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ÉDITO

LES HÉROS ET LES LÂCHES

vant de présenter ce nou- veau numéro, je tiens à m’incliner devant le cou- A rage de Horst Mahler qui, à 73 ans, vient d’être condamné à six ans de prison ferme par la « Justice » allemande*. L’héroïque révisionniste savait qu’une arrestation immédiate serait prononcée par les magistrats du tribunal de Munich. Mais la pri- son fait partie de sa stratégie. A notre correspondant allemand, il a L‘héroïque Horst Mahler

* Voici le texte de l’agence Belga : « Une figure de l'extrême droite allemande, l'ancien avocat du parti néonazi NPD Horst Mahler, 73 ans, a été condamnée mercredi à six ans de prison ferme pour avoir qualifié l'Holocauste de " plus énorme mensonge de l'histoire du monde ". « M. Mahler, un habitué des prétoires qui fut membre du NPD de 2000 à 2003 mais a quit- té ce parti qu'il l'estimait " désuet " car trop " calqué sur le parlementarisme ", a été condam- né pour " incitation à la haine raciale " par un tribunal de Munich. Il a été arrêté et incarcé- ré à l'énoncé du jugement. « L'extrémiste, qui s'était lui-même dénoncé au parquet afin d'utiliser son procès comme une tribune pour propager ses thèses, a été condamné pour des propos tenus dans une vi- déo, et pour avoir propagé de la littérature négationniste. « Avant son engagement à l'extrême droite, Horst Mahler avait été l'un des fondateurs de l'organisation terroriste Fraction armée rouge (RAF), groupe d'extrême gauche violent qui fit la guerre à l'Etat " impérialiste " dans les années 70-80. Cet engagement lui avait d'ail- leurs valu de passer dix ans en prison, de 1970 à 1980. « Depuis qu'il a rallé l'extrême droite, il a été condamné à plusieurs reprises pour ses pro- vocations. Ainsi, en avril 2008, il avait écopé de dix mois de prison pour avoir nié la Shoah et pour avoir salué d'un "Heil Hitler" un animateur juif qui l'interviewait à la télévision. « En mai 2004, il avait été condamné à 7.800  d'amende pour avoir fait l'apologie des at- tentats du 11 septembre 2001. « Une procureur allemande avait été limogée l'été dernier d'un poste d'encadrement après avoir estimé à l'occasion d'un énième verdict contre Horst Mahler que ce dernier forçait " le respect " pour sa constance à assumer ses opinions au mépris des lois. (belga) » (source : www.infomonde.be/im/fr/3034/monde/a rticle/detail/723268/2009/02/25/6-ans-de-prison- pour-une-figure-de-l-extreme-droite-allemande.dhtml). 2 Sans Concession déclaré que seul l’internement répé- possible la vérité. En juin dernier, té des quelques militants jusqu’au- nous pensions publier un ou deux boutistes pourrait provoquer le ré- numéros avec lui encore en liberté. veil du peuple allemand. Voilà pour- Nous voici au quatrième. Deo gra- quoi il est allé entendre le jugement. tias . Il est vrai que chaque mois, l’é- Calmement, sans forfanterie. Et le tau se resserre. Notre boîte postale soir, il couchait en prison, acceptant à Bruxelles nous a été arbitraire- que sa liberté meure pour que son ment retirée, nos sites Internet sont idéal vive. désormais inaccessibles à partir de En comparaison, les catholiques l’Europe, un compte ouvert en Belgi- dits « traditionalistes » font piètre que pour aider M me Reynouard a été figure. Un Bernard Fellay se déclare bloqué et la traque contre Vincent prêt à signer de son sang le Credo , s’intensifie. Toutes ces (mauvaises) mais il se révèle incapable de faire nouvelles sont détaillées ci-après face à la meute hurlante. Tremblant dans l’article consacré aux « nouvel- les du front ».

♦LA « LETTRE À M GR F ELLAY » RENCONTRE UN VIF SUCCÈS

Et pourtant, le combat continue. Grâce à votre soutien actif et géné- reux, le VHO poursuit ses activités militantes. En quatre semaines, plus de 500 copies de la « Lettre à Mgr Fellay » ont été diffusées avec le DVD de six heures. Le courrier Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité reçu démontre que ce texte a ouvert sacerdotale Saint-Pie X. Un lâche devant l‘Éternel... les yeux à de nombreuses personnes qui, dans les milieux catholiques, devant les fanatiques de la Mé- ignoraient tout non seulement du moire, il jette dehors l’abbé Abraha- révisionnisme, mais aussi (et sur- mowicz et réduit M gr Williamson au tout) de ses enjeux sociologiques silence après l’avoir démis de ses considérables. fonctions. Quelle honte ! Et quelle différence avec H. Mahler ! J’y re- ♦V. REYNOUARD TOUJOURS SUR viendrai. LA BRÈCHE

♦LA RÉPRESSION S’ACCENTUE De son côté, V. Reynouard tra- CONTRE LE VHO vaille pour la cause et n’a pas perdu son sens de l’humour. Sa réponse Fort heureusement, tous les aux autorités françaises qui exigent « cathos-tradis » ne sont pas comme plus de 20 000  d’amende et frais Bernard Fellay. Malgré une straté- de justice en témoigne. Nous l’avons gie différente de celle adoptée par reproduite, avec ses annexes, dans H. Mahler, Vincent Reynouard sait le présent numéro. qu’un jour où l’autre, il ira en pri- V. Reynouard a également écrit à son. Avant ce jour fatal, il souhaite deux journalistes : travailler et crier le plus longtemps Les héros et les lâches 3

- Frédéric Loore de -Match L’ennui est qu’après avoir visité Belgique qui, sans le prévenir, a pu- Mauthausen, les élèves pensent : si blié la transcription d’un entretien le camp était doté d’un petit local téléphonique qu’il lui avait d’asphyxie ayant permis de gazer (naïvement) accordé début février. quelques milliers d’individus, alors - Raphaël Tassart, du groupe Sud- Birkenau a pu être muni de cham- Presse qui lui a posé des questions bres à gaz bien plus grandes capa- écrites. bles de tuer environ un million de Nous publions ces deux docu- juifs. ments dans lesquels, comme tou- Dans cette affaire, comme dans jours, V. Reynouard défend sans bien d’autres, il n’y a pas de « petit complexe le combat global mené par mensonge » que l’on pourrait per- le VHO : révisionniste, national- mettre. Tout se tient au contraire. socialiste et catholique. Les « petites » chambres à gaz du Struthof, de Dachau et de Mauthau- ♦UN ARTICLE SUR M AUTHAUSEN sen ont permis de tromper un nom- bre considérable de personnes qui, Intellectuellement, la cause est aujourd’hui, repoussent tout révi- entendue : la Shoah est un mythe. sionnisme en disant : « Moi, j’ai Mais le travail révisionniste sur le vu… » Telle est la raison pour la- sujet n’est pas achevé pour autant. quelle nous avons choisi de publier Nos lecteurs trouveront dans ce nu- cette étude sur les prétendus gaza- méro un article sur la prétendue ges à Mauthausen ; nous avons par- chambre à gaz homicide de Mau- ticulièrement insisté sur les procé- thausen. Certes, dans la thèse offi- dés (très) malhonnêtes que les fana- cielle, ce camp n’a pas le même sta- tiques de la Mémoire utilisent lors- tut qu’Auschwitz. Mais l’endroit re- qu’ils tentent de défendre l’indéfen- converti en musée est visité chaque dable. année par de très nombreux élèves. Ils en ressortent persuadés d’avoir ♦DE D IEUDONNÉ À W ILLIAMSON vu une chambre à gaz homicide ca- mouflée en salle de douche. Il était impossible de boucler ce Les éternels lâches nous diront : numéro sans parler de « l’affaire « Certes, mais il s’agit d’une petite Williamson ». Survenue quelques chambre — moins de 20 mètres car- semaines après le scandale provo- rés — dans laquelle, d’après les his- qué par Mbala Mbala Dieudonné toriens officiels, 4 000 personnes en- invitant et récompensant Robert viron auraient été gazées. N’allez Faurisson lors d’un spectacle au Zé- donc pas prendre le risque d’être nith (Paris)*, cette tempête médiati- poursuivis pour si peu… » que mondiale a démontré, en

* Voici le texte diffusé sur le site Internet du magazine Le Point : « Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert lundi une enquête préliminaire après l'invi- tation sur la scène du Zénith de Paris par l'humoriste Dieudonné de l'historien négation- niste Robert Faurisson. Il s'agit de " vérifier dans quelles conditions Dieudonné Mbala Mbala a remis, sur la scène du Zénith dans la nuit du 26 au 27 décembre, le prix de l'infré- quentabilité et de l'insolence à Robert Faurisson ". L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne. Elle aura " pour objet de déterminer si les délits de contestation de crime contre l'humanité commis au cours de la S econde Guerre mondiale ou d'injures antisémites ont été perpétrés à cette occasion ", a indiqué le parquet. « Dieudonné, qui se produisait au Zénith, a déclenché vendredi une ovation en l'honneur 4 Sans Concession

« grandeur nature » — un peu mentable. Les plus vils ont cru bon comme le 21 avril 2002 en — de se joindre aux adversaires pour , combien le prétendu « Holocauste » condamner sur le fond les propos de était vital pour les partisans du Mgr Williamson. D’autres se sont Nouvel ordre mondial, donc combien contentés de dénoncer des propos le combat révisionniste était primor- inopportuns. La grande majorité dial. s’est réfugiée dans un silence pru- dent. ♦LAMENTABLES « TRADITIONALISTES » Sachant que l’affaire secouait des milieux catholiques, très souvent, Comme d’habitude, les éternels l’excuse invoquée était : « Ce n’est lâches ont donné un spectacle la- pas notre combat. Nous, nous défen-

Mbala Mbala Dieudonné et Robert Faurisson

de Robert Faurisson, accueilli sur scène par une accolade. Un " prix de l'infréquentabilité et de l'insolence " a également été remis à l'historien, condamné pour ses thèses niant la Shoah, par une personne déguisée en déporté juif. Cette nouvelle provocation de l'humo- riste, déjà condamné pour des propos antisémites, a suscité un tollé. La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a en particulier demandé au parquet, lundi, en début d'après-midi, de poursuivre l'humoriste. « Dénonçant cette " effroyable mise en scène ", le Conseil représentatif des associations noi- res (Cran) a demandé mardi, dans un communiqué, " la mobilisation de tous nos conci- toyens ainsi que la fermeté des pouvoirs publics contre le racisme, l'antisémitisme ainsi que toutes les intolérances qui se renforcent et aboutissent aux discriminations ". Le Cran, qui se "félicite " de l'ouverture d'une enquête préliminaire par la Brigade de répression de la dé- linquance contre la personne (BRDP), " souhaite l'application la plus sévère de la loi si l'apologie de contestation de crime contre l'humanité commis au cours de la Seconde guerre mondiale était constituée ". « SOS Racisme, qui s'est dite " satisfaite " de l'ouverture d'une enquête préliminaire, a pré- cisé pour sa part mardi dans un communiqué qu'elle a chargé Me Patrick Klugman de "donner toutes les suites judiciaires nécessaires à cette nouvelle salve aux relents antisémi- tes de Dieudonné ". L'association " rappelle que la mise à l'honneur de Faurisson par Dieu- donné, ainsi que la remise d'un "prix" à ce négationniste notoire par une personne représen- tant un déporté juif, ne relèvent pas de la simple provocation ou d'un mauvais goût sur le- quel il faudrait passer ". « "Je vis douloureusement cette provocation", avait affirmé lundi le fondateur de l'associa- tion des fils et filles des déportés juifs de France, Serge Klarsfeld, qualifiant celle-ci de "mise en scène" destinée à "renforcer le public de Dieudonné". "Je ne pense pas qu'il y ait eu des propos négationnistes au Zénith" avait-il expliqué sur RTL, en ajoutant cependant que "les poursuites ne lui paraiss[aient] pas possibles". »(source : www.lepoint.fr). Les héros et les lâches 5 dons la foi de Jésus-Christ. » Pitoya- voilà pourquoi il a préféré écarter ble dérobade ! A croire que ces Mgr Williamson. Quand les esprits « cathos-tradis » n’ont jamais lu sont échauffés et qu’il faut se l’Évangile. Car on y apprend que, contenter de quelques déclarations, questionné par un Pharisien pour démontrer la pertinence des thèses savoir quel était « le plus grand révisionnistes est impossible. » Je commandement dans la Loi », Jésus lui ai répondu en citant, dans les répondit : évangiles, l’épisode de la femme adultère : alors que Jésus enseigne Tu aimeras le Seigneur ton Dieu dans le Temple, des Pharisiens lui de tout ton cœur, de toute ton amènent une femme surprise en fla- âme et de tout ton esprit. C’est là grant délit de fornication et lui de- le plus grand commandement et mandent son avis. Or, la Loi est le premier. Mais un second lui est claire : pour ce péché, la coupable égal : Tu aimeras ton prochain doit être lapidée. Le Christ affirme comme toi-même. C’est sur ces vouloir respecter la Loi, mais il prê- deux commandements que repose che aussi l’amour du prochain, la toute la Loi et aussi les Prophètes douceur et le pardon. On imagine [Matth., XXII, 37-40].

Je réponds donc à tous ces « cathos » : aime-t-on vraiment son prochain comme soi-même quand on laisse proférer à l’encontre d’un peu- ple entier la plus grave accusation jamais portée dans l’histoire mo- derne (six millions de meurtres froi- dement planifiés) ? Assurément non. En punissant M gr Williamson puis en lui ordonnant publiquement (dans le Spiegel ) de se taire et de se faire oublier, M gr Fellay a discrédité la cause qu’il prétend défendre. Tous ses propos selon lesquels lui et Les pharisiens demandent au Christ s‘ils doivent appliquer la loi de Moïse et lapider ses amis seraient prêts à signer de la femme adultère (scène tirée du film de leur sang le Credo ne sont que des Franco Zeffirelli, Jésus de Naza- rodomontades. reth ,1977).

♦IMITER LA STRATÉGIE DU C HRIST sans peine la situation : la femme DANS LE CAS DE LA FEMME ADUL- surprise a été traînée de force ; elle TÈRE doit se tenir là, haletante, ébourif- fée, les habits en désordre, sentant Un « catho » à qui j’en parlais le spectre d’une mort affreuse pla- s’appuya sur notre DVD de six heu- ner sur elle ; à quelques pas se tient res pour dire : « Voyez-vous le temps une foule vengeresse, prête à exécu- qu’il faut pour défendre la cause de ter une sentence qu’elle croit sûre. la vérité historique ? Face aux mé- Oui, vraiment, les esprits sont dias, M gr Fellay, lui, ne disposait à échauffés. Sommé de donner son chaque fois que quelques minutes ; avis, le Christ n’a pas le temps pour 6 Sans Concession de longs discours. Dès lors, com- à Pétain », « abandonnaient les Juifs ment va-t-il répondre ? Très simple- à la géhenne »**. Plus loin, l’auteur ment. S’adressant aux Pharisiens, il parlait des « camps de la mort, no- lance : « Que celui d’entre vous qui tamment Dachau et Mauthausen » est sans péché lui jette la première où « 5 000 [prêtres] furent assassi- pierre » (Jn, VIII, 7). nés » ( Ibid ., pp. 19-20). Vomitif ! Mgr Fellay aurait dû méditer cette admirable leçon. Face à ces Pharisiens modernes, il aurait dû répondre tranquillement : « Que ce- lui d’entre vous qui, au terme d’un débat loyal, aura été capable de dé- montrer que les révisionnistes ont tort lui jette la première pierre ». Cet appel au débat, les révisionnis- tes l’utilisent depuis des années ; R. Faurisson l’a utilisé en 1987 peu avant le colloque de la Sorbonne*, V. Reynouard n’a cessé de l’utiliser Quand les « cathos cons-cons » caution- à Oradour-sur-Glane, puis sur le nent le mythe de l‘ « Holocauste » (voy. site Internet du vhofrance, puis Pour qu‘Il Règne , mai-juin 2002, p. 19). dans sa dernière courte vidéo diffu- sée Youtube. Dans ce numéro, nos lecteurs A la place de cela, le supérieur de trouveront trois articles consacrés à la Fraternité sacerdotale Saint- l’affaire Williamson. Ils ont été rédi- Pie X a pris une pierre et l’a jetée à gés par V. Reynouard, Jean-Jacques Mgr Williamson. Inexcusable ! Mais Stormay et l’incontournable Petrus . finalement très prévisible. Car dans Chacun des trois auteurs porte un cette affaire, les « cathos-cons-cons » regard différent sur les événements ont toujours cautionné le mensonge. récents. Tous sont cependant très Rappelons par exemple qu’en 2002, déçus par le comportement de la suite à la sortie sur les écrans du Fraternité sacerdotale Saint-Pie X film Amen de Costa-Gavras, ils pré- et ils expliquent pourquoi. tendirent défendre la mémoire de Pie XII en reprenant la thèse du A l’heure où, en Allemagne, Syl- pape qui, confronté à une entreprise via Stolz, Ernst Zündel, Germar Ru- d’extermination, fait ce qu’il peut dolf et Horst Mahler croupissent en pour sauver un grand nombre de prison, certains pour plusieurs an- juif de la mort. Dans leur organe de nées encore, notre devoir est de Belgique, ainsi, sous le titre : « La poursuivre la lutte jusqu’au bout, mémoire d’un grand pape outra- quelle qu’en soit l’issue. gée », ils publièrent un article où Toute l’équipe du VHO se joint à l’action d’un Pie XII sauveur était moi pour vous remercier de votre opposée à celle des « francs-maçons fidélité et de votre générosité. français » qui, après avoir voté « à la Bonne lecture à tous. quasi-unanimité les plains pouvoirs Marie Pererou

* Voy. les Annales d’histoire révisionnistes , n° 4, Printemps 1988, pp. 9 et ss. ** Voy. Pour qu’Il Règne , mai-juin 2002, p. 19, col. B, article de Jean-Paul Louis. 7

VINCENT REYNOUARD RÉPOND À L’ÉTAT FRANÇAIS

QUI LUI DEMANDE DE PAYER 20 120 

Début février, Vincent Reynouard « contestation d’existence de crime a reçu un « Dernier avis avant pour- contre l’humanité ». suites » exigeant le paiement de Sans surprise, notre collabora- 20 120  (voy. page suivante). Cette teur a refusé de payer. Nous pu- somme correspond à l’amende blions ci-après la lettre (et les an- (augmentée des frais) à laquelle il a nexes) dans laquelle il explique avec été condamné en juin 2008 par la humour les motifs de son refus. cour d’Appel de Colmar pour L’équipe de SC 8 Sans Concession Vincent Reynouard répond à l‘État français 9

Vincent Reynouard Sans doute ignorez vous l’exis- En exil tence de cette Cour Non-Militaire Universelle, car c’est l’équipe de Vi- Le 21 mars 2009 sion Historique Objective qui l’a créée le 13 février 2009 et il n’y a Monsieur le Comptable guère eu de publicité. du Trésor J’en suis le Président. Marie Pe- Tres. Haut-Rhin Amendes rerou et Siegfried Verbeke m’assis- tent dans ma mission. Ref Trésorerie : 068030 53 6 08 000947 7 Vous me répondrez que cette Cour n’a aucune légitimité. Et pour- quoi donc ? L’histoire des héroïques Monsieur, défenseurs de la Civilisation et de la dignité humaine face aux barbares Vous exigez de moi le paiement démontre qu’au terme d’une lutte, le de 20 120 , au motif que j’ai été vainqueur peut créer de toutes piè- condamné en France pour « contes- ces une nouvelle juridiction chargée tation d’existence de crime contre de juger rétroactivement le vaincu. l’humanité » (loi Fabius alias Gays- C’est ce qui s’est passé le 8 août sot). 1945 lorsque, d’un accord conclu en- tre les Américains, les Soviétiques, Or, il se trouve que par une déci- les Anglais et les Français, naquit le sion du 13 mars 2009, la Cour Non- Tribunal Militaire International sis Militaire Universelle a déclaré nul à Nuremberg. et non avenu l’arrêt de la cour d’Ap- Trop heureux de trouver ce précé- pel de Colmar me condamnant (voir dent moralement incontestable annexe). (puisque personne, dans le camp des

Londres, 8 août 1945. Les vainqueurs signent entre eux un Accord qui créé ex-nihilo un Tribunal Militaire International déclaré compétent pour juger rétroactivement les vaincus (et eux seuls). Assis, de gauche à droite : I. Nikitchenko (URSS), Jow itt (Grande-Bretagne), R. Jackson (USA) et R. Falco (France) 10 Sans Concession

Berne, 13 février 2009. Vincent Re- ynouard signe un Accord qui crée ex- nihilo une Cour Non-militaire Univer- selle déclarée compétente pour juger la validité des décisions de justice frap- pant les révisionnistes. « bons », ne le conteste), au terme de la lutte épique qui m’a opposé à la « Justice » française, nous avons imité les vainqueurs de 1945 : nous somme allés au vestiaire pour revê- tir des costumes de législateurs et avons repris, avec quelques modifi- cations, les articles du « Statut du Tribunal Militaire Internatio- nal » (TMI). Voilà pourquoi :

- il nous est possible, comme aux vainqueurs de 1945, de créer n’im- porte quelle juridiction, n’importe quand (comprenez : même après les - il nous est possible, comme aux faits, afin de juger rétroactivement) vainqueurs de 1945, de se déclarer et pour juger n’importe quoi (voy. compétents pour juger tout ce que l’art. 1 du Statut du TMI) ; bon nous semble, puisque l’art. 6 dé- clarait le TMI « compétent pour ju- - il nous est possible, comme aux ger et punir toute personne » recon- vainqueurs de 1945, d’être en même nue coupable de trois délits nou- temps juges et partie, puisque, en veaux, spécialement inventés pour accord avec l’art. 2, les quatre juges la circonstance : les « crimes contre du TMI (et les quatre suppléants) la paix », les « crimes de guerre » et appartenaient au camp des vain- les « crimes contre l’humanité ». queurs : le Président du TM I était Nous avons donc choisi d’être com- britannique (Lord G. Lawrence), les pétents pour juger et réformer tou- trois autres juges étaient américain tes les décisions de justice de tous (Francis Biddle), soviétique les pays et de toutes les instances (I. T. Nikitchenko) et français supranationales. C’est nouveau, ça (Henry Donnadieu de Vabres). vient de sortir, mais c’est comme ça, irrécusable. - il nous est possible, comme aux vainqueurs de 1945, de déclarer ir- - il nous est possible, comme aux récusable cette nouvelle juridiction, vainqueurs de 1945, de juger rapi- puisque l’art. 3 précisait : « Ni le dement en admettant toutes les Tribunal, ni ses membres, ni leurs preuves jugées probantes, car suppléants ne pourront être récusés l’art. 19 déclarait : « Le Tribunal ne par le Ministère public, par les accu- sera pas lié par les règles techniques sés ou par la Défense ». Ne venez relatives à l’administration des donc pas nous récuser, nous décla- preuves. Il adoptera et appliquera rons d’avance que c’est interdit… autant que possible une procédure Vincent Reynouard répond à l‘État français 11 rapide et non formaliste et admettra de toute échelle des peines, puisque, tout moyen qu’il estimera avoir une d’après l’art. 27, le TM I pouvait pro- valeur probante ». Voilà pourquoi noncer contre les accusés « la peine nous avons admis comme « moyen de mort ou tout autre châtiment qu’il ayant une valeur probante » une dé- estimer[ait] être juste ». En avant, claration écrite (re-dactylographiée donc, les suspensions, les annula- par nos soins) qu’a faite le Grand tions, les cassations sans renvoi… Architecte de l’Univers et dans la- puisque que la seule règle limitative quelle il affirme que les jugements dans les peines infligées est l’arbi- condamnant les révisionnistes sont traire des juges. nuls et non avenus. Ne venez pas la contester, c’est nous qui décidons, Telle est la raison pour laquelle je comme les juges de Nuremberg déci- ne paierai pas les 20 120  deman- daient hier, admettant comme dés. J’ai le Droit universel pour moi « preuves » des documents aussi gro- (ça aussi, c’est moi qui l’ai inven- tesques que le URSS-008 (quatre té…). millions de morts à Auschwitz), URSS-196 (recette pour la fabrica- Et ne vous avisez pas de me faire tion du savon humain), PS-386 (dit poursuivre pour non-paiement ; si- « Protocole Hossbach », un prétendu non, je crée une nouvelle juridiction discours d’Hitler du 5 novembre qui sera compétente pour vous juger 1938), URSS-54 (culpabilité des Al- et vous condamner à la déchéance lemands à Katyn)… de tous vos droits civiques et à confiscation de tous vos biens. Vous - il nous est possible, comme aux iriez alors rejoindre le cortège des vainqueurs de 1945, de déclarer « morts-vivants », c’est-à-dire des sans appel une décision de justice, « collabos » jugés eux aussi, à partir car l’art. 26 précisait que la décision d’octobre 1944, par des juridictions du TMI serait « définitive et non sus- nouvelles et qui furent déchus de ceptible de révision ». En consé- tous leurs droits, étant dès lors quence, ne venez pas contester la considérés comme morts par la so- décision de la Cour Non-Militaire ciété… Universelle. Nous la déclarons in- contestable, valable pour l’éternité. Veuillez agréer, Monsieur, l’ex- pression de mes sentiments distin- - il nous est possible, comme aux gués. vainqueurs de 1945, de juger et d’in- fliger le verdict qui nous plaît, hors Vincent Reynouard

Annexes :

1. Les statuts de la Cour Non-Militaire Universelle comparés aux statuts du Tribunal Militaire International de Nuremberg ; 2. Le jugement de la CMU rendu par Vincent Reynouard dans l’affaire Vincent Reynouard ; 3. Le document CVR-001 dont l’authenticité ne saurait être remise en cause. 12 Sans Concession

STATUTS DE LA STATUTS DU TRMBUNAL COUR NON-MILITAIRE MILITAIRE INTERNATIONAL UNIVERSELLE DE NUREMBERG

Article premier. Article premier. En exécution de l'Accord signé le En exécution de l'Accord signé le 13 février 2009 par les représen- 8 août 1945 par le Gouvernement tants du révisionnisme dans le Provisoire de la République Fran- monde francophone, Marie Pererou, çaise et les Gouvernements des Vincent Reynouard et Siegfried États-Unis d'Amérique, du Verbeke, une Cour Non-Militaire Royaume Uni de Grande-Bretagne Universelle (dénommé ci-après « la et d'Irlande du Nord, et de l'Union Cour »), sera créée pour juger de fa- des Républiques Socialistes Soviéti- çon appropriée et sans délai, les dé- ques, un Tribunal Militaire Interna- cisions de justice ayant frappé les tional (dénommé ci-après « le Tribu- révisionnistes dans le monde entier. nal »), sera créé pour juger et punir de façon appropriée et sans délai, les grands criminels de guerre des pays européens de l'Axe.

Article 2. Article 2. Le Tribunal sera composé de Le Tribunal sera composé de trois juges. Chacun des signataires quatre juges, assistés chacun d'un désignera un juge qui peut être lui- suppléant. Chacune des Puissances même. signataires désignera un juge et un juge suppléant […].

Article 3. Article 3. Ni la Cour, ni ses membres ne Ni le Tribunal, ni ses membres, pourront être récusés par le Minis- ni leurs suppléants ne pourront être tère public, par les accusés ou par récusés par le Ministère public, par les défenseurs. les accusés ou par les défenseurs […].

Article 6. Article 6. La Cour établie par l'Accord men- Le Tribunal établi par l'Accord tionné à l'article premier ci-dessus mentionné à l'article premier ci- pour le jugement des décisions de dessus pour le jugement et le châti- justice ayant frappé les révisionnis- ment des grands criminels de tes dans le monde entier sera com- guerre des pays européens de l'Axe pétente pour juger toutes les déci- sera compétent pour juger et punir sions prises par les instances sui- toutes personnes qui, agissant pour vantes : le compte des pays européens de l'Axe, auront commis, individuelle- ment ou à titre de membres d'orga- nisations, l'un quelconque des cri- mes suivants : Les actes suivants, ou l'un quel- conque d'entre eux sont des crimes Vincent Reynouard répond à l‘État français 13

soumis à la juridiction du Tribunal et entraînant une responsabilité in- dividuelle :

a) Les tribunaux de première ins- a) Les crimes contre la Paix : tance, les cours d’Appel et les cours c'est-à-dire la direction, la prépara- de Cassation des différents pays : tion, le déclenchement ou la pour- c'est-à-dire toutes les juridictions suite d'une guerre d'agression, ou nationales et tous les tribunaux na- d'une guerre de violation des trai- tionaux ayant une fonction équiva- tés, assurances ou accords interna- lente ; tionaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l'accomplissement de l'un quel- conque des actes qui précèdent ;

b) Les tribunaux supranationaux b) Les crimes de guerre : c'est-à- du monde entier : c'est-à-dire, en dire les violations des lois et coutu- premier lieu, la Cour européenne de mes de la guerre. Ces violations sauvegarde des Droits de l’Homme, comprennent, sans y être limitées, mais aussi toutes les autres instan- l'assassinat, les mauvais traite- ces équivalentes ou apparentées ; ments ou la déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais traitements des prison- niers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pil- lage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences mili- taires ;

c) Un éventuel tribunal mondial : c) Les crimes contre l'Humanité : c'est-à-dire toute cour pénale inter- c'est-à-dire l'assassinat, l'extermi- nationale dépendant de l’ONU ou nation, la réduction en esclavage, la d’une autre association, ainsi que déportation, et tout autre acte inhu- toute juridiction universelle. main commis contre toutes popula- tions civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux lorsque ces actes ou persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit in- terne du pays ou ils ont été perpé- trés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compé- tence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. […] 14 Sans Concession

Article 19 Article 19 La Cour ne sera pas liée par les Le Tribunal ne sera pas lié par règles techniques relatives à l’admi- les règles techniques relatives à nistration des preuves. Elle adopte- l’administration des preuves. Il ra et appliquera autant que possible adoptera et appliquera autant que une procédure rapide et non forma- possible une procédure rapide et liste et admettra tout moyen qu’il non formaliste et admettra tout estimera avoir une valeur probante. moyen qu’il estimera avoir une va- leur probante.

Article 26 Article 26 La décision la Cour relative aux La décision du Tribunal relative décisions de justice ayant frappé à la culpabilité ou à l’innocence de des révisionnistes devra être moti- tout accusé devra être motivée et vée et sera définitive et non suscep- sera définitive et non susceptible de tible de révision. révision.

Article 27 Article 27 La Cour pourra déclarer les déci- Le Tribunal pourra prononcer sions attaquées nulles et non ave- contre les accusés convaincus de nues ou prononcer contre elle toute culpabilité la peine de mort ou tout autre appréciation qu’elle estimera autre châtiment qu’il estimera être être juste. juste.

13 mars 2009 : devant Dieu et au nom de la conscience uni- verselle, Vincent Reynouard, le Président de la CNU, lit pu- bliquement le jugement de la Cour qui déclare nul et non avenu l‘arrêt de la cour d‘Ap- pel de Colmar condamnant le révisionniste français Vincent Reynouard. Vincent Reynouard répond à l‘État français 15 $063 /0/b.*-*5"*3& 6/*7&34&--&

Audience publique du Affaire : 2009-00001 13 mars 2009

Jugement

En exécution de l'Accord signé le « les jugements prononcés contre des 13 février 2009 par les représen- révisionnistes réprouvent la cons- tants du révisionnisme dans le cience universelle et attaquent la di- monde francophone, Marie Pererou, gnité humaine », ce qui les rend Vincent Reynouard et Siegfried Ver- « indignes » et, en conséquence, beke, une Cour Non-Militaire Uni- exige leur annulation. verselle a été créée pour juger de Le Grand Architecte n’a pas été façon appropriée et sans délai, les appelé à comparaître, car en vertu décisions de justice ayant frappé les de l’article 19, la Cour a estimé que révisionnistes dans le monde entier. le document CVR-001 avait une « valeur probante » et qu’il était dès Conformément à l’article 2, trois lors inutile, dans le cadre de la juges ont été désignés : Vincent Re- « procédure rapide » requise, d’allon- ynouard (président), Marie Pererou ger les débats. et Siegfried Verbeke. Se fondant sur cet affidavit in- Ne pouvant être récusés (art. 3) contestable et sur l’article 27 qui et étant compétents pour juger tou- l’autorise à émettre « toute apprécia- tes les décisions prises contre un ou tion qu’elle estimera être juste », la plusieurs révisionniste(s) par des Cour déclare l’arrêt attaqué nul instances nationales, supranationa- et non avenu . Vincent Reynouard les ou mondiales (art. 6), ils ont été ne devra donc rien payer ni à l’État appelés à se prononcer sur la déci- français, ni aux parties civiles. En sion de la cour d’Appel de Colmar outre, il ne devra pas purger la (France) qui, le 25 juin 2008, a lour- peine d’un an de prison ferme. dement condamné Vincent Re- ynouard. Conformément à l’article 26, la décision de la Cour est définitive et Ils ont été guidés dans leur mis- non susceptible d’appel. sion par le Grand Architecte de l’Univers lui-même. La Cour a en Fait à Bâle (Suisse), le 13 mars effet eu connaissance du document 2009. CVR-001 ; il s’agit d’un affidavit du Vincent Reynouard Grand Architecte qui déclare que Président de la CNU 16 Sans Concession

DOCUMENT CVR-001

DÉCLARATION ÉCRITE DU G RAND A RCHITECTE DE L‘U NIVERS SUR LES JUGEMENTS PRONONCÉS CONTRE DES RÉVISIONNISTES

Traduction du grec. Copie re-dactylographiée par nos soins, certifiée conforme par les trois juges de la C.N.U.

Note : comme de nombreux documents à Nuremberg, l’original, portant le sceau authentique du Grand Architecte de l’Univers, sa déclaration ma- nuscrite et sa signature, est « perdu ». Nous n’en disposons donc plus que d’une copie certifiée conforme par nos soins, ce qui garantit naturellement son authenticité.

[Sceau du :] Grand Architecte de l’Univers

[Déclaration manuscrite, en grec] Moi, Grand Architecte de l’Univers, déclare solennellement que les juge- ments prononcés contre des révisionnistes réprouvent la conscience univer- selle et attaquent la dignité humaine. Ils sont donc indignes et doivent en conséquence être annulés d’urgence. C’est surtout vrai de l’arrêt de la cour d’Appel de Saverne le 25 juin 2008, condamnant très lourdement Vincent Reynouard. Fait aux Cieux le 11 Adar 5769 (7 mars 2009)

[Signature manuscrite] Grand Architecte de l’Univers

Copie certifiée conforme 17

BOÍTE POSTALE SUPPRIMÉE , DESCENTE DE POLICE , SITES I NTERNET CENSURÉS …

LA RÉPRESSION S’AGGRAVE CONTRE LE VHO

par Vincent Reynouard

n ne saurait le nier, l’étau soudaine a entraîné la perte de mes se resserre autour du allocations chômage (puisque je ne VHO et aussi de ma per- pouvais plus aller pointer) et, par la O sonne. Nos adversaires suite, celle de nos allocations fami- ont trois objectifs : m’appréhender, liales**. priver le VHO d’adresse postale et me priver de toute ressource finan- ♦COMME UNE DEUXIÈME RÉVOCATION cière. A l’origine de cette répression croissante : le militan- Afin de compenser ces tisme actif du VHO qui, pertes, j’ai profité de la loin de vouloir travailler rentrée scolaire pour don- en cercle fermé, c’est-à- ner des cours particuliers. dire pour une infime mi- Rapidement, je me suis norité de gens déjà constitué une très bonne convaincus, se veut être clientèle faite — grâce au tout d’abord une officine bouche-à-oreille — à 80 % de diffusion d’un révision- de nobles (des écuyers, nisme totalement décom- des barons, des comtes… plexé. tous avec des noms à par- ticules). J’allais de superbe maison ♦LES CONDAMNATIONS DE JUIN 2008 en superbe maison. C’était assez plaisant. Sachant en outre que mes La répression s’est soudainement cours donnaient de bons résultats, accentuée en juin 2008, lorsque les parents avaient rapidement deux lourdes condamnations m’ont sympathisé avec ce prof particulier frappé en France et en Belgique. Au certes original (sans travail, sept total : deux ans de prison ferme et enfants…) mais qu’ils jugeaient fort environ 90 000  à payer*. L’arres- compétent. Un père, baron de son tation immédiate ayant été deman- état, dont j’avais repêché les deux dée par la « Justice » belge, j’ai choi- enfants me saluait souvent par ces si de fuir à l’étranger. Cette fuite mots : « Bonjour à notre sauveur ».

* Voy. SC , n° 40-41, juin-août 2008, pp. 7-27. ** Voy. SC , n° 46-47, janvier-février 2009, p. 11. 18 Sans Concession

Quant à sa fille, elle m’avait un jour Belgique, la vie s’écoulait dans une déclaré : « Vous êtes le meilleur prof paix relative. que j’ai eu ». Une autre fois, un père qui me raccompagnait en voiture me ♦BOÎTE POSTALE SAISIE raconta : « J’ai croisé mon fils après le cours ; il m’a dit : “Il est gé- Seule ombre noire : la boîte pos- nial !” » tale du VHO. Fin décembre, je m’y étais rendu après une absence d’une  Augmenté alors que je ne quinzaine de jours. Normalement, réclamais rien j’aurais dû y trouver une trentaine de lettres. Or, elle était vide. Pas La satisfaction et la sym- une seule lettre ! J’essayais de me pathie étaient telles que, rassurer en imaginant que le cour- informés de ma situation rier avait été retiré pour une raison familiale assez difficile quelconque et qu’il serait bientôt re- (sans en connaître les cau- mis. J’invitai donc Marie Pererou à ses réelles), une majorité y aller le lendemain et à la relever des parents avaient décidé de régulièrement. Mais dans les jours  m’augmenter. De 15 /h ils étaient qui suivirent, la boîte resta désespé- passé à 20 /h alors que je ne de- rément vide. Alerté, Siegfried Ver- mandais rien. Un employé augmen- beke nous déclara que cette mésa- té à la demande de ses patrons ! venture lui était déjà arrivée plu- Voilà qui n’était pas banal. sieurs fois : pendant une ou deux semai- Les parents nous offrent nes, le courrier arri- une machine à laver vé à sa boîte postale avait été saisi sur Fin 2008, ils avaient décidé d’of- ordre d’un juge frir un cadeau à mon épouse pour la d’instruction. « Allez voir le receveur soulager dans sa rude tâche de mère et il vous donnera l’ordre écrit du de famille nombreuse. Ils s’étaient juge », nous dit-il. Étant loin et crai- cotisés pour lui acheter une ma- gnant un piège, je n’en fis rien. Avec chine à laver la vaisselle. En remer- Marie, nous avertîmes nos lecteurs ciement, nous avions invité les fa- de cette mésaventure et nous leur milles (parents et élèves) pour le donnâmes une autre adresse tempo- nouvel An. Notre habitation étant raire, le temps que le courrier nous trop exiguë pour recevoir autant de soit à nouveau distribué (du moins monde, nous avions étalé les invita- l’espérions-nous). tions sur trois dimanches. Trois se- maines de suite, ainsi, nous avions ♦SITES I NTERNET CENSURÉS passé une partie de l’après-midi à faire plus ample connaissance. La Le 1 er février, un abonné m’infor- comtesse de L. avait même invité ma que nos deux sites Internet vho- Marina à venir promener notre fu- france.org et www.mouvsaintmi- tur bébé dans sa grande propriété chel.org , étaient désormais inacces- durant l’été. sibles. Suite aux différentes plaintes Bref, bien que souvent loin de déposées contre eux depuis plus chez moi et toujours sous le coup d’un an, les autorités en avaient blo- d’une « ordonnance de capture » en qué l’accès. La répression s‘aggrave contre le VHO 19

Le 9 février, Marina reçut, à no- jour même dans Paris-Match Belgi- tre adresse, un « dernier avis avant que et qu’un reportage de plusieurs poursuite » me réclamant le paie- minutes m’avait été consacré au ment « dans les meilleurs délais » de journal du soir sur la chaîne « Télé- la somme de 20 120,00 . J’ai répon- Bruxelles ». Sans attendre, j’achetai du la lettre reproduite pp. 9 à 11. l’hebdomadaire. Je pus alors consta- ter que le journaliste, Frédéric Loore, travaillait avec Manuel Abra- ♦L’ ARTICLE DANS PARIS -MATCH mowicz, un antifasciste forcené ani- Un journaliste qui enquête mateur du site Internet Résistan- ces.be. A plusieurs reprises, déjà, ce Entre temps, l’ « affaire William- M. Abramowicz m’avait consacré son » avait éclaté. Un soir que je des articles. Le ton employé était passais chez moi, Marina étant ab- toujours très haineux, voire carica- sente, je trouvai ce simple mot : tural. On le retrouvait d’ailleurs « Un journaliste de Paris-Match a dans l’article de F. Loore. téléphoné. Il rappellera demain ». Effectivement, le lende- main, il retéléphona. Il se présenta comme un jour- naliste qui menait une enquête sur les milieux traditionalistes en Belgi- que et me demanda si j’acceptais de répondre à quelques questions. Je lui répondis positivement, pensant qu’il cherchait juste à glaner certaines informations afin d’appro- fondir son enquête. La conversation dura une di- zaine de minutes au terme desquelles je rac- crochai non sans l’avoir courtoisement salué.

Notre entretien publié

Le 12 février au soir, j’appris sur Internet que l’entretien avait paru le

La couverture de Paris- Match Belgique, livraison du 12 février 2009. L‘article consacré à V. Reynouard est annoncé en bas à gauche. 20 Sans Concession

12 février 2009. Au journal du soir diffusé par Télé-Bruxelles, la jour- naliste révèle une « histoire in- croyable » :

« Un négati onnis te françai s condamné par la Justice belge se cacherait à Ixelles. C‘est ce qui ressort d‘une enquête menée par deux journalistes ».

Suivait un reportage de deux minu- tes sur Vincent Reynouard.

♦JE PERDS MA CLIENTÈLE méro du Paris Match . « Ils ne l’on pas encore lu », pensai-je… Ils ont Mais surtout, il y avait ces photos dû le faire depuis, car je n’ai plus qui permettaient de m’identifier jamais entendu parler d’eux. sans l’ombre d’un doute. Or, j’avais Dans la semaine qui suivit, la eu l’occasion de voir, peu aupara- mère d’une élève reprit contact pour vant, un exemplaire de Paris-Match un cours. Un rendez-vous fut conve- chez l’une de mes élèves, Alice de L. nu. Mais peu après, le père — celui Ses parents l’avaient-ils acheté ex- qui m’appelait « notre saveur » — ceptionnellement ou le lisaient-ils téléphona pour annuler. Depuis, j’ai régulièrement ? Pendant 24 h, je me appris que cette élève, très sensible, posais la question. La réponse vint avait eu deux « échecs » à son der- le… vendredi 13. Le comte de L. té- nier bulletin, en mathématiques et léphona pour dire que les cours avec en physique. Quand je l’ai connue, Alice étaient suspendus « jusqu’à elle avait environ 7/20 de moyenne nouvel ordre ». Sachant que tous ces en physique ; fin décembre, elle gens, ou presque, se connaissaient, était à 15/20… je compris que j’allais très rapide- Le plus choquant, dans cette af- ment perdre ma clientèle. Et en ef- faire, est que j’avais toujours été fet, dans les jours qui suivirent, je d’une parfaite discrétion. Ni les élè- perdis les frangins, les frangines, les ves ni les parents ne connaissaient cousins, les cousines, les copains et ma « deuxième vie ». J’étais payé les copines. Une véritable héca- pour aider ces jeunes dans les ma- tombe ! Le 13 février, j’avais dix- tières scientifiques et je respectais à sept élèves, le 17, il ne restait que la lettre le contrat moral. Et pour- quatre « survivants » : deux élèves tant… En quelques jours, je suis (des roturiers) dont les parents n’a- passé du rang de professeur appré- vaient rien su ; deux autres (deux cié à celui de pestiféré mental. Une sœurs) dont le père est mi- japonais seule élève (celle de père mi- mi-belge et la mère bulgare. Eux sa- japonais et de mère bulgare) m’a vaient, mais ils s’en moquaient. dit : « Moi, je continue à vous pren- Petite anecdote amusante : le di- dre car je sais que vous n’êtes pas le manche 15, je donnai un cours chez méchant que l’on présente. Quant à la baronne del M. Posé à côté de mes parents, ils ne comprennent moi, sur la table de la cuisine où pas trop vos positions, mais ils di- nous travaillions, se trouvait le nu- sent que c’est votre chemin… » La répression s‘aggrave contre le VHO 21

♦LES PEUREUX NOUS LÂCHENT bruit et se déployèrent dans la mai- son pour tout fouiller, y compris Peu après, nous apprîmes qu’une sous les lits, derrière les rideaux, famille avec laquelle nous nous etc. « Nous avons la pression du par- étions entendus pour amener les en- quet », dirent-ils à Marina afin de fants à l’école refusait désormais justifier cette venue aussi soudaine tout contact direct : pas même par qu’imprévue. Non contents de fouil- téléphone. Si l’on souhaitait lui par- ler, ils interrogèrent aussi les trois ler, il fallait passer par un intermé- aînés pour tenter de découvrir la ca- diaire. Sympathisant du Front na- chette de leur père. Tous répondi- tional, le père connaissait mes idées rent qu’ils n’en savaient rien. Mari- et n’y était pas hostile. Cependant, na fut en outre questionnée sur la il craignait pour son travail. Il ac- présence d’un portrait d’Adolf Hitler ceptait donc encore de ramener nos dans mon bureau. Un de mes amis enfants, mais pas jusqu’à notre do- présent sur les lieux intervint et micile. Jusque dans le centre de dit : « Est-ce un procès politique que Bruxelles, à charge pour nous de les vous commencez à six heures du ma- prendre à l’endroit convenu. tin ? » Les flics le rabrouèrent. Vers Inutile de dire que nous avons six heures, convaincus que j’étais préféré nous débrouiller seuls. absent, ils partirent.

♦ ♦LA P OLICE TENTE DE M’APPRÉHENDER BOÎTE POSTALE FERMÉE

Les remous provoqués par Paris- Le 20 février, vint la confirmation Match me firent craindre le pire. Si que la boîte-postale 256 avait été bien que le 18 février, jour de mon saisie puis arbitrairement fermée quarantième anniversaire, je préfé- par les autorités belges. Nous reçû- rai ne pas me rendre à Bruxelles mes en effet à l’adresse de Marie Pe- voir Marina et les enfants. Cette rerou des lettres que des lecteurs prudence m’a sauvé, car à cinq heu- avaient d’abord envoyée à la boîte res du matin, la Police fit irruption postale et qui leur avait été retour- à notre domicile. Venus avec un ser- nées avec la mention : « Ne reçoit rurier, les policiers entrèrent sans plus de courrier à cette adresse ». Or,

Exemple de lettre renvoyée à son destinataire. La mention légale « Ne reçoit plus le courrier à cette adresse » cache le fait que la boîte postale a été auto- ritairement fermée par les autorités alors que j‘avais payé mon abonne- ment. 22 Sans Concession j’avais payé pour plusieurs mois et L’information sur le compte ban- le contrat de location de la boîte n’é- caire était exacte. Un sympathisant tait pas échu. Tout indiquait donc belge, Marc V., l’avait ouvert à son que les autorités avaient exigé et nom quelques mois auparavant en obtenu la fermeture de la BP 256. prévision de mon incarcération et Dans quelles circonstances ? Nous d’une possible saisie de nos comptes l’ignorions et je ne pouvais naturel- pour cause d’amendes impayées. Le lement pas aller le demander au tri- journaliste, Mathieu Delahousse, bunal de Bruxelles. Il fallait donc se avait cependant tort de croire que résigner à trouver une nouvelle les fonds recueillis auraient servi à boîte postale sous des cieux plus clé- ma « cavale ». Car ils ne suffisaient ments. Grâce aux animateurs du même pas à pourvoir aux dépenses Comité de soutien à Vincent Re- de Marina et des sept enfants… ynouard en Suisse, nous fûmes au- Cet article fut pour moi un signal torisés à utiliser celle du courageux d’alarme : visiblement, les autorités Urbain Cairat. préparaient une action contre ce compte ouvert à la KBC au nom de ♦ARTICLE DANS LE F IGARO Marc V.

Une semaine plus tard, le quoti- ♦INTERDIT DE SÉJOUR CHEZ MES … dien Le Figaro publia un article inti- BEAUX -PARENTS tulé : « Un négationniste français soutenu dans sa cavale » (voy. page Le 29 février, mon beau-père me suivante). Après avoir écrit que, contacta pour me dire que, désor- suite à la perte de mes cours parti- mais, je n’étais plus autorisé à en- culiers, j’étais désormais « privé trer chez lui. « Je ne veux pas avoir d’argent » mais que je bénéficiais de d’ennuis », déclara-t-il pour se justi- « soutiens ouvertement exprimés », le fier, avant d’ajouter : « Tu as joué, journaliste expliquait : tu as perdu [comprenez : tu as pu- blié des textes et tu as Un réseau s’est en effet été condamné pour ces monté autour de ce récidi- textes]. Maintenant, tu viste du révisionnisme dois assumer. Quand on condamné en 2007 par le tribunal correctionnel de est père de famille nom- Saverne (Bas-Rhin) à un breuse, on ne passe pas an de prison ferme, la son temps à écrire des peine la plus sévère ja- âneries. On prend sa mais prononcée en France musette le matin et on dans une affaire de textes négationnistes […]. va travailler LEGALE- Un compte a même été MENT. Je te demande ouvert à la banque belge donc de trouver un tra- KBC pour recueillir des vail et de cesser d’écrire fonds pour « sa famille » tes âneries ». Je lui mais aussi — sans que cela soit dit — pour la répondis qu’il n’avait cavale du fuyard [Voy. Le jamais lu les révision- Figaro , 27 février 2009, nistes donc qu’il ne pou- p. 10, col. B-C.]. vait pas se prononcer Photo et légende parues sur la question. « Pour dans Le Figaro . le peu que j’en sais , dit- La répression s‘aggrave contre le VHO 23

Voy. Le Figaro , 27 février 2009, p. 10 24 Sans Concession il, je sais qu’il s’agit d’âneries ». — cessibles. Ayant téléphoné à son « Quand on en sait peu , lui rétor- banquier, celui-ci lui avait répondu : quai-je, on se tait ». « Vos comptes ont été bloqués sur or- J’aime mes beaux-parents, qui dre de la Justice. Cela concerne l’af- sont sympathiques, dévoués et géné- faire Reynouard. Je ne puis vous en reux. Mais comme bien d’autres, ils dire plus. On vous écrira ». A l’heure veulent croire que les lois de la Ré- où j’écris, je sais juste que Marc. V. publique ont été promulguées pour a contacté son avocat, car cette déci- le Bien commun, donc que ce qu’el- sion est manifestement illégale. les proscrivent est réellement mau- vais. Pour eux, je suis un délin- Telles sont les dernières nouvel- quant, un peu comme une personne les. De façon évidente, l’étau se res- qui vole. En conséquence, je dois serre. N’ayant pu à me faire appré- « assumer », c’est-à-dire accepter les hender, nos adversaires s’en pren- peines qui me sont infligées, me li- nent au VHO (blocage de ses sites, vrer à la Police, aller en prison, et, à fermeture de sa boîte postale) et ma sortie, me « ranger » en trouvant tentent de nous couper entièrement un travail légal. les vivres. C’est d’ailleurs presque Mon beau-père étant un gaulliste réussi puisque, pour l’heure, je n’ai convaincu, je lui dis : « Si, comme plus ni chômage, ni clientèle suffi- vous, De Gaulle n’avait pas voulu sante pour les cours particuliers, ni avoir d’ennuis, il ne serait pas allé à allocations familiales. Ma famille ne Londres. Il serait resté chez lui … » vit plus que de la charité privée… — « Ne prend pas tout à la dérision » Pour l’instant, mon héroïque fut sa seule réponse… épouse tient le choc. Quant aux en- fants, ils ne paraissent pas trop per- ♦PNEUS DÉGONFLÉS turbés. Il faut dire qu’à la maison, Marina agit pour que la vie continue Le 1 er mars au soir, je vis que les comme (ou presque comme) si de deux pneus côté trottoir de ma voi- rien n’était. ture avaient été dégonflés. Sachant De mon côté, toute cette répres- que c’était le seul véhicule touché et sion visible ou masquée me conforte. que le Centre Ben Gourion se trou- L’affaire Williamson a apporté la vait non loin de là, où les jeunes preuve, grandeur nature, que le my- juifs laïques se retrouvent, je fis ra- the de la Shoah est devenu LE pidement le lien. Muni d’un com- dogme intouchable, donc que le révi- presseur, je profitai de la nuit pour sionnisme est LE combat primor- regonfler et pour déguerpir en vi- dial. Ceux qui ne l’ont pas vu au- tesse. jourd’hui sont des aveugles volontai- res qui ne le verront jamais. La lutte doit donc être poursuivie ♦COMPTES BANCAIRES BLOQUÉS jusqu’au bout, pour la libération du Le lendemain 2 mars, Marc V. monde de ce cauchemar. Depuis téléphona à Marina. Il l’informa que juin, la Providence m’a largement non seulement le compte ouvert protégé : le 18 encore, les policiers pour l’aider avait été bloqué, mais m’ont raté de peu. Rassuré par cette aussi que tous ses autres comptes protection, je vais continuer jus- personnels étaient désormais inac- qu’au bout, quoi qu’il puisse en coû- ter. Les enjeux sont trop énormes. 25

LETTRE À FRÉDÉRIC LOORE DE PARIS-MATCH BELGIQUE

par Vincent Reynouard

Nos lecteurs trouveront ci-après :

- la reproduction du dossier rédi- - la lettre écrite par V. Reynouard gé article publié dans Paris-Match au journaliste auteur (en collabora- le 12 février dernier à l’occasion de tion avec Manuel Abramowicz) de ce l’affaire Williamson ; dossier

Frédéric Loore 26 Sans Concession Lettre à Frédéric Loore 27 28 Sans Concession Lettre à Frédéric Loore 29 30 Sans Concession Lettre à Frédéric Loore 31

LETTRE À FRÉDÉRIC LOORE

Monsieur, Cela change de tous ces journalistes qui extraient une ou deux courtes Le dossier que vous avez consacré phrases d’une conversation de dix aux « chemises noires sous les aubes minutes afin de faire dire à la per- en dentelle » ( Paris-Match Belgique, sonne ce qu’elle n’a jamais voulu n° 388, 12 février 2009, pp. 18-23) et dire. Pour l’heure, je vise plus parti- dans lequel je suis nommément dé- culièrement Marc Metdepenningen signé m’amène à vous écrire ce qui qui, dans quotidien Le Soir , s’est suit. fondé sur notre entretien pour écrire :

♦LES HONNÊTES ET LES MALHONNÊTES Dans l’interview que publie aujourd’hui l’édition belge du magazine Paris-Match , Tout d’abord, je vous remercie Vincent Reynouard se gausse de la jus- d’avoir publié notre entretien télé- tice et de la police belges qui a déjà ten- té, mais sans succès, de l’arrêter. Il an- phonique quasiment dans son inté- nonce son intention de fuir dorénavant gralité. Certes, j’y ai noté quelques la Belgique : « La police, qui est déjà ve- coupures et quelques modifications nue chez moi, ne m’y a jamais trouvé. Je de style, mais elles se justifient et m’apprête d’ailleurs à partir probable- ne trahissent nullement ma pensée. ment pour la Suisse. »*

*Voici le texte complet de l’article rédigé par Marc Metdepenningen :

Le néonazi condamné défie la justice et la police

Jeudi 12 février 2009

Vincent Reynouard se cache à Ixelles dans un obscur « Sanctuaire » traditiona- liste et s’apprête à fuir vers la Suisse

« Une enquête en profondeur menée par le journaliste Frédéric Loore et Manuel Abramo- wicz, de l’association antifasciste ResistanceS.be, révèle que le néonazi français Vincent Reynouard, condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour ses propos niant la Shoah, se cache à Ixelles (Bruxelles), dans son domicile établi au sein de l’obscur « Sanctuaire de Notre-Dame des Sept Douleurs ». Dans l’interview que publie aujourd’hui l’édition belge du magazine Paris-Match, Vincent Reynouard se gausse de la justice et de la police belges qui a déjà tenté, mais sans succès, de l’arrêter. Il an- nonce son intention de fuir dorénavant la Belgique : “ La police, qui est déjà venue chez moi, ne m’y a jamais trouvé. Je m’apprête d’ailleurs à partir probablement pour la Suisse .” « Vincent Renouard s’était vu signifier, en juin dernier, une condamnation à un an de pri- son et 25.000 euros d’amende, pour négationnisme, par le tribunal correctionnel de Bruxelles. Il y était poursuivi aux côtés de Siegfried Verbeke, le « pape » belge du révision- nisme, pour avoir diffusé des tracts niant l’existence de la Shoah. « Reynouard, qui est ingénieur-chimiste de formation, est âgé de 39 ans. Il était militant du Parti nationaliste français et européen (PNFE), revendiquant sa filiation nazie et pro- fessant une admiration servile à Adolf Hitler auquel il a consacré un livre le qualifiant “d’homme de la providence”. Professeur de mathématiques, il avait été révoqué de sa chaire par l’Education nationale française après avoir proposé à ses élèves des exercices de statistiques fondés sur la mortalité des juifs dans le camp d’Auschwitz. D’autres condam- 32 Sans Concession

Or, si l’on se réfère à Paris- public, la langue doit toujours reflé- Match , on découvre que j’ai dit : ter la pensée. Voilà pourquoi je vous ai répondu en esprit de vérité, ce qui Je ne suis pour ainsi dire plus du tout me permet aujourd’hui d’assumer chez moi. Raison pour laquelle la police, mes propos sans honte et sans re- qui est déjà venue à plusieurs reprises, ne m’y a jamais trouvé. Je m’apprête gret. d’ailleurs à partir, probablement pour la Suisse [p. 22, col. A]. Le seul reproche que je vous ferai est d’avoir réduit notre rencontre à C’est clair : lors de notre entre- un simple entretien téléphonique tien, je ne me suis pas « gaussé » de d’une dizaine de minutes. Si vous la police belge. Mes propos démon- m’aviez clairement expliqué votre trent au contraire que, dans cette projet et — surtout — si vous m’a- affaire, les flics ont fait leur travail. viez révélé travailler en collabora- S’ils sont toujours re- tion avec Manuel Abramowicz de partis bredouilles, c’est « Résistances », je vous aurais invité parce que je n’étais pas à une conversation beaucoup plus chez moi. Afin de me approfondie. Cela vous aurait per- faire dire le contraire, mis d’éviter les erreurs, les graves M. Metdepenningen n’a imprécisions et les regrettables ou- pas hésité à tronquer malhonnête- blis relevés dans votre article. En ment l’interview. Vous n’avez pas voici quelques exemples : utilisé ces méthodes de voyous, Monsieur Loore, et c’est tout à votre ♦L’ AFFAIRE D’O RADOUR honneur. Vous évoquez mes « textes remet- ♦ON N’EST JAMAIS PIÉGÉ QUAND ON tant en cause le massacre d’Ora- PARLE EN ESPRIT DE VÉRITÉ dour-sur-Glane par la division SS Das Reich ». Cette formule laisse Naturellement, vous m’avez ca- penser que je contesterais la réalité ché que l’entretien était enregistré même de la tragédie survenue le pour publication intégrale éven- 10 juin 1944 dans ce petit village du tuelle. Certains pourraient ici vous Limousin. Or, tous ceux qui m’ont lu reprocher un piège tendu. Moi pas, savent qu’il n’en est rien. Je n’ai ja- car j’estime qu’en privé comme en mais nié la venue des Waffen SS à nations le frappèrent en France. Pour échapper à la prison, il se réfugia en Belgique où il fonda une antenne francophone de l’organisation révisionniste VHO de Siegfrid Verbeke. Depuis Bruxelles, il anime aussi le Mouvement de combat Saint-Michel, ouvertement na- zi, révisionniste et se revendiquant du national-socialisme. Frédéric Loore et Manuel Abramowicz ont pu établir que les 7 enfants de Vincent Reynouard sont scolarisés à l’école primaire et maternelle Notre-Dame de la Sainte-Espérance, dépendant de l’antenne belge la Fraternité Saint-Pie X qui regroupe les fidèles du mouvement intégriste catholique. Son responsable, l’abbé Benoît Wailliez, nous confirme que les enfants Reynouard sont bien scolarisés dans son école. Mais il réfute toute complaisance à l’égard de leur père “ que nous n’avons jamais vu ” et dont il “ réprouve les prises de position ”. Reynouard ne le dé- ment pas : “Il me déteste, nous ne menons pas les mêmes combats”, dit-il de l’abbé Wail- liez. Reynouard se revendique, comme la plupart des néonazis, d’une filiation à l’Église traditionaliste. L’enquête des deux journalistes indique aussi que l’évêque traditionaliste anglais Richard Williamson, auteur de propos négationnistes dénoncés tardivement par le Vatican, a célébré des messes en l’Église de la Fraternité, à Bruxelles. » Lettre à Frédéric Loore 33

Couverture de l‘ouvrage de V. Reynouard paru en 1997. Jamais l‘auteur n‘a nié la réalité de la tragédie survenue à Oradour le 10 juin 1944...

Oradour, le rassemblement de la po- pulation, les perquisitions, les fusil- lades des hommes dans les granges et la mort terrible de plusieurs cen- taines de femmes et d’enfants dans l’église. En revanche, ce que je dé- montre, preuves matérielles et docu- mentaires à l’appui, c’est qu’Ora- dour n’était pas le paisible village décrit par la thèse officielle (c’était un centre local de la Résistance) et que l’église n’a jamais été volontai- rement incendiée par les Waffen SS. Elle a explosé suite à la mise a feu d’un dépôt de munitions clandestin qui se trouvait dans le clocher de mortalité dans le camp d’Auschwitz, l’église, sous les combles et aussi en se basant sur une publication ré- sous le plancher de la sacristie. Les visionniste ». Cette phrase contient circonstances exactes de la mise à une erreur et une grave imprécision. feu et l’identité des responsables  restent encore inconnues, mais on Affirmation fausse peut être certain que les Waffen SS L’erreur tout d’abord : il ne s’a- sont hors de cause, car dans le cas gissait pas de la mortalité au camp contraire, il n’y aurait pas eu besoin d’Auschwitz mais à Dachau. La dif- d’inventer la thèse, complètement férence est capitale, car tous les his- démentie par l’étude matérielle des toriens sérieux admettent aujourd- lieux, de l’incendie criminel. Il au- ’hui qu’aucun massacre de masse rait suffi de dire : « Les SS ont trou- par gaz n’a été perpétré dans ce vé un dépôt et l’ont fait sauter pour camp de concentration. tuer les femmes et les enfants… ». Si j’avais pu vous présenter mon La prétendue chambre à gaz de travail, je vous aurais donc prié de Dachau parler de mes « textes qui dégagent la responsabilité des Waffen SS Certes, sachant que dans l’immé- dans le drame de l’église d’Ora- diate après-guerre, la prétendue dour » ; « chambre à gaz homicide » de Da- chau servit de fondement à la pro- ♦ L’ EXERCICE QUE J’AI DONNÉ À MES pagande alliée, il est aujourd’hui ÉLÈVES EN 1996 impossible d’avouer la vérité. Aussi

Vous évoquez ensuite l’exercice les tenants de la thèse officielle en sont-ils réduits à biaiser. En 1986, de mathématiques que j’ai donné à le magazine parla de mes élèves (en 1996) et qui, selon Le Monde Juif la chambre à gaz « de Dachau sont vous, portait « sur les statistiques de on ne sait si elle a réellement ser- 34 Sans Concession

C-contre : un cliché qui a fait le tour du monde et qui a contribué à faire croire aux peuples que les chambres à gaz ho- micides avaient bien existé dans les camps allemands.

Pris à Dachau, il montre un soldat devant la porte d‘une chambre à gaz… de désinfection.

Notez la légende : « Entrée d‘une chambre à gaz ». Elle est matériel- lement vraie mais elle trompe gravement les lecteurs qui croiront avoir vu une porte de chambre à gaz… homicide.

Qui sont les falsificateurs malhonnêtes ?

Cli-contre : dans Dachau transformé en musée, les chambres à gaz de dé- sinfection (reconnues comme telles) peuvent aujourd‘hui être visitées. Les portes ont été re- peintes mais on voit le mécanis me de fermeture qui n‘a pas changé... Lettre à Frédéric Loore 35 vi » [1]. A la rubrique « Les assassi- Notons enfin que dans le camp nats par gazages, un bilan », le site transformé en musée, les autorités antirévisionniste « phdn », écrit : restent dans un flou prudent ; elles présentent la (prétendue) chambre à Dachau (au nord de la Bavière, au nord gaz comme le « centre d’un massacre est de Munich) : au moment de l'érection de masse potentiel » (Zentrum des d'un nouveau crématoire en 1942, une chambre à gaz y fut également installée. möglichen massmords). Le message Le docteur et Haumptsturmführer SS aux « pèlerins » est donc le suivant : Rascher y entreprit des gazages expéri- voici une chambre à gaz qui aurait mentaux en relation avec ses expérien- pu tuer des centaines de milliers de ces médicales […]. Aucune opération de personnes, mais elle n’a pas (ou très gazage de plus grande envergure n'eut lieu à Dachau [2]. peu) servi. Comprenez : OK, on a menti pendant des années en par- Ailleurs, les auteurs sont plus ca- lant de gazages massifs à Dachau, tégoriques. Ils déclarent que Da- mais l’arme de crime avait bel et chau : bien été construite… (voir ci- dessous). reçut plus de 206 000 détenus parmi Un document, publié ici pour la lesquels il y eu 76 000 victimes ; le camp première fois, confirme d’ailleurs possédait quatre fours crématoires et l’inexistence de gazages homicides à une chambre à gaz qui n'a jamais été mise en service [3]. Dachau. Il s’agit d’une lettre écrite

Au musée de Dachau, la (prétendue) chambre à gaz homicide est qualifiée de « centre d‘un massacre de masse potentiel » (Zentrum des möglichen mass- mords). Message implicite : OK, on a menti en 1945, mais on ne peut pas trop revenir en arrière...

(1) : Voy. Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 97. (2) : http://www.phdn.org/histgen/ bilan-gazages.html. (3) : http://hsgm.free.fr/campsdeconcentration.htm. 36 Sans Concession par un déporté fraîchement libéré. mêmes la brutale augmentation des Datée du 9 mai 1945 (quelques décès à partir d’octobre 1944, mes jours, seulement, après la libération élèves ont tous été d’accord pour du camp), son auteur déclarait : dire que la situation dans le camp à sa libération n’était pas celle qui y Nous avons tout subi : mauvais traite- avait régné les années précédentes. ments, bombardements, faim, froid, ma- Aucun d’eux n’a été choqué par cette ladie, mais surtout la faim [voy. page suivante]. conclusion, tant elle apparaît évi- dente, et aucun n’a eu la sensation Cette lettre confirme ce que les d’avoir reçu un cours de révisionnistes disent depuis des an- « négationnisme ». nées, à savoir qu’à Dachau — Telle est la raison pour laquelle comme ailleurs, mais ce n’est pas depuis des années, mes détracteurs ici le sujet — les déportés ont souf- prétendent que j’aurais donné un fert des conditions de vie parfois sujet sur Auschwitz. Ce petit men- très dures (promiscuité, appels, tra- songe permet de me présenter vail forcé…) et, vers la fin, du man- comme un individu qui avait trans- que de nourriture, de médicaments, formé ses cours de mathématiques de couvertures…, sans compter les en cours de révisionnisme pur et bombardements alliés. Mais dans dur. cet « enfer » il n’y avait pas de cham-  bre à gaz homicide, car dans un tel Une affirmation trompeuse cas, le déporté n’aurait pas hésité à en parler. Et pour renforcer cette thèse, ils On comprend donc qu’un sujet ajoutent — comme vous le faites — que, pour rédiger mon exercice, je sur la mortalité à Dachau ne pou- vait servir pour remettre en cause la me suis fondé « sur une publication révisionniste ». C’est matériellement réalité d’une extermination plani- fiée des juifs. Soulignons d’ailleurs exact, mais c’est formellement faux. que si, au terme de cet exercice, j’a- Je m’explique : pour bâtir mon su- vais contesté la réalité des cham- jet, je me suis appuyé sur un graphi- bres à gaz homicides et de la Shoah, que illustrant la mortalité à Da- chau. Ce document a été commandé les élèves auraient été frappés et en auraient très certainement parlé Graphique illustrant la mortalité à Dachau ensuite, ne serait-ce qu’à leur pro- entre 1940 et 1945. fesseur d’Histoire. Or, il n’en a rien été. Il a fallu attendre l’année sco- laire suivante et la découverte de mes documents révisionnistes dans un ordinateur du lycée pour que l’enquête administrative exhume ce sujet. Je l’ai toujours dit et répété : cet exercice sur la mortalité à Da- chau a été donné, avec d’autres, dans le cadre du cours sur les statis- tiques. Je ne m’en suis jamais servi pour aborder le problème de l’ « Holocauste ». Constatant d’eux- Lettre à Frédéric Loore 37

Lettre écrite par un déporté à Dachau très récem- ment libéré. Il évoque les souffrances mais ne parle pas de chambre à gaz homicide… 38 Sans Concession par une instance officielle française. tueux fonctionnait. L’un d’entre eux Mais il est resté inutilisé (sans m’a alors demandé si le monoxyde doute parce qu’il desservait la thèse de carbone avait été utilisé par les officielle). Pendant plus de quarante Allemands pour gazer les juifs. Sen- ans, il a dormi dans des archives, tant le sol s’ouvrir sous mes pieds, je ignoré de tous. A la fin des an- me suis contenté de répondre : nées 80, il a finalement été jeté, « Non, ils ont utilisé de l’acide cyan- avec d’autres vieux papiers. Un hydrique ». Par la suite, j’ai regretté sympathisant révisionniste qui tra- cette réponse mensongère et j’ai dé- vaillait sur les lieux l’a découvert et, cidé de rectifier le tir. Sachant que flairant son intérêt, l’a récupéré. je marchais sur des œufs, j’ai agi de C’est ainsi qu’il est parvenu à l’é- quipe de la Revue d’Histoire Révi- sionniste . Celle-ci l’a publié dans sa livraison d’août 1990*. Ces précisions démontrent que si j’ai effectivement tiré mes informa- tions d’une publication révision- niste, le document en lui-même émanait d’une instance officielle française. Si j’avais pu vous ren- contrer avant et si j’avais su que vous alliez parler de cette affaire, je n’aurais point manqué de vous le préciser.

Contrairement à mes adversai- res, j’ai respecté la neutralité

Je vous aurais également appris la façon la plus neutre possible. Au que parmi les motifs de révocation, début du cours suivant, je suis donc les autorités de l’Éducation natio- revenu sur mes propos et j’ai expli- nale arguèrent le fait que j’avais qué que sur la question des prêté à l’un de mes élèves un livre « chambre à gaz », une controverse de Robert Faurisson. Cette accusa- existait. Afin de l’illustrer, j’ai pré- tion, relativement grave, n’est plus senté l’ouvrage de Jean- jamais reprise aujourd’hui par mes Claude Pressac, Les Crématoires adversaires. Pourquoi ? La raison d’Auschwitz. La Machinerie du est simple : dans cette affaire, j’ai meurtre de masse et, en face, la ré- observé une véritable neutralité. ponse de Robert Faurisson. Cela a Tout a commencé dans une classe duré dix minutes, puis j’ai continué lors d’une discussion sur le mo- le cours de physique. A la fin de noxyde de carbone. J’ai dit à mes l’heure, un élève est venu me de- élèves que ce gaz provoquait encore mander l’ouvrage de J.-C. Pressac. la mort de nombreuses personnes J’ai accepté de le lui prêter et je lui chez lesquelles un chauffage défec- ai également donné celui de

* Voy. RHR , n° 2, août-septembre 1990, pp. 147 et ss. J’ai téléphoné à Robert Faurisson qui m’a donné les détails supplémentaires concernant la découverte de ce document. Lettre à Frédéric Loore 39

R. Faurisson au motif que pour se « échapper aux autorités » d’un faire objectivement une opinion, il pays, point n’est besoin de s’exiler. fallait comparer les deux thèses. Au- J’ajoute que si, vraiment, j’avais paravant, j’avais bien pris soin d’ar- voulu fuir, j’aurais fait comme Jür- racher discrètement la page sur la- gen Graf et Germar Rudolf ; je se- quelle R. Faurisson avait rédigé une rais allé vivre dans un pays hors de très aimable dédicace à mon nom. l’Union européenne. Car la petite Ainsi l’élève ne pouvait-il savoir si, frontière franco-belge ne me semble dans la controverse, j’avais pris par- pas être un rempart suffisant pour ti pour une thèse plutôt que pour échapper aux autorités de mon pays une autre. d’origine. J’en ai eu confirmation le Dans cette affaire, j’ai donc obser- 19 mai 2001 lorsque, sur ordre de la vé une stricte neutralité. Bien plus, « Justice » française, les autorités me conformant aux directives de belges ont perquisitionné chez moi l’Éducation nationale, j’ai cherché à et ont quasiment vidé mon bureau. développer la curiosité et l’esprit cri- Si vous aviez pris la peine d’en- tique des élèves. Lors de l’enquête quêter plus en profondeur, vous au- administrative ouverte contre moi, riez appris (par moi ou par celui qui je me suis clairement expliqué sur nous loge) la raison de notre venue cette affaire. Peine perdue. Seul en Belgique : en 1998, un an après l’ouvrage de ma révocation de l’Éducation natio- R. Faurisson fut nale, j’étais complètement ruiné et pris en compte, ce je cherchais un logement gratuit qui permit aux pour ma famille. Si l’on m’en avait autorités de pré- donné un en France, je serais resté tendre que j’avais dans le pays. Mais c’est en Belgique manqué à mon… que je l’ai trouvé, auprès d’une per- devoir de neutra- sonne qui était mon amie depuis lité. Mais même 1991. Elle habitait dans une maison pour un anti- de trois étages dont les deux der- révisionniste intransigeant, l’accu- niers étaient inoccupés. Sur ma de- sation était si impudente que très mande, elle a accepté que j’y emmé- vite, la presse n’en a plus parlé. nage avec ma famille. Voilà pour- quoi nous sommes arrivés à Ixelles. ♦JE NE ME SUIS PAS « EXILÉ » EN BELGIQUE ♦SUIS -JE LE « FANATISÉ » QUE VOUS PRÉSENTEZ ? Plus bas, vous reprenez la fable selon laquelle je serais « [e]xilé de- Le style de M. Abramowicz puis plusieurs années en Belgique avec [m]a femme et [m]es enfants J’en termine, Monsieur Loore, pour échapper aux autorités françai- avec termes que vous employez pour ses ». Un peu de logique, Monsieur me qualifier. J’y reconnais certes le Loore ! Vous écrivez vous-même style de Manuel Abramowicz, mais qu’un justiciable condamné à un an l’article porte votre signature. Vous de prison ferme et sous le coup d’un me qualifiez de « négationniste ob- mandat d’arrêt et peut être facile- sessionnel », « négationniste fanati- ment retrouvé chez lui, plusieurs que », de « [c]hef de file fanatisé du mois après. Preuve que pour négationnisme franco-belge », qui a 40 Sans Concession

Certes, à la Poste comme sur In- ternet, je trouve des biais ; mais l’ « impunité » dont je bénéficierais n’existe que dans votre tête.

Les procédés de coquins utilisés par vos amis

Ces précisions effectuées, venons- en au principal. Pendant une di- zaine de minutes, j’ai répondu à vos questions par téléphone. C’est certes insuffisant pour juger un homme, mais tout de même : ai-je donné l’impression d’être un « fanatique » ? Je ne le crois pas. Je vous ai répon- du tranquillement, sans haine ni forfanterie, sans injurier quiconque, en montrant que j’étais capable d’objectiver les choses, de tracer des frontières, de relativiser… J’en profite pour souligner ce qui Manuel Abramow icz en compagnie de suit : lors de notre conversation j’ai Danielle Mitterrand... critiqué à deux reprises M gr Wil- liamson qui, disais-je, « croit en la « fait ses classes à l’école de la véracité des Protocoles des Sages de haine » et qui « [t]ranquillement, en Sion ». Preuve que moi, je n’y crois toute impunité, via Internet et une pas, tout comme je refuse de croire boîte postale, […] continue à diffuser les diverses théories invoquant un ses horreurs antisémites ». prétendu « complot mondial », juif, maçonnique ou autre. Sur Wikipé- Une impunité qui n’existe que dia, d’ailleurs, les auteurs ont eu dans votre tête l’honnêteté d’écrire à mon sujet :

Dans un premier temps, j’évoque- Vincent Reynouard est très marqué par rai l’ « impunité » dont je bénéficie- le catholicisme traditionaliste (il est sé- dévacantiste), qu'il a tendance à associer rais. Là encore, si vous aviez enquê- à son activité révisionniste […]. Dans sa té plus profondément, vous auriez revue Sans Concession , il s'oppose ce- appris que : pendant à toute forme de « théorie du - depuis le mois de décembre complot » [http://fr.wikipedia.org/wiki/ 2008, la boîte postale 256 du VHO à Vincent_Reynouard]. Ixelles a été saisie puis fermée par les autorités belges ; Le terme « cependant » est justi- - depuis début février, les sites de fié, car on sait que chez les gens de Vision historique objective la droite radicale et chez les catholi- (« vhofrance.org ») et du Mouvement ques dit traditionalistes, les thèses de combat Saint-Michel d’un plan secret de domination mon- (« mouvsaintmichel.org ») sont inter- diale font recette. Je crois donc pou- dits d’accès. voir dire que, dans ces milieux, je Lettre à Frédéric Loore 41 suis un peu une exception et que et le contre, etc. Dès lors, pourquoi c’est de notoriété publique. Or, je utilisez-vous des termes qui me dé- note que sur le site « RésistanceS » précient de manière injustifiée ? animé par M. Abramowicz, la cou- Sans doute avez-vous été influencé verture d’une de nos brochures est par M. Abramowicz. Fâcheuse in- montrée, ayant pour titre : Le com- fluence ! Car loin d’être objectif, cet plot judéo-maçonnique : mythe ou individu vit au contraire baigné réalité ? La légende porte : dans ses a-priori . Il voit le monde à travers des lunettes déformantes. C’est le type même du paranoïaque qui passe son temps à trouver des réseaux, des synergies, des passerel- les. Entre lui et le « catho-tradi » ob- sédé par le complot judéo- maçonnique, il n’y a qu’une diffé- rence de camp, pas d’esprit…

♦L’ ÉTERNELLE RHÉTORIQUE DES ANTI- RÉVISIONNISTES

Et ne venez pas me dire que mes écrits me jugeraient. Mes écrits, vous ne les avez assurément pas Complot judéo-maçonnique : l’éter- lus ! Sans doute inspiré par nelle obsession des antisémites . Cou- M. Abramowicz, vous m’accusez de verture d'un des nombreux opuscules de propagande du néonazi catholique inté- diffuser des « horreurs antisémites ». griste Vincent Reynouard (document : Voyons, Monsieur Loore ! Le ra- RésistanceS)*. cisme et l’antisémitisme en tant que tels sont punis par la loi. Si ce que L’auteur de l’article, un certain l’on vous a soufflé est vrai, comment Alexandre Vick, a caché le fait — se fait-il qu’en vingt ans (j’écris de- capital — que dans cette brochure, puis 1989), je n’ai jamais été nous répondons par la négative à la condamné une seule fois pour ra- question posée sur la couverture. cisme ou pour antisémitisme (loi Telles sont les méthodes utilisées Pleven en France, loi Moureaux en par vos amis de « Résistances ». Des Belgique) ? Comment se fait-il qu’en méthodes de coquins… vingt ans, le « chef de file fanatisé » n’ait jamais commis un dérapage Je ne suis pas un « fanatique » digne d’être condamné par les tribu- naux ? En vérité, ma position très nette Mais j’entends déjà votre ré- — et raisonnée — face à tous ceux ponse : qui invoquent un complot mondial — Vous êtes malin, Reynouard. démontre que je suis ni l’obsédé, ni Vous ne dites pas : « Mort aux le fanatique habituellement décrit. juifs », mais : « Les juifs ne sont pas Je sais raisonner calmement, consi- morts ». Toutefois, cela revient au dérer les arguments, peser le pour même. Le « négationnisme » est le

* http://www.resistances.be/reynouard.html 42 Sans Concession masque que prend aujourd’hui par l’antisémitisme le plus haineux. Si c’est le cas, alors arrachez-le ce masque ! — En niant la Shoah, vous accusez les juifs de mensonge, vous faites souffrir les survivants et les familles de disparus, vous délégitimez Israël et vous cherchez à réhabiliter le na- tional-socialisme avec son antisémi- tisme forcené. Voilà, le masque est arraché ! Interrogé sur Télé-Bruxelles le Très bien, Monsieur Loore. Mais 12 février 2009, M. Abramow icz mon- prenez la peine de réfléchir quinze tre qu‘il est parfaitement conscient des secondes. Oui, oubliez quelques ins- enjeux sociologiques actuels du révi- tants vos certitudes et imaginez que sionnisme. l’ « Holocauste » est effectivement un mythe. Alors ? Alors vous en ♦LES ANTIRÉVISIONNISTES conclurez : CONNAISSENT LES ENJEUX DU COMBAT

- que les prétendus « témoins » du type Fillip Müller, Szlama Dragon, Oui, Monsieur Loore, si Shlomo Venezia… sont véritable- l’ « Holocauste » est un mythe, alors ment des menteurs ; ces conclusions — logiques — s’im- posent à vous comme à moi, natio- - que ceux qui les soutiennent cau- nal-socialiste ou pas. tionnent le mensonge ; Commencez-vous à comprendre

- que plus personne n’est fondé à pourquoi tout débat sur la réalité de lancer : « Je souffre parce que mes la Shoah est repoussé depuis trente proches ont été méthodiquement ex- ans ? Lorsque, à la télévision, terminés » ; M. Abramowicz qualifie le révision- nisme d’ « idéologie politique qui - que le principal argument moderne vise à réhabiliter le national- avancé pour justifier l’existence socialisme, le nazisme en Europe » et d’Israël tombe ; ajoute : « Ça c’est clair, tous ses mili-

- que le national-socialisme est lavé tants sont des militants néo-nazis de la plus terrible accusation porté […] et antisémites, mais aussi contre contre lui. la démocratie, contre le système dé- mocratique, contre les immigrés, », il se trompe certes sur la na- etc. ture réelle du révisionnisme et il gé-

néralise sans doute abusivement,

mais il n’a pas entièrement tort et

— surtout — il reconnaît les retom-

bées très lointaines du « problème des chambres à gaz ». M. Abramowicz le sait : si l’ « Holocauste » est un mythe, alors Israël n’a plus aucune légitimité ; alors une discussion calme sur la Lettre à Frédéric Loore 43 pertinence des idéaux fascistes face aux idéaux démocrates peut être en- gagée. Parce que cela lui paraît into- lérable, impensable même, il tente d’empêcher toute confrontation en arguant que « le négationnisme, soit disant sous un vocable scientifique, n’a rien de scientifique » et que les révisionnistes seraient des gens très méchants.

♦ UNE PITOYABLE DÉROBADE — Il t‘a demandé de dessiner une chambre à gaz ? Pitoyable dérobade ! Que diriez- — Oui, mais je ne lui répondrai pas, vous, Monsieur Loore, si une per- car ce type est un gros méchant... sonne accusée d’avoir volé une bou- teille et sommée d’ouvrir son sac ré- La pitoyable dérobade des menteurs pondait : « Je n’ouvrirai pas mon sac apeurés car l’accusation n’a aucun fonde- ment sérieux. Elle émane de gens menteur démasqué. J’irai même très méchants qui ne m’aiment pas, plus loin : s’il se révèle qu’une thèse qui veulent me faire du mal, ternir est « dangereuse » à cause de ses ma réputation et me jeter en pri- prolongements sociaux, alors sa ré- son… » Assurément, vous lui diriez : futation par un débat loyal avec « Trêve de gémissements. Soumet- l’adversaire s’impose. Car ce sera tez-vous à l’épreuve : ouvrez votre l’unique façon de clore définitive- sac et on verra bien qui a raison… » ment la discussion, de crever l’abcès Il en est de même avec les préten- et, ainsi, d’éviter la « contagion ». dues chambres à gaz homicides alle- mandes. Les révisionnistes affir- ♦NE PAS PRENDRE POUR BASE ment que l’ « Holocauste » est un CERTAINE CE QUI EST EN DISCUSSION mythe et lancent un défi : « Montrez-nous ou dessinez-nous Il me souvient d’avoir entendu à une chambre à gaz homicide alle- la télévision un jeune activiste juif mande ». Eh bien ! de la même façon lyonnais déclarer (en substance) : que la voleur présumé doit ouvrir « Débattre avec les négationnistes son sac pour se soumettre à l’é- serait reconnaître l’existence de preuve, les exterminationnistes ac- deux écoles historiques aussi respec- cusés d’erreur (voire de mensonge) table l’une que l’autre. Or, les néga- doivent se soumettre à l’épreuve en tionnistes ne sont pas des histo- relevant le défi. Ils doivent nous riens, ce sont des antisémites, donc montrer ou nous dessiner cette il n’y a pas à débattre avec eux ». chambre à gaz puis nous expliquer Exemple type de faux argument qui comment, dans un tel local, on pou- prend pour principe et base certaine vait asphyxier plusieurs centaines ce qui est justement en discussion. de personnes à la fois. Refuser au C’est au terme d’un débat loyal motif que l’adversaire serait animé qu’on pourra dire si les deux écoles de mauvaises intentions reste une qui s’affrontent sont aussi respecta- pitoyable dérobade utilisée par le bles l’une que l’autre et, dans le cas 44 Sans Concession contraire, quelle est celle qui ne doit des éléments solides et contrôlés pas être considérée comme sérieuse. l’existence des chambres à gaz ho- Ce n’est pas avant qu’on peut le dire micides. et, surtout, ce n’est pas l’une des parties en cause qui peut le dire. 1984 : Un livre qui n’apporte rien Voilà pourquoi je vous demande de ne pas être dupe des Abramowicz En 1984, l’ASSAG contribua à la et compagnie quand ils esquivent le publication, en langue française, sujet principal en discourant sur les d’un ouvrage collectif paru l’année intentions (réelles ou non) des précédente outre-Rhin et intitulé : « négationnistes ». La question pre- Nationalsozialis- mière ne porte pas sur ce que sont tische Massentö- les révisionnistes (pour ma part, je tungen durch Gift- dévoile publiquement mes objec- gas . En France, le tifs) ; la question première est de titre choisi fut : savoir s’ils disent vrai, c’est-à-dire si Les Chambres à leurs assertions sont conformes à la gaz. Secret d’État réalité historique. Après, on verra… (éd. de Minuit). L’ennui est que ♦ABONDANCE DE PREUVES ? l’année suivante, l’association exis- L’aveu de 1982 tait toujours. Or, l’art. 2 de ses sta- Sans doute me répondrez-vous tuts déclarait : « La durée de l’Asso- que l’existence des chambres à gaz ciation est limitée à la réalisation de homicides est mille fois démontrée, son objet », c’est-à-dire « la recher- donc qu’il n’y a pas à répondre aux che, le contrôle et la publication de négateurs de l’évidence. Laissez-moi tous les éléments concernant les as- vous détromper. Je rappelle qu’en sassinats de masse par gaz sous le avril 1982, à Paris, les extermina- régime national-socialiste ». Preuve tionnistes fondèrent l’Association que l’ouvrage publié à grand renfort pour l’étude des assassinats par gaz de publicité n’était nullement défini- sous le régime national-socialisme tif. (ASSAG). Cette association avait  pour principal objet de : 1989 : le pavé de J-C Pressac

rechercher et contrôler les éléments ap- Cinq ans plus tard, de nouveaux portant la preuve de l’utilisation des gaz cris de victoires furent lancés. Jean- toxiques par les responsables du régime Claude Pressac venait de publier, national-socialiste en Europe pour tuer aux USA, un ouvrage technique sur les personnes de différentes nationalités [1]. les (prétendues) chambres à gaz ho- micides d’Auschwitz : Auschwitz : C’était admettre qu’à cette date Technique and operation of the gas (avril 1982), les tenants de la thèse chambers [2]. Sans surprise, l’AS- officielle ne pouvaient établir par SAG s’intéressa à la diffusion de ce

(1) : Voy. les statuts de l’ASSAG, publiés dans la RHR , n° 3, novembre 1990, pp. 169 et ss. (2) : Beate Klarsfeld Foundation, New York, 1989. Cet ouvrage n’a jamais été traduit en français. Lettre à Frédéric Loore 45 pavé [1]. Mais de façon révélatrice, lé : Les crématoires d’Auschwitz. La cette diffusion fut très restreinte — Machinerie de meurtre de masse . l’ouvrage est quasiment impossible Cette fois, la presse dans son en- à trouver, même dans les bibliothè- semble participa au concert lauda- ques municipales ou universitai- teur. Une formidable campagne de res — et l’association ne cessa pas promotion fut organisée. Dans ce d’exister pour autant. livre, nous disait-on, était publiée « l’une des preuves irréfutables de 1993 : une commande de détec- l’existence de chambres à gaz homi- teurs de gaz comme « preuve » cides à Birkenau » [2]. Cette En 1993, J.-C. Pressac publia, au « preuve » était une réponse à une CNRS, son fameux ouvrage intitu- commande de détecteurs de gaz.

1993 : L‘Express prétend que J.-C. Pressac a trouvé la preuve irréfutable de l‘exis- tence des chambres à gaz à Birkenau.

(1) : Voy. Les chemins de la Mémoire , n° 21, juillet 1992, p. 11. (2) : Voy. L’Express , 23 septembre 1993, p. 87. 46 Sans Concession

Enfin ! Les révisionnistes allaient qui, comme au Struthof, avait été être réduits au silence. bâtie dans le bâtiment du créma- Quand on connaît l’utilisation toire afin de récupérer la chaleur. que firent les Allemands du Zy- Tout y est : les tuyaux, les pommes klon B pour, pendant la guerre, dé- de douche et les drains pour l’éva- sinfecter des vêtements, des trains cuation de l’eau. Si l’on veut croire et des locaux divers (dont des mor- qu’il s’agissait d’une chambre à gaz, gues), les hourras lus dans la presse il faut, comme Pierre-Serge Chou- prêtaient à sourire. Car entre 1941 moff, recourir à l’imagination, in- et 1945, des milliers de commandes venter des « preuves matérielles » et similaires avaient été passées, qui changer le sens des documents (voir ne prouvaient pas l’existence d’un l’article intitulé : « La prétendue quelconque massacre de masse. Dès chambre à gaz homicide de Mau- lors, en quoi le document publié par thausen »). Dans les mois qui suivi- J.-C. Pressac prouvait-il, à lui seul, rent, d’ailleurs, le ventilateur tomba l’existence d’une chambre à gaz ho- aux oubliettes et l’ASSAG poursui- micide à Birkenau ? Les explica- vit ses activités. tions de l’auteur étaient si peu convaincantes que l’ASSAG ne cessa 2004 : une photo aérienne de pas d’exister. Birkenau comme « preuve »

1995 : un ventilateur comme pre- Après plusieurs années de silence mière « preuve technique »… — je passe sur les déclarations du « médecin d’Auschwitz sans re- Deux ans plus tard, la pressa an- mord » et sur les photos personnel- nonça la découverte, en Autriche, de « la première “preuve technique ” des Avril 1995 : Var-Matin annonce la dé- chambres à gaz »*. Paradoxalement, couverte de la première « preuve tech- c’était confirmer que les documents nique » de l‘existence des chambres à publiés par J.-C. Pressac depuis gaz homicides allemandes. sept ans ne venaient nullement dé- montrer la réalité d’un massacre de masse par gaz. Quant à cette « première preuve », il s’agissait d’un… ventilateur qui aurait servi dans une chambre à gaz au camp de Mauthausen. Sachant que les cham- bres à gaz de désinfection, système Degesch, étaient dotées de tels en- gins, les cris de victoires poussés par les historiens apparaissaient bien prématurés. D’autant plus que l’histoire de la « chambre à gaz ho- micide » de Mauthausen est assez ridicule. La salle présentée aujourd- ’hui comme telle est, de façon évi- dente, une vulgaire salle de douche

* Voy. Var-Matin , 29 avril 1995, p. 15. Lettre à Frédéric Loore 47

Janvier 2004 : pour la n-ième fois, la presse annonce qu‘on a enfin trouvé la preuve de la réalité de l‘ « Holocauste »... les d’un gardien d’Auschwitz — un matoires) régnait un calme parfait. nouveau concert de chants victo- C’était totalement inexplicable et rieux s’éleva. C’était en janvier cela donnait finalement raison aux 2004. On venait de « découvrir » une révisionnistes selon lesquels aucun photo aérienne de Birkenau prise le meurtre massif n’aurait eu lieu à 23 août 1944 par les alliés et qui Birkenau, que ce soit avant ou pen- montrait… un panache de fumée dant l’été 1944. Voilà pourquoi blanche derrière les crématoires 4 et après avoir été montré partout, le 5. En France, le quotidien France cliché fut prudemment remisé dans Soir titra : « Auschwitz: la preuve ». le rayon des simples indices… L’ennui est que si ce panache de fu- mée avait été la preuve d’un massa- 2008 : les plans originaux cre de masse (il trahissait, disait-on, d’Auschwitz avec la mention la crémation à ciel ouvert de gazés), « Gaskammer » comme « preuve » le cliché aurait dû montrer une in- tense activité : des véhicules, des Vint enfin septembre 2008. Bild gardiens, des groupes de victimes publia des plans originaux d’Aus- s’avançant, des tas d’habits, des che- chwitz récemment découverts et minées crachant de la fumée, des dont l’un — daté du 8 novembre tas de coke pour alimenter les fours, 1941 — portait en toutes lettres la des fosses, etc. Or, dans tout le reste mention : « Gaskammer ». Nouveaux du camp (y compris autour des cré- hourras, nouvelles embrassades et nouvelle congratulations. Cette fois, 48 Sans Concession

2008 : la presse servile prétend qu‘un plan inconnu d‘Auschw itz vient d‘être découvert qui apporterait la preuve de l‘existence des chambres à gaz (homicides) à Birkenau. En vérité, une copie de ce plan avait été publié près de vingt ans plus tôt par J.- C. Pressac. Son titre – « Entlausungsanlage für K.G.L . » (installation d‘épouillage pour le KGL) – suffisait en outre pour conclure que la « chambre à gaz » dessinée et mentionnée comme telle avait été construite à des fins non-homicides ; elle devait au contraire servir à préserver l‘hygiène (donc la vie) des détenus. on l’avait la preuve irréfutable et non-homicides ; elle devait au définitive ! Vraiment ? En vérité, contraire servir à préserver l’hy- ces plans n’avaient rien de nouveau. giène (donc la vie) des détenus. Ja- Celui de 8 novembre 1941, notam- mais, d’ailleurs, J.-C. Pressac n’a ment avait été publié en… 1989 par prétendu que ce bâtiment — situé Jean-Claude Pressac*. Il était donc loin des crématoires 2 et 3 et très connu du public depuis près de loin des crématoires 4 et 5 — aurait vingt ans ! Son titre — été utilisé, ne serait-ce qu’une fois, « Entlausungsanlage für pour y asphyxier des êtres humains K.G.L . » (installation d’épouillage (voy. ATO , p. 53 et 54). Bref, cette n- pour le KGL) — suffisait en outre ième « preuve » n’avait pas plus de pour conclure que la « chambre à valeur que les autres. Aux dernières gaz » dessinée et mentionnée comme nouvelles, d’ailleurs, l’ASSAG existe telle avait été construite à des fins toujours.

* Voy. Auschwitz : technique and operation of the gas chambers (Beate Klarsfeld Founda- tion, New York, 1989, p. 55. Lettre à Frédéric Loore 49

♦UNE ABSENCE DE PREUVE QUI EST l’enchevêtrement des corps, les as- UNE PREUVE D’ABSENCE sassins se seraient notamment heurtés à des problèmes insurmon- Oui, Monsieur Loore, bien que, tables de ventilation de la pièce. trompé par une presse servile, le pu- blic soit convaincu du contraire, Les Allemands auraient pu plus de soixante ans après les faits asphyxier bien plus facilement et malgré les recherches les plus érudites, les historiens n’ont trouvé J’ajoute que depuis bien long- aucune preuve technique de l’exis- temps en 1941, des études étaient tence des « chambres à homicides » parues et des formules empiriques allemandes. avaient été établies qui permet- taient de prévoir le temps de survie L’opinion d’un diplômé ingénieur dans une pièce hermétiquement chimiste close. Un simple calcul montre que des personnes entassées dans les Peut-être me répondrez-vous morgues hermétiquement fermées qu’absence de preuve n’est pas des crématoires 2 et 3 de Birkenau preuve d’absence. Pour certaines n’auraient guère pu survivre plus de questions, c’est vrai. Mais pas pour trois quarts d’heure*. Si, vraiment, les (prétendues) chambres à gaz ho- les Allemands avaient voulu tuer en micides allemandes. On me repro- masse, ils auraient procédé ainsi, ce che parfois de ne pas être un histo- qui leur évité bien des difficultés in- rien. Je n’ai certes aucun diplôme en surmontables. Histoire. Mais j’ai un diplôme d’in-  génieur chimiste et, en tant qu’ingé- Un gazage, ça laisse des traces nieur, je puis vous dire que des ga- zages homicides tels qu’ils sont dé- Je rappelle enfin que, contraire- crits dans la littérature concentra- ment à une opinion fort répandue, tionnaire sont une impossibilité un gazage à l’aide d’acide cyanhy- physique la plus absolue. A cause de drique laisse des traces. Pourquoi ?

Fragment de la page 65 du livre : Face au péril aéro-chimique (1936). En s‘appuyant sur cette formule, on déduit qu‘à Birkenau, il aurait suffi de 45 minutes environ pour asphyxier sans aucune difficulté et sans aucun danger 1 000 personnes entassées dans les morgues fermées hermétiquement.

* Voy. « Gazages homicides : la lettre d’un connaisseur des gaz de combat », publié dans Sans Concession , n° 30-32, avril-juin 2007, pp. 60-61. 50 Sans Concession

Parce que cet acide vaporisé entre ne me surprend pas. On ne peut pas nécessairement en contact avec le prouver l’existence d’une chose qui, fer présent sous forme d’oxydes pour de simples raisons physico- dans les matériaux de construction chimiques, n’a pas pu exister . des murs, entraînant la formation de précipités bleus (ferro et ferricya- ♦NE PAS INVERSER LA CHARGE DE LA nures) très stables donc parfaite- PREUVE ment détectables même des années après. Or, les mesures effectuées Peut-être me direz-vous : « S’il n’y d’abord par Fred Leuchter (1988), a pas eu d’Holocauste, qu’étaient puis par Germar Rudolf (1992) n’ont donc devenus les six millions de pas permis de retrouver des traces juifs qui manquaient en 1945 ? » Ma significatives de composés cyanurés. réponse est simple : prouvez-moi S’ils ont triché ou s’ils se sont trom- tout d’abord que six (ou même cinq, pés, les exterminationnistes de- voire quatre…) millions de juifs vaient le démontrer en organisant avaient disparu en 1945. Depuis des une contre-expertise. Ils ont mené lustres, on prétend que l’existence cette contre-expertise, mais ne l’ont des chambres à gaz homicides alle- jamais publiée ; ce sont au contraire mande est mille fois prouvée alors les révisionnistes qui l’ont publiée*. qu’il n’en existe aucune preuve. Je vous laisse devenir pourquoi… Dans cette affaire, on nous a menti, Une ventilation impossible, un trop souvent et trop longtemps ; j’ai mode opératoire très compliqué et donc le droit d’être circonspect. Six très dangereux alors qu’un autre, millions de disparus, dites-vous ? très simple et sans danger, aurait Donnez-moi les noms, les preuves pu être utilisé, une absence de tra- que ces personnes ont existé, qu’el- ces chimiques là où il aurait dû y en les ont bien été déportées et qu’elles avoir à profusion, tout démontre la avaient bien disparu en 1945. Tant fausseté de la thèse officielle des ga- que vous ne l’aurez pas fait, je refu- zages homicides, donc de serai de discuter sur du vide. La l’ « Holocauste ». Voilà pourquoi l’ab- preuve incombe à celui qui accuse. Il sence de preuves documentaires et est temps que, dans le dossier du matérielles soixante ans plus tard prétendu « Holocauste », ce principe évident soit appliqué…

Veuillez croire, Monsieur, en l’ex- pression de mes sentiments choisis. Fred Leuchter en 1989. Le premier, il a expertisé les ruines des bâtiments qui, à Birkenau, sont présentés comme ayant été des chambres à gaz homicides. Il a notamment prélevé des échantillons de murs afin de mesurer le taux de ferrocya- nures. Ses conclusions, jamais infirmées de- puis, sont nettes : jamais les locaux ex- pertisés n‘ont pu servir de chambres à gaz pour une extermination de masse.

* Voy. la Revue d’Histoire Révisionniste , n° 5, novembre 1991, pp. 143-150. 51

DÉFENSE D‘UN COMBAT FRONTAL , GLOBAL ET SANS CONCESSION

UNE INTERVIEW EXCLUSISE

de Vincent Reynouard

Raphaël Tassart, journaliste du groupe Sud-Presse a posé par écrit des questions à Vincent Reynouard. Celui-ci y a répondu.

Nous ignorons encore l’utilisation qu’en fera le journaliste. Mais nous publions dès aujourd’hui les réponses de notre collaborateur.

Les sujets abordés sont très divers. Elles éclairent les fondements du combat frontal, global et sans concession qu’il mène depuis plusieurs an- nées.

L’équipe de SC

— Où êtes-vous en ce moment, soustraire aux forces de l’ordre certains sites vous disent en et devenir un homme en ca- Suisse… vale ?

Pour l’heure, je suis quelque part Pour le catholique que je suis, en France où j’effectue un voyage une loi injuste — c’est-à-dire oppo- dans le cadre de mes recherches his- sée au Bien commun — n’est pas toriques. Après, je compte bien re- une loi, mais un abus de pouvoir tourner en Suisse chez les amis qui perpétré par les gens en place pour m’ont offert un gîte. des raisons circonstancielles. Les lois antirévisionnistes étant injustes — Vous avez été condamné à un (puisqu’elles protègent un mensonge an de prison à Bruxelles pour pernicieux alors que la société a négationnisme, pourquoi vous droit à la vérité), je ne les reconnais 52 Sans Concession pas. Voilà pourquoi non seulement vé refuge à Notre-Dame des sept je les viole sans aucun remord, mais douleurs ? Qui vous a amené là- aussi je refuse les condamnations bas ? qui me sont infligées en vertu de ces fausses lois. En conséquence, je ne Après avoir quitté la France en vais payer ni les amendes, ni les 1999, je me suis effectivement ins- dommages et intérêts, et je ne me tallé avec ma famille à Ixelles, dans livrerai jamais aux forces de l’ordre, ce qui est appelé le « sanctuaire ND que ce soit activement (c’est-à-dire des Sept Douleurs » mais qui est en en me constituant prisonnier) ou réalité une simple maison particu- passivement (c’est-à-dire en atten- lière où une chapelle privée a été dant qu’elles viennent me chercher). aménagée. Depuis lors, une rumeur C’est une question de principe. persistante affirme que j’ai fui la France pour échapper à la Justice — Paris-Match et Résistance.be de mon pays. Mais c’est faux. Voici vous ont-ils piégé ? ce que je vais écrire à F. Loore : [voir p. 39]. A mon point de vue, non. Voici d’ailleurs ce que je vais écrire, à ce — Qui avez-vous rencontré à ND sujet, à F. Loore : [voir p. 32]. des Sept Douleurs ?

— Quelques jours après publica- Le propriétaire et sa compagne tion du sujet, la police s’est pré- qui vivent dans la maison. J’y ai sentée chez vous et n’a trouvé également rencontré une dizaine de que votre épouse, est-ce vrai ? fidèles qui, le dimanche, assistent à l’office dit par le propriétaire. Il s’a- C’est vrai. Les policiers sont ve- git d’une sorte de messe en latin, nus chez moi le 18 février car c’est le avec un peu de grec et d’hébreu. jour de mon anniversaire. Sans — S’agit-il d’une communauté de catholiques traditionalistes ?

Tout d’abord, j’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une « communauté », car dans la maison ne vit, à part nous, que le proprié- taire et sa compagne. En outre, les deux familles vivent séparément. Nous n’avons aucune pièce en com- mun, pas même la cuisine ou la salle de bain. La maison est séparée en deux, comme s’il y avait deux ap- partements duplex. J’ajoute que les fidèles sont des doute pensaient-ils que je serais là gens « comme tout le monde », c’est- exceptionnellement. Mais je n’y à-dire des gens qui, pendant la se- étais pas. maine, vivent chez eux et travail- lent. Le dimanche, ils viennent en- — Avez-vous, après avoir quit- tendre l’office puis repartent. Point té la France, effectivement trou- final. Une interview exclusive de V. Reynouard 53

Enfin, il ne s’agit pas de Les raisons de mon « catholiques traditionalistes » au sédévacantisme sens où on l’entend habituellement, c’est-à-dire des partisans de feu Au départ, la raison de mon Mgr Lefebvre. Le propriétaire des « sédévacantisme » ne se fonde ni lieux n’a aucun contact avec la Fra- sur des arguments théologiques, ni ternité sacerdotale Saint Pie X. Je sur le code Droit canon. Je ne suis ne lui connais d’ailleurs aucun ni théologien ni canoniste, et je n’ai contact avec une quelconque église. nulle prétention à l’être. En consé- C’est un homme totalement indé- quence, après avoir été tenté de par- pendant, qui officie uniquement ticiper à la querelle, je fuis désor- dans sa chapelle privée. mais les discussions complexes dans lesquelles des traditionalistes se jet- — Vous reconnaissez-vous dans tent à la figure encycliques, articles le courant « sédévacantiste » ? du Code et concepts théologico- philosophiques. Peut-on juger l’hé- Oui, en ce sens que je considère résie ? se demandent-ils. La culpabi- J. Ratzinger comme un antipape. lité est-elle présumée ? Quid de la Mais le courant sédévacantiste est pertinacité ? L’Église est-elle maî- très divisé. Vous y trouvez les tresse de son infaillibilité ? Peut-on invoquer l’épikie ? Les discussions s’allongent et deviennent rapide- ment si pointues qu’un simple fidèle ne peut s’y retrouver. Car comme l’a écrit Louis Peisse : « Il est […] dé- montré par l’expérience qu’en toute matière autre que les mathémati- ques, les doutes et les incertitudes s’accroissent en raison directe de la durée de la dispute »*. Or, je sais J. Ratzinger, alias Benoît XVI que Dieu ne nous imposera pas, pour sauver notre âme, d’être des « guérardiens » qui soutiennent que philosophes doublés de théologiens- J. Ratzinger est pape matérielle- canonistes. La religion catholique ment mais pas formellement ; les est celle de tous. sédévacantistes au sens strict selon Je m’en tiens donc au catéchisme lesquels J. Ratzinger n’est pape ni de base. Celui-ci m’apprend que le formellement ni matériellement. Pape : Les partisans des sacres épiscopaux, - est le Vicaire du Jésus-Christ les opposant aux sacres épisco- parce qu’il le représente sur la terre paux… et qu’il tient sa place dans le gou- Moi, je suis un sédévacantiste au vernement de l’Église. sens strict. Je ne fréquente aucune - est le chef visible de l’Église, parce chapelle, qu’elle soit « lefebvriste » qu’il la dirige visiblement avec l’au- ou « sédévacantiste ». Je récite mes torité même de Jésus-Christ qui en prières à la maison. est le chef invisible**.

* Voy. L. Peisse, La médecine et les médecins (ed. J.B. Baillière et Fils, 1857), t. II, p. 240. ** Voy. le Catéchisme de S. Pie X, ch. X, § 4. 54 Sans Concession

Or, jamais ce représentant du Christ — qui assura être la « lumière du monde » (Jn, VIII, 2) et déclara : « si vous demeu- rez dans ma Doctrine ; vous connaîtrez la vérité » (Jn, VIII, 31) — ne pourrait cautionner un mensonge comme l’ « Holo- causte », dont les conséquences sociales et religieuses sont aus- si énormes que catastrophi- ques . J’appelle l’attention sur ces derniers mots : s’il s’agis- sait d’une simple querelle his- torique stérile (du genre : l’homme de Cro-Magnon a-t-il exterminé l’homme de Nean- dertal ?), un pape pourrait se tromper sur la question sans susciter — au moins chez moi — un questionnement sur sa légitimité. Mais dans le cas de l’ « Holocauste », c’est très différent : sans même évoquer la calomnie subie par tout un peuple (alors que la morale

Ci-dessus : texte scan- daleux dans lequel K. Wojtyla, alias Jean- Paul II, cautionne le mythe mortifère de la Shoah. Ci-contre : dans Famille Chrétienne du 5 février 2005, p. 5, Jean-Marie Lustiger se rend lui aussi complice du grand mensonge.

Or, jamais l‘Église (la vraie) ne pourrait cau- tionner un tel men- songe ! Une interview exclusive de V. Reynouard 55 chrétienne interdit de salir la répu- ger l’Église). L’église actuelle étant tation d’autrui, y compris s’il est née avec Vatican II (nouvelle doc- mort), rappelons : trine, nouvelle liturgie, nouveaux - qu’au nom du « Plus jamais sacrements…), j’adopte tout natu- ça ! », le mythe de la Shoah empêche rellement ce qui se faisait avant toute restauration d’une société 1962 : la messe dite de Saint-Pie V, d’ordre, ce qui est évidemment les « anciens » sacrements… contraire à la mission catholique ; - qu’à terme, l’ « Holocauste » Je ne suis pas un « tradis » qui condamne à mort le catholicisme*. agit par crispation

Un argument ad hominem Non par amour de l’encens, du confirmé par ailleurs latin ou de la « belle liturgie » ; je le dis franchement : si l’église de Rome Telle est la raison pour laquelle, ne cautionnait pas le mensonge de au départ, je considère J. Ratzinger la Shoah — ce crachat à la face du comme un antipape, tout comme Christ — avec toutes ses conséquen- K. Wojtyla avant lui. Mon argu- ces politico-religieuses anti- ment, j’en conviens, est purement catholiques, une messe en français ad hominem . Mais mon opinion est avec le prêtre tourné vers les fidèles confortée a-posteriori quand je les vois participer à des ré- unions œcuméniques, baiser le Coran, prier dans des synago- gues, etc., autant d’actes d’a- postasie que jamais un pape légitime n’aurait pu accomplir (imaginez un Pie X baisant le Coran !). J’en déduis que l’église sise à Rome ne peut être l’Église (car un antipape ne peut diri-

Ci-dessus : K. Wojtyla baisant le Coran. Ci-contre : J. Ratzinger prie dans uns synagogue.

Jamais, dans tout l‘histoire de l‘Église, un pape légitime ne s‘est comporté ainsi, réalisant au nom de l‘Œcuménisme ce que l‘on doit considérer comme un acte d‘a- postasie.

* Voy. V. Reynouard, Lettre à Mgr Fellay (diffusion VHO, 2009), pp. 16-20. 56 Sans Concession ne me gênerait pas, tout comme les tion même de l’Église par le Caté- vases sacrés en terre, les prêtres en chisme. On lit : habits de clergymen, etc. Je crois en effet que si l’Église doit être conser- L’Église catholique est la société ou la vatrice sur le fond, elle doit égale- réunion de tous les baptisés qui, vivant sur la terre, professent la même foi et la ment savoir évoluer sur la forme. Le même loi que Jésus-Christ, participent cardinal Danneels a raison de rap- aux mêmes sacrements et obéissent aux peler qu’au « fil des siècles — et pas pasteurs légitimes, principalement au seulement ces dernières années — Pontife romain [3]. certains rites liturgiques ont été mo- difiés pour mieux correspondre à la A supposer qu’un pape légitime sensibilité de leur époque » [1]. A puisse, par ses enseignements, met- tous les « tradis » francophones que tre en danger la foi et donner aux l’usage du français révulse, je fidèles de mauvais sacrements, la conseille la lecture objective du petit définition de l’Église n’aurait pas ouvrage d’A.-M. Roguet : pourquoi le insisté sur l’obéissance due « aux canon de la messe en français (éd. pasteurs légitimes, principalement du Cerf, 1967). Ils découvriront que, au Pontife romain ». bien souvent, leurs crispations sur Voilà pourquoi je suis en désac- cette question — je ne parle pas des cord avec la position de la Fraterni- autres changements liturgiques pos- té Sacerdotale Saint Pie-X. Il me térieurs à 1967 [2] — sont totale- paraît impossible de soutenir que ment injustifiées. J. Ratzinger est un pape légitime, de se déclarer en communion avec Pourquoi je suis en désaccord lui et, en même temps : avec la Fraternité S. Pie X - de refuser la « nouvelle messe » et les « nouveaux sacrements » ; Je termine avec la réflexion sui- - de lui désobéir en permanence : vante : en refusant d’aller à l’église a) par l’assistance à des offices paroissiale et à recourir à des dans des chapelles de fortune, édi- « prêtres » ou à des « évêques » mo- fiées et/ou utilisées en dehors de dernes, j’ai conscience de désobéir l’autorité diocésaine et sans statut en permanence aux autorités romai- canonique ; nes. C’est possible uniquement si b) par le recours à des prêtres ni l’on considère que l’individu assis incardinés, ni munis du celebret dé- sur la chaire de Pierre est un usur- livré par leur propre évêque diocé- pateur. En effet, s’il s’agit d’un pape sain ; légitime, alors il n’y a pas de crise c) par le recours, notamment pour de l’Église en matière de foi et de les confirmations et les ordinations, mœurs et, en conséquence, il n’y a à des évêques sacrés sans mandat nulle raison de refuser la messe du pontifical et dénués de toute juridic- pape avec les sacrements qui l’en- tion. tourent. Ce fait ressort de la défini-

(1) : Voy. Redécouvrir l’Eucharistie. La messe selon la Concile (éd. Mame, 1986), p. 5. (2) : Sur ces autres changements qui, au départ, n’étaient pas prévus à Vatican II, voire même étaient contraire à son esprit, voy. Pierre Fautrad et Pertinax, En marche vers une « super-église » universelle et maçonnique (auto-édité, 1979), pp. 31-32. (3) : Voy. le Caté- chisme de S. Pie X, ch. X, § 2. Une interview exclusive de V. Reynouard 57

Autrement dit : on ne peut pas - encore une fois, le Catéchisme s’opposer au sédévacantisme et, en est très net : il assure que les même temps, agir en sédévacantiste « Sacrements de l’Église sont complet. Il ne s’agit pas d’être radi- saints », « établis par Dieu en toute cal, mais cohérent. sainteté » et « sources de sainteté »*.

Arguments faux Dès lors, il n’y a guère que deux solutions : Afin de justifier son comporte- - soit on admet que J. Ratzinger ment, la Fraternité Saint Pie-X dé- est un pape légitime à la tête de clare aux fidèles pragmatiques que les « nouveaux sacrements » sont l’Église, et il n’y aucune raison de refuser les « nouveaux sacrements », douteux, donc qu’il vaut mieux rece- voir ceux d’avant les réformes dues puisqu’ils sont nécessairement saints et sources de sainteté ; à Vatican II (comprenez : ceux don- nés dans les chapelles traditionalis- - soit on déclare les « nouveaux tes). Et pour rassurer les scrupu- sacrements » douteux, et il faut en leux, elle reprend la réponse des conclure qu’ils ne sont pas ceux de apôtres (dont S. Pierre) : « Il vaux l’Église catholique, donc que l’église mieux obéir à Dieu qu’aux hom- sise à Rome n’est pas l’Église, donc mes » (Actes, V, 29). Seulement voi- que J. Ratzinger n’est pas un pape là : légitime. - quand ils formulaient cette ré- ponse, les apôtres rétorquaient aux Certains « tradis » croient avoir juifs du Sanhédrin qui leur avaient trouvé une troisième solution en dé- interdit « formellement de parler et clarant que J. Ratzinger, pape légi- d’enseigner au nom de Jé- time, est à la tête de « l’église conci- sus » (Actes, IV, 18). Tels étaient les liaire ». Mais le Catéchisme est « hommes » auxquels ils désobéis- clair : saient pour plaire à Dieu. De façon évidente, un pape légitime ne sau- Non, il ne peut y avoir plusieurs Églises rait leur être comparé ; car com- parce que, de même qu’il n’y a qu’un ment croire que le Vicaire de Jésus- Dieu, une seule Foi et un seul Baptême, il n’y a et il ne peut y avoir qu’une seule Christ sur la terre, chargé de confir- véritable Église**. mer les fidèles dans la foi, pourrait s’opposer à Jésus ? C’est un non- L’ « église conciliaire » est donc sens. Ou alors il ne s’agit plus d’un catholique ou elle ne l’est pas. Point pape, mais d’un intrus. Par consé- final. Rester dans le flou pour pré- quent, lorsque la FSSPX prétend tendre trouver une troisième solu- justifier sa perpétuelle désobéis- tion est un pitoyable tour de passe- sance en déclarant qu’il vaut mieux passe inventé par ceux qui, soucieux obéir à Dieu qu’aux hommes, elle de leur confort sacramentel, refu- admet implicitement que l’individu sent d’aller au bout de leur logique. assis sur le trône de Pierre est un J’applaudis l’abbé Belmont lorsqu’il antipape. dénonce :

* Voy. Jean Couturier, Catéchisme dogmatique et moral (éd. Vanlinthout et Vandenzande, Louvain, 1833), t. I, p. 171. ** Voy. le Catéchisme de S. Pie X, ch. X, § 2. 58 Sans Concession

les gens pour lesquels la théologie consiste à inventer des dérobades ; dont le grand souci est de prendre leur Mère en défaut, je veux dire chercher (et pré- tendre trouver) des exemples historiques dans lesquels l’Église se serait trompée, afin d’y découvrir un prétexte à faire ce que bon leur semble — c’est-à-dire n’im- porte quoi. Ce n’est pas de la théologie, c’est de l’impiété*.

— Vous définissez-vous comme un être extrémiste ?

Oui, si l’on considère qu’un extré- miste est une personne qui va jus- qu’au bout de ses convictions et qui refuse toute compromission avec ce qu’elle considère comme l’erreur. On reproche à la droite radicale son extrémisme. Mais enfin… Lors- que les révolutionnaires de 1792 lan- çaient : « La liberté ou la mort ! », n’était-ce pas une attitude extré- miste ? Lorsque, le 23 avril 2002, Ci-dessus : un révolutionnaire français rompant avec une tradition solide- qui porte un chapeau sur lequel on lit : ment ancrée depuis 1974, Jacques « La liberté ou la mort ». Ci-dessous : l‘écologiste flamand Jos Chirac refusa d’affronter Jean-Marie Geysel, apôtre du « cordon sanitaire » Le Pen lors d’un débat loyal, il se qui refuse tout accord, même partiel, justifia en déclarant : avec le Vlaams Belang. Nos bons démocrates sont aussi des ex- La République ne transige pas quand il trémistes. Et je ne viendrai pas le leur en va de l’essentiel, quand il en va de l’es- reprocher. prit et du cœur de notre pays. La Répu- blique ne transige pas quand l’âme du peuple français est en question**.

N’était-ce pas une attitude de re- fus de toute compromission au nom de l’idéologie républicaine poussée à son terme ? Et lorsque, en Belgique, les démocrates autoproclamés éta- blissent un « cordon sanitaire » au- tour du Vlaams Belang , refusant tout pourparler et toute alliance, même purement locale, avec lui, n’est-ce pas, là aussi, un refus de toute compromission ?

* Voy. le « texte d’une lettre écrite à un homme qui veut n’assister qu’à la Messe tridentine incluant una cum Johanne-Paulo au Canon » (N-D. de la Sainte-Espérance, sans date), p. 4. ** Voy. Le Figaro , 24 avril 2002, p. 1, col. A. Une interview exclusive de V. Reynouard 59

On me répondra que, dans ce cas, Si Hitler avait remporté la vic- la stratégie est justifiée parce que toire, les maquisards seraient consi- l’extrême droite, c’est la haine. Peut- dérés comme des « terroristes » et je être. Cependant, qu’elle soit légi- serais qualifié de « citoyen modèle ». time ou non, il s’agit d’une attitude Mais les forces de l’Axe ont perdu ; d’exclusion totale, donc d’une atti- alors, les maquisards sont des tude extrême. « héros de la Résistance » et Re- ynouard un infâme à jeter au ca- L’éternel deux-poids-deux- chot… mesures L’extrémisme n’est pas synonyme Les extrémistes se rencontrent de « simplisme » partout, mais il y a les « bons » et les « mauvais ». Et seuls les « mauvais » De nos jours, « extrémisme » est sont qualifiés de tels. Les autres synonyme de « simplisme ». C’est sont des gens entiers, des purs, des souvent vrai, car on trouve dans le intransigeants, que sais-je encore… camp des extrêmes beaucoup de Il en va de même avec le terro- gens qui sont là par paresse intellec- risme. Un Corse ou un islamiste qui tuelle. Il est en effet beaucoup plus tue un préfet ou un cinéaste est un facile de lancer : c’est la faute aux « terroriste » méritant de la prison. patrons, aux fachos, aux juifs, aux Un Jean-Jean qui, en 1942, assas- modernistes, aux francs-maçons, sine dans le dos un « collabo » ou un aux Arabes… que de réfléchir posé- aspirant allemand est un ment sur les causes réelles des pro- « Résistant » digne d’honneurs et de blèmes sociaux actuels. Mais pour décorations. ma part, mon refus de toute compro- Un proverbe américain déclare : mission avec l’erreur me pousse à « Pourquoi la trahison ne paye ja- toujours à analyser afin d’éviter les mais ? Parce que quand elle paye, illusions. Voici d’ailleurs ce que je plus personne ne l’appelle trahi- vais écrire à F. Loore : [voir pp. 39 son ». C’est incontestablement exact. et ss.] L’extrémisme qui paye est de l’in- transigeance ; le terrorisme qui Voici maintenant un extrait des paye est de la résistance ; la répres- conclusions que j’avais déposées lors sion qui paye est de la pacification… de mon procès à Bruxelles. Vous y  De glorieux Résistants  Un infâme terroriste 60 Sans Concession

Statistique officielle du nombre annuel d‘avortements légaux en France depuis 1975. A qui fera-t-on croire que l‘avortement n‘est pas accepté de plein gré par le peuple ? trouverez des citations de mes « si l’avortement avait été repoussé écrits ; elles vous permettront de sa- comme une horreur par l’immense majo- rité des Français, très peu de femmes voir ce que je pense réellement du auraient profité de la loi Veil. Mais c’est « complot » juif ou autre. Je tiens le contraire qui advint : dès 1976, naturellement à votre disposition 130 000 infanticides furent officielle- les écrits mentionnés dans ces ment pratiqués en France et trois ans conclusions afin que vous puissiez plus tard, la barre des 150 000 (officiels) fut dépassée. vérifier l’exactitude des citations : « Preuve que dans cette affaire comme dans bien d’autres, les lob- Attendu que dans ses écrits, bies (juifs et non juifs) qui ont agi M. REYNOUARD a toujours réfuté pour légaliser l’avortement * n’ont l’hypothèse d’un prétendu « complot finalement fait qu’exprimer les dé- juif mondial » et d’une prétendue sirs silencieux d’une partie non né- « puissance juive » qui expliquerait, gligeable du peuple. Loin d’être des selon certains, une multitude de faits groupements hostiles et non repré- sociaux ; dans l’un de ses récents arti- sentatifs (théorie du complot), ils cles, encore, M. REYNOUARD s’est éle- ont au contraire représenté la socié- vé contre les théories du « complot » en té, exprimant tout haut ce qu’elle écrivant à propos de l’avortement :

Nice-Matin , 22 septembre 2007, p. 2.

* Sur ces lobbies, voy. Valeurs actuelles , 3 décembre 1979, p. 30, article intitulé : « Les sources de la loi Veil ». ** Sans Concession , n° 37-39, avril-mai-juin 2008. Une interview exclusive de V. Reynouard 61

demandait tout bas, canalisant les aveuglement religieux. Je les consi- forces qui étaient en elle . Ils ont en dère comme des adversaires autant outre bénéficié du relativisme ambiant, un relativisme qui a poussé l’autre par- qu’ils sont adversaires de l’Église. tie du peuple à accepter la loi au motif qu’il fallait être “tolérant” et qu’avorter La vraie cause de cette puissance était une affaire personnelle. Sans le juive bien réelle consentement explicite des uns et l’ac- ceptation passive des autres, l’action des Quant à la puissance juive dans lobbies se serait révélée inefficace. Quoi qu’on en dise, il n’y a pas de différence le monde, mon acception du pro- fondamentale entre le pays réel et le blème est la suivante : si la juiverie pays légal. Un peuple n’a jamais, comme est incontestablement puissante (je il le fut souvent dit, que les gouverne- parle bien de la juiverie, car il existe ments qu’il mérite »**. naturellement de nombreux juifs

Plus loin, M. REYNOUARD précisait : qui n’ont ni puissance, ni même dé- sir de puissance), c’est parce que, au

« Mais parce que la thèse du sens de départ, les goyim veulent et caution- l’histoire a été principalement répandue nent un monde favorable à un cer- par l’école marxiste, les conservateurs tain esprit juif favorable au libéra- de la droite nationale en viennent à ré- lisme, à l’économie hypertrophiée, pudier l’idée même d’intelligibilité de aux Droits de l’Homme. l’histoire. Ce faisant, ils en viennent à contester la causalité des idées en his- Le « nomadisme dévié » toire et en politique. C’est pourquoi ils gonflent démesurément l’impor- Notez que je parle d’un « certain tance des phénomènes sectaires, esprit juif ». En effet, il est indénia- des théories du complot, tout en dé- ble que, comme toute pensée tradi- préciant celle des doctrines. Pour eux, l’histoire de l’humanité se joue- tionnelle non corrompue, la Tradi- rait entre les “bons”, c’est-à-dire les tion hébraïque — encore vivante peuples, et quelques “mé- dans certaines communautés ultra- chants” (les juifs principalement et orthodoxes comme celles qui, en leurs alliés francs-maçons) qui par- viendraient depuis des siècles à 2000, avaient refusé de condamner tromper les « bons » en leur instil- Jörg Haider — ne porte pas en elle lant des idées fausses afin qu’ils ac- ces fléaux modernes que sont libéra- ceptent — et même favorisent — l’é- lisme, l’économie hypertrophiée et tablissement progressif d’un gou- les Droits de l’Homme. Dans son ou- vernement mondial. […]. Disons-le nettement, ce discours est inepte . » vrage intitulé : Le Règne de la Quantité , René Guénon écrit :

— Est-vous antisémite ? Une remarque en passant : pourquoi les principaux représentants des tendances A mon point de vue : non. Au nouvelles, comme Einstein en physique, Bergson en philosophie, Freud en psy- point de vue des juifs : oui. Je m’ex- chologie, et bien d’autres encore de plique. moindre importance, sont-ils à peu près Avant 1940, un antisémite était tous d’origine juive, sinon parce qu’il y a une personne qui n’aimait pas les là quelque chose qui correspond exacte- juifs et qui passait une partie de son ment au côté « maléfique » et dissolvant temps à lutter contre leur influence. du nomadisme dévié, lequel prédomine inévitablement chez les juifs détachés de Moi, je plains tous les juifs pour leur leur tradition ?*

* Voy. R. Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signe des Temps (éd. Gallimard, 1972 [1945 pour la première édition]), p. 222, note. 62 Sans Concession

Ce « nomadisme dévié » — certains commentaires rabbiniques jusqu’à être nié dans le sionisme — bien choisis afin de déceler dans la est précisément ce « certain esprit Bible un humanisme (moderne) ab- juif » que je dénonce, c’est-à-dire le sent originellement. J’ajoute qu’en judaïsme anti-traditionnel dont toute logique, cet esprit se retrouve émane l’humanisme « droits-de- chez de très nombreux juifs religieu- l’hommesque ». Une nouvelle preuve sement indifférents, voire athées, de cette filiation vient d’être appor- c’est-à-dire chez ceux qui ont poussé tée par… les juifs libéraux eux- la pensée anti-traditionnelle jus- mêmes. Dans la dernière livraison qu’au bout. du Shofar , on lit en guise d’intro- duction à un entretien avec le Rabbi La faute première revient au Abraham Dahan : goyim

Ce n’est pas de Dieu qu’émane l’huma- Naturellement, une fois la puis- nisme. Il est le fruit d’une lutte de sance acquise, il est possible d’in- l’homme contre Dieu qui se joue dans le fluencer les événements pour ren- Midrash. Selon Rabbi A. Dahan le Mi- drash reconstruit le texte biblique pour forcer sa mainmise. C’est ce que fait que celui-ci nous humanise [1]. la juiverie aujourd’hui ; les lois anti- révisionnistes en sont une preuve parmi bien d’autres. Que les juifs froncent les sourcils et tout le monde rentre à la niche… Les juifs sont donc puissants, c’est incontes- table. Mais les antisémites ont tort de Un aveu dans le Shofar : l‘humanis me croire qu’au départ, les juifs au- est une perversion de la Tradition juive. raient, par une ou plusieurs révolu- tions, imposé leur monde aux goyim. Plus bas, A. Dahan confirme en Commentant Michel Gurfinkel qui déclarant : note : « Les révolutions politiques qui réussissent sont celles qui ont Ma conviction très pro- déjà été accomplies sue un plan mé- fonde est que les droits tapolitique », Isaac Franco écrit : de l’homme sont absolu- ment écrits dans la Tora En somme, un bouleversement politique et dans les développe- majeur ne « prend » dans un groupe so- ments rabbiniques. cial, que si et quand le renversement des Même si parfois il existe esprits et des humeurs a déjà longtemps des commentaires qui se fermenté dans ses replis les plus intimes ferment à la centralité de [2]. la vie humaine, celle-ci se trouve généralement très fortement affirmée [ Id .]. C’est incontestablement vrai. Je le répète et je le répéterai sans C’est très clair : les cesse : sans un terrain rendu pro- Rabbi Dahan juifs libéraux recons- pice par les idées nées au sein des truisent le texte biblique grâce à peuples et sans l’aval au moins ta-

(1) : Voy. le Shofar , n° 302, p. 19, col. A. (2) : Voy. Contact J, n° 210, décembre 2007, p. 23, col. A. Une interview exclusive de V. Reynouard 63 cite de la majorité, une minorité Je suis 100 % antisioniste quelconque ne peut jamais diriger bien longtemps… Voilà pourquoi J’en termine avec la question même si je n’ai aucune sympathie d’Israël. Je plains plus particulière- particulière pour les juifs — et sur- ment les juifs sionistes qui tentent tout pour les juifs libéraux — je ne de faire vivre un État condamné à suis pas un obsédé de la question terme par Dieu, puisqu’il a été ren- juive. Car j’estime que celle-ci se ré- du possible grâce à une immonde soudra d’abord lorsque les goyim — calomnie (le mensonge de et plus particulièrement les chré- l’ « Holocauste »). Sur la couverture tiens — auront cessé de plébisciter d’une récente livraison de l’organe le monde matérialiste des Droits de pro-sioniste de Belgique : Fax de Jé- l’Homme favorable au nomadisme rusalem et du monde Juif , on lit : dévié. Je ne crie donc pas : « Mort « Si les Arabes du monde déposaient aux juifs ! », mais : « Peuples blancs, leurs armes aujourd’hui, il n’y au- redevez fidèle à votre vocation ! » rait plus de violence ! Si les Juifs 64 Sans Concession déposaient leurs ar- Conclusion sur la mes aujourd’hui, il n’y question juive aurait plus d’I- sraël ! » [1]. L’ennui Ma conclusion est donc la est que les Palesti- suivante. Avant 1940, je niens dépossédés de le répète, un antisémite leurs terres ne dépo- était une personne qui seront pas les armes ; n’aimait pas les juifs et et je les comprends. qui passait une partie de Donc les Israéliens ne son temps à lutter contre les déposeront pas leur influence ; depuis non plus ; et, à leur 1945, un antisémite est point de vue, je les une personne qui n’est pas comprends aussi. Dès aimée des juifs. Nuance. lors, la conclusion Moi, j’en suis resté à la s’impose : tant qu’I- définition de 1940 ; voilà sraël existera, il n’y pourquoi je ne me consi- aura pas de paix au dère pas comme un anti- Proche-Orient. C’est sémite ; je ne suis pas ob- « La création d‘Israël en sédé par les juifs puisque fatal, car comme l’a 1947 grâce à une immonde écrit Lanza del Vasto : calomnie ayant été une dé- je pense que les problèmes « dans l’injustice la cision injuste, elle ne ces- viennent au départ des paix est impossible, sera de générer la violence. goyim ; je suis leur adver- car l’injustice est un On n‘y peut rien… » saire autant qu’ils sont état de violence et de désordre que ne adversaire de l’Église peut, qui ne doit pas se maintenir. (directement ou via le mensonge de Elle s’impose par la violence, se l’ « Holocauste »). Mais je sais que conserve par la violence et provoque l’immense majorité des Européens la violence de la révolte » [2]. La ont adopté l’autre définition, donc création d’Israël en 1947 grâce à que je serai considéré comme un an- une immonde calomnie ayant été tisémite. Cela ne me gène guère. une décision injuste, elle ne cessera C’est à Dieu que, finalement, j’aurai de générer la violence. On n’y peut des comptes à rendre. rien… Ami de la paix, je suis donc pour — Est-vous raciste ? la disparition d’Israël et pour le ré- tablissement de la Palestine. De Oui, au sens où je considère que manière pacifique, bien entendu. Il les races ont des aptitudes inégales ne saurait être question d’extermi- et que la pérennisation d’une civili- ner les Israéliens, mais plutôt d’ob- sation ne peut exister sans la tenir leur départ progressif et leur conservation du potentiel biologi- accueil dans des pays étrangers via que. Voilà pourquoi si j’accepte un des accords internationaux. Malgré métissage local et ponctuel — cette restriction, je sais que mon an- inévitable dans la vie d’une civilisa- tisionisme suffira à me faire ranger tion, à la faveur de relations com- parmi les antisémites. merciales, de guerres et/ou d’occupa-

(1) : Voy. Fax de Jérusalem et du monde Juif , n° 379, 26 janvier 2009. (2) : Voy. L. del Vasto, Pages d’enseignement (éd. du Rocher, 1993), p. 31. Une interview exclusive de V. Reynouard 65 tions — je m’oppose à toute culture connu la même chose avec la Résistance, du métissage. Dans l’avant-dernier l’OAS etc.). Mais je crois fermement que — sauf crise économique ou écologique numéro de notre revue Sans Conces- grave qui chamboulerait tout — la civili- sion , je me suis longuement expli- sation matérialiste occidentale saura qué sur ce sujet. Je tiens ce numéro dissoudre l’islam dans l’hédonisme, tout à votre disposition (je puis vous l’en- comme elle a dissous le catholicisme, et voyer au format pdf). faire de l’immense majorité des musul- mans des serviteurs zélés de Mammon. J’en profite pour rappeler que, quoi — Est-vous contre les immi- qu’on pense de l’Islam, nous n’avons grés ? pas le droit d’utiliser contre cette religion des moyens que l’on ré- A qui la faute ? prouve lorsqu’il s sont utilisés contre nous. En particulier, j’estime malhonnête de citer hors contexte Je déplore l’immigration sauvage, quelques versets du Coran (dont la mais dans cette affaire, je dis et ré- traduction est de surcroît douteuse) pète que la faute première revient pour en tirer des conclusions hâti- aux Européens, pas aux immigrés. ves . Un exemple récent a pu être rele- La Nature a horreur du vide. Or, les vé : l’hebdomadaire « catholique » belge Dimanche Express , a fait paraître la Blancs embourgeoisés ne font plus missive d’un lecteur qui encourageait le d’enfants et ne croient plus en rien. magazine à « publier la lettre de Il est donc fatal que la Nature com- M. Robert Spieler, conseiller général ble les vides laissés en Europe en d’Alsace à Mgr Doré, Archevêque de favorisant l’arrivés d’immigrants et Strasbourg » : en permettant l’invasion de cultes Dessin publié en 1905 et dénonçant le étrangers (construction de mosquées « péril jaune ». Remplacez le jaune par notamment). Tel est mon discours un juif, un musulman, un « nazi » etc., sur la question de l’immigration. vous retrouvez toutes les propagandes Vous admettrez qu’il ne correspond réductrices habituelles... guère à ceux entendus au sein du VB ou du FN.

Non à la propagande mensongère

Je me suis d’ailleurs toujours op- posé à ces discours stupides. En 2004, dans un article intitulé : Fau- dra-t-il dire « oui » à la Turquie en Europe ?, j’ai réfuté certaines analy- ses malhonnêtes du Coran . Voici ce que j’ai écrit :

Je ne crois nullement au péril isla- mique. A mon avis, il n’a pas plus de réalité que le « péril jaune » du dé- but du XX e siècle . Qu’il existe une poi- gnée d’excités prêts à tuer un Théo van Gogh pour son film Submission , c’est un fait. Qu’il existe des individus prêts à saisir l’étendard de l’Islam pour justifier des actes aux motivations très douteu- ses, c’est également un fait (la France a 66 Sans Concession

“Dans celle-ci, il [R. Spieler] signale des sourates du Coran concernant les juifs et les chrétiens : « Ô vous qui croyez, ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens, qui sont les amis les uns des autres. Que Dieu anéantisse juifs et chrétiens. Ils sont tellement stupides. Combattez ceux qui ne croient pas en Allah, ceux qui, parmi les religions du Livre, ne pratiquent pas la vraie reli- gion » (sourate IX, 29). « Tuez-les par- tout où vous les rencontrez » (sourate II, 186-187)” [1].

Présenté ainsi, disais-je à l’épo- que, on a l’impression que le Coran exige, au nom de Dieu, l’assassinat sans pitié de tous les juifs et de tous les chrétiens : « Que Dieu anéan- tisse… », « Tuez-les partout… » Or, je souligne que ce qui est pré- senté comme le verset 29 de la sou- rate IX est en réalité le regroupe- ment dans le désordre de plusieurs extraits des versets 29 et 30. Si l’on Trop souvent, ceux qui parlent du « péril se reporte au Coran , on lit (les pas- islamique » utilisent le Coran comme les sages importants omis dans la lettre « antinazis » utilisent Mein Kampf . Ils ci- du lecteur ont été soulignés) : tent hors contexte quelques passages bien choisis et mis bout à bout afin de

faire dire à l‘auteur ce qu‘il n‘a jamais dit. [verset 29] Combattez […] ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie Re- combat, l’issue ne doit pas être la ligion. mort, mais la soumission du juif et Combattez-les du chrétien. Jusqu’à ce qu’ils payent directement le tribut On pourra me répondre que Dieu Après s’être humiliés . exige l’anéantissement. Mais si j’ai mis ce verbe entre parenthèses, c’est [verset 30] que sa traduction est loin d’être cer- Les juifs ont dit « Uzaïr est fils de taine. Il semble que R. Spieler ait Dieu ! » Les Chrétiens ont dit : « Le Messie est le privilégié celle de D. Masson [2]. fils de Dieu ! » Dans une note, toutefois, celui-ci Telle est la parole qui sort de leurs bou- précise que, littéralement, il s’agit ches […] ; du « verbe combattre o u Que Dieu les (anéantisse) ! tuer » ( Ibid ., voy. les notes en fin de (Ils sont tellement stupides). tome), l’italique soulignant que le

sens premier est celui de Le passage souligné, donc omis « combattre ». Je remarque d’ail- par le lecteur (peut-être par la faute leurs qu’André Chouraqui a traduit de R. Spieler), démontre que s’il y a ainsi la fin de ce verset :

(1) : Voy. Dimanche express , 7 novembre 2004, p. 11, rubrique courrier des lecteurs. (2) : Voy. Le Coran , Traduction de D. Masson (éd. Gallimard, 1967), tome I, p. 228. Une interview exclusive de V. Reynouard 67

Que Dieu les combatte : se jeter sur le juif ou le chrétien ren- Voici, ils se sont détournés [de la vraie contré au coin de la rue pour l’égor- foi]*. ger, mais de combattre ceux qui

combattent l’Islam jusqu’à obtenir Cette traduction paraît beaucoup leur conversion sincère. plus logique au regard du verset précédent, car on ne voit pas pour- Peut-être induit en erreur par quoi Dieu exigerait un anéantisse- R. Spieler, l’auteur de la lettre à ment (sous-entendu physique) et le Dimanche Express a donc privi- Prophète un combat jusqu’à la sou- légié les traductions les plus si- mission. nistres, chamboulé l’ordre des Alors certes, l’auteur de la mis- textes et cité hors contexte avec sive cite immédiatement après le de graves omissions afin de terrible commandement : « Tuez-les nous faire croire que les musul- partout où vous les rencontrerez ». mans auraient ordre d’assassi- Mais notons qu’il s’agit d’un extrait ner sans pitié les juifs et les d’une sourate bien antérieure, la chrétiens rencontrés sur leur sourate II, qui traite du djihad (la route. Condamnant ces procé- guerre sainte) et qui en énonce les dés lorsqu’ils sont utilisés lois. Là encore, il est bon de remet- contre le catholicisme ou le na- tre le verset dans son contexte. On tional-socialisme, je les lit (je souligne les passages impor- condamne également lorsqu’il tants omis) : s’agit de l’Islam. La cohérence est à ce prix. [verset 190 (et non 186)] Combattez dans le sentier d’Allah ceux Non aux simplifications qui vous combattent . Ne transgressez rien : Allah exècre les transgresseurs. Maintenant, venons-en aux inter- prétations possibles de ces versets : [verset 191 (et non 187)] pour certains musulmans, le simple Tuez-les là où vous les rencontrerez, Expulsez-les d’où ils vous auront expul- fait qu’un Infidèle refuse d’écouter sés. la parole de Dieu ou, l’ayant écou- La sédition est pire que le combat […]. tée, refuse de se convertir à l’Islam et transgresse les interdits d’Allah, [verset 192] S’ils s’arrêtent, sera considéré comme un casus bel- Voici, Allah indulgent, matriciel li . Il pourra donc se référer au ver- set 190 pour entamer la « guerre [verset 193] sainte ». Combattez-les jusqu’à la fin de toute sédition Pour d’autres, l’expression « ceux Et que créance soit d’Allah. qui vous combattent » s’applique à S’ils s’arrêtent, tous ceux qui attaquent l’Islam et/ou L’hostilité ne se poursuivra que contre les musulmans, que ce soit les ar- les fraudeurs . mes à la main ou par le biais de dis- Si l’on s’en tient au texte cours, de livres, de films etc. Cette (j’évoquerai plus loin les interpréta- interprétation est à l’origine de la tions possibles) : il ne s’agit pas de Fatwa lancée contre Salman Rush-

* Voy. Le Coran. L’Appel. Traduit et présenté par André Chouraqui (éd. Robert Laffont, 1990), p. 374. 68 Sans Concession die, et elle a probablement justifié le jouer les intellectuels pointilleux ; il meurtre de Theo van Gogh en 2004. faut refuser l’entrée de gens qui Mais elle sauvegarde tous ceux qui pourront un jour devenir des enne- refusent simplement de se convertir. mis redoutables, point final ». Enfin, il est possible d’interpréter Sans doute. Mais je répète que la ces commandements en s’appuyant progression du nombre de musul- sur le verset 194 qui affirme : mans en Europe est un fait que l’on « Toute transgression contre vous constate depuis des années. Il y a vaut transgression contre Lui, dans bien longtemps que les ténors de la la mesure de la transgression contre droite nationale brandissent la me- vous », ce que des auteurs comme nace de l’invasion, certains allant D. Masson traduisent ainsi : « Soyez jusqu’à affirmer qu’il est déjà trop hostile envers quiconque vous est tard. Il est vrai que certains chiffres hostile, dans la mesure où il vous est peuvent inquiéter ; en 2003, à hostile ». Pour certains musulmans, Bruxelles, les trois prénoms les plus donc, la réponse doit être propor- choisis dans les maternités furent : tionnée à l’attaque. Dans leur es- pour les garçons : Mohamed, Adam prit, une critique verbale, écrite ou filmique ne peut justifier un meur- tre. C’est ce que l’on appelle parfois l’ « Islam progressiste ». La question se révèle par consé- quent très complexe et il serait in- juste de prétendre la résoudre bru- talement avec des procédés malhon- nêtes.

Une situation certes inquiétante

Naturellement, on pourra s’inter- roger sur la façon dont les musul- mans se répartissent entre ces trois groupes. On pourra également se demander si, finalement l’ « Islam progressiste » n’est pas le masque Cliché habituel utilisés par les opposants que prend l’Islam — le vrai, le radi- à l‘immigration sauvage. Vrai ou faux, la cal — lorsqu’il est en position de fai- question première reste : pourquoi une blesse. Beaucoup, au sein de la telle invasion est possible ? A cause des droite nationale, brandissent ces gouvernants ! Mais QUI les a élus ? questions angoissantes et lancent : « Que nous importent les discus- et Ayoub, pour les filles : Sarah, sions subtiles sur les interprétations Imane et Rania*. Preuve que l’adhé- possibles des versets 190-193 de la sion ou non de la Turquie n’est pas sourate II. Le Coran peut justifier en cause. Tout ce qu’elle pourrait toutes les violences organisées, voilà provoquer, c’est l’accélération d’un ce qu’il faut retenir. Face à un tel processus déjà largement engagé, danger, vous n’avez pas le droit de voire irréversible.

* Voy. La Dernière Heure , 10 septembre 2004, p. 4. Une interview exclusive de V. Reynouard 69

Mais, encore une fois, à qui la faute ?

Et pourquoi est-il déjà si engagé ? Tout simplement parce que l’Islam ne rencontre rien, ou presque, sur son passage, qui serait capable de le contenir : ni spiritualité véritable, ni familles nombreuses. Rongés par le matérialisme, adeptes de l’hédo- nisme, vautrés dans leur petit confort, les Européens blancs ont abandonné la religion de leurs ancê- tres et forniquent en prenant soin de rendre l’acte stérile par la pilule ou la capote (sans compter les sodo- mites…). Parfois, certes, la grave décadence qui frappe la société les fait réfléchir ; ils voudraient bien revenir en arrière. Mais le mal est trop ancré en eux. Suite aux affaires liées à la violence dans des établis- sement scolaires en Belgique (et no- « l‘Islam ne rencontre rien, ou presque, tamment à Bruxelles), un journa- sur son passage, qui serait capable de le liste a écrit : contenir : ni spiritualité véritable, ni famil- les nombreuses. Rongés par le matéria-

lis me, adeptes de l‘hédonisme, vautrés Retour aux vraies valeurs ? Les parents en rêvent tous mais bien peu sont prêts dans leur petit confort, les Européens à en payer le prix [1]. blancs ont abandonné la religion de leurs ancêtres et forniquent en prenant soin de rendre l‘acte stérile par la pilule ou la ca- Et d’expliquer que les parents pote ». souhaitent une école où régnerait une discipline éclairée, mais sans la déchristianisation a été un bien ou un vraiment vouloir de sélection ; qu’ils mal. Bien sûr, il y avait les curés qui, en chaire, condamnaient les films avec Bri- voudraient des élèves respectueux, gitte Bardot ; mais il y avait aussi une ayant le goût de l’effort, assidus au exigence de solidarité, de charité ; des travail, mais qu’on omet d’inculquer religieuses qui aidaient les gens dans le ces valeurs à la maison. besoin. Aujourd’hui, on a perdu le mes- Plus flagrant encore : il y a peu, sage évangélique et on est revenu à la loi du talion [2]. un écrivain de gauche, Jacques-

Pierre Amette, a déclaré au quoti- C’est clair : J.-P. Amette voudrait dien Le Soir : bien retrouver les bienfaits de la re-

Aujourd’hui, on ne regarde plus son voi- ligion, mais sans avoir à respecter sin. C’est un signe de crise profonde. A les contraintes imposées par les lois tel point que je me demande parfois, moi de Dieu. Il veut le « message évan- qui ne suis pas un catholique militant, si gélique » de solidarité mais pas ses

(1) : Voy. Le Soir Magazine , 27 octobre 2004, p. 18. (2) : Voy. Le Soir , 10-11 novembre 2004, p. 15. 70 Sans Concession

« Je crois que tout va finir dans un mé- tissage généralisé, au sein d‘une socié- té atomisée dont l‘unique phare sera Mammon, avec le laïcisme comme nouvelle religion et —Produis, Consomme, Jouis“ comme devise. » interdits ; il veut les religieuses qui ses. Avant, donc, de crier : « Dehors aident mais pas les prêtres qui les immigrés! » — ce qui ne sert condamnent. Bref, il veut Saint- strictement à rien —, songeons à Nicolas sans le Père fouettard ; la nous réformer. Répondant à un douceur de la mère sans l’autorité « militant chrétien », Lanza del Vas- du père. J.-P. Amette est un pur to avait lancé : produit de la société occidentale, une société qui veut marchander le bon sens consiste à commencer les avec Dieu : je veux la liberté totale réformes et les révolutions par soi-même et par les siens. Ce qui fait la stérilité pour tous mais sans l’égoïsme géné- des efforts pour améliorer le monde, ralisé, le « cocooning » sans la mol- c’est qu’on veut commencer par le lesse, la contraception sans une monde. Mais commencer par la fin est chute démographique… L’ennui est contraire au bon sens*. qu’on ne se moque pas du Très- Haut. L’homme blanc voulait une Voilà pourquoi le Christ n’a ja- religion vide, c’est-à-dire débarras- mais dit que les personnes désireu- sée des lois divines génératrices ses de le suivre devaient être prêtes d’interdits, Dieu lui a donné Vati- à faire de grandes choses, comme can II en disant : « Tu l’as voulu, porter la bonne parole aux confins voici. Débrouille toi avec ça mainte- de la Terre et subir le martyre. Il a nant ». Et quarante ans après, les au contraire lancé : conséquences s’étalent sous nous yeux. Les mosquées remplacent peu Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa à peu les églises désertées, l’Islam croix chaque jour et qu’il me suive [Luc, ne faisant que combler un vide IX, 23.]. béant […]. Je le répète, personnellement je A supposer qu’un réel péril isla- ne crois pas au péril islamique. Je mique nous guette, ce n’est pas vitu- crois que tout va finir dans un mé- pérant les immigrés, les gouver- tissage généralisé, au sein d’une so- nants, les juifs, les maçons, que ciété atomisée dont l’unique phare sais-je encore..., qu’on le neutralise- sera Mammon, avec le laïcisme ra. C’est en lui opposant une vraie comme nouvelle religion et spiritualité, une vraie religion et « Produis, Consomme, Jouis » une vraie morale génératrices, en comme devise. Mais j’aimerais me premier lieu, de familles nombreu-

* Voy. L. del Vasto, La trinité spirituelle (éd. Denoël, 1971), p. 76. Une interview exclusive de V. Reynouard 71 tromper : j’aimerais qu’un gigantes- que péril islamique s’élève. Car ce serait peut-être l’unique chance de voir les Européens se réveiller de leur torpeur… Et si l’adhésion de la Turquie peut y continuer, alors je dis : « Oui à la Turquie dans l’Union ».

Je ne tiens pas de discours xénophobes ou islamophobes

Dans une plaquette intitulée : Face au « péril islamique, que faire ? loin de susciter l’islamophobie et de Deux réponses significatives dans un prôner la xénophobie, j’ai pris au sondage sur l‘islam en Belgique (Télémoustique , 28 novembre 2007). contraire le contre-pied de tous les discours xénophobes en écrivant : Elles confirment que :

- une fois arrivés en Europe, beau- Le « péril islamique » : réalité ou coup de musulmans (et surtout de phantasme ? musulmanes !) délaissent partielle- ment ou totalement la religion de La deuxième réflexion qui m’est venue à leurs pères. l’esprit est plutôt un enseignement. En France, les musulmans sont plusieurs - la perte du sentiment religieux est millions. Or, dans tout le pays, les mani- plus importante dans une capitale où festations du samedi 17 janvier 2004 la mixité et la société de consomma- [contre l’interdiction de voile] ont vrai- tion sont plus fortes.

semblablement réuni moins de 50 000 De telles réponses démontrent que le personnes (environ 20 000 selon les jour- prétendu « péril islamique » est un naux, mais il faut prendre en compte phantasme. L‘hédonis me agit et agira leur volonté de minimiser afin de ne pas comme un dissolvant surpuissant. « faire le jeu de d’extrême droite »). « Loin du raz de marée » a écrit Libéra- tion . C’est exact. Proportionnellement , des boîtes de nuit, l’interdiction de l’a- les manifestations anti-Le Pen du vortement ou celle des méthodes contra- 1er mai 2002 ont rassemblé bien plus de ceptives, la marée humaine emporterait monde. J’ajoute que si, demain, le gou- toutes les barricades… vernement rédigeait un projet de loi Preuve que dans nos sociétés, l’isla- prescrivant, par exemple, la fermeture misme qualifié de « radical » ou

17 janvier 2004, France : manifes tation nationale contre l‘interdiction de por- ter le voile dans certains établiss ements publics. Dans les différentes villes, elles ont réuni moins de 50 000 personnes (environ 20 000 selon les journaux). Le « péril islamique » est moins grand que certains le décrivent... 72 Sans Concession

d’ « intégriste » est bien moins répandu, que la vie sur terre est la seule chose qui même chez les Arabes, que l’antifas- existe, donc qu’avec la mort tout s’ar- cisme et l’hédonisme. J’y vois la confir- rête, vous déchaînez les appétits égoïs- mation de ce que je dis depuis long- tes : « Je n’ai qu’une seule vie, sans rien temps, à savoir que le consumérisme, après, donc je veux en profiter ». Un vrai lorsqu’il est satisfait, est un dissolvant idéal, au contraire, implique le don gra- surpuissant qui dissout toutes les tradi- tuit et total de soi. Dès lors, sauf orgueil tions. En quarante ans, il a eu raison de démesuré ou folie, un véritable idéal ne la vraie religion qu’est le catholicisme. peut habiter qu’un individu conscient de Dans une ou deux générations, la voi- l’existence d’une réalité supérieure, un ture, la télévision, le téléphone portable, individu conscient que le bonheur n’est le sexe libre et les autres inventions à pas de ce monde et qu’il nous sera donné venir auront fait oublier à la quasi- plus tard, à condition qu’on ait su se dé- totalité des Arabes la religion de leurs passer soi-même dans un acte de vraie ancêtres. charité. Un véritable idéal se vit donc La France et l’Europe seront alors prê- dans la sphère du spirituel, dans la tes pour un métissage généralisé, en croyance en Dieu et en l’Au-delà. Chas- douceur, puisque tout le monde adorera sez le spirituel et, tôt ou tard, vous ne le même dieu : Mammon. Le vrai péril, il trouverez plus en face de vous que des est là. gens sans idéaux ou habités par de faux idéaux, donc, en définitive, des hédonis- La pénétration de l’islam est la ran- tes (car dans certains cas, l’hédonisme çon de l’apostasie générale peut prendre le masque de la charité). C’est ce qui se passe aujourd’hui chez Certains me répondront que je me nous. trompe par naïveté ; que l’islam modéré n’existe pas ; que les musulmans savent Les jeunes Français n‘ont aucun idéal se faire doux comme des agneaux en at- (Ouest-France , 20 novembre 2003) tendant leur heure mais que le Coran est rempli d’appels au meurtre de l’ « infidèle », etc. Admettons. Dans ce cas, je répondrai en prenant pour point de départ les résultats d’un sondage Sofres parus en novembre der- nier en France. Des jeunes âgés de 15 à 24 ans avaient été interrogés sur leurs aspirations. A la question : « Avez-vous un idéal dans la vie ? », 56 % d’entre eux ont répondu négativement (voy. Ouest- France , 20 novembre 2003, p. 3). C’est déjà terrible en soi. Mais il y plus grave : chez les 44 % ayant répondu « oui », les deux « idéaux » le plus fréquemment cités étaient : « Réussir sa vie profes- sionnelle, ses études » et « Réussir sa vie privée, amoureuse » ( Id .). Or, il ne s’agit pas d’idéaux — d’après le dictionnaire Quillet , un idéal est un « but élevé que l’on donne à son existence ») — mais de simples aspirations normales en société. Lorsqu’on les élève au rang d’idéal, c’est le signe d’un esprit pollué par l’égoïsme. J’en déduis que dans notre société, l’im- mense majorité des jeunes (et pas seule- ment 56 %) n’ont aucun idéal dans la vie ; ils n’ont que des aspirations égoïs- tes plus ou moins hypertrophiées. Pourquoi cela ? La réponse est évidente : à partir du moment où vous soutenez Une interview exclusive de V. Reynouard 73

Les résultats du sondage effectué en no- la nation suffit pour fonder un combat vembre 2003 confirment ainsi qu’en politique. Ils se trompent. Le véritable France (et probablement partout dans la adversaire est ailleurs : il est dans l’hé- vieille Europe), le spirituel a été extirpé donisme qui est lui-même le fils de la de l’Homme blanc. Plus exactement, révolte contre le divin. Il est également l’Homme blanc a apostasié. Mais voilà dans les mensonges historiques gaullis- (et c’est là ma troisième réflexion) la Na- tes qui justifient tous ces discours prô- ture a horreur du vide et le comble : la nant le subjectivisme et la liberté sans pénétration de l’islam en France (cause frein, autant d’éléments qui favorisent de l’affaire du voile) est la punition de l’hédonisme et la révolte et qui pourront cette apostasie générale. Si, au lieu de être un jour la cause de catastrophes chasser le spirituel et de se jeter avide- sociales sans précédent. ment dans les délices illusoires de la matière, les Européens blancs avaient Comment je suis devenu national- été fidèles à la religion de leurs ancê- socialiste tres, il n’y aurait pas eu de vide spirituel

Ceux qui, comme Manuel Abra- mowicz, déblatèrent sur mon compte feraient bien de me lire au- paravant. Au sein de la droite radi- cale et chez les « cathos-tradis », j’ai conscience d’être une personne en marge. Car j’ai une chance extraor- dinaire : je ne suis pas issu de ces milieux. J’ai été élevé par une mère protestante et un père libéral. Mes convictions, je les ai acquises seul, dans un climat de totale liberté, à force d’observations, de lectures et qui devait fatalement être comblé par de réflexion. Un déclic a eu lieu chez autre chose. moi lorsque, enfant, mon cœur s’est Par conséquent, lorsque, aujourd’hui, j’entends des gens (surtout des membres déchiré à la vue d’une pauvre clo- de la droite nationale) dénués de toute charde la veille de Noël (j’ai raconté spiritualité vraie vitupérer les dangers cet épisode dans un Sans Conces- (réels on supposés) de l’Islam, je leur sion ; il est repris sur le site Inter- demande : « Qu’avez-vous à leur oppo- net « Métapedia »). Je suis alors de- ser ? L’amour de la race et de la patrie ? Le souvenir des batailles glorieuses ? venu socialiste (même si je connais- Les banquets et les commémorations en sais pas le mot) et je me suis dit que l’honneur de X ou de Y ? C’est certes plus tard, je lutterais pour une so- louable, mais si ce combat est déconnec- ciété plus juste. té de toute aspiration supérieure, s’il ne repose que sur un vague sentimenta-  lisme, c’est très insuffisant… » Avant, Comme bien d’autres hitlériens, donc, de critiquer l’Arabe et ses croyan- je suis avant tout un socialiste ces (quels que soient leurs défauts), ayons l’honnêteté d’opérer un retour sur Mon cheminement n’a pas été dic- nous-mêmes. té par un quelconque racisme ou an- tisémitisme qui m’aurait été fourré Je concluais ainsi : dans le crâne — j’ai passé ma jeu-

Aujourd’hui, trop de militants de la nesse dorée dans un petit village droite nationale croient que l’anti- normand sans juif et où le seul im- islamisme et l’amour de la race et/ou de migré était un Portugais — mais 74 Sans Concession par la volonté de créer le véritable trine et du programme national- socialisme, pour le bonheur de tous. socialiste, ainsi que des théories racistes que je connaissais très vaguement. Je En cela, je ne suis pas une excep- n’étais pas antisémite et je ne compre- tion. A Nuremberg, l’accusé nais pas très bien les problèmes reli- Fritz Sauckel expliqua ainsi la rai- gieux, bien que j’aie moi-même quitté son de son adhésion à la NSDAP en l’Église depuis longtemps, aux environs 1923 : de 1920, à la suite de l’évolution de la question religieuse en Allemagne à cette époque. Mais je crois, J’avais entendu à cette malgré cela, avoir tou- époque [1922-1923] une jours été un bon chré- allocution de Hitler. Dans tien. Ce qui m’attirait ce discours ; il disait que vers le Parti, c’était, l’ouvrier d’usine allemand, comme je m’en suis le travailleur allemand de- aperçu à l’époque, qu’il vait faire cause commune désirait une Allemagne avec le travailleur intellec- socialiste, forte et pros- tuel allemand. Les diver- père. C’est ce que je dé- gences entre prolétariat et sirais également et c’est la classe moyenne devaient pourquoi, en 1932, après être aplanies en les sur- mûre réflexion, je devins montant par une tentative membre de la NSDAP de compréhension mutuelle. [TMI , X, 253.]. Il s’ensuivrait l’éclosion d’une nouvelle communauté et seule une telle commu- Je citerai également nauté n’ayant aucune atta- l’accusé Baldur von che, ni avec la classe Fritz Sauckel lors d‘une Schirach. A Nurem- moyenne, ni avec le prolé- audience à Nuremberg. berg, il confessa être tariat, pourrait surmonter la terrible misère actuelle Ancien ouvrier, l‘accusé devenu antisémite et éviter la division du peu- souligna qu‘il avait suivi Hitler après la lecture du ple allemand en partis et par idéal socialiste. livre d’Henry Ford coteries. Cette déclaration Le juif internatio- s’empara à ce point de mon nal *. Mais il expli- esprit, me toucha si irrésis- tiblement, que je décidai de qua : consacrer ma vie à concilier ce qui semblait s’opposer C’était l’époque de 1923. irrémédiablement [ TMI , J’étais au domicile pa- XIV, p. 636.] ternel. C’était une pé- riode d’insécurité géné- rale, de misère et de Auparavant, l’accusé mécontentement. Nom- Joachim von Ribbentrop bre de familles estimées avait déclaré : avaient, avec l’inflation, été réduites à la mendi- […] on m’a demandé si cité. Les économies de j’étais un vrai national- l’ouvrier et du bourgeois socialiste […]. Il est certain avaient fondu complète- que ce n’est qu’assez tard ment […]. J. von Ribbentrop à Je n’étais pas national- [en 1932] que j’ai suivi Nuremberg. Lui aussi avait Adolf Hitler. Je me suis socialiste à cette époque suivi Hitler pour améliorer le assez peu occupé de la doc- et, avec quelques jeunes sort de son peuple. gens de mon âge, j’en- * « Le livre antisémite que je lus à l’époque qui fit pencher la balance et qui influença forte- ment aussi mes camarades était le livre de Henry Ford, Le Juif international. Je l’ai lu, je suis devenu antisémite » ( TMI , XIV, pp. 390-1). Une interview exclusive de V. Reynouard 75

trais dans un mouvement de jeunesse qui portait le nom de « Knappens- chaft » […]. Ses mots d’ordre, très sim- ples, étaient camaraderie, patriotisme et contrôle de soi […]. J’avais alors 16 ans et, pour la première fois, je rencontrais le socialisme. Dans ce milieu se ren- contraient des jeunes gens de toutes les professions, des ouvriers, des artisans, des fils de paysans, de jeunes employés […]. La situation de la jeunesse était alors la suivante : l’étudiant pouvait espérer se tirer d’affaire en travaillant et y arriver tant bien que mal. Mais après, selon toute probabilité, il irait rejoindre le pro- létariat des diplômés, car aucun espoir pour lui d’exercer sa profession. Le jeune ouvrier avait peu de chances de trouver une place d’apprenti. Pour lui, il ne res- tait comme perspective rien d’autre que la sordide misère des gens en chômage. C’était une génération à laquelle per- sonne ne viendrait en aide, si elle ne se Baldur von Schirach à Nuremberg : tirait d’affaire elle-même […]. « [Hitler] m‘apparut comme l‘homme Il me faut dire que ce n’est pas à cause qui ouvrirait la voie à notre génération. de mon antisémitisme que je suis deve- (…) Je voyais en lui l‘homme qui nous nu national-socialiste, mais à cause du libérerait des chaînes de Versailles ». socialisme. Je connaissais déjà Hitler en 1925 […]. Il vint à Weimar et parla. A leurs restaurants, j’étais scandalisé cette occasion, je lui fus même présenté. par la pauvreté que je pouvais voir Le programme de communauté natio- nale qu’il développa me plut énormé- dans les villes où nous allions. Je ment, car j’y retrouvais en grand ce que n’avais dans la maison paternelle nous avions, avec nos camarades, fait que des encyclopédies et des livres l’expérience au sein de notre organisa- « politiquement corrects ». Mais cela tion de jeunesse. Il m’apparut comme m’a suffi pour comprendre que Hi- l’homme qui ouvrirait la voie à notre génération. Je croyais qu’avec lui la nou- tler avait bâti ce véritable socia- velle génération pouvait espérer du tra- lisme que je recherchais. vail, des moyens d’existence, du bon- heur. Je voyais en lui l’homme qui nous Je ne suis pas un passéiste libérerait des chaînes de Versailles [TMI , XIV, pp. 388-391]. Loin, cependant, de me vautrer dans un passéisme stérile, j’ai tou- Je pourrais vous citer bien d’au- jours continué à réfléchir librement. tres Allemands qui, à l’époque, ont Voilà pourquoi même si je me reven- rejoint Hitler pour des raisons sans dique comme un national-socialiste, rapports directs avec le racisme ou je ne cherche nullement à singer les l’antisémitisme ; uniquement parce Allemands des années 30. Je m’ef- qu’ils voulaient construire le vrai force de distinguer entre ce qui, socialisme. Leur cheminement, je dans l’hitlérisme, est universel et ce l’ai effectué un demi-siècle plus qui, en lui, est purement accidentel, tard. Jeune garçon qui ne manquait c’est-à-dire dû aux conditions histo- de rien, qui fréquentait les meilleu- riques de sa genèse. En d’autres res écoles et mangeait dans les meil- mots : j’assume sans complexe la fi- 76 Sans Concession

L‘Allemagne en 1919 : un pays morcelé et séparé d‘une Autriche qui, sans son em- pire, était ramenée à l‘état de simple province germanique. Avec raison, Hitler vit dans le racisme biologique une arme efficace pour rassembler ce puzzle. liation du national-socialisme mais qui aurait regroupé tous les Alle- je le corrige dans ses outrances, mands. voire dans ses erreurs, et j’en retire tout ce qu’il a de vieilli. Sur l’antisémitisme hitlérien

Sur le « racisme » hitlérien Quant à l’antisémitisme détaché de toute connotation religieuse, son Ainsi en est-il du racisme, dans renforcement dans l’Allemagne des sa composante la plus matérialiste années 30 était dû à l’importance et outrancière. Bien que raciste, je démesurée prise par les juifs dans la réprouve le matérialisme biologique vie allemande à la faveur de la crise professé par certains nationaux- des années 20. Dans ses socialistes historiques. Mais je les « mémoires » écrites à Nuremberg comprends. A l’époque, dans une Al- avant d’être pendu, J. von Ribben- lemagne encore faiblement unifiée, trop a déclaré* : morcelée à ses frontières, amputée de territoires héréditaires — On ne saurait nier que, même avant convention de Gastein en 1865, 1933, il y ait eu un problème juif en Al- lemagne ; les juifs jouaient un rôle dé- traité de Versailles en 1919… —, terminant dans de nombreuses branches déchirée religieusement et touchée de l’activité nationale : vie culturelle, par l’athéisme, le sentiment raciste presse, cinéma, théâtre et, surtout, fi- était, bien plus que les Quatorze nance et commerce. Presque partout, ils points de Wilson, un ciment facile occupaient des positions de premier plan. Un juif de Francfort, vieil ami de pour reconstituer un grand Reich ma famille, m’avait souvent fait part de

* Voy. J. von Ribbentrop, Londres, Moscou. Mémoires (éd. Grasset, Paris, 1954), p. 211. Une interview exclusive de V. Reynouard 77

ses appréhensions ; il estimait que, tôt ou tard, le fait que certains juifs, alle- mands ou immigrés de fraîche date, ac- caparaient les premières places, entraî- nerait fatalement une réaction.

Lors du procès, le principal accu- sé, Hermann Göring, avait, lui aus- si, expliqué les raisons de la recru- descence de l’antisémitisme en Alle- magne après 1918. Face à ses juges, il déclara :

Après l’écroulement de l’Allemagne en 1918, la juiverie devint très puissante en Allemagne ; dans tous les domaines, Hermann Göring dans sa cellule à Nu- principalement politique, intellectuel en remberg. A l‘audience, il expliqua les rai- général, culturel et plus particulière- sons de l‘antisémitis me de la NSDA P. ment, dans le domaine économique. Les combattants qui revenaient du front n’a- A cette époque, il en résulta des atta- vaient absolument aucune situation de- ques ininterrompues, contre tout ce qui vant eux ; ils voyaient par contre beau- était national, le concept national et coup d’éléments juifs qui étaient venus l'idéal national. Je rappelle toutes les pendant la guerre de Pologne et de l’Est, publications et tous les articles qui traî- occuper des situations et principalement nèrent dans la boue tout ce qui nous des situations dans l’Économie. Tout le était sacré. J'attire également l'attention monde sait que, par suite de la guerre et dans le domaine artistique, sur la dépra- de ses conséquences économiques, la vation de ces pièces de théâtre qui traî- démobilisation, qui offrait de grosses nèrent dans la boue les combats du front possibilités de faire des affaires, l’infla- et bafouèrent l'idéal de bravoure du sol- tion, la déflation, de grands change- dat. Je pourrais apporter ici une pile ments et de grands déplacements de for- énorme de ces articles, livres, pièces, etc. tunes se produisirent dans les classes Mais cela nous conduirait trop loin et je possédantes. ne suis pas, somme toute, très compé- Beaucoup de juifs ne firent pas preuve tent en cette matière. Pour toutes ces de la retenue nécessaire et prirent de raisons, un mouvement de défense se plus en plus de place dans la vie publi- créa, qui ne fut en aucune façon suscité que, de sorte qu'ils suscitèrent des com- par le national-socialisme ; il existait paraisons entre leur importance numéri- déjà auparavant, il se fortifia durant la que et les positions qu'ils occupaient par guerre et prit plus d'ampleur encore rapport aux gens de souche allemande. après la guerre, lorsque l'influence de la De plus, certains partis, qu'évitaient juiverie se traduisit de cette façon. ceux qui avaient conservé l’esprit natio- De plus, dans le domaine culturel et in- nal, offraient une proportion de cadres tellectuel, il y eut des manifestations qui juifs sans aucun rapport avec le nombre ne correspondaient pas aux sentiments total des Juifs. Cela se produisit non allemands. Ici encore un abîme se creu- seulement en Allemagne mais aussi en sa. Il y eut encore le fait que dans les Autriche, que nous avons toujours consi- affaires économiques, si l’on excepte l’in- dérée comme faisant partie de l’Allema- dustrie de l’Ouest, se révéla une domi- gne. En Autriche, la direction du parti nation presque exclusivement juive, social-démocrate était presque exclusi- exercée en fait par des éléments aux- vement aux mains des Juifs. Ils jouaient quels s’opposaient vivement les familles un rôle très important dans la vie politi- juives depuis longtemps établies en Alle- que, en particulier dans les partis de magne. gauche ; ils étaient également très puis- Lorsque le programme de notre parti fut sants dans la presse de toutes les opi- élaboré, par quelques gens simples — à nions politiques. ma connaissance Adolf Hitler n’y prit 78 Sans Concession

national-socialiste ne pouvait obtenir une situation ; l'homme d’affaires natio- nal-socialiste ne pouvait recevoir de fournitures ni faire de publicité, etc. Tout cela eut pour conséquence un rai- dissement de l'attitude défensive du Parti et l'amena à une intensification de la lutte jusqu'à un point qui n'avait pas été prévu à l'origine dans le programme […]. Je crois, à ce sujet, que si l'on rapportait ici les violences de notre langage à l’é- gard des Juifs et de la juiverie, je pour- rais à mon tour produire des publica- tions, livres, journaux et discours prove- nant du clan opposé, dont le ton et les injures les ont largement dépassées. Tout cela ne pouvait naturellement qu'aggraver la situation [ TMI , IX, pp. 296-7].

Lorsque, aujourd’hui, on cite ces propos, les juifs lèvent les bras au Exemple de caricature anti-Hitler. Avant et après l‘arrivée du pouvoir, la presse ciel, se tordent les mains et parlent juive se déchaîna contre le chef de la de discours haineux, issus d’une NSDA P. haine maladive et irrationnelle. Je souligne toutefois qu’en Allemagne, personnellement pas part, du moins en des études étaient publiées qui dé- tant que chef — cette position, qui à cette époque était considérée par une montraient la puissance démesurée grande partie du peuple allemand prise par les juifs dans le pays après comme un acte de défense, fut adoptée 1918. On y trouvait des faits, des dans ce programme. Peu de temps noms et des statistiques précises. avant, avait eu lieu à Munich le Conseil Voyez par exemple L’Allemagne et de la République (Rätenrepublik), des meurtres d’otages : là encore, presque la question juive , de Friedrich Karl tous les chefs étaient juifs. On comprend Wiebe, publiée en 1939 sous les aus- donc aisément qu’un programme dressé pices de l’Institut pour l’étude de la à Munich par des gens simples ait pris question juive de Berlin. Voyez éga- tout naturellement cette position défen- lement la recension de l’ouvrage Les sive. Des nouvelles nous parvenaient aussi d’un Conseil de la République en Juifs en Allemagne publiée trois ans Hongrie, constitué, lui aussi, principale- plus tôt par The Fascist Quaterly ment par des juifs. Tout cela avait causé (vol II, n° 2, avril 1936, pp. 302- une très forte impression. Lorsque son 309). Face à ces publications, les programme fut connu, le Parti qui à l’é- cris de vierge effarouchée ne servent poque était insignifiant, ne fut pas pris au sérieux et attira les risées. C'est à rien ; c’est à ces travaux qu’il faut alors, tout au début, qu’une attaque répondre en démontrant que les concentrée et très violente contre le noms sont faux, que les faits sont mouvement, fut déclenchée par toute la inventés et que les statistiques sont presse juive ou d'influence juive. La jui- truquées. verie était partout à la tête de l'attaque contre le national-socialisme, que ce fut Je note que parmi les accusés à dans la presse, sur le plan politique, sur le plan culturel, en le ridiculisant et en Nuremberg figurait Hjalmar le couvrant de mépris et sur le terrain Schacht, un banquier fidèle, comme économique également. Quiconque était il le dit lui-même, aux « principes Une interview exclusive de V. Reynouard 79 d’un idéal franc-maçon démocrati- que, humanitaire et cosmopo- lite » ( TMI , XII, p. 427). Au sein de l’Allemagne hitlérienne, il avait simplement contribué à réorganiser les finances, sans pour autant adhé- rer aux principes nationaux- socialistes (démissionnaire en novembre 1937, il fut relevé du dernier poste qu’il occupait le 20 janvier 1939). Il fut d’ailleurs ac- quitté par le Tribunal ( TMI , I, p. 331). Le 17 octobre 1945, pour- tant, lors d’un interrogatoire d’ins- truction, il avait déclaré :

Les nationaux-socialistes avaient l’in- tention, et cela figurait dans leur pro- gramme, de ne conserver qu’un pourcen- tage plus restreint de juifs dans les ser- vices du Gouvernement et les activités culturelles et j’étais d’accord avec eux Hjalmar Schacht à Nuremberg. Bien que sur ce point [ TMI , XII, p. 598]. n‘ayant jamais adhéré à l‘hitléris me, cet esprit fidèle à l‘ « idéal franc-maçon dé- Invité à s’expliquer face à ses mocratique, humanitaire et cosmopolite » juges, il avait courageusement rappela qu‘il avait été d‘accord pour dimi- confirmé son opinion en ces termes : nuer l‘influence des juifs dans la société allemande des années 20 et 30.

En ce qui concerne l’influence croissante on voulait que le destin politique du que prenaient les juifs dans les ques- peuple allemand fût entre les mains tions de Gouvernement, de droit et de d'hommes allemands susceptibles de culture, j’ai toujours déclaré que cette rénover l'esprit de ce peuple, ce dont influence n’était, à mon avis, favorable d'autres étaient incapables. Le principal ni aux intérêts de l’Allemagne et du peu- était donc, au début, d’éliminer la juive- ple allemand — l’Allemagne étant un rie de la politique, de la direction de pays chrétien basé sur une idéologie l'État. Plus tard, le secteur culturel fut chrétienne — ni aux intérêts des juifs, compris dans le plan des opérations, en car elle alimentait l’animosité contre raison du violent combat qui s'étendit eux. C’est pourquoi j’ai toujours été en tout particulièrement sur ce terrain et faveur de certaines restrictions, d’une qui mettait aux prises la juiverie, d'une limitation du nombre des juifs dans ces part, et le national-socialisme de l'autre domaines, pas nécessairement d’après le [TMI , IX, p. 297]. pourcentage de la population, mais mal- gré tout suivant un certain pourcentage Les mensonges de la propagande [Ibid ., p. 599]. antinazie

Telle était, en gros, l’objectif des Depuis des lustres, la propagande nationaux-socialistes. A Nuremberg, antinazie se focalise sur l’antisémite H. Göring le rappela lorsqu’il lança : radical d’un Julius Streicher et plus particulièrement sur son organe de […] ce programme [de la NSDAP] ne presse Der Stürmer . A l’en croire, visait en définitive qu'un seul but : l'Al- tous les Allemands, de l’école pri- lemagne dirigée par des Allemands. Et maire à la maison de retraite, au- 80 Sans Concession

Sion que j’ai considérés toute ma vie comme les fruits d’une agitation primitive. […] mes collaborateurs et moi, à la presse et à la radio, nous avons, sans exception, repoussé impitoyablement le Stürmer . En treize ans, je ne l’ai jamais cité une fois dans mes revues de presse à la radio. On n’en parlait pas davantage dans la presse allemande. De mon temps, ses rédacteurs en chef ne fai- saient pas partie de l’organi- sation professionnelle de la presse allemande. Son édi- teur ne faisait pas non plus partie de l’organisation des Dessin extrait d‘un ouvrage paru aux éditions du Stür- éditeurs. […]. mer . La propagande antinazie s‘en sert pour prétendre Par contre, j’étais antisémite que sous Hitler, le Stürmer aurait été l‘un des principaux au sens suivant : je voulais organes de presse officiels. C‘est entièrement faux. que soit limitée l’influence toujours grandissante du judaïsme sur la raient lu le Stürmer . Qu’il y ait eu, politique allemande, l’économie et la dans le Troisième Reich, des antisé- culture après la première guerre mondiale. une limitation telle que l’influence des juifs mites obsessionnels, fanatiques et correspondît au chiffre réel de ceux qui vi- prêts à tout, n’est guère contestable vaient en Allemagne. Je l’ai dit officieuse- (J. Streicher n’en faisait pas partie). ment et officiellement. Mais je n’ai jamais Il en a existé et il en existe presque dirigé une propagande systématique pour partout. La seule question qui se en arriver là*. pose est la suivante : sont-ils repré- sentatifs dans la société considérée ? Pour l’Allemagne nationale- socialiste, je n’hésite pas à répondre par la négative. A Nuremberg, celui qui avait été, sous Hitler, le direc- teur de la Section de la Presse natio- nale au Ministère de la Propagande, Hans Fritzsche, précisa nettement :

Je ne professais pas un antisémitisme tapageur. Le Ministère public a préten- du que tous les accusés, moi compris, auraient crié : « Allemagne réveille-toi. Mort au juif ». Je déclare sous la foi du serment que je n’ai jamais prononcé ce mot ou une phrase semblable. Je n’étais pas antisémite au sens des théories ra- ciales ou des méthodes professées depuis Théodore Fritsch jusqu’à Julius Strei- cher […]. Jamais je n’ai fait de propa- Hans Fritzche à Nuremberg. Aux gande en parlant de meurtres rituels, de audiences, il souligna que le Stürmer cabale ou autres secrets des Sages de n‘avait pas été un organe officiel.

* TMI , XVII, pp. 172-3. Comme H. Schacht, H. Fritzsche fut acquitté ( TMI , I, p. 364) Une interview exclusive de V. Reynouard 81

Toujours à Nuremberg, l’ancien ministre des Affaires étrangères al- lemand de juin 1932 à février 1938, devenu ensuite président du Conseil de cabinet secret puis protecteur de Bohême-Moravie (mars 1939- septembre 1941), Constantin von Neurath, déclara :

Je n’ai jamais été antisémite. D’ailleurs, mes convictions chrétiennes et humani- taires m’en auraient empêché. Une limi- tation de l’influence exagérée des juifs dans tous les domaines de la culture et de l’administration, telle qu’elle s’était développée en Allemagne après la pre- mière guerre mondiale, me paraissait souhaitable. Mais je m’opposais à toutes les mesures de violence vis-à-vis des juifs, aussi bien à la propagande antisé- mite. Toute la politique raciste du parti national-socialiste, je la considérais comme fausse, et c’est la raison pour Constantin von Neurath à Nuremberg. laquelle je l’ai combattue [ TMI , XVI, Avec bien d‘autres, ce national-socialiste p. 618]. chrétien n‘était pas partisan de mesures anti-juives violentes. La lois de Nuremberg inaugurent « des temps plus calmes » continuels de l’économie, les juifs, dans l’ensemble, conservèrent sans ennui leurs situations dans les affaires écono- On parle beaucoup des lois de miques [ TMI , IX, p. 298]. Nuremberg en 1935. A son procès, H. Göring expliqua sans pouvoir De son côté, J. von Ribbentrop être contredit que, loin d’avoir mar- confirma en écrivant : qué le début d’une persécution anti- sémite intense, elles inaugurèrent Après la publication des lois de Nurem- au contraire « des temps plus cal- berg, en septembre 1935, je parlai lon- mes » : guement au Führer de la question juive […]. J’attirai son attention sur les consé- quences que l’application des lois de Nu- Les lois de Nuremberg devaient suppri- remberg aurait nécessairement en ma- mer, pour l’avenir, cette notion de per- tière de politique étrangère. Je crus sonnes de sang mêlé, en séparant nette- comprendre que la nouvelle législation ment les races […]. Puis il y eut des mettrait fin aux mesures antisémites : temps plus calmes. Le Führer fut alors même si leur liberté d’action était ré- d’avis que, pour le moment, les Juifs duite, les juifs pourraient néanmoins pouvaient s’occuper d’affaires économi- mener en Allemagne une existence nor- ques, à l’exclusion des postes directeurs male. Jusqu’en 1936, c’est-à-dire jusqu’à ou de premier plan, en attendant qu’une mon départ pour Londres, il me sembla émigration contrôlée, organisée progres- qu’Hitler et la direction du Parti n’é- sivement et s’intensifiant petit à petit, taient pas opposés à une certaine dé- résolût définitivement ce problème. En tente ; l’évolution se ferait par étape*. dépit des difficultés et des troubles

* Voy. J. von Ribbentrop, op. cit ., pp. 211-2. 82 Sans Concession

Un magasin juif détruit lors de la « Nuit de Cristal ». Plusieurs milliers d‘établisse- ment similaires subirent des assauts. C‘est paradoxalement la preuve qu‘en 1938, les juifs n‘étaient pas éliminés de la vie économique allemande.

Une confirmation paradoxale : la une époque où la situation interna- « Nuit de Cristal » tionale se tendait. On lit :

Je le dis souvent : paradoxale- A mon retour [de Londres] en 1938, je constatai un changement total. L’appli- ment, la « Nuit de Cristal » en no- cation des lois raciales avait provoqué de vembre 1938 confirme qu’à cette violentes réactions des juifs dans les époque, les juifs pouvaient encore pays, aux Etats-Unis en particulier ; la avoir leurs synagogues et tenir des presse étrangère était déchaînée contre commerces en Allemagne. Sans quoi l’Allemagne nationale-socialiste et ses il n’y aurait eu ni lieux de culte à attaques justifiaient l’intransigeance du Führer. C’était un cercle vicieux. saccager, ni milliers de vitrines de A la suite de l’assassinat, en novembre magasins juifs à briser. Cinq ans, 1938, du conseiller d’ambassade von donc, après l’arrivée de Hitler au Rath par le juif Grynspan, des manifes- pouvoir, dans un Reich devenu com- tations anti-juives se produisirent en plètement national-socialiste, les Allemagne. Dès que j’en eus connais- sance […] j’exposai à Hitler les consé- juifs n’étaient pas, et de loin, exclus quences que ces démonstrations illéga- de la vie économique. les auraient sur la population allemande et leurs incidences politiques. Il m’assu- Les raisons d’une évolution bru- ra qu’on ne pouvait pas toujours prévoir tale et imprévue µ les événements et que, de toute manière, les choses rentreraient dans l’ordre. J’a- vais l’impression qu’il avait été surpris Dans ses mémoires, J. von Rib- par l’ampleur des manifestations et par bentrop a très bien résumé l’évolu- celles des réactions. tion de la question juive en Allema- Dans le courant de l’hiver 1938-1939 gne à partir de 1938, c’est-à-dire à […] je lui soumis un plan qui devait per- Une interview exclusive de V. Reynouard 83 mettre aux juifs de quit- ter librement l’Allemagne et d’emporter une partie de leurs biens. De nom- breux juifs ont d’ailleurs émigré à l’époque en dé- pit du fait que les autres pays, les Etats-Unis en particulier, s’opposaient à l’émigration des Israélites allemands. Au début de la guerre, le conflit entre l’Allemagne et l’internationale juive s’envenima sur le plan de la propagande. Adolf Hi- tler devenait intraitable et il fut de plus en plus difficile d’aborder devant Dessin extrait d‘un ouvrage paru aux éditions du Stür- lui le problème juif […]. mer . Au début et pendant très longtemps, les nationaux- Hitler était […] plus que socialistes espèrent trouver une « solution finale » de la jamais convaincu que question juive par la voie de l‘émigration contrôlée. l’interna tiona le juive avait systématiquement préparé la cains ; du fait du monopole qu’ils exer- guerre et qu’elle était responsable de son çaient sur la presse américaine, ces der- déclenchement ; de même, il croyait que, niers avaient systématiquement préparé si le projet d’alliance germano-anglaise le conflit et poussé Roosevelt à pratiquer n’avait pas abouti, l’échec était imputa- une politique anti-allemande. Toutes ble aux juifs anglais et américains. L’in- mes propositions, tendant à un change- ternationale juive avait poussé Staline à ment de politique antisémite, se heurtè- lancer une attaque concentrique contre rent à une fin de non-recevoir [ Ibid ., l’Allemagne, depuis l’ouest et l’est, pré- pp. 212-3]. lude à sa bolchevisation. A plusieurs reprises, j’ai dit à Hitler que les juifs L’antisémitisme hitlérien fut une étaient pour rien dans cet état des cho- réponse circonstancielle à la ques- ses ; la cause de la guerre était l’attitude tion juive telle qu’elle se posait de l’Angleterre et son hostilité aux aspi- alors rations allemandes. Peut-être l’influence juive avait-elle joué un certain rôle en poussant à la guerre mais ce n’était pas Dans le cadre de cet exposé, la elle la principale responsable. Le souci question n’est pas de savoir qui, de des impérialistes anglais de maintenir A. Hitler ou de J. von Ribbentrop, l’équilibre européen était à l’origine du avait raison. En citant ces textes, conflit. Au cours de ces entretiens, je citai deux exemples. L’Angleterre n’a- j’ai simplement voulu démontrer vait-elle pas combattu avec acharne- que : ment l’empereur Napoléon ? Et pour- tant, à l’époque, l’influence juive y était - loin d’être essentiel au national- pratiquement nulle. Les Rothschild n’a- socialisme, l’antisémitisme hitlérien vaient joué un rôle qu’après Waterloo. fut avant tout une réponse circons- De même, les sympathies pro-sémites de tancielle à la question juive qui, Guillaume II ne l’avaient pas empêché d’être proclamé l’ennemi numéro un de après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne. se posait en Allemagne, due à la Hitler refusait de se rendre à mes rai- puissance acquise par les juifs à la sons ; dans ce domaine, disait-il, je n’y faveur de la défaite et de la grave comprenais rien. Il était persuadé qu’à crise économique survenue dans les l’origine de la guerre il y avait eu les juifs français, anglais et surtout améri- années 20 ; 84 Sans Concession

- au départ, les nationaux- tive réaliste d’apporter une solution socialistes voulaient — comme bien adéquate aux problèmes qui se po- d’autres — uniquement limiter l’in- saient à l’Occident suite aux muta- fluence juive dans leur pays, afin tions idéologiques et matérielles des que le destin allemand soit pris en deux siècles passés. Tentative ré- main par des Allemands ; aliste parce que, loin d’être animée - l’évolution de l’antisémitisme par des « conservateurs » nostalgi- hitlérien fut principalement due à la ques d’une passé aussi idéalisé que situation internationale à partir de révolu, elle était l’œuvre d’authenti- 1938 et à la guerre qui éclata en ques révolutionnaires conscients en septembre 1939. Sans cet enchaîne- même temps des principes éternels ment fatal, il est très probable qu’a- d’ordre et des évolutions inévitables. vec le temps, la situation se serait Dans une allocution prononcée stabilisée et la question juive aurait 14 novembre 1942 et intitulée : trouvé en Allemagne une solution « L’Espace français dans le drame beaucoup plus douce ; les juifs du mondial », le Français Abel Bonnard Reich devenant une simple minorité a très bien décrit l’ampleur du pro- étrangère aux droits restreints. blème qui, en 1940, se posait à l’Oc- cident : Vous comprendrez donc pourquoi, […] les sociétés se sont toujours cons- tout comme un H. Göring ou un truites et se construisent toujours sur C. von Neurath, je puis me revendi- une certaine base, et cette base est l’idée quer du national-socialisme sans qu’elles se font de l’homme — idée reli- pour autant me dire antisémite gieuse, métaphysique, ontologique. Elles (dans l’acception traditionnelle du se construisent sur cet homme et pour cet homme. terme, bien entendu). Car aujourd- La société du paganisme a été construite ’hui, la question juive se pose en des sur l’homme et pour l’homme tel qu’il se termes très différents et elle n’a cer- définissait alors. tainement plus l’acuité qu’elle avait dans les années 30. Abel Bonnard

L’essence réelle du national- socialisme

La propagande ennemie décrit le national-socialisme comme une idéologie de haine, de violence et de mort, entièrement fondée sur le mé- pris de l’autre (le juif en premier). « Le national “socialisme ” allemand prônait la dureté et la violence en tant que vertus allemandes essentiel- les », peut-on lire dans un supplé- ment au Patriote Résistant *. A mes yeux, il est bien autre chose : le na- tional-socialisme fut l’unique tenta-

* Voy. C’était il y a vingt ans. La libération des camps de la mort. Pour que le monde n’ou- blie pas, les rescapés témoignent (Supplément au n° 303 du Patriote Résistant , 1965), p. 60. Une interview exclusive de V. Reynouard 85

La société chrétienne a été Comment pourraient survivre fondée sur le chrétien, pour dans le temps présent des socié- le chrétien. tés construites autrefois, par des La société de la Renais- hommes et pour des hommes sance sur l’homme de la qui avaient d’eux une autre Renaissance et pour conception que les hommes d’au- l’homme de son siècle. Mais jourd’hui ? à toutes ces époques, Nous touchons ici au fond du l’homme se définissait clai- drame intense de notre temps. rement à lui-même. Car, emportés par la terrible Le chrétien du moyen-âge logique du chemin descendu jus- voyait clairement l’homme qu’ici par notre humanité occi- que définissait sa théologie dentale, nous arrivons, sans et sa société médiévale fut gloire et sans aucune provision bien construire sur lui et spirituelle, à cet Homo economi- pour lui. cus , cet homme économique, Mais avec le temps, la chré- complètement dominé par le tienté se déchristianisa, le monde matériel, devenu partie chrétien se définit avec intégrante et l’on pourrait dire, moins de rigueur, et la so- cellule composante d’un univers ciété changea. Puis, peu à « Est-il matière ? Est-il exclusivement mécanique. Nous peu, l’homme de la Renais- esprit ? Est-il vraiment arrivons ici, pieds liés et poings sance apparut : cet homme- un être et dans quelle liés, à cette construction que là, très différent du pre- mesure ? N‘est-il nous avons ainsi le moyen d’i- mier, avec une autre idée qu‘un agrégat de fonc- dentifier, cette construction so- de lui-même, comme vous le tions ? Il ne le sait ciale que nous avons devant savez, plus païenne, plus pas… » (A. Bonnard) nous, qui s’offre à nous : le bol- formelle, plus voluptueuse, chevisme […]*. plus esthétique ; et la société qu’il cons- truisit sur lui-même et pour lui-même Deux ans plus tard, un Allemand fut différente, moins établie dans ses bases, moins élancée dans ses flèches aux origines écossaises, Colin Ross, mystiques : ce fut une autre, une toute expliqua en quoi le national- autre société. socialisme apportait une solution Mais voici : depuis la Renaissance, adéquate aux graves problèmes d’a- l’homme a encore changé ! L’homme reli- lors. Après avoir rappelé que dans gieux, l’homme humaniste ont fait place ème à l’homme du progrès matériel, l’homme un XIX siècle très rationaliste, la des techniques, l’homme de sa science foi chrétienne avait « évolué de plus dite positive et expérimentale. Or, préci- en plus dans le sens d’une croyance sément par une apparente contradiction rationnelle au progrès », il déclara : inexplicable, ce qui caractérise cet homme issu des analyses et des techni- Cette religion du progrès s’est avérée ques, c’est qu’il ne sait plus se définir. Et incapable de résoudre les problèmes sou- tel est le carrefour auquel nous sommes levés par le développement technique et arrivés […]. La science a tellement bien rationnel. Mais nous voyons se dresser analysé toutes choses, les techniques ont en face de lui une nouvelle croyance qui créé de si nombreux ersatz de la Toute- n’a pas encore de nom, et à plus forte Puissance, qu’il ne sait plus qui il est… raison qui n’a pu déterminer la forma- Est-il matière ? Est-il esprit ? Est-il tion de formes religieuses et culturelles. vraiment un être et dans quelle me- Cette nouvelle croyance n’est point hos- sure ? N’est-il qu’un agrégat de fonc- tile au progrès […]. Celui qui, comme tions ? Il ne le sait pas… moi, a commencé sa carrière comme in- Cette ignorance fondamentale est ce qui génieur et connaît les conditions de vie pouvait nous arriver de plus grave. Les sur toute la surface de ce globe, si petit conséquences en sont incalculables.

* Voy. Abel Bonnard, « L’Espace français dans le drame mondial », texte de la conférence reproduit dans Collaboration , novembre-décembre 1942, pp. 9-11. 86 Sans Concession

et si peuplé, celui-là se rend parfaite- ques font apparaître la nécessité de com- ment compte qu’il est impossible de se munautés continentales. C’est ainsi que tirer d’affaire sans la technique — la des choses telles que l’entente franco- technique d’aujourd’hui, et on peut allemande et la nouvelle Europe appa- même dire : la technique de demain. raissent comme déterminées nécessaire- Sans notre appareil technique, non seu- ment par la force des choses*. lement nous retomberions à des condi- tions de vie primitives et même à la bar- Dans le même ordre d’idées, et à barie des temps passés, mais encore il n’y aurait plus de place sur cette terre la même époque, Alfred Rosenberg — et en tout cas, il n’y aurait plus de écrivait : nourriture — pour 50 %, que dis-je ? pour 75 % de la population du globe. Au point de vue philosophique on peut Telle est notre situation : il nous faut dire : la décadence du monde actuel […] vivre avec la technique ou périr avec est issue du fait que, dans la vie hu- elle ; et c’est pourquoi il est nécessaire maine, l’individu se trouve placé en face qu’à la croyance unilatérale au progrès, de la collectivité sans lien organique qui ne voit le progrès que dans la techni- avec elle. Le libéralisme ne voyait que le que, dans le rationnel, dans la civilisa- Moi abstrait, détaché de la race, du peu- tion matérielle, se substitue une nou- ple et de la tradition ; le communisme ne velle croyance, qui maîtrise aussi mora- voyait que le Collectif, c’est-à-dire la lement l’appareil technique devenu un masse quantitative informe qu’une ty- effroyable danger. Ne l’oubliez pas : le rannie jette dans l’action politique. C’est progrès technique est un demi-progrès pourquoi le Moi et le Collectif sont les et, comme tout ce qui n’est pas complet, symboles d’une décadence et non pas les il est problématique. marques d’un véritable rapport d’équili- Toute nouvelle invention qui accroît la bre organique. Le national-socialisme puissance de l’homme peut être em- leur oppose la Personnalité et la Com- ployée par l’individu à un mauvais munauté, c’est-à-dire la personnalité en usage, et c’est en effet ce qu’il s’est passé tant qu’énergie créatrice qui n’apparaît lorsqu’il n’était pas pénétré de sa res- jamais sans une discipline et se déve- ponsabilité envers la communauté. loppe en plongeant ses racines dans le Vue sous cet angle, l’union d’une techni- sang et la terre, et la communauté en que extrêmement perfectionnée avec un tant qu’union de personnalités et non ordre social reposant sur la primauté de pas simple somme d’individualités déra- l’individu doit nécessairement conduire cinées**. à des catastrophes […]. La conséquence qui découle de cela, c’est Alfred Rosenberg que le système libéral reposant sur l’in- dividualisme ne pourra jamais résoudre les problèmes de notre époque. La condi- tion préalable de leur solution, c’est l’en- racinement de l’individu, et non seule- ment son enracinement juridique, mais surtout son enracinement spirituel, dans la communauté. Les dimensions de cette communauté dépendent de l’état de la technique. Au temps de la pioche et de la lampe à huile, ces dimensions pouvaient ne pas excéder les limites de la famille. La fau- cheuse-batteuse et l’usine électrique exi- gent qu’elles atteignent celle de la na- tion. Les avions et les centrales électri-

* Voy. le texte de la conférence donné par C. Ross à paris le 20 mai 1944, publié dans Col- laboration , juillet-août 1944, p. 7. ** Voy. Alfred Rosenberg, « Liberté spirituelle. Alle- mande et Européenne », article publié dans Collaboration , juillet-août 1944, p. 11, col. B. Une interview exclusive de V. Reynouard 87

Soixante-ans après, la pertinence une politique agricole et industrielle de ces analyses apparaît nettement. harmonieusement mise au point, enfin et surtout l’ordre dans la nation, dans le Si les vingt ou trente années qui ont cadre d’un patriotisme bien compris, suivi la défaite des forces de l’Axe nous nous sommes prononcés sans équi- ont pu faire illusion (grâce à la re- voque : nous avons choisi le national- construction), les soubresauts enre- socialisme*. gistrés en Occident — et ailleurs — Un demi-siècle plus tard, je tiens depuis les années 70 démontrent le même discours. qu’effectivement, le monde libéral — Mais la guerre est finie, me di- individualiste a été incapable de ré- rez-vous, et le nazisme a été écrasé ! soudre les graves problèmes de civi- Matériellement, c’est exact. Mais lisation qui se posaient. pas intellectuellement. Car ne nous

64 ans après, la guerre continue méprenons pas. Comme l’a écrit le dans le domaine de l’esprit baron Jacquinot en 1943 :

Dans une allocution prononcée le La guerre actuelle est une guerre de doc- trines, une guerre de religion, et ces 9 janvier 1944, le chef des « Jeunes guerres-là, on les fait sans merci ni par- de l’Europe Nouvelle » (un groupe- don**. ment collaborationniste), Jacques Schweizer, lança : L’écrasement de l’Allemagne en 1944-1945 a confirmé ces vues. Ja- A l’heure ou deux forces s’opposent : le mais, dans l’histoire moderne, un capitalisme anglo-saxon, avec les excès adversaire n’avait été à ce point qu’il provoque, les abus qu’il favorise, les injustices qu’il fait naître, la misère qu’il écrasé, laminé, réduit en bouillie. engendre, et qui n’a pas craint de faire alliance avec le bolchevisme et ses forces 1945 : symboliquement, les vainqueurs de mort, et d’autre part le national- dynamitent la croix gammée qui trônait socialisme, qui porte en lui l’améliora- sur la tribune du stade de Nuremberg. tion certaine du sort des travailleurs, Mais leur victoire n‘est que matérielle.

* Voy. Collaboration , janvier-février 1944, p. 18, col. A. ** Voy. Baron Jacquinot, Quo va- dis Europa (éd. Sorlot, 1943), p. 64. 88 Sans Concession

Mais si les balles et les bombes se cristallise principalement autour peuvent détruire la matière, elles ne du « problème des chambres à gaz ». sauraient atteindre l’esprit. Voilà Le mythe de l’ « Holocauste » est pourquoi cette guerre de religion de- une arme qui permet d’interdire vait perdurer. Dans son exposé pro- tout débat sur la pertinence des noncé en 1944, C. Ross avait préve- idéaux « fascistes ». Tant qu’il sub- nu : siste, les vainqueurs de l’Axe sur le plan matériel gardent aussi l’avan- […] la guerre actuelle, qualifiée de tage sur le plan intellectuel. Les li- « seconde guerre mondiale », n’est que la béraux le savent bien. D’où les lois manifestation militaire partielle d’un conflit d’une bien plus grande enver- anti-révisionnistes prises dans un gure, qui embrasse en fait l’humanité nombre sans cesse croissant de pays tout entière et qui touche aux fonde- européens, d’où la répression de ments mêmes de son existence physique plus en plus impitoyable menée comme de son existence spirituelle. contre les libres chercheurs, d’où le […] La guerre actuelle a été à son ori- gine une lutte politique et militaire pour scandale mondial provoqué par les la puissance. Elle est devenue ensuite propos révisionnistes d’un évêque une guerre socialiste, dans laquelle la « tradi » dont, la vieille encore, ligne de front traverse les divers pays, et 99,99 % des gens ignoraient jusqu’à elle se terminera vraisemblablement en l’existence. guerre de religion. […] une chose est évidente : c’est que Dans cette affaire, la question pour longtemps encore, il ne peut être juive est très secondaire. Elle prend question de repos pour l’humanité. de l’importance uniquement à cause Même la paix conclue de la façon la d’Israël. Mais il ne faut pas s’y meilleure et la plus juste ne peut met- tromper ; le vrai problème concerne tre, sans plus, fin à la guerre ; tout au moins dans le domaine social, de même avant tout l’Occident qui meurt du que dans le domaine idéologique et reli- libéralisme individualiste et hédo- gieux, celle-ci est loin d’être parvenue à niste promu par les masses. Le com- son terme, et même, à certains égards, bat révisionniste dépasse largement nous en sommes encore ici à la phase la querelle historique sur l’existence préliminaire du combat*. des prétendues chambre à gaz ; il Eh oui ! Monsieur Tassart, bien est social, politique et religieux. que les armes se soient tue depuis longtemps, la seconde guerre mon- diale continue encore aujourd’hui Voilà mes réponses. Je reste ou- sous une forme intellectuelle. Et elle vert à toute demande de précision.

* Voy. Collaboration , juillet-août 1944, p. 2 col B et p. 4 col. A. 89

LA PRÉTENDUE CHAMBRE À GAZ HOMICIDE DE MAUTHAUSEN

par Marie Pererou & Vincent Reynouard

ébut février, la presse a ♦MAUTHAUSEN SERT LA THÈSE rapporté la mort probable OFFICIELLE du « criminel nazi le plus D recherché du monde », Mauthausen, en Autriche, est de- Aribert Heim, surnommé venu un musée. De nombreux élèves le « boucher de Mauthausen ». de toute l’Europe y sont amenés

20 Minutes , 6 février 2009 90 Sans Concession chaque année pour des « voyages Mauthausen sert au maintien, voire d’étude ». Là, ils visitent une pièce au renforcement, de la thèse offi- souterraine qu’on leur présente cielle. Car si les nazis ont asphyxié comme ayant été une chambre à gaz 3 455 personnes dans ce camp autri- homicide. Tout comme Gaétan Cox chien*, ils ont dès lors pu en gazer et Jérémy Levalet, deux élèves d’un bien plus en Pologne, à Birkenau, à établissement scolaire belge ayant Treblinka, à Belzec, à Chelmno ou visité les lieux en 2007, ils en repar- ailleurs… tent persuadés d’avoir vu un local de mort. N’ont-ils d’ailleurs pas res- ♦DES DÉBUTS INCERTAINS senti, entre ces quatre murs, « un sentiment d’impuissance, une atmos- La thèse d’une chambre à gaz ho- phère oppressante et la peur » ? On micide à Mauthausen ne s’est pas peut donc dire que, même s’il ne imposée immédiatement. Dans le peut être comparé à Auschwitz, « supplément spécial » du quotidien

Texte rédigé par deux élèves (G. Cox et J. Levalet) au terme d‘un « voyage d‘étude » à Mauthausen (copie de l‘original en possession de l‘auteur).

* Estimation minimale d’après la thèse officielle. Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, Les chambres à gaz. Secret d’État (éd. de Minuit, 1984), p. 226 : « Sur la base des recherches faites par les tribunaux, qui se sont toujours fondés sur un chiffre minimum certain, le total a été évalué à trois mille quatre cent cinquante-cinq morts. » La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 91

1er août 1945 : Ce Soir consacre un supplément spécial à Mauthausen, sans jamais mentionner une chambre à gaz homicide dans ce camp. communiste Ce Soir daté du 1 er août bres à gaz, tortures, morsures de 1945 et intitulé : « Mauthausen. chiens spécialement dressés, électro- Camp de l’anéantissement », on ne cutions, pendaisons, dysenteries, tu- trouvait aucune mention d’un tel berculoses, injections de pétrole dans local. Les auteurs écrivaient pour- les veines… ») et sans aucune autre tant : précision : pas un seul témoignage, pas même une simple photographie Il y a là mille façons de faire mourir un d’un quelconque bâtiment. homme : le précipiter du haut de la car- J’ajoute qu’en 1951, dans le Cata- rière, le piquer à la benzine, lui plonger la tête dans un tonneau. logue alphabétique des camps de Il y a aussi des moyens plus discrets concentration et de travaux forcés pour les spectateurs, pour les auteurs du assimilés et de leurs commandos et crime… : lui faire faire une promenade sous-sommandos ayant existé en Al- sur la rivière gelée avec une pierre de lemagne pendant la guerre 1940-45 80 kilos attachée au cou… ou bien le livrer aux gueules des chiens molosses. — un document qui n’avait pas été Il y a la pendaison et la fusillade. Il y a rédigé pour des besoins de propa- aussi l’électricité [1]. gande mais par le Ministère belge de la Santé publique et de la Fa- Piqûre, étouffement, noyade, dé- mille, pour que les proches de dispa- chiquetage, pendaison, fusillade et rus puissent entreprendre des en- électrocution. Il n’était donc pas quêtes —, Mauthausen était claire- question de gazage. ment présenté SANS chambre à gaz Deux mois plus tard, dans son [2]. ouvrage intitulé : Camps de la mort , (éd.. Mellottée) Jean Pélissier ne Ce relatif silence dans les semai- consacra que cinq courtes pages au nes (voire dans les années) qui sui- camp de Mauthausen (pp. 79-83). virent la libération du camp est très S’il parla de « chambres à gaz » au révélateur. Car si, vraiment, une pluriel (p. 82), c’était au détour chambre à gaz homicide avait exis- d’une page, dans une liste de té, des rapports précis et étayés se- moyens de donner la mort (« cham- raient parus dès le début…

[1] : Voy. le « supplément spécial » à Ce Soir , 1 er août 1945. (2) : Voy. le Catalogue …, pp. 256 et 257. 92 Sans Concession

Pages 256 et 257 du Catalogue alphabétique des camps de concentration et de travaux forcés assimilés et de leurs com- mandos et sous-sommandos ayant existé en Allemagne pendant la guerre 1940-45 , publié en 1951 par le Ministère de la Santé belge. Mauthausen était clairement présenté SANS chambre à gaz. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 93

Interrogatoire du commandant du camp de Mauthausen, Franz Ziereis. Blessé de trois balles dans le ventre la veille lors d‘une tentative d‘évasion, il agonisait. Il mourut d‘ailleurs peu après avoir parlé...

 ♦LES « AVEUX » DE F. ZIEREIS Des « aveux » très utilisés

L’interrogatoire d’un agonisant Ses « aveux » furent utilisés une première fois à la fin de l’été 1945, La thèse de l’existence d’une dans un procès intenté en Autriche chambre à gaz homicide à Mauthau- à Guido Schmidt. Ils furent alors sen se fonde en premier lieu sur les publiés dans le Wiener Arbeiterzei- « aveux » du commandant du camp, tung (livraison du 20 septembre Franz Ziereis. Fait prisonnier le 1945). Quelques mois plus tard, au 5 mai par les Américains, il fut mor- « grand » procès Nuremberg, ils fu- tellement blessé dix-huit jours plus rent produits sous la cote PS-3870. tard par trois balles reçues dans le L’Accusation parla d’ « un des docu- ventre lors d'une tentative d'évasion ments les plus importants » dans (TMI , XI, p. 341). Le lendemain, l’affaire de Mauthausen*. agonisant, il subit un interrogatoire  et ses déclarations furent enregis- Des « aveux » protéiformes... trées. Il mourut peu après avoir par- lé. Que valent ses « aveux » ? Notons tout d’abord que plusieurs textes

* « COLONEL AMEN. — […] C’est un document assez long que je n’ai pas l’intention de lire en entier, mais c’est un des documents les plus importants de cette affaire et j’espère que le Tribunal le lira en entier, même si je ne le fais pas pour gagner du temps » ( TMI , XI, p. 339) 94 Sans Concession différents circulent. Pierre- Ziereis affirme que près de 1 500 000 Serge Choumoff souligne même qu’il personnes ont été gazées au château de Hartheim : en fait, on estime le nombre « en existe au moins deux versions en de victimes gazées à Hartheim à environ allemand portant la même réfé- 30 000. Par contre, Ziereis minimise le rence » [1]. Sachant que F. Zierzeis nombre de prisonniers tués à Mauthau- est mort peu après son interroga- sen il parle de 65 000 morts alors qu'on toire, cette abondance est très sus- estime le nombre de victimes à mini- mum 120 000 morts, et plus probable- pecte. ment 150 000 [3].

… et contradictoires On en déduit que ces « aveux » ne sont guère fiables.

D’autant plus que des différences La tactique habituelle des accu- sensibles, voire des contradictions, sés paralysés dans leur défense peuvent être relevées entre ces dif- férentes versions. En voici un exem- Cela dit, intéressons-nous à ses ple flagrant. D’après la pièce lue au déclarations concernant une cham- procès de Nuremberg, F. Ziereis au- bre à gaz homicide à Mauthausen. rait déclaré : Dans une version, on lit :

D’autre part, une automobile spéciale- Sur l'ordre du SS-Hauptsturmführer Dr. ment construite circulait entre Mau- Krebsbach une chambre à gaz a été thausen et Gusen, dans laquelle les dé- construite et camouflée en douche. Les tenus étaient gazés pendant le voyage. prisonniers étaient gazés dans cette L’idée de la construction de cette auto- chambre à gaz. Toutes les exécutions mobile était due au Dr Wasiczki, SS- étaient faites sur ordre du Reichsführer Untersturmführer et pharmacien [ TMI , SS et Chef de la Police Himmler, l'Ober- XI, p. 340]. gruppenführer SS Kaltenbrunner, ou le Gruppenführer SS Mueller […]. A Mau- Mais dans une autre version en- thausen, tous les prisonniers gazés voyée à Pierre Daix, on lit : étaient enregistrés comme « mort de cause naturelle » [4]. Le camion pour le transport des prison- niers, avec chambre à gaz intérieure, Mauthausen : la « chambre à gaz » était l’invention du Haupt- sturmführer LOWIN, Médecin en Chef des SS et [du] Grup- penfüher GLUECKS [2].

J’ajoute que sur le site jewishgen.org, les auteurs qui citent ces « aveux » pré- viennent :

Franz Ziereis minimise ou au contraire exagère certains as- pects des crimes commis par les nazis. Ainsi, lorsque

(1) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 116. (2) : http://abordduvaisseaujbergier.blog.24heures.ch/ archive/2008/12/25/interrogatoire-de-franz-ziereis.html. (3) : http://www.jewishgen.org/ Forgottencamps/Camps/MauthausenFr.html (4) : Id . Voy. également TMI , XI, p. 340 ; la version diffère sensiblement, mais l’esprit est le même. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 95

l’accusation souhaite entendre (donc, dans le cas présent, à confir- mer l’existence d’une chambre à gaz homicide) mais à dégager sa propre responsabilité (ce n’est pas moi, c’est Krebsbach qui a fait construire la chambre, ce sont Himmler, Kalten- brunner et Müller qui ont donné les ordres d’exécution, et c’est Bach- meyer qui s’est chargé de la mise à mort). Soulignons d’ailleurs que, se retrouvant en position d’accusé n° 1, le Dr. Krebsbach s’empressa lui aus- si d’adopter cette stratégie ; il admit l’existence d’une chambre à gaz et rejeta la responsabilité sur… F. Ziereis et sur l’obscur pharma- cien SS Erich Wasicky (ou Wasitz- ky). Face à ses juges, ils déclara : Un dossier scolaire réalisé par des élè- ves au terme d‘un voyage d‘étude... …c’est sur l’ordre de Ziereis […], que le Dans une autre, F. Ziereis dé- pharmacien SS, le Dr Wasicky, eut l’idée d’installer une chambre à gaz. C’est ce clare : dernier qui apportait lui-même le gaz nécessaire [2]. Je ne connais pas le nombre de ceux qui sont morts dans les chambres à gaz, c’est Schutzha ftlagerführer BACH- Tout, ici, « sent » les déclarations MAYER qui se chargeait de ces exécu- faites à une époque où, pour des rai- tions. sons tant psychologiques que maté- […] rielles, il était impossible à un accu- Je reçu du Grüppenführer GLUECKS sé de se lever et de dire : l’ordre d’installer une chambre avec haut-parleur pour transmettre de la mu- « Mensonge ! Il n’y a jamais eu de sique. Dans la chambre suivante, on de- chambre à gaz. Tout ça, c’est de la vait installer une arme à feu sur une propagande ! ». Dès lors, seule res- monture spéciale. Ainsi, un SS pouvait- tait aux accusés la stratégie qui il facilement descendre tous les prison- consistait à ne pas contredire l’accu- niers entrant dans cette pièce en leur envoyant une balle dans la nuque. A sation sans pour autant rendre son Mauthausen nous n’avions pas de musi- cas indéfendable. Et pour y parve- que, au lieu de cela, nous montâmes une nir, l’unique façon était de charger chambre à gaz et la musique était four- les autres, en particulier les morts nie par le bruit des compresseurs de gaz et les absents. et l’échappement du brûleur à huile du crématoire [1]. ♦LE DOSSIER EST VIDE Nous retrouvons dans ces « aveux » la technique habituelle qui Peut-être me répondra-t-on que, consiste à ne pas contester ce que dans une affaire grave, les princi-

(1) : http://abordduvaisseaujbergier.blog.24heures.ch/archive/2008/12/25/interrogatoire-de- franz-ziereis.html. (2) : Voy. Pierre-Serge Choumoff, Les chambres à gaz de Mauthausen, camp de concentration nazi (éd. Amicale des Déportés de Mauthausen), 1972, p. 17. 96 Sans Concession paux suspects se rejettent très sou- cuments afin de surmonter ces di- vent la responsabilité, ce qui ne si- vergences, d’éclairer l’histoire et d’é- gnifie pas que les accusations por- tablir les responsabilités ? Non. Il tées contre eux sont erronées. Cette déclare que, malgré leurs contradic- remarque est pertinente [1]. Mais tions, ces « nombreuses déclara- dans ce cas, on tente de découvrir la tions » (sic !) « forment un tout qui se vérité grâce à des documents et des suffit déjà à lui-même » ( Id .). Cette preuves matérielles. conclusion (injustifiée) lui permet d’éviter toute étude documentaire. Aucune étude documentaire Le reste du livre ne montre aucune pièce d’époque qui évoquerait, même Pour Mauthausen, un livre a pa- rapidement, la construction de cette ru en 1972, intitulé : Les chambres à prétendue chambre à gaz homicide. gaz de Mauthausen, camp de Seize ans plus tard, d’ailleurs, P.- concentration nazi . Après avoir cité S. Choumoff confirma malgré lui l’i- les « aveux » de quatre anciens SS, nexistence de documents antérieurs son auteur, Pierre-Serge Choumoff, à la fin de la guerre et qui auraient admet qu’il existe entre eux explicitement parlé de la chambre à « quelques contradictions » ( Ibid ., gaz homicide. Dans Le Monde Juif , p. 18). Va-t-il alors recourir aux do- il écrivit :

Le SS-Hauptscharführer Martin Roth fut le chef du commando […] du créma- torium, de début mai 1940 jusqu’au 3 mai 1945, deux jours avant la libéra- tion du camp. Il fut jugé en RFA au cours d’un procès qui prit fin en 1972. Les archives de ce dernier nous fournis- sent les documents les plus précis et les plus détaillés sur les assassinats par gaz perpétrés à Mauthausen même […], mais ils sont loin d’être les seuls. Beau- coup proviennent d’ailleurs des instruc- tions judiciaires effectuées au cours de multiples procès américains et alliés qui permirent de procéder aux interrogatoi- res de nombreux SS et témoins dès 1945 [2].

Et en effet, dans les pages qui suivent, on trouve un grand nombre d’ « aveux » formulés en 1945, 1946, 1947, 1959, 1962, 1963… Cette abondance pourra impressionner le néophyte ; elle ne troublera pas le

(1) : Une affaire actuelle le confirme ; le meurtre des époux Beache à Anvaing (Belgique), le 23 mars 2009. Trois femmes sont soupçonnées : une homosexuelle (Isabelle Dhert), sa « femme » (Mélissa Fruit) et sa mère (Jacqueline Dhert). Les deux dernières sont en « aveux partiels » : « Chacune des deux femmes charge l’autre, protégeant la troi- sième » (voy. La Dernière Heure , 25 mars 2009, p. 12). (2) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les as- sassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 105. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 97 chercheur sérieux. Car celui-ci le tions » sur les registres*. Il men- sait bien : tout ce que démontre un tionne alors : recours quasi exclusif à des docu- ments établis lors d’instructions ju- - « 138 gazés » le 25 septembre 1944, diciaires ou de procès (témoignages, - « 44 gazés » le 15 octobre, interrogatoires, jugements, etc.), - « 60 gazés » le 21 novembre, c’est l’absence de pièces originales. - « 46 gazés » le 29 décembre, Avec raison, il en déduira que le - « 66 gazés » le 19 février 1945 et dossier de la prétendue chambre à - « 76 gazés dont huit femmes tchè- gaz au camp de Mauthausen est ques » le 23 mars 1945 ( Ibid ., p. 20). vide, totalement vide. P.-S. Choumoff précise que les Des documents anodins « décès correspondants » ont été « retrouvés dans certains regis- Certes, dans son article de 1986, tres » ( Ibid ., p. 20) tenus par P.-S. Choumoff parle de « documents W. Ornstein. Un lecteur superficiel que les SS n’eurent pas le temps » de croira donc que les registres d’épo- détruire. Mais il ne s’agit pas de piè- que mentionnent clairement ces ga- ces relatives à l’aménagement de la zages. Cependant, l’auteur ne donne prétendue chambre à gaz. Il s’agit aucune référence et, surtout, il n’en principalement de trois registres : le montre aucun, ce qui est très sus- Registre des morts tenu par le bu- pect. reau du médecin SS de la garnison Pour connaître la vérité (même (13 tomes conservés aux USA), le encore partielle) il suffit de consul- Registre des exécutions (2 tomes) et ter un article que… P.-S. Choumoff le Registre des morts non-naturelles lui-même écrivit seize ans plus tard. (3 tomes) ( Ibid ., p. 106). A cela s’a- joutent quelques « listes particuliè- La livraison du Monde Juif (1986) avec l‘article de P.-S. Choumoff. res » relatives aux effectifs et aux transferts de prisonniers. Apportent-ils la preuve de gaza- ges homicides ? Non, mais nous al- lons maintenant voir comment les fanatiques de la mémoire utilisent ces documents pour qu’ils servent malgré tout leur thèse.

Les prétendus « gazés »

Dans son ouvrage de 1972, afin sans doute d’impressionner le lec- teur, P.-S. Choumoff évoque un an- cien déporté, Wilhelm Ornstein, qui travailla comme secrétaire à Mau- thausen d’août 1944 à mai 1945 et qui « put ainsi noter quelques exécu-

* Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz …, déjà cité, p. 19. Voy. également E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit. , pp. 223-4. 98 Sans Concession

On y apprend que les prétendus ga- Et même pour les autres gazages qui zés du 25 septembre, du 15 octobre, eurent lieu dans la chambre à gaz, à l’in- térieur du camp de Mauthausen, la du 21 novembre et du 29 décembre cause du décès mentionné n’était pas apparaissent dans les « Etats de « gazage », mais tout au plus changement d’effectifs » comme… « exécution » [2]. « exécutés » [1]. Rien, donc, ne vient démontrer que ces gens auraient été Revoilà donc la thèse du « gazés » (voir ci-dessous et page ci- « langage codé », qui permet tout (ou contre). presque). Dans ce même article, d’ailleurs, P.-S. Choumoff précise que le Regis- Un exemple flagrant de tre des morts non naturelles men- falsification documentaire tionne, pour chaque décès, la cause : suicide, abattu lors d’une tentative Un simple exemple l’illustrera. d’évasion, fusillé, pendu, fusillé se- P.-S. Choumoff mentionne le lon la loi martiale, tué au cours (prétendu) gazage de 261 Tchèques d’une attaque aérienne, décapité sur le 24 octobre 1942. A la page 113, il ordre du RFSS, exécuté après reproduit la première page du condamnation ( Ibid ., p. 126). A au- « Registre des morts non naturel- cun moment, donc, ne figure la men- les » avec les noms de 17 exécutés. tion « gazé ». Mais en face, près du numéro « 19 » (pour « Aktion 19 ») on lit clai- Le mythe du « langage codé » rement la mention : « Standrecht- lich erschossen », ce qui signifie : Pour en sortir, l’auteur invoque la « fusillé selon la loi martiale ». Le déposition d’un ancien SS secrétaire registre est donc très clair : à Mauthausen, J. Haider, devant le 261 Tchèques ont été fusillés à Mau- Tribunal de première instance de thausen en représailles. Face à ce Cologne, le 5 janvier 1962. Celui-ci, document contradictoire, P.- nous dit-il, a déclaré : S. Choumoff ne désarme pas : il suit

(1) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 110. (2) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 127. Voy. également E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit. , p. 229, la citation diffère légèrement, mais l’esprit est le même. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 99

Page précédente.

1972 : dans son ouvrage Les chambres à gaz de Mauthausen , P.S. Choumoff pré- tend (p. 20) que d‘après les registres mortuaires du camp de Mauthausen enregis- trent régulièrement des prisonniers « gazés »

Ci-dessus.

1986 : dans le Monde Juif , P.S. Choumoff révèle que les prétendus gazés du 25 septembre, du 15 octobre, du 21 novembre et du 29 décembre apparaissent dans les « Etats de changement d‘effectifs » comme… « exécutés ».

Rien, donc, ne vient démontrer que ces gens auraient été « gazés ». En 1972, P.- S. Choumoff avait menti. 100 Sans Concession les juges allemands et assène mention claire du « recours aux ga- qu’« Aktion 19 » « a signifié zages » pour les « exterminations “gazé ” » ( Ibid ., p. 113). Quant à la massives des affaiblis corpo- mention « fusillé selon la loi mar- rels » ( Ibid ., p. 128). tiale » « c’était une falsifica- Je lui répondrai qu’il faut être co- tion » (voy. page suivante). Voilà hérent : soit un langage codé a été comment les fanatiques de la Mé- utilisé, et il l’a toujours été (et sur- moire (juges et pseudo-historiens) tout à la fin, quand l’ennemi arri- comblent un vide documentaire : ils vait…), soit aucun langage codé n’a changent le sens — pourtant évi- été utilisé. On ne saurait prétendre dent — des termes utilisés dans les que le terme fusillade servait pour pièces administratives découvertes. camoufler des gazages puis, quel- Quand on lit P.-S. Choumoff, on ques pages plus loin, montrer une comprend le rabbi Abraham Dahan note qui serait une référence claire qui, en 2007, a déclaré : à un gazage de masse. J’ajoute que si, vraiment, on avait C’est cela, la lecture juive. On garde le voulu mentionner un « recours aux texte mais on le transforme par un com- gazages », on aurait logiquement mentaire [1]. écrit : « Im Gaskammer » (En cham- bre à gaz) et pas « Im Zellen- bau » (en prison). Ou alors il faut admettre que les Allemands n’utili- saient pas la chambre à gaz pour Fragment de la page 22 du mensuel juif gazer, ce qui est absurde. Shofar (mars 2009). Comment les juifs Quelle est donc l’histoire de cette lisent les documents. mention « Gaz » visiblement sura- joutée dans le registre ? Est-elle au- Une annotation mystérieuse : tout au plus un indice… qui ne thentique et, si oui, quelle est sa ré- trouvera nulle confirmation elle signification ? Je l’ignore mais elle ne constitue certainement pas Quinze pages plus loin, pourtant, la preuve de l’existence d’une cham- P.-S. Choumoff montre une page du bre à gaz homicide à Mauthausen. Registre des morts tenu par le bu- Tout au plus peut-on la considérer reau du médecin SS (voir page 102). comme un faible indice, à confir- A la date du 23 avril 1945 figure la mer… Et nous allons maintenant mention : « Im Zellenbau. Gaz » (En voir qu’aucune confirmation ne prison. Gaz). Pour lui, c’est une viendra, bien au contraire.

La mention « gaz » sur un registre mortuaire de Mauthausen. ♦L’A MÉRICAIN QUI FONDA LA THÈSE DES GAZAGES À M AUTHAUSEN

Le « Rapport Taylor »

Six jours après la mort de F. Ziereis, un prisonnier de guerre américain interné à Mauthausen, Jack H. Taylor, rendit un rapport

(1) : Voy. Shofar , mars 2009, p. 22, col. A. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 101

FALSIFICATION : MODE D’EMPLOI

Cette page d‘un registre de Mau- Mais P.-S. Choumoff veut faire croire que ces thausen rapporte l‘exécution de pri- gens ont été gazés. Se fondant un procès sonniers. On lit clairement la men- d‘après-guerre, il assène qu‘« Aktion 19 » « a tion : « Standrechtlich erschos- signifié “gazé ” » et que mention « fusillé selon sen », ce qui signifie : « fusillé selon la loi martiale » « était une falsification ». Voilà la loi martiale ». comment les pseudo-historiens officiels com- blent les vides documentaires...

P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz de Mauthausen (1972), p. 113. 102 Sans Concession

Page du Registre des morts de Mauthausen tenu par le bureau du médecin SS. A la date du 23 avril 1945 figure la mention : « Im Zellenbau. Gaz » (En prison. Gaz). (Pour les explications, voir page 100). La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 103

(intitulé : « Dupont Mission ») dont la troisième partie était consacrée au camp. C’est à lui que l’on doit la première mouture de la thèse offi- cielle.

Taylor décrit le mode opératoire d’un gazage à Mauthausen

On lisait en effet :

Les méthodes normales d’exécution étaient le gazage, la fusillade et la pen- daison, qui étaient tous perpétrés dans la Maison de la Mort (voy. photo). Ce long block comportait approximative- ment 50 cellules au rez-de-chaussée, connu sous le nom de Bunker ou Arres- tation […]. Au-dessous se trouvaient la Jack H. Taylor à sa libération de Mau- chambre à gaz, la poutre de pendaison, thausen (notez son bon état physique la « galerie » de fusillade et le crémato- général). Il avait été fait prisonnier au rium […]. La chambre à gaz faisait ap- cours d‘une mission secrète effectuée proximativement 15[0] pieds carrés en territoire ennemi. [14 m²] et était aménagée comme une C‘est lui qui, le premier, prétendit salle de douche avec un revêtement car- décrire le mode opératoire d‘un relé et des pommes de douches au- gazage à Mauthausen. dessus. On disait aux victimes qu’elles allaient prendre une douche, toutes le gaz ne s’évaporait pas assez vite de la étaient déshabillées à l’arrière de la cour poudre, de la vapeur était introduite et amenées dans la chambre ; la lourde dans la caisse à partir de l’autre extré- porte étanche était claquée et fermée et mité.) Après deux heures, le ventilateur le gaz introduit par les pommes de dou- qui insufflait [le gaz à l’intérieur] était che. En temps normal, cela se passait arrêté et le ventilateur plus grand qui deux fois par jour, à 9 h et à 17 h, avec extrayait [l’air de la pièce] était allumé 120 victimes à chaque fois […]. pendant environ deux heures. (voy. la Le gaz utilisé était le cyanure Cy- photo). clone B, (voir échantillon) une poudre Munis de masques à gaz, les prisonniers granulée contenue dans des boîtes d’un affectés à cette tâche retiraient les corps demi-litre, le même [gaz] qui était utili- et les apportaient dans la chambre sé pour la désinfection des vêtements. froide (capacité, 500) […]. Voyez la pièce Dans une petite pièce, adjacente à la jointe « Note de service sur l’exploitation chambre à gaz, une caisse métallique des Chambres à Gaz de Désinfection à était reliée directement à un ventilateur Acide [cyanhydrique] au C[amp] de C à son tour connecté à l’appareil de dou- [oncentration] de M[authausen] », par le che. Portant un masque à gaz, l’opéra- médecin chef. On y parle de désinfec- teur cognait à l’aide d’un marteau sur le tion, mais ces instructions concernaient fond des deux boîtes de poudre [pour les spécialement les opérateurs de la cham- ouvrir] (une [boîte] pouvant tuer bre à gaz [homicide]*. 110 personnes), et après les avoir pla- cées dans la caisse, serrait bien fort le Ce document pourra impression- couvercle jusqu’à obtenir une fermeture ner. Cependant, le processus décrit hermétique et mettait en marche le ven- tilateur (voy. la photo). (En hiver, quand se heurte à trois obstacles de taille :

* Voy. Jack H. Taylor, « Dupont Mission », part III, pp. 9 à 11. Copie de l’original en pos- session de l’auteur. 104 Sans Concession

L‘intérieur de la prétendue « chambre à gaz homicide » de Mauthausen. Le plafond est à 2,38 m du sol.

1. Le plafond de la prétendue chambre à gaz se trouve à 2,38 m. Les victimes auraient donc pu ai- sément, avec leurs mains, boucher les pommes de douches, empê- chant ainsi très rapidement l’arrivée des vapeurs toxiques.

2. Il ne fait aucun doute que les seize pommes de douche étaient reliées à un circuit d’eau, pas de gaz. Dans un ar- ticle (nullement révisionniste) consacré au prétendu local de mort, les auteurs écrivent :

Sur le mur à droite de la porte se trouve un tuyau d’eau entrant dans la chambre à gaz qui avait tout pour fonctionner comme une salle de douche […]. Ce tuyau peut être suivi à travers la mor- gue et il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’un vrai tuyau d’eau ( and there is no doubt it is a real water pipe ) [1].

3. Pousser 120 personnes dans 14 m² aurait provoqué un Le véritable tuyau d‘eau qui entrait dans la salle entassement terrible (environ baptisée aujourd‘hui « chambre à gaz » et qui 9 personnes par mètre carré). alimentait les pommes de douche. Dès lors, une fois les victimes asphyxiées, du gaz serait resté em- surtout dans les cavités naturelles prisonné non seulement dans les formées par l’amoncellement des orifices naturels des morts (nez, corps. En conséquence, la ventila- bouche, plis divers…), mais aussi et tion de la pièce n’aurait jamais pu

* Voy. « Mauthausen Gas Chamber », article consultable à l’adresse suivante : http:// scrapbookpages.com/Mauthausen. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 105

être complète et, même munis de Une version grotesque masques à gaz, les prisonniers char- aujourd’hui abandonnée gés de retirer les corps auraient ra- pidement succombé, intoxiqués à Plus tard, toutefois, les historiens leur tour par le poison rémanent [1]. abandonnèrent cette version trop De plus, une fois la porte ouverte et grotesque. Sur un site consacré au les corps manipulés, du gaz se serait « procès de Dachau », les auteurs répandu dans tout le bâtiment, in- reproduisent le témoignage de J.- toxiquant les prisonniers et les gar- H. Taylor et déclarent : diens au rez-de-chaussée. La chambre à gaz était clairement dé- guisée en une réelle salle de douche avec Un menteur qui personne ne de vrais tuyaux d’eau, des vraies pom- dénonce en 1945 mes de douche et de vrais drains au sol. Cependant, le lieutenant Taylor s’est De façon évidente, J.-H. Taylor mépris concernant l’arrivée du gaz par avait menti. Mais pour rendre son les pommes de douche. Le gaz était sous récit crédible, il s’était inspiré des forme de granulés environs gros comme des petits pois ; [ces granulés] étaient directives données à ceux qui s’occu- habituellement chauffés pour que les paient de la désinfection des vête- fumées du gaz poison puissent s’échap- ments au Zyklon B. per plus rapidement [3].

Lors du « procès de Dachau » (où Notez l’expression : « Taylor s’est furent jugés des anciens gardiens de mépris » (Taylor was wrong). Les camps), l’Américain apparut comme fanatiques de la Mémoire n’accusent témoin et répéta sa version des jamais leurs témoins d’avoir menti. faits. Au procureur qui l’interro- S’ils sont pris en flagrant délit de geait, il déclara : faux, on parle tout au plus d’er- reur… Oui, votre honneur. [La chambre à gaz homicide de Mauthausen] était maquil- Utilisation abusive de lée en chambre de douche avec des pom- « témoignages » non vérifiés mes de douche au plafond. Les nouveaux prisonniers pensaient qu’ils allaient prendre un bain. Ils étaient déshabillés Pour Mauthausen, cette légèreté et mis dans cette chambre nus. Le gaz dans l’utilisation des témoignages arrivait des pommes de douche [2]. apparaît nettement avec le cas de Johann Kanduth, un ancien interné A l’époque, personne ne songea à qui avait séjourné au camp du dénoncer l’ineptie d’un tel mode opé- 21 mars 1939 au 5 mai 1945. A Nu- ratoire. remberg, lors du contre- interrogatoire de l’ancien chef du

(1) : Sur l’inefficacité d’un masque à gaz utilisé lors d’un effort violent et/ou prolongé, voy. Sans Concession , n° 30-31, pp. 52-53. (2) : « Yes, sir. It was rigged up like a shower room with shower nozzles in the ceiling. New prisoners thought they were going in to have their bath. They were stripped and put in this room naked. Then gas came out of the shower noz- zles . » (source : http://www.scrapbookpages.com/dachauscrapbook/DachauTrials/ Mauthausen04.html). (3) : « The gas chamber was cleverly disguised as a real shower room with real water pipes, real shower heads and real floor drains. However, Lt. Taylor was wrong about the gas coming through the shower heads. The gas was in the form of pellets, about the size of peas, which were usually heated so that the poisonous gas fumes would be released faster » ( Id .) 106 Sans Concession

Bureau central de sûreté du Reich Puis il pria son avocat de récla- (RSHA), Ernst Kaltenbrunner, l’Ac- mer la comparution de ce J. Kan- cusation produisit une déclaration duth, afin de lui être confronté sous serment dans laquelle l’ancien (Ibid ., p. 338). De façon très révéla- déporté déclarait : trice, l’Accusation s’y opposa. Le 3 juin 1945, le procureur général ad- Je me souviens que Kaltenbrunner est joint britannique lança : venu trois fois [à Mauthausen]. Entre 1942 et 1943. Kaltenbrunner était ac- Nous ne nous opposons nullement aux compagné de [suivent plusieurs noms] et questionnaires [comprenez : aux ques- de quelques autres personnes ; Kalten- tionnaires écrits que la Défense pourrait brunner entra en riant dans la chambre être autorisée à soumettre aux témoins], à gaz. Puis les gens furent amenés des tant qu’ils n’entraînent pas la comparu- cachots pour être exécutés ; trois sortes tion de témoins [ TMI , XV, p. 298]. d’exécutions eurent lieu : la pendaison, la mort par une balle dans la nuque et la Cinq jours plus tard, pourtant, le chambre à gaz [ TMI , XI, pp. 333-4, ex- Tribunal autorisa la comparution de trait du doc. PS-3846.]. J. Kanduth ( Ibid ., p. 594). Mais pour des raisons inconnues, celui-ci Après avoir entendu la lecture de n’apparut jamais à la barre. Si bien ces propos, E. Kaltenbrunner décla- que toute vérification de son témoi- ra : gnage par l’épreuve du contre- interrogatoire fut rendue impossi- Sous la foi du serment, j’affirme solen- nellement que pas un seul mot de ces ble. affirmations n’est vrai [ TMI , XI, p. 334]. Malgré cela, les allégations de l’ancien déporté furent utilisées. Ainsi, lors de son réquisitoire défini- tif, le procureur soviétique Rudenko invoqua contre Kaltenbrunner ce témoignage en particulier ( TMI , XIX, p. 625). Et dans leur arrêt le condamnant à mort, les juges eu- rent le toupet d’écrire :

[Kaltenbrunner] avait certainement vi- sité Mauthausen, et il résulte de plu- sieurs témoignages qu’il y a vu des pri- sonniers exécutés, à titre de démonstra- tion, par diverses méthodes : pendaison, coup de feu dans la nuque et asphyxie par les gaz [ TMI , I, p. 310]*.

* L’expression « plusieurs témoignages » ne doit pas impressionner. En vérité, il y en Ernst Kaltenbrunner. A Nuremberg, il avait… deux. Celui de J. Kanduth et celui demanda à être confronté à un témoin d’un ancien gardien de Mauthausen, Aloïs a charge, J. Kanduth, qui l‘accusait Höllriegl. Sa valeur était encore moindre, d‘avoir vu un gazage à Mauthausen. car le « témoin » aurait juste vu Kaltenbrun- E. Kaltenbrunner affirmait que le té- ner pénétrer dans le Bunker « à un moment moin mentait complètement. Aucune où l’on était en train de gazer des prison- confrontation n‘eut finalement lieu. niers ». Comment l’avait-il su ? Parce que : Malgré cela, le « témoignage » de « Les bruits qui accompagnaient l’opération J. Kanduth est toujours cité comme m’étaient bien connus » (doc. PS-2753). Bref, véridique... il n’était même pas un témoin oculaire. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 107

TMI , XI, pp. 333-334

108 Sans Concession

Sachant que le procès de Nurem- une version un peu différente) était berg fut une immense parodie, ces utilisé sans aucune réserve, c’est-à- agissements, bien que révoltants en dire sans mention des protestations eux-mêmes, ne surprennent pas. On solennelles d’E. Kaltenbrunner et pouvait cependant espérer que, sans mention du fait que le témoin dans la suite, le témoignage contes- n’avait jamais passé l’épreuve du té et non vérifié de J. Kanduth ne contre-interrogatoire. serait plus utilisé ou qu’il le serait Qui sont les véritables pseudo- accompagné des plus grandes réser- historiens ? ves. Eh bien non ! Dans l’ouvrage Les chambres à gaz. Secret d’État , ♦UN MYSTÉRIEUX DISPOSITIF les auteurs écrivent au chapitre D’INTRODUCTION DU GAZ consacré à Mauthausen : Cela dit, revenons au fonctionne- Si les gazages devaient être exécutés de ment de la prétendue chambre à gaz manière tout à fait secrète, cette consi- homicide du camp de Mauthausen. gne ne s’appliquait naturellement pas aux chefs nationaux-socialistes. L’ancien Si elles ne venaient pas des dou- détenu Kanduth est en mesure de s’en ches, par où les vapeurs toxiques souvenir : pénétraient-elles dans la pièce ? « J’ai vu moi-même l’Oberstrumführer Karl Schulze, en compagnie de Kalten- Un « petit » tuyau qui a… disparu brunner […], visiter la chambre à gaz en 1942 ou en 1943, je ne me souviens pas L’ancien déporté Pierre-Serge exactement de la date. A cette occasion, les détenus, hommes et femmes, ont été Choumoff évoque un « petit tuyau » : expulsés du bunker et exécutés. Trois sor- « Ce gaz était introduit dans la tes de supplices ont été utilisés : la pen- chambre à gaz par un petit tuyau », daison, une balle dans la nuque et le ga- dit-il. Mais, s’empresse-t-il de préci- zage. Après la séance d’exécution, les ser, plus personne ne peut le voir, chefs SS présents sont ressortis en riant de la chambre à gaz pour se rendre dans car il a… disparu :

la cour du bunker ». Regardez bien cette installation qui est […] On a continué à assassiner dans la restée telle quelle. Ce qui a disparu, chambre à gaz du camp principal jus- c’est l’introduction du gaz qui était là, qu’à la veille de la libération [1]. pour neuf personnes par mètre carré [2].

Quarante ans plus tard, donc, le A l’appui de sa thèse, il mention- témoignage de J. Kanduth (dans nait en 1972 le témoignage d’un an-

Le « témoignage » de J. kanduth est cité dans l‘ouvrage Les chambres à gaz : secret d‘État (1984), sans men- tion du fait qu‘il a été contesté par E. kaltenbrunner.

(1) : Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit. , pp. 223-4. (2) : http:// www.campmautha usen.org/Ch.%20Connaitre/Temoigna ges/temoignages.html#bunker. (3) : Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz …, déjà cité, p. 20. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 109 cien déporté à Mauthausen, Werner dix minutes » [2]. Certains parlaient Reinsdorf, qui aurait participé à la même d’un gazage qui, habituelle- construction de la (prétendue) ment, « durait jusqu’à cinq minu- chambre à gaz homicide et qui a dé- tes » [3], voire seulement « trois ou claré : quatre minutes » [4]. Nous nagions

A 80 cm du sol, il y avait un tube dont en pleine incohérence. l’orifice était tourné vers le mur afin qu’il ne puisse être remarqué. C’est par La thèse change pour devenir ce tube qu’arrivait le gaz… [3]. plus crédible

 Une thèse inepte Seize ans plus tard, d’ailleurs, l’auteur n’évoquait plus un orifice à Dans un premier temps, je signa- 80 cm du sol, mais un tuyau fendu lerai qu’avec un tel dispositif, la dif- sans aucune précision de hauteur. fusion du gaz aurait été impossible, Dans Le Monde Juif , il écrivit : puisque l’orifice aurait été partielle- ment ou totalement obstrué par les Un tuyau blanc émaillé fendu dans le victimes entassées. Je souligne en sens de la longueur partait de cette effet que même si, depuis le juge- pièce, la « cellule de génération du gaz », ment de l’ancien SS Martin Roth en et arrivait dans la chambre à gaz. La petite fente d’environ 1 cm de large et 1972, on ne parle plus de 1 m de long ne pouvait pas être vue, car 120 victimes dans la pièce mais de elle était située sur la partie du tuyau « 50 à 100 personnes » (soit un en- accolée au mur [5]. tassement de 3,5 à 7 personnes par mètre carré), il est toujours question De son côté, le Mémorial de Mau- de « victimes qui devaient être ser- thausen décrit ainsi la prétendue rées afin que l’on puisse fermer la « chambre à gaz » : porte » [1]. En conséquence, même à supposer un gazage possible, celui-ci Il y avait aussi un radiateur, de la lu- aurait duré très longtemps, le temps mière, une ventilation électrique (dans le plafond) et un bout de tuyau percé que le gaz se fraye un chemin parmi d’une fente large de 0,5 cm et longue de les jambes des victimes. Or, s’ap- 80 cm, invisible aux victimes, du côté du puyant sur un autre « témoignage », mur. Le tuyau était relié au conduit de P.-S. Choumoff déclarait que gaz dans une pièce à côté de la chambre « l’asphyxie mortelle [survenait] en à gaz [6].

(1) : Voy. le jugement de M. Roth cité par P.-S. Choumoff dans « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 108. (2) : Voy. P.- S. Choumoff, Les chambre à gaz …, déjà cité, p. 19. (3) : Voy. le jugement de M. Roth, cité par P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 108. (4) : Voy. le témoignage d’Alois Höllriegl, cité par P.- S. Choumoff, Ibid ., p. 116. Il ne s’agit pas de son témoignage produit le 2 janvier 1946 à Nuremberg (doc. PS-2753, voy. p. 106, note), mais d’un autre, postérieur et plus précis. Cela ne doit pas étonner. Quand l’Accusation pouvait compter sur un Allemand prêt à col- laborer, elle l’utilisait à de multiples reprises lors des procès d’après-guerre (voy. le cas Pfannenstiel dans le dossier du camp de Belzec…). (5) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassi- nats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 105. (6) : « There was also a radiator, lighting, electric ventilation (in the ceiling) and a length of pipe with a 0.5-cm-wide and 80-cm-long slit, invisible to the victims, on the wall side. The pipe was connected to the gas conduit in a room next to the gas chamber. » [http:// en.mauthausen-memorial.at/index_open.php. 110 Sans Concession

Ici, les « 80 cm » ne sont plus la d’eux-mêmes l’impossibilité de re- hauteur de l’orifice, mais la lon- constituer le (prétendu) circuit du gueur de la fente pratiquée dans le gaz, ce qui empêche toute vérifica- tuyau. En dépit, donc, de quelques tion. Dans son deuxième divergences matérielles résiduelles, « Rapport », Fred Leuchter, qui a la thèse officielle a évolué pour gom- expertisé le local, écrit : mer ses incohérences et devenir ain- Au plafond du côté ouest, on trouve un si plus crédible, ce qui n’est pas un prétendu conduit de gaz mais on ne peut gage de véracité. vérifier la destination de ce conduit car le sol de la pièce qui est au-dessus a été Des indices matériels qui ont… refait [1]. disparu Il est d’ailleurs intéressant de Mais une autre remarque est en- souligner que dans l’article entière- core plus importante. Dans leurs ment consacré à la (prétendue) textes, les auteurs utilisent l’impar- chambre à gaz de Mauthausen, les fait : il y « avait » un tuyau qui auteurs s’abstiennent prudemment « était » relié au conduit de gaz ; un de montrer ce « conduit ». Ils n’en tuyau blanc « partait » de cette parlent même pas, préférant disser- pièce. Donc, tout cela n’est plus. Et ter longuement sur le réel tuyau en effet, ceux qui iront visiter la d’eau qui « entre dans la chambre à douche de Mauthausen constateront gaz à travers le mur sud » [2].

Intérieur de la « chambre à gaz » de Mauthausen. Le « petit tuyau » d‘admission du gaz (à 80 cm du sol ou plus haut) devait se trouver sur le mur de gauche. Or, aucun élément matériel ne vient prouver qu‘il aurait existé.

(1) : Voy. le « Second rapport Leuchter » publié dans la Revue d’Histoire Révisionniste , n° 1, mai-juillet 1990, p. 81. (2) : Voy. « Mauthausen Gas Chamber », article consultable à l’adresse suivante : http://scrapbookpages.com/Mauthausen. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 111

En conséquence, rien ne vient dé- L’excuse habituellement donnée montrer qu’un tuyau apportant du prétend que le 29 avril 1945, les Al- gaz toxique aurait existé dans les lemands auraient hâtivement sup- douches de Mauthausen. primé les appareils de gazage, « la conduite de gaz avec la fente longitu- ♦LA PRÉTENDUE « PIÈCE DE dinale étant également enlevée » [3], GÉNÉRATION DU GAZ » avant de restaurer les murs pour effacer toutes les traces de l’installa- J’ajoute ce qui suit : toutes les tion. Cependant, même à supposer versions officielles invoquent l’exis- qu’ils aient recouvert d’enduis et re- tence d’une « petite pièce, adjacente peint, une fouille minutieuse aurait à la chambre à gaz » et qui aurait permis de dévoiler les anciens trous abrité l’appareillage destiné à la et les anciennes marques diverses. production du poison mortel. Dans Fred Leuchter écrit avec raison : leur ouvrage déjà cité, E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl préten- De plus, une pièce adjacente aurait ser- dent que l’on « peut voir aujourd’hui vi, dit-on de chambre de contrôle pour encore les restes de cette installation l'admission du gaz (apparemment il ne s'agissait pas de « Zyklon B » sous sa de gazage » [1]. C’est un mensonge. forme solide mais de véritable gaz cyan- Aucune trace ne peut être relevée hydrique). Il n'existe aucune installation dans cette pièce qui trahirait la pré- sur place pour assurer cette fonction et sence, à une époque quelconque, il n'existe pas non plus de preuve qu'on aurait enlevé une telle installation. […]. d’un appareillage de ce genre. C’est Il n'y a rien qui indique que la préten- si évident que d’autres auteurs par- due chambre de contrôle ait jamais exis- tisans de la thèse officielle déclarent té [4]. honnêtement : Preuve photographique ? Aujourd’hui, il n’y a aucune preuve de l’existence d’un quelconque Pierre-Serge Choumoff tente de « appareillage de gazage » dans cette pièce [2]. sauver la thèse officielle en invo-

Fragment d‘un plan en perspective du sous-sol du Bunker de Mauthausen (voir page suivante)

Pièce de génération du gaz Zyklon

Chambre à gaz

(1) : Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit. , p. 222. (2) : Voy. « Mauthausen Gassing Apparatus Room », article consultable à l’adresse suivante : http:// scrapbookpages.com/Mauthausen. (3) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 125. (4) : Voy. le « Second rapport Leuchter », déjà cité, p. 81. 112 Sans Concession

Vue en perspective du sous-sol du Bunker de Mauthausen (voy. P.-S. Choumoff, Les chambre à gaz de Mauthausen , 1972, planche h.t.).

I : Chambre à gaz II : Pièce de génération du gaz Zyklon VI : Salle des exécutions (pas par gaz) VII : Vestiaire La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 113

Plan du Bunker de Mauthausen annoté lors du procès de Martin Roth. (Voy. Le Monde Juif , juillet-septembre 1986)

Notez qu‘il s‘agit finalement d‘un document d‘après guerre. C‘est la preuve qu‘aucun plan d‘époque n‘a été retrouvé sur lequel on trouverait la mention « chambre à gaz ». 114 Sans Concession

Première page du rapport (longtemps « confidentiel ») de Jack H. Taylor, Américain fait prisonnier et envoyé à Mauthensen quant l’existence d’une preuve pho- introduites (voir ci-contre). Mais il a tographique. Il déclare : été pris à l’extérieur et au sol, preuve que l’appareillage était dé- Dans cette petite pièce que j’ai appelée monté. Celui du haut de la page 11 « la pièce de génération du gaz Zyklon », montre certes un ventilateur impo- ici il y avait l’appareillage que l’on a en- levé maintenant (mais une photo a été sant, mais lui aussi repose à l’exté- prise par cet Américain, Jack Taylor). rieur, posé sur le sol au milieu de C’est dans cet appareil que l’on mettait briques éparses, sans aucun sys- les boîtes de Zyklon B, chauffées par des tème de branchement. En l’absence briques mises sous l’appareil (le Zyklon d’autre renseignement, il est donc B a besoin de 27° pour se sublimer)*. impossible de savoir d’où venaient

ces appareillages. A mon avis, il s’a- Le lecteur inattentif croira qu’en gissait d’inoffensives pièces ayant 1945, une photo de la petite pièce appartenu à une chambre d’épouil- avec l’appareillage encore en place a lage au Zyklon B. On a vu en effet été prise par J.-H. Taylor. Mais c’est comment J.-H. Taylor a détourné les faux. Longtemps « confidentiel », le directives données à ceux qui s’occu- rapport de cet Américain a finale- paient de la désinfection des vête- ment été rendu public en 2005 ou ments au Zyklon B pour les présen- 2006. Je me suis procuré une copie ter comme des directives criminel- de l’original, avec les photos. Les cli- les. Lui et ses comparses ont donc chés importants se trouvent aux pa- pu récupérer des ventilateurs ayant ges 10 et 11 de la troisième partie. appartenu à la chambre d’épouillage Celui du bas de la page 10 montre la pour en faire des soufflants de « caisse en métal » dans laquelle des chambre à gaz homicide. boîtes de Zyklon B ouvertes étaient

* http://www.campmauthausen.org/Ch.%20Connaitre/Temoignages/temoignages.html #bunker. Je souligne que l’acide cyanhydrique ne se « sublime » pas, c’est-à-dire qu’il ne passe pas directement de l’état solide à l’état liquide. Contenu sous forme liquide dans les pastilles diatomées, il se vaporise tout simplement… La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 115

Deux clichés très important publiés dans le rapport de J.-H. Taylor sur Mauthausen. Ci-dessus : l‘appareillage qui se serait trouvé dans la « pièce de génération du gaz Zyklon » contiguë à la (prétendue) chambre à gaz homicide. Ci-dessous : un ventilateur qui aurait été installé dans la (prétendue) chambre à gaz homicide. Mais ces éléments sont au sol et, sans autre expertise, on ignore d‘où ils viennent 116 Sans Concession

Page 10 du rapport de Jack H. Taylor La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 117

Page 11 du rapport de Jack H. Taylor 118 Sans Concession

Une pomme de douche dans la prétendue chambre à gaz de Mauthausen. On constate qu‘elle est réellement reliée à une tuyauterie d‘eau.

♦RÉALISME ALLEMAND ? comprenant seize pommes de dou- che ; un simple robinet suffit, sur Ajoutons que si, vraiment, les Al- lequel on adaptera un tuyau d’arro- lemands avaient voulu déguiser un sage. local de mort en salle de bain, les ♦ douches auraient été factices. Or, DES « PREUVES MATÉRIELLES » les historiens officiels reconnaissent Ne pouvant montrer ni le « petit eux-mêmes que de l’eau non seule- tuyau » d’admission du gaz, ni ment froide, mais aussi chaude pou- l’ « appareillage de gazage » en place vait en sortir [1]. Encore une fois, dans la pièce adjacente, P.- P.-S. Choumoff tente d’expliquer S. Choumoff annonce tout de même cette anomalie en disant : qu’il va produire des « preuves maté-

J’attire votre attention : c’est une instal- rielles ». C’est à la page 24 de son lation de douche, il s’agit de douches livre publié en 1972 : « Après ces té- réelles ; à Mauthausen, les douches sont moignages , écrit-il, passons mainte- réelles, toute chambre à gaz a besoin nant aux preuves matérielles … » En- d’une alimentation en eau pour nettoyer fin ! Mais quelles sont-elles ? L’au- les locaux [2]. teur nous les dévoile sans attendre.

Ce sont : Je me contenterai de lui répondre que pour nettoyer (même régulière- les bons de livraison du gaz Zyklon ment) une pièce de 14 m², il n’est conservés, entre autres, à Munich […], nul besoin de construire un système et à Coblence (Archives allemandes offi- cielles) [ Ibid ., p. 24].

(1) : « La chambre à gaz […] était équipée […] de seize pommes de douche et d’une arrivée d’eau chaude et froide » (voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 105. (2) : http://www.camp- mauthausen.org/Ch.%20Connaitre/Temoignages/temoignages.html#bunker. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 119

A la page 25, il montre la photo- Ce poids du Zyklon B était déjà suffisant copie d’une lettre datée du pour asphyxier environ 100 000 person- nes [ Ibid ., p. 26]. 25 janvier 1943 et qui « porte men- tion de la fourniture de 480 kg de A la page 61, toutefois, l’auteur Zyklon B à Mauthausen en 1942 ». déclare qu’entre 1940 et 1945, le Plus loin, il écrit : nombre de gazés à Mauthausen (y

compris les annexes d’Hartheim et

Une livraison de Zyklon-B pour Mauthausen le 25 janvier 1943. P.-S. Choumoff la considère comme une « preuve matérielle » de l‘existence d‘une chambre à gaz homicide dans ce camp. 120 Sans Concession de Gusen) aurait formé un total d’environ 34 000 personnes. Dès lors, le néophyte pourra se deman- der pourquoi, rien qu’en 1942, Mau- thausen aurait reçu trois fois la dose de gaz nécessaire. La réponse se trouve, entre autre, dans le rapport de J. H. Taylor. Celui-ci a écrit :

Le gaz utilisé [pour asphyxier] était le cyanure Cyclone B, (voir échantillon) une poudre granulée contenue dans des boîtes d’un demi-litre, le même qui était utilisé pour la désinfection des vête- ments. Le Zyklon-B. Ce produit étant un insecti- cide, un bon de livraison dans un camp

n‘est pas la « preuve matérielle » de Cette précision capitale, P.- l‘existence d‘une chambre à gaz homi- S. Choumoff s’est bien gardé de la cide. rapporter à ses lecteurs. Dans son ouvrage de 1972, tout juste a-t-il no- berg comme « pièce à conviction » — té, en passant, que le Zyklon B, nom et reproduite par P.S. Choumoff « donné à des préparations d’acide p. 28 — ne peuvent être considérées cyanhydrique (HCN) à haute en elles mêmes comme des preuves concentration », « avait été mis au de gazages homicides. Pour qu’elles point vers 1924 en tant qu’insecti- le deviennent, il faut démontrer cide » [1]. Seize ans plus tard, il se l’existence d’une chambre à gaz ho- contenta d’écrire au détour d’une micide dans le camp. Et c’est préci- ligne : sément ce que P.-S. Choumoff se ré- vèle incapable de faire. Le Zyklon B était donc délivré à la phar- macie SS qui le stockait et le délivrait ♦ ensuite pour des usages de désinfection CONCLUSION et pour la chambre à gaz [2]. En conclusion, nous pouvons dire On peut donc dire qu’en 1972 qu’à Mauthausen : comme en 1986, P.-S. Choumoff a caché à ses lecteurs l’utilisation - il n’existe aucune preuve qu’un abondante et régulière du Zyklon B appareillage générateur de gaz toxi- dans les camps allemand afin de que aurait été installé dans une pe- préserver la bonne hygiène. La rai- tite pièce adjacente à la salle de son de son silence est évidente : douche ; quand on sait qu’à Mauthausen (et - la première version officielle ailleurs) l’épouillage se faisait avec prétendant que le gaz arrivait direc- de l’acide cyanhydrique, alors ni des tement par les douches a été aban- commandes de Zyklon B, ni la photo donnée, tant elle était inepte ; d’une boîte de Zyklon B trouvée à - il n’existe aucune preuve qu’un Mauthausen et montrée à Nurem- conduit aurait existé pour amener

(1) : Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz …, déjà cité, p. 24. (2) : Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif , juillet-septembre 1986, p. 123. La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 121

Version française du « Second Rapport Leuchter » publiée dans la Revue d‘Histoire Révisionniste , n° 1, p. 59. les vapeurs toxiques dans la salle de Désolé, mais je ne marche pas. douche ; Au rêve, je préfère la réalité. Et à - gazer 120 personnes dans une Mauthausen, cette réalité a très telle pièce aurait provoqué une ca- bien été décrite par Fred Leuchter tastrophe due au gaz qui serait res- qui souligne : té entre les corps et qui se serait en- suite répandu dans tout le bâti- L'éclairage [de la salle de douche] n'est ment ; pas à l'abri des explosions mais simple- ment résistant à l'eau […]. D'après la - les commandes de Zyklon B ne façon dont elle est construite, celle ins- sont pas la preuve d’un quelconque tallation semble avoir été conçue, et plus massacre de masse, puisque ce pro- tard utilisée, seulement en tant que duit était utilisé pour la désinfection salle de douche. On n'y trouve aucun des vêtements. élément qui pourrait prévenir les fuites de gaz ; l'éclairage n'est pas à l'abri des explosions ; le drain d'évacuation per- Croire en l’existence d’une cham- mettrait des fuites vers les égouts et bre à gaz homicide à Mauthausen rien n'est prévu pour l'introduction du nécessite donc de recourir à l’imagi- gaz ou l'évacuation du mélange gaz/air nation. Il faut imaginer le généra- après une exécution. On trouve en outre des tuyaux de chauffage à vapeur d'eau teur de gaz installé dans la petite (radiateurs) sur le mur nord-ouest de la pièce, imaginer le conduit d’admis- chambre, qui auraient très probable- sion du gaz dans la salle de douche, ment provoqué une explosion si du gaz imaginer les Allemands assez stupi- cyanhydrique avait été introduit dans la des pour nettoyer 14 m² avec seize pièce. Enfin, toutes les pommes de dou- che sont en état de fonctionnement et la pommes de douches ; enfin, il faut conception générale est incontestable- imaginer une ventilation miracu- ment celle d'une salle de douche*. leuse, contraire à toutes les lois phy- siques…

* Voy. le « Second rapport Leuchter », déjà cité, pp. 81-82. 122 Sans Concession

C’est si évident que le 23 mai tration. Même si la déportation des poli- 1986, à l'occasion d'un violent débat tiques et l’extermination des Juifs sont deux plans qui se sont régulièrement à « Radio Europe-1 », sur l'affaire entrecroisés, il est impossible de les Roques, Claude Lanzmann contredit identifier si ce n’est à perdre la singula- le ministre Michel Noir qui s'était rité de chacun de ces plans. Le choix de permis de parler de la chambre à la chambre à gaz de Mauthausen est de gaz de Mauthausen ; jamais, lui dit- plus un choix désastreux car, dans l’état actuel des connaissances historiques, il, il n'y avait eu de chambre à gaz aucun gazage massif n’a eu lieu, elle n’a dans ce camp. Certes, par la suite, quasiment pas servi, ce qui est d’ailleurs C. Lanzmann, s’est rétracté. Mais un argument servi aux négationnistes*. dans sa lettre de rétractation pu- bliée par Le Monde Juif (juillet- On le voit, plus les années pas- septembre 1986, p. 97), il n’explique sent et plus la prétendue chambre à pas ce qui a pu le faire changer d’a- gaz de Mauthausen devient évanes- vis et il minimise l’utilisation de ce cente — ce qui n’empêche pas les local de mort, parlant de autorités de continuer à tromper les 3 000 gazés tout au plus avant d’a- élèves et les touristes. Un jour, il jouter : « Infiniment plus nombreux faudra bien reconnaître la vérité. furent les prisonniers pendus, fusil- Cette vérité que, dès 1994, un an- lés, exécutés d’une balle dans la nu- cien déporté à Mauthausen, que ou morts tout simplement de Louis Recordeau, n’avait pas hésité faim, de misère et de mauvais traite- à asséner quand, dans un témoi- ments ». gnage en faveur de V. Reynouard, il J’ajoute qu’en 2006, critiquant le avait clairement écrit : film The Ister dans lequel la (prétendue) chambre à gaz homicide Je soussigné Recoudeau Louis […] : de Mauthausen était montrée, Gré- - Interné au Camp de Concentration de Mauthausen (motif : ancien volontaire gory Chatonsky a lui aussi minimisé des Brigades Internationales) du 30 mai en ces termes : 1941 au 25 avril 1945 (47 mois), sous le matricule 3 105 ; La première erreur porte sur le choix du - J’affirme sur l’honneur que ce camp ne camp, il a beau être à proximité du Da- comportait pas de Chambre à Gaz pour nube, il n’est pas à proprement parler l’extermination des détenus [voir page un lieu d’extermination mais de concen- suivante].

* http://incident.net/users/gregory/wordpress/06-the-ister/ La prétendue chambre à gaz homicide de Mauthausen 123

Déclaration d‘un ancien déporté à Mauthausen, Louis Recordeau, certifiant qu‘il n‘y avait pas de chambre à gaz homicide dans ce camp. 124 Sans Concession

DOSSIER

« L’AFFAIRE WILLIMASON »

Le « coup de tonnerre » du avril 2002 (Jean-Marie Le Pen qualifié pour le second tour de l’élection prési- dentielle) a démontré, dans une expé- rience d’ampleur nationale, que l’ « Holocauste » était l’arme n° 1 em- ployée dans le domaine politique contre la vraie droite. L’affaire Williamson début 2009 a démontré, dans une expérience d’am- pleur mondiale, l’importance capitale acquise par le mythe de l’ « Holocaus- te » dans le domaine religieux.

Mais comme souvent, les événe- ments se sont succédés trop rapide- ment. Il est donc important d’y reve- nir et de les analyser calmement afin d’en tirer les conclusions qui s’impo- sent.

En publiant ce dossier, nous espé- rons ouvrir les yeux aux aveugles vo- lontaires qui, depuis des années, répè- tent, pour mieux le croire, que l’ « Holocauste » serait un événement passé, sans aucune conséquence au- jourd’hui. Marie Pererou

125

DES « TRADITIONALISTES » LAMENTABLES

par Vincent Reynouard

a Providence suscite par- fois des expériences « grandeur nature » qui ap- L portent des réponses clai- res à des questions controversées.

♦LES LEÇONS DU 5 MAI 2002

Rappelons-nous par exemple le 5 mai 2002. Depuis des années, cer- tains au FN invoquaient l’existence, en France, d’une « majorité silen- 5 mai 2002 : la gifle électorale infligée à JM Le Pen démontre l‘efficacité de la cieuse » dont l’expression aurait été propagande fondée sur l‘ « Holocauste ». entravée — découpages électoraux, scrutins majoritaires… — mais qui La gifle électorale du 5 mai 2002 aurait été prête à donner de la voix eut raison de leurs folles espéran- au premier choc social. Pour eux, le ces. L’expérience grandeur nature combat doctrinal et plus encore le démontra que cette « majorité silen- combat révisionniste étaient inuti- cieuse » était un rêve et que dans les les, voire nuisibles, parce que « ce moments où la droite nationale n’était pas ce qui intéressait le petit montrait son visage, le prétendu peuple confronté au chômage, à l’im- « Holocauste » permettait de créer migration et à l’insécurité ». Le l’unité contre elle. 21 avril au soir, oubliant que la deuxième place de Jean-Marie Le ♦LES DEÇONS DE L’AFFAIRE W ILLIAM- Pen était due à l’effondrement im- SON prévu de Lionel Jospin, ces gens crurent leurs analyses confirmées et L’affaire Williamson est une le grand moment arrivé. Ils voyaient deuxième expérience « grandeur na- déjà le chef du FN à 40 %, voire ture », au niveau mondial cette fois. vainqueur du deuxième tour, ce qui Imaginez une bête féroce qui dort et aurait été le prélude à une re- qu’il faut neutraliser. Vous lui tirez conquête du « pays légal » par le une flèche dans la tête ; le projectile « pays réel ». se casse sur le front n’occasionnant 126 Sans Concession chez le monstre qu’un simple gémis- on doit condamner les Israéliens sement. Peu après, une petit souris pour ce qu’ils font aux Palesti- grimpe sur son ventre ; à ce mo- niens ». Les antisionistes croient ment-là, la bête se réveille, se met à avoir trouvé l’argument massue, dé- grogner, se gratte furieusement et finitif et imparable. Aussi se détour- s’agite en tout sens. Qu’en déduirez- nent-ils du révisionnisme qui ruine- vous ? Que son ventre est à l’évi- rait leur dialectique. En janvier der- dence son point faible. nier, encore, le Belgo-Palestinien Bichara Khader, directeur du Cen- Les stratégies inefficaces tre d’études et de recherches sur le monde arabe contemporain, lança : Il en est de même avec de nom- breux grands problèmes actuels. Aucun Arabe n’a intérêt à faire com- Prenons par exemple la question du merce avec le négationnisme. Le na- Moyen-Orient et d’Israël. Dans les zisme et la Shoah sont des faits histori- ques avérés, on ne revient pas là- manifestations antisionistes, les dessus*. partisans de la cause palestinienne brandissent des pancartes du Peu auparavant, il développait genre : « Nazisraël », « Juifs = Na- l’éternel discours victimaire en di- zis », « Gaza pire qu’Auschwitz »… sant : Le message implicite est le suivant : « Les Palestiniens d’aujourd’hui Je m’inquiète depuis plusieurs années sont les juifs d’hier. De la même fa- de la montée du racisme dans une Eu- çon que l’on condamne les nazis rope aujourd’hui frappée par une crise pour ce qu’ils ont fait aux juifs, économique, mais aussi éthique. Dans ce

Pancartes et banderoles vues dans une manifestation antisioniste orga- nisée à Bruxelles suite aux événe- ments survenus dans la « bande de Gaza ». La dialectique « juifs = na- zis = criminels » est sans cesse uti- lisée.

* Voy. Le Vif/L’Express , 16 janvier 2009, p. 23, col. C. Des « traditionalistes » lamentables 127

Un « idiot utile » : le Belgo-Palestinien Bichara Khader, directeur du Centre d‘études et de recherches sur le monde arabe contemporain, rejette tout révisionnis me.

contexte, on cherche des boucs émissai- nous vivons ne veut plus de nous, il y a res pour se conforter dans sa propre un pays qui nous attend les bras ouverts identité. Les musulmans comme les juifs et dans lequel nous pouvons nous expri- en souffrent. A ce niveau, ils sont dans mer et vivre sans crainte. Alors pour le même camp… [ Id .] répondre à ceux qui nous demandent si Israël est un problème pour les juifs de Face aux slogans qui les compa- la Diaspora, la réponse est : NON Israël n’est pas un problème. Israël, est la so- rent aux « nazis », les juifs poussent lution !* des lamentations outragées. Mais cela ne va guère plus loin. En parti- On comprend donc pourquoi cet culier, les porteurs de pancartes ne anti-sionisme ne provoque guère de sont ni poursuivis ni condamnés. tempêtes médiatiques. Quand l’ad- Pourquoi ? Parce que, finalement, versaire est assez bête pour renfor- cette stratégie sert Israël. En pré- cer la position de celui qu’il combat, sentant le prétendu « Holocauste » mieux vaut le garder en état de lut- comme un fait avéré et en l’invo- ter. quant, ces manifestants renforcent le principal argument moderne du Les militants « pro-vie » aussi discours sioniste : né des cendres de la Shoah, Israël doit exister pour Il en va de même avec les mili- que les juifs puissent réagir et se tants « pro-vie » qui comparent sans protéger en cas de nouvelle vague cesse l’avortement à l’ « Holocauste » antisémite. Dans le dernier Fax de et qui font circuler un dessin mon- Jérusalem et du monde juif , ainsi, trant Adolf Hitler tendant la main à l’éditorialiste a écrit : Simone Veil. Depuis trente ans, les pouvoirs en place les laissent utili- Mais nous ne sommes plus en 1939, ser cette dialectique qui n’a rien pu nous ne sommes plus obligés de subit cette haine, nous n’avons p)lus à être empêcher, puisque l’avortement dé- des boucs émissaires. Car si le pays où rive des Droits de l’Homme qui se

* Voy., Fax de Jérusalem et du monde juif , n° 381, 24 mars 2009, p. 1. 128 Sans Concession

L‘éternelle dialectique stupide des « pro-vie ». Ils semblent ignorer que le mythe de l‘ « Holocauste » a permis l‘imposition définitive des Droits de l‘Homme qui fondent l‘argumentaire des partisans de l‘avortement. sont imposés grâce au prétendu tions, imprécations, révocation de « Holocauste »*. son poste de directeur, expulsion du pays où il réside, demandes d’excu- « Sionisme = nazisme », ses, exigence d’une rétractation « avortement = Holocauste », « sang claire, lancement annoncé d’un contaminé = crime contre l’humani- mandat d’arrêt européen… Pendant té », « Bush = Hitler », « capitalisme plusieurs semaines, le vent cycloni- = fascisme », « Nouvel ordre mondial que de la colère a balayé le monde = Auschwitz pour tous »… autant de entier. slogans sans aucun effet ; autant de flèches qui se cassent sur le front de La conclusion qui s’impose la bête endormie sans même la ré- veiller… Et pas seulement soufflé par les juifs. En France, « Mgr » Pierre d’Or-  Un obscur évêque met le monde nellas a tonné : en transe

En revanche, qu’un obs- Mgr Williamson a parlé... cur évêque appartenant à une frange ultra- minoritaire de la chrétien- té conteste calmement pendant deux minutes l’existence des chambres à gaz homicides allemandes et le monde entier entre en transe : condamna-

* Voy. V. Reynouard. Lettre à M gr Fellay (VHO, 2009), pp. 7-11. Des « traditionalistes » lamentables 129

Oui, il n’y a aucune place pour eux [les l’existence des chambres à gaz d’Aus- « propos négationnistes »] dans l’Église ! chwitz [2]. Ils sont « abjects », comme le dit le Grand Rabbin Gilles Bernheim ; ils in- De son côté, « Mgr » d’Ornellas n’a sultent gravement nos frères juifs, car ils insultent l’alliance que Dieu a scellée pas hésité à écrire que, pour les avec eux [1]. chrétiens, la « vérité histori- que » (comprenez : l’ « Holocauste ») Comme dans le cas de la bête fé- « a une signification spirituelle ». Et roce, la conclusion s’impose : le my- d’expliquer : the de l’ « Holocauste » est le princi- pal point faible chez les partisans La volonté d’extermination du peuple juif (la « solution finale » adoptée à la du Nouvel ordre mondial (qu’ils conférence de Wannsee le 20 janvier soient religieux, agnostiques ou 1942) est un blasphème contre Dieu qui athées). Dans le cas contraire, ils a fait alliance avec lui […]. n’auraient pas réagi ainsi. La Shoah est un drame unique et indici- Pourquoi est-ce le principal point ble. Rien ne lui ressemble. La nier, c’est nier la volonté diabolique de détruire faible ? Tout d’abord parce que le l’alliance que Dieu a scellée avec son mensonge de la Shoah est une clé de peuple. Le chrétien qui reconnaît à quel voûte. Le président de Comité cen- point cette alliance est vitale pour lui, tral des catholiques allemands, ne peut que s’insurger contre tous les Hans Joachim Meyer, l’a confirmé propos négationnistes […]. Cette insulte est insupportable et inacceptable pour quand il s’est demandé comme les chrétiens qui savent qu’en Jésus ils Mgr Williamson avait pu : ont part à l’alliance « nouvelle et éter- nelle » [3]. s’exprimer « autant à la légère » sur une question aussi « fondamentale » que

Yad Vashem, en Israël : le temple de la nouvelle religion mondiale. Ci-dessous, le monument symbolisant le dogme central des « six millions »

(1) : Voy. Église en Ille-et-Vilaine , n° 151, 16 février 2009, p. 13, col. B. (2) : Voy. le Nouve- lObs.com , 27 février 2009, article intitulé : « Juifs et catholiques fustigent Mgr Williamson ». (3) : Voy. Église en Ille-et-Vilaine , n° 151, 16 février 2009, p. 13, col. A. 130 Sans Concession

Tous ces discours démontrent Tu sais, en privé, je suis entièrement que, loin d’être un « point de détail » d‘accord avec toi. Mais... dans la situa- de l’Histoire, l’ « Holocauste » est de- tion actuelle… tu comprends, je ne peux pas te suivre, et… venu une véritable question d’es- sence religieuse. C’est le dogme cen- tral de la nouvelle religion mon- diale, donc la clé de voûte du Nouvel ordre mondial. Mais en y regardant de près, on constate d’importantes fissures dans cette pierre qui, en conséquence, menace d’éclater en mille morceaux. Telle est la raison pour laquelle, dès qu’une personne y touche — même s’il s’agit d’un obscur évêque sans juridiction — les gardiens endormis du temple se réveillent, entrent en L‘éternelle excuse donnée aux judas. En transe et réclament à grands cris la privé, ils sont clairvoyants, purs, sans mise à mort (sociale) du gêneur. concession et très courageux.

♦LAMENTABLES « TRADITIONALISTES » Je connais cet argument qui consiste à invoquer les convictions Face aux vociférations, les diri- intimes ; on me l’a déjà sorti pour geants de la Fraternité Sacerdotale un Dominique Venner, un Pierre Saint-Pie X (FSSPX) ont baissé Vial et un Alain de Benoist. « Ils culotte dans un lamentable specta- sont révisionnistes » m’a-t-on chu- cle qui dépassait le Moulin Rouge et choté pour excuser leur manque de dont l’apothéose fut l’entretien ac- soutien à la cause de la vérité histo- cordé par M gr Fellay (supérieur de la rique. Je note simplement que FSSPX) à Bild . Un véritable streap- quand un homme public est accusé tease intellectuel pour le ravisse- pour ses mœurs dissolues, on en- ment d’un public politiquement cor- tend souvent répondre : « C’est sa rect. Un fidèle abonné nous a écrit : vie privée, cela ne nous regarde pas ». Eh bien ! je formule la même Nos ennemis n’ont aucun mérite de réponse pour le révisionnisme. leurs victoires. Ils n’ont même pas be- Quand elles restent dans le cadre soin d’enfoncer des portes ouvertes. Des privé, les convictions d’un homme larbins se prosternent pour les leur ou- vrir en grand et leur demandent ce public ne doivent pas être prises en qu’ils doivent faire pour être encore plus compte ; ce qui importe, ce sont ses zélés dans leur esclavage dont ils raffo- déclarations publiques et/ou ses si- lent. lences gardés en public. B. Fellay et ses confrères pensent ce qu’ils veu- L’argument tiré des convictions lent, je m’en moque tant qu’ils ne affichées en privé montent pas au créneau pour défen- dre une Sylvia Stolz, un Certains ont tenté de justifier Mgr Williamson, un Ernst Zündel, cette stratégie : en privé, nous ont- un Germar Rudolf, un Horst Ma- ils dit, Bernard Fellay et ses proches hler, un Georges Theil ou un Vin- sont d’accord avec M gr Williamson. cent Reynouard. Des « traditionalistes » lamentables 131

L’absence de réaction chez les voir avec le négationnisme […]. On ne prêtres et les fidèles « tradis » peut pas être antisémite et évêque ca- tholique, c’est contradictoire, il y a un truc qui ne fonctionne pas [2]. Mais ce qui m’a surtout peiné, c’est l’absence de réaction positive chez les prêtres et les fidèles dits Quand je lis cela, je suis heureux d’être « sédévacantiste » complet et traditionalistes ou apparentés au traditionalisme. Si l’on excepte une de ne fréquenter aucune chapelle traditionaliste. Ces gens n’ont abso- demi-douzaine de prises de position courageuse (dont l’une a valu à son lument rien compris. Et en premier lieu, ils n’ont pas compris que la vé- auteur une exclusion), les prieurés, rité historique reste indissociable de les couvents et les écoles se sont murés dans un silence profond, uni- la Vérité. Ma Lettre à M gr Fellay est parve- quement rompu par les voix condamnant les propos révisionnis- nue dans plus de 80 établissements traditionalistes. Résultat : une seule tes de M gr Williamson (c’est un im- prudent, un fou, un traître qui nous commande. a torpillés [1]). « Il préserver nos structures » Du côté des brailleurs victimes de complète cécité, la palme, me sem- Afin de justifier ce silence, on in- ble-t-il, revient à l’abbé Guillaume voquera la nécessité de préserver les de Tanoüarn qui a parlé d’ « idées structures, c’est-à-dire la Fraternité, », de propos extravagantes les séminaires, les couvents, les éco- « », de « monstrueux folies person- les, les journaux… Pitoyable straté- » avant de nelles d’un individu gie de comptable ! Ailleurs, j’ai ex- conclure : pliqué pourquoi tout était lié et

Il va falloir qu’il choi- pourquoi, à terme, le sisse entre son combat mythe de l’ « Holocaus- religieux et son combat te » condamne à mort le mystico-politico antisé- catholicisme. A l’aube mite. […] ce big-bang du XXI ème siècle, celui médiatique va avoir pour qui prétend sauver l’Eu- effet de séparer plus vite que prévu le bon grains rope, la Civilisation, la de l’ivraie. Nous allons Race, la Foi, l’Église, avoir, d’un côté, des gens que sais-je encore… ne qui vont tenir davantage doit pas avoir une âme au négationnisme qu’à la de comptable frileux, foi catholique et, de l’au- tre côté, nous allons mais de révolutionnaire avoir les gens qui ont un entièrement donné à la combat religieux depuis cause défendue. Les 40 ans : un combat pour « cathos-tradis » se plai- la messe en latin et la gnent souvent du relati- théologie classique de Saint Thomas d’Aquin. L‘abbé de Tanoüarn. visme ambiant. Ils ont Ce gens-là n’ont rien à Un parfait idiot utile... raison. Mais dans de

(1) : Voy. notamment le texte intitulé : « Une aubaine pour les juifs et les modernistes » et dans lequel Philippe Ploncard d’Assac fustige « la provocation de […] Williamson », « les déclarations irresponsables de Mgr Williamson », « les déclarations intempestives de Mgr Williamson [qui] apportent des armes aux modernistes et aux juifs »… (2) : Voy. La Baule +, mars 2009, p. 6. 132 Sans Concession telles époques, le triomphe d’une idée nécessite de frapper les masses, c’est-à-dire d’aller jusqu’au sacrifice ou, au moins, d’accepter l’éventuali- té du sacrifice. En Allemagne, H. Mahler et S. Stolz l’ont parfaite- ment compris.

Nécessité du courage et du sacrifice

Je lisais il y a peu le petit livre de Joubine Eslahpazir intitulé : Les Re- ligions . L’auteur, diplômée de Scien- ces Po Paris, adopte le point de vue purement laïque du sociologue. Au chapitre intitulé : « Les préjugés contre le christianisme », elle écrit : Le sacrifice suprême de S. Pierre qui Il existe une quantité incroyable de pré- est mort pour la foi démontre, selon la jugés contre le christianisme. Notre sociologue (neutre) J. Eslahpazir, la choix s’est porté sur le plus farfelu mais réalité historique du Christ. Preuve paradoxalement sur le plus tenace, à que le courage et le sacrifice rendent savoir la réalité historique de Jésus*. crédible une idée, une thèse...

Elle lui oppose principalement dence, donc, face aux Romains et « la vie même des apôtres, notam- aux juifs. Ne les effarouchons pas. ment Pierre » : Efforçons-nous au contraire d’être connus, acceptés et estimés du Ce dernier en acceptant une vie d’er- monde entier ». L’Église naissante rance et en fin de compte le martyre a n’aurait alors connu ni les catacom- démontré la véracité de l’existence du Christ. En effet, si Jésus était juste le bes, ni les persécutions. Au produit de l’imagination des apôtres, contraire, elle aurait possédé ses bâ- comment concevoir le fait que ces der- timents (ses structures) dans Rome niers aient accepté de mourir pour lui ? et son premier pape serait mort Aucune personne sensée n’accepterait de dans son lit, estimé de l’empereur. se sacrifier à ses propres mensonges. Pierre a ainsi confirmé l’étymologie du Mais en contrepartie, le christia- mot « martyre », en arabe shehadat qui nisme serait resté une simple signifie « témoigner » : Pierre par son croyance parmi tant d’autres accep- martyre accepté volontairement a témoi- tées de l’empire romain et il serait gné de la véracité de l’existence histori- mort avec lui… que de Jésus [ Ibid ., pp. 107-8].

♦ Si saint Pierre et les siens DES CONSERVATEURS FRILEUX avaient eu des âmes de comptables, ils auraient dit : « Nous ne pouvons L’affaire Williamson a démontré pas menacer l’existence de l’Église qu’à quelques honorables près — à en exposant son chef à la mort. Pru- commencer par ceux qui lisent ce

* Voy. Joubine Eslahpazir intitulé : Les Religions . Le tour du monde des religion s (First Editions, 2008), pp. 106-7. Des « traditionalistes » lamentables 133

La revue traditiona- liste Fideliter , janvier 1986, p. 20 : les chapelles « tradis » érigées de façon sauvage et sans aucun statut canonique sont qualifiées de « paroisses ».

texte et qui soutiennent la cause ré- mand : « La ferveur s’était transfor- visionniste —, les « cathos- mée en piété, la piété en papelar- tradis » (toutes tendances confon- dise » [1]. Parlant de cette France, dues) ne sont pas d’authentiques Jean-Marie Lustiger a déclaré : révolutionnaires. Ce sont de simples « conservateurs » incapables de Il semblait que la société française était prendre le taureau par les cornes et « christianisée » parce que les rites so- ciaux s’identifiaient aux rites de la reli- de mener le combat essentiel. Leur gion catholique. Dans leur grande majo- rêve, comme le démontre leurs lec- rité, ceux qui naissaient étaient bapti- tures, c’est la société de la fin du sés, ceux qui entraient dans la puberté XIX ème siècle dans ce qu’elle avait faisaient leur première communion, encore de religieux et d’ordonné : les ceux qui se mariaient et ceux qui mour- raient passaient par l’Église. Tout ceci élèves en rang à l’école, les jupes recouvrait en réalité des situations très longues, le respect pour l’Armée, les variables de croyances et de convictions. ouvrages de piété, la « Croisade eu- Pensez-vous vraiment que le charistique », le drapeau frappé du XIX ème siècle ait été un siècle où la foi Sacré-Cœur, le socialisme du bon était unanimement partagée ? La bour- geoisie voltairienne de la fin du patron paternaliste avec ses ou- XVIII è me siècle, ou l’aristocratie oisive de vriers… Incapables de le réaliser — la fin du XVII ème siècle, en quel sens puisque 95 % de la population ne le étaient-elles christianisées ? [2] veut pas — les « tradis » reconsti- tuent cet univers dans leurs chapel- J.-M. Lustiger avait raison : l’illu- les (abusivement qualifiées de sion d’une France chrétienne venait « paroisses »), leurs pèlerinages et du fait que les rites sociaux s’identi- leurs écoles. fiaient encore aux rites de la reli- Ils paraissent ignorer que dans gion catholique. On était chrétien cette société de la fin du par habitude, parce que papa l’était, XIX ème siècle, l’ordre sur fond de re- parce que c’était bien de signer un ligion était un simple vernis de sur- registre de mariage à l’église… Mais face. Comme le dit le conte fla- depuis longtemps, la ferveur avait

(1) : Voy. A. de Lauwereyns de Roösendaële, Contes et légendes de Flandres (éd. Fernand Nathan, 1948), « L’Augif », p. 46. (2) : Voy. J.-M. Lustiger, Osez croire. Osez vivre (deux. éd. chez Gallimard, 1986), p. 194. 134 Sans Concession laissé place à la papelardise. Même Trop souvent en France, quand un si une majorité pensait encore que homme ayant des responsabilités de di- rection, se déclarait « social » il ne pou- la piété était préférable à l’irréli- vait s’évader de cette conception gion, le cœur des masses était dé- [paternaliste] de la condition du travail- christianisé. Or, comme l’a écrit leur. Lanza del Vasto : « si vous créez un La cité ouvrière, le patronage, la fanfare en vous un ordre et ne le rattachez à de l’usine, la compagnie de Boy-Scouts et le groupe des enfants de Marie, avec rien, cet ordre est une cage » [1]. tout ce que comportait de surveillance Pour ces masses déchristianisées, insidieuse, le maintien du « bon esprit » l’ordre fondé sur les lois strictes de parmi les ouvriers. Dieu était rattaché à rien ; c’était Si par réaction naturelle, les travail- donc une cage de laquelle il fallait leurs, qui ne voulaient pas être considé- rés comme des « braves gens » ou des s’extraire. Voilà pourquoi les cons- « bons garçons » mais comme des hom- ciences en avaient assez et aspi- mes et respectés comme tels, tournaient raient à autre chose. Dans un arti- le dos aux réalisations patronales, par- cle publié en 1941, un auteur fran- fois excellentes, et s’en allaient tout çais souligna : droit grossir les rangs communistes, qui en portait la responsabilité ? [2]

Ci-dessus : des jeunes « tradis » s‘en- gagent dans la Croisade eucharistique.

Exemple flagrant de tentative artificielle de faire revivre un passé à jamais révo- lu. Car une « Croisade » des enfants existait bien auparavant, mais le Pape en était le chef et les enfants s‘enga- geaient à accepter ses enseignements (voir ci-contre, la Documentation catholi- que , 8 juin 1935, p. 1549). Or, le chef de la Croisade eucharistique est le supé- rieur de Fraternité saint-Pie X et on ne ment de celui qu‘on leur présente comme pas dire que les petits « tradis » accep- le pape légitime. Éternelle incohérence tent, comme leur aînés, les enseigne- doublée d‘un sentimentalisme passéiste.

(1) : Voy. L. del Vasto, L’homme libre et les ânes sauvages (éd. Denoël, 1969), p. 24. (2) : Voy. Les cahiers franco-allemands , année 1941, article d’E.-A. Boulard, p. 258. Des « traditionalistes » lamentables 135

Les conservateur frileux ont re- poussé la dernière chance de l’Eu- rope : Hitler

Depuis plus d’un siècle, les conservateurs n’ont rien pu empê- cher. Et dans leur aveuglement dû à leur étroitesse d’esprit, ils ont laissé passer la dernière chance qui s’of- frait à eux : l’édification d’un empire européen révolutionnaire sous la di- rection de l’Allemagne nationale- socialiste. En 1943, l’ardent collabo- rationniste Martin de Briey fustigea ces individus qui, par haine du « boche », parce qu’il y avait eu l’Al- sace, le Lusitania , Reims, Louvain, Edith Cavell…, refusaient de pren- dre le bon parti. Dans Le Lien , il lança : Martin de Briey : ce collaborateur français avait compris que l‘Allemagne hitlérienne Trop d’entre nous vivent dans leur haine était le dernier espoir de l‘Europe, donc étroite comme au milieu d’un taillis qui qu‘il fallait taire les querelles nationale et les empêche de voir la forêt. Il est vrai se ranger à 100 % du côté des forces de que cette attitude de rétraction et d’iso- l‘Axe. Mais les conservateurs frileux pré- lement est un moyen facile de s’excuser férèrent trahir la cause européenne parce vis-à-vis de soi-même d’un égoïsme et qu‘il y avait eu Reims, le Lusitania , Lou- d’un manque de courage qui flattent des vain, l‘Alsace…, donc parce que l‘Allema- tendances trop humaines à se dispenser gne devait rester l‘ « ennemi hérédi- du sacrifice et de l’effort que postule l’ac- taire ». Inexcusable bêtise… complissement du devoir*. Moi, pour l‘Europe, j‘aurais sacrifié l‘Al- sace, la Lorraine, la Corse, la … Une haine franchouillarde qui Ce qui nous éviterait aujourd‘hui, de sa- sert de prétexte à toutes les crifier la civilisation blanche et chrétienne. lâchetés

Cette même « haine étroite » — franchouillarde ou belgicarde chez nous — qui excuse si facilement la lâcheté, existe encore aujourd’hui. Nos « tradis » en sont un lamentable exemple. Ils prétendent agir pour Dieu, lui obéir, mais ne cessent de trembler et de vouloir assurer leurs arrières. Or, comme l’écrivait Isa- belle Rivière :

La véritable obéissance ne connaît point de lois, de précautions ni de mesure. Oui, MM. les conservateurs, l‘Alsace Obéir, c’est se mettre tout entier au ser- est restée française, mais la France et l‘Europe sont sur le point de mourir… * Voy. Le Lien , n° 6, mars 1943, p. 2. 136 Sans Concession

vice de celui qui ordonne ; c’est se don- qui perdra sa vie pour moi, la retrouve- ner sans réserve et sans peur, soi et tout ra. ce que l’on possède ; c’est oublier son plaisir, sa commodité, son intérêt — du On pourrait paraphraser en écri- moins ce que l’on croit tel — c’est s’ou- vant : « Qui aime sa Fraternité, sa blier soi-même, corps et âme, c’est à la lettre devenir la chose du Maître [1]. “paroisse”, son couvent ou son école plus que moi, n’est pas digne de Loin d’être prêts aux catacombes, moi. » N’ayant pu servir de point de à l’illégalité, à l’errance et au dénue- départ pour une radicalisation sal- ment, nos « tradis » aiment avant vatrice, l’affaire Williamson mar- tout leur petite tranquillité dans quera le début de l’agonie de la leur petite « paroisse » avec leurs FSSPX. Car dans nos sociétés où belles messes, leurs beaux sanctuai- l’ « Holocauste » est devenu une res, leurs beaux costumes du diman- contre-religion obligatoire, ceux qui che, leurs belles bannières, leurs se sont trouvés mêlés au révision- belles kermesses... Accrochés à cet nisme n’ont guère le choix : s’ils re- univers aussi doux qu’anachronique, fusent de rester droits et de défen- ils vivent dans la peur de le perdre. dre la vérité jusqu’au sacrifice, alors Telle est la raison pour laquelle ils ils devront courber l’échine jusqu’à ne sauront tirer parti de l’affaire ramper aux pieds des puissants afin Williamson, alors qu’elle a claire- d’espérer quelques miettes du ban- ment démontré l’importance primor- quet. M gr Fellay a courbé l’échine diale du combat révisionniste pour parce qu’il veut voir les « tradis » la construction d’une société d’ordre « connus, acceptés et estimés dans le moderne (pas pour la chimérique monde entier » [2]. Demain, il s’age- résurrection d’un cadavre social nouillera ; après-demain, il rampe- mort depuis plus d’un siècle). ra…

Mais on ne laisse pas impuné- J’ose simplement espérer que ment passer les enseignements et suite à l’affaire Williamson de nom- les chances données par la Provi- breux anonymes ouvriront les yeux dence. Le Christ avait prévenu : et sortiront de leur conservatisme frileux pour se ranger parmi les Qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ! Qui aime sympathisants actifs non seulement son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas de la cause révisionniste, mais plus digne de moi ! […]. encore du combat global que le VHO Qui veut conserver sa vie la perdra ; et mène depuis plusieurs années.

(1) : Voy. Isabelle Rivière, Sur le devoir d’imprévoyance (éd. du Cerf, 1943), p. 195. (2) : Voy. son communiqué du 27 janvier 2009, reproduit dans ma Lettre à Mgr Fellay , p. 1, note.

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LE SUICIDE (PRESQUE) RÉUSSI DE LA FRATERNITÉ SACERDOTALE SAINT-PIE X

par Jean-Jacques Stormay.

es excommunica- nes par ceux qui tions frappant les les embrassent– quatre évêques leurs auteurs aient L ordonnés par Mon- eu l’intention de seigneur Lefebvre sans tromper les obser- mandat pontifical ont été vateurs, notre opi- levées récemment, comme nion serait proba- tout le monde le sait désor- blement faussée et mais, et l’événement s’est appellerait de ce pimenté à cause de la diffu- fait une révision. sion internationale des po- Mais cette erreur sitions révisionnistes de d’appréciation ne Monseigneur Williamson. Il serait pas imputa- en est résulté un certain Mgr Fellay, supérieur de la ble à notre fai- Fraternité Saint-Pie X nombre de déclarations des blesse de juge- uns et des autres, la plupart affli- ment. Elle serait à la charge de ces geantes, et qu’il est inutile de rappe- mêmes auteurs qui, s’ils entendent ler ici, d’autant que la série n’est exiger respect et considération, au- probablement pas close. Si rien de raient dû agir conformément à ce déterminant ne vient changer le qu’ils pensent. De plus, une telle er- sens –au double sens du mot reur, si erreur il y a, ne concernerait « sens »– des événements auxquels que les auteurs de telles ruses. nous assistons, force est d’avouer que la FSSPX n’en sort pas grandie, Avant que d’aborder le traite- c’est le moins que l’on puisse dire. ment de notre sujet, dissipons ce qui Les réflexions qui suivent n’ont nous paraît être un contresens ré- d’autre but que de rappeler aux lec- pandu dans (et probablement par) la teurs les enjeux théologiques et poli- FSSPX. « On » dit : « Le Saint-Père tiques du révisionnisme catholique. est malheureux, c’est lui qui est visé L’opinion que nous nous forgeons dans l’ Affaire Williamson, on a vou- est fondée sur des faits et des décla- lu le piéger ; les méchants compre- rations publics. Supposé que –pour naient bien que ce rapprochement des raisons par définition inaccessi- entre les Traditionalistes et Rome bles, mais considérées comme bon- se ferait à l’avantage de la Tradition 138 Sans Concession contre la frange moderniste qui sé- tiellement moderniste et apparem- vit au Vatican ; les prophètes de ment conservateur, qui fit, des cris malheur hostiles à tout rapproche- d’orfraie prévisibles de la judéo- ment retardent un processus béni maçonnerie internationale, autant par la Providence ; si Monseigneur d’instruments de sa manœuvre de Williamson avait su se taire, tout neutralisation de la résistance inté- aurait marché comme sur des rou- griste : en accordant la levée des ex- lettes, mais il a fallu qu’il parle et communications, il plaça la FSSPX qu’il pollue le débat avec ses décla- en position d’obligé, qui plus est d’o- rations révisionnistes intempesti- bligé sommé de souscrire, après la ves ; il est donc pour le moins oppor- publication –postérieure à la levée– tun de le faire taire et de mettre, des propos révisionnistes d’un mem- dans nos rangs, les contestataires bre de la FSSPX, à tous les diktats au pas »*. Ce raisonnement est à des modernistes, à peine de devoir nos yeux complètement faussé : enfiler la tunique de Nessus du révi- d’une part le révisionnisme n’est pas sionnisme. Et les modernistes du tout étranger au débat, comme connaissaient assez bien la direction nous l’établirons bientôt ; d’autre de la FSSPX (Monseigneur Fellay et part, si les « méchants » avaient les abbés du Chalard et Schmidtber- voulu faire capoter le rapproche- ger) pour prévoir qu’elle se refuse- ment entre FSSPX et Rome, ils au- rait, autant par cécité que par lâ- raient fait éclater la « bombe » Wil- cheté, à une vocation aussi héroï- liamson avant , et nous après la le- que. Les experts en machiavélisme vée des excommunications, car cette ne sont pas ceux que l’on croit. Les « bombe » eût immédiatement exclu premiers des « méchants » sont à la levée des excommunications et Rome. compromis tout rapprochement. A qui fera-t-on croire, en effet, que le L‘abbé du Chalard Vatican ignorait l’existence des dé- clarations de Monseigneur William- son, lesquelles furent faites plu- sieurs semaines avant la levée des excommunications ? Le Vatican, dont les services de renseignements sont probablement les mieux infor- més de tous les services de la terre, savait parfaitement que la diffusion des thèses révisionnistes de l’évêque anglais suivrait immédiatement cette levée. C’est pourquoi, de toute évidence, le « scandale Williamson » s’inscrit dans une stratégie parfaite- ment mûrie par un Vatican essen-

* « Les déclarations de Monseigneur Williamson, évidemment très malheureuses, même si elles ne nient pas pour autant l'horreur du nazisme, ont été tenues il y a plusieurs mois à la télévision suédoise qui les fit coïncider avec la publication du décret levant les excommuni- cations. Il paraît évident qu'il s'agit là d'une tentative de discréditer les Lefebvristes et, sur- tout, le pape » (voy. « Monseigneur Williamson se montre également conciliant », message du laciguena posté le 28 janvier 2009 sur : leforumcatholique.org). Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 139

♦ U N JUGEMENT PRÉMONITOIRE .

Au terme de la rédaction de son ouvrage Nihilisme, subjectivisme et décadence , Joseph Mérel compléta son travail par une annexe dont voi- ci le contenu prémonitoire :

Alors que la rédaction du présent travail venait juste d‘être achevée, un lecteur ami, qui préfère conserver l‘a- nonymat, me fit l‘honneur d‘en pren- dre connaissance, et cette lecture lui inspira les pertinentes remarques sui- vantes, riches d‘informations précieu- ses (les caractères en italique et/ou en gras sont des initiatives de l‘au- teur) :

Dans son pieux souci de défendre Pie XII, pendant la guerre, il se la mémoire du pape Pie XII contre rangea du côté des Alliés, donc de les accusations de « naziphilie » por- l‘URSS antireligieuse. tées à son encontre par les détrac- teurs du christianisme, le journa- “intrinsèquement pervers ”), “il n'y a rien contre le peuple russe” : l'Église a liste et critique littéraire Jean Sévil- condamné le communisme, elle n'a pas lia écrivit : condamné la Russie. Ainsi donc, le- vant leurs scrupules, Pie XII indique [...] qu'Hitler est considéré comme l'en- aux catholiques américains qu'ils peu- nemi de la civilisation chrétienne et que vent être les alliés de l'URSS . le pape place tous ses espoirs dans la résistance britannique et l'aide Il est difficile de ne pas discerner américaine . Et surtout que l'attaque de l'URSS n'est en rien considérée comme dans ces explications un acte de une croisade [...]. Les Etats-Unis ne fe- mauvaise foi. On dira que la Shoah ront partie des pays belligérants qu'à la justifiait toutes les alliances. Mais fin de cette même année (1941). Mais au qu’en est-il du sens théologique qu’il sein de la société américaine, entre les convient de reconnaître à la Shoah ? isolationnistes et ceux qui jugent le conflit inévitable, le débat est vif. Les catholiques, cependant, se posent une Si la Shoah est authentique, alors question. S'ils doivent se battre contre il faut être clair ; elle constitue, de l'Allemagne, ont-ils moralement le fait, la condamnation à mort, pure droit de le faire aux côtés de et simple, du catholicisme. A Aus- l'URSS, puissance athée ? Les évê- ques américains interrogent à ce sujet le chwitz, ce n'est pas le peuple juif qui cardinal Maglione, le secrétaire d'Etat a péri, c'est la chrétienté, aurait dit de Pie XII. Sa réponse, évidemment, ex- Elie Wiesel. Depuis que l'Église prime le point de vue du pape. Or qu'ex- conciliaire a levé le reproche qui pe- plique Maglione ? Que dans l'encyclique sait sur les juifs quant à leur res- Divini Redemptoris (dans laquelle Pie XI a défini le communisme comme ponsabilité particulière (comme peu-

* Voy. Historiquement correct . Ed. Perrin , pp. 378-379-380. 140 Sans Concession

Signature du Concordat entre le IIIe Reich et l‘Eglise. ple déicide) dans la crucifixion du conduit tout droit du Christ à Hi- Christ, une inversion de la théologie tler. Ce dernier n'a-t-il pas ratifié le catholique traditionnelle s’est inévi- concordat avec le Saint-Siège et tablement opérée, dont la logique payé son denier du culte jusqu'à la est si limpide qu’il n’est pas inconve- fin de sa vie ? Et l’antijudaïsme nant de se demander si la consécra- chrétien n’a-t-il pas préparé l’avène- tion quasi dogmatique de l’authenti- ment de l’antisémitisme hitlérien ? cité de la Shoah ne fut pas préparée Voilà quelle est l’« historiographie dans le but même de lever cet ances- profane » de la religion de l’ tral reproche, et à travers cela, de « Holocauste ». Dans cette perspec- lever les derniers obstacles à la tive, comment imaginer que le mes- montée victorieuse et anticatholique sage christique d'amour ait pu de l’esprit de Vatican II : à la place conduire à une telle horreur ? Assu- des juifs coupables de la mort du rément, dans ce cas, le Christ est Christ, ce sont désormais les chré- totalement déconsidéré et n'est tiens qui sont coupables de la mort qu'un imposteur, et c'est tout le ca- des juifs dans l’événement de tholicisme qui s'en trouve dynamité. l’« Holocauste ». Sans initiateur, pas Concernant Fatima, le Frère Mi- de chrétiens. Et donc, automatique- chel de la Sainte Trinité a écrit : ment, la faute en retombe sur le Christ, initiateur du dogme catholi- (...) Dès le 13 octobre 1942, le cardinal que : sans le Christ pas de christia- Schuster avait publiquement interprété le texte dans un sens nettement anti- nisme, sans christianisme pas d’ communiste (...). Le message dénonçait « Holocauste ». Il y a un chemin qui ouvertement la Russie soviétique, et Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 141

elle seule , comme l'instrument du châ- timent de Dieu (...) par les erreurs qu'elle répandrait dans le monde (...). Il y avait là de quoi rendre furieux nos théologiens démocrates-chrétiens et ré- sistantialistes : L'Union soviétique n'a-t- elle pas été le fer de lance de la “Croisade des démocraties” contre le seul et unique danger, celui de l'Al- lemagne nazie et du fascisme ? La Sainte Vierge, à coup sûr, se trompe d'ennemis... L'Allemagne, rendez-vous compte, n'est pas nommée dans le fa- meux secret... C'est très gênant ! Donc, Enzo Bianchi. ce n'est pas la Sainte Vierge qui a Avec raison, il déclare à propos de pu dire cela . Ce message dangereuse- ment politico-religieux n'est-il pas fort Fatima : « Un Dieu qui pense révéler contestable ? (...) On l'insinue habile- en 1917 que les chrétiens seront per- ment, on l'écrit avec des points d'interro- sécutés et qui ne parle pas de la gation, bientôt certains osent le soutenir Shoah et des six millions de juifs au grand jour*. n'est pas un Dieu crédible ».

Voici ce que l'on peut également nouveau pour juger de la réalité de l'apparition... (...) Un théologien laïc, lire dans la revue Aletheia n°2 du Enzo Bianchi (...), employait un argu- 15 août 2000 : ment similaire : “Un Dieu qui pense ré- véler en 1917 que les chrétiens seront La troisième partie du secret n'était pas persécutés et qui ne parle pas de la encore révélée (...) que le dominicain Shoah et des six millions de juifs n'est Cardonnel, dans Le Monde (3 juin 2000), pas un Dieu crédible ”. la contestait (...) : “Il m'est intolérable d'entendre que la sainte Mère de Dieu Il en va de même pour Jean Ma- diran dans Présent du 17 mai 2000 :

Une question de cette sorte (la Shoah) n'est pas inattendue par le temps qu'il fait, et elle va poser un problème à la congrégation romaine chargée de commenter officiellement le troisième secret.

Si l'on peut admettre qu'il existe une certaine hiérarchie dans l'of- fense, alors il est clair qu'une orga- nisation criminelle qui pratique l'élimination au nom de la race sera Le père Carbonnel plus directement offensante pour Dieu qu'une organisation criminelle ait pu détourner les balles faites pour tuer le pape alors qu'elle n'aurait pas qui pratique l'élimination au nom de levé le petit doigt pour arrêter l'ex- la classe. L'idéologie nazie, par le termination de millions de juifs (...)”. fait de sa politique racialiste morti- Le 'silence' de la Vierge Marie, à Fatima, fère à l'encontre des peuples sémites sur la Shoah devient, ainsi, un critère et slaves, jugés par elle inférieurs,

* Voy. Toute la vérité sur Fatima , Tome 1, p. 9. 142 Sans Concession s'inscrit donc plus parfaitement dans une condamnation expresse que ne peut l'être l'idéologie commu- niste. La raison en est évidente : Dieu n'est pas créateur des classes qui sont le fait d'une organisation humaine postérieure à la création. En revanche, Dieu est bien le créa- teur des races, ce qui constitue une plus grande injure pour ce Créateur qui s'en trouve ainsi substantielle- ment bafoué au travers de sa créa- tion. Il est donc pour le moins sur- prenant, si la Shoah est une réalité condamnée par la plus haute autori- té morale de la terre (elle l’est offi- ciellement depuis le pontificat de Jean-Paul II), que le message de Fa- tima soit si scandaleusement muet au sujet d'un génocide qui atteint plus intimement le Ciel que ne le Depuis K. Wojtyla, la Shoah est une peut faire le génocide du marxisme- « réalité » condamnée par la plus léninisme qui a, faut-il le rappeler, haute autorité morale de la terre. contribué à l'écrasement de l'hitlé- risme éminemment insulteur. No- Il faut vraiment avoir la « foi ho- tons encore cette confidence que locaustique » (dogme qui fut procla- Pie XII fit à Léon Bérard : « Je re- mé le 27 janvier 2005 à Auschwitz doute Hitler encore plus que Sta- lors de la commémoration du line »*. Afin d'essayer de résoudre la soixantième anniversaire de la libé- difficulté, voici ce qu'a proposé la ration du camp) chevillée au corps revue Aletheia : pour arriver à déceler dans le seg- ment de phrase de la troisième par- Dans le “commentaire théologique” que tie du secret : « (...) de la même ma- le cardinal Ratzinger (actuellement Be- nière moururent les uns après les noît XVI) (...) a donné, le 26 juin, de la troisième partie du secret, il n'emploie autres les Evêques, les prêtres, les pas le mot “Shoa”' mais y fait implicite- religieux et religieuses et divers ment référence quand il écrit : “On peut laïcs, hommes et femmes de classes trouver représentée dans ces images et de catégories sociales différen- l’histoire d'un siècle entier (...) : Dans la tes (...) », une quelconque référence – vision, nous pouvons reconnaître le siè- cle écoulé comme le siècle des martyrs, fût-elle implicite– à la Shoah. Des comme le siècle des souffrances et des termes comme « classes » et persécutions de l'Église , comme le « catégories sociales » qui, rappe- siècle des guerres mondiales et de beau- lons-le, sont des formes d'organisa- coup de guerres locales, qui en ont rem- tions purement humaines non direc- pli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l'expérience de nouvelles for- tement imputables à Dieu, et qui mes de cruauté” . L'allusion au géno- ont été l'objet de l'exécration com- cide est transparente . muniste, renvoient indubitablement

* Voy. Historiquement correct , Jean Sévilla p. 379. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 143 aux seules responsabilités d'une gnes du secret appartiennent déjà Russie dont les erreurs se répan- au passé. En effet, ni dans la pre- dront dans le monde, plutôt qu'à mière partie du secret ni dans la se- une Allemagne « exterminatrice des conde, il n'est question de la moin- races inférieures ». Aucun indice dre tentative de mise en garde dans le texte précité ne laisse enten- contre une telle horreur par antici- dre que des laïcs auront été mis à pation (et il faudrait être bien mal- mort à cause de leurs origines racia- honnête pour oser prétendre le les. Qui pourrait affirmer le contraire). Résumons : la première contraire sans perte d'impartialité ? partie du secret propose d’une part L'allusion à la Shoah évoquée par une vision, d’autre part des paroles Aletheia n'est donc pas le moins du de la Vierge qui parle de l'Enfer. La monde « transparente », encore deuxième partie se présente comme moins sous-jacente, mais bel et bien une dénonciation des erreurs de la absente. On ne voit pas pourquoi, Russie et du moyen proposé par la d'ailleurs, « l'expérience de nouvel- même Vierge Marie afin de sauver les formes de cruauté » ferait forcé- les âmes de l'Enfer par le truche- ment appel à la Shoah. Le génocide ment, entre autres choses, de la communiste (génocide qui s'est ré- conversion de ladite Russie. Le dan- pandu sur toute la terre par le biais ger marxiste et ses horribles consé- des « erreurs de la seule Russie ») quences ont donc bien été anticipés peut tout aussi bien désigner ces par le Ciel ainsi que les remèdes nouvelles formes de cruauté. Faut-il qu'il fallait y apporter : « Pour em- rappeler que le Goulag est une in- pêcher cela ... », nous annonce la vention du 20 ème siècle qui peut par- sainte Vierge. Il n'est donc aucune- faitement s'intégrer dans les ré- ment question d'une mise en garde flexions de Benoît XVI ? N'oublions préalable contre « l'anéantissement pas non plus que la troisième partie racial voulu par le nazisme » ain- du secret se présente comme une si que la façon de le contrecarrer. vision allégorique, susceptible de Le Ciel, le moins que l'on puisse diverses interprétations (de l’aveu dire, ne nous a pas prévenus de ce même des autorités romaines). Il est fléau comme il a eu la bonté de le donc pour le moins abusif d'y voir faire à propos du communisme péremptoirement une définition de athée. Par une espèce de cynisme, la Shoah. Chacun peut y voir ce qu'il donc, Dieu ne parlera de l'aboutisse- lui plaira, selon sa sensibilité pro- ment mortifère de l'hitlérisme pre. Admettons cependant –supposé qu'une fois le génocide de six mil- que cette troisième partie du secret lions de juifs accompli, c'est-à-dire soit authentique et ait été intégrale- juste à la fin de la troisième partie ment publiée par les autorités ro- du secret et encore, fort irrespec- maines– qu'une certaine dénoncia- tueusement, puisqu'il le fera par le tion de la Shoah soit bien incluse biais d'une vision pas du tout expli- dans la troisième partie du secret. cite, fort sibylline et, qui plus est, Le message de Fatima n'en reste variable quant à son interprétation ! pas moins discrédité. Pourquoi ? Le moins que l'on puisse dire, c'est Tout simplement à cause de la réfé- que le Ciel a laissé faire quand il rence a posteriori qui en est faite. pouvait intervenir et que le domini- Ne perdons pas de vue que, selon les cain Cardonnel a bien raison quand autorités vaticanes, les grandes li- il dit qu' « il est intolérable d'enten- 144 Sans Concession dre que la sainte Mère de Dieu au- horreurs de l'Histoire, s'il échappe à rait détourné les balles destinées au la banalité du mal, alors le christia- Saint-Père, mais qu'elle n'aurait nisme tremble sur ses bases. Le pas levé le petit doigt pour arrê- Christ est le fils de Dieu dans la me- ter l'extermination de millions sure où il a dépassé la condition hu- de juifs ». De même, le théologien maine, où il a subi les souffrances laïc Enzo Bianchi a bien raison les plus atroces. Si Auschwitz est quand il affirme « qu'un Dieu qui ne vrai, il y a une souffrance hu- parle pas de la Shoah et des six mil- maine sans mesure commune lions de juifs n'est pas un Dieu avec celle du Christ, à laquelle crédible ... ». La tentative de dé- celle du Christ lui-même ne peut fense du message et, à travers lui, se mesurer ; dans ce cas le Christ de toute la chrétienté par les res- est un imposteur, et Il n'est pas celui ponsables d' Aletheia se retourne fa- par qui le Salut viendra. Auschwitz talement contre eux pour la plus est la réfutation du Christ »*. De grande gloire des détracteurs de la même que les souffrances indicibles catholicité. On le voit, de quel- du Christ en Croix, souffrances que façon qu'on aborde le problème : réunies en un seul homme bien la Shoah est absente du message, la supérieures à celles de toutes Shoah est présente dans le message, les souffrances des hommes ré- il n'en reste pas moins que c'est tout unis , ne devaient pas se produire Fatima qui est gravement discrédi- inutilement mais en vue de rédimer té... et toute l'Église derrière l'appa- le genre humain des flammes éter- rition. On ne le répètera jamais as- nelles et lui ouvrir les portes du pa- sez : la croyance en l' « Holocauste » radis futur autrefois fermées par le érigé en dogme religieux est une péché d'Adam, de même, par une substance qui, quand on consent à espèce de mimétisme inversant le se l'inoculer –fût-ce de bonne foi–, sens de ce qu’il parodie, le « messie saura toujours dissoudre les autres holocaustique », par ses souffrances formes de dévotions et, en particu- inconcevables et sans équivalent lier, celle du catholicisme. Le dans la « chambre à gaz homicide », dogme de la Shoah, la Shoah en sauve l'humanité du nouvel enfer tant que dogme, est antinomi- d'Auschwitz et nous ouvre les portes que de la vérité catholique . « Si du paradis démocratique qui de- Auschwitz est autre chose qu'une des vient, dès lors, la seule garantie

Titre d‘un article de presse paru lors de la commémoration du soixantième an- niversaire de la libération d‘Auschwitz. L‘enfer nouveau, c‘est Auschwitz

* Les Temps modernes , décembre 1993, pp. 132-133. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 145

Titre d‘un article de presse paru lors de la commémoration du soixantième an- niversaire de la libération d‘Auschwitz. La nouvelle tache originelle, c‘est Aus- chwitz, symbole de l‘Holocauste. politique admissible susceptible royaume temporel qui est l'anti- de prévenir le retour de l'hor- thèse des paroles du Christ : « Mon reur . Voilà le but ultime de l’érec- royaume n'est pas de ce monde »). tion de la Shoah en dogme : celle, Hors de l'ONU, point de salut ! Qui- évidemment, d'évincer le Messie des conque refuse de se convertir à la catholiques. L’ «Holocauste », le fan- nouvelle religion condamne irrémé- tôme d'Auschwitz, devient à la fois diablement l'humanité pécheresse à cette « nouvelle tache originelle » la seconde mort décrite dans l'Evan- honteuse faite sur la conscience de gile et qui devient, par le truche- l’humanité (nous sommes tous cou- ment d'Auschwitz, le seul enfer ad- pables de ce crime indépassable soit missible, sorte de sécularisation de par responsabilité particulière et ce dogme de foi catholique. Il était active [les Allemands : nouveau peu- donc nécessaire, selon la logique du ple déicide], soit par responsabilité nouveau dogme, que le juif mourût collective et passive [les Alliés et dans la chambre à gaz, c'est-à-dire tous ceux qui « savaient » et qui qu'il « vécût sa Passion », puis qu'à n'auraient rien fait pour empêcher la consommation du génocide (1945) cela]), à la fois la Rédemption par le il ressuscitât dans l'Etat d'Israël « nouveau Sacrifice des six mil- trois ans plus tard (1948), alors lions » qui rachète l'humanité cou- que le Christ ressuscita lui aussi le pable. Le peuple juif devient le prê- troisième jour à l'issue de la mort tre et la victime de son propre sacri- au Golgotha... Après sa fice à l'instar du Christ. Et derechef, « résurrection », le juif acquiert les de même que le Christ fonde l'Église qualités du Christ de manière qui est l'Arche du Salut, la nouvelle étrangement analogique : impassibi- Église du monde judaïsé est l'ONU lité, clarté, agilité, subtilité. Il se re- qui lave l'humanité coupable du trouve en quelque sorte glorifié et nouveau péché originel en préve- invulnérable parce que toute criti- nant le retour du mal (fasciste), que dirigée contre lui se brisera dé- pour instaurer partout le para- sormais contre le fait de la sacrali- dis terrestre par le biais d'une sation que son sacrifice induit, de la mondialisation activée à l'aide même façon que le Christ quitte un du moteur démocratique (car le corps périssable et sujet à la souf- juif attend de la terre sa plénitude, france pour revêtir un corps impé- 146 Sans Concession

attentif lecteur m’inspirent en re- tour les confirmations complémen- taires suivantes : Pour le catholicisme de Tradition, c’est-à-dire pour le catholicisme, le judaïsme, dans sa différence insur- rectionnelle d’avec le christianisme, est né avec la déchirure du voile du Temple. Mais ce qui se refuse à se convertir à ce dont il est la préfigu- ration en vient nécessairement à prétendre à se substituer à lui, puis- qu’il est objectivement habité par lui au titre de sa finalité ; la parfaite médiation entre Dieu et l’homme, définitionnelle d’une religion révé- lée, ne peut être initiée que par Dieu, et elle ne peut, en tant que parfaite, être que le Dieu qui se fait Nouveau messie, le peuple juive Homme ; aussi le refus orgueilleux meurt à Auschwitz (1945) et res- d’une telle médiation ne peut-il suscite trois ans plus tard en Israël, qu’induire la religion de l’homme devenant un nouveau peuple, fort, qui se fait Dieu. Telle une chrysa- invincible... lide s’insurgeant contre sa vocation naturelle à s’accomplir en papillon, rissable et soustrait aux tribulations ainsi en ce qui la supprime, le ju- qui touchent la condition humaine daïsme ne pouvait pas ne pas en ve- déchue. Le juif en ressort inattaqua- nir, logiquement, à prétendre à se ble et les anciens démons substituer au papillon catholique en (persécuteurs de tous poils) qui, au tentant de lui ravir, en le travestis- cours de l'histoire, s'acharnaient sant, l’essentiel de son message et cruellement contre lui, deviennent sa puissance rédemptrice propres : impuissants à lui nuire... Enfin, si le Incarnation (immanence du divin juif dépasse la condition humaine prenant conscience de soi dans le par le fait de sa souffrance peuple juif), mort (la Shoah) et ré- « holocaustique », une souffrance qui surrection (naissance de l’Etat d’I- ne peut ni se juxtaposer à celle du sraël), fondation de l’Église animée Christ ni la subsumer parce qu'elle par l’Esprit-Saint (directoire mon- va plus loin qu'elle dans l'absolu, dialiste bancaire inspiré par l’esprit alors c'est qu'il est tout bonnement gnostique du judaïsme), communion Dieu. Un Dieu destiné –un Christ des saints (mondialisme se célé- collectif, devrions-nous dire–, à plus brant dans les Droits de l’Homme). ou moins long terme, à se substituer Et le facteur efficace essentiel de ce à celui des chrétiens. travestissement a trouvé sa condi- tion historique de possibilité dans Commentaires de l’auteur : l’avènement du dogme de la Shoah. Par-delà les enjeux politiques de la Les observations éclairantes qui question, la vérité sur l’événement viennent d’être développées par mon de la Shoah ne peut pas ne pas inté- Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 147 resser un catholique soucieux de de- ques menées contre le modernisme meurer catholique. Et les catholi- par Monseigneur Fellay, ce dernier, ques qui le contestent sont ou bien par son refus de proclamer la vérité des sots, ou bien des ignorants, ou sur la « Shoah », s’est empêché, de bien des lâches. manière rédhibitoire, de se donner les moyens de combattre l’enseigne- ♦PIE XII ET M ONSEIGNEUR F ELLAY . ment de Nostra aetate ; par là, il s’est empêché de combattre efficace- Nous n’avons rien à ajouter, pour ment Vatican II. l’essentiel, aux déclarations de Jo- A nos yeux, la FSSPX est en train seph Mérel et de son correspondant. de se perdre, même si –ce qui reste Il nous reste seulement, douloureu- possible mais n’est pas évidemment sement, à tirer les conséquences de probable– elle parvient à rompre l’attitude la Fraternité-Saint-Pie-X tout dialogue avec la Rome moder- vis-à-vis de la Rome moderniste. En niste en se retirant du piège en le- nous fondant sur ce que les autori- quel elle s’est laissé prendre et tés d’Ecône veulent laisser paraître, qu’elle a contribué à tendre, au et dans le comportement desquelles mieux par maladresse irénique, au nous n’avons pas –hélas– de raison pis (chez certains de ses membres de discerner un double jeu, nous dé- peut-être) par intention délibérée de clarerons ceci : Monseigneur Fellay trahir la cause de la Tradition ca- aura été pour la Tradition catholi- tholique ; c’est pourquoi nous n’ex- que résistant à Vatican II, ce que cluons pas d’avoir un jour à inviter fut Pie XII pour l’Église d’avant Va- les responsables les plus lucides et tican II. Quelque louable qu’ait été les plus courageux de la FSSPX, l’enseignement pastoral de Pie XII ainsi que les prêtres et les fidèles (Humani generis , Mystici corporis ), qui la suivent, soit à se soustraire à ce dernier, démocrate et partisan – l’autorité de Monseigneur Fellay et dans le dernier conflit mondial– des de ses affidés, soit à lui faire enten- puissances judéo-maçonniques, a dre raison en l’invitant à l’héroïsme, objectivement contribué à l’avène- afin de poursuivre leur combat en ment de Vatican II. Quelque sincè- toute indépendance et intégrité. res et éclairées qu’aient été les atta- Si le dialogue se poursuit, la FSSPX prendra le chemin de la Fra- ternité Saint-Pierre, ce qui signifie qu’elle finira moderniste. Si le dialogue s’interrompt, il reste que –à moins de faire amende honorable en prenant le contre-pied de la stratégie suicidaire de rappro- chement avec Rome qu’elle a adop-

Monseigneur Fellay : « par son refus de proclamer la vérité sur la “Shoah ”, s‘est empêché, de manière rédhibi- toire, de se donner les moyens de combattre l‘enseignement de Nostra aetate ; par là, il s‘est empêché de combattre efficacement Vatican II. » 148 Sans Concession

« L‘Église de la Rome moderniste est totalement assujettie à la puissance juive, et la puissance juive restera invincible aussi longtemps que le dogme de la Shoah sera maintenu. » (Image : Libération , 2 février 2009, p. 1). tée depuis dix ans–, elle s’est désor- gie de Nostra aetate , la FSSPX désa- mais trop engagée en faveur du morce toutes ses attaques contre le camp exterminationniste et judéo- modernisme : phile pour prétendre à exercer, en L’Église de la Rome moderniste toute indépendance, un apostolat est totalement assujettie à la puis- pleinement catholique, et cela pour sance juive*, et la puissance juive plusieurs raisons ; elle s’est d’abord restera invincible aussi longtemps déconsidérée auprès des personnes que le dogme de la « Shoah » sera bien informées, par ignorance et par maintenu. Mais ne pas remettre en lâcheté ; elle s’est ensuite interdit de cause Nostra Aetate revient à avali- critiquer efficacement Nostra Aetate ser tout le concile Vatican II, parce (qui tend à nier la responsabilité des que ce dernier est un bloc : la liberté Juifs dans le meurtre de Notre Sei- religieuse, l’œcuménisme, la collé- gneur Jésus-Christ), car la remise gialité. En effet, le catholicisme af- en cause de Nostra Aetate passe né- firme le primat antidémocratique du cessairement, dans le contexte ac- pape sur toute l’Église, il affirme la tuel, par une remise en cause de la royauté sociale de Notre Seigneur « Shoah » ; mais, en s’ôtant la possi- Jésus-Christ sur toutes les nations, bilité de faire condamner la théolo- et il l’affirme parce qu’il tient pour

* Dans maints travaux précédents, nous avons tenté de montrer les faiblesses des thèses unilatéralement conspirationnistes, si fréquentes dans les milieux catholiques. Nous de- meurons fidèle à nos thèses en affirmant aujourd’hui que l’Église moderniste est assujettie à la puissance juive : elle n’y est assujettie que parce qu’elle y a consenti, et les raisons de son consentement sont à chercher non dans des complots en cascades élaborés par les Juifs et les maçons (même s’il n’est pas exclu que ces complots aient existé, mais ce n’est pas à leur efficience propre qu’ils doivent leur victoire), mais dans la logique des idées par lesquelles les théologiens modernistes ont laissé arraisonner leurs esprits tordus, lesquel- les relèvent du subjectivisme. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 149 certain que la religion catholique est ble, ainsi pour les habiliter à en fi- la seule vraie religion, que l’Esprit- nir avec le catholicisme qui demeure Saint souffle en elle seule et en au- la principale et même la seule force cune autre, ainsi que l’Église catho- cohérente capable de s’opposer à lique seule est le corps mystique du leur hégémonie satanique : Christ, que tous les hommes sont appelés à se convertir, et qu’il n’y a Ce qui s’est passé [avec Vatican II] dans plus en elle ni Juif ni Grec, ni Cir- l’Église catholique (…) est tout simple- ment, je vous le dis, révolutionnaire (…). concis selon la chair ni Païen. Si, Pour que la révolution fût vraiment ter- comme l’enseignait naguère André minée, il ne fallait pas que tous devins- Chouraqui (représentant autorisé sent républicains. Ni que ce fût la droite du judaïsme contemporain*), le peu- qui instituât la République. Il fallait que ple juif se veut le « corps l’Église catholique se trans- forme profondément dans cer- mystique de Dieu », il tains de ses rites et dans tou- est bien clair que l’Église tes ses nostalgies. Il fallait catholique innocentant qu’après s’être laissé arracher les Juifs de la mort du son pouvoir temporel elle ces- Christ, par là les recon- sât d’être la référence, la cau- tion, le soutien d’une seule naissant tels des « frères France (…). Et c’est arrivé. Et, aînés » n’ayant nulle- figurez-vous, c’est considéra- ment vocation à se ble : l’un des vrais effets de convertir, est une Église cette transformation, ce fut le qui accepte le magistère retour aux sources juives du christianisme (…). Cette révo- du judaïsme, lequel, re- lution est arrivée à la fin des fusant de reconnaître en années cinquante et au début Jésus le Messie, exclut André Chouraqui des années soixante. Personne par définition que n’en a parlé, cela n’intéressait l’Église catholique puisse prétendre personne. Or c’était aussi important que 1789 (…)**. détenir toute la vérité. Mais si l’Église n’est pas détentrice de toute Pour confirmer ce qui précède, la vérité, alors s’imposent la liberté rappelons que Jules Isaac, dès 1946 religieuse, l’œcuménisme, la collé- (la victoire des démocraties n’a pas gialité, l’esprit démocratique, le attendu longtemps pour faire l’aveu mondialisme et la négation du règne de la nature réelle des forces qui s’é- social du Christ. Car qu’on ne s’y taient affrontées entre 1939 et trompe pas : tout Vatican II était, 1945), publiait « Jésus et Israël », ce sinon programmé, à tout le moins qui aboutit en août 1947 à la confé- instrumentalisé dès avant sa nais- rence de Seelisberg en Suisse, dont sance pour assurer aux Juifs une Isaac fut l’un des organisateurs, et position de force presque inexpugna- qui fut présidée par Jacques Ma-

* Centre « catholique » de la Baume-les-Aix, colloque du 27 avril 2002, intitulé « Tradition, transmission, filiation », organisé par le trimestriel « Conférence » ; Alain Finkielkraut se fit remplacer par André Chouraqui. Dans la même veine, Jacob Kaplan déclara en d’au- tres circonstances : « La communauté juive est, de par la volonté de Dieu, la graine qui fait germer l’humanité future… L es idées du judaïsme, fortes de la puissance de la vérité et in- destructibles par la violence se répandent dans le monde pour devenir l’aliment spirituel des peuples civilisés » (voir Les espérances planétaires de Hervé Ryssen, évoqué dans Riva- rol le 14 octobre 2005, n° 2734, page 11). ** Jean Daniel, Le Nouvel Observateur , n° 1282 du 1 er juin 1989. 150 Sans Concession daule ; c’est le texte de cette confé- sort futur dans l’au-delà. L’unique rai- rence qui servira de base à la révi- son d’être du peuple d’Israël est d’assu- rer le triomphe de cette conception de la sion de la doctrine de l’Église vie spirituelle [2]. concernant ses rapports avec le ju- daïsme, ce qui aboutira à Nostra ae- Jérusalem, c’est le toit du monde. C’est tate . Un tel constat est confirmé par là-bas que le destin de l’humanité se les déclarations suivantes : scelle. Israël est un arbre qui a ses raci- nes dans le ciel et donne ses fruits sur la Nous avons choisi et choisissons d’être terre [3]. « élus » pour incarner, à travers le monde et l’histoire, le message de frater- Autant dire que le judaïsme ne nité, de justice et de paix. D’autres éco- peut vivre qu’en tendant, par tous les de pensée nous relaient, mais nous les moyens, à se substituer à l’Église restons la matrice irremplaçable, alors que les déviations se multiplient chez catholique en commençant par es- nos associés (…). L’Etat d’Israël a choisi sayer d’en prendre la tête. Ce qui et doit continuer à choisir d’être un est logique ; le propre d’une chrysa- « phare parmi les nations ». Cette ambi- lide s’insurgeant contre sa vocation tion nous impose d’abord de tenir contre à se sublimer en papillon, c’est de vents et marées et, simultanément, de faire rayonner au loin notre message [1]. s’efforcer par tous les moyens, in- supportable à elle-même et aux au- … faire de ce monde la royaume de tres, à dévorer le papillon qui at- Dieu, en y érigeant le règne des fins, la teste son obsolescence et l’accomplit République Universelle, telle est très en le supprimant : exactement l’obligation proprement reli- gieuse qui incombe à l’homme durant ce Il n’y a [entre Juifs et chrétiens] ni héri- passage terrestre et qui conditionne son tage commun ni dialogue. Le christia- nisme est issu de sources juives, mais c’est une religion grecque (…) pour nous, du point de vue de la foi, le christia- nisme n’a aucune importance. Mais, pour les chrétiens, depuis l’an 33, le fait même de l’existence d’un judaïsme est impensable (…) la base de la foi chré- tienne est la négation de la légitimité du judaïsme. Le christianisme se considère comme le seul judaïsme authentique (…) les papes [d’avant Vatican II] accomplis- saient ce qui devait être accompli : la liquidation du judaïsme [4].

Le rabbin Sitruk, un exemple flagrant d‘orgueuil juif. Il a déclaré : « Jérusalem, c‘est le toit du monde. C‘est là-bas que le destin de l‘humani- té se scelle. Israël est un arbre qui a ses racines dans le ciel et donne ses fruits sur la terre ».

(1) : Maurice Bernsohn, président honoraire de l’Union des Juifs de France et d’Afrique du Nord, texte paru dans Le Monde du 21 septembre 1979. (2) : Meyer Jaïs, ancien grand rabbin de Paris, texte paru dans Le Monde du 24 février 1981. (3) : Grand rabbin Sitruk dans Le Monde du 6 mai 1992, p. 11. (4) : Professeur Yeshayahou Isaï Leibovitz, Le Nouvel Ob- servateur , 24 décembre 1992 . Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 151

qui est premier en intention est ul- time en exécution ; le judaïsme est ce en quoi s’anticipe, pour s’en faire surgir en le supprimant , le christia- nisme : depuis la mort et la résur- rection du Christ, la colère de Dieu, selon la parole de saint Paul, s’est abattue sur les Juifs définitivement (I Thessaloniciens , 2, 15-16) ; ces Le professeur juif Yeshayahou Isaï derniers n’ont plus aucune vocation Leibovitz. En 1992, il a déclaré : « Il particulière dans l’économie du Sa- n‘y a [entre Juifs et chrétiens] ni héri- lut, et les dons de Dieu « sans repen- tage commun ni dialogue. Le christia- tance » ( Rom . IX 28-29) ne dési- nisme est issu de sources juives, gnent rien d’autre que la vocation mais c‘est une religion grecque ». des Juifs à se convertir au christia- nisme et à jouir des bienfaits Si les Juifs doivent être tenus (comme pour tout converti, ni plus pour les « frères aînés » des chré- ni moins) spirituels de la conver- tiens, ils n’ont nullement vocation à sion, sans que soit là connotée une se convertir, parce qu’ils sont suppo- quelconque forme de privilège, natu- sés, dans l’hypothèse, jouir d’une rel ou surnaturel, qui leur devrait antériorité, dans l’économie du Sa- être reconnue après leur conver- lut, qui n’est pas seulement d’ordre sion ; il n’y a plus dans l’Église ni chronologique, mais aussi d’émi- Juif ni Grec**, mais seulement des nence et de vocation. Pour la foi ca- circoncis selon l’Esprit, c’est-à-dire tholique intègre, et conformément des baptisés, seule et unique race au sens obvie (ratifié par les Pères élue de Jésus-Christ. Théologique- de l’Église) de l’épisode biblique de ment, ce sont les chrétiens qui Pharès et de Zara*, les véritables sont les aînés des Juifs . Denise aînés sont les chrétiens dont les Judant , catholique d’origine juive Juifs procèdent proleptiquement : ce (et non « juive convertie », car un

* Genèse 38, 27 à 30. Pharès et Zara, fils de Juda et de sa belle-fille Tamar déguisée en prostituée ; la main de Zara apparaît en premier ; on se précipite pour entourer son poi- gnet d’un fil rouge afin d’identifier l’aîné, et c’est alors que la main de Zara retourne dans le ventre de sa mère et qu’une autre main –celle de Pharès, qui représente le christia- nisme– apparaît : le second selon le temps, ou dans l’ordre d’apparition, est en vérité le premier. ** Epître aux Romains , 2, 27-29. La « racine » dont il est question dans cette épître, au re- bours des « théologies de la racine » des chrétiens judaïsants et modernistes, désigne le Christ, et non le peuple juif ; l’olivier entier, ou olivier franc, est l’Église ; les branches na- turelles de cet olivier symbolisent les membres du peuple juif de l’Ancien testament desti- nés à devenir les premiers chrétiens ; et les greffés sont les Gentils convertis. Mais les branches naturelles de l’olivier ont été coupées (à cause de leur incrédulité et parce qu’elles voulaient confisquer la grâce symbolisée par la sève ; tel est le sens de l’abominable mot de Caïphe qui savait que Jésus était le Messie, et que l’avènement du Messie était la suppres- sion du peuple juif en tant que peuple national ou particulier : mieux vaut qu’un seul meure plutôt que tout le peuple) et jetées au feu. Et tel est le sens des paraboles évangéliques sui- vantes : l’ouvrier de la dernière heure, les mauvais ouvriers de la vigne, le maître conviant la multitude au banquet de noces, etc. Au reste, dans l’Evangile de saint Jean, il est bien précisé que les Juifs hostiles au Christ sont les « fils du diable », menteurs et homicides (8, 44). La Nouvelle Alliance se substitue à la première : Epître aux Hébreux, VIII 6 à 13. 152 Sans Concession juif converti n’est plus juif, d’aucune façon), dans Jalons pour une théolo- gie chrétienne d’Israël (Ed. du Cè- dre, Paris 1975), déclare :

L’alliance conclue avec le peuple juif de l’Ancien Testament n’était (...) que pro- visoire [p. 2]. le peuple juif n’a été que l’instrument du salut voulu par Dieu; d’autre part, il s’a- git de l’ancien Israël et non du peuple juif actuel [p. 21] [1].

Dans le même ouvrage :

D’après le Nouveau Testament, rien ne permet de penser que le peuple juif conserve un rôle particulier dans l’éco- nomie divine [p. 66]. Quoi qu’il puisse arriver à la partie in- crédule du peuple juif, les promesses de Dieu sont accomplies. Tout est réalisé dans le Christ [p. 68]. L’élection primitive, l’élection du peuple juif en Abraham est ordonnée au salut par le Christ, elle n’a pas d’autre finalité S. Thomas d‘Aquin [p. 95]. Tel est le vrai « mystère d’Israël » : non étrangère, si ce n’est opposée, à la Tradi- pas une dialectique [2] entre l’Église et tion de l’Église [p. 117]. le peuple juif actuel, mais le mystère du salut lui-même [p.111]. Le « mystère d’Israël » n’est pas l’exis- Et Denise Judant cite (p. 61) tence du peuple juif, mais sa réintégra- saint Thomas d’Aquin : « Les bien- tion éventuelle dans l’Église, il implique faits accordés par Dieu au peuple l’acceptation du Christ et son refus, ain- d’Israël représentent ceux dont le si que les conséquences qui en découlent Christ nous a gratifiés » (Ia IIae [p.112]. Ni le peuple juif, ni le judaïsme n’ont q. 103 a. 3). Puisque la deuxième désormais de rôle particulier à jouer Alliance se substitue (Hebr. VIII.7) dans l’ordre du salut. Les juifs ont à re- à la première, elle précise : connaître le Messie, tout comme les païens [pp. 109-110]. Le Docteur Angélique n’envisage pas Certains estiment que la partie incré- que les dons de Dieu aient pu rester dule du peuple juif bénéficie d’un amour d’une façon quelconque sur les juifs. préférentiel de Dieu. Cette position ne Pour lui, ceux-ci ont été « dépossédés de s’appuie pas sur l’Ecriture et elle est la grâce (exciderant a gratia) » [p.103].

(1) : Nous empruntons les informations qui suivent à Joseph Mérel ( Fascisme et Monar- chie , Editions Vincent Reynouard , 2001, § 55). (2) : Thèse professée par le Père de Lubac et le Père Fessard (modernistes), et par l’abbé Julio Meinvielle (contre-révolutionnaire) : ce sont les opinions théologiques –selon nous fausses– de maints catholiques traditionalistes (en particulier français) sur les Juifs (opinions non dénuées d’intérêts passionnels, telle la légitimation de la lignée des Bourbons par une prétendue « origine davidique »…, ce qui explique au reste leur aversion pour le fascisme), qui les rendent particulièrement vulné- rables aux entreprises modernistes de judaïsation de l’Église. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 153

Plus clair encore : formel de la judaïté –artificiel en tant que produit d’un art divin fina- La conduite de Dieu montre que l’en- lisé par le catholicisme– est tout en- semble des païens lui est plus précieuse tier surnaturel. que les juifs et qu’Il les aime davantage (sic igitur ex hoc ipso videtur gentilitas Si donc les Juifs sont supposés esse pretiosor et magis Deo accepta demeurer « frères aînés » depuis l’a- quam judaea) [1]. vènement du Christ, si de plus ils sont supposés être lavés du crime de On peut ajouter, pour clore le dé- déicide (et tel est bien le double en- bat, ce texte de Saint Paul : seignement de Nostra aetate ), c’est qu’ils n’ont pas à se convertir, puis- Vous avez souffert (...) de la part des que la conversion, dans leur cas sur- juifs, qui ont tué même le Seigneur Jé- tout, ne signifie pas seulement la sus et les Prophètes, et qui nous ont per- sécutés à notre tour; qui ne plaisent reconnaissance du fait brut de la point à Dieu, et qui sont les ennemis de messianité du Christ, mais signifie tous les hommes; nous empêchant de encore –la première chose envelop- parler aux Gentils pour qu’ils soient pant nécessairement la seconde sauvés, afin de combler en tout temps la quand elle est vraiment bien com- mesure de leurs péchés; car la colère de Dieu est arrivée sur eux définitivement prise et sincèrement embrassée– la [Saint Paul, Première Epître aux Thes- reconnaissance par les Juifs qu’ils saloniciens, II, 5-16]. ne sont plus le peuple élu, ainsi que, convertis au christianisme, ils ne Les Juifs furent un peuple artifi- sont plus juifs, purement et simple- ciel forgé par l’art divin (ils sont ment. S’ils prétendent demeurer nommés « ramassis », « vulgus pro- juifs en se déclarant convertis, c’est miscuum » dans les Nombres XI, 4, qu’ils ne sont pas véritablement peuple d’origine sémitique, auquel convertis ; si donc ils prétendent de- se joindront, pendant leur séjour en meurer juifs et « frères aînés » des Egypte en particulier, des rameaux membres de l’Église, c’est qu’ils pré- venus de presque partout), destiné à tendent en tant que « frères » appar- préparer l’avènement du Sauveur tenir à la famille des élus sans avoir en préfigurant l’Église ; l’avènement à se convertir, ainsi en se faisant la du Christ convertit leur réalité poli- tête non chrétienne des chrétiens ; tico-nationale en réalité ecclésiale, ce qui est évidemment abominable leur particularité ethnique en uni- du point de vue du vrai christia- versalité (catholicité) surnaturelle. nisme, ainsi du catholicisme. On ne Les Juifs qui refusent de devenir saurait repousser les erreurs de Va- chrétiens ne sont qu’un résidu in- tican II sans repousser au premier surrectionnel, ils appartiennent aux chef les erreurs de Nostra aetate . poubelles de l’histoire du Salut, ils Faut-il rappeler que, pour un catho- n’ont plus aucune vocation dans l’é- lique, le déicide perpétré par les conomie du Salut parce que tout a Juifs est, selon l’enseignement de été consommé dans le Christ. Et ils saint Thomas d’Aquin, le plus grand n’ont aucune vocation naturelle qui crime et le plus grand péché jamais devrait subsister après l’avènement commis sur cette terre, et que les de l’Église, parce que le constitutif Juifs non convertis revendiquent,

(1) : Saint Thomas d’Aquin, à propos de l’Epître aux Romains (XI, 26), dans son commen- taire de cette même Epître (éd. Vives, Paris 1878), t. XX, p. 540. 154 Sans Concession par le fait même, la responsabi- lité du crime accompli par leurs pères ? Comment pourraient-ils, pour les chrétiens, être des « frères aînés », et même seule- ment des « frères » ? Théologi- quement parlant, il faut oser dire, quand on est catholique, que les Juifs en tant que Juifs n’ont aucun droit à l’existence. Et, parce que leur identité fait se confondre chair et esprit, ou Le père Federico Lombardi. Selon lui : encore politique et religion, ils « Qui nie la Shoah ignore le mystère de n’ont pas non plus, sous quel- Dieu ». Qui, après ça, peut prétendre que que forme que ce soit, de droit mythe de la Shoah n‘est pas d‘essence reli- politique à l’existence. Leur uni- gieuse ? que place est le ghetto [1]. On dira que la condamnation des à l'audience du mercredi 28 janvier der- erreurs de Nostra aetate ne passe nier, lors de sa communication sur la Shoah : « La Shoah conduit l'humanité à pas nécessairement par l’affirma- réfléchir sur l'imprévisible puissance du tion de la vérité révisionniste. Dans mal lorsqu'il conquiert le cœur de l’absolu, cela n’est pas faux, mais l'homme » (cf. Zenit du 28 janvier 2009). cela devient faux d’un point de vue Le P. Lombardi conclut son intervention historique et pratique. En effet, la par ces paroles : « Qui nie le fait de la Shoah ne sait rien ni de Dieu ni de la « Shoah » est devenue un véritable Croix du Christ. Et c'est donc d'autant dogme pour les modernistes, comme plus grave lorsque la négation vient de la en témoignage ce communiqué de bouche d'un prêtre ou d'un évêque, c'est- l’agence de presse du Vatican : à-dire d'un ministre chrétien, qu'il soit uni ou non à l'Église catholique ». « Le « Qui nie la Shoah ignore le mystère pape a repris la profonde méditation de de Dieu », déclare le P. Lombardi, Edi- son discours au camp de concentration torial du CTV dans « Octava Dies ». d'Auschwitz », fait observer le père Lom- ROME, Vendredi 30 janvier 2009 bardi. Le pape s'est en effet rendu au (ZENIT.org) camp d'Auschwitz-Birkenau pour la pre- mière fois en tant que pape le 28 mai « Qui nie la Shoah ignore le mystère de 2006. Lors de l'audience de mercredi Dieu et la Croix du Christ » : une parole dernier, Benoît XVI a mentionné sa forte du P. Federico Lombardi dans l'édi- prière de mai 2006 au camp d'extermi- torial du programme hebdomadaire du nation. « Il n'a pas seulement condamné Centre télévisé du Vatican « Octava toute forme d'oubli et de négation de Dies » sur le thème : « La Shoah et le cette tragédie de l'extermination de six mystère de Dieu ». Le père Lombardi, millions de juifs, mais il a rappelé les jésuite italien, directeur de ce centre de questions dramatiques que ces événe- télévision, de Radio Vatican et de la ments posent à la conscience de tout salle de presse du Saint-Siège, com- homme et de tout croyant », ajoute le P. mente en effet les paroles de Benoît XVI Lombardi. « Car, poursuit le porte-parole

(1) : Aussi, si nous ne pouvons que nous réjouir des déclarations implicitement révision- nistes de Monsieur l’abbé Abrahamowicz, prêtre de la FSSPX, faites récemment à un jour- nal italien, nous ne pouvons que déplorer son souci de préciser qu’on ne saurait être catho- lique et antisémite. C’est le contraire qui est vrai : on ne saurait être catholique sans être radicalement opposé au judaïsme (lequel est une religion qui, pour le catholique, est née avec la déchirure du voile du Temple), dans son essence et dans ses manifestations. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 155

du Saint-Siège, c'est la foi dans l'exis- tence même de Dieu qui est défiée par cette épouvantable manifestation de la puissance du mal. La plus évidente pour la conscience contemporaine, même si ce n'est pas la seule ». Le di- recteur du centre de télévision du Va- tican rappelle que le pape l'a « reconnu de façon lucide dans son discours d'Auschwitz, en faisant sien- nes les questions radicales des psal- mistes à un Dieu qui semble silen- cieux et absent ». Le P. Lombardi ex- plique en ces termes la vision chré- tienne de ce « mystère » du mal et du Dieu caché : « Devant ce double mys- tère — de l'horrible puissance du mal et de l'apparente absence de Dieu — la seule réponse ultime de la foi chré- tienne est la Passion du Fils de Dieu ». « Telles sont les questions les plus profondes et les plus décisives de l'homme et du chrétien face au monde et à l'histoire. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas les éviter et encore moins les nier. Sinon, notre foi est trompeuse et vide ». Le « concile » Vatican II. La judaïsation de l‘Eglise allait devenir effective… La « Shoah » est devenue un Les fruits, nous les avons aujourd‘hui avec l‘affaire Williamson. véritable dogme pour les moder- nistes, ainsi pour les adeptes, en- L’affirmation du dogme de la Shoah tre autres erreurs conciliaires, de est donc la négation de la divinité et Nostra aetate . Mais le « dogme » de de l’œuvre rédemptrice du Christ. la « Shoah », du point de vue même Concluons : si les Juifs n’ont pas de ses propugnateurs et promulga- à se convertir (conséquence obligée teurs juifs, c’est l’affirmation de la de Nostra aetate ), c’est qu’ils sont divinité messianique du peuple juif déjà sauvés ; s’ils sont déjà sauvés faisant « mourir la mort » à Aus- cependant qu’il faut un rédempteur chwitz, ainsi mourant et ressusci- pour être sauvé, c’est qu’ils sont tant dans la chambre à gaz : pour eux-mêmes leur propre ré- Une fois de plus, Israël aura été dempteur [Confer les propos de Mo- appelé, comme dans sa « Bible », à ses Hess, ici rappelés dans la témoigner de tous, et dans sa conclusion du présent article.] ; s’ils « Passion », à mourir la mort de tous sont leur propre rédempteur, c’est et à aller jusqu’au bout de la mort*). qu’ils ont accompli l’acte christique

* Emmanuel Levinas, Journal L’Arche , juin 1981. Rappelons que Benoît XVI se veut un fervent lecteur de Levinas. Il n’est pas inopportun de rappeler aussi que Benoît XVI est un admirateur non repenti du nationaliste juif Martin Buber, lequel eut pour projet d’appli- quer au sionisme la théorie heideggérienne, unilatéralement apophatiste et immanentiste (socialisme national de gauche, réprouvé par Hitler) du « Dasein » collectif, conscience de soi dans et comme peuple (allemand ou juif) d’un divin impersonnel se dévoilant latérale- ment dans l’acte de son retrait, ou se voilant dans l’acte de sa manifestation parce qu’inca- pable, même en et pour soi, d’accéder au Dire de lui-même en son Verbe. 156 Sans Concession rédempteur, mais juif et non chré- tien, de mort et de résurrection dans la chambre à gaz (thèse extermina- tionniste) ; on voit bien que la re- connaissance de Nostra aetate et celle du mensonge de la « Shoah » sont solidaires l’une de l’autre. Mais reconnaître Nostra aetate , c’est re- connaître tout Vatican II. Donc refu- ser Vatican II, c’est refuser le « dogme » de la « Shoah ». « Pie XII était donc en demeure de comprendre que la cause de l‘Église La politique n’est pas la religion, et la cause du Reich étaient objective- la cause de l’Église n’est pas la ment solidaires l‘une de l‘autre. Il ne cause des Etats. Nous en convenons. l‘a pas compris. On a vu le résultat : Le combat de la FSSPX, ou de toute l‘explosion du cancer de Vatican II ». autre société à vocation religieuse, n’est pas directement le combat ferment religieux –religion de pour l’identité des peuples et contre l’homme qui se fait Dieu– de l’anti- le mondialisme. Mais distinction religion. De sorte que, dans un tel n’est pas indépendance. Depuis que contexte, la vraie religion de Dieu se les Juifs –profitant de l’esprit démo- contente en dernier ressort, en fai- cratique, libéral ou communiste que sant de la politique, de faire de la les sociétés avancées ont laissé pro- religion. liférer en leur propre sein– ont –par le biais de la maîtrise de la puis- Afin de conjurer la montée du sance bancaire– pris indirectement modernisme, le pape Pie XII était en le pouvoir politique dans toutes ces demeure de comprendre que la vic- sociétés avancées, ils ont aussi pris toire des puissances dites démocra- le pouvoir religieux, pour cette sim- tiques sur le Reich allemand serait ple raison que la cause des Juifs est celle des judéo-communistes et des une cause essentiellement reli- judéo-libéraux, et que de ce fait elle gieuse, mais d’une nature particu- serait celle des Juifs, et qu’à ce titre lière : pour le Juif, il n’y a pas de elle serait la défaite de l’Église. Le différence entre religion et politique, pape Pie XII était donc en demeure et cela vient de ce fait qu’il identifie de comprendre que la cause de nation juive et Église. C’est pour- l’Église et la cause du Reich étaient quoi la victoire politique de la na- objectivement solidaires l’une de tion juive sur les nations en général l’autre. Il ne l’a pas compris. On a est aussi la victoire religieuse des vu le résultat : l’explosion du cancer Juifs et du judaïsme sur l’Église ca- de Vatican II. tholique. Quand la politique se met Afin de contribuer à faire rejeter à faire de la religion afin de tuer la Vatican II par l’Église, Monseigneur vraie religion, il faut bien que la re- Fellay était en demeure de com- ligion se mette à faire de la politique prendre que la pérennité du men- afin de se préserver en tant que reli- songe de la « Shoah » serait la pé- gion. Au reste, quand la politique rennité de Nostra aetate , et que de fait de la religion antireligieuse, ce fait elle serait celle de Vatican II, c’est qu’elle est déjà habitée par le et qu’à ce titre elle serait la défaite Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 157 de la FSSPX. Monseigneur Fellay était en demeure de comprendre que la cause de la FSSPX, qui est celle de l’Église catholique, et la cause du révisionnisme, étaient solidaires l’une de l’autre. Il ne l’a pas com- pris. On verra et on voit déjà le ré- sultat : le renforcement de Vati- can II, et la fragilisation de la FSSPX, voire son éparpillement, ou plus radicalement sa reddition.

♦UNE STRATÉGIE RAISONNABLE POUR LA FSSPX.

Comme chacun sait, la FSSPX n’est pas sédévacantiste, pour diver- ses raisons qu’il convient ici de rap- peler, pour mémoire :

Pie XI a) selon elle, il est impossible de se prononcer sur la possible pertina- de telles notes d’infaillibilité (Vati- cité des occupants du Saint-Siège ; can II contient certaines constitu- b) selon elle, le pape est au- tions dites « dogmatiques », mais dessus du droit canon, de sorte qu’il elles ne sont pas normatives du ne saurait être jugé à l’aune des ar- dogme, parce qu’elles sont à voca- ticles relatifs à la perte d’une charge tion pastorale) ; pour faits d’hérésie ; e) selon maints de ses membres, c) selon elle, la conjugaison, d’une certains enseignements de part, du dogme de la visibilité de Léon XIII et de Pie XI (Inter sollici- l’Église jusqu’à la fin des temps, tudines, Divini illius magistri ) d’autre part des conséquences d’une contiennent des erreurs philosophi- vacance du Siège depuis désormais ques (subordination de l’Etat aux cinquante ans (les cardinaux ne familles, négation implicite du ca- sont pas cardinaux, les évêques ne ractère naturel du lien politique, et sont pas évêques, de sorte que le ainsi surnaturalisme et personna- corps enseignant de l’Église sera lisme larvés) qui, outre que leur pré- complètement détruit dans cin- sence exclut que de telles déclara- quante ans), exige logiquement que tions soient infaillibles, excluent en la fin des temps soit annoncée pour même temps qu’obéissance incondi- au plus tard le début du 22 ème siècle, tionnelle soit toujours due même à et la FSSPX se refuse à vaticiner de des papes dont la légitimité ne fait la sorte, parce que nul ne connaît ni question pour personne ; le jour ni l’heure ; f) selon elle encore, la distinction d) selon elle, doit être cru de foi « pape materialiter-pape formali- divine et catholique tout ce qui est ter », chère aux tenants de la thèse proposé à croire comme divinement dite de Cassiciacum , est intenable, révélé, or rien dans les actes du parce que c’est la juridiction qui fait concile Vatican II n’est marqué par le pape. 158 Sans Concession

tre moyen –parce qu’un inférieur ne saurait juger un supérieur– de dé- créter validement vacant le Saint- Siège que de laisser ce supérieur le déclarer lui-même en se contredi- sant de manière explicite et avouée. Tout autre moyen relève soit de la pétition de principe (« il n’est pas pape, donc je suis habilité à juger ses actes afin d’en ‘déduire’ qu’il ne peut être pape »), soit de l’hérésie conciliariste (démocratie épiscopale, contraire au dogme de la primauté de Pierre). Martin V h) On invoque aussi souvent, pour justifier le sédévacantisme, la g) selon elle enfin, l’Église peut Bulle « Auctorem fidei » de Pie VI très bien, comme lors du concile de (Denz. 1578) publiée en 1794, et qui Constance en 1417, régler ses pro- faisait suite au synode janséniste de blèmes selon des modalités non pré- Pistoie de 1786 : si l’on dit que l’É- vues par le droit canon, et même en glise peut établir une discipline dan- contradiction avec la lettre de ce gereuse et néfaste pour la foi, on est dernier : des cardinaux nommés par anathème ; ce que déclarait déjà le des antipapes élirent un pape qui se concile de Trente (Denz. 856) : un révéla le pape légitime, alors que, rite reçu par l’Église ne peut être selon les règles disciplinaires de méprisé ou omis, et l’on est ana- l’Église, leur vote aurait dû être thème si l’on prétend qu’il peut l’ê- considéré comme nul ; et pourtant tre. Or la nouvelle messe est jugée l’Église trancha en faveur de la légi- timité de cette élection (celle du Pie VI, auteur de la Bulle pape Martin V), excipant du fait que « Auctorem fidei » le Christ lui-même suppléa à la juri- diction, de sorte que l’indéfectibilité et la visibilité de l’Église ne furent pas compromises. En d’autres ter- mes, l’Église dispose de pouvoirs ex- ceptionnels, et imprévisibles par les théologiens, pour résoudre ses pro- pres crises, de sorte que décider de déclarer antipape, par sa propre au- torité et ses propres lumières, un occupant indigne du Saint-siège, re- vient à se substituer aux pouvoirs propres à l’Église guidée par la Pro- vidence. Quand un supposé pape dé- crète quelque chose de non catholi- que dans les formes de l’infaillibili- té, il fait constater par tous qu’il n’est pas pape ; et il n’est pas d’au- Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 159 mauvaise par les Tradi- Mais le concept de ma- tionalistes qui, de ce fait, gistère libéral est in- ne sauraient être consé- trinsèquement contra- quents qu’en se recon- dictoire : ontologique- naissant sédévacantistes. ment, un magistère li- Répondons à cet argu- béral n’est pas plus un ment : magistère qu’une loi L’Église est maîtresse injuste n’est une loi. de l’exercice de sa propre Enseigner, c’est ensei- infaillibilité. En se sous- gner la vérité en la trayant à ce dernier, elle proposant à croire demeure dépositaire de comme étant l’unique son pouvoir dont –à tort Un pape « moderne », vérité, laquelle exige certes– elle n’use pas. Paul VI de soi l’adhésion et l’o- Décréter l’usage d’un béissance. Proposer à rite, c’est promulguer une loi dans le croire quelque chose qu’on n’ose pas sillage d’un enseignement doctrinal. présenter comme étant l’unique vé- Si l’enseignement qui la conditionne rité, c’est donc ne pas enseigner, et ne se propose pas comme devant de ce fait ce n’est pas exiger l’obéis- être cru au titre de la vérité unique sance, par là c’est renoncer à l’exer- et indubitable, alors ce n’est pas vé- cice de son infaillibilité. Les papes ritablement un enseignement doc- modernistes, s’ils sont bien papes, trinal, et, par conséquent, la loi sup- ont renoncé à développer un magis- posée l’appliquer n’est pas réelle- tère , puisqu’il s’agit d’un magistère ment une loi ; critiquer ce rite, ce libéral . Si de tels papes avaient dé- n’est pas critiquer un rite réelle- veloppé une hérésie dans les formes ment imposé par L’Église. Dans de l’infaillibilité canoniquement cette perspective, et en retour, en consacrées, ils auraient fait consta- critiquant un rite mauvais (tel le ter qu’ils n’étaient pas papes, et la nouvel Ordo missae), on critique situation serait désormais simple. non une discipline mais l’effet d’un Rappelons, pour étayer ce qui pré- défaut de discipline. Et il est clair cède, qu’il existe dans l’Église une que les papes (s’ils le sont) moder- seule hiérarchie mais deux nistes n’ont pas proposé à croire un « rationes » : l’ordre et la juridic- enseignement doctrinal, et de ce fait tion ; le pouvoir de juridiction est ont renoncé à exercer leur pouvoir finalisé par les fruits du pouvoir infaillible. Ils y ont renoncé en déve- d’ordre, et ce même pouvoir de juri- loppant un magistère libéral : l’Es- diction se subdivise en « potestas prit-Saint souffle dans toutes les re- regiminis » et en potestas magiste- ligions, l’Église de Dieu subsiste rii » (le gouvernement étant finalisé dans l’Église catholique sans coïnci- par l’enseignement). Aussi, en la cir- der avec elle, la liberté religieuse constance, il doit être tenu pour lé- consacre le droit à croire n’importe gitime, quand le pouvoir magistériel quoi et, parce que seule la vérité renonce à lui-même, de se soustraire peut être crue (la foi en l’erreur est per accidens aux décrets d’un pou- un défaut de foi), c’est au fond que voir de juridiction (en tant que pou- toutes les opinions religieuses sont voir de régner, lequel est finalisé vraies, issues de Dieu, ce qui est la par les pouvoirs d’ordre et d’ensei- définition d’une théologie libérale. gner) devenu inique –dût-on encou- 160 Sans Concession rir les peines d’une excommunica- exigerait, pour que la logique des tion qu’il conviendra en l’occurrence positions précédentes ne fût pas de reconnaître comme nulle– puis- compromise, qu’il fût publiquement que la raison d’être du pouvoir de tenu pour possible (et au vrai de gouverner est ce pouvoir d’enseigner moins en moins improbable, à me- auquel, tacitement, un pape libéral sure que le temps passe), par la renonce. FSSPX, que les occupants du Siège Ainsi, selon la FSSPX, il doit pru- ne soient pas de vrais papes. dentiellement être tenu pour prati- Rappelons en effet qu’un pape quement recevable que l’Église n’est pas infaillible dans ses déci- conciliaire a des papes, mauvais pa- sions pratiques qui cependant exi- pes mais vrais papes ; en consé- gent l’obéissance sous peine d’ex- quence, la FSSPX tient pour pru- communication, comme l’enseigne dentiellement opportun de les consi- infailliblement l’Église dans Pastor dérer comme détenteurs d’une auto- aeternus (Vatican I) – témoin l’exi- rité réelle mais dont ils n’usent pas gence de se soumettre, imposée à la véritablement, et qu’à ce titre elle Petite Église après le concordat doit par accident ignorer, se compor- pourtant funeste de 1801 (qui désar- tant de fait ou pratiquement comme çonnait la lutte des catholiques des sédévacantistes. contre le jacobinisme) ; témoin en- Il reste qu’une telle obstination core l’autorité incontestée des funes- dans l’erreur de supposés papes (les tes « arreglos » (arrangements) de occupants du Siège depuis Vati- l’Affaire des Cristeros, lesquels fu- can II), jointe à l’initiative supposée rent lâchement abandonnés par non schismatique du sacre de qua- Pie XI en 1929. Puis donc que le de- tre évêques sans mandat pontifical, voir d’obéissance demeure intact en

Le concile Vatican I Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 161 matière pratique aussi longtemps mes. Mais, par là même, ils revendi- qu’un pape est reconnu comme quent tacitement l’exercice actuel de pape, alors on ne peut désobéir leur pouvoir d’enseigner (magis- qu’en posant la question de la légiti- terium), puisqu’il est avéré que ce mité de l’occupant du Saint-Siège. dernier est raison (avec le pouvoir On peut certes faire observer, d’ordre) du pouvoir de régner. C’est comme nous venons de le faire, que pourquoi la question de la légitimité l’Église, maîtresse de l’exercice de de l’occupant du Saint-Siège ne peut sa propre infaillibilité, est capable pas, à moyen terme, ne pas être évo- de se soustraire à l’efficace de son quée. Au reste, tenir qu’un magis- propre pouvoir sans cesser de de- tère libéral, par essence non coerci- meurer dépositaire de ce pouvoir, tif, n’est pas, ontologiquement par- ainsi sans cesser d’être l’Église, de lant, un magistère, c’est là une sorte que, aussi longtemps qu’un thèse qui peut se soutenir seule- pape enseigne l’hérésie dans des for- ment si l’auteur d’un tel magistère mes qui ne garantissent pas l’infail- se reprend assez vite (mais com- libilité (et tel est bien le cas du ma- ment évaluer un tel temps ?) et ne gistère des papes de Vatican II), il persiste pas indéfiniment –par d’au- prouve ipso facto qu’il a renoncé à tres actes formellement magisté- user de son charisme d’infaillibili- riels– dans ses erreurs ; sans quoi té, sans cesser d’être pape (il ne fait l’argument prend la forme d’une pé- constater qu’il n’est pas pape que s’il tition de principe : « il a promulgué enseigne l’hérésie dans les formes une mauvaise loi et un mauvais en- de l’infaillibilité). seignement, donc il a renoncé à les Cette idée, que nous avons au promulguer véritablement parce reste soutenue ailleurs, nous paraît qu’en fait il n’a rien promulgué du toujours recevable en principe, mais tout, de sorte qu’il conserve quand précisément, elle n’est valable qu’en même son droit à promulguer des théorie, elle ne saurait garantir la lois et à enseigner », est une formule légitimité d’une situation de déso- qui tient pour acquis ce qui est en béissance à long terme. Car ceux-là question, à savoir qu’il conserve son mêmes qu’on accuse à bon droit d’ê- droit à promulguer des lois ; en ef- tre modernistes (les hiérarques fet, le fait même de promulguer une conciliaires, papes compris) ne ces- mauvaise loi ou un enseignement sent, de fait, de revendiquer la pos- faux peut être à bon droit compris, session d’un pouvoir de juridiction si l’intention de promulguer est in- (regimen) qu’ils appliquent sans dubitable (en tant que confirmée vergogne, par exemple en se payant par d’autres actes confirmant le pré- le luxe de lever une excommunica- cédent), comme le résultat d’une tion alors qu’ils sont libéraux et ne perte de l’autorité*. croient plus à l’intangibilité des dog-

* On se trouve là, en fait, dans une situation logiquement indécidable. Doit être rejeté – disent les lefebvristes– ce qui, du magistère non formulé dans les formes de l’infaillibilité, n’est pas en conformité avec la Tradition ; mais c’est le magistère seul qui a autorité pour déclarer ce qui est ou n’est pas conforme à la Tradition . Dès lors, s’il s’agit vraiment d’un magistère, son contenu doit être accepté. Il s’agit vraiment d’un magistère si ce dernier est développé par un vrai pape qui entend user de son pouvoir d’enseigner. On peut toujours déclarer que le pape libéral est vrai pape mais qu’il renonce à enseigner du fait qu’il déve- loppe un magistère libéral (lequel n’est pas vraiment un magistère), de sorte que le devoir d’obéissance est suspendu, mais il est toujours possible d’opposer à cette assertion que 162 Sans Concession

Cela dit, nous ne nous permet- trons pas de discuter* ici le bien- fondé des arguments de la FSSPX dans son refus de se rallier aux posi- tions sédévacantistes. Nous remar- querons simplement que, supposées recevables, ces positions ne lui en- joignaient nullement de solliciter, de la part de la Rome moderniste, un dialogue et la levée d’excommunica- tions qu’elle a toujours tenues pour invalides. Comme le fit observer pertinemment le Père Abrahamo- wicz, ce sont les conciliaires qui sont excommuniés ipso facto depuis long- temps, parce qu’ils sont modernis- tes. De telles positions invitaient au contraire la FSSPX à se garder de tout contact sollicité par elle avec Mgr Tissier de Mallerais des chefs dont la légitimité est dou- teuse et dont les positions héréti- lait que la « position » de St Joseph ques sont certaines. Dès 2000, Mon- avait été la fuite et non le dialogue seigneur Tissier de Mallerais s’était, avec Hérode. Au rebours de la posi- en ce sens, opposé à Mgr Fellay de tion sédévacantiste qui, quant à manière indirecte, mais transpa- elle, ne peut que refuser de dialo- rente, dans un sermon fait aux sé- guer avec des imposteurs, les posi- minaristes d’Ecône, dans lequel il tions de la FSSPX lui enjoignaient comparait les autorités romaines à seulement, en s’assurant d’une ex- Hérode voulant tuer Jésus. Il rappe- trême circonspection et de la ferme- l’acte d’identifier ce magistère comme libéral est contredit par le fait même que son conte- nu se présente comme un acte de magistère habilité à signifier qu’il est conforme au dépôt de la Tradition, que donc il est non libéral et exige l’obéissance. De sorte que l’unique is- sue, pour qui entend se soustraire à un tel magistère manifestement moderniste, est de déclarer que son auteur n’a pas l’autorité parce qu’il n’est pas pape. Le lefebvriste rétor- quera qu’un magistère libéral n’est pas un magistère et que de ce fait il ne saurait être critère de ce qui est ou non conforme à la Tradition. Et le sédévacantiste déclarera que le lefebvriste n’a pas autorité pour prétendre qu’un tel magistère est libéral. Si l’acte magis- tériel seul est critère de son statut ontologique de magistère, alors il est tout aussi pertinent, d’un point de vue strictement logique, de déclarer qu’il n’est pas magistère parce qu’il est libéral, que de déclarer qu’il est non libéral parce qu’il est magistère (ou qu’il n’est pas ma- gistère parce que, libéral, il est promulgué par un antipape). Seul, nous semble-t-il, le cours du temps permet de trancher : si les auteurs d’un mauvais magistère persistent in- définiment dans leur erreur, c’est qu’ils n’ont pas l’autorité et qu’ils ne sont pas papes ; s’ils se reprennent, c’est qu’ils étaient ponctuellement tombés dans l’erreur exprimée dans des formes ne garantissant pas l’infaillibilité, et qu’ils avaient conservé une autorité dont ils avaient fait momentanément mauvais usage. Mais comment évaluer le temps au-delà duquel il n’est plus raisonnablement permis de douter ? Nous n’avons pas de réponse. Ayant unilatéralement choisi l’hypothèse du « mauvais pape mais pape », la FSSPX, cons- ciente de l’aporie qui vient d’être évoquée, s’est mise en demeure de se réconcilier avec la Rome moderniste au plus vite, au risque de trahir sa vocation providentielle de gardien vicariant du dépôt de la foi. * Jusqu’à plus ample informé, l’auteur de ces lignes fait siens de tels arguments. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 163 té la plus radicale, de ne pas refuser pétons : faire avancer la Tradition, le dialogue si ce dernier était sollici- c’est faire avancer le révisionnisme ; té par la Rome moderniste, en at- dès lors, pour qui entendait subver- tendant que la Providence, par des tir le modernisme en usant de ses moyens que personne ne saurait propres armes contre lui retournées, prévoir, fasse cesser la crise moder- il fallait faire le dos rond et faire niste. semblant de ne pas entendre, décla- Cette réserve faite, on conçoit ce- rer « inopportunes », du bout des lè- pendant que –ayant décidé, non vres, les déclarations de Monsei- sans une probable dose consistante gneur Williamson, mais se garder de naïveté, d’engager un dialogue surtout de jamais le désavouer avec la Rome moderniste dans la quant au fond. Ce qui, comme on sincère intention de convertir cette sait, ne fut pas accompli. C’est pour- dernière– la FSSPX ait pu penser quoi, en dernier ressort, nous ne que l’obtention d’une levée du décret croyons pas à l’existence d’une telle d’excommunication lui assurerait stratégie, au reste périlleuse, de la une assise l’habilitant à rallier à la ruse à l’égard des rusés. Tradition les âmes chrétiennes pu- sillanimes abusées par une fausse ♦BILANS . conception de l’autorité, ainsi à étendre son apostolat aux modernis- Nous tenons pour tes en rusant avec les autorités providentielle l’i- conciliaires : feindre d’être bien dis- nitiative de Mon- posé à l’égard de la « miséricorde seigneur William- paternelle » d’un hypothétique pape son de jeter un pa- qu’on sait hérétique, afin de décro- vé dans le marigot cher la levée d’une sentence discipli- des menteurs à naire, tout en étant fermement déci- propos de l’Holo- dé à ne rien signer et à ne rien cé- causte ; c’est cette der, selon une pratique diplomati- décision qui que relevant de la tradition jésuiti- contraignit Benoît XVI, sous la pres- que. Après tout, un Benoît XVI en sion des Juifs, à exprimer son inten- mal d’œcuménisme à tout crin, tion réelle de faire se rallier la même à l’égard des « pestiférés » de FSSPX à Vatican II sans condition ; la Tradition, pouvait donner l’im- c’est elle aussi qui révéla au monde, pression de faire à la FSSPX des de manière désormais éclatante, que concessions si avantageuses et telle- la « Shoah » est devenue un dogme ment unilatérales que cette dernière pour les conciliaires eux-mêmes. pouvait peut-être, quant à elle, se Puisse ce voile levé donner à Mon- sentir assez forte pour se faire plus seigneur Fellay la force d’interrom- rusée que les rusés : entrer dans la pre tout dialogue avec la Rome mo- place et profiter des structures mé- derniste, dût-il, ce faisant, donner diatiquement légitimantes de la li- l’impression que la FSSPX est tout céité canonique pour avancer des entière révisionniste (ce que, hélas, pions traditionalistes dans le corps elle n’est que de manière minori- putréfié du modernisme. Mais alors, taire). dans l’hypothèse, pourquoi s’être dé- Dans la logique adoptée officielle- solidarisé, avec une telle précipita- ment par la FSSPX, Monseigneur tion, des révisionnistes ? Nous le ré- Fellay, à la suite des déclarations 164 Sans Concession révisionnistes de Monseigneur Wil- sibilité de toute remise en question liamson, aurait pu, avec un grand de l’esprit de Vatican II. La FSSPX courage (faut-il rappeler que, par se serait retrouvée ipso facto recou- définition, toute vérité est catholi- verte de la tunique du révision- que, et que la force de la vérité est à nisme, ce dont nous ne pouvions que long terme invincible quand on ose nous réjouir, parce que cette tuni- la mettre au jour ?), appuyer son que n’est pas celle de Nessus, mais évêque et proclamer la vérité révi- celle du manteau d’Elie contre le sionniste ; on n’aurait pas emprison- modernisme. né toute la Fraternité, et, quand Monseigneur Fellay aurait pu, bien même cela se fût produit, la avec moins de courage mais sans FSSPX se fût par là donné une posi- trahir sa cause, se contenter de res- tion spirituellement forte, conférant ter en dehors du débat, en rappelant au révisionnisme un crédit moral que la cause de la Tradition catholi- considérable, invitant de ce fait les que n’est pas, primo et per se , le ré- mentalités à changer à propos de visionnisme (ce qui est vrai), quand l’hégémonie juive, par là sapant bien même ce refus de hurler avec (comme nous l’avons établi plus les loups aurait fait capoter toute haut) les bases pratiques de l’impos- amorce de dialogue avec les théolo- giens conciliaires. Monseigneur Fellay, soit par peur irration- nelle, soit dans le but non moins coupable de parvenir à un ac- cord à tout prix, a préféré don- ner des gages de judéophilie à la Rome moderniste, faisant jouer le tambour de la mauvaise cons- cience par un pauvre abbé Schmidberger décidément la- mentable*, exterminationniste en diable, et en humiliant Mon- « Monseigneur Fellay, soit par peur irrationnelle, soit dans le but non moins coupable de par- venir à un accord à tout prix, a préféré donner des gages de ju- déophilie à la Rome moderniste, faisant jouer le tambour de la mauvaise conscience par un pauvre abbé Schmidberger déci- dément lamentable, extermina- tionniste en diable, et en humi- liant Monseigneur Williamson »

* Dans la livraison du « Mitteilungstageblatt » de mars 2009 (organe de diffusion de la FSSPX pour l’Allemagne), page 20, l’abbé Schmitberger se déclare, de plus, en parfait ac- cord avec l’enseignement du Compendium du catéchisme de l’Église « catholique » de 2005 (question 117), sur la question juive, qui confirme évidemment le contenu de Nostra ae- tate . Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 165 seigneur Williamson par juiverie internatio- cette injonction commina- nale ayant compris toire de demander pardon qu’elle ne parvien- à Benoît XVI, aux juifs et drait jamais à dis- à la terre entière. De soudre le christia- cette triste affaire, la nisme en l’attaquant FSSPX sortira, si jamais de front, mais qu’elle elle s’en tire, pour le serait parfaitement à moins affaiblie ; comme même de se le subor- d’habitude, elle y laisse- donner après l’avoir ra, au mieux, plus que dénaturé, et qui des plumes. Monseigneur consiste en ceci : le Fellay doit enfin com- christianisme moder- prendre, pour le salut de niste et œcuméniste la Tradition catholique, pour les goïm, le ju- qu’aucun aménagement daïsme talmudiste et n’est possible entre des Elie Benamozegh kabbaliste pour les modernistes retors et le Juifs entendus tels catholicisme intègre, et que la les Grands prêtres de la religion « Shoah » est le dogme qui fonde la universelle dont le catholicisme ne crédibilité apparente de Vatican II : serait qu’un appendice à l’usage des Vatican II a été fait par des héré- sous-hommes. Tel était au 19 ème siè- tiques qui ne savaient cle le vœu du Juif pas qu’ils travaillaient « Mgr Fellay doit enfin italien Elie Bena- comprendre, pour le salut pour les Juifs, les- mozegh, auteur de de la Tradition catholique, quels, eux, le savaient Israël et l’Humani- qu‘aucun aménagement parfaitement, qui té, Etude sur le pro- n‘est possible entre des poussèrent à la roue modernistes retors et le ca- blème de la religion des bradages judéo- tholicisme intègre, et que la universelle et sa so- maçonniques afin « Shoah » est le dogme qui lution : il y eut une d’instaurer la religion fonde la crédibilité apparente alliance de Dieu de la divinité du peu- de Vatican II » avec Noé qui vaut ple juif, immanence du pour l’humanité en- divin dans l’histoire, conscience de tière, puis une alliance de Dieu avec soi du « Verbe » (le « Plérôme ») du le peuple d’Israël créé à partir d’A- dieu gnostique de la kabbale ; être braham et de Sarah, de sorte qu’en contre Vatican II, c’est lutter contre se réduisant aux lois noachides, le l’hégémonie juive, et lutter contre christianisme pourrait devenir une l’hégémonie juive c’est être révision- religion pour Gentils tout à fait re- niste. Quand on entend un Be- cevable selon les critères du ju- noît XVI enseigner, après Lustiger, daïsme pharisaïque ; entendons par que la première Alliance ne serait là qu’un catholicisme réduit –par le pas caduque, on peut prévoir pour modernisme– à une vague religion bientôt l’accomplissement de l’arrai- œcuméniste, pourrait en dernier sonnement définitif –par la puis- ressort se convertir au judaïsme sance juive– de l’Église catholique, sans cesser de se déclarer selon un schéma concocté depuis « chrétien », en acceptant de se ré- longtemps dans le cerveau malade duire à un sous-judaïsme à l’usage et objectivement satanique d’une des Goïm. Ce projet est en passe 166 Sans Concession d’être réalisé, conforté qu’il est par b) Lettre de Baruch Lévi à Karl le dogme de l’Holocauste. Marx , citée par Julius Evola : Il n’est plus possible, il n’a au fond jamais été possible, pour un Le peuple juif, en tant que collectivité, vrai catholique lucide, de faire l’éco- sera son propre messie. Sa domination sur le monde sera réalisée par l’union nomie d’un engagement révision- des autres races humaines, l’élimination niste. Puisse cette crise terrible que des frontières et des monarchies, qui subit la FSSPX la disposer à chan- sont les bastions du particularisme, et ger de stratégie et à adopter la solu- par la constitution d’une république tion –l’unique solution– du combat mondiale, au sein de laquelle les Juifs jouiront partout de leurs droits. Dans frontal et sans concession, même si cette nouvelle organisation de l’humani- ce dernier doit se solder par le mar- té, les fils d’Israël, présentement disper- tyre. Car enfin, si la FSSPX ne se sés dans le monde entier, pourront sans fait pas –dans les mois qui suivent– obstacle devenir partout l’élément diri- dévorer toute crue, elle aura néan- geant, surtout s’ils parviennent à placer les masses ouvrières sous le ferme moins perdu beaucoup de crédibilité contrôle de quelques-uns d’entre eux. et beaucoup d’efficace dans son com- Les gouvernements des peuples formant bat pour la Tradition : elle conserve- la république mondiale, avec l’aide du ra peut-être ses prieurés, ses cha- prolétariat, sans que cela réclame des pelles, ses portefeuilles, mais, ayant efforts, tomberont tous aux mains des Juifs. La propriété privée pourra alors fait l’aveu de son refus d’attaquer être soumise aux gouvernants de race Vatican II à la racine, elle sera for- juive, qui administreront partout les tement et pour longtemps margina- biens de l’Etat. Ainsi sera accomplie la lisée au regard des laïques ferme- promesse du Talmud, selon laquelle les ment attachés à la Tradition catho- Juifs, lorsque les temps seront venus, posséderont les clés des biens de tous les lique. peuples de la terre*.

♦EN GUISE DE CONCLUSIONS Dans le même esprit, Primo Levi, PROVISOIRES . auteur inscrit au programme du baccalauréat français de 2003, qui A. Nous nous permettrons de sou- plus est l’un des principaux mettre, sans commentaire, les infor- « témoins » de la « Shoah », écrit, mations suivantes à nos lecteurs qui dans son ouvrage Lilith : ne sont pas encore convaincus par les positions révisionnistes : De tout ce que tu viens de lire [écrit-il en 1981 dans un testament destiné à son a) Dans un « Grand entre- tien » ( Le Monde des 7 et 8 janvier Saul Friedlander. 2007), Saül Friedlander, grand ex- terminationniste devant l’Eternel, croit prudent de confesser : « Deuxièmement, il faut reconnaître que les circonstances de la Shoah sont obscures. Celle-ci reste un élé- ment non résolu de l’histoire occi- dentale du 20 ème siècle ».

* Voy . J. Evola, Ecrits sur la Franc-maçonnerie , Pardès, 1987, traduction de François Maistre, pp. 48-49 ; voy. Revue de Paris , XXXV, 11, page 574 Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 167

fils] tu pourras déduire que le mensonge e) Jacques Attali , dans L’Express est un péché pour les autres, et pour du 1 er juin 2006, page 60, déclare : nous une vertu. Le mensonge ne fait qu’un avec notre métier ; il convient que L’immense majorité des Juifs assassinés nous mentions par la parole, par les l’ont été par les armes individuelles des yeux, par le sourire, par l’habit (…). soldats et des gendarmes allemands, Avec le mensonge, patiemment appris et entre 1940 et 1942, et non par les usines pieusement exercé, si Dieu nous assiste, de mort, mises en place ensuite. nous arriverons à dominer ce pays et peut-être le monde : mais cela ne pourra se faire qu’à la condition d’avoir su men- f) En ce qui concerne le nombre tir mieux et plus longtemps que nos ad- de Juifs morts à Auschwitz, on ob- versaires. Je ne le ver- tient selon les sources officielles : 9 rai pas, mais toi tu le verras : ce sera un millions (« Nuit et Brouillard »), nouvel âge d’or (…), 4 millions (procès de Nuremberg, tandis qu’il nous suffi- mais aussi stèles d’Auschwitz jus- ra, pour gouverner qu’en 1990), 1,5 million (ces mêmes l’Etat et administrer stèles d’Auschwitz depuis 1995), la chose publique, de prodiguer les pieux 700 000 (Jean-Claude Pressac), mensonges que nous 510 000 selon Fritjof Mayer (voir aurons su, entre- « Die Zahl der Opfer von Aus- temps, porter à leur perfection. Si nous chwitz », Osteuropa, mais 2003, pa- nous révélons capables de cela, l’empire ges 631 à 641). des arracheurs de dents s’étendra de l’Orient à l’Occident jusqu’aux îles les plus lointaines, et n’aura pas de fin ». Rappelons que la devise du Mossad est : « By way of deception » [1].

c) Le 3 octobre 2002, Ariel Sharon déclara à ses ministres : « Nous contrôlons l’Amérique, et l’Amérique le sait » [2].

d) Dans Le révisionnisme en his- toire , Domenico Losurdo propose quelques pages utiles sur la propa- gande de guerre des Etats-Unis, fondée sur la mise en scène de mas- sacres et de tortures imaginaires, Les nouvelles stèles à Auschwitz dès la guerre de 1898 contre l’Espa- gne. Les textes et films anglo-saxons g) La revue Actualité juive de 1916-1917 évoquent des « seins (20 janvier 2000) cite David Irving coupés et hommes crucifiés » par les (biographe de Churchill et mémoria- Allemands, les « sept cent mille Ser- liste de la destruction de Dresde) : bes éliminés au moyen de gaz désin- fectant », les cadavres « transformés Nous savons aujourd’hui que, tout en savon ou en aliment pour comme les Américains ont construit de porcs » [3]. fausses chambres à gaz à Dachau dans

(1) : Voy. P. Levi, Lilith (Poche Biblio), p. 122. (2) : Propos cités par Radio Kol Israël, voy. Rivarol n° 2571, 19 avril 2002, p. 1. (3) : Voy. D. Losurdo, Le révisionnisme en histoire (éd. Albin Michel), évoqué par la revue Écrits de Paris n° 692, novembre 2006. 168 Sans Concession

les jours qui ont suivi la fin de la guerre, les chambres à gaz que les touristes peu- vent voir à Auschwitz ont été construi- tes par les autorités polonaises après la Seconde Guerre mondiale.

h) Henri Rousso, dans l’ Express du 19-25 janvier 1995, page 68, dé- clare à propos de la chambre à gaz d’Auschwitz : « Tout y est faux (…) A la fin des années 70, Robert Fauris- son exploita d’autant mieux les falsi- fications que les responsables du musée rechignaient à les reconnaî- tre. »

Couverture de la version française du livre d‘Arno Mayer

Vidal-Naquet, déclare page 406 : Henry Rousso « Les sources dont nous disposons pour étudier les chambres à gaz sont i) Elie Wiesel, dans La Nuit évo- à la fois rares et peu sûres ». que, de son passage dans les « camps de la mort », le souvenir de j) L’historien Jacques Baynac, « flammes gigantesques » montant dans Le Nouveau Quotidien de Lau- des fosses où des camions sanne du 3 septembre 1996, af- « déversaient des petits enfants, des firme : « […] il faut reconnaître que bébés » ; selon la déportée Germaine le manque de traces entraîne l’inca- Tillion, une telle scène est issue pacité d’établir directement la réalité d’une « imagination sado- de l’existence de chambres à gaz ho- masochiste », au point que Pierre micides ». Vidal-Naquet, exterminationniste patenté, fut contraint de qualifier k) Dans Tous les fleuves mènent à Wiesel de « menteur »*. la mer (Seuil, 1994, page 97), Elie Wiesel enseigne doctement : « Les j) Arno Mayer , dans La « Solution chambres à gaz, il vaut mieux qu’el- finale » dans l’histoire », ouvrage pu- les restent fermées au regard indis- blié en 1990 avec une préface de cret. Et à l’imagination ».

* Ouvrage publié en 1958 et préfacé par Claude Mauriac, voir Rivarol du 14 janvier 2001, n° 2463 page 7. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 169

B. Nous avons pensé, un temps, que le comportement ambigu de la FSSPX pouvait, avec beaucoup de bonne volonté, autoriser la formula- tion de l’hypothèse d’un double jeu fondé sur des intentions beaucoup moins alarmantes que celles d’un ralliement pur et simple à la Rome moderniste. Depuis l’éviction bru- tale de l’abbé Abrahamowicz et les menaces formulées par Monsei- gneur Fellay à l’encontre de Monsei- gneur Williamson, nous n’y croyons plus. Nous y croyons d’autant moins que Monseigneur Fellay s’empêtre manifestement dans ce qu’il faut bien appeler des mensonges. En ef- fet, la « Lettre aux Fidèles », diffusée le 24 janvier 2009 sur La Porte la- tine (site officiel de la FSSPX) et dans les lieux de culte de la FSSPX, fut l’objet d’un changement : Cardinal Castrillon de Hoyos - Ancienne version : mière. Notons que, dans sa lettre du Nous sommes prêts à écrire avec notre 15 décembre 2008 de demande de sang le credo, à signer le serment anti- levée du décret d’excommunication moderniste, la profession de foi de Pie IV, nous acceptons et faisons nôtres tous adressée au Cardinal Castrillon les conciles jusqu’à Vatican II au sujet Hoyos, Monseigneur Fellay avait duquel nous émettons des réserves . usé de la formule « jusqu’à Vati- can II au sujet duquel nous émettons - Nouvelle version (parue le 29, des réserves ». Nous laisserons les mais toujours datée du 24) : esprits moins naïfs que le nôtre ex- pliquer, comme ils l’entendent, les Nous sommes prêts à écrire avec notre miraculeuses mises au point de ce sang le credo, à signer le serment anti- genre. moderniste, la profession de foi de Pie IV, nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican I. Mais nous Tentons cependant d’imaginer ce ne pouvons qu’émettre des réserves au qui pourrait se produire si Monsei- sujet du concile Vatican II , qui s’est vou- gneur Fellay refusait catégorique- lu un concile « différent des autres » (cf ment la moindre concession et fai- discours des papes Jean XXIII et Paul VI). sait capoter le dialogue en cours avec les modernistes. Si la FSSPX Les autorités de la FSSPX ont « reprend ses billes », elle conserve fait savoir à leurs fidèles que la pre- l’indépendance dont elle jouissait mière version n’avait jamais été avant ses pourparlers avec Rome, et écrite par Monseigneur Fellay, le- elle se trouve enrichie d’une petite quel ne se reconnaît que dans la se- victoire ; en effet, la levée du décret conde, qui de ce fait serait la pre- d’excommunication, laquelle ne sau- rait être annulée par Benoît XVI 170 Sans Concession sans que ce dernier fasse figure de criture sainte elle-même, “nous sommes girouette, permettra aux catholi- des fils d’Abraham affirme encore saint Paul. ” » ques pusillanimes non gagnés à l’i- déologie de Vatican II (et au vrai, il Nous considérons que la cécité de ne doit pas y en avoir beaucoup, la FSSPX à l’endroit de la question parce que le modernisme va dans le juive et de la dernière guerre mon- sens du subjectivisme qui est la diale la rend complètement vulnéra- vraie cause efficiente de toutes les ble aux attaques et aux pressions de décadences et qui est universelle- la subversion judéo-concilaire, de ment plébiscité) de se libérer de l’É- sorte qu’il est à craindre que, tôt ou glise conciliaire pour rejoindre les tard, elle ne se rallie. L’annonce par rangs de la Tradition. Cela dit, Benoît XVI ou ses représentants au- même si elle se libère de ce dialogue torisés du double diktat –Vatican II empoisonné et inopportun avec la n’est pas négociable, Monseigneur Rome moderniste, la FSSPX sortira Williamson doit renoncer à son révi- considérablement affaiblie. Qu’on en sionnisme pour être réintégré– au- juge (cette prose sort du site du rait dû inviter Monseigneur Fellay, journal « La Croix ») : s’il était honnête (c’est-à-dire vrai-

ment ferme à l’égard de Vatican II) Mgr Bernard Fellay, a reçu Famille quoique paralysé par des opinions Chrétienne le 31 janvier dans sa Maison politico-historiques erronées, à rom- générale de Menzingen en Suisse. Il a notamment réagi aux accusations d’anti- pre tout contact avec Rome : si Vati- sémitisme lancées contre la Fraternité can II n’est pas négociable, tout Saint-Pie X : pourparler doit cesser puisque, de l’aveu même de Monseigneur Fellay, « Nous condamnons évidemment tout ces pourparlers avaient pour voca- acte de mise à mort de l’innocent. C’est un crime qui crie contre le ciel ! D’au- tion de faire revenir Rome sur les tant plus quand il s’agit d’un peuple. déclarations modernistes de Vati- Nous rejetons toute accusation d’antisé- can II ; si la reconnaissance de la mitisme. Totalement et absolument. « Shoah » est devenue une condition Nous rejetons toute forme d’approbation sine qua non d’intégration dans de ce qui s’est passé sous Hitler. Cela est quelque chose d’abominable. Le christia- l’Église, c’est bien que la « Shoah » nisme pousse jusqu’à un degré suprême est devenue un dogme, et que la charité. Saint Paul, parlant des Juifs, l’Église se reconnaît en situation de s’exclame : “je désirerais être anathème vassale du judaïsme, ce qui signifie pour mes frères ! ” (Rom. 9,3). Les juifs qu’elle n’est plus, en acte, l’Église sont “nos frères aînés ” dans le sens où nous avons quelque chose de commun, à catholique. Puis donc que de toute savoir l’ancienne Alliance. Il est vrai que évidence Monseigneur Fellay en- la reconnaissance de la venue du Messie tend faire se poursuivre les pourpar- nous sépare. lers (se provoluter devant les Juifs « C’est très intéressant de voir que l’É- avec un tel empressement ne peut glise n’a pas attendu le Concile pour donner des lignes de conduite par rap- s’expliquer autrement), c’est qu’il port aux Juifs. Dès les années 30, même entend opérer un rapprochement pendant la guerre, plusieurs textes de avec la Rome moderniste à tout Rome donnent une position très juste : il prix, et c’est pourquoi notre pessi- faut réprouver les abominations du ré- misme a beaucoup de mal à ne pas gime hitlérien ! “Spirituellement, nous sommes des sémites ” avait dit le pape croître d’heure en heure de manière Pie XI. C’est une vérité qui vient de l’E- exponentielle. Ce qui, aussi, nous Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 171

dispose à redouter la faiblesse de La méthode la plus élégante et la plus Monseigneur Fellay, c’est cette his- romaine serait que la Fraternité fasse une profession de foi sur les points liti- toire à dormir debout d’erreur dans gieux, appuyée exclusivement sur le ma- la diffusion de la lettre aux fidèles, gistère traditionnel, dont Rome puisse ci-dessus évoquée. Nous pensons, déclarer qu'elle est parfaitement catholi- sans pouvoir le prouver, que Mon- que, et qui vaudrait reconnaissance im- seigneur Fellay avait bien adopté ce plicite d'un Vatican II replacé dans la Tradition*. que nous avons nommé « première version », qui était pour le moins Et Monseigneur Fellay d’avaliser équivoque, et qu’il s’est rétracté de- à son tour le dogme de la « Shoah » vant l’inquiétude de maints prêtres en condamnant piteusement Mon- confrontés aux exigences sans am- seigneur Williamson dans les ter- bages de Benoît XVI elles-mêmes mes suivants : dévoilées sous la pression des Juifs par suite des déclarations de Mon- S’il nie l’Holocauste une nouvelle fois, seigneur Williamson. Nous en dé- c’est ce qui arrivera [à savoir : il sera duisons que Monseigneur Fellay expulsé de la Fraternité]. Il vaut proba- avait bien accepté de lire Vatican II blement mieux qu’il se taise et qu’il à la lumière de la Tradition (ce qui reste dans son coin. Je souhaite qu’il disparaisse de la vie publique pour un est une exigence intrinsèquement bon moment. Il nous a fait du mal et a contradictoire), et ainsi que Monsei- sali notre réputation. Nous prenons clai- gneur Fellay ne mérite plus notre rement nos distances avec lui [Voy. Der confiance. Au reste, interrogé sur Spiegel , 2 mars 2009]. les modalités d’un possible accord futur entre la FSSPX et Rome, au Depuis des années, nous avons terme de discussions théologiques vainement tenté, avec beaucoup supposées convertir les modernistes, d’autres et à notre modeste place de Monsieur l’abbé Grégoire Célier, « la laïque, de mettre en garde les mem- voix de son maître », déclara sans bres de la FSSPX contre le danger détour : d’un rapprochement avec la Rome

* Voy. Valeurs actuelles , 5 mars 2009, p. 15 172 Sans Concession moderniste, conjuguant cette invita- des rejetons des puissances tion avec celle d’un devoir de cohé- « alliées » sur le national-socialisme. rence doctrinale et pratique : la poli- Nous n’affirmons pas qu’il faille tique et la religion ne peuvent pas être national-socialiste pour être ca- être déconnectées l’une de l’autre ; tholique. Nous savons que certains les tendances modernistes exis- aspects ou certains courants du na- taient dans l’Église bien avant Vati- tional-socialisme, même lavé du can II, les engagements pastoraux monceau de mensonges dont il est et politiques de Pie XI et de Pie XII, désormais recouvert, sont difficile- démocrates-chrétiens*, étaient in- ment compatibles avec la doctrine compatibles avec leur souci de pré- catholique. Nous affirmons d’abord server le dogme catholique, de sorte que le national-socialisme (tout que, pour qui entend aujourd’hui se comme le fascisme) eut le mérite, faire le héraut de la Tradition, ce selon le mot de Franz Von Papen, de n’est pas aux papes que nous venons se vouloir la « réponse chrétienne à d’évoquer qu’il convient de donner 89 », réponse maladroite et coupable inconditionnellement sa confiance. Franz von Papen Par refus de revenir sur les engage- ments pastoraux et indirectement politiques de tels papes, la FSSPX à en est venue à s’apprêter à trahir même la Tradition telle qu’elle était conçue et défendue par Monsei- gneur Lefebvre. Avoir raison nous remplit d’amertume. Pas un jour ne se passe sans que soient célébrées les « horreurs » du fascisme. Le mouvement – mondialiste, moderniste, satanique– de l’Histoire contemporaine, est tout entier conditionné, depuis soixante ans, par la diabolisation des puis- sances de l’Axe : la Seconde guerre mondiale n’est pas terminée, et l’a- vènement de l’Antéchrist, c’est-à- dire de l’Etat mondial qui se profile, sera la consommation de la victoire

* Qu’on songe aux calamiteuses déclarations de Pie XII dans son allocution au Sacré Col- lège du 2 juin 1945 (« spectre satanique exhibé par le national-socialisme ») et dans son message au monde radiodiffusé du 24 décembre 1944 : le Pape Pie XII se réjouissait, au terme de la guerre, des tendances chez les hommes de gouvernement à se réunir en vue de déterminer les droits et les devoirs fondamentaux sur lesquels devrait être reconstruite une communauté des Etats, ce qui revenait à donner son aval aux futures manœuvres ma- çonniques et mondialistes de l’ONU ; le saint Père se réjouissait aussi d’aspirations à plus de démocratie nées dans les peuples supposés s’être « réveillés d’une longue torpeur » et être capables de plus de sagesse que les chefs de peuples dans leur aptitude à « prévenir le tourbillon désastreux de la guerre ». Pie XII, dans le sillage de Léon XIII et de Pie XI, est tombé dans l’erreur très funeste, philosophique, de l’esprit démocratique ; nul ne peut le nier. Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 173

« Il était dans l‘intérêt de l‘Église, ainsi du salut des âmes et du rétablis- sement de l‘ordre des choses, que les puissances de l‘Axe fussent victo- rieuses et, parce que la Seconde guerre mondiale n‘est pas terminée, il est nécessaire de le rappeler et d‘agir en conséquence, en particulier en rétablissant la vérité sur les puissances de l‘Axe. » divers égards, mais amendable et de les travers du national-socialisme et ce fait riche de virtualités précieu- du fascisme, mais de telle sorte que ses, qui réactualisaient les mérites ces dénonciations ne fussent pas au- de l’Ancien Régime sans reproduire tant de cautions pour la victoire des les travers de ce dernier, lesquels « Alliés » et des idéologies dont ils furent les causes de sa perte. Ainsi étaient les supports. La politique est affirmons-nous que, compte tenu l’art du possible. Il était dans l’in- des forces en présence (Axe contre térêt de l’Église, ainsi du salut judéo-bolchevisme, judéo- des âmes et du rétablissement libéralisme et jacobinisme), il n’y de l’ordre des choses, que les avait pas de troisième voie, pas puissances de l’Axe fussent vic- même (surtout pas !) cet esprit dé- torieuses et, parce que la Se- mocrate-chrétien (celui-là même de conde guerre mondiale n’est pas Pie XI et de Pie XII) si peu cohérent terminée, il est nécessaire de le et tellement vicié qu’il était, même rappeler et d’agir en consé- développé dans le contexte d’un quence, en particulier en réta- maintien du dogme catholique intè- blissant la vérité sur les puis- gre, une proie toute désignée pour la sances de l’Axe . Voilà ce que nous subversion moderniste et, avec elle, voulons dire, voilà ce qui doit être pour la victoire du judéo- dit quand on est catholique, voilà ce maçonnisme. De sorte que l’Église qu’on ne peut pas ne pas dire et catholique était fondée à dénoncer penser quand on est vraiment ca- 174 Sans Concession

La querelle « pour ou contre le sédévacantisme » ne paraît pas, en dernier ressort, trancher entre « vrais » et « faux » traditionalistes. C‘est plutôt la querelle « pour ou contre la religion de la Shoah », ainsi « pour ou contre le révisionnisme », qui doit à notre sens servir de « Shibboleth » aujourd‘hui. dances confondues, est de n’avoir pas compris que la « Shoah » est une nouvelle religion et que la victoire des « Alliés » était une défaite pour l’Église, que donc les tendances dé- mocrates-chrétiennes de Léon XIII, de Pie XI et de Pie XII –tous adulés par les traditionalistes de tous bords– sont les premières responsa- bles de Vatican II. Et les sédévacan- tholique, surtout quand on est un tistes, en ce qui concerne la suppo- chef religieux. Voilà ce que la sée perversité du Troisième Reich, FSSPX n’a pas compris. Et c’est ne nous paraissent pas beaucoup parce qu’elle ne l’a pas compris plus éclairés que les lefebvristes. Ils qu’elle est en train de se suicider ne remettent en cause, absolutisant (voir annexe). le pouvoir papal, ni les choix politi- Il ne nous reste plus qu’à prier, et ques ni la philosophie implicitement à attendre que cette épouvantable personnaliste des papes qui ont im- crise, qui secoue la Tradition, aille médiatement précédé Vatican II. jusqu’au bout de ses fièvres, car Les sédévacantistes entendent pré- c’est après seulement qu’il sera pos- server les catholiques du poison du sible de dresser un bilan définitif et modernisme en s’efforçant à démon- de préparer sa renaissance. Au re- trer que les auteurs des déclarations bours de nos amis et compagnons de modernistes ne sont pas de vrais pa- combat Vincent Reynouard et Pe- pes et n’ont aucune autorité ; mais, trus, dont la présente livraison de pour procéder à de telles démonstra- Sans Concession propose de brillan- tions, ils en viennent à absolutiser tes analyses, nous n’avons jamais les pouvoirs des papes en général et, été sédévacantiste. Cela dit, nous en particulier, de ceux, démocrates- n’avons jamais fait de concessions à chrétiens, dont les déclarations ont la FSSPX sur les points qui nous été autant de systèmes d’amorçage paraissaient condamnables dans ses de Vatican II. De sorte que –nous idées et dans ses choix. Nous n’envi- savons notre ami Vincent assez ma- sageons pas d’en faire aux sédéva- gnanime et honnête pour ne pas cantistes sur les points de doctrine nous reprocher notre franchise– les qui n’emportent pas notre adhésion, sédévacantistes sont un peu comme dussions-nous à ce titre risquer de ces opposants à 89 qui aujourd’hui faire figure de « mou ». Mais il serait encore voudraient retourner à l’An- inique de nous qualifier ainsi. Au cien Régime sans s’enrichir des no- reste, la faute des traditionalistes vations fascistes, et qui, ce faisant, catholiques en général, toutes ten- réenclencheraient sans le vouloir les Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 175 conditions d’avènement de la Révo- donc la question du statut des vrais lution française. fidèles des derniers temps doive être La querelle « pour ou contre le posée en ces termes, cela devra sédévacantisme » ne paraît donc peut-être, un jour, être attribué au pas, en dernier ressort, trancher en- pontificat ( ?) de Benoît XVI. tre « vrais » et « faux » traditionalis- Le langage de la FSSPX est de tes. C’est plutôt la querelle « pour ou plus en plus celui des modernistes : contre la religion de la Shoah », ain- « frères aînés », « autorité de Vati- si « pour ou contre le révision- can II » dont seuls quelques détails nisme », qui doit à notre sens servir seraient problématiques, etc. Les de « Shibboleth » aujourd’hui. Une autorités romaines sont en passe de idée nous vient à ce sujet que nous réussir un coup de maître : capturer soumettons à nos lecteurs, à titre la FSSPX presque tout entière afin d’hypothèse : de la dissoudre, après l’avoir fasci- Les saintes Ecritures et les révé- née, et hypnotisée. En refusant d’as- lations mariales reconnues par l’É- sumer la vérité du révisionnisme, la glise annoncent, pour la fin des FSSPX révèle qu’elle n’a pas com- temps, mais aussi pour ces préfigu- pris les enjeux théologiques de la rations de la fin des temps qui cons- « Shoah », et que de ce fait elle n’est tituent les crises de l’Église, une en- pas armée pour lutter contre les en- treprise satanique de persécution treprises de judaïsation de l’Église. des catholiques qui sera non seule- C’est pourquoi force est de faire le ment psychologique et sociale, mais constat suivant : à moins d’un évé- aussi sanglante ; or l’esprit relati- nement providentiel, la FSSPX est viste et émasculé de l’esprit démo- en passe d’être perdue. Nous avons cratique et subjectiviste, qui règne longtemps pensé que la FSSPX fut en maître aujourd’hui, ne dispose et pourrait demeurer cette barque – guère à user de répressions sanglan- inconfortable à tous égards– en la- tes contre les opposants vraiment quelle la catholicité s’est réfugiée catholiques qu’il est si facile de mar- depuis que Rome s’est fourvoyée ginaliser ; en revanche, le révision- dans le modernisme. Nous pensons nisme est le péché capital, car la dif- aussi, de manière générale, qu’un fusion de la vérité sur ce point est instrument de la Providence atteste de force à faire trembler sur ses ba- d’autant mieux l’origine providen- ses l’édifice entier de la subversion, tielle de ses réussites que les et toutes les méthodes, même les moyens employés sont plus impar- plus expéditives, même les plus op- faits ; ainsi pensons-nous qu’un bien posées à l’esprit hédoniste et asexué ou une unité peut résulter de mesu- de la philosophie démocratique, sont res et déclarations discordantes, et permises et même exigées pour sau- qu’une situation bienfaisante peut ver le rêve démocratique. C’est peut- surgir, comme si elle avait été inspi- être en tant que révisionnistes que rée par la vraie prudence, d’une les vrais catholiques auront, dans conjugaison d’imprudences se recti- l’avenir, le redoutable honneur d’af- fiant les unes par les autres. Nous fronter le martyre. Que le catholi- savons enfin que la FSSPX n’a pas cisme doive passer par le révision- encore signé d’accord. Mais, même nisme qui conditionne la religion de aux yeux des traditionalistes qui ne la « Shoah » elle-même contenue en sont pas sédévacantistes, elle est, à puissance dans Nostra aetate , que vue d’homme et dans l’état actuel 176 Sans Concession des choses, devenue suspecte et vent l’étendard du « non possu- théologiquement et pastoralement. mus ». Supposé (ce qui n’est pas no- Elle est devenue suspecte à cause de tre opinion) que cette initiative du sa cécité à l’égard des manœuvres dialogue avec les modernistes soit juives, à cause de sa conception en soi recevable, encore faut-il que faussée d’une théologie vraiment les dispositions adoptées pour faire catholique de la question juive, à jouer la cause instrumentale cause de sa cécité à l’égard des ruses (dialoguer avec Rome) ne contre- des conciliaires, à cause de sa mé- viennent pas aux visées de la cause connaissance des erreurs philoso- principale (communiquer une théo- phiques répandues dans l’Église de- logie catholique aux modernistes) ; puis Léon XIII, à cause de son refus or, en édulcorant le contenu de la d’envisager sereinement et honnête- théologie vraiment catholique du ment (quelque unilatéraux et réduc- judaïsme, en atténuant l’opposition teurs que soient certains) les argu- à angle droit qui sépare la Tradition ments –dont plusieurs méritent du modernisme, Monseigneur Fellay mieux qu’une attitude dédaigneuse rend vaine la causalité de l’instru- fermée à tout dialogue– de l’école ment dont il se veut le serviteur. sédévacantiste. Tout dispose à pen- Monseigneur Fellay risque de lais- ser aujourd’hui que la FSSPX veut ser dans l’histoire le souvenir d’un le ralliement à la Rome moderniste pasteur non éclairé et indécis en à tout prix, afin (entre autres cho- même temps qu’imprudent et obsti- ses) de trouver dans le Vatican un né, paradoxalement présomptueux appui susceptible de peser sur les et pusillanime. Nous attendons le gouvernements décidés –sous la temps de la grande relève. pression juive internationale– à en finir avec elle, avec ses prieurés et Annexe ses écoles. Pour cette raison, le com- bat pour la Tradition semble désor- Permettons-nous ici de rendre publi- mais appelé à se développer en de- que la substance de l‘extrait d‘un hors de la FSSPX. Monseigneur Fel- message que nous fîmes récemment lay essaie actuellement de justifier parvenir à Monseigneur Williamson, ses actes et ses paroles en faisant peu avant son expulsion d‘Argentine observer que la FSSPX est une (le lecteur voudra bien nous pardon- cause instrumentale entre les mains ner d‘inévitables répétitions) : de Dieu, et que le propre d’une cause instrumentale est de poser un Le régime hitlérien a été couvert acte qui transcende son efficience de mensonges depuis des décennies, propre, de sorte que, même minus- et la prudence bien comprise veut cule face au géant dévastateur de que l’on choisisse le moindre mal. l’Église conciliaire, l’initiative de la Vous dont la lucidité n’a pas d’égale FSSPX consistant à essayer de en ce qui concerne les dangers du convertir la Rome moderniste doit surnaturalisme, et avec lui du cléri- être tentée coûte que coûte ; d’où calisme (particulièrement en sa son lâchage des ecclésiastiques com- forme démocrate-chrétienne et per- promis avec le révisionnisme, et la sonnaliste), vous ne pouvez ignorer politique de terreur pratiquée sur que, par accident, il est parfois op- ses prêtres, de peur que certains portun de s’écarter de l’emprise poli- d’entre eux ne s’émeuvent et ne lè- tique des clercs quand on veut réta- Le suicide (presque) réussi de la Fraternité... 177 blir l’ordre naturel des choses. En fait de Monseigneur Pacelli) en alle- soi, la séparation de l’Église et de mand. l’Etat, par exemple, est un mal. Pour ce qui est de l’opposition à Mais par accident elle peut être né- angle droit entre « Inter sollicitudi- cessaire, comme le comprit Salazar, nes » de Léon XIII ou « Divini illius lequel fit mettre les drapeaux de son magistri » de Pie XI d’une part, et pays en berne le jour de la mort saint Thomas d’Aquin d’autre part, d’Hitler. Plus généralement, en voici : 1939, il n’y avait pas de troisième voie : c’était ou la victoire de Staline « Totus homo ordinatur ut ad finem ad et des gangsters judéo-américains, tota m communitatem cujus est pars » (IIa IIae qu. 65 a. 1); ou celle de Hitler. Le clergé alle- « Bonum commune est melius et divi- mand en 1933 constituait une cin- nius quam bonum unius » (Politique I, quième colonne démocratique en Al- lectio 1) ; lemagne, hostile à l’entreprise hitlé- « Imperfectum ordinatur ad perfectum. rienne de redonner à l’Europe et à Omnis autem pars ordinatur ad totum sicut imperfectum ad perfectum. Et ideo la chrétienté sa place dans le omnis pars est naturaliter propter to- monde, qui doit demeurer la pre- tum (…) Quaelibet autem persona sin- mière, pour le bien commun univer- gularis comparatur ad totam communi- sel, naturel et surnaturel : sans na- tatem sicut pars ad totum » (IIa IIae qu. ture, pas de grâce. Les manœuvres 64 a. 2). de Martin Bormann et de ses affidés étaient certes lamentables, mais el- Il est tout simplement faux de su- les ne représentaient qu’un courant bordonner l’Etat aux familles ; c’est minoritaire dans le Reich allemand entrer dans la logique qui veut que qui au reste n’adopta pas la sépara- les familles soient –au nom du salut tion de l’Église et de l’Etat. Sans le individuel– subordonnées à la per- national-socialisme, la Phalange et sonne, et telle est la définition de ce le fascisme, eh bien, le catholicisme surnaturalisme qui veut que la serait mort en Allemagne, en Espa- grâce ne remplisse son office qu’au gne, en Italie. On construisit 2 500 détriment de l’ordre naturel, en par- églises en Allemagne entre 39 et 45. ticulier dans le domaine politique, Certains pèlerinages catholiques, en ce qui a pour résultat le personna- Prusse, furent même réhabilités lisme : quand la nature est violen- grâce au régime national-socialiste. tée, la grâce ne remplit pas son of- Ce dernier fut plus anticlérical (par fice de réfection et d’élévation (parce accident) qu’anticatholique. Le na- que la nature est sujet de la grâce), tional-socialisme ne fut nullement de sorte que, par un retournement condamné par l’encyclique Mit bren- dialectique prévisible, le surnatura- nender Sorge , contrairement à la lisme censé crucifier le paganisme légende ; il s’agissait d’une mise en « totalitaire » ignorant de la dignité garde contre certains actes répré- des personnes produit l’hypertro- hensibles commis ponctuellement phie de la personne subjectiviste. De dans le Reich. C’est ce que l’on peut plus, dans Mit brennender Sorge , on comprendre en lisant la réponse de trouve ceci : « Quiconque prend la Monseigneur Pacelli (du 30 avril race, ou le peuple, ou l’Etat, ou la 1937) à la note du Reich du 12 avril forme de l’Etat, ou les dépositaires 1937, laquelle répondait à la diffu- du pouvoir, ou toute autre valeur sion de l’encyclique de Pie XI (en fondamentale de la communauté hu-

178 Sans Concession maine –toutes choses qui tiennent liter contre l’esprit égalitaire, sub- dans l’ordre terrestre une place jectiviste et démocratique qui avait nécessaire et honorable –, qui- envahi les consciences, même celles conque prend ces notions pour les des hommes d’Église. Il l’a fait par- retirer de cette échelle de valeurs, fois de manière maladroite et exces- même religieuses, et les divinise par sive, mais le bilan demeure à mes un culte idolâtrique, celui-là ren- yeux positif. Aujourd’hui, à vue verse et fausse l’ordre des choses d’homme, tout est perdu. créées et ordonnées par Dieu : celui- En dernier lieu, la guerre de 39- là est loin de la vraie foi en Dieu et 45 n’est pas achevée : tout l’ « ordre d’une conception de la vie répondant mondial » contemporain est fondé à cette foi ». sur la haine toujours renouvelée du Or, à ma connaissance, en dehors fascisme et du national-socialisme. d’excès verbaux circonstanciels et C’est donc seulement en rétablis- limités, en dehors d’initiatives ponc- sant la vérité sur cette question tuelles moralement répréhensibles qu’il sera possible, dans un même au reste immédiatement interrom- acte, et d’enrayer l’entreprise ac- pues après que l’Église les eut tuelle satanique de judaïsation de condamnées, jamais le régime natio- l’Église catholique, et de dénoncer nal-socialiste n’a prétendu déifier la les origines philosophiques funestes race ou l’Etat ; il a voulu les réhabi- (subjectivistes), de Vatican II. »

179

AFFAIRE WILLIAMSON ET RALLIEMENT : LE NAUFRAGE DE LA FRATERNITÉ SAINT-PIE X

par Petrus et Vincent Reynouard

Dans un entretien accordé à une contre les quatre évêques de la Fra- télévision suédoise le 1 er novembre ternité sacerdotale Saint-Pie X 2008 et diffusé le 21 janvier 2009, (FSSPX). Mgr Williamson a déclaré : La concomitance des deux événe- ments allait déclencher une violente Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à polémique mondiale. Le 13 février, gaz […]. Je pense que 200 000 à 300 000 le journaliste Jean-Marie Guénois juifs ont péri dans les camps de concen- tration mais pas un seul dans les cham- constata : bres à gaz*. Rome est assiégée, il faut aller à Jérusa- lem ! De mémoire romaine, la crise af- Deux jours plus tard, un commu- frontée par le Pape, ces trois dernières niqué du Vatican (déjà commenté semaines, est sans précédent. Il y avait dans la presse depuis trois jours) eu, en 2006, le malentendu de Ratis- annonçait la « levée de l’excommuni- bonne avec l'islam. Il est aujourd'hui cation » prononcée en juin 1988 pardonné. Après tout, Benoît XVI « débutait » dans sa fonction, et ce faux

* Voici l’histoire de cet entretien : Le 1 er novembre 2008, Richard Williamson est présent au séminaire de Zaitzkofen, situé sur la commune de Schierling, proche de Ratisbonne en Bavière, où il procède à l’ordina- tion du premier diacre suédois de la Fraternité Saint-Pie X. Il accorde ce même jour un entretien au journaliste suédois Ali Fegan qui lui demande de revenir sur les propos sur la Shoah qu’il avait tenus à Sherbrooke au Québec en avril 1989 et qui avaient suscité l’envoi par le président de la conférence épiscopale du Canada, l’archevêque d’Halifax James Martin Hayes, d’un télégramme au Congrès juif canadien désapprouvant ces propos. Le 15 janvier 2009, en prévision de la diffusion, programmée pour le 21 janvier, de l’émis- sion Uppdrag granskning sur le thème de la Fraternité Saint-Pie X, la chargée des rela- tions avec la presse du diocèse catholique de Stockholm, Maria Hasselgren, diffuse un communiqué dans lequel le diocèse « rejette complètement toute forme de racisme ou d’an- tisémitisme ». Le 19 janvier 2009, le contenu de l’interview est révélé au public par le magazine alle- mand Der Spiegel. L’entretien est ensuite diffusé le 21 janvier 2009 par la chaîne de télévision suédoise SVT. « Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz. », affirme-t-il. « Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration », poursuit-il, « mais pas un seul dans les chambres à gaz », a-t-il conclu au cours de l’émission Uppdrag granskning, pro- gramme hebdomadaire de la télévision publique suédoise SVT. (voy. « Le pape regrette les “polémiques destructrices ” », 20 février 2009, journalchretien.net). 180 Sans Concession

La minute du reportage suédois qui a mis le monde en transe...

pas a été minutieusement rattrapé de- quelques semaines n’est rien d’autre puis. Il laisse des traces qui ne sont rien que le naufrage moral, doctrinal et face à l'ampleur du trouble, hors et dans l'Église catholique, lié à la levée des ex- stratégique de la Fraternité Saint- communications de quatre évêques le- Pie X. L’œuvre qui se présente febvristes, dont un négationniste, comme « la chaloupe de sauve- Mgr Richard Williamson. tage » (dixit Mgr Fellay dans un en- Cet acte a ouvert une crise interne iné- tretien à Libero le 28 janvier) prend dite : règlements de comptes publics — du jamais-vu — au sein de la curie ro- l’eau de toutes parts. En dépit des maine. Contestations épiscopales, en affirmations de quelques progressis- Allemagne, en France et en Autriche. Le tes (qui parlent notamment d’un cardinal Christophe Schönborn, arche- « Vatican II (…) en lambeaux » voir vêque de Vienne, a même dû convoquer annexe 9), en quelques jours, la pour ce lundi une réunion extraordi- naire de la conférence des évêques pour FSSPX a capitulé en rase campagne « limiter les dégâts » de cette affaire et en reconnaissant Vatican II et en ceux de la nomination d'un nouvel évê- faisant sienne la religion de la que controversé à Linz. Cet acte romain Shoah. Les « lefebvristes » qui se a aussi créé une crise externe ouvrant présentaient comme des athlètes de un nouveau contentieux avec le monde juif, dossier déjà très lourd, et une la foi, des catholiques intransi- confusion générale dans l'opinion mon- geants et incorruptibles sont allés à diale*. Canossa avec une rapidité absolu- ment déconcertante. Comme tous les événements su- bits et violents, cette polémique a ♦L’ AVEU DE C ASTRILLON H OYOS fait tomber les masques. Les « traditionalistes » n’en sont pas sor- Le cardinal Castrillon Hoyos tis grandis, bien au contraire. Ce à dans Le Corriere della sera le quoi nous assistons en direct depuis 30 janvier a vendu la mèche :

* Voy. Jean-Marie Guénois « Pourquoi Benoît XVI veut aller à Jérusalem », 13/02/2009, lefigaro.fr. Affaire Williamson et ralliement... 181

« Mgr Fellay a reconnu théolo- giquement Vatican II ». Il faut dire que la lettre aux fidèles du supérieur général de la FSSPX du 24 janvier était dé- jà passablement inquiétant et laissait entrevoir la trahison à laquelle nous assistons : « Nous acceptons et faisons nô- tres tous les conciles jusqu’à Vatican II au sujet duquel nous émettons des réserves ». Notez qu’il ne s’agit plus d’une ferme condamnation mais de simples réserves purement verbales destinées à rassurer (faussement) les prêtres et les fidèles de l’œuvre prétendu- ment bénie de Dieu. Mais là encore on a trafiqué les textes comme on trafique la vérité puisque la deuxième version du texte de Mgr Fellay qui a L‘assemblée des évêques à Vatican II été modifié sans donner au- cune explication quelques jours plus Saint-Pie X selon lequel le concile tard est la suivante : Vatican II n’aurait quasiment pas d’autorité puisqu’il était « pas- Nous sommes prêts à écrire avec notre toral »*. Sous le titre : « Quelle est sang le Credo, à signer le serment anti- l’autorité de Vatican II ? », les conci- moderniste, la profession de foi de Pie IV, nous accetons et faisons nôtres liaires ont une nouvelle fois répon- tous les conciles jusqu’à Vatican I. Mais du : nous ne pouvons qu’émettre des réserves au sujet du concile Vatican II, qui s’est Souvent présenté comme concile voulu un concile « différent des au- « pastoral », Vatican II avait bien une tres » (cf. discours des papes Jean XXIII visée dogmatique : « transmettre dans et Paul VI). [Sur cette modification, voy. son intégrité, sans l’affaiblir ni l’altérer, l’annexe 15]. la doctrine catholique », expliquait Jean XXIII lors de l’ouverture du Car tout dans cette affaire n’est Concile. Ainsi, si le but de Vatican II était donc pastoral (il n’avait pas pour que mensonge, duplicité et tartufe- but de condamner une hérésie), son ob- rie. jet était bien dogmatique (dire la foi de

Le concile « pastoral » toujours avec les mots d’aujourd’hui). Aussi ce Concile fait-il bien partie du magistère authentique et infaillible de Mensonge depuis longtemps assé- l’Église. C’est pour cela que le pape en né par la Fraternité sacerdotale signe tous les actes : dans l’Église catho-

* Le 15 février encore, Mgr Fellay a déclaré : « le Saint-Siège ne peut pas donner aujour- d'hui au concile [Vatican II] plus d'autorité que ce dernier n'a voulu s'en donner lui-même. Or il n'a pas voulu engager l'infaillibilité, il en reste donc à un degré d'autorité bien moin- dre. » (voy. « La Fraternité Saint-Pie X veut que Rome clarifie », 16 février 2009, rsr.ch). 182 Sans Concession

lique, le Concile n’est pas supérieur au vaticanistes qui affirmaient que le pape. Ce dernier, en quelque sorte, le décret était déjà rédigé. Il ne man- « couvre » de son autorité en promul- guant ses actes. Cela ne veut pas dire quait plus en fait qu’une nouvelle qu’on ne peut pas critiquer le Concile : demande écrite de Mgr Fellay, après on peut toujours discuter de son inter- celle de fin 2005, pour que l’excom- prétation — Benoît XVI lui-même ne munication des quatre évêques fût s’en prive pas — et c’est là un exercice levée. Car il ne s’agit bien que d’une nécessaire pour assurer sa bonne récep- tion. Mais sur le fond, sur ce qui consti- « levée des excommunications » et tue la foi de l’Église, remettre en cause non d’un retrait ou d’une annulation l’autorité du Concile serait remettre en du décret de 1988, comme les auto- cause celle du pape [1]. rités de la FSSPX l’ont mensongère- ment fait croire à leurs fidèles (voir  Mensonges autour d’un décret annexe 12). Jérôme Anciberro a bien expliqué la différence : « le décret est Ignominie que cette « croisade du […] “privé d’effets juridiques ”, mais Rosaire », imposture que ce préten- il n’est pas annulé » [2]. du « miracle de la Sainte Vierge » Citons également les propos du alors que tout était déjà négocié et cardinal-archevêque de Vienne, préparé en coulisses. Et le pèleri- Christoph Schönborn : nage de la FSSPX à Lourdes n’a ser- vi qu’à mettre en scène cette odieuse On doit le dire de façon franche. Les manipulation des esprits. Lancée quatre évêques n'ont pas été réhabilités. cyniquement le jour du Christ-Roi (pour ramener la FSSPX à Vati- can II qui refuse le règne du Christ- Roi, qui a découronné Notre- Seigneur), Mgr Fellay — qui n’a ja- mais aussi bien porté son nom — a osé faire prier les fidèles pour un retrait des excommunications qui était… déjà acquis. Dès novembre, des journaux comme Monde et Vie avaient repris les informations de Christoph Schönborn

(1) : Voy. « Les grandes questions posées par la crise intégriste », 03/02/2009, la-croix.com. (2) : « Les experts canonistes analysent les subtilités techniques du décret du 24 janvier qui revient sur celui du 1 er juillet 1988, lequel excommuniait les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre sans l’aval du pape, ainsi que Mgr Lefebvre lui-même et Mgr de Castro Mayer, évêque brésilien ayant participé à l’ordination. La « levée » du décret de 1988 n’é- quivaudrait pas formellement à un « retrait ». Le décret est donc « privé d’effets juridi- ques », mais il n’est pas annulé. En d’autres termes, la décision de 1988 était bien justifiée, mais les temps auraient changé et les intéressés aussi. Le décret du 24 janvier mentionne, d’une part, « le malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’ex- communication » et, d’autre part, « l’engagement exprimé par eux […] de n’épargner aucun effort pour approfondir dans les nécessaires entretiens avec les Autorités du Saint-Siège les questions encore ouvertes ». Ni Mgr Lefebvre, ni Mgr de Castro Mayer, tous deux décé- dés en 1991, ne sont réhabilités. Les morts, eux, ne changent pas. Par conséquent, Rome peut se prévaloir d’une certaine constance, tandis que les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X ont intérêt à faire comme si le décret de 1988 était tout simplement annulé, ce qui, formellement, n’est pas tout à fait exact. » (Voy. Jérôme Anciberro, « Intégrisme : un recul de quarante ans », 29 janvier 2009 ; temoignagechretien.fr ; voy. également l’an- nexe 7). Affaire Williamson et ralliement... 183

L'excommunication a été levée comme suite d'une démarche unilatérale en leur faveur. Mais ils ne sont pas revenus en fonction. Ils doivent encore montrer de façon claire qu'ils vont saisir la main tendue du pape. Les annonces qui sont venues d'eux jusqu'ici sont insuffisantes. Aussi longtemps que ces quatre évêques ne disent pas de façon très claire qu'ils reconnaissent le Concile [Vatican II], il n'y aura sûrement pas de pleine réconci- liation [1].

De son côté, Mgr Hippolyte Si- mon, archevêque de Clermont et vice-président de la conférence épis- copale française, a été très clair :

il faut dire, répéter et souligner que ces quatre évêques n'ont pas été réintégrés. […]. Que signifie la levée des excommunica- tions ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est-à-dire quand il a désobéi en ordonnant quatre évêques malgré l'avis formel du Pape, Mgr Hippolyte Simon. Il a souligné que c'est comme s'il y avait eu, automatique- les quatre évêques lefebvristes n‘a- ment, une barrière qui était tombée et vaient été ni réhabilités, ni réintégrés un feu qui s'était mis au rouge pour dire au sein de la hiérarchie romaine. qu'il était sorti. Cela voulait dire que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu'il fasse d'abord amende honorable. Comme cela a déjà été souligné, le Dé- Mgr Lefebvre est mort. Paix à son âme ! cret de la Congrégation pour les Evê- Aujourd'hui, ses successeurs, vingt ans ques, qui porte la date du 21 janvier après, disent au Pape : « Nous sommes 2009, est un acte de bienveillance du prêts à reprendre le dialogue, mais il Saint Père en réponse aux demandes faut un geste symbolique de votre part. réitérées du Supérieur Général de la Levez la barrière et mettez le feu au cli- Fraternité Saint Pie X, Sa Sainteté a gnotant orange ». Le Pape, pour mettre souhaité supprimer un empêchement toutes les chances du côté du dialogue, a qui compromettait l’ouverture d’une donc levé la barrière et a mis le feu au porte au dialogue. Le Pape attend main- clignotant orange. Reste à savoir main- tenant que les quatre évêques fassent tenant si ceux qui demandent à rentrer preuve d’une égale disponibilité en to- vont le faire. Est-ce qu'ils vont rentrer tale adhésion avec la doctrine et la disci- tous ? Quand ? Dans quelles conditions ? pline de l’Eglise. La très grave peine de On ne sait pas [2]. l’excommunication latae sententiae, sous le coup de laquelle étaient tombés Ce discours a été totalement ces évêques le 30 juin 1988, déclarée confirmé deux jours plus tard lors- ensuite de manière formelle le 1 er juillet que, dans un communiqué, la Secré- de la même année, était une consé- quence de leur ordination illégitime de tairerie d’Etat du Saint-Siège décla- la part de Mgr Marcel Lefebvre. La levée ra :

(1) : Voy.l’interview du cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn par Jean Mercier, « Le cardinal Christoph Schönborn : “Il y a eu faute au Vatican ” ». 04.02.09 la- vie.fr. (2) : Voy. Mgr Hippolyte Simon, « Qui avait intérêt à salir la réputation du pape ? Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... », 02-02-2009, zenit.org. Voy. annexe 11 184 Sans Concession

de l’excommunication a libéré les quatre blasphème plus épouvantable, igno- Evêques d’une peine canonique très minie plus grande ? Las, cela n’é- grave, mais n’a pas modifié la situation juridique de la Fraternité Saint-Pie X, tonne pas de la part des dirigeants qui, à l’heure actuelle, ne bénéficie d’au- de la Fraternité Saint-Pie X prêts à cune reconnaissance canonique dans tous pour déguiser leur ralliement à l’Eglise catholique. Les quatre Evêques l’Eglise conciliaire, leur apostasie. eux-mêmes, malgré la levée de l’excom- munication, n’ont pas une fonction cano- Des Ave Maria par millions nique dans l’Eglise et n’exercent licite- ment aucun ministère en son sein [1]. Ils nous avaient déjà fait le coup Loin, donc, de réhabiliter ou de quelques mois avant le Motu Pro- réintégrer quiconque, cette simple prio sur la messe tridentine. Sur Di- « levée » légitime l’excommunication ci l’abbé Alain Lorans dont on de 1988 à 2009 et, ainsi, fait de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer deux morts excommuniés (leurs noms ne sont même pas cités dans le décret daté du 21 janvier). Dès lors : - menteur l’abbé P. Barrère qui n’hésite pas à écrire : « Depuis le 21 janvier 2009 le pape Benoît XVI dit au monde “il n’y a pas d’excom- munication ” » [2] ; - menteuse l’association Credo qui affirme « se réjouir du retrait de l'excomunication des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre L‘abbé Alain Lorans (Excomunications d'ailleurs enta- chées de nullité). » [3] connaît la fermeté de caractère et de conviction (des hommes de cet aca- Ces mensonges permettent de bit sont légion à la FSSPX !) avait chanter des cantiques de louange en osé qualifier de « nouvelle bataille parlant d’un miracle de Notre-Dame de Lépante » (sic !) la première croi- qui aurait totalement réhabilité la sade du Rosaire, décidée en juillet « Tradition », alors qu’il n’en est 2006, à l’unanimité par le chapitre rien ! général de la FSSPX pour la libéra- tion de la messe tridentine ! Heu- ♦ L’ IMPOSTURE SACRILÈGE DE LA reusement que le ridicule ne tue « CROISADE DU R OSAIRE » pas ! Alors même que chacun savait que Benoît XVI allait publier d’un Agir ainsi est abominable. Peut- moment à l’autre le Motu Proprio, on imaginer sacrilège plus odieux, que la décision était déjà prise.

(1) : Voy. la « Note officielle de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège », 4 février 2009. Voy. annexe 13. (2) : Voy. abbé Pierre Barrère, « Les quatre évêques anti modernistes ne sont pas excommuniés », février 2009, Bulletin « Sainte-Anne », mise en ligne par laportela- tine.org. (3) : Voy. le « Communiqué de Credo, sur le retrait des excommunications », 2 février 2009, mise en ligne par laportelatine.org. Affaire Williamson et ralliement... 185

La première croisade du Rosaire avait abouti à un million de chape- lets. Cette fois-ci c’est un million sept cent trois mille [1]. Admirez la précision : c’est de l’horlogerie suisse ! On voit qu’à défaut d’être un confesseur de la foi, Bernard Fellay est un gestionnaire patenté. Il fut, c’est vrai, douze ans durant éco- nome général de la FSSPX. D’où sans doute sa logique comptable. Faute d’avoir l’esprit de finesse, il a l’esprit de géométrie. Nous fera-t-il le coup de deux millions de chape- lets pour l’accord doctrinal et cano- nique avec le Vatican ? Ou deux mil- lions cinq ? Bernard Fellay n’est plus à une ignominie près ! Il peut Mgr Bernard Fellay à qui la Sainte le faire ! Yes, he can ! Vierge apporte(rait) des réponses immédiates. La Sainte Vierge avec nous ! cesseur de Pierre et à sa charge de paî- Quoi qu’il en soit, dans leur lettre tre les agneaux et les brebis du Seigneur de remerciement à Benoît XVI, [Voir le texte complet de la lettre en an- nexe 6]. Mgr Fellay et ses confrères invoquè- rent la Sainte Vierge en écrivant : Fin janvier, à la question : « Ce décret est-il un signe de la volonté Par ce chemin encore nécessaire qu’évo- du Pape ? » Mgr Fellay n’eut pas que Votre Sainteté, nous espérons aider peur de répondre : le Saint-Siège à porter le remède appro- prié à la perte de la foi à l’intérieur de Je l’attribue d’abord à la Sainte Vierge. l’Église. Voilà le signe manifeste, avec une ré- La Vierge Marie Immaculée a visible- ponse presque immédiate. Je venais ment guidé les pas de Votre Sainteté à juste de décider d’aller à Rome pour por- notre rencontre, elle Lui maintiendra sa ter le résultat du bouquet de chapelets gracieuse intercession. C’est avec cette que nous avions lancé à Lourdes avec assurance que nous demandons filiale- cette intention explicite, lorsque j’ai reçu ment au Pasteur universel de bénir qua- un appel de Rome m’invitant à passer tre de ses fils les plus attachés au Suc- [2].

(1) : Message de S. E. Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la Fraternité Saint-Pie X 20 janvier 2009 - leforumcatholique.org : « Chers fidèles, « La Croisade du Rosaire que nous avions lancée à Lourdes, lors de notre mémorable pèle- rinage du Christ-Roi, fin octobre, a largement dépassé nos espoirs. En moins de deux mois, un million sept cent trois mille chapelets ont été récités à travers le monde entier pour obtenir de Notre-Dame le retrait du décret d’excommunication de 1988. « Soyez-en tous profondément remerciés. Devant une telle générosité, nous osons vous de- mander de poursuivre vos efforts dans la prière pour que cette croisade porte ses fruits pour le bien de toute l’Eglise. « +Bernard Fellay « Menzingen, le 20 janvier 2009 ». (2) : Voy. Monde et Vie , n° 860, entretien avec Olivier Figuéras. 186 Sans Concession

Peu après, l’abbé Jean-Luc Ra- raquettes dans les montagnes du dier écrivit : Valais. On ne se moque pas impuné- ment de la mère de Dieu. Dans une Les nouvelle de l'annulation des excom- lettre à Mgr Fellay, l’abbé Méramo, munications des quatre évêques de la prêtre lefebvriste, n’a pas hésité à Fraternité Saint-Pie X nous réjouit tous. A l'issue de la Grand Messe à l'église écrire : Saint-Pie X, le jour de la parution de ce numéro, dimanche 1 er février, un magni- Vous y prétendez que ce fut un cadeau ficat sera chanté pour remercier la Très et une bénédiction du Ciel, de Notre Sainte Vierge de cette réponse si mani- Dame, alors qu’en réalité le malheur feste aux chapelets (plus d'un million s’est abattu sur Écône le onze février, sept cent mille !) récités à cette inten- avec la mort tragique et épouvantable de tion. […] nous ne laisserons pas l'avenir de l'Église dépendre seulement des démar- ches prudentes du pape et des supé- rieurs de la Fraternité. Nous garderons et utiliserons d'autant plus nos chapelets, comme NOTRE- DAME nous y a clairement encouragés. A la fin, son Coeur Immaculé triomphe- ra, pour le plus grand bien de l'Église : c'est notre espérance. Abbé Jean-Luc Radier + [1]

De son côté, l’abbé Pierre Barrère lança :

Courage, on pro- gresse, la croisade de trois séminaristes et un quatrième gra- chapelets n’y est pas vement blessé, chose jamais vue et jus- pour rien (1 703 000 tement le jour de la Fête de N.D. de chapelets ont été réci- Lourdes — comme s’il s’agissait d’une tés). Comme à Lé- pure coïncidence. La croisade du bou- pante et ailleurs, les quet de Rosaires a été lancée depuis le grandes victoires se pèlerinage international à Lourdes. Et font avec la Très encore, comme par un pur hasard, c’est Sainte Vierge Marie justement ce jour-là que je reçois la pre- [2]. mière monition canonique en vue d’ex- pulsion. Je crois sincèrement devant La réponse du Ciel : trois mort le Dieu, Monseigneur, que vous n’êtes pas jour de… ND de Lourdes gratifié de l’appui du Ciel, ni de la Sainte Vierge Marie comme vous le pré- tendez, mais tout au contraire… Or vo- Onze jours plus tard, une réponse tre dévouement et votre engagement du Ciel vint : le 11 février, fête de envers la Rome Apostate sont tels que Notre-Dame de Lourdes dans l’E- vous ne pouvez et ne pourrez le voir, car glise universelle, trois séminaristes vous êtes allé très loin et il est trop tard d’Ecône moururent dans une ava- [Voir le texte intégral de la lettre à l’an- nexe 17.]. lanche au cours d’une promenade en

(1) : Extrait de l'Acampado N° 35 de février 2009, cité sous le titre : « Les motifs de notre joie sont à la fois réels et mesurés », laportelatine.org. (2) : Voy. abbé Pierre Barrère, « Les quatre évêques anti modernistes ne sont pas excommuniés », février 2009, Bulletin « Sainte-Anne », mise en ligne par laportelatine.org. Affaire Williamson et ralliement... 187

Mgr Rifan. Hier, les lefebvristes le conspuaient lorsqu‘il se ralliait à Rome.

On peut d’ailleurs se demander si les dirigeants de la FSSPX ont en- core la foi car agir en permanence par le mensonge, la duplicité et la ruse est incompatible avec la prati- que des vertus théologales.

Triste bilan

Accepter Vatican II, se rallier à Benoît XVI, voilà ce à quoi aura abouti près de quarante ans de le- febvrisme. Ah ils sont beaux les athlètes de la foi, ceux qui n’avaient pas de mots assez durs contre Dom Gérard, contre Mgr Rifan de Cam- pos, contre les abbés de Tanoüarn et ♦L’ ABSENCE QUASI -TOTALE DE Laguérie ! Quelques années plus RÉSISTANCE À L’INTÉRIEUR DE LA tard, ils font la même chose. Et FSSPX même pire, ils instrumentalisent la Mère de Dieu dans leur entreprise Car le lefebvrisme n’est qu’un diabolique, dans leur honteuse et condensé de faux résistants, de re- inexcusable apostasie. Ah il a belle belles de pacotilles. Et si jamais mine l’abbé Chau- quelques prêtres isolés s’aventu- tard qui, à l’occa- raient à dénoncer en chaire la trahi- sion des vingt ans son de la Fraternité, Bernard Fellay des sacres, consa- n’hésiterait pas à leur envoyer des crait un dossier vigiles et des chiens comme il le fit spécial du Char- en 2004 contre l’abbé Philippe La- donnet à mettre guérie (aujourd’hui rallié) au prieu- en garde contre ré de Bruges. En toute charité fra- les « ralliés », leur ternelle bien sûr. Il les renverrait esprit mondain et Abbé Chautard libéral, leurs L‘abbé P. Laguérie concessions sur la doctrine, leur silence face aux dévia- tions des pontifes conciliaires. Et les dominicains d’Avrillé qui n’avaient de cesse de stigmatiser les commu- nautés Ecclesia Dei, que vont-ils faire aujourd’hui ? Rien, au contraire ils soutiennent Mgr Fellay dans son entreprise diabolique. 188 Sans Concession par simple fax comme il le fit en ces par la Rome moderniste, c’est à 2003 pour l’abbé Aulagnier (a rallié désespérer de trahir et de vendre lui aussi) au Québec. C’est ce qu’il a ses frères. déjà fait pour l’abbé Abrahamowicz et c’est ce qui est en cours pour l’ab- Débâcle des mythes fondateurs bé Méramo (voir plus loin). Le petit Suisse est un orfèvre en la matière. Car depuis quelques semaines Piètre orateur, de sa voix douce- tous les mythes « fondateurs » de la reuse et soporifique, il aura réussi à FSSPX s’écroulent : la fable de l’in- endormir les velléités de résistan- transigeance doctrinale, la croyance ces, certes plus virtuelles que réelles en l’union indéfectible des quatre puisque, au jour d’aujourd’hui, seuls évêques alors que Mgr Fellay s’est trois prêtres sur 493 (pas même un publiquement désolidarisé, et de sur cent !) ont osé publiquement dé- quelle manière, de son confrère noncer le ralliement-reniement en pourtant plus âgé que lui, plus an- cours, ce qui en dit long sur le cou- cien dans le sacerdoce, l’interdisant rage, la lucidité et la fermeté de de toute prise de parole publique en conviction des lefebvristes (voy. l’an- matière politique et historique. nexe 12). Et au bout de huit années Comme si un évêque devait se can- de tractations Fellay aura enfin tonner à la spiritualité pure ! Jean- quasiment réussi ce qu’il désirait le Pierre Denis, directeur de Rédaction plus : réintégrer la FSSPX dans à La Vie, rappelle avec raison : l’Eglise conciliaire et la réintégrer sans casse, sans scission. C’était le théologique est aussi politique. La planète traverse une crise grave. L’ave- d’ailleurs la volonté de la Rome mo- nir de l’espèce humaine est menacé. La derniste. Le décret le dit bien : c’est culture de vie lutte pour sa survie. Les « toute la Fraternité » qu’elle veut. scandales financiers révèlent l’ampleur L’adjectif « toute » est essentiel ! Ah du culte idolâtre rendu à la richesse. Les il peut être fier de lui, le Nanard : il inégalités et les iniquités bafouent comme jamais le visage du Christ. Donc, a bien mérité du diable. Si avec tout c’est ici qu’urgemment la voix de l’Église cela, il n’est pas à la tête d’un Pa- est attendue [1]. triarcat tridentin créé de toutes piè-

* Voy. Jean-Pierre Denis, « Arguments », 28 janvier 2009, lavie.fr. Affaire Williamson et ralliement... 189

Certes, la voix qu’il veut entendre té à demander pardon aux juifs pour n’est certainement pas celle que je les déclaration révisionnistes de veux entendre. Mais il a raison d’af- Mgr Williamson, avant de lancer : firmer que la théologie dépasse les questions relatives à Dieu. De façon Ces déclarations, on ne peut pas les ac- évidente, la question des chambres cepter, ce n'est pas notre position, ce ne l'est vraiment pas. Je ne peux que me à gaz et du génocide a un soubasse- distancer de cette position. ment religieux et théologique ! Dans tous les groupes, il y a toujours des gens qui sont à la marge. Mais ce n'est B. Fellay s’agenouille devant absolument pas la position de la Frater- l’idôle holocaustique nité. Absolument pas [1].

Or, avec son prédécesseur à la Il a été soutenu publiquement tête de la FSSPX, l’abbé Schmidber- dans cette démarche par l'abbé Ré- ger, Mgr Fellay a fait sienne la vul- gis de Cacqueray-Valmenier. Après gate sur l’histoire de la dernière avoir jugé « inacceptable » de faire guerre mondiale. Le 3 février, à la un « amalgame » entre les propos de télévision allemande, il n’a pas hési- Mgr Williamson et les positions des membres de la Fraternité Saint-Pie X, il n’a pas craint de reprendre la dialectique officielle en assimilant le révisionnisme à l’antisémitisme :

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X condamne fermement toute forme de haine des juifs, comme toute forme de haine des autres races, parce qu'elles s'opposent à la justice et à la charité [2].

De son côté, l’abbé Philippe La- guérie, ancien de la FSSPX aujourd- ’hui « rallié » à Rome au sein de l’Institut du Bon Pasteur, a publié le communiqué suivant : L‘abbé Schmidberger (ici en 1986). L‘antirévisionniste de service à la […] Le diable se déchaîne tous azimuts Fraternité Saint-Pie X et, comme d'habitude, on peut l'interpré-

(1) : « Sur la chaîne allemande Mittelbayerische TV, une interview de Mgr Bernard Fellay, réalisée au séminaire du Coeur de Jésus, à Zaitkofen, et diffusée le 3 février. Dans sa pré- dication il a dit sa joie suite à la levée des excommunications, mais regrette aussi que cette joie ait été assombrie par la publication des propos de Mgr Williamson. Après la messe, il a donné une petite conférence de presse : « “Je suis vraiment désolé. Il y a des blessures. Nous devons aller sur le chemin de la gué- rison, pas le contraire. Vraiment, je demande pardon à tous ceux qui ont été blessés, et tout particulièrement au peuple juif, c'est évident. ” « “Ces déclarations, on ne peut pas les accepter, ce n'est pas notre position, ce ne l'est vrai- ment pas. Je ne peux que me distancer de cette position. Dans tous les groupes, il y a toujours des gens qui sont à la marge. Mais ce n'est absolu- ment pas la position de la Fraternité. Absolument pas ”. » (voy. Jean Mercier, « Mgr Fel- lay : “Je demande pardon ” », 04.02.09, lavie.fr). (2) : Voy. « Les intégristes français refusent tout "amalgame" avec Mgr Williamson », 06/02/2009 levif.be. 190 Sans Concession

qu'on sème, on le récoltera. Les juifs au- raient tendance à se faire passer pour les seules victimes ? Il faut bien recon- naître qu’ils ont été exterminés pour le seul fait d’être nés juifs, comme les Tzi- ganes. Que l'Occident et ses « journaleux » marxisés aient mis 40 années pour s'apercevoir enfin que le communisme a été aussi sauvage, san- guinaire et meurtrier, ne change rien à l'affaire. Un train peut en cacher un au- tre. Mais une horreur ne saurait en dis- culper une autre !

Et quand une gangrène aussi funeste se met dans un corps, on coupe le membre et on le retranche. Ça aussi c'est dans l'Evangile : « si ton œil est pour toi une occasion de scandale: arrache-le et jette- le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans la vie que d'être jeté avec L‘abbé Philippe Laguérie. Auteur d‘un tes deux yeux dans la géhenne de feu ». des textes les plus violents contre C'est assez clair, non ? Mgr Williamson. Car le risque de faire passer les fils de ter de deux manières. Il s'agite en vain Mgr Lefebvre, (dont je suis, ne vous dé- parce qu'un grand bien se fait. Il détruit plaise, et ce m'autorise cette violence), à l'avance les bienfaits d'une paix tant pour une bande de cinglés aux relents attendue... nauséabonds de recels complices, est bien réel et fait la joie de nos adversai- Les scandaleuses et inadmissibles décla- res théologiques. Pas de demi-mesure, rations de Mgr Williamson, d'abord. Et s'il vous plait ! Que les choses soient sa récidive, qui me fait sortir du bois. claires. Beaucoup d'entre-nous ont per- L'Ecriture nous a prévenus : « les puis- du un parent dans les camps de concen- sants seront puissamment châ- tration, dont Mgr Lefebvre. D'autres, tiés » (Prov.). Ou encore « j'ai vu tomber comme les Laguérie à Solignac (les trois les cèdres du Liban ». L'hypocrisie qui Franckel: vérifiez en Mairie) ont plan- préside à ces élucubrations sur la hau- qué des juifs pendant toute la guerre et teur des portes, les impossibles cadences leurs ont sauvé la peau avec fierté. infernales ou la contamination des as- Comme fit le Pape Pie XII à grande sassins, voudraient nous faire éluder le échelle. Il s'agit d'être catholique, à tout fait brutal d'un fou furieux décidé à ex- le moins chrétien, voila tout. Au fond, terminer la moitié de la terre et passé les divagations de Mgr Williamson le aux actes. Dans sa folie furieuse, Hitler rabaisse dans le camp des pires moder- a envoyé au tapis 17 millions de soviéti- nistes qui militent contre la canonisa- ques, 6 d’allemands, 5,5 de polonais, tion de ce grand pape. Nos différends 570000 français... Et le fait reste là, avec les uns ou les autres ne sont que massif et incontournable, qu'il s'en est d'ordre doctrinal et théologique : les pris massivement aux juifs en tant que transposer sur un autre registre est ini- tels, ce qui ne fut pas le cas des autres. que […].

Qu'un chrétien, un prêtre ou encore un Je prie ardemment pour la Fraternité évêque cautionne cela ou semble vouloir Saint Pie X, pour son supérieur général, en atténuer l'horreur est scandaleux, pour tous mes anciens confrères. Je me- oui, et inadmissible. Et il devra en ren- sure combien la violence de l’attaque de dre des comptes devant Dieu, dans la Mgr Williamson a pu les déstabiliser. Je proportion de sa responsabilité terres- suis sûr que Mgr Fellay saura lui aussi tre. On ne se moque pas de Dieu et ce se désolidariser efficacement de cette Affaire Williamson et ralliement... 191

boue, pour ne pas laisser mettre en cause l’œuvre de Mgr Lefebvre qui n’a rien à voir avec les élucubrations sordi- des de Mgr Williamson.

Abbé Philippe Laguérie [1].

Un mois plus tard, dans un entre- tien au Spiegel daté du 2 mars, Mgr Fellay a stigmatisé les « propos insensés » de Mgr Williamson [2] et s’est engagé à l’exclure définitive- ment de la Fraternité s’il réitérait ses considérations révisionnistes (sur le parcours de Mgr Williamson, voir annexe 4). Il fallait le voir, Ber- L‘abbé Bouchacourt. Piégé en beauté nard Fellay interrogé fin janvier par par un journaliste, il n‘a pas tenu une la télévision suisse romande. Il était minute... blême, il faisait pipi sous lui, le hé- ros de la foi : « nous sommes très gê- but février, il a été interrogé par le nés par cette histoire » disait-il car magazine Le Point . Sans surprise, le cela pourrait accréditer la thèse que journaliste lui a demandé si, à son nous sommes antisémites. Horresco avis, il existait « encore des zones referens ! d'ombre dans l'histoire de la Se- Pour ses propos iconoclastes Le conde Guerre mondiale, en particu- Pen n’a jamais fait repentance, Goll- lier sur la Shoah ». Dans un premier nisch aura tenu deux ans et six heu- temps, l’abbé a tenté de « botter en res à son procès avant de s’incliner, touche » en invoquant les « autres la Fraternité n’aura pas tenu une horreurs » de l’Histoire, notamment semaine. Car dans les milieux « tous les morts du communisme ». « tradis », ceux qui se sont exprimés Le journaliste est alors revenu à la l’ont fait pour condamner charge : « Sur la Shoah en particu- Mr Williamson. Un journaliste a lier ? » Acculé, l’abbé a gaffé ; il a d’ailleurs pu écrire : parlé « d’un débat » qui appartenait aux historiens. Preuve que pour lui, rares sont [les traditionalistes] qui dé- vient sur la pente d’un antisémitisme de la question n’est pas close, donc qu’il type racial — ou vers le négationnisme : n’est pas hostile, a priori, au révi- les réactions claires contre les propos de sionnisme. L’abbé s’est immédiate- Mgr Williamson n’ont pas manqué non ment rendu compte de sa faute, aus- plus du côté intégriste [3]. si a-t-il corrigé en substituant au mot « débat » le mot « thème » : Un exemple frappant est celui de « C’est un débat… un thème pardon, l’abbé Bouchacourt, le supérieur de qui appartient aux historiens ». la FSSPX en Amérique latine. Dé- Voyant l’embarras de son interlocu-

(1) : Voy. « Position de l'IBP suite aux propos de Mgr Williamson », 12 février 2009, Abbé Philippe Laguérie, institutdubonpasteur.org. (2) : « Je lui ai demandé immédiatement après avoir pris connaissance de l'interview de rectifier ses propos inse nsés » (voy. « Négationnisme : Mgr Fellay tance Mgr Williamson », 12.02.2009, nouvelobs.com.). (3) : Voir l’intégralité du texte en annexe 2. 192 Sans Concession teur, le journaliste a asséné le coup ♦ L A F RATERNITÉ ET LE MONDE de grâce en soulignant que « les his- toriens, eux, reconnaissent la Une attitude aussi veule, aussi Shoah ». Le pauvre abbé s’est alors misérable n’empêche pas Mgr Fellay effondré : « Mais bien sûr qu'il y a dans son communiqué du 24 janvier eu la Shoah ! », a-t-il lancé avant de d’oser écrire : « Nous sommes prêts à reparler des morts du communisme signer de notre sang le credo » De (dont tout le monde se moque, car le son sang ? Alors qu’il n’a pas résisté communisme a tué en voulant faire une semaine à la pression médiati- le bien, alors que le national- que. T’as qu’à croire, Grégoire ! Le socialisme a tué par volonté per- seul sang qu’il fait couler, c’est celui verse, nuance ; le communisme est de Notre-Seigneur en le trahissant donc réformable, pas le national- de manière éhontée ! Ils se croient socialisme). L’abbé Bouchacourt n’a des héros alors qu’ils ne sont que donc même pas tenu une minute ! des zéros, des âmes éprises de vérité Voici la retranscription du passage alors qu’ils ne croient qu’en la basse de l’interview : politique et en la diplomatie, des soldats de la foi alors qu’ils ne sont Lepoint.fr. Selon vous, existe-t-il en- que les Ganelon, les Tartufe et les core des zones d'ombre dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, en particu- Diafoirus de la résistance catholique lier sur la Shoah ? à Vatican II ! Comme si cette crise Abbé Bouchacourt. Ça, ça appartient affreuse de l’Eglise pouvait se résou- au domaine de l'Histoire. Il faut aussi dre par des pourparlers, des proto- parler de tous les morts du commu- coles, des statuts canoniques, c’est nisme... Il y a eu d'autres horreurs terri- bles. grotesque ! Et qui ne voit par ail- Lepoint.fr. Sur la Shoah en particu- leurs que la question du révision- lier ? nisme historique est essentielle tant Abbé Bouchacourt. En tant que prê- la Shoah est une contre-religion, vé- tre, je n'ai rien à rajouter là-dessus. ritable machine de guerre contre C'est un débat... un thème pardon, qui appartient aux historiens. Je n'ai pas l’Eglise catholique et contre Pie XII ; l'autorité pour parler là-dessus. C'est contre-religion qui a ses grands prê- comme si vous me demandiez, je ne sais tres (Serge Klarsfeld, Simone Veil, pas moi, pour qui vous votez... Elie Wiesel), son Evangile Lepoint.fr. Mais les historiens, eux, reconnaissent la Shoah... Abbé Bouchacourt. Mais bien sûr qu'il Beate et Serge Klarsfeld y a eu la Shoah ! Bien sûr. Mais il ne faut quand même pas oublier qu'il y a eu des millions de morts avec le commu- nisme. Quatre-vingt millions de morts. Ce sont deux horreurs terrifiantes [1].

Quel courage ! Quel héroïsme ! Ah elles sont belles les autorités (autoproclamées) de la Tradition (avec un grand T : il faut en avoir plein la bouche !).

(1) : Voy. l’interview de l'abbé Bouchacourt paru sous le titre : « Affaire Williamson : "Il arrive que des hommes d'Église dérapent" », 09/02/2009, Marc Vignaud, lepoint.fr. Affaire Williamson et ralliement... 193

Fragment d‘une page de l‘organe de la FSSPX en Belgique ( Pour qu‘Il Rè- gne ). Prêtre pour l‘éternité, pour la messe, pour la Foi… peut-être. Mais « sans compromis avec les siècle », c‘est raté… N‘empêche qu‘ils seront tout de même sinon haïs, au moins méprisés.

(Nuremberg), son enfer (les révi- jour après sa Passion et sa mort sionnistes et les catholiques atta- ignominieuse sur la Croix. Les ca- chées à la doctrine sur le nouvel tholiques qui refusent ou rejettent Israël), ses anges (Tsahal défendant le combat révisionniste sont donc ou la cité sainte), ses saints (les Justes des imbéciles ou des pleutres ou les récompensés par l’Etat d’Israël), ses deux à la fois car un baptisé ne peut martyrs (les six millions), ses pèleri- accepter cette sacralisation d’un ho- nages (Auschwitz, le Struthof, etc.), locauste juif qui de toute façon n’a ses tables de la loi (la déclaration pas eu lieu et est l’un des plus des droits de l’homme) ? Contre- grands mensonges de tous les religion qui repose sur le blasphème temps. puisque selon ses croyants Dieu B. Fellay est avec les puissants s’est tu à Auschwitz et il en est donc responsable. Contre-religion qui Mais qu’importe tout cela à Ber- substitue à l’unique sacrifice salvifi- nard Fellay, ce qu’il veut c’est son que du Christ sur le Golgotha le sa- confort. Contrairement à ce qu’il af- crifice du peuple juif, sorte de Mes- firme dans certains de ses discours, sie collectif, dans la magique cham- il veut être du côté des puissants, bre à gaz. Peuple juif qui ressuscite c’est-à-dire du côté du monde. Dans trois ans plus tard en Israël comme le domaine politique, on sait que le Christ est ressuscité au troisième leur seul véritable adversaire au- 194 Sans Concession

jourd’hui, c’est la droite nationale. Enfin, on peut noter le début d'une re- Contre elle, l’ « Holocauste » permet composition idéologique assez inatten- due pour les analystes extérieurs, mais de faire l’unité. Eh bien ! Il en est de que l'on sent bien quand on observe de- même dans le domaine religieux. Le puis l'intérieur la planète catholique. directeur de la rédaction du maga- D'un côté, la religion de la sortie de la zine La Vie , J.-P. Denis, souligne : religion chère à Marcel Gauchet, avec ses degrés divers : de l'indifférence à […] le délitement du catholicisme au l'attachement « light », voire à ce que sein de sociétés toujours moins récepti- certains appellent « un christianisme de ves à ses valeurs et à ses dogmes semble cafétéria », où chacun prend ce qu'il inéluctable. Or, ce que l'affaire William- veut, quand il veut, comme il veut. On son révèle, c'est peut-être le contraire : demeure ici dans la crise générale des une cohérence plus manifestée, quoique institutions. De l'autre, un catholicisme encore douloureuse. D'abord l'attache- réidentifié, rasant moins les murs, criti- ment des « déçus de gauche » (la généra- que vis-à-vis de notre société... et se dé- tion 1968) à une religion que nombre couvrant aussi, par-dessus ses courants d'entre eux ne cessent de critiquer de- longtemps antagonistes, des convergen- puis des décennies sans pouvoir ni vou- ces essentielles. L'affaire Williamson a loir s'en détacher complètement : c'est ce pu ainsi réunir pour la première fois « je t'aime - moi non plus » que murmu- dans une expression commune des mili- rent avec une troublante clarté les mil- tants attachés à la dimension sociale de liers de messages laissés sur Lavie.fr en l'Evangile, des intellectuels de la sphère soutien à la déclaration des intellectuels lustigérienne, des proches de la doctrine catholiques [condamnant les propos de Ratzinger, et une nouvelle génération de Mgr Williamson]. Ensuite, la volonté de philosophes trentenaires, assumant en retour sincère des franges non politisées bloc et sans états d'âme leur fidélité, des traditionalistes, celles du moins qui cette appartenance qui, dans notre so- se distinguent de l'extrême droite et qui ciété, peut friser la dissidence [1]. poursuivent une quête spirituelle au- thentique.

(1) : Voy. J.P. Denis, « Le réveil des catholiques », 02.02.09, lemonde.fr. Affaire Williamson et ralliement... 195

Le parallèle avec la vie politique En aucun cas, le Concile Vatican II ne s’impose. En se rangeant parmi les sera négociable. Aucun groupe ecclésial ne peut se subs- adversaires de Mgr Williamson, tituer au magistère [1]. Mgr Fellay prend partie pour le monde… Peu après, Le Figaro écrivit :

 Pour une petite chapelle dans le Le cardinal Re qui, par fonction, a signé panthéon... le décret levant l'excommunication, n'a pas caché, samedi, que « le parcours vers Il est prêt à une petite chapelle une réconciliation totale demandera du tridentine dans le grand Panthéon temps ». Car la Fraternité Saint Pie X « doit encore montrer qu'elle accepte le des fausses religions. Car évidem- concile » Vatican II [2]. ment à Rome rien n’a changé et rien ne changera. Le 28 janvier 2009, les Citons également les propos du évêques conciliaires de France pu- cardinal-archevêque de Vienne, blièrent le texte suivant : Christoph Schönborn :

La levée, par le Saint-Siège, de l’excom- il est très clair que ces quatre évêques, munication des quatre évêques de la s'ils veulent engager une totale réconci- Fraternité Saint-Pie X suscite de nom- liation avec l'Eglise, ce qui est très sou- breuses réactions dans l’opinion catholi- haitable, doivent, de façon claire, recon- que et dans la société. naître le Concile sans réserves [3]. La simultanéité de cette annonce avec la révélation des propos de Mgr Williamson, niant le drame de l’ex- Le 4 février, enfin, la Secrétaire- termination des juifs, provoque une ré- rie du Saint-Siège confirma en souli- probation on ne peut plus légitime. gnant : Les évêques de France condamnent fer- mement les paroles inacceptables et Mgr Christoph Schönborn scandaleuses de Mgr Williamson. Ils redisent à la commu- nauté juive de France leur engagement indéfec- tible au dialogue et à l’a- mitié. Ils rappellent que Be- noît XVI ne cesse de signi- fier son attachement à une relation fructueuse entre juifs et chrétiens. Ils précisent instamment que la levée de l’excom- munication n’est pas une réhabilitation. Elle constitue le point de départ d’un long chemin qui supposera un dialogue précis.

(1) : Voy. la « Déclaration du Conseil permanent des évêques de France à propos de la le- vée de l’excommunication » 28 janvier 2009 - conseil permanent des évêques de France - la-croix.com. (2) : Voy. Jean-Marie Guénois, « Williamson : le grand rabbin épargne Be- noît XVI », 01/02/2009, lefigaro.fr. (3) : Voy.l’interview du cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn par Jean Mercier, « Le cardinal Christoph Schönborn : “Il y a eu faute au Vatican ” ». 04.02.09 lavie.fr. 196 Sans Concession

Malgré certaines apparences, J. Ratzinger n‘est pas un traditionaliste

Pour une future reconnaissance de la réprouve la vieille théorie de la Fraternité Saint-Pie X la condition in- « substitution » chère aux intégristes, dispensable est la pleine reconnaissance qui pensent que le vrai Israël est l’É- du Concile Vatican II et du magistère glise. Son plaidoyer pour le lien entre foi des Papes Jean XXIII, Paul VI, Jean et raison empêche également le pape de Paul 1er, Jean Paul II et de Benoît XVI se reconnaître dans la dimension apoca- lui-même [1]. lyptique flattée par maints leaders de l’intégrisme. Il admire aussi trop Luther Quant à la thèse de J. Ratzinger pour partager leur répugnance envers la Réforme. Enfin, Benoît XVI se démar- « pape intégriste », elle est entière- que totalement des intégristes sur la ment démentie. Jean Mercier souli- question de la laïcité et de la liberté reli- gne avec raison : gieuse : ces derniers considèrent la sépa- ration de l’Église et de l’État comme une Benoît XVI n’a jamais rejeté le Concile horreur et souhaitent la théocratie. Si [Vatican II], et en parle comme d’une Benoît XVI se fit jadis l’avocat des raci- « boussole ». Sa réserve porte seulement nes chrétiennes de l’Europe, il ne rêve sur ce qu’on en a fait. L’intelligence et la nullement de revenir au régime de chré- vaste culture de Joseph Ratzinger l’op- tienté [2]. posent totalement au fondamentalisme fanatique, comme le montre clairement Mgr Fellay en est parfaitement son discours du collège des Bernardins, conscient. Le 15 février, il déclara et l’empêchent de considérer le dialogue interreligieux comme « l’apostasie » dé- que le Pape était « proche de nous noncée par les lefebvristes. Le pape tient [les traditionalistes] sur la question beaucoup aux liens avec le judaïsme et liturgique », mais qu’il tenait « très

(1) : Voy. la « Note officielle de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège », 4 février 2009. Voy. annexe 13. (2) : Voy. Jean Mercier, « Mais pourquoi le pape a-t-il pris cette décision ? », 28.01.09 ; lavie.fr. Voir le texte complet en annexe 5.. Affaire Williamson et ralliement... 197 profondément aux nouveautés de Va- York dire tout le bien qu’il pense du tican II » [2]. D’ailleurs, le lende- judaïsme talmudique, on peut s’at- main de la publication du décret, tendre à de nouvelles reptations de- Benoît XVI présidait des vêpres vant le Sanhédrin lors de son œcuméniques à la basilique Saint- voyage en mai en Israël. On ne sera Paul-hors-les murs avec des héréti- donc pas surpris que la note de la ques anglicans et des schismatiques secrétairerie d’Etat « du Saint- orientaux. Le 28 janvier, lors de Siège » demande à la Fraternité l’audience du mercredi, il faisait Saint-Pie X une reconnaissance in- écho à la voix des évêques de France tégrale de Vatican II : en répétant une nouvelle fois que Vatican II n’était pas négociable ni Pour une future reconnaissance de la réformable et que la Fraternité de- Fraternité Saint Pie X la condition in- dispensable est la pleine reconnaissance vrait l’accepter intégralement. Et du Concile Vatican II et du magistère après avoir prié à la manière des des Papes Jean XXIII, Paul VI, Jean mahométans dans la mosquée bleue Paul 1er, Jean Paul II et de Benoît XVI à Istanbul, après avoir été dans les lui-même. Comme cela a déjà été indi- synagogues de Cologne et de New qué dans le Décret du 21 janvier 2009, le Saint Siège ne manquera pas, se- lon les modalités qu’il jugera op- portun, d’approfondir avec les per- sonnes concernées les questions qui restent ouvertes, afin de pouvoir parvenir à une solution pleine et satisfaisante des problèmes qui sont à l’origine de cette doulou- reuse fracture.

♦LA S HOAH COMME DOGME D’ÉGLISE ♦ Le Vatican est « sous la pression de la polémique »

Pareillement, cette note offi- cielle — écrite « sous la pres- sion de la polémique » [2] — enjoint à Mgr Williamson de se rétracter sans aucune évo- que ni ambiguîté, une rétrac-

J. Ratzinger à la mosquée bleue d‘Istambul. Cela au nom de l‘oecuménisme prôné au « concile » Vatican II

(1) : Voy. « La Fraternité Saint-Pie X veut que Rome clarifie », 16 février 2009 ; rsr.ch. (2) : « Sous la pression de la polémique, le Vatican est contraint de clarifier sa posi- tion. » (voy. Laure Daussy, « Le Vatican ordonne à l'évêque négationniste de se rétracter », 04/02/2009, lefigaro.fr.) 198 Sans Concession

20 minutes , 3 février 2009, p. 9 tation que J. Ratzinger ne semblait cision démontrait à quel point la pas exiger auparavant, lorsqu’il s’é- crise lui semblait grave [2]. Cette tait contenté de condamner le révi- condamnation trop timide n’avait sionnisme d’une manière générale cependant « pas suffi à calmer la co- (sans citer M gr Williamson) et qu’il lère de la communauté juive », puis- avait déclaré : que, outre le Consistoire central des juifs allemands qui avait Je renouvelle avec affection l'expression « formellement suspendu son dialo- de ma pleine et indiscutable solidarité gue avec l'Église catholique », le avec [les juifs] nos frères destinataires de la Première Alliance [1]. grand rabbinat d’Israël avait rompu ses relations avec le Vatican « pour . Le fait que Benoît XVI ait cru protester contre la réintégration de bon de justifier publiquement sa dé- ces évêques » [3].

(1) : Voy. Jean-Marie Guénois, « Le Pape pleinement solidaire avec les juifs », 28 janvier 2009, lefigaro.fr. Voy. également « Benoît XVI condamne le négationnisme, mais pas l'évê- que négationniste », 28 janvier 2009, AFP - liberation.fr, texte reproduit en annexe (annexe 3). (2) : « Il est exceptionnel que Benoît XVI s'explique ainsi publiquement sur une de ses décisions. Cela indique la gravité de la crise aux yeux du Vatican d'autant que le Pape espère beaucoup pouvoir se rendre en Terre sainte au mois de mai prochain. Un projet de voyage qui suscite déjà beaucoup de doutes au Vatican depuis l'intervention israélienne à Gaza. Cette affaire de négationnisme alourdit donc un dossier très complexe pour l'Église catholique » (voy. Jean-Marie Guénois, « Le Pape pleinement solidaire avec les juifs », 28 janvier 2009, lefigaro.fr). (3) : « Ces propos du pape n'ont pas suffi à calmer la colère de la communauté juive. Quelques heures après cette tentative d'apaisement, le grand rabbi- nat d'Israël, plus haute instance du judaïsme dans le pays, a annoncé la rupture de ses relations avec le Vatican pour protester contre la réintégration de ces évêques […]. « "En réaffirmant (s)a solidarité pleine et incontestable avec nos frères (juifs)", Benoît XVI a souhaité "que la Shoah puisse servir à chacun d'avertissement contre l'oubli, la négation et une approche réductrice" […]. « Le Saint-Siège a tenté de prendre ses distances avec les déclarations de l'évêque britan- nique en expliquant de façon quelque peu embarrassée que la levée d'excommunication ne signifiait nullement que le Vatican partageait ses vues. « Mercredi, le grand rabbinat d'Israël a adressé une lettre au Saint-Siège exprimant son Affaire Williamson et ralliement... 199

Peu après, toutefois, le porte- parole du Saint-Siège, F. Lombardi, avait tenté de calmer les esprits en souhaitant qu'à « la lumière » des déclarations de Benoît XVI :

les difficultés présentées par le Rabbinat d'Israël puissent faire l'objet de ré- flexions ultérieures plus approfondies, en dialogue avec la Commission pour les relations avec le Judaïsme du conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens, de façon à ce que le dialo- gue de l'Eglise catholique avec le ju- daïsme puisse se poursuivre avec fruit et sérénité [1].

Pas de fonctions dans l’église pour les négateurs Richard Williamson en 1988. Voilà pourquoi la note officielle Père demande l’accompagnement de la vaticane déclarait : prière de tous les fidèles, afin que Sei- gneur éclaire le chemin de l’Eglise. Que Les positions de Mgr Williamson sur la grandisse l’engagement des Pasteurs et Shoah sont absolument inacceptables et de tous les fidèles pour soutenir la mis- fermement refusées par le Saint Père, sion lourde et délicate du Successeur de comme il l’a lui-même déclaré le l’Apôtre Pierre, « gardien de l’unité » 28 janvier dernier lorsque, en se réfé- dans l’Eglise. rant à cet atroce génocide, il a redit sa pleine et indiscutable solidarité avec nos L’éternelle dialectique juive Frères destinataires de la Première Al- liance, et il a affirmé que la mémoire de ce terrible génocide doit induire Sera-ce suffisant ? Rien n’est « l’humanité à réfléchir sur l’imprévisi- moins sûr, car dans un entretien ac- ble puissance du mal quand celui-ci cordé à France-Soir, le grand rabbin s’empare du cœur de l’homme », ajou- tant que la Shoah reste « pour tous un de Rome Riccardo Di Seni a claire- avertissement contre l’oubli, contre la ment expliqué que le problème dé- négation ou le réductionnisme, parce passait les « intégristes » et concer- que la violence exercée contre un seul nait « le monde entier ». Voici ce que être humain est une violence exercée l’on peut lire : contre tous ». Pour être admis aux fonc- tions épis copa les dans l’Eglise, FRANCE-SOIR. Comment expliquez- Mgr Williamson devra aussi prendre vous l’affaire Williamson ? absolument ses distances de manière RICCARDO DI SENI. En réintégrant claire et publique de ses positions les évêques excommuniés, l’Eglise risque concernant la Shoah, des positions que de légitimer un courant de pensée alter- le Saint Père ignorait au moment de la natif dangereux à différents niveaux. levée de l’excommunication. Le Saint

"chagrin" et sa "douleur" après la réhabilitation décidée par le pape. "Il sera très difficile pour le grand rabbinat d'Israël de poursuivre comme auparavant son dialogue avec le Va- tican" » (voy. « Benoît XVI tente de désamorcer la polémique après sa réhabilitation d'un évêque négationniste », 28 janvier 2009, AP - nouvelobs.com). (1) : Voy. P. Lombardi, « Les paroles du pape devraient “promouvoir le dialogue avec le judaïsme ” », 28-01-2009 - zenit.org. 200 Sans Concession

Ceci dit, Richard Williamson n’est pas le zinger a accompli des gestes importants, vrai problème. La question concerne le notamment en ce qui concerne l’étude monde entier. Un monde ou le négation- des textes bibliques. Je ne sais pas ce nisme est la pointe d’un iceberg qui re- qui va se passer. Il est évident qu’il y a flète une certaine tradition catholique et fracture et que tout dépendra de la force la diffusion systématique d’idées antisé- de l’Eglise. De sa volonté et de sa capaci- mites alimentées par des lieux communs té à faire plier les lefebvristes ou à les comme « juifs = déicides », les chambres écarter de l’Eglise s’ils refusent d’obéir. à gaz n’ont jamais existé ou le grand La question est la suivante : qu’est-ce complot juif international. Une panoplie qui est plus important pour l’Eglise de de pacotilles antisémites de la pire es- Benoît XVI ? La sauvegarde des princi- pèce. pes ou l’unité a tout prix ? [1] FS — Les autorités juives reli- gieuses parlent d’impossibilité de Notons d’ailleurs que : relancer le dialogue. Quel est vo- tre sentiment à ce propos ? Le rabbin David Rosen, RdS. — L’Eglise peut punir Wil- conseiller du grand rabbinat liamson mais le fond du problème d'Israël, a […] observé que ne sera pas pour autant réglé. La question qui se pose aujourd’hui « le mal n'est pas encore com- est celle d’une Eglise où des per- plètement réparé » même sonnes qui contestent Vatican II après la mise au point de occupent une position identique à Benoît XVI et l'expression de celles, qui, en revanche, ont ac- sa « solidarité » avec les cepté ses thèses. Faut-il accepter Juifs. Il attend des « excuses la présence de religieux qui refu- David Rossen publiques » de la part de Mgr sent de faire vœux d’obéis- Williamson qui s'est conten- sance et veulent au contraire té de faire part sur son site Internet des « démolir la structure de l’E- regrets sincè- » pour les « » glise ? Le dialogue prévoit, res souffrances que ses « remarques en règle générale, des mo- impru- » ont causé au Pape ments difficiles, basés sur dentes [2]. l’incompréhension. C’est là qu’il faut intervenir. Au- jourd’hui, l’Eglise doit com- Début février, en outre, prendre l’ampleur de la si- la chancelière alle- tuation et trouver des solu- mande Angela Merkel tions. Dans le cas contraire, nous n’aurons pas le choix. jugea « que la clarifica- tion du Pape, lui-même Mais nous comptons sur la Angela Merkel pression de l’opinion publi- allemand, était “insuf- que qui a déjà prouvé sa force dans d’au- fisante ”, et qu'il devait affirmer clai- tres affaires importantes. rement “qu'on ne peut pas nier l'Ho- FS. — Peut-on parler aujourd’hui de rupture avec le passé, avec la politique locauste ” » : des prédécesseurs de Benoît XVI ? RdS. — Je n’irais pas jusque-là. Be- Il faut que, de la part du pape et du noît XVI a une personnalité complexe et Vatican, il soit clairement établi qu'il ne ne ressemble en rien à Jean-Paul II. Le peut y avoir de négation de l'Holocauste. dialogue est composé de différents ni- Si l'attitude du Vatican peut donner veaux, à savoir la mise au point de docu- l'impression que l'Holocauste peut être ments communs, les discussions sur la nié, alors il s'agit de questions fonda- doctrine et les grands gestes historiques. mentales concernant la relation avec le Avant de devenir pape, le cardinal Rat- judaïsme [3].

(1) : Voy. France Soir 31 janvier 2009 p. 11. (2) : Voy. J.-M. Guénois « Williamson : le grand rabbin épargne Benoît XVI », 01/02/2009, lefigaro.fr. (3) : Voy. Laure Daussy, « Le Vatican ordonne à l'évêque négationniste de se rétracter », 04/02/2009, lefigaro.fr. Voy. P. Saint-Paul, « L'Allemagne prend ses distances avec “son ” pape », 04/02/09, lefigaro.fr. Affaire Williamson et ralliement... 201

Nouvelle confirmation qu’avec les juifs et leurs sbi- res, on ne va jamais assez loin…

J. Ratzinger rampe aux pieds des juifs

J. Ratzinger l’a parfaite- ment compris. Le 12 février, sous le titre : « Benoît XVI réitère les excuses de l’Eglise pour l’Holocauste », on a pu lire : Dessin de Plantu paru dans Le Monde A quelques semaines d’un voyage confirmé en Terre sainte, le souverain pontife juge le pardon des juifs pour les persécutions « intolérable » tout déni de l’Holocauste, chrétiennes. « Je fais désormais mienne en particulier lorsqu’il émane d’un ecclé- sa prière », a déclaré Benoît XVI [1]. siastique… C’était la première fois depuis le tollé Quoi qu’il en soit, les choses sont soulevé par les propos de Mgr William- très claires : « pour être admis aux son, que le pape recevait des dirigeants fonctions épiscopales » dans l’Eglise de la communauté juive. Dans un souci conciliaire, il faut faire sien le d’apaisement, Benoît XVI a souligné que dogme de la Shoah. Le cardinal- « la haine et le mépris des hommes, des femmes et des enfants qui s’est manifes- archevêque de Vienne l’a d’ailleurs té par la shoah est un crime contre l’hu- rappelé le 29 janvier, lorsqu’il a lan- manité. Cela doit être clair pour tous, cé : notamment pour ceux qui perpétuent la tradition des Ecritures », a précisé le Voilà ce qui est clair pour moi, et aussi souverain pontife. pour beaucoup d'autres évêques, et aussi Rarement le chef de l’Eglise catholique, pour le pape qui l'a dit hier très claire- né en Allemagne, n’avait employé de ment : quelqu'un qui nie l'Holocauste, la termes aussi forts sur la shoah et les Shoah, ne peut pas être réhabilité dans relations avec les juifs. une fonction ecclésiastique, il n'y a abso- Devant ses interlocuteurs de la Confé- lument aucun doute là-dessus [2]. rence des présidents des grandes organi- sations juives américaines, Benoît XVI a La Fraternité emboîte de pas repris les mots prononcés par son prédé- cesseur lors de sa visite à Jérusalem en Pour Benoît XVI la reconnais- 2000 : Jean-Paul II avait alors imploré sance de la Shoah est donc dans les faits un article de foi. Et désormais c’est également le cas aussi pour la Fraternité Saint-Pie X puisque Mgr Fellay :

- a exigé de Mgr Williamson une rétractation sur le fond (il n’a obte- nu qu’une rétractation sur la forme

(1) : Voy. « Benoît XVI réitère les excuses de l’Eglise pour l’Holocauste », 12 février 2009, Gilles Halais avec agences - france-info.com. (2) : Voy. l’interview du cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn par Jean Mercier, « Le cardinal Christoph Schönborn : “Il y a eu faute au Vatican ” ». 04.02.09 lavie.fr. 202 Sans Concession

Le séminaire de la Reja dont Mgr Williamson était le directeur avant que les autorités de la Fraternité Saint-Pie X ne le révoquent de cette fonction. le 26 février 2009, rétractation qui l’hebdomadaire Der Spiegel , il a ex- n’a convaincu personne, surtout pas pliqué avoir « fait des recherches le Vatican ; voy. annexe 19) ; dans les années 1980 » sur le (prétendu) « Holocauste » et avoir - a dit publiquement qu’il exclu- été « pour cette raison convaincu de rait son confrère dans l’épiscopat de la justesse » de ses propos révision- la Fraternité si ce dernier récidivait nistes. Puis il a souligné : (voy. annexe 20) ; Il s'agit de preuves historiques, pas - l’a sanctionné lui retirant la di- d'émotions. Et si je trouve des preuves rection du séminaire de la Reja en alors je rectifierai. Mais cela va prendre Argentine [1]. du temps [2].

Expulsé d’Argentine ♦LE COURAGE DE M GR W ILLIAMSON

Mgr Williamson tient bon Ce courage lui a certainement va- lu d’être expulsé de l’Argentine où il résidait. Rappelons que, dans son Certes, Mgr Williamson ne s’est pas rétracté. C’est tout à son hon- communiqué, le ministère de l’Inté- neur. Interrogé début février par rieur argentin a déclaré :

(1) : « Ecône sanctionne l'évêque négationniste Richard Williamson « 9 février 2009 - swissinfo.ch « Buenos Aires - Les intégristes catholiques de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) ont reti- ré à l'évêque Richard Williamson la direction de son séminaire en Argentine. Le prélat est au coeur d'une polémique pour avoir nié l'Holocauste. « L'évêque traditionnaliste a été délié de ses devoirs à la tête du séminaire de La Reja, a déclaré dimanche le supérieur de la FSSPX en Amérique latine, Christian Bouchacourt. “Les déclarations de Mgr Richardson ne reflètent en aucune manière la position de notre communauté ”, affirme-t-il dans une déclarations. » Affaire Williamson et ralliement... 203

[…] l'évêque Williamson est devenu connu après avoir fait des déclarations antisémites à un média suédois, dans lesquelles il a mis en doute l'Holocauste dont a été victime le peuple juif. Pour ces raisons, qui s'ajoutent à la ferme condamnation du gouvernement argentin de positions qui heurtent pro- fondément la société argentine, le peu- ple juif et l'humanité entière, préten- dant nier une vérité historique, le gou- vernement décide (...) de sommer l'évê- que lefebvriste de quitter le pays ou de se soumettre à l'expulsion [1].

De toutes façon, l’hérétique mo- derne ne pouvait plus rester là-bas. En effet :

Une plainte devant la justice fédérale argentine pour apologie du négation- nisme avait été déposée le 10 février à l'encontre de Williamson par le respon- Montage réclamant l‘expulsion de sable de l'édition argentine du magazine américain Newsweek. Mgr Williamson de l‘Argentine où il Mgr Williamson, 68 ans, devait égale- résidait. ment répondre à l'Institut national contre la discrimination (INADI) qui lui reconnaît l’autorité de Benoît XVI, a officiellement demandé « d'infirmer ou ce qui évidemment rend pour le de confirmer ses propos » [ Id .]. moins compliquée une résistance

ouverte car l’on ne peut désobéir Mgr Williamson se mure dans le silence gravement et sur une longue durée à celui que l’on reconnaît publique- On peut toutefois regretter ment comme le vicaire du Christ et qu’une fois revenu en Angleterre, avec lequel l’on se dit tous les jours Mgr Williamson ait fait le choix de en communion — una cum — au ca- se taire, comme il le confirme dans non de la messe. un message daté du 21 mars sur son blog « dinoscopus » (voir annexe 21), ♦LA PERSÉCUTION DES RARES PRÊTRES car c’est exactement ce que veut son COURAGEUX supérieur : « qu’il se taise, qu’il dis-  paraisse pour longtemps de la vie Mgr Williamson à jamais publique car il a nui à notre réputa- infréquentable tion », voilà les propos peu amènes Quoi qu’il dise aujourd’hui, que Fellay tenait sur son confrère Mgr Williamson restera toujours dans le Spiegel du 2 mars (voy. an- « l’évêque négationniste », donc un nexe 20). Or, l’on ne doit pas garder individu immoral, à ne pas côtoyer. le silence lorsque l’on dit la vérité et Le message de Jean-Pierre Denis que cette vérité est fondamentale. est très clair : Mais il est vrai que Mgr Williamson

(1) : Voy. « L'Argentine somme l'évêque négationniste Williamson de quitter le pays », 19 février 2009, AFP, google.com. 204 Sans Concession

Un évêque négationniste peut-il être réintégré dans l'Eglise catholique ? En théorie, oui, puisque ses opinions, même les moins défendables, ne font pas de lui un hérétique. Moralement, non. Surtout si l'on en juge par l'émotion suscitée par les propos tenus par Mgr Williamson à la télévision suédoise, le 22 janvier [1].

Pour Mgr Williamson, il n’y avait donc que deux solutions : continuer à dire la vérité (et offusquer les Article paru dans Sud-Ouest. juifs) ou bien se taire complètement Pour les « conciliaires », le révi- (pour sauver en premier lieu le dia- sionnisme devrait être passible logue judéo-chrétien). de l‘excommunication...

Mgr Fellay parle des juifs comme des « frères aînés » Prêtres persécutés et chassés

Mgr Fellay lui a intimé l’ordre de D’ailleurs, depuis plusieurs se- se taire. Quand on sait que la Shoah maines, il n’a eu de cesse de persé- et les relations avec le judaïsme tal- vérer diaboliquement dans son en- mudique sont au cœur du credo mo- treprise de destruction : il a ignomi- derniste, on voit que la Fraternité nieusement chassé l’abbé Floriano Saint-Pie X a fait un pas sans doute Abrahamowicz, faisant changer en irréversible vers le ralliement inté- son absence les serrures de l’église gral et sans retour à Vatican II. Au où il officiait en Italie, car ce prêtre reste, dans un entretien à Famille pourtant d’origine juive avait émis chrétienne le 14 février, Mgr Fellay des doutes sur l’existence des cham- remettait le couvert en faisant L‘abbé Floriano Abrahamowicz sienne, avec quelques restrictions certes, l’expression de « frères aî- nés » à propos des juifs (voir an- nexe 18). Ce qui est ni plus ni moins qu’une forme d’apostasie de la foi catholique car c’est l’Eglise catholi- que qui est le nouvel Israël, l’héri- tier et le continuateur d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alors que les juifs actuels ne sont que les héri- tiers des pharisiens du 1 er siècle qui ont mis à mort Notre-Seigneur. Faire du peuple déicide « des frères aînés » est une infamie mais l’on sait que Bernard Fellay, tout à sa frénésie d’accord avec Ratzinger, est prêt à toutes les trahisons, tous les renoncements pour avoir une place au soleil dans la contre-Eglise de Vatican II.

(1) : Voy. Jean-Pierre Denis, « Le réveil des catholiques », 02.02.09, lemonde.fr. Affaire Williamson et ralliement... 205 bres à gaz homicides et avait criti- qué la politique actuelle de la Fra- ternité (voy. annexe 14). Il est égale- ment sur le point d’expulser de la FSSPX l’abbé Basilio Méramo au- quel il a déjà retiré le titre de prieur au Mexique car ce prêtre colombien s’est opposé lui aussi à ce processus d’apostasie de la Fraternité (voir an- nexe 17).

Au passage, soulignons le courage de l’abbé Abrahamowicz qui ne s’est pas agenouillé. Sous le titre : « Don Floriano Abrahamowicz persiste et signe », on a pu lire :

Don Floriano insiste « L’Holocauste n’est qu’un mythe » Le prêtre lefebvriste né- gationniste s’exprime à nouveau : « Il n’existe pas de preuve de la volonté d’ex- termination physique des juifs ».

TREVISE (24 février) – « Le mythe de l’Holocauste est une arme politique pour la fondation et le maintien de l’Etat d’I- sraël ». C’est ainsi que don Floriano Abrahamowicz, prêtre lefebvriste qui célèbre la messe à Lanzago, reparle de la Shoah après les polémiques soulevées Abbé F. Abrahamowicz en habits litur- par les déclarations qui remettaient en giques. Malgré son éviction de la Fra- question la fonction des camps de ternité Saint-Pie X, ce prêtre a coura- concentration et des chambres à gaz du- geusement maintenu publiquement rant la deuxième guerre mondiale. Il a prononcé ces mots dimanche matin, ses propos révisionnistes. avant de célébrer la messe tridentine dans la chapelle de la rue Matteotti, en désinsectisation, je m’abstiens de me dépit de la mesure d’expulsion qui l’a prononcer. » [1] exclu de la Fraternité sacerdotale Saint- Pie X. « Un acte nul », selon don Floria- no. « L’Holocauste, a-t-il dit, a servi de Salut à toi, don Abrahamowicz ! tremplin de lancement de la nouvelle doctrine du concile Vatican II, comme l’a ♦UNE ODIEUSE MANIPULATION QUI écrit don Curzio Nitoglia, et je souscris CONTINUE entièrement à cette interprétation. » « Les preuves de la volonté d’extermina- tion physique des juifs dans la deuxième Oh bien sûr il s’agit désormais guerre mondiale n’ont toujours pas été pour la Fraternité de sauver la apportées. Personne ne nie l’existence face ! On peut compter sur l’abbé de des camps de concentration mais, quant Cacqueray et sur La Porte latine au fait que les chambres à gaz aient cau- pour transformer les déroutes en sé des morts, en dehors d’avoir servi à la

(1) : Voy. « Don Floriano Abrahamowicz persiste et signe », 1 er mars 2009 csvr. (2) : 206 Sans Concession victoires, les capitulations en formi- dables succès, les débâcles en triom- phes, les trahisons en autant de marques de fidélités à l’Eglise. Le site officiel du district de France de la FSSPX ne fait-il pas croire dans une vidéo grotesque, sur air de mu- sique triomphal, que Mgr Lefebvre a été réhabilité par ce décret du 21 janvier qui ignore pourtant jus- qu’à son nom ? Triste date décidé- ment que ce 21 janvier qui vit, il y a 216 ans, la décapitation de Louis XVI !

Le coup de « Rome qui revient à la Tradition »

N’en doutons pas, les négocia- teurs de la Fraternité et du Vatican, tout à leur frénésie d’accord, trouve- ront sans doute un texte suffisam- ment ambigu et à double sens sur Mgr Tissier de Mallerais : après la Vatican II. Ainsi la Rome moder- levée des excommunications, il ne niste pourra dire que la Fraternité a veut nous faire croire que c‘est Rome accepté le « concile » et la Fraternité qui revient à la Tradition... pourra dire qu’elle a fait reculer nos positions » [1]. Tenez-vous bien, Rome. Avec le concept de chers amis, ce n’est pas la Fraterni- « l’herméneutique de la continuité » té qui capitule et renie la foi catholi- et celui de la « communion impar- que, non, c’est le Vatican qui revient faite », on va envelopper l’affaire à la Tradition ! Peut-on aller plus vite fait bien fait (voir annexe 8). loin dans le mensonge et l’impos- Tout n’est plus désormais qu’une ture ? question de marketing, de papier cadeau ! On est à fond dans la com’ ! Alors même que Benoît XVI parle Et la fable selon laquelle Ecône a pour sa levée des excommunications converti — ou est en train de d’acte de « miséricorde paternelle », convertir Rome — a de beaux jours que le décret évoque, non sans une devant elle. Le 1 er février, ainsi, cruelle ironie, « le malaise spirituel » dans La Stampa , Mgr Tissier de des quatre évêques et que cette dé- Mallerai, a déclaré : « Nous ne chan- marche s’inscrit d’évidence, comme gerons pas nos positions, mais nous l’a reconnu le successeur de Jean avons l’intention de convertir Rome, Paul II lui-même, dans une démar- c’est-à-dire d’amener le Vatican vers che œcuménique [2].

(1) : Voy. Christian Terras, « Menaces d’implosion au sein de la Fraternité St-Pie X », 3 février 2009, golias.fr. (2) : Voici les propos de Benoît XVI concernant la levée des excommunications qui frap- paient les quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X (traduits par l’abbé Hugues Beau- grand) : Affaire Williamson et ralliement... 207

On fait dans 99 % des cas de l’œcuménisme à gauche, on peut de temps à autre en faire à droite sur- tout si cela permet de ramener dans le giron moderniste des tradis qui ne demandent pas mieux. Après la Convention il y eut le Directoire. Seuls les aveugles volontaires peu- vent ignorer que, loin d’être un re- tour à la Tradition, le geste de Be- noît XVI est au contraire l’expres- sion de l’esprit de Vatican II. Un fi- dèle a écrit avec raisons :

Dans l’ « Église conciliaire » du théolo- gien Josef Ratzinger, il y a place, dans la même communion, à la fois pour l’apos- L‘apostat Hans Küng a lui aussi sa tat Hans Küng et pour Mgr Bernard place dans l‘église conciliaire. Alors, Fellay (qu’il avait très significativement pourquoi pas aussi les « tradis »... reçus, l’un puis l’autre, dans la même période, peu de temps après son avène- avec le Vatican, il fanfaronnait : ment). La chose est rendue possible « qu’aucune contrepartie doctrinale parce que dans leur système l’Église n’est plus une communion nous soit demandée et qu’aucun si- (hiérarchique) fondée sur une Vérité lence ne soit fait sur notre prédica- exclusive. Il y a tout au contraire place tion antimoderniste ». Quelques an- pour des lectures contradictoires d’un nées plus tard, il concélébrait la dogme changeant : de même que la nouvelle messe et le père Basile « messe de Luther » et le Saint Sacrifice de la Messe sont (prétendument) les griffonnait des milliers de pages deux formes d’un même rite, de même le pour justifier l’orthodoxie doctrinale « traditionalisme » sera tout au mieux la de la liberté religieuse version Vati- « High Church » de l’ « Église conci- can II. Idem pour Campos, l’Institut liaire » [1]. du Bon Pasteur et autres commu-

 nautés ralliées qui se gardent bien « On n’a rien renié » désormais de critiquer un Be- noît XVI qu’ils n’ont de cesse d’en- Mais évidemment on nous fera censer. L’abbé Laguérie ne quali- croire que la FSSPX n’a rien renié. fiait-il pas sur son blog Ratzinger de En 1988, quand Dom Gérard signait

« Vraiment en accomplissant ce service de l'unité, qui qualifie en mode spécifique mon mi- nistère de Successeur de Pierre, j'ai décidé il y a quelques jours de concéder la rémission de l'excommunication laquelle avaient encourus les quatre Évêques consacrés en 1988 par Mgr. Lefèbvre sans mandat pontifical. J'ai accompli cet acte de paternelle miséricorde, parce qu'avec insistance ces prélats m'ont manifesté leurs vives souffrances pour la situa- tion dans laquelle ils étaient venus à se trouver. Je souhaite qu'à mon geste se fasse suivre le prompt engagement de leur part d'accomplir les pas ultérieurs nécessaires pour réaliser la pleine communion avec l'Église, en témoignant ainsi une vraie fidélité et vraie recon- naissance du magistère et de l'autorité du Pape et de Concile Vatican II » (voy. « Benoît XVI revient sur la levée des excommunications », 28 janvier 2009, ibproma.com. Voy. également Jean-Marie Guénois, « Le Pape pleinement solidaire avec les juifs », 28 janvier 2009, lefigaro.fr). (1) : « Lettre d’un fidèle au R.P. Lecareux, fondateur de la Fraternité de la Transfigura- tion » 1 er février 2009, diffusé par [email protected]. Voy. annexe 10. 208 Sans Concession

« grand Saint Pie X » à la suite de Tout était déjà joué son Motu Proprio sur la messe tri- dentine. Gageons que la FSSPX va En réalité, tout ceci n’est qu’une se mettre au diapason et rattraper odieuse manipulation. Dès le le temps perdu. En témoignent déjà 29 août 2005, dans le bureau de Be- les innombrables expressions de noît XVI à Castel Gandolfo, tout gratitude de Mgr Fellay à l’égard du était déjà décidé [1]. N’évoquait-on successeur de Jean Paul II : « Je l'ai pas un consensus entre les deux compris dès la première audience au parties pour parvenir « dans des dé- cours de laquelle je l'ai rencontré lais raisonnables » à résoudre « les peu après son élection . Tout en nous difficultés » ? [2]. adressant des reproches, le Saint La preuve fut d’ailleurs donnée Père avait un ton doux, vraiment pa- par… M gr Fellay lui-même. Dans ternel » dit-il dans Libero . Forcé- son entretien accordé à Monde et ment, on n’attrape pas des mouches Vie et publié le 31 janvier 2009, on avec du vinaigre ! En 1978 Jean lisait : Paul II avait agi de même avec Mgr Lefebvre, ce qui avait conduit — Vous attendiez-vous, Monseigneur, à le prélat d’Ecône à imposer l’ una cette levée de l’excommunication vous concernant? cum famulo tuo Papa nostro Joanne — Je m’y attendais depuis 2005, depuis Paulo à tous ses prêtres au canon de la première lettre de demande de levée la messe. Affirmant avoir appris la de l’excommunication que j’avais adres- levée de l’excommunication « dans le sée à la demande de Rome même. Parce bureau d'un cardinal, le cardinal qu’il est clair que Rome ne demandait pas cette lettre pour refuser de lever Castrillon Hoyos, le président de la l’excommunication [3]. Commission Ecclesia Dei », le numé- ro un de la FSSPX a ce mot tou- Preuve que depuis 2005, les auto- chant : « Nous nous sommes embras- rités du Vatican étaient bien déci- sés » C’est t’y-pas beau tout ça ! N’a- dées à lever les excommunications. vez-vous pas les yeux embués de Les deux préalables (messe et levée larmes devant un tel conte de fée ! des excommunications) n’ont été

(1) : « Depuis le début de son pontificat en avril 2005, Benoît XVI n’a pas ménagé ses efforts pour réintégrer les Lefebvristes. Il avait reçu en privé Mgr Fellay durant l’été 2005. » (voy. l’humanite.fr, 22 janvier 2009, « Le pape a annulé l'excommunication des évêques intégris- tes »). « En passant... le geste est-il surprenant ? Oui et non. Benoît XVI connaît bien le dos- sier des “lefebvristes ”, comme on les surnomme. Il a négocié avec eux avant que ne tombe la sentence en 1988. Qui plus est, le 29 août 2005, quelques mois seulement après avoir été élu, à sa demande, il rencontrait Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité, à Castel Gan- dolfo, la résidence d'été du pape. Les premiers pas d'une réconciliation étaient donc prévisi- bles. » (voy. « Benoît XVI et le négationniste », 9 février 2009, radio-canada.ca.). (2) : « En août 2005, peu après l'élection de Benoît XVI et pour la première fois depuis la rupture de 1988, le dialogue avait été renoué entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X, hostile aux innovations introduites par le Concile Vatican II au début des années 60. […]. « Lors d'une rencontre à huis clos avec les évêques, il avait souhaité une "pacification des esprits" avec les tenants de la tradition . « "Je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satis- faisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davan- tage", avait-il dit . "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui et jamais rejeté." » (Voy. la dépêche Reuters du 22 janvier 2009 : « Le pape lèverait l'excommunication des évêques traditionalistes »). (3) : Voy. Monde et Vie , n° 860, entretien avec Olivier Figuéras. Affaire Williamson et ralliement... 209 qu’un moyen de neutraliser toute opposition interne à la Fraternité en faisant accroire que c’était Rome qui pliait à la volonté de la FSSPX.

De réelles contreparties

Or, comme l’a écrit Mgr Simon, le motu proprio de 2007 a été un coup fatal pour les traditionalistes :

Quand je lis, un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu'il n'exige rien en contrepartie, je ne suis pas d'accord : il leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur le fond. Tout l'ar- gumentaire de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue différence substan- tielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de Paul VI. Or, réaffirme Be- noît XVI, il n'y a pas de sens à parler de deux rites. On pouvait, à la rigueur, légi- Mgr H. Simon. Il a dévoilé les contre- timer une résistance au Concile si l'on parties réelles non pas exigées, mais pensait, en conscience, qu'il existait une qui découlent nécessairement des ac- différence substantielle entre deux rites. Peut-on légitimer cette résistance, et a cords de la FSSPX avec Rome fortiori un schisme, à partir d'une diffé- rence de formes ? [1] elle se félicitait d’être excommuniée par les modernistes et tous les supé- C’est incontestablement vrai. En rieurs de districts et de séminaires demandant (et en obtenant) que la avaient publiquement réclamé d’ê- messe de saint-Pie V soit autorisée tre associés à la censure visant au même titre que la « nouvelle Mgr Lefebvre, Mgr de Castro Mayer messe », les traditionalistes ont mis et les quatre évêques sacrés. Mais le doigt dans l’engrenage. Les consé- neuf ans plus tard, tout changeait : quences (qui sont comme des contre- elle publiait aux éditions Clovis une parties aux négociations avec brochure intitulée : « La Fraternité Rome), elles commencent à apparaî- Saint-Pie X ni schismatique, ni ex- tre aujourd’hui, c’est l’acceptation communiée ! L’aveu de Rome ». Dé- de Vatican II, c’est la pleine intégra- but février, l’abbé Pierre Barrère a tion à l’Eglise conciliaire. Tout ça repris, une fois de plus, la dialecti- pour ça ! que de la Fraternité afin de « prouver » qu’il n’y avait pas eu ex- Les variations des la FSSPX communication :

Au reste, historiquement, la Fra- Depuis le début, c’est-à-dire depuis le ternité n’a cessé de varier sur cette 1er juillet 1988 nous avons toujours affaire d’excommunication : en 1988 contesté la validité des excommunica- tions infligées à nos évêques. En raison

(1) : Voy. Mgr Hippolyte Simon, « Qui avait intérêt à salir la réputation du pape ? Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... », 02-02-2009, zenit.org. 210 Sans Concession

d’un état de nécessité grave dans l’E- glise, Mgr Marcel Lefebvre s’est vu dans l’obligation d’assurer « l’opération survie de la Tradition » en perpétuant un épis- copat authentiquement catholique. Sans évêque Traditionnel impossible d’avoir des prêtres fidèles à la volonté du Christ notamment quant à la prédication inté- grale de la foi et à la mise en garde contre les erreurs. Il a fallu pour cela passer outre les menaces des autorités modernistes en place. Celles-ci se ser- vent des lois ecclésiastiques (le droit ca- non) affirmant indûment que l’on se met en dehors de l’Eglise par le sacre d’un évêque sans l’approbation du Pape. En fait cette interprétation rigide du droit est fausse. Le droit canon permet les Mgr de Galaretta, un des quatre évê- consécrations d’évêques sans l’aval du ques excommuniés en 1988 pour pape en cas de nécessité grave . « Prima lex salus animarum », « La première loi avoir été sacre contre l‘avis du c’est d’assurer le salut des âmes ». Au- « pape » reconnu légitime par lui. cune des lois contenues dans le code, si elle est bien interprétée, ne peut s’oppo- Mais après tout, qu’importe, puis- ser à cette prima lex [1]. que, depuis 2001, la Fraternité a de

nouveau changé son fusil d’épaule. On se contentera de rétorquer Elle demande un retrait de d’excom- que même si « le droit canon permet munication que, devant ses fidèles, les consécrations d’évêques sans l’a- elle juge nulle puis, maintenant val du pape », il n’a jamais permis qu’elle l’a obtenu, elle s’en réjouit, de consécration contre la volonté sabre le champagne, chante des Ma- du pape. Or, la Fraternité a toujours gnificat comme elle avait entonné affirmé que l’homme assis sur le des Te Deum après le Motu Proprio trône de Pierre était le pape légi- du 7 juillet 2007. De qui se moque-t- time. Et en juin 1988, Jean Paul II on ? s’était finalement opposé à la consé- cration d’évêques par Mgr Lefebvre. ♦ Il y a quelques semaines, les conci- ORGUEIL CHÂTIÉ liaires l’ont rappelé (je souligne) : Comment expliquer un tel renie- Les quatre évêques avaient été excom- ment de la FSSPX ? Cette trahison muniés parce que leur ordination était un élément de nature schismatique, car est à notre avis la conséquence de elle s’était faite contre l’avis du l’orgueil incommensurable, des inco- pape . Il s’agit alors d’un acte grave de hérences doctrinales et des lamenta- désobéissance, susceptible de créer une bles frilosités du lefebvrisme (voy. autre Église. Les évêques n’ont pas été annexe 16). On se prétend les bénis excommuniés pour avoir refusé Vati- can II. Ils n’ont pas été excommuniés de Dieu. Le 11 février, lors d’un en- pour hérésie, mais, encore une fois, pour tretien vidéo à la Mutualité, schisme [2]. Mgr Fellay dit à propos de la Fra-

(1) : Voy. abbé Pierre Barrère, « Les quatre évêques anti modernistes ne sont pas excom- muniés », février 2009 - Bulletin « Sainte-Anne » - mise en ligne par laportelatine.org. (2) : « Les grandes questions posées par la crise intégriste », 03/02/2009, la-croix.com. Voy. annexe 7. Affaire Williamson et ralliement... 211 ternité Saint-Pie X : « Nous portons le trésor de l’Eglise », pas moins ! Dans son livre, La Tradition sans peur , l’abbé Aulagnier écrivait que « la Fraternité Saint-Pie X est le roc sur lequel s’édifie l’avenir de l’Eglise » comme si le roc de l’Eglise, ce n’était pas le pape. Et Mgr Lefebvre disait que « le Bon Dieu allait donner l’Ar- che d’Alliance du Nouveau Testament à la Fraternité Saint-Pie X ». Et il suffit de lire des bulletins de la FSSPX pour voir dégouliner à toutes les lignes de l’autosatisfaction : le rayonnement de nos écoles avec 99 % de réussite au baccalauréat, la saine- té de nos familles nombreuses avec Abbé Aulagnier. Dans son livre, La dix enfants et plus, l’extension mira- Tradition sans peur , il écrivait que culeuse de notre œuvre sur tous les « la Fraternité Saint-Pie X est le roc continents, la progression spectacu- sur lequel s‘édifie l‘avenir de laire du nombre de nos vocations, etc, l‘Eglise » comme si le roc de l‘Eglise, tout est à l’avenant. Début février, ce n‘était pas le pape (légitime). encore, l’abbé Pierre Barrère a écrit :

Dieu aidant […], nous continuons à gran- dir : les prieurés et les chapelles s’ou- vrent ; les écoles se maintiennent et se développent ; les séminaires ont toujours des vocations ; les familles souvent nom- breuses se sanctifient avec la messe, les catéchismes, les mouvements de jeunes. Tout cela se fait dans un monde de plus en plus hostile à la foi et à l’esprit chré- tien authentique. Malgré l’opprobre des interdits ecclésiastiques profondément injustes, une petite chrétienté s’est cons- truite et elle est bien décidée à maintenir l’étendard de la foi, les droits de Notre Seigneur Jésus-Christ « adveniat regnum tuum » « que votre règne vienne sur la terre comme au Ciel. »*

Comment ne pas voir que le Bon Dieu châtie tant d’orgueil, de fatuité, d’aveuglement sur soi-même ? Jamais en effet les saints, les confes- Mgr Lefebvre. Il a dit : « le Bon Dieu seurs de la foi n’ont tenu un tel allait donner l‘Arche d‘Alliance du langage. Cet orgueil satanique est la Nouveau Testament à la Fraternité marque de la secte et force est de re- Saint-Pie X ».

* Voy. abbé Pierre Barrère, « Les quatre évêques anti modernistes ne sont pas excommu- niés », février 2009, Bulletin « Sainte-Anne », mise en ligne par laportelatine.org. 212 Sans Concession connaître que Fellay parle et agit en FSSPX reconnaît ce nouveau code. gourou, distribuant des monitions On critique souvent violemment les canoniques invalides du haut d’une occupants successifs du siège de autorité totalement usurpée et in- Pierre depuis Paul VI, on leur déso- fondée. béit ouvertement mais on reconnaît leur autorité et on se dit tous les ♦LE FRUIT DE CONTRADICTIONS jours en communion ( una cum ) avec DOCTRINALES eux au canon de la messe. On se bat pour la messe traditionnelle mais on Ce ralliement est par ailleurs la accepte que soient mises à égalité conséquence des contradictions « la messe de Luther » et « la messe inextricables du lefebvrisme. On cri- de toujours » comme ce fut le cas tique Vatican II mais on le recon- avec le Motu Proprio du 7 juillet naît comme un concile œcuménique 2007 de Benoît XVI. régulièrement convoqué et promul- Ce qui arrive aujourd’hui est logi- gué, refusant de le qualifier de que : à force de se dire depuis des conciliabule. On rejette la nouvelle décennies una cum avec les héréti- messe mais on en reconnaît publi- ques et apostats modernistes, le Bon quement la validité. On critique les Dieu permet que les prêtres et évê- nouveaux sacrements bâtards mais ques de la FSSPX le deviennent ré- on en affirme là encore la validité. ellement. Et s’être moqué à ce point On conteste les erreurs et hérésies de la Sainte Vierge dans les du nouveau code de droit canon de « croisades du Rosaire » ne portera 1983 mais à l’occasion on l’utilise pas chance à la FSSPX car ce n’est (quand cela arrange) et dans le pro- pas seulement Mgr Fellay qui est tocole d’accord du 5 mai 1988 que coupable de cette « croisade » ; ce Mgr Lefebvre avait signé avec Josef sont les quarante membres du cha- Ratzinger (déjà !), le fondateur de la pitre, les quatre évêques, tous les

Malgré une réputation d‘évêque ferme, Mgr Lefebvre a toujours louvoyé, tentant de concilier la chèvre et le chou afin de satisfaire les « durs » et les « mous ». D‘où cette absence de principes doctrinaux solides... Affaire Williamson et ralliement... 213 supérieurs de districts et de mai- mulgation du novus ordo missae , sons autonomes, tous les supérieurs trente ans après les premières ex- de séminaires, tous les anciens qui pulsions de prêtres et séminaristes l’ont avalisée à l’unanimité. C’est sédévacantistes de la FSSPX, ce qui toute la Fraternité qui est responsa- devint vite un sport national ! ble de cette ignominie. Cette respon- sabilité ne lui sera pas ôtée. Ni dans ♦RETOUR AU BERCAIL ? ce monde, ni dans l’autre. Et désor- mais c’est toute la Fraternité qui va Née de l’Eglise conciliaire, la Fra- être avalée, digérée par le moder- ternité Saint-Pie X retourne à l’E- nisme. Ce sont toutes les écoles, glise conciliaire. Après tout, tous les prieurés, tous les séminai- Mgr Lefebvre a signé tous les textes res, toutes les chapelles, toutes les de Vatican II, refusé d’apposer sa églises, toutes les maisons de retrai- signature au Bref examen critique tes, tous les dons et les legs qui vont des cardinaux Ottaviani et Bacci passer à l’ennemi moderniste. Car par crainte de déplaire à Paul VI, cette fois-ci ce n’est pas le Barroux encouragé ses séminaristes jusqu’en et quelques dizaines de moines qui 1980 à aller à la nouvelle messe apostasient, c’est une société inter- pendant les vacances, signé avec nationale de près de 500 prêtres, Ratzinger un protocole d’accord le 5 d’une centaine de milliers de fidèles, mai 1988 (qu’il a rejeté le lendemain de centaines de religieux et religieu- mais tout en continuant à reconnaî- ses, ce sont toutes les communauités tre l’autorité de Jean Paul II !). Ses amies de Morgon à Avrillé, de Fan- successeurs ont fait pire encore : jeaux à Brignolles. Quand depuis sa mort ils n’ont eu qu’une Mgr Fellay devra répondre devant obsession : la régularisation canoni- son Créateur des dizaines de mil- liers d’âmes dont il avait la charge, Le cardinal Ottaviani. que pourra-t-il dire, lui qui les a me- Mgr Lefebvre a signé tous les textes nées à l’Eglise conciliaire, à ses hé- de Vatican II, refusé d‘apposer sa si- résies, son apostasie, ses scandales gnature au Bref examen critique des innombrables, ses sacrements inva- cardinaux Ottaviani et Bacci par lides, son allégeance au Sanhédrin ? crainte de déplaire à Paul VI. Du temps de la regrettée Sainte In- quisition, on a condamné au bûcher des clercs moins gravement coupa- bles que Bernard Fellay qui restera pour l’histoire le fossoyeur de la ré- sistance traditionaliste ! C’était donc cela l’œuvre de résis- tance aux errements conciliaires ! C’était cela l’œuvre dont Mgr Lefebvre disait qu’elle allait sauver l’Eglise ? Ce n’est pas un ha- sard si ce ralliement-reniement se produit cinquante ans presque jour pour jour après la convocation par Jean XXIII de Vatican II (25 janvier 1959), quarante ans après la pro- 214 Sans Concession que de la FSSPX. D’où leurs dithy- qui a l’honnêteté de porter sur lui sa rambes dans les années 1990 envers duplicité niait toute perspective Evangelium vitae et Splendor veri- d’accord. Début janvier 2009, devant tatis . D’où la création en 1997 dans le congrès de Si Si no no , il adoptait le plus grand secret du GREC une posture ferme. Alors que tout (Groupe de relations entre catholi- était déjà préparé en coulisse dans ques) réunissant des prêtres de la le secret le plus hermétique. Pour- Fraternité dont l’inévitable abbé Lo- quoi d’ailleurs ne nous montre-t-il rans, le faux derche par excellence, pas les lettres qu’il a envoyées à des prêtres ralliés et des conciliaires Castrillon Hoyos et à Benoît XVI ? en vue d’une « régularisation cano- Pourquoi la fameuse lettre du nique avec Rome » de la FSSPX. 15 décembre n’est-elle pas portée à D’où la fondation en 1998 de la Let- la connaissance du public ? C’est tre à nos frères prêtres bien la preuve que l’on de l’abbé de La Rocque nous ment ! dont la haine du sédéva- Ses postures successives cantisme n’a d’égale que ne sont qu’une suite la faiblesse des convic- d’impostures. Sa dupli- tions et qui est destinée cité est celle du diable. aux clercs conciliaires « Que votre oui soit oui, dont beaucoup ne sont que votre non soit non, même pas validement tout le reste vient du ordonnés. D’où ce pèleri- Malin » dit Notre- nage romain en août Seigneur. Mgr Fellay 2000 sans aucune criti- nous montre en gran- que à l’égard de Jean deur nature ce qu’il peut Paul II qui pourtant n’é- y avoir de plus vil, de tait jamais allé aussi Abbé de La Roque plus noir, de plus ef- loin dans l’apostasie frayant dans une âme (baiser du Coran en 1999, septuple d’ecclésiastique. Cela donne une repentance en mars 2000 condam- idée de l’enfer. Derrière ses sourires nant deux mille ans d’Eglise). D’où Colgate se cache un loup ravisseur. ces infâmes pourparlers avec Cas- Quand on le croise, mieux vaut trillon Hoyos et la duplicité conti- changer de trottoir, c’est plus sage ! nuelle de Mgr Fellay alternant jus- Il est l’évêque Cauchon du XXIe siè- qu’à ces dernières semaines fermeté cle. Il a bien mérité ce titre de apparente et faiblesse réelle selon gloire. Laissons-le lui pour l’éterni- les interlocuteurs. Oui l’accord est té ! proche disait-il le 13 janvier 2006 aux journalistes de l’APIC. Trois se- maines plus tard, à Flavigny, Fellay Petrus. Affaire Williamson et ralliement… : annexe 1 215

ANNEXES

Annexe 1

DÉCLARATION DE L’INSTITUT MATER BONI CONSILII SUR LE DÉCRET DU 21 JANVIER 2009 CONCERNANT LA LEVÉE DE L’EXCOMMUNICATION DES QUATRE ÉVÊQUES DE LA FRATERNITÉ SAINT-PIE X 28 janvier 2009 - sodalitium.eu

Par un décret du 21 janvier 2009, “suspens a divinis” pour tous les le Préfet de la Congrégation pour les prêtres de la Fraternité semble tou- évêques, le cardinal Giovanni Bat- jours être en vigueur. Les faits tista Re, a remis “aux évêques Ber- contredisent donc la prétention de la nard Fellay, Bernard Tissier de Fraternité elle-même d’avoir été Mallerais, Richard Williamson et pleinement réhabilitée par le décret Alfonso de Galarreta l'excommuni- du 21 janvier. cation latae sententiae décrétée par Voici les faits, dans leur aspect cette Congrégation le 1er juillet matériel, mais quel jugement peut- 1988”, déclarant privé d'effet juridi- on porter sur cet événement qui, que, “à partir de ce jour, le décret qu’on le veuille ou non, aura une in- émis à l'époque”. fluence sur la vie de l’Église ? Comme le rappelle ce même dé- cret, la levée de l’excommunication ♦LES CONSÉCRATIONS DU a été accordée après une demande 30 JUIN 1988 en ce sens, faite par Mgr Fellay au nom des quatre évêques, et adressée Un jugement exact, à la lumière au cardinal Castrillon Hoyos, prési- de la Foi, sur ce décret et sur le fait dent de la Commission pontificale que les autorités de la Fraternité Ecclesia Dei (lettre de Mgr Fellay Saint-Pie X l’aient sollicité, en l’im- du 15 décembre 2008). posant comme préalable à un futur En soi, le décret du 21 janvier accord, doit, avant toute chose, se concerne exclusivement les quatre fonder sur l’événement qui fut l’oc- évêques, qui sont ainsi “absous” de casion du “décret d’excommunica- “l’excommunication” qui les avait tion” qui est privé aujourd’hui d’ef- frappés plus de vingt ans aupara- fets juridiques : les consécrations vant, et non pas la Fraternité Saint- épiscopales sans mandat pontifical Pie X qui pour le moment, avec ses faites par Mgr Lefebvre et Mgr de évêques, est encore considérée Castro Mayer le 30 juin 1988. comme privée de la “pleine commu- À l’occasion des consécrations nion” et de tout statut canonique. épiscopales de 1988, l’Institut Mater Bien que personne n’en parle, la Boni Consilii publia une Déclaration 216 Sans Concession

(Sodalitium n° 17, septembre- octobre 1988) qui garde toute sa va- leur. Nous y disions notamment :

L’Institut Mater Boni Consilii constate que Mgr Lefebvre, et ceux qui le suivent, n’ont pas fait formellement schisme, parce que désobéir à Jean-Paul II qui n’est pas formellement Pape n’est pas un schisme. De son côté, Jean-Paul II, étant privé de toute autorité, ne peut excommunier personne, et les censures prévues par le droit lui-même ne s’appli- quent pas en l’absence d’autorité. Mgr Lefebvre et les quatre (futurs) Cependant, Mgr Lefebvre et la Fraterni- évêques qu‘il va sacrer sans mandat. té Saint-Pie X distillent dans l’esprit des fidèles qui les suivent une pratique – qui anathème ”(Gal. I, 8 ; cf. Concile Va- se transforme chaque jour davantage en tican I, DS 3070). doctrine – absolument schismatique, selon laquelle on doit, dans les faits, dé- Le fidèle catholique ne pouvait, ce sobéir même en matière grave au vrai jour-là, suivre ni Mgr Lefebvre, ni Vicaire du Christ, sans tenir aucun Jean-Paul II, d’autant que nous an- compte de sa juridiction universelle et noncions déjà à ce moment là, en immédiate sur les fidèles catholiques. nous fondant sur les paroles mêmes De leur point de vue, le fondateur, les membres et les fidèles de la Fraternité de Mgr Lefebvre : Saint-Pie X, agissent schismatiquement. Des tractations futures ne sont pas ex- clues, au contraire même, elles sont pré- À notre avis, on pouvait donc ap- vues. La tromperie continue, comme pliquer aux protagonistes de la jour- avant et plus qu’avant. née du 30 juin 1988 cette phrase de la Sainte Écriture : « il n’y a per- La douloureuse impression d’a- sonne qui fasse le bien, pas même un lors (que l’esprit de l’Église catholi- seul ». que ne se trouve ni auprès des mo- dernistes, évidemment, ni même à La Fraternité Saint-Pie X n’a pas Écône) se renouvelle aujourd’hui – agi licitement en consacrant des vingt ans après – face au décret du évêques non seulement sans l’accord 21 janvier 2009. du Pape, mais contre la volonté de celui qu’ils considéraient être le Pape. Les modernistes agissaient ♦UN GESTE OECUMÉNIQUE , SELON LA encore moins licitement, eux qui oc- LOGIQUE DE V ATICAN II cupaient et occupent encore les Siè- ges épiscopaux, y compris le Siège Les observateurs superficiels (ou apostolique, en imposant une doc- malicieux) des récents événements trine contraire, et même contradic- ecclésiastiques, ont d’abord diffusé toire, en plusieurs points avec la l’idée que Joseph Ratzinger – Be- doctrine de l’Église, et une réforme noît XVI est ou voudrait être le fos- liturgique d’esprit protestant : soyeur de Vatican II (plaise à “Mais quand nous-même, quand un Dieu !). La même théorie fut déjà ange venu du ciel vous annoncerait défendue, en son temps, au sujet de un autre Évangile que celui que Jean-Paul II et même de Paul VI. Il nous vous avons annoncé, qu’il soit s’agit hélas d’une erreur flagrante, Affaire Williamson et ralliement… : annexe 1 217 contredite par leurs propres déclara- quises sont présentes ( ibidem ), il tions explicites. apparaît évident que les quatre évê- Benoît XVI, comme avant lui ques n’y ont pas obtempéré, préten- Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean- dant au contraire n’avoir jamais été Paul II, veut simplement appliquer excommuniés (cf. la déclaration de Vatican II, avec la prétention que Mgr Fellay du 24 janvier 2009). Vatican II est la continuité (et le dé- Mais par ailleurs les Orientaux se veloppement) du magistère tradi- sont-ils jamais repentis de leur tionnel (cf. le discours de Benoît XVI schisme ? Croyez-vous qu’Athénago- à la Curie romaine du 22 décembre ras ait reconnu le primat de juridic- 2005, republié de façon significative tion du Pape et l’infaillibilité de son par l’Osservatore Romano du 25 jan- magistère ? Bien sûr que non. Ana- vier 2009, p. 5 ; voir la critique sur logiquement, l’absolution accordée Sodalitium , n° 59, pp. 28-30). par Benoît XVI aux quatre évêques s’inscrit dans l’ecclésiologie oecumé- L’absolution des quatre évêques nique de la “communion impar- “lefebvristes” intervient, selon Be- faite” (Unitatis redintegratio, Lu- noît XVI, dans cette optique conci- men Gentium) et “au nouveau style liaire. Concédée durant la Semaine d’Église voulue par le concile qui de prière pour l’unité des chrétiens, préfère la médecine de la miséri- publiée la veille de la fin de cette corde plutôt que la condamna- Semaine et du 50ème anniversaire tion” ( Osservatore Romano , 26-27 de l’annonce de la réunion du janvier 2009). Concile de la part de Jean XXIII (25 janvier 1959), la décision ne peut La levée des excommunications pas ne pas rappeler un geste analo- est donc, comme soutient l’Osserva- gue et encore plus solennel : l’abso- tore Romano (25 janvier 2009) un lution réciproque (!) des excommuni- des innombrables bons fruits du cations que s’échangèrent le concile : “Patriarche” schismatique de Cons- tantinople Athénagoras et Paul VI Les bons fruits du concile sont innom- le 7 décembre 1965, avec une décla- brables, et il faut compter parmi eux maintenant le geste de miséricorde à ration commune qui fut lue à la clô- l’égard des évêques excommuniés en ture de Vatican II par le cardinal 1988. C’est un geste qui aurait plu à Willebrands devant le concile réuni Jean XXIII et à ses successeurs [peut- en session solennelle. être pas à Paul VI, n.d.a.], un cadeau L’Église catholique exige pour sincère que Benoît XVI, Pape de paix, a voulu rendre public en coïncidence avec l’absolution des censures ecclésiasti- l’annonce de Vatican II (…). Un demi- ques (dont fait partie l’excommuni- siècle après cette annonce, Vatican II est cation) que le coupable mette fin à vivant dans l’Église. sa contumace (can. 2248 §2), ce qui implique que le coupable “se soit re- Même Benoît XVI l’a dit le 25 jan- penti du délit commis et qu’il ait ac- vier, dans la Basilique de Saint- compli, ou au moins sérieusement Paul, entouré durant la cérémonie promis d’accomplir, une satisfaction liturgique par des “orthodoxes”, des appropriée pour les dommages et le anglicans et des luthériens, en fai- scandale causés” (can. 2242 §3) ; sant l’éloge de l’oecuménisme conci- bien qu’il revienne à l’autorité qui liaire qui prévoit la conversion de absout de juger si les conditions re- tous, “même de l’Église catholique”, 218 Sans Concession commente scandaleusement l’ Osser- La Fraternité Saint-Pie X recon- vatore du 26-27 janvier. naît en Benoît XVI le Vicaire du Le vrai but de Benoît XVI ? Avec Christ ; mais malgré cela continue à la levée de l’excommunication, “le refuser son enseignement sur Vati- Pape débarrasse le terrain de possi- can II. bles prétextes à des polémiques infi- La Fraternité demande à Be- nies, pour entrer dans le fond du noît XVI l’absolution de l’excommu- problème : la pleine acceptation du nication pour ses quatre évêques, magistère, y compris évidemment le reconnaissant (implicitement) la va- concile Vatican II” ( Osservatore Ro- lidité de cette censure, et se recon- mano , 26-27 janvier 2009) : c’est naissent ainsi (implicitement) re- bien sûr dans ce sens qu’il faut lire pentis du délit commis. Pour ses fi- les paroles du décret, qui demande dèles, par contre, elle déclare l’avoir désormais “ véritable fidélité et véri- “toujours contestée”, présentant table reconnaissance du Magistère et l’absolution comme une victoire de de l’autorité du Pape par la preuve la “Tradition”. Et en effet les quatre de l’unité visible ”. évêques ont vécu, pendant vingt Si quelqu’un avait encore des ans, comme si elle n’avait jamais doutes, le discours tenu par Be- existé, et même en s’en vantant et noît XVI le 28 janvier a effacé toute en la revendiquant comme signe ambiguïté, en parlant explicitement d’orthodoxie, tout en sachant que si de Vatican II : un excommunié, impénitent, reste durant un an dans l’excommunica- C'est justement pour accomplir ce ser- tion, il est suspect d’hérésie (can. vice de l'unité, qui qualifie de façon spé- 2340 §1). cifique mon ministère de Successeur de Pierre, que j'ai décidé il y a quelques Selon le décret, l’excommunica- jours, d'accorder la rémission de l'excom- tion des évêques a été levée parce munication qu'avaient encourue les qua- que Benoît XVI est “confiant en leur tre évêques ordonnés en 1988 par Mgr volonté, exprimée dans la lettre ci- Lefebvre sans mandat pontifical. J'ai tée auparavant, de ne ménager au- accompli ce geste de miséricorde pater- nelle parce que ces prélats ont manifesté cun effort pour approfondir, via des à plusieurs reprises leur vive souffrance discussions nécessaires avec les au- du fait de la situation dans laquelle ils torités du Saint-Siège, les questions s'étaient retrouvés. Je souhaite que mon qui restent en suspens afin de pou- geste soit suivi d'un engagement diligent voir parvenir rapidement à une de leur part à accomplir les pas ulté- rieurs nécessaires pour réaliser la pleine pleine et satisfaisante solution au communion avec l'Église, en témoignant problème qui s'est posé à l'origine”. ainsi une vraie fidélité et une vraie re- Le problème est certainement d’or- connaissance du magistère et de l'autori- dre disciplinaire (quel statut donner té du pape et du concile Vatican II. à la Fraternité) mais aussi et sur- tout d’ordre doctrinal, et concerne ♦MGR F ELLAY : AMBIGUÏTÉ , Vatican II et ses réformes. La levée PRAGMATISME ET CONTRADICTION de l’excommunication ne résout pas du tout, mais plutôt couvre, de son Si l’on peut reconnaître une cer- ambiguïté, les problèmes posés par taine logique – comme on l’a vu – Vatican II. Lumen Gentium, Gau- aux modernistes, on ne peut pas en dium et spes, Unitatis redintegratio, dire autant de la Fraternité Saint- Nostra Ætate, Dignitatis humanæ Pie X. etc., sont-ils le développement de la Affaire Williamson et ralliement… : annexe 1 219 doctrine catholique, ou sont-ils en Benoît XVI a pleinement satisfait contradiction avec la doctrine catho- aux conditions imposées par la Fra- lique ? Et s’ils sont en contradiction ternité Saint-Pie X, d’abord avec le avec la doctrine catholique, de telles Motu Proprio Summorum Pontifi- erreurs, et les réformes qui les ont cum, puis maintenant avec le décret suivis, peuvent-elles venir de la de la Congrégation pour les évêques. sainte Église, infaillible et indéfecti- Il n’est pas réaliste de penser qu’il ble, et donc du Vicaire du Christ ? l’ait fait sans recevoir de la part de La déclaration de Mgr Fellay du Mgr Fellay et de la Fraternité un 24 janvier parle seulement de engagement à trouver rapidement “raisons doctrinales de fond qu’elle un accord. Dans cette perspective, la (la Fraternité) estime être à l’ori- Fraternité Saint-Pie X devrait sui- gine des difficultés actuelles de l’É- vre l’exemple de toutes les autres glise”, difficultés énoncées par Jean- sociétés religieuses qui, lorsqu’elles Paul II lui-même ! Lesdites raisons se sont séparées d’elle, ont, les pre- doctrinales, qui à ce stade ne sont mières, signé un tel accord : à savoir pas davantage spécifiées, sont pré- accepter la nouvelle doctrine conci- sentées comme une opinion de la liaire et la légitimité de la nouvelle Fraternité, et non comme la doc- liturgie. trine non négociable de l’Église… Si, par contre, la Fraternité – Les premiers actes posés par Mgr dans sa totalité ou en partie – de- Fellay après la “levée des excommu- vait refuser de faire “le pas suivant” nications” semblent confirmer que qui lui est demandé, elle conserve- la Fraternité Saint-Pie X est désor- rait toutefois cette position contra- mais disposée à accepter des renon- dictoire et fausse, qui la discrédite, cements douloureux, pourvu qu’elle selon laquelle les catholiques de- arrive à une solution “positive” des vraient – pour rester catholiques – négociations, et à accomplir ainsi le désobéir à un Pape légitime et s’op- pas suivant désiré par Joseph Rat- poser à son magistère, puisque les zinger ; cela de façon cohérente avec erreurs, que la Fraternité condamne l’affirmation de la Fraternité à raison, viendraient du Pape et (incluse entre autre dans toutes donc de l’Église, et en définitive du leurs célébrations de la Messe una Christ. Qui ne voit pas que ces affir- cum famulo tuo Papa nostro Bene- mations sont un outrage à la Papau- dicto) qui dit reconnaître son autori- té, à l’Église, à Notre-Seigneur ? té et son magistère. ♦LA LIGNE DE CONDUITE À TENIR ♦PERSPECTIVES FUTURES La ligne de conduite à tenir est Hélas pour les catholiques, des celle que nous avons déjà exprimée discussions entre la Fraternité dans un précédent communiqué Saint-Pie X et des néo-modernistes (juin 2008) : risque de naître une réponse ambi- guë que tous les deux semblent sou- Notre devoir n’est donc pas de favoriser haiter, et qui est indispensable pour les “tractations” en cours ou, au contraire, de les dénoncer, mais d’espé- un accord entre les parties. rer plutôt que, tant la Fraternité Saint- Tout fait penser, en effet, qu’on Pie X que ceux qui suivent les erreurs puisse “parvenir bientôt” (décret du conciliaires – après avoir renoncé aux 21 janvier) à l’accord. erreurs jusque là défendues et proclamé 220 Sans Concession

intégralement la foi catholique – s’unis- II. La résolution de cette crise ne sent enfin, non dans l’erreur, mais dans passe pas par une solution discipli- la Vérité. naire comme celle demandée et ob-

tenue par la Fraternité Saint-Pie X, De son côté, l’Institut Mater Boni mais seulement par la condamna- Consilii, conformément à ses sta- tion des nouveautés introduites par tuts, “ entend représenter pour tous Vatican II contre l’enseignement de les fidèles qui le désirent (…) en ces l’Église et sa discipline canonique et temps de désorientation un instru- liturgique (tant pour le rite du Saint ment pour persévérer dans la fidélité Sacrifice de la Messe, que pour les absolue au dépôt de la foi révélé par rites de tous les sacrements), et la Dieu et proposé par le Magistère in- défaite définitive de l’hérésie moder- faillible de l’Église ”. niste. Dans l’unique Église de Celui Nous sommes certains d’avoir en qui est la Vérité, ne peuvent cohabi- Jésus-Christ, la Voie, la Vérité, la ter la vérité et l’erreur, la Messe ca- Vie, et dans l’Église catholique, co- tholique et le rite réformé. Nous lonne et fondement de la Vérité, la confions cette intention à l’interces- voie à parcourir et le rocher indes- sion spéciale de la Très Sainte tructible sur lequel s’appuyer, ro- Vierge, de saint Joseph, patron de cher contre lequel les portes de l’en- l’Église universelle, des saints apô- fer ne prévaudront point. tres Pierre et Paul, et des saints L’Institut renouvelle donc sa pro- pontifes Pie V et Pie X. fession de foi catholique, son adhé- sion au magistère infaillible et non réformable du Pape et de l’Église. Verrua Savoia, 28 janvier 2009. C’est pour cela qu’il estime encore aujourd’hui que la position théologi- * Les canons cités font référence que qui décrit le mieux la situation au code de droit canon promulgué actuelle de l’Église reste toujours par Benoît XV. celle que Mgr Guérard des Lauriers défendit publiquement, selon la- Institut Mater Boni Consilii, 350 quelle le Siège apostolique est va- Route de Mouchy, 58400 Raveau – cant, formellement mais non pas [email protected] - matériellement, à partir de Vatican www.sodalitium.eu

Annexe 2

UN TEXTE DE NICOLAS SÉNÈZE SUR LES COURANTS IDÉOLOGIQUES AU SEIN DU MONDE TRADITIONALISTE

Le monde lefebvriste a été forte- Sur le Forum catholique, un des ment influencé par la pensée de principaux sites Internet de discus- Charles Maurras et baigne dans sion de l’univers traditionaliste, un l’antijudaïsme chrétien du début du récent fil de discussion portait sur XXe siècle. « l’énorme mensonge de Nostra Affaire Williamson et ralliement… : annexe 2 221

ætate ». Un internaute s’y indignait sans Maurras », tempère toutefois de ce que cette déclaration de Vati- l’historien Émile Poulat. can II rappelle que « ce qui a été commis durant sa Passion ne peut Vatican II le résultat d’un être imputé ni indistinctement à tous « complot judéo-maçonnique »... les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps ». Le très long débat qui Reste que la veine maurrassienne s’en est suivi (plus de 300 messages) demeure bien présente chez les inté- montre que les milieux intégristes gristes, dont certains n’hésitent à sont loin d’être unanimes sur ce su- voir en Vatican II le résultat d’un jet. « complot judéo-maçonnique » contre Mgr Lefebvre s’est lui-même peu l’Église. Et, si rares sont ceux qui exprimé sur le judaïsme et l’antisé- dévient sur la pente d’un antisémi- mitisme. Dans son homélie de Lille, tisme de type racial — ou vers le né- le 29 août 1976, devenue un texte de gationnisme : les réactions claires référence de l’intégrisme catholique, contre les propos de Mgr Williamson il y avait un passage à connotation n’ont pas manqué non plus du côté antijuive, qu’il retirera in extremis intégriste —, il n’en demeure pas par crainte de la réaction de la com- moins que la pensée lefebvriste est munauté juive. aujourd’hui encore très marquée par En outre, son éducation a été très l’antijudaïsme chrétien, dominant marquée par la pensée de Charles dans l’Église catholique à la fin du Maurras. Son père (déporté pour XIXe siècle et au début du faits de Résistance, il est mort en XXe siècle. 1944 au camp de concentration de L’ « enseignement du mépris », Sonnenburg) était membre de la Li- que dénonçait Jules Isaac à propos gue d’action française fondée par cet du peuple que l’Église a longtemps écrivain et homme politique français considéré comme « déicide », y est pour qui l’affaiblissement de la encore largement répandu, comme France était dû aux « quatre États on l’a vu dans la polémique autour confédérés : juifs, protestants, ma- de la prière pro judaeis du Vendredi çons, métèques »… saint dans la forme extraordinaire Marcel Lefebvre sera aussi étu- du rite romain. Aujourd’hui encore, diant au Séminaire français de ces milieux ont du mal à voir com- Rome au moment où celui-ci est di- ment l’antijudaïsme chrétien a pu rigé par le P. Le Floch, partisan de favoriser l’antisémitisme, voire la Maurras dont il tentera, en 1926, de Shoah, et ne comprennent pas en faire éviter la condamnation par quoi l’Église devrait s’en excuser. Pie XI. « Au Séminaire français, on aimait Maurras, mais on pensait Nicolas SENÈZE 222 Sans Concession

Annexe 3

« BENOÎT XVI CONDAMNE LE NÉGATIONNISME, MAIS PAS L'ÉVÊQUE NÉGATIONNISTE », 28 janvier 2009, AFP - liberation.fr :

Le pape a condamné la néga- tion de la Shoah, sans toutefois se désolidariser d'un évêque in- tégriste dont il a levé l'excommu- nication bien qu'il ait, il y a une semaine, nié l'existence des chambres à gaz. Une semaine après les propos de Mgr Richard Williamson, qui a nié l'existence des chambres à gaz et affirmé que la Shoah avait fait « 200.000 à 300.000 morts », Benoît XVI amorce une timide critique. Le souverain pontife a exprimé ce mercredi sa « pleine et indiscutable solidarité » avec Mgr Williamson les juifs et a condamné la néga- tion de la Shoah. Benoît XVI avait levé les excommu- Il a rappelé s'être rendu à plu- nications prononcées en 1988 contre sieurs reprises à Auschwitz, « un quatre évêques intégristes, dont des camps où où s'est perpétré le Mgr Williamson. massacre effrayant de millions de Par ailleurs, un autre évêque in- juifs, victimes innocentes d'une tégriste dont l'excommunication haine raciale et religieuse aveugle ». vient d'être levée, Mgr Bernard Fel- Toutefois, Benoît XVI n'a pas direc- lay, a hier demandé pardon au pape tement fait référence aux déclara- pour les propos de Mgr Williamson. tions de l'évêque britannique Ri- Il a interdit au prélat britannique chard Williamson. toute prise de position publique sur Celui-ci, dans un entretien à la des questions politiques ou histori- télévision suédoise diffusé jeudi der- ques, au nom de la Fraternité sacer- nier, avait affirmé: « Je crois qu'il dotale Saint Pie X, à laquelle les n'y a pas eu de chambres à gaz (...) deux hommes appartiennent. Je pense que 200.000 à 300.000 Le Conseil permanent des évê- Juifs ont péri dans les camps de ques de France a lui jugé concentration, mais pas un seul « inacceptables et scandaleuses » les dans les chambres à gaz ». déclarations de Mgr Williamson, es- Ces propos avaient suscité une timant également que la « levée de vive émotion dans la communauté l'excommunication n'est pas une ré- juive, d'autant que samedi dernier, habilitation » (Source AFP). Affaire Williamson et ralliement… : annexe 4 223

Annexe 4

RICHARD WILLIAMSON, LE PRÉLAT PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE 28.01.09 - lavie.fr

Portrait. Parmi les quatre évê- un ancien lefebvriste. À additionner ques de la Fraternité Saint-Pie X les polémiques, Richard Williamson, réhabilités, une figure détonne par- doyen des quatre évêques réhabili- ticulièrement : le négationniste an- tés samedi dernier par Benoît XVI, glais Richard Williamson. s’est taillé une réputation sans « Un vrai timbré, un fondamenta- nuance. Cet ancien anglican, né à liste », affirme un prêtre qui fré- Londres en 1940, vient de franchir quenta avec lui le séminaire inté- un pas supplémentaire dans le scan- griste d’Écône. « Un excentrique in- dale et l’ignominie en affirmant, contrôlable », décrit un prêtre tradi- dans une émission diffusée le tionaliste. « Un homme qui a tou- 21 janvier 2009 à la télévision publi- jours eu envie de se distinguer et que suédoise, qu’aucun juif n’a été d’être jugé infréquentable », estime tué dans une chambre à gaz. Des 224 Sans Concession propos déjà tenus par l’évêque il y a lequel le pape condamnait les er- quelques années au Canada… reurs de la modernité, le Britanni- Quand la chaîne décide de diffu- que le considère comme le « papier ser le document tourné le PH » permettant de tester un vrai 1er novembre 2008, elle ignore que le catholique… Adepte des menaces Vatican est sur le point de lever l’ex- apocalyptiques, il promet au monde communication touchant Richard vérolé par le modernisme un déluge Williamson et ses trois compères de de feu. « Plus le péché augmente, la Fraternité sacerdotale Saint- plus la patience de Dieu s’émousse. Pie X (FSSPX). Trois heures avant Quelque chose va craquer. Ce sera le début de l’émission, Bernard Fel- un châtiment sérieux. Et l’Arche se- lay, supérieur de la FSSPX, adresse ra alors la Tradition catholique », à la chaîne une lettre s’opposant à affirme-t-il au printemps dernier la diffusion et affirmant que les pro- dans un sermon prononcé dans l’O- pos tenus par Richard Williamson regon. n’engagent que lui, sans condamner Le verbe délié, il apparaît sans cependant leur contenu. Dans la doute comme le moins austère des foulée, l’avocat de l’évêque demande quatre évêques, prêt à orner son que l’extrait du film soit retiré d’In- blog (journal de bord sur Internet) ternet. En vain, la vidéo fait le tour d’une caricature figurant une tête du monde et suscite partout la d’évêque sur un corps de dinosaure, même indignation. De plus, l’entre- ou encore à gratter une guitare ima- tien a été tourné en Bavière, dans ginaire pour singer les catholiques un séminaire de la FSSPX : l’Alle- « conciliaires », minés, selon lui, par magne sanctionnant pénalement la leur mièvrerie digne des Beatles : négation de la Shoah, le parquet de « All you need is love » (l’amour est Ratisbonne a ouvert une enquête tout ce dont tu as besoin). sur ce franc-tireur, controversé dans Outre ses propos négationnistes, son propre milieu. Richard Williamson s’est déjà illus- À sa sortie de Cambridge, Ri- tré par ses convictions révisionnis- chard Williamson a d’abord ensei- tes sur le 11 septembre 2001, qu’il gné la littérature au Ghana. décrit comme « le plus grand men- Converti au catholicisme, il entre au songe du siècle ». « Aucun avion n’a séminaire d’Écône en 1972. Il dirige détruit les tours », affirme-t-il, et les aujourd’hui le séminaire américain attentats sont le fait du gouverne- (Minnesota) de la Fraternité, où il a ment américain. Décidément taillé commencé à enseigner après son or- pour la polémique, il fait l’objet de dination en 1976, et celui de La Re- fantasmes et de soupçons au sein ja, en Argentine. En 2006, alors que même de son clan : une poignée de Bernard Fellay brigue une réélec- fidèles de la Fraternité, partageant tion pour douze ans à la tête de la son penchant pour la théorie du Fraternité, Richard Williamson complot, lui reprochent en effet d’ê- tente de torpiller les discussions tre un infiltré de Rome. En multi- avec la « Rome conciliaire » et peau- pliant les déclarations sonores mais fine son image de garant de la mé- en les soutenant par des arguments moire de Mgr Lefebvre. flous et aisément réfutables, il offri- Chantre de la cause antimoder- rait des prises aux ennemis de la niste, l’évêque se réfère volontiers Fraternité et ferait le jeu des moder- au Syllabus de 1864. Ce texte par nistes… Affaire Williamson et ralliement… : annexe 5 225

Annexe 5

MAIS POURQUOI LE PAPE A-T-IL PRIS CETTE DÉCISION ? 28.01.09 - Jean Mercier - lavie.fr

INCOMPREHENSION. C’est le gible, ni même l’assurance d’une sentiment qui grandit au sujet des claire volonté de négocier. Or, Ber- véritables intentions de Benoît XVI. nard Fellay vient de réitérer son re- Veut-il en finir avec Vatican II ou fus total du Concile. Le coup de po- simplement retrouver l’unité per- ker risque donc d’échouer. due ? La levée des excommunications Le pape en fait-il beaucoup des intégristes ouvre, pour de nom- pour les intégristes ? breux catholiques, une crise de Oui. Sa nature profondément confiance au sujet de Benoît XVI et conservatrice le place dans une cer- de ses orientations profondes. Où taine ambiguïté à l’égard de la allons-nous ? Qui est-il vraiment ? contestation intégriste, même s’il se situe dans une tout autre famille Benoît XVI poursuit-il vrai- spirituelle que celle de l’intransi- ment une stratégie ? geance catholique issue du Oui. Le pape est compétent sur le XIX e siècle. Dès 1966, Ratzinger dossier du schisme, qu’il connaît sur s’est indigné des nouveautés en ma- le bout des doigts. Il ne peut ignorer tière liturgique. Il n’a jamais accep- la farouche volonté de croisade des té que l’on ait interdit la messe de lefebvristes, ni les tensions qu’une sa jeunesse. Sa compréhension sa- réconciliation forcée entraînerait à crificielle du rôle du prêtre est pro- la base. Mais il est obsédé par le che de la conception tridentine. souci de réparer les déchirures du Comme patron de la Congrégation passé. Il se sent sans doute coupable pour la doctrine de la foi, il a traqué de l’échec des négociations de 1988, l’hérésie et combattu la dérive qu’il a menées au nom de Jean « libérale », qui gagne selon lui le Paul II. À 81 ans, il sait qu’il peut catholicisme et remet en cause les mourir subitement — comme son dogmes. Au-delà, il affirme que père, sa mère et sa sœur — et veut seule l’Église catholique romaine est boucler le dossier avant de partir. le vrai « canal » du salut, ce qui la Sa stratégie est de céder aux lefeb- rend supérieure aux Églises ortho- vristes sur leurs deux exigences pré- doxes et aux « communautés ecclé- alables aux négociations : la libérali- siales » protestantes. Très marqué sation du rite ancien (Motu proprio par la pensée de saint Augustin, le de juillet 2007) et la levée des ex- pape est viscéralement un pessi- communications. L’opération a pour miste. Pour lui, le monde est mar- but de les mettre au pied du mur et qué par le péché. À la veille du d’opérer un ultime tri entre ceux qui conclave de 2005, il dit que l’Église reviendront au bercail et ceux qui est « une barque prête à couler, qui s’enfermeront à jamais dans une prend l’eau de toutes parts », une secte. Mais le pape a levé les sanc- métaphore que n’aurait pas reniée tions sans aucune contrepartie tan- Mgr Lefebvre. 226 Sans Concession

comme d’une « boussole ». Sa réserve porte seulement sur ce qu’on en a fait. L’intelli- gence et la vaste culture de Joseph Ratzinger l’opposent totalement au fondamenta- lisme fanatique, comme le montre clairement son dis- cours du collège des Bernar- dins, et l’empêchent de consi- dérer le dialogue interreli- gieux comme « l’apostasie » dénoncée par les lefebvristes. Pour l’ensemble de ces raisons, Le pape tient beaucoup aux liens Benoît XVI « le pieux » comprend les avec le judaïsme et réprouve la nostalgiques du concile de Trente. Il vieille théorie de la « substitution » peut même parfois leur témoigner chère aux intégristes, qui pensent une certaine complaisance. Exem- que le vrai Israël est l’Église. Son ple, suite à la réhabilitation du mis- plaidoyer pour le lien entre foi et sel ancien de la messe, en juillet raison empêche également le pape 2007, le Vatican a dû retoucher la de se reconnaître dans la dimension prière pour les juifs du vendredi apocalyptique flattée par maints saint, clairement antijuive, comme leaders de l’intégrisme. Il admire l’avait révélé La Vie. Au lieu d’impo- aussi trop Luther pour partager ser aux traditionalistes de repren- leur répugnance envers la Réforme. dre le texte défini après le Concile, Enfin, Benoît XVI se démarque tota- le Vatican a reformulé une prière lement des intégristes sur la ques- qui exprime le désir de convertir les tion de la laïcité et de la liberté reli- juifs, un point douloureux de l’his- gieuse : ces derniers considèrent la toire commune entre juifs et chré- séparation de l’Église et de l’État tiens. Réalité plus troublante : le comme une horreur et souhaitent la missel incriminé pour son antiju- théocratie. Si Benoît XVI se fit jadis daïsme, qui fut imprimé en 1990 par l’avocat des racines chrétiennes de le monastère du Barroux, à l’usage l’Europe, il ne rêve nullement de re- des communautés traditionalistes venir au régime de chrétienté. Ecclesia Dei, fut préfacé par le car- dinal Ratzinger. Celui-ci avait dû Benoît XVI a-t-il bien mesuré fermer les yeux sur son contenu tous les risques ? anti-juif… À part la prière du ven- Non. Lever l’excommunication de dredi saint, plusieurs textes de saint personnalités aussi controversées Augustin y dénoncent le déicide que les héritiers de Mgr Lefebvre commis par les juifs. Des textes qui, n’aurait pas dû se faire sans une en- d’ailleurs, s’y trouvent toujours… quête approfondie. La révélation de l’antisémitisme de Richard William- Est-il lui-même intégriste ? son compromet la crédibilité de Be- Non. En aucune façon. Les inté- noît XVI et conduit à s’interroger gristes le considèrent d’ailleurs sur la capacité du pape et de son en- comme un hérétique. Benoît XVI n’a tourage de prendre en compte la ré- jamais rejeté le Concile, et en parle alité politique et médiatique. Le Affaire Williamson et ralliement… : annexe 6 227 pape, à moins d’un déni, ne peut pas secrétaire d’État Tarcisio Bertone, ignorer la sympathie de plusieurs et de conserver son ancien mode de leaders intégristes pour les thèses vie monastique qui le met à l’écart. d’extrême droite, voire leur antiju- Ses contacts avec le monde exté- daïsme avéré. L’ardent désir de res- rieur sont restreints. Ce choix de taurer l’unité de l’Église donne-t-il l’isolement le condamne à une infor- des œillères ? En septembre 2006, mation ultra-filtrée. Certains évê- déjà, le pape a réintégré une poi- ques français ont pu constater une gnée d’abbés lefebvristes sans mesu- réelle difficulté à lui faire parvenir rer les problèmes que ceux-ci cau- leurs messages. D’où des bourdes saient aux évêques français. Mais ce mémorables. En septembre 2006, le n’est pas la première fois qu’il joue à discours de Ratisbonne, aux consé- la roulette russe. En décembre 2006, quences non maîtrisées, n’avait pas le pape avait nommé Stanislas Wiel- été relu par les services diplomati- gus archevêque de Varsovie, appa- ques du Saint-Siège. Ce phénomène remment sans savoir qu’il était un est aggravé par l’âge du pape, qui ancien indicateur de la police politi- aura 82 ans en avril. On « protège » que sous l’ère communiste. Puis lui davantage un homme âgé. a demandé de démissionner. Les observateurs du Saint-Siège Le pape se donne-t-il les témoignent que le Vatican dysfonc- moyens de gouverner l’Église ? tionne comme jamais. Pour preuve, Non. Le pape semble avoir renon- la saga de la publication de l’encycli- cé à gouverner la Curie. Il a fait le que sur la doctrine sociale de l’É- choix de déléguer toutes les opéra- glise, annoncée depuis des mois, et tions à son bras droit, le cardinal qui n’est pas encore parue.

Annexe 6

LETTRE DES QUATRE ÉVÊQUES DE LA FRATERNITÉ SAINT-PIE X AU SOUVERAIN PONTIFE BENOÎT XVI SUITE AU DÉCRET DU 21 JANVIER 2009 29 janvier 2009 - mis en ligne par laportelatine.org

A Sa Sainteté le pape Benoît XVI épiscopal. Son décret du 21 janvier 2009 réhabilite de quelque façon le Très Saint-Père, vénéré fondateur de notre Fraterni- té sacerdotale, S. Exc. Monseigneur C’est dans l’action de grâces que Marcel Lefebvre. Il procure aussi un nous désirons exprimer à Votre grand bien à l’Église, nous semble-t- Sainteté notre profonde reconnais- il, en faisant justice aux prêtres et sance pour l’acte de Sa paternelle aux fidèles du monde entier qui, at- bonté et de Son courage apostolique tachés à la Tradition de l’Église, ne par lequel Elle a rendu inopérante seront plus injustement stigmatisés la mesure qui nous a frappés il y a pour avoir maintenu la foi de leurs vingt ans à la suite de notre sacre pères. 228 Sans Concession

C’est en raison de ce combat de la La Vierge Marie Immaculée a vi- foi que nous assurons votre Sainte- siblement guidé les pas de Votre té, comme Elle le souhaite, de Sainteté à notre rencontre, elle Lui « n’épargner aucun effort pour ap- maintiendra sa gracieuse interces- profondir dans de nécessaires entre- sion. C’est avec cette assurance que tiens avec l’Autorité du Saint-Siège nous demandons filialement au Pas- les questions encore ouvertes ». teur universel de bénir quatre de Nous désirons en effet commencer ses fils les plus attachés au Succes- dès que possible avec les représen- seur de Pierre et à sa charge de paî- tants de Votre Sainteté des échan- tre les agneaux et les brebis du Sei- ges concernant des doctrines en op- gneur. position avec le Magistère de tou- Menzingen, le 29 janvier 2009, en jours. la fête de saint François de Sales Par ce chemin encore nécessaire qu’évoque Votre Sainteté, nous es- +Bernard Fellay pérons aider le Saint-Siège à porter +Bernard Tissier de Mallerais le remède approprié à la perte de la +Richard Williamson foi à l’intérieur de l’Église. +Alfonso de Galarreta

Annexe 7

« L’ÉPISCOPAT ALLEMAND AUX LEFEBVRISTES : “““RECONNAISSEZ VATICAN II ””” » 30-01-2009 - zenit.org (extrait)

Pour sa part, la Conférence épis- nis). Il ne leur est donc pas permis copale suisse, le pays où légalement d'exercer leur ministère Mgr Lefebvre avait installé, à épiscopal ». Ecône, la maison de formation de la Fraternité sacerdotale de saint Pie « Il faut éviter les malentendus », X, a déclaré dans un communiqué écrivent les évêques suisses en ex- que le décret signé par le cardinal pliquant que « après le droit de Re « est l'expression de la volonté du l'Eglise, la levée de l'excommunica- pape de résorber le schisme avec tion n'est pas la réconciliation ou la une communauté qui compte dans le réhabilitation, mais l'ouverture de monde quelques centaines de mil- la voie vers la réconciliation. Cet liers de fidèles et 493 prêtres. On a acte n'est donc pas un aboutisse- cependant accordé peu d'attention ment, mais bien le point de départ au fait que ces quatre évêques de- pour un dialogue nécessaire sur les meurent suspendus (suspens a divi- questions disputées ». Affaire Williamson et ralliement… : annexe 7 229

« LES GRANDES QUESTIONS POSÉES PAR LA CRISE INTÉGRISTE » 03/02/2009, la-croix.com

Quelle est la situation des qu’ils sont « suspens » au sens admi- évêques intégristes ? nistratif. Ils n’ont pour l’instant pas de « titulature » (de siège). Or un C’est l’un des nœuds de cette af- évêque est toujours évêque pour un faire, où l’on confond souvent les lieu, vrai ou fictif. Du coup, ces évê- plans juridique et théologique. Les ques un peu particuliers ne peuvent quatre évêques avaient été excom- exercer les ministères inhérents à muniés parce que leur ordination leur ordination, et les pouvoirs de était un élément de nature schisma- juridiction qui y seraient attachés. tique, car elle s’était faite contre l’a- vis du pape. Il s’agit alors d’un acte On peut être en communion avec grave de désobéissance, susceptible l’Église et émettre des doutes sur de créer une autre Église. Les évê- quelques éléments de Vatican II. ques n’ont pas été excommuniés Comme on peut être cardinal et ex- pour avoir refusé Vatican II. Ils primer des réserves sur l’encyclique n’ont pas été excommuniés pour hé- Humanæ vitæ … Il faut faire atten- résie, mais, encore une fois, pour tion à ne pas déterminer le lien que schisme. l’on a avec l’Église par l’adhésion à La levée de l’excommunication tout l’enseignement du Magistère. entraîne de soi le retour des évêques Le droit de l’Église, depuis des siè- dans la communion de l’Église. Il cles, détermine cette communion n’existe pas de « demi-communion ». d’abord par rapport à l’autorité, c’est-à-dire l’obéissance ou non au Cependant, cette levée d’excom- pape. Les quatre évêques de la Fra- munication ne retire pas les irrégu- ternité sont donc en communion larités de leur ordination. On dit avec l’Église, mais « suspens ».

« DEPUIS QUELQUES JOURS, MGR FELLAY MENT PUBLIQUEMENT AUX PRÊTRES ET AUX FIDÈLES EN LEUR AFFIRMANT... » 29 janvier 2009 - [email protected] (extrait)

Chers correspondants, La presse du Système n'est pas en reste puisque tous les médias ont Depuis quelques jours, annoncé que « l'excommunication a Mgr Fellay ment publiquement aux été annulée » : c'est, en effet, ce que prêtres et aux fidèles en leur affir- doit retenir la masse. mant que le prétendu décret d'ex- Or, le texte du Vatican en date du communication de 1988 a été 21 janvier 2009 est clair. Il stipule « retiré ». que la peine d'excommunication a 230 Sans Concession

été « remise », c'est à dire l'acte posé par Mgr Lefebvre en sa- « suspendue ». crant quatre évêques ou plus géné- « Remettre une peine » signifie ralement de son combat pour la sur- « faire grâce ». Il s'agit donc d'une vie du sacerdoce et des véritables simple « grâce ». sacrements. Le prélat est même vo- Il n'y a donc aucune remise en lontairement ignoré (tout comme cause de la peine prononçée en Mgr de Castro Mayer d'ailleurs) par 1988. Le décret du 21 janvier tient ce texte des « antichrists » romains d'ailleurs à rappeler que cette qui jubilent aujourd'hui de voir le « excommunication » a été piège se refermer sur leur proie. « formellement déclarée » le 1er juillet 1988. […] Il ne s'agit pas non plus d'une re- connaissance de la légitimité de Résistance catholique

Annexe 8

« RECOUDRE LES FILS DÉCHIRÉS DU FILET DU CHRIST » 30 janvier 2009 - abbé Guillaume de Tanoüarn

C'est ainsi que le cardinal Ber- prendre le dessein du pontificat, "il tone secrétaire d'Etat, caractérise faut partir du concile Vatican II" et l'objectif du pape Benoît XVI, dans de la double herméneutique qu'il a une déclaration faite aujourd'hui suscité. même. Et il précise que pour com-

L‘assemblée à Vatican II Affaire Williamson et ralliement… : annexe 8 231

Vatican II " ne peut pas avoir été vement, au nom de l'Eglise ce que une assemblée constituante ", visant j'appellerais volontiers la tentation à " changer la constitution de l'Eglise socinienne. pour en mettre une nouvelle ", parce Fausto Socin est un Italien qui que " la constitution de l'Eglise vient vit à la fin du XVI ème siècle. il est du Christ " et que nous ne saurions hélas trop peu connu. On peu consi- la remplacer par un projet d'Eglise, dérer que, plutôt que Luther et Cal- humain trop humain. L'Eglise n'est vin, c'est lui le véritable père de la pas le mouton du Petit Prince, qui modernité chrétienne, c'est lui l'an- se laisserait dessiner, au gré de cêtre des protestants libéraux. Re- l'idée du moment. Hiérarchique et nonçant délibérément à tout ce que monarchique, ce Royaume de Dieu la foi peut comporter de mystérieux demeure semblable à lui-même et (à commencer par le Mystère de la les contre-façons humaines n'ont Sainte Trinité : un seul Dieu en pas de prise sur lui. trois personnes), il réduit le chris- Si l'herméneutique de rupture ne tianisme à une morale de l'amour peut avoir aucun succès, il importe du prochain et à une foi minimale pour le bien pastoral de l'Eglise de dans le principe divin, au nom du- s'en tenir à l'herméneutique de quel le Christ s'est exprimé. Parmi continuité. Cette continuité se re- les plus célèbres adeptes de Socin, le présente d'abord dans le temps, juif christianisant Spinoza n'hésitait comme une cohérence foncière entre pas à écrire que le Christ est la bou- les différents états de l'Eglise. Elle che de Dieu (Traité théologico- se représente ensuite dans l'espace, politique) ; mais il refusait résolu- et dans un espace toujours plus ment toutes les formes du mystère large, car c'est la Tradition qui seule et toutes les expressions du surna- est capable de regrouper tous les turel (la prophétie comme les mira- chrétiens. La Tradition est le meil- cles). leur moteur de l'oecuménisme rai- La grande hérésie du XX ème siècle sonnable et efficace. L'élection du (le modernisme) succombe à cette Patriarche Cyrille sur le siège de tentation : Alfred Loisy, exégète, fi- Moscou pourrait bien réserver des gure emblématique du modernisme, surprises à ceux qui croient que Be- devient même agnostique tout en noît XVI est un conservateur. Il est demeurant "mystique". C'est un dis- indéniable que ce pontificat est ani- ciple involontaire de Socin, par Re- mé d'un souffle et d'une espérance nan qui, lui, se rattache explicite- que l'on n'avait pas senti depuis plu- ment à Spinoza. sieurs siècles. Au Concile, toute une frange de Nécessairement court, hélas, l'Eglise, au nom de la foi comme étant donné l'âge du Pontife, après simple expression de la conscience le long pontificat de transition que du croyant, a cru trouver une nou- Jean Paul II nous a fait vivre (de velle forme d'universaliuté et Redemptor hominis , première ency- comme un nouveau catholicisme clique à Ecclesia de eucharistia , quoi (catholique= universel). Cette pers- de commun, 25 ans ont passé), le pective est celle que les docteurs du pontificat de Benoît XVI, avec son Nouvel Israël ont appelé dans les herméneutique de continuité, pour- années Soixante dix "la foi rait bien changer considérablement adulte" (par opposition sans doute à le paysage, en surmontant définiti- la foi de ceux qui acceptent de rede- 232 Sans Concession venir comme de petits enfants selon parvenir jusqu'à nous. Des clercs, le précepte de l'Evangile, la foi fatigués de la foi des anciens jours, adulte est une foi qui ne s'en laisse avaient rêvé d'une assemblée consti- pas compter et met en cause tant tuante qui, selon l'idée émise sem- l'authenticité des miracles que l'in- ble-t-il par Jean XXIII lui-même faillibilité des prophéties). On a d'une "nouvelle Pentecôte", serait vraiment cru, dans les années pour l'Eglise comme un nouveau Soixante dix que c'est autour de commencement. Les papes succes- cette foi adulte que l'on "recoudrait sifs, sans admettre cette idée, ont les fils déchirés du filet du Christ". sacrifié à cette rhétorique. Be- On a pensé que cette "foi adulte", noît XVI lui, entend, dans les quel- partagé par tous les esprits raison- ques années que dureront son Ponti- nables, favoriserait l’œcuménisme ficat, donner le coup de barre qui et le dialogue interreligieux. On a empêchera définitivement la barque imaginé que cette foi adulte allait dont il a la responsabilité de s'em- séduire les Etats, en rapprochant la brocher sur les récifs du socinia- croyance de l'Eglise du noyau laïc nisme contemporain. Il le fait à tra- sur lequel se construit la vie politi- vers des gestes forts, parce qu'il sait que occidentale. On s'est terrible- bien qu'il ne dispose pas d'un quart ment, on s'est tragiquement trompé. de siècle comme son prédécesseur. le Cette foi adulte est stérile. Elle premier vise à réaliser l'unité des n'engendre pas dans le Christ. On a catholiques, en indiquant à tous que voulu "refaire chrétiens nos frères" : le centre de gravité de leur équilibre peanuts ! spirituel est la Tradition, toujours Benoît XVI est le premier à pren- respectable, en liturgie comme en dre acte publiquement de ce ratage théologie. dans le discours à la Curie romaine Mais qui sait si le pontificat que du 22 décembre 2005. Il est le pre- Malachie appelle "la gloire de l'oli- mier à comprendre que pour vier" ne nous réservera pas d'autres "recoudre les fils déchirés du filet du surprises, dans le sens de la Tradi- Christ", c'est à l'enseignement du tion comme ferment de l'unité des Christ, dans son authenticité fon- chrétiens ? L'élection du Patriarche tale qu'il importe de revenir, car Cyrille à Moscou, qui de notoriété c'est cet enseignement, et rien d'au- publique est philo-romain, constitue tre, qui fera l'unité. Mais l'enseigne- certainement un signe. Oui : un vrai ment du Christ ne nous est accessi- signe des temps, pour "recoudre les ble que par la tradition qui l'a fait fils déchirés du filet du Christ". Affaire Williamson et ralliement… : annexe 9 233

Annexe 9

« SAINT PIERRE ET SES BREBIS GALEUSES » 30.01.09 - Caroline Fourest - lemonde.fr (extrait)

La Fraternité Saint-Pie X n'a ja- réhabilitation de la prière pour la mais caché son enthousiasme : conversion des Juifs, réaffirmation « C'est un pape traditionaliste ! » Le du dogme au détriment de l'oecumé- compliment est exagéré mais méri- nisme... Vatican II, ce « concile ins- té. piré par le diable », selon l'expres- sion lefebvriste consacrée, est en Benoît XVI aura fait plus de lambeaux. Presque tous les vœux de concessions en quatre ans que Jean ses détracteurs ont été exaucés. Il Paul II en vingt-sept. Réhabilitation ne restait plus qu'une exigence pour de la messe en latin, que l'on peut sceller la réconciliation : la remise désormais célébrer comme « rite en cause de l'excommunication des propre », messes tournées vers quatre évêques ordonnés par Mgr l'Orient et non plus vers les fidèles, Lefebvre. Voilà qui est fait. 234 Sans Concession

J. ANCIBERRO, « INTÉGRISME : UN RECUL DE QUARANTE ANS » 29 janvier 2009, temoignagechretien.fr (extrait)

À quoi la Fraternité Saint-Pie X s’est-elle engagée pour mériter la clémence papale ? Le décret du 24 janvier mentionne une lettre de Mgr Fellay, le supérieur de la Fra- ternité, datée du 15 décembre 2008 et adressée à Mgr Castrillon Hoyos, le président de la commission ponti- ficale Ecclesia Dei, chargée de trai- ter la question traditionaliste. Mgr Fellay y aurait écrit – c’est le seul passage que mentionne le dé- cret de la Congrégation des évêques – : « Nous sommes toujours bien an- crés dans la volonté de rester catho- liques et de mettre toutes nos forces au service de l’Église de notre- Seigneur Jésus-Christ, qui est l’É- glise catholique romaine. Nous ac- ceptons son enseignement filiale- ment. Nous croyons fermement à la Mgr Castrillon Hoyos primauté de Pierre et à ses préroga- tives et c’est pourquoi la situation cret du 24 janvier. Certains intégris- actuelle nous fait d’autant plus souf- tes, qui ont aiguisé leurs argumen- frir. » La Fraternité se soumet donc taires depuis des années, se réjouis- clairement au pape. Mais si l’on en sent des disputationes à venir au- croit Mgr Fellay lui-même, écrivant tour des textes adoptés par les Pères cette fois aux fidèles de la Fraterni- conciliaires, en particulier ceux té le 24 janvier, la lettre du concernant la liturgie (constitution 15 décembre (2) contenait un autre Sacrosanctum Concilium ), la liberté passage : « Nous sommes prêts à religieuse (déclaration Dignitatis écrire avec notre sang le Credo, à si- Humanae ), les relations avec les re- gner le serment anti-moderniste, la ligions non-chrétiennes (déclaration profession de foi de Pie IV (3), nous Nostra Ætate ) ou encore les rela- acceptons et faisons nôtres tous les tions de l’Église avec le monde conciles jusqu’à Vatican II au sujet (constitution Gaudium et Spes). Au- duquel nous émettons des réserves. » tant de documents de référence que Où l’on voit que la question centrale de nombreux catholiques – la majo- qui oppose la Fraternité à Rome, rité ? – croyaient définitivement in- l’acceptation du dernier concile, tégrés dans le patrimoine spirituel n’est de toute évidence toujours pas et intellectuel de leur Église. réglée. Dans ce contexte, on peut se Toute la question est donc au- demander ce qu’il adviendra des jourd’hui de savoir si les rapports de « entretiens » annoncés dans le dé- force conduiront les intégristes en Affaire Williamson et ralliement… : annexe 10 235 voie de réintégration à s’adapter (2) Nous ne disposons pas de l’inté- d’une manière ou d’une autre aux gralité de cette lettre de Mgr Fellay décisions conciliaires, ou bien si, à Mgr Castrillon Hoyos. comme beaucoup le craignent, l’ins- titution catholique se laissera aller (3) Le Serment anti-moderniste est sans le dire à abandonner l’esprit de un texte promulgué par le pape Pie Vatican II. Dans les deux cas, nous X en 1910. Il s’oppose, entre autres, assistons aujourd’hui à un véritable à l’idée de l’évolution des dogmes et retour en arrière d’au moins qua- à l’utilisation des méthodes histori- rante ans. co-critiques indépendamment de l’autorité ecclésiale. Les prêtres (1) Formellement, cette levée est an- étaient tenus de le prononcer jus- noncée dans un décret émanant de qu’à son abrogation en 1967 par le la Congrégation des Évêques. pape Paul VI.

EXTRAIT D’UNE HOMÉLIE DE MGR JACQUES NOYER ÉVÊQUE ÉMÉRITE D’AMIENS

« J’aimerais pouvoir en ce jour de foi qui accepteraient humblement de la Conversion de Paul me réjouir reprendre place dans la communau- parce que des intégristes rejoignent té. Mais à ma connaissance rien ne le sein de la communauté […]. semble indiquer un changement Comme j’aimerais pouvoir célébrer quelconque chez ces hommes du re- en ce jour la réconciliation de tous fus ! ». ces intégristes généreux et de bonne

Annexe 10

« LETTRE D’UN FIDÈLE AU R.P. LECAREUX, FONDATEUR DE LA FRATERNITÉ DE LA TRANSFIGURATION » 1er février 2009 - diffusé par [email protected]

Mon Révérend Père, sé d’une part la foi de l’Église relati- vement à sa propre constitution di- Dans votre homélie de ce diman- vine (unité, sainteté, catholicité et che, vous nous avez très justement apostolicité) et d’autre part le fléau invités à fouler au pied tout respect de l’oecuménisme. Ce dernier humain et toute hypocrisie. Aussi, le consiste en une défiguration de l’É- pécheur et simple laïc que je suis glise, réduite à une espèce de com- s’enhardit à vous écrire ces quelques munion dont la Vérité ne serait plus propos inspirés, je le crois, par l’a- l’exclusif fondement. Pour les pères mour de Celui qui est Vérité. de l’oecuménisme acclimaté en mi- Dans cette même homélie, vous lieu (autrefois) catholique, l’Église avez également très justement oppo- de Jésus-Christ subsiste dans l’É- 236 Sans Concession glise catholique, de telle sorte que Église, puisqu’elles sont visiblement les communautés chrétiennes dissi- séparées de l’unité catholique. » (Pie dentes participent elles aussi, à des IX, Lettre apostolique Iam vos om- degrés différents, de l’Église du nes, 13 septembre 1868) Christ. Il existe donc, hier comme au- C’est ainsi que Josef Ratzinger, jourd’hui, une très réelle « excom- avant comme après avoir été quali- munication » entre la foi catholique fié du nom de « Benoît XVI », a pu attestée par les Souverains Pontifes affirmer à la fois d’une part que la et la nouvelle religion de l’actuel véritable Église du Christ chargé de pouvoir de l’ « Église « subsistait pleinement uniquement conciliaire ». Excommunication, au dans l’Église catholique » et d’autre sens où la vérité et l’erreur, et pour part que les communautés chrétien- tout dire la foi et l’hérésie, s’excom- nes dissidentes ne pouvaient pas munient nécessairement l’une l’au- être que « non-Église ». Benoîte tre. Et précisément, l’hérésie en contradiction que voilà ? Non point. question consiste à nier que la Véri- Le raisonnement est le suivant : l’É- té porte excommunication de l’er- glise du Christ subsiste pleinement reur. uniquement dans l’Église catholi- Compte tenu de cette situation que, parce que dans l’Église catholi- fondamentale, qu’on le veuille ou que seulement se trouvent toute la non, l’excommunication canonique Vérité, tous les sacrements et la consécutive aux sacres d’Écône revê- pleine unité hiérarchique ; mais tait une signification toute particu- dans la mesure où subsistent cette lière. Elle venait, sur un autre plan, hiérarchie, ces sacrements et ces vé- signifier également cette excommu- rités, les communautés dissidentes nication doctrinale entre la vérité participent - dans cette mesure catholique et l’hérésie conciliaire. même (c’est-à-dire imparfaitement) Sauf conversion du conciliaire en - à l’Église du Christ. chef, il n’y avait plus de réconcilia- Une telle vision des choses n’est tion possible entre ce dernier et la pas catholique. Dans son encyclique résistance catholique… à moins que Mystici Corporis, Pie XII a nette- deux phénomènes ne se produisent. ment défini qu’il y a une adéquation Premier phénomène : ledit conci- exclusive entre l’Église du Christ et liaire en chef est assez habile pour l’Église catholique. Or l’œcumé- maintenir en place son hérésie tout nisme conciliaire prêche une adé- en levant l’excommunication canoni- quation inclusive. Concernant la que frappant les évêques d’Écône. prétendue « ecclésialité » des com- Deuxième phénomène : les « chefs munautés dissidentes, le pape Pie de file » de la résistance catholique IX a condamné à l’avance les théo- en viennent à considérer cette ries de Josef Ratzinger : « Aucune « levée du décret d’excommunica- de ces sociétés, ni toutes ensemble tion » comme une grâce dont il fau- ne constituent en aucune façon et ne drait se réjouir. À ce compte-là, ce sont cette Église une et catholique n’est plus seulement l’excommunica- que Notre-Seigneur a fondée et bâ- tion canonique qui tombe, mais en- tie et qu’il a voulu créer. Et l’on ne core et surtout l’excommunication peut dire non plus, en aucune façon doctrinale entre foi catholique et oe- que ces sociétés soient ni un mem- cuménisme qui de facto s’évanouit bre, ni une partie de cette même dans l’esprit des « chefs de file ». Et Affaire Williamson et ralliement… : annexe 10 237 de ce point de vue, il me semble que des « ralliés », à cette conception oe- la contradiction était elle aussi fron- cuméniste et pour tout dire angli- tale entre votre homélie et votre cane de l’Église. commentaire relatif au décret du Dans l’état actuel des esprits, où 21 janvier 2009. Je ne vous cache manifestement Vatican II demeure pas que si j’ai goûté l’homélie, je me à l’ordre du jour, ce que l’on appelle trouve en désaccord profond avec la « troisième étape », à savoir les votre commentaire. discussions Rome – Menzingen, ne Dans l’ « Église conciliaire » du peut se conclure autrement que par théologien Josef Ratzinger, il y a un nouveau constat de rupture (ce place, dans la même communion, à que je souhaite) ou par un énième la fois pour l’apostat Hans Küng et ralliement (tertium non datur). pour Mgr Bernard Fellay (qu’il avait Dans le cas d’un ralliement (c’est très significativement reçus, l’un comme cela que ça s’appelle, du puis l’autre, dans la même période, moins quand on parle des autres), la peu de temps après son avènement). partie adverse sera arrivée à ses La chose est rendue possible parce fins, puisqu’elle aura en définitive que dans leur système l’Église n’est réduit au silence la force d’opposi- plus une communion (hiérarchique) tion à Vatican II la plus visible. fondée sur une Vérité exclusive. Il y Dans le cas d’un nouveau constat de a tout au contraire place pour des rupture entre Rome et Menzingen, lectures contradictoires d’un dogme les réjouis du 21 janvier 2009 ris- changeant : de même que la « messe quent fort de ne guère apprécier la de Luther » et le Saint Sacrifice de douche écossaise, mais trouveront la Messe sont (prétendument) les bien quelque institut Ecclesia Dei deux formes d’un même rite, de pour les consoler. Ainsi donc, en même le « traditionalisme » sera jouant les généreuses, la partie ad- tout au mieux la « High Church » de verse aura donc réussi une fois de l’ « Église conciliaire ». plus à nous diviser. En nous réjouissant, en manifes- Mon Révérend Père, le pécheur tant en quelque façon notre commu- que je suis a souvent appris à ses nion avec le conciliaire en chef, nous dépens qu’avec le diable, on ne se nous rallions de facto, quoi que nous contente pas de souper avec une lon- pensions encore par ailleurs, à cette gue cuillère ; avec le diable en effet, nouvelle et folle ecclésiologie. C’est lorsque l’on est chrétien et que l’on l’étape du désarmement moral. entend le demeurer, on ne soupe pas Dans un premier temps, nous ne du tout. voyons plus dans la partie adverse Veuillez recevoir, mon Révérend un ennemi de notre foi. Au Père, l’expression de ma respec- contraire, nous en venons à nous tueuse considération et l’assurance considérer comme ses obligés. Dans de mes prières un deuxième temps, nous risquons d’acquiescer pas à pas, à la manière In Christo Rege 238 Sans Concession

Annexe 11

« QUI AVAIT INTÉRÊT À SALIR LA RÉPUTATION DU PAPE ? », par Mgr Simon « Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... » 02-02-2009 - zenit.org

ZF09020213 - ROME, Lundi 2 fé- gristes, dont un négationniste avéré, vrier 2009 (ZENIT.org) ne relève pas de la critique, mais de Dans « Lettre ouverte à ceux qui la calomnie et de la désinformation. veulent bien réfléchir... », Mgr Hip- Car, quoi que l'on pense des déci- polyte Simon, archevêque de Cler- sions du Pape, il faut dire, répéter mont et vice-président de la confé- et souligner que ces quatre évêques rence épiscopale française, de- n'ont pas été réintégrés. Et donc, mande : Mgr Williamson, dont les propos te- Qui avait intérêt à salir la nus à la télévision suédoise sont ef- réputation du Pape ? fectivement intolérables, n'est tou- jours pas revenu au sein de l'Eglise Je ne sais pas si je suis en colère catholique et il ne relève toujours ou si je suis malheureux : la vérité pas de l'autorité du Pape. Les infor- tient sans doute des deux. Mais mations qui parlent de réintégration trop, c'est trop, alors je dis : ça suf- reposent sur une confusion grave fit ! Le déchaînement médiatique entre levée des excommunications et contre le Pape Benoît XVI, qui au- réintégration à part entière. rait réintégré quatre évêques inté- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 11 239

J'accorde volontiers mon indul- gence à tous les journalistes et à tous les commentateurs qui ont pu confondre, de bonne foi, la levée de l'excommunication et la réintégra- tion pure et simple. Les catégories utilisées par l'Eglise peuvent prêter à équivoque pour le grand public. Mais la vérité oblige à dire que, se- lon le Droit de l'Eglise, ce n'est pas du tout la même chose. Si on confond les plans on devient victime de simplifications qui ne profitent qu'à ceux qui veulent faire de la pro- vocation. Et on se fait complice, in- volontairement, de ces derniers. De façon habituelle, le grand public est en droit d'exiger d'un journaliste sportif qu'il sache distinguer, par exemple, entre un corner et un es- sai. Pourquoi l'Eglise n'aurait-elle pas le droit d'avoir aussi son voca- bulaire « technique » et pourquoi de- « Mgr Lefebvre est mort. Paix à son âme ! » vrait-on tolérer des approximations aussi graves simplement sous pré- qu'il était sorti. Cela voulait dire texte qu'il s'agit de religion ? que si, un jour, il voulait rentrer, il Reprenons donc exactement ce faudrait qu'il fasse d'abord amende qui s'est passé. Suite à l'élection du honorable. Mgr Lefebvre est mort. Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les Paix à son âme ! Aujourd'hui, ses évêques de la Fraternité Saint- successeurs, vingt ans après, disent Pie X, fondée il y a plus de trente au Pape : « Nous sommes prêts à re- ans par Mgr Lefebvre, ont demandé prendre le dialogue, mais il faut un à reprendre le dialogue avec Rome, geste symbolique de votre part. Le- mais ils avaient mis deux préala- vez la barrière et mettez le feu au bles: premièrement, la libéralisation clignotant orange !» Le Pape, pour du Missel de 1962, ce qui a été fait mettre toutes les chances du côté du par le motu proprio, en juillet 2007 dialogue, a donc levé la barrière et a et, deuxièmement, la levée des ex- mis le feu au clignotant orange. communications. Reste à savoir maintenant si ceux Que signifie la levée des excom- qui demandent à rentrer vont le munications ? Pour prendre une faire. Est-ce qu'ils vont rentrer comparaison familière, je dirai ceci : tous ? Quand ? Dans quelles condi- quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est- tions ? On ne sait pas. Comme le dit à-dire quand il a désobéi en ordon- le cardinal Giovanni Battista Re nant quatre évêques malgré l'avis [préfet de la Congrégation des évê- formel du Pape, c'est comme s'il y ques], dans son décret officiel : « il avait eu, automatiquement, une s'agit de stabiliser les conditions du barrière qui était tombée et un feu dialogue ». Peut-être que le Pape, qui s'était mis au rouge pour dire dans un délai que nous ne connais- 240 Sans Concession sons pas, leur donnera un statut ca- que, dont je répète, qu'il n'a encore nonique. Mais pour l'instant, ce aujourd'hui aucun lien de subordi- n'est pas fait. Le préalable au dialo- nation canonique vis-à-vis de Rome, gue est levé, mais le dialogue n'a a tout simplement utilisé la mé- pas encore commencé. Nous ne pou- thode des terroristes : il fait explo- vons donc pas juger les résultats du ser une bombe (intellectuelle) en es- dialogue avant qu'il n'ait eu lieu. pérant que tout le processus de ré- Là-dessus, la veille du jour où de- conciliation va dérailler. Il fait vait être publié le décret du Cardi- comme tous les ultras de tous les nal RE, voici qu'une télévision sué- temps : il préfère laisser un champ doise publie ou republie les propos de ruines plutôt que de se réconci- clairement négationnistes de l'un lier avec ceux qu'il considère comme des quatre évêques concernés, des ennemis. Mgr Williamson. Le Pape, quand il Alors je le dis avec tristesse à a donné son feu vert à la signature tous ceux qui ont relayé, — avec du décret par le Cardinal pouvait-il gourmandise ou avec douleur —, connaître les discours de l'amalgame entre Benoît XVI et Mgr Williamson ? Très honnête- Mgr Williamson : vous avez fait le ment, je crois pouvoir dire que non*. jeu, inconsciemment, d'un provoca- Et c'est en un sens plutôt rassu- teur cynique ! Et, en prime, si j'ose rant : c'est le signe que le Vatican dire, vous lui avez offert un second n'a vraiment pas les moyens de faire objectif qui ne pouvait que le ravir : surveiller tous les évêques et toutes salir de la pire des manières la ré- les chaînes de télévision du monde ! putation du Pape. Un pape dont il C'est donc ici qu'il ne faut pas se se méfie plus que de tout autre, car tromper d'interprétation : que signi- il voit bien que ce Pape ruine abso- fie cette coïncidence entre la signa- lument tout l'argumentaire échafau- ture d'un décret, prévue pour le 21 dé jadis par Mgr Lefebvre. Je ne janvier, et donc connue de Mgr Wil- peux pas développer ici ce point. Je liamson, et la diffusion des propos ne fais que renvoyer à un article que télévisés du même personnage ? j'avais publié dans les colonnes du Que chacun se demande : à qui journal Le Monde, l'an dernier, au profite le crime ? A qui profite le moment de la publication du Motu scandale provoqué par des propos Proprio : « Quand je lis, un peu par- d'une telle obscénité ? La réponse tout, que le Pape accorde tout aux me semble limpide : à celui ou à intégristes et qu'il n'exige rien en ceux qui voulaient torpiller le pro- contrepartie, je ne suis pas d'ac- cessus inauguré par la signature du cord : il leur accorde tout sur la décret ! Or, pour peu que l'on suive forme des rites, mais il ruine totale- un peu ces questions et les différen- ment leur argumentaire sur le fond. tes interventions de Mgr Williamson Tout l'argumentaire de Mgr Lefeb- depuis quelques années, il est clair vre reposait sur une prétendue dif- que lui ne veut à aucun prix de la férence substantielle entre le rite dit réconciliation avec Rome ! Cet évê- de Saint Pie V et le rite dit de

* Tel n’est pas l’avis de tous. Le cardinal-archevêque de Vienne, par exemple, a dit : « Il est pour moi difficilement compréhensible qu'on n'ait pas eu connaissance de ce fait, et j'ai du mal à m'imaginer qu'on ne savait pas. De façon évidente, une faute est survenue. Il faut le reconnaître. » (voy. l’interview du cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn par Jean Mercier, « Le cardinal Christoph Schönborn : “Il y a eu faute au Vatican ” ». Affaire Williamson et ralliement… : annexe 11 241

Paul VI. Or, réaffirme Benoît XVI, il communication des instances romai- n'y a pas de sens à parler de deux nes lorsqu'il s'agit de sujets aussi rites. On pouvait, à la rigueur, légi- sensibles. Après la polémique de Ra- timer une résistance au Concile si tisbonne (qui mériterait elle aussi l'on pensait, en conscience, qu'il d'être démontée attentivement..), existait une différence substantielle j'espère — mais je me réserve d'en entre deux rites. Peut-on légitimer parler plutôt en interne — que les cette résistance, et a fortiori un responsables de la Curie vont procé- schisme, à partir d'une différence de der à un sérieux débriefing sur les formes ? » ratés de leur communication. Pour Pour un fondamentaliste, et qui le dire d'un mot, voici comment j'ai plus est, pour un négationniste for- vécu les choses : Mercredi cené comme Mgr Williamson, Be- 21 janvier, les milieux intégristes noît XVI est infiniment plus redou- italiens, qui croyaient triompher, table que tous ceux qui font l'apolo- « organisent une fuite » dans Il Gior- gie de la « rupture » introduite par nale. Aussitôt le tam-tam médiati- le Concile Vatican II. Car s'il y a que, se met en route. Mais nous, rupture, alors il est conforté dans membres des conférences épiscopa- son opposition à la « nouveauté ». les, nous ne savons absolument Mais celui qui démontre paisible- rien ! Et pendant trois jours les nou- ment que le Missel de Paul VI, la velles — erronées, qui parlent à lon- liberté religieuse et l'œcuménisme gueur de journée de réintégration — font partie intégrante de l'authenti- prolifèrent dans tous les sens que Tradition Catholique, celui-là comme un feu de brousse. Tout y lui enlève toute justification. passe. Arrive alors la « bombe » de J'ai bien conscience qu'il faudrait Mgr Williamson... Et c'est seule- développer mon argumentation. ment samedi matin, — trois jours Que chacun veuille bien me pardon- trop tard ! —, que nous recevons le ner de renvoyer aux sites internet communiqué officiel du Cardinal où tout ceci est visible. Mais je sou- RE. Comment voulez-vous que nous haite surtout que chacun veuille puissions remettre le débat sur des bien se méfier des provocations trop bases correctes ? Le Cardinal Ricard bien montées. Quant à ceux qui s'y est employé, de très bonne façon, s'obstinent à répéter que Joseph mais le feu était parti, et plus per- Ratzinger a servi dans les Jeunesses sonne ne pouvait alors entendre une hitlériennes, qu'ils veuillent bien parole raisonnable. relire le témoignage qu'il a donné à Maintenant que la poussière com- Caen, le 6 Juin 2004, pour le soixan- mence à retomber, essayons de re- tième anniversaire du Débarque- prendre calmement nos esprits. ment en Normandie, et qu'ils se de- Comme disait ma Grand-mère : d'un mandent ensuite ce qu'ils auraient mal Dieu peut faire sortir du bien. fait à sa place... Quand on hurle un Le mal c'est que le Pape Benoît XVI peu trop fort avec les loups d'aujour- a une nouvelle fois été traîné dans d'hui, on ne fait pas bien la preuve la boue par une majorité de grands que l'on eût été capable de se dé- médias, excepté, Dieu Merci, La marquer des loups de l'époque... Croix et quelques autres. Beaucoup Reste un point qui est second de catholiques, et beaucoup de gens mais cependant très grave : il fau- de bonne volonté, sont dans l'incom- dra tout de même s'interroger sur la préhension et la souffrance. Mais le 242 Sans Concession bien, c'est que les masques sont trer dans la fête, dit qu'il veut ren- tombés ! Si le dialogue continue trer, allez-vous le refuser ??? Ayez malgré tout avec les évêques de la suffisamment confiance en vous- Fraternité Saint Pie X, — sous ré- mêmes et en l'Esprit qui conduit serve, bien sûr, qu'ils passent la l'Eglise, et qui a aussi guidé le barrière maintenant levée —, le dis- Concile de Vatican II, pour penser cernement pourra se faire, car tout que la seule présence de ce fils aîné le monde sait un peu mieux ce qu'ils ne suffira pas à étouffer la fête. pensent les uns et les autres. Donnez à ce dernier venu un peu de Pour conclure, j'ai envie de temps pour s'habituer à la lumière m'adresser aux fidèles catholiques de l'Assemblée où vous vous tenez... qui peuvent, non sans raison, avoir le sentiment d'être un peu trahis, pour ne pas dire méprisés, en cette + Hippolyte Simon, affaire : méditez la parabole du Fils Archevêque de Clermont. prodigue, et prolongez-la. Si le Fils Vice-président de la Conférence aîné, qui avait d'abord refusé d'en- des évêques de France

Annexe 12

« LETTRE DE L’ABBÉ CÉRIANI (FSSPX) - SUIVI D'UN APPEL » 3 février 2009 - diffusé par virgo-maria.org

Ave Cor Mariæ ! Une fois publié le Décret du 21 janvier, dans nos chapelles des 3 février 2009, Saint Blaise Antilles nous n'avons pas lu la lettre du Supérieur Général aux fidèles, Chers amis en Jésus et Marie, parce qu'elle contenait des impréci- sions, des contradictions et une am- biguïté grave en ce qui concerne l'ac- Je regrette beaucoup devoir re- ceptation du Conseil Vatican II (ceci courir à ce moyen, mais les circons- a été reconnu et le texte a été modi- tances m'y obligent. fié, mais non le reste). Nous n’avons En effet, comme vous pouvez le pas non plus chanté le Magnificat. vérifier dans mon Appel, lorsque Par l'intermédiaire de mon Monseigneur Fellay a annoncé en Prieur, qui a assisté lundi 26 à une juin 2004 qu’il avait demandé à réunion à Paris, j'ai fait appel de Rome « officiellement le retrait du vive voix à mes Supérieurs et, sans Décret de Déclaration des excommu- que cela constitue un « ultimatum », nications », j'ai écrit à mes Supé- j’ai prévu une semaine comme li- rieurs pour leur indiquer que cette mite de mon attente de la révision demande impliquait, de facto, l'ac- du texte de l'acceptation du Décret ceptation des excommunications et du Vatican. donc, que tôt ou tard, nous allions Devant l'absence d'un communi- consentir à en accepter la levée. qué dans ce sens, le samedi Affaire Williamson et ralliement… : annexe 12 243

31 janvier j'ai commencé à envoyer ner, par mon silence, cette situation par Fax cet Appel aux quatre Évê- ambiguë, et que je sois dans l’obliga- ques et à tous les Supérieurs de Dis- tion de rendre public mon « Appel ». tricts, de Maisons Autonomes et de Je vous demande de diffuser ce Séminaires de la Fraternité Sacer- texte sans chercher à provoquer des dotale Saint-Pie X (21 fax en total), discussions ou des querelles ; que dans l'espoir que, comme je deman- chacun le lise et prenne les déci- dais à la fin du texte, ils reconsidè- sions qu’il voudra. Je vous demande rent, devant Dieu, la situation ac- aussi, soit individuellement, soit par tuelle et que, à l’exemple de Monsei- familles, soit par Prieurés, soit par gneur Lefebvre, ils reviennent sur Centres de Messe, d'écrire aux qua- leurs pas. tre Évêques pour les supplier, à la Non seulement le temps passe et fois d’imiter Monseigneur Lefebvre, nous harcèle, mais d'autres déclara- et d’avoir la grandeur d'âme néces- tions graves du Supérieur Général saire pour empêcher que la Frater- se sont ajoutées aux « Vu que » de nité soit irrémédiablement prise mon « Appel ». dans le piège mortel que la Rome Comme seule réponse j'ai reçu conciliaire lui a tendu. hier une lettre du Supérieur Géné- ral adressée exclusivement à tous Je me confie à vos prières. Que le les prêtres de la Fraternité, dans Bon Dieu vous bénisse et que Notre- laquelle il confirme sa décision d'ac- Dame protège vos familles. cepter, tel quel et sans rien y chan- Vôtre dans le Sacré Cœur de Jé- ger, le Décret du 21 janvier passé. sus et le Cœur Immaculé de Marie Je pense donc que vous compren- drez que je ne puisse pas caution- Père Juan Carlos Ceriani

« APPEL DE L’ABBÉ JUAN CARLOS CÉRIANI (FSSPX) »

Vu que le Décret du 21 janvier les facultés qui m’ont été expressé- 2009, signé par le cardinal Giovanni ment concédées par le Saint Père Be- Battista Re, Préfet de la Congréga- noît XVI, en vertu du présent Décret, tion pour les Évêques, dit : je remets aux Évêques Bernard Fel- « Par la lettre du 15 décembre lay, Bernard Tissier de Mallerais, 2008 adressée à Son Éminence, le Richard Williamson et Alfonso de Cardinal Dario Castrillón Hoyos, Galarreta la censure d’excommuni- Président de la Commission Pontifi- cation latae sententiae déclarée par cale Ecclesia Dei, Mgr Bernard Fel- cette Congrégation le 1 er juillet 1988, lay, en son nom ainsi qu’au nom des ainsi que je déclare privé d’effets ju- trois autres Évêques consacrés le ridiques, à partir de la date d’au- 30 juin 1988, sollicitait de nouveau jourd’hui, le Décret publié à cette la levée de l’excommunication latae époque . » sententiae formellement déclarée par Décret du Préfet de cette même Vu que le Communiqué du Supé- Congrégation pour les Évêques en rieur Général de la Fraternité Sa- date du 1er juillet 1988 (…). Selon cerdotale Saint Pie X dit : 244 Sans Concession

« L’excommunication des évêques excommunication (…) Dans tout do- sacrés par S. Exc. Mgr Marcel Lefeb- cument officiel ou d’importance je vre le 30 juin 1988, qui avait été dé- fais très attention à ne pas mention- clarée par la Congrégation pour les ner ou dire “lever l’excommunica- évêques par un décret du 1 er juillet tion”. » (Lettre de Mgr Bernard Fel- 1988 et que nous avons toujours lay au père Ceriani, le 3 août 2004). contestée, a été retirée par un autre décret de la même Congrégation en « Vous pouvez constater qu’effecti- date du 21 janvier 2009, sur mandat vement le Père Sommerville n’a pas du pape Benoît XVI. » lu comme le font les prêtres de la Fraternité “le retrait du décret d’ex- Vu que Monseigneur Bernard communication”, mais il parle de Fellay, Supérieur Général de la Fra- “levée d’excommunication”. Il n’est ternité Sacerdotale Saint Pie X a tout simplement pas au courant de déclaré : notre distinction et de l’insistance « Après ces longues discussions que nous avons à la faire. Il faut [novembre de 2005] le Cardinal simplement le prendre comme une [Dario Castrillón Hoyos] a dit : "Je manière courante de parler. » (Lettre constate que tout ce que vous expo- de Mgr Bernard Fellay au père Ce- sez ne vous met pas en dehors de riani, le 26 février 2005). l’Église, donc vous êtes dans l’É- glise". Et il a continué en disant : « Je pense et je maintiens que c’est "Je vous demande d’écrire au Pape d’une simple question d’imprécision pour lui demander qu’il enlève les de langage dont il s’agit dans le texte excommunications". incriminé. Pas davantage ! Je ne « Depuis lors, nous en sommes pense pas que cela vaille la peine restés là, car évidemment nous n’al- d’en faire un drame. » (Lettre de lons pas demander qu’on enlève Mgr Bernard Fellay au père Ceria- quelque chose que nous ne recon- ni, le 3 juin 2005). naissons pas. Nous avons toujours refusé de reconnaître la validité de « Monseigneur Fellay a donc de- ces excommunications, nous ne pou- mandé officiellement “le retrait du vons donc pas demander qu’on en- décret d’excommunication”. Il n’a lève quelque chose qui n’existe pas demandé la levée ou le retrait de pas. » (Sermon à Flavigny, le 2 fé- l’excommunication elle-même, que vrier 2006. DICI N° 130). nous ne reconnaissons pas ; il de- mande précisément la levée du dé- Vu que, quand j'ai exposé à mes cret, c’est bien différent. Mais saisis- Supérieurs mes observations en ce sez-vous la différence ? Voulez-vous y qui concerne le lien existant entre la réfléchir ? » (Lettre de Mgr Tissier « Déclaration d'une peine » et la de Mallerais au père Ceriani, le 31 « peine en elle-même », et que par août 2004). conséquent, demander « le retrait du Décret de déclaration de l'excom- « Je ne partage pas vos inquiétu- munication » implique reconnaître des en ce qui concerne des discus- « la validité de la censure », j'ai reçu sions avec Rome. Je vous ai dit dans les réponses suivantes : la dernière lettre que c’est votre ca- « Vous confondez retirer un décret ractère inquiet qui vous joue des d’excommunication avec lever une tours, car objectivement il n’y a pas Affaire Williamson et ralliement… : annexe 12 245 matière à inquiétude. En effet Mon- Laissant alors accroire que les pei- seigneur Fellay maintient bien soli- nes prononcées n’étaient pas nulles dement les deux préalables qu’il a et qu’elles étaient peut-être même posés au cardinal Castrillón Hoyos méritées, n’en résulterait-il pas, il y a bientôt quatre ans, à savoir la dans un certain sens au moins, un reconnaissance du droit imprescrip- nouveau mal plus profond ? Rome tible de la messe traditionnelle et la aurait alors enlevé, avec une appa- levée — non pas des censures rence miséricordieuse, des sanctions mais — du décret d’excommunica- qui se trouveraient, par le même tion des évêques. Je vous ai expliqué acte, confirmées comme ayant été va- que ce n’est pas la même chose. Le lidement, voire légitimement por- protocole de 1988 prévoyait la levée tées. » des irrégularités et de la suspense, Mgr Fellay demande la levée du dé- Moi, père Juan Carlos Ceriani, je cret : il ne reconnaît donc pas la va- FAIS APPEL au Fondateur de la lidité des censures. » (Lettre de Mgr Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Tissier de Mallerais au père Ceria- Monseigneur Marcel Lefebvre, et ni, le 18 septembre 2004). aux autorités de cette Fraternité qui ont déclaré au moment des consé- Vu que Monsieur l’abbé de Cac- crations épiscopales : queray, Supérieur du District de France, dans son éditorial de La « La chaire de Pierre et les postes Porte Latine, du 1 er janvier 2009, d’autorité de Rome étant occupés par « D'un Préalable l'autre », a écrit : des antichrists, la destruction du Rè- gne de Notre Seigneur se poursuit « Quant aux sacres du 30 juin rapidement à l’intérieur même de 1988, ils se trouvaient, ipso facto, son Corps mystique ici-bas (…) C’est sanctionnés par l’excommunication ce qui nous a valu la persécution de prévue dans le nouveau Code de la Rome antichrist (...) Je me vois droit canonique. Or la Fraternité se contraint par la Providence divine refuse pourtant à demander “une de transmettre la grâce de l’épisco- levée des sanctions ”. Elle cherche à pat catholique que j’ai reçue, afin obtenir “le retrait du décret des ex- que l’Église et le sacerdoce catholi- communications ” et il n’échappe à que continuent à subsister pour la personne que les termes qu’elle a em- gloire de Dieu et le salut des âmes ployés pour traduire sa requête l’ont (...) été à dessein (...) S’il s’agit réelle- « C’est pourquoi, convaincu de ment du retrait du décret — et non n’accomplir que la sainte Volonté de pas d’une levée des excommunica- Notre Seigneur, je viens par cette let- tions — il sera alors le commence- tre vous demander d’accepter de re- ment de la réparation de l’injustice cevoir la grâce de l’épiscopat catholi- inouïe que l’on sait et nous pourrons que... » (Lettre de Mgr Lefebvre aux nous en réjouir (...) Si, en revanche, futurs Évêques. Fideliter Numéro il s’agissait d’une “levée des excom- hors série, Juin 1988, page 61). munications ”, les choses seraient tout autres. Il ne correspondrait pas « Étant donné que depuis le à notre deuxième préalable et ne la- Concile Vatican II jusqu’aujourd- verait nullement nos évêques du ’hui, les autorités de l’Église Ro- mauvais procès qui leur a été fait. maine sont animées d’un esprit de 246 Sans Concession modernisme, agissant contre la vus Ordo Missae, l’œcuménisme in- Sainte Tradition (...) nous estimons différentiste et la laïcisation de toute que toutes les peines et censures por- la Société. Oui, nous n’avons aucune tées par ces autorités n’ont aucun part, nullam partem hahemus, avec poids » (Texte du mandat, 30 juin le panthéon des religions d’Assise ; 1988. Fideliter N° 65. Septembre- notre propre excommunication par Octobre 1988, page 11). un décret de votre Éminence ou d’un autre dicastère n’en serait que la « Éminence, réunis autour de leur preuve irréfutable. Nous ne deman- Supérieur général, les Supérieurs dons pas mieux que d’être déclarés des districts, séminaires et maisons ex communione de l’esprit adultère autonomes de la Fraternité Sacerdo- qui souffle dans l’Église depuis tale Saint Pie X, pensent bon de vous vingt-cinq ans, exclus de la commu- exprimer respectueusement les ré- nion impie avec les infidèles. Nous flexions suivantes. croyons au seul Dieu, Notre Sei- « Vous avez cru devoir, par votre gneur Jésus-Christ, avec le Père et le lettre du 1 er juillet passé, faire savoir Saint-Esprit, et nous serons toujours à Son Excellence Monseigneur Mar- fidèles à son unique Épouse, l’Église cel Lefebvre, à Son Excellence Mon- Une, Sainte, Catholique, Apostolique seigneur Antonio de Castro Mayer et et Romaine. aux quatre évêques qu’ils ont consa- « Être donc associés publiquement crés le 30 juin dernier à Écône, leur à la sanction qui frappe les six évê- excommunication latae sententiae. ques catholiques, défenseurs de la foi Veuillez vous-même juger de la va- dans son intégrité et son intégralité, leur d’une telle déclaration venant serait pour nous une marque d’hon- d’une autorité qui, dans son exercice, neur et un signe d’orthodoxie devant rompt avec celle de tous ses prédéces- les fidèles. Ceux-ci ont en effet, un seurs jusqu’au pape Pie XII, dans le droit strict à savoir que les prêtres culte, l’enseignement et le gouverne- auxquels ils s’adressent ne sont pas ment de l’Église. de la communion d’une contrefaçon « Pour nous, nous sommes en d’Église, évolutive, pentecôtiste, et pleine communion avec tous les pa- syncrétiste (...) » (Lettre ouverte à pes et tous les évêques qui ont précé- son Éminence le cardinal Gantin, dé le Concile Vatican II, célébrant Préfet de la Congrégation des Évê- exactement la messe qu’ils ont codi- ques. Écône, 6 juillet 1988 Fideliter fiée et célébrée, enseignant le caté- N° 64. Juillet-Août 1988, pages 11- chisme qu’ils ont composé, nous 12). dressant contre les erreurs qu’ils ont Suivent les signatures du Supé- maintes fois condamnées dans leurs rieur général, de tous les Supérieurs encycliques et leurs lettres pastora- de districts, de séminaires et mai- les. Veuillez donc juger de quel côté sons autonomes de la Fraternité Sa- se trouve la rupture. Nous sommes cerdotale Saint Pie X dans le monde extrêmement peinés de l’aveuglement entier : MM. les abbés Franz d’esprit et de l’endurcissement de Schmidberger, Paul Aulagnier, cœur des autorités romaines. Franz-Joseph Maessen, Edward « En revanche, nous n’avons ja- Black, Anthony Esposito, François mais voulu appartenir à ce système Laisney, Jacques Emily, Jean- qui se qualifie lui-même d’église Michel Faure, Gérard Hogan, Alain Conciliaire, et se définit par le No- Lorans, Jean-Paul André, Paul Nat- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 13 247 terer, Andrés Morello, William Je demande aux quatre Évêques Welsh, Michel Simoulin, Patrice La- de la Fraternité de reconsidérer de- roche, Philippe François, Roland de vant Dieu la situation actuelle et, à Mérode, Georg Pfluger, Guillaume l’exemple de Mgr Lefebvre, de reve- Devillers, Philippe Pazat, Daniel nir sur leurs pas. Dans des circons- Couture, Patrick Groche, Franck tances aussi ambiguës les prêtres et Peek. (Les prêtres dont les noms les fidèles ont besoin d’être encoura- sont barrés n’appartiennent plus à gés dans le bon combat pour la la Fraternité). Rome Éternelle contre l’église Conciliaire. Et je proteste que je fais miennes toutes les déclarations de Monsei- Fort de France, 29 janvier 2009 gneur Lefebvre et des autorités de cette Fraternité au moment des Père Juan Carlos Ceriani consécrations épiscopales, et que j’y souscris. J’invite toutes les autorités de la Note : Dans la nuit du 5 au 6 mai Fraternité Sacerdotale Saint Pie X 1988, Monseigneur Marcel Lefebvre actuellement en poste à faire leurs est revenu sur ses pas et il n'a pas toutes ces déclarations et à y sous- continué dans la voie ouverte par le crire. Protocole qu'il avait signé la veille : Je conteste et j'estime nuls et « Si vous saviez la nuit que j’ai pas- sans valeur, tant de droit que de sée au soir de ma signature sur les fait, les prétendues excommunica- fameux accords ! Oh ! comme il me tions, le décret qui essaie de les dé- tardait que le jour arrive pour que je clarer et le décret qui tente de les puisse remettre la lettre de dédit lever, laissant accroire qu’elles n’é- que j’avais préparée pendant la taient pas nulles. nuit. »

Annexe 13

« NOTE OFFICIELLE DE LA SECRÉTAIRERIE D’ETAT DU SAINT-SIÈGE » 4 février 2009

1. Rémission de l’excommuni- compromettait l’ouverture d’une cation porte au dialogue. Le Pape attend Comme cela a déjà été souligné, maintenant que les quatre évêques le Décret de la Congrégation pour fassent preuve d’une égale disponi- les Evêques, qui porte la date du bilité en totale adhésion avec la doc- 21 janvier 2009, est un acte de bien- trine et la discipline de l’Eglise. La veillance du Saint Père en réponse très grave peine de l’excommunica- aux demandes réitérées du Supé- tion latae sententiae, sous le coup rieur Général de la Fraternité de laquelle étaient tombés ces évê- Saint-Pie X, Sa Sainteté a souhaité ques le 30 juin 1988, déclarée en- supprimer un empêchement qui suite de manière formelle le 1er juil- 248 Sans Concession let de la même année, était une 3. Déclarations sur la Shoah conséquence de leur ordination illé- Les positions de Mgr Williamson gitime de la part de Mgr Marcel Le- sur la Shoah sont absolument inac- febvre. La levée de l’excommunica- ceptables et fermement refusées par tion a libéré les quatre Evêques le Saint Père, comme il l’a lui-même d’une peine canonique très grave, déclaré le 28 janvier dernier lors- mais n’a pas modifié la situation ju- que, en se référant à cet atroce gé- ridique de la Fraternité Saint-Pie X, nocide, il a redit sa pleine et indis- qui, à l’heure actuelle, ne bénéficie cutable solidarité avec nos Frères d’aucune reconnaissance canonique destinataires de la Première Al- dans l’Eglise catholique. Les quatre liance, et il a affirmé que la mé- Evêques eux-mêmes, malgré la le- moire de ce terrible génocide doit vée de l’excommunication, n’ont pas induire « l’humanité à réfléchir sur une fonction canonique dans l’Eglise l’imprévisible puissance du mal et n’exercent licitement aucun mi- quand celui-ci s’empare du cœur de nistère en son sein. l’homme », ajoutant que la Shoah reste « pour tous un avertissement 2. Tradition, doctrine et contre l’oubli, contre la négation ou Concile Vatican II le réductionnisme, parce que la vio- Pour une future reconnaissance lence exercée contre un seul être hu- de la Fraternité Saint-Pie X la main est une violence exercée contre condition indispensable est la pleine tous ». Pour être admis aux fonc- reconnaissance du Concile Vati- tions épiscopales dans l’Eglise, can II et du magistère des Papes Mgr Williamson devra aussi pren- Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul 1er, dre absolument ses distances de ma- Jean Paul II et de Benoît XVI lui- nière claire et publique de ses posi- même. Comme cela a déjà été indi- tions concernant la Shoah, des posi- qué dans le Décret du 21 janvier tions que le Saint Père ignorait au 2009, le Saint Siège ne manquera moment de la levée de l’excommuni- pas, selon les modalités qu’il jugera cation. Le Saint Père demande l’ac- opportun, d’approfondir avec les compagnement de la prière de tous personnes concernées les questions les fidèles, afin que Seigneur éclaire qui restent ouvertes, afin de pouvoir le chemin de l’Eglise. Que grandisse parvenir à une solution pleine et sa- l’engagement des Pasteurs et de tisfaisante des problèmes qui sont à tous les fidèles pour soutenir la mis- l’origine de cette douloureuse frac- sion lourde et délicate du Succes- ture. seur de l’Apôtre Pierre, « gardien de l’unité » dans l’Eglise. Affaire Williamson et ralliement… : annexe 14 249

Annexe 14

« ITALIE: LES INTÉGRISTES ITALIENS EXPULSENT UN PRÊTRE NÉGATIONNISTE » 6 fév 2009 - AFP

ROME - Les intégristes de la Fra- ternité Saint Pie X d'Italie ont an- noncé vendredi l'expulsion de Flo- riano Abrahamowicz, un prêtre qui a tenu des propos négationnistes et qui estime que Vatican II a été « pire qu'une hérésie ».

Le prêtre était responsable de la province du Nord-Est de l'Italie pour la Fraternité.

Le 29 janvier Floriano Abrahamo- wicz, responsable de la Fraternité Saint Pie X pour le Nord-Est de l'Italie, avait déclaré que les cham- bres à gaz avaient servi à « désinfecter ». « Je ne saurais dire si elles ont causé des morts ou non Floriano Abrahamowicz car je n'ai pas approfondi la ques- tion », avait-il ajouté, faisant allu- la Fraternité Saint Pie X », a indi- sion aux chambres à gaz dans les qué la Fraternité dans un communi- camps de la mort nazis. qué. « Le concile Vatican II a été pire qu'une hérésie, parce que l'hérésie « La décision d'expulsion pour soustrait une partie de la vérité », douloureuse qu'elle soit, était deve- avait-il également affirmé jeudi à la nue nécessaire pour éviter une dété- chaîne de télévision Canale Italia. rioration ultérieure de l'image de la « Depuis un certain temps Don Fraternité et que ne soit mise à mal Floriano Abrahamovicz exprimait son oeuvre au service de l'Eglise », des positions différentes de celles de conclut le texte. 250 Sans Concession

Annexe 15

VATICAN I, OU VATICAN II ? LE COURRIER MYSTÈRE DE LA FSPX 6 février 2009 - Koz - la-croix.com

Sur le site de la paroisse Saint- cas sur le site Eucharistie Miséri- Nicolas-du-Chardonnet est parue cordieuse, sur le site lefebvriste une information étonnante : il se se- Amiens, des catholiques à la rue, ou rait glissé « une erreur d’impor- encore sur le site Una Voce, sur le- tance » dans le communiqué qui a quel il est fait état de l’acceptation été lu aux fidèles dimanche dernier, de Vatican II, « au sujet duquel nous à savoir la lettre aux fidèles de Mon- émettons des réserves ». seigneur Fellay du 24 janvier 2009. Plus précisément encore, le site « Il vous a été lu dimanche der- de la Fraternité Saint-Pie X en Bel- nier : Nous acceptons et faisons nô- gique fait aujourd’hui état de la tre tous les conciles jusqu’à Vatican deuxième version, qui limite l’accep- II au sujet duquel nous émettons des tation à Vatican I. Mais la version réserves. Or la version réelle de la de la même page, en cache (c’est-à- lettre écrite au Pape dit tout autre dire une version précédente de la chose. Il faut rectifier et lire : Nous même page, conservée par Google), acceptons et faisons nôtres tous les fait apparaître que le courrier a bien conciles jusqu’à Vatican I. Mais été modifié. nous ne pouvons qu’émettre des ré- Sur le site du Salon Beige, proche serves au sujet du concile Vatican II également des catholiques traditio- qui s’est voulu un concile aux dires nalistes ou lefebvristes, un inter- des papes Jean XXIII et Paul VI naute, xtophe, témoigne : « Or, le “différent des autres” ». texte de Monseigneur Fellay que j’ai téléchargé le jour-même de sa publi- Qu’en est-il ? La lettre aux fidèles cation, fait bien référence à Vati- du Supérieur de la Fraternité Saint- can II et non Vatican I !!! ». Dans Pie X a-t-elle détournée de son son commentaire suivant, il donne sens ? A-t-elle été mal reproduite ? le lien vers un fichier audio du ser- Dans mon billet du 25 janvier 2009, mon prononcé par l’abbé de Cacque- je mentionnais la première version, ray à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et pointais directement vers le fi- faisant état de l’acceptation de Vati- chier hébergé sur le site officiel de la can II. FSPX. Or, le même courrier, daté du Que faut-il penser de tout cela ? même jour, signé de la même main, S’agirait-il d’un gros cafouillage ne dit plus aujourd’hui la même entre deux versions préalablement chose, sur un point essentiel. rédigées d’un même courrier ? Il se- En outre, on trouve bien des ver- rait un peu surprenant que tant de sions divergentes sur de nombreux membres éminents de la FSPX ne sites, parmi lesquels des sites pro- sachent plus exactement s’ils accep- ches de la FSPX, témoignant ainsi tent ou non le Concile Vatican II. La qu’il ne s’agit pas d’une altération FSPX a-t-elle souhaité durcir sa po- venue d’une autre partie. C’est le sition ? Serait-ce, sinon, l’illustra- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 16 251 tion de divergences au sein de la c’est « bien honnête ». La question FSPX ? Certains ont-ils fait pression peut se poser. sur Mgr Fellay ? La tendance dure a-t-elle pris le pas ? Elle mérite en tout cas une rapide Toujours est-il que de nombreux clarification car il est pour le moins éléments laissent donc penser délicat d’envisager un dialogue sé- qu’une modification « d’importance » rieux et constructif si l’une des par- a été apportée, la Fraternité Saint- ties modifie sa position en cours de Pie X ayant modifié sa position de- dialogue et, spécialement, après puis le 24 janvier 2009 et, potentiel- avoir obtenu une “concession” de lement, procédé à la substitution l’autre partie à savoir, en l’occur- des lettres mises en ligne sur son rence, la levée des excommunica- site officiel. Xtophe se demande si tions.

Annexe 16

« ÉRUPTION VOLCANIQUE À L'ÉCHELLE MONDIALE » 8 février 2009 - Abbé Jacques-Marie Seuillot - cassicia.com (extrait)

[…] pression d’ « Évêque de fer »), ce qui allait dans le sens de l’autorité qu’il Mgr Marcel Lefebvre est cet Évê- avait exercée assez haut dans l’É- que qui a fini par cristalliser autour glise (Archevêque de Dakar, Nonce de son nom et de sa mitre, à partir apostolique pour l’Ouest africain, de la fin des années 1960, une réac- Assistant au Trône pontifical, mem- tion à la décadence dans l’Église du bre de la Commission préparatoire clergé, de la liturgie, de l’enseigne- au Concile, Supérieur Général de la ment, de la piété. Il était déjà sour- plus importante congrégation mis- noisement rejeté par l’épiscopat sionnaire à son époque : la Congré- français et par ce qui avait relent de gation du Saint-Esprit, les gauchisme en France, qui ne sup- « Spiritains »). portaient guère ce qui passait pour Mgr Lefebvre, poussé, oui je dis son intransigeance doctrinale et ses bien, poussé par des jeunes à faire « opinions de droite ». ce qui est devenu un « séminaire in- Évêque que je qualifierais ternational » et une communauté de « d’ancien régime », par sa prestance prêtres (la fraternité sacerdotale et par ses responsabilités sous Saint-Pie X), puis poussé ( idem ) par Pie XII et Jean XXIII, il avait tous des fidèles et des membres du clergé les réflexes d’un bon et pieux prélat à être en quelque façon leur chef, et catholique d’autrefois et un certain en pratique le symbole unique des entêtement des gens du Nord (les « traditionalistes », a commencé à journaux le désignaient sous l’ex- faire parler de lui à travers les di- 252 Sans Concession verses actions spontanées de dé- fense de la Messe en France, en Eu- rope et un peu partout dans le monde avec des groupes de fidèles s’organisant autour de prêtres fidè- les ou faisant appel à eux. Cela de plus en plus au dam des évêques en place dont les églises se vidaient.

♦TRANSPOSITION DU CARDINAL DE RICHELIEU

Dès lors, Mgr Lefebvre a eu accès aux grands médias et dénonçait ce qui n’allait pas dans l’Église « depuis le concile Vatican II ». Il a fait un bien énorme dans ce do- maine car il disait clairement ce que tant de braves gens, de fidèles et de prêtres écrasés pensaient plus ou moins bas. Mais surtout, les obser- vateurs tant soit peu extérieurs à la Mgr Lefebvre et l‘abbé Schmidberger querelle, avaient un regard suffi- samment objectif pour constater poursuivait dans sa direction (bonne simplement que la vérité était plu- ou mauvaise…). Mais toujours tôt du côté de cet Évêque. C’est au Mgr Lefebvre dénonçait les trop ré- point que les conversions qui s’é- elles erreurs romaines. taient taries avec le concile com- Ce comportement habituel ten- mençaient à reprendre en faveur de dant à donner raison à ses interlo- ce mouvement traditionaliste. cuteurs, tantôt à parler avec grande « Il a fait trop de bien pour en fermeté avec les « durs » contre dire du mal… » Certes ! Mais il s’a- Rome et les évêques modernistes, git de l’Église de Dieu et non de sim- tantôt à consoler les faibles en di- ple politique, de Foi et non de mon- sant que les choses allaient s’arran- danité. ger, à gentiment « dialoguer avec le Et voici que les difficultés com- Vatican », est allé si loin qu’on en a mençaient à s’accumuler, et notre vu les contradictions s’étaler au Évêque missionnaire (c’est-à-dire grand jour. Ainsi : avec cet esprit généralement préve- nant et conciliant) s’est trouvé dé- ♦LE PLUS OBSERVABLE : passé par des tensions et des mou- LES SACRES D’ÉVÊQUES vements sinon contradictoires au moins fort divergents, essayant Depuis longtemps Mgr Lefebvre même de les accorder… C’est ainsi était tiraillé par cette question de la que dès l’origine on pouvait déceler survie de son mouvement (il m’avait cette faille permanente attribuable dit tristement en 1976 : « Mon œu- à une certaine bonté : surtout pas vre ne me survivra pas… »). Cer- d’histoires ; chacun se sentait encou- tains le poussaient donc à sacrer ragé dans le différend soulevé et l’un de ses prêtres au cas où… L’épi- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 16 253 sode malheureux en 1981 du sacre « nouvelle messe », sinon ils ne se- qui devait rester secret du R.P. Gué- ront pas ordonnés, et les prêtres rard des Lauriers l’avait laissé sur renvoyés de la Fraternité. C’est ain- ses gardes. Puis un an avant cette si que, désormais clairement protes- année 1988 où il sacra quatre de ses tantisés, prêtres, séminaristes et prêtres, il déclarait à Nantes avec fidèles se sont parfaitement accou- lucidité : « Si je sacrais un évêque, je tumés à reconnaître l’Autorité du serais schismatique »… pape et à lui désobéir en perma- nence. ♦LE PLUS DOULOUREUX : LA Décidément, « Il a fait trop de VRAIE M ESSE mal pour en dire du bien… » ? (paraphrase du grand Pierre Cor- Chacun sait à quel point le com- neille après la mort de Richelieu). bat de Mgr Lefebvre était la fidélité à la Messe, ce à quoi les fidèles ♦ARGUMENTS BIAISÉS étaient le plus concrètement sensi- OU À CÔTÉ bles. Messe antique, romaine, cano- nisée par le Pape saint Pie V et sup- C’est à une véritable crise de l’in- primée très officiellement et concrè- telligence qu’on assiste ainsi depuis tement par Paul VI, remplacée par des décennies. Car enfin, depuis la « synaxe », fabriquée à partir du vingt siècles l’Église a précisé sa Prayer book anglican, qui, disait doctrine et développé son enseigne- Mgr Lefebvre, « nous protestan- ment avec une admirable continuité tise ». Ce que disant, il mettait né- et clarté. cessairement en cause l’autorité de L’hésitation permanente (en fait : Paul VI eu égard à la condamnation la peur des conséquences) a engen- du synode de Pistoie qui empêche de dré dans l’attitude de chaque jour dire qu’un authentique Rite sacra- paradoxalement un état stable : le mentel pourrait être indifférent (il vague des principes qui n’en sont est donc nécessairement bon). pas mais qui servent de justificatifs Mais là aussi, l’Évêque se prenait confus aux incohérences qu’ils prati- les pieds dans le tapis. Face au Pré- quent habituellement. fet de la Congrégation de la Foi, le Il nous faudra forcément revenir cardinal Seper, il ne pouvait sortir sur ces évocations rapides pour les de l’impasse : « Vous me tendez un préciser et les compléter — pour piège », alors que c’est lui qui l’avait l’Histoire — par d’autres exemples mis en place : ou la synaxe, la comme : « Interpréter le dernier « nouvelle messe », était bonne et concile à la lumière de la Tradition » valide (alors pourquoi la rejeter ?) quand précisément c’est le rôle du ou c’est Paul VI qui n’avait pas l’Au- Magistère (avec ou sans concile) de torité. C’était doctrinalement rigou- préciser ultérieurement ce qui est reux et il le savait. Il ne répondit antérieur et insuffisamment clair. donc pas autre chose que : Ou encore l’oubli que : Une excom- « Piège ! »… munication même injuste doit être Résultat ahurissant et incompré- respectée au moins extérieurement hensible : au séminaire, les ordi- (un recours est toujours possible). nands devront désormais signer une Mais il n’y a évidemment pas d’ex- attestation reconnaissant l’Autorité communication SI l’autorité n’est du pape en place et la validité de la pas (ou n’est plus) l’Autorité, mais 254 Sans Concession alors il faut l’établir, puis le dire. nière ! Alors la suite médiatique Ils n’ont pas mesuré à quel point était inévitable… ils ont placé dans l’immoralité pres- que tous les traditionalistes à « faire ♦UN NOUVEAU COUP comme si ». Comme si l’Autorité DE TRAFALGAR était bien en place et — le comble — n’en tenir aucun compte ! En bons « successeurs », les « quatre évêques » palabrent avec le ♦LA GRANDE ERREUR Vatican qu’ils critiquent… et dont STRATÉGIQUE DE LILLE ils veulent être reconnus… et conti- nuer à faire comme bon leur sem- Et puis, encore un point en cause ble !… Et le grand argument théolo- qui n’est pas un détail : gique qui va servir à régler (dans quel sens ?) cette question du On se souvient peut-être que Mgr « schisme traditionaliste », c’est la Lefebvre a célébré en 1976 à Lille réponse « naïve » d’un Anglais à une une Messe très médiatisée par la question « perverse » fort habile- circonstance de sa suspens a divinis. ment étalée au moment psychologi- C’était peut-être l’occasion de décla- que par des médias peu scrupuleux rer haut et fort (s’il le croyait comme sur un point assez chatouilleux tou- il l’avait soutenu en plusieurs cir- chant les Juifs et la dernière guerre constances devant des fidèles mondiale ! Le journal Le Monde « durs ») : Paul VI n’est pas pape ou l’annonce : « Chambragazum non expliquer qu’il n’a plus l’Autorité… existam ! » (sic), voilà le nouveau L’affaire était trop gravissime pour « coup de Trafalgar » décisif, dans passer à côté, malgré la difficulté et une bataille menée avec de mauvais le scandale certains : même s’il faut repères (comme l’ambitieux et révo- mourir martyr, il y a un témoignage lutionnaire Napoléon…). nécessaire et de toutes façons, si la Le grand crime Théologique qui Vérité est en cause, le Saint-Esprit sera la condamnation de TOUS les éclaire et fortifie, et Dieu pourvoit ! Traditionalistes ce sera donc ce Mgr Lefebvre a choisi la « négationisme » d’un ressortissant « prudence » de ne pas dénoncer de la perfide Albion… Mais qu’est-ce Paul VI parce qu’il se méfiait —non que cette question vient faire ici ? sans raison— des médias : en effet, Voilà encore un châtiment pour c’eût été comme dire que M. Giscard ceux qui jouent avec la doctrine ca- d’Estaing n’était pas président de la tholique ! république française étant à l’Ély- sée ! On l’aurait enfermé, on se se- ♦OUI, ILS SUIVENT VRAIMENT rait moqué de lui, personne ne l’au- MGR LEFEBVRE rait plaint après une excommunica- tion subséquente « bien méritée »… Oui, décidément ! Ils suivent Bon raisonnement, et prudence. Se- vraiment fidèlement Mgr Lefebvre : lon le monde. Que fit donc dans sa fracture originelle, avec les Mgr Lefebvre ? Il a pris la défense… hésitations permanentes, les contra- du Général Pinochet chef de l’État dictions, les « pas de clercs » et la du Chili ! Que ce dernier ait été ca- perte finalement du plus élémen- tholique, calomnié et défendable, la taire sentire cum Ecclesia, le question n’était là en aucune ma- « sentir avec l’Église », du plus élé- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 17 255 mentaire sensus Fidei, le « sens de tique : « Dieu n’en demande pas la Foi »… Aveuglement, châtiment tant ! » et on se veut « ben brâve » et des égarements anciens, et entrete- bien sûr fidèle… nus, décidément peu innocents. Cela Oui, immense gâchis : avec le re- fait bien partie de la crise de l’É- cul, on le voit encore mieux, gâchis glise !… Et tout le monde en pâtit. de forces, de générosités, de piété, Mesure-t-on l’immensité du gâ- de vocations. chis ? Tant de bonnes volontés à l’é- Tout a un prix et tout se paye. Et vidence, mais pas de volonté bonne le Ciel aussi a un prix. qui suit une intelligence éclairée. Car il est clair que nous sommes (Site internet : cassicia.com) dans le classique schéma sentimen- tal (ou charismatique si on préfère). (Abbé Jacques-Marie Seuillot, On veut être catholique mais à ses fondateur-gérant des Cahiers de propres conditions, chacun se fai- Cassiciacum en 1979, qu’il a suspen- sant sa petite religion et la défen- dus en 1981 suite au sacre épiscopal dant avec de grands principes sauvage du R.P. Guérard des Lau- (d’ailleurs non appliqués), et en pra- riers)

Annexe 17

MONITION CANONIQUE ADRESSÉE PAR L’ABBÉ TREJO (FSSPX) À L’ABBÉ MÉRAMO (FSSPX) LETTRE L'ACCOMPAGNANT 10 février 2009 - diffusé par virgo-maria.org

District du Mexique et de l’Améri- prême de notre congrégation dans que Centrale votre lettre ouverte du 26 janvier Fraternité Sacerdotale Saint Pie X 2009 diffusée parmi les fidèles et Le Supérieur du District par internet, que vous l’avez fait sans attendre la lettre du Supérieur MONITION CANONIQUE Général envoyée aux prêtres le adressée à 31 janvier et, de plus, sans savoir si votre position était partagée par le M. l’abbé Basilio MÉRAMO Conseil Général ou par les évêques Prieur de Orizaba qui sont les premiers concernés par Ville de México, le décret romain du 21 janvier ; mardi 10 février 2009 Considérant que vous persistez avec obstination en votre attitude de Cher Monsieur l’abbé, rébellion publique en dépit de plu- sieurs conversations avec votre Su- Considérant que vous avez publi- périeur de district et la dernière in- quement pris une position contraire terdiction qu’il vous a faite le jeudi aux décisions du Modérateur su- 29 janvier ; 256 Sans Concession

Considérant que vous avez agi - vous interdisant la diffusion de contrairement à l’ordre formel « de vos écrits sans l’autorisation for- garder le silence, c'est-à-dire de re- melle de votre supérieur direct, fuser toute intervention, commen- taire ou prise de position devant les - et vous ordonnant de procéder, médias ou sur internet » qui vous par un acte d’obéissance et de sou- avait été communiqué de la part du mission à vos supérieurs légitimes, Supérieur Général le 29 janvier à la rétractation de votre lettre pu- 2009 ; blique par devant ceux auxquels Considérant les canons 681, 653, vous l’avez envoyée et à la présenta- 668 du code de Droit Canonique de tion de votre demande d’excuses 1917 (nc.746 et 703) ; pour avoir attaqué l’autorité sans Considérant que le droit propre justification et en des moments gra- de notre congrégation précisait, au ves pour la congrégation. Chapitre Général de 2006, que « la désobéissance obstinée aux légiti- Le refus de vous soumettre à mes prescriptions des supérieurs en cette première monition canonique matière grave » est « de nature telle serait cause de la mise en place d’un qu’elle provoque l’expulsion de la processus d’expulsion de notre Fraternité » et que « la diffusion pu- congrégation. blique d’un litige (avec l’autorité) constitue un délit supplémen- En Jésus Christ Prêtre taire » (Cor Unum n° §1 p. 24 et § 4 p. 27) Abbé Gabriel Magaña J’ai le devoir de vous admonester Notaire gravement sur ce point par la pré- Abbé Mario Trepo sente monition : Supérieur

District du Mexique et de l’Améri- certaines mesures de gouvernement. que Centrale Mais je n’approuve absolument pas Fraternité Sacerdotale Saint Pie X votre manière de faire lorsque vous Le Supérieur du District rendez publique votre opposition au Supérieur Général. Pour le Prieur Vous me disiez hier que vous ne M.l’abbé Basilio MÉRAMO vous laisseriez pas marcher dessus. Ville de México, La Maison Générale elle non plus. mercredi 11 février 2009 Calmez-vous, Monsieur l’abbé !

Cher Monsieur l’abbé, En Jésus Christ Prêtre

Je vous envoie, ci-jointe à la pré- Abbé Mario Trepo sente lettre, une monition canoni- Supérieur que à la demande de la Maison Gé- nérale. Je vous demande, Monsieur P. S. le nom de l’abbé Magaña appa- l’abbé, de réfléchir à votre attitude. raît sur le document en qualité de Je comprends que tout prêtre puisse Notaire. Il se contente de servir de faire savoir aux Supérieurs ses in- témoin à l’établissement de ce docu- quiétudes et ses réserves au sujet de ment. 257

« ABBÉ MÉRAMO : LETTRE À MGR FELLAY EN RÉPONSE À LA SECONDE MONITION CANONIQUE » 9 mars 2009 - virgo-maria.info

Monseigneur, dérées comme nulles et non avenues de plein droit, puisque la Tradition Étant donné que, le 2 mars 2009, ne peut jamais être excommuniée. j’ai été convoqué au siège du district Voilà bien la preuve — le corps — pour y recevoir la seconde monition du délit. C’est ainsi que vous faites - canonique verbale qui m’a été re- que vous continuez de faire — le jeu mise pour n’avoir pas accepté de me de la Rome adultère, qui, de son cô- rétracter, au moins sur la forme, et té, demeure ferme et fidèle à l’esprit que de plus, sans même aller au œcuménique de Vatican II, fond, des excuses m’étaient deman- dées pour l’envoi de ma lettre du 3 – VU que vous jouez sur les 26 janvier 2009, je vous écris pour mots afin de camoufler votre capitu- vous faire savoir que : lation lorsque vous vous prêtez au jeu de la Rome Moderniste, et que 1 – VU la gravité de la manière vous tombez dans ses filets en ac- dont vous avez agi en déposant la ceptant les faits et en louant la ma- Fraternité Sacerdotale Saint Pie X gnificence, la paternité et le courage aux pieds de la Rome apostate — de Benoît XVI. Il ne manque plus ainsi qu’en son temps l’a qualifiée que de le déclarer traditionaliste, Monseigneur Lefebvre —, l’héroïque alors qu’il s’agit d’un esprit totale- résistance initiée par Monseigneur ment déformé par la dialectique de Lefebvre et Monseigneur de Castro la pensée moderne qui est profondé- Mayer dans le combat contre le mo- ment gnostique, dernisme et l’œuvre d’autodémoli- tion de l’Église s’en trouve désacti- 4 – VU que — consciemment ou vée, introduisant de ce fait le même inconsciemment — vous désactivez processus au sein de la Fraternité la résistance ferme et combattive pour y accomplir l’œuvre de son au- contre la Rome protestantisée et todémolition, voulez nous faire accepter la coexis- tence pacifique pour avoir un autel 2 – VU que vous reconnaissez — avec la Messe Traditionnelle dans le au moins implicitement et tacite- panthéon œcuméniste des fausses ment — qu’en quelque sorte les ex- religions, en trouvant acceptable communications furent valides, du que la Messe Tridentine ait reçu le fait que vous avez « sollicité à nou- droit d’être le rite extraordinaire au veau la levée des excommunica- côté de la Nouvelle Messe comme tions » et avez accepté « le retrait du rite ordinaire, rites tous deux légiti- décret d’excommunication » ainsi mes et bons. Voilà qui crie vers le qu’il ressort du décret de la Sacrée Ciel contre cette abominable farce et Congrégation pour les Évêques, si- votre imposture, gné par le cardinal Giovanni Batista Ré, daté du 21 janvier 2009, et cela 5 – VU que vous voulez étouffer alors que Monseigneur Lefebvre et toute légitime réaction en écrasant la Fraternité les ont toujours consi- de votre autorité et de votre pouvoir 258 Sans Concession toute juste et légitime résistance à 9 – VU que vous vous réjouissez votre action inopinée qui détruit la de la levée du décret portant sen- Fraternité fondée par Monseigneur tence d’excommunication en l’ac- Lefebvre, cueillant par des louanges pour la magnanimité, la paternité et le cou- 6 – VU que vous ne croyez pas au rage de Benoît XVI (une reconnais- complot contre l’Église ni à la Révo- sance qui va jusqu’à, par le truche- lution Antichrétienne opérée par les ment de l’abbé de Cacqueray, signer hommes d’Église (Papes et Cardi- la lettre de soutien écrite par un naux) agissant en plein accord avec groupe de fidèles derrière lesquels le Modernisme et le Concile Vatican se trouvent des prêtres de la Frater- II — que vous acceptez à 95 % — et nité, dont un particulièrement que vous n’y voyez qu’erreurs d’in- connu). Vous y prétendez que ce fut terprétation dans vos dernières dé- un cadeau et une bénédiction du clarations, comme par exemple dans Ciel, de Notre Dame, alors qu’en ré- votre Lettre aux fidèles du 24 jan- alité le malheur s’est abattu sur vier 2009 dans laquelle vous vous Écône le onze février, avec la mort limitez à « émettre des réserves », tragique et épouvantable de trois 7 – VU que, par contre, vous séminaristes et un quatrième grave- croyez que moi, un simple prêtre, ment blessé, chose jamais vue et seul, sans ressources, qui dit en face justement le jour de la Fête de N.D. ce qu’il pense, je suis en train d’our- de Lourdes — comme s’il s’agissait dir un complot contre la Fraternité, d’une pure coïncidence. La croisade alors que je ne désire qu’une seule du bouquet de Rosaires a été lancée chose, c’est montrer la grave et mor- depuis le pèlerinage international à telle erreur dans laquelle vous nous Lourdes. Et encore, comme par un avez entraînés, pur hasard, c’est justement ce jour- là que je reçois la première monition 8 – VU que vous voulez inverser canonique en vue d’expulsion. Je le cours de la crise — la Révolution crois sincèrement devant Dieu, à l’intérieur de l’Église — en totale Monseigneur, que vous n’êtes pas méconnaissance de l’histoire, mais gratifié de l’appui du Ciel, ni de la aussi de la théologie de l’histoire, au Sainte Vierge Marie comme vous le sein de laquelle se situe cette irré- prétendez, mais tout au contraire… versible crise de la Foi. Une crise Or votre dévouement et votre enga- dont un Saint Pape comme Saint gement envers la Rome Apostate Pie X lui-même ne pourrait aujourd- sont tels que vous ne pouvez et ne ’hui supprimer le mal qui a presque pourrez le voir, car vous êtes allé tout pourri, au point que la possibi- très loin et il est trop tard, lité même d’arrêter ce processus ré- volutionnaire échapperait au pou- 10 – VU que pour vous l’excom- voir d’un Pape énergique et saint. munication n’est plus un honneur et Et puis ce n’est pas par des dialo- un signe d’orthodoxie face à l’Église gues ni des discussions, fussent- Postconciliaire, comme le disait elles théologiques, que ceci peut être Monseigneur Lefebvre, mais bien un résolu. Car la Foi est question d’ad- affront, une étiquette infamante et hésion inconditionnelle et absolue ; un stigmate. Vous ne distinguez elle exige la profession de Foi. Tout plus non plus l’Église officielle de le reste vient du malin, l’Église visible, comme le faisait Affaire Williamson et ralliement… : annexe 17 259 aussi Monseigneur. Vous avez une attitude de confiance, alors que la méfiance de Monseigneur allait tou- jours croissant. Vous croyez avoir affaire à des gens honnêtes et Mon- seigneur disait que c’étaient des gens malhonnêtes et des brigands. Vous leur attribuez un esprit pater- nel, magnanime, alors que Monsei- gneur parlait d’un « esprit adul- tère ». Enfin tant de choses au sujet desquelles vous dites le contraire de ce que disait Monseigneur Lefebvre, L‘Abbé Schmidberger à son bureau TOUT CELA ÉTANT, votre se- (milieu des année 80) conde monition demeure sans effet, sans valeur ni fondement, tout au- l’écart de ses conversations avec le tant que la première. Il est évident Cardinal Ratzinger. Il suffira, pour que votre monition canonique se- preuve du fait que je ne mens ni crète et verbale manque de matière exagère, de mentionner le fait juridique pour m’expulser. Car il est qu’une fois, étant encore sémina- question d’un problème théologico- riste au séminaire d’Écône, Monsei- religieux et non d’un problème juri- gneur Lefebvre, alors que je l’inter- dico-disciplinaire (désobéissance, rogeais au sujet de la situation et de rébellion, orgueil, protagonisme, en- ce qui se passait avec Rome à ce mo- têtement, etc…) et vous prétendez ment là, me répondit : « Que voulez étouffer la dénonciation publique de vous que je vous dise. Il y a un an l’erreur que vous avez commise et que j’ignore tout ; je ne suis pas te- de la vérité que vous avez trahie. nu au courant. Vous savez, chaque Nous voyons maintenant où vous a fois qu’il va à Rome, l’abbé Schmid- conduit votre expression « si on berger rencontre le Cardinal Ratzin- m’appelle c’est en courant que je ger et comme ils parlent allemand vais à Rome ». Et tout ceci est la entre eux et se comprennent, je ne conséquence logique de ce que vous- sais pas ce qu’ils se disent ». Si ceci même reconnaissez comme étant la n’est pas la vérité, que l’abbé ligne de conduite que vous vous êtes Schmidberger le nie, s’il l’ose. Voilà fixée depuis 2001, après le fameux le complot qui a débuté du vivant de Jubilé de l’année 2000. La faute ne Monseigneur Lefebvre et dont nous vous en incombe peut-être pas en voyons les résultats aujourd’hui. Il totalité. En réalité vous n’avez fait s’est réalisé graduellement et secrè- que suivre et exécuter (du fait de tement. Tout comme nous avons votre réélection) la ligne directrice l’autodémolition de l’Église par la tracée par l’abbé Schmidberger — voie hiérarchique, nous nous trou- votre prédécesseur dans cette vons maintenant face à l’autodémo- charge —, l’ami de celui qui était lition de la Fraternité Saint-Pie X alors le Cardinal Ratzinger, au- par la voie de sa hiérarchie, même si jourd’hui Benoît XVI. Cela faisait les conséquences ne se manifestent longtemps déjà que, du vivant de pas immédiatement. C’est à l’image Monseigneur Lefebvre, il le tenait à d’un énorme pétrolier dont les turbi- 260 Sans Concession nes sont éteintes ; il ne s’arrête P. S. Si je rends publique cette qu’après avoir parcouru de nom- lettre, tout comme la précédente, breux kilomètres, du fait de la force c’est pour la simple raison que mon de son inertie. — injuste — expulsion de la Frater- Voilà pourquoi je ne puis céder nité Saint Pie X ne doit pas s’effec- par mon silence sans trahir Monsei- tuer dans le silence et l’obscurité, gneur Lefebvre, la Fraternité, l’É- comme on prétend le faire au moyen glise et la Vérité. Il est nécessaire de ces monitions. Car les fidèles qui qu’au moins un membre de la Fra- me connaissent, dans de nombreux ternité dise les choses comme elles pays du monde où j’ai exercé mon sont, sans détours ni dissimulation, ministère sacerdotal, ont le droit de sans se laisser étouffer par la loi du connaître la vérité. Les choses doi- silence sous le poids de l’obéissance vent être claires et transparentes. et de l’autorité mal comprise. On ne peut pas expulser injuste- Tout cela me rappelle les paroles ment un prêtre, qui est membre de de Monseigneur Lefebvre pronon- la Fraternité depuis vingt-neuf ans, cées devant Rome qui le jugeait et par une porte dérobée, en silence et l’accusait de rébellion, présomption, dans l’impunité. Si on me chasse, il orgueil, schisme, etc… : « C’est moi, faut qu’il soit bien clair pour tous l’accusé qui devrait vous juger ». les fidèles que c’est parce que je ne suis pas d’accord avec vos néfastes Que Dieu vous éclaire. agissements et les capitulations dis- simulées au point de désactiver, Basilio Méramo Prêtre sournoisement, la résistance face à Orizaba, 9 mars 2009. la Rome pervertie et corrompue, telle la grande prostituée de l’Apoca- lypse de Saint Jean.

Annexe 18

« MONSEIGNEUR FELLAY S'EXPRIME SUR VATICAN II » 14/02/2009 - Samuel Pruvot - famillechretienne.fr

EXCLUSIF. La levée des excom- Vous avez évoqué "le malaise et munications n’équivaut certes pas à la souffrance" de la Fraternité une réintégration. Mais cette déci- Saint-Pie X… N’est-il pas suicidaire sion de Benoît XVI ouvre la porte à de rester loin de l’Église de Rome ? des "débats doctrinaux" sur Vati- can II entre Rome et la Fraternité Mgr Fellay. La position de la Saint-Pie X. Pour baliser la longue FSSPX présente un danger objectif route qui pourrait déboucher vers la au niveau sociologique, sur un plan pleine communion, Mgr Fellay, su- purement humain. C’est le danger périeur de la FSSPX, débat avec Gé- de rester sur soi. Nous avons été tel- rard Leclerc, de France Catholique, lement attaqués, que, automatique- et Samuel Pruvot, de Famille Chré- ment, nous avons des réactions dé- tienne. fensives. Nous essayons de nous Affaire Williamson et ralliement… : annexe 18 261 protéger et par là même, il y a le ris- Concile, et dans ce sens on le refuse. que de rester entre nous. Nous en Mais lorsqu’on parle de la lettre, il sommes très conscients et nous es- ne s’agit pas de le rejeter en bloc tel sayons de tout faire nous même quel. Mgr Lefebvre lui-même a ac- pour empêcher une attitude de rup- cepté le Concile « à la lumière de la ture. Nous devons faire attention. Tradition ». Qu’est ce que cela veut Nous essayons de prendre un cer- dire ? En 1982-1983, il est allé s’ex- tain nombre de mesures pour neu- pliquer à Rome devant le cardinal traliser le danger. C’est pourquoi Ratzinger — ce dernier a refusé son nous parlons souvent de Rome et de approche. Mgr Lefebvre disait : « Ce l’Église (même si c’est en négatif !) qui est conforme à l’enseignement On n’oublie jamais l’Église, nous fai- pérenne nous l’acceptons, ce qui est sons prier pour elle. On se rappelle ambigu nous le recevons selon cet alors que nous ne sommes pas tout enseignement pérenne, ce qui est seuls. Nous prions pour le pape, opposé nous le rejetons ». nous rappelons qu'il est le vicaire du Dans un discours du 22 décembre Christ. Cela dit, au plan beaucoup 2005, à la Curie, Benoît XVI parle plus profond de l’appartenance à des "herméneutiques" du Concile. Il l’Église, nous n’avons jamais voulu condamne l’idée d’une rupture, ba- nous en séparer. Nous sommes tota- sée sur "l’esprit du concile". Ceux lement catholique, fermement atta- qui sont partisan de l’herméneuti- chés à l’Église, et nous l’avons tou- que de la rupture, combien sont-ils jours été. aujourd’hui ? Peu nombreux ? Ceux qui veulent cette rupture avec le Samuel Pruvot. Un désaccord passé ne sont-ils pas éloignés de l’É- qui s'étale sur des décennies créé glise ? Comme le dit, très justement, une situation critique. Des gens ont Benoît XVI, l’Église ne peut pas se été baptisés chez vous qui n'ont pas séparer de son passé. C’est impossi- connu la pleine unité avec Rome. ble ! On ne peut pas avoir le ving- C'est incontestablement dangereux. tième étage d’une maison sans avoir Quelle est la forme et le calen- les 19 étages en dessous. drier des débats que vous entamez avec Rome ? Gérard Leclerc. La distinction entre l’esprit et la lettre du Concile Mgr Fellay. Cela va certaine- peut être spécieuse car autant un ment démarrer rapidement... Je père de Lubac a pu dénoncer la per- suppose que nous allons présenter version du climat qui régnait autour nos questions, puisque c’est nous (la du Concile, autant le véritable es- FSSPX ndlr) qui présentons le pro- prit du Concile éclaire la lettre et blème ! Mais pour le reste, je ne doit être référé à l’Esprit Saint lui- peux aller plus loin, je ne peux rien même ! Quant à la continuité orga- dire. Car je n’en sais rien ! nique de la Tradition, cela suppose

forcément des développements. Ce Acceptez-vous le Concile avec des dont parlait déjà le cardinal New- "réserves" ou le refusez-vous en man. Ma crainte aujourd’hui serait bloc ? que la Fraternité Saint-Pie X refuse Mgr Fellay. Il faut distinguer la de les envisager. En bloquant la lettre et l’esprit. Il y a un esprit Tradition, il y a danger de sortir de dangereux qui parcourt tout le celle-ci. 262 Sans Concession

Mgr Fellay . Il y a des points que Mgr Fellay . La question de la le pape présente comme étant dans validité ne pose pas de problème en la veine de la Tradition, et qui, à soi. Pour autant que la forme soit nos yeux, ne le sont pas. respectée. La nouvelle messe est va- lide. Le problème se pose a posterio- Est-il possible de faire le tri dans ri. On constate parfois que dans le les affirmations du Concile ? comportement ou les paroles, les prêtres et les fidèles, n’ont pas tou- Mgr Fellay. Ce n’est pas une jours la foi dans la présence eucha- question de tout ou rien. A mon ristique. Cela peut constituer une avis, beaucoup de problèmes que intention contraire à celle de l’É- nous nous posons sont à résoudre glise. par des distinctions et non par des La liturgie c’est tout un ensemble rejets ou des acceptations absolues. qui accompagne l’essentiel de la Nous ne sommes pas univoques. messe. C’est tout un ensemble de Quand nous parlons du Concile, gestes, de paroles qui accompagnent nous savons qu’il s’inscrit dans un et doivent nourrir cette foi. Là, nous ensemble de circonstances, dans un avons des objections majeures contexte, dans un mouvement. Je comme par exemple pour l’offer- m’appuie sur une note du secréta- toire : comparez-les deux missels et riat du Concile de novembre 1964. vous comprendrez nos objections. Ce texte comprend deux parties. La première dit : "l’Église n’oblige à ad- Gérard Leclerc. J’aurais aussi hérer sur des questions de foi et de un problème à assister à une messe mœurs que sur des points qu’elle où le prêtre ne partagerait pas la foi présente comme tels". Et cette note de l'Église. La question a pu se po- précise que ce Concile se veut ser à certains moments. Paul VI "pastoral". Il se distingue des au- avait publié une encyclique sur l’Eu- tres. On ne peut l’approcher d’une charistie qui avait été récusée par manière dogmatique et dire AMEN, un certains nombre de gens à l’épo- à tout. Cette démarche est tout sim- que. C'était très grave. plement fausse. Il y a différents do- Sur les rites la discussion serait maines, thèmes et degrés d’autorité. longue. Il faudrait revoir comment s’est faite la réforme liturgique. Ce Samuel Pruvot. Un Concile est n'est pas pour rien que le cardinal toujours inachevé, il pose des ques- Ratzinger demandait une réforme tions nouvelles à résoudre. De plus, de la réforme. Mais il faut aussi Vatican II a innové, en ce sens qu'il considérer les richesses du nouveau a d'abord voulu donner un exposé rite. Celles-ci proviennent de la plus positif de la foi et non conclure sur authentique tradition écclesiale. des anathèmes. Il y a ici un dévelop- pement organique de la Tradition Mgr Fellay . Pour Benoit XVI, la qui marque une avancée incontesta- réforme liturgique est une des pre- ble de l’Église. mières causes de la crise de l’Église. Après le Motu proprio, la ques- C’est fort. Cela dit beaucoup et ce tion de la liturgie est-elle réglée ? n’est pas moi qui le dis ! Estimez-vous que le rite romain dans sa forme ordinaire (Paul VI) Vous critiquez la notion de liberté est valide ? religieuse. Pourquoi ? Affaire Williamson et ralliement… : annexe 18 263

Mgr Fellay . Le Concile a fait Mgr Fellay . C’est encore une dis- sien un des principes fondamentaux tinction qu’il faut apporter sur de l’Etat Moderne, à savoir l’impar- l’œcuménisme. Le désir de l’unité, tialité avec les religions. Or, pour c'est-à-dire que ceux qui ont quitté nous l’État doit reconnaître la vraie l’Église y reviennent, Cela se trouve religion. Benoît XVI estime à propos dans les Litanies des Saints. C’est de la liberté religieuse, que "l’Église notre position. Nous prions et dési- a redécouvert son patrimoine". C’est rons de tout notre cœur que tous une expression qui me fait sursau- soient uns, selon la parole même de ter ! Si l’Église a redécouvert la li- notre Seigneur. Le concept rappelé berté religieuse, quand l’a-t-elle per- par l’Église, selon lequel elle seule due !? Est-ce qu’elle pouvait la per- est la maîtresse de la Vérité et pos- dre ? Pendant près de 1 500 ans l’É- sède toute la Vérité révélée, résout glise a tenu une tout autre position. le problème. Si la finalité de l’œcu- ménisme c’est vraiment cela, nous Gérard Leclerc. Il y a un pro- n’y sommes certainement pas oppo- blème historique. L'Église a connu sés ! des situations très différentes. Si- Ce qui ne va pas est ailleurs. En tuation de clandestinité sous l’Em- 1949, une note du Saint office, pire Romain, la liberté religieuse (premier texte officiel de l’Église qui consentie sous Constantin, et en- parle de l’œcuménisme), mettait en suite avec Théodose l’Empire est de- garde contre un ensemble de dan- venu chrétien. Il y a la longue épo- gers. Aujourd’hui nous sommes en que de Chrétienté Médiévale, puis plein dedans. Ce danger, c’est un la rupture de la modernité. L'Église, relativisme, c’est d’arriver à une de par l’histoire, vit des situations connivence avec tout le monde et de différentes et réagit en fonction de renoncer à la conversion. Dans un ces situations. On ne réagit pas de texte récent de Rome concernant la la même façon dans un État officiel- meilleure compréhension de la mis- lement chrétien que lorsqu’on est sion de l’Église, on parle du grand régime de laïcité. Il ne faut pas être respect pour les traditions des chré- anachronique. La notion de liberté tiens non catholiques. Le seul mo- religieuse est associée à la liberté ment où l’on parle de conversion, radicale de l’acte de foi et à l’incom- c’est au nom de la liberté de cons- pétence religieuse des pouvoirs pu- cience du sujet. Mais ce n’est plus blics. En Chine aujourd’hui, l’Église une volonté de l’Église de convertir. réclame la liberté de conscience ! Alors là, c’est certain, on n’est pas Mgr Fellay. Nous sommes par- d’accord, c’est très grave ! faitement d’accord ! Tout le monde comprend que, dans un État qui Gérard Leclerc. Rome est aussi comporte plusieurs religions, cet consciente de certaines déviations État doit légiférer pour le bien com- de l’œcuménisme. La preuve en est mun. Le plus grand bien est la paix la publication de « Dominus Jesus » entre les citoyens. C’est ce que l’É- du cardinal Ratzinger. Par ailleurs, glise appelle la "tolérance chré- le pape met aussi en garde contre la tienne". Il s’agit d’un autre principe. dictature du relativisme. Ceci dit, la Acceptez-vous la démarche œcu- façon dont Vatican II a abordé la ménique initiée par Vatican II ? question change notre regard sur les autres confessions. Dans la mesure 264 Sans Concession où elles ont su cultiver certains élé- ment et l’Ancien Testament. Tout ce ments importants, elles sont déposi- que Dieu a transmis au peuple élu taires de richesses qu'il nous faut se trouve dans la première Alliance. redécouvrir. Ainsi, l'orthodoxie est Mais elle a été remplacée par la très largement témoin de la foi des Nouvelle, la Bonne Nouvelle qu’est Pères, elle a cultivée plus que l’Evangile. Nous, les catholiques, l'Église d'occident certaines perspec- nous avons tout. L’ancien et le nou- tives. C'est pour cela que Jean- veau. Les Juifs est fidèle à l’Ancien Paul II déclarait que "l'Église doit Testament quant à la lettre, mais respirer avec ses deux poumons". quelque chose de nouveau est surve- Nous sommes ainsi renvoyés à la nu et le judaïsme s’est arrêté là. Il y continuité de l'Église indivise. a eu quelque chose d’essentiel : la venue du Messie. Les Juifs sont nos Mgr Fellay. Qu’est ce qu’on frères aînés dans la mesure où nous veut ? Une réelle unité ou bien une avons quelque chose en commun. sorte de connivence, dans une sorte Pour autant, cela ne leur suffit pas de confédération ? D’après ce que dit pour être sauvés. l’Église, il n’y a qu’une seule solu- tion, c’est l’Unité. Il n’y a qu’une Gérard Leclerc . Avec Nostra seule Église et il ne peut y en avoir Aetate, le Concile a voulu reposer plusieurs. Cette unité doit être fon- nos relations avec le judaïsme en dée sur la Vérité. Qu’il y ait un reprenant l'enseignement de saint grand nombre de richesses, de va- Paul dans l'épître aux Romains, ce leurs, de vrai, dans toutes les reli- qui a remis le judaïsme dans une gions, cela va de soit. Mais le bien perspective "eschatologique". Cela a vient de l’intégrité totale alors que un sens précis : nos relations avec le mal vient d’un défaut. C’est le nos frères aînés sont hic et nunc ins- sens de l’épître : "Celui qui pèche crites dans l’histoire du salut. Il est contre un commandement pèche vrai que ce réexamen a été large- contre tous". Le but c’est d’être sau- ment conditionné par le drame vé, pour être sauvé il faut avoir épouvantable de la guerre. Il y avait toute la foi, tout l’ensemble. Ce qui eu incontestablement un anti- manque aux orthodoxes c’est d’ac- judaïsme chrétien, source de persé- cepter la primauté du pape. Pour cutions multiples. L'Église a voulu tout le reste on est d’accord il y a faire son examen de conscience. beaucoup de richesses, qui peuvent Mais la meilleure réponse résidait servir de point de départ, c’est envi- dans un approfondissement doctri- sageable, mais on ne peut en rester nal. Il s'est agi d'abord de retrouver là. la cohérence des deux Testaments. A propos du judaïsme, acceptez- Le Nouveau est totalement solidaire vous la formule issue du Concile qui de l'Ancien. Enfin, il y a eu volonté présente les Juifs comme "nos frères de changement de rapports avec le ainés" ? judaïsme. Souvenons nous de la vi- site de Jean-Paul II à la synagogue Mgr Fellay. L’expression peut de Rome et de sa démarche au mur être prise de deux manières, elle est des lamentations à Jérusalem. ambiguë. La première est correcte, Vous souhaitez que Rome réhabi- l’autre incorrecte. Nous avons dans lite la mémoire de Monseigneur Le- l’Ecriture sainte le Nouveau Testa- febvre. Qu’est ce à dire ? Affaire Williamson et ralliement… : annexe 18 265

Mgr Fellay. Mgr Lefebvre a indi- tuelle. Nous ne sommes pas des vo- qué un problème à l’Église et c’est à lontaristes ! L’affectif suit la cause cela qu’il a été condamné. On connaissance. Si on arrive à redon- n’a pas voulu regarder ce problème. ner de la clarté sur beaucoup de Il disait : "Attention, il y a une crise points, on arrivera à un renouveau dans l’Église ! Il faut absolument pour tout le monde. Ce qui se fait en regarder les causes !" La difficulté ce moment sera profitable à tout le reste presque entière aujourd’hui monde. Il faut prier pour que ces parce que l’Église veut attribuer ces discussions soient un bénéfice pour problèmes au monde ambiant. Cela toute l’Église. Il ne s’agit pas de sa- n’est vrai qu’en partie. voir si quelqu’un a gagné ou si quel- qu’un a perdu. Nous ne sommes que Gérard Leclerc. Malheureuse- de pauvres petits êtres humains, un ment, Mgr Lefebvre s’est inscrit jour nos vies seront finies. On ré- dans une démarche de division de pondra devant le Bon Dieu de ce l’Église. J’ai cependant souvenir de qu’on a fait. L’essentiel pour moi, ce que m’avait dit le cardinal Thian- c’est que notre Seigneur soit aimé, doum, successeur de Mgr Lefebvre à loué, et adoré. C’est la finalité de Dakar. Il avait été formé par lui. tout être humain et de toute la vie N'oublions pas que c'est le même chrétienne. Mgr Lefebvre qui a été à l'origine des conférences épiscopales de Est-ce que vous espérez voir de l’ouest africain. Thiandoum n'était vos yeux cette pleine communion ? pas le seul à reconnaître sa dette. J’ai aussi le souvenir de ce que m’a- Mgr Fellay. Nous nous sommes vait dit le père Albert Chapelle, qui toujours considérés pleinement était un grand jésuite, conseiller du membres de l’Église. Quant au Cardinal Lustiger, a des moments reste, j’espère faire mon travail ! difficiles : "Mgr Lefebvre a été un C’est le Bon Dieu qui décide. Le suc- très grand évêque missionnaire." cès d’une telle œuvre, ce n’est pas Même le cardinal Lustiger a eu des humain, c’est un bien surnaturel qui appréciations fraternelles, malgré vient du Bon Dieu. Je ne suis qu’un des désaccords sérieux. Je pense que instrument. Le succès viendra de grandes autorités dans l'Église quand le Bon Dieu voudra. Je crois ont toujours reconnu à Mgr Lefeb- fermement que les forces de l’enfer vre sa volonté de servir. Il faudrait ne prévaudront pas contre l’Église. considérer les choses avec plus de Je sais que l’Église continuera et justice. Cela dit, on ne peut que dé- c’est pour cela que j’y adhère malgré plorer la polémique qui visait aussi toutes les peines que je reçois. Cette la personne des papes. Elle risquait Église, je l’aime même si j’en reçois de défigurait le message de l’Église. des coups ! En ouvrant une plaie qui saigne toujours. Gérard Leclerc. Je pense qu’il y Le rapprochement avec Rome est- a un climat à changer, et pas seule- il uniquement doctrinal ? Ne com- ment dans le débat théologique. Je porte-t-il pas un enjeu spirituel ? m’en rends compte, ne serait-ce que par les polémiques auxquelles j’ai Mgr Fellay. D’une doctrine été obligé de participer ces jours claire suit la vie morale et spiri- derniers. Il faut retrouver une séré- 266 Sans Concession nité, ne pas diaboliser l’autre, no- profite à tous les autres. Si quel- tamment avec des griefs faux. Cela qu’un se sanctifie dans l’Église, il ne peut se faire que dans la docilité élève tout le corps mystique. J’at- à l'Esprit Saint. tends que tous nous vivions mieux Attendez-vous quelque chose des cette communion des saints et tout catholiques français ? le reste suivra. C’est vaste. La voca- tion universelle à la sainteté est jus- Mgr Fellay . J’en attends beau- tement une des choses importantes coup ! Qu’ils grandissent dans l’a- que rappelle le Concile. mour du Bon Dieu et dans son ser- vice. La communion des saints fait que tout acte bon posé dans l’Église Samuel Pruvot

Annexe 19

« LETTRE DE MGR WILLIAMSON À LA COMMISSION ECCLESIA DEI » 26 février 2009, lacriseintegriste.typepad.fr

Le Saint-Père et mon supérieur, subi des injustices sous le Mgr Fellay, m’ont demandé de re- IIIe Reich, je ne l’aurais pas fait. considérer les déclarations que j’ai À la télévision suédoise, j’ai expri- faites à la télévision suédoise il y a mé seulement l'opinion (« je crois… quatre mois, à cause des très graves je crois ») d'un non-historien, une conséquences qu’elles ont provo- opinion que j’avais conçue il y a quées. vingt ans sur la base des preuves Compte tenu de ces conséquen- qui étaient alors disponibles et de- ces, je peux affirmer en toute sincé- puis lors rarement exprimée en pu- rité que je regrette d’avoir fait cette blic. De toute façon, les événements déclaration et que, si j’avais su par des dernières semaines et le conseil avance le dérangement et la douleur des supérieurs de la Fraternité qu’elles ont provoqués, notamment Saint-Pie-X m’ont convaincu que je à l’Église, mais aussi aux survivants suis responsable de la peine qui en et aux familles des victimes qui ont est résulté. Je demande pardon de- vant Dieu à toutes les âmes qui ont été à juste titre scandalisées de mes paroles. Comme l’a affirmé le Saint-Père, tout acte de violence injuste contre un homme blesse toute l’humanité. Londres, 26 février 2009 Mgr Williamson arrive en Angle- terre Affaire Williamson et ralliement… : annexe 19 267

« LES EXCUSES DE MGR WILLIAMSON NE RESPECTENT PAS LES EXIGENCES DU VATICAN » « Déclaration du porte-parole du Saint-Siège » 27-02-2009 - Anita Bourdin - zenit.org

ROME, Vendredi 27 février 2009 l'évêque ne semble pas respecter les (ZENIT.org) - La lettre d'excuses de conditions établies dans la Note de Mgr Richard Williamson écrite de- la Secrétairerie d'Etat du 4 février puis Londres, hier, 26 février, ne sa- 2009, où l'on disait qu'il devrait tisfait pas le Saint-Siège, indique le aussi prendre ses distances de façon P. Federico Lombardi, directeur de absolument sans équivoque et publi- la salle de presse du Saint-Siège : que, par rapport à ses positions elle n'est pas adressée au pape et ne concernant la Shoah ». respecte pas ce qui lui avait été de- L e mandé. « Il ne s'agit pas , a fait observer le P. Lombardi, d'une lettre adressée au Saint-Père, ou à la Commission Ecclesia Dei. La “déclaration ” de

Le P. Lombardi

« COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU CRIF À PROPOS DE LA RÉCENTE DÉCLARATION DE MR WILLIAMSON » 28 février 2009 - desinfos.com

CRIF considère que la récente décla- exprimé sur les Juifs et leur recher- ration de M. Williamson, rapportée che du pouvoir, sur le mythe des at- par l’agence Zenit, est un non- tentats du 11 septembre, sur l’infé- événement. Il y fait ses excuses à riorité des femmes… l’Eglise et aux familles des victimes de « l’injustice » nazie. Il n’y renie Le CRIF est conscient que les re- nullement les déclarations négation- lations entre Juifs et Catholiques, nistes qu’il proclame depuis une qui ont pris un nouveau départ vingtaine d’années, et qui n’avaient après Nostra Aetate, sont au centre pas jusque là beaucoup ému ni les du rejet de Vatican II par des fran- dirigeants de la Fraternité Saint- ges intégristes. Heureux de voir que Pie X, ni les membres de la commis- ces opinions sont aujourd’hui ultra sion Ecclesia Dei. minoritaires dans l’Eglise catholi- Le CRIF rappelle que dans le que, le CRIF appelle à la continua- passé M. Williamson s’était aussi tion du dialogue. 268 Sans Concession

Annexe 20

« ENTRETIEN DE MGR FELLAY AU SPIEGEL » 2 mars 2009 - Stefan Winter - version française : lacriseintegriste

Der Spiegel. — Monseigneur, il décisions. Mais il aura à supporter y a quelques semaines, vous avez les conséquences de cela. donné à votre votre collègue Richard — Va-t-il réintégrer ses fonc- Williamson, un livre pour qu'il tions ? puisse en lire plus sur l'Holocauste. — C'est impossible dans les cir- La semaine dernière, il a publié des constances actuelles. Il nous a fait excuses mais qui reste en deçà de la du mal et a sali notre réputation. demande du Vatican qu'il se ré- Nous avons nous-mêmes pris très tracte de sa négation de l'Holo- clairement nos distances avec lui. Il causte. Cette déclaration de n'a pas été ordonné évêque pour Mgr Williamson est-elle suffisante poursuivre ses propres buts, mais pour vous ? pour le bien commun de l'Église, Mgr Fellay. — C'est, en tout état pour répandre la vérité révélée. de cause, une première demande de — Alors pourquoi n'excluez-vous pardon, ainsi qu'un pas important pas Mgr Williamson de la Fraterni- dans la bonne direction. On peut té ? toujours espérer une meilleure for- — C'est ce qui se passera s'il nie à mulation. Toujours est-il que cette nouveau l'Holocauste à nouveau. demande de pardon est sincère et C'est probablement mieux pour tout que le fait qu'il ait retiré ses propos le monde qu'il se taise et reste quel- est réel. que part dans son coin. Je souhaite — Cet espoir semble infondé. qu'il disparaisse de la scène publi- Après son arrivée à Londres, que pour un bon moment. Mgr Williamson s'est lui-même en- — Le Vatican pourrait-il le réex- touré de personnes qui ont ouverte- communier s'il ne se rétracte pas ? ment nié l'Holocauste, comme l'his- — J'en doute. La négation de torien David Irving. Savez-vous l'Holocauste, aussi grave soit-elle, pourquoi ? n'apparaît pas dans le droit canoni- — J'ai l'impression que que. Une excommunication n'est pas Mgr Williamson est utilisé par ces possible. Ce n'est pas seulement personnes. Les médias ont été déli- nous qui disons cela, mais des cano- bérément alimentés par cette infor- nistes, des experts du droit. Le pro- mation. Nous travaillons contre cela blème, c'est que ses commentaires autant que nous le pouvons. Je suis ont été liés à son office. totalement contre ces relations. — L'évêque de Ratisbonne, — Mais votre influence sur Mgr Gerhard Ludwig Müller a refu- Mgr Williamson semble être faible. sé à votre séminaire allemand de — Nous sommes en contact, il est Zaitzkofen permission d'ordonner de actuellement dans un prieuré de la nouveaux prêtres. Allez-vous obéir à Fraternité à Londres. Mais c'est cette interdiction ? aussi un homme libre. Il a bien sûr — Cela était inutile et inappro- un supérieur, mais il est libre de ses priée. Tous ces événements sont cer- Affaire Williamson et ralliement… : annexe 21 269 tainement un échec pour nous et — Alors, Mgr Williamson s'est nous ramène dix ans en arrière. égaré et les critiques contre la Fra- Mais nous continueront les ordina- ternité sont un grand malentendu ? tions. — Nous sommes dans un monde — En Allemagne, les hommes po- de boucs émissaires, et tous les faux litiques craignent que des écoles gé- pas se transforment immédiatement rées par la Fraternité ne partagent en scandale. Mais des erreurs qui pas les valeurs de la constitution doivent être corrigés sont commises allemande. Êtes-vous préoccupé par tout le temps et partout. le fait que il y aura des inspections ? — Pourquoi avoir répondu si tar- — Je ne suis pas non plus inquiet divement aux thèses si grossières de à ce sujet. Nous sommes des gens Mgr Williamson ? normaux. Nous observons les règles, — Je dois vous avouer que je n'ai y compris celle de l'ordre étatique. pas pris assez au sérieux la situa- Même si une seule voix dit quelque tion. chose de mal, il est expressément écrit dans les épîtres de saint Paul que nous devons honorer les autori- (Propos recueillis par Stefan Win- tés et prier pour elles. ter)

Annexe 21

MESSAGE SUR WWW.DINOSCOPUS.BLOGSPOT.COM , LE BLOG DE MGR RICHARD WILLIAMSON, en date du 21 mars 2009 :

Don't Cry get through. I only regret having Eleison Comments LXXXIX had to leave La Reja and Argentina in circumstances that left me no "Don't cry for me, Argentina", nor chance of correctly taking leave of readers of "Eleison Comments" in many Latin American colleagues any other part of the world, because and friends. Let priests, semina- you may have thought that the last rians and layfolk all accept here the two months have been difficult for expression of my real gratitude for the Eleison Commentator, but ac- the five and a half happy years that tually his condition is, as usual, ra- I spent in their midst. Let everyone ther better than he deserves. "Use praying for me also accept my sin- each man according to his deserts", cere gratitude. I will celebrate from says Hamlet, "and who should tomorrow a novena of Masses for all 'scape whipping ?" your intentions.

When the media onslaught broke For neither did the Society of St out some two months ago with the Pius X let me down when I landed Pope for its main target, I was my- in England. The District Superior in self well protected inside the Semi- England had contacted the right nary of La Reja. Journalists prowled friend of ours in for there to round and around, but they did not be a little police escort sufficient to

270 Sans Concession see me straight through the pack of of public life for a long while... He "gentlemen of the Press" lying in has hurt the Society and damaged wait for me, and ever since then I our reputation. We are definitely have been waited on hand and foot distancing ourselves from him... " in the Society's house in London. No work. No responsibilities. Who could Therefore the future is in God's complain? hands. I wish I could say that I ob- ject to being reduced to silence, but Moreover the rest-cure looks like it if the alternative is being reduced to is being prolonged. In a recent inter- saying only those things that the view with the German weekly "Der "gentlemen of the Press" do not ob- Spiegel", the Society's Superior Ge- ject to, then I think I prefer the si- neral is quoted to have said among- lence. As far back as 1985, the year st other things, perhaps under pres- of publication for "Iota Unum", Ro- sure coming through the media - mano Amerio's famous analysis of who missed their next onslaught on Vatican II changes, the Italian Pro- the Pope traveling to Africa, be- fessor was anticipating that a time cause he objected to artificial means might come when there would be of birth control? - "If Bishop Wil- only silence left... Kyrie eleison. liamson is silent, if he stays out of sight, that would really be better for London, England everyone... I hope that he drops out Bishop Richard Williamson

271

LE NOUVEAU « DÉTAIL DE LE PEN » : QU’EN PENSER ?

par Jérôme Bourbon

Le 25 mars 2009, dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, Jean-Marie Le Pen a de nouveau fait une courte déclaration sur le « détail ». Répondant au président du groupe so- cialiste, l’Allemand Mar- tin Schulz qui souhaitait modifier le règlement in- térieur afin qu’ « un vieux fasciste, un négationniste de l’Holocauste » ne puisse pas présider en tant que doyen la séance inaugurale Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine de la nouvelle session du Parlement au Parlement européen européen le 14 juillet 2009, Jean- Marie Le Pen a répondu très exacte- et intérêts, ce qui prouve l’état dans le- ment ceci à son accusateur : quel se trouvent la liberté d’opinion et la liberté d’expression en Europe et en France... Madame la présidente, notre collègue, (Les huées de la quasi-totalité des parle- M. Schulz, président du groupe socia- mentaires européens couvrant la voix de liste, a l’intention de faire modifier le l’orateur, celui-ci s’énerve et les apostro- règlement de cette assemblée sous le phe :) prétexte que je pourrai être dans la pro- Vos cris ne masqueront pas votre res- chaine assemblée le doyen de celle-ci. M. ponsabilité dans la crise qui est celle de Schulz a articulé à cette occasion des l’euromondialisme dont vous êtes les accusations diffamatoires et m’a accusé partisans. Alors, laissez-moi parler, je de crime de blasphème. Je tiens à dire vous prie. Je demande au président du que cette accusation est fausse et que je groupe socialiste de bien vouloir formu- me suis borné à dire que les chambres à ler des excuses pour une accusation qui gaz étaient un détail de la guerre mon- est mensongère. » diale. Ce qui est une évidence, ce qui est une évidence. Je rappelle, Madame la présidente, qu’à cette occasion j’ai été Et à la fin de cette vidéo de deux condamné à 200 000 euros de dommages minutes que l’on peut voir sur Inter- 272 Sans Concession net*, on entend la voix de Bruno du 25 mars. Gollnisch féliciter brièvement Le Première possibilité : faire appel Pen à la fin de son intervention : à des octogénaires. Ainsi l’associa- « Voilà. Très bien. » tion picarde, One City (sic !) avait invité les principaux partis euro- C’est la cinquième fois que le péens à placer en tête de leurs listes président du Front national tient de au moins un candidat plus âgé que tels propos Historiquement incor- le chef du Front national quitte bien rects : il le fit une première fois le sûr à ce que l’élu démissionne après 13 septembre 1987 au Grand Jury la première séance. Parmi les véné- RTL-Le Monde en réponse à une rables pressentis : l’ancien président question du journaliste Olivier Ma- portugais Mario Soares (84 ans), zerolle qui l’interrogeait sur ce qu’il l’ex-chancelier Helmut Schmidt (90 pensait des « thèses de M. Roques et ans), les anciens ministres Robert Faurisson » , puis le 5 décembre Badinter (81 ans) et Bernard Pons 1997 à Munich en compagnie de feu (82 ans), ou encore Jacques Delors Franz Schönhuber, ex-président des (83 ans), jadis président de la Com- Républicains allemands ( Die Repu- mission européenne, et, bien sûr, blikaner ), en novembre 2005 dans Valéry Giscard (83 ans). Et pour- un entretien à la BBC, en avril 2008 quoi pas Simone Veil (81 ans), ex- dans le mensuel Bretons et donc le présidente du Parlement européen ? 25 mars 2009 au Parlement euro- péen.

♦UNE OBSESSION DE NOS DÉMOCRA- TES : I NTERDIRE AU CHEF DU FN DE PRÉSIDER LE P ARLEMENT EUROPÉEN !

Cette nouvelle sortie du président du Front national a évidemment mis en émoi la classe politique et médiatique et même provoqué quel- ques remous au FN. Nous allons y revenir. Mais rappelons brièvement le contexte dans lequel ces propos ont été tenus. En cas de reconduc- tion au Parlement européen, Jean- Marie Le Pen devait présider en qualité de doyen d’âge (il aura 81 ans le 20 juin) la séance inaugurale, qui plus est un 14 juillet, anniver- saire de la prise de la Bastille. Une perspective insupportable pour la plupart des eurodéputés qui se de- Hemult Schmidt, 90 ans. Un mandaient anxieusement comment « démocrate » pressenti pour éviter l’éviter avant même cet « incident » la présidence d‘un « facho »

* www.lepa ris ien.fr/politique/la -video-du-nouveau-derapa ge-de-le-pen-25 -03-2009- 454480.php Le nouveau « détail de Le Pen » : qu‘en penser ? 273

Deuxième possibilité, plus ra- dicale : modifier le règlement in- térieur du Parlement. « Je suis préoccupé par le fait qu’un vieux fasciste, qu’un négationniste de l’Holocauste puisse présider la session inaugurale » en juillet avait souligné le social-démocrate allemand Martin Schulz, prési- dent du groupe socialiste. Pour cet eurodéputé adepte des décla- rations de guerre contre l’ex- trême droite et tout ce qui ne se plie pas à la police de la pensée, il était « inacceptable, inadmissible », que le leader du Front natio- nal, « qui est un négationniste pour qui Auschwitz est un détail de l’Histoire » connût un tel jour de gloire. Aussi les socialistes et les Verts de l’europarlement avaient-ils très sérieusement pro- posé le 24 mars de modifier le rè- glement interne pour éviter la réalisation d’un tel “cauchemar”. Lequel finalement ne se produira Le socialiste Martin Schulz, député euro- pas du fait des déclarations de Le péen : « Je suis préoccupé par le fait Pen. qu‘un vieux fasciste, qu‘un négationniste En effet, le PPE (Parti popu- de l‘Holocauste puisse présider la session inaugurale ». laire européen réunissant les eu- rodéputés de centre et centre droit), pos iconoclastes du président du qui hésitait à l’idée de changer pré- Front national, un porte-parole du cipitamment le règlement intérieur Parlement européen annonçait offi- à cause de Le Pen, et le groupe libé- ciellement qu’un consensus s’était ral qui y était, lui, hostile, au motif dégagé au sein de la conférence des qu’il n’y a « aucune raison de traiter présidents de groupes pour modifier M. Le Pen, cet octogénaire raciste, le règlement de l’assemblée afin de différemment d’autres », se sont ra- ne plus confier cette tâche au doyen. visés. « Les propos négationnistes de Un amendement devrait être in- M. Le Pen réitérés dans l’enceinte du troduit dans un projet de modifica- Parlement européen, le disqualifient tion du règlement intérieur actuelle- pour présider, ne serait-ce que pour ment en chantier au sein de la com- une seconde, notre institution à l’ou- mission constitutionnelle et qui doit verture des travaux de la prochaine être voté en avril ou en mai. La législature » a estimé le Français séance inaugurale de la nouvelle as- Joseph Paul, chef du groupe PPE, le semblée pourrait être présidée soit plus important numériquement au par le président sortant, si celui-ci Parlement. Et le 26 mars, vingt- est réélu, soit par un ancien vice- quatre heures à peine après les pro- président, ou encore par le député le 274 Sans Concession

Joseph Paul, chef du groupe PPE : « Les propos négationnistes de M. Le Pen réitérés dans l‘enceinte du Parlement européen, le disqualifient pour présider, ne serait-ce que pour une seconde, notre institution à l‘ou- verture des travaux de la prochaine législa- ture »

plus ancien dans l’institution. Cette « L’immunité parlementaire protège lex lepeniana est un scandale qui ce que vous dites au Parlement et montre à quel point nos démocrates moi, je ne toucherai pas à ça. Il faut autoproclamés ne souffrent pas ceux faire très attention de ne pas limiter qui ne pensent pas comme eux ni le champ d’expression dans une en- ceux qui ne fléchissent pas complè- ceinte du Parlement. » Quant au dé- tement le genou devant le Lobby. puté socialiste Henri Emmanuelli, il Aussi Bruno Gollnisch a-t-il eu considère que « c’est chaque fois le grandement raison de déclarer que « même cinéma : une campagne électo- ceux qui veulent modifier le règle- rale arrive, Monsieur Le Pen fait de ment ne sont que des voyous mes- la provocation (en l’occurrence la quins ». provocation émanait du socialiste Schulz) pour que le système d’infor- ♦HARO DE LA CLASSE POLITIQUE SUR mation s’intéresse à lui, et manifes- LE « BLASPHÉMATEUR » tement, il réussit ». Harlem Désir, tête de liste du PS en Ile-de-France, La classe politique est évidem- « demande la tolérance zéro pour le ment vent debout contre Le Pen qui négationnisme au sein du Parlement est « un danger pour la démocratie » européen » et exige donc « les sanc- selon la députée socialiste Aurélie tions les plus fermes à l’encontre de Filippetti. Pour Daniel Cohn- Jean-Marie Le Pen ». Bendit, 64 ans, qui souhaite que le Harlem Désir. « Je demande la tolé- nouveau président de séance le 14 rance zéro pour le négationnisme au juillet soit le benjamin et non plus le sein du Parlement européen ». doyen car c’est “ ringard ” d’avoir des “croulants ” (quelle puissance de pro- position !), « Le Pen est un cinglé, un malade, c’est un obsessionnel du né- gationnisme. Quand il veut bouffer du juif, il bouffe du juif » (voir dépê- che AFP). Cependant le co-président des Verts qui veut tout faire « pour que Le Pen ne soit pas réélu » est op- posé à toute sanction disciplinaire : 275

L’eurodéputé et porte-parole du crotte : « Le Pen a fait un énième dé- PS Benoît Hamon a pour sa part af- rapage inadmissible. Ceci dit, en firmé que son parti serait « très ac- prenant cette décision (de modifier le tif » au Parlement européen pour règlement intérieur), les députés eu- exiger des « sanctions rapides » ropéens feignent de considérer qu’il contre Jean-Marie Le Pen qui est déjà réélu et lui font la courte « récidive sur des déclarations qui échelle. C’est lui faire un coup de lui ont valu pourtant une condam- pub. Personnellement, je ne pense nation par la justice française ». pas qu’il sera réélu en juin pro- « Cela est parfaitement scandaleux » chain » a confié le président du et montre que « la condamnation en Mouvement pour la France au Jour- justice n’a eu aucun effet » car « le nal du dimanche daté du 28 mars. leader du Front national n’a renoncé Bref, la logorrhée habituelle ! en rien à exprimer ses convictions d’inspiration négationniste ». Vin- ♦VERS DES SANCTIONS DISCIPLINAIRES cent Peillon, tête de liste PS pour ET JUDICIAIRES ? les européennes dans le Sud-Est, circonscription où se présente égale- Par ailleurs, le bureau du Parle- ment le président du Front national, ment qui ne badine pas sur le a quant à lui appelé les électeurs à Dogme doit discuter cette semaine à se rendre très nombreux aux urnes Bruxelles d’éventuelles sanctions afin d’ « expurger » le Parlement eu- contre le “blasphémateur” (dixit ropéen de Jean-Marie Le Pen : « Le Martin Schulz) pour « comporte- Pen, c’est quelqu’un qui est la honte ment incompatible avec les valeurs de la France. Nous pouvons laver la de l’Union européenne ». Jean- France et notre République de la Marie Le Pen risque une suspension honte qu’il représente, il suffit de temporaire (dix jours maximum) de mobiliser massivement les électeurs toute participation aux débats et ac- pour l’expurger du Parlement euro- tivités parlementaires et une sup- péen. Il y a quelque chose de plus pression partielle de son indemnité. simple à faire plutôt que de légiférer De plus, des poursuites judiciaires pour qu’il ne préside pas, c’est de ont déjà été engagées à l’intitative faire en sorte qu’il ne soit pas réélu de la LICRA et du MRAP. Patrick dans cette région. » Philippe de Vil- Gaubert, président de la LICRA et liers y est allé, lui aussi, de sa petite lui-même eurodéputé UMP, a de- mandé la levée de l’immunité par- lementaire de Le Pen et s’est fen- du d’une lettre au président du Parlement européen pour que « des sanctions soient appliquées sans délais » au « récidiviste ». « Par cette nouvelle provocation, Jean-Marie Le Pen confirme et valide la nature antisémite et né-

Philippe de Villiers, président du MPF. Lui aussi a tenu à réagir aux propos de J.-M. Le Pen. 276 Sans Concession gationniste du Front national » écrit ment le message que la haine, le ra- dans un communiqué le MRAP de cisme et l’intolérance n’ont pas leur Mouloud Aounit qui juge que « ces place en 2009 dans l’Union euro- propos relevant, une fois de plus, péenne » a déclaré Mosche Kantor, d’une volonté de contester les crimes président du CJE. Ce qui revint à contre l’humanité sont d’autant plus reprendre le fameux slogan de graves qu’ils ont été tenus sciem- Saint-Just : « Pas de liberté pour les ment ». ennemis de la liberté ». Car la haine Enfin, le Congrès juif européen et l’intolérance que dénoncent le (CJE) a exigé « l’exclusion pure et Congrès juif européen, ne les prati- simple » de Le Pen du Parlement que-t-il pas, et de quelle manière, à européen. « Nous appelons les auto- l’égard de la maudite extrême droite rités européennes à interdire les dis- (sauf celle de Lieberman en Israël cours de haine dans l’enceinte du bien sûr) ? Parlement européen ainsi que ceux qui les profèrent. Il est absurde que ♦LE PRÉCÉDENT A UTANT -LARA Le Pen soit autorisé à proférer de tel- les paroles dans ce lieu qui est le Cette agitation des politiciens et symbole même de l’Europe unie. Il des lobbies auxquels ils sont reli- est impératif que les autorités agis- gieusement soumis, d’où l’accusa- sent rapidement et envoient claire- tion de « blasphème » contre Le Pen,

Mosche Kantor, président du Congrès juif européen : « Nous appelons les au- torités européennes à interdire les discours de haine dans l‘enceinte du Parle- ment européen ainsi que ceux qui les profèrent. » 277 est d’autant plus ridicule que le doyen d’âge ne prononce plus le discours inaugural et que par conséquent, contrairement à ce qu’on lit ici ou là, Le Pen n’aurait pas disposé d’une tribune pour vouer aux gémonies l’euromondia- lisme, sauf à prendre des libertés avec le règlement. Ce changement date de vingt ans et fut motivé par la volonté décidément constante de faire taire les élus du Front natio- nal.

En effet, en juillet 1989, le ci- néaste français Claude Autant- Lara, élu sur la liste FN, avait pro- noncé, en qualité de doyen d’âge (il avait 88 ans), un remarquable et brillant discours contre l’hégémo- nie américaine sur le plan culturel, véritable menace de mort contre notre civilisation française et euro- péenne, qui avait d’ailleurs été sa- lué comme il se doit par Jean- Edern Hallier dans son journal L’I- Claude Autant-Lara diot International qui sauva là l’honneur de la presse. Mais, du fait fier (déjà !) le règlement intérieur de son étiquette, et en dépit de son afin que le doyen n’ait plus le droit passé cégétiste et de sa qualité de de prononcer un discours. Sa fonc- membre de l’Institut, la majorité des tion consiste désormais à superviser eurodéputés avaient ostensiblement l’élection du président du Parle- quitté l’hémicycle, en signe de pro- ment. Las, vingt ans plus tard, il testation, quand le réalisateur de faut modifier à nouveau le règle- L’Auberge rouge avait commencé à ment. Encore à cause d’un député parler, alors même que ses propos Front national. n’avaient rien de partisan ou d’idéo- logique. Cette muflerie avait profon- Comme quoi la lutte contre la dément choqué Autant-Lara qui, éc- bête immonde est un travail de cha- œuré, avait démissionné peu de que instant : traficotage des modes temps après, d’autant que, quelques de scrutin, invalidation et inéligibi- semaines plus tard, il avait été pié- lité des élus, organisation de fronts gé par Globe, la défunte revue du républicains, mise en place de cor- néo-sarkoziste Georges-Marc Bena- don sanitaire, obstacles mis à la col- mou, dans une fausse interview où lecte des 500 signatures, modifica- il avait tenu quelques propos peu tion des règlements des assemblées, amènes sur Simone Veil. Eh bien, à les démocrates ne chôment pas ! l’époque, les eurodéputés n’avaient Etre républicain et citoyen, c’est un rien eu de plus pressé que de modi- métier à plein temps ! 278 Sans Concession

♦LA CONDAMNATION DE M ARINE L E PEN

Enfin, et c’est peut-être le plus riche d’enseignements, les propos de Le Pen ont suscité comme à chaque fois des réactions au sein du Front national. La première sortie sur le détail en 1987 avait entraîné le départ d’Olivier d’Or- messon, le calembour « Durafour- crématoire » en septembre 1988 avait provoqué la réaction courrou- cée de Pascal Arrighi et du docteur François Bachelot, exclus en conséquence du FN par le bureau politique, puis quelques semaines plus tard Yann Piat avait égale- ment été exclue en partie pour s’ê- tre distanciée elle aussi des propos de Jean-Marie Le Pen. En 1997, Le magazine dans lequel J.-M. Le Pen quelques militants frontistes alsa- a encore « dérapé » sur la seconde ciens avaient quitté le Front après guerre mondiale. le détail-bis à Munich. jamais allé aussi loin : non seule- En 2005, lors de l’entretien à Ri- ment il redisait que pour lui « les varol où Le Pen avait brièvement chambres à gaz sont un détail de abordé l’occupation allemande en l’histoire » mais surtout, en réponse France et l’affaire d’Oradour-sur- au journaliste qui lui faisait obser- Glane, Marine Le Pen avait pris ses ver que « le problème, ce n’est pas de distances. Même chose le 25 avril savoir le nombre de morts mais la 2008 lors de l’entretien de son père manière dont ils ont été tués, dans le au mensuel Bretons . Trois secrétai- cadre d’un programme de destruc- res départementaux du Front tion humaine », Jean-Marie Le Pen avaient également critiqué les pro- rétorquait du tac au tac : « Mais ça, pos tenus, ainsi que le secrétaire gé- c’est parce que vous croyez à ça. Je néral, très proche de Marine, Louis ne me sens pas obligé d’adhérer à Aliot : Patrick Le Guillou, secrétaire cette vision-là. Je constate qu’à Aus- départemental d’Ille-et-Vilaine, Mi- chwitz il y avait l’usine IG Farben, chel Hubault, secrétaire départe- qu’il y avait 80 000 ouvriers qui y mental de l’Indre et Louis-Armand travaillaient. A ma connaissance, de Béjarry, secrétaire fédéral de ceux-là n’ont pas été gazés en tout Loire-Atlantique et ex-directeur na- cas. Ni brûlés. » ( Bretons , n° 32, mai tional du FNJ. Rappelons que dans 2008). cet entretien à Bretons dont Le Pen Qu’a donc dit Marine Le Pen à la avait cependant interdit par lettre suite de la dernière sortie de son recommandée la publication qui père ? Dans un premier temps, s’est donc faite sans son accord, le après s’être tue pendant vingt- président du Front national n’était quatre heures et ayant coupé son 279 portable, la vice-présidente exécu- nes de millions de victimes de ce tive du Front national a déclaré conflit qui a été affreux ». « La spéci- « n’avoir absolument aucun com- ficité de la Shoah en a fait un sym- mentaire à faire pour avoir déjà ré- bole de la Seconde Guerre mondiale. agi une bonne trentaine de fois sur le Lui, pupille de la nation, cherche en sujet », ajoutant voir dans l’épisode réalité à élargir la mémoire collec- « la preuve que l’influence qu’on me tive à l’ensemble des victimes. Il le prête sur mon pète est largement su- fait sûrement de manière mala- révaluée ». Puis, invitée de Riposte droite » a-t-elle dit, en ajoutant : de Serge Moati sur France 5, émis- « La preuve, c’est entendu comme le sion enregistrée le vendredi 27 mars fait de minimiser le génocide juif ». et diffusée le dimanche 29 mars, elle Or, elle affirme que son père « ne nie a clairement pris ses distances avec pas, ni la réalité du génocide juif, ni son père comme elle l’avait fait en l’ensemble des événements de la Se- 2005 et en 2008 lors des deux précé- conde Guerre mondiale ». La Shoah, dents « scandales » : « Non, je ne « c’est un symbole de la Seconde pense pas que cela (les chambres à Guerre mondiale et parce qu’il est gaz) soit un détail de l’histoire. Je Jean-Marie Le Pen quand il dit cela dis ce que j’ai toujours dit : je ne par- (les chambres à gaz sont un détail), tage pas sur ces événements la c’est entendu comme une blessure. » même vision que mon père ». De Pour Marine Le Pen, « quelqu’un plus, la benjamine des filles Le Pen d’autre l’aurait dit, peut-être que ce- a expliqué que « Jean-Marie Le Pen la n’aurait pas été ressenti comme n’a jamais nié aucun des événements une blessure ». de la seconde guerre mondiale » et Quant à Louis Aliot, secrétaire voudrait en fait donner la même im- général du Front national et concu- portance à toutes les victimes de bin de Marine Le Pen, voilà ce que cette guerre. Elle a ajouté que Libération du 27 mars relate des Jean-Marie Le Pen qui a perdu son propos qu’il a tenus au quotidien : père en 1942, son bateau ayant sau- té sur une mine, « est une des dizai- S’il rappelle qu’il « ne partage pas » l’af- firmation de Jean-Marie Le Pen sur le

Marine Le Pen : comme à Hénin-Beaumont, lorsque son père « dérape » sur la seconde guerre mondiale, elle ouvre son parapluie face aux journalistes. 280 Sans Concession

« détail », Louis Aliot dénonce un « acharnement » à son égard. « Je suis surpris que 22 ans après, ses propos continuent à faire scandale. On persécute un homme pour un mot. Nous avons eu un Président (Mitterrand ndlr) qui lui, a indirectement été acteur de la seconde guerre mondiale, a reçu la Francisque, dont les relations avec Bousquet sont connues, et plus personne n’en parle ! Ça, c’est un détail ou quoi ? », lance-t-il, pro- voquant. « Ça me choque plus que la phrase de Le Pen ». » Par ailleurs, selon une dépêche AFP, Louis Aliot qui s’était distancié de Le Pen après l’interview à Bretons , parle cette fois-ci de « polémi- que surfaite », soulignant que « Jean- Marie Le Pen n’avait fait que répondre à une attaque de Martin Schultz ».

Enfin, Patrick Le Guillou, secré- taire départemental d’Ille-et- Vilaine, accessoirement président du comité Marine Le Pen 2012 pour le 35, a annoncé dans un communi- qué AFP daté du 26 mars 2009 sa Patrick Le Guillou. Personnalité du démission « de toutes fonctions et FN, il a démissionné suite à la der- adhésion au Front national » car il nière affaire du « détail ». se refuse à « cautionner les récents propos de Jean-Marie Le Pen ». Ce hourvari contre Le Pen prouve une Dinardais annonce qu’il sera pré- nouvelle fois à quel point la Shoah sent aux régionales de mars 2010 : est un dogme et que la minimiser ou « Ce n’est pas une fin politique, c’est la contester est le pire crime que un rejet des propos de Jean-Marie Le l’on puisse commettre de nos jours. Pen ». Comme nous l’avons dit plus L’Allemand Martin Schulz a parlé haut, ce Le Guillou avait déjà expri- explicitement de « blasphème » com- mé ses réserves l’année dernière à mis par Le Pen, preuve que la reli- la suite de l’entretien de Jean-Marie gion de l’ « Holocauste » est vérita- Le Pen au mensuel Bretons . Mais il blement une contre-religion et une y a sans nul doute de la rancœur contre-morale avec ses dogmes, ses dans cette décision car Le Guillou tables de la loi, ses grands prêtres, avait été démissionné sans explica- son évangile, ses pèlerinages, ses tion de sa tête de liste dans les processions, ses saints, ses martyrs Dom-Tom pour les européennes le et son enfer, comme les collabora- 18 mars par la commission natio- teurs de Sans Concession l’ont sou- nale d’investiture, onze jours après vent écrit et expliqué. avoir été choisi par la même com- mission ! Mais ce qui est le plus intéres- sant dans cette affaire, ce sont les ♦UNE PETITE PHRASE POUR RIEN ? réactions au sein du Front national. Une nouvelle fois, Marine Le Pen, Que penser de tout cela ? Le numéro deux du FN, se démarque 281

Une nouvelle fois, Marine Le Pen s‘est désolidarisée de son père publiquement des propos du numéro tions géopolitiques comme la un. Le secrétaire général, numéro conduite à avoir vis-à-vis des Etats- trois ou quatre du mouvement, dit Unis ou de l’Iran. Il y a donc au mi- lui aussi ne pas partager la position nimum une grande incohérence chez du chef sur un sujet qui est quand Le Pen : tenir des positions relative- même très important tant en lui- ment courageuses et iconoclastes, même que pour les conséquences les réitérer à maintes reprises et qui en découlent et rien ne se passe. donner dans les faits le parti à un Plus étonnant encore, c’est Le Pen clan qui n’est pas du tout sur cette lui-même qui promeut depuis des ligne. Rappelons en effet que Ma- années des gens dont il sait perti- rine Le Pen est allée à New York à nemment qu’ils ne partagent ses po- Ground Zéro se recueillir en 2003 sitions ni sur la Seconde Guerre sur les ruines du World Trade Cen- mondiale, ni sur les juifs et le sio- ter à l’invitation d’une organisation nisme, ni sur Israël, ni sur les ques- néo-conservatrice sioniste et qu’elle

« Ground Zero ». Marine Le Pen est allée s‘y recueillir à l‘invitation d‘une organi- sation néo- conserva- trice sioniste. 282 Sans Concession a critiqué l’attitude de Chirac exces- sivement dure à ses yeux à l’égard de l’administration Bush dans l’af- faire de la seconde guerre d’Irak ( !). A la suite du faux attentat antisé- mite de Marie-Léonie Leblanc sur le RER D à Paris en juillet 2004, elle s’est précipitée à la manifestation de protestation contre l’antisémitisme organisée par le président socialiste du conseil régional d’Ile-de-France l’ectoplasmique Jean-Paul Huchon. Au Parlement européen, elle a tenu à faire partie du groupe Europe- Israël auquel appartient le prési- dent de la LICRA l’eurodéputé UMP JM Le Pen Patrick Sessler, président Patrick Gaubert. Elle a voulu se du Front national belge rénové qui a rendre en Israël où elle aurait sans condamné la dernière sortie du n° 1 aucun doute rallumé la flamme du du FN. mémorial de l’ « Holocauste » à Yad Vashem mais les autorités de Tel Cette contradiction chez Le Pen Aviv se sont opposées au dernier ne peut s’expliquer que par une ab- moment à la visite de la fille Le Pen. sence de stratégie politique car s’il Elle a désapprouvé les propos de avait tenu ces propos dans le cadre Bruno Gollnisch en octobre 2004 sur d’un projet politique pensé, prémé- les chambres à gaz et, comme nous dité, réfléchi, organisé, il n’assure- l’avons déjà souligné, elle s’est tou- rait pas de manière systématique jours démarqué de son père dès que depuis 2002 la promotion de ceux celui-ci donnait dans le Politique- qui sont le plus opposés à toute ré- ment Incorrect en 2005, 2008 et sistance au lobby juif et toute 2009. contestation ou minimisation du dogme holocaustique. C’est la raison pour laquelle, même si dans un pre- mier temps l’on peut trouver plutôt sympathique et courageuse cette dé- claration de Le Pen qui, notons-le en passant, a été condamné par le Front national belge rénové de Pa- trick Sessler (quel courage !), elle ne nous paraît pas déboucher sur quoi que ce soit de solide, de positif et de durable.

Patrick Gaubert. Au Parlement européen, Marine Le Pen a tenu à faire partie du groupe Europe-Israël auquel appartient le président de la LICRA l‘eurodéputé UMP Patrick Gaubert. 283

D’abord parce qu’une nouvelle ceau, d’où ses contorsions qui per- fois elle laisse clairement entendre mettent à Marine Le Pen de préten- que la Shoah a bel et bien existé et dre, contre l’évidence, que Le Pen c’est d’ailleurs pour répondre à l’ac- entend seulement « chercher à élar- cusation de « négationniste de l’Ho- gir la mémoire collective à l’ensem- locauste » que Le Pen s’est exprimé ble des victimes » de la guerre. Cette le 25 mars au Parlement européen. version des faits n’est absolument De ce point de vue, il n’y a donc au- pas crédible car, si tel était le cas, cun progrès notable dans ses décla- Le Pen s’exprimerait autrement, rations qui sont même plutôt en- n’emploierait pas systématiquement deçà de ce qu’il avait confié au men- le mot « détail » et ne reviendrait suel Bretons au printemps dernier. pas si souvent, et de cette manière, Or, comme Vincent Reynouard l’a sur la question. souvent expliqué, si les chambres à gaz homicides ont existé et ont gazé ♦UNE SEULE ISSUE POSITIVE : des millions de juifs innocents, c’est CRACHER LE MORCEAU AVANT DE tout sauf un détail. Et même si on le QUITTER LA SCÈNE ! compare à l’ensemble des événe- ments d’une guerre mondiale, ce Après soixante ans de combat po- n’est évidemment pas un détail. En litique, avant de passer la main à réalité, tout se passe comme si Le son successeur, en principe au prin- Pen qui n’a pourtant plus grand- temps 2011 lors du XIVe congrès chose à perdre à près de 81 ans ordinaire du Front national et de n’osait toujours pas cracher le mor- prononcer son Nunc dimittis , Jean-

Un dessin anti-Le Pen. On notera que son auteur ne montre aucune « chambre à gaz homicide ». Si J.-M. Le Pen déclarait clairement que ces pré- tendus locaux de mort n‘ont pas existé, il pourrait facilement critiquer ce des- sin. Mais en laissant sous-entendre qu‘ils ont existé, donc que les camps étaient des « camps de la mort », toutes ces images deviennent autant de « preuves » que les Allemands exterminaient les détenus... 284 Sans Concession

Parce qu‘il a refusé de « cracher le morceau », J.- M. Le Pen restera comme l‘individu pour lequel plu- sieurs millions d‘hommes, de femmes et d‘enfants mé- thodiquement mitraillés et asphyxiés, c‘est un « détail ».

quasi-cadavre d’Ariel Sharon, ne sont plus maintenues en vie que de manière artificielle. Dans la récente affaire Williamson, les médias du monde occidental s’en sont pris violemment à l’évêque révisionniste mais pas un seul d’entre eux ne lui a fait la réponse qui s’imposait : “Vous ne croyez pas aux chambres à gaz nazies ? Voici pourtant la photo d’une telle chambre à gaz, que les touristes peuvent visiter à Auschwitz ou dans tel autre camp !”. Et per- sonne non plus n’a tenté de lui donner la réplique en lui montrant le Marie Le Pen se trouve à la croisée moindre document. Seule Beate Klars- des chemins. Soit il en reste là et il feld lui a suggéré, sans autre précision, restera dans l’histoire comme un de lire l’ouvrage monumental du phar- Poujade-bis qui aura simplement eu macien français Jean-Claude Pressac, Auschwitz : technique and operation of une plus grande longévité politique the gas chambers, édité en 1989 par... la que l’ex-papetier de Saint-Céré. Soit Beate Klarsfeld Foundation de New Le Pen sera dans l’après-guerre le York. Mais il ne s’agissait là de sa part seul grand homme politique de l’Eu- que d’esbroufe médiatique car B. Klars- rope et de l’Occident (il y a Mah- feld ne pouvait ignorer qu’en 1995, soit six ans plus tard, l’auteur a renié sa moud Ahmadinejad en Orient) à thèse et qu’il a fini par écrire que, oser dire publiquement ce qu’il faut “pourri” par trop de mensonges, le dos- penser de ce que l’héroïque Horst sier de l’histoire de l’extermination des Mahler a appelé « le plus gros men- juifs était voué “aux poubelles de l’his- songe de l’histoire ». Le courage toire”. J.-C. Pressac a daté du 15 juin 1995 le texte de cette rétractation, texte avant de quitter définitivement la qui n’a été rendu public qu’en 2000 par scène politique et médiatique, c’est l’historienne Valérie Igounet dans son ce à quoi l’exhorte le professeur Ro- Histoire du négationnisme en France, bert Faurissson, lui aussi octogé- Seuil, p. 651-652. J.-C. Pressac est mort naire, et nous ne pouvons, nous le 23 juillet 2003, à l’âge de 59 ans, sans avoir été jamais poursuivi en justice. semble-t-il, mieux conclure qu’en Pour sa part, Jean-Marie Le Pen vient citant la fin de l’un des récents mes- de répéter que les chambres à gaz sont sages du chef de file de l’école révi- un détail de l’histoire de la seconde sionniste daté du 26 mars et adressé guerre mondiale. En fait, ces prétendus à ses correspondants sur Internet : abattoirs chimiques sont moins qu’un détail puisque, aussi bien, ils sont dé- Aujourd’hui, en 2009, les magiques pourvus de toute réalité matérielle, mais chambres à gaz nazies, à l’instar du la violence des réactions suscitées par la 285

Bruno Gollnisch

On peut souhaiter que J.-M. Le Pen décide un jour de quitter la vie publi- que sur une déclaration révisionniste comparables à celles du président iranien Ahmadinejad. Il passerait à l’histoire comme le premier homme politique d’importance qui, en Occi- dent, aurait dit la vérité sur le plus grand mensonge international des temps modernes. Pour ma part, je souhaite qu’avec Bruno Gollnisch, il franchisse enfin le Rubicon. récidive de J.-M. Le Pen montre que ce- lui-ci a porté atteinte au plus formidable Jérôme BOURBON, tabou religieux de notre temps. Il serait piquant de le voir rétorquer à . ses adversaires qu’il s’étonne de leur indignation : que diable faisaient ces gens ou leurs amis du temps où J.-C. Sauf mention contraire, toutes les Pressac, le protégé du couple Klars- citations de cet article sont extraites feld, parlait, lui, des chambres à gaz de dépêches AFP (Agence France comme de mensonges promis aux pou- Presse) intégralement consultables belles de l’histoire ? Comment expliquer que personne n’ait élevé de protestation sur Internet à partir du moteur de ni réclamé de poursuites ? recherche Google.

UN DETAIL : L’ASSOURDISSANT SILENCE DE CERTAINS… ET DE TOUS CEUX QUI NE SONT PAS TRËS AU « CARRÉ »

Par Franck Timmermans

Jean-Marie LE PEN vient d’être ce jour pour les journalistes sauf la cible d’une vive attaque à la fois quelques individus, anonymes pour politique et administrative de la la plupart, qui « déplorent la sail- part du Parlement européen, et des lie » de LE PEN, ou son « fâcheux ses composantes les plus gauchistes effet » ou encore le « caractère inop- et les plus lâches. Or, face à cette portun » de ses propos. De telles dé- attaque, dont le seul détonateur fut robades et de tels commentaires l’âge de doyenneté probable de LE dans la presse ou sur les ondes sont PEN en juillet prochain, force est de absolument inacceptables. Du constater l’absence de solidarité et moins, pour les spectateurs exté- de soutien du FN officiel à son Pré- rieurs proches du FN dont je suis. sident ! La direction du FN à Nan- Comment peut-on imputer au terre et ses services sont courageu- Président LE PEN l’inopportunité sement aux abonnés absents depuis de ses réactions quand tout témoin 286 Sans Concession honnête a pu constater que la provo- de groupes gauchistes. Il n’a rien cation est venue de Schultz et Cohn- ajouté de plus à un débat qu’il a lui- Bendit ?!? Comment ne pas être même décidé de clore tant que les solidaire, au moins sur la forme, Lois liberticides de la République quand on sait que cette attaque a resteraient ce qu’elles sont. Quant à une fois de plus pour but de discri- la polémique et au scandale pro- miner les idées nationales ? Et la duits, ils ne sont que l’émulsion d’un proximité des élections européennes hémicycle viscéralement hostile ; LE devraient éclairer tous les pusillani- PEN a bravé une Assemblée euro- mes terrés au fond de leurs botti- péiste qui est le repaire de tous les nes ! ennemis de la souveraineté fran- Un silence, en politique, n’est ja- çaise, et alors ??? Cette seule atti- mais neutre. C’est trop souvent le tude, sous les huées de parlementai- signe d’un désaveu implicite. De res fantoches, devrait forcer le res- ceux hypocritement adoptés quand pect de toutes et tous. on souhaite se démarquer ou échap- On ne peut que s’interroger sur per à l’opprobre. De ceux aussi dont l’avenir du FN et la nature de sa « on se drape dans la bourgeoisie fa- dédiabolisation » si son Président miliale quand on craint d’être impli- laissait son mouvement se formater qué par l’extravagance d’un parent progressivement au Système. Fût-ce ou la disgrâce d’une situation sca- « grâce aux seuls silences ». Si les breuse. Or, ce silence est si lourd ennemis de la France cherchent à qu’il en devient allusif puisque les éliminer Jean-Marie LE PEN et in- médias s’emploient justement à im- voquent toujours les mêmes raisons puter aux arguments de LE PEN les pour justifier leurs forfaits, peut- symptômes de l’âge, d’une obses- être faudrait-il s’interroger sur la sion, voire d’une irresponsabilité ! nature de leurs motivations, sur les Alors que sa lucidité sur le sujet n’a totems, dogmes et tabous en jeu, sur jamais été aussi aiguisée. le lobbying politico-médiatique qui Que valent ces troupes, pourtant s’acharne ainsi sur le FN depuis investies de missions électorales im- plus de 20 ans ! Et non, par son si- portantes, quand elles refusent à lence, laisser les loups hurler, don- leur capitaine un soutien élémen- ner un soutien tacite à nos pires dé- taire au plus fort d’une petite tem- tracteurs totalement responsables pête ? de la provocation présente. Sinon, Et que vaudront-elles plus tard toute candidature au Parlement eu- quand les éléments seront déchaî- ropéen serait entachée d’une repen- nés au premier prétexte ? tance contenue, prélude d’une trahi- A Strasbourg, LE PEN n’a fait son prochaine. que répondre aux provocateurs et ses propos n’ont consisté qu’à recti- fier les amalgames des présidents Franck TIMMERMANS