostic INRAP pour lequel Antéa est attributaire de la fouille.

• 2014

 Faculté de médecine de Nancy (54) – Etude bucco-dentaire d’une population mérovingienne (Cutry). Dans le cadre de sa thèse dirigée par Philippe Vidal, François GODOT (étudiant dentaire Nancy) a réalisé l’étude radiographique de 18 mâchoires en bon état provenant de la nécropole de Cutry (54). – 18 caisses  Laboratoire d’Archéologie des Métaux. Jarville (54) Étude de la céramique du site de Gondreville (OA2467) Dans le cadre de la préparation de l’exposition AFEAF 2015, une sélection de la céramique du site de Gondreville Zac de la Rosaie a été envoyée au LAM pour étude et remontage éventuel (Marc LEROY – Cnrs) – 2 caisses  INRAP -Étude du mobilier protohistorique d’Ennery-Capelle (OA1183) et du site de Metz – Ban devant les Ponts (OA460) Dans le cadre de la préparation de l’exposition AFEAF 2015, une partie du mobilier céramique des sites d’Ennery-Capelle (OA1183) et Metz – Ban devant les Ponts (OA460) a été prêté à l’Inrap (Nicolas TIKONOFF - Inrap). Il est actuellement conservé au dépôt de l’Inrap à Ludres.-30 caisses  INRAP - Reprise du mobilier mis au jour lors du diagnostic de la ZAC Sansonnet (OA8527) Dans le cadre des études réalisées pour la fouille OA9296 ; le mobilier céramique des fosses vues au diagnostic et reprises lors de la fouille sera ré-étudié, et éventuellement réuni au mobilier de la fouille (Thierry KLAG - Inrap) Il est actuellement conservé au dépôt de l’Inrap à Metz. – 5 caisses  INRAP – Etude du mobilier céramique du site de Saint-Julien les Metz (OA3264) Dans le cadre de la publication de la fouille de Saint-Julien-les-Metz, Ferme de Grimont, reprise de l’étude d’une partie de la céramique mise au jour sur le site (Véronique BRUNET –Inrap). Il est actuellement conservé au dépôt de l’Inrap Ile-de-France à Croissy-Beaubourg – 4 caisses  IRAMAT – Université d’Orléans (analyse des alliages monétaires) Étude réalisée dans le cadre du projet de recherche ANR/DFG mars 2012- février 2015 « West Hallstatt gold – Rethinking earliest Celtic gold – Economic, social and technological perspectives in the West Hallstatt Culture. L’étude a porté sur une boucle d’oreille en or de Bouxières ______Conseil national de la recherche archéologique / séance du 24 & 25 novembre 2016 La valorisation de la recherche au CCE de Lorraine / Rolande Simon-Millot 12

conservée au CCE Lorraine. Les observations ont été réalisées au moyen d’un microscope électronique à balayage (MEB) Philips XL 40. • 2015

 INRAP – Étude anthropologique des restes humains de (57) Dans le cadre du PCR anthropologie de la mort entre Sarre et Meuse entre le VIe avant J.-C. et le IIIe après J.-C, Philippe Vidal (anthropologue de l’Inrap GEN) a emprunté 4 caisses provenant du site de Woippy « Belle vue lotissement Saint-Vincent » (OA2346) afin d’effectuer l’étude des vestiges osseux provenant des incinérations.  INRAP – Étude de la céramique du site d’ (57) Magali Mondy (Inrap) a sollicité pour étude le prêt de la céramique mis au jour lors du diagnostic réalisé à Hayange « Marspich – Bannholz » en 2011 (OA8940).  Étude du mobilier de Vandières (54) les Cugnots (OA9007) Antoine Mamie, de la société privéeÉvéha, responsable de la fouille préventive de Vandières, les Cugnots (OA9350), a emprunté le mobilier du diagnostic réalisé sur le site par l’Inrap en 2011 (10 caisses).

Les stages « inventaires et reconditionnement »

Plusieurs étudiants ont été reçus en stage au CCEL durant l’année 2013.  Février-Mars 2013 – Mlle Cyrielle CHASSEVENT (Master 1 – Université de Lorraine)  Mai – Juin 2013 – M. Clément DELLINGER (L3 – Université de Lorraine)  Mai 2013 – Mlle Valérie NOEL (Master 1 – université de STRASBOURG)  Octobre 2013 – Mlle Laurie BLACHET (Ecole du Louvre)

En 2014, stage en partenariat avec le Musée Lorrain • Clément Dellinger (master 1 Université de Lorraine) (mars/septembre 2014) RAUCOURT – Le Patural (OA259) : Vérification et pointage, reprise de l’inventaire pour préparation régularisation statut juridique (fouille de sauvetage sur propriété privé en 1979 après découverte en cours de suivi de travaux en 1978)

Stage régie au CCELdurant l’année 2014  Eugénie Thouvenot (master 1 Université de Lorraine) : inventaire et reconditionnement des ossements de faune récupérés à Avallon en 2013 (mars/avril 2014).  Clément Dellinger (master 1 Université de Lorraine) : récolement et rangement des rapports finaux d’opération

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(Février/mars 2014), récolement mobilier Raucourt conservé au CCEL  Emilie Gaillot (master 1 Université de Lorraine) : inventaire et reconditionnement de la prospection de Norroy le Veneur (Pierre Thion), pointage de la tabletterie et du verre de la ZAC amphithéâtre (Franck Gama), reconditionnement et inventaire des archives de Christine Guillaume (Jacques Guillaume),reconditionnement, récolement, constat d’état du diagnostic Stenay aux Cailloux (Loic Hurtel), récolement et inventaire de Metz – Colline Sainte-Croix 2001 (mars/avril 2014)  Charlotte David (master 1 Université de Lorraine) : récolement du mobilier Metz Malraux (mars/avril 2014)

Stages universitaires au CCEL 2015  Charlotte David (master 2 Université de Lorraine) – Stage régie, inventaire et reconditionnement du mobilier archéologique de la nécropole antique de Metz, avenue Malraux (OA 6814).

 Justine Mary (master 2 Université de Lorraine) – Stage inventaire et photographie du mobilier de la nécropole Bronze final de Metz – rue des Intendants Joba (OA 1503)

Annexe 2 : quelques exemples de valorisation au CCEL

Stabilisation et restauration de plusieurs lots d'enduits peints antiques

Le CCEL conserve depuis plus de dix ans des fragments d’enduits peints déposés à l’occasion des fouilles préventives réalisées à Metz et dans ses environs. Ces déposes conservées dans les sous-sols de Scy-Chazelles et au rez-de chaussée du bâtiment ont fait l’objet d’un pointage et d’une ré-étude dans le cadre du PCR sur les enduits peints antiques mené de 2010 à 2016 en Lorraine par Dominique Heckenbenner et Magali Mondy (Inrap GEN). L’état de conservation était pour certains très critique, Il a fallu procéder à la restauration de plusieurs éléments de peintures murales. Cette opération a eu pour objet non seulement la stabilisation mais également la restauration d’ensembles en danger de délitement avancé. Il s’agissait de les conforter sur un support moderne afin de garantir leur conservation. Ce travail a été réalisé à Soissons, par Béatrice Amadéi, au Centre d’Etude des Peintures Murales Romaines -CEPMA (villa de Liéhon) et par Alain Wagner, spécialiste suisse de la restauration des peintures murales antiques et des mosaïques (plusieurs ensembles de Metz).

Enduits peints de la villa de Liéhons (à gauche) et fragment de décor à réseau provenant de l’Ancienne Chambre des Métiers de Metz (à droite)

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Nettoyage, stabilisation et restauration de plusieurs lots d’objets en fer et en alliage cuivreux

En 2013 l’affectation de M. Loic HURTEL, ancien ingénieur du laboratoire des Musées de France, au CCEL a contribué à renforcer les compétences – essentielles – des agents du CCEL en matière de constat d’état et de conservation préventive. Une campagne exhaustive de constats d’état du mobilier métallique et du mobilier bois a été initiée en 2013 et s’est poursuivi en 2015. Suite à ce travail, les objets métalliques dont l’état est apparu le plus préoccupant ont fait l’objet d’une stabilisation. La plupart provenaient d’opérations d’archéologie préventive réalisées ces dernières années : METZ – rue des Intendants Joba, opérations de 1993 et 2011 (OA1502 et 8820), SENON – la Ruelle des Bois, opération de 2002 (OA5957), BRAS-SUR-MEUSE – Les Epichées, opération de 2003 (OA 6291), MEXY – Devant les Bois tranche 1, opération de 2008 (OA7235), CHAILLONS – Fonzelles/Meaucourt opération de 2006 (OA7180), – ZAC Sainte-Agathe, opération de 2006 (OA6820) et – Rocade sud de Metz, opération de 2000 (OA 4113)

Nettoyage et stabilisation d’une enseigne en bois peints (enseigne de Metz – rue des Allemands) par Arc Nucléart et le Cipres Une enseigne en bois peint réutilisée dans le plancher d’une maison de Metz a été découverte en 2009 lors d’une opération de diagnostic du bâti menée par Yvan Ferraresso (Inrap GEN). Suite à son transfert et à son état de conservation préoccupant, le Centre de conservation et d’études de Lorraine a sollicité le laboratoire ARC nucléart de Grenoble pour son nettoyage et sa stabilisation. A cette occasion, de nombreuses observations ont pu être réalisées par le Laboratoire d'Expertise du Bois et de Datation par Dendrochronologie (LEB2d) de Besançon. Elles ont permis de mieux comprendre la fabrication de cette enseigne mettant notamment en exergue la qualité de la peinture et la valeur historique et patrimoniale de ce type d’œuvre populaire, rarement découverte en contexte archéologique.

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Nettoyage et étude du dépôt de bronzes de Pierrevillers (57) En 2014 un dépôt d’objets en bronze a été découvert fortuitement sur la commune de Pierrevillers en MOSELLE, au lieu-dit « La Côte de Drince ». Le dépôt se compose de 17 objets en en alliage cuivreux pour un poids total d’1,6 kg. Il comprend une fibule nordique à double disque de type Oerel, un bracelet côtelé à tampons larges de type North Dutch, un bracelet de type Homburg, quatre tubuccins, deux coupes de type Jenisovice-Kirkendrup, dont une très fragmentaire, trois pendeloques-disque de tintinnabulum, une plaque ajourée, un couteau à douille, une gouge à douille, et deux haches à ailerons et anneau latéral, dont une fragmentaire, réduite à la lame. L’ensemble, daté de l’Âge du Bronze final a été déposé par l’inventeur au Centre de conservation et d’étude de Lorraine à Scy-Chazelles.

Nettoyés, stabilisés, photographiés et inventoriés en 2015 par les agents du CCEL (Loïc Hurtel/Rolande Simon-Millot), les objets du dépôt de Pierrevillers devraient faire l’objet d’une publication en 2017.

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Récolement, inventaire et photographie du mobilier de la nécropole de METZ-JOBA

En 2013 l’Université de Lorraine (UL) a monté en collaboration avec le Centre de conservation et d’étude de Lorraine un module « régie des collections archéologiques » en master archéologie. Peu d’étudiants y participent encore mais cela a permis d’attirer au CCEL chaque année des stagiaires en « régie » dont le travail a aussi pu être l’occasion de collaborations intéressantes avec les chercheurs locaux. C’est ainsi notamment que le récolement et le reconditionnement du mobilier d’une fouille ancienne de Metz dont l’étude n’avait pu être achevée faute de moyen ont été relancés récemment. La fouille préventive réalisée par Thierry KLAG (Afan/Inrap GEN) en préalable à l’aménagement du complexe sportif de la rue des Intendants Joba à Metz de 1989 à 1993 a mis au jour une vaste nécropole de l’Âge du Bronze final regroupant 114 incinérations et deux inhumations. A ce jour 68 incinérations en urnes prélevées et plâtrées n’ont pu être fouillées et restent à étudier ainsi qu’une vingtaine de prélèvements d’incinérations en pleine terre. La totalité de ces vestiges est actuellement conservée au centre de conservation et d’étude de Lorraine (CCEL). De janvier à juin 2015 ils ont été systématiquement inventoriés, mesurés et pesés dans le cadre d’un stage de Master 2 mené par une étudiante de l’université de Lorraine (Justine MARY).

De mars à juin 2015, des scanners ont été réalisés par Philippe VIDAL, anthropologue de l’Inrap, sur quelques urnes sélectionnées au CCEL pour évaluer la qualité des analyses non-intrusives pouvant être mis en œuvre avant leur fouille. L’objectif principal de l’opération était de localiser les vestiges osseux et le mobilier présents dans les urnes afin d’anticiper les gestes du fouilleur pour ainsi gagner en temps et en efficacité lors de leur fouille6.1

Structure 88

6 Voir à ce propos Minozzi S, An investigation of etruscan cremations by computed tomography, Antiquity, volume 84, issue 323, mars 2010, pp. 195-201 ou Anderson T., Analysis of roman cremation vessels by computerized tomography, Journal of archaeological science, 1995, 22, pp. 609-617

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Structure 14

Suite aux résultats très positifs de l’expérience, l’étude des vestiges de la nécropole de Joba devrait se poursuivre dans les années à venir par la mise en œuvre d’un PCR regroupant des chercheurs de l’Inrap, du SRA et de l’université.

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