Bulletin De L'institut Pierre Renouvin

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Bulletin De L'institut Pierre Renouvin Université Paris I Panthéon-Sorbonne Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin numéro 25 Printemps 2007 BULLETIN DE L’INSTITUT PIERRE RENOUVIN 1, rue Victor Cousin 75005 Paris Tél. : 01 40 46 27 90 Télécopie : 01 40 51 79 34 Courriel : [email protected] Site Internet : http://ipr.univ-paris1.fr REDACTION : Robert Frank, Rédacteur en chef, Félix Chartreux, Jérémie Tamiatto, Secrétaires de rédaction, Farid Ameur, Félix Chartreux, Anaïs Fléchet, Jean-Michel Guieu, Denis Guthleben, Hélène Harter, Véronique Hébrard, Catherine Horel, Fabrice Jesné, Audrey Kichelewski, Marie-Françoise Lévy, Bernard Ludwig, Antoine Marès, Jenny Raflik, Hugues Tertrais, Géraldine Vaughan. © Institut Pierre Renouvin, 2007 ISSN 1276-8944 SOMMAIRE ÉDITORIAL Hugues Tertrais p. 11 CHANTIERS Chloé Belloc • La création du Conseil International de la p. 17 Philosophie et des Sciences humaines, 1946-1949 Aurélie Dugue • L’enfant et la communauté internationale p. 43 Laetitia Guittard • L’union politique de l’Europe dans la première moitié des années 1980, 1979- p. 55 1986 Monika Novacka • La communauté de conflit germano- polonaise, Janvier-Décembre 2003 p. 71 Marion Pierangelo • François Guizot et Jean Colettis. La p. 85 relation franco-grecque revisitée / 6 Chloé Acher • L’image de Jacques Chirac dans la presse américaine, Novembre 1994-Avril 2002 p. 99 Ates Uslu • Le comte Mihal Karolyi et la France. Regards croisées, 1909-1919 p. 115 Jeremy Rubinstein • Garage Olimpo de Marco Bechis. Une représentation synthétique des camps de concentration clandestins de la dernière p. 131 dictature argentine Romain Masson • Le conservatisme américain contemporain. p. 143 De Barry Goldwater à Newt Gingrich Elena Razvozjaeva • L’Histoire du tourisme russe en France, 1885-1914 p. 159 COMPTES RENDUS DE THÈSES Sofia Papastamkou • La France au Proche-Orient, 1950-1958. p. 177 Un intrus ou une puissance exclue ? / 7 Sophie Baby • Violence et politique dans la transition démocratique espagnole, 1975-1982 p. 189 Philippe Strub • La renaissance de la marine française sous la Quatrième République, 1945-1956 p. 197 Andreï Kozovoï • Présence des États-Unis en URSS, 1975- 1985. Le grand public soviétique et les p. 207 pratiques périaméricaines des pouvoirs / 8 / 9 VIE DES CENTRES Toutes les informations concernant les centres sont désormais disponibles sur le site http://ipr.univ-paris1.fr Centre d’histoire nord-américaine Directeur : Annick FOUCRIER Centre de recherches d’histoire de l’Amérique latine et du monde ibérique Directeur : Annick LEMPÉRIÈRE Centre de recherches sur l’histoire de l’Europe centrale contemporaine Directeur : Antoine MARÈS Centre de recherches sur l’histoire des Slaves Directeur : Marie-Pierre REY Centre d’histoire des relations internationales contemporaines Directeur : Robert FRANK Éditorial HUGUES TERTRAIS La génération des mémoires présentées dans ce numéro constitue un nouveau témoignage de la richesse et de la diversité des recherches qui s’effectuent dan le cadre de l’Institut. Cette série de travaux apparemment difficile à penser ensemble forme finalement un ensemble cohérent. Le premier XIXe siècle n’en est fort heureusement pas absent : Marion Pierangelo revisite ainsi les rapports entre la France de la Monarchie de Juillet et la jeune Grèce indépendante à travers les relations entre le ministre français des Affaires étrangères Guizot, qui entend notamment consolider la monarchie grecque, et le chef du gouvernement d’Athènes Jean Colletis, d’abord ambassadeur de son pays à Paris. Elle s’interroge en particulier sur la personnalisation de la diplomatie française en Grèce, qui soutient un parti « français » qui ne résistera pas à la mort de son chef. Les premiers pas de la jeune Grèce en sont d’autant éclairés. Parmi les objets restant à explorer dans la période qui s’achève en 1914, Elena Razvozjaeva explore dans son mémoire le tourisme russe en France entre 1885, date de l’ouverture de la première agence touristique russe, alors que le mot apparaît également, et le déclenchement de la Première Guerre mondiale. La République française et le vieil empire tsariste sont alors alliés, Paris et la Riviera méditerranéenne attirent et les conditions matérielles s’y prêtent : aux progrès du transport ferroviaire et, dans une moindre mesure, maritime, s’ajoutent l’aisance des plus aisés et l’émergence d’une classe moyenne, qui trouvent dans les premiers guides de quoi satisfaire leur curiosité. Significatifs des réalités de l’époque, ces Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin / 12 voyages le sont aussi de l’image de l’autre – des Russes par les Français et vice versa – qu’ils font émerger. Avec les bouleversements qu’elle provoque en Russie et en Europe centrale, la Grande Guerre interrompt bien sûr ce type de déplacement : d’autres problèmes se présentent, d’autres questions se posent, en particulier le devenir du grand empire austro-hongrois d’où le conflit est parti. Ateş Uslu présente une étude sur les rapports entre le comte Mihály Károlyi et la France. Populaire leader du parti de l’indépendance à la veille du conflit, resté fidèle à l’héritage de Kossuth et à l’esprit de 1848, M. Károlyi prendra la tête du gouvernement républicain provisoire en novembre 1918 avant de devoir démissionner en mars 1919. Le rôle des hommes le dispute ici aux bouleversements du temps : Károlyi apparaît francophile alors que la conférence de Versailles s’apprête à imposer un sort peu enviable à la Hongrie, et est plus ou moins jugé responsable de l’arrivée au pouvoir – immédiatement après – des communistes hongrois. Sa trajectoire apporte un éclairage important sur l’identité hongroise et la sortie de guerre à Budapest. Mais le projet européen paraît encore loin. Les autres mémoires situent plus leurs réflexions dans le contemporain, post-1945, voire le très contemporain sur l’Europe, justement. Laëtitia Guittard, de manière inédite, analyse l’Union politique de l’Europe avant l’Union, pourrait-on dire, c’est-à-dire le lent processus de politisation de la Communauté européenne entre 1979 et 1986. Cette histoire politique de la Communauté est un peu celle du non-dit, faite de rebondissements et de tensions entre les deux modèles à l’œuvre depuis les débuts de la construction européenne : « le supranational et l’intergouvernemental ». Rapports et projets se succèdent sur le sujet, jusqu’à ce que le « moteur franco-allemand » se remette en route, avec le tandem Mitterrand-Kolh, et que, principalement avec la présidence de Jacques Delors, à partir de 1985, la dynamique de la Commission soit relancée avec l’Acte unique (1986). Ainsi, la coopération politique européenne se structure-t-elle progressivement, tant à l’intérieur de l’Europe qu’en dehors de ses frontières. L’Acte unique, qui institutionnalise et codifie la pratique de Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin / 13 coopération, apparaît à la fois comme un aboutissement des efforts de relance politique et l’ouverture d’une nouvelle page qui va conduire à l’Union européenne. L’Union réalisée à Maastricht et depuis, en particulier dans l’élargissement à l’Est, ne pouvait cependant pas effacer d’un coup de baguette magique tous les problèmes politiques intra européens. Monika Novacka, qui avait dans un premier mémoire analysé la « communauté d’intérêts » germano-polonaise dans les années 1990, en montre les limites dans la crise de 2003, lorsque les relations entre les deux pays tendent plutôt à constituer une « communauté de conflit ». Trois éléments de divergence, comme un retour de l’histoire et un rappel de mémoire, alimentent alors les tensions : la participation de la Pologne, d’abord, à l’appel des huit pays européens en faveur d’un soutien aux États-Unis face à l’Irak de Saddam Hussein, qui l’oppose à l’attitude allemande et à celle de la France ; peu après, le projet d’Erika Steinbach de construire à Berlin un centre commémorant les expulsés allemands d’après-guerre, comme si certains « déplacés » devaient avoir plus que d’autres un traitement de faveur ; la question du pouvoir respectif des États enfin – le système de vote au Conseil de l’UE – telle qu’il ressort du traité de Nice. Le cadre européen jettera finalement les bases d’un partenariat équilibré entre les deux États. Au-delà de cette structuration « régionale » et de ses implications, de nouvelles recherches confirment l’importance du système international mis en place depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur un modèle on le sait élaboré dans l’entre-deux-guerres : l’ONU et ses agences poussent leurs initiatives de coopération dans des domaines où on ne les attend pas toujours et enrichissent les relations internationales de nouvelles initiatives. Chloé Belloc montre ainsi comment la création en 1946 de l’Agence des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) rend possible la création d’une sorte d’ONG regroupant des savants et des intellectuels, le Conseil international de la philosophie et des sciences humaines (CIPSH). S’appuyant sur de premières initiatives prises dans Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin / 14 l’entre-deux-guerres, dans le cadre de la Société des Nations, ce Conseil international essaie de tenir l’équilibre, voire de concilier les deux dynamiques de coopération scientifique existant, celle qui entend penser « la » science de l’homme, au singulier, et celle qui s’inscrit dans la réalité, la pluralité des sciences humaines. La création de la revue Diogène en 1952, portée par le concept de « sciences diagonales », constitue son action la plus innovante, avec l’objectif de créer un lieu de rencontre transdisciplinaire où penser la complexité du savoir. L’idée réaliste de la « diversité culturelle » et du « paradigme de la complexité » se maintient cependant. Sur un objet bien différent mais également nouveau Aurélie Dugué s’intéresse, pour sa part, à l’émergence d’un thème qui s’impose finalement à la communauté internationale : l’aide à l’enfance.
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