PESTICIDES : CAS DU GHARB

Sommaire

I. Préambule ...... 4 II. Rendu synthétique des principaux résultats de l’étude ...... 6 II.1 Utilisation et principales caractéristiques des pesticides dans la région du Gharb Chrarda beni Hssen ...... 6 II.1.1 Données sur les pesticides commercialisés dans la zone d’étude ...... 6 II.1.2 Classification des pesticides appliqués dans la zone d’étude ...... 7 II.2 Risques d’utilisation des pesticides sur la santé humaine et sur l’environnement ...... 10 II.2.1 Risques sur la santé humaine ...... 10 II.2.2 Risques sur l’environnement ...... 14 III. Amélioration de la gestion des pesticides et réduction des risques lies a l’utilisation des produits phytosanitaires ...... 18 III.1 Besoins en matière de surveillance, contrôle et recherche dans le domaine des pesticides ...... 18 III.2 Amélioration de la gestion des pesticides et réduction des risques ...... 20 III.2.1 Aux niveaux législatives et institutionnelles ...... 20 III.2.2 Gestion rationnelle au niveau de la parcelle ...... 24 III.2.2.1 En matière de transport de produits phytopharmaceutiques ...... 24 III.2.2.2 En matière de stockage des produits phytosanitaires ...... 26 III.2.2.3 En matière du choix de la météo idéale pour le traitement ...... 28 III.2.2.4 En matière de lecture attentive des étiquettes ...... 30 III.2.2.5 Au moment du remplissage du pulvérisateur ...... 31 III.2.2.6 En matière d’utilisation du pulvérisateur sur les parcelles ...... 32 II.2.2.7 En matière de port et de nettoyage des habillements de traitement ...... 34 II.2.2.8 En matière de tenue d’un registre phytosanitaire ...... 39 III.2.2.9 Autres mesures de sécurité ...... 39 IV. Proposition d’alternatives pour une agriculture productive et moins polluante ...... 41 IV.1 Existe-t-il des alternatives aux pesticides ? ...... 41 IV.2 Alternatives à la lutte chimique par les pesticides de synthèse ...... 42 IV.3 La lutte physique comme alternative promotrice mais peu répandue ...... 43

1

PESTICIDES : CAS DU GHARB

IV.4 La lutte biologique et l’utilisation des biopesticides ...... 44 IV.5 Lutte biologique au Maroc ...... 46 IV.6 La lutte intégrée ...... 47 IV.7 Les techniques culturales ...... 48 IV.8 L’Agriculture biologique et la labellisation agricole ...... 48 IV.9 Les OGM peuvent-ils être considérés comme des alternatives aux pesticides de synthèse ? ...... 53 V. Plan d’action et mesures à mettre en œuvre pour une meilleur gestion des pesticides ...... 56 V.1 La surveillance environnementale de la contamination par les pesticides ...... 56 V.1.1 Instauration d’un observatoire régional pour le contrôle de la pollution de l’environnement par les pesticides ...... 56 V.1.2 Plan de surveillance des milieux eau, sol et air...... 57 V.1.2.1 Proposition d’un plan de surveillance des ressources en eau ...... 57 V.1.2.2 Plan de surveillance de la qualité de l’air ...... 62 V.1.2.3 Plan de surveillance de la qualité des sols ...... 63 V.2 Le renforcement des contrôles portant sur l’utilisation et la distribution des pesticides ...... 65 V.3 La réduction des risques que présentent les pesticides pour l’environnement et la santé ...... 65 V.3.1 Au niveau des services de la santé publique ...... 65 V.3.2 Au niveau de L’INRA et les autres organismes de recherche ...... 67 V.3.3 Instauration d’un observatoire régional pour le contrôle de l’impact d’utilisation des pesticides sur la santé publique ...... 67 V.3.4 Instauration d’un programme de suivi environnemental et sanitaire au niveau régional ...... 68 V.3.4.1 Au niveau des commerçants et des distributeurs ...... 68 V.3.4.2 Au niveau de l’agriculteur ...... 69 V.3.4.3 Au niveau de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou (ABHS) ...... 69 V.3.4.4 Au niveau du Haut Commissariat des Eaux et Forêt et la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD) ...... 70 V.3.4.5 Au niveau du Ministère de la Santé ...... 70 V.3.4.6 Au niveau de l’Office National de la Sécurité Sanitaire Alimentaire (ONSSA) ...... 70 V.3.4.7 Au niveau du Ministère de l’intérieure et autorités locales ...... 71 V.4 La proposition d’autres mesures favorisant une politique de réduction des pesticides (incitation, labellisation, etc.) ...... 72 V.4.1 Amélioration des conditions de mise sur le marché ...... 72 V.4.2 Instauration législative de l’observatoire régional ...... 73 2

PESTICIDES : CAS DU GHARB

V.5 La formation, la sensibilisation et l’information de la population et des différents acteurs concernés par la problématique des pesticides ...... 73 V.6 Des alternatives pour une agriculture à la fois productive et présentant moins de risque pour l’environnement et la santé ...... 73

3

PESTICIDES : CAS DU GHARB

I. Préambule La présente étude concerne l’évaluation des impacts environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation des pesticides au niveau de la région du Gharb Chrarda Beni Hssen. Elle a pour objectif :  La quantification des nuisances environnementales générées par les pesticides ;  La définition des impacts sur la santé des populations exposées au niveau de la Région du Gharb-Chrarda-Beni Hssen ;  Le dégagement des mesures appropriées à mettre au niveau national pour la réduction des impacts de ces produits sur l’environnement et la santé.

Les objectifs spécifiques sont résumés comme suit:  Recueil des données disponibles sur les pesticides utilisés dans les cultures intensives au niveau de la zone d’étude (surfaces plantées, utilisations, commerce, stockage, …etc) ;  Evaluation des nuisances générées par les pesticides au niveau de la zone pilote (évaluation de l’état de contamination des ressources naturelles : eau, air et sols, caractérisation du devenir de cette pollution et modélisation des transferts) ;  Evaluation des risques sanitaires liés à la contamination des milieux naturels (exposition professionnelle, intoxications aigues et intoxication chronique) ;  Evaluation des coûts de dégradation liés à la contamination par les pesticides ;  Elaboration d’un plan d’action pour réduire et prévenir les nuisances au niveau de la région pilote et proposition des alternatives d’utilisation moins polluantes et économiquement acceptables. L’étude est organisée en quatre missions : Mission I : Evaluation des utilisations des pesticides au niveau de la zone d’étude ; Mission II : Diagnostic des impacts environnementaux liés aux utilisations des pesticides dans les cultures intensives de la zone d’étude ; Mission III : Evaluation des risques sanitaires liés à l’exposition à la pollution par les pesticides ;

4

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Mission IV : Proposition de mesures appropriées à mettre en œuvre pour l’amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques liés à l’utilisation irrationnelle des ces produits.

Le présent rapport traite de la mission IV « proposition des mesures appropriées à mettre en œuvre pour l’amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques liés à l’utilisation irrationnelle de ces produits ». Cette mission traite les points suivants :

 L’aspect se rapportant à la surveillance environnementale de la contamination par les pesticides et le renforcement des contrôles portant sur l’utilisation et la distribution des pesticides ;  La réduction des risques que présentent les pesticides pour l’environnement et la santé ;  La proposition d’alternatives pour une agriculture à la fois productive et présentant moins de risques pour l’environnement et pour la santé ;  La proposition d’autres mesures favorisant une politique de réduction des pesticides (incitation, labellisation…) ;  La sensibilisation et l’information de la population et des différents acteurs concernés par la problématique des pesticides ;  Proposition d’un plan d’action à court, moyen et long terme relatif aux mesures nécessaires à mettre en œuvre au niveau régional pour une gestion rationnelle des pesticides.  Proposition de mesures à entreprendre par chacun des acteurs concernés par cette activité.

5

PESTICIDES : CAS DU GHARB

II. Rendu synthétique des principaux résultats de l’étude

II.1 Utilisation et principales caractéristiques des pesticides dans la région du Gharb Chrarda beni Hssen Les principaux chiffres qui se dégagent de l’enquête sur les pesticides dans la région du Gharb Chrarda Beni Hssen se résument comme suit :

II.1.1 Données sur les pesticides commercialisés dans la zone d’étude Sur 264 spécialités commerciales homologuées des fongicides, on en a recensé 203 produits commercialisés par 35 sociétés dans la zone d’étude qui se composent au total de 86 matières actives différentes.

Sur les 203 spécialités recensées, 48 contiennent 2 matières actives, 1 produit contient 3 matières actives (MACC-CYFOR de la société SOPROCHIBA).

Les matières actives les plus rencontrées sont : le Mancozèbe (présent dans 28 produits), les matières actives à base de cuivre (présentes dans 35 produits) et le Manèbe (présent dans 12 produits) ainsi que les dérivés du soufre (présents dans 18 produits).

Sur 208 spécialités commerciales homologuées des insecticides et acaricides, on en a recensé 150 produits commercialisés par 28 sociétés dans la zone d’étude qui se composent au total de 68 matières actives différentes.

Sur les 150 spécialités recensées, 7 d’entre elles contiennent 2 matières actives.

Les matières actives les plus rencontrées sont : Chloropyriphos-éthyl (présente dans 13 produits) ; Cyperméthrine (présente dans 17 produits) ; Dicofol (présente dans (présent dans 10 produits) ; Deltaméthrine (présente dans 7 produits) et Endosulfan, Imidaclopride, Malathion et Méthomyl qui sont présentes chacune dans 6 produits commercialisés dans la zone d’étude.

Sur 121 spécialités commerciales homologuées des herbicides, on en a recensé 54 produits commercialisés par 14 sociétés dans la zone d’étude qui se composent au total de 27 matières actives différentes.

6

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Sur les 54 spécialités recensées, 7 d’entre elles contiennent 2 matières actives et 3 d’entre elles contiennent 3 matières actives.

Les matières actives les plus rencontrées sont : 2,4-D (présente dans 15 produits) ; Linuron (présente dans 5 produits) et le Glyphosate (présent dans 4 produits).

Sur 120 spécialités commerciales homologuées des spécialités pour divers usages, on en a recensé 68 produits commercialisés par 21 sociétés dans la zone d’étude qui se composent au total de 39 matières actives différentes. Ces produits se répartissent comme suit : 10 produits recensés sur 23 homologués pour les spécialités à base biologique (bactéries par exemple), 31 produits recensés sur 43 homologués pour les spécialités de traitement des sols (contre nématodes, insectes, champignons et mauvais herbes), 13 produits recensés sur 24 homologués pour les régulateurs de croissance ( acide gibbérellique par exemple), tous les molluscicides homologués qui sont en nombre de 4 ont été recensés dans la zone d’étude, 2 raticides sur 7 homologués ont été recensés et 5 produits recensés sur 19 homologués pour les spécialités utilisées comme désinfectants, adjuvants ou mouillants.

Sur les 65 spécialités recensées, 5 d’entre elles contiennent 2 matières actives et une en contient 3.

Tableau 1 : Tableau récapitulatif ; principaux résultats de l’enquête réalisée auprès des revendeurs et distributeurs dans la région du Gharb Chrarda beni Hssen (Anzar Conseil 2010)

Nombre des produits Nombre des Nombre de produits homologués selon l’Indexe matières actives commerciaux recensés Phytosanitaire recensées Les Fongicides 264 203 86 L’insecticides- 208 150 68 acaricides Les herbicides 121 54 27 Divers usages 120 65 39 Total 713 472 220

II.1.2 Classification des pesticides appliqués dans la zone d’étude La classification des pesticides pratiqués sur les principales cultures intensives de la zone côtière (la zone la plus vulnérable du Gharb) selon les normes de l’OMS relatives aux risques écotoxicologique et toxicologique qu’ils peuvent engendrer, a permis de dégager 15 matières actives considérées comme extrêmement dangereuses à modérément dangereuses. Il s’agit de :

7

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 9 Insecticides/Acaricides ;  4 Nématicides/Insecticides ;  1 Herbicide ;  1 Molluscicide. Les principales caractéristiques de ces pesticides, notamment leurs solubilités, sont rapportées dans le tableau ci-après :

Tableau 2 : Principales caractéristiques des pesticides pratiqués dans la zone d’étude et considérées comme extrêmement à modérément dangereuses

Solubilité dans Matière active Type Groupe chimique Persistance l’eau Abamectin Insecticide-Acaricide Avermectines Insoluble - Alphamétrine Insecticide Pyréthrinoïdes de synthèse < 0,01 mg/l - Bifenthrine Insecticide-Acaricide Pyréthrinoïdes de synthèse < 0,1 mg/l 3 à 4 semaines Carbofuran Insecticide-Nématicide Carbamates 250 à 700 mg/l 50 jours Cyperméthrine Insecticide Pyréthrinoïdes de synthèse 0,01 mg/l 2 à 3 semaines Deltamétrine Insecticide Pyréthrinoïdes de synthèse 0,002 mg/l 3 à 4 semaines Lambda-cyhalothrineInsecticide Pyréthrinoïdes de synthèse 0,005 mg/l 3 à 4 semaines MercaptodiméthurInsecticide -MolluscicideCarbamates 27 mg/l - Méthomyl Insecticide-Acaricide Carbamates 58 mg/l - Cadusafos Nématicide-Insecticide Organo-phosphorés 248 g/l - Ethoprophos Nématicide Organo-phosphorés 700 mg/l - Nématicide-Insecticide- Oxamyl Carbamates 280 g/l - Acaricide Phénamiphos Nématicide Organo-phosphorés 400 mg/l 4 mois Métaldéhyde Molluscicide Métaldéhydes 222 mg/l - Dipyridiles ou bipyridiles ou Paraquat Herbicide 620 g/l < 1 semaine ammoniums quaternaires Ce tableau permet de classer les matières actives en question selon leurs degrés de solubilité. Ainsi on obtient le classement suivant :

 Paraquat avec 620 g/l ;  Oxamyl avec 280 g/l ;  Cadusafos avec 248 g/l ;  Ethoprophos avec 700 mg/l ;  Carbofuran avec 250 à 700 mg/l ;  Phénamiphos avec 400 mg/l ;  Métaldéhyde avec 222 mg/l ;

8

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Méthomyl avec 58 mg/l ;  Mercaptodiméthur avec 27 mg/l ;  Bifenthrine avec 0,1 mg/l ;  Cyperméthrine avec 0,01 mg/l ;  Alphamétrine avec 0,01 mg/l ;  Lambda-cyhalothrine avec 0,005 mg/l ;  Deltamétrine avec 0,002 mg/l ;  Abamectin insoluble dans l’eau.

L’estimation des quantités appliquées pour chaque matière active et pour chaque culture montre que les matières actives dangereux les plus utilisées sont par ordre de quantités : Ethoprophos (113,8 T) ; Phénamiphos (87,32 T) ; Cadusafos (56,08 T) ; Métaldéhyde (55,6 T) ; Oxamyl (47,6 T) ; Méthomyl (16,4 T) ; Bifenthrine (10,74 T) ; Carbofuran (9,8 T) ; Lambda-cyhalothrine (7,98 T) ; Cyperméthrine (6,32 T) ; Deltamétrine (3,46 T) ; Paraquat (3,2 T) ; Alphamétrine (3 T) ; Mercaptodiméthur (2,8 T) et Abamectin (0,4 T) .

Pour l’estimation des flux, on peut considérer que le « pool initial » est de l’ordre de 380 T de pesticides dangereux constitué des matières actives Ethoprophos (113,8 T) ; Phénamiphos (87,32 T) ; Cadusafos (56,08 T) ; Métaldéhyde (55,6 T) ; Oxamyl (47,6 T) ; Méthomyl (16,4 T) et le Paraquat (3,2).

Mais il faut noter que la quantité totale des pesticides utilisés par les cultures de la zone côtière, est de l’ordre de 570 Tonnes sur une surface de l’ordre 35 000 ha, soit une moyenne de l’ordre de 16,3 Kg/ha répartie comme suit : 2,6 Kg/ha de fongicides, 4 Kg/ha d’insecticides, 8,8 Kg/ha de nématicides et 0,9 Kg/ha d’herbicides et de molluscicides. Ces valeurs montrent que les nématicides et les insecticides constituent respectivement 54 % et 24,5 % (78,5 % ensemble soit presque les 3/4) des quantités des pesticides utilisés sur les cultures dans la zone côtière du Gharb. Il faut noter à cette égard que la dose moyenne des pesticides utilisés à l’ha au niveau de cette zone reste très largement supérieure à la moyenne du Gharb du fait, comme on l’a signalé auparavant, que l’intensification agricole y est très importante, ce qui était parmi les critères d’élection de cette zone pour faire l’objet d’une analyse détaillée de l’usage des pesticides.

9

PESTICIDES : CAS DU GHARB

II.2 Risques d’utilisation des pesticides sur la santé humaine et sur l’environnement Compte tenu de la toxicité des composés phytosanitaires, de la vulnérabilité de la région du GHARB- CHRARDA-BENI HSSEN et des populations concernées, des niveaux de contamination anormalement élevés et localisés de composés organochlorés ont été mis en évidence dans la région particulièrement les eaux souterraines et le milieu récepteur des eaux de drainage à savoir la lagune de et la nappe de . Cette contamination concerne les organochlorés notamment le DDT et ses dérivés, l’Aldrine, le Dieldrine, l’Endosulfan, le HCH, le HCB et le Lindane.

En s’attachant à prendre en compte les informations caractérisant la zone d’étude (GCBH) (concentrations relevées dans les sites lors des missions précédentes), les variables humaines relatives aux personnes exposées, les modalités de leur exposition ainsi que la toxicité des produits identifiés. Nous avons distingué deux grands types de risques ; risques sur la santé humaine et risque sur l’environnement.

II.2.1 Risques sur la santé humaine Un pesticide donné a un effet néfaste sur la santé humaine lorsque le degré d’exposition dépasse les valeurs limites admises. Les risques peuvent survenir à la suite d’une exposition directe (ainsi des ouvriers d’usines produisant les pesticides et des opérateurs –en particulier les agriculteurs– qui les appliquent) ou d’une exposition indirecte (dans le cas des consommateurs, des résidents et des passants), notamment pendant ou après l’utilisation des pesticides dans l’agriculture, l’aménagement paysager ou sur les terrains de sport, ainsi que pour l’entretien des bâtiments publics, le désherbage en bordure de route ou le long des voies ferrées, l’entretien des pelouses et d’autres activités. Les résidents et les passants peuvent être soumis à une exposition indirecte aux pesticides du fait des pertes par dispersion lors de la pulvérisation (dérive).

Les effets néfastes des pesticides les plus communément relevés chez les ouvriers et les opérateurs sont les maux de têtes aigus, les vomissements, les douleurs d’estomac et la diarrhée consécutifs à une exposition lors de l’application, de la préparation ou du mélange des pesticides, ainsi que de la manutention des conteneurs. Des niveaux d’exposition faibles mais constants peuvent se traduire par des atteintes sanitaires à long terme et chroniques (par exemple anomalies congénitales,

10

PESTICIDES : CAS DU GHARB troubles de la reproduction, sensibilisation, …etc.). La plupart du temps, en l’absence de symptômes évidents d’empoisonnement immédiatement consécutifs à l’exposition, les personnes concernées n’établissent pas le rapport entre l’exposition aux pesticides et la maladie. (EFA)(Politique de l’Union Européen pour une utilisation durable des pesticides - Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2007), et CAP Centre Anti Poison du Maroc)

Dans le cas des consommateurs, l’exposition indirecte est liée à la présence de quantités résiduelles de pesticides dans les produits agricoles ou l’eau. Les conséquences peuvent être pires pour les groupes de population vulnérables, tels que les enfants (qui sont particulièrement sensibles aux «effets cocktail» présumés des pesticides), les personnes âgées ou les autres groupes à risque (immuno-déficients, personnes souffrant de maladies chroniques, etc.) et, bien entendu, les travailleurs (qui sont soumis à une exposition potentiellement intensive).

L’exposition aux pesticides à des niveaux dépassant les limites de sécurité est généralement due à une méconnaissance des risques liés à l’utilisation des pesticides et de la manière de les réduire ce qui est d’ailleurs le cas dans les conditions de la Région du Gharb Chrarda Beni Hssen. Qui ne dispose malheureusement pas d’études similaires évaluant l’impact d’utilisation des pesticides sur la santé humaine.

Les intoxications aigues par les pesticides (IAP) peuvent être d'origine accidentelle ou volontaire. Elles se manifestent par une atteinte locale et/ou systémique, entraînant des affections respiratoire, neurotoxique, cardiovasculaire, endocrine, gastro-intestinale, néphrotoxique et allergique (CAPM 2010).

Généralement, les agriculteurs sont les plus fréquemment victimes d’intoxications aiguës par les pesticides. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu'il y a chaque année dans le monde 1 million de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès.

Au niveau national, l’étude rétrospective de type descriptif, basée sur les données de toxicovigilance du CAPM, sur une durée de 19 ans (1989 et 2007) a permis de collecter 10 332 cas des intoxications aigues par les pesticides (IAP) avec une prédominance des cas pendant les saisons d'hiver et d'été, surtout issus d'un milieu urbain (80%) (Idrissi et al. 2010). Les intoxications isolées étaient quasi- prédominantes (97% des cas). Le taux brut d'incidence (IAP) au niveau national était de 2,3 pour 100 000 habitants en 2007 et de 2,56 pour 100 000 habitants en 2008. L'étude de la répartition

11

PESTICIDES : CAS DU GHARB géographique montre que le taux le plus élevé a été au niveau de la région de Tadla-Azilal avec 6,66 pour 100 000 habitants, suivi de la région de -Salé-Zemmour-Zaer (5,96 pour 100 000 habitants).

Les intoxications accidentelles par pesticides sont le plus souvent en rapport avec des pesticides à usage agricole (54%), suivie des pesticides à usage domestique (29,5%) majoritairement organochlorés et les pesticides à usage d'hygiène publique (16%). Les insecticides et les rodenticides sont les principaux composés incriminés dans ces intoxications. Ces derniers sont attribués aux organophosphorés (61%), suivie par les dérivés inorganiques (26,8%) représentés exclusivement par le phosphure d'aluminium. Ces intoxications étaient volontaires dans plus des deux tiers des cas (76,8%), majoritairement dans des circonstances suicidaires. Les décès, lors d'intoxications accidentelles étaient surtout dus à l'accident classique (Idrissi et al., 2010).

Figure 1 : Répartition des IAP selon les usages (source : CAPM)

Figure 2 : Principale utilisation des pesticides (source : CAPM)

12

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Les létalités les plus élevées se voient dans les régions à fort potentiel agricole, comme le cas de la région du Gharb Chrarda beni Hssen, en rapport avec la grande disponibilité et le libre accès à des produits potentiellement dangereux. Les enfants de plus de 15 ans sont les plus touchés, 81,40% contre 18,60% chez les moins de 15 ans. Le sexe féminin est le plus dominant (58,60%) (Idrissi et al., 2010).

A ces intoxications directes par les pesticides s’ajoutent les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) qui représentent au Maroc 11% des intoxications dont environ 7% des cas sont d’origine chimique (Belomaria et al., 2007).

En ce qui concerne la toxicité chronique, elle correspond à des manifestations cliniques persistantes se développant lentement en rapport souvent avec une exposition à faible dose mais prolongée. Les pesticides décrits comme étant des perturbateurs endocriniens provoquent des conséquences sur la reproduction et le comportement. Les autres effets sanitaires à long terme susceptibles d’être liés avec une exposition aux pesticides sont les cancers, les effets sur la reproduction et le développement et les effets neurologiques (Camard et Magdelaine, 2010).

L’évaluation des risques sanitaires dans la région du Gharb Chrarada Beni Hssen a été fait selon les trois approches retenus (largement détailler dans la Mission III de la présente étude) à savoir l’indicateur «vente / dose journalière admissible», l’estimation de l’exposition maximale théorique et l’estimation de la quantité réelle de résidus ingérée quotidiennement pour les 15 matières actives des organophosphorés (résultats de la Mission II) en plus des organochlorés considérées comme extrêmement dangereuses à modérément dangereuse.

Les résultats de cette évaluation nous a permis de retirer les constatations suivantes au niveau de la région du Gharb Chrarda Beni Hssen :

1. L’approche selon l’indicateur « vente / DJA » nous a donné une idée sur l’exposition générale (cutanée, inhalation et par ingestion), néanmoins cette démarche ne permet pas d’estimer les expositions des populations de façon réaliste dans la mesure où les substances actives vendues n’aboutissent pas forcément à une exposition des populations, d’autre part cette démarche ne peut pas être appliquer pour les pesticides organochlorés car même si leurs ventes ont été interdites, ils sont très persistants et par conséquent on les trouve encore dans les différentes matrices alimentaires.

13

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Néanmoins, cette méthode a dévoilé que parmi les 15 substances actives jugées les plus toxiques commercialisés et utilisés dans la région, les substances présentant le maximum de risque sont l’Ethoprophos, Cadusafos et le Phenamiphos.

2. L’approche selon l’estimation de l’exposition maximale théorique est très prenante car la contribution des vecteurs majeurs réels et quotidiens du risque d'exposition humaine comme l'eau, le blé, le lait et les poissons est fortement réaliste pour déterminer les stratégies d'intervention les plus efficaces pouvant aider à la diminution de l'exposition humaine à ces substances dans le contexte local et par la suite au niveau national. En effet, Cette méthode a mis le point sur le fait que l’AJMT en pesticides calculé pour les céréales est très supérieur à la dose journalière admissible (DJA), cela s’explique par la forte consommation des céréales par les marocains d’une manière générale et particulièrement la population du Gharb Chrarda Beni Hssen. 3. Ce qui concerne l’estimation de la quantité réelle de résidus des pesticides ingérée quotidiennement, le pourcentage de la dose journalière d’exposition (DJE) par rapport à la dose journalière admissible (DJA) des céréales est le plus élevé par rapport aux autres matrices (eau, lait et poissons). Il s’est avéré donc que ce sont les céréales qui présentent le maximum de risque pour la population.

II.2.2 Risques sur l’environnement Lorsque les pesticides sont mal utilisés, ou utilisés en très grandes quantités, les substances chimiques peuvent contaminer l’eau, l’air et les sols et exercer des effets néfastes sur les végétaux et les espèces sauvages, ainsi que sur la diversité biologique (influencée également par toute une série d’autres facteurs). Ainsi, les produits phytopharmaceutiques disséminés dans l’environnement de manière incontrôlée par dérive de pulvérisation, lixiviation ou ruissellement peuvent polluer les sols, les eaux superficielles et les eaux souterraines, là encore les informations dont on dispose quant au degré de pollution de ces ressources au niveau du Gharb restent insuffisantes. La contamination de l’environnement peut également se produire pendant et après l’application, lors du nettoyage de l’équipement ou en cas d’élimination non contrôlée et illégale des pesticides ou des récipients et fûts qui les contenaient (sources ponctuelles).

14

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Pour les risques liées à la pollution de l’environnement par les pesticides, nous nous sommes intéressés surtout aux ressources en eau car les évaluations de la pollution de l’air par les pesticides sont quasi inexistantes même dans la littérature internationale et sont difficilement mesurables, d’autant plus les traitements par fumigation ou par des pesticides dégageant des gaz (dont les émanations sont extrêmement dangereuses) sont opérés sous un contrôle strict des services compétents de l’Etat (ONSSA, ministère de l’intérieure). Tandis que les évaluations et les mesures de la pollution des sols par les pesticides, bien qu’elles paraissent moins laborieuses, ne renseignent en fait que sur le potentiel de pollution des eaux puisque les sols correspondent aux interfaces entre les polluants et les ressources en eau.

Pour les eaux souterraines, trois niveaux de risque de contamination par les produits agro-chimiques ont été distingués (Résultats de la Mission II). 1. Zone 1 à grand risque ; 2. Zone 2 à risque moyen et 3. Zone 3 à faible risque.

Tableau 3 : Zones selon leurs risques de contamination par les produits agro-chimiques dont les pesticides Zone Superficie (ha) % Zone 1 à grand risque 40,950 12,41 de contamination Zone 2 à risque moyen 51,810 15,71 de contamination Zone 3 à faible risque 229,200 69,48 de contamination Autres 7,914 2,4 T O T A L 329,874 100

Plus de 12,41 % de la superficie du Gharb déjà touchée par la contamination par les produits agro- chimiques, 15,71 % de la superficie de la nappe en reste prédisposé correspondant aux zones périphériques de la plaine du Gharb.

15

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Figure 3 : Les zones à risque correspondent en premier lieu à la zone côtière et secondairement aux zones périphériques de la plaine du Gharb. Des concentrations dépassant la limité des pesticides ont été relevées dans la nappe du Gharb au niveau de souk Tlat (El ABIDI et al. 2008).

Tableau 4 : Résultats des analyses de pesticides organochlorés relevés dans les eaux souterraines * Kénitra ( µg/l) (µg/l) Souk Tlat ( µg/l) (µg/l) DDT 0,03 0,01 0,015 0,15 DDD 0,001 0,009 0,03 0,13 DDE 0,02 0,006 0,01 0,015 Lindane 0,05 0,001 0,004 0,001 Endrine 0,05 0,001 0,001 0,001 Dieldrine 0,04 0,004 0,001 0,001 *référence : El ABIDI et al. 2008

16

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Pour les eaux de surface, le risque se manifeste au niveau de la Merja Zerga. Cette dernière reçoit presque la totalité des eaux de drainage d’une bonne partie de l’étendu de la seconde tranche d’irrigation (STI) faisant partie de la zone d’action de l’ORMVAG via le canal Nador au sud et d’une partie du secteur Rmel de la zone d’action de l’ORMVAL.

Figure 4 : Fonctionnement hydrologique et la configuration de l’ensemble des canaux de drainage et d’assainissement de la zone d’étude Le risque de contamination des eaux de surface et des eaux souterraines doit faire l’objet d’une surveillance constante et – compte tenu du laps de temps nécessaire à la contamination et à la régénération – d’un suivi étroit au niveau du processus réglementaire.

La contamination des ressources en eau est atteinte à une concentration de 0,1 µg/l de chaque pesticide pris individuellement (valeur maximale admissible est 0,1 µg/l par produit) et de 0,5 µg/l pour la somme des concentrations des produits phytosanitaires dans les ressources en eau.

17

PESTICIDES : CAS DU GHARB

III. Amélioration de la gestion des pesticides et réduction des risques lies a l’utilisation des produits phytosanitaires

III.1 Besoins en matière de surveillance, contrôle et recherche dans le domaine des pesticides Les Etats Unis et l’Union Européen se sont déjà engagés dans des processus de surveillance et de contrôle d’utilisation des pesticides assez avancés, au Maroc, l’instauration d’un réseau de surveillance et de contrôle d’utilisation des pesticides ou même d’une recherche structurale dans le domaine n’est toujours pas entreprise. Les quelques recherches et études engagés par certains départements, dont le département de l’environnement, restent globalement timides et ne se sont jamais érigées au rang de la priorité requise, notamment pour les difficultés techniques inhérentes aux mesures des résidus des pesticides et de leurs métabolites, et les coûts que requièrent. Toutefois cette situation ne pourrait perdurer la volonté de l’Etat de s’engager dans un système de surveillance post homologation et fabrication, notamment au niveau post application des pesticides. En effet le Dahir n° 1-97-01 du 12 Ramadan 1417 (21 janvier 1997) portant promulgation de la loi n°42-95 relative au contrôle et l’organisation du commerce des produits pesticides à usage agricole (voir BO du 15/05/1997) a consacré un intérêt particulier au contrôle surtout aux aspects se rapportant : 1) Aux procédures d’homologation des pesticides à usage agricole (voir décret n°2-99-105 du 18 moharrem 1420 (5 mai 1999) ; 2) A l’importation, la fabrication, la vente et la distribution des pesticides ; 3) A l’efficacité et l’innocuité des pesticides à l’égard de l’Homme, des animaux et de l’environnement ; 4) Au devenir des emballages, fûts et récipients ayant servi à contenir des produits pesticides à usage agricole. L’article 6 de la loi 42-95 n’insiste que sur le fait que ces derniers ne doivent en aucun cas servir à recevoir des produits destinés à l’alimentation de l’Homme ou des animaux. Le problème de leurs devenirs ainsi que celui de l’élimination rationnelle des stocks obsolètes restent une problématique majeure du secteur au Maroc ; 5) Aux conditions de stockage qui doivent absolument répondre aux conditions de salubrité déterminées par voie réglementaire, mais les textes ne précisent nullement ces conditions.

18

PESTICIDES : CAS DU GHARB

6) Aux conditions d’emballage (emballage hermétiques, étanches et résistants) ; 7) A l’étiquetage ; 8) Aux conditions à remplir pour l’exercice des activités d’importation, de fabrication et de commerce des pesticides à usage agricole.

Hormis donc, le souci accordé par les textes au devenir de l’emballage, aucune loi ou directive n’a été élaborée pour cadrer, dans un objectif de contrôle ou surveillance, l’utilisation des pesticides et leurs devenirs dans l’environnement.

En d’autres termes, si on considère dans le domaine de l’agriculture que les producteurs (agriculteurs) appartiennent à l’amont d’une filière donnée et que les industriels appartiennent à l’aval de cette dernière, dans le domaine des pesticides, se sont les fabricants qui constituent l’amont et les utilisateurs (agriculteurs) constituent l’aval. Ceci dit, les textes se sont plutôt, sinon exclusivement, orientés vers le contrôle et la surveillance en amont - parce qu’objectivement c’est plus commode et plus facile à faire - alors que la législation relative à l’aval est totalement inexistante. Quelques tentatives sporadiques existent mais restent très timides. Autant la mise en œuvre d’une réglementation dans ce sens reste globalement aléatoire si les utilisateurs eux mêmes ne s’impliquent pas complètement dans le contrôle et la surveillance avec un esprit participatif et responsable.

Un point faible majeur caractérise le domaine du devenir des pesticides dans l’environnement une fois appliqués, c’est l’absence quasi-totale de résultats, et tant que les résultats ne sont pas là, on a moins de souci auprès du grand public. Mêmes les chercheurs et les développeurs les plus soucieux ont du mal à défendre l’environnement et une agriculture productrice et durable tant qu’ils ne disposent pas de chiffres ce qui affecte sérieusement leurs plaidoyers.

Le besoin en chiffres moyennant un système de contrôle et de surveillance, aussi bien en amont qu’en aval, reste primordial et même capital pour le devenir de l’agriculture marocaine.

19

PESTICIDES : CAS DU GHARB

III.2 Amélioration de la gestion des pesticides et réduction des risques

III.2.1 Aux niveaux législatives et institutionnelles Sur le plan institutionnel et sous réserve des attributions dévolues par la législation et la réglementation en vigueur aux départements ministériels ou autres organismes, c’est l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA), un établissement doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, qui exerce depuis 2009 pour le compte de l'Etat, les attributions relatives à la protection de la santé du consommateur et à la préservation de la santé des animaux et des végétaux. A cet effet, l'office exerce, entre autres, les missions suivantes, conformément aux attributions définies par l'article 2 de la loi n° 25-08 portant sa création: 1) Appliquer la politique du gouvernement en matière de sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des produits alimentaires depuis les matières premières jusqu'au consommateur final, y compris les denrées destinées à l'alimentation des animaux ; 2) Procéder à l'analyse des risques sanitaires que peuvent engendrer les produits alimentaires et les denrées destinées à l'alimentation des animaux sur la santé des consommateurs ainsi que les agents pathogènes pour la santé des végétaux et des animaux ; 3) Contrôler les additifs alimentaires, le matériel de conditionnement, les produits et matériaux susceptibles d'entrer en contact avec les produits alimentaires ainsi que les engrais et les eaux d'irrigation ; 4) Contrôler et procéder à l'homologation des pesticides et à l'agrément des établissements qui les produisent, les importent ou les exportent. Ainsi les missions qu’exerçait la Direction de la Protection des Végétaux du département d’agriculture lui ont été dévolues.

Il est donc clair, que la surveillance et le contrôle d’utilisation des pesticides relèvent des attributions de l’ONSSA, mais celui-ci peut déléguer par décision de son conseil d'administration, et sous son contrôle, la réalisation de tout ou partie de certaines de ses missions, à des organismes publics ou à des personnes morales de droit privé agréés par l'office à cet effet. Lesdites missions sont fixées par

20

PESTICIDES : CAS DU GHARB arrêté ministériel de l'autorité gouvernementale chargée de l'agriculture. Mais tant que ces décisions ne sont pas établies ; les attributions de contrôle et surveillance restent la mission de l’ONSSA.

Pour ce faire, l’ONSSA a déjà établi une démarche de contrôle sanitaire des produits végétaux et d'origine végétale, bien explicité dans son site web. Ainsi dans ce cadre, la Division du Contrôle des Produits Végétaux et d'Origine Végétale (DCPVOV) de l’office lance annuellement, entre autres :

 Un plan de surveillance des résidus de pesticides dans les produits végétaux et d'origine végétale ;  Une campagne de contrôle des intrants agricoles (Pesticides, engrais et semences) ;  Les agences des bassins (dans notre cas l’Agence du Bassin Hydraulique de Sebou) ont également la responsabilité du contrôle et de la surveillance de l’eau destinée à l’irrigation et à l’usage alimentaire comme les stipulent les textes du décret 2.00.477 du 14 Novembre 2000, pris en application de l’article 20 de la loi 10-95 sur l’eau, relatif à la création de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou (ABHS).

En effet, le suivi qualitatif et quantitatif des ressources en eau est l’une des principales missions de cette agence. Le suivi en lui-même est un outil fondamental pour la bonne gestion des ressources en eau et correspond à un tableau de bord vital pour les prises de décision pour la protection de l’environnement, du consommateur et de la pérennité du développement.

Le suivi spatial et temporal de la contamination des ressources en eau par les pesticides a fait l’objet de pas mal d’études pilotés par l’agence de bassin et la direction de la recherche et la planification de l’eau. Cependant, les travaux menés n’ont pas aboutis aux résultats escomptés. Cela suppose la définition de nouvelles façons d’appréhender les problèmes, en les spécifiant sur le plan spatial et environnemental et de nouvelles méthodes d’intervention qui mettent en œuvre les outils et les moyens disponibles, au niveau local, et qui prennent en compte toutes les interactions qui puissent exister entre situation locale et enjeux nationaux, voire internationaux.

Cette mission doit être donc une action de routine pour les organismes de production et /ou de distribution de l’eau potable telles que l’ONEP, les régies et les établissements ayant bénéficié du partenariat public-privé.

21

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Aussi, le Dahir 1-88-240 qui a institué, en 1986, L'Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) qui a entre autre le contrôle des résidus des pesticides dans les produits alimentaires destinés à l’exportation. C'est un Organisme Public qui relève de la tutelle du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime.

L'EACCE est doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière et administré par un Conseil composé de représentants de l'Administration et du secteur privé d'exportation des produits alimentaires.

La liste des résidus des pesticides à contrôler par l’EACCE dans les aliments destinés à l’export vers l’Union Européen, les Etats Unis et les autres pays recommandés par la FAO et l’OMS (codex alimentarius) est rapportée en annexe.

Toutefois, l’EACCE a déjà fait l’objet de critiques de l’Union Européen, en effet, dans une visite antérieure (2007) de l’Office Alimentaire et Vétérinaire de la commission portant sur les résidus des pesticides dans les denrées alimentaires d’origine végétale n’a pas manqué de pointer de doigt les faiblesses du système des contrôles officiels au Maroc. Le rapport de ladite commission reconnait que les analyses sont bien faites au Maroc mais le nombre d’échantillon prélevés reste faible et ne permet pas une bonne traçabilité de nombreux pesticides utilisés par les producteurs nationaux. Des reproches ont été également faits à l’égard du Maroc en ce qui concerne l’inexistence de normes marocaines en matière de LMR (Limites Maximales de Résidus).

Globalement au niveau amont principalement (homologation, importation, fabrication, répression des fraudes, conditions de stockage, commercialisation, toute action visant la sécurité alimentaire), c’est l’ONSSA qui, juridiquement parlant, s’occupe du contrôle et de la surveillance. En revanche l’EACCE s’occupe du respect de la conformité des produits alimentaires marocains destinés à l'exportation aux exigences réglementaires des marchés internationaux et de s'assurer du bon respect de toutes les dispositions obligatoires liées au risque de la santé humaine dont le respect des LMR imposées par les pays importateurs pour chaque denrée alimentaire et pour différentes matières actives.

Toutefois, en dépit de l’arsenal institutionnel et juridique cité plus haut, le contrôle de l’utilisation des pesticides au niveau aval reste globalement très faible. Ainsi, les textes, ou du moins des circulaires ou des directives, ne définissent pas clairement les établissements responsables de la

22

PESTICIDES : CAS DU GHARB réalisation des suivis (surveillance) de la pollution des ressources naturelles (eau, sol, air, biodiversité) et du contrôle d’utilisation des pesticides au niveau de la parcelle. Les tentatives entreprises limitées jusqu’à présent ne sont que le fruit d’initiatives propres de leurs auteurs. Les organismes de recherche ne s’intéressent que timidement à ce domaine car il requiert un investissement important et ne constitue toujours pas pour le moment une priorité pour le département d’agriculture.

23

PESTICIDES : CAS DU GHARB

III.2.2 Gestion rationnelle au niveau de la parcelle Que ce soit au niveau national ou au niveau régional aucune directive concrète et définie proprement dite n’existe en matière de prévention de risque et en matière d’utilisation rationnelle des pesticides. Toutefois, cette mission fait partie intégrante des activités d’encadrement du département d’agriculture depuis très longtemps.

En effet, la vulgarisation, substituée de plus en plus par le vocable encadrement, la formation continue, les journées de sensibilisation, les essais de démonstration, les voyages d’étude ayant trait à l’utilisation efficace et rationnelle des pesticides constitue l’une des activités structurales du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, mais sans pour autant s’ériger en un vrai programme et une préoccupation majeure pour ce département.

Dans ce paragraphe, on présentera un tour d’horizon des principaux messages véhiculés par les différents services du département d’agriculture, par les prestataires de services dans le domaine agricole et par les firmes producteurs des pesticides pour en faire un recueil en la matière.

Les bonnes pratiques agricoles, les bonnes pratiques phytopharmaceutiques et les bonnes pratiques de stockage et de transport des produits pharmaceutiques sont à la base de l’approche d’utilisation rationnelle des pesticides et leurs utilisations avec le moindre risque sur la santé humaine et sur l’environnement. Les précautions fondamentales à prendre en considération pour une utilisation aussi rationnelle que possible et avec le moindre risque peuvent être résumées comme suit :

III.2.2.1 En matière de transport de produits phytopharmaceutiques Problématiques Généralement quand on pense aux risques liés à la manipulation de produits phytopharmaceutiques, le transport ne vient pas spontanément à l'esprit. Pourtant, les risques d'accidents existent entre la fabrication du produit et son arrivée chez l'agriculteur. Il est donc bien évident de prendre en compte cet aspect si important surtout avec des produits concentrés comme c’est le cas lors des traitements dans les champs.

Ces produits font donc, l'objet de transport :

24

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Entre le lieu de leur fabrication et de leur stockage primaire vers les organismes distributeurs (différents revendeurs au niveau du Gharb) ;  Entre le dépôt de l'organisme distributeur et le local de la ferme consacré au stockage des produits phytopharmaceutiques ;  Entre ce local et l'aire de préparation des bouillies (au niveau de la parcelle).

A ce stade, le produit phytopharmaceutique se présente comme une formulation concentrée. De ce fait, tout accident ou incident de transport conduisant au renversement ou au percement des emballages d’origine peut provoquer l'introduction dans le milieu de quantités notables de substance active. Sans mesure corrective de récupération ou de nettoyage, ce produit abandonné, même en petite quantité, sera dispersé par le vent et la pluie et participera à la contamination du milieu. Dans la pratique, un certain nombre d'incidents de transport (ex. : renversement d'un camion sur la route, crevaison d'un gros emballage au bord d'un ruisseau ou dans la cour d'une ferme) ont été reconnus comme responsables de pollutions graves sur des cours d’eau proches, dont les conséquences ont pu aller jusqu'à la mortalité des habitats aquatiques.

Propositions d’amélioration Le transport sur route et la manutention des produits phytopharmaceutiques doit être strictement réglementé. En effet, les articles 45 et 46 de la loi 11-03 du 12 mai 2003 relative à la protection et la mise en valeur de l’environnement stipulent clairement l’interdiction de la circulation sans autorisation de l’administration de toutes les substances nocives et dangereuses dont les pesticides. Sur la route comme sur l'exploitation, les produits phytopharmaceutiques peuvent faire l'objet de divers transports. Des pratiques simples peuvent réduire les risques d'incident pendant ces trajets. Présentation de quelques recommandations afin de réduire le risque pendant le transport des produits phytopharmaceutiques :  Disposer les emballages unitaires (bidons, sacs), obligatoirement conservés dans leurs emballages d'origine, dans des cartons homologués pour le transport ou casiers ;  Séparer les produits comburants des produits inflammables et les toxiques des autres matières ;  Séparer les produits de l'habitacle du véhicule pour éviter tout contact avec d'éventuelles vapeurs ;

25

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Bien caler les emballages pour empêcher les renversements ou les chocs ;  En cas de renversement accidentel, absorber l'écoulement avec un matériau absorbant (type vermiculite) qui sera stocké dans un fût étanche, puis éliminé comme PPNU (Produit Phytosanitaire Non Utilisable).

III.2.2.2 En matière de stockage des produits phytosanitaires Un local aux normes doit être une obligation ; cette contrainte présente bien des avantages pour l'exploitant en matière d'organisation, de sécurité et de préservation de l'environnement. Bien qu’il ne soit pas obligatoire de se doter d’un lieu de stockage spécifique, il est extrêmement recommandé d’en posséder un au niveau de l’exploitation agricole. En effet, plusieurs bénéficies peuvent en être tirés. On peut citer :

 Le local phytosanitaire est un élément important pour la certification des productions ou la qualification des exploitations. Cet élément est d’autant plus important si ces exploitations visent les marchés extérieurs. Il donne un avantage compétitif en matière d’organisation (gain de temps). Il constitue un élément essentiel pour la sécurité sur l’exploitation, pour l’utilisateur, sa famille et l’environnement ;  Dès sa construction, il est possible de doter le local d'atouts pour la sécurité. Site, agencement, aménagements des principes simples peuvent apporter beaucoup ;  Pour le lieu et l'accès : Construire le local éloigné des points d'eau naturels et des habitations est fortement conseillé. Concevoir le local légèrement enterré, avec un seuil de porte surélevé permet d'empêcher les débordements en cas de fuite importante. L'accès du local peut également faire l’objet d'aménagements spécifiques. Une porte de type coupe-feu, avec poignée de porte anti-panique, par exemple, peut être une option intéressante pour augmenter la sécurité du local ;  Pour les aménagements utiles :  Un système de contrôle de la température, Il est très recommandé pour maintenir le local entre 2 et 30°C. Dans la zone côtière et à travers tout le Maroc, la température estivale dépasse souvent les 30° pendant le jour d’où l’importance de ce paramètre ;

26

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Un bac spécifique pour stocker les emballages vides et pour rendre leur collecte plus facile, son rôle est très important pour la gestion des emballages vides des pesticides;  Une poubelle spécifique pour les équipements de protection individuelle (EPI) jetables souillés permet une gestion optimisée du matériel de protection usagé ;  Bien qu’il paraisse difficilement manipulable en pratique, Il est indispensable de prévoir un système pour récupérer les eaux de rinçage souillées. Une évacuation vers une cuve de rétention, ou plus sommairement un simple bidon, peuvent jouer ce rôle ;  Pour le 'visiteur' inhabituel, des panneaux signalétiques donnent des indications sur les comportements à risque (ex: fumer, dangereux, ...).

La présence d'un local de stockage des produits phytosanitaires doit donc répondre à trois objectifs complémentaires :

 Assurer la sécurité des personnes ;  Prévenir les risques de pollutions accidentelles ;  Conserver l'intégrité et l'efficacité des produits stockés.

Au Maroc la problématique du stockage des pesticides a suscité l’intérêt de l’ensemble des acteurs du secteur. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Africain relatif aux Stocks de Pesticides Périmés (PASP) et des stratégies nationales relatives à la gestion des déchets spéciaux et à la gestion rationnelle des produits chimiques, l’Association d’Education Environnementale et de la Protection des Oiseaux au Maroc (SEEPOM) a même édité un Guide gratuit sur les Bonnes Pratiques de Stockage des pesticides en collaboration avec Pesticide Action Network Afrique (PAN Afrique), Pesticide Action Network UK (PAN UK) et Pesticide Action Network Maroc (PAN MAROC).

Ce Guide consiste à promouvoir un aspect important de prévention des pesticides obsolètes qui est le stockage adéquat des pesticides.

Au niveau national et plus particulièrement au niveau de la région du Gharb Chrarda Beni Hssen, le stockage des pesticides est fait dans la plupart des cas (à l’exception de certaines multinationales) généralement dans des locaux inadaptés et dépourvus de matériel nécessaire pour un bon stockages 27

PESTICIDES : CAS DU GHARB des pesticides et offrant la sécurité des installations. En conséquence, les pesticides se détériorent ou bien ils sont laissés dans les entrepôts jusqu’ à ce qu’ils deviennent obsolètes.

Ce guide qui constitue un outil de communication et de formation, est destiné aux techniciens, aux utilisateurs, aux professionnels, aux ONG et à la société civile d’une manière générale. Il a pour objet de renseigner d’une manière simple et simplifiée les distributeurs et les utilisateurs de pesticides sur les bonnes pratiques de stockage des pesticides pour prévenir les risques liés à l’entreposage de ces substance chimique. Ce guide est le fruit d’une synthèse de documents (FAO, Croplife International, etc.) adapté à l’expérience marocaine de terrain. Ce document composé de 23 pages comprend les chapitres suivants :

 Choix du site de l’entrepôt ;  Construction de l’entrepôt ;  Gestion de l’entrepôt ;  Signalétiques ;  Transport, Réception et expédition des pesticides ;  Gestion des stocks de pesticides ;  Protection et mesures contre les incendies ;  Hygiène et sécurité du personnel ;  Décontamination ;  Elimination des épandages et des déchets.

III.2.2.3 En matière du choix de la météo idéale pour le traitement Prendre en compte la météo au moment des traitements phytosanitaires est primordial pour le respect de l'environnement et l'efficacité des produits.

Du point de vue environnemental, l'utilisation de produits de traitement en conditions défavorables favorise le transfert des produits vers des zones sensibles non cibles (eau, air, sol, cultures voisines).Elle est la cause de pollution diffuse et de phytotoxicité.

Du point de vue économique, bien que cela paraisse négligeable, on peut enregistrer la perte de produit par dérive ou lessivage liée à des conditions météorologiques inadaptées lors de l'application ce qui pourrait limiter l’efficacité des traitements. Les conséquences peuvent être également la création de résistance et de la phytotoxicité accrue.

28

PESTICIDES : CAS DU GHARB

La perte peut être même totale. Elle peut par exemple nécessiter de devoir retraiter, notamment en cas de pluie directement après l'application avant ressuyage.

Les quatre paramètres climatiques à prendre en compte pour traiter sont la Chaleur, l’humidité, le vent, et les précipitations. Il faut éviter les traitements lors de périodes de sécheresse, qui limitent la pénétration du produit dans la plante et privilégier la pulvérisation en début ou fin de journée.

Le vent ne doit pas souffler à plus de 19 km/h : Pour éviter la dérive par le vent, il est recommandé de ne pas pulvériser par un vent de niveau supérieur à 3 sur l'échelle de Beaufort (niveau 3 = 19km/h, c’est-à-dire quand on sent les cheveux agités par le vent). Moins de perte au dessus de 60% d'humidité

(Source http://www.syngenta-agro.fr)

Le tableau ci-après présente les pertes par volatilisation en fonction de l’humidité relative de l’aire pour une température de 25°C et pour une taille moyenne des gouttes de 230 microns. Ce tableau montre bien que la volatilisation du produit diminue avec l’augmentation de l’humidité relative de l’aire. Il faut donc en prendre en considération lors des traitements.

Tableau 5 : Pourcentage de perte par volatilisation de pesticide (http://www.syngenta-org.fr)

Conditions expérimentales Humidité relative Perte par volatilisation 32 % 9,6 % Taille moyenne des gouttes : 230 57 % 4,8 % microns 78 % 4,3 %

Température : 25°C 100 % 2,3 %

Température idéale des traitements : entre 5 et 20°C : Une température trop élevée diminue le temps de vie et la distance parcourue par la goutte de produit de protection des plantes. Mais il faut bien faire attention et faire la distinction entre les notions de sécheresse et de chaleur qui ne renvoient pas aux mêmes paramètres, respectivement humidité et température.

29

PESTICIDES : CAS DU GHARB

(Source http://www.syngenta-agro.fr)

Le tableau ci-après montre le temps de vie des goutes et la distance parcourue par ces derniers avant leurs extinctions en fonction de la combinaison de 2 températures et de deux hygrométries.

Tableau 6 : Temps de vie et distances parcourues par les gouttes en fonction de la température (http://www.syngenta-org.fr)

Température de 20°C Température de 30°C

Hygrométrie 80 % Hygrométrie 50 % Distance parcourue Distance parcourue Taille des gouttes en Temps de vie en Temps de vie en avant extinction en avant extinction en microns secondes secondes mètres mètres 50 12,5 0,127 3,5 0,032 100 50 6,7 14 1,8 200 200 81,7 56 21 Eviter les précipitations post-traitement : Anticipez également la météo après les traitements. Des précipitations abondantes peuvent entraîner un lessivage des produits, préjudiciable aux cultures et aux eaux de surface et souterraines. Pour prévoir au mieux vos traitements, consultez la météo avant toute démarche de pulvérisation.

III.2.2.4 En matière de lecture attentive des étiquettes L’étiquette est l’estampille imprimée collée sur le containeur du pesticide. S’il y a lieu, les pesticides sans étiquette agréée collée sur le containeur ne devraient pas être achetés. Il est essentiel de lire et de comprendre les informations sur l’étiquette et les vendeurs ainsi que les fermiers devraient comprendre la valeur d’une étiquette convenable. Même ceux qui ne peuvent pas lire, comme c’est le cas de la plupart des agriculteurs marocaines, ont besoin d’aide pour saisir les informations sur l’étiquette ou de comprendre les pesticides qu’ils vendent ou utilisent. Il est utile pour les utilisateurs de se référer à l’étiquette ou autre documentation : 1) Avant d’acheter le pesticide, de déterminer si le produit chimique est destiné aux nuisibles de la culture en question et peut être utilisé sans risques dans leurs conditions spécifiques ;

30

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2) Avant de mélanger le pesticide, de déterminer si les utilisateurs ont les vêtements adéquats de protection, connaissent la quantité de pesticide à utiliser ainsi que la manière de le mélanger ; 3) Avant d’appliquer le pesticide, d’apprendre les mesures de sécurité requises à savoir le moment et la méthode d’application, le moment propice pour rentrer dans la zone traitée, le moment propice pour récolter la culture traitée et les restrictions qui interdiraient son utilisation sous les conditions actuelles ; 4) Avant de conserver le containeur, s’assurer que le stockage est sans danger et adéquate ; et 5) Avant de jeter le containeur, s’assurer l’évacuation est sans danger et adéquate.

Les étiquettes sont obligatoires sur les emballages de produits phytosanitaires. Elles fournissent les informations pour assurer la sécurité de l'utilisateur, celle de son environnement et l'efficacité du produit. Outre leur évidente utilité pour identifier et reconnaître le produit, les étiquettes répondent à l'enjeu de la sécurité. Les précautions d'emploi et équipements utiles (les Bonnes pratiques Agricoles) pour l'utilisation permettent en effet de minimiser les risques pour :

 L'utilisateur lui-même ;  Ses proches (employés, famille) ;  Son environnement.

Pour cette dernière catégorie, l'étiquette permet clairement d'identifier les limites d’un traitement (distances au cours d'eau le plus proche, habitation, parcelle voisine) et met l'accent sur les zones à ne pas traiter du tout (Zone Non Traitée).

Les renseignements présents sur les étiquettes ont aussi un objectif de performance : les conseils d'utilisation permettront un emploi justifié et pertinent du produit dans le but d’obtenir la protection la plus efficiente.

III.2.2.5 Au moment du remplissage du pulvérisateur Qu'il s'agisse de protéger les eaux de surface ou les eaux souterraines, le remplissage du pulvérisateur est une phase critique dans la manipulation des produits phytopharmaceutiques. Une grande vigilance est de mise pour éviter une pollution ponctuelle du site.

31

PESTICIDES : CAS DU GHARB

L'objectif prioritaire lors de cette étape est de préserver les eaux de surface et les nappes souterraines de toute introduction de polluants. Ceux-ci peuvent résulter du ruissellement pluvial traversant la surface de travail ou de l'infiltration de liquides souillés accidentellement déversés, surtout sur des sols sablonneux comme c’est le cas des sols de la zone côtière du Gharb.

A ce stade de la mise en œuvre des produits de protection des plantes, un objectif tout aussi important est d'empêcher toute introduction d'eau souillée dans la source d'eau propre servant à préparer la bouillie.

Deux incidents fréquemment constatés :

 La possibilité d’un retour par siphonage du contenu du pulvérisateur en cours de remplissage vers le réseau d'alimentation par suite d’une dépression brutale intervenant dans le réseau ;  Le siphonage de la cuve dans un bassin, un cours d'eau ou une mare.

La survenue occasionnelle de l'un où l'autre de ces incidents contribue à transformer progressivement la zone de remplissage des pulvérisateurs en point de pollution ponctuelle.

Pour parer à ces incidents, l'installation d'une zone spécifiquement aménagée permettant la préparation sans risque des bouillies constitue donc un impératif.

III.2.2.6 En matière d’utilisation du pulvérisateur sur les parcelles La plupart des produits phytopharmaceutiques sont conçus sous forme de liquides, de granulés ou de poudres miscibles à l'eau. Les enjeux environnementaux de leur application renvoient donc à l'emploi d'un pulvérisateur. Ils concernent la prévention des risques de contamination du milieu et la préservation de la biodiversité.

A nécessité impérieuse de se doter de normes nationales marocaines pour préserver la qualité des eaux de boisson (la nappe de la zone côtière en tant qu’exemple) et la volonté de minimiser les effets indirects de la protection des plantes font que des normes de gestion des pulvérisateurs sont devenus une obligation .

Quelques règles simples permettent de réaliser un traitement efficace tout en minimisant les risques pour l'applicateur et l'environnement, à savoir :

1) Partir avec un matériel propre ; 2) Arrêter la pulvérisation lors des demi-tours en bout de champ ;

32

PESTICIDES : CAS DU GHARB

3) Penser à stopper la pulvérisation lorsque l'appareil est à l'arrêt ; 4) Ne pas pulvériser sur un sol saturé en eau ; 5) Eviter la dérive ; 6) Sélectionner les buses adéquates : les fabricants de buses ont mis au point des buses (buses à réduction de dérive) qui permettent d'augmenter la taille moyenne des gouttelettes émises. A cet effet, un document détaillé sur le matériel de traitement des cultures basses se rapportant aux pulvérisateurs à rampe et pulvérisateurs à dos a été publié par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, en coopération avec la GTZ allemande et dans le cadre du « Projet contrôle phytosanitaire » 7) Adapter la vitesse d'avancement : une vitesse de 8 à 10 km/h apparaît comme un bon compromis entre l'efficacité et la limitation de la dérive. Il est recommandé de réduire encore la vitesse à proximité de zones vulnérables ; 8) Régler la hauteur des rampes à environ 50 cm du sol : au-delà le risque de dérive est accru, l'objectif étant de rapprocher la pulvérisation de la cible.

Comme déjà signalé, ne pas intervenir lorsque l'intensité du vent est supérieure à 3 sur l'échelle de Beaufort (soit 19 km/h) : attention également à la direction du vent : si celle-ci est orientée vers des zones sensibles, il est conseillé de ne pas traiter du tout.

Comme déjà signalé aussi, Traiter entre 5 et 25 °C avec une hygrométrie se situant entre 60 et 80 % d'humidité relative : de mauvaises conditions météorologiques facilitent la déshydratation des gouttelettes et par conséquent leur dérive. La dérive correspond à la quantité de produit qui n'atteint pas sa cible au moment de l'application (voir les 2 photos ci-après).

33

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Traitement avec dérive Traitement sans dérive

Minimiser la pression, une pression élevée favorise la production de gouttelettes petites et propices à la dérive (voir illustration par les 2 photos ci-après)

Pression 2 bars Pression 4 bars

II.2.2.7 En matière de port et de nettoyage des habillements de traitement Protection de la face/de l’œil ; Critères de choix des différents types de protection des yeux et de la face : Selon les différentes situations, les risques pour l’opérateur au niveau des yeux et du visage sont fondamentalement différents.

Les lunettes à branches ainsi que les écrans faciaux grillagés, destinés à la protection contre les risques mécaniques (projections) dans le cadre de travaux forestiers, d’élagage ou de débroussaillage, ne sont pas adaptés pour les travaux avec les produits phytopharmaceutiques.

Selon l’exposition des opérateurs, les équipements de protection individuelle de la face et des yeux pourront être les lunettes-masques, et les écrans faciaux intégrés dans des pièces faciales filtrantes ou des cagoules.

Le choix, devra se faire, selon les qualités ergonomiques de l’équipement de protection.

Critères de choix du matériel de protection oculaire

1. La qualité optique des oculaires : Il existe différentes classes de qualité optique des oculaires ou des écrans. Seules les classes 1 (la meilleure) et 2 sont adaptées pour un usage prolongé.

34

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. La filtration de la lumière : Lors des travaux en extérieur, il peut être nécessaire de se protéger les yeux contre les rayonnements solaires. Il existe des oculaires ou écrans solaires, dont les degrés de protections sont définis dans la norme européenne EN 172 :1994/A1 :2000/A2 :2001 «Protection individuelle de l'œil - Filtres de protection solaire pour usage industriel». On choisira un filtre moyen, portant le numéro d’échelon 5-2, recommandé dans la plupart des situations. Dans des situations particulières, après essai, les utilisateurs pourront choisir un écran plus clair (échelon 5-1,7) ou plus foncé (échelon 5-2,5). Ces caractéristiques bien qu’elles paraissent peu importantes pour le grand public et pour les agriculteurs marocains ou de la région d’étude, elles correspondent au moins à des indicateurs très intéressants pour ceux qui sont plus avisés ou pour les professionnelles du secteur de fabrication des lunettes et des opticiens. 3. La résistance à la buée : Lorsqu’il n’y a pas ou peu de ventilation au niveau des oculaires, il a un risque de formation de buée. Cela est particulièrement le cas pour les lunettes masques. Différentes techniques permettent d’éviter l’embouage (double écran, traitement de surface). Les produits qui résistent à la buée sont marqués du symbole « N ». 4. La résistance à la détérioration : dans le cas de risque d’endommagement des oculaires par abrasion, frottement, …etc., il faut choisir un écran ayant un traitement de surface « anti- rayure » permettant de résister à la détérioration par les fines particules. Ils sont marqués du symbole K. 5. Leur facilité d’entretien : il faut privilégier les équipements protecteurs en matière plastique pour des raisons de résistance à la corrosion, et du fait de leur bonne prédisposition au nettoyage. Les oculaires en résine polymérisée ou acétate (s’informer auprès du vendeur pour connaître la matière des oculaires) doivent être préférés à ceux en polycarbonate pouvant être sujet à une dégradation par les solvants.

Critères de choix des différents types de vêtements de protection contre les risques chimiques :

1. Le choix, selon le type de vêtement de protection. Au niveau de l’Union Européen, la «protection chimique vêtement » est actuellement classée par «type» en fonction du risque couvert.

35

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. Le choix, selon les qualités ergonomiques de l’équipement de protection. Association d’accessoires : L’opérateur veillera lors de la sélection du vêtement à consulter la notice d’instruction et demandera à vérifier la compatibilité avec les autres équipements de protection individuelle:  Gants ;  Bottes ;  Appareils respiratoires ;  Confort

Le confort de la protection utilisée est un paramètre essentiel pour assurer le port effectif de l’équipement de protection individuelle. Pour cela l’opérateur doit tenir compte :

1. de la taille du vêtement de protection. L’utilisateur doit sélectionner la taille appropriée afin d’assurer un confort total ; 2. de la souplesse du matériau et du poids du vêtement : une tenue souple et légère est supportable plus longtemps ; 3. de la « respirabilité » du matériau : les matériaux enduits sont parfois peu ou non poreux et donc peu respirant (transpiration de l’opérateur impliquant une durée de port limitée du vêtement) ; 4. de la compatibilité avec les autres équipements de protection individuelle. Le choix d’une combinaison peut être orienté par les critères suivants : longueur de manches suffisante pour assurer un recouvrement gant/combinaison, bas de jambes adaptés au port de botte, si capuche intégrée vérifier le port d’un masque respiratoire sans gêne supplémentaire; 5. de la conception du vêtement en fonction des activités à réaliser. S’assurer du maintien de la protection pendant la réalisation de toutes les tâches prévues sans entrave ni difficulté quelle que soit la position de travail : une tenue en taille unique peut parfois entraîner une gêne selon la taille du porteur, l’association d’un pantalon et d’une veste doit garantir un chevauchement suffisant des 2 articles quelle que soit la position du porteur.

Numéro spécial du bulletin « Transfert de Technologie » mars 2001 produit par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime a été consacré au matériel de protection phytosanitaire des céréales. Ce numéro spécial n°78 a mis l’accent sur les aspects se rapportant à son choix, son

36

PESTICIDES : CAS DU GHARB utilisation rationnelle et la sécurité y afférente. En raison de leurs commodités vis-à-vis des conditions socio-économiques marocaines, nous avons jugé très opportun de reprendre ci-après les recommandations de ce numéro en matière du matériel de protection.

Le matériel de protection est très varié et peut être utilisé selon la nature des produits employés et selon l’opération réalisée. Il est très rare de rencontrer des opérateurs utilisant des vêtements de protection et ceci s’explique par le coût relativement élevé et aussi par le fait qu’ils sont inconfortables (forte sueur à cause de l’effort physique et surtout pendant des périodes de forte chaleur). Toutefois, les organismes tels que la GCPF (Fédération Mondiale de la Protection des Plantes), recommandent certains matériels, simples et qui peuvent être adaptés pour les régions chaudes. Ainsi d’une manière générale, on peut distinguer le matériel suivant :

Les Habillements : doivent être en deux pièces, faciles à porter sur des vêtements personnels, de préférence sans pochettes et permettant une bonne circulation de l’air. La partie supérieure doit être dotée d’une ceinture et de poignets élastiques. Le pantalon doit être avec une ceinture élastique. Le matériau de fabrication recommandé est le coton pour des raisons de confort et de durabilité.

Le Tablier : utilisé pendant la manipulation des produits concentrés. Il doit être imperméable, durable et confortable.

Les Gants : employés surtout pendant la préparation de la bouillie. Ils doivent avoir un minimum de 35 cm de longueur, imperméables aux pesticides, flexibles et confortables.

La Visière : utilisé pour la protection des yeux et du visage pendant la préparation de la bouillie. Elle doit être transparente, imperméable, confortable avec un système d’attachement à la tête. Des lunettes peuvent également être utilisées.

Les Bottes : utilisées pendant toutes les opérations de traitement. Elles doivent être imperméables. Elles doivent toujours être portées avec des pantalons enfilés par-dessus.

Le Masque : utilisé surtout pendant la préparation de la bouillie. Il protège le nez et la bouche. Assurant le filtrage de l’aire par toute leur surface. Le matériau le plus simple est le papier qui doit être jetable. Dans le cas d’utilisation des produits ayant une tension de vapeur, il est recommandé d’utiliser des masques avec des cartouches filtrantes.

37

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Le Chapeau : utilisé pendant l’opération de traitement. Il protège la contamination des cheveux. Il est préférable d’utiliser un chapeau imperméable.

Les vêtements de protection et les masques sont généralement promus comme faisant partie de l’usage sûr des pesticides.

Mais très souvent ils ne parviennent pas jouer leur rôle, parce que :

 Ils sont trop chers pour être achetés par la plupart des fermiers Marocains;

 Ils sont souvent trop chauds pour être portés sous les climats tropicaux comme c’est le cas de la zone d’étude pendant l’été;

 Portés, ils accumulent souvent des pesticides parce qu’ils ne sont pas proprement lavés entre les utilisations, exposant ainsi le porteur à plus de toxines.

Utilisation et entretien Avant chaque utilisation il convient d’inspecter le vêtement pour vérifier qu’il ne souffre d’aucune altération (exemple : déchirure, couture ouverte…) qui conduirait à la perte de ses performances de protection chimique.

L’entretien convenable et régulier permet de garantir le maintien de l’efficacité du vêtement. Les conditions d’entretien varient selon que le vêtement est conçu pour un usage limité ou qu’il est réutilisable.

Les vêtements de protection chimique à usage limité sont portés jusqu’à ce qu’une contamination chimique requière l’élimination du vêtement. Ils sont parfois appelés vêtements jetables. Les vêtements réutilisables sont présentés dans la notice d’instruction comme des vêtements dont le nettoyage est prévu après exposition aux produits chimiques, tout en conservant leurs qualités de protection. L’utilisateur se référera à la notice d’instruction pour répondre aux questions suivantes : comment le décontaminer ? Comment le laver et avec quelles précautions ? Comment vérifier l’efficacité de la décontamination et s’assurer que la protection reste efficace après décontamination ? Comment le réimperméabiliser ? Élimination d'un vêtement de protection : Les vêtements doivent éliminés lorsque : 1. À la fin de l’opération de traitement, on constate que le vêtement est très mouillé ;

38

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. On constate des traces de contamination ou de dégradation du matériau du vêtement visibles (modification du coloris original) 3. Il ya présence de trous ou de déchirures ; 4. Ils présentent des marques d’usure telle que fibrillation, épluchage important ; 5. Ils ont été exposés aux produits phytopharmaceutiques d’une façon prolongée.

II.2.2.8 En matière de tenue d’un registre phytosanitaire Tenir un registre phytosanitaire est devenu une nécessité absolue: En effet il faut consigner tous les traitements par parcelle. Il s'agit d’assurer un suivi des traitements appliqués à chaque parcelle. Pour chacune d'entre elle, on stipule entre autre information la culture produite sur la parcelle (variété), le nom commercial complet du produit utilisé et la quantité ou dose de produit utilisé.

Dans les directives de l’UE ce registre fait partie du domaine de la santé publique. Il renvoie aux codes de santé des animaux et des végétaux. En France, Il est contrôlé par la D.R.A.F.-S.R.P.V. (Service Régional de la Protection des Végétaux). Son absence ou le fait qu'il apparaisse très incomplet entraîne des pénalités.

La tenue d'un registre phytosanitaire est obligatoire depuis 2006 dans le cadre de la conditionnalité. La forme de ce registre n'est pas imposée mais il est obligatoire d'y trouver un certain nombre d'informations. Le registre permet de justifier les pratiques au champ :

 Il est indispensable, notamment au titre des contrôles pour la conditionnalité des aides ;  Il constitue avant tout une aide pour organiser la gestion des traitements ;  Il permet la traçabilité et l'archivage ;  En cas de pollution des eaux sur un bassin versant ou de réclamation de la part de la filière dans laquelle s’intègrent les cultures d’un agriculteur donné, le registre lui permet de justifier de ses pratiques. Il peut servir en cas de réclamation et de produits défectueux.

III.2.2.9 Autres mesures de sécurité Dans un objectif de protéger la faune, il est indispensable de respecter certaines normes dont on cite ci-après quelques unes :

39

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 En France, dans le cas de semis de semences de maïs enrobées avec un insecticide et/ou un fongicide, réalisés en utilisant un semoir monograine pneumatique à distribution par dépression, le semoir doit être équipé d'un déflecteur (arrêté du 13 avril 2010 modifiant l’arrêté du 13 janvier 2009 -du 28 avril 2010). Le rôle du déflecteur étant de réduire au maximum la poussière contaminée par les pesticides enrobant les semences et donc réduire les nuisances pour la faune notamment les effets néfastes sur l’apiculture qui voit ses productions chuter d’une année à l’autre (c’est le cas aussi pour le Maroc). Certaines matières actives sont fortement soupçonnées d’être fatales pour les abeilles ayant engendré des protestations sévères des apiculteurs à travers le monde spécialement en UE.  Limiter les pollutions directes en arrêtant la pulvérisation lors des demi-tours en bout de champ, en pensant à stopper la pulvérisation lorsque l'appareil est à l'arrêt et en évitant de pulvériser sur un sol saturé en eau.  Eviter les effets négatifs directs : Certaines mesures simples permettent de restreindre les problèmes immédiats comme:  Respecter strictement les conseils et précautions d'emploi figurant sur les étiquettes ;  Ne pas abandonner sur le terrain des emballages vides ou des récipients souillés ;  Eviter de laisser des semences traitées en surface du champ (exemple : lorsqu'un sac est crevé, ne pas laisser les graines en tas à la surface du sol mais les ramasser pour réutilisation ou destruction) ;  Ne pas traiter les bordures des champs, en particulier en cas d'emploi d’insecticides au printemps (surtout pendant les périodes de floraison et attention aux vergers disposant de ruches d’abeilles) ;  Faire une gestion aussi rationnelle que possible pour éviter de stocker les pesticides inutilement et donc éviter d’engendrer l’accumulation des pesticides périmés difficile à gérer par la suite, surtout qu’au Maroc aucune loi sur la gestion des pesticides périmés n’est encore promulguée.

40

PESTICIDES : CAS DU GHARB

IV. Proposition d’alternatives pour une agriculture productive et moins polluante

IV.1 Existe-t-il des alternatives aux pesticides ? Les alternatives aux pesticides étaient depuis très longtemps une préoccupation universelle pour l’ensemble des acteurs du développement agricole, notamment pour les pouvoirs publics pour des raisons de protection de l’environnement essentiellement et pour les grandes exploitations agricoles pour des raisons plutôt financières.

Peut-on aujourd’hui se passer des pesticides ? Beaucoup d’acteurs répondent par l’affirmative et la possibilité de s’en passer existe et des alternatives existent aussi, ou du moins ramener leurs utilisations au strict minimum pour rester dans le contexte réaliste qui tient compte des besoins de nourrir les 7 milliards habitants de la terre.

La Commission européenne a présenté, en novembre 2010, une communication sur l’avenir de la Politique Agricole Commune (PAC) après 2013. Le texte insiste sur l'importance de construire une agriculture plus verte. La place des pesticides a déjà été précisée par une série de mesures européennes adoptées en octobre 2009.

Un règlement conditionne la mise sur le marché et l’évaluation des produits phytopharmaceutiques. Une directive, qui entrera en vigueur en décembre 2011, impose « l’utilisation durable » des pesticides.

Selon le directeur général de l'Union des Industriels de la Protection des Plantes (UIPP), Jean-Charles Bocquet, le mot "durable" s'applique aujourd'hui aux pesticides dans l’environnement mais aussi au secteur agricole, à la société et à l’économie.

Dans la pratique, une fois les critères d’évaluation validés, ces pesticides (de synthèse ou naturels) sont reconnus « durables ». Pas question donc pour la PAC de se passer d'eux, un tel scénario serait même « impossible », ajoute le directeur général de l’UIPP. En France, par exemple, pour une production de 7 tonnes de blé par hectare, la suppression des pesticides entrainerait une perte de 40% de ce volume. C'est-à-dire, au total, une perte de 15 millions de tonnes de blé, qui correspond en moyenne à la consommation annuelle française, affirme Jean-Charles Bocquet.

41

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Des experts en la matière tel que le président de l'association Générations futures, François Veillerette, en appelle à une réduction progressive des pesticides. La PAC sans pesticides ne lui semble pas un pari fou, "mais cela prendra plus de temps", explique t-il. Il considère que ce scénario est beaucoup plus réalisable à l’échelle de la France. Le pays étant un important exportateur agricole, une baisse de la production n'aura aucun incident sur la consommation des Français, fait-il valoir.

Limiter l’utilisation des pesticides serait également selon lui, très favorable pour le revenu des agriculteurs. Les paysans pourraient s'affranchir du coût de ces produits, particulièrement onéreux.

Mais le terme « pesticides durables » reste confus car les critères d’évaluation des produits phytosanitaires sont biaisés car établis à partir d’études menées par les industries agricoles.

L'agriculture durable sera non seulement dotée du budget de cette politique communautaire, mais son cadre restrictif la rendra plus efficiente.

Le débat sur les pesticides doit donc être mené en parallèle avec celui sur une nouvelle agriculture durable. Une enquête menée par l'Union européenne en 2008 a en effet révélé que 49,5% des fruits et légumes produits en Europe contiennent des traces de produits phytosanitaires.

Au Maroc il paraît que la problématique des alternatives aux pesticides ou celle d’une politique visant la réduction de leurs utilisations est loin d’être une priorité gouvernementale pour le moment, puisque la modernisation du secteur agricole demeure réellement sa préoccupation majeure. Le Plan Maroc Vert est la preuve manifeste de cette assertion, les ajustements relatifs aux méfaits d’une agriculture développée sur l’environnement seront très probablement apportés au fur et à mesure.

IV.2 Alternatives à la lutte chimique par les pesticides de synthèse Concernant les alternatives aux pesticides de synthèse (en opposition aux pesticides minéraux comme le souffre et le cuivre), nous en relatons ci-après les plus importantes :

En matière de protection des végétaux en agriculture, on peut utiliser cinq types d’approches (Panneton et al. 2000a) qui sont :

1. La lutte chimique ; 2. La lutte biologique ; 3. La lutte physique ; 4. L’utilisation des biopesticides ; 42

PESTICIDES : CAS DU GHARB

5. Les facteurs humains (par le biais des techniques culturales).

Théoriquement, la lutte intégrée s'ouvre à toute technique de protection des plantes en fonction de ses mérites dans une situation donnée. En pratique, la lutte chimique constitue, et de loin, le type de méthode le plus utilisé en agriculture commerciale. Ceci est dû à des raisons essentiellement économiques et techniques. La question relative aux alternatives aux pesticides de synthèse reviendrait à trouver les solutions alternatives à la lutte chimique pour la protection des cultures.

IV.3 La lutte physique comme alternative promotrice mais peu répandue Selon Charles Vincent et Bernard Panneton, (« Les méthodes de lutte physique comme alternatives aux pesticides », Vertigo - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 2 Numéro 2 | octobre 2001) ; l’évolution vers la lutte intégrée s’est amorcée avec la lutte biologique classique. Dans un contexte d’agriculture durable, la lutte biologique (prise dans son sens large) peut offrir de nombreuses méthodes de lutte alternatives aux insecticides de synthèse. En pratique, l'application de la lutte biologique repose souvent sur une multitude d’actions et d’informations complexes et fines.

Mais les deux auteurs cités plus haut considèrent que la lutte physique n’a pas bénéficié des mêmes efforts de recherche et développement que la lutte chimique ou la lutte biologique. Il a fallu attendre le début des années ‘90 pour que la lutte physique émerge réellement comme une alternative aux pesticides conventionnels.

La lutte physique comporte de nombreux défis scientifiques et techniques que plusieurs équipes de recherche s’appliquent à relever. A mesure que les pressions favorisant l’essor de l’agriculture durable s’accentueront, de nouvelles équipes verront le jour et de nouvelles compagnies se formeront pour développer et mettre en marché ces technologies. Comme la lutte physique offre des opportunités intéressantes de réduction des pesticides de synthèse, leur développement peut contribuer grandement à l’atteinte des objectifs de réduction des pesticides que se sont fixés plusieurs pays et organismes et dans ce contexte, les organisations responsables devraient supporter activement le développement et l’implantation des méthodes de lutte physique à l’intérieur de programmes de lutte intégrée en phytoprotection.

43

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Dans l'état actuel et toujours selon les mêmes auteurs, la gestion de la protection des cultures et des denrées post-récolte, la contribution de la lutte physique à la protection intégrée est jugée insuffisante. Pourtant, on dispose de techniques performantes et compatibles avec les stratégies de lutte intégrée ou raisonnée et qui, dans certaines situations particulières, peuvent constituer l'élément majeur d'une telle stratégie. Il faut garder présent à l'esprit que le système de production intensif pour toutes les productions végétales est condamné à régresser progressivement pour pouvoir s'adapter aux politiques de réduction des prix à la production, aux exigences de qualité sanitaire et de sécurité défendues par les consommateurs et à la rareté croissante de nouveaux pesticides dans de nombreux secteurs de la production végétale. Les recherches associées à l'extension des usages de la lutte physique et au génie des procédés sont de nature à favoriser cette évolution qui paraît inéluctable.

IV.4 La lutte biologique et l’utilisation des biopesticides La lutte biologique est un bon exemple de traitement alternatif aux pesticides de synthèse. Plusieurs définitions existent, Wikipédia la définit comme étant une méthode de lutte contre un ravageur ou une plante adventice au moyen d'organismes naturels antagonistes de ceux-ci, tels que des phytophages (dans le cas d'une plante adventice), des parasitoïdes (arthropodes…), des prédateurs (nématodes, arthropodes, vertébrés, mollusques, chauves-souris…), des agents pathogènes (virus, bactéries, champignons…), etc..

Les auxiliaires qu'on cherche à utiliser sont le plus souvent des insectes entomophages ou des acariens entomophages ou parasites. Un prédateur bien connu est par exemple la coccinelle qui se nourrit de pucerons. Contre la pyrale, Ostrinia nubilalis ravageur du maïs, on utilise couramment une espèce de trichogramme qui est un micro-hyménoptère Trichogrammatidae (0,5 mm) dont les larves se développent au détriment des œufs de pyrale.

D'autres auxiliaires peuvent aussi être des bactéries ou des virus qui provoquent certaines maladies chez les insectes nuisibles. On parle de muscardines dans le cas de champignons.

Dans certains cas on a même utilisé des poissons. Ainsi, exemple pris en santé humaine, pour lutter contre la prolifération des anophèles, moustiques vecteurs du paludisme, l'Institut Pasteur d'Algérie introduisit avec succès dans ce pays en 1926 un petit poisson du Texas, la gambouse (Gambusia) qui se nourrit des larves de moustiques peuplant les eaux stagnantes.

44

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Une forme particulière est la lutte « autocide » : on fait appel à des mâles stériles, qui lâchés en grand nombre concurrencent les mâles sauvages et limitent très fortement la descendance des femelles. Cette méthode est bien adaptée aux cultures sous serre.

La lutte autocide est appelée aussi technique d’insectes stériles (TIS), toutefois et vu le coût de l’unité de production, son utilisation sur de grandes superficies nécessite une collaboration à un niveau régional.

Une méthode proche est celle qui consiste à utiliser des phéromones sexuelles pour attirer les mâles dans des pièges ou tout simplement les désorienter par confusion.

L'utilisation de ces méthodes est encore limitée à cause des difficultés techniques qu'elle rencontre, pour permettre leur mise en œuvre à grande échelle, il faut identifier les auxiliaires utiles spécifiques aux objectifs de lutte, et assurer leur production en masse.

Parmi les méthodes de lutte biologique, les biopesticides occupent une place de choix, car ils se prêtent souvent à la production de masse requise pour l’industrie et s’appliquent avec un pulvérisateur conventionnel, ce qui en facilite l’adoption par les producteurs agricoles. Les biopesticides peuvent être à base de bactéries, champignons, virus, nématodes et d’extraits de plantes. Ils sont généralement compatibles avec des méthodes de lutte biologique classiques (ex. lâchers de prédateurs ou de parasites), quoiqu’ils puissent avoir des effets néfastes sur les organismes utiles.

Comme pour toute méthode de lutte, la méthode de lutte biologique par utilisation de parasites possède des avantages et des inconvénients :

1. Les avantages de cette méthode sont :  Une grande autonomie et une importante mobilité se traduisant par de bonnes capacités de dispersion, de découverte du ravageur et de survie dans le milieu ;  Une bonne capacité d'autopropagation, avec un effet durable, voire permanent et modérément amplifié du moment que l'hôte soit disponible ;  Une sécurité exceptionnelle pour la santé humaine et le respect de l'environnement ;  Une spécificité élevée permettant le ciblage précis d'un ravageur donné ou d'un groupe apparenté.

45

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. Les inconvénients sont :  Le coût élevé de leur production en masse qui nécessite un mode d'alimentation particulier ;  La difficulté de leur transport sur les lieux d'intervention ainsi que leur stockage ;  La longueur relative de leur délai d'action ;  L'incertitude quant au niveau de contrôle atteint, lié à leur environnement ;  Leur spécificité élevée qui limite la gamme de ravageurs visés et leur possibilité d'autopropagation quand leur hôte est faiblement présent.

IV.5 Lutte biologique au Maroc L’exemple d’une lutte biologique le plus connu, au niveau national, et celui de l’introduction de l’Aphytis melinus (DeBach) comme traitement contre le pou rouge de Californie (Aonidiella auranti (Maskell) qui est une cochenille) des agrumes et ce depuis les années 70 du siècle dernier au niveau de la région du Gharb où une station d’élevage industriel a été érigée au niveau de la ville de Belksiri.

Selon Chouibani et al (DPVCTRF- Protection intégrée en agrumiculture – Projet contrôle phytosanitaire), les parasitoïdes notamment Aphytis melinus jouent un rôle important dans la régulation des populations de cette cochenille. Ils peuvent assurer un taux de parasitisme pouvant atteindre 80%, ce qui constitue un chiffre extrêmement important permettant des économies substantielles en matière d’utilisation des pesticides conventionnels.

En se référant à une étude menée par Kaoutari I. et al (Fruits May 2004, 59: 169-179 CIRAD, EDP Sciences), il s’est avéré que dans la région du Tadla, le pou de Californie a présenté quatre générations par an, une génération printanière (avril–mai), une génération estivale (juin–juillet) et deux générations automnales (octobre et novembre–décembre). Les stades du ravageur susceptibles d’être parasités par A. melinus ont été observés tout au long de l’année. L’analyse de ces stades a révélé deux périodes (printanière et automnale) particulièrement favorables à la ponte des femelles du parasitoïde. Ses populations se sont révélées importantes dès le début de l’automne et jusqu’à la fin du printemps suivant. Les auteurs concluent que des lâchers d’A. melinus effectués durant l’automne, l’hiver et le printemps pourraient donc être efficaces.

46

PESTICIDES : CAS DU GHARB

D’autres exemples similaires sont aussi connus, tels que l’utilisation de Comperiella bifasciata contre différents types de cochenilles sur agrumes, d’Euseius stipulatus contre les acariens sur agrumes aussi. Dans le cas de la tomate on peut citer le cas Diglyphus iseae parasitoïde de la mouche mineuse et le cas du Phytoseilus persimilis prédateur des acariens tétraniques.

Mais de plus en plus la lutte biologique entre dans un cadre plus large, la lutte intégrée qui associe tous les moyens de lutte disponibles, chimique, biologique, mécanique, thermiques… et qui vise non pas à éliminer totalement les ravageurs, mais à maintenir leur population en dessous d'un seuil supportable économiquement parlant.

IV.6 La lutte intégrée Selon la FAO et l'OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique et Intégrée Contre les Animaux et le Plantes Nuisibles (www.iobc-wprs.org)), la lutte intégrée (désignée aussi par IPM : Integrated Pest Management) est définie comme étant la « conception de la protection des cultures dont l'application fait intervenir un ensemble de méthodes satisfaisant les exigences à la fois écologiques, économiques et toxicologiques en réservant la priorité à la mise en œuvre délibérée des éléments naturels de limitation et en respectant les seuils de tolérance ».

En Europe, la lutte intégrée est définie par la directive communautaire 91/414/CEE du 15 juillet 1991, comme suit :

« L'application rationnelle d'une combinaison de mesures biologiques, biotechnologiques, chimiques, physiques, culturales ou intéressant la sélection des végétaux dans laquelle l'emploi de produits chimiques phytopharmaceutiques est limité au strict nécessaire pour maintenir la présence des organismes nuisibles en dessous de seuil à partir duquel apparaissent des dommages ou une perte économiquement inacceptables. »

La lutte intégrée vise donc la possibilité de l’utilisation simultanée de l’ensemble des techniques de lutte d’une manière rationnelle et très équilibrée, visant à la fois la protection de l’environnement, la rentabilité financière de la culture et veillant sur la qualité de la production. Cette méthode de lutte n’exclut pas l’éventualité de l’utilisation des pesticides conventionnels, même assez souvent la lutte chimique reste indispensable. Il faut tout simplement l’utiliser d’une manière raisonnée et rationalisée ce qui implique bien entendu :

47

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Une bonne connaissance des problèmes phytosanitaires de la culture ;  Et une surveillance très rapprochée, structurée et régulière. En effet il faut détecter les premiers foyers des attaques par les maladies et les ravageurs et intervenir au moment opportun en conséquence. Cela ne permettra d’intervenir que dans un espace limité où l’anomalie a été relevée afin d’empêcher la dissémination du parasite.

IV.7 Les techniques culturales Les techniques culturales ou mesures prophylactiques visent à assoir les conditions de croissance et de développement favorable des cultures, engendrant ainsi leurs qualifications à mieux résister aux agents nuisibles. Selon Ouardi (Méthodes alternatives aux pesticides DPVCTRF – Atelier d’information et de sensibilisation des ONG – Rabat 13 juin 2006 – organisé par l’association Ribat Al Fath) les principales méthodes sur lesquelles il faut le plus agir sont :  Le travail du sol : Il permet de combattre efficacement les mauvaises herbes notamment annuels, l’enfouissement des formes hivernales des ravageurs ;  Le choix des variétés tolérantes ou résistantes minimise l’incidence des parasites ;  La fertilisation raisonnée et adéquate : Bien nourries les plantes résistent mieux aux attaques parasitaires. Cependant un apport excessif d’azote pourrait favoriser le développement des maladies ;  L’irrigation équilibrée : une humidité excessive favorise la germination des spores et par la suite le développement des maladies, alors qu’un manque d’eau affaiblit la plante et la rend plus vulnérable aux attaques des ravageurs ;  L’utilisation des filets insect-proof pour les cultures sous serres réduit considérablement l’attaque des ravageurs ;  L’élimination des plantes hôtes qui constituent des sources d’infection ;  L’utilisation des plantes pièges et les plantes de bordures interceptent les ravageurs ;  La lutte mécanique : destruction manuelle des mauvaises herbes (surtout avant leurs maturités pour éviter leurs productions de graines) et l’élimination des parties infestées des plantes.

IV.8 L’Agriculture biologique et la labellisation agricole

48

PESTICIDES : CAS DU GHARB

L’Agriculture Biologique – désigné par le label AB – est un mode de production régie par une réglementation qui interdit l’utilisation des produits de synthèse (engrais, pesticides, hormones etc..) et qui encourage le recours aux moyens biologiques et physiques.

L’agriculture biologique est celle qui offre aujourd’hui les meilleures garanties en matière de protection contre les pesticides de synthèse. En effet, En France par exemple, elle s’est dotée d’un cahier des charges strict dans lequel il est prévu l’interdiction des pesticides de synthèse. Ne sont autorisés que des substances d’origine minérale comme le soufre, le cuivre ou d’origine végétale comme certains insecticides (roténone, pyrhétre), des purins végétaux et des algues calcaires (lithothamme) riches en oligo-éléments tendant à renforcer la résistance naturelle des plantes.

De plus, il faut souligner que ces obligations sont vérifiées par des analyses de sols et de produits réalisées par des laboratoires indépendants, aux frais des exploitants.

Les analyses de produits biologiques ne font qu’exceptionnellement apparaître la présence de résidus infimes de pesticides. Ainsi une étude conduite en 1999-2000 par l’INRA, la COOPAGRI Bretagne et l’Ecole Supérieure de Microbiologie et de Sécurité Alimentaire (ESMISAB) visant à comparer les niveaux de contaminations par divers résidus toxiques des produits des agricultures biologiques et conventionnelle est sans appel. Aucun des 78 résidus de pesticides recherchés dans cette étude n’a été retrouvé dans les 94 produits issus de l’agriculture biologique testés. L’AFSSA reconnaît aussi, dans un rapport de 2003 que : « Le mode de production biologique, en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits pour la santé humaine et concourt à une moindre pollution environnementale, notamment de la ressource en eau. »

La production intégrée, qui se sert de certaines méthodes utilisées en agriculture biologique, a encore recourt à des quantités faibles de pesticides, est une voie intéressante, car elle diminue réellement les doses de pesticides. Ainsi, elle est très pratiquée en Suisse, sur les trois quarts de la surface agricole (http://www.agriculture.ch/franz/facts/oekolog/ip.htm).

En France, l’Agriculture Durable, telle que mise en œuvre par le Réseau Agriculture Durable (RAD) (http://www.agriculture-durable.org/) et André Pochon, permet la mise en œuvre de systèmes nettement plus économes en intrants et pesticides.

49

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Les premières productions biologiques au Maroc remontent à 1986 (Kenny L. et Hanafi A.- Transfert de technologie MADREF-DERD- Juillet 2001). Elles ont porté au début sur la culture de l’olivier à Marrakech et celle des agrumes dans la région de Benslimane. L’objectif principal des ces productions restent l’exportation qui offre un prix intéressant par rapport au prix local puisque le label du produit biologique n’était pas, et ne l’est pas encore, une préférence du consommateur marocain. Toutefois certains signes d’intérêt apportés à ce genre de marchandises commencent à se faire sentir chez certains consommateurs avisés et surtout ayant un certain niveau d’instruction.

Selon les deux auteurs cités plus haut, la production biologique intéressait plus de 12200 ha au Maroc englobant surtout l’arganier (5000 ha) et les plantes médicinales, aromatiques et condimentaires (2000 ha).

L’agriculture biologique est logiquement intimement liée à une certification reconnaissant que le produit qui en est issue est reconnu comme étant biologique. Ceci dit pour qu’un produit agricole soit déclaré biologique il faut respecter un cahier de charge dont le contrôle du respect de ces clauses est assuré par des cabinets spécifiques accrédités par l’Etat.

En France par exemple, plusieurs organismes certificateurs ont l'autorisation de délivrer la certification dont on peut citer : Aclave, Agrocert, Ecocert SA, Qualité France SA, Ulase, SGS ICS.D'après l'Agence bio, ce label garantit :

 Que l'aliment est composé d’au moins 95 % d’ingrédients issus du mode de production biologique, mettant en œuvre des pratiques agronomiques et d’élevage respectueuses des équilibres naturels, de l’environnement et du bien-être animal ;  Le respect de la réglementation en vigueur en France ;  Que la certification est placée sous le contrôle d’un organisme agréé par les pouvoirs publics français, répondant à des critères d’indépendance, d’impartialité, de compétence et d’efficacité tels que définis par la norme européenne EN 45011.

La labellisation des produits agricoles concernent aussi bien l’Indication géographique (produit de terroir) que l’Appellation d’origine (reconnaissance d’une marque) ou encore la production biologique. Les produits qui portent un tel signe officiel auront un gage de garantie pour les marchés tant nationaux qu’internationaux. Trois signes distinctifs sont ainsi envisagés : Indication géographique (IG), Appellation d’origine (AO) et Label agricole (LA). Ces signes distinctifs de

50

PESTICIDES : CAS DU GHARB reconnaissance peuvent être demandés par des organismes professionnels, des collectivités locales ou des établissements publics pour les IG et les AO, alors que tout individu ou entreprise peut solliciter une labellisation LA.

Le label Agriculture Biologique, ou label AB, est un label de qualité français créé depuis 1985 et permettant d'identifier les denrées alimentaires issues de l'agriculture biologique. Propriété du ministère français de l’agriculture, la marque AB est définie par celui-ci et promue par l'Agence bio. Depuis le 1er janvier 2009 ses critères sont alignés sur le label bio européen, moins contraignant que le label AB initial, autorisant notamment la présence d’OGM et l’utilisation de pesticides.

Il y a aussi les possibilités offertes par l’Economie Sociale et Solidaire qui peut constituer une opportunité réelle de développement agricole pour le Maroc surtout pour les projets qui s’insèrent dans le cadre du pilier II du Plan Maroc Vert (Agriculture solidaire).

Le terme d'économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de coopératives, mutuelles, associations, syndicats et fondations, fonctionnant sur des principes d'égalité des personnes (1 personne 1 voix), de solidarité entre membres et d'indépendance économique. Toutefois le premier terme de l'expression se réfère plutôt à des organisations identifiées par leur statut et occupant une place importante dans la vie économique (banques, mutuelles, etc.) et le second terme, à des activités visant à expérimenter de nouveaux « modèles » de fonctionnement de l'économie, tels le commerce équitable ou l'insertion par l'activité économique.

Le commerce équitable est un système d'échange visant à assurer des revenus décents aux paysans des pays en développement (PED) par des relations de solidarité directe avec les consommateurs du Nord. Il concerne la paysannerie dans son ensemble (production vivrière, matières premières, artisanat). Le commerce équitable prescrit 10 normes que ses tenants tant au Nord qu'au Sud doivent appliquer quotidiennement dans leur travail. Dans le cas des membres WFTO (World Fair Trade Organization) ou des groupes certifiés FLO (Fairtrade Labelling Organizations), différents systèmes de contrôle sont en place afin de s'assurer que ces normes sont respectées. Selon Wikipédia ces normes se répartissent comme suit :

1. Créer des opportunités pour les producteurs qui sont économiquement en situation de désavantage. Le commerce équitable est une stratégie pour le combat contre la pauvreté et

51

PESTICIDES : CAS DU GHARB pour le commerce soutenable. Son but est de créer des opportunités pour les producteurs désavantagés ou marginalisés par le système du commerce conventionnel. 2. La transparence et la crédibilité : Le commerce équitable comprend la gestion de la transparence et les relations commerciales pour faire des affaires avec nos partenaires commerciaux. 3. La capacité individuelle : Le commerce équitable est un moyen de développer l'autonomie des travailleurs. Les organisations du commerce équitable procurent de la continuité durant laquelle les producteurs et les organisations de marché peuvent améliorer leurs capacités de gestion et leur accès aux nouveaux marchés. 4. Promouvoir le commerce équitable : Les organisations du commerce équitable ont pour objectif de sensibiliser leur clientèle ainsi que le grand public aux injustices du système commercial actuel. Elles doivent aussi être en mesure de fournir de l'information sur l'origine de ses produits, les conditions de travail des producteurs etc. 5. Le paiement d'un prix juste : Un prix juste dans un contexte local ou régional est accepté après dialogue et concertation. Cela couvre non seulement les coûts de production mais permet également une production qui est socialement juste et bien pour l'environnement. Cela fournit un prix juste aux producteurs et prend en compte le principe d'un salaire égal pour un travail égal par les hommes et par les femmes. Les organisations de commerce équitable assurent un paiement immédiat à leurs partenaires et parfois aident leurs producteurs avec le financement d'un crédit avant la récolte ou avant la production. 6. Égalité entre les sexes : Les organisations issues de la filière équitable valorisent le travail des femmes : celles-ci doivent toujours être payées pour leurs contributions dans le processus de production. La présence des femmes au sein de la gouvernance de ces organisations est aussi encouragée. 7. Les conditions de travail : Le commerce équitable signifie un environnement de travail sain et sûr pour les travailleurs. La participation des enfants (si jamais) n'affecte pas négativement leur bien-être, leur sécurité, leur conditions éducatives, et leur besoin de jouer et est conforme à la convention des Nations-Unies sur les droits des enfants ainsi qu'aux lois et normes du pays.

52

PESTICIDES : CAS DU GHARB

8. Le travail des enfants : Les organisations du commerce équitable respectent la convention des Nations-Unies sur les droits des enfants, ainsi que lois et normes sociales sont appliquées afin d'assurer que la participation des enfants dans les processus de production des produits équitables ne va pas à l'encontre de leur bien-être, leur sécurité, leur conditions éducatives et besoin de jouer. Les organisations qui travaillent directement avec des organisations informelles révèlent la participation des enfants dans la production.

9. L'environnement : Le commerce équitable encourage activement de meilleures pratiques environnementales et l'application de méthodes responsables de production.

10. Les relations de commerce : Les organisations de commerce équitable font du commerce en tenant compte du bien-être social, économique et environnemental des petits producteurs

Un système de labellisation spécifique pour le commerce équitable a été développé pourrait donc bénéficier aux produits agricoles marocaines surtout ceux se rapportant aux produits de terroir et aux produits agricoles biologiques. Ainsi, un certain nombre d'associations ont vu voient le jour en Europe et en Amérique, qui proposent différents labels de commerce équitable qui se regroupent finalement sous la bannière de FLO. En 2002, FLO lance une première certification de commerce équitable. En 2007, sous le nom « Max Havelaar », « Transfair » ou « Fairtrade », 20 membres de la FLO utilisent le label commun d’International Fairtrade Certification Mark dans 21 pays. Il s'applique à toute une quantité de produits comme le café, le thé, le riz, les bananes, les mangues, le cacao, le coton, le sucre, le miel, les jus de fruits, les noix de cajou, les fruits frais, le quinoa, les épices et autres.

Dans le Gharb, en tenant compte des difficultés que connait la filière rizicole, la labellisation agricole sous ses différentes formes possibles (IG, AO, LA, AB ou différents labels du commerce équitable) pourrait constituer une action transverse aux efforts déployés par les pouvoirs publics et la profession pour la mise à niveau de cette filière importante de la région. La même chose pourrait être appliquée pour les cultures sucrières, pour le miel et pour les frits frais.

IV.9 Les OGM peuvent-ils être considérés comme des alternatives aux pesticides de synthèse ? (Sources : 1- G E Seralini, « OGM, le vrai débat », Université de Caen, Flammarion. 2000. Un livre simple qui explique bien pourquoi la majorité des OGM sont des plantes à pesticides (Sources : 2-

53

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Charles M. Benbrook, “Genetically Engineered Crops and Pesticide Use in the United States: The First Nine Years.”, BioTech InfoNet,Technical Paper Number 7.October 2004. Cités dans www.mdrgf.org et http://ogm.gouv.fr )

Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme (animal, végétal, bactérie) dont on a modifié le matériel génétique (ensemble de gènes) par une technique nouvelle dite de "génie génétique" pour lui conférer une caractéristique nouvelle.

Ce processus s’inspire des techniques de sélection ou de mutation, qui existent déjà dans le monde agricole

Dans le domaine agricole, des plantes génétiquement modifiées, telles que le maïs, la betterave et le colza possèdent des propriétés de résistance à des insectes ravageurs des cultures, et de tolérance à certains herbicides, permettant alors d’en utiliser moins et de façon plus raisonnée ou d’utiliser des produits plus respectueux de l’environnement.

Toutefois certains mouvements environnementalistes tels que le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures, avancent que les firmes de l’agro-industrie ont vu, avec l’exploitation agricole industrielle des OGM, la possibilité d’augmenter la vente de certains pesticides par la commercialisation de plantes OGM résistantes à ces herbicides particuliers, comme le fameux Round Up. Le principe est simple : quand des semences sont tolérantes à un herbicide, elles sont les seules à le supporter et le produit tuera donc toutes les autres « mauvaises herbes » du champ. Pour les fabricants de pesticides le bénéfice est double car elles vendent à la fois leur semence OGM (plus chère que la semence classique) et leur herbicide. 71 % des OGM cultivés sont ainsi conçus pour supporter un traitement à un produit herbicide [ex : le Round Up (glyphosate) sur le colza « Round Up ready » ou gluphosinate (Basta).]

La culture du soja transgénique résistant au RoundUp aux Etats-Unis a conduit à une augmentation des ventes de cet herbicide de 72% depuis 1997.

Aux USA, Charles Benbrook, a évalué l’augmentation annuelle de la consommation de pesticides aux USA à plus de 15% en 2004. Cette augmentation régulière de la consommation de pesticides est causée par l’introduction des OGM en plein champ.

54

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Il est donc évident, en prenant en compte les exemples cités plus haut, que la culture des OGM en plein champ n’entraine pas forcément une diminution d’utilisation des pesticides, comme cela censée l’être, au contraire, elle peut engendrer une augmentation de la consommation de ces derniers. Ils ne peuvent être considérés, en conséquence, comme des alternatives aux pesticides conventionnels.

55

PESTICIDES : CAS DU GHARB

V. Plan d’action et mesures à mettre en œuvre pour une meilleur gestion des pesticides Sur la base des informations recueillies et les documents d’orientation disponibles ; les mesures nécessaires à mettre en œuvre dans le cadre d’un plan d’actions à court, moyen et long terme s’articulent autour de six axes identifiés. Ce plan d’action concerne aussi bien le niveau national et régional.  La surveillance environnementale de la contamination par les pesticides ;  Le renforcement des contrôles portant sur l’utilisation et la distribution des pesticides ;  La réduction des risques que présentent les pesticides pour l’environnement et la santé ;  La proposition d’alternatives pour une agriculture à la fois productive et présentant moins de risque pour l’environnement et la santé ;  La proposition d’autres mesures favorisant une politique de réduction des pesticides (incitation, labellisation, etc.) ;  La formation, la sensibilisation et l’information de la population et des différents acteurs concernés par la problématique des pesticides.

V.1 La surveillance environnementale de la contamination par les pesticides Il faut noter, et comme il a été signalé dans les missions précédentes, que les données chiffrées et structurées sur le degré de pollution de l’environnement dans la région Gharb Cherarda Beni Hssen font défaut, ce qui constitue un point faible pour évaluer l’état des lieux, et ipso-facto prendre les mesures nécessaires et adéquates pour préserver les ressources et la santé publique au niveau régional.

V.1.1 Instauration d’un observatoire régional pour le contrôle de la pollution de l’environnement par les pesticides Le but de cet observatoire étant de collecter et centraliser les données afférentes à la pollution par les pesticides d’une part et les données afférentes à leurs utilisations dans l’agriculture régionale d’autre part. Cet observatoire doit être aussi doté des pouvoirs législatifs et encadrés par des textes

56

PESTICIDES : CAS DU GHARB appropriés imposant à l’ensemble des intervenants dans le domaine, de lui fournir régulièrement les données dont ils disposent sur la base de procédures et contextes clairement définis.

L’étude de l’évaluation intégrée de l’environnement au niveau de la région et l’étude relative à l’élaboration et la mise en place d’un système d’information en santé et environnement lancées dernièrement par le département de l’Environnement constitue le cadre approprié pour la mise en place de cette structure tout en définissant le réseau des partenaires à impliquer.

Il est bien évident aussi qu’une telle structure nécessite l’allocation des crédits financiers à la Recherche-Développement au niveau régional en dotant notamment les organismes les plus intéressées par cette problématique à savoir : l’Office Régional de la Mise en Valeur Agricole (ORMVAG), la Direction Régionale d’Agriculture (DRA) et Office National de Sécurité Sanitaire Alimentaire (ONSSA), qui sont les organismes étatiques les plus impliqués dans l’utilisation des pesticides. La mise en œuvre des attributions des structures désignées à cet effet ou l’instauration de structure spécifiques seraient strictement indispensables. Un tableau de bord régulièrement actualisé sur l’Etat des lieux (Ressources en eau, en sol et l’air) vis-à-vis du degré d’utilisation et de pollution des pesticides doit être établi au niveau de chacune de ces structures. A titre indicatif le réseau de suivi des ressources en eau proposé lors de la mission II de la présente étude serait la base de ce tableau de bord qui peut être enrichi par des études et des mesures complémentaires.

Ça va de paire que l’ensemble des recommandations rapportées dans le présent rapport au niveau des chapitres précédents et ayant trait à l’ensemble des actions, programmes, directives et alternatives visant l’amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques liés à leurs utilisations, doivent être l’apanage des trois organismes cités plus haut qui doivent être les acteurs principaux de la mise en œuvre de ces mesures et doivent être amenés aussi à travailler plus étroitement avec les autorités locales et surtout les élus des régions où l’intensification agricole constituerait un risque majeur pour l’environnement et la santé humaine et animale.

V.1.2 Plan de surveillance des milieux eau, sol et air V.1.2.1 Proposition d’un plan de surveillance des ressources en eau Située à l’aval du bassin du Sebou, la région du GCBH est l’une des régions marocaines les mieux pourvues en ressources hydriques. Le Sebou, l’Ouergha et leurs affluents ont un apport annuel

57

PESTICIDES : CAS DU GHARB estimé à 4,8 milliards de m3 d’eau, soit 27% du potentiel national en eau mobilisable. A cela s’ajoutent les eaux souterraines dont la réserve est estimée à 960 millions de m3.

Plan de surveillance des eaux souterraines

Pour la surveillance de la nappe on propose l’installation d’un suivi des pesticides et de leurs résidus. On propose le suivi analytique des matières actives les plus dangereux et les plus susceptibles de se retrouver dans la nappe à savoir Ethoprophos ; Phénamiphos ; Cadusafos ; Métaldéhyde ; Oxamyl ; Méthomyl ; Paraquat ; Et le 2,4 D.

A partir du réseau de mesures actuel de la qualité des eaux souterraines instauré par l’ABHS; le niveau de l’intensification de l’agriculture ; de l’utilisation des pesticides et l’analyse de la vulnérabilité des différentes nappes ; un réseau de suivi des pesticides adapté aux pratiques agricoles dans la région du Gharb Chrarda Beni Hssen sera proposé.

Ce réseau est défini en tenant compte de la vulnérabilité des nappes alliée à l’occupation du sol (zone agricole en irrigué, zone agricole en Bour, zone forestière, etc.) ; à l’utilisation des produits agrochimiques et aux zones où le suivi de la qualité antérieur a relevé des concentrations en élément nitrate important.

58

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Figure 5 : Plan de situation de points proposés pour la surveillance des ressources en eaux

Les points de contrôles seront répartis sur toute la zone d’étude ; au niveau des zones à risques élevés pour bien confirmer le risque et proposer des mesures d’urgences pour protéger la nappe, au niveau des zones à risque moyen afin d’adopter des mesures d’atténuation et au niveau des zones à faible risque comme zones de référence.

Tableau 7 : Description sommaire des points définis pour le suivi des eaux souterraines

- Cond [NO3 ] N°IRE Province Commune Nappe X(m) Y(m) Nature (µs/cm) (mg/l) 1817/15 Kénitra Ameur Saflia Gharb 415450.00 411750.00 Puits 600 53.5

59

PESTICIDES : CAS DU GHARB

911/8 Kénitra Mnasra Gharb 397070.00 425200.00 Forage 408 35.2 GHB3 Kénitra Gharb 408966.72 434116.85 Puits 774 66.8 1765/8 Kénitra Ben Mansour Gharb 407700.00 447170.00 Piézomètre 930 1.49 R574/8 Kénitra Souk Tlat El Gharb Gharb 438037.52 449576.36 Piézomètre 2270 44.40 672/8 Kénitra Ben Mansour Gharb 416600.00 454350.00 Puits 1470 211.00 648/14 Sidi Kacem Chbanate Gharb 465520.00 410100.00 Puits 2590 107.00 GHB5 Sidi Slimane Gharb 437936.00 416394.00 Puits 6220 34.50 1514/8 Sidi Slimane Oulad Hþine Gharb 467215.00 421750.00 Forage 2610 42.10 GHB7 Sidi Slimane Al Haouafate Gharb 450980.00 434556.00 Puits 7490 86.80 MAA1 Sidi Allal Bahraoui Maamora 401107.00 388190.00 Puits 720 69.60 R2713/14 Khemisset Sidi Abderazak Maamora 426545.77 395648.73 Puits 964 7.00 54/14 Kénitra Haddada Maamora 392182.00 392448.00 Puits 820 135.00 2601/14 Kénitra Ameur Saflia Maamora 415200.00 401750.00 Puits 508 25.93 MMA2 Kénitra Mu. Kénitra Maamora 386837.00 404066.00 Puits 605 77.90 1150/13 Salé Sidi Maamora 381150.00 386800.00 Puits 950 157.00 1294/13 Salé Sidi Bouknadel Maamora 373300.00 320300.00 Puits 1081 118.00 R1292/13 Salé Sidi Bouknadel Maamora 378503.44 394632.25 Source 1075 134.00

Pour le suivi de la nappe on propose de faire 2 campagnes de mesures annuellement : Une première campagne à la fin du mois septembre-Début Octobre pour évaluer la situation au début de la campagne agricole avant les premières pluies et de voir aussi l’effet des irrigations estivales sur la nappe et une deuxième campagne au fin mai-début juin pour évaluer la situation à la fin de la saison des pluies.

Plan de surveillance des eaux de surface

Le réseau proposé est composé de cinq points :

 Deux points au niveau des deux canaux de segment, le segment nord (point 1) drainant les eaux provenant de la région nord du Gharb y compris les eaux provenant de oued Mda et de la ville de Souk Larba et le segment sud (point 2) drainant les eaux d’une bonne partie de la Seconde Tranche d’Irrigation de l’ORMVAG y compris les eaux de vidange des rizières des secteurs Centre 3, Centre 4 et Nord 1.  Le troisième point se trouve sur le canal Nador au niveau du pont de la route provinciale n° 4214 (proche du pont de l’autoroute traversant ce canal), ce point collecte les eaux de drainage des deux canaux de segment et les eaux drainées par la Merja sidi Mohamed Ben Mansour .Les eaux du canal Nador sont directement déversées dans la Merja Zerga. 60

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Le quantième point se trouve sur le canal Fékroune à l’extrême sud du périmètre d’étude. Ce canal draine surtout les eaux de la Merja Daoura qui se déversent dans l’oued Sebou juste au nord de la ville de Kénitra.  Le cinquième 5 se trouve sur l’oued Drader à l’extrême nord du périmètre d’étude .Cet oued draine les eaux du secteur Rmel de la zone d’action de l’ORMVAL et les déverse dans la merja Zerga.

On propose de suivre les mêmes matières actives que dans le cas du suivi de la nappe en plus des organochlorés ainsi que de retenir les mêmes périodes des prélèvements. La figure ci-après indique le plan de situation des points de suivi des eaux de surface.

61

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Figure 6 : Carte de situation des points de suivi de la pollution par les pesticides des eaux de surface dans la zone côtière

V.1.2.2 Plan de surveillance de la qualité de l’air

Le secteur de l’agriculture est responsable d’une bonne partie des émissions d’Ammoniac (NH3), de protoxyde d’azote (N2O), le méthane (CH4) et le dioxyde de carbone (CO2). Le NH3 qui est un gaz irritant et acidifiant provient de la transformation, dans les sols, de l’azote apporté par les engrais.

Les gaz à effet de serre tels que le CH4, le CO2 et N2O sont principalement liés aux activités d’élevage.

Au niveau de la zone d’étude et même au niveau national, il n’existe aucun réseau de surveillance de la qualité de l’air pour détecter une éventuelle contamination par les pesticides, ni aucun texte réglementaire en terme de paramètres, indicateurs d’une contamination par les pesticides dans le milieu air. Pour remédier à cette contrainte, la constitution d’un groupe de réflexion sur l’exposition aérienne aux pesticides s’impose. Ce groupe sera piloté par un comité d’orientation et de prospective scientifique en lien avec les pesticides dont les compétences sont nécessaires pour la réalisation des taches suivantes :

 Faire un benchmarking sur la surveillance de pollution de l’air par les pesticides au niveau international ;  Rassembler, en vue de leur valorisation, les informations et résultats des contrôles et mesures de résidus de pesticides dans différents milieux et produits consommés par l’homme ;  Réaliser un état des lieux des données disponibles sur la présence de résidus de pesticides dans le compartiment aérien ;  Analyser les différentes données existantes pour estimer les niveaux d’exposition aérienne des populations aux pesticides ;  Améliorer les connaissances sur l’exposition aigue et chronique des populations et poursuivre les travaux de recherche sur les techniques d’application, les facteurs d’émission et le comportement des pesticides dans l’atmosphère ;  Mettre en place l’approche de la surveillance des produits phytosanitaires dans le compartiment aérien par région (commune);  Proposer les fréquences de détection et de quantification des substances en fonction des familles de pesticides ;

62

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Elaborer une méthodologie de surveillance nationale des pesticides dans l’air ;  Procéder à la proposition des textes réglementaires par la surveillance des pesticides dans l’air ;  Institutionnaliser la surveillance de l’air vis-à-vis des pesticides.

V.1.2.3 Plan de surveillance de la qualité des sols La pollution par des pesticides est principalement perçue comme une contamination des eaux et des denrées alimentaires. Cependant, ces polluants transitent par les sols où leur comportement va conditionner la manifestation de leur caractère polluant. La réduction de leur impact environnemental nécessite de comprendre les processus auxquels ils sont soumis dans les sols, principalement, les processus de rétention et stabilisation, ceux de transformation, ainsi que les phénomènes de transfert. Les mécanismes de détoxification des sols, base de leur pouvoir épurateur, reposent sur l’aptitude des micro-organismes des sols à dégrader les polluants. Cependant d’autres phénomènes sont à l’origine de la stabilisation des polluants sous forme de résidus non extractibles appelés couramment « résidus liés ». C’est ainsi que dans certains cas, l’épuration est due au stockage des polluants ce qui à court terme est efficace pour sauvegarder les ressources eau ; mais des interrogations restent posées sur l’éventuelle libération des polluants ainsi stockés et les conséquences de leur accumulation à long terme.

Ce qu’il faut retenir, c’est que ces pesticides peuvent avoir des effets indésirables, par exemple, des effets phytotoxiques sur des cultures lors de rotations ou remplacements de cultures préalablement traitées avec des herbicides persistants.

La zone d’étude GCBH (figure ci-après) dispose d’une large gamme de types de sol qui diffère d’une zone à une autre.

1) Zone côtière : prédominance des sols sablonneux très perméable, la durée de transit (stockage) des pesticides reste faible et les résidus immigrent facilement dans le sous sol (nappe) ;

2) Zone de plaine : caractérisée par des sols dans leurs majorités lourdes (DEHS, TIRS, Ferchech) qui posent d’énormes problèmes de drainage. La durée de transit des pesticides serait plus longue, éventuellement, c’est dans ce type de sol qu’il faut installer un réseau de contrôle de pesticide dans le sol ;

63

PESTICIDES : CAS DU GHARB

3) Zone de collines et montagne : constituée essentiellement de formation marneuse et gréseuse et ayant une géomorphologie très vallonnée. Cette zone est très exposée à l’érosion, ainsi les résidus de pesticides sont appelé à se déplacer en surface.

Là encore, il ya lieu de mener une réflexion, comme dans le cas du milieu air pour aboutir à une réglementation et institutionnalisation de cette surveillance.

Figure 7 : Répartition spatiale des sols dans la région du Gharb Chrarda Beni Hssen (source ; ORMVAG- DDA/SED/BAP)

64

PESTICIDES : CAS DU GHARB

V.2 Le renforcement des contrôles portant sur l’utilisation et la distribution des pesticides Afin d’amélioration des conditions de mise sur le marché des pesticides ; des textes législatifs relatifs au transport des pesticides et à leurs stockages au niveau des revendeurs doivent être promulgués, avec nécessité de renforcement et d’amélioration des procédures d’évaluation des produits.

A l’instar de ce qui a été adopté au niveau de la France, la gestion des risques liés à la distribution et à l’utilisation des produits phytosanitaires doit être renforcée, en assurant notamment une traçabilité des ventes de pesticides.

Ça va de soit que les substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, doivent purement et simplement être retirés du marché en les substituant avec des produits disponibles sinon, ils doivent être fortement taxés.

Le développement des espaces verts urbains et des arbres d’alignement ainsi que les espaces verts privés au niveau de notre pays, impose une législation spécifique pour les jardins. Il faut donc développer des produits « jardins » destinés aux jardiniers amateurs.

V.3 La réduction des risques que présentent les pesticides pour l’environnement et la santé

V.3.1 Au niveau des services de la santé publique Les Services Régionaux de la Santé Publique qui doivent être tenus informés du tableau de bord en question qui peut être enrichi par la mise en œuvre du plan d’action 2009-2012 élaboré par le Service de Lute Anti vectorielle de la Direction de l’Epidémiologie et la Lutte contre les Maladies, du Ministère de la Santé Publique qui s’articule autour de 7 axes d’intervention, dans lesquels des résultats spécifiques attendus ont été identifiés et se résument comme suit :

1. Premier axe d’intervention : Mise à jour des textes réglementaires régissant les pesticides à usage de santé publique, deux résultats sont attendues ; la promulgation d’un texte réglementaire régissant les biocides et le renforcement de la réglementation de la production/formulation locale des pesticides à usage de santé publique.

65

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. Deuxième axe d’intervention : Mise en place d’une procédure d’homologation des biocides, trois résultats sont espérées ; rendre opérationnelle l’unité d’homologation des biocides au sein du Ministère de la Santé, renfoncées les capacités techniques en évaluation des dossiers des biocides et l’élaboration des spécifications nationales d’étiquetage et d’emballage. 3. Troisième axe d’intervention : Renforcement du contrôle de qualité des pesticides utilisés en santé publique ; le contrôle de qualité des pesticides devrait être renforcé et harmonisé avec les standards OMS et FAO. 4. Quatrième axe d’intervention : Assurer une distribution et vente responsable des pesticides, deux résultats sont escomptées ; l’amélioration de la qualité de la distribution et de vente des pesticides et l’harmonisation de l’acquisition des pesticides et matériel d’épandage destinée à usage de santé publique. 5. Cinquième axe d’intervention : Amélioration de l’utilisation rationnelle et judicieuse de pesticides à usage de santé publique, six résultats sont attendues ; le développement des outils de formation, la formation des principaux acteurs gouvernementaux effectuant la lutte anti vectorielle en utilisation rationnelle et judicieuse de pesticides, l’amélioration de la prestation des services du secteur privé en démoustication, dératisation et déparasitage, l’harmonisation et la bonne qualité de l’’équipement utilisé pour la lutte anti vectorielle, la sensibilisation des décideurs et le grand public sur l’importance de la GILAV (Gestion Intégrée de la Lutte Anti vectorielle) et la gestion rationnelle et judicieuse des pesticides en santé publique et la restauration d’une concordance entre les utilisations des pesticides à usage de santé publique commercialisés avec les autorisations délivrées. 6. Sixième axe d’intervention : Amélioration du stockage des pesticides et l’élimination des déchets ; quatre résultats sont attendues ; renforcement du cadre technique et réglementaire concernant le stockage des pesticides, amélioration de l’infrastructure de stockage des pesticides à usage de santé publique, sécurisation et l’élimination des pesticides périmés à usage de santé publique et la mise en place d’une gestion appropriée des emballages vides de pesticides à usage de santé publique. 7. Septième axe d’intervention : Renforcement du suivi post-homologation ; deux résultats sont escomptées, le renforcement du suivi sanitaire du personnel qui manipule les pesticides à usage de santé publique et le suivi et la minimisation du développement de résistance des vecteurs aux pesticides.

66

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Ces axes d’interventions s’intéressent presque exclusivement (sauf en ce qui concerne la vente et la distribution des pesticides à usage de santé publique) qu’à la bonne gestion d’utilisation des pesticides au sein des différents départements du Ministère de la Santé Publique et non pas au suivi de la Santé Publique en liaison avec l’utilisation des pesticides par les différentes secteurs d’activité notamment dans le domaine de l’agriculture.

V.3.2 Au niveau de L’INRA et les autres organismes de recherche L’INRA et les autres organismes de recherche doivent établir des programmes de Recherche- Développement au niveau régional .En effet comme il a été précisé lors du rapport de la mission II, les études et recherches proprement dites ayant trait au devenir de pesticides après leurs applications et ayant trait à l’aspect se rapportant à leurs résidus et leurs mobilités et transferts vers les nappes sont absents au Maroc. Toutes les études menées jusqu’ici restent globalement des approximations d’ordre général. Mêmes des simples mesures des pesticides et leurs résidus dans les eaux souterraines et de surface restent limités. Ce constat est expliqué par le large éventail des matières actives utilisées dans le domaine de l’agriculture d’une part et par le coût élevé des analyses. La mise à la disposition de ces entités des crédits nécessaires lèverait au moins les contraintes financières.

L’importance de la recherche dans ce sens réside dans le fait qu’elle va mettre à la disposition des acteurs de développement des outils de décisions indispensables notamment en ce qui concerne la maitrise des techniques de mesures et surtout les possibilités de projections permises par les techniques de modélisation qui sont absentes pour le moment même au niveau national.

V.3.3 Instauration d’un observatoire régional pour le contrôle de l’impact d’utilisation des pesticides sur la santé publique A l’instar de l’observatoire régional pour le contrôle de la pollution de l’environnement par les pesticides, l’instauration d’un observatoire spécifique pour le contrôle de l’impact des pesticides sur la santé publique reste une obligation incontournable.

67

PESTICIDES : CAS DU GHARB

En effet aucun lien de cause à effet n’a été établi au niveau du Maroc entre les applications et les utilisations normales (impacts chroniques) des pesticides et leurs conséquences sur la santé humaine ou même animale. Les enquêtes épidémiologiques et les études y afférentes doivent être régulièrement menées par des services du département de la Santé Publique. Il y a donc nécessité d’instaurer un service spécifique dont la mission principale et le contrôle de l’impact des pesticides sur la santé en utilisant des indicateurs pertinents en santé.

Une région comme la zone côtière du Gharb (zone Mnasra) requiert plus que jamais un suivi minutieux de la santé humaine et animale en liaison avec l’utilisation des pesticides. La collaboration et la coordination avec les services du Ministère de l’Agriculture (ORMVAG-DRA et ONSSA) doit être très étroite en attendant l’instauration de l’observatoire régional pour le contrôle de la pollution des ressources par les pesticides qui, une fois installé, devrait assurer cette coordination d’une manière permanente avec les différents partenaires impliqués.

V.3.4 Instauration d’un programme de suivi environnemental et sanitaire au niveau régional Le plan d’action afférent à cette activité concerne aussi bien l’instauration d’un programme de suivi environnemental et sanitaire et la proposition de mesures à entreprendre par chacun des acteurs concernés par cette activité.

V.3.4.1 Au niveau des commerçants et des distributeurs Le suivi environnemental qui sera initié par les commerçants et les distributeurs concernait les indicateurs suivants. 1. Indicateur sur les quantités vendues :  Par région ;  Par saison ;  Par produit. 2. La gestion des déchets (produits périmés, emballages et fûts), l’importance de ces déchets sera mesurée selon les indicateurs suivants :  Indicateur rapport quantité obsolète/quantité vendue ;  Indicateur rapport quantités emballages et fûts /quantités vendues ;  Indicateur sur les quantités acheminées vers les décharges ;

68

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 Indicateur sur le lieu de la décharge. 3. La gestion du stockage :  Indicateur sur le lieu de stockage ; (x, y ; province, commune, etc..) ;  Indicateur sur la quantité des produits phytosanitaires stockés ;  Indicateur sur l’état du stockage.

V.3.4.2 Au niveau de l’agriculteur L’agriculteur est tenu d’exercer un autocontrôle continu pour se confronter à la législation, à la réglementation aux normes en vigueur en matière d’utilisation des pesticides via un programme de suivi, il comprendra les éléments suivants ;

1. La gestion des déchets (bouillie, fûts et emballages):  Indicateur rapport volume mélangé initialement/volume utilisé ;  Indicateur quantité mélangé initialement /quantité résiduelle ;  Indicateur sur le lieu de dépôt des déchets solides (fûts et emballages) ;  Indicateur sur le lieu de dépôt des déchets liquides (bouillie). 2. Disposer d’un panneau à l’entrée de chaque parcelle indiquant :  La maladie traitée ;  La date de traitement ;  Le produit utilisé ;  Résultats de chaque traitement ;  La date avant récolte (DAR) du dernier produit utilisé. 3. Faire des déclarations rapides auprès des services concernés dans les cas :  De la contamination accidentelle des eaux à proximité par les pesticides ;  De la contamination accidentelle des sols à proximité par les pesticides ;

V.3.4.3 Au niveau de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou (ABHS) L’agence est tenu de prendre en charge le contrôle de : 1. La qualité des eaux souterraines à proximité de la parcelle : les indicateurs seront le pH, la conductivité électrique ; les pesticides (analyse multi Résidu) ; et mise en place de deux seuils : le premier de recommandation et le deuxième d’alerte ;

69

PESTICIDES : CAS DU GHARB

2. La qualité des eaux de surface : les indicateurs seront le pH, la température, la conductivité électrique, les pesticides (analyse multi Résidu) ; et mise en place de deux seuils : le premier de recommandation et le deuxième d’alerte ;

V.3.4.4 Au niveau du Haut Commissariat des Eaux et Forêt et la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD) Ce département mettra en œuvre un protocole de surveillance des aspects suivants : 1. L’évolution de l’habitat aquatique ; et mise en place de deux seuils : le premier de recommandation et le deuxième d’alerte ; 2. Le degré de contamination de l’habitat aquatique par les produits phytosanitaires.

V.3.4.5 Au niveau du Ministère de la Santé Ce département s’acquittera des activités suivantes : 1. Le suivi et l’évaluation de l’impact des utilisations des pesticides sur la santé ; 2. Définir les différentes nuisances sanitaires liées à l’utilisation des pesticides au niveau de la région ; 3. Montrer la corrélation entre les nuisances sanitaires détectées au niveau de la région et l’utilisation des pesticides ; 4. Diffuser les informations nécessaires pour orienter l’action vers la protection de la santé des populations ;

V.3.4.6 Au niveau de l’Office National de la Sécurité Sanitaire Alimentaire (ONSSA) Compte tenu de l’importance de la consommation des pesticides dans cette région, il sera opportun que l’ONSSA assure les actions suivantes : 1. Disposer au niveau des régions à haute intensification agricole des laboratoires équipés et des personnes habilitées pour toute raison utile ; 2. Faire un contrôle régulier des résidus des pesticides dans les aliments et plus particulièrement les céréales (principale denrée alimentaire au niveau national) et mise en place de deux seuils : le premier de recommandation et le deuxième d’alerte ; 3. Contrôler régulièrement au niveau de la parcelle le respect de la date avant récolte (DAR) spécifique à chaque produits phytosanitaire;

70

PESTICIDES : CAS DU GHARB

V.3.4.7 Au niveau du Ministère de l’intérieure et autorités locales Des mesures coercitives pour la mise en œuvre de certaines activités nécessitent qu’un département soit désigné pour la bonne réalisation des tâches suivantes:

1. Instaurer une démarche de collecte et de détérioration des déchets solides et liquides relatifs aux produits phytosanitaires au niveau régional ; 2. Prendre en compte l’absence ou l’insuffisance de l’application par l’exploitant et le commerçant les différents éléments du suivi environnemental ; 3. Renforcer les procédures de contrôle pour minimiser voir éliminer les ventres des produits phytosanitaires par voie de la contre bande ; 4. Renforcer les procédures de contrôles pour interdire l’utilisation des produits vendus par voie de la contre bande ; 5. Renforcer les procédures de contrôles pour interdire l’utilisation des produits périmés.

Le comité de suivi de l’impact des utilisations des pesticides sur l’environnement et la santé doit être composé des représentants des différents organismes et les départements mentionnés plus haut et sera présidé par le département de l’environnement qui sera chargé de contrôler l’application du programme de suivi.

71

PESTICIDES : CAS DU GHARB

V.4 La proposition d’autres mesures favorisant une politique de réduction des pesticides (incitation, labellisation, etc.) Les actions à long terme ne concernent pas spécifiquement la région Ghrab-Chrarda-Bni Hssen mais concerne la politique globale de l’Etat en la matière mais spécifiquement les départements de l’environnement, de l’agriculture, de la santé publique et du département chargé de l’eau. Ces actions s’insèrent parfaitement dans le cadre des mesures définis et recommandés préalablement dans les chapitres précédents.

Des actions relatives aux substances actives les plus dangereuses doivent être entreprises comme par exemple définir des seuils en quantités maximales vendues ou imposition de taxes élevés en fonction du danger et ce après études préalables des impacts attendus par de telles décisions. Mais globalement les axes proposés à mettre en œuvre à long terme s’articulent autour de :

1. L’amélioration des conditions de mise sur le marché ; 2. L’instauration législative de l’observatoire régional pour le contrôle de pollution de l’environnement par les pesticides et de l’observatoire régional pour le contrôle de l’impact de l’utilisation des pesticides sur la santé publique.

Ces axes vont être développés dans ce qui suit.

V.4.1 Amélioration des conditions de mise sur le marché Des textes législatifs relatifs au transport des pesticides et à leurs stockages au niveau des revendeurs doivent être promulgués, avec nécessité de renforcement et d’amélioration des procédures d’évaluation des produits. A l’instar de ce qui a été adopté au niveau de la France, la gestion des risques liés à la distribution des produits phytosanitaires doit être renforcée, en assurant notamment une traçabilité des ventes de pesticides. Ça de soit que les substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, doivent purement et simplement être retirés du marché en les substituant avec des produits disponible sinon, ils doivent être fortement taxés.

Le développement des espaces verts urbains et des arbres d’alignement ainsi que les espaces verts privés au niveau de notre pays, impose une législation spécifique pour les jardins. Il faut donc

72

PESTICIDES : CAS DU GHARB développer des produits « jardins » destinés aux jardiniers amateurs.

V.4.2 Instauration législative de l’observatoire régional Afin de doter les observatoires cités plus haut des pouvoirs requis, l’instauration des textes législatifs instituant ces observatoires régionaux pour le contrôle de pollution des ressources par les pesticides et pour le contrôle de l’impact de l’utilisation des pesticides sur la santé publique et leurs attributions serait d’un intérêt capital.

L’observatoire spécifique pour le contrôle de pollution des ressources par les pesticides pourrait faire partie d’un observatoire régional plus général touchant d’autres sources de pollution comme la pollution par les autres intrants agricoles et la pollution industrielle entre autres. Il en est de même pour l’observatoire pour le contrôle de l’impact sanitaire de l’utilisation des pesticides qui pourrait faire partie d’un observatoire qui pourrait s’intéresser l’impact de la pollution sur la santé publique au niveau régional.

V.5 La formation, la sensibilisation et l’information de la population et des différents acteurs concernés par la problématique des pesticides Cette formation traitera l’ensemble des axes traités dans la présente mission relatifs à l’amélioration de la gestion des pesticides et réduction des risques ainsi qu’aux alternatives de leur utilisation pour une agriculture productive et durable.

Des campagnes de sensibilisation au niveau des établissements scolaires s’avèrent également très opportunes.

La formation des professionnels, distributeurs ou applicateurs agréés de produits phytosanitaires, devra intégrer un volet relatif aux risques sanitaires et environnementaux. Les agrégateurs instaurés dans le cadre du plan Maroc vert et les structures régionales de vulgarisation projetés par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime seront les plus sollicités par cette formation. Les délégations régionales de la santé seront également fortement sollicitées.

V.6 Des alternatives pour une agriculture à la fois productive et présentant moins de risque pour l’environnement et la santé Consentir des efforts de recherche et de développement des alternatives pour une agriculture durable selon les axes suivants :

73

PESTICIDES : CAS DU GHARB

 La lutte physique : Consentir des efforts de recherche développement de la lutte physique ;  Les facteurs humains (par le biais des techniques culturales) ;  Les techniques culturales ou mesures préservatifs jouent un rôle important pour assoir les conditions de croissance et de développement favorable des cultures, engendrant ainsi leurs qualifications à mieux résister aux agents nuisibles ; les principales méthodes sur lesquelles il faut le plus agir sont :  Le travail du sol ;  Le choix des variétés tolérantes ou résistantes minimise l’incidence des parasites ;  La fertilisation raisonnée et adéquate ;  L’irrigation équilibrée ;  L’élimination des plantes hôtes qui constituent des sources d’infection ;  L’utilisation des plantes pièges et les plantes de bordures interceptent les ravageurs.

VI. Récapitulatif des principales actions à mettre en œuvre

Le tableau qui suit, récapitule les actions prioritaires à mettre en œuvre. Les objectifs, la consistance et les échéances de chaque action sont détaillés comme ci-après.

Pour quelques actions prioritaires, une fiche projet est présentée ci-après comprenant notamment la justification de l’action, l’objectif global de l’action, les objectifs spécifiques, les activités, les résultats attendus et les responsables.

74

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Tableau 8 : Tableau récapitulatif des principales actions à mettre en œuvre à court, moyen et à long terme

Action Objectifs Consistance Responsable Echéance Surveillance environnemental de la Plan de surveillance de la contamination desInstaurer un réseau de suivi de la qualité des Département de l’eau Court terme contamination par les pesticides ; eaux par les pesticides eaux par les pesticides l’eau Surveillance environnemental de la Plan de surveillance de la contamination desElaborer une méthodologie pour la surveillanceDépartement de Moyen terme contamination par les pesticides ; compartiments ariens par les pesticides des pesticides dans l’air l’environnement l’air Surveillance environnemental de la Plan de surveillance de la contamination desElaborer une méthodologie pour la surveillanceDépartement de Moyen terme contamination par les pesticides, sols par les pesticides des pesticides dans les sols l’environnement le sol Renforcement des contrôles portantDisposer sur d’un tableau de bord régulièrement-Assurer une traçabilité des ventes des pesticidesDépartement de l’environnementCourt à moyen l’utilisation et la distribution des actualisé sur l’amélioration des -Retirer les produits dangereux du marché et office régionale de mise terme pesticides conditions de l’utilisation et de mise sur en valeur agricole le marché des pesticides Réduction des risques sanitaires des La mise en œuvre du plan d’action 2009-2012 - Mettre à jour les textes Services régionaux de la santéCourt, le à moyen terme pesticides élaboré par le Service de Lute Anti réglementaires service de Lutte Anti vectorielle de la Direction de - Mettre en place une procédure Vectorielle, la Direction de l’Epidémiologie et la Lutte contre les d’homologation des biocides l’épidémiologie et la Lutte Maladies, du Ministère de la Santé - Renforcement du contrôle de qualité contre les Maladies Publique des pesticides utilisé en santé publique - Amélioration du stockage des pesticides et l’élimination des déchets - Renforcement du suivi sanitaire du personnel qui manipule les pesticides à Réduction des risques que présententEtablissement des programmes de Recherchemettre- à la disposition des acteurs de L’INRA et les autres organismesCourt à moyen terme les pesticides sur Développement au niveau régional sur développement des outils de décisions en de recherche

75

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Action Objectifs Consistance Responsable Echéance l’environnement le volet pesticide ce qui concerne la maitrise des techniques de mesures et de modélisation. Création d’un observatoire spécifiqueElaboration des liens de cause à effet au Instaurer un service spécifique pour le contrôleDépartement de l’environnementCourt à moyen terme pour le contrôle de l’impact de niveau du Maroc entre les applications de l’impact des pesticides sur la santé en l’utilisation des pesticides sur la et les utilisations normales (impacts utilisant des indicateurs pertinents en santé publique chroniques) des pesticides et leurs santé conséquences sur la santé humaine ou même animale Instaurer un programme de suivi Suivi environnemental et sanitaires au niveauAssurer une traçabilité sur les ventes, les achats,Les collectivités locales et les Court à moyen terme environnemental et sanitaire au de toutes les personnes et les les utilisations, les déchets, le stockage, le autorités locales niveau régional organismes concernés contrôle des pesticides en amont et faire un suivi environnement et sanitaire régulier des personnes directement concernées Amélioration des conditions de miseRenforcement sur et amélioration des procéduresPromulgation des textes législatifs relatifs au Les autorités locales et les Long terme le marché d’évaluation des produits au niveau transport des pesticides et à leurs collectivités locales législatif stockages au niveau des revendeurs Instauration législative de l’observatoirel’instauration des textes législatifs pour L’instauration des textes législatifs instituant cesDépartement de Long terme régional instituer les observatoires régionaux. observatoires régionaux pour le contrôle l’environnement, de pollution des ressources par les Ministère de l’agriculture pesticides et pour le contrôle de l’impact et de la pêche Maritime, de l’utilisation des pesticides sur la santé la Santé publique et le publique et leurs attributions. département de l’environnement. Formation des professionnels et Minimiser les risques qui peuvent survenir àLa la formation traitera l’ensemble des axes relatifsDépartem ent de Long terme renforcement de l’information suite d’une exposition directe et ou à l’amélioration de la gestion des l’environnement de la population et la protection indirecte aux pesticides. pesticides et réduction des risques ainsi des utilisateurs qu’aux alternatives de leur utilisation pour

76

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Action Objectifs Consistance Responsable Echéance une agriculture productive et durable.

77

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°1 Action à mettre en œuvre Surveillance des ressources en eau en termes de la contamination de l’eau par les pesticides. Justification de l'action Les données chiffrées et structurées sur le degré de pollution des ressources en eau dans la région Gharb Chrarda Beni Hssen voire au niveau national sont insuffisantes, ce qui constitue un point faible pour évaluer l’état de la contamination des ressources en eau par les pesticides. Objectif global de l'action Collecter centraliser et analyser les données afférentes à la pollution par les pesticides des ressources en eau. Objectifs spécifiques  Instaurer un réseau de suivi de la qualité des eaux souterraines en termes des pesticides ;  Instaurer un réseau de suivi de la qualité des eaux de surface en termes des pesticides ; Activités: Pour le suivi de la qualité des eaux de surface et souterraine,  Actualiser et mettre en ouvre le plan de suivi des pesticides des ressources en eau et de leurs résidus ;  Faire un Suivi analytique des matières actives les plus dangereuses ; Résultats attendus:  Renforcer et actualiser les données sur le degré de la contamination des ressources en eau par les pesticides ;  Adopter des mesures d’atténuation et mesures d’urgences pour minimiser voire annulé la contamination des ressources en eau par les pesticides. Responsables: Agence hydraulique du Sebou Echéance

78

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Action pérennes à mettre en œuvre à court terme Budget de l’action : 500.000 DH/an

79

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°2

Action à mettre en œuvre Surveillance de la contamination des compartiments aériens par les pesticides Justification de l'action Les données chiffrées et structurées sur le degré de pollution de l’air dans la région Gharb Chrarda Beni Hssen voire au niveau national font défaut, ce qui constitue un point faible pour évaluer l’état de la contamination de l’air par les pesticides. Objectif global de l'action Collecter, centraliser et analyser les données afférentes à la pollution de l’air par les pesticides. Objectifs spécifiques  Constituer un groupe de réflexion sur l’exposition aérienne aux pesticides ;  Réaliser un état des lieux des données disponibles sur la présence de résidu de pesticides dans l’air ;  Elaborer une méthodologie pour la surveillance des pesticides dans l’air ; Activités:  Faire un benchmarking sur la surveillance de l’air par les pesticides au niveau international ;  Mener une réflexion pour aboutir à une réglementation et institutionnalisation de la surveillance du milieu air ;  Améliorer les connaissances sur l’exposition aigue et chronique des populations  Poursuivre les travaux de recherche sur les techniques d’application, les facteurs d’émission et le comportement des pesticides dans l’atmosphère ;  Mettre en place l’approche de la surveillance des produits phytosanitaires dans l’air par région ;  ..etc. Résultats attendus:  Avoir une idée sur le degré de la contamination de l’air par les pesticides ;  Elaborer une méthodologie de surveillance nationale des pesticides dans l’air ;  Institutionnaliser la surveillance de l’air vis-à-vis des pesticides ; Responsables: Département de l’environnement, comité de prospective scientifique. Echéance Action pérenne à mettre en œuvre à court et moyen terme

80

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Budget de l’action : 400.000 DH/an

81

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°3 Action à mettre en œuvre Surveillance environnemental de la contamination du sol par les pesticides Justification de l'action Les données chiffrées et structurées sur le degré de pollution de l’environnement dans la région Gharb Chrarda Beni Hssen voire au niveau national font défaut, ce qui constitue un point faible pour évaluer l’état de la contamination des sols par les pesticides. Objectif global de l'action Collecter, centraliser et analyser les données afférentes à la pollution par les pesticides du milieu sol. Objectifs spécifiques  Constituer un groupe de réflexion sur l’exposition des sols aux pesticides ;  Réaliser un état des lieux des données disponibles sur la présence de résidu de pesticides dans le sol ;  Elaborer une méthodologie pour la surveillance des pesticides dans le sol; Activités:  Rassembler en vue de leur valorisation les informations et résultats des contrôles et mesures de résidus de pesticides dans le milieu sol ;  Mener une réflexion pour aboutir à une réglementation et institutionnalisation de la surveillance du milieu sol ;  Proposer l’approche par type de sol pour surveiller la contamination des sols par les pesticides ;  Proposer les fréquences de détection et de quantification des substances en fonction des familles de pesticides ; Résultats attendus:  Avoir une idée sur le degré de la contamination des ressources en sol par les pesticides ;  Elaborer une méthodologie de surveillance régionale des pesticides dans le sol ;  Institutionnaliser la surveillance des sols vis-à-vis des pesticides ;  Elaborer une méthodologie de surveillance nationale des pesticides dans les sols. Responsables: Département de l’environnement, office, Privé. Echéance

82

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Action pérenne à mettre en œuvre à court et moyen terme Budget de l’action : 800.000 DH/an

83

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°4 Action à mettre en œuvre Renforcement des contrôles portant sur l’utilisation et la distribution des pesticides Justification de l'action Les données chiffrées sur les quantités réelles des pesticides vendues et utilisés font défaut, ce qui constitue un point faible pour évaluer les impacts environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation de ces produits. Objectif global de l'action Disposer d’un tableau de bord régulièrement actualisé sur l’amélioration des conditions de l’utilisation et de mise sur le marché des pesticides. Objectifs spécifiques  La gestion des risques liés à la distribution et à l’utilisation des produits phytosanitaires doit être renforcée ;  Assurer la traçabilité des ventes de pesticides. Activités:  Promulguer les textes législatifs relatifs au transport des pesticides ;  Promulguer les textes législatifs relatifs au stockage des pesticides ;  Renforcer et améliorer les procédures d’évaluation des produits. Résultats attendus  Minimiser les risques liés à la distribution et à l’utilisation des produits phytosanitaires ;  Assurer la traçabilité des ventes de pesticides ;  Retirer les substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction ;  Développer des produits jardins destinés aux jardinier amateurs. Responsables Département de l’environnement, Office régionale de mise en valeur agricole. Echéance Action pérenne à mettre en œuvre à court et moyen terme Budget de l’action : 600.000 DH/an

84

PESTICIDES : CAS DU GHARB

85

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°5 Action à mettre en œuvre Réduction des risques sanitaires des pesticides sur la santé Justification de l'action Mettre en œuvre du plan d’action 2009-2012 élaboré par le service de lutte anti vectorielle de la direction de l’Epidémiologie et la lutte contre les maladies, du ministère de la santé publique. Objectif global et spécifique de l'action  Mettre à jour des textes réglementaires régissant les pesticides en relation avec la santé publique  Renforcer le contrôle des impacts sanitaires par les pesticides ;  Améliorer l’utilisation rationnelle et judicieuse de pesticides à usage de santé publique. Activités:  Renforcer les activités de l’unité d’homologation des pesticides au sein du Ministère de la santé ;  Renfoncer les capacités techniques en évaluation des dossiers spécifiques et élaborer des spécifications nationales d’étiquetage et d’emballage ;  Le contrôle de qualité des pesticides devrait être renforcé et harmonié avec les standards OMS et FAO ;  Développer des outils de formation ;  Renforcement du cadre technique et réglementaire concernant le stockage des pesticides ;  Assurer une distribution et vente responsable des pesticides ;  Renforcement du suivi post homologation ; Résultats attendus  Formation des principaux acteurs gouvernementaux effectuant la lutte anti vectorielle en utilisation rationnelle et judicieuse de pesticides ;  Amélioration des prestations des services du secteur privé en démoustication, dératisation et déparasitage ;  Amélioration du stockage et de l’infrastructure de stockage des pesticides et l’élimination des déchets ;  Amélioration de la qualité de la distribution et de vente des pesticides et l’harmonisation de l’acquisition des pesticides et matériels d’épandage destiné à usage de santé publique ;  Renforcement du suivi sanitaire du personnel qui manipule les pesticides à usage de santé publique ;  Renforcement du suivi et la minimisation du développement de résistance des vecteurs aux pesticides. Responsables

86

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Ministère de la santé publique notamment Service de lutte Anti vectorielle, la Direction de l’épidémiologie et la lutte contre les maladies Echéance : Action à mettre en œuvre à court et moyen terme Budget de l’action : Voir étude du ministère de la santé

87

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°6

Action à mettre en œuvre Réduction des risques que présentent les pesticides sur l’environnement Justification de l'action Absences au niveau national des études de recherches proprement dites ayant trait au devenir de pesticides après leurs applications et ayant trait à l’aspect se rapportant à leurs résidus et leurs mobilités et enfin leurs transfert vers les nappes. Objectif global Développer la recherche scientifique en relation avec le comportement des pesticides dans les différents compartiments environnementaux après leur utilisation. Objectif spécifique de l'action  Développer des études sur le devenir des pesticides après leur utilisation dans l’environnement ;  Elaborer des outils d’aide à la décision à moindre coût afin de réduire les risques des pesticides sur l’environnement. Activités:

Etablissement des programmes de recherche-Développement au niveau régional Résultats attendus

 Mettre à la disposition des acteurs de développement des outils de décision indispensable en ce qui concerne la maitrise des techniques de mesures en minimisant les coûts ;  Définir les possibilités de projections permises par les techniques de modélisation.

Responsables

L’INRA et les autres organismes de recherche.

Echéance :

Action à mettre en œuvre à court et à moyen terme Budget de l’action : Mobilisation des stagiaires et des thésards.

88

PESTICIDES : CAS DU GHARB

89

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°7

Action à mettre en œuvre Création d’un observatoire régional pour le contrôle de l’impact d’utilisation des pesticides sur la santé publique Justification de l'action Aucun lien de cause à effet n’a été établi au niveau de la région du Gharb Chrarda Beni Hssen et même au niveau national entre les applications et les utilisations normales des pesticides et leurs conséquences sur la santé humaine ou même animale. Objectif global de l'action Créer un service spécifique dont la mission principale et le contrôle de l’impact des pesticides sur la santé en utilisant des indicateurs pertinents en santé. Activités:  Mener régulièrement des enquêtes épidémiologiques ;  Mener fréquemment des études pour déterminer les indicateurs pertinents en santé en relation avec les pesticides ;  Contrôler l’impact des pesticides sur la santé en utilisant les indicateurs les plus pertinents. Résultats attendus  Instaurer l’observatoire pour le contrôle de l’utilisation des pesticides en santé publique ;  Déterminer les indicateurs pertinent en santé en relation avec les effets chroniques des pesticides ;  Choisir parmi les indicateurs déterminer les plus pertinent ;  Etablir le lien de cause à effet entre l’utilisation des pesticides et les maladies chroniques. Responsables Entêté de coordination gérée par le département de l’environnement dont les membres sont ; l’office national de mise en valeur agricole, la direction régionale de l’agriculture et l’office national de la sécurité sanitaire alimentaire et les services régionaux de la santé. Echéance : Action à mettre en œuvre à moyen terme. 90

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°8 Action à mettre en œuvre Instaurer un programme de suivi environnemental et sanitaire au niveau régional. Justification de l'action Les différentes personnes et services concernés directement par la problématique pesticide doivent exécrer un autocontrôle continu et/ou un suivi environnemental de l’environnement immédiat pour se confronter à la législation, à la réglementation aux normes en vigueur en matière d’utilisation des pesticides. Objectif global de l'action Le plan d’action afférent à cette activité concerne aussi bien l’instauration d’un programme de suivi environnemental et sanitaire et la proposition de mesures à entreprendre par chacun des acteurs concernés par cette activité. Objectifs spécifiques de l’action Instaurer un suivi environnemental et sanitaire au niveau :  Des commerçants et des distributeurs ;  De l’agriculteur ;  Les autorités locales ;  Les collectivités locales. Activités Exécrer un autocontrôle régulier et rédiger des rapports d’une manière périodique sur les différents indicateurs en relation avec les ventes, le stockage, les déchets, les maladies traités, les produits utilisés, l’environnement immédiat, les aliments et la santé. Le ministère de l’intérieur et les autorités locales doivent veiller à la bonne réalisation du suivi proposé. Résultats attendus  Instaurer une démarche de collecte et de détérioration des déchets des pesticides ;  Renforcer les procédures de contrôle aux niveaux de la commercialisation et l’utilisation des pesticides  Agir au moment adéquat pour minimiser les risques que peuvent causer les pesticides. Responsables

91

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Les collectivités et les autorités locales. Echéance : Action à mettre en œuvre à moyen terme Budget de l’action : Fonctionnement

92

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°9

Action à mettre en œuvre Amélioration des conditions de mise sur le marché. Justification de l'action Au niveau national, l’instauration d’un réseau de surveillance et de contrôle d’utilisation des pesticides ou même d’une recherche structurale dans le domaine n’est toujours pas entreprise. Objectif global de l'action Renforcement et amélioration des procédures d’évaluation des produits au niveau législatif. Objectifs spécifiques de l’action Promulgation des textes législatifs relatifs au transport des pesticides et à leurs stockages au niveau des revendeurs

Activités  Retirer du marché les substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction ;  Substitué les produits dangereux avec ceux disponibles et produisant moins de risque ;  Taxer fortement les produits dangereux et présentant plus de risque sur la santé et l’environnement. Résultats attendus  Renforcer et améliorer les procédures d’évaluation des produits ;  Renforcer la gestion des risques liés à la distribution des produits phytosanitaires ;  Assurer une traçabilité des ventes de pesticides.  Promulgation des textes législatifs relatifs au transport des pesticides et à leurs stockages au niveau des revendeurs. Responsables Département de l’environnement, les autorités locales et les collectivités locales. Echéance Action à mettre en œuvre à long terme

93

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Fiche projet de l’action N°10

Action à mettre en œuvre Instauration législative de l’observatoire régional Justification de l'action Afin de doter les observatoires des pouvoirs requis, l’instauration des textes législatifs instituant ces observatoires régionaux pour le contrôle de la pollution des ressources par les pesticides et pour le contrôle de l’impact de l’utilisation des pesticides sur la santé publique et leurs attributions serait d’un intérêt capital. Objectif global de l'action Instauration des textes législatifs pour instituer les observatoires régionaux. Objectifs spécifiques de l’action

 D’établir les assises juridiques pour les inspections relatives aux observatoires régionaux;  Définir les responsabilités d’un observatoire régional ;  D’élaborer la procédure de l’inspection relative à l’observatoire ;  D’élaborer la méthodologie du contrôle spécifique à chaque type d’observatoire ;  D’élaborer un manuel de contrôle générique environnemental spécifique à la pollution par les pesticides ;  D’élaborer un manuel de contrôle générique sanitaire spécifique à la pollution par les pesticides ;

Activités Elaboration des lignes directrices de contrôle et de gestion environnementale via les observatoires régionaux (OR), pour doter les agents de contrôle relevant d’OR d’un outil leur permettant d’accomplir leurs missions dans les meilleures conditions.

Résultats attendus Cadre législatif, institutionnel des observatoires régionaux au niveau de la région du Gharb Chrarda Beni Hssen et par la suite au niveau national.

94

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Responsables Département de l’environnement, Ministère de l’agriculture et de la pêche Maritime, la Santé publique et le département de l’eau. Echéance : Action à mettre en œuvre à long terme Fiche projet de l’action N°11 Action à mettre en œuvre Formation, sensibilisation et l’information de la population et les différents acteurs concernés par la problématique pesticides. Justification de l'action Les pesticides ont un effet néfaste sur la santé humaine lorsque le degré d’exposition dépasse les valeurs limites admises. L’exposition aux pesticides à des niveaux dépassant les limites de sécurité est généralement due à une méconnaissance des risques liés à l’utilisation des pesticides et de la manière de les réduire. Objectif global de l'action Minimiser les risques qui peuvent survenir à la suite d’une exposition directe (ouvriers d’usines produisant les pesticides et les opérateurs et indirecte chez les résidants et les passants.

Objectifs spécifiques de l’action La formation traitera l’ensemble des axes relatifs à l’amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques ainsi qu’aux alternatives de leur utilisation pour une agriculture productive et durable. Activités Formation des professionnels, distributeurs ou applicateurs agrées de produits phytosanitaires notamment :

 Les agrégateurs instaurés dans le cadre du plan Maroc vert et les structures régionales de vulgarisation projetés par le ministère de l’Agriculture et de la pêche Maritime ;  Les délégations régionales de la santé.

Résultats attendus

95

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques ainsi qu’aux alternatives de leur utilisation pour une agriculture productive et durable.

Responsables Département de l’environnement, Ministère de l’agriculture et de la pêche Maritime, la Santé publique et le département de l’eau. Echéance Action à mettre en œuvre à long terme Budget de l’action : 500.000 DH/an

ANNEXE :

LISTE DES MATIERES ACTIVES DES PESTICIDES CONCENEES PAR LES LMR DU CODEX ALMENTARIUS

96

PESTICIDES : CAS DU GHARB

97

PESTICIDES : CAS DU GHARB

LISTE DES MATIERES ACTIVES DES PESTICIDES CONCERNEES PAR LES LMR DU CODE ALIMENTAIRE FAO et OMS 2010

(Entre parenthèses le nombre de produits concernés par la matière active en question) C D 2,4-D (20) Cadusafos (174) DDT (21) A Captane (7) Deltaméthrine (135) Abamectine (177) Carbaryl (8) Diazinon (22) Acéphate (95) Carbendazime (72) Dichlofluanide (82) Aldicarbe (117) Carbofuran (96) Dichlorane (83) Aldrine et Dieldrine (1) Carbosulfan (145) Dichlorvos (25) Aminopyralid (220) Chlorantraniliprole (230) Dicofol (26) Amitraze (122) Chlordane (12) Difenoconazole (224) Amitrole (79) Chlorméquat (15) Diflubenzuron (130) Azinphos-Méthyl (2) Chlorothalonil (81) Diméthénamide-P (214) Azocyclotin (129) Chlorprophame (201) Diméthipin (151) Azoxystrobine (229) Chlorpyriphos (17) Diméthoate (27) B Chlorpyriphos-Méthyl (90) Diméthomorphe (225) Bénalaxyl (155) Cléthodime (187) Dinocap (87) Bentazone (172) Clofentézine (156) Diphénylamine (30) Bifénazate (219) Cycloxydime (179) Diquat (31) Bifenthrine (178) Cyfluthrine (157) Disulfoton (74) Bioresméthrine (93) Cyhalothrine (y compris Dithianon (180) Bitertanol (144) cyhalothrine lambda) (146) Dithiocarbamates (105) Boscalide (221) Cyhéxatin (67) Dodine (84) Bromopropylate (70) Cyperméthrine (118) Bromure De Méthyle (52) Cyprodinil (207) Bromure Inorganique (47) Cyromazine (169) Buprofezine (173) Butoxyde De Pipéronyle (62) E F Endosulfan (32) Famoxadone (208) Endrine (33) Fénarimol (192) Esfenvalérate (204) Fenbuconazole (197) Éthéphon (106) Fenbutatin-Oxyde (109) Ethoprophos (149) Fenhexamide (215) Éthoxyquine (35) Fénitrothion (37)

98

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Etofenprox (184) Fenpropathrine (185) Fenpropimorphe (188) Fenpyroximate (193) Fenthion (39) Fenvalérate (119) Fipronil (202) Fludioxonil (211) Fluméthrine (195) Fluopicolide (235) Fluorure de soufre (218) Flusilazol (165) Flutolanil (205) Folpet (41) G N S Glufosinate- Novaluron (217) Spinetoram (233) Ammonium (175) O Spinozad (203) Glyphosate (158) Oxamyl (126) Spirodiclofen (237) Guazatine (114) Oxydéméton-Méthyl (166) Spirotetramate (234) H P T Haloxyfop (194) Paraquat (57) Tebuconazole (189) Heptachlore (43) Parathion-Méthyl (59) Tébufénozide (196) Hexythiazox (176) Penconazole (182) Tecnazène (115) Hydrazide Malique (102) Perméthrine (120) Teflubenzuron (190) I Phénamiphos (85) Terbufos (167) Imazalil (110) Phényl-2 Phénol (56) Thiabendazole (65) Imidacloprid (206) Phorate (112) Thiaclopride (223) Indoxacarbe (216) Phosalone (60) Tolclofos-Méthyl (191) Iprodione (111) Phosmet (103) Tolylfluanide (162) K Phosphure d'hydrogene (46) Triadiméfon (133) Krésoxim-Méthyl (199) Pirimicarbe (101) Triadiménol (168) L Prochloraze (142) Triazophos (143) Lindane (48) Procymidone (136) Trifloxystrobin (213) M Profénofos (171) Triforine (116) Malathion (49) Propamocarbe (148) V Mandipropamid (231) Propargite (113) Vinchlozoline (159) Metaflumizone (236) Propiconazole (160) Z Métalaxyl (138) Prothioconazole (232) Zoxamide (227) Méthamidophos (100) Pyraclostrobin (210)

99

PESTICIDES : CAS DU GHARB

Méthidathion (51) Pyréthrines (63) Méthiocarbe (132) Pyriméthanil (226) Méthomyl (94) Pyrimiphos-Méthyl (86) Méthoprène (147) Pyriproxifen (200) Méthoxyfénozide (209) Q Myclobutanil (181) Quinozyfène (222) Quintozène (64)

100