UNIVERSITE D’

ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT

FORMATION DOCTORALE ______

MEMOIRE pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies en Agro-Management

ANALYSE DE FONCTIONNEMENT DU PERIMETRE IRRIGUE DE MANGAMILA

Présenté par Célestin RADISON RAKOTOARISOA

Promotion : MANAGER Année universitaire : 2003-2004

Président du Jury : Pr Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Professeur Titulaire ESSA Directeur scientifique à la Formation Doctorale Département Agro-Management Rapporteur : Romaine RAMANANARIVO Docteur d'Etat ès Sciences Physiques Chef du Département Agro-Management Responsable de la Formation Doctorale du Département Agro-Management Examinateurs : Sylvain RAMANANARIVO Docteur d'Etat ès Sciences Physiques Enseignant à la Formation Doctorale du Département Agro-Management

Dr Rolland RAZAFINDRAIBE Chef du Département Recherche Développement FOFIFA Enseignant à la Formation Doctorale du Département Agro-Management

Dr Havoson RAKOTOARIVELO Enseignant à la Formation Doctorale du Département Agro-Management

soutenue le 25 mars 2005

A ma famille pour son soutien moral,

A mes enfants :

Tsiry,

Soary,

Hermès,

Yaël

La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle ( Psaumes 118 : 22 )

RESUME

L'amélioration des interventions sur un système irrigué nécessite une analyse de fonctionnement avant de préconiser les solutions y afférentes. Cette étude permet de mettre en exergue les règles contractuelles pré existantes pour la gestion de l'eau sur le périmètre de Mangamila. Une approche historique combinée à une analyse systémique des exploitations suivant les modalités de gestion de l'eau avec les acteurs en présence revèle que le périmètre de Mangamila est une construction sociale. Il est ainsi démontré que la dynamique historique liée à la tradition hydraulique et la tradition rizicole atteste que le groupe fondateur de ce périmètre se positionne en dominant par rapport à la gestion des ressources naturelles – terre et eau – ainsi que les résultats économiques y relatifs. Toutefois, les externalités décrites dans cette étude ont des impacts pour tous les usagers de l'eau. Cette étude explique le décalage entre les objectifs pour le développement de la production rizicole et les résultats obtenus ; ce décalage provient du dysfonctionnement généré par les investissements pour la réhabilitation des infrastructures et les incitations pour l'amélioration de la productivité du périmètre de Mangamila. Des recommandations sont formulées pour une meilleure performance du secteur irrigué.

MOTS-CLES : système irrigué – tradition rizicole – gestion paysanne de l'eau – externalités

SUMMARY

Enhancing the actions on irrigated system requires deep analyses prior any regarding technical solutions. This study underlines the contractual pre existing rules related to water management in Mangamila area. Indeed, the historical approach with a systemic analysis of rice farming according to the procedure of water management reveal that the perimeter of Mangamila was built up from social organisation. The evolution of the perimeter linked to the tradition water use and rice production underscores the important role of social group founder of the area in managing the existing natural resources – land and water – as well as the economics effects. Nevertheless, the externalities touched all the water users in Mangamila perimeter. This study attempts also to explain the gap between objectives and results in rice production. In fact, such difference comes from the dysfunction generated by large infrastructure rehabilitation investment and an insufficient action toward rice production enhancement on irrigated area of Mangamila. Recommendations are presented to improve outcomes from irrigated area.

KEY – WORDS : irrigated system – rice-producing tradition – peasant water management – externalities.

REMERCIEMENTS

Cette étude n'aurait vu le jour sans la collaboration des personnes qui ont contribué directement ou indirectement à son élaboration.

Je remercie vivement Monsieur Le Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Directeur scientifique à la Formation Doctorale Département Agro-Management, pour me faire l'honneur de présider le jury de soutenance.

Je remercie aussi Madame Le Professeur Romaine RAMANANARIVO, Chef du Département Agro- Management, d'avoir accepté pour être mon rapporteur; qu'elle trouve ici ma gratitude pour les efforts fournis tant sur le terrain que pour le travail accompli pendant la phase de rédaction de ce mémoire dans la qualité de l'encadrement.

Je tiens à remercier Monsieur Le Professeur Sylvain RAMANANARIVO, Enseignant à la Formation Doctorale Département Agro-Management, pour ses conseils et ses indications quant à la formulation et la rédaction de ce travail.

Mes remerciements vont à l'endroit du Docteur Rolland RAZAFINDRAIBE pour les échanges d'idées relatifs à la contribution des "sciences molles" dans le domaine du développement rural et ses conseils.

Je suis aussi reconnaissant au Docteur Havoson RAKOTOARIVELO, une connaissance de longue date au niveau professionnel, pour siéger parmi les membres du jury.

A tout le personnel enseignant qui ont prodigué de leur effort pour la qualité de travail rendu.

Enfin, je remercie toutes les personnes que j'ai rencontrées sur le terrain, notamment les personnes âgées pour qui je suis très reconnaissant pour les informations historiques. Et plus particulièrement, Monsieur James RAKOTOMAVO, maire de la commune rurale de Mangamila pour le travail qu'on a fait ensemble pour l'amélioration du fonctionnement du périmètre.

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SOMMAIRE

RESUME REMERCIEMENTS SOMMAIRE ...... i LISTE DES TABLEAUX ...... iv LISTE DES GRAPHIQUES...... iv LISTE DES ACRONYMES ...... v INTRODUCTION ...... 1 I. METHODOLOGIE ...... 5 1. Supports et matériels ...... 6 1.1. Liste des usagers et parcellaires ...... 6 1.2. Système d’Information Géographique ...... 7 2. Approche historique ...... 7 3. Typologie des exploitations ...... 8 4. Modalités de la gestion de l’eau : le chemin de l’eau ...... 9 5. Etude économique ...... 10 6. Chronogramme ...... 11 II. RESULTATS 1. Historique du périmètre ...... 12 1.1. Contexte historique ...... 12 1.2. Ere précoloniale ...... 12 1.3. Compagnie coloniale ...... 13 1.4. Reprise des terres ancestrales ...... 14 1.5. Société « Formose » ...... 15 1.6. Ere de la libéralisation ...... 15 2. Typologie des exploitations ...... 17 2.1. Critères « économiques » ...... 17 2.1.1. Type I : les exploitants « passéistes » ...... 18 2.1.2. Type II : les exploitants à revenus rizicoles moyens ...... 18 2.1.3. Type III : les exploitants à faibles revenus rizicoles ...... 19 2.2. Critères « calendrier cultural » ...... 19 2.2.1. Les adoptants du vary aloha ...... 19 2.2.2. Les adoptants du vary vakiambiaty ...... 20 2.2.3. Les adoptants du botramanitra ...... 20 ii

2.2.4. Les défavorisés par rapport à l’eau ...... 20 2.2.5. Les adoptants du riz pluvial ...... 21 2.3. Critères « bilan d’irrigation » ...... 21 2.3.1. Suivant la position hydraulique ...... 22 2.3.2. Suivant la nature des sols et les aménagements...... 22 2.4. Analyse économique de la spéculation riz ...... 23 3. Modalités de la gestion de l’eau ...... 24 3.1. Approche technique de l’irrigation ...... 24 3.1.1. Description de l’hydrosystème ...... 24 3.1.2. Aperçu sur les ressources ...... 25 3.1.3. Technologie de l’irrigation ...... 26 3.1.4. Fonctionnement de la gestion de l’eau ...... 28 3.1.5. L’Association des usagers de l’eau ...... 29 3.1.6. Bilan de l’irrigation ...... 33 3.2. Chemin de l’eau ...... 35 3.2.1. Captage ...... 35 3.2.2. Transport de l’eau ...... 36 3.2.3. Distribution de l’eau ...... 36 3.2.4. Conflits de l’eau, conflits d’usage ...... 37 4. Les acteurs sur le périmètre de Mangamila ...... 40 4.1. Les zanak’andriambe ...... 40 4.1.1. Tradition hydraulique et tradition rizicole ...... 40 4.1.2. Appropriation ou adaptation ...... 41 4.1.3. Contraintes au niveau des ressources ...... 41 4.2. L’Etat pour une logique d’action publique ...... 43 4.2.1. Garant d’une politique pour une autosuffisance alimentaire ...... 43 4.2.2. Mobilisation des usagers et mobilisation des fonds ...... 43 4.2.3. Résultats mitigés ...... 44 4.3. Les collecteurs tenant de la logique du marché ...... 44 4.3.1. Prix pratiqué ...... 44 4.3.2. Marge de manœuvre large, volume de ventes réduit ...... 45 5. Les externalités liées à l’exploitation du périmètre ...... 46 5.1. Problématique des bassins versants ...... 46 5.1.1. Impacts positifs et négatifs ...... 46 5.1.2. Exploitation des BV ...... 46

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5.1.3. Limites de l’exploitation des BV ...... 48 5.1.4. Nécessité d’une démarche recherche actions ...... 48 5.2. Conséquences des passages des cyclones ...... 49 5.2.1. Excès de pluies ...... 49 5.2.2. Réparation des dégâts ...... 50 5.3. Etat par rapport à l’environnement économique ...... 50 5.3.1. Apports des investissements ...... 50 5.3.2. Tendances pour l’amélioration des résultats économiques ...... 51 III. DISCUSSION 1. Les informations de l’histoire ...... 53 1.1. Au stade initial ...... 53 1.2. Le passé récent ...... 54 1.3. Pour un développement durable ...... 54 2. Sur la dynamique des exploitations...... 55 2.1. Au niveau foncier ...... 55 2.1.1. Sur les rizières ...... 55 2.1.2. Sur les bassins versants ...... 56 2.2. Au niveau gestion de l’eau ...... 56 2.2.1. Un saut technologique ...... 56 2.2.2. Une approche adaptée ...... 57 2.3. Au niveau institutionnel ...... 57 2.3.1. Une organisation communale ...... 57 2.3.2. Les interventions de l’Etat ...... 57 CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ...... 61

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LISTE DES CARTES

Carte 1 : Carte de repérage du périmètre de Mangamila …………………………………………6 Carte 2 : Les premiers aménagements du périmètre……………………………………………13 Carte 3 : Les extensions du périmètre de Mangamila ………………………………………….15 Carte 4 : Les quinze mailles du périmètre de Mangamila ……………………………………...17 Carte 5 : Les sols sur le périmètre de Mangamila………………………………………………22 Carte 6 : Les secteurs du périmètre de Mangamila……………………………………………..24

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Chronogramme des activités ------11 Tableau 2 : Récapitulation des caractéristiques suivant critères « économiques » ------19 Tableau 3 : Récapitulation par type, mailles et pratiques culturales ------21 Tableau 4 : Récapitulation de la répartition des sols suivant la typologie ------22 Tableau 5 : Etat des BV sur le périmètre de Mangamila ------25 Tableau 6 : Disponibilité et besoins en eau pour une fréquence quinquennale sèche. ------26 Tableau 7 : Adhésion des usagers à l’AUE ------31 Tableau 8 : Montant total des travaux à Mangamila depuis 1991 ------32 Tableau 9 : Ratio gain supplémentaire et coût supplémentaire ------51

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Courbe de revenu ajustée en fonction de la superficie rizicole ------23 Graphique 2 : Répartition des usagers par classe de superficie ------42 Graphique 3 : Revenu sur tanety suivant la superficie ------47

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LISTE DES ACRONYMES

ANAE Association Nationale d'Actions Environnementales AUE Association des Usagers de l'Eau BV Bassin versant CNEARC Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes ETP Evapotranspiration potentielle FAO Food and Agricultural Organization FID Fonds d'Intervention pour le Développement FOFIFA Foibe Fikarohana ho Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra ORSTOM Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre Mer PCD Plan Communal de Développement PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PI Périmètre irrigué PPI Projet Périmètres Irrigués PPI 2 Projet de Réhabilitation des Périmètres Irrigués phase 2 PVC PolyVinyl chloré

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INTRODUCTION Depuis les années 1970, de nombreux efforts ont été accomplis pour l’aménagement et/ou la réhabilitation des périmètres irrigués pour la maîtrise de l’eau à . Il est constaté que l’objectif fixé, l’autosuffisance en production rizicole, est rarement atteint et ce pour plusieurs raisons.

Toutes les politiques d’aménagement en faveur de la maîtrise de l’eau ont connu une résistance de la part des bénéficiaires. Cette résistance se caractérise par la persistance des conflits d’eau parfois larvés ou ouverts et qui met en cause la gestion de l’eau dès son captage, au transport et à la distribution et la pérennisation des infrastructures hydro agricoles.

Alors, toute intervention tendant à l’amélioration du réseau hydro agricole est toujours remise en cause pour la pérennisation des infrastructures mise à part les externalités liées à l’exploitation du périmètre. Ainsi, l’amélioration des interventions sur les périmètres irrigués s’impose pour l’augmentation de la production rizicole qui passe nécessairement par la maîtrise de l’eau.

L’adéquation de la politique de développement rizicole est nécessaire en tenant compte de l’interaction des acteurs sur le périmètre et les externalités majeures liées à l’exploitation du périmètre. En effet, la participation des usagers est exigée, mais la nature des contraintes liées à l’efficience du périmètre est à déterminer pour une meilleure résolution des conflits de l’eau.

La mise en œuvre de la politique du secteur irrigué reconnaît à être plus efficace tant au niveau des bénéficiaires que les partenaires techniques et financiers. Après les échecs de la politique interventionniste de l’Etat des années 70, l’élaboration d’une méthodologie d’approche et de stratégies pour faire participer les bénéficiaires était de mise et a connu ses heurs et ses malheurs depuis les années 90. Les projets ou programmes de réhabilitation se heurtent à une résistance passive des bénéficiaires face à ces innovations dans la majorité des cas ; elle provient de différentes causes dont l’origine gravite autour des facteurs de production tels l’eau, la terre et surtout dans ses aspects liés aux facteurs biotechniques pour l’augmentation de la production rizicole.

« La réponse émanant des différents sous secteurs a été très inégale. C’est ainsi par exemple que la production rizicole n’a pas pu suivre le rythme de l’accroissement de la population malgré l’existence d’un vaste réseau d’irrigation » [10]

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Cette situation problématique, évoquée dans le cadre du Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, en 2004, [10] amène à dire qu’il existe un décalage entre les objectifs pour le développement de la production rizicole et les résultats obtenus :

• on parle toujours et en premier lieu de la maîtrise de l’eau par l’amélioration des infrastructures ; or,

• sur les périmètres irrigués, des règles contractuelles pour la gestion de l’eau préexistent au niveau des usagers de l’eau pour le captage, le transport et la distribution de l’eau.

La négociation des règles de gestion des ressources eau et terre, et celle des systèmes techniques imposés pour la plupart font défaut et entraînent un dysfonctionnement au niveau du réseau ; ce qui entraîne un processus continuel de réhabilitation des infrastructures, c’est-à-dire on remet toujours en état de fonctionnement initial des périmètres. Ce processus constitue, non seulement un gaspillage, mais un blocage des relations sociales ; elles devraient normalement se produire dans les modes alternatifs de résolution de conflits comme la négociation entre communautés pour la gestion des ressources naturelles, ou, la médiation sur des problèmes de fonds pour le développement rural, entre autres, l’augmentation des revenus.

La dynamique historique et la typologie peuvent démontrer que le périmètre irrigué est une construction sociale ; une quelconque intervention nécessite la connaissance des règles préexistantes entre les communautés dans la gestion des ressources naturelles : l’eau et la terre.

La description de ces règles démontre qu’il existe des relations d’entente et/ou de mésentente entre les usagers pour l’appropriation foncière, la domestication de l’eau ainsi qu’à sa distribution et la mise en œuvre de techniques pour l’exploitation des terres. Des conflits peuvent apparaître, les solutions d’adaptation en cas de manque ou d’excès d’eau sont à identifier et à décrire. Les acteurs qui entrent en jeu sont repérés pour suivre leur dynamique.

Après diagnostic de la faible performance du secteur irrigué, l’apport de solutions pour la maîtrise de l’eau sur les périmètres permet d’atteindre une augmentation de la production rizicole. En fait, la dégradation des infrastructures est la principale raison pour l’orientation des interventions. ( Annexe III : Déclaration de politique pour le développement du sous secteur irrigué – 31 mai 1994 )

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Face à ces deux considérations, l'objectif de ce travail est de décrire le décalage inévitable entre les objectifs des décideurs et la pratique paysanne. Le périmètre de Mangamila accuse ce décalage et on observe des dysfonctionnements au niveau de la gestion de l’eau ainsi que les interventions pour la maîtrise de l’eau.

Des externalités liées à l’exploitation du périmètre posent plus de problèmes que l’amélioration de la maîtrise de l’eau.

Les hypothèses suivantes sont avancées :

• Le périmètre irrigué est une construction sociale qui fonctionne suivant des règles contractuelles entre les communautés.

• L’accès à l’eau est prioritaire pour la riziculture irriguée ; il existe des conflits de l’eau sur le périmètre irrigué de Mangamila.

Ce travail consiste à démontrer que ce construit social est une réalité sur le périmètre de Mangamila et à formuler des recommandations en vue de l’amélioration des interventions pour la maîtrise de l’eau par les usagers.

La première partie de ce travail, réservée à la méthodologie, consiste à décrire le déroulement des grands traits historiques du périmètre de Mangamila. Le périmètre irrigué se transforme suivant une histoire évolutive de la société qui l’exploite. La remontée dans le temps et la reconstitution des périodes majeures de l’histoire du périmètre permettent d’élucider le jeu des acteurs ainsi que les enjeux sur la modalité de la gestion de l’eau. Elle essaie de retracer la succession de différentes politiques mises en œuvre pour l’amélioration de la maîtrise de l’eau.

La deuxième partie concerne les résultats sur la typologie des exploitations sur le périmètre suivant des critères allant de l’économique, aux stratégies par rapport au calendrier cultural et suivant le bilan de l’irrigation. On procède à une analyse économique du système production riz sur le périmètre avec une indication de la fonction de production. Elle décrit aussi les modalités de la gestion de l’eau suivant la conception technicienne et l’adaptation des usagers suivant leur pratique. Enfin, elle concerne aussi les jeux et les enjeux de l’interaction des acteurs suivant les valeurs, les attitudes et leur comportement par rapport au périmètre irrigué.

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Enfin la troisième partie présente les discussions et les recommandations basées sur la coopération qui devrait exister entre l’Etat et les paysans.

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I. METHODOLOGIE

La problématique des systèmes irrigués tourne autour des acteurs qui l’exploitent. « L’eau est éminemment sociale et devrait être traitée comme telle » avance Jean Luc Sabatier [14].

Le modèle d’analyse du système irrigué proposé par Thierry RUF indique une synthèse des représentations sociales, politiques et économiques d’un système irrigué [12].

Partant de ces deux concepts, une démarche scientifique orientée principalement vers les sciences sociales a été adoptée. L’approche retenue repose sur :

• des considérations historiques de la zone d’étude, • l’élaboration de typologie des exploitations facilitant la compréhension de la dynamique au sein du périmètre. La typologie des exploitations sur le périmètre reprend le travail de HERY Andriamandraivonona dans son mémoire intitulé Contribution à l’amélioration de la gestion de l’eau : cas du périmètre de Mangamila [2]. • l’analyse de la dynamique des exploitations des paysans et leurs stratégies par rapport à l’irrigation suivant les enquêtes, • les modalités de la gestion de l’eau. Une observation sur la priorité de l’accès à l’eau des usagers est faite aux moments critiques c’est-à-dire pendant la mise en eau et la mise en boue. Cette observation s’est appuyée du plan d’ensemble du périmètre en notant l’ordre d’irrigation et en identifiant les usagers et/ou le groupe suivant la liste des usagers.

A travers les résultats obtenus, différentes analyses ont été menées : • une analyse systémique des différents types d’exploitations obtenus, • une analyse dynamique de ces mêmes exploitations et, • une analyse de leurs stratégies par rapport à l’irrigation.

Dans cette approche, des études bibliographiques suivies des interviews des notables et des réunions auprès des personnes ressources ont été entreprises.

Avant de développer cette approche, il est indispensable de présenter les supports de l’étude.

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1. Supports et matériels

Une présentation sommaire du périmètre de Mangamila s’avère nécessaire avec l’appui d’une carte de repérage. Le périmètre de Mangamila se trouve à 70 Km de la capitale Antananarivo sur la route nationale n° 3. Cette route est en bon état toute l’année et le périmètre se trouve en sa bordure. L’altitude moyenne est de 1300 mètres, ses coordonnées se présentent comme suit : latitude entre 18° 30 et 18° 40 Sud et longitude entre 47° 50 et 48° Est, sur la carte FTM n° 54 Ambatomena – Feuille n° 46 à l’échelle de 1/100.000è. Le périmètre s’étend sur 2 Km environ depuis les ouvrages de tête jusqu’à l’exutoire sur la rivière Mananara. Il a une superficie de 220 hectares. Mangamila est une commune rurale ayant 13000 habitants avec 19 fokontany 1 répartis sur 139 Km² de superficie.

Carte 1 : Carte de repérage du périmètre de Mangamila

( extrait de la carte FTM à l’échelle 1/100.000è, feuille Q 46 – Ambatomena ) – Annexe IX

1.1. Liste des usagers et parcellaires

Un premier recensement des usagers a été fait en 1989 par le projet MAG/86/004 avec mention d’un numéro individuel permettant l’échantillonnage en vue d’enquêtes, le nom et prénoms du propriétaire des parcelles recensées, le nom et prénoms du cultivateur des parcelles recensées, le village d’habitation du cultivateur, la superficie de la parcelle en ares et le numéro du secteur dans lequel se situe la parcelle concernée. [15]

Un deuxième recensement est établi par le projet PPI en 1997. Il mentionne le numéro de chaque exploitant et reporté sur le secteur où il appartient, le nom et prénoms, le numéro de la carte d’identité nationale, le village où habite l’exploitant, les numéros de la parcelle sur les secteurs et le total de la superficie pour chaque exploitant. ( cf. Annexe I )

L’exploitation de cette liste constitue l’outil de travail choisi dans le cadre de ce travail pour les informations sur la propriété foncière. Cette liste présente l’avantage d’une possibilité de repérage sur le plan d’ensemble qui est utilisé ultérieurement dans la modalité de gestion de l’eau.

1 C’est l’entité administrative de base composée de plusieurs quartiers.

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1.2. Système d’Information Géographique

Divers plans et les photo aériennes disponibles ont été consultés pour mieux se rapprocher du contexte de l’étude : les premiers aménagements suivant la mémoire d’homme pour la reconstitution et le repérage sur le terrain, et surtout l’actuel plan qui présente tous les ouvrages du réseau hydroagricole de Mangamila qui est à l’échelle de 1/2500è.

Se rapportant toujours à l’actuel plan d’aménagement du périmètre à une échelle réduite et surtout pendant les travaux exécutés par le projet PNUD FAO MAG 86 004, une reconstitution est établie par l’auteur suivant les données recueillies sur le terrain avec un support informatisé.

Partant de ce système d’information géographique, les mesures et les évaluations sont reportées sur le fond de carte pour la suite de la compréhension de cette recherche. Alors une reproduction pour les thèmes à étudier est reportée dans le document pour faciliter la lecture de ce travail. La carte montrant la pédologie du périmètre a été établie suivant les données de Pascal de Giudici dans son rapport sur l’étude du périmètre en 1989 [7]

2. Approche historique

La logique sociale superposée à celle de la trame physique [11] est mise en relief par :

• L’histoire de la construction du réseau, • la logique d’attribution des premiers droits d’eau, • l’analyse des conflits, crises et procès à la lumière des changements historiques concomitants tels que la démographie, la saturation foncière, la modification de la ressource en eau et les changements agronomiques,… • l’évolution des règles de partage et de transmission des droits d’eau • les remises en cause de l’autorité hydraulique.

La compréhension de cette logique sociale peut permettre d’anticiper des dysfonctionnements ou d’y apporter des correctifs susceptibles d’être acceptés par les intéressés [13]»

L’approche historique a ainsi été privilégiée et a été entreprise par rapport à la gestion des deux ressources naturelles : l’eau et la terre, et les actions pour leur appropriation.

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Ont été interviewées les personnes âgées dans la commune, au nombre de sept, dont l’âge variant de 85 à 95 ans et qui ont été des ex-maires, des ex-députés-maires, des ex-mpiadidy. Des rencontres avec le maire, les notables et les délégués de maille au nombre de trente ont eu lieu. En ce qui concerne les délégués de maille, une réunion sur convocation du président de l’association a eu lieu dans la salle de la commune ; chaque délégué explique le fonctionnement de la gestion de l’eau tout en évoquant les problèmes de chaque maille. La carte du périmètre de Mangamila à l’échelle 1/2500 è est le support pour la conduite de la discussion sur la distribution de l’eau et la maintenance du réseau. Elles ont permis aussi la reconstitution de l’histoire du périmètre depuis sa fondation.

Une recherche bibliographique, orientée sur l’historique de la région, notamment Françoise Le Bourdiec in Hommes et paysages du riz à Madagascar [3] complète la tradition orale transmise de génération en génération.

La compréhension du stade actuel du périmètre se base sur une approche systémique suivant la méthodologie préconisée par Thierry Ruf et François Molle in Eléments pour une approche systémique du fonctionnement des périmètres irrigués [6] lors du colloque sur les recherches système en agriculture et développement rural.

Cette méthodologie se base sur une approche physique du périmètre, ainsi que son fonctionnement, de l’environnement qui le constitue et les finalités suivant le groupe social en jeux. Il propose aussi une approche suivant l’expression des logiques sociales des acteurs et des groupes sociaux ; ce qui débouche sur le jeu des interactions suivant les valeurs, les attitudes et le comportement des acteurs.

Enfin, une combinaison avec la typologie des exploitations permet d’expliquer la dynamique suivant les stratégies des acteurs.

3. Typologie des exploitations

La typologie des exploitations permet d’analyser la complexité de la structure du monde rural. Une étude [2], effectuée en 1999, par Hery Andriamandraivonona Rakoto Dominique au sein de la Coordination Régionale du projet de Réhabilitation des Périmètres Irrigués d’Antananarivo, dans son mémoire de fin d’études est reprise ici pour expliciter cette complexité.

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On a utilisé la même base de données lors de cette étude qui comprend une population statistique qui s’est stabilisée autour de 410 usagers de l’eau recensés et inscrits pour le paiement des frais d’entretien en 1999. L’échantillonnage a été fait sur ces données et l’ensemble des délégués repris dans l’enquête pour la modalité de gestion de l’eau constituera l’aspect qualitatif de la méthodologie.

Trois critères de classification ont été considérés par une analyse statistique sur la base de la liste exhaustive des usagers :

• une première classification provient de la superficie moyenne des rizières sur le périmètre de chaque type d’exploitation, • une deuxième classification est obtenue par la chronologie de repiquage et suivant les variétés de riz pratiquées, et, • une troisième classification est établie suivant la position hydraulique et la nature des sols. En effet, cet aperçu donne une vue plus explicite du fonctionnement du périmètre de Mangamila.

4. Modalités de la gestion de l’eau : le chemin de l’eau

A partir du plan d’ensemble, on reconstitue le chemin de l’eau aux moments critiques : en période d’étiage coïncidant à la mise en eau et à la mise en boue et en période des crues pour la submersion des rizières. La description de la modalité de la gestion de l’eau, suivant le chemin de l’eau, détermine si l’accès à l’eau est prioritaire ou non et suivant la position hydraulique. A chaque niveau d’aménagement correspond un mode de distribution et de partage de l’eau. Ainsi, chaque période de l’histoire constitue une dynamique de changement physique du périmètre.

Le périmètre de Mangamila est subdivisé en quinze mailles, et chaque maille reçoit l’eau de différentes façons. La modalité de gestion de l’eau part du captage, du transport de l’eau et du mode de distribution : c’est le chemin de l’eau.

Dans ce cas, elle consiste donc à décrire l’approche technicienne et la pratique paysanne. L’approche technicienne applique les connaissances scientifiques et techniques en matière d’irrigation c’est-à-dire l’apport d’eau sur un terrain de culture. Cette approche s’appuie sur

10 l’hydraulique appliquée dans le domaine de l’agriculture. La maîtrise de l’eau est axée sur la conception d’ouvrages ayant pour objectif une distribution équitable de la ressource en eau et une efficience de l’utilisation de l’eau.

La pratique paysanne part du mode de gestion de l’eau et éventuellement de l’appropriation des techniques hydrauliques. Elle s’appuie aussi sur des observations du comportement de la ressource par campagne et suivant la pluviométrie mais d’une manière pragmatique. Pour ce faire, des délégués de maille sont responsabilisés pour la répartition de l’eau au niveau de chaque secteur. Ainsi, une enquête exhaustive auprès de ces délégués est menée pour décrire les modalités de gestion de l’eau par rapport à la pratique paysanne. Et des observations in situ avec les délégués concernés confirmeront ou infirmeront cette enquête. Ces observations font l’objet de discussion avec les délégués de maille pour expliciter la pratique paysanne que ce soit sur les façons culturales que sur le mode de distribution de l’eau.

En fait, la méthodologie mise en œuvre a été adaptée suivant les aspects les plus marquants et les plus caractéristiques du système irrigué des hautes terres à savoir, la construction sociale, la tradition hydraulique, les modalités de distribution de l’eau et les acteurs autour du système irrigué.

5. Etude économique

Une étude économique simplifiée a été menée en considérant les relations superficies exploitées et les revenus dégagés par chaque type d’exploitations obtenues. Cette étude concerne les résultats sur :

• les rizières, • les tanety.

Au vu des investissements consentis pour les travaux, une simulation économique a été menée parallèlement en prenant comme variables le prix du paddy et le rendement par l’utilisation d’engrais. L’objectif est d’affiner le ratio gain supplémentaire/coût supplémentaire ; ce qui se traduit concrètement par l’ariary rapporté pour un ariary supplémentaire investi par l’achat d’engrais. L’utilisation d’engrais est considérée comme un facteur d’augmentation de rendement.

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6. Chronogramme

La présente étude s’est déroulée sur une durée de six mois suivant le chronogramme ci-après :

Tableau 1 : Chronogramme des activités

N° DESIGNATION DES ACTIVITES Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. 2004. 2004 2004 2004 2004 2005 01 Bibliographie et enquêtes exploratoires 02 Préparation du plan d’ensemble : digitalisation, reproduction, informatisation, vérification des données, 03 Recueil d’informations préliminaires sur terrain et planification des interventions 04 Préparation du check list des questionnaires sur l’analyse historique 05 Enquêtes sur terrain : aux moments critiques ( étiage et crues ) et ponctuels pour la typologie des exploitations. 06 Traitement des données et analyses : historique, typologie, modalité de la gestion de l’eau, 07 Rédaction partielle 08 Rédaction finale et correction. 09 Remise dossier final

Source : Auteur

Enfin, il serait utile de présenter brièvement les difficultés rencontrées pour l'élaboration de ce travail. En premier lieu, l'adaptation de l'approche méthodologique au contexte du pays nécessite de nombreuses recherches bibliographiques mises à part les cours théoriques de Gestion Sociale de l'Eau dispensés au Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes à Montpellier. En second point, la reconstitution historique avec la transformation sociale nécessite un aller et retour incessant entre les discours des paysans et le changement physique sur le périmètre de Mangamila surtout en ce qui concerne l'extension des rizières. En dernier lieu, les moments des interviews coïncident aux périodes critiques ce qui entraîne une certaine indisponibilité des paysans très occupés par les travaux.

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II. RESULTATS

1. Historique du périmètre

1.1. Contexte historique

L’aménagement des plaines à vocation rizicole est une tradition des Hautes Terres de Madagascar. Au XVIII ème siècle, le roi Andrianampoinimerina a entrepris des grands travaux d’aménagement par l’assainissement de la plaine de Betsimitatatra en construisant des digues et en créant des drains. Pour satisfaire le besoin en riz de son peuple, il fit travailler ses administrés par la mise à disposition de rizières pour être cultivées. Une organisation fut mise en place pour atteindre cet objectif.[3]

Vers la fin du XVIII ème siècle, suite à une vague de migration, la zone nord de l’Imerina fut peuplée par des « andriambe 2 » qui sont un essaimage des nobles ou « andriana » de l’épicentre anthropologique de l’Imerina qui se trouvait aux alentours d’Ambohimanga. [3]

Des « andriambe » au nombre de trente sept, de la localité de Ambohitrangano, près d’Ambohimanga, furent mandatés par le roi Andrianampoinimerina pour conquérir la partie septentrionale de l’Imerina après avoir chassé les bezanozano. Ils commencèrent à aménager des rizières sur la bordure riveraine de la Mananara près de la localité d’Ampotaka. Ils choisirent les endroits propices à la riziculture comme les plaines autour d’Antananarivo.

1.2. Ere précoloniale

Inspiré de l’aménagement de la plaine de Betsimitatatra, ces « andriambe » se sont installés sur l’actuel versant ouest du périmètre de Mangamila au lieu dit Anosifito puis à Amboakandrina, Bekitay et Andranoevo. Ils commencèrent l’aménagement par un choix judicieux de la partie de la vallée qui présentent une topographie régulière ou en pente douce et dont la fertilité est propice à la riziculture.

C’est ainsi que le fonds de vallée situé près du village de Tsaramandroso fut les premières rizières créées sur le périmètre de Mangamila. L’alimentation en eau est assurée par le bassin

2 Les andriambe désignent les premiers nobles partis d’Ambohimanga pour s’installer à Ampotaka et Anosifito

13 versant d’Antevy et la rivière Ampitandambo. Et les premiers aménagements s’arrêtaient au nord dans la zone de Bekitay.

Carte 2 : Les premiers aménagements du périmètre ( Annexe IX )

La superficie aménagée fut environ de 60 hectares, et se trouvait dans les bas-fonds. Les travaux consistaient à un captage sommaire de l’eau par l’entremise de branchages et de pierrailles, la construction des digues de protection contre les crues de la Mananara et les canaux d’irrigation. Ces travaux furent exécutés par un système de corvée des gens qui accompagnaient les « andriambe » sur le périmètre. La superficie moyenne par exploitant fut de 0,8 à 1 hectare.

La dénomination des zones irriguées correspond aux noms des villages auxquels elles sont attachées par ses propriétaires. Aucun problème d’eau n’est apparu. La fertilité et la potentialité des sols attiraient les colons.

Et l’arrivée des colons vers 1902 avec leur politique de domination a vu les « zanak’andriambe 3 » démunis des produits de leur acquis foncier. Ils sont obligés de se déplacer ailleurs ou se mettre au service des colons.

1.3. Compagnie coloniale

Ayant fait l’objet de traite, le riz se présentait au XIX ème siècle comme un produit de première excellence à l’exportation par les colons. C’est ainsi que l’extension des périmètres de colonisation a eu lieu dans les zones productives de Madagascar.[3]

L’administration de Gallieni, suivant la loi du 9 mars 1896, a accordé aux colons des concessions de terres qu’ils peuvent obtenir soit par vente, par location ou à titre gratuit. Le périmètre de Mangamila est parmi ces concessions. [3]

Entre 1900 et 1905, la Compagnie Coloniale de Madagascar s’installe pour l’exploitation d’environ 4000 ha partant d’ jusqu’à . Les activités principales sont le déboisement des forêts naturelles, le reboisement en eucalyptus et en aleurites ainsi que l’aménagement des périmètres hydro agricoles Les travaux ont commencé près du village de Tsaramandroso, la main d’œuvre provient de la population environnante. En effet, l’Etat par le

3 Les zanak’andriambe sont constitués par la génération des andriambe dans la région ou en dehors mais leur origine de parenté reste les andriambe.

14 biais de la Compagnie Coloniale réquisitionne tous les gens valides à raison de six mois de travail obligatoire par tête pour la finition des diguettes, des canaux d’irrigation et les drains. Certaines zones ont été réservées au pâturage du bétail de la Compagnie coloniale. [15]

De nouveaux villages sont créés : Amboniakondro, Mangamila, Ampotaka et Anjezika. Le périmètre d’Ampotaka, situé au sud du périmètre de Mangamila, a été aménagé pendant cette période par le même système colonial.

Les travaux ont été finis en 1945 pour les deux périmètres ; toutefois les travaux de reboisement continuaient toujours. Des surveillants de travaux pour le compte des colons étaient sur place pour assurer de la bonne exécution des travaux. Mais une contestation du pouvoir colonial était née chez les autochtones qui n’acceptaient pas cette domination.

Pendant la période insurrectionnelle de 1947, cette région a été le foyer d’activités anti- colonialistes. Les autochtones s’organisaient autour de la direction de Rabozaka très connu pour son activisme dans la région et l’histoire qui s’ensuivit.

A la veille de l’indépendance, le pouvoir colonial s’est rétracté. La déclaration de l’indépendance a très vite changé le visage sociopolitique de la région. Les pouvoirs locaux sont organisés et désignés par le pouvoir central.

1.4. Reprise des terres ancestrales

Après le départ des colons, le pouvoir a mis en place les structures administratives pour gouverner le pays au niveau de chaque localité, zone et régions. Des élites de la région, provenant des familles des andriambe, ont été désignés par le pouvoir central pour diriger la commune.

Vers 1957, la population locale a repris les terres ancestrales après identification des propriétaires suivant le lignage qui les exploitait sous la diligence des zanak’andriambe. La redistribution s’est passée sans heurt et suivant un consensus que le Mpiadidy 4 de la commune a initié. Quelques centaines de familles ont pu bénéficier des rizières et des tanety 5 à leur convenance. Le pouvoir local dirigé par les zanak’andriambe commençait à mettre ses emprises

4 Ce sont des gens désignés par le pouvoir central pour être responsable d’une collectivité et recevoir les ordres et les directives à suivre. 5 Ce sont les collines surplombant les vallées.

15 par la redistribution des terres et à la gestion de l’eau ensuite. Des extensions furent établies pour se rapprocher de l’actuelle superficie du périmètre. En ce qui concerne les tanety, les parties non exploitées sont reprises par des migrants. Les concessions d’eucalyptus ont été réparties suivant leur ancienne appartenance par les autochtones. Ils exercèrent un droit d’usage qui est accepté par la commune actuellement.

Carte 3 : Les extensions du périmètre de Mangamila ( Annexe IX )

1.5. Société « Formose »

Après l’indépendance en 1960, la société formosane s’est installée à la place des colons. Mais cette fois, les techniciens de cette société ont appris à la population locale les techniques modernes de la riziculture : repiquage en ligne carrée, fumure minérale et organique, culture attelée,…

Cette société formosane travaillait dans cette région suivant un accord conclu entre les deux pays. La partie malagasy fournissait l’accueil, l’hébergement et la partie formosane le salaire des techniciens ainsi que leur déplacement. Cette mission a débuté en 1967 et a pris fin en 1972. Les exploitants de la plaine de Mangamila ont prisé les actions menées par cette mission au vu des pratiques qui persistent encore sur le terrain. Mais ils ont toujours gardé la culture du riz rojomena même après l’introduction de nouvelle variété.

Les infrastructures mises en place par les colons n’ont pas été touchées par les exploitants. Le mode d’irrigation et le drainage fonctionnaient bien pour la riziculture. Pourtant l’ère de la réforme dictée par l’ajustement structurel a soufflé aussi sur le périmètre de Mangamila. Ce qui a conduit l’Etat à élaborer une politique pour le développement du secteur irrigué.

1.6. Ere de la libéralisation

Cette nouvelle politique se caractérise par le désengagement de l’Etat du secteur productif et la responsabilisation des Usagers de l’eau. L’intervention a pour objectif de réhabiliter le périmètre et de rendre pérenne les infrastructures par la prise en charge des usagers de l’entretien. L’intensification de la production agricole est l’appui pour s’assurer de cette prise en charge.

C’est ainsi que le Projet Petits Périmètres Irrigués (PPI) est instauré au niveau du Ministère de l’Agriculture avec comme constat la dégradation physique des infrastructures et les solutions y afférentes pour une maîtrise de l’eau dans l’amélioration de la productivité rizicole. Pour ce

16 faire, la mise en place d’une Association des usagers de l’eau doit assurer la maintenance des ouvrages.

A Mangamila, le projet PPI est intervenu deux fois à savoir :

- le projet PNUD/FAO MAG 86/004 de 1986 à 1991, sur financement de la FAO, - la Coordination régionale du projet PPI de 1996 à 2000 sur financement de la Banque Mondiale.

Le premier consiste à réhabiliter les infrastructures pour la maîtrise de l’eau et une intensification de la production agricole par la mise en place de culture de contre saison et l’amélioration de la productivité des cultures sur tanety. Le second reprend le même objectif mais cette fois ci avec une intervention pour la protection des bassins versants à proximité immédiate du réseau hydroagricole. La participation des Usagers est sollicitée suivant une progressivité de l’aménagement par rapport aux différentes phases d’intervention.

Après ces deux projets, des travaux d’infrastructures ont été faits avec une participation soit financière soit un engagement physique pour des travaux soit la fourniture des matériaux locaux. Des intervenants comme le FID et le Faritany 6 ont contribué à l’amélioration physique du périmètre : renforcement des pistes, construction d’ouvrages de franchissement, réparation d’ouvrages hydrauliques,… Suivant le principe défini dans la politique du secteur irrigué, la mise en place d’une association des usagers de l’eau constitue une condition pour que les bailleurs de fond puissent intervenir.

Actuellement, on constate une détérioration des ouvrages après les travaux. Cette détérioration des ouvrages provient de la dégradation progressive de l’environnement des infrastructures. Ce qui signifie qu’aucune maintenance n’est assurée.

L’origine des autres détériorations est l’adaptation des ouvrages par les usagers face au dysfonctionnement présenté par ces derniers. Enfin, des ouvrages sont détruits et/ou enlevés sans qu’aucune sanction n’a pas été appliquée. Ils sont remplacés par des ouvrages suivant les technologies paysannes. Un retour aux pratiques traditionnelles de l’irrigation est observé sur le périmètre de Mangamila.

6 C’est l’entité administrative qui correspond à la Province.

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En résumé, à travers l’histoire de la création du périmètre, la famille nucléaire des andriambe a participé à sa transformation progressive sous l’impulsion de l’autorité royale. Les premiers aménagements se trouvaient sur les bas-fonds propices à la riziculture ; l’appropriation foncière suivie d’une valorisation par la domestication de l’eau constitue le début de la construction sociale.

L’histoire évolutive du périmètre de Mangamila est aussi marquée par la reprise des terres ancestrales après la domination coloniale. Et la fondation de ce périmètre leur confère un droit d’usage qui reste l’apanage des « zanak’andriambe »

Malgré les innovations apportées par la société « Formose », la tradition rizicole pour la culture de rojomena reste sans changements. L’extension des rizières commençait à gagner du terrain, les zones irrigables sont transformées en rizières.

Diverses politiques mises en œuvre pour l’amélioration de la maîtrise de l’eau sur le périmètre de Mangamila se sont succédées. Mais un retour à la pratique traditionnelle de la gestion de l’eau apparaît sur le périmètre malgré les interventions successives des bailleurs depuis une dizaine d’années.

Cette dynamique historique démontre que le mode de fonctionnement du périmètre de Mangamila sera fortement influencé par ces fondateurs ; ce groupe social formé par les zanak’andriambe se positionne en dominant tout au long de l’histoire.

2. Typologie des exploitations

On définit les mailles hydrauliques comme une entité qui présente le même fonctionnement par rapport à l’alimentation en eau et l’évacuation des excédents. Sur le périmètre de Mangamila, on a 15 mailles hydrauliques présentées sur la Carte n° 4 en Annexe IX.

2.1. Critères « économiques »

Ainsi, trois groupes d’exploitants ont été tirés de [2] : • Type I : les exploitants ayant des rizières de 90 ares en moyenne, • Type II : les exploitants ayant des rizières de 44 ares en moyenne, • Type III : les exploitants ayant des rizières de 26 ares en moyenne.

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2.1.1. Type I : les exploitants « passéistes »

Par la suite, ils seront appelés « passéistes ». Ils sont les plus anciens par rapport aux deux autres types. Ce type d’exploitants représente 32% des exploitants sur le périmètre ; il dispose de 2,8 d’actifs pour le travail familial. La superficie des rizières sur le périmètre varie de 0,60 à 3,6 Ha . Il constitue le groupe qui a un fort attachement à la riziculture sur le périmètre par la culture du riz rojomena de Mangamila. Il coïncide à 95% aux premiers aménagements du périmètre de Mangamila et à 45% de la superficie totale.

Ils exploitent aussi les tanety et/ou les lohatany 7 pour une superficie moyenne de 0,70 Ha et en tirent plus de 58% de leur revenu. En plus, ils possèdent en moyenne 0,40 Ha de rizières hors périmètre dont les travaux se passent après le repiquage des parcelles sur le périmètre de Mangamila.

2.1.2. Type II : les exploitants à revenus rizicoles moyens

Ils représentent 28% des exploitants et ont obtenu par voie successorale leurs parcelles. Donc, leur part est fonction du nombre de co-héritiers et des arrangements familiaux pour la cession et l’exploitation des rizières.

L’éparpillement des parcelles au milieu du périmètre rend plus difficile l’exploitation des parcelles. Ils doivent adopter plusieurs stratégies pour assurer l’irrigation de leurs parcelles sur le périmètre suivant la nature des sols et la position hydraulique. En plus, ce groupe d’exploitants possède 0,40 Ha de rizières hors du périmètre dont les travaux se passent en priorité pour la culture du riz rojomena en attendant leur tour de repiquage sur le périmètre.

Néanmoins, cette catégorie d’exploitants travaille aussi sur les tanety et/ou les lohatany pour une superficie moyenne de 0,65 Ha et dégageant plus de 55% de leur revenu. La dynamique de ce groupe d’exploitants pour augmenter son revenu reste l’extension des activités sur le bassin versant et l’adoption d’innovation.

7 Par rapport au lohasaha ( fond de vallée ), le lohatany est la partie de terrain qui se situe à proximité immédiate du réseau dont le droit de jouissance appartient aux propriétaires des lohasaha en général. Dans ce cas, les andriambe disposent plus de lohatany et une exclusivité sur le droit d’usage.

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2.1.3. Type III : les exploitants à faibles revenus rizicoles

Ils constituent 40% des exploitants et ont obtenu leurs parcelles par voie successorale mais avec un nombre plus élevé de co-héritiers. La taille de la famille indique qu’ils sont constitués de jeunes avec un nombre d’actifs faible. Par rapport à l ‘irrigation, ils se trouvent aussi dans la catégorie du type II. Seulement, leur revenu sur tanety atteint 65% et ils présentent la même dynamique que le type II par rapport à l’irrigation. Pour une superficie de rizières hors périmètre de 0,33 Ha, ils ne dégagent que 35% de leur revenu sur les bas-fonds.

Les trois types obtenus peuvent être visualisés dans le tableau ci-après :

Tableau 2 : Récapitulation des caractéristiques suivant critères « économiques »

Pourcentage Superficie en Ha Pourcentage des Revenus sur le Actifs par Types Rizières Tanety périmètre type Rizières Tanety (%) (%) (%) Type I 32 2,8 0,90 0,70 42 58 Type II 28 1,6 0,44 0,65 45 55 Type III 40 1,4 0,26 0,60 35 65

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2.2. Critères « calendrier cultural »

Les considérations du calendrier cultural comme critère découle des pratiques paysannes observées sur le terrain suivant une chronologie par rapport à la venue de l’eau sur leurs parcelles et les variétés de riz cultivées.

2.2.1. Les adoptants du vary aloha 8

Les rizières pour le vary aloha se trouvent sur les fonds de vallées et se repiquent au mois d’octobre. C’est le riz rojomena qu’on y pratique en priorité. Ces rizières bénéficient des premières pluies et correspondent aux premières rizières exploitées par les andriambe et in extenso les exploitants traditionalistes.

8 c’est le riz de première saison

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Par rapport à l’irrigation, ces rizières sont faciles à irriguer. La perméabilité du sol laisse passer l’eau ; l’eau est recueillie en aval soit par les canalicules faites par les usagers soit par une récupération au niveau des drains.

Ces rizières recouvrent la majeure partie des mailles 1, 2 et les rizières près des drains aux mailles 3 et 4. Les rizières des mailles 13 et 14 sont aussi repiquées au mois d’octobre ainsi qu’une partie de la maille 15.

2.2.2. Les adoptants du vary vakiambiaty 9

Cette pratique consiste à ne pas semer trop tôt. La pluviométrie apparaît trop capricieuse et une sécheresse prolongée provoque l’invasion du fano et le périssement des jeunes plants après repiquage. Alors, l’attente des pluies fait que la majeure partie des rizières soient repiquées au mois de novembre. Ce sont les mailles 5, 8, 11 et 12 qui sont concernées.

Les exploitants du type II et III se trouvent confrontés à pratiquer le vary vakiambiaty, cette stratégie étant dictée par l’ordre de repiquage sur le périmètre.

2.2.3. Les adoptants du botramanitra 10

Le problème d’irrigation de ces rizières provient de la texture sableuse du sol. Le sol s’engorge d’eau mais s’infiltre très vite et les rizières se dessèchent rapidement. Ces rizières longent le canal des mailles 3, 6 et 7. La variété botramanitra y est cultivée pour son cycle court et sa tolérance à l’insuffisance de l’eau.

2.2.4. Les défavorisés par rapport à l’eau

La majeure partie des mailles 10 et partiellement la maille 13 souffrent de l’insuffisance de l’eau et présentent des rizières non repiquées avant décembre. La maille 13 est un ancien pâturage au temps des colons mais transformé en rizières lors des extensions. Ils se contentent des reliquats d’eau provenant des mailles 8 et 11. Leur rendement est fortement compromis du fait du retard au repiquage s’ils arrivent à le faire.

9 c’est le riz après le vary aloha 10 c’est une variété produite par le FOFIFA , reconnue pour sa tolérance à l’eau

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2.2.5. Les adoptants du riz pluvial

La pratique du riz pluvial est une alternative pour les sans rizières et l’augmentation de la production pour ceux qui disposent déjà des rizières. Initié par le projet PPI 2, la culture du riz pluvial se trouve sur les lohatany du réseau près des mailles 1 et 3. La superficie est de 30 ha environ.

Par rapport à l’irrigation, la contrainte majeure du riz pluvial réside surtout à l’attente des premières pluies pour le semis. Mais ce type de culture subit aussi les attaques des insectes terricoles. Ils sévissent surtout pendant les périodes de sécheresse prolongée. Les produits phytosanitaires ne sont plus disponibles sur le marché ou se vendent à des prix hors de portée des paysans. Au niveau production, le rendement moyen tourne autour de 1,8 à 1,95 tonne par hectare. La variété cultivée provient des semences du FOFIFA mais sa consommation est tolérée par les paysans.

En résumé, la répartition des exploitants, par ordre chronologique suivant le calendrier, est établie comme suit :

Tableau 3 : Récapitulation par types, mailles et pratiques culturales

Thèmes adoptés Superficie en Ha Pourcentage Types Mailles (%) Vary aloha 105,9 48 I 1,2,3,4,9,13,14 et 15 Vary vakiambiaty 86,1 39 I, II et III 5,6,7,8,10 et 11 Botramanitra 15,3 7 II et III 7,8,11 et 12 Défavorisés par rapport à l’eau 15,2 7 III 10 TOTAL 222,5 100 Riz pluvial : hors périmètre 30 I, II et III Source : Auteur

2.3. Critères « bilan d’irrigation »

Ce critère s’appuie sur la position hydraulique et suivant la nature des sols que les usagers lient à la connaissance du comportement de l’irrigation. Ce savoir paysan est récapitulé suivant l’occupation de chaque type d’exploitation.

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2.3.1. Suivant la position hydraulique

Les exploitants traditionalistes se trouvent en tête du périmètre et/ou près des canaux d’irrigation, l’irrigation est aisée près du captage pour 47% d’entre eux. Seuls les exploitants du type II et III sont victimes d’une irrigation difficilement à conduire à cause de l’éparpillement de leurs parcelles. En fait, après le partage suivant le mode d’héritage, la donation des parcelles dépend du bon gré des parents. Généralement, ces parcelles demandent plus d’efforts tant du point de vue conduite culturale qu’en matière d’irrigation.

2.3.2. Suivant la nature des sols et les aménagements

Les sols hydromorphes d’apport colluvial organique constituent la majeure partie du périmètre. Les paysans trouvent que ces sols sont facilement irrigables.

En fait, la rétention d’eau est importante et sa libération progressive permet un développement végétatif idéal pour le riz selon les paysans. Dès la venue de la première pluie, ces zones sont repiquées en premier lieu. Ils regroupent les aménagements originels du périmètre.

Les sols sableux retiennent beaucoup plus d’eau ; les paysans constatent que ces sols sont facilement irrigués. Ils attendent que la pluviométrie se stabilise pour repiquer ces zones qui constituent la majeure partie de l’extension du périmètre. Par contre, les podzols à gley argileux demandent beaucoup d’eau. Cette zone, très marginale au niveau du périmètre, est un laissé pour compte : elle obtient l’eau en dernier lieu. En général, les paysans connaissent le comportement des sols par rapport à l’irrigation et cette connaissance les conduit à adopter un comportement sur le calendrier d’irrigation. ( Annexe IX, Carte n°5 ) [3]

Les résultats basés sur ce critère se présentent comme suit pour chaque type :

Tableau 4 : Récapitulation de la répartition des sols suivant la typologie

Superficie en Classification par types Catégories de sols % total Ha Type I Type II Type III Total Sols hydromorphes 91,9 42 67 17 16 100 Sols humiques à gley 37,5 17 76 11 13 100 Podzols 90,1 41 11 59 30 100 TOTAL 219,5* 100

*Pâturage : 3 Ha Source : Auteur

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2.4. Analyse économique de la spéculation riz

Des relations entre la superficie cultivée en riz par exploitant et le revenu en ariary ont été établies ( cf. graphique n° 1 ) ; elles ont conduit à l’équation de droite suivante après ajustement linéaire : y = 472334 x + 15834. Les exploitants traditionalistes, de type I, dégagent de revenus fortement appréciables ; leurs revenus sont 4 fois plus importante que ceux dégagés par le type III sur une superficie 3 fois supérieure.

En effet, on peut dire que la fonction de production n’est pas performante pour les types II et III.

Graphique 1 : Courbe de revenu ajustée en fonction de la superficie rizicole

Revenu par type suivant la superficie y = 472334x + 15834 500 000 450 000 400 000 Revenu par type en Ar. 350 000 Droite de régression du revenu par type 300 000 250 000 200 000 150 000 100 000 Revenu par type en Ariary 50 000 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 Type III Type II Type I Superficie par type en Ha

Source : Auteur

De cette classification, et d’une manière générale, les stratégies des exploitants sont dictées par la position hydraulique de leur rizière, le comportement des sols vis-à-vis de l’eau et ainsi que leur potentialité. Suivant les contraintes dépendant de la nature des sols et de sa topographie, un ordre d’irrigation semble être logique et respecté par les paysans.

Les exploitants du type I possèdent beaucoup plus de rizières. On note cependant l’importance que les paysans accordent à la tradition pour la culture du riz rojomena de Mangamila. Les exploitants qui pratiquent le rojomena sur le périmètre se trouvent sur les zones facilement irrigables. Ils font partie des exploitants traditionalistes et exploitent les premiers aménagements

24 du périmètre correspondant aux sols hydromorphes d’apport colluvial organique propices à la riziculture. Les exploitants traditionalistes tirent le plus de profit quant aux revenus générés par l’exploitation des rizières sur le périmètre. Les exploitants de la typologie II et III se trouvent sur les zones d’extension à sols marginaux où la conduite de l’irrigation est difficile avec des contraintes au niveau calendrier et la variété de riz à adopter.

Enfin, la pratique de la riziculture pluviale se présente comme une opportunité pour les paysans qui ne disposent pas de rizières et/ou ceux qui veulent augmenter leur production.

3. Modalités de la gestion de l’eau

Le périmètre est divisé en quatre secteurs : Amboankandrina, Bekitay, Andranoevo et Antevy et comprend quinze mailles hydrauliques. Cette division résulte de la combinaison de l’aménagement initial fondé sur l’existence des hameaux à proximité des secteurs et la subdivision en mailles après les aménagements repris trois fois par les extensions du périmètre, l’abandon des terres au profit des colons et la reprise des terres ancestrales. ( Annexe IX, Carte n° 6 )

3.1. Approche technique de l’irrigation

3.1.1. Description de l’hydrosystème 11

Le périmètre irrigué de Mangamila est dominé par quatre bassins versants contigus. La superficie de chaque bassin versant est donnée dans le tableau n° 5 [15]. La superficie totale des bassins versants est de 29,9 Km².

Les ruisseaux d’Amboankandrina, d’Andriankely, d’Ampandrona et d’Ampitandambo constituent les effluents de ces bassins versants. Au droit de ces ruisseaux sont implantés quatre barrages qui alimentent et irriguent le périmètre de Mangamila. La disponibilité en eau au niveau de ces barrages dépend essentiellement de la pluviométrie et de la couverture végétale.

11 On définit l’hydrosystème comme le bassin versant qui est l’espace drainé par les cours d’eau et qui agit sur l’écoulement.

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Une approche pour l’évaluation de la ressource disponible confrontée avec les besoins indique la dynamique de hydrosystème par rapport toujours à l’irrigation. Les paysans confirment que ces derniers temps, l’eau se fait de plus en plus capricieuse à la venue des premières pluies.

Tableau 5 : Etat des BV sur le périmètre de Mangamila

Superficie Noms ruisseau ou Bassin bassin versant Etat descriptif et géomorphologique rivière versant en km² Formation forestière ouverte : dénudée en moyenne altitude mais à dominance d'anjavidy Amboakandrina Avaradoha 0,9 ( Fillipia sp ) buissonneux et de jeunes eucalyptus clairsemé et rabougris en basse altitude, présence de lavaka par décrochement localisé Végétation anthropique : eucalyptus dominant, carapace très exposée et Andriankely Bekitay 4,3 fragilisée par des successions de feux de brousse Ampandrona Andranoevo 5,79 Forêt galerie longeant le bas-fonds du barrage par endroits Couverture très dénudée notamment en altitude, buisson touffu au bas-fond, Ampitandambo Antevy 18,9 méthode culturale non adaptée sur pente assez forte par endroits avec amorce d'escarpements.

Source : VEERBECK R., 1990

3.1.2. Aperçu sur les ressources

A l’observation des valeurs moyennes de la pluviométrie, il apparaît un cycle quinquennal sec dans la région à partir des données d’Anjozorobe qui présente les mêmes conditions climatiques que Mangamila. ( cf. Annexe II )

La ressource en eau disponible du bassin versant est déterminée par la superficie du bassin versant et la pluie efficace des mois considérés. On calcule ces disponibilités pour une fréquence quinquennale sèche suivant la loi de distribution de Gauss à partir des précipitations moyennes mensuelles sur vingt années d’observations.[9] ; cette disponibilité en eau est observée pour les mois d’octobre et de novembre coïncidant au début du calendrier d’irrigation comme le montre le tableau ci-après.

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Tableau 6 : Disponibilité et besoins en eau pour une fréquence quinquennale sèche.

Source : RAKOTONIERANA L.T., 1996

Débit disponible et besoin ( Octobre et novembre ) Débit Débit Superficie à Besoin Bilan en Noms ruisseaux Barrage concerné Bassin versant disponible disponible Besoin en l/s Bilan en l/s irriguer en en eau l/s en l/s en l/s (Novembre) (Novembre) Ha en l/s (Octobre) ( Octobre ) (Novembre) Amboakandrina Amboakandrina Avaradoha 12,5 25 5 -20 10 20 -10 Andriankely Bekitay Bekitay 73,4 146,8 24 -122,8 47 122,8 -75,8 Ampandrona Andranoevo Andranoevo 78,5 157 32 -125 64 125 -61 Ampitandambo Antevy Antevy 57,8 115,6 104 -11,6 208 11,6 196,4 Total 222,2 444,4

A première approximation, seul le barrage d’Antevy accuse un excédent mais qui irrigue en rive gauche une partie de la rive droite d’Andranoevo. Le moment de repiquage représente une période critique pour la mise en eau. La période de repiquage se situe aux mois d’octobre et novembre. On peut repiquer au mois de décembre mais la production est fortement remise en cause par le fait que le riz ne parvient plus à la montaison. On note aussi que le repiquage précoce évite l’inondation par l’aval de la rivière Mananara aux périodes critiques du cycle végétatif du riz : montaison et épiaison. Une submersion prolongée, plus d’une semaine, fait pourrir les feuilles de riz et les parties aériennes de la plante et compromet ces stades critiques.

Ainsi, les ressources en eau des mois d’octobre et de novembre sont prises en compte pour cette analyse. Le calendrier d’irrigation et le calendrier cultural ne sont pas dissociables pour la gestion de l’eau et la conduite culturale du riz.

3.1.3. Technologie de l’irrigation

3.1.3.1. Normes et besoin en eau du riz

Les besoins en eau du riz se divisent en trois parties : . la mise en boue qui consiste à faire entrer l’eau après labour des rizières pour faciliter l’émottage et le repiquage : 150 mm d’eau, . le remplissage qui est la deuxième introduction d’eau après le repiquage estimé à 100 mm d’eau ; . l’entretien qui est estimé à 50 mm d’eau.

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Le débit fictif continu, en corrélation étroite avec la mise en boue, le remplissage et l’entretien, détermine les besoins de la plante suivant son stade végétatif avec la formule usuelle de Penmann pour l’évaluation de l’évapotranspiration potentielle ( ETP ) ; en prenant la valeur maximale trouvée, on retient 2 litres par seconde par hectare pour le périmètre de Mangamila [9]

3.1.3.2. Normes et dimensionnement des ouvrages de captage et de transport de l’eau Lors de la conception et de la réalisation des infrastructures, dans le périmètre de Mangamila, toutes les normes ont été respectées. Les quatre barrages en dur, servant à dévier une partie du débit de la rivière ont été construits. Ce débit est fonction de la superficie et de l’efficience de l’irrigation c’est-à-dire les pertes par percolation et les eaux d’infiltration.

Ce débit est transité sur le canal avec une certaine hauteur dite normale qui correspond au débit avec une vitesse normale. Cette vitesse dépendant de la pente longitudinale ne doit pas être critique ; elle doit être ni trop lente sinon il n’y a pas d’écoulement et trop de dépôts ni trop vite pour éroder les talus des canaux. Généralement, ces pentes ne dépassent pas les 1% o. Les canaux ont une forme trapézoïdale pour mieux s’approcher de la dimension optimale.

3.1.3.3. Distribution de l’eau L’écoulement de l’eau dans le canal se fait donc avec la hauteur normale fixée par l’équilibre entre la section mouillée et le périmètre mouillé. Ce périmètre est défini par la ligne circonscrite de la section mouillée.

Avec cette hauteur normale de l’eau, la distribution de l’eau se fait par des prises composées d’une plaque de fer et un trou de fond. Le débit de chaque prise est déterminé par la superficie des rizières à irriguer, la hauteur normale de l’eau dans le canal et le diamètre du trou prolongé par un tuyau en PVC ou buses en béton.

Ces prises permettent de pratiquer le tour d’eau pour une gestion équitable de l’eau en période sèche. On peut fermer et ouvrir ces prises suivant le besoin. L’irrigation des rizières devrait se faire en cascade suivant la superficie prévue pour le dimensionnement des prises.

3.1.3.4. Système de drainage

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Le caractère hydromorphes des sols du périmètre de Mangamila nécessite une évacuation des eaux excédentaires. Des canaux de drainage ont été faits pour assainir le périmètre. Les ruisseaux constituent aussi un drain naturel. Un dimensionnement des drains a été fait pour rejoindre un exutoire au niveau de la Mananara. En cas de précipitations persistantes, l’inondation par l’aval provoquée par la rivière Mananara ne touche que la partie extrême méridionale du périmètre sans toutefois ne pas porter préjudice à la riziculture.

3.1.4. Fonctionnement de la gestion de l’eau

Cette description résulte de la conception pour les travaux de réhabilitation du périmètre en 1991 par le projet PNUD/FAO. Elle diverge déjà par rapport à l’existant tant au niveau des infrastructures qu’à son fonctionnement.

3.1.4.1. Pour le barrage d’Amboankandrina

La superficie à irriguer est de 12,5 Ha. Le barrage irrigue en rive gauche pour la maille 1. Au vu du débit disponible, un tour d’eau est nécessaire pour un temps d’irrigation qui devra débuter au mois d’octobre et prendre fin au mois de novembre. Le nombre de prises installées est de neuf sur un canal à talus sableux. Le canal continue pour irriguer aussi les mailles 3 et 6. On y voit cinq dalots pour le passage des pistes et charrettes.

3.1.4.2. Pour le barrage de Bekitay

La superficie à irriguer est de 73,4 Ha. Le barrage irrigue en rive droite pour la maille 2 et présente un partiteur au point métrique 311. L’eau se divise en trois parties pour alimenter le canal qui conduit l’eau aux mailles 3 et 6 et un autre canal pour irriguer la maille 4. Ce dernier n’est pas fonctionnel parce qu’il n’est pas curé ; on y dénombre six dalots sous piste. Un tour d’eau est nécessaire pour une bonne répartition de l’eau.

3.1.4.3. Pour le barrage d’Andranoevo La superficie à irriguer est de 78,5 Ha. Le barrage irrigue en rive gauche pour les mailles 5, 7, 8, et 9. Sept prises assurent la distribution de l’eau sur les deux canaux. Des travaux de renforcement des canaux sont visibles : canal en maçonnerie de moellons, gabionnage des berges, passage à bœufs, …

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3.1.4.4. Pour le barrage d’Antevy

La superficie à irriguer est de 57,8 Ha. Elle comprend les mailles 10, 11, 12, 14 et 15, et on y trouve 22 prises et 5 ouvrages de passages difficiles comme les ponceaux, dalots, ponts... Aucun tour d’eau n’est prévu en temps normal. Toutefois la maille 10 est difficilement irrigable.

3.1.5. L’Association des usagers de l’eau

3.1.5.1. Politique du secteur irrigué

Le projet de réhabilitation des périmètres irrigués a été initié en 1985 au sein du Ministère de l’Agriculture. Le premier objectif à atteindre est la maîtrise de l’eau pour augmenter la production rizicole et une intensification de la production agricole une fois la réhabilitation faite.

Le projet a mis en œuvre un processus avec des conditionnalités en cascades [1] avant d’intervenir pour la réalisation des travaux. Ceci est fait dans le but de respecter la progressivité de l’aménagement et de s’assurer que les usagers pouvaient prendre en main la maintenance des infrastructures en vue de leur pérennisation.

Une déclaration de politique pour le développement du secteur irrigué a été faite en 1994. L’Etat se désengage du secteur par la mise en place d’Associations des Usagers de l’Eau qui prendra en charge l’entretien et la gestion des périmètres irrigués. ( cf. Annexe III )

A la fin de ce projet, il a été constaté que le problème de la dégradation des bassins versants influe sur l’entretien et la gestion des périmètres irrigués. Le projet admet que ce problème remet en cause les investissements consentis dans la réhabilitation des périmètres.

Alors le projet PPI 2 a relayé les actions par l’introduction d’une nouvelle composante : la protection du bassin versant à proximité immédiate du réseau hydroagricole. Ce projet se basant toujours par la mise en place des associations des usagers de l’eau intègre le bassin versant dans ses interventions. Des expérimentations ont été conduites, mais les résultats sont pris de court avec la fin du projet.

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La formalisation de l’association des usagers de l’eau est la mesure d’accompagnement pour la réalisation de la politique du secteur irrigué.

3.1.5.2. Constitution de l’AUE Tombontsoa

L’association des usagers de l’eau a élaboré son statut et son dina 12 suivant un texte standard élaboré par les techniciens. Elle est constituée d’un bureau composé d’un président, de deux vice-présidents, d’un trésorier et d’un secrétaire avec trente délégués de maille. (cf. Annexe IV) . Toute infraction sur la gestion et l’entretien du périmètre est stipulée dans le dina et les amendes correspondantes sont clairement définies.

Quant à son application, le dina n’a jamais été utilisé sur le périmètre même en cas d’infraction. La peur de compromettre les liens de parenté et familial, le fihavanana 13 , entraîne les responsables de l’association à négocier avec les récalcitrants avec comme base le dina et le statut de l’AUE adoptés par les membres.

Se servant de ces deux textes comme balises et contrainte de l’autorité publique, les responsables locaux arrivent tant bien que mal à raisonner les contrevenants. Toutefois, des cas non résolus se présentent lorsque les contrevenants proviennent de la classe aisée de la population locale ou les exploitants traditionalistes.

3.1.5.3. Fonctionnalité de l’AUE

Suivant la loi 90-016, l’adhésion à l’AUE est presque obligatoire. Les usagers et/ou propriétaires de rizières doivent être membres de l’AUE. Or pour une association à but non lucratif, devenir membre est un choix.

Pour de multiples raisons, des usagers n’adhèrent pas à l’AUE. Mais dans cette analyse, la satisfaction par rapport à l’irrigation reste la principale raison évoquée et en plus du système de distribution de l’eau en cascades.

12 C’est le règlement intérieur de l’association des usagers de l’eau qui régit son fonctionnement, sa gestion et l’application du statut. 13 C’est la relation de parenté, proche et/ou éloigné, qui existe entre des groupes entraînant un respect mutuel et entretenue pour des échanges privilégiés.

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Le tableau ci-après montre cet état de fait par rapport au recensement effectué et aux relevés topographiques. Il en ressort que plus de 30% des superficies ne sont pas enrôlées pour le paiement des frais d’entretien. Par contre, le nombre des usagers correspond à 98% de la liste maintes fois révisées soit par les usagers eux-mêmes, soit par les techniciens et les deux en dernier lieu. Cette rétention d’information provient aussi de la méfiance des usagers quant à la déclaration et à l’identification de leurs parcelles pour une éventuelle utilisation de l’administration de ces données aux fins fiscales.

Tableau 7 : Adhésion des usagers à l’AUE

Mailles Superficie Secteurs hydrau- Au recensement Différence Commentaires en Ha liques Amboankandrina 1 12,5 14,03 -1,53 La somme donne à peu près la Bekitay 2 8,1 5,01 3,09 superficie des mailles 1 et 2 au recensement et à la mesure 3 20,5 20,98 -0,48 Acceptable 4 34 21,5 12,5 Réticence à l'association, insatisfaction par rapport à l'irrigation en cascades surtout les usagers en aval 6 10,8 9,54 1,26 Réticence à l'association, Andranoevo 5 20,1 18,68 1,42 insatisfaction par rapport à 7 6 4,34 1,66 l'irrigation 8 21,3 26,17 -4,87 Surenchère à la demande 9 8,7 6,28 2,42 Irrigation en cascades en majorité 10 4,7 6,88 -2,18 Surenchère à la demande 11 17,7 9,63 8,07 Irrigation en cascades en majorité Antevy 12 10,1 7,08 3,02 Irrigation en cascades en majorité 13 14,3 9,82 4,48 Irrigation en cascades en majorité 14 16,9 14,15 2,75 Irrigation en cascades en majorité 15 16,5 14,66 1,84 Partiellement irriguée en cascades SUPERFICIE TOTALE 222,2 188,75 33,45

Source : Auteur

Ce qui explique cette différence entre la superficie après constat physique sur terrain et la liste des usagers redevables par rapport aux frais d’entretien. Néanmoins, les travaux de réhabilitation sont réalisés avec un décalage entre les travaux prévus et le calendrier d’exécution de la participation paysanne.

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3.1.5.4. Les travaux de réhabilitation effectués

Le projet PNUD/FAO, après avoir fait le diagnostic, a exécuté les travaux qui ont modifié fondamentalement le fonctionnement du périmètre. Les détails des travaux se trouvent en annexe V. D’autres financements ont suivi ces travaux ; leur coût est récapitulé dans le Tableau n°8 ci après. Jusqu’à ce jour, le coût à l’hectare des investissements sur le périmètre de Mangamila s’élève à 1.300.000 Ariary.

Le désengagement de l’Etat s’est aussi fixé comme objectif de se décharger des frais d’entretien et de la maintenance du réseau par un transfert de gérance à l’association des usagers de l’eau après la finition des travaux.

Tableau 8 : Montant total des travaux à Mangamila depuis 1991

Année Nature des travaux Bailleurs de fonds Montant des travaux en millions Ariary 1991 Construction des barrages, prises et divers PNUD/FAO 72,80 1996 Canal maçonné et bétonné Faritany 18,00 1998 Réhabilitation des canaux, pistes et barrages IDA 84,20 1999 Ouvrages de franchissement IDA 41,00 2003 Réfection des digue/pistes FID 73,20 TOTAL 289,20

Source : Auteur 3.1.5.5. Maintenance des ouvrages hydroagricoles

Pour s’assurer du maintien en état de fonctionnement des ouvrages, le projet a instauré deux sortes de frais :

• les frais d’entretien qui se calculent au prorata des coûts des travaux exécutés pour la réhabilitation du périmètre et ramené à l’hectare pour la collecte auprès des usagers suivant la superficie de leurs parcelles, • les frais de fonctionnement fixés à deux cent Ariary pour les menues dépenses de l’association telles que les indemnités des membres de bureau pendant leur déplacement et de réunion, les fournitures pour le bureau,…

En fait, l’entretien d’un périmètre nécessite un travail continu et des interventions ponctuelles dont :

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• l’entretien continu qui se passe surtout pendant la campagne d’irrigation : réfection des diguettes, enlèvement des éboulis dans les canaux, enlèvement des branchages au niveau des prises principales, …assuré généralement par les usagers en proximité immédiate des ouvrages concernés et dont la consistance peut être exécutée par une ou deux personnes. • l’entretien annuel, effectué après chaque campagne, est prévu être supporté soit par une organisation de travaux communautaires soit par l’utilisation du frais d’entretien. Il comprend notamment le regabaritage et le curage des canaux principaux. • l’entretien périodique qui concerne des travaux de génie civil et nécessitant un recours à des agents qualifiés. On retrouve dans cette catégorie les travaux de reprise des maçonneries, de remise en état des ouvrages métalliques ainsi que leur entretien • les travaux d’urgence pour remédier des dégâts dus aux cyclones et seulement si leur exécution ne dépasse pas la capacité des usagers.

Un recensement est nécessaire pour la collecte de ces frais, il est fait pendant l’exécution des travaux. Depuis son application, le taux de recouvrement reste marginal et ne couvre pas les besoins en travaux de maintenance. Le montant de la redevance à l’are après les travaux du projet PPI 2 s’élève à cinq cent Ariary, il n’a pas été évalué pour les travaux PNUD/FAO. Aucun calcul n’a été fait pour les travaux exécutés par le Faritany et les travaux effectués par le FID.

Après l’exécution des travaux, l’Etat suggère de transférer la gestion de l’eau, l’entretien et la police des eaux à l’association. Une commission spéciale pour le transfert de gérance a été mise en place à Mangamila pour ce faire. Ce transfert n’a pas eu lieu sur le périmètre.

Ce processus mis en œuvre sur le périmètre de Mangamila montre un bilan comme suit quant à son application.

3.1.6. Bilan de l’irrigation

En cas d’insuffisance de l’eau, le tour d’eau consiste à répartir la disponibilité en eau et la superficie à irriguer suivant un calendrier précis. Un ordre de repiquage à respecter est la première condition de réussite du tour d’eau. Cet ordre est fixé par les techniciens suivant la disponibilité en eau. Généralement, on irrigue les parcelles éloignées et/ou qui présentent des difficultés par rapport à l’arrivée d’eau.

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Les trois barrages, à savoir Amboankandrina, Bekitay et Andranoevo se trouvent dans l’obligation de faire un tour d’eau. Aucun tour d’eau n’a pu être mené sur le terrain. La première raison évoquée est la disponibilité en eau : elle est variable et son estimation demeure aléatoire. Au-delà de la moitié du débit nominal c’est-à-dire nécessaire pour faire l’irrigation, le tour d’eau s’avère difficile. La deuxième raison concerne la conduite de l’irrigation et de l’ordre du repiquage à faire qui sont contestés par les usagers de l’eau.

Le repiquage se présente comme la période la plus critique tant pour les travaux ayant trait à la riziculture que pour la programmation des paysans de leur calendrier agricole.

A partir de ces difficultés, le mode de fonctionnement de la gestion de l’eau est fortement remis en cause malgré les investissements consentis. Une solution pragmatique partant de la pratique paysanne est mise en œuvre.

Le bilan de l’irrigation dans la zone Mangamila peut être évalué comme suit :

• L’hydrosystème est tributaire de la pluviométrie : ainsi le calendrier d’irrigation dépend de la venue des premières pluies qui coïncide généralement à la période de repiquage.

• Le principe d’irrigation est appliqué sur tout le périmètre de Mangamila, le système de drainage est fonctionnel à côté du système d’irrigation. La maîtrise de l’eau par cette approche résulte d’une étude approfondie en terme d’hydrologie pour l’apport et le contexte hydrographique pour le dimensionnement des ouvrages soit au niveau de l’irrigation soit au niveau du drainage. La connaissance de la pédologie aide pour la détermination des besoins en eau du périmètre et l’efficience du réseau d’irrigation. Le tour d’eau est une solution pour pallier le manque d’eau pour une distribution équitable de la ressource disponible.

• Les travaux exécutés par le projet PNUD/FAO/MAG 86 004 ont radicalement changé l’aspect infrastructurel du périmètre. On note principalement la mise en place des barrages en dur, des prises individuelles, des ouvrages de régulation et des ouvrages d’exploitation du périmètre pour atteindre une rationalité dans l’application du tour d’eau.

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• L’application des normes techniques est défaillante. L’emboîtement et l’entrelacement de l’ordre de l’irrigation s’avèrent complexes et le tour d’eau reste inapplicable pour plusieurs raisons.

• Au niveau de l’AUE, la réticence des usagers s’explique par l’insatisfaction par rapport à l’irrigation. On pratique une surenchère à la demande d’eau par l’augmentation de la superficie quand l’irrigation est difficile. Et dans le cas contraire, une minimisation de la superficie quand l’irrigation se fait en cascades.

• Quant à la participation aux frais d’entretien, une évanescence totale du système s’observe après les projets. Inexistants pour d’autres bailleurs de fonds, le principe reste inappliqué malgré les investissements consentis.

Pour diagnostiquer le fonctionnement du périmètre, l’étude du chemin de l’eau pourra éclaircir la pratique de la gestion de l’eau par les usagers.

3.2. Chemin de l’eau

3.2.1. Captage

Les quatre barrages devraient irriguer en rive gauche et en rive droite. Or, ils accusent une lacune au niveau de la conception. La vanne de chasse centrale est utilisée par les paysans pour irriguer. Les barrages d’Andranoevo, de Bekitay et d’Amboakandrina se trouvent dans cette catégorie. Un système de récupération de l’eau est fait par des mottes en aval du barrage dans le drain naturel ; des entailles sont pratiquées à l’aval du barrage pour laisser l’eau s’écouler.

Le barrage d’Antevy devrait emmagasiner l’eau en période de manque et le délivrer en cas de nécessité ; mais le système de vannage ne correspond pas à cette attente. Quand on ouvre la vanne, l’eau sort avec une hauteur de pression qui fait vider très rapidement le réservoir en amont. Le système de levage est démoli ; cet acte de vandalisme est jugé par les usagers comme un acte accompli par des personnes extérieures à l’Association des usagers de l’eau.

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3.2.2. Transport de l’eau

Le canal après entretien fait par les usagers présente une section rectangulaire à base très élargie. L’eau s’écoule à une hauteur critique qui est l’antinomie de la conception technicienne de la hauteur normale. Cela concerne les canaux principaux provenant des barrages de Bekitay, Andranoevo et d’Antevy. En fait, cet état de fait vient de la part des usagers qui voient leurs canaux se dégrader très vite à cause de la vitesse de l’eau. En première approximation, les pentes des canaux sont très fortes par rapport aux normes admises. On a relevé des pentes allant jusqu’à 3% sur le canal d’Antevy.

Pour le canal principal d’Amboankandrina, le profil trapézoïdal est difficilement conservable car le sol est sableux. Ce qui rend aussi son entretien difficile à cause du déversement des eaux de ruissellement dans le canal. Le transport de l’eau sur ce tronçon est compromis par son état, l’eau ne parvient même pas au tiers de sa longueur.

3.2.3. Distribution de l’eau On a dénombré quatre prises fonctionnelles sur tout le périmètre. Elles sont remplacées par des prises traditionnelles ou fandramaty qui se caractérisent par une entaille faite aux berges des canaux suivie d’un morceau de bois rond évidé qui fait passer l’eau dans les rizières et des prises dites sauvages qui sont des entailles ouvertes et/ou cachées. En effet, ces prises traditionnelles présentent encore une ou plusieurs entailles pour laisser passer l’eau en cas de dépassement de quantité. Dans le canal d’amenée d’eau, au droit de ces prises, une rangée de mottes de terre aide à relever le niveau d’eau pour augmenter le débit admissible dans les prises traditionnelles.

Le débit prélevé par ces prises est nettement supérieur aux besoins. Ce besoin, suivant ce mode de distribution, varie selon les usagers et non quantifiable par rapport aux calculs des techniciens ou les usagers. La pratique paysanne veut que le surplus soit transféré en aval pour assurer une irrigation en cascades. C’est la règle de passage de l’irrigation en cascades. Tous les usagers doivent respecter cette règle, et généralement quand la disponibilité le permet, cette règle est respectée. En dessous, le système de prise traditionnelle permet aussi de faire passer l’eau des rizières en amont et celle qui devrait se faire en cascades suivant les petits canaux suivant les berges des canaux. Pour le repiquage, la mise en eau doit se faire en une journée.

Selon les usagers, les dimensions des prises installées par les techniciens sont trop petites. C’est pour cette raison que les usagers de l’eau ont installé ces prises traditionnelles en raison de leur

37 facilité quant à la régulation de la vitesse de l’eau ainsi qu’à la quantité d’eau nécessaire à la mise en boue et à l’entretien.

En effet, en suivant l’approche technicienne, pour un débit caractéristique de 2 litres par seconde par hectare, il faut 3 trois jours pour avoir l’eau de la mise en boue. Ce qui ne convient pas à la majorité des usagers de l’eau qui disposent plus de 50 ares de rizières.

En fait, pour accélérer la mise en eau pendant la mise en boue, une ouverture plus grande laisserait plus vite beaucoup d’eau pour le repiquage. Après le repiquage, l’eau excédentaire passe en aval par les entailles aux diguettes prévues à cet effet. Un bouchage sommaire avec de mottes enherbées laisse toujours passer l’eau pour le besoin de l’entretien jusqu’à la reprise des racines.

Pour récupérer l’eau des drains, des mottes de terre placées au droit des prises remontent le niveau d’eau pour assurer l’irrigation. On les trouve surtout sur les parcelles en aval et pendant la période d’étiage ou de sécheresse prolongée.

3.2.4. Conflits de l’eau, conflits d’usage

3.2.4.1. Gestion des risques pour le rojomena

La pratique traditionnelle pour la culture du riz rojomena est un héritage des ancêtres. Ce riz rojomena présente un cycle de 5 à 6 mois ; un repiquage précoce évite une submersion par l’aval lors de fortes pluies aux stades critiques ; tous les usagers donnent la priorité aux exploitants qui pratiquent la culture de riz rojomena. Le repiquage doit se faire le plutôt possible ; une date butoir est le mois de décembre. Les risques se présentent aussi pendant la phase d’épiaison et de montaison qui restent critiques pour la riziculture.

En attendant la finition des travaux de repiquage par les exploitants traditionalistes, les exploitants du type II et III préparent leurs rizières en dehors du périmètre pour le riz rojomena. Après ils reprennent les travaux sur le périmètre de Mangamila pour la culture du riz autre que le rojomena.

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3.2.4.2. Origine et présentation des conflits

On remarque aussi qu’une période de retour cyclique de 4 à 5 ans se présente comme une année sèche à Madagascar. Cette année assez critique se caractérise par la venue des premières pluies faibles conditionnant entièrement ainsi la campagne. Il en résulte ainsi que la quantité est aussi mise en cause. Alors, cette diminution des ressources entraîne des conflits au niveau du périmètre.

Les paysans observent qu’une fois la majorité du repiquage effectuée, il apparaît un moment plus ou moins long de sècheresse qui met en cause la vie du jeune plant qui vient de s’enraciner. Cette période se présente tous les ans avec plus ou moins d’amplitude suivant l’année. Accentuée pendant la période de retour du quinquennat sec, elle peut être inexistante lors d’une bonne pluviométrie.

Pendant ces périodes, un gardiennage est obligatoire surtout la nuit pour éviter les vols d’eau. Le vol d’eau est fait par les propriétaires des rizières en aval dont le blocage est fait par ceux qui se trouvent en amont. La règle du passage en cascades n’est plus de mise. Pour ce faire, des circulations autour des diguettes au niveau des entailles surgissent au début du coucher du soleil. Au passage, ceux qui se trouvent en difficulté par rapport à l’eau piétinent l’entaille pour laisser passer l’eau. Le propriétaire entaillé remet en état la fermeture de l’eau en amont avec un recommencement si le cas se représente jusqu’à l’aube si les protagonistes ne se rencontrent pas, cas le plus fréquent. Sinon, des échanges verbaux ont lieu pour s’expliquer avec excuses toutes faites de l’état de l’irrigation.

3.2.4.3. Gestion du manque d’eau

En fait, pour gérer le manque d’eau, c’est l’ordre de priorité au repiquage qui est appliqué. Les exploitants traditionalistes essaient de maintenir le niveau d’eau dans leurs parcelles. Ils ne laissent passer l’eau sous aucun prétexte même si les rizières en aval se dessèchent. Ce verrouillage est précieusement gardé jusqu’à la venue des pluies.

Aucune négociation ne se présente lors de cette période ; tout le monde se met aux aguets pour surveiller le non partage de l’eau. Toutefois, le cas extrême de dessèchement total des jeunes plants ne s’est jamais présenté.

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On constate que la mise en place d’un ouvrage sur le périmètre perturbe le fonctionnement de la gestion de l’eau pratiquée par les paysans. Des infrastructures mises en place sont abandonnées progressivement par les usagers. Il existe aussi des ouvrages qui sont enlevés ou inutilisés et/ou remplacés par du même type mais construits selon la technologie paysanne.

Ces modifications dénotent la résistance des usagers par rapport aux interventions. A partir des observations, les usagers de l’eau tentent de s’adapter aux ouvrages conçus par les techniciens pour un nouveau mode de fonctionnement. Sinon, quand les modifications s’avèrent trop profondes, l’élimination et/ou la détérioration restent la solution admise par tous suivant un conscient collectif pour revenir à la pratique traditionnelle.

Le chemin de l’eau montre en effet la priorité donnée par l’ensemble des usagers à ceux qui pratiquent la culture du riz rojomena. En période normale, après le repiquage, la règle de passage de l’eau en cascades est adoptée par les usagers et elle assure toute la campagne d’irrigation. Cette règle, de nature à suivre la logique de circulation de l’eau, instaurée par les usagers est primordiale à connaître, elle conditionne la maîtrise paysanne de la gestion de l’eau.

En cas de manque d’eau, l’ordre de priorité à l’irrigation pendant le repiquage devrait être respecté. Au-delà de cette période critique aucun problème de gestion de l’eau ne surgit plus, la règle de l’irrigation en cascades fonctionne normalement.

On constate donc que la distribution de l’eau n’est pas équitable mais elle suit une logique sociale se basant sur le fondement même du périmètre. La culture du riz rojomena constitue une tradition des fondateurs de ce périmètre. La règle de l’irrigation en cascades pratiquée sur le périmètre oblige les usagers à respecter un ordre suivant une logique sociale : les exploitants traditionalistes en premier lieu, les autres attendent et suivront. Alors que les exploitants de type II et III sont héritiers des exploitants passéistes, le droit d’eau reste aux rizières des premiers aménagements.

L’irrigation sur le périmètre de Mangamila présente un dysfonctionnement au détriment des investissements consentis pour l’amélioration de la maîtrise de l’eau. Ce dysfonctionnement résulte d’une inadéquation entre les pratiques paysannes et l’approche techniciste. Se basant sur le tour d’eau, les solutions techniques apportées par la mise en place des ouvrages de régulation et de distribution n’ont pas donné l’effet attendu.

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Toutefois, les conflits autour de la gestion de l’eau restent un conflit d’usage qui doit respecter l’ordre d’irrigation pendant le repiquage dont les exploitants conservateurs de la tradition en gardent la primeur. Alors en cas de manque d’eau, la règle de l’irrigation en cascades ne s’applique plus. Le verrouillage provient des propriétaires en amont qui sont les exploitants traditionalistes. Passé ce stade critique, l’irrigation est assurée par la maîtrise paysanne de la gestion de l’eau mise à part les zones difficilement irrigables.

4. Les acteurs sur le périmètre de Mangamila

Trois catégories d’acteurs se trouvent présents autour du périmètre de Mangamila en suivant l’essentiel de l’analyse proposée par Thierry Ruf, [ 14 ] avec chacun une logique :

- la logique de la demande sociale conduite par les zanak’andriambe, - la logique d’action publique pour une performance du secteur irrigué, - la logique du marché aux mains des collecteurs.

Et comme résultante, le compromis social généré par ces trois logiques constitue un handicap pour l’amélioration de la productivité du secteur irrigué.

4.1. Les zanak’andriambe

4.1.1. Tradition hydraulique et tradition rizicole

Les aménagements originels ont pour but de lutter contre la famine sur une directive de l’autorité royale. Les zanak’andriambe constituent les fondateurs de ce périmètre. La fondation de ce périmètre suit une tradition rizicole sur la culture du riz avec l’appui d’une tradition hydraulique sous l’influence des aménagements sur le Betsimitatatra se trouvant à 70 km. En effet, cette tradition sur la plaine de Betsimitatatra est largement étendue jusqu’au moyen de distribution de l’eau sur le périmètre de Mangamila par la présence des prises traditionnelles.

Ces traditions sont conservées comme valeurs et appliquées de façon grégaire car elles s’insèrent dans une habitude et un vécu au quotidien de la population locale. Cette observation s’est vérifiée au cours de l’histoire par la pratique du riz rojomena malgré les innovations apportées.

41

Mais, les exploitants traditionalistes se présentent comme le groupe social qui dicte les règles de la société à Mangamila.

4.1.2. Appropriation ou adaptation L’AUE a donné un sens positif de point de vue de son dina dans l’exploitation du périmètre. Le dina constitue une balise pour les dirigeants qu’on utilise pour prévenir et/ou éduquer les usagers de l’eau. Ce qui entraîne que les dispositions du dina ne sont pas appliquées quelle que soit la faute par rapport à la gestion et à la maintenance du réseau. Même la détérioration des ouvrages, faute qui est la plus grave, n’a pas été sanctionnée.

La demande sociale sur le périmètre est exprimée par les exploitants traditionalistes pour conserver certains acquis sociaux, économiques et politiques. Ils sont à la tête de l’autorité locale et gardent farouchement les acquis après reprise des terres ancestrales. Cette appropriation des dispositions de l’Etat est confisquée par les zanak’andriambe pour exercer leur autorité sur l’ensemble de la société.

4.1.3. Contraintes au niveau des ressources

4.1.3.1. La rareté de l’eau

Au fond, les contraintes principales se trouvent au niveau de la ressource en eau. La rareté de cette ressource se fait sentir, d’où une demande pour le stockage de l’eau juste avant le repiquage et un rationnement pendant la période de mise en boue. Cette solution est seulement viable pour le barrage d’Amboankandrina et le barrage d’Antevy, qui dispose d’une topographie adéquate. Cette demande sociale est véhiculée par les zanak’andriambe, pour résoudre partiellement la menace sur la dégradation de la ressource en eau.

4.1.3.2. Un morcellement des parcelles

Ce morcellement concerne uniquement les types II et III de la classification obtenue par surface car ils ont pu accéder à la propriété foncière par héritage. Ainsi, le mode successoral tend à l’effritement des parcelles comme le montre le graphique ci-après. Aucune vente externe n’est observée ; ce qui atténue dans un sens cette tendance au morcellement des rizières. Il apparaît donc que 65% des usagers détiennent 34% des rizières de 50 ares de superficie au maximum. Ce

42 qui confirme la typologie obtenue que ce pourcentage correspond à l’ensemble des exploitants du type II et III. Et que les 35% des exploitants passéistes possèdent 66% des rizières.

Graphique 2 : Répartition des usagers par classe de superficie

Répartition des usagers par classe de superficie

150 Nombre des Usagers 100 Superficie en Ha

50 de superficie

Nombre des usagers 0

et superficie totale partotale et superficie classe 0 à 25 ares 26 à 50 ares 51 à 75 ares 76 à 100 ares 101 à 150 ares 151 à 200 ares 201 à 250 ares >251 ares

Type III Type II Type I Classe de superficie en ares

Source : Auteur 4.1.3.3. Une insécurité foncière entretenue

A Mangamila, l’exploitation de terres depuis le temps des ancêtres ne confère aux droits pour l’obtention d’un titre foncier. Les paysans, que ce soit sur les rizières et sur les tanety, ne possèdent qu’un droit d’usage qui est reconnu par la communauté villageoise. Donc, les relations d’antécédents pour l’exploitation des terres prévalent par rapport à une sécurisation qui entraîne une exploitation rationnelle des terres.

Par rapport au foncier, le droit foncier malgache qui s’inspire sur l’Act Torrens est basé sur le principe de l’appropriation par le travail, lequel confère l’accès au droit de propriété et son maintien. En effet, l’Etat a été le propriétaire originel du sol et il a toujours reconnu le droit de propriété de celui qui y a effectué un travail [5]. Le cas du système foncier de Mangamila ne jouit pas de ce principe malgré les activités pour la mise en valeur de ces terres.

Ainsi, la valorisation des terres par la domestication de l’eau suivant la dynamique historique n’est pas reconnue en tant que telle pour constituer un acte favorisant l’acquisition de celles-ci. Cette insécurité foncière entretenue depuis la colonisation se présente comme un dysfonctionnement au niveau de la législation constitutionnelle qui édicte que la province autonome détient le pouvoir de gérer son patrimoine foncier [16]. Accentuée depuis la colonisation, l’appropriation foncière dans la zone de Mangamila reflète un cas flagrant de dysfonctionnement pour une meilleure exploitation des terres. Il semble que cette insécurité sur

43 le foncier est entretenue aussi en vertu du droit de préemption de l’Etat sur l’ensemble de la propriété foncière.

4.2. L’Etat pour une logique d’action publique

4.2.1. Garant d’une politique pour une autosuffisance alimentaire

L’Etat s’est toujours fixé un objectif pour une autosuffisance alimentaire en riz. De la lutte contre la famine au temps de la royauté, aux opérations pour l’obtention de la production rizicole à l’ère de la libération pour une autosuffisance alimentaire en riz, l’Etat a joué un rôle prépondérant dans l’élaboration de stratégies et la mise en œuvre d’une politique pour la satisfaction des besoins en riz. L’évolution de la politique rizicole témoigne cette volonté de satisfaire les besoins en riz de la population.

Mais les politiques agricoles sont mal comprises des principaux acteurs que sont les usagers de l’eau dans la zone de Mangamila. En effet, la mise en œuvre d’une politique sans adhésion aux principes et aux objectifs de l’Etat est vouée à un échec. Déclencher un tel processus ne se solde que par un suivisme intéressé face à la puissance publique d’où une certaine réticence.

Ainsi, il s’avère nécessaire que l’Etat adopte une approche plus proche des réalités paysannes pour une adéquation des politiques rizicoles. C’est le seul garant d’une réussite pour une autosuffisance alimentaire.

4.2.2. Mobilisation des usagers et mobilisation des fonds

La participation est le principe que l’Etat adopte pour les interventions sur les périmètres irrigués. Plusieurs procédures ont été mises en œuvre, les conditionnalités en cascades dictées par l’Etat constituent un blocage au processus de participation. L’absence d’un processus dynamique et collectif de discussion entrave les phases de progression des usagers dans la voie de l’engagement moral et physique.

Mais à Mangamila, la participation fixée par l’Administration s’est faite en deux fois et que les travaux promis ne sont exécutés qu’après deux ans après l’accord. L’élan des usagers s’estompe et les travaux ne sont plus accueillis avec enthousiasme.

44

Corollaire à la déclaration de politique pour le développement du secteur irrigué, plusieurs partenaires techniques et financiers sont intervenus sur le périmètre afin d’atteindre la maîtrise de l’eau. Les conditions sont réunies à savoir, la création d’une AUE pour être responsable de la gestion, de la maintenance du réseau. Or, cette mobilisation de fonds n’a pas suivi les termes des objectifs de la politique pour le développement du secteur irrigué. L’intensification n’est pas mise en œuvre. Après les travaux, le suivi de l’AUE n’est pas fait. La maintenance est assurée à la façon des usagers : une participation inégale dans l’exécution des taches, des travaux ponctuels pour des problèmes ponctuels.

En fait, l’Administration s’est appuyée de la participation comme fin pour se décharger de la maintenance des infrastructures hydroagricoles.

4.2.3. Résultats mitigés

Lors de la conception et l’évaluation des travaux, les usagers n’ont pas été consultés. Des ouvrages nouveaux dont l’emplacement est discuté par les usagers ne subissent pas de rectification ou de changement. Les travaux mal faits sont réceptionnés malgré la réticence des usagers.

L’amélioration de la maîtrise de l’eau par les solutions techniciennes demeure inefficace. Devant ces résultats contrastés par l’état de fait, l’impact mitigé des actions sur le périmètre laisse croire un décalage entre les objectifs fixés et les réalités vécues par les usagers après les projets.

Il n’existe aucun moyen pour faire appliquer le dina en dehors du cadre légal de l’AUE qui délibère et décide en assemblée générale. Même en cas de flagrant délit, l’Etat ne peut intervenir sans l’aval de l’AUE.

4.3. Les collecteurs tenant de la logique du marché

4.3.1. Prix pratiqué

Le prix plancher fixé par l’Etat en 1991, de 220 Ariary, a été adopté généralement dans la zone Toutefois, les prix varient de 120 à 240 Ariary depuis 1991 (cf. Annexe VII). Cette politique de fixation de prix présente un inconvénient majeur de ne pas refléter les réalités au niveau des coûts de production au niveau des paysans. Comme les paysans n’ont pas de pouvoirs de fixer

45 les prix de leur produit, cette situation ne leur incite pas à produire plus. La variation du prix pratiqué suit la loi de l’offre et de la demande.

Actuellement, lors de l’évolution du prix du paddy à 400 Ariary le kilogramme, les collecteurs profitent des retombées des investissements comme l’amélioration des pistes et l’augmentation de la production.

4.3.2. Marge de manœuvre large, volume de ventes réduit

On observe généralement que le prix au consommateur se trouve à 2,5 fois du prix à la collecte. Cette constance laisse apparaître que le collecteur reste maître dans la formation du prix au consommateur. Cette marge de manœuvre assez large profite aux collecteurs. Etant donné que l’accès par la route nationale ne pose aucun problème, Mangamila est un peu délaissé des collecteurs car la quantité mise en vente sur le marché est moindre.

Comme le riz rojomena de Mangamila est connu des consommateurs de la capitale, l’écoulement du produit est facilité par rapport à ses concurrents. Donc la marge bénéficiaire sur le prix pratiqué se présente comme une aubaine pour les collecteurs.

En somme, les zanak’andriambe font face à deux types de contraintes :

• pas de titre pour sécuriser sur le foncier, • une rareté de l’eau suite aux dégradations de l’hydrosystème.

Une recherche de solution à ces problèmes constitue le principal souci des zanak’andriambe.

Au niveau de la commercialisation, les exploitants traditionalistes entretiennent la renommée du riz rojomena malgré le prix du riz pratiqué par les collecteurs. On ne peut attribuer ce phénomène que pour maintenir le symbolique qu’est le rojomena de Mangamila. En somme, le compromis social caractérisé par ce déséquilibre du prix au producteur et les investissements laisse inchangé les pratiques traditionnelles. Cet environnement économique est analysé dans les externalités liées à l’exploitation du périmètre.

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5. Les externalités liées à l’exploitation du périmètre

5.1. Problématique des bassins versants

Les bassins versants du périmètre de Mangamila sont sujets à l’exploitation par les usagers de l’eau et/ou les villageois environnants. L’exploitation des bassins versants constitue une dynamique pour une augmentation de revenu par rapport à la saturation foncière sur le périmètre irrigué. Mais la taille des exploitations sur les tanety reste sensiblement la même pour chaque type d’exploitants.

5.1.1. Impacts positifs et négatifs

Au vu de la description de l’hydrostème, l’impact positif ressenti au niveau du périmètre est le phénomène de lixiviation du sol. Elle se traduit par un lessivage des sols sur tanety avec un entraînement des éléments minéraux dissous dans les eaux d’irrigation. Ce transfert de fertilité est une nécessité vitale pour les rizières car les apports restent moindres par rapport à la pratique paysanne. Certes, ce transfert est imperceptible mais l’effet par rapport aux carences ne se manifeste pas non plus sur le périmètre.

Néanmoins, il est à signaler que ce transfert de fertilité s’accompagne d’un détachement des particules sur les terrains pentus, puis d’un transport solide sur les parties dénudées et/ou travaillées et d’une sédimentation au niveau des barrages, des canaux et des rizières. Ce produit d’érosion implique des travaux supplémentaires pour les usagers dans le curage des amonts des barrages, des canaux. Il provoque une infertilité des sols par dépôt de sable sur les rizières observés en différents endroits sur le périmètre.

5.1.2. Exploitation des BV

Le mode d’exploitation des bassins versants est dicté par une jachère plus ou moins longue. Les principales productions sur les tanety sont le manioc, le maïs, la patate douce, le pois de bambara, le haricot en culture associée ou non.

Les activités agricoles correspondant se déroulent à la même période que le repiquage du riz et la préparation des rizières. Le taux d’exploitation de la main d’œuvre est maximal de novembre

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à mars. Ce qui explique que les paysans s’occupent des travaux rizicoles et après seulement les travaux sur les bassins versants.

La productivité des bassins versants suivant cette pratique est d’un niveau très bas quelle que soit la spéculation. La contrainte principale est l’obligation d’apport de fumure organique et/ou minérale pour une nette amélioration de l’augmentation de la production. Suivant la typologie des exploitations, la fonction d’augmentation de revenu est assez faible comme le montre le graphique n° 3.

Ainsi, les paysans traditionalistes se trouvent avantagés par rapport aux deux catégories pour une superficie pratiquement semblable. Pour une différence de superficie de 10 ares par rapport à la typologie I, on observe un revenu supérieur presque le double pour la typologie III. Ceci s’explique par le fait que les paysans traditionalistes disposent d’un revenu permettant d’investir par l’achat des engrais entre autres et la mise en place des spéculations en période de pluviosité convenable.

Graphique 3 : Revenu sur tanety suivant la superficie

Revenu sur tanety suivant la superficie y = 25 196x - 1 217 507

700 000

600 000

500 000

400 000

300 000

200 000

Revenu en ariary tanety sur 100 000

0 58 60 62 64 66 68 70 72 Type III Type II Type I Superficie exploitée en ares

Source : Auteur

Et l’augmentation de la superficie ne peut pas se faire comme on le verra suivant les limites ci- après.

48

5.1.3. Limites de l’exploitation des BV

L’exploitation rationnelle des bassins versants est limitée par la disponibilité en fumier et/ou la disponibilité financière pour l’achat des engrais minéraux. Ce qui justifie la pratique de la jachère plus ou moins longue car il existe aussi le phénomène de lixiviation signalé auparavant en plus de l’exportation par chaque spéculation qui n’est guère restituée aux sols.

En plus, la période de travail sur les tanety coïncide avec celle des travaux rizicoles et ce pendant l’arrivée des premières pluies. Alors que la priorité est donnée à la culture du riz, les cultures sur tanety souffrent d’un manque d’eau ce qui pénalise déjà leur rendement.

Mais, l’accès au foncier est régulé par les propriétaires des rizières dans les lohasaha. Les lohatany leur appartiennent et le droit d’usage leur revient de plein gré. Cette règle d’accès au foncier limite aussi l’exploitation des bassins versants. Mais elle peut devenir un moyen pour limiter les impacts négatifs de l’érosion par une bonne pratique de régénération de la fertilité et une bonne pratique de défense et restauration des sols.

En général, pour tous les exploitants dans la zone d’étude, l’anarchie de la pratique des cultures sur tanety se présente comme un réel danger pour une rationalité de ce facteur de production. Cette anarchie se caractérise par une pratique culturale non adaptée : terrain pentu labouré, dénudation prolongée des parcelles, aucun dispositif de protection,…

5.1.4. Nécessité d’une démarche recherche actions

Les expériences en matière de protection de l’environnement sur le périmètre se présente comme un échec tant du côté paysan participant que des initiateurs des projets. La période d’apprentissage est relativement courte, une campagne culturale pour l’ANAE et le PPI 2. Ainsi, il ne reste plus que de bribes de pratique retenues par les paysans qui subsistent sur le périmètre : la culture de riz sur tanety. Les paysans qui pratiquent la culture pluviale du riz laissent entrevoir une appropriation des techniques avec une certaine modification des itinéraires techniques préconisées par les techniciens.

Au niveau des deux projets, les technologies initiées ne sont pas adaptées au contexte du milieu. Les haies vives formées de rangées de vétiver avec une ligne de Tephrosia vogelii dénotent un

49 mauvais comportement biologique par rapport à l’effet attendu. On note que le coût d’option par hectare pour la protection des bassins versants par le projet PPI 2 est relativement élevé. On donne en annexe VI les détails de cette opération.

Ainsi, une concertation avec les paysans de la problématique des bassins versants est de mise avant de mener toute action visant à l’amélioration de leur revenu à partir de l’exploitation des tanety. Une recherche action à ce niveau détermine les pratiques à adopter pour une meilleure adéquation entre les connaissances acquises et les attentes des paysans.

En fait, l’accroissement du revenu sur tanety est notable par une augmentation de superficie. Mais le cadrage des interventions sur les bassins versants de Mangamila doit tenir compte de l’accès au foncier. Les exploitants traditionalistes possèdent encore le droit de préemption des tanety. Ils sont les premiers à occuper le terrain à Mangamila. Suivant l’adage « Izay tonga taloha no tompo-tanindrazana » se présente dans toute sa forme. Il en découle même qu’ils dégagent plus de revenus que les autres types.

Mais l’anarchie sur l’exploitation des BV est aussi plus préoccupante du fait des dégâts imminents causés par les labours des terrains pentus et sans protection. En effet, les pratiques observées entraînent beaucoup plus de mal que du bien.

5.2. Conséquences des passages des cyclones

5.2.1. Excès de pluies

Lors de fortes pluies, les talus des berges sur les canaux en terre subissent un glissement de terrain. Ces glissements de terrains sont accompagnés d’affaissement et entraînent des ensablements de rizières et de bouchage d’ouvrages comme les prises, les dalots sous canal,… Ces excès de pluies entraînent aussi l’ébrèchement des canaux et des berges et le contournement des ouvrages.

Pour les techniciens, la gestion de ces risques est limitée par une marge au dimensionnement des ouvrages suivant une fréquence fixée à une période de retour de 10 ans. Au vu de la fréquence des cyclones, cette marge est quelquefois largement dépassée mais un surdimensionnement des ouvrages entraîne un surcoût à l’aménagement.

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Pour gérer ce genre de risques, les usagers adoptent un profil rectangulaire très large au niveau des canaux. Ce profil présente l’avantage de faire transiter beaucoup d’eau. C’est aussi une des raisons de cette pratique sur les canaux principaux. Le système de travaux d’urgence est déclenché par un appel des délégués de maille concernés.

5.2.2. Réparation des dégâts

Si les travaux ne concernent que des terrassements, les usagers se trouvant à proximité immédiate se réunissent sur ordre des délégués de maille. Les travaux se font rapidement avec une recherche commune des dispositions à prendre. Quelquefois, si les dégâts concernent des travaux de génie civil entraînant une mobilisation de fonds, les ouvrages restent en son état. En fait, ces dégâts provoquent une modification plus ou moins accentuée de la superficie des rizières et/ou le tracé des canaux à la longueur du temps.

Une des raisons pour l’instauration des frais d’entretien est de faire face à de telles éventualités. Depuis 1991, on a dénombré quatre points d’éboulement, huit points de brèches et sept points d’affaissement de berges. Deux réparations, avec deux ouvrages mécaniques, sont effectuées jusqu’à ce jour.

Fréquemment, les ouvrages de génie civil souffrent le plus après le passage de fortes pluies. Cette source de dégradation, minant le réseau tout entier au fil des années, entraîne un état de délabrement des ouvrages. Cette externalité touche les trois types d’exploitants, et le système de secours aux urgences ne se déclenche plus comme il était auparavant. La détérioration des relations de solidarité est l’une des causes principales. Indépendamment de l’exploitation du périmètre de Mangamila, ce phénomène fait augmenter les charges des usagers, en travaux manuels et/ou en participation financière. La pratique actuelle sur le périmètre est de formuler des demandes auprès des bailleurs de fonds pour capter des aides.

5.3. Etat par rapport à l’environnement économique

5.3.1. Apports des investissements

Les investissements apportés ont contribué à augmenter le coût fixe par hectare et le coût total moyen jusqu’à l’amortissement que l’on a pris à 10 ans. Ce qui demande un effort de plus aux usagers à augmenter leur production pour s’acquitter des frais d’entretien.

51

Le prix au producteur, est inférieur au coût variable moyen qui comprend le coût des facteurs de production que les usagers ont engagé pour produire le riz. En regard aux investissements consentis pour l’amélioration de la maîtrise de l’eau sur le périmètre, le coût total moyen à partir de 1999 est de 364 Ariary. Pour l’année 2004, le prix du kg du paddy a été de 400 Ariary et le prix au consommateur pour la même année était de 1400 Ariary. (cf. Annexe VII)

5.3.2. Tendances pour l’amélioration des résultats économiques

Les tendances pour l’amélioration de la productivité restent l’utilisation des engrais. A partir des pratiques sur le périmètre, on observe une sous utilisation de l’engrais. Au vu de différents coûts, la variable prix du kg de paddy est un facteur d’amélioration du revenu.

A cet effet, une simulation d’amélioration du rendement de 1 800 kg et de 2 000 kg par l’utilisation d’engrais et pour un prix du paddy de 400 et 600 Ariary a été menée. Le ratio gain supplémentaire/coût supplémentaire est l’indicateur privilégié pour apprécier les réponses de chaque type d’exploitants. (cf. Annexe VIII)

Il en ressort le tableau suivant :

Tableau 9 : Ratio gain supplémentaire et coût supplémentaire

Typologie des exploitants Type I Type II Type III

Prix de ventes du paddy à 400 Ar., rendement 1800 kg/Ha 0,00 1,20 -0,07 Prix de ventes du paddy à 600 Ar., rendement 1800 kg/Ha 0,50 2,30 0,39 Prix de ventes du paddy à 400 Ar., rendement 2000 kg/Ha 0,50 0,47 0,14 Prix de ventes du paddy à 600 Ar., rendement 2000 kg/Ha 1,25 1,20 0,71 Pourcentage par rapport aux usagers (%) 60 40

Source : Auteur

Il apparaît que seuls les types I et II réagissent positivement à l’amélioration par l’utilisation de l’engrais. Tous les exploitants accusent une réponse favorable quant à l’augmentation du prix du paddy. Mais en comparant les avantages, les exploitants traditionalistes profitent mieux aux incitations économiques.

On en conclut que l’environnement économique est défavorable pour l’ensemble des usagers tous types confondus. Mais, les paysans du type III sont pénalisés quel que soit le thème

52 d’amélioration. Ceci provient du fait de l’exiguïté de leur parcelle et de leur stratégie pour la recherche du manque à gagner par l’exploitation des tanety.

Néanmoins, les exploitants traditionalistes arrivent à tirer parti du système de production; ils sont favorisés par les thèmes d’intensification de la production. Mais l’apport d’engrais est handicapé par l’irrigation en cascades ; un apport en cultures de contre saison ne donne qu’une faible réponse de rendement.

A travers tous les résultats obtenus, on peut constater que l’effet conjugué de la diminution de la superficie des rizières et la rareté de l’eau provoque une crise de développement au niveau du périmètre. Une intensification qui ne peut se faire et une mauvaise réponse de l’exploitation des tanety conduisent inéluctablement vers une évolution régressive des revenus des paysans. Les paysans en grande majorité formée par ceux qui n’ont pas ou peu de terres se présentent comme les plus vulnérables. Et même les paysans traditionalistes, à moyen terme, s’exposent à cette éventualité en vertu du mode successoral.

Pour l’exploitation des tanety, le premier axe à privilégier est l’accès au foncier par une adéquation de la potentialité des zones à la valorisation des terres par une sécurisation foncière confirmée par un schéma directeur d’aménagement rural. Le deuxième axe est l’amélioration de la productivité des bassins versants par la régénération de la fertilité des sols.

Avec un environnement économique peu favorable, l’économie de subsistance tend encore un peu plus à la baisse de revenus provenant de la production rizicole.

53

III. DISCUSSION

1. Les informations de l’histoire

Ce déterminisme historique qui lie les modalités de la gestion de l’eau et l’appropriation foncière sur le périmètre de Mangamila, a modelé ce construit social par une empreinte de la tradition combinée de la riziculture et de l’hydraulique. Le groupe social dominant formé par les zanak’andriambe joue un rôle déterminant dans le processus pour la gestion du foncier, les tanety et les rizières. Les droits d’usage des ressources naturelles sont protégés par différents procédés suivant les périodes de l’histoire.

En ce qui concerne les conflits de l’eau, sa résolution tourne à l’avantage des exploitants traditionalistes. Ce qui confirme encore la domination de ce groupe social, fondateur du périmètre de Mangamila.

Ainsi, les discussions relatives à cette recherche se basent sur la coopération de l’Etat et de la communauté sur le périmètre de Mangamila.

1.1. Au stade initial

L’aspect historique du périmètre de Mangamila laisse présager en premier lieu une dominance d’un groupe social formé par les fondateurs du périmètre. Ce qui rejoint aussi ce que l’auteur a vu en d’autre lieu ; les fondateurs jouissent d’une prépondérance quant à la gestion de l’eau et des rizières [10]. Ce groupe social identifié par sa dynamique historique est toujours présent au fil de l’histoire pour exploiter et reconquérir les acquis fonciers. La valorisation de ces acquis fonciers par la domestication de l’eau renchérit cette position avant et après la colonisation.

En fait, les modalités de gestion de l’eau sur le périmètre résultent de la combinaison de l’appropriation foncière et les règles contractuelles pour la distribution de l’eau. Ce qui tend à dire que le droit d’eau rattaché aux premiers aménagements est concomitant à la valorisation des terres. Cette régulation normative exercée par les exploitants traditionalistes trouve sa logique à l’attachement aux valeurs traditionnelles liées à la riziculture et ses activités connexes.

54

1.2. Le passé récent

Le passé récent révèle que le dysfonctionnement est nettement prévisible. L’absence de consultation sur les réalités de la gestion et de la maîtrise paysanne de l’eau conduit à une erreur de conception. Cette erreur technique combinée à une erreur d’appréciation de la réalité paysanne de la zone de Mangamila conduit à une résistance passive caractérisée par un retour à la pratique ancienne.

La succession d’interventions, parfois les mêmes, ne parvient pas à résoudre efficacement les problèmes sous-jacents des conflits des usagers. La tendance pour une équité de la distribution de l’eau handicape les solutions apportées. Une analyse scientifique de la logique paysanne suffit pour remédier à cette approche.

Certes cette approche nécessite une sensibilité qui fait abstraction de la formation des intervenants ; des échanges de vue sur une base d’équité et de considération de part et d’autres suffisent pour élucider les points de vue. Et l’appréhension du fondement des problèmes mérite d’être discutée dans un organe de concertation.

1.3. Pour un développement durable

Ainsi, cette approche historique nous instruit que les interventions sur le périmètre irrigué de Mangamila nécessitent la connaissance des règles pré existantes pour la gestion de l’eau et la maintenance des ouvrages.

Pour la mise en œuvre du processus participatif, les apports de l’histoire pèsent lourds dans la phase de diagnostic sur un périmètre irrigué. En fait, la résistance aux innovations est expliquée dès la phase du captage jusqu’à la distribution de l’eau. Les moyens pour la maîtrise de l’eau diffèrent, et l’inefficacité des solutions techniciennes réside surtout par l’absence d’échanges d’idées.

Or les savoirs paysans en matière de la conduite et de la maîtrise de l’eau résultent d’expériences sur le vécu campagne par campagne. Ils suivent aussi une logique qui n’est observable qu’après concertation. Mais la pratique du top down des techniciens ne permet pas entre autres d’instaurer un dialogue pour une recherche d’une solution concertée. Alors, une

55 analyse de la demande sociale doit se faire après rapprochement avec l’identification du groupe social concerné et le fonctionnement hydraulique du périmètre.

En effet, la position du problème avec le descriptif de la logique paysanne n’est pas bien appréhendée par les techniciens. Les causes du problème avec les acteurs et les facteurs ne sont pas explicités. Les moyens à mettre en œuvre ne sont pas discutés et les solutions préconisées ne font pas l’objet de discussion entre les usagers et les techniciens. Bref, l’essence même de la participation n’est pas pratiquée à la base.

2. Sur la dynamique des exploitations

2.1. Au niveau foncier

2.1.1. Sur les rizières

Cette tendance à la baisse de l’exploitation des rizières par morcellement suivant le mode successoral nécessite une grande discussion et une large concertation pour permettre aux exploitants de disposer d’une superficie viable économiquement et socialement. Comme le périmètre est à la limite de son extension, l’obtention de la production rizicole peut être faite de deux façons : • pratiquer la riziculture pluviale sur le bassin versant, • procéder à l’aménagement de nouveaux périmètres.

L’extension des périmètres rizicoles par de nouvel aménagement est une solution pour remédier à cette insuffisance chronique en riz. En rapport avec l’accroissement de la population, l’intensification sur les rizières existantes présente des limites techniques et économiques. Alors, une politique basée sur l’aménagement de nouveaux périmètres peut être envisagée pour une prévision aux besoins de la population croissante.

La règle de l’irrigation en cascades pénalise le thème de vulgarisation sur l’utilisation de l’engrais. Seul l’emploi des engrais en culture de contre saison permet à la riziculture de profiter de l’arrière effet de ces derniers pour une intensification de la production agricole sur les rizières. Mais l’emploi de l’engrais est limité par son prix sur le marché et sa disponibilité chez les distributeurs.

56

Le riz pluvial connaît déjà un essor sur le périmètre. Mais il est handicapé par l’accès à la terre et une maîtrise de la conduite de la culture. Ce qui amène à proposer une approche différente pour l’exploitation rationnelle des BV.

2.1.2. Sur les bassins versants

En effet, l’exploitation des BV nécessite la mise en œuvre de techniques rationnelles pour une agriculture durable. Cette durabilité est handicapée par l’insécurité au niveau du foncier. Ainsi, la sécurisation foncière sur les BV doit commencer par l’élaboration d’un schéma directeur d’aménagement rural. Ce schéma directeur d’aménagement rural débouche sur un plan d’aménagement rural qui définit les différentes zones selon ses potentialités et les clauses pour leur exploitation. Ce plan d’aménagement rural validé au niveau du Plan Communal de Développement reçoit l’aval du conseil municipal et est exécuté suivant les procédures et la priorité au niveau de la Commune.

Une combinaison avec les programmes d’actions pour la protection de l’environnement concrétise le plan d’aménagement rural. Ensuite, l’enregistrement au registre foncier communal de l’exploitation des terres est confié à un organe de concertation pour l’attribution des parcelles.

2.2. Au niveau gestion de l’eau

2.2.1. Un saut technologique

Certes, la pratique paysanne met en œuvre des dispositifs pour s’assurer de l’irrigation du périmètre. Mais la nécessité d’un saut technologique pour faire face à la rareté de l’eau échappe à leur compétence. Ce qui impose un dialogue entre les techniciens et les paysans dans la recherche de solution pour que l’exploitation du périmètre reste à la charge entière des usagers.

A prime abord, le problème des usagers dans la distribution de l’eau est temporel. La règle de l’irrigation en cascades ne permet pas d’investir en ouvrages pour rendre efficace la répartition de l’eau. Comme l’équité au partage de l’eau n’existe pas, une amélioration au captage suffit pour une minimisation des investissements et s’assurer que les solutions proposées pour ce faire contribue à la maîtrise paysanne de l’eau.

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2.2.2. Une approche adaptée

Pour arriver à une maîtrise paysanne de l’eau, un apprentissage collectif permet de réduire l’écart entre le décalage de la pratique technicienne et la pratique paysanne. Ce décalage est, à mon avis, négociable parce qu’une seule partie des intervenants ne peut détenir la vérité. Une logique d’actions commune porterait plus de rationalités.

Alors, l’acquisition des engagements moral et physique pour la participation des usagers est une condition sine qua non d’une réussite. Cette approche est un support pour rendre efficace la médiation nécessaire et suffisante pour aplanir les problèmes suite aux détériorations des relations sociales.

Enfin, lorsque les conflits se présentent, un arbitrage suffit pour remonter les contradictions principales et déboucher aux solutions radicales ou consensuelles.

2.3. Au niveau institutionnel

2.3.1. Une organisation communale

Les interventions sur un périmètre irrigué nécessitent une connaissance approfondie de l’environnement des usagers. L’exercice de pouvoir dirigé par les autorités locales met en exergue le jeu des acteurs et l’enjeu de la gestion de l’eau. Comme il ne s’agit pas tout simplement de l’eau, l’aspect foncier aussi tient une place importante. La tenure foncière sur le périmètre est connue par les autorités locales. Nous déduisons qu’une organisation communale du périmètre permet de résoudre de nombreux problèmes.

2.3.2. Les interventions de l’Etat

A Mangamila, développer un système pour une maîtrise paysanne de l’eau devient une nécessité. Cette nécessité est dictée pour une rentabilité des actions à entreprendre. Sinon le surendettement des paysans étouffe la loi de l’offre et la demande sur le prix du riz.

Pour ce faire, l’Etat doit assumer une multifonctionnalité des interventions par une approche programme reliant la production à son aval. Ce qui implique un effet intégrateur des systèmes en place. Car partir d’un besoin identifié par les paysans constitue un pas pour l’approche d’un développement qui sera maîtrisé par eux.

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Ainsi, l’approche diachronique opérée, a mis en exergue des relations sociales intimement liées à l’exploitation du périmètre. Ces relations ne se limitent pas au social, on a pu entrevoir aussi les aspects économiques. Les indicateurs révèlent que les paysans réagissent différemment suivant les thèmes. Alors, une stratégie adéquate pour un développement doit cibler plusieurs catégories d’acteurs.

L’approche suivant la dynamique des exploitations permet l’élaboration d’une stratégie pour le développement en général de la zone de Mangamila. Ce qui entraîne une autre conception des interventions basée sur les besoins réels des paysans.

Internaliser les externalités liées à l’exploitation du périmètre [4] de Mangamila consiste :

• à l’élaboration d’un schéma directeur d’aménagement rural appuyé par un plan d’aménagement rural validé au niveau du Plan Communal de Développement pour une sécurisation foncière et un renforcement des mesures d’atténuation de la dégradation des bassins versants, • à l’élaboration d’une politique de développement rizicole par une maîtrise paysanne de l’eau.

Ce qui entraîne une modification de comportement des acteurs.

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CONCLUSION

Une approche par les infrastructures pour la maîtrise de l’eau a été menée jusqu’à maintenant dans toutes les politiques pour l’amélioration de la production rizicole. Les problèmes majeurs sur le système irrigué tels que les conflits de l’eau et les externalités liées à son exploitation provoquent une résistance passive face aux innovations et aux changements de comportements.

Au niveau des résultats, cette recherche présente des limites surtout pour les informations économiques. Il nous semble que plusieurs thèmes peuvent faire l’objet de publications et/ou de poursuite de travail de recherche ; on note principalement l’extension à de nouvelles aires géographiques, la description des pratiques traditionnelles en matière d’irrigation, les informations économiques par une approche systémique, les politiques pour le développement rizicole.

Cette étude s’est servie d’une méthodologie qui pourrait amener les décideurs à réfléchir sur les externalités sur les périmètres existants. Cette ouverture vers un nouvel horizon donne accès à un développement durable pour une meilleure productivité du système irrigué.

Concilier les objectifs à long terme pour une meilleure productivité des périmètres irrigués par rapport aux pratiques paysannes nécessite une approche programme combinant les besoins immédiats et à moyen terme des paysans. L’apprentissage des usagers de l’eau prend encore du temps pour faire face aux besoins urgents en riz de la population.

Alors, les objectifs productivistes de l’Etat doivent être insérés dans un système de production à économie de marché. Ce système est viable sur des zones d’extension et/ou à vocation rizicole avec ou sans environnement paysan ; de nombreux travaux de recherche ont débouché sur ce système et qui ne nécessite qu’un pilotage pour être réalisé.

Certes, cette étude ne concerne qu’une typologie bien déterminée du système irrigué qu’on peut trouver à Madagascar ; ce qui incite encore à pousser une recherche pour une analyse partant des trois dimensions, à savoir : • l’historicité du périmètre, pour les antécédents suivant une construction sociale ; • l’hydrosystème pour l’état des ressources en terre et en eau; et,

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• le niveau d’aménagement pour le degré d’intervention suivant le processus de domestication de l’eau

Alors, une approche pluridisciplinaire avec accent sur l’adéquation des résultats de recherche en ingénierie sociale appliquée à la gestion de l’eau serait de mise dans l’amélioration des interventions sur le système irrigué.

Il serait aussi judicieux d’appliquer et d’étendre les résultats par une conduite de recherches appliquées à la gestion de l’eau sur plusieurs types de périmètres suivant les dimensions précitées.

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BIBLIOGRAPHIE

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12 RUF Thierry, 2000, Les institutions de l'irrigation paysanne : des cycles d'organisation et de réorganisation in Revue Agridoc n° 4 année 2004, revue thématique, 3 pages. 13 SABATIER Jean Luc, 1992, La gestion sociale de l’eau in La gestion sociale de l’eau, 1 - ORSTOM – Montpellier, France, pages 5-8. 14 SABATIER Jean Luc, s.d, Une approche de la maîtrise de l'eau au CNEARC - Document de travail scientifique - pages 67 à 77. 15 VERBEECK Richard, 1990 - Rapport des enquêtes agro socio-économique du périmètre de Mangamila - 71 pages. 16 Vice-Primature chargée des finances et du budget - Secrétariat chargé de la Décentralisation et du développement des provinces autonomes, 2002 - Guide d'élaboration d'un plan communal de développement - 63 pages.

ANNEXES

Annexe I : Liste exhaustive des usagers de l’AUE

Annexe II : Les précipitations efficaces pour un fréquence quinquennale sèche

Annexe III : Déclaration de politique pour le développement du secteur irrigué

Annexe IV : Organigramme de l’AUE

Annexe V : Liste des travaux exécutés par le projet FAO/PNUD

Annexe VI : Coût d’option pour la protection des BV par le projet PPI2

Annexe VII : Analyse des coûts de production riz et investissements

Annexe VIII : Simulation prix du paddy et rendement

Annexes IX : Cartes

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Annexe II : Précipitations efficaces pour une fréquence quinquennale sèche

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Annexe V : Liste des ouvrages exécutés par le Projet FAO

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Annexe VI : COUT D’OPTION POUR LA PROTECTION BV A MANGAMILA

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Annexe IX

Carte 1 : REPERAGE PERIMETRE MANGAMILA

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Carte 2 : LES PREMIERS AMENAGEMENTS

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Carte 3 : LES EXTENSIONS DU PERIMETRE DE MANGAMILA

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Carte 4 : LES SOLS DU PERIMETRE DE MANGAMILA

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Carte 5 : LES SECTEURS DU PERIMETRE DE MANGAMILA

5

Carte 6 : LES 15 MAILLES DU PERIMETRE DE MANGAMILA

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