Etude de faisabilité de gestion des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques Analyse bibliographique et propositions d’outils d’amélioration des connaissances
LAPORTE Thierry (chargé de secteur sud), HAHN Wendy (stagiaire Master 2 Professionnel, UST Lille 1) & FUMEY Emilie (Sigiste), 2006, CREN Aquitaine, 80 pages + 7 annexes
Résumé
Les corridors alluviaux recèlent un patrimoine naturel exceptionnel et assurent de très nombreuses fonctions écologiques indispensables à la survie d’espèces animales et végétales mais aussi hydrologiques, sociales et économiques très utiles à l’ensemble de la collectivité publique.
Une méthodologie élaborée s’appuyant sur la Base de Données Carthage des Agences de l’Eau a permis de faire ressortir 15 « grands sites » appelés « métasites » regroupant 44 sites sur l’ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques.
L’analyse bibliographique conclue au manque d’informations sur les indicateurs écologiques et socio-économiques à l’échelle des métasites et des sites. Les niveaux de connaissance et les indicateurs retenus par les producteurs de données sont par ailleurs très hétérogènes entre métasites et entre sites. On observe même un important déficit de connaissance sur le métasite de la Bidassoa et sur la plupart des métasites du nord-est du département : Luy de France, Gros et Petit Lées, Grand Lées et Larcis.
Dans le cadre de cette étude le CREN Aquitaine propose donc des critères à retenir pour réaliser à court ou moyen terme une hiérarchisation des sites en fonction des enjeux de conservation. Pour évaluer ces enjeux, le CREN Aquitaine suggère également d’utiliser une seule et même base d’indicateurs qui pourraient être repris dans les cahiers des charges des futures études.
A l’inverse des indicateurs et afin de démultiplier les actions d’amélioration des connaissances et d’assurer la complémentarité des données, les outils d’inventaire doivent rester les plus variés possibles en développant toutefois les Documents d’Objectifs « Natura 2000 » et les SAGE. Ces derniers constituent en effet des outils de gestion concertée et durable sur des territoires cohérents tels que les corridors alluviaux ou les bassins versants.
Mots-clés : corridors alluviaux - patrimoine naturel - fonctions écologiques – métasites – sites - Pyrénées- Atlantiques - analyse bibliographique – indicateurs - niveaux de connaissance – hiérarchisation - enjeux de conservation - amélioration des connaissances – outils d’inventaire Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006 SOMMAIRE I. Introduction...... 1 II. Présentation générale...... 3 A. Environnement socio-économique ...... 3 1. Localisation et limites de la zone d’étude...... 3 2. Présentation des Pays composant le département des Pyrénées-Atlantiques ...... 3 B. Environnement abiotique ...... 5 1. Climat...... 5 2. Géologie...... 5 C. Définition et brève description des principaux milieux naturels alluviaux remarquables des Pyrénées-Atlantiques...... 6 1. Définition d’un corridor alluvial ...... 6 2. Les Barthes ou plaines alluviales ...... 6 3. Les Saligues ou forêts riveraines...... 8 D. Outils et statuts d’inventaires et réglementaires ...... 10 1. Outils et statuts d’inventaires...... 10 2. Outils et statuts réglementaires ...... 12 III. Méthodologie...... 19 A. Bibliographie...... 19 1. Entretiens ...... 19 2. Métadonnées ...... 19 3. Recueil des données...... 20 B. Périmètre d’étude...... 20 1. Choix des cours d’eau...... 20 2. Métasites ...... 22 3. Sites...... 22 4. Zones...... 22 C. Hiérarchisation des sites ...... 23 1. Objectif et principe de la méthode ...... 23 2. Evaluation de l’état des connaissances...... 24 IV. Résultats...... 25 A. Critères de Hiérarchisation ...... 25 1. Etat de conservation...... 25 2. Faisabilité de gestion d’un site...... 36 3. Faisabilité de valorisation pédagogique et touristique ...... 37 B. Périmètre de l’étude...... 38 1. Métasites ...... 38 2. Sites...... 40 C. Bibliographie...... 43 1. Structures et personnes rencontrées et / ou contactées...... 43 2. Structures et personnes à rencontrer et /ou à contacter ...... 48 3. Evaluation du manque de données...... 48 V. Propositions d’indicateurs et d’outils d’amélioration des connaissances ...... 60 1. Propositions d’indicateurs écologiques...... 60 2. Proposition d’outils d’amélioration des connaissances...... 71 VI. Conclusion...... 75 Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
Bibliographie générale ...... 76 Annexes...... 80
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I. Introduction
Les zones humides françaises métropolitaines représentent environ 1,5 millions d’hectares, soit 3% du territoire métropolitain. La loi sur l’eau n°92-3 (3janvier 1992) définit les zones humides comme étant « des terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre, de façon permanente ou temporaire ; la végétation quand elle existe est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » (art. L 211-1- I 1° du code de l’environnement). Plus de 50% des espèces d’oiseaux dépendent des zones humides et 30% des espèces végétales remarquables et menacées en France y sont inféodées (source IFEN). Après distinction des milieux en fonction de la dominance douce ou salée de l’eau, plusieurs grandes catégories de zones humides représentatives à l’échelle de l’ensemble du territoire national sont généralement identifiées. Parmi elles on trouve les zones humides alluviales qui représentent une superficie d’environ 700 000 ha. Situés en fond de vallée des fleuves et des rivières, les habitats fluviaux (îlots, grèves, berges...) et les zones humides annexes (prairies inondables, marais tourbeux, bras morts, ripisylves, forêts alluviales...) sont façonnés par l’alternance des eaux basses et hautes. Les habitats fluviaux et les zones humides annexes localisés dans le lit majeur des cours d’eau sont qualifiés de corridors alluviaux. Ce sont des unités paysagères généralement composées de milieux naturels méso-hygrophiles, se développant sur des alluvions récentes en bordure de cours d’eau. Ces corridors alluviaux sont soumis à des phénomènes naturels d’inondations, d’érosions…et sous l’influence d’une nappe phréatique proche de la surface (CREN Aquitaine). Ainsi, les crues créent des espaces variés par l’apport de sédiments et de matières nutritives sur l’ensemble de la zone inondable, et sont favorables à une diversité et une productivité biologiques élevées. Elles influencent donc le fonctionnement écologique de l’ensemble des zones humides alluviales.
Au vu de l’importance du réseau hydrographique dans le département des Pyrénées- Atlantiques, les corridors alluviaux font partie intégrante du paysage et de l’identité historique et culturelle locale. Couvrant de vastes surfaces, ils concentrent de nombreuses activités socio-économiques telles que l’élevage, des exploitations forestières et de tourbe, des industries, des cultures (céréalières ou autres), la pêche, la chasse, la randonnée... Le processus naturel de fermeture des milieux (embroussaillement, boisement, pollution par des espèces allochtones…) et les pressions anthropiques qui sont exercées sur ces zones humides entraînent un état de conservation plus ou moins satisfaisant. De nombreuses études et actions de conservation ont été développées sur ces zones. Cependant, pour élaborer une politique générale et cohérente de conservation des « grands corridors alluviaux » à l’échelle du département, il semble nécessaire de synthétiser l’ensemble des données techniques et scientifiques sur la connaissance et la gestion de ces zones dans le cadre d’une première phase d’étude, puis dans une deuxième phase, d’étudier leur faisabilité de gestion et de valorisation et de compléter les connaissances actuelles.
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L’évaluation de l’état de conservation et de la faisabilité de gestion et de valorisation, passe par l’établissement d’un bilan des connaissances environnementales et socio- économiques de la zone d’étude. Homogénéiser le niveau d’information, réactualiser les données ainsi que proposer des axes d’études, de conservation, de gestion et de valorisation des sites prioritaires constitueront la suite de cette étude, programmée sur plusieurs années. Ce rapport présente le contexte socio-économique, la définition des métasites et des sites ainsi que la méthodologie de hiérarchisation proposée afin d’évaluer la faisabilité de gestion et de valorisation des sites.
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II. Présentation générale
A. Environnement socio-économique
1. Localisation et limites de la zone d’étude
Le secteur d’étude est le département des Pyrénées-Atlantiques (64). Situé au sud de la région Aquitaine, ce département est composé du Pays Basque et du Béarn, lui-même décomposé en quatre Pays : le Val d’Adour, le Grand Pau, le Haut Béarn, et le Béarn des gaves.
2. Présentation des Pays composant le département des Pyrénées-Atlantiques
Fig. 1 : Pays composant le département des Pyrénées- Atlantiques
a) Val d’Adour
En limite nord-est du département des Pyrénées-Atlantiques, le Pays du Val d'Adour est au cœur du Sud Ouest, à la confluence des cultures béarnaise, bigourdane et gasconne (Cf. Fig. 1 ci-dessus). Zone de plaines et de coteaux, l’Adour y perd peu à peu son régime torrentiel, ouvrant ainsi une large plaine alluviale. Le Pays du Val d'Adour est un territoire rural. Pilier de l'identité culturelle et principale actrice dans la création des paysages, l'agriculture du Val d'Adour constitue le vecteur économique essentiel d’un pays qui ne bénéficie ni de l’attraction touristique des Pyrénées, ni de celle du littoral.
b) Grand Pau
Les paysages variés du Pays du Grand Pau témoignent de la grande diversité des milieux naturels, forgés et modelés par des siècles d'activité humaine. Dans les plaines du Gave de Pau, du Pont Long et de l'Ousse s'étalent champs et villages. Sur les sols fertiles de ces plaines se sont développées les cultures maraîchères et celle du maïs, qui cohabitent avec les activités humaines localisées dans les bourgs et villages.
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Les coteaux boisés du sud du Pays abritent le célèbre Vignoble du Jurançonnais. Au nord de Pau, un éventail de rivières se déploie vers les plaines landaises. Cette multitude de cours d’eau a modelé un paysage de coteaux et de collines. Par ailleurs, le Gave de Pau, rivière où sont pratiqués de nombreux sports d’eaux vives, traverse de part en part le Pays du Grand Pau. Le Pays du Grand Pau possède en outre sa propre vallée pyrénéenne. La vallée de l'Ouzom, traditionnellement consacrée à l'élevage et à la fabrication des fromages fermiers, offre le visage d'un territoire de montagne préservé et sauvage. Ce Pays est également marqué par un tissu industriel varié sur l'ensemble de son territoire et par une agriculture diversifiée mais dominée par l’élevage bovin et la maïsiculture.
c) Haut Béarn
Territoire le plus au sud du département, il s’étend de Pau jusqu’à la frontière franco- espagnole qui marque sa limite sud (Cf. Fig. 1 page 3). Cerné par les Pays du Béarn des Gaves au nord, du Pays Basque à l’ouest et du Grand Pau à l’est, le Pays du Haut Béarn est un secteur relativement préservé où la nature est prépondérante. Zone de collines et de montagnes, ce territoire est composé par les vallées d’Aspe, d’Ossau et du Barétous, où les activités pastorales et sylvicoles sont prédominantes. L’économie de ses vallées repose essentiellement sur ces usages traditionnels auxquels vient s’ajouter une activité touristique croissante. Comme pour l’ensemble du département, l’histoire du Haut Béarn est riche en évènements et se retrouve dans le patrimoine culturel et architectural local.
d) Béarn des gaves
Aux portes du Pays Basque, le Béarn des Gaves est un vaste territoire qui présente un paysage de collines boisées et une plaine riche en ressources naturelles. Pays mêlant agriculture, tourisme, et industrie, il s’est principalement développé avec l’industrialisation du bassin de Lacq, réserve naturel de gaz et de pétrole.
e) Pays Basque
Pays le plus vaste du département, le Pays Basque est composé de 3 territoires : le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule. Son patrimoine historique et culturel lui confère une identité particulière. Pays très connu d’un point de vue touristique, il présente l’avantage d’offrir les plaisirs de la montagne et de l’océan. Malgré la présence de quelques pôles d’industries, l’activité économique repose principalement sur le pastoralisme (ovins et équins), l’agriculture et le tourisme. Une forte urbanisation peut être constatée sur le littoral, mais l’arrière-pays est relativement préservé et la nature y est très présente. On y retrouve par exemple, la vallée de la Nive et de Bidassoa, deux rivières qui ont la particularité de ne pas faire partie du bassin de l’Adour. En effet, ces deux rivières prennent leur source dans les Pyrénées et vont se jeter directement dans l’océan Atlantique.
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B. Environnement abiotique
1. Climat
Le département des Pyrénées-Atlantiques est soumis à un climat tempéré océanique des latitudes méridionales, et plus particulièrement à un climat sub-aquitain. Celui-ci doit son caractère particulier à trois grands facteurs : - la latitude, puisque c’est un des départements les plus méridionaux de France, ce qui le met relativement à l’abri des zones les plus actives de dépression qui touchent le nord de l’Europe. - la chaîne pyrénéenne constitue une barrière naturelle sur laquelle viennent buter les courants atmosphériques du nord-ouest à la fin du printemps, d’où une forte nébulosité de mi-avril à mi-juin, période de pluies fréquentes et abondantes. A l’inverse, en automne et en hiver, par courant de sud et de sud-ouest, on observe des températures élevées, accompagnées d’un ciel dégagé et d’une luminosité exceptionnelle. - la proximité de l’océan Atlantique accroît la fréquence des précipitations et permet une diminution des écarts de température, surtout pour le Pays Basque.
2. Géologie
Commencée il y a plus de 500 millions d’années, la formation des Pyrénées s’est réalisée en deux parties : l’orogenèse hercynienne de -360 à -290 millions d’années (ère primaire), et l’orogenèse pyrénéenne de -53 à -33 millions d’années (ère tertiaire). L’orogénie hercynienne a plissé, déformé, soulevé d’énormes volumes de roches nées dans une mer profonde. Les sédiments primaires forment les épaisses séries métamorphiques des pics de la zone axiale de la chaîne pyrénéenne. Contemporains de ce premier soulèvement, des massifs granitiques sont apparus lentement, venus des profondeurs de l’écorce terrestre. (LE NAIL et al., 1988). La fin de l’ère primaire et la majeure partie de l’ère secondaire furent marquées par l’érosion du relief et l’avancée de la mer. C’est au cours de cette période que se sont fait d’importants dépôts de calcaire sur les formations hercyniennes. Une reprise de l’activité orogénique, liée au rapprochement des plaques continentales européenne et ibérique dès le début de l’ère tertiaire, détermina la deuxième phase de formation des Pyrénées (LE NAIL et al., 1988). Le serrage nord-sud souleva des roches métamorphiques et granitiques primaires, plissa selon une orientation est-ouest les sédiments les plus récents. Néanmoins, dans la partie basque de la chaîne pyrénéenne, l’originalité des montagnes tient à leur disposition en massifs isolés les uns des autres par de larges dépressions (VIERS, 1975) C’est au cours de la dernière glaciation (ère quaternaire) que le paysage a été profondément modifié pour aboutir à son état actuel.
Sur le piémont, les dépôts plus récents, (des ères tertiaires et quaternaires), ont été profondément disséqués par le réseau hydrographique. Plus au nord, la zone sous-pyrénéenne présente un mouvement d’affaissement général, où s’entassent sédiments et débris arrachés à la montagne. Ces zones se caractérisent par un sol constitué d’alluvions fluviatiles, et peuvent donc être facilement remuées avec les divagations des cours d’eau.
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C. Définition et brève description des principaux milieux naturels alluviaux remarquables des Pyrénées-Atlantiques
1. Définition d’un corridor alluvial
Dans la littérature française, il ne semble pas exister de définition précise du « corridor alluvial ». C’est pourquoi, dans le cadre de cette étude, nous proposons la définition suivante :
On entend par corridor alluvial un continuum écologique continu ou discontinu bordant les deux rives d’un cours d’eau. Ce corridor est généralement formé d’habitats hygrophiles à méso hygrophiles, naturels ou semi naturels soumis plus ou moins régulièrement aux processus d’érosion, d’inondation et de sédimentation. Ces zones humides dites alluviales occupent en général le lit majeur des rivières, sont étroitement liées aux cours d’eau et à la présence d’une nappe phréatique peu profonde ou affleurante et se développent sur des alluvions plus ou moins récentes. Les zones humides alluviales constituent de véritables réservoirs de biodiversité permettant à de très nombreuses espèces de se reproduire, de s’alimenter, de se réfugier ou de faire une halte. Quand elles forment un corridor continu ou faiblement morcelé le long d’un cour d’eau, elles permettent aux espèces de se déplacer plus facilement entre les zones « source » ou « réservoir », favorisant ainsi le brassage génétique, le maintien et le développement de métapopulations. (T. Laporte, CREN Aquitaine, 2006)
Toutefois, dans les grandes plaines alluviales, on rencontre des zones humides situées sur des terrasses alluviales « hautes » qui ne sont plus sous l’influence directe du cours d’eau. Les zones humides sont alors directement liées aux nappes phréatiques ou aux affluents latéraux. Elles peuvent avoir une origine naturelle comme les affluents ou les sources et rivières phréatiques ou encore les anciens bras fluviaux. D’autres ont entièrement été façonnées par l’être humain telles que les carrières d’exploitation de granulats (ancienne ou en exploitation), étangs, mares, canaux, fossés … Au sein des corridors alluviaux étudiés, on ne rencontre pas exclusivement des zones humides. Des formations végétales plus mésophiles peuvent se former par exemple sur les levées (ou «bourrelets ») alluvionnaires. L’urbanisation, l’industrialisation et l’agriculture intensive … additionnées à d’importants travaux d’aménagement de berges ont entraîné l’assèchement de nombreuses zones alluviales et une « banalisation » des formations végétales. Le corridor alluvial prend donc en compte l’ensemble des espaces associés au cours d’eau dans leurs dimensions longitudinales mais aussi spatiales en y intégrant des milieux plus mésophiles et des secteurs plus ou moins artificialisés.
2. Les Barthes ou plaines alluviales a) Définition et description générale des Barthes
« Barthe » est une appellation basque et gasconne pour décrire les plaines alluviales fréquemment inondées et longeant les cours d’eau. Ce mot dériverait d’une racine basque « bar » désignant « vallée ». Au Pays Basque, ces écosystèmes sont principalement présents dans de plus ou moins larges plaines alluviales sur les parties aval des cours d’eau suivants : Nivelle, Nive et Adour et ses affluents (Aradany, Joyeuse ou Aran et Bidouze).
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Dans le Béarn, on trouve des écosystèmes similaires sur les terrasses hautes de la plaine alluviale du Gave d’Oloron (Barthes de St Pé de Léren et de Labastide-Villefranche) ou dans la plaine alluviale du Saleys (Les Barthes de Salies de Béarn). Ailleurs, les autres Barthes béarnaises ne sont pas ou plus comparables, écologiquement et en surface, avec toutes celles précédemment citées. Dans les plaines des Gaves, il s’agit sans doute d’anciennes Barthes ayant été drainées et remplacées par des grandes cultures céréalières et par la populiculture (Barthes de Biron, Sarpourenx et Maslacq dans la plaine du Gave de Pau) ou encore s’étant boisées (Barthes d’Os-Marsillon, la plaine de la Bayse). Sur l’ensemble territoire béarnais, on trouve également des « Barthes » ou « Bartes » de taille plus réduite qui pourraient attester d’anciens secteurs de prairies humides alluviales sur les communes de Pardies-Pietat, Bordère, Beust, Argelos, Sévignacq-Thèze …
Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, les Barthes abritent des formations végétales naturelles très variées : communautés amphibies, formations végétales aquatiques, prairies méso hygrophiles à hygrophiles, mégaphorbiaies, roselières, forêts alluviales et boisements marécageux …
b) Les Barthes de l’Adour
Ces Barthes sont des zones situées de part et d’autre de l’Adour, sur une largeur de plusieurs centaines de mètres et une hauteur qui n’excède généralement pas deux à quatre mètres. Elles sont encadrées de terrasses plus ou moins accentuées (les coteaux) et sont surtout caractérisées par l’extrême faiblesse de leur pente, tant longitudinale que transversale. Le périmètre des Barthes est délimité par rapport à la courbe de niveau 2,5 m correspondant à la côte de la crue de 1952. On distingue (CPIE, Communauté de Communes du Seignanx) :
- les « Barthes basses » : cuvettes formées au pied du bassin versant, où stagne l’eau une grande partie de l’année, - les « Barthes hautes » : « levées » alluvionnaires. Ces zones très riches permettent le développement des activités humaines, en particulier de l’agriculture.
La Zone de Protection Spéciale des Barthes de l’Adour couvre environ 15 651 hectares sur les départements des Landes et des Pyrénées-Atlantiques mais seulement 10 % de cette surface se trouve rive gauche de l’Adour, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Fig. 2 : Coupe transversale d’une Barthe :
Levée naturelle ou digue Dépression de piémont
Coteau Rivière
Lit mineur Barthes
Lit majeur
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Les Barthes de l’Adour ont quatre rôles principaux. Tout d’abord, elles servent de vase d’expansion au fleuve. En effet, lors des crues, l’eau en excès dans le fleuve est acheminée dans la Barthe par un système de canaux et grâce au système de portes à flots ou à clapet. Ce système permet de faire baisser le niveau de l’Adour et ainsi de protéger les habitations potentiellement présentes. Elles jouent un rôle dans la désynchronisation des crues : en effet l’eau stockée dans la Barthe lors de la montée des eaux sera restituée au fleuve seulement lors de la décrue. Ceci permettra donc de diminuer l’intensité de la crue mais en contrepartie celle-ci durera plus longtemps. En outre, le sol des Barthes permet d’épurer les eaux du coteau souvent polluées par les activités humaines. Enfin, grâce à la grande variété d’habitats naturels qui les compose, les Barthes concentrent une très importante biodiversité. Elles constituent notamment d’importantes zones d’accueil pour l’avifaune migratrice et hivernantes et particulièrement pour les espèces inféodées aux zones humides telles que les anatidés, les grands échassiers (cigognes, grues cendrées, butor étoilé …), les limicoles (courlis cendré, …), les rapaces (balbuzard pêcheur, pygargue à queue blanche, aigle criard …), les passereaux paludicoles ... Outre les oiseaux, les Barthes abritent de nombreuses espèces animales protégées telles que le loutre d’Europe, le vison d’Europe, la cistude d’Europe, le lézard vivipare, le cuivré des marais, …
3. Les Saligues ou forêts riveraines
« Saligue » provient de la racine latine « Salix » qui désigne le mot « Saule ». Cette appellation locale désignent des prairies humides périodiquement inondées et des boisements alluviaux ou forêts riveraines principalement composés de saulaies, d’aulnaies-saulaies d’aulnaies-frênaies, et de frênaies-chênaies. Les saligues sont localisées au sein du lit majeur des cours d’eau et s’apparentent donc aux ripisylves.
« Les forêts riveraines sont des formations végétales situées en bordure des milieux aquatiques. Elles sont composées de groupements végétaux multiples, essentiellement arborés mais où la strate herbacée peut aussi être importante. Les essences présentes sont liées à la permanence de l’eau dans les sols, dans l’air et à la périodicité des inondations. Cette diversité végétale permet une importante diversité animale qui trouve dans ces milieux une nourriture et des cachettes en abondance. Ces écosystèmes forestiers particuliers constituent des zones de transition entre les milieux aquatiques et terrestre. (France Nature Environnement, 2003).
Leurs galets de granulométrie variable sans cesse remis en mouvement par les eaux, elles abritent une végétation se caractérisant par la diversité et l’instabilité des milieux. Les divagations de la rivière entraînent un rajeunissement régulier des milieux allant d’herbiers immergés jusqu’aux chênaies, en passant par divers stades pionniers herbacés et arbustifs. Les saligues permettent un étalement des crues qui contribuent à leur écrêtement.
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En période d’étiage, elles constituent un excellent réservoir avec pouvoir dénitrifiant. La diversité des milieux et leur accès difficile sont les garants d’une richesse biologique autant pour l’avifaune (migratrice, hivernante mais également sédentaire) que pour la faune terrestre (loutres, visons) (SDAGE ADOUR-GARONNE, 1996).
Fig. 3 : saligue en
aval du Gave de Pau
Au sein de ces saligues, on distingue des « boisements de berges » situés à proximité immédiate du cours d’eau et fréquemment soumis aux crues. Les formations végétales sont en principe constituées d’essences à bois tendre : « … des saulaies arborées dominées par le saule blanc (Salix alba), parfois de peuplier noir (Populus nigra), auquel se mêle le frêne (Fraxinus excelsior). La strate arbustive est souvent riche en saules et en sureau noir (Sambucus nigra), tandis que la strate herbacée est caractérisée par des formations d’orties, faux roseaux, menthes, carex, … (Rameau et al., 2000). » Une autre essence à bois tendre, l’aulne glutineux (Alnus glutinosa), préfère les sols engorgés sans assèchements estivaux. Les saules blancs souvent associés aux saules fragiles (Salix fragilis) forment des galeries caractéristiques le long des grands cours d’eau (Gaves).
Dans les saligues, les essences à bois dur sont représentées par les frênes, les chênes (surtout Quercus robur), érables, ormes, tilleuls, … Elles sont en général moins soumises aux crues et supportent moins les sols engorgés.
Dans les forêts riveraines des grands cours d’eau (Adour et Gaves) on peut observer des mosaïques végétales très complexes avec une superposition par strate et une juxtaposition d’associations végétales en fonction de la microtopographie (levées ou bourrelets alluvionnaires, dépression, bras morts, pente …), du degré d’humidité dans le sol et dans l’air, de l’exposition, de l’ombrage porté par les différentes essences sur les autres strates, de la périodicité et de la puissance des crues … A cette dimension spatiale, il faut ajouter la dimension temporelle ou plutôt saisonnière avec des successions végétales marquées au niveau de la strate herbacée entre la fin de l’hiver (nombreux géophytes) et la fin de l’été.
En Europe moyenne, les forêts des grands fleuves à haute diversité spécifique tels que le Rhin, le Danube et l’Elbe, peuvent être formés de huit strates auxquelles participent jusqu’à une cinquantaine d’arbres et d’arbustes. Dans les plaines alluviales de l’Adour et du Gave de Pau, ce type de forêts reste très rare et doit plutôt être considéré comme un « faciès » dégradé.
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D. Outils et statuts d’inventaires et réglementaires
1. Outils et statuts d’inventaires
On distingue tout d’abord les statuts d’inventaires qui n’ont pas de réelle valeur juridique mais qui sont des outils d’identification de sites fondés sur la connaissance scientifique des milieux naturels permettant l’établissement de listes de sites remarquables. Ce sont les Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF), ainsi que les Zones d’Intervention Communautaire pour les Oiseaux (ZICO). 21 ZNIEFF de type I et 10 ZNIEFF de type II recoupent partiellement ou en totalité le périmètre d’étude.
Fig. 4 : Carte de localisation
des ZNIEFF
Dans ce périmètre on relève également deux ZICO :
- AN4 : Barthes de l’Adour qui couvre 15 760 hectares en grande partie répartis sur le département des Landes et classés en Zone de Protection Spéciale (ZPS). Dans les Pyrénées-Atlantiques, seules 6 communes sont concernées : Bardos, Guiche, Lahonce, Sames, Urcuit et Urt. - AN15 : Lac d’Artix et Saligue du Gave de Pau qui couvrent 3500 ha sur les Pyrénées- Atlantiques.
Fig. 5 : Carte de localisation des ZICO et ZPS
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En 1996, la Direction Régionale de l’Environnement d’Aquitaine (DIREN) confie à Alain Royaud, l’inventaire des sites tourbeux des Pyrénées-Atlantiques qui va mettre en évidence le remarquable réseau des tourbières de la plaine d’Ogeu. En parallèle, la DIREN réalise l’inventaire préliminaire des sites susceptibles d’être intégrés au réseau « Natura 2000 » qui servira de base à la désignation des Sites d’Importance Communautaire (SIC).
Le CREN Aquitaine contribue également à l‘amélioration des connaissances en réalisant plusieurs inventaires qui permettent de cartographier les milieux naturels, de mesurer les enjeux de conservation et de proposer des axes de gestion sur des tronçons de corridors alluviaux (métasites) :
- Inventaire des milieux naturels de la Communauté de communes du Miey de Béarn en 2003 : métasites des saligues du Gave de Pau, de l’Uzan, de la Baïse, de l’Ayguelongue et du Luy de Béarn - Inventaire des zones humides des montagnes béarnaises en 2004 : métasites des Gaves d’Aspe et d’Ossau - Inventaire des milieux naturels de la Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées en 2005 : métasites des saligues du Gave de Pau, de l’Ousse des Bois, de l’Uzan, de l’Ayguelongue, de l’Arlas, du Nées et de Las Hies.
Ces inventaires constituent de précieux outils pour les collectivités locales car ils leur permettent de développer des actions de conservation de milieux naturels sur les sites les plus remarquables, de mieux appréhender la notion de conservation et de restauration des corridors écologiques, d’identifier les enjeux et de proposer un statut de protection de ces espaces naturels dans les documents d’urbanisme (PLU et SCOT).
Par ailleurs, des diagnostics ont été réalisés et des plans de gestion sont appliqués dans le périmètre d’étude. Bien que peu nombreux et réalisés à une échelle très locale, ces programmes ont permis d’approfondir considérablement la connaissance des milieux naturels et de mieux cerner les enjeux de conservation (Cf. Bibliographie) :
- Diagnostic du Lac d’Artix, Syndicat intercommunal du Gave de Pau - Plan de gestion de la Forêt domaniale de Bastard, ONF - Plan de gestion de l’Espace naturel du Lac de Castet, ONF - Etude des Saligues du Gave de Pau entre Lescar et Artix, Hélène BUTLER - Plan de gestion de l’ENS « Saligues du Gave de Pau de Baudreix et Boeil-Bezing », CG des Pyrénées-Atlantiques, - Etude pour la gestion des Barthes et de la Bidouze, CG des Pyrénées-Atlantiques - Plan de gestion des Barthes de Munho neuf, CG des Pyrénées-Atlantiques - Plan de gestion des barthes de l'Ardanavy et de l'île de Broc, CG des Pyrénées- Atlantiques - Plan de gestion des Barthes de la Nivelle, CG des Pyrénées-Atlantiques - Plan et bilan de gestion des Zones humides du lac d’Uzein, CREN Aquitaine, - Plan et bilan de gestion des Berges de l’Arlas, CREN Aquitaine, - Plan et bilan de gestion des Tourbières de Buzy, CREN Aquitaine, - Plan de gestion de l’Ile de Belle, CREN Aquitaine - …
- 11 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
Depuis 2004, le CREN Aquitaine anime une Cellule d’Assistance Technique « Zones Humides » sur le département des Pyrénées-Atlantiques (CAT ZH 64 aussi appelé réseau SAGNE ZH 64). Dans ce cadre, il réalise des expertises et diagnostic écologique à la demande des propriétaires et/ou des gestionnaires. Ainsi, deux sites situés dans le périmètre d’étude ont pu bénéficier d’une expertise :
- les mares du Lac de Castet, - le site de la Rouquette sur le corridor alluvial du Gave d’Oloron.
2. Outils et statuts réglementaires a) Les lois sur l’eau et le SDAGE Adour-Garonne
Après la première loi sur l’eau votée en 1964 et la création des Agences de l’Eau en 1968, il faudra attendre la deuxième loi sur l’eau du 03 janvier 1992 pour que l’Etat français reconnaisse pour la première fois que «L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général » (article premier). Par ailleurs, l’article 2 précise que « cette gestion équilibrée vise à assurer la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et zones humides » et énonce la première définition d’une zone humide dans le droit français.
Cette loi institue deux outils :
- le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) à l’échelle des grands bassins dont le premier SDAGE Adour-Garonne, adopté en 1996. Un deuxième SDAGE est en phase d’élaboration et entrera en vigueur en 2010.
- et les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux élaborés par des Commissions Locales de l’Eau (CLE) à des échelles plus locales. 16 SAGE ont été réalisés sur le bassin Adour-Garonne mais aucun n’a à ce jour été établi sur le département des Pyrénées-Atlantiques.
La portée juridique du SDAGE est définie par l’article 3 : « les programmes et les décisions administratives dans le domaine de l’eau doivent être compatibles ou rendus compatibles avec leurs dispositions. Les autres décisions administratives doivent prendre en compte les dispositions du schéma directeur … » 26 mesures (A) de gestion et protection des milieux naturels aquatiques et littoraux sont énoncées dans le SDAGE Adour Garonne notamment des mesures concernant la protection des écosystèmes aquatiques et des zones humides :
- A3 : Milieux naturels remarquables ou Zones Vertes : les zones vertes sont des écosystèmes aquatiques qui méritent une attention particulière et immédiate à l’échelle du bassin. Ces zones ont été définies dans le cadre du Schéma Directeur d’Aménagement de Gestion des Eaux (SDAGE) Adour-Garonne. Dans le périmètre d’étude, ces zones vertes sont localisées au niveau des grands corridors alluviaux : Adour (Estuaire, ripisylves, barthes et saligues), Nive (Estuaire et barthes), Gave de Pau (Saligues), Gave d’Oloron et Gave d’Aspe. Sur le département, les Zones Vertes sont majoritairement comprises dans des grands corridors alluviaux. - A4 & A5 : Restauration, protection et gestion des zones vertes
- 12 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
- A6 à A9 : Protection des ripisylves, des boisements riverains, des milieux aquatiques et des zones humides
7 autres mesures portent sur une meilleure gestion des poissons grands migrateurs (saumon atlantique, lamproies, alose, …) et sur une restauration de leurs axes de migration prioritaires ou Axes Bleus (A19 à A26). Dans les Pyrénées-Atlantiques les cours d’eau classés en Axes Bleus sont l’Adour, les bassins des Gaves et des Nives, la Nivelle ainsi que leurs débouchés maritimes et les affluents de l’Adour.
Un nouveau SDAGE Adour-Garonne devrait être mis en œuvre sur la période 2010-1015. Il pourrait prévoir l’abandon de la notion de « zones vertes » au profit des mesures suivantes :
- Identification et délimitation des zones humides avant 2015, - Délimitation des zones humides d’intérêt environnemental particulier et des zones stratégiques pour la gestion de l’eau avant 2013.
En parallèle au SAGE, la circulaire du 05 février 1981, met à disposition des acteurs locaux de l’eau un outil opérationnel : le contrat de rivière. Depuis, le contrat de rivière a fortement évolué et a adopté une démarche plus globale de gestion de l’eau et des milieux aquatiques à l’échelle d’un bassin versant. Il repose sur une forte mobilisation des élus locaux, des riverains et des usagers sur un territoire cohérent autour d’un projet commun pour réhabiliter et valoriser leur patrimoine aquatique. Le Comité de rivière est étendu à l’ensemble des acteurs de l’eau à l’échelle locale, pilote les études et élabore le dossier définitif. Les objectifs collectifs sont définis et traduits dans un programme d’aménagement et de gestion étalé sur 5 ans tirant parti des potentialités écologiques du cours d’eau. L’Agence de l’Eau, le département, la Région et l’Etat contribuent fortement à son financement. Il en existe actuellement trois dans le département : sur la Nive, la Nivelle et le Saison. Le Contrat de rivière est amené à être l’outil opérationnel du SAGE. Ce dernier bien que fondé sur les mêmes principes de concertation et de gestion globale a une portée réglementaire et constitue davantage un outil de planification de la politique locale de l’eau.
La troisième loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 a comme objectif de « donner les outils à l’administration, aux collectivités territoriales et aux acteurs de l’eau pour reconquérir la qualité des eaux et atteindre en 2015 les objectifs de bon état écologique fixés par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et retrouver une meilleure adéquation entre ressources en eau et besoins dans une perspective de développement durable des activités économiques utilisatrices d’eau … ». L’ensemble des outils précédemment évoqués (SDAGE, SAGE, Contrat de rivière …) devront permettre l’atteinte des objectifs de la DCE d’ici 2015.
b) La Directive Cadre sur l’Eau
La Directive Cadre sur l’Eau (DCE) du 23 octobre 2000 a été transposée dans le droit français par la loi du 21 avril 2004. Elle se fixe comme objectif que tous les milieux aquatiques atteignent le bon état écologique d’ici 2015. Elle demande que les bassins hydrographiques établissent un document de planification d’ici 2009 puis tous les 6 ans au travers d’un plan de Gestion et d’un programme de mesures. Le nouveau SDAGE devra donc intégrer les objectifs de la DCE avant le 31 décembre 1999.
- 13 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
c) Le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI)
La loi du 2 février 1995 (dite loi Barnier) relative au renforcement de la protection de l’environnement instaure les Plans de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) qui permettent de : - délimiter les zones exposées aux risques d’inondation en tenant compte de la nature et de l’intensité du risque encouru, d’y interdire toute implantation humaine ou si une implantation est autorisée, de prescrire les conditions de cette dernière, - délimiter les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où des ouvrages ou activités humaines pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux, d’y prévoir des mesures d’interdiction ou des prescriptions, - définir les mesures nécessaires de prévention, de protection et de sauvegarde, - définir les mesures relatives à l’aménagement, l’utilisation ou l’exploitation des constructions, des ouvrages et des espaces plantés ou mis en culture à la date de l’approbation du plan.
Les PPRI s’imposent aux autres documents d’urbanisme auxquels ils doivent être annexés (PLU).
d) Le Plan Local d’Urbanisme (PLU)
Depuis la loi du 13 décembre 2000 sur la Solidarité et le Renouvellement Urbain (SRU), le PLU remplace le Plan d’Occupation des Sols (POS). Il peut s’appliquer sur des communes voire des intercommunalités. Les petites communes conservent la possibilité de se doter d’une carte communale. Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) constitue le nouvel outil du PLU. Ce document planifie sur 10 à 20 ans le projet de la collectivité en matière de développement économique, social, d’environnement et d’urbanisme. Toute modification du PLU doit rester en cohérence avec le PADD, ce qui voue à ce dernier une opposabilité indirecte au PLU.
Les zones naturelles et forestières, dites « zones N » (anciennes zones ND des POS) sont les « secteurs de la commune, équipés ou non, à protéger en raison de la qualité des sites, des milieux naturels, des paysages et de leur intérêt, notamment du point de vue esthétique, historique ou écologique, soit de l’existence d’une exploitation forestière, soit de leur caractère d’espaces naturels » (article R.123-8 du code de l’urbanisme). Dans ce cadre, il est également possible pour la collectivité de délimiter des Espaces Boisés Classés (EBC) dans lesquels toute coupe d’arbre et tout débroussaillage devra faire l’objet d’une demande à la commune et à la DDAF.
Des prescriptions particulières peuvent être apportées aux zones N dans l’objectif de protéger des sites, milieux naturels et paysages, comme par exemple la préservation des corridors écologiques (alluviaux) et biologiques (haies, fossés …). Des constructions peuvent être autorisées « dans des secteurs de taille et de capacité d’accueil limitées, à la condition qu’elles ne portent pas atteinte ni à la préservation des sols agricoles et forestiers ni à la sauvegarde des sites, milieux naturels et paysages ». En outre, dans le cadre de la révision d’un PLU, les zones N peuvent être réduites. Le PLU est soumis à enquête publique.
- 14 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
e) Le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT)
Le SCOT est un document d’urbanisme à l’échelle de plusieurs communes ou de groupements de communes ou EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale). Il doit couvrit un territoire continu et sans enclaves. Les objectifs à moyen et long terme d’un SCOT sont les suivants :
- Définir les orientations d’aménagement en évitant les localisations trop précises en tenant compte des déplacements et des aires d’influence des équipements ; - Limiter la consommation de nouveaux espaces et restructurer le tissu urbain.
Le SCOT est opposable aux PLU, cartes communales … Le SDAGE, le règlement des Parcs Nationaux, … s’imposent au SCOT. Le Document d’Orientation Générale (DOG) est la mise en œuvre du PADD.
3 SCOT ont été réalisés sur le secteur d’étude :
- SCOT de l’agglomération de Bayonne et du sud des Landes depuis 2000 - SCOT Sud Pays Basque depuis 2002 - SCOT du Piémont Oloronais depuis 2003
Evaluations environnementales dans le cadre des SCOT et PLU : Depuis l’ordonnance de 2004 et la circulaire du 06 mars 2006, l’évaluation environnementale est rendue obligatoire dans le cadre des SCOT et pour les PLU « susceptibles d’avoir une incidence notable sur l’environnement ». La circulaire précise les champs obligatoires de cette évaluation :
- analyser l’état initial de l’environnement et les perspectives de son évolution, - analyser les incidences notables prévisibles notamment sur la protection des zones Natura 2000 - expliquer les choix retenus pour établir le PADD et le Document d’Orientation Générale, - présenter les mesures envisagées pour éviter, réduire et si possible compenser les conséquences de la mise en œuvre du schéma sur l’environnement, - rappeler que le schéma fera l’objet d’une analyse des résultats de son application dans un délai de 10 ans maximum, - rédiger un résumé non technique des éléments et une description de la manière dont l’évaluation a été effectuée, - préciser les principales phases de réalisation envisagées.
Les SCOT et les PLU peuvent constituer d’excellents outils pour améliorer la connaissance des enjeux environnementaux à une échelle locale ou territoriale, sensibiliser les élus, proposer des mesures de conservation (EBC, prescriptions particulières …) dans la mesure où au préalable, une évaluation environnementale est rigoureusement menée.
- 15 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
f) Les territoires protégés
Dans le périmètre d’étude, peu de territoires disposent d’une protection contraignante sur le plan réglementaire, hormis :
- 7 sites inscrits recoupant ou intégrant le périmètre :
o Ensemble du « Labourd » (Nivelle), o Châteaux de Bidache et d’Uhart-Mixe et leurs abords (Bidouze), o Bords du Gave à Orthez, terrain dit « du golf » à Billère et saligues bordant le Gave à Gelos et Mazères-Lezons (Gave de Pau), o Ensemble formé par les villages de Bielle et Castet (Gave d’Ossau) ;
Fig. 6 : Carte de localisation des RNR, RNN, Sites classés et inscrits
- 1 site classés : l’Ile des faisans (Bidassoa), - Le Parc National des Pyrénées.
Fig. 7 : Carte de localisation du Parc Naturel des Pyrénées - 16 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
Les sites inscrits et classés le sont essentiellement pour l’intérêt paysager et/ou historique (patrimoine bâti) qu’ils représentent. Il existe actuellement une Réserve Naturelle Régionale (Etang d’Errota Handia) ainsi qu’une Réserve Naturelle Nationale (Ossau) toutes deux situées en dehors du périmètre étudié. Aucun Arrêté préfectoral de Protection de Biotope (APB) ne s’applique sur la zone d’étude ni même sur le département.
g) La politique des Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Département
Le Conseil Général (CG) des Pyrénées Atlantiques s’est engagé très tôt dans la politique de protection de ses espaces naturels. En 1977, Il décide d’instaurer la taxe départementale sur les espaces verts. Cette taxe est prélevée uniquement sur les communes du pays basque. Il instaure aussi plusieurs périmètres de préemption qui lui permettent de devenir un partenaire incontournable sur la côte basque au même titre que le conservatoire du littoral. Par la suite, il va étendre la taxe à l’ensemble des espaces naturels du département. Le taux de la taxe est fixé à 1% du permis de construire, ce qui permet au CG d’aider financièrement les gestionnaires des sites ENS. Dans le cadre de la politique des ENS, les propriétaires et gestionnaires ont l’obligation d’ouvrir les sites au public. Toutefois, en fonction de la fragilité des ENS et du statut de propriété, l’ouverture au public peut aller d’une simple visite annuelle avec des scolaires à une fréquentation du grand public régulière mais maîtrisée. Pour le moment, les sites qui ont intégré le réseau des ENS du département l’ont été à la suite d’un financement du Conseil général et/ou d’une demande officielle accompagnée d’un dossier technique et scientifique. Les critères pour classer un site naturel en ENS sont d’ordres paysager, écologique, pédagogique, géologique, paléontologique … Cependant, aucune liste officielle des ENS n’a jusqu’à présent été validée par les conseillers généraux. Dans le périmètre d’étude il y aurait donc aujourd’hui 15 ENS : Barthes de la Nive, Barthes d’Ustaritz, Ardanavy, Etang de Munho, Bec des Gaves, Saligue aux oiseaux, Saligues de Baudreix-Mirepeix, Ile de Broc, Ile de Belle, Ile de la Gleire, Lac de Castet, Tourbières de Buzy, Zones humides du lac d’Uzein, Berges de l’Arlas, Forêt domaniale de Bastard.
h) La mise en place du réseau « Natura 2000 »
La procédure « Natura 2000 », dans le département est longue à mettre en place. En effet la majeure partie du réseau hydrographique ayant été proposée au titre de Zone Spéciale de Conservation (Annexe I), l’élaboration des documents d’objectifs demande un important travail de coordination et de concertation entre les acteurs. A ce titre, les zones proposées sont pour le moment considérées comme étant des Sites d’Intérêt Communautaires.
Dans le périmètre d’étude, 12 Sites d’Intérêt Communautaire (SIC) ont été proposés pour être classés en Zones Spéciales de Conservation et doivent faire l’objet de la réalisation d’un document d’objectifs : l’Adour (en grande partie sur le département des Landes), le Gave de Pau, La Bidouze, le Gave d’Oloron et marais de Labastide Villefranche, le Château d’Orthez et bords du Gave, la Nive, la Nivelle, l’Ardanavy, la Joyeuse ou Aran, le Saison, le Gave d’Aspe, le Lourdios et le Gave d’Ossau. Du fait de la prise en compte des réseaux hydrographiques, on constate que la quasi totalité des cours d’eau du département des Pyrénées-Atlantiques est intégrée dans ces SIC, à l’exception de la frange littorale et des affluents de l’Adour dans le nord-est du département.
- 17 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
Fig. 8 : Carte de localisation
Dans le périmètre d’étude, 2 ZICO sont également identifiées pour être classées en ZPS et rejoindre le réseau « Natura 2000 » : Barthes de l’Adour et Barrage d’Artix et saligues du Gave de Pau. Ainsi, 12 ZSC et 2 ZPS devraient donc à brève échéance intégrer le réseau « natura 2000 ».
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III. Méthodologie
A. Bibliographie
Cette étude est une synthèse de données recueillies dans différents organismes. Une recherche bibliographique importante a donc été réalisée. Les documents recherchés sont de différents types : contrats de rivières, études d’impacts, études hydrauliques, études de définition du périmètre des zones vertes, études sur les zones humides, documents d’urbanisme, atlas des zones inondables, inventaires et cartographies d’espèces, études diachroniques… Ces différents documents permettent d’avoir un aperçu des données existantes, d’évaluer le manque d’informations sur certaines zones du département, et de connaître les différentes sources susceptibles de fournir des données.
1. Entretiens
Une liste de structures et de personnes susceptibles de détenir des informations, des données et/ou pouvant éventuellement collaborer à l’étude a été établie. La majorité a été contactée dans un premier temps soit par e-mail, soit par téléphone. Par la suite, un entretien a été réalisé auprès des structures possédant un grand nombre de données.
Lors de ces entretiens, ont été abordés différents thèmes :
- la connaissance du site d’un point de vue global - la bibliographie produite et connue - les usages - les projets et actions en cours - les acteurs locaux connus sur les sites.
2. Métadonnées
Une identification des différents types de structures à contacter a été réalisée. Puis pour chacune des catégories, une liste a été établie à partir d’Internet, de communications personnelles, ou d’identifications bibliographiques. Un fichier de type tableau Excel a ainsi été créé, groupant un maximum d’informations sur la recherche bibliographique effectuée :
- une liste reprenant le nom des structures ou organismes, puis pour chacun d’eux, plusieurs renseignements ont été ajoutés, à savoir : la personne à contacter, l’adresse postale de la structure, l’adresse e-mail, l’adresse du site Internet de la structure, et les différents documents ou renseignements qui devaient être consultés ou obtenus. Au listing des différents organismes ont été ajoutés les noms et renseignements concernant les spécialistes naturalistes ayant été contactés au cours de l’étude :
- la liste des documents consultés, photocopiés ou obtenus, ainsi que leurs références bibliographiques, et le format sous lequel ils ont été répertoriés au CREN Aquitaine. - la liste des documents à consulter, ainsi que leur référence bibliographique.
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3. Recueil des données
Afin de juger de l’état de conservation des milieux naturels, une liste de critères permettant d’évaluer l’intérêt patrimonial, les facteurs d’influences ainsi que l’intérêt touristique et pédagogique a été établie dès le début de l’étude. Des sous-critères permettant d’estimer ces critères ont par la suite été déterminés. Il peut y avoir un ou plusieurs sous-critères pour un même critère. Exemple : critère : diversité des habitats ; Sous-critère 1 : nombre d’habitats d’intérêt comunautaire(HIC) ; Sous-critère 2 : recouvrement des HIC sur les site etc…
Ce sont ces critères et sous-critères qui ont constitué la base de recherche des informations. Le format des données collectées peut être variable suivant l’âge, le type et l’origine de la donnée. On aura donc certaines informations sous format informatique (Word, PDF), des études photocopiées ou encore des informations récoltées lors d’entretiens, par téléphone, ou encore par mail. Dès lors que les données étaient téléchargeables sur Internet, cette méthode a été favorisée pour obtenir les documents. En ce qui concerne les données à recueillir sous forme de cartes, telles que les atlas des zones inondables ou les localisations d’espèces, il est préférable pour simplifier la synthèse des données de les collecter sous format SIG. Cela implique la mise en place de conventions d’échanges de données (Cf. Annexe I) entre les structures concernées et le CREN.
B. Périmètre d’étude
Du fait de la présence des Pyrénées et de l’océan Atlantique, le réseau hydrographique du département est très dense. Des critères subjectifs ont été établis de manière à limiter les investigations et se concentrer sur les grands corridors alluviaux. L’étude ne prend pas en compte de nombreux petits linéaires de zones humides pouvant néanmoins comporter des habitats d’intérêt communautaire comme par exemple des aulnaies-frênaies de ruisselets et de sources.
1. Choix des cours d’eau
a) La Base de Données Carthage-IGN©
La Base de Données sur la CARtographie Thématique des Agences de l’Eau et du ministère de l’Environnement est un référentiel national hydrographique. Elle a été créée par l’Institut Géographique National (IGN) en partenariat avec les Agences de l’Eau, et est remise à jour annuellement par l’IGN. C’est un référentiel hydrographique national unique, décrivant les entités hydrographiques qui participent ainsi à une gestion plus cohérente des informations sur l’eau.
- 20 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
b) Sélection des cours d’eau
La sélection des cours d’eau principaux du département s’est faite sur la base de plusieurs critères :
- Dans un premier temps, la Base de Données Carthage a été utilisée pour sélectionner les cours d’eau ayant un lit mineur d’une largeur supérieure ou égale à 15 mètres. Ce seuil a été choisi afin de travailler sur les grands corridors car couvrir l’ensemble du département demanderait un investissement trop lourd. - Ont été ajoutés les principaux affluents ayant une certaine importance en terme de drainage de bassin versant. Exemple : l’Ardanavy, affluent de l’Adour (Cf. Fig. 9). - Les cours d’eau ayant un régime de type torrentiel ont été exclus, ce qui correspond en général aux têtes de bassin versant des cours d’eau choisis. - Les zones d’estuaires ne sont pas prises en compte, puisque considérées comme faisant partie du littoral, avec des fonctionnements hydraulique et écologique différents des corridors alluviaux. - Un autre critère retenu a été la représentativité géographique. L’étude se déroulant à l’échelle du département, les cours d’eau désignés doivent témoigner d’une certaine homogénéité géographique. Certains cours d’eau ont donc été ajoutés afin de couvrir l’ensemble du département. Exemple : cours d’eau du nord-est du département tels que le Gabas, les Lées, ou le Larcis (Cf. Fig. 9).
Fig. 9 : Carte représentant les cours d’eau concernés par l’étude
Enfin, certaines exceptions viennent compléter la liste. Les secteurs du département n’ayant pas été pris en compte lors des études de faisabilité de gestion et de valorisation des zones humides de plaines et de montagnes du département des Pyrénées-Atlantiques réalisées par le CREN Aquitaine en 2000, 2002, et 2004 ont été ajoutés. C’est le cas par exemple de la plaine d’Ogeu, haute terrasse surplombant le Gave d’Ossau (Cf. Fig. 9).
- 21 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
2. Métasites
Les métasites, c’est-à-dire les secteurs comprenant les corridors alluviaux potentiels des cours d’eau sélectionnés précédemment, ont été délimités sur cartes IGN en fonction de la topographie observée. Le corridor doit avoir une largeur de 500 mètres au minimum pour être considéré comme un « grand corridor alluvial ».
Il peut y avoir des exceptions à cette méthode :
- Si un cours d’eau est encaissé sur une partie de son linéaire réduisant son corridor à moins de 500 mètres de largeur, mais si celui-ci s’élargit à nouveau sur une plaine alluviale au dessus du seuil fixé, alors le corridor est tout de même pris en compte dans la délimitation totale. - Les cours d’eau ayant une largeur de lit mineur supérieure ou égale à 15 m mais dont le corridor est inférieur à 500 mètres, seront compris dans l’étude, mais uniquement sur la partie où son corridor est le plus large. Exemple : l’Ouzom, affluent du Gave de Pau (Cf. Fig. 9 page 21).
3. Sites
Les métasites ont été découpés en sites, en prenant en compte d’une part la Base de Données Carthage, et d’autre part la continuité des milieux naturels qui ont été observés sur la BD ortho (photographies aériennes IGN 1998). Les sites ont donc été délimités en se basant dans un premier temps sur les « zones hydrographiques » définies dans la Base de Données Carthage. Les limites de ces « zones hydrographiques » correspondent au découpage des bassins versants élémentaires. Cette étape a permis d’obtenir une carte facilitant la collecte des données auprès des différentes structures. La Base de Données Carthage est en effet utilisée avec certains acteurs. Pour pouvoir procéder à une hiérarchisation, une étape supplémentaire a été effectuée. En effet, en fonction du type de milieux identifiés sur les cartes IGN, les limites des sites ont été ajustées afin de ne pas briser la continuité des corridors. Cet ajustement peut correspondre simplement à une délimitation qui sera déplacée de quelques centaines de mètres ou alors à un regroupement de plusieurs sites en un seul.
4. Zones
Les zones pourront être délimitées au sein des sites en fonction d’une part de l’état foncier du site et d’autre part en tenant compte de la fonctionnalité des milieux et de la délimitation des zones inondables préalablement définies. La recherche et l’analyse du foncier des sites ne pourront être réalisés à l’échelle de la présente étude car elles demandent de trop lourdes investigations. En outre, dans de nombreux cas, il est impossible de déterminer précisément les limites cadastrales, ces dernières ayant été modifiées à la suite des divagations du lit mineur. Il sera donc nécessaire pour de nombreuses communes de demander à l’Etat d’effectuer un étude de re délimitation du Domaine Public Fluvial et de réaliser une analyse du foncier dans le cadre de la mise en place d’outils de gestion concertés (Docob, plan de gestion, SAGE, Contrats de rivières, …).
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C. Hiérarchisation des sites
La méthode proposée pourra être appliquée à court ou moyen terme lorsque les connaissances actuelles du patrimoine naturel des métasites et sites seront améliorées et que le niveau de connaissance sera homogène. Certains critères aujourd’hui peu représentatifs pourront au contraire prévaloir lors de cette évaluation, après homogénéisation des données.
1. Objectif et principe de la méthode
L’objectif de la méthode est d’établir un classement qui permettra de cibler les priorités en terme d’actions de gestion et de valorisation pédagogique, mais aussi de jauger l’étendue des données disponibles pour chacun des sites. Le principe de la méthode repose sur la mise en place d’un système d’évaluation qui permet de rendre compte de l’intérêt patrimonial, touristique et pédagogique des corridors alluviaux du département.
Les étapes de la méthode sont les suivantes :
(1) Définir les critères et les groupes de critères La première étape de la méthode consiste à définir des critères à partir desquels on peut évaluer les caractéristiques et propriétés écologiques de chaque site. Exemple de critère : diversité d’habitats d’intérêt communautaire au sein du site
(2) Définir les unités de mesure des critères Il s’agit de trouver un système d’évaluation propre à chacun des critères en identifiant les indicateurs les plus objectifs possibles. Exemple d’unité de mesure : nombre d’habitats d’intérêt communautaire
(3) Définir des classes de valeur pour chacun des critères Pour chacun des critères des classes de valeur seront établies. Les seuils de ces classes seront calculés d’après des valeurs moyennes obtenues après la synthèse des données et seront définies « à dire d’expert ». Exemple : pour le critère diversité des habitats d’intérêt communautaires : Classe 1 : valeurs minimales : 1 à 5 habitats par sites Classe 2 : valeurs moyennes : 5 à 10 habitats par sites Classe 3 : valeurs maximales : 10 à 20 habitats par sites
Afin de pouvoir analyser, comparer et additionner les valeurs des différents critères, il est indispensable d’homogénéiser l’ensemble des unités propres à chacun des critères en un système d’unité unique. On choisit ici un coefficient numéraire de 1 à 3. Par conséquent, à chaque classe de valeur correspond un coefficient. Ce dernier est d’autant plus fort que la classe de valeur à laquelle il correspond va dans le sens d’un état de conservation élevé. La définition des classes de valeurs se fait après avoir recueilli l’ensemble des données afin de pouvoir discriminer les sites en fonction des résultats obtenus. Les classes pourront donc évoluer avec l’acquisition de nouvelles connaissances.
- 23 - Etude de faisabilité de gestion et de valorisation des grands corridors alluviaux des Pyrénées-Atlantiques, CREN Aquitaine, 2006
(4) Pondérer chacun des critères Certains critères, vont être considérés comme plus importants que d’autres. C’est pourquoi on attribue à chaque critère un poids particulier qui représente notre système de valeur. Exemple : Critère A : poids : 1 Dans cet exemple, le critère B à deux fois plus d’importance que le critère A Critère B : poids : 2
(5) Synthétiser l’ensemble des résultats par site Chaque site est caractérisé par une liste de critères classés et pondérés. Donc, pour un site, la somme totale des coefficients pondérés, est proportionnelle à l’intérêt souhaitant être mis en évidence. Exemple : Evaluation de l’intérêt patrimonial d’un site
(6) Hiérarchiser les sites Suivant les résultats obtenus, il est alors possible d’établir des classements de ces sites en fonction des différents thèmes. Un croisement des ces différents classements donne le niveau de priorité d’action pour chacun des sites. Site 1 Site 2 Site X Thèmes Critère Poids Coefficient x Poids Critère A Intérêt Critère B patrimonial Critère C …. Valeur Valeur Valeur Total patrimoniale patrimoniale patrimoniale du Site 1 du Site 2 du Site X
Tableau 1 : Exemple de tableau de hiérarchisation des sites (W. HAHN, CREN Aquitaine, 2006)
2. Evaluation de l’état des connaissances
Pour chaque critère retenu, un certain nombre d’informations et de données sont collectées. Le niveau d’information recueilli n’est pas forcément homogène sur l’ensemble d’un site et a fortiori entre les sites. Une évaluation de l’information obtenue sur chacun des sites est réalisée afin de mettre en valeur la quantité et l’importance des connaissances acquises. Cette étape permettra de cibler les sites demandant une réactualisation de données anciennes. Cela va également permettre de programmer à partir de 2008 une phase de prospection, homogénéisation, et hiérarchisation finale, à prévoir sur les sites ayant peu ou pas de données fiables. Cette phase pourra être réalisée soit par le CREN Aquitaine, soit par d’autres organismes, en collaboration ou non avec le CREN. L’évaluation se fera une fois la synthèse des données effectuée. La proportion des données recueillies selon l’ensemble des critères définis en fonction de leur poids respectif permettra de cibler les sites ayant suffisamment d’informations pour être considérés comme étant prioritaires, des sites n’ayant que très peu d’information mais potentiellement intéressants d’un point de vue écologique, des sites non prioritaires …
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IV. Résultats
A. Critères de Hiérarchisation
La grille de hiérarchisation est basée sur un certain nombre de critères représentant l’état de conservation ainsi que la faisabilité de gestion et de valorisation des sites. Certain critère ne peuvent dans l’état actuel des connaissance être pris en compte. Il est néanmoins proposé de les retenir afin de réaliser une future hiérarchisation plus cohérente.
1. Etat de conservation a) Patrimoine naturel
Le patrimoine naturel d’un site désigne l’ensemble des écosystèmes peu ou pas modifié par l’homme ainsi que l’ensemble de la biodiversité qui lui est associée (RAMADE, 2002). Deux critères ont été définis afin de déterminer l’intérêt relatif du patrimoine naturel des sites : il s’agit de sa valeur écologique et de son intérêt paysager.
(1) Critères de classification écologique d’un site
La détermination de l’intérêt écologique d’un site est basée sur trois sous critères : l’intérêt des habitats présents, les espèces végétales et les espèces animales présentes.
(i) Au niveau des milieux et des habitats présents
L’estimation de l’intérêt d’un site pour les habitats remarquables présents est basé sur la diversité des milieux naturels, la diversité des habitats d’intérêt communautaire (HIC), la diversité des habitats d’intérêt communautaire prioritaire (HIC*) (Cf . Annexe II), ainsi que le recouvrement de chacun d’entre eux.
♦ Diversité des milieux et des habitats naturels
On considère que plus le nombre de milieux et d’habitats naturels est important sur un site, plus il sera favorable à une grande diversité d’espèces. Ainsi le nombre de milieux et d’habitats sera comptabilisé. Il peut y avoir des milieux ou des habitats naturels peu intéressants pour la biodiversité. Le poids de ce critère sera donc moindre que celui attribué aux critères « Diversité des habitats d’intérêt communautaire » et « Diversité des habitats d’intérêt communautaire prioritaire ».
♦ Diversité des habitats d’intérêt communautaire
Les habitats d’intérêt communautaire sont énumérés dans l’annexe I de la directive Habitats de 1992 (92-43 / CEE). Dans le périmètre de la présente étude, au sein des corridors alluviaux, ces habitats restent assez peu nombreux.
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♦ Diversité des habitats d’intérêt communautaire prioritaire
Les habitats d’intérêt communautaire prioritaire figurent aussi à l’annexe I de la directive Habitat mais sont distingués par un astérisque (*). Dans le périmètre de la présente étude, au sein des corridors alluviaux, ces habitats restent assez peu nombreux.
♦ Recouvrement des habitats d’intérêt communautaire, et des habitats d’intérêt communautaire prioritaires
Les habitats identifiés précédemment peuvent recouvrir une surface plus ou moins importante au sein des sites. Le pourcentage de la surface occupée par ces habitats (recouvrement) permettra de comparer les sites. Dans le périmètre de la présente étude, ces habitats très résiduels couvrent en général peu de surface.
♦ Diversité et recouvrement des habitats naturels humides abritant des espèces protégées et/ou menacées (listes rouges)
De nombreux habitats naturels humides n’ont pas été désignés comme des habitats d’intérêt communautaire. Pourtant, parmi eux plusieurs abritent des espèces protégées et/ou menacées. Au sein des corridors alluviaux, ces habitats peuvent parfois occuper de vastes surfaces comme les prairies humides eutrophes, habitats du cuivré des marais, ou encore les aulnaies marécageuses habitats du rarissime vison d’Europe. A contrario, les habitats naturels d’intérêt communautaire sont très souvent résiduels et couvrent peu de surface.
♦ Surface du site
La surface du site conditionne sa fonctionnalité et son rôle écologique. En effet un site trop petit ne permettra pas la conservation des espèces qui y vivent si celles-ci ont besoin d’un espace vital d’une superficie supérieure à celle du site. Seront donc privilégiés de manière générale les sites ayant une surface importante.
(ii) Au niveau de la flore
Les données floristiques que l’on peut avoir sont principalement des données d’inventaires de la flore remarquable ou protégée réalisés dans le cadre de plans de gestion ou d’études d’impact. Néanmoins, on retiendra les critères suivant : nombre d’espèces protégées, nombre d’espèces menacées et diversité floristique.
♦ Nombre d’espèces protégées
Ce sous critère tient compte du nombre d’espèces protégées présentes sur le site. Sont concernées les protections départementales, régionales, nationales, et la directive « Habitat » n° 92/43/CEE (Cf. Annexes III et IV).
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♦ Nombre d’espèces menacées
Le nombre d’espèces considérées comme menacées, c’est-à-dire sur la Liste Rouge des espèces menacées de France, est comptabilisé afin de tenir compte des espèces ne bénéficiant pas d’un statut de protection légal (Cf. Annexe IV).
♦ Diversité floristique
Le nombre d’espèces devra être mentionné par site et donnera une indication supplémentaire sur son intérêt écologique mais ce critère ne devra pas avoir trop d’importance dans l’évaluation patrimoniale étant donné qu’il est souvent nécessaire de réaliser un inventaire sur plusieurs années pour obtenir une certaine exhaustivité.
(iii) Au niveau de la faune
Les données faunistiques que l’on peut avoir sont de deux types :
- des données d’inventaires réalisés dans le cadre de plans de gestion ou d’études d’impact. - des données cartographiques, de présence/absence d’une espèce. Les données cartographiques ont été recherchées pour des espèces protégées et/ou faisant partie de la liste d’indicateurs.
Les critères pris en compte seront le nombre d’espèces protégées, le nombre d’espèces menacées, le nombre d’espèces indicatrices sans statut et la diversité faunistique.
♦ Nombre d’espèces protégées
Ce sous critère tient compte du nombre d’espèces protégées au niveau national et inscrites à la directive « Oiseaux » n° 79/409/CEE et la directive « Habitats » n° 92/43/CEE (Cf. Annexe V). Cependant, certaines espèces protégées ne peuvent être déterminées avec certitude que par des spécialistes (pique prune …) et nécessitent des techniques lourdes d’inventaire (chiroptères, vison d’Europe, musaraigne aquatique …).
♦ Nombre d’espèces menacées
Le nombre d’espèces considérées comme menacées, c’est-à-dire inscrites sur la Liste Rouge des espèces menacées de France (Cf. Annexe V), est comptabilisé afin de tenir compte des espèces menacées mais ne bénéficiant pas d’un statut de protection légal. Nous ferons la même remarque que pour les espèces protégées.
♦ Nombre d’espèces indicatrices sans statut
Bien que ne bénéficiant d’aucun statut de protection ou de menace, de nombreuses espèces sont susceptibles d’indiquer la qualité des habitats naturels humides. Un inventaire exhaustif de ces espèces demanderait de nombreuses années d’études et nécessiterait de faire appel à des techniques lourdes d’inventaire et à des spécialistes. Cependant, de nombreuses espèces indicatrices relativement faciles à déterminer peuvent être recensées au moins dans les groupes suivants : odonates, lépidoptères diurnes voire orthoptères. Par ailleurs, certains coléoptères, diptères, … caractéristiques d’habitats humides peuvent également être recherchés.
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♦ Diversité faunistique
Le nombre d’espèces observées devra être mentionné pour chaque site par classe et par ordre. Cependant, il sera impossible de réaliser à court terme un inventaire faunistique exhaustif notamment concernant les invertébrés. Ce critère ne devra donc avoir que très peu de poids dans l’évaluation patrimoniale. Cet outil pourra néanmoins être utilisé comme tableau de bord pour évaluer l’état de connaissance par site.
(2) Facteurs d’évolution
Les facteurs d’évolution peuvent être d’origine naturelle ou anthropique. Ce sont des facteurs qui vont être importants lors de la détermination de la faisabilité de gestion d’un site.
(i) Facteurs naturels
Après leur formation, les différents milieux de l’écocomplexe fluvial évoluent naturellement selon différents processus : succession végétale, dynamique hydrologique, atterrissement, eutrophisation, oligotrophisation.
♦ Dynamique de la végétation
Lorsqu’elle n’est pas perturbée, la dynamique de la végétation conduit à une fermeture progressive du milieu. En effet, les grèves, d’abord nues, sont progressivement colonisées (Cf. fig. 5 page suivante) par des herbacées vivaces (Phalaris arundinacea) puis par des ligneux (Salix sp. et Populus nigra). Il en va de même pour les milieux plus secs qui s’embroussaillent progressivement pour constituer des boisements plus ou moins humides (saulaie perchée) et formations de bois dur. De plus, si elles n’étaient pas entretenues, les prairies périphériques évolueraient de la même façon.
♦ Dynamique hydrologique
Cependant, l’évolution naturelle vers le boisement peut être, à tout moment, interrompue par une crue, ramenant le milieu à un stade antérieur. La dynamique des cours d’eau permet le rajeunissement des milieux et de leur végétation. De plus, la hauteur varie considérablement entre les hautes eaux et l’étiage. Elle favorise ainsi le développement des saules et des peupliers au détriment des aulnes, moins résistants à ces variations. L’aulne ne se développe que dans les zones plus calmes (bords de bras déconnectés, d’affluents…).
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Fig. 10 : Grève dans le lit mineur du Gave de Pau
♦ Eutrophisation
Ce phénomène naturel est du à l’enrichissement du milieu en éléments nutritifs (notamment en matière organique) dans les milieux isolés (bras morts déconnectés). Il conduit à un important développement de l’activité des microorganismes. Celle-ci entraîne à son tour une augmentation de la turbidité du milieu et à la diminution de la concentration en oxygène.. L’évaluation se fera à partir du recouvrement observé, de l’identification de plantes et d’habitats indicateurs d’eutrophisation.
♦ Erosion, sédimentation et atterrissements
L’érosion des berges, notamment en période de crue, et le charriage des sédiments vers l’aval contribuent à rajeunir les formations végétales. Les atterrissements sont constitués de plages ou bancs de galets, graviers, sables ou limons plus ou moins colonisés par des végétaux pionniers. L’atterrissement peut également être le comblement et l’assèchement des milieux (surtout des bras morts) du fait de la dynamique du Gave (apport de sédiments) et de la végétation (apport de matières organiques).
♦ Oligotrophisation
Les milieux alluviaux sont parmi les rares milieux capables de revenir en arrière au niveau de leur évolution et de tendre à nouveau vers un stade oligotrophe*. En effet, les crues qui affectent certains bras morts contribuent à évacuer la matière organique accumulée et permettent au milieu de « rajeunir ». Ainsi, ce dernier s’appauvrit en éléments nutritifs.
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(ii) Facteurs d’origine anthropique
Les facteurs d’origine anthropique sont nombreux et variés : pollutions industrielles, apports d’engrais chimique, assèchements, érosion du sol, urbanisation, fréquentation humaine….
♦ Les pollutions domestiques, agricoles ou industrielles
Il s’agit de pollutions chimiques issues de rejets divers. Parmi ces rejets, certains peuvent provenir des stations d’épuration (débordements, disfonctionnements), d’autres des activités agricoles (phosphates et nitrates à l’origine d’une hyper eutrophisation, pesticides etc.), d’autres d’activités domestiques (effluents non raccordés), d’autres d’activités industrielles. Il faut aussi considérer ici les déchets flottants transportés par le Gave qui sont déposés sur les berges, dans les bras morts et les saulaies lors des crues, issus notamment de décharges sauvages. Le nombre de sources de pollutions potentielles aux abords immédiats et à l’amont du site ainsi que le nombre de décharges sauvages observées dans le corridor alluvial permettront d’évaluer les risques de pollutions. De même, la proximité de cultures intensives indiquera le niveau de risque de pollution par engrais chimiques, sachant que plus les cultures sont proches des corridors alluviaux, plus la pollution pourra être considérée comme importante sur les milieux naturels.
♦ Les extractions de granulats
En lit mineur et en lit majeur elles ont pour principale conséquence un abaissement de la nappe alluviale à l’origine de la déconnexion entre la Saligue et le Gave. Elles sont également à l’origine de la destruction de la ripisylve ainsi que de la présence de dépôts de matériaux. Certaines portions de la Saligue souffrent beaucoup de ces activités. La surface des carrières en activité et la durée autorisée des exploitations permettront de mesurer l’impact de cette activité sur le site.
♦ Les captages d’eau potable
Ces captages semblent avoir peu d’impact directement observables sur les écosystèmes. D’une certaine manière, les zones de protection de captages évitent la pollution des milieux naturels alentours mais en créant des espaces ouverts elles peuvent aussi favoriser l’implantation d’espèces allochtones.
♦ Aménagement du lit mineur
Des aménagements de berges sont encore fréquemment réalisés pour les stabiliser et limiter leur érosion. Pourtant, l’érosion étant nécessaire au rajeunissement du milieu, ces aménagements limitent la régénération de la Saligue. De tels aménagements ne sont donc absolument pas nécessaires pour protéger les milieux naturels des corridors alluviaux. Pour protéger les gravières, des seuils de stabilisation ont été construits dans le but de remonter la ligne d’eau en amont. Ils sont responsables de l’installation des saulaies blanches à leur amont direct, mais aussi de l’existence de “saulaies perchées” à leur aval suite à un surcreusement du lit mineur au pied des seuils souvent trop éloignés les uns des autres. De plus, bien qu’ils soient équipés d’échelles à poissons, ils constituent une gêne pour la circulation des poissons et notamment des grands migrateurs.
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♦ Assèchement
L’assèchement d’origine anthropique peut provenir de plantations de peupliers, de déviations de cours d’eau, de présence de fossés drainant sur le site, d’irrigations à partir de prélèvements d’eau dans la nappe phréatique … On considèrera que le site subit un assèchement d’autant plus important que le nombre et/ou la surface de ces éléments présents sur le site seront importants.
♦ Les microcentrales hydroélectriques
Aucune centrale hydroélectrique n’est présente dans le secteur d’étude. Cependant, les centrales sises en amont ont un impact sur les corridors alluviaux visés par cette étude. Par contre, il existe de nombreuses microcentrales privées notamment en vallées d’Aspe et d’Ossau. Les cours d’eau soumis à ces activités voient leur fonctionnement hydrologique naturel lourdement perturbé. Les microcentrales accumulent progressivement de gros volumes d’eau en captant l’eau du cours grâce à un barrage, en ne laissant filer qu’une petite partie de l’eau captée dans son cheminement naturel : on parle de débit réservé. Celui-ci correspond généralement à 10 à 40% du débit initial. Quand la quantité d’eau conservée est jugée suffisante (variable selon les capacités des centrales), toute la masse est lâchée dans un canal de dérivation qui rejoint les turbines de la centrale située plus bas, créant ainsi de l’énergie électrique grâce à la force de l’eau qui les rejoint. Après être passée à travers la centrale, cette masse d’eau rejoint brusquement le cours d’eau dans sa partie avale, occasionnant une brusque remontée du débit et du niveau d’eau de la rivière.
Il n’est pas difficile d’imaginer le dérangement occasionné sur la faune vivant dans ces cours d’eau : le débit réservé, même si des améliorations notables ont eu lieu, reste faible, occasionnant une réduction du lit mineur et la perte de nombreux habitats rivulaires. Les arrivées massives d’eau peuvent provoquer la destruction des frayères de nombreux poissons (les œufs et têtards sont emportés par le brusque courant) et plus largement l’impossibilité de s’établir pour la faune locale. Cette source d’énergie n’est donc pas si « propre » que nous pouvons l’imaginer de prime abord, même si elle peut être considérée comme un moindre mal face à des modes de productions énergétiques «classiques ». Certaines mesures peuvent diminuer l’impact de cette activité, comme le maintien d’un débit réservé plus important et l’aménagement de passages pour la faune (desman, passes ou échelles à poissons …). Le nombre élevé de microcentrales à l’échelle d’un site voire d’un métasite pourra signifier un risque majeur de disfonctionnement de l’hydrosystème et d’isolement de populations animales patrimoniales.
♦ Les espèces végétales pouvant être considérées comme envahissantes
Dans un milieu où on souhaite conserver un certain degré d’ouverture afin de maintenir une certaine richesse spécifique, le facteur utilisé pour évaluer la faisabilité de gestion sera le taux de recouvrement des espèces envahissantes autochtones ou introduites. Ce facteur pourra également être utilisé en milieux boisés dans l’objectif de reconstituer des forêts multi strates composées d’espèces autochtones. Parmi les espèces autochtones pouvant être considérées comme envahissantes, on trouve les saules, noisetiers, bourdaine, ronces, roseau phragmite, baldingère, orties, joncs, potamots, renoncules, cératophylles, lentilles d’eau … Outre la colonisation rapide et l’envahissement de milieux, certaines de ces espèces peuvent également révéler un disfonctionnement écologique comme les ronces ou encore l’ortie dioïque : assèchement, hyper eutrophisation des zones humides …
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Parmi les espèces végétales introduites, plusieurs peuvent présenter une dynamique d’extension importante et sont susceptibles de constituer une gêne pour les usagers et de générer, localement, une baisse de diversité : les Renouées du Japon (Fallopia japonica et Fallopia sachalinensis), la Balsamine de l’Himalaya ou géante (Impatiens glandulifera), l’Arbre à papillons (Buddleia davidii), le Bambou (Bambusoideae sp.), les Jussies (Ludwigia grandiflora et L. peploïdes), le Lagarosiphon (Lagarosiphon major), le Myriophylles du Brésil (Myriophyllum aquaticum), les Elodées (Elodea sp.) le Bacharris (Baccharis halimifolia) près du littoral, les Paspales (Paspalum dilatatum et P. distichum) l’Herbe de la pampa (Cortaderia selloana), l’Egéria (Egeria densa), les Solidages (Conyza canadensis et C. albida), l’Azola fausse fougère (Azolla filiculoïdes) le Robinier faux acacia (Robinia pseudacacia), le platane (Acer platanoïdes), l’Erable negundo (Acer negundo), les Peupliers hybrides (Populus x canadensis) …
Il faut noter la présence d’une nouvelle espèce introduite originaire d’Asie du sud-est (Chine, Corée et Japon) à tendance invasive dans les saligues sises en amont de Pau (T. Laporte, 2006) : l’Akébia à 5 feuilles (Akebia quinata (Thun.) Decne.). Cette liane volubile à tige ligneuse de la famille des Lardizabalacées à une croissance rapide et s’accommode parfaitement aux sols fertiles bien drainés et à différentes conditions d’exposition. Elle semble constituer une menace pour la conservation des aulnaies-frênaies. Elle peut atteindre 6 à 10 m de hauteur. Cette espèces à rhizomes semble pouvoir se développer facilement par bouturage et semis.
Le nombre et le recouvrement de ces espèces permettront d’évaluer ce critère.
♦ Les espèces animales introduites
Au moins 8 espèces animales allochtones peuvent avoir un impact relativement important sur la biodiversité ou entrer en concurrence avec des espèces autochtones en voie de disparition (cistude, vison d’Europe, …) : la Tortue de « Floride » (Trachemys scripta elegans), le Vison d’Amérique (Mustela vison), le Ragondin (Myocastor coypus), les Black-bass à grande (Micropterus salmoides) et à petite bouche (Micropterus dolomieu), l’Ecrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii), l’Ecrevisse américaine (Orconectes limosus), plus rarement, l’Ecrevisse signal ou de Californie (Pacifastacus lenisculus) … Il faut également noter la présence d’une population férale de Rossignol du Japon (Leiothrix luteus Scopoli) dans le Béarn et particulièrement bien établie dans les saligues. On ne connaît pas à l’heure actuelle les répercussions de l’introduction de cette espèce sur les espèces autochtones. Depuis 2003, cet oiseau fait l’objet d’un suivi par le GEOB (Groupe d’Etudes Ornithologiques Béarnais). La présence de ces espèces jouera en défaveur du maintien d’espèces patrimoniales ou de la recolonisation d’habitats favorables par ces dernières.
♦ Infrastructures routières et ferroviaires
La fragmentation du milieu est la résultante de la présence de voies de communication qui sectionnent le site, et donc la continuité des milieux. Plus le nombre de voies de communication (routes, autoroutes, et voies ferrées) sera important plus le milieu sera fragmenté. L’évolution du nombre de ces voies de communication est aussi à prendre en compte, puisque l’autoroute A65 est en projet pour relier Bordeaux à Pau. De même une voie rapide est prévue pour relier Pau à Oloron-Sainte-Marie.
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La présence, la proximité ou l’absence de projet routier dans un site, auront respectivement un impact très négatif, négatif ou nul, sur l’état de conservation du site.
♦ Urbanisation et industrialisation
L’urbanisation occupe une partie des habitats et de ce fait tend à réduire la biodiversité. Une forte urbanisation amoindrira donc le niveau d’état de conservation d’un site. L’industrialisation est relativement limitée par rapport à d’autres départements en France. Les industries pétrochimiques et agro alimentaires sont assez développées. Le principal pôle industriel se situe dans le bassin de Lacq dans la plaine du Gave de Pau. Pour évaluer ce critère, on utilisera le pourcentage de recouvrement des surfaces urbanisées et industrialisées au sein du corridor alluvial.
♦ Surpâturage
Le surpâturage peut entraîner une érosion des sols, un surpiétinement et un surabroutissement de communautés végétales remarquables, une pollution azotée due aux déjections animales et une banalisation de la végétation. C’est une cause d’altération peu fréquente en milieu humide boisé mais dont il faut tenir compte dans les systèmes prairiaux (barthes). Le coefficient sera donc d’autant plus important que le piétinement observé sera faible.
♦ La maïsiculture
Cette culture a plusieurs impacts sur l’environnement : dégradation ou destruction de milieux, utilisation massive d’eau, pollution de l’eau… Elle s’accompagne de la destruction de milieux naturels (boisements) ou semi-naturels (prairies mésophiles, prairies humides, haies …) par défrichement, drainage... Le maïs est également une espèce très exigeante en eau qui nécessite donc la mise en place d’un système d’irrigation qui s’accompagne de plus en plus de la création de retenues collinaires. Celle-ci entraîne très souvent la destruction de zones humides alluviales remarquables et modifie l’ensemble de l’hydrosystème. Enfin, l’impact paysager de cette culture ne doit pas être négligé étant donné que le maïs constitue de vastes surfaces monochromes et aboutit à une banalisation du paysage.
♦ Drainage des prairies et cultures
Le drainage est une technique qui consiste à enterrer des tuyaux dont le but est d’accélérer l’évacuation de l’eau stockée dans le sol, afin de réduire la durée d’engorgement (Lesafre & Arlot, 1991).
Le drainage a trois types d’impacts sur l’environnement :
- il modifie le régime des eaux, car il provoque une accélération des écoulements et augmente donc les risques d’inondation en aval ; - il a un impact très important sur les zones humides puisqu’il engendre l’enfoncement des nappes d’eau superficielles (nécessaires à l’existence des zones humides) et est à l’origine de l’assèchement de ces milieux ; - il serait également impliqué dans la dégradation de la qualité des eaux de surface car, en réduisant le temps de transfert des éléments dans le sol, notamment des nitrates ainsi que des produits phytosanitaires, il augmente les risques de concentration de nitrates à l’aval et accentuent les dangers de pollution.
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♦ La gestion sylvicole
• Coupe à blanc Il s’agit de l’exploitation totale d’une formation forestière, qui s’accompagne de la destruction totale de l’écosystème par coupe de l’ensemble des strates arborescentes et arbustives. Cette pratique induit donc une disparition brutale et totale de la faune forestière, la mort du sous- bois et l’altération de nombreuses graines, exposés de manière brutale à la lumière. De plus, l’ouverture des boisements ainsi que les coupes à blanc offrent des conditions favorables pour le développement des Ronces (Rubus sp.) ou d’espèces introduites comme la Renouée du Japon (Fallopia japonica) qui peuvent former de vastes plages occupant toute la sous-strate et compromettant ainsi la régénération du boisement.
Dans tous les cas, l’emploi d’engins lourds conduit souvent à un tassement du sol, pouvant compromettre l’ancrage dans le sol des jeunes plants développés à la faveur de la réouverture du couvert végétal, ralentissant ainsi la régénération du boisement.
• Elimination des vieux arbres L’exploitation des vieux boisements et notamment des vieux feuillus, parfois sénescents, a un impact non négligeable pour ces écosystèmes car ces vieux arbres sont des gîtes potentiels pour la faune sauvage (chauves-souris, oiseaux) et sont nécessaires au développement des larves d’insectes patrimoniaux (Lucane, Pique-Prune, Rosalie des Alpes, Grand capricorne). Leur destruction entraîne donc la disparition de ces espèces. La faune saproxylique ne représente aucun danger pour les arbres vivants : les ravageurs forestiers sont biologiquement inféodés aux seuls arbres vivants (C. BOUGET in Anonyme, 2005). Bien au contraire, elle les protège des ravageurs forestiers.
• Entretien de la sous strate Des cas d’entretien de la sous strate par pâturage ou par jardinage ont pu être observés. Ces pratiques ont pour principale conséquence la destruction des strates herbacées et arbustives, réduisant considérablement la richesse spécifique de ces milieux. De plus, l’entretien régulier de ces strates limite la capacité de régénération naturelle des boisements et compromet à terme leur dynamique.
• Populiculture La plantation de peupliers, souvent de formes hybrides, nécessite, au préalable, un débroussaillement à l’origine d’une rudéralisation du milieu qui peut être favorable au développement d’espèces allochtones comme la Renouée du Japon (Falloppia japonica) ou le Buddleia (Buddleia davidii). Du fait de leur grande surface foliaire, les peupliers sont sujets à une évaporation intense et sont donc traversés par un important flux d’eau. Cette eau étant puisée dans le sol, la plantation de peupliers sur des surfaces importantes contribue à l’assèchement des zones humides. De plus, les peupleraies, lorsqu’elles occupent des surfaces importantes, constituent de vastes zones monotones, contribuant ainsi à une banalisation du paysage. Pour finir, les peupliers possèdent un système racinaire traçant, qui constitue un réseau superficiel offrant peu de résistance aux grands vents, surtout sur sols détrempés. Ainsi, lorsqu’un peuplier planté en bordure du cours d’eau vient à tomber, il emporte dans sa chute une partie de la berge et participe ainsi à son érosion.
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♦ Activités ludiques et fréquentation
L’accès relativement facile, la fréquentation des lieux, l’incivisme et l’existence de comportements peu respectueux de l’environnement sont à l’origine de dépôts sauvages de types variés, dans les boisements et certains bras morts déconnectés, ainsi que d’une pollution beaucoup plus diffuse (bouteilles et sacs plastiques), disséminée un peu partout dans la Saligue.
Les promeneurs et les pêcheurs sont nombreux à fréquenter ce type de sites. Ces activités peuvent engendrer un dérangement de la faune (oiseaux nicheurs par exemple). De plus, ces usages entraînent la création de nombreux accès et de chemins le long des berges, ce qui peut accentuer les risques d’érosions et de ce fait, nécessiter des aménagements (enrochements, épis, …) très coûteux pour la collectivité.
Autre activité plus automnale et hivernale, la chasse peut aussi causer le dérangement des oiseaux migrateurs qui font halte ou hivernent dans la saligue. De plus, certaines tonnes de chasse constituent des installations peu esthétiques, parfois camouflées par des espèces allochtones (bambous, laurier …) qui peuvent se révéler envahissantes. Certains bras morts sont aménagés pour attirer plus de gibiers d’eau (anatidés …) et peuvent constituer de véritables petites retenues d’eau artificielles. Ces aménagements risquent de dénaturer le paysage et d’accélérer l’atterrissement des bras-morts. Cependant, lorsqu’ils conservent la végétation et les berges du bras-mort, ils peuvent aussi constituer des habitats très favorables pour des espèces patrimoniales comme la Cistude.
La création de terrains de Golf et les méthodes d’entretien de ces espaces ne semblent pas compatibles avec la conservation des milieux naturels caractéristiques du corridor alluvial même si on peut considérer que ces milieux ont été faiblement artificialisés. On assiste en effet à un important morcellement des milieux naturels et surtout à une importante fréquentation susceptibles de provoquer un dérangement de la faune patrimoniale. Toutefois, les terrains de Golfs peuvent abriter des espèces à forte valeur patrimoniale si quelques secteurs sont préservés de la fréquentation et d’un entretien régulier.
La reconversion des anciennes carrières d’exploitation de granulats en bases nautiques ou plans d’eau de pêche amène une importante fréquentation susceptible de provoquer le dérangement de la faune patrimoniale. De plus, il serait par exemple plus intéressant de les reconvertir dans un but écologique pour l’accueil de l’avifaune. En outre, ces bases nautiques nécessitent de lourds ouvrages de protection contre les crues ou d’importants aménagements (parkings, …) et peuvent constituer un risque important de destruction de la ripisylve ou de modification du fonctionnement hydraulique de la rivière.
(3) Ecologie du paysage
Deux aspects de l’intérêt paysager sont pris en compte dans cette étude : l’intérêt esthétique et la fonctionnalité du paysage.
(i) Le paysage d’un point de vue esthétique
Le critère esthétique du paysage est un critère qui peut être très subjectif puisque l’évaluation de la beauté d’un paysage est propre à chaque personne, celle-ci ayant ses préférences en matières de milieux, de couleurs et d’harmonie du paysage. Toutefois on a tenté de pallier à cette subjectivité en déterminant les facteurs d’évaluation du paysage pouvant être quantifiés.
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♦ L’accès visuel
L’accès visuel, c’est-à-dire l’ouverture du milieu permettant d’apercevoir le milieu naturel depuis un chemin ou un sentier passant à proximité
♦ Le degré d’artificialisation
Le degré d’artificialisation : urbanisation, berges enrochées, présence de digues ...
(ii) La fonctionnalité du paysage
La fonctionnalité du paysage représente la capacité du milieu à avoir un rôle tampon, de lutte contre l’érosion, d’épuration des eaux superficielles, zones d’expansion de crues, d’axe de migration, de corridor biologique, de morcellement par les monocultures….. Ce critère est donc complexe à évaluer. La qualité des eaux superficielle et la continuité du milieu (par photo interprétation) ont été retenues en tant que facteur d’évaluation. Cependant, afin de bien évaluer ce critère, d’autres facteurs d’évaluation pourront ultérieurement être proposés.
2. Faisabilité de gestion d’un site
L’ensemble des sites ne pouvant bénéficier de mesures de gestion, un classement des sites est réalisé en fonction de leur faisabilité de gestion. La faisabilité de gestion d’un site résulte de l’évaluation de son état de conservation, de l’identification de la gestion actuelle, ainsi que de l’analyse de son foncier.
♦ Etat de conservation
L'estimation de l’état de conservation des sites par les critères définis ci-dessus va permettre de justifier de la nécessité des actions de gestion à mettre en œuvre.
♦ Statut foncier
La connaissance du statut foncier d’un site est essentielle puisque le nombre de propriétaires conditionne la complexité des démarches et des négociations. Il est donc préférable d’avoir un nombre réduit de propriétaires. Par ailleurs, le statut de propriété aura aussi un effet sur la négociation : la nature du statut des propriétés déterminera la nature des contrats envisagés. Par exemple si le site est localisé sur des parcelles communales, alors des contrats de type bail emphytéotique ou convention de gestion pourront être envisagés. La facilité de la mise en œuvre d’actions de gestion pourra également dépendre de la taille des sites, du morcellement ainsi que de l’indivision des parcelles (nombre de propriétaires d’une même parcelle). Ce critère permettra par ailleurs de délimiter des zones où seront envisagées les actions de gestion, puisque la surface des sites choisis ne permet pas de le réaliser à cette échelle.
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♦ Gestion actuelle
L’identification de gestionnaires, ainsi que de la gestion actuellement appliquée, couplée à l’état de conservation d’un site va permettre d’estimer l’investissement financier et temporel qu’il sera nécessaire de mettre en œuvre afin de conserver ou réhabiliter certains milieux. Une évaluation de la qualité et de l’impact de la gestion actuelle corrélée à l’état de conservation des milieux permettra d’établir un ordre de priorité d’actions.
3. Faisabilité de valorisation pédagogique et touristique
La valeur d’un site d’un point de vue touristique et pédagogique dépend de plusieurs critères : la fréquentation du site, les aménagements pédagogiques et/ou touristiques présents, l’intérêt paysager d’un point de vue esthétique, la fragilité du site, le risque de dérangement, la valeur patrimoniale et la richesse biologique du site.
♦ La fréquentation actuelle
L’évaluation touristique se fait en dénombrant l’ensemble des structures telles que les bases de loisirs, les stations thermales, les sites géologiques remarquables, les golfs…présents sur le site. Ce n’est pas un dénombrement précis qui est fait mais bien une appréciation du nombre de structures pouvant présenter un attrait touristique.
♦ Support de valorisation
La présence d’aménagements pédagogiques tels que des panneaux d’information, des chemins de découverte… est également prise en compte. Ces aménagements sont principalement ceux effectués par des gestionnaires tels que le Conseil Général sur les Espaces Naturels Sensibles, le CREN Aquitaine, la Fédération Départementale de Chasse des Pyrénées-Atlantiques, l’ONF, certaines intercommunalités …
♦ Intérêt paysager
L’intérêt porté sur un site passe en premier lieu par une évaluation de son paysage. L’évaluation de ce critère est définie précédemment.
♦ Richesses biologiques
Les espèces emblématiques, les espèces originales facilement observables, les espèces ou habitats à forte valeur patrimoniale, et les milieux rares méritent d’être mieux connus du grand public. L’intérêt écologique doit donc être pris en compte lors de l’évaluation de la faisabilité de valorisation d’un site.
♦ Accessibilité au public
L’existence de sentiers, de chemins de promenade ou de randonnées facilite l’accès au site. Le Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnées non motorisées ainsi que les Plan Locaux de Randonnées permettront d’évaluer ce critère.
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♦ Fragilité du site
Malgré un intérêt patrimonial reconnu, certains sites ne pourront faire l’objet d’une valorisation auprès du public. En effet, si un risque de dérangement de la faune, de destruction de plantes rares et menacées ou encore si un risque d’érosion du sol ou des berges est identifié, alors le site (ou une partie) sera considéré comme étant trop fragile pour accueillir une valorisation touristique et/ou pédagogique.
B. Périmètre de l’étude
1. Métasites a) Définition
Le métasite est défini ici comme étant une étendue représentant tout ou partie d’un cours d’eau, associé à son lit majeur ainsi qu’à ses principaux affluents. C’est un ensemble de milieux interconnectés, soit par une continuité de milieux naturels, soit par la continuité d’un cours d’eau. Le métasite est délimité en fonction de la topographie du milieu et de la largeur du lit mineur du cours d’eau principal.
b) Résultats
Douze métasites ont ainsi été déterminés. Ils ont été nommés en fonction du cours d’eau principal traversant le métasite (Cf. Fig. 9, ci-dessous et Fig. 12 page 42).
Métasites Numéro Bidassoa 1 Nivelle 2 Nive 3 Adour et ses affluents 4 Gave d’Oloron et ses affluents 5 Tableau 2 : Liste des métasites Gave de Pau et ses affluents 6 et leur numéro associé
Luy de Béarn et ses affluents 7 (W. HAHN, CREN Aquitaine, 2006)
Luy de France 8
Gabas 9
Gros et Petit Lées 10
Grand Lées 11 Larcis 12
Fig. 9 : Carte représentant les cours d’eau concernés par l’étude
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Fig. 11 : Carte de délimitation des métasites
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2. Sites a) Définition
Partie de métasite, délimité en fonction de critères hydrauliques (via la Base de Données Carthage), de la continuité des espaces naturels et de l’encaissement du lit majeur du cours d’eau.
b) Résultats
Quarante-quatre sites ont été définis (Cf. Fig. 12 page 42). Un nom leur a été attribué en fonction du cours d’eau principal qui les traverse et de repères (nom de ville, amont, aval) permettant de les situer lorsque plusieurs sites composent un métasite. Le numéro est composé d’un chiffre suivi d’une lettre. Le chiffre fait référence au métasite auquel les sites appartiennent, tandis que la lettre les classe d’amont en aval (pour un même métasite).
Sites Numéros des sites La Bidassoa 1A La Nivelle amont 2A La Nivelle aval 2B La Nive, amont de Saint-Jean-Pied-de-Port 3A La Nive, de Saint-Jean-Pied-de-Port à Cambo-les-Bains 3B Les barthes de la Nive 3C La Bidouze, amont de Saint-Palais 4A La Joyeuse 4B La Bidouze, aval de Saint-Palais 4C L'Aran 4D L'Ardanavy 4E Les barthes de l'Adour 4F Le Gave d'Ossau, en amont d'Arudy 5A Gave d'Ossau, aval d'Arudy 5B Plaine de Bedous 5C Gorges d'Aspe 5D Plaine de Gurmençon 5E Plaine d'Ogeu 5F Le Vert 5G Le Joos 5H Le Saison, amont 5I Le Saison, aval 5J Le Gave d'Oloron moyen 5K Les barthes du Gave d'Oloron 5L L'Ouzom 6A Le Gave de Pau, amont de Nay 6B Le Lagoin 6C L'Ousse 6D L'Ousse des Bois 6E Le Gave de Pau, de Nay à Pau 6F Le Gave de Pau, de Pau à Lacq 6G La Baïse 6H
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Le Gave de Pau de Lacq à Orthez 6I Le Gave de Pau, aval d'Orthez 6J Barthes du Gave de Pau 6K Le Luy de Béarn, amont 7A L'Ayguelongue 7B L'Uzan 7C Le Luy de Béarn aval 7D Le Luy de France 8A Le Gabas 9A Le Gros Lées 10A Le Grand Lées 11A Le Larcis 12A
Tableau 3 : Liste des sites et numéros associés (W. HAHN, CREN Aquitaine, 2006)
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Fig. 12 : Carte de délimitation des sites
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C. Bibliographie
1. Structures et personnes rencontrées et / ou contactées
Un maximum de structures et de personnes ont été contactées, soit directement en entretien, soit par mail ou par téléphone (Cf. Annexe VI). Quelques unes n’ont pas été contactées faute de disponibilité, ou n’ont pas souhaité collaborer à l’étude. Cela peut être pénalisant dans le sens où les données dont elles disposent sont bien souvent très intéressantes, et uniquement disponibles au sein de cette structure. Quelque soit le moyen de contact, pour chaque structure, l’étude leur a été présenté afin de mettre en valeur les objectifs et les données souhaitées. Lorsqu’une collaboration était envisagée, la délimitation de la zone d’étude leur était communiquée sous forme de carte.
Nombre de Nombre d’études/ structures Nombre de Nombre de structures/ documents /personnes réponses obtenues personnes intéressées consultés (sauf contactées cartes) 47 36 32 57
Tableau 4 : Synthèse des actions effectuées concernant le recherche de documentation
(W. HAHN, CREN Aquitaine, 2006) a) Associations contactées
- Observatoire de l’eau des Pays de l’Adour : association ayant pour mission principale, d’une part la collecte et la gestion des données relatives au bassin de l’Adour, et d’autre part la communication et l’information en mettant les données à la disposition des acteurs de l’eau et du public. Après un entretien avec les chargés de missions, une collaboration s’est instaurée afin d’établir une convention d’échange de données. L’Observatoire de l’eau met à disposition la base bibliographique sur l’eau du bassin de l’Adour dont il dispose, et un certain nombre de données sous format SIG telles que : les localisations de gravières, de stations d’épurations, d’ouvrages transversaux, les prélèvements en eau potable et agricole, et les stations de mesures de jaugeage sur l’ensemble du bassin de l’Adour, c’est-à-dire sur la quasi-totalité du département (sauf l’extrême ouest du Pays Basque). Le CREN Aquitaine s’engage à leur communiquer le résultat de l’étude et à fournir l’ensemble des références des documentations qui auront pu être consultées dans d’autres organismes.
- Cistude Nature, association de protection de la nature ayant pour principale mission l’étude et la protection des Cistudes d’Europe (Emys orbicularis). Elle a été contactée afin d’obtenir la localisation des Cistudes. Cette carte nous a été communiquée sous format informatique d’image jpeg, et révèle la présence de la Cistude par mailles de 5x5 km sur l’ensemble du département au 30 juin 2006 (Cf. Annexe VII).
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- La LPO Aquitaine, (D.Vincent) a contribué à l’élaboration de la liste d’indicateurs et a fourni des données concernant la répartition de l’avifaune.
- Le GEPO (C. Freeman), Groupe Entomologique des Pyrénées Occidentales, a été rencontré afin d’établir une liste de coléoptères pouvant intégrer la liste d’indicateurs. Il nous a renseigné sur la répartition de ces indicateurs au sein de notre périmètre d’étude d’après ses données personnelles et nous a communiqué les coordonnées d’autres entomologistes susceptibles de détenir des données complémentaires (sans réponses).
- Le GCA, Groupe Chiroptères Aquitaine, a été contacté. Une demande concernant les données de localisation des espèces et l’intégration d’espèces dans la liste d’indicateurs a été faite. Nous sommes dans l’attente de la communication des données.
- L’association DROSERA, contactée par téléphone, nous a communiqué les relevés floristiques réalisés par ses membres sur les berges de la Nivelle.
- L’association MIGRADOUR a été créée en 1994 à l’initiative des 4 fédérations départementales de pêche du bassin de l’Adour et du Conseil Supérieur de la Pêche. Elle rassemble pêcheurs amateurs (aux lignes, aux engins et filets) et pêcheurs professionnels. L’association a pour objectif de « contribuer à la restauration des milieux aquatiques et au développement des populations de poissons migrateurs des bassins de l’Adour, de la Nivelle et des cours d’eau côtiers des départements des Landes et des Pyrénées Atlantiques». MIGRADOUR assure la maîtrise d’ouvrage d’opérations et études diverses menées à l’initiative des pêcheurs sur les parcours dont ils sont gestionnaires. Les rivières concernées sont classées. Il peut s'agir également de cours d'eau sur lesquels il serait possible d’envisager à moyen terme la mise en place de programmes MIGRATEURS (affluents du Saison, affluents rive gauche de l’Adour, etc.). (sources : http://www.migradour.com) Les études réalisées de 1998 à 2003 par MIGRADOUR sur la Grande Alose, l’Alose feinte, l’Anguille, les grands Salmonidés et la Lamproie marine ont pu être récupérées et donnent de précieuses indications sur la présence et la répartition d’espèces patrimoniales.
- L’ensemble des études et plans de gestion réalisés par le CREN Aquitaine sur des sites concernant cette étude ont été consultés. Ce sont principalement des données d’inventaire qui en ont été extraites.
b) Les fédérations
- Après un entretien avec la secrétaire de la fédération de pêche, il s’avère que mis à part des informations concernant le nombre de permis de pêche délivrés sur le département et la carte des contextes piscicoles, la fédération ne possède que peu de données. L’entretien a tout de même permis la communication de coordonnées permettant de recueillir les contrats de rivières du Saison et de la Nivelle.
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- L’entretien avec le responsable technique de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques a eu comme principal résultat l’obtention des relevés effectués par les chasseurs sur l’avifaune présente sur les plans d’eau. Ces données sont recueillies via l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) section avifaune migratrice située à Birieux dans l’Ain qui centralise l’ensemble de ces données. Une demande a été faite concernant l’obtention des résultats des sessions de captures des mustélidés réalisées par la fédération sur le département. La fédération de chasse n’a pas encore répondu à cette demande.
c) Collectivités territoriales
- Le Conseil Général a été contacté à plusieurs reprises : à l’antenne de Bayonne pour les informations relatives au Pays-Basque, et à l’antenne de Pau pour les informations relatives au Béarn. Plusieurs études et plans de gestion de sites gérés par le Conseil Général ont ainsi pu être consultés. Ces études permettent de collecter des inventaires floristiques, faunistiques, les localisations des habitats inventoriés, ainsi que des informations concernant la gestion appliquée. Le Plan Départemental des Itinéraires de Promenades et de Randonnées non motorisées (PDIPR), ainsi que les localisations des sites géologiques remarquables, ont également pu être recueillis.
- Préfecture : Après avoir contacté la personne responsable de la section environnement, le fichier départemental des études d'impact a pu être consulté. Le recensement d’un certain nombre d’études d’impact relatives à des autorisations d’exploitation des gravières a été fait. L’ensemble des Plans de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI) ou Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) comprenant des risques d’inondations a été téléchargé sur le site Internet de la préfecture (cartes et documents, sous formats PDF).
Sur les 396 communes concernées par la zone d’étude, ont été recensés:
PPRN (dont PPRI en cours PPRI PPRI en projet Sans PPRI inondations) d’élaboration 10 43 9 6 330 Tableau 5 : Synthèse du nombre de communes concernées par un PPR (W. HAHN, CREN Aquitaine, 2006)
d) Organismes publics
- Après avoir été contacté par e-mail, il s’avère que l’Office National de la Forêt (ONF) possède des études relatives aux boisements alluviaux, ainsi que certains plans de gestions. Ces documents sont consultables directement auprès de la structure. Ils apportent des informations de type inventaires, mais aussi des informations générales relatives aux forêts alluviales.
- L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) ne possède pas de données relatives à des répartitions d’espèces, sauf en ce qui concerne la section de recherche avifaune migratrice mentionnée précédemment.
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Les techniciens rencontrés ont donc autorisé la consultation de documents relatifs à la gestion des habitats du Vison d’europe (Mustela lutreola) en leur possession.
- L’ Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) met à disposition la carte du niveau d’altération des contextes piscicoles du département, ainsi que le suivi faunistique de 7 stations sur une durée de 10 ans. Ces informations n’ont pas encore été recueillies mais l’ONEMA est en train de mettre sur Internet la banque de données d'inventaires piscicoles qui quadrille l'ensemble du réseau départemental. Ces informations seront donc accessibles sur le site Internet de l’ONEMA, « cette année, sinon les années suivantes ».
- Le service documentation de la DIREN a été contacté afin d’identifier la bibliographie pouvant être consultée. Ce sont principalement des études hydrologiques, et il n’y en a que très peu sur le département des Pyrénées-Atlantiques. La consultation de ces études n’a donc pas constitués une priorité. En revanche, un acte d’engagement met à disposition les cartes des ZNIEFF, ZICO, ZPS, les scan25 IGN, et la BD ortho du département.
- Les services environnement, faune sauvage et police de l’eau de la DDAF ont été contactés. Cette structure regroupe la majorité des études d’impact de travaux, de restauration et de déviation des cours d’eau, pour la partie béarnaise. Une antenne est présente à Bayonne pour les informations relatives au Pays-Basque.
- Les contrats de rivières, ainsi que certains documents relatifs à des comptages effectués par des associations ont également pu être consultés. Les données recueillies sont donc des localisations d’espèces mentionnées dans les études d’impact, les Contrats de rivières1 ainsi que des informations concernant les entretiens et restaurations relatives à certains cours d’eau. Une base de données bibliographique est en cours d’élaboration.
- Le service de documentation de l’Agence de l’eau Adour-Garonne a permis d’obtenir des informations sur la localisation d’espèces, la délimitation des Zones Vertes2 de l’Adour maritime, la délimitation des Axes bleus3, ainsi que la qualité des eaux superficielles. L’Agence de l’eau gère une base de données des masses d'eau au titre de la Directive Cadre Européenne (DCE). Un certain nombre de critères biologiques ont été utilisés, en vue de déterminer et caractériser la biologie des diverses masses d’eau. Ces données ne sont pas disponibles pour le grand public et il est nécessaire d’effectuer une demande de consultation de la base de données. Ce sont principalement les données d’inventaires qui seront utilisées.
- L’atlas des zones inondables du département est en cours d’élaboration par le service hydraulique de la Direction Départementale de l’Equipement (DDE). Grâce à l’établissement d’une convention d’échange de données, les différentes phases des atlas ont pu être collectées.
1 Le Contrat de rivière est un programme d'actions sur 5 ans destiné à restaurer, entretenir et valoriser une rivière et son bassin versant. 2 Les Zones Vertes sont des écosystèmes aquatiques et zones humides remarquables qui méritent une attention particulière et immédiate à l’échelle du bassin. 3 Axe bleu : programme de restauration des poissons grands migrateurs (saumon atlantique, truite de mer, anguille, alose, lamproie) du bassin Adour-Garonne.
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L’étude pour la délimitation des zones vertes sur le Gave d’Oloron et le Gave d’Aspe a également été réalisée pour la DDE. Une demande a été faite afin d’obtenir cette étude et les délimitations sous format SIG, mais aucune réponse formelle ne nous a pour le moment été donnée. En revanche, les tracés des projets autoroutiers et routiers programmés sur le département ont été obtenus.
- Le Centre Régional de la Propriété Forestière Aquitaine (CRPF) a été sollicité afin d’obtenir la carte départementale des espaces boisés classés.
- Le comité de tourisme a été contacté pour connaître la pression touristique évaluée, à l’échelle du département. Les données disponibles sont consultables sur Internet, sur le site d’Etorri (Economie TOuRistique Ressources et Informations). Des informations de type données statistiques ainsi qu’un fond documentaire réunissant des références sur l’activité touristique dans le département sont consultables après inscription auprès du gestionnaire du site.
- Le Muséum d’Histoire Naturelle de Bayonne ne possède pas d’études relatives aux cours d’eau ou aux corridors alluviaux. Sa bibliothèque comprend principalement des ouvrages généraux sur le littoral et le milieu marin. Néanmoins, l’Atlas des plantes invasives de France nous a permis de relever la liste des plantes invasives présentes dans les zones humides du département.
e) Maîtres d’œuvres des Schémas directeurs de restauration et d’entretien des cours d’eau
Ce sont principalement des syndicats mixtes, des syndicats intercommunaux à vocation unique et des communautés de communes. Une partie d’entre eux a été contactée afin d’obtenir l’autorisation de consulter des diagnostics environnementaux réalisés sur la portion du linéaire dont ils ont la charge. Malheureusement, ces diagnostics datent la plupart du temps du début des années 1990. Ces données sont donc trop anciennes pour être utilisées.
Le Syndicat du Gave de Pau est la structure qui est en charge de l’ensemble du linéaire du Gave de Pau dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Après un entretien avec l’ingénieur territorial, l’établissement d’une convention d’échange de données a été programmé afin d’obtenir l’ensemble des informations sur les localisations d’habitats, délimitations des zones vertes et localisation des enrochements réalisés sur le Gave de Pau. Ces données nous ont été communiquées sous format SIG.
f) Conservatoire Botanique Pyrénéen (CBP)
Le service de documentation du CPB a été contacté afin d’inventorier les études et documents potentiellement intéressants à consulter. Puis une carte représentant la délimitation de la zone d’étude leur a été envoyée afin d’être comparée à la flore localisée et saisie de leur base de données.
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g) Le Parc National des Pyrénées (PNP)
Le Parc a été contacté afin d’obtenir une étude synthétisant un inventaire odonates réalisée en 2001-2002 dans les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées. L’ouvrage demandé nous a été envoyé à titre exceptionnel, bien que la bibliothèque du PNP soit fermée jusqu’à nouvel ordre.
h) Spécialistes locaux
Des spécialistes ont été contactés dans le but de contribuer à l’élaboration des listes d’indicateurs, mais aussi afin de communiquer leurs données personnelles. Ces personnes sont :