n°27 - Septembre 2013 Trimestriel - n° d'agrément : P914556 - Bureau de dépôt : 4099 Liège X Expéditeur : MdC, rue d'Orléans, 2 - 6000 Charleroi

La saga d’Inga

La drépanocytose Kolwezi 1978 MdC L’hommage des éléphants asbl 1 Editorial Sommaire Avec la Nous faisons appel à l’aide et s o r t i e aux suggestions, toutes bienve-

Mémoires du Congo © PhotoCS du n°27 nues, des lecteurs de Mémoires de sep- du Congo pour nous aider dans et du Ruanda-Urundi tembre cette tâche. 2013, la Mais pour l’heure, je voudrais Périodique n° 27 - Septembre 2013 nouvelle vous relater un conte de fée dont Editorial 2 équipe Mémoires du Congo a été l’ini- de ré- tiateur involontaire. Le mot de l’Administrateur délégué 2 daction L’un de nos membres, parcourant de Mé- l’article du Professeur Balace, Prix Ashden 3 m o i r e s paru dans le numéro 26 de juin Hommage 3 du Congo a trouvé son rythme dernier, a eu l’immense surprise de croisière et espère entrevoir, et le bonheur intense de décou- La drépanocytose aujourd’hui 4-7 avec optimisme, des perspectives vrir une photo (en page 5) dont Kolwezi 78 8-14 d’avenir riches de foisonnement il ignorait totalement l’existence : d’idées et favorables au dévelop- celle de ses enfants, qu’il avait La saga d’Inga 16-19 pement de sujets d’autant plus décidé de rapatrier en Belgique variés que nous entrons dans dans la foulée des événements Les guépards de Mobutu 20 une période particulièrement tragiques de juillet 1960, et qu’il a Elisabethville, d’emblée je l’ai aimée 21-23 féconde en commémorations reconnus, descendant de la pas- et anniversaires auxquels nous serelle de l’avion de la Sabena L’hommage des éléphants 24-25 nous devrons de faire un large qui les amenait à Bruxelles. Roasio, les anciens du Congo prêts à témoigner 26 écho, par devoir de mémoire et par respect de notre histoire C’est sans doute cela aussi, la Calendrier 2013 - Activités 27 nationale. magie que peut générer une Dans les prochains numéros, publication telle que Mémoires L’esclavage en terre d’Islam 28-30 le 100e anniversaire de la 1ère du Congo, celle de la découverte Kindu, petite histoire d’un poste de la Sûreté 31-33 Guerre Mondiale, le 50e anniver- de moments ou de souvenirs in- saire des événements de Stan- connus de ceux qui en ont été Lire 34 leyville et Paulis, le 20e anniver- les initiateurs. Echos de MdC 35 saire de la mort de nos militaires Souhaitons pouvoir encore vivre belges au Rwanda exigeront de de tels moments de joie et de In memoriam Henri de Chaunac 36 la part de notre équipe de rédac- petits miracles. tion une attention soutenue pour Photo de couverture : © Thierry Claeys Boùùaert, en relater des évocations fidèles ■ Chantal Schaller le site d’Inga sur le fleuve Congo et non-partisanes. Rédacteur en Chef Le mot de l’Administrateur délégué L’œuvre de mémoire de notre as- ne pas avoir suffisamment parlé de notre association ne cesse de sociation, initiée par les membres avec son père ou son grand-père, baisser. Si les premiers sont au- fondateurs était, à l’origine, uni- aimerait en savoir plus sur la vie jourd’hui largement octogénaires, quement destinée aux étudiants menée au Congo Belge ou au les sexagénaires se font de plus en Histoire afin de laisser une Rwanda et au Burundi. en plus nombreux. trace de ce que fut la colonisation Ainsi, nous devenons aussi des Nos aînés devraient prendre en belge en Afrique centrale. “passeurs de mémoire” pour les considération ce qui peut se pas- Les fondateurs de “MdC” n’avaient familles et nous pouvons leur ser après leur départ et le pré- pas prévu que ce travail intéres- fournir l’enregistrement recher- parer. Plutôt que d’offrir pour serait aussi les descendants des ché mais aussi les renseigner sur la Noël ou un anniversaire un témoins enregistrés tout au long les conditions dans lesquelles cadeau inapproprié, pourquoi ne de notre existence (plus de 300 vivaient nos compatriotes par pas offrir un abonnement à notre à ce jour). le biais des nombreux docu- revue “Mémoires du Congo”. En effet, lors de chaque parution mentaires réalisés par nos soins Si vous appréciez non seulement de notre revue, nous sommes concernant la vie des territoriaux, le contenu rédactionnel de notre contactés par un fils de ..., une Nous devenons des agronomes, des enseignants, magazine mais si vous jugez aussi fille de ..., nous annonçant le des “passeurs de des médecins,... que la forme vous convient, n’hé- décès d’un parent et déclarant mémoire” pour Les spectateurs des premières sitez pas ! Offrez à vos enfants renoncer à l’affiliation de ce der- les familles séances de projections organisées et/ou petits-enfants la possibilité nier. à Tervuren sont remplacés au fil de le lire, de le conserver et de le Mais, quelques temps plus tard, des ans par un public plus jeune relire encore !!! nous sommes recontactés par la et, parallèlement, l’âge moyen même personne qui, regrettant de des membres actifs bénévoles ■ Paul Vannès

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 2 “Même en période de crise en Europe, restons ouverts aux pays en développement. Pour nous Belges, soyons attentifs à l’Afrique Centrale avec laquelle nous avons tissé tant de liens, et qui traverse aujourd’hui tellement d’épreuves.”

Albert II - 20 juillet 2013

Le Conseil d’Administration et les membres de “Mémoires du Congo” présentent leurs félicitations à S.M. le Roi Philippe à l’occasion de son avènement. Ils adressent leurs remerciements et rendent hommage à S.M. le Roi Albert II qui, pendant les vingt années de son règne, a garanti la stabilité de la Nation. © Photo News

Prix Ashden pour le projet “foyers améliorés” du WWF Dans notre revue “Mémoires du Congo” du mois de Les foyers améliorés permettent de réduire de façon juin, nous vous décrivions dans la rubrique écologie le significative la consommation de charbon de bois, et projet “Foyers améliorés”, à l’initiative de Thierry Bod- de ce fait ont un impact positif à la fois sur les finances son : “L’utilisation rationnelle du bois comme source des habitants et sur l’environnement. d’énergie” (p. 32 et 33). Le 26 juin, nous apprenions Le WWF Goma propose aux entreprises locales de que ce projet était couronné du prix Ashden Waterloo construire et de vendre bon marché des foyers simi- Foundation pour sa contribution à rendre une énergie laires aux fours traditionnels mais dont la conception durable accessible à tous. réduit de moitié la consommation de charbon de bois. Cette initiative participe à la protection du fragile envi- Ashden est une œuvre de bienfaisance basée à Londres, ronnement forestier du parc des Virunga. Par son projet qui récompense chaque année des projets novateurs Eco-Makala, le WWF aide et encourage également les locaux contribuant à limiter l’empreinte carbone, promou- petits propriétaires fonciers à se lancer dans la planta- voir l’énergie durable et réduire la pauvreté au Royaume- tion d’arbres à croissance rapide, destinés à produire du Uni et dans les pays en développement. charbon de bois afin d’épargner la forêt des Virunga. Des projets qui protègent l’environnement et améliorent la qualité de vie. Les deux projets menés en parallèle visent à aider les habitants de Goma à répondre à leurs besoins en énergie La déforestation rapide dans le parc national des Virunga, sans passer par la voie illégale et hors de prix. Jusqu’à en RDC, menace son écosystème fragile et plus de la présent, 45 000 fours ont déjà été vendus. Nous ne pou- moitié de la population mondiale des gorilles de mon- vons que soutenir et encourager de telles initiatives et tagnes. La principale cause de cette déforestation est la espérer qu’elles puissent se multiplier à travers tout le production illégale de charbon de bois pour laquelle pays. L’avenir des populations et de leur environnement la population de Goma dépense une grande partie de en dépendent. ses revenus. ■ Françoise Moehler - De Greef

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 3 Santé La drépanocytose, de nos jours “Tous étaient atteints…, mais tous ne mourraient pas” (librement adapté des “Animaux malades de la peste” - Jean de La Fontaine) La drépanocytose est une maladie génétique à transmission récessive causée par la présence dans le globule rouge, d’une hémoglobine anormale due à une mutation, appelée hémoglobine S. Dans sa forme grave, elle est caractérisée par l’apparition, très tôt dans l’enfance, de crises douloureuses à répétition, d’anémie grave, troubles cardio-pulmonaires et d’infections sévères. Ces complications sont responsables d’hospitalisations fréquentes, sources d’un absentéisme scolaire important et de problèmes relationnels et financiers très fréquents chez les parents des drépanocytaires. ortie de la nuit des poxie (conséquence de la dimi- Des statistiques fran- temps, la drépa- nution de la quantité d’oxygène chement déroutantes nocytose cohabite dans le sang), de stress, de dés- et ahurissantes avec le paludisme hydratation..., l’hémoglobine S endémique depuis Le palu à devient dure et déforme les Aujourd’hui, la malaria peut être plusieursS millénaires partout où Plasmodium globules rouges, qui prennent prise en charge et on en guérit la malaria décimait des popu- Falciparum tue alors la forme de faucille (dre- aussi facilement. Mais l’igno- lations entières qui ne connais- encore aujourd’hui, panon en grec), appelés “dré- rance empêche encore le dépis- saient ni hôpitaux, ni pharma- chaque année, panocytes”. tage de nos populations qui, de cies, ni laboratoires. environ un million Les drépanocytes sont rapi- ce fait, continuent à mettre au d’individus dement détruits dans la rate, monde chaque année plus de Il s’agit d’une mutation géné- aggravant ainsi l’anémie. Ils ne 300.000 nouveau-nés drépa- tique “salutaire”, comme il s’en peuvent plus traverser les petits nocytaires. En outre, plus de produit régulièrement dans le vaisseaux sanguins qu’ils obs- 90 % de ces bébés drépanocy- monde des vivants. Celle-ci truent, provoquant des douleurs taires naissent en Afrique : là où permettra aux populations afri- souvent atroces et invalidantes tout manque, surtout les soins caines, menacées d’extinction au niveau des os, des articula- appropriés pour cette catégorie par la malaria, de survivre, en Crises vaso-occlusives : tions, des intestins ... C’est le de malades généralement très générant des individus hétéro- embouteillages des cas des crises vaso-occlusives. hémoglobines démunis. zygotes AS, porteurs sains du trait ‘S’ de la drépanocytose (qui les protège contre la malaria) mais qui en fait des géniteurs potentiels d’individus ‘SS’, at- teints de la drépanocytose.

Les individus porteurs des gènes ‘AS’ ont alors acquis et développé une résistance rela- tive, magnifique parade contre cette hécatombe causée par le paludisme, surtout le palu à Plasmodium Falciparum qui tue encore aujourd’hui chaque an- née environ un million d’indivi- dus. Malheureusement ce gène qui protège contre la malaria, fait beaucoup de ravages dans les populations drépanocytaires SS, en particulier en Afrique. Lorsqu’un individu drépanocy- taire se trouve en situation d’hy-

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 4 En RD Congo, un tiers de la bien de la part de nombre de Les derniers rescapés de cette population, soit plus de 20 mil- soignants que de la population En cas d’absence hécatombe, adolescents ou lions de Congolais, est consti- elle-même. Et pour offrir des de soins adultes, accumulent des lésions tuée de porteurs sains AS, dits soins médicaux de qualité à ces appropriés, et telle chroniques et dégénératives, drépanocytaires hétérozygotes. 80.000 drépanocytaires, il fau- sources de multiples handicaps Presque tous s’ignorent tels ou drait débourser chaque année est précisément définitifs : des séquelles neuro- ils feignent de l’ignorer, espérant près de 80 millions de dollars la situation en logiques d’AVC drépanocytaire un miracle qui leur épargnerait pour la seule ville de . Afrique, environ 60 avec diverses paralysies, des la naissance malencontreuse à 80 % d’enfants séquelles cognitives ou ortho- d’enfants Anémiques-SS (drépa- En cas d’absence de soins appro- drépanocytaires pédiques (boiterie post nécrose nocytaires homozygotes). Tant priés, et telle est précisément n’atteignent aseptique des têtes fémorales qu’ils n’en souffrent pas eux- la situation en Afrique, environ pas leur 5e c’est-à-dire une dégénérescence mêmes, ils préfèrent ne pas se 60 à 80 % d’enfants drépano- anniversaire des tissus osseux du fémur, sentir concernés. Hélas ! cytaires n’atteignent pas leur bassin vicié c’est-à-dire défor- 5e anniversaire, laissant leurs mations séquellaires du bassin Mais, des unions AS–AS, ou familles désemparées et sans suite à des thromboses intra- AS–SS, sont susceptibles de aucune explication rationnelle. osseuses) et des complications donner naissance à plusieurs Eminemment fragiles, comme oculaires, telles la rétinopathie bébés drépanocytaires. C’est la porcelaine de Sèvres, nos drépanocytaire, et même la ainsi que dans la seule ville de Anémiques-SS nécessitent des cécité… Kinshasa, – dix millions d’habi- soins particuliers et une vigi- Qualifiée, il y a encore quelques tants –, on dénombre plus de lance de tous les instants. Les décennies, de “maladie essen- 80.000 malades drépanocytaires survivants restent confinés dans tiellement confinée à la race homozygotes - SS. l’antichambre de la mort, en sur- noire”, la drépanocytose s’est sis de vie ou de mort. émancipée et s’est échappée de Leur prise en charge médicale ce carcan à connotation raciste (PEC) nécessite en moyenne Cette dernière les guette et peut pour envahir notre planète tout entre 500 et 1.000 $ par an, les frapper à l’occasion d’une entière, empruntant, comme selon les cas, alors que le pou- complication grave et imprévi- tout le monde, les routes et voir d’achat du Congolais moyen sible, comme un accident vas- autoroutes des flux migratoires est très faible, de 30 à 50 € par culaire cérébral (AVC) drépa- et de la mondialisation : traite mois, soit 360 à 600 € par an. nocytaire, une accentuation de négrière et viol des femmes Les nombreux décès que nous l’anémie, une défaillance multi- noires, migration choisie ou enregistrons s’expliquent par viscérale, une séquestration clandestine, tourisme, mariages Génétique héréditaire l’absence de soins et la mécon- splénique (augmentation brutale mode de transmission interraciaux. naissance de la maladie, aussi de la taille de la rate). de l’anémie SS En Belgique, le dépistage néo- natal systématique réalisé dans toutes les maternités bruxel- loises et dans quelques materni- tés de Liège a permis de relever une prévalence de 0,06 % de malades (72/123.113 naissances), soit 1 drépanocytaire pour 1.710 naissances à Bruxelles et de 0,11 % de malades (5/4.713 nais- sances), soit 1 drépanocytaire pour 943 naissances à Liège. Il existe en Europe, des pays ou régions dans lesquelles la dré- panocytose est autochtone, en particulier dans le bassin médi- terranéen, où elle cohabite avec la Thalassémie (autre maladie génétique entraînant une défi- cience des globules rouges) : le sud de l’Italie, la Grèce, le sud de l’Espagne, l’Albanie, la Tur- quie, avec des fréquences de porteurs du trait entre 1 et 5 % de la population.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 5 Santé La drépanocytose, de nos jours

Dans d’autres pays européens, Nous sommes solidairement la maladie est apparue avec les condamnés à partager les efforts flux migratoires, ou à la suite que nous impose la lutte contre d’un passé colonial en Afrique, la drépanocytose. Et le temps au Moyen-Orient ou en Asie : presse ! Aujourd’hui, la drépa- c’est le cas du Royaume-Uni, de nocytose ignore les frontières la France, de la Belgique et des administratives et raciales. Pays-Bas. Qu’elle soit une drépanocytose autochtone ou d’importation, Selon le professeur Fréderic qu’importe ! Galactéros, spécialiste de la dré- panocytose, hormis la Grèce où Actuellement la drépanocy- l’incidence dépasse peut-être 10 tose ne tue pas seulement en cas par million d’habitants et Afrique, mais partout, là où elle par an, on enregistre 160 à 190 s’est invitée. Elle se moque su- nouveau-nés par an en Grande- perbement des frontières et des Bretagne, 290 à 335 nouveau- races. N’est-il donc pas temps nés par an en France et 20 en que le monde ouvre enfin les Belgique. yeux et se penche un peu plus sur cette maladie grave, qui ne Le paludisme endémique, frappe pas que les autres et qui n’ayant été éradiqué en Calabre menace toutes les races et toutes et en Sicile que dans les années les nations ? 50, il n’est donc pas impossible de penser qu’il ait pu exister, dans cette contrée d’Europe ou ■ Jean Fidèle Kaluila Mamba même ailleurs, comme c’est le cas en Grèce, une mutation sem- ■ Henri de la Kethulle de blable à celle qui a provoqué et Ryhove SJ entretenu le gène responsable de la drépanocytose en Afrique Illustrations : The Bönkela et en Asie.

Une menace mondiale

Le monde est devenu au- jourd’hui un village planétaire où les mariages mixtes ignorent les frontières et mélangent les races, les sangs, les chromo- somes et les gènes. Le métis- sage répété et intensif a produit des métis qui sont “plus blancs et moins métis”. Aujourd’hui, quelques enfants tout blancs, ayant des ancêtres très loin- tains d’ascendance africaine, sud-européenne ou asiatique, sont aussi atteints d’un syn- drome drépanocytaire majeur (anémie SS, thalasso-drépano- cytose, anémies SC, SDPundjab, SOArab, SE).

Nous sommes donc tous concer- nés par cette maladie grave et très invalidante physiquement, financièrement, moralement et socialement.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 6 La drépanocytose, maladie de l’ignorance, de la pauvreté, de la rupture et de la douleur. Ignorance à tous les niveaux. Non seulement dans les Le déni de paternité de son enfant-SS se solde fréquem- populations qui en sont victimes qui, pour une bonne ment par l’abandon du foyer par le père. Le cas se pré- part, ignorent sa nature, son incidence et ses méfaits sente assez régulièrement dans les familles à orientation mais aussi dans le chef des agences nationales et inter- matrilinéaire. Le papa, géniteur des enfants, n’est que nationales dont on serait en droit d’attendre programmes partiellement justiciable de ceux-ci, surtout s’ils sont d’éradication et appui financier pour la prise en charge malades et pompent le maigre budget familial. médicale des malades. C’est alors au frère de la maman, l’oncle maternel, qu’il Cette maladie génétique et héréditaire, la plus répandue revient d’endosser la responsabilité et de supporter les au monde et cataloguée en haut lieu comme souci majeur frais de santé de tels rejetons. de Santé Communautaire, semble avoir été reléguée “once Un ménage de plus disloqué. Papa abandonne son épouse and for all”, au compte des Maladies Orphelines ! et ses enfants. Il prend femme ailleurs ; et pour son En Afrique, la perception de cette affection est souvent malheur, son imprévoyance lui fait épouser, une fois de irrationnelle et versée au compte de nuisances occultes plus, une femme AS. Retour à la case de départ ! de toutes sortes. Les foyers à revenu modeste sont, plus que d’autres, De par sa maladie caractérisée par des crises vaso-oc- engagés par ignorance dans des unions à risque du genre clusives à répétition, l’anémique-SS est sujet à d’indes- AS + AS : couples kamikaze dont naissent des enfants criptibles et intolérables souffrances. Douleurs handi- drépanocytaires. Leur condition socio-économique très capantes exigeant des transfusions et l’administration fragile est d’autant plus pénalisée qu’un ou plusieurs d’antalgiques de plus en plus corsés : opiacés (morphine). enfants anémiques exigent des soins excessivement coû- On comprend la réaction de David-SS : “Je ne veux pas teux. Et c’est le début d’une escalade intolérable pour le souffrir et faire souffrir !” En grandissant, David aux foyer qui s’appauvrit de plus en plus. prises avec ‘Goliath’, le mal qui l’habite, monstre qui de La présence de l’enfant-SS déboussole toute la famille. l’intérieur l’invite sur le ring à d’épuisants corps-à-corps, Les accusations parfois se mettent à voler bas. Le déni a conscience du désarroi qu’il occasionne à sa famille. de paternité du mari, AS comme sa femme, fait porter à la maman la responsabilité de telles naissances. Souffrir est inévitable, mais ‘je ne veux pas faire souffrir !’

Guélore, Dorcas, Jonathan et les autres, … Guélore, 19 ans, et Jonathan, 14 ans, Nous vous avons connus tour à tour deux frères, coup sur coup, font leurs Souffrant puis Souriant. Souffrir + adieux à leurs parents. Guélore le pre- Sourire, tel était votre cheminement. mier : “Maman, porte-moi dans tes Vous avez forcé l’admiration de tous bras. Maman, toi et papa, je vous ai ceux qui vous étaient chers. causé beaucoup de peines. Nous sommes fiers de vous qui n’avez Pardonnez-moi toutes mes fautes. jamais capitulé. Vous êtes morts en Au revoir !” héros, acharnés combattants. On est Deux ans plus tard, c’est au tour de tenté de dire que la maladie a triché Jonathan : “Maman, il ne faut plus avec vous ! Vous devriez être encore à qu’on te prenne encore du sang pour nos côtés, hérauts d’un autre temps, moi. Pardonne-moi... Au revoir, ma- à clamer haut et loin que toute vie man !” est si sacrée, qu’on ne peut vendre sa peau que très, très chèrement ! aaa Vous y avez mis le prix : un prix In Memoriam pour Elie Musoki et Dor- qu’on ne discute pas. Pour nous, cas Papa (jeunes adultes de Kikwit qui vous avons très bien connus, en RDC). vous êtes toujours “Vous nous avez quittés dans la rigoureusement debouts, fleur de l’âge, la tête encore pleine ressuscités, comme après de projets. D’autres Sans-Soucis, la chaque crise. plupart plus jeunes que vous, ont pris Reprenant le dessus et carguant à le même chemin. Ils ont passé sur nouveau les voiles pour une traversée l’autre rive. chahutée, en route vers l’autre rive !”

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 7 Anniversaire Kolwezi 78, comment en est-on arrivé là ? Les événements et les massacres de Kolwezi en 1978 ont marqué les esprits. Tenant compte du rôle joué à l’époque par le gouvernement et les militaires belges, il m’a semblé pertinent de proposer une mise au point, axée essentiellement sur les différentes interventions militaires (FAZ, Régiment Para-Commando et 2e REP). Cependant, les témoignages que j’ai recueillis ainsi que la lecture de différents documents m’ont amené à repenser le plan de mon texte, en replaçant “Kolwezi 78” dans un contexte bien plus compliqué. Au final, l’impression que l’on en retire est que le déchaînement des violences à Kolwezi était inéluctable et que rien ni personne ne pouvait en arrêter le cours.

Le Congo, terrain sidents de la Ve République, Tshombe, à faire sécession : l’Etat des rivalités entre la d’accroître l’influence française du Katanga est né. Notons que Belgique et la France au Congo. C’est le début et de l’ethnie majoritaire (les Lundas, la “Françafrique” du Général de dont fait partie Moïse Tshombe), La reconnaissance de l’Etat Indé- Gaulle et des réseaux de Jacques se répartit sur trois Etats : le pendant du Congo (EIC), pro- Foccart. Zaïre, l’Angola et la Zambie, ce priété personnelle de Léopold II, Par rapport à ses deux prédéces- qui explique les “complicités” est entérinée par l’Acte Général seurs, Valéry Giscard d’Estaing transfrontalières. de Berlin, signé en 1885. innove en faisant de la politique L’EIC garantit à tous les étrangers Au cas où africaine sa chasse gardée. Le L’Etat du Katanga, non recon- la liberté de naviguer et de com- Léopold II (et par la Ministère des Affaires Etran- nu, cesse d’exister le 15 janvier mercer sur l’ensemble de son suite, la Belgique) gères en est écarté. Pour faire 1963 : Moïse Tshombe part pour court, la ligne de conduite de l’exil et ses gendarmes se réfu- territoire : c’est la politique de souhaite réaliser, la “porte ouverte”. VGE se définit par un appui gient en Angola. Mais en 1884 déjà, Léopold II, c’est-à-dire vendre inconditionnel à tous les pays désireux de se ménager l’appui ses possessions, africains, amis de la France et En 1964, Tshombe est rappelé de la France, lors des négocia- préférence serait quels qu’en soient les régimes. à Léopoldville et se voit confier tions qu’il mène avec le Portugal donnée à la France Et la France s’en donne les le poste de Premier Ministre. à propos d’un accès à la mer moyens diplomatiques et mili- Sa première priorité est d’éli- pour le Congo, accorde à celle-ci taires (troupes positionnées en miner les rebellions à l’est, qui (qui ne le demande pas) le “droit Côte d’Ivoire, au Gabon, à Dji- occupent une bonne moitié du de préemption” (1) sur l’en- bouti... pays : il a donc besoin d’une semble du territoire congolais. armée forte et disciplinée, ce que n’est pas l’ANC. Il fait alors En clair, au cas où Léopold II (et L’état d’esprit des appel à des mercenaires ainsi par la suite, la Belgique) souhaite Katangais vis-à-vis qu’à ses ex-gendarmes qui, ra- réaliser, c’est-à-dire vendre ses du pouvoir central : menés au pays, forment le Régi- possessions, préférence serait Léopoldville d’abord, ment Baka, commandé par le donnée à la France. Kinshasa ensuite Colonel Tshipola. Ce droit de préemption est une dernière fois rappelé en 1960, Tout au long de la période colo- Les opérations militaires (opéra- à quelques mois de l’indépen- niale et après l’indépendance, tion Ommegang, Dragon Rouge dance du Congo, par Maurice les Katangais (Africains et Euro- à Stanleyville, Dragon Noir à Couve de Murville, ministre péens confondus) ont toujours Paulis, ...) finissent par venir à des Affaires Etrangères de la manifesté un vif ressentiment bout de cette sanglante aventure. Ve République à l’ambassadeur vis-à-vis du pouvoir central, ac- (1) Jean Stengers, cusé de drainer leurs richesses de Belgique à Paris. Devant le “Congo, mythes et réalités”, tollé soulevé par cette démarche, pp 67-68, Racine en poche. et de vivre en parasite, à leurs Le Général Mobutu Lumumba en premier, les Fran- dépens. prend le pouvoir (1965) çais n’insistent pas. Après l’indé- Le 11 juillet 1960, l’anarchie pendance du pays, ce sera une régnant dans le reste du pays En 1965, Joseph Mobutu réussit constante, chez tous les pré- amène le gouvernement de la son coup d’Etat et balaie toutes province, présidé par Moïse les institutions civiles et leurs

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 8 représentants, Tshombe y com- tit la liberté d’expression aux Dès la déclaration d’indépen- pris, qui se réfugie en Espagne. opposants. dance en 1975, le FNLA, ap- Ayant perdu son appui et n’ayant puyé par les FAZ, et l’armée qu’une confiance limitée dans sud-africaine sont aux portes le nouveau régime, le Régi- Le contexte de Luanda. Le régime en place ment Baka se révolte en 1966; international du MPLA est sauvé de la défaite la révolte échoue et son com- grâce aux “Tigres” ainsi que par mandant, le Colonel Tshipola, Les relations avec la Belgique l’aide massive de l’URSS et de est fusillé. sont houleuses, même si elles l’arrivée des militaires cubains. Les troupes mercenaires ainsi sont toujours suivies de réconci- que leurs compagnons d’armes liations. Cependant, les foucades L’Afrique, à ce moment, est un katangais disparaissent du pay- du Président-fondateur sont si des enjeux majeurs de la guerre sage après l’épisode de Bukavu fréquentes qu’à Bruxelles, plus froide : Américains et Sovié- en 1967. L’amnistie proposée aux d’un se pose la question de tiques s’affrontent par alliés ex-gendarmes par Mobutu ne savoir s’il ne faut pas envisager interposés. Mais les Etats-Unis sera jamais respectée. On per- de lâcher le Zaïre. Car tout est du président Jimmy Carter, dra toute trace de ceux qui ont prétexte à querelles. échaudés par la guerre du Viêt rejoint le Congo; ils seront sans Nam, ne s’engagent pas dans doute fusillés par les FAZ. En maître manipulateur, bien au ce conflit. A l’opposé, les Sovié- fait de l’histoire et des rivalités tiques et les Cubains ne font au- Dans la foulée, Mobutu n’oublie coloniales, Mobutu se tourne cun mystère de leurs préférences pas les populations du Sud (1974) alors vers la France de et interviennent activement. Katanga, sympathisantes de Giscard et en reçoit un appui Tshombe : elles sont les victimes diplomatique ainsi qu’une aide désignées de sa politique répres- économique et militaire. Des Première guerre du sive et le gouverneur Jean Foster investisseurs privés sont pré- Le pouvoir central Shaba (mars 1977) Manzikala, de sinistre mémoire, sents dans différents projets, y ne règne plus en est l’instrument. Des milliers compris au Shaba (Dumez dans que par la Les “Tigres” reviennent au pays, de Katangais se réfugient en SMTF). corruption à non pas au nom de Tshombe, Angola : parmi eux, un com- tous les niveaux mais bien au nom de Lumumba. missaire de police de Kolwezi, Dès 1961, à la frontière sud du de l’Etat Ils ont comme objectif de ren- Nathanaël Mbumba, se fera Zaïre, l’Angola voit plusieurs (le “mal zaïrois”), verser le régime et ont l’appui connaître onze ans plus tard. mouvements de libération par la terreur et de l’Angola, sans quoi leur at- affronter le pouvoir colonial taque se révèlerait impossible. La mainmise de Kinshasa sur portugais. Le MPLA (tendance la négation des Leur attaque débute à Dilolo le Katanga, rebaptisé Shaba, marxiste, dirigé par Agostinho droits les plus et progresse rapidement vers est totale : “Congolisation” de Neto et soutenu par le bloc élémentaires Mutshatsha, le long de la voie l’Union Minière d’abord (1966), soviétique), l’UNITA (dirigée de chemin de fer, en direction “zaïrianisation” ensuite (1973), par Jonas Savimbi, soutenu de Kolwezi. radicalisation enfin (1974) ne par l’Afrique du Sud et les Ils prennent Kisenge, où ils sont que des cache-sexe pour Etats-Unis), le FNLA (dirigé s’emparent d’un véritable trésor ce qui est en fait une spoliation par Holden Roberto, soutenu de guerre (plusieurs wagons de pure et simple des biens détenus ouvertement par Mobutu). En manganèse). en majorité par des Belges, spo- lutte contre une guérilla inces- Ils occupent aussi Sandoa et liation dont seuls les proches du sante, l’armée portugaise enrôle, Kapanga où ils espèrent pou- pouvoir mobutiste bénéficient. de son côté, les ex-gendarmes voir rencontrer et convaincre le katangais et en fait une troupe Mwant Yav, grand chef des Lun- Le pouvoir central ne règne aguerrie d’auxiliaires africains das. Peine perdue, le Mwant Yav, plus que par la corruption à qui sont commandés à partir de resté fidèle à Mobutu, a fui. Les tous les niveaux de l’Etat (le 1968 par le Général Nathanaël “Tigres” sont partout accueillis “mal zaïrois”), par la terreur et Mbumba, fondateur du FLNC. en libérateurs. la négation des droits les plus En 1974, le dernier gouverneur Les FAZ sont en déroute et fuient élémentaires. portugais, l’amiral “rouge” Rosa un ennemi qu’elles ne peuvent L’opposition, inexistante à l’in- Coutinho, sympathisant du affronter. Mobutu réagit: son térieur des frontières, se mani- MPLA, participe à une réunion aviation bombarde au napalm feste à l’étranger (MNC-L, FLNC, au cours de laquelle Mbumba et des villages sympathisants. MARC, ...) en ordre dispersé et ses “Tigres” (Troupes d’Infante- trop souvent en Belgique, aux rie de Guérilla Révolutionnaires) Au plan diplomatique, des yeux du dictateur. La liberté de sont enrôlés dans les rangs du accusations de complicité sont parole y existe et, contrairement MPLA. La société “Diamang” est portées contre l’Angola, Cuba, à la France, notre pays garan- partie prenante à l’accord. l’URSS. Un appel à l’aide pres-

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 9 Anniversaire Kolwezi 78, comment en est-on arrivé là ? sant est fait par les autorités zaï- nistration (?) honnies. nationale. Dans le cas du Shaba, roises. Pour ce qui est de la Bel- Mobutu assure sa vengeance et gique, sa réponse est réservée. Mobutu aurait dû tirer les leçons fait en sorte, si pas d’étrangler Même si, à Bruxelles, certains de ce conflit, ce qu’il ne fit pas. la Province, en tout cas de la pensent que les jours du régime Il proposa une énième réforme tenir sous son contrôle. La ligne sont maintenant comptés, il n’est des FAZ et des institutions ainsi à haute tension “Inga-Shaba” en pas mis d’embargo sur les livrai- qu’une moralisation de la société est un des nombreux exemples. sons d’armes. Pour une fois, la (lutte contre le “mal zaïrois”). Les Belgique est épargnée par les choses en restent là. Seules, dans critiques : il faut dire que les le domaine militaire, quelques Deuxième guerre du Belges du Katanga, rassurés réalisations sont à mettre à l’actif Shaba - Kolwezi 1978 par les propos du consul de Bel- des coopérations militaires belge gique à , demeurent (Académie Militaire à , A Kinshasa, les ambassades au travail. Centre d’entraînement de Com- concernées (Belgique, France, mandos à Kota Koli, …) et fran- Etats-Unis) ne sont pas infor- Il reste néanmoins que les re- çaise (CETA (4), formation du mées des événements qui se belles continuent de progres- 311e bataillon Para). préparent. Après le remplace- ser vers Kolwezi dont ils se Tout le reste ne fut jamais qu’un ment du Major Van Melle (qui rapprochent dangereusement. vœu pieu. jusque là commande le service Conseillé par le Colonel Gras, de renseignement militaire des chef de la mission militaire fran- FAZ et renseigne les ambas- çaise au Zaïre, Mobutu fait alors L’intermède sades) par un officier zaïrois, appel, via l’OUA, au roi Hassan II les informations diffusées vers du Maroc qui lui promet d’en- Pendant l’année qui suit cette l’extérieur sont interrompues. voyer un bataillon. Manquant première guerre, des change- de moyens de transport, les ments interviennent en Belgique A Kolwezi même, peu de signes militaires marocains sont trans- et au Zaïre. avant-coureurs alertent les portés par des avions militaires En Belgique d’abord, un nou- Belges : la DGK (5) de la Géca- français (Opération Verveine). veau gouvernement est installé mines et ses principaux collabo- Et le Président Giscard d’Estaing avec L. Tindemans comme Pre- rateurs ne manifestent aucune de justifier cette aide : “Je ne mier Ministre, H. Simonet aux préoccupation. Si quelques veux pas que les Etats africains Affaires étrangères et P. Van domestiques préviennent leurs amis de la France, lorsqu’ils sont den Boeynants à la Défense. employeurs de “choses” qui se à l’intérieur de leurs droits et C’est un gouvernement PSC/ préparent, la majorité des expa- que leur sécurité est menacée, (2) R. Yakemtchouk, in PS/Volksunie, peu suspect de triés ne s’inquiète pas. se sentent abandonnés” (2). “Les deux guerres du Shaba”, sympathies vis-à-vis du pouvoir p. 458, Studia Diplomatica, Vol. XLI : 1988, Num. 4-5-6. mobutiste. H. Simonet avoue ne Le FLNC déclenche son attaque De leur côté, les Etats-Unis se rien connaître au Zaïre. le samedi 13 mai, vers 6 heures maintiennent dans une pru- (3) United Nations High Au Zaïre même, Mobutu s’éver- du matin, venant du sud. Plu- dente réserve. Commissioner for Refugees. tue à faire accepter par les pays tôt que de venir par la route de L’interventionnisme français dits amis, un plan de relance Dilolo et Mutshasha (ouest), là (4) Centre d’Entraînement laisse transparaître une certaine des Troupes Aéroportées, économique que la Belgique où une brigade des FAZ a été irritation de la Belgique : 25.000 situé en face de l’aéroport accepte de coordonner. Mal- déployée, le Général Nathanaël Belges résident encore au Zaïre de Ndjili. heureusement, ce plan n’a pas Mbumba, commandant des et l’opération Verveine est sus- le temps d’être finalisé, les évé- “Tigres”, choisit de passer par ceptible de mettre leur sécurité (5) Direction Générale de nements de Kolwezi étant sur- Mwinilunga en Zambie et, de Kolwezi. en danger. De plus, Paris est venus entretemps ... là, de remonter vers le nord en accusé de vouloir évincer les (6) Les rebelles auraient pu Il faut ajouter que le pays tra- direction de Musokatanda et en- Belges du Zaïre. Finalement, utiliser les automitrailleuses verse des turbulences sans fin : suite de Kolwezi, son objectif. Il grâce à l’aide extérieure, la Panhard des FAZ mais arrestation et condamnation à veut s’emparer des installations “guerre de 80 jours” prend fin elles étaient inutilisables, mort de Nguz Karl-I-Bond (origi- de la Gécamines à Kolwezi, qui vu leur mauvais entretien. avec la retraite des “Tigres” vers Colonel BEM Henrot. naire du Shaba), révoltes au Kwi- produit plus de 25 % du cuivre l’Angola. Mais leur réputation les lu (région dont était originaire P. du Katanga et, ce faisant, pri- précédant, l’arrivée des FAZ fait (7) J. Thiry, P. Gigot Mulele), tentative de coup d’état ver Mobutu d’importantes res- fuir de nombreux habitants. On et A. Denis. militaire (13 condamnations à sources financières. Transportés estime leur nombre à 200.000, mort, sentence accueillie avec par des véhicules de la société (8) Personnel “mis à pris en charge par l’UNHCR (3). disposition”, souvent consternation en Belgique). “Diamang” et équipés cette fois La population katangaise, et recruté pour de très Le fossé entre la Belgique et le d’armes lourdes – mortiers 81, plus spécialement les Lundas, courtes périodes Zaïre ne cesse de s’approfondir mitrailleuses (6) –, les rebelles est une fois de plus la victime (6 mois à 1 an). et, du côté zaïrois, rien n’est fait débouchent par le sud et, après d’une armée (?) et d’une admi- pour aboutir à une réconciliation avoir longé le golf, pénètrent

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 10 aussitôt dans la cité Manika et Battu comme plâtre, Victor For- de leur évacuation ultérieure la partie européenne de la vieille rest n’a la vie sauve que parce (15). Ils sont massacrés le mer- ville. qu’il parle portugais (12). credi 17 mai. Quelques faits tragi-comiques Les premiers tirs d’armes légères Les “Tigres” ont maintenant en- émaillent cette situation : rece- sont entendus et sont pris, dans vahi la totalité de la ville et se vant la visite de rebelles, un un premier temps, pour des tirs sont emparés de l’aérodrome, où expatrié (M. Lecoq) s’entend d’exercices (7). Certains pensent ils détruisent la tour de contrôle (9) Quelques Européens dire qu’ils vont le tuer, à quoi à des manœuvres non annon- et la totalité des avions mili- sont cependant tués dès le condamné répond qu’il a faim les premières heures, entre cées des FAZ. taires zaïrois. Parallèlement, ils autres au nord de la ville et qu’il souhaiterait manger. Des rafales sont tirées vers les enrôlent des jeunes recrues dans (entreprise Baron-Leveque) Il propose alors à ses “invités” maisons, sans faire de victime. les différentes cités de la ville et C. T’Sas. de passer à table et de boire Les visites “domiciliaires” com- les arment. ensemble une dernière Simba. mencent : des petits groupes (10) Grièvement blessé à A la fin du repas, les rebelles lui l’épaule gauche, C. T’Sas, de rebelles en uniforme, disci- sergent réserviste du 1 Bn laissent la vie sauve (16). plinés, dirigés par un chef en La situation devient Para, se cache pendant possession de listes du person- catastrophique dès le 3 jours, sans boire ni Pendant ce temps, Mobutu lance nel expatrié de la Gécamines, 15 mai manger. Caché derrière un appel au secours à la Bel- cherchent les Français et les Ma- sa haie, il voit et entend gique et à la France : “Sauvez des rebelles noirs parler rocains. Même si, à ce moment, La brigade Kamanyola fuit ainsi espagnol. vos compatriotes”. Maintenant ils ne sont pas molestés, plu- que le colonel Tshikeva (13). bien au fait de la situation sur sieurs témoignages concordent Seule une unité des FAZ tient (11) Les liaisons place, les attachés militaires sur le fait qu’il s’agit bien d’une encore les deux ponts sur le téléphoniques entre des ambassades de Belgique “chasse aux Français”. Lualaba, à une trentaine de kilo- Kolwezi et Lubumbashi (Colonel Planard) et de France seront interrompues Il est aussi clair que, parmi les mètres à l’est de la ville. L’état- à partir du mercredi (Colonel Gras), proposent une expatriés, les “anciens”, sachant major zaïrois ne reste cependant 17 mai mais le réseau intervention commune d’unités parler le Swahili, sont considérés pas sans réaction. Gécamines ne cessera pas Para. Bruxelles refuse : il n’entre avec sympathie par les rebelles, Une compagnie du 311e Batail- de fonctionner tout le long pas dans les intentions du gou- ce qui n’est pas le cas des nou- lon Para est larguée le mardi 16 de la semaine. L’eau et vernement belge de passer pour l’électricité seront coupées veaux arrivants, Français pour mai au nord de la ville mais les le même jour. J. Thiry. le sauveur de Mobutu. la plupart et autres “MAD” (8), parachutistes zaïrois sont, pour arrivés en ville dans le cadre du la plupart, massacrés. Le reste (12) G. Jadin. Tout au plus, l’hypothèse d’une projet P2 de développement de du bataillon, commandé par opération humanitaire de sau- la Gécamines. le Major Mahele, rejoint l’aéro- (13) Un témoignage à vetage est prise en considéra- prendre en considération : drome de Kolwezi par la route début ’78, suite à une tion. Ce qui n’empêche pas le La situation des “Européens” le mercredi 16 et en déloge les démarche d’expatriés, ministre Simonet et certains n’est, à ce moment, pas trop rebelles. Le lendemain 18, le lassés des nombreux politiciens socialistes d’envisa- inquiétante (9) : beaucoup sont Major Mahele reçoit une courte “barrages” des FAZ, ger de négocier la sauvegarde aidés par leurs domestiques, la visite de Mobutu. le Colonel Tshikeva des Européens avec les chefs décide de retirer à tous distribution d’eau et d’électricité les militaires zaïrois de du FLNC. Toutes ces tractations est assurée et le téléphone fonc- La situation en ville se dégrade la garnison de Kolwezi se déroulent au vu et au su de tionne. Des pillages, perpétrés déjà à partir du lundi 15 mai. Elle leurs munitions de guerre. tous (presse écrite, radio, TV), de par des rebelles à la recherche devient franchement catastro- Cette mesure n’ayant pas manière telle que les rebelles à d’alcool, de radios, ... sont signa- phique (14), pour les Européens, été rapportée, ceci peut Kolwezi sont informés en temps constituer un élément lés un peu partout. Quelques à partir du 17, date du largage du expliquant pourquoi les réel des intentions du gouver- blessés expatriés, certains griè- 311e Bataillon Para. Persuadés FAZ n’ont opposé aucune nement. vement, sont signalés au quartier d’avoir en face d’eux des paras résistance aux rebelles De leur côté, les autorités fran- P2 (10). français, les troupes du FLNC, le jour de l’attaque. Le çaises (il est plus correct de A noter que la ville est calme la hors de contrôle, massacrent les Colonel Tshikeva sera parler du seul Président de la condamné à mort et, nuit : on n’entend aucun tir. Les Européens et les Zaïrois (il s’agit gracié, mourra en prison République) envisagent une Congolais ne se déplacent pas souvent de partisans de Mobutu à Buluo, près de Likasi opération aéroportée qui aura volontiers la nuit. Le consulat et de “Kasaïens”, établis au Ka- (Colonel BEM W. Mertens). comme objectif de “casser les de Belgique à Lubumbashi est tanga depuis trois générations rebelles” et de permettre, une immédiatement alerté par la parfois et qui n’ont plus aucun (14) R. Yakemtchouk, in fois la ville sécurisée, de garder Les deux guerres du Shaba, DGK (11). Une prison, établie lien avec “leur province”). p. 525, Studia Diplomatica, le personnel expatrié pour une dans la cité Manika, accueille Auparavant, des Européens ont Vol. XLI : 1988, reprise de l’activité de la Géca- les Européens et un “tribunal du été regroupés par des militaires Num. 4-5-6. mines. peuple”, présidé, semble-t-il, par zaïrois à leur QG, situé au quar- un “blanc”, est établi devant le tier P2 : ils y sont enregistrés sur (15) G. Jadin. Les objectifs belge et français bâtiment de la poste : plusieurs ce qui semble être des listes de (16) Ibid. sont donc diamétralement oppo- “prisonniers” y sont molestés. passagers, établies dans le but sés : les deux opérations mili-

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 11 Anniversaire Kolwezi 78, comment en est-on arrivé là ? taires, “Red bean” et “Bonite” sont préparées par les états-ma- jors belge et français ; elles ne sont pas coordonnées : “Rien n’a été fait pour que les deux unités ne se tirent pas dessus. Seul le bon sens et l’esprit de camara- derie des officiers au contact a permis d’éviter de graves inci- dents” (17).

Le mercredi 17 mai, le Régiment (17) Colonel BEM Henrot. Para-Commando, commandé par le Kolonel SBH R. Depoor- (18) L’administration ne ter, ainsi que le 15e Wing de perd jamais ses droits : soucieuse de bonne transport aérien, commandé par gestion mais peu au fait du le Colonel aviateur A. Blum, pla- climat régnant au Shaba, nifient l’intervention. l’unité d’appui logistique Pour pouvoir faire face à toutes fournira à l’ensemble du les hypothèses sur place, d’im- Régiment la totalité de son stock de boîtes de portants moyens sont mis en choucroute garnie. œuvre : un état-major de régi- ment, deux bataillons (1 Para (19) Pour des raisons et 3 Para), l’escadron de recon- techniques, la base naissance, la compagnie anti- de Kleine Brogel, d’abord envisagée char, le centre d’entraînement pour l’embarquement de parachutistes, une antenne des troupes, a été chirurgicale, ainsi que tout refusée par la Sabena : l’équipement nécessaire (nourri- absence de passerelles ture (18), munitions, parachutes d’embarquement et étroitesse des zones de et véhicules). parking pour les Boeings. Les moyens aériens sont à L’embarquement des la mesure : dix C130 et deux troupes s’est fait à l’aéroport Boeings 727 de la Force aé- militaire de Melsbroek, rienne ainsi que huit Boeings dont les bâtiments longent la chaussée de Haecht : 707 de la Sabena (19). Appel est le secret de l’opération ne fait aux Etats-Unis pour qu’ils pouvait être gardé, dans de fournissent à Kamina le carbu- telles conditions. rant nécessaire à l’opération (120 tonnes par jour). La mission des (20) Service Général en place : les premiers C130 Des unités belges sont de Renseignements, Para-Commandos est de tenir décollent de Melsbroek le jeudi arrêtées par des tirs pro- dépendant de l’EM 18 mai à 13H15 et l’ensemble du venant de la Légion l’aérodrome de Kolwezi et d’éva- Général. cuer les ressortissants belges. Régiment Para-Commando est La durée de l’intervention est (21) Un des points de regroupé sur la base de Kamina A peine débarquées, les unités limitée à 72 heures. Cependant, frictions entre Belges le 19 dans l’après-midi (21). progressent vers la ville sui- et Français concerne le vant deux axes : le 3 Para par les renseignements sur la situa- survol de la France et de tion locale manquent : SGR (20) Apprenant par des officiers zaï- la ligne de chemin de fer, gagne certains pays africains rois que l’aérodrome de Kolwezi ne dispose pas de cartes de la par les avions militaires la “vieille ville” et le 1 Para, par région de Kolwezi. belges. Exemple : les trois est occupé par les hommes du la route Kolwezi-Likasi, gagne Heureusement, un directeur de la premiers C130 ont dû Major Mahele, l’EM du régiment la “nouvelle ville”. contourner la France par modifie ses plans et envisage, Auparavant et agissant seuls, Gécamines, présent en Belgique, l’océan Atlantique. Des M. Lauwers, fournit une carte au pour le lendemain, un posé suite aux multiples échanges pays africains ont refusé d’assaut (22) de huit C130 sur 20.000e à l’EM du Régiment qui le survol, ... La vérité avec le Colonel Gras, les au- ignore également à ce moment oblige à dire que la France l’aérodrome de Kolwezi, l’option torités françaises (lire VGE) que l’aérodrome de Kolwezi avait, avec ces pays, des “parachutage” étant écartée. Au ordonnent au 2 REP (23) de autorisations de survol départ de Kamina, trois rota- rejoindre Kinshasa et de se est aux mains du 311 Bn Para : permanentes, ce qui n’était deux parachutages sont donc tions de huit C130 sont néces- préparer le plus rapidement pas le cas de la Belgique. saires pour amener à Kolwezi la envisagées (ancienne plaine Ceci explique que les possible pour un assaut aé- d’aviation et nouvel aérodrome). légionnaires sont arrivés totalité des moyens en hommes roporté sur Kolwezi (24). A partir de ce moment, les quelques heures avant les et matériels ; ce qui est fait en Les légionnaires décollent de Belges. choses se mettent rapidement fin de matinée. la base de Solenzara, en Corse,

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 12 Lors de leur avance, certaines unités belges sont arrêtées par des tirs provenant d’éléments de la Légion. Le capitaine De Wulf, commandant la 17e compagnie, reconnaît son homologue fran- çais; le “malentendu” est vite dissipé. Mis au courant de ces incidents, l’EM du Régiment, établi sur le nouvel aérodrome, envoie deux officiers (le Lieutenant-colonel BEM Kesteloot et le Major Hen- rot) assurer la liaison avec le 2 REP (PC à l’hôtel Impala).

Il est décidé que les Belges occu- peront la ville (vieille et nouvelle) et que les Français s’occuperont des cités Manika et Kanina, les missions respectives restant inchangées. Ne disposant pas d’appui médi- cal, le Lieutenant-colonel Erulin, commandant le 2 REP, demande aux deux officiers belges si ses blessés peuvent être soignés par les médecins de l’antenne Il est décidé chirurgicale belge, ce qui est que les Belges accordé. occuperont la ville (vieille et nouvelle) Dans le laps de temps qui leur et que les Français est imparti (72 heures), les Paras s’occuperont des belges évacuent la ville de ses cités Manika et ressortissants expatriés vers l’aé- Kanina rodrome. Peu refusent l’offre. Ils sont transférés vers Kamina et, de là, vers la Belgique ou vers avec un matériel léger : peu Il est alors 17H00/17H30 (la nuit Lubumbashi. d’armement collectif, pas de est proche) et il est difficile pour (22) Par rapport à un Il est aussi à remarquer que matériel médical sérieux, pas les légionnaires de se lancer à parachutage, un posé des ressortissants zaïrois sont, de véhicules. Les préparatifs du l’assaut d’une ville comme Kol- d’assaut permet un à leur demande, évacués par les saut se passent à N’Djili. wezi. Le terrain est éminemment débarquement et un regroupement très rapide Belges, ce que Mobutu interdira Ne disposant sur place que de favorable aux embuscades. peu après. Le charnier du quar- deux Transall C160 et d’aucun Une deuxième vague est larguée des troupes : en moins de 5 minutes, l’avion est tier P2 est découvert. La ville parachute, les légionnaires au nord de la ville le lendemain complètement évacué, dégage une puanteur atroce : ont recours aux avions zaï- 20 mai à 06H30, au moment un périmètre de sécurité les cadavres jonchent les rues. rois (quatre C130) et aux para- même où les éléments de tête assuré. L’avion peut alors redécoller. On est sans nouvelles de six chutes américains T10, qu’ils ne du 1 Para approchent du quar- coopérants militaires français. connaissent pas : tier P2. (23) Régiment Etranger de Malgré les mises en garde des on improvise, on bricole pour Parachutistes. légionnaires (qui sont confron- fixer l’équipement sur les har- D’après les renseignements tés, disent-ils, a des tirs intenses nais de parachute. que recueille l’officier S2 du (24) Plusieurs personnalités belges, civiles comme en périphérie de la ville), les Pa- Les six avions décollent de N’Djili Régiment, le Major Patte, les ras lancent des reconnaissances le vendredi 19 mai vers 12H00 rebelles ont tous quitté la ville militaires, ont prétendu que l’objectif de VGE était, vers les missions de Mpala et et vers 16H15, larguent une pre- le jeudi matin. Les légionnaires en arrivant avant eux, de Kanzenze, ainsi que vers les mière vague de 400 hommes auraient alors affronté des “ir- d’évincer les Belges de barrages de Delcommune (Nzilo sur l’ancien aérodrome, le temps réguliers” dans les différentes leurs positions influentes au Zaïre. I) et Le Marinel (Nzilo III). Des de regrouper l’unité prenant au cités africaines dans lesquelles Européens y sont sans doute minimum une heure. ils pénètrent. présents.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 13 Anniversaire Kolwezi 78, comment en est-on arrivé là ?

Les trajets se passent néanmoins tés confondues, par les seuls Or, l’électricité est coupée depuis sans incident. Des contacts moyens à sa disposition : fouille une semaine et les pompes ne visuels entre Paras belges et des vêtements (recherche des fonctionnent plus : il y a urgence, rebelles ont lieu : ceux-ci, sa- Même si les Belges pièces d’identité et des clefs des l’eau étant sur le point de noyer chant faire la différence entre les ont payé un maisons), couleur des cheveux le dernier étage des machines. bérets rouges inclinés à droite lourd tribut aux et des poils, dentition, plom- (les Belges) et les bérets verts folies de Mobutu, bages, ... A eux trois et avec l’aide de inclinés à gauche (les Français) il est réconfortant chauffeurs zaïrois, ils amènent (25), aucun accrochage n’est à de constater, Il est aidé par les Pères Fran- le carburant permettant de faire déplorer. sur place, ciscains, qui lui servent de se- redémarrer les groupes électro- crétaires. La mission continue gènes de secours. Les pompes Le 22 mai, vers 04H00, l’opéra- qu’ils sont encore après le départ des Belges : il sont à nouveau opération- tion “Red Bean” est terminée : bien accueillis est hébergé par le détachement nelles mais il faudra quelques le Régiment Para-Commando au Congo militaire français. semaines pour que l’exhaure peut rejoindre la Belgique, mis- (27) soit complète. sion accomplie. Un bataillon, le Il connaît personnellement Début juillet, une fois que les 1 Para, reste cependant au Sha- le Colonel Gras. Lors d’un de machines et véhicules auront été ba pour rassurer la population ses tours de ville, le Dr Ruppol nettoyés et séchés, la production expatriée. tombe sur six cadavres d’Euro- pourra redémarrer (28). péens, nus (26). aaa L’inévitable aspect Il propose aux militaires fran- médico-légal de çais de les identifier : refus poli, la situation à quoi il lui est répondu qu’ils Et tout ça pour çà ! seront rapatriés en France et que Un des problèmes créés par les l’identification se fera là-bas. Ces événements tragiques n’ont massacres est d’ordre médico- pas renforcé Mobutu, bien au légal : il est important que les Un an après sa mission, les corps contraire. cadavres soient identifiés pour seront pour la plupart exhumés que le droit à la succession soit (25) Le contact entre le et rapatriés en Belgique. Son régime survivra jusqu’en ouvert aux ayants-droit. lieutenant Dumortier et Le 22 mai, Kolwezi est vide de 1997 mais, entretemps, suite à un élément rebelle me sa population expatriée. son incurie, la Gécamines aura Sur sa requête auprès du gouver- sera confirmé (en 2010) à fait faillite, il fera massacrer des Kinshasa par un Général nement belge (par le truchement des FARDC qui faisait alors Cependant, trois membres du étudiants à Lubumbashi (1990, du Ministère de la Coopération partie de l’unité “Tigre” personnel de cadre de la Géca- ce qui amènera la Belgique à au Développement), le Dr Jean- concernée. mines, sont restés sur place : mettre fin à toute forme de François Ruppol, médecin-chef deux ingénieurs et un contre- coopération) et il dressera la de la coopération technique (26) Il est probable que maître. population du Shaba contre ces cadavres étaient ceux belge, est désigné pour identifier des coopérants militaires L’un des ingénieurs, directeur les Kasaiëns (la responsabilité les cadavres d’expatriés. français, disparus dès le de la mine de Kamoto, M. Jean locale en incombe à Gabriel début de l’attaque des Thiry, sait que l’eau doit être Kyungu wa Kumwanza, actuel Officiellement mandaté, il dé- “Tigres”. pompée en permanence de président de l’assemblée pro- barque à Kolwezi le samedi 20 cette mine souterraine. vinciale du Katanga). (27) Evacuation des eaux mai au matin. Le QG du Régi- d’infiltration hors d’une ment lui fournit un véhicule et mine ou d’une carrière, par L’influence française ne une escorte. canalisation et pompage. fut qu’un feu de paille. Et même si les Belges ont N’étant pas médecin légiste, il a (28) Mobutu a prétendu payé un lourd tribut aux que “huit ingénieurs zaïrois cependant un solide bon sens et ont permis le redémarrage folies de Mobutu, il est une longue expérience au Zaïre de la production”, réconfortant de consta- (il y est né en 1939). affirmation contredite par ter, sur place, qu’ils sont ce témoignage. encore bien accueillis au Il débute sa mission par le Congo. QG des FAZ, là où se trouve le charnier. Il y dénombre une quinzaine de cadavres et trois ■ Dr Marc Georges survivants (dont deux femmes) Ancien médecin du s’y cachent. 2e Bataillon Commando

En tout, il identifie 80 cadavres Crest du Régiment d’expatriés, toutes nationali- Para-Commando

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 14 Sans titre-1 1 2/05/11 15:10:20 Entrevue La saga d’Inga L’histoire des barrages du fleuve Congo François Misser, journaliste, grand spécialiste de l’Afrique depuis une trentaine d’années, s’est spécialisé dans la thématique des ressources naturelles et les questions énergétiques. Il vient de publier “La Saga d’Inga”, un ouvrage géopolitique, excessivement bien documenté, qui retrace l’histoire détaillée, méticuleuse et précise des barrages d’Inga, présents et à venir et qui développe les relations complexes entre les secteurs géostratégiques du Congo. on étude de longue de gouvernance et de manque que la Banque mondiale, ayant haleine l’a conduit à de vision de développement constaté la dégradation de l’état conclure au fait que quant à arriver à faire profiter des deux barrages existants, de la puissance hydro- ses populations de ses propres jamais entretenus depuis leur électrique du site d’Inga richesses. construction, exige la restaura- dépendentS l’amélioration de tion de la capacité de production l’énergie, des forêts et de l’agri- de ceux-ci. En 2003, Inga 1 et culture, la réduction de la pau- Mémoires du Congo : Inga 2 sont à moins de 50 % de vreté, l’essor macroéconomique, Où en est-on, en cet été 2013, de leur capacité initiale. Inga 2 ne le développement des relations ce vaste dossier que vous avez-vous compte plus que trois turbines extérieures du Congo, les com- même baptisé du nom de “saga” ? fonctionnelles sur les huit exis- bats devant mener à l’évolution Qu’en est-il de la situation actuelle tantes. Un dialogue interminable des changements climatiques et des projets en devenir ? et improductif se noue dès lors ainsi qu’à l’espoir d’une amé- François Misser jusqu’en 2010, entre la Banque lioration de l’écosystème et du François Misser : mondiale, la SNEL (Société Na- bien-être des populations. Plus rien de neuf n’a été enre- tionale d’électricité du Congo, gistré depuis la construction gestionnaire des centrales et du Considérant que l’Afrique est le du premier barrage en 1972 réseau) et le gouvernement qui continent du XXIe siècle, Fran- et celle du second barrage en décide de nouer le dialogue avec çois Misser présente Inga 1 et 2 1982. Beaucoup d’eau a coulé le secteur privé. ainsi que les projets en devenir dans les turbines mais on n’a Entretemps, Kinshasa n’a cessé Inga 3 et Grand Inga, en tant pas construit de nouvelles infras- de grandir, et pour répondre à que potentiel incontournable tructures. Même si, en 1993, à la demande croissante en élec- pour permettre au Congo de Bruxelles, une étude a été pro- tricité, tant des particuliers que s’aligner aux côtés des autres posée par EDF pour relancer la des entreprises, les autorités ont pays africains qui connaissent création de Grand Inga, assortie procédé à la réhabilitation d’une aujourd’hui la croissance et le d’interconnections électriques turbine d’Inga 2 tandis que le développement. vers l’Egypte en passant par le programme de réhabilitation, La saga d’Inga. Dans la perspective de recons- L’histoire des barrages Congo-Brazza, le Nigéria, le Ga- financé par la Banque mondiale, truire l’Etat congolais tant au du fleuve Congo bon et le Cameroun d’une part commence à entrer en action. niveau régional que national, le François MISSER et vers la Zambie, le Zimbabwe Parallèlement, dans le courant développement et la réhabilita- Col. “Cahiers africains”, n° et l’Afrique du Sud d’autre part des années 2000, renaissent les tion d’Inga sont une priorité et la 83, 24 euro, 224 p en s’inspirant d’études précé- discussions sur le “Western Cor- concrétisation d’investissements Co-edition : dentes déjà effectuées dans ridor” projet d’interconnexion L’Harmattan / MRAC une nécessité. les années septante. Ce n’est vers l’Afrique Australe. Il s’agit En vente dans toutes les que dans la conceptualisation de la construction d’une ligne aaa bonnes librairies de Grand Inga, et pas dans le à haute tension, beaucoup plus et au Musée royal de l’Afrique centrale, concret, que des progrès ont été courte que les projets de lignes Mémoires du Congo a rencontré Tervuren enregistrés parce que dans les en direction de l’Afrique du François Misser pour lui deman- publications@ années nonante, le Congo a subi Nord (parallèle à celle existant africamuseum.be , der de développer ses espoirs http://www.africamuseum. une cessation de l’aide publique déjà entre Inga 2 et le Katanga) et ses certitudes sur cette saga be/research/publications/ au développement de la part de allant d’un nouveau barrage de l’eau, ressource abondante rmca/order la Belgique et de l’Union Euro- (Inga 3), jusqu’en Afrique du et pratiquement gratuite, mise péenne. Les deux guerres qu’a Sud, via la Namibie et l’Angola. à la disposition d’un pays au subies le Congo à cette époque La “Western Corridor Company”, très riche potentiel mais ayant n’ont pas permis de relancer les regroupant les cinq pays inté- cruellement souffert d’un déficit négociations. Ce n’est qu’en 2003 ressés par le projet, est créée.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 16 MdC Mémoires du Congo n°26asbl juin 2013 17 Entrevue La saga d’Inga : l’histoire des barrages du fleuve Congo

Malheureusement le Congo de lations. Les mesures politiques électrique congolaise suffisante cette époque se trouve dans un et financières doivent être prises pour répondre aux besoins état de faiblesse extrême face sans tarder et le projet doit être énergétiques du bassin minier à ses partenaires au sein de structuré au plus vite pour que du Katanga qui en est réduit, la Western Corridor Company la pose de la première pierre pour l’instant, à demander de (Angola, Namibie et Afrique La construction puisse intervenir dans un peu l’électricité à la Zambie. du Sud) qui l’ont aidé dans son d’Inga 3 et de plus de deux ans. conflit contre le Rwanda mais Grand Inga est le MdC : Au-delà de l’ampleur du qui ont aussi exigé que le Congo plus grand service dossier Inga qui s’étend sur plus ne détienne que 20% des parts MdC : Quels espoirs ces projets de sept décennies, on est frappé alors qu’il était le propriétaire que le Congo pourront-ils dégager au profit par les incidences écologiques de la richesse hydro-électrique. puisse rendre des populations locales ? Est-il et environnementales qui sont Le Congo a donc fait marche à la planète concevable de développer des projets omniprésentes. Il en va de même arrière et a abandonné le projet qui ne serviront pas majoritairement en ce qui concerne les évolutions du “Western Corridor” alors que aux Congolais ? climatiques sur le fleuve Congo l’Afrique du Sud commençait à et sur les centrales d’Inga dont hésiter à se lancer dans le pro- FM : Il faut vendre l’électricité on ne se souciait absolument jet hydro-électrique d’Inga dès du Congo à l’étranger pour pas il y a soixante ans mais qui lors qu’elle avait l’alternative de pouvoir rentabiliser des projets sont aujourd’hui des éléments réhabiliter ses propres centrales nationaux qui viendront incontournables du dossier. nucléaires et à charbon. en aide aux populations Fin 2011, au moment de la réé- locales. Les échanges doivent FM : La vitesse de la déforestation lection du président Kabila, exister. L’interdépendance est constatée dans le Bas-Congo et l’Afrique du Sud et le Congo nécessaire pour empêcher les dans le Kivu est effarante. Dans signent, à Lubumbashi, un pro- pays de guerroyer. Ce fut l’idée les années septante on cuisinait tocole d’accord pour la construc- de la création de la CECA en à l’électricité à Kinshasa mais le tion d’Inga 3 et pour le dévelop- Europe au sortir de la guerre. réseau n’a plus été développé pement de Grand Inga. Aujourd’hui en Afrique, cette et aujourd’hui, on utilise le interdépendance se manifeste charbon de bois. Si l’on veut MdC : On a tout récemment fait notamment au niveau des combattre la déforestation et état, en mai dernier, de la pose marchandises congolaises préserver le bien le plus précieux d’une première pierre d’Inga 3 en qui transitent par les ports des Congolais (la forêt), il faut octobre 2015. Cette annonce est- d’Afrique du Sud et demain du recourir à l’énergie renouvelable. elle réaliste ? Mozambique et de l’Angola. Et la moins chère, c’est l’hydro- Au niveau de l’électricité, il est électricité. FM : Absolument,le projet Inga indispensable de développer La construction d’Inga 3 et de 3 ainsi que ses interconnexions des réseaux de basse et de Grand Inga est le plus grand associées (routes d’achemine- moyenne tension pour satisfaire service que le Congo puisse ment) viennent d’être présentés les particuliers et les PME, rendre à la planète, car si l’Afrique à Paris devant les bailleurs de parallèlement aux réseaux à du Sud cesse de recourir à son fonds potentiels (Banque Afri- haute tension à destination de énergie à base de charbon pour caine de Développement qui a l’étranger. consommer l’énergie d’Inga, elle financé les études pour la feuille Par ailleurs, il est impératif contribuera considérablement de route de Grand Inga, Banque Survol des rapides de développer une capacité à l’amélioration des conditions Mondiale, Banque Européenne d’Investissement). La Banque Africaine de Développement a annoncé, début juin 2013, un financement de cinq millions de dollars pour aider le Congo à structurer le projet (création de la société chargée du projet, création de la société de trans- port de l’électricité). Les choses bougent mais il fau- drait que le Congo vote une loi sur l’électricité de même qu’une loi sur les hydrocarbures. Il est urgent de créer un cadre légal qui n’existe pas encore, assorti de procédures de régu-

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 18 climatiques. Mais c’est un on pourra fournir une bonne l’intime conviction qu’il s’agit sujet qui dépasse le Congo et énergie aux ménages et veiller d’un accident. l’Afrique du Sud et qui devrait à la préservation de l’environ- être débattu au sein du G8. nement. MdC : Dans le contexte de la Quant aux évolutions environ- constatation de la mauvaise gestion nementales et leurs incidences MdC : Vous avez consacré un opérée par la SNEL, pour laquelle sur la capacité du fleuve à ali- chapitre de votre livre, intitulé “le on peut estimer qu’elle n’en a pas menter les centrales existantes, naufrage de la chasse aux trésors” à toujours été entièrement responsable, on constate depuis plusieurs la disparition de Philippe de Dieule- on est en droit de se demander qui, années, une baisse de l’étiage veult. On pourrait le considérer dans le futur, pourra gérer la vente dans le bassin du Congo. En comme un chapitre anecdotique On constate depuis de courant électrique ? quelques décennies, la naviga- dans l’ensemble du travail scienti- plusieurs années, bilité de l’Oubangui est passée fique, technique et géopolitique que une baisse de FM : Il y a un constat clinique de 11 à 5 mois par an, à cause vous avez réalisé. Est-il vraiment l’étiage dans le qui a été fait par une commission de la baisse des précipitations. anecdotique à vos yeux ? bassin du Congo. sénatoriale du Congo qui Par ailleurs, on a aussi constaté En quelques démontre une mauvaise gestion, la baisse des lacs Kivu et Tanga- FM: J’ai voulu souligner que, décennies, la des choix erronés et notamment nyika qui alimentent également sans l’importance stratégique navigabilité de de mauvais choix techniques le bassin du Congo. La CICOS d’Inga, on ne peut expliquer Oubangui est de la part de la SNEL. On est (Commission internationale du la raison pour laquelle on a passée de 11 à aussi en droit de se dire que la Bassin Congo – Oubangui – San- échafaudé l’idée d’un meurtre 5 mois par an, à SNEL n’est pas forcément dans gha et qui regroupe les deux prémédité, dont le mobile serait cause de la baisse une situation aussi mauvaise Congo, le Centre-Afrique et le la crainte que Dieuleveult et qu’on veut bien le dire. On se Cameroun) a constaté le phé- ses compagnons s’apprêtaient des précipitations trouve face à une problématique nomène. La diminution de la à saboter les barrages d’Inga. Il de dettes croisées. Elle doit quantité d’eau pourrait amener à n’était pas non plus concevable beaucoup d’argent mais on réviser les calculs de puissance. d’écrire un livre sur Inga sans lui en doit aussi beaucoup. Par ailleurs le manque d’entre- rendre hommage à des hommes C’est notamment le cas de la tien du canal d’amenée de l’eau qui ont accompli un acte de Gécamines, la Regideso …. aux turbines et des installations bravoure. On a lancé tellement Avant de construire plus grand, électriques (dragues en mauvais de théories complètement il faudrait d’abord améliorer la état, herbes, accumulation de échevelées qu’il fallait en parler. gestion de ce que l’on a. sable dans les canaux d’amenée) Philippe de Dieuleveult était a une incidence sur les centrales l’invité personnel du Maréchal aaa existantes d’Inga et amoindrit Mobutu qui avait donné son la productivité des turbines. aval pour cette expédition qui A travers “La Saga d’Inga”, Si l’on cherche à apporter une devait en principe apporter une François Misser a voulu retra- solution à ces problèmes et si belle opportunité de publicité cer trente ans de l’histoire du on arrive à associer la puissance pour lui-même et son pays. Congo, dans le contexte d’un d’Inga à une bonne distribution, Sauf preuve du contraire, j’ai site d’Inga qui, à l’heure actuelle n’est exploité qu’à concurrence Inga 3 et Grand Inga de 4 % de sa capacité tandis que La construction du barrage d’Inga sur 75 millions d’habitants, 62,5 3 n’est qu’une première étape sur millions n’ont pas accès à l’élec- la route de Grand Inga. Dans un tricité. Et pourtant, Inga dont premier temps, le cours du fleuve l’idée de la construction de bar- Congo sera détourné vers une rages remonte à l’époque colo- vallée parallèle, la Bundi, par la niale, représente le plus grand construction d’un barrage (Inga potentiel hydro-électrique au 3) de 100 mètres de dénivelé. Par la suite, le fleuve sera complète- monde. ment barré (Grand Inga), sur la Reste à concrétiser désormais totalité de sa largeur pour ne plus les défis de sa conception tant permettre le passage du fleuve au niveau technique, politique que par la vallée de la Bundi. et financier, qu’à celui de sa mise La coupure du fleuve ne sera en œuvre et de sa gestion. cependant pas totale puisqu’il est prévu de continuer à alimenter ■ Chantal Schaller Inga 1 et Inga 2 par un bras de dérivation pou permettre à ses Photos : Yves de Campos, deux centrales de continuer à Thierry Claeys Boùùaert fonctionner.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 19 Mémorial Les guépards de Mobutu Petite histoire d’une photo historique

in des années La fin de l’histoire est moins riche et trop abondante à soixante, début des heureuse. Les gardiens du laquelle ils ne purent résis- années septante, zoo, croyant bien faire et vou- ter longtemps. l’aide de camp du lant soigner le mieux possible général Mobutu, les deux guépards, leur don- ■ CS Fle Lieutenant-Colonel John nèrent une nourriture trop Powis de Tenbossche, fit appel aux services de notre Président, Roger Gilson.

Il lui demanda de lui trouver un couple de guépards pour le zoo privé du chef de l’Etat situé sur ce qui ne s’appelait pas encore à l’époque le mont Ngaliema.

Roger Gilson demanda l’aide du premier ministre de Rho- désie, Ian Smith, qui fit cap- turer ce superbe couple de félins au Botswana et le fit transporter par avion spécial affrété par Air Transport, dont il était le président, de Salis- bury (Harare) à Kinshasa. En témoigne la photo les montrant se reposant à leur arrivée au Congo. Photo Roger Gilson

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 20 Souvenirs Elisabethville, d’emblée, je l’ai aimée A l’heure du premier terme au Bandundu, une proposition intéressante me fut faite pour œuvrer au Katanga. L’homme est ainsi fait, (auri sacra fames), je l’ai acceptée. En février 1951, j’atterrissais à Elisabethville. Une région bien différente de celle que je venais de quitter. D’emblée je l’ai aimée. Je quittais le royaume des Bayaka et leur Kiamfu pour celui des Bayeke et leur Mwami, des Balunda et leur Mwaant Yaav. Des terres de l’élaéis à celles du cuivre, je passais de la fournaise équatoriale à la douceur des hauts plateaux. e 1951 à 1962, j’y 1930 qui animait les soirées de Sept clubs se disputaient le ai dirigé la socié- l’Alhambra. Ou encore, sur la championnat européen de la té PROCONGO. route de Jadotville, “Les sept Quelle fierté au ligue du Katanga. Onze années au sources”, une jolie maisonnette spectacle des Des matchs étaient organisés cours desquelles dans un jardin tropical irrigué réalisations contre des équipes de Rhodésie j’aiD pu créer une entreprise par ces sources, où un couple industrielles, du Nord. Des équipes belges technico-commerciale et la d’Anglais cultivait des orchi- agricoles et de division I sont venues af- mener aux objectifs de ses ac- dées. fronter à E’ville une sélection tionnaires américains. Tâche Dans la capitale du cuivre, les minières belges katangaise et la fameuse équipe captivante à laquelle s’ajoutait possibilités sportives ne man- réussies en moins africaine des Simbas. l’obligation de prospecter une quaient pas. de cinquante ans. Les terrains de tennis ne se clientèle étendue à l’ensemble Pour les nageurs, une somp- comptaient plus et le golf de du Congo. Quel émerveille- tueuse piscine près du stade la Karavia offrait 18 trous aux ment au parcours des grands de la Victoire ou celle du Lido amateurs de ce sport. espaces, quelle fierté aussi au en bordure des cascades de la Pour les gastronomes, des res- spectacle des réalisations indus- Lubumbashi, voire encore les taurants de qualité s’ajoutaient trielles, agricoles et minières eaux vert-malachite de l’an- à ceux des hôtels Kemp’s, du belges réussies en moins de cienne mine de l’Etoile. Les Le personnel de Katanga, de Bruxelles, Eli- cinquante ans. Au-delà des amateurs de ballon rond se Procongo, à l’époque sabethville, Albert 1er ... On contacts noués avec de nom- pressaient, tous les dimanches, où Paul Roquet en citait : “Chez Fred”, le “Ranch”, breux chefs d’entreprise, ces au stade de l’avenue Churchill. assurait la direction le guest-house Sabena et bien longs voyages, en voiture le plus souvent, m’ont, par l’approche d’ethnies locales diverses, offert le privilège d’en découvrir et apprécier les valeurs.

En famille, les moments de loisirs nous amenaient régu- lièrement sur les chemins de la périphérie éviloise. Route de Kasenga, au “Sourire d’avril”, charmante auberge tenue par un couple de pensionnés du BCK, on dégustait de déli- cieuses tartines au fromage blanc fait maison. De même entre la Ruashi et la Lupopo, “La Chaumière”, autre relais de campagne où s’étaient installés les Van Opstael. Lui, ancien pilote de la SABENA des temps héroïques. Elle, Rita Carli, une cantatrice des années

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 21 Souvenirs Elisabethville, d’emblée, je l’ai aimée d’autres comme le spécialiste les espoirs de sa population Mais le monde, pour qui le du barbecue “Chez Klomp”. africaine qui attendait d’y être droit des gens comme celui Des boites de nuit, la plus re- plus largement associée. des peuples n’est qu’un slogan nommée était “Le Relais”, mais De sombres nuages s’accumu- de façade, s’y oppose. Aban- il y avait aussi “La Boite à Mu- 1960. laient, hélas, à l’horizon. donné par son ex-métropole, sique” chaussée de Kasenga, et Abandonné par le Katanga est livré aux rapaces “Le Miami” de la Kafubu lequel son ex-métropole, Venu de l’ouest et du nord, un de l’ONU dont les mercenaires devait, après la fin de l’indépen- le Katanga est vent de révolte soufflait. (où se distinguent les tueurs dance du Katanga, connaître livré aux rapaces 1960 : la Belgique se hâte d’im- éthiopiens, Gurkhas et autres la préférence des mercenaires de l’ONU dont proviser une indépendance aviateurs suédois) envahissent suédois de l’ONU avides de incroyablement irréfléchie. Le Elisabethville. sensations locales. les mercenaires 30 juin, l’orage éclate et gronde Les formidables outils qu’y Elisabethville comptait de nom- envahissent partout. avaient introduits les colonisa- breux clubs privés dont le cercle Elisabethville Onze jours plus tard, le Katan- teurs vont être détruits, volés ou Albert-Elisabeth était le plus ga, conscient du sort que lui progressivement abandonnés. huppé, un splendide théâtre préparent les prédateurs qui Aux Africains qui souhaitaient construit selon les plans de l’envient et les concurrents qui pouvoir en profiter ne resteront l’architecte Claude Strebelle et le jalousent, décide de prendre que les “bienfaits” de la mas- trois salles de cinéma, le “RAC”, en main son sort politique. carade démocratique imposée le “Palace” et le “Coliseum” de par les “libérateurs” onusiens. la place de la poste à côté du Le Cercle Le dimanche en famille, nous célèbre “Café des Sports”. Albert-Elisabeth n’irons plus au “Sourire d’avril”, Dans la prospérité économique ses propriétaires ont été assas- de la décennie 50-60, la ville sinés. s’embellissait et s’étendait. Si ses En 1962, ma société PROCON- brillantes perspectives d’avenir GO fut dissoute sur décision de entretenaient l’heureuse quié- son conseil d’administration. tude de ses habitants euro- Cette rupture fut, pour moi, péens, elles confortaient aussi La Cathédrale douloureuse.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 22 Au moment des adieux à mes collaborateurs et amis, mesu- rant la force des liens qui nous unissaient, j’ai réalisé la puis- sance de ceux que nous avions noués avec un pays infiniment attachant.

Profonde était mon amertume d’avoir à abandonner à leur sort ses habitants que j’avais appris à connaître et apprécier.

Les bâtiments de Procongo, dans le quartier industriel d’Elisabethville/Lubumbashi

Avec eux et nombre d’idéa- listes, n’avions-nous pas rêvé d’un pays nouveau, conscient de son passé mais tourné vers un avenir de progrès pour tous, dans la sérénité par la justice et la paix ? Acta est fabula.

■ Paul Roquet

L’Union minière et sa cheminée

Place de la Poste

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 23 Environnement L’hommage des éléphants Spectacle étonnant que ce troupeau d’éléphants qui s’est soudain mis en route, en file indienne, lente procession à travers la savane sud-africaine. Pendant des heures, les grands pachydermes ont progressé, sans s’arrêter, sans se nourrir, tout entier concentrés sur leur objectif situé à plus d’une vingtaine de kilomètres. Au même moment, un second groupe s’ébranlait, à des lieues de là, vers la même destination, avec la même détermination, jusqu’à la grande maison des Anthony, en bordure de la réserve Thula Thula. eux jours plus tôt, pachydermes qu’il avait sau- proposition des Nations-Unies le 7 mars 2012, vés et qui lui témoignaient au- d‘interdire aux belligérants de un homme s’était jourd’hui leur reconnaissance, s’attaquer à des zones de pro- éteint, un per- leur respect, leur affection. tection animale ou des jardins sonnage hors du Rien ne prédestinait Anthony zoologiques. commun,D une légende en à une vie aventureuse. Né à Lorsque les Américains et leurs Afrique du Sud, un chantre Johannesburg, il a grandi au alliés envahirent l’Irak le 20 de la conservation de la na- Zimbabwe, en Zambie et au mars 2003, Lawrence Antho- ture. Cet homme, Lawrence Malawi. ny se précipita dans la foulée Anthony, était leur ami et les Il suivit d’abord les traces de pour assurer le sauvetage des éléphants, menés par deux son père dans les assurances, animaux du plus grand zoo du grandes matriarches, ont tra- consacrant son temps libre à Moyen Orient. Cette épopée versé la réserve pour venir lui Lawrence Anthony la nature, son hobby. Vers le fit l’objet de son premier livre : rendre un dernier hommage. milieu des années 1990, sa pas- L’Arche de Babylone (2007). Comment ont-ils su, avec une sion l’emporta, il abandonna sa En 2006, il négocia avec les telle précision, quand et où carrière et acheta Thula Thula, chefs rebelles en RDC la pré- Lawrence Anthony avait suc- une des plus grandes réserves servation des quatre derniers combé à une crise cardiaque privées d’Afrique du Sud (2.000 rhinos blancs du Nord, race foudroyante ? hectares). spécifique du Parc de la Ga- Télépathie, prescience, per- Il s’y installa et y édifia un lodge ramba et malheureusement ception extra sensorielle ? Lawrence Anthony, pour accueillir les touristes éteinte aujourd’hui. Ce combat Deux jours durant ils restèrent était leur ami et les amateurs de vie sauvage. est retracé dans son dernier là, près de la maison, sans éléphants, menés Ardent défenseur des espèces livre: Les derniers rhinocéros. manger, à pleurer leur ami par deux grandes animales, il s’attacha à la Anthony ne s’intéressait pas décédé. La famille d’Anthony matriarches, ont protection de la nature sous particulièrement aux éléphants était particulièrement touchée, traversé la réserve toutes ses formes, s’efforçant jusqu’en 1999, lorsqu’on lui par- les éléphants n’ayant plus pour venir lui de convaincre les populations la de la menace pesant sur un approché la maison depuis rendre un dernier indigènes du bénéfice qu’elles groupe d’éléphants en pleine plus de 18 mois. Mais tous hommage pourraient tirer de la création zone de conflits. Complètement connaissaient le lien puissant de réserves. Il fut l’un des traumatisés, ils semaient la ter- qu’Anthony avait tissé avec les principaux contributeurs à la reur parmi les villageois qui

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 24 voulaient les abattre. Anthony Anthony, le rabbin Leila Gal qui manifestent leur chagrin se précipita et parvint à ramener Berner déclara : “S’il fallait avoir et développent certains symp- le troupeau à Thula Thula. Il lui une preuve de la merveilleuse tômes physiques à la mort fallut du temps pour gagner la interdépendance de tous les d’un proche. Les éléphants confiance des animaux agités êtres vivants, les éléphants de se montrent particulièrement et violents. Comme il le dit lui- la réserve de Thula Thula nous sensibles à la perte d’un être même : “Pour sauver leurs vies, l’ont donnée. Le cœur d’un cher qu’ils ont beaucoup de je devais rester auprès d’eux, les homme s’arrête, et le cœur de Les animaux mal à accepter, s’efforçant sou- nourrir, leur parler. Mais sur- centaines d’éléphants est en sont capables vent de le ramener à la vie. tout être avec eux jour et nuit”. deuil. Le cœur de cet homme de sentiments et Ils manifestent clairement leur Une fois le contact établi, les a offert la guérison à ces élé- d’émotions dont la peine et semblent devoir faire éléphants ont progressivement phants, et maintenant, ils sont plus évidente est un véritable travail de deuil. retrouvé leur équilibre et tissé venus pour rendre un hom- certainement la des liens privilégiés avec leur mage affectueux à leur ami.” douleur. Certains chercheurs ont noté sauveteur. Le livre “L’homme Nombreux sont que cette compassion des qui murmurait à l’oreille des Il ne fait aucun doute pour les animaux éléphants peut s’étendre à éléphants” (2009) retrace cette beaucoup que, comme les qui manifestent d’autres espèces, y compris épopée, les liens tissés, les humains, les animaux sont ca- aux humains. D’autre espèces échanges noués, le mode de pables de sentiments et d’émo- leur chagrin et comme les primates sont éga- communication entre l’homme tions dont la plus évidente et développent lement très sensibles à la mort et les éléphants et entre ceux-ci la moins ambiguë est certaine- certains d’un des leurs, et il n’est pas et leurs congénères. ment la douleur. symptômes rare que leur peine se trans- Lors du service funèbre pour Nombreux sont les animaux physiques à la mort forme en dépression, voire d’un proche même entraîne leur mort. Certaines espèces observent d’ailleurs de véritables rites funéraires. Pour certains cher- cheurs, ces rites permettent de renforcer la cohésion du groupe au moment précis où la mort d’un des leurs pour- rait l’affaiblir. Le deuil chez les animaux reste un mystère, il ne semble jouer aucun rôle en termes d’évolution ou de re- production. Sans doute est-ce pour eux comme pour les hu- mains le prix à payer pour une relation intense, source à la fois de bonheur et de chagrin.

■ Françoise Moehler – De Greef

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 25 Actualité Roasio Les anciens du Congo, prêts à témoigner Après la découverte de ce charmant musée que nous vous avons déjà présenté dans notre revue N°25 de mars 2013, nous y sommes retournés, invités par la présidente Madame Velia Micheletti le 7 mai dernier. Paul Vannès, notre administrateur délégué était pressenti pour présenter “Mémoires du Congo”, son histoire et ses buts. ne affiche placar- Le travail de préparation de ces dée dans tous les A l’appel de notre auditions a déjà commencé et villages des alen- orateur, plus de dix les premiers enregistrements habitants de Roasio, Velia Miche- tours annonçait personnes se sont devraient avoir lieu d’ici la fin letti désire développer la diffu- l’événement (voir chaleureusement de l’année. Dès à présent un sion des témoignages existants et Ula reproduction ci-contre) et près portées candidates premier enregistrement est déjà présenter nos documentaires à ce de soixante personnes se sont en boîte puisque Guido Miche- public italien, intéressé par nos retrouvées dans la salle polyva- à effectuer un letti, membre de “Niambo” avait réalisations et tout ce qui touche lente du musée. témoignage répondu à un appel lancé lors de aux souvenirs des moments pas- Paul Vannès présenta un ex- concernant leur vie notre première visite, fin 2012. sés sous le soleil d’Afrique. posé unanimement apprécié, en Afrique centrale Suite au succès de ces premiers A bientôt à Roasio ! à un public conquis et particu- contacts entre les représentants lièrement intéressé, qui posa de Mémoires du Congo et les ■ Marie-Andrée Chantrain de très nombreuses questions. Très chaleureusement applaudi, Veilia Micheletti, notre administrateur délégué fut présidente du musée admirablement accueilli par les de Roasio, et Paul Vannès, participants qui le convièrent, à en grande discussion l’issue de sa conférence, à dégus- à l’issue de la ter quelques spécialités locales conférence préparées par des membres bénévoles. Le français était de mise car tous les participants, anciens du Congo et/ou du Ruanda-Urundi maîtrisent parfaitement la langue de Voltaire. Une réception animée, au détour des allées du A l’appel de notre orateur, plus Musée de Roasio de dix personnes se sont chaleu- reusement portées candidates à effectuer un témoignage concer- Gros succès nant leur vie en Afrique centrale : de foule pour cette présentation de récits que nous serons heureux “Mémoires du Congo” d’insérer dans notre base de données. Voici les noms de ces futurs témoins. Peut-être y reconnaî- trez-vous l’une ou l’autre de vos connaissances : Jean-Pierre Bianchina, Rita Ces- chino, Rosy Gualinetti, Vittorio Marucchi, Mirna et Renato Me- neghini (de Canino), Christiane Noca, Claudio Noca, Giovanni Oliaro, Giovanni Peuto, Franco Polla, Patrizia Quaglia et Mas- simo Uglietti.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 26 Associations - Calendrier 2013 Tableau des rencontres des cercles d’anciens d’outre-mer. Ce calendrier annuel est ouvert à toutes les associations belges d’anciens d’outre-mer, de droit comme de fait, sur simple coup de fil au 0496 20 25 70 ou 087 77 68 74. AKIMA : Amicale des anciens du Kivu, du et d’Albertville - 02 375 12.42 ARAAOM : Association royale des anciens d’Afrique et d’outre-mer de Liège - 0486 74 19 48 ARR64 : Amicale des rescapés de la rébellion de 64 - 0494 47 64 27 ou 0476 40 31 12 ASAOM : Amicale spadoise des anciens d’outre-mer de Spa - 0477 75 61 49 CRAA : Cercle royal africain des Ardennes de Vielsalm - 080 21 40 86 CONGORUDI : Association royale des anciens du Congo belge et du Ruanda-Urundi – 02 511 27 50 FBC : Fraternité Belgo Congolaise FP-AMI-VRIEND : Vereniging van de oud-gedienden en vrienden van de Openbare Weermacht van Belgisch Congo Sectie West-Vlaanderen – 059 80 06 81 of 050 60 71 44 KDL : Amicale des pensionnés des réseaux ferroviaires Katang-Dilolo-Léopoldville -04 253 06 47 MDC : Mémoires du Congo et de Ruanda-Urundi - 071 33 43 73 2013 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre AKIMA 04 RA ARAAOM 20 CG 8 FA 20 RG ARR64 15 RR ASAOM 5 FP 30 JS 20 FA CRAA 16 JS 24 VC 7 MO CONGORUDI 19 CO 27 MO FBC FP-AMI-VRIEND 7 JS KDL-BCK 7 RA MDC 14 PR 8 PR 12 PR 10 PR CODES : AG = assemblée générale. MO = moambe. CH = choucroute. BA = bonana. CG = coin des gastronomes. CO = cocktail. FA = fête anni- versaire. FP = fête du printemps. FR = fête de la rentrée. JS = journée du souvenir. PR = projections MdC. RA = retrouvailles annuelles. RG = repas gibier (fête de l’automne). RR = repas de rencontre. VC = visite culturelle. Activités Second semestre 2013 Dans le bâtiment annexe du Musée de Tervuren (bâtiment CAPA) environ 200 mètres à droite en venant de Bruxelles, après les 3 bâtiments principaux du musée et le parking de l’éléphant. Adresse : Leuvensesteenweg 17, Tervuren. Auditorium au 3e étage. Le parcours sera fléché. Accueil dès 9H30. Interruption de 12H00 à 14H00 : moambe à la cafétéria du Musée Prix à payer sur place : 22 euros. Moambe : 18 euros + part. à la location de la salle : 4 euros Pour les personnes ne prenant pas la moambe : participation à la location de la salle : 5 euros Le café est actuellement distribué par le propriétaire de la salle et payé séparément. Votre paiement sur notre compte 363-0026918-89 (ou IBAN : BE45 3630 0269 1889 BIC : BBRUBEBB) fait office de réservation. Tél. : 02/649.98.48 (uniquement pour des renseignements et des annulations). Mardi 08/10 14H00 : Le cycle du serpent, film de Thierry MICHEL 10H30 : Courts métrages d’André Bossuroy présentant les Au coeur du continent, après 30 années d’indépendance enquêtes de trois jeunes reporters belges de la génération et 25 années de mobutisme, quel avenir pour le Congo Erasmus. Celles-ci ont rencontré dans la région des démocratique ? Durant 5 semaines, Thierry Michel a filmé Grands Lacs des ONG actives dans le domaine de la santé Kinshasa, la capitale du Zaïre, sous toutes ses coutures : la maternelle et infantile. Kinshasa de la mendicité, de la bourgeoisie d’affaires, des 12H30 : Déjeuner à la cafétéria du Musée : Moambe hauts dignitaires et des victimes de la dictature. 14H00 : R.P. Jean-Paul Steenackers de la congrégation des Missionnaires d’Afrique (ex-Pères Blancs d’Afrique) Mardi 10/12 témoigne de sa vie au Rwanda et au Congo de 1963 à 10H30 : Kaléidoscope des Forums de 2013 2010. 11H30 : Jacques Brassine : l’Ommegang Mardi 12/11 14H00 : Rallye d’Hélène + orchestre philarmonique de 10H00 : Le “Grand Orient de Belgique” au Congo Belge Kinshasa par Henk Brat Si des personnes non-membres sont invitées, il nous serait 11H00 : Vincent de Paul Uluma, médecin à Kikwit agréable d’en connaître les coordonnées. Nous vous en (R.D.Congo). remercions d’avance.

NB : En sus des séances de projections mensuelles, MdC organise tous les quinze jours un forum. Pour les dates, prière de contacter le 02 649 98 48.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 27 Histoire De 622 au XXe siècle L’esclavage en terre d’Islam Après la mort du prophète Mahomet et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans conquièrent les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils prolongent dans ces régions l’esclavage à la mode antique et inaugurent aussi une longue et douloureuse traite négrière qui va saigner l’Afrique noire jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’esclavage en terre d’islam est hélas une réalité qui dure toujours comme le montre l’anthropologue Malek Chebel. e Coran, texte sacré de Une économie fondée et réputées pour leur beauté; l’islam, entérine l’exis- sur l’esclavage ces belles esclaves ont continué tence de l’esclavage jusqu’au XXe siècle à alimenter (voir la sourate XVI, Les L’esclavage devient rapidement les harems orientaux en concur- abeilles) tout comme l’un des piliers de l’économie de rence avec les beautés noires Ld’ailleurs les textes bibliques. l’empire abbasside de Bagdad du originaires d’Éthiopie. Pour les Notons que le premier muezzin fait de très nombreuses prises de tâches domestiques et les tra- désigné par le Prophète pour guerre et de l’avènement d’une vaux des ateliers et des champs, l’appel à la prière est un esclave très riche bourgeoisie urbaine. les sujets du calife recourent à noir du nom de Bilal originaire Pour les tâches Pour s’en convaincre, il n’est que d’innombrables esclaves en d’Éthiopie. domestiques et de lire “Les Mille et Une Nuits”, provenance des pays slaves, de les travaux des un recueil de contes arabes cen- l’Europe méditerranéenne et La loi islamique ou charia, qui ateliers et des sés se dérouler sous le règne du surtout d’Afrique noire. s’appuie sur le Coran et les dits champs, les sujets calife Haroun al-Rachid, contem- Ces esclaves sont maltraités et du prophète (hadiths), considère du calife recourent porain de Charlemagne. souvent mutilés et castrés. qu’en pays d’islam, seuls sont es- à d’innombrables Les harems du calife et des no- D’autres esclaves et eunuques claves les enfants d’esclaves et tables de Bagdad se remplissent sont employés comme soldats les prisonniers de guerre. Elle esclaves en de Circassiennes. Il s’agit de et chefs de guerre par les diffé- autorise d’autre part la réduction provenance des femmes originaires du Caucase rentes dynasties musulmanes, du en esclavage de quiconque pro- pays slaves, vient d’un pays non musulman de l’Europe (si un esclave vient à se convertir, méditerranéenne il n’est pas affranchi pour autant). et surtout d’Afrique noire Très tôt, du fait de la rapidité même de leurs conquêtes, les Arabes se heurtent à une pénurie d’esclaves. Ils ne peuvent asser- Mémorial aux vir les populations des pays sou- victimes africaines de mis à leur loi et se voient donc l’esclavage à Zanzibar, plaque tournante de dans l’obligation d’importer en la traite des noirs au nombre croissant des esclaves 18è siècle et principale des pays tiers, qu’ils soient ou route du commerce non en voie d’islamisation. négrier en Afrique orientale Comme les chrétiens du haut (Photo : Guy de Bonnay) Moyen Âge, ils s’abstiennent de réduire en esclavage leurs coreligionnaires mais cette règle souffre de nombreuses transgres- sions et l’on ne rechigne pas à asservir des musulmans, no- (1) Tidiane N’Diaye, L’éclipse tamment noirs, au prétexte que des Dieux, Grandeur et leur conversion est récente (1). désespérance des peuples noirs, Editions du Rocher/Le Serpent à plumes, mars 2006.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 28 Maroc aux Indes. Ces esclaves-là d’Afrique noire sont générale- lande et en ramènent 400 captifs. accèdent parfois à des fonctions ment castrés en Égypte par des Le souvenir des combats livrés élevées et parfois au pouvoir su- moines coptes pour le compte par les habitants à ces pirates prême. Ainsi en est-il des fameux des trafiquants musulmans. perdure dans ... la tête du prison- Mamelouks d’Égypte, que Bona- À l’époque carolingienne, les nier maure qui sert d’emblème parte devra combattre en 1798. captifs slaves destinés aux mar- à la Corse. chés orientaux sont quant à eux castrés à Verdun, principal mar- On évalue à plus d’un million le Eunuques et castrats ché d’étape de ce trafic. nombre d’habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe Inventée et développée à grande et le XVIIIe siècle, au temps de échelle par la Chine impériale, Esclaves blancs en terre Plaque François 1er, Louis XIV et Louis exportée dans les pays musul- d’islam commémorative à X V. mans et jusqu’en Italie (les cas- l’entrée de la maison Ces esclaves, surtout des trats), l’exploitation des eunuques Dans les premiers temps de du marchand d’esclave Tippo Tip à Zanzibar : hommes, sont exploités de la (hommes castrés) est l’une des l’islam, les notables de Bagdad “Résidence du fameux pire des façons dans les orange- formes d’esclavage les plus inhu- s’approvisionnent en esclaves commerçant arabe qui raies, les carrières de pierres, les maines qui soient. blancs auprès des tribus guer- a construit un vaste galères ou encore les chantiers Elle poursuit deux objectifs rières du Caucase mais aussi empire commercial d’Afrique du nord (2). principaux : empêcher que les auprès des marchands vénitiens dans l’est du Congo au 19è siècle. Au moment Des organisations chrétiennes esclaves étrangers ne fassent qui leur vendent des prisonniers de la colonisation déploient beaucoup d’énergie souche. Eviter les relations en provenance des pays slaves, belge au Congo, il dans le rachat de ces malheu- sexuelles entre les femmes des encore païens. revint à Zanzibar où reux, tel Miguel de Cervantès ou harems et leurs serviteurs. Les À la fin du Moyen Âge, comme il acquit de vastes plus tard Saint Vincent de Paul. castrats sont aussi recherchés par le vivier slave s’épuise du fait de plantations de clous de Pendant la même période, en les mélomanes pour leur voix la christianisation de l’Europe girofle et construisit sa maison. Il est mort en Europe orientale et dans les très aigüe. La castration consiste orientale, les musulmans se 1905 et est enterré à Balkans, les Ottomans prélèvent en l’ablation des parties génitales, tournent vers les pirates qui proximité de celle-ci.” environ trois millions d’esclaves. soit totale, soit limitée aux testi- écument la Méditerranée. (Photo : Guy de Bonnay) Jusqu’au début du XIXe siècle, les cules (pour empêcher la repro- Ces derniers effectuent des raz- princes de la côte nord-africaine duction). Elle est le plus souvent zias sur les villages côtiers des tirent eux-mêmes de grands pro- pratiquée à la pré-adolescence rivages européens, y compris Allégorie de fits de la piraterie en imposant et se solde par une mortalité même dans l’océan Atlantique l’esclavage effroyable. jusqu’aux limites du cercle po- (Musée Royal de Les esclaves mâles originaires laire. En 1627, des barbaresques Tervuren) algérois lancent un raid sur l’Is- Photo : CS)

MdC Mémoires du Congo n°26asbl juin 2013 29 Histoire De 622 au XXe siècle, l’esclavage en terre d’Islam de lourds tributs aux armateurs par les chefs noirs à la solde des Esclavage et décadence occidentaux en échange de la marchands arabes, est drama- garantie que leurs navires ne se- tique. Après l’éprouvant voyage Les contingents très importants ront pas attaqués par les pirates. (2) Olivier Pétré-Grenouilleau, à travers le désert, les hommes de main-d’œuvre servile ont En 1805, le président américain Esclaves blancs, maîtres mu- et les garçons sont systématique- contribué à la stagnation éco- Thomas Jefferson lance une ex- sulmans, L’Histoire N° 295, ment castrés avant leur mise sur nomique et sociale du monde pédition navale contre le dey de page 26, février 2005 le marché, au prix d’une morta- musulman. Ils ont causé aussi Tripoli, en Libye, pour l’obliger (3) Tidiane N’Diaye, L’éclipse lité effrayante, ce qui fait dire à de nombreux troubles. C’est ainsi à renoncer à ce racket. Le dey des Dieux, Grandeur et l’anthropologue et économiste qu’à la fin du IXe siècle, la ter- d’Alger le poursuivra quant à lui désespérance des peuples Tidiane N’Diyae : “Le doulou- rible révolte des Zendj (ou Zenj, jusqu’à la conquête française en noirs, Editions du Rocher/Le reux chapitre de la déportation d’un mot arabe qui désigne les 1830. Serpent à plumes, mars 2006. des Africains en terre d’Islam est esclaves noirs), dans les marais (4) Paul Bairoch, comparable à un génocide. Cette du sud de l’Irak, a entraîné l’em- Esclaves noirs en terre Mythes et paradoxes de l’his- déportation ne s’est pas seule- pire de Bagdad sur la voie de la d’islam toire économique, page 204, ment limitée à la privation de ruine et de la décadence. La Découverte, 1994. liberté et au travail forcé. Elle fut “Comparé à la traite des Noirs Si la traite des esclaves blancs a aussi – et dans une large mesure organisée par les Européens, rapidement buté sur la résistance – une véritable entreprise pro- le trafic d’esclaves du monde des Européens, il n’en a pas été grammée de ce que l’on pourrait musulman a démarré plus tôt, de même du trafic d’esclaves qualifier d’“extinction ethnique a duré plus longtemps et, ce qui noirs en provenance du conti- par castration” (3). est plus important, a touché un nent africain. Les contes des “Mille et Une plus grand nombre d’esclaves”, La traite arabe commence en Allégorie de Nuits” témoignent des mauvais écrit en résumé l’économiste Paul l’esclavage 652, vingt ans après la mort de (Musée Royal de traitements infligés aux esclaves Bairoch (4). Cet auteur, ainsi que Mahomet, lorsque le général Tervuren) noirs et du mépris à leur égard Tidiane N’Diaye, rappelle qu’il arabe Abdallah ben Sayd impose Photo : CS) (bien qu’ils fussent musulmans ne reste plus guère de trace des aux chrétiens de Nubie (les habi- comme leurs maîtres). Ce mépris esclaves noirs en terre d’Islam tants de la vallée supérieure du Stone Town (Zanzibar) : a perduré au fil des siècles. Ainsi en raison de la généralisation de Nil) la livraison de 360 esclaves Le cachot dans lequel peut-on lire sous la plume de les esclaves étaient la castration, des mauvais traite- par an. «stockés» pour l’historien arabe Ibn Khaldoun ments et d’une très forte morta- La convention, très formelle, reprendre un peu (1332-1406) : “Il est vrai que la lité, alors que leurs descendants se traduit par un traité (bakht) de forces avant plupart des nègres s’habituent sont au nombre d’environ 70 mil- entre l’émir et le roi de Nubie d’être vendus. facilement à la servitude; mais lions sur le continent américain. Khalidurat. (Photo Guy de Bonnay) cette disposition résulte, ainsi Notons le parallèle avec les La traite ne va cesser dès lors que nous l’avons dit ailleurs, États arabes du Golfe Persique de s’amplifier. Les spécialistes d’une infériorité d’organisation qui recourent massivement à évaluent de douze à dix-huit qui les rapproche des animaux des travailleurs étrangers tout millions d’individus le nombre bruts. D’autres hommes ont pu en empêchant ceux-ci de faire d’Africains victimes de la traite consentir à entrer dans un état souche sur place. arabe au cours du dernier mil- de servitude, mais cela a été avec lénaire, du VIIe au XXe siècle. l’espoir d’atteindre aux honneurs, ■ Alban Dignat C’est à peu près autant que la aux richesses et à la puissance” traite européenne à travers (Les Prolégomènes, IV). Ces pro- Avec l’aimable autorisation de : l’océan Atlantique, du XVIe siècle pos précèdent de deux siècles la www.herodote.net/622_au_ au XIXe siècle. traite atlantique des Occidentaux. XXe_siecle-synthese-12.php Le trafic suit d’abord les routes transsahariennes. Des caravanes vendent, à Tombouctou par exemple, des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Elles en repartent l’année sui- vante avec de l’or, de l’ivoire, de l’ébène et... des esclaves pour ga- gner le Maroc, l’Algérie, l’Égypte et, au-delà, le Moyen-Orient. Au XIXe siècle se développe aussi la traite maritime entre le port de Zanzibar (aujourd’hui en Tanzanie) et les côtes de la mer Rouge et du Golfe persique. Le sort de ces esclaves, razziés

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 30 Vécu Kindu, petite histoire du poste de la Sûreté Au cours de l’été 1985 et suite aux contacts réalisés pendant le voyage des souverains belges de fin juin de la même année, des rencontres ont eu lieu au Zaïre (à Gbadolite et à Kinshasa) entre certaines des plus hautes autorités des services de sécurité de la République du Zaïre et le rédacteur du présent article qui y avait été envoyé par son administration pour une mission de proche collaboration. es réunions avaient éluder à ce moment, a été faite Depuis le départ des autorités pour but officiel une par l’AND (Agence Nationale de belges, un différend sans issue coopération étroite Documentation) pour tenter de existait entre l’administration basée sur l’expérience dénouer un imbroglio juridique congolaise puis zaïroise et un acquise par la Sûreté qui persistait depuis l’indépen- Le Président habitant de Kindu, d’origine deC l’Etat belge dans l’organisa- dance quant à la propriété de Mobutu nous invita grecque, qui se disait seul et tion d’un voyage papal tant au cette maison qui était deve- à partager son unique propriétaire de ces lo- niveau des éléments pratiques nue automatiquement le siège breuvage préféré caux construits en 1956 par la de ce type d’évènement que des des services de sécurité et de (Laurent-Perrier régie des bâtiments de l’admi- informations récentes recueillies renseignements congolais du Cuvée Rosé nistration coloniale. sur l’entourage du pape et sur Maniema. Cette construction comportait la menace potentielle planant produit par Bernard à l’époque les bureaux de la sur lui. A titre d’information, la Sûreté de Nonancourt) Sûreté et l’habitation familiale En effet, le Pape Jean-Paul II congolaise est devenue, en 1969, du chef de l’antenne locale de avait fait une visite de six jours le Centre national de documen- la Sûreté coloniale. en Belgique au mois de mai 1985 tation (CND). Ensuite, au gré des Les évènements n’avaient pas et devait effectuer un voyage à humeurs de Mobutu, la direc- aidé le nouveau pays à entrer la mi-août au Zaïre dans le but tion de cette organisation a fluc- en possession de documents de célébrer la béatification de la tué car il souhaitait y maintenir prouvant qu’il était propriétaire sœur Marie-Clémentine Anua- un contrôle étroit et personnel. des lieux et le conflit juridique rite, une religieuse congolaise En 1983, le service prend le nom persistait toujours en 1985. tombée sous les balles de ses d’Agence Nationale de Docu- Ainsi l’avant-dernier occupant bourreaux à Isiro, en 1964. mentation (AND) et en août de ces locaux qu’il quitta en 1990, l’AND devient le Service mars 1960 pour partir en congé national de renseignement et statutaire avant un retour prévu Imbroglio juridique autour de protection (SNIP). Ce service Kindu, le poste en septembre 1960 (retour qui de l’ancien siège de la sera dissous en 1997. provisoire en 1953 n’eut pas lieu, bien entendu !!) Sûreté dans le Maniema

Lors de moments informels qui entourèrent ces rencontres préparatoires – notamment avec une apparition imprévue du Président Mobutu qui invita à partager son breuvage pré- féré (Laurent-Perrier Cuvée Rosé produit par Bernard de Nonan- court) – est apparu le fait que j’avais vécu à Kindu avant 1960 dans une maison qui avait été le siège de l’antenne de la Sûreté coloniale au Maniema mais sur- tout que mon père en avait été l’occupant officiel depuis son édification en 1956 et le res- ponsable du poste depuis 1953. Immédiatement une demande d’aide “officieuse”, impossible à

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 31 Vécu Kindu, petite histoire du poste de la Sûreté

était toujours en exercice au Le 4 octobre 1956, les locaux ont pas un bâtiment “Etat” et le sein de la Sûreté de l’Etat en été occupés officiellement. Pour comptable de territoire ne m’a Belgique en 1985. Il a été invité éviter les regards indiscrets de jamais fait part de sommes qu’il par sa hiérarchie à démontrer gens qui passaient sur la route, versait à une quelconque per- la qualité officielle et non pri- j’ai fait planter des arbres ain- sonne pour un loyer éventuel. vée du bâtiment au moment de si que des plantes grimpantes Le poste SÛRETÉ KINDU fut l’indépendance dans le cadre devant l’entrée du bureau et remis à mon remplaçant le 30 des relations interservices. de la maison et tracer dans la janvier 1960 et un inventaire parcelle une route qui venait complet fut dressé. Un dossier complet “non offi- jusque devant le bâtiment. En juillet 1960, le poste SÛRETÉ ciel” illustré de photos de ser- Des antennes de Le bureau de la Sûreté était KINDU continua à fonctionner vice et familiales, inventaires, 40 mètres furent installé au rez-de-chaussée. et en 1961, j’ai même rencon- plans, documents administratifs plantées à l’arrière Une porte avait été percée tré en Belgique le Commissaire probants dont le rapport “in ex- de la parcelle par pour permettre aux visiteurs congolais qui occupait la mai- tenso” ci-dessous fut remis, peu le service des Télé- de pénétrer directement dans son. Il était venu en stage au après, au Conseiller spécial du communications le bureau sans devoir passer siège de la Sûreté de l’Etat à Président en matière de sécurité. pour permettre la par la maison. Bruxelles. “Je soussigné, Christian de Bon- liaison radio entre Un second bureau donnant Je puis donc certifier que le nay de Nonancourt, Commis- Kindu, Bukavu et vers l’arrière de la maison bureau et l’habitation de la saire honoraire de la Sûreté du Léopoldville servait de salle pour la radio, Sûreté à Kindu ont été occupés, Congo Belge, aujourd’hui Zaïre, les photocopies et les archives. dépendaient et étaient gérés par Chef de Poste SÛRETÉ KINDU A l’arrière se trouvaient deux l’Administrateur de Territoire de de janvier 1953 à mars 1960, autres bureaux pour les collabo- Kindu.” expose ce qui suit : rateurs indigènes. Des antennes Lors d’une rencontre ultérieure Lors de mon départ en congé de 40 mètres furent plantées à à Gbadolite, il m’a été affirmé en 1955 de Kindu vers la Bel- l’arrière de la parcelle par le que le problème était réglé. gique, le poste de la Sûreté à service des Télécommunica- Kindu, qui avait été créé en tions pour permettre la liaison janvier 1953, fut fermé pro- radio entre Kindu, Bukavu et Une mine de visoirement. Il n’avait pas été Léopoldville. Le reste de la mai- renseignements sur possible de trouver des locaux son était réservée à l’habitation l’ingérence étrangère au convenables, car le transfert du familiale. Congo Belge Chef-lieu du District du Manie- J’ai séjourné dans cette maison ma de Kasongo à Kindu avait jusqu’à mon départ en congé Il est impossible et il serait fasti- provoqué à Kindu une impor- en mars 1960 et n’ai jamais eu dieux de présenter ici l’intégra- tante crise du logement. Tous connaissance que cette maison lité du procès-verbal de remise- les fonctionnaires de Kasongo, appartenait à un autre proprié- reprise établi le 30 janvier 1960 mutés pour Kindu avec leurs taire que l’Etat. L’Administrateur entre deux Commissaires de la services avaient dû trouver des de Territoire n’a jamais évoqué Sûreté à Kindu, l’un quittant le maisons et des bureaux. Kindu, le poste en 1956 le fait que cette maison n’était poste, l’autre le reprenant.

Le Poste SÛRETÉ KINDU avait bénéficié d’abord d’une maison provisoire en 1953, puis de la maison d’un colon décédé en 1954. Entretemps, le District et le Territoire décidèrent d’un plan de constructions très im- portant pour le personnel et les services de l’Etat et promirent qu’un bureau et une habitation seraient construits et mis à ma disposition lors de mon retour de congé en 1956. Le 19 septembre 1956, lors de mon retour à Kindu, l’Adminis- trateur de Territoire Van Overs- traeten m’attribua un bureau et une habitation qui pouvaient convenir pour le service de la Sûreté.

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 32 Mais en énumérant les points min, C.F.L. – le communisme Sawa, Myaka, etc., etc.). essentiels de manière exhaus- (les tracts, “Mboka na Bisu”, Les troubles et les grèves fai- tive, on donne une image “Eveil du Congo”, “En Avant”, le saient aussi l’objet d’une atten- exempte de toute affabulation bréviaire du colonialiste, les or- tion et de rapports vers Bukavu des missions remplies par ce ganisations para communistes et Léopoldville (compagnie Nas- service de l’Etat dans la colonie. comme le regroupement des ser et Kitunga, incidents à Kailo, Il y avait les archives comptables Polonais émigrés, etc.). actes de malveillance au CFL ou depuis la création du poste en Une partie importante des mis- la COBELMIN, etc.). 1953, la documentation avec sions traitaient du contrôle et du notamment le fichier des rési- suivi de l’ingérence étrangère Néanmoins, une des missions dents européens et des autres (anglaise, américaine, sovié- la Sûreté colo- principales était le suivi des communautés du District, le tique, française, portugaise, in- niale a eu un rôle associations qu’elles fussent fichier des endroits stratégiques, dienne, allemande, égyptienne, stabilisateur et congolaises ou liées aux diffé- le fichier Islam (voyages à La tchécoslovaque, hongroise, bul- discret dans le bon rentes métropoles hors-Congo : Mecque, tribunaux et écoles gare, chinoise, soudanaise, gha- fonctionnement du ABAKO, CEREA, Union Congo- coraniques, immigration, tracts, néenne, polonaise, israélienne, Congo Belge laise, Union des Anciens Colo- brochures, etc.), le fichier des camerounaise) au Congo Belge niaux, Rassemblement Congo- meneurs Kitawala, les carnets ainsi que les influences en pro- lais, Alliance Progressiste Rurale, de recherche divisés en terri- venance des colonies voisines APROKI, UNECO, Union Belge toire, etc. telles que la Rhodésie, le Kenya, des Populations Congolaises, l’Uganda, le Tanganyika et le YMCA, Union des Warega, Il y avait aussi les dossiers gé- Soudan. MNC, Parti Travailliste Congo- néraux administratifs avec les Le rôle de la Sûreté s’étendait lais, FRABAKO, Parti de l’Avan- déclarations de créance, les rap- aussi aux militaires à surveiller – cement Démocratique en Ituri, ports d’activités, les rapports des notamment les kitawalistes à la Union Internationale des Etu- tournées dans le territoire – Kin- Force Publique – aux missions diants, Union Katangaise, APE- du, Kibombo, Pangi, Kasongo, scientifiques, touristiques ou CA, Fédération Batetela, etc., etc. Kabambare, Punia, Nord-Kivu, artistiques qui passaient par le Il n’est pas interdit de penser Sud-Kivu, Mwenga, Kongolo, Maniema, à la presse, aux jour- que la Sûreté coloniale a eu, elle Lubutu - l’armement (vols, tra- naux signalés et aux publica- aussi, un rôle stabilisateur et dis- fics, armes aux mains des in- tions interdites mais également cret dans le bon fonctionnement digènes, autorisations d’achat, au syndicalisme dans la région. du Congo Belge. etc.), les dossiers personnels Le suivi des sectes n’était pas Ce rôle s’est transformé après des informateurs mais aussi en reste car la plupart d’entre l’indépendance en une colla- les voyages des Congolais à elles représentaient un risque boration, parfois intense par- l’étranger, les voyages des moni- de perturbation de l’ordre établi fois interrompue, mais jamais teurs de Kasongo à Malonne, le et de ce fait un danger pour la Christian de Bonnay abandonnée. Congrès Jociste Africain à Rome sécurité de l’Etat (Kibanguisme, 1954 en 1957, les élections prévues, Kitawala/Watch Tower, Mitum- En conversation avec ■ Guy de Bonnay les sociétés – Symétain, Cobel- bula, Gandou, Vianda, Sawa- un informateur fiable de Nonancourt

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 33 Lire Infini Congo règnent dans les savanes, la forêt tropicale ou les collines de au rythme de la nature l’Est africain. Il nous transporte au cœur du pays le plus vaste et des peuples et le plus riche de l’Afrique, la République Démocratique du Congo, le long de son fleuve majestueux, de l’embouchure aux Photographies d’Angelo sources, du Katanga au Bas-Congo. Turconi Textes de François Neyts Il nous fait partager la vie telle qu’elle se déroule dans l’inté- Format : 25,5 / 33,5 / 4 cm rieur du pays, prise sur le vif, à travers des instantanés inouïs 396 pages de scènes quotidiennes et de grandes cérémonies culturelles Editions Sylvana Editoriale de ces peuples qui habitent le pays depuis des centaines et des centaines d’années. A épingler, le magnifique “In- fini Congo” d’Angelo Turconi, grand photographe et voya- geur, qui nous dévoile l’envi- ronnement et l’atmosphère qui

Le fantôme de Léopold A tort ou à raison, les malheurs du Congo ont été imputés, du au coeur des ténèbres moins dans une large mesure, à la colonisation et à ses suites. Ce Claude Nemry qui donne aux féroces anticolonialistes d’aujourd’hui l’occasion Ed L’Harmattan- 2011 - 243 de critiquer, voire de condamner la politique menée par la Bel- pages gique pendant une cinquantaine d’années dans la gestion de sa colonie. Deux ouvrages sont devenus pour eux des références Claude Nemry n’est pas un absolues dans ce genre de condamnation. Le premier “Au coeur inconnu pour ceux qui ont des ténèbres” de Joseph Conrad, a paru au début du siècle dernier. habité et aimé le Congo, et plus Le second, auquel se réfèrent également ceux qui condamnent particulièrement le Maniema l’époque belge, date de 1998 dans sa version française sous le et la région des Grands lacs. Il titre “Les fantômes du roi Léopold, un holocauste oublié”. est né à Kindu et a vécu toute A ces deux pamphlets prétendument historiques, Claude Nemry sa jeunesse à Bukavu puis au a voulu répondre en montrant combien ils pouvaient être loin Rwanda et dans les régions de de la réalité et comment ceux qui les utilisent pour vilipender l’Est. En fait, il ne les a jamais notre pays émettent des hypothèses en les présentant comme quittées, même s’il n’y a été des certitudes ou font l’impasse en prenant les contes pour des présent que lorsque sa vie réalités et les opinions pour des vérités. Après avoir lu et relu professionnelle l’y renvoyait ou qu’il y organisait des voyages de ces textes, l’auteur a voulu aller au delà de leurs mots, tantôt découverte. Pour lui comme pour nombre de créoles du Congo, abstractions, tantôt affirmations. Il s’est ainsi plongé dans la lec- le paradis perdu s’étendait du Kivu au Rwanda. A ce paradis, ture d’écrits contemporains de l’ère léopoldienne ainsi que dans il a consacré cinq livres contant, sous forme romancée, la saga autant d’analyses a posteriori. Une manière de proposer à ses africaine de Sylvain Guillaume, fonctionnaire territorial devenu lecteurs un point de vue qu’ils pourront rejeter ou accepter, mais colon, depuis ses débuts en 1938, jusqu’à l’indépendance. Ils qui, par des comparaisons adéquates, recadré dans son époque ont pour titres respectifs: Usubui, Nyamulagira, Les Tambours et dans son environnement, participera à l’écriture de l’histoire du Rwanda, Bukavu et Mangaribi. Ces récits d’une époque qui et remettra l’ère léopoldienne et les années qui suivirent à leur fut celle de sa jeunesse et à laquelle il a cru, lui laissent, comme place et dans leurs limites. à beaucoup de ses aînés et de ses contemporains, un sentiment Le livre contient de multiples et copieuses annexes très judicieuses d’inachèvement, d’échec et de mauvaise justice. et très intéressantes dont une chronologie détaillée de l’ère léopol- Qui en est responsable ? Depuis l’indépendance de 1960 et les dienne et une autre de l’ère du caoutchouc et de la polémique née problèmes qui suivirent, le phénomène qu’on appelle colonialisme des exactions commises sur les indigènes et leurs conséquences. a fait couler beaucoup de salive et d’encre. ■ Paul Masson Par amitié

Soxiété Anonyme Avenue de la Chênaie, 175 1180 Bruxelles

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 34 Les Echos de MdC i nos réunions habituelles – Le R.P. Steenackers, appelé aussi Ces forums nous donnent l’occa- sont suspendues pen- “Padre Polo”. Rentré pour raisons sion de recueillir de nombreux dant les vacances, les de santé après 46 ans de pré- témoignages : ces derniers sont membres actifs de MdC sence au Kivu où il s’est consacré pris sur le vif grâce à notre came- Sne se tournent pas les pouces pour à l’enseignement mais aussi aux raman Daniel Depreter et, si nous autant ! Depuis plusieurs années, ce différentes maladies qui sévissent en avons l’occasion, certains seront temps est mis à profit pour initier dans la région. approfondis ultérieurement. ou relancer des projets, réorganiser certaines activités, visiter des asso- – Lazare Bungu, né en 1936 dans la William Damseaux xxx ciations amies. province de l’Equateur où il a fait ses études. Comptable de formation, il Dans les échos parus dans le Cette année, nous nous sommes a travaillé à la Caisse d’Epargne et à numéro 26 de MDC, nous avons efforcés de penser à la pérennité l’Onatra avant d’arriver en Belgique commis l’irréparable erreur d’or- de nos archives, à la digitalisation à la fin des années 80. thographier tantôt COS, tantôt et à l’identification des nombreuses Aujourd’hui pensionné, il travaille KOS, l’île grecque dans laquelle photographies en notre possession comme gardien et guide au MRAC. certains d’entre nous se rendront ainsi qu’aux orientations à prendre Sous la conduite d’André Vleurinck, fin septembre, officiellement pour afin d’intéresser un public toujours il prépare son audition pour MdC. R.P. Steenackers recueillir des témoignages sur la plus large, tant à nos activités qu’à période coloniale, officieusement notre magazine. – Karine De Vos, née à Gemena pour se dorer la crêpe. Le début des travaux programmés en 1960. Son père a accompli avant Et bien, n’en déplaise à certains, l’un au Musée Royal d’Afrique Centrale 60 deux termes en tant qu’agent ou l’autre se dit. Outre le fait que a été reporté à la fin de l’année, ce territorial. KOS signifie “Kontraobabestajna qui permettra de respecter notre En 1964, il arrive à Djolu et est as- sluzba” (ce qui veut dire “service formule “Journée de Projections” sassiné lors de la rébellion muléliste. du contre-espionnage de l’armée avec la moambe servie à la café- Depuis lors, elle recherche toute yougoslave”), cette appellation fait téria du musée. Mais par la suite, personne qui a connu ses parents. Lazare Bungu plus sérieusement référence à une les repas se prendront à côté de la île et à une ville du Dodécanèse salle de projection. – Stig von Bayer, de nationalité sué- ainsi qu’à un village du Monténé- doise, arrive au Congo en 1948 avec gro, sans oublier un rappeur “bien xxx ses parents. Son père, agent fores- connu” des Yvelines. tier pour la Colonie, a travaillé dans Le nom COS , quant à lui, désigne la Nous avons encore accueilli dans le Maniema. Stig a fait une partie de même île et la même ville du Dodé- nos forums du 2e trimestre 2013 ses études à l’Athénée de Bukavu. canèse, qui partagent ainsi leur des visiteurs intéressants : Il rentre en Suède en 1956 pour des homonymie avec une commune – William Damseaux, arrivé au études supérieures et, apprenant Karine De Vos de l’Ariège, une ancienne paroisse Congo en 1931 et toujours fidèle en 1960 que la Suède constitue un du Tarn et Garonne, le symbole au poste à Kinshasa. Les Kinois contingent pour l’ONU, il contacte mathématique de la fonction tri- l’auront connu à l’hôtel ABC ou l’agent recruteur et déclare qu’il gonométrique cosinus, la formule comme directeur des sociétés sui- parle le français et le swahili. Il est brute du sulfure de cobalt, et l’abré- vantes : la ferme Avipor, Fridam engagé sur le champ. viation de “coefficient d’occupation (Frigos Damseaux) ou Congofrigo... des sols”. Dont acte. En 1966, il a été promu et décoré Un article paraîtra sur cette mission ■ Paul Vannès “Chevalier de l’Ordre du Léopard” dans notre magazine. par le Président Mobutu. Stig von Bayer Photos Daniel Depreter

Appel aux lecteurs qui détiennent des Cotisations trésors photographiques historiques, insolites, rares et insoupçonnés. “Mémoires du Congo” a besoin de votre générosité pour La rédaction de Mémoires du Congo souhaite poursuivre ses activités. Nous remercions nos membres présenter, dans chacun ses numéros à venir, une qui, chaque année, nous apportent un appui financier par rubrique “Mémorial” mettant en évidence des illus- le règlement de leur cotisation. trations peu connues, faisant partie de la petite tout autant que de la grande histoire du Congo, du Pour cette année 2013, nous nous permettons de rappeler Rwanda et du Burundi. Des illustrations qui parlent aux retardataires le paiement de la cotisation annuelle, ce d’elles-mêmes sans nécessiter le développement que, nous l'espérons, vous ferez volontiers. d’un long article.Si vous possédez de tels docu- Soyez-en tous remerciés d'avance. ments, nous vous remercions de nous les confier aux fins de publication. (Voir les détails en page 36) ■ La Rédaction

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 35 Souvenir MÉMOIRES DU CONGO et du Ruanda-Urundi asbl MdC Périodique trimestriel In memoriam asbl Agrément postal : BC 18012 N° 27 - Septembre 2013 Henri de Chaunac © Mémoires du Congo et du Ruanda Urundi é à Stanleyville le Tu as connu la vie de brous- Editeur responsable : Paul Vannès. 18 octobre 1928, tu sard, logeant dans des habitats Rédacteur en Chef : Chantal Schaller. Secrétaires de rédaction : Nadine Evrard, Guy de Bonnay de nous as quittés ce précaires construits en “poto- Nonancourt. 17 mai 2013. Nous pote” sous un toit de “matitis”. Comité de rédaction : Navons eu le plaisir et l’hon- La lampe Coleman et le frigo à Anne-Marie Bouvy Coupery de Saint Georges, Robert Bodson, neur de te compter parmi les pétrole étaient le seul luxe dans Thierry Claeys Boùùaert, André de Maere d’Aertrycke, Fernand Hessel, Guy Philips, Paul Roquet, Jean-Paul Rousseau, membres actifs de “Mémoires cette vie sur le terrain et cela, Paul Vannès, Daniel Van Tichelen. du Congo” et tu nous as per- pour faire sortir de terre la Comité technique - photothèque et recherche mis ainsi de répondre aux buts station d’élevage de bétail de iconographique : de notre association : faire MWENE-DJEMBA. Françoise-Moehler De Greef, Yves de Campos, Guy Dierckens, connaître la réalité de la colo- Personnellement je n’ou- Pascal Pruvost, Philippe Renson. Contact : [email protected] nisation belge en recueillant un blierai jamais que tu m’as Maquette et mise en page : New Look Communication maximum de témoignages de énormément secondée Conseil d’administration personnes ayant vécu et tra- dans le travail de trans- Président : Roger Gilson. vaillé sous le drapeau belge en cription des témoignages Vice-Président : Guido Bosteels. Afrique centrale. en relisant tous ces textes et Administrateur-délégué : Paul Vannès. Trésorier : Guy Lambrette. j’appréciais beaucoup les petits Secrétaire : Nadine Evrard. Tu nous as laissé aussi un vi- commentaires humoristiques Administrateurs : brant témoignage sur le Fonds que tu ajoutais en marge de Patricia Van Schuylenbergh, Guy Dierckens, José Rhodius, Pierre Wustefeld, du Bien Etre Indigène pour ces pages relues ainsi que CRAOM, représenté par Guy Lambrette, lequel tu as travaillé au début dans les corrections des ana- C.B.L.-A.C.P., représentée par Thierry Claeys Boùùaert. de ta carrière congolaise, fonds lyses que nous faisions avec Siège social qui investissait des sommes Jean-Marc. avenue de l’Hippodrome, 50 énormes afin d’apporter à la Cher Henri, repose en paix et B-1050 Bruxelles population locale un dévelop- sache que nous perpétuerons Siège administratif pement matériel et moral par ton histoire. rue d'Orléans, 2 – B 6000 Charleroi Tél. 00 32 (0)71 33 43 73 des actions médicales, sociales Anatole France ne disait-il pas : Numéro d’entreprise : 478.435.078 et culturelles, comme le déve- “Ne perdons rien du Passé, car Site public : www.memoiresducongo.org loppement de l’enseignement ce n’est qu’avec le passé qu’on Site administratif : www.smdc.be Compte bancaire : ING 310-1773520-58 de base en milieu rural, l’exé- fait l’Avenir”. BIC : BBRUBEBB cution de travaux publics et la IBAN : BE95 3101 7735 2058 promotion de l’économie. ■ Nadine Evrard Secrétariat Secrétaire : Georgette Cornelis Assistante : Andrée Willems Cotisations 2013 Membre adhérent : 25 € Cotisation de soutien : 50 € Cotisation d’Honneur : 100 € Cotisation à vie : 1.000 € Pour virement depuis l’étranger, veuillez donner à votre banque les informations suivantes : BIC : BBRUBEBB - IBAN : BE95 3101 7735 2058 N’oubliez pas la mention “Cotisation 2013”. Pour les dames, nous demandons, lors des versements, de bien vouloir utiliser le même nom que celui sous lequel elles se sont inscrites comme membres. Fichier d’adresses Si vous changez d’adresse, n’oubliez pas de nous communiquer vos nouvelles coordonnées. Cela nous permettra de rester en contact et évitera au secrétariat d’effectuer des recherches. Si vous connaissez des personnes susceptibles de devenir membres de MDC, communiquez-leur notre adresse ou mieux encore transmettez-nous leurs coordonnées afin que nous puissions leur envoyer notre documentation. Abonnement Pour recevoir la revue, virer la somme de 25 € (50€ pour les autres pays d’Europe) au compte de “MdC” avec pour mention “abonnement”. Publicité Tarifs sur demande, auprès du siège administratif

MdC Mémoires du Congo n°27 asbl Septembre 2013 36