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ÉCONOMIE ET CULTURE TRANSITION DE PROXIMITÉ NUMÉRIQUE ET LUTTE CONTRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE 15 actions Une nouvelle emblématiques génération d’appels à projets pour Une stratégie de > Soutenir le développement de faire un véritable outil au service de dynamiser le secteur résilience intégrant l’agriculture urbaine maraîchère l’ensemble du territoire métropoli- de la construction le retour d’expé- individuelle et en jardins collectifs. tain. 12. Le lancement d’une nouvelle rience de la crise sanitaire 3. La construction d’un observa- 7. Un soutien spécifique à l’éco- édition de l’appel à projets inno- 1. L’adoption d’un Plan métropo- toire partenarial en open data, nomie sociale et solidaire, de vants Inventons la Métropole du litain de santé et de résilience, permettant l’observation des dy- même qu’aux jeunes entreprises Grand axé sur la réintroduc- visant notamment à réduire les iné- namiques territoriales en temps de innovantes. tion d’activités productives en zone galités sociales et territoriales en crise et post-crise, à l’échelle mé- dense. matière d’accès aux soins, et à ce tropolitaine. 13. Un appel à manifestation Des actions titre : d’intérêts pour de nouvelles pour accélérer > Soutien d’un réseau métropo- opérations d’aménagement Des actions de la transition litain de lieux d’accueil de santé d’intérêt métropolitain. polyvalent ; soutien à l’économie écologique, encourager les > Promotion du développement et de proximité mobilités douces et durables des usages de la télémédecine, en 4. La participation à hauteur de 8. L’adoption d’un Plan vélo mé- Des actions de lutte complément de la médecine de 14 M € au fonds mutualisé Ré- tropolitain doté de 10 M € dès contre la fracture proximité ; silience Île-de-France dédié aux 2020. numérique > Échanges avec l’AP-HP pour TPE /PME du territoire. 14. Le renforcement du finan- rapprocher le logement des per- 9. La création de 100 nouvelles cement des publics fragiles via le sonnels soignants de leur lieu de 5. Le lancement d’une nou- stations Vélib’ d’ici 2022. velle édition du programme « Pass numérique ». travail. 10. Le déploiement d’un program- « Centre-Ville Vivant » de soutien 15. Le déploiement d’un maillage 2. L’accélération du Plan Alimen- me de rénovation énergétique aux commerces, à l’artisanat et à métropolitain de ressourceries tation Durable Métropolitain et de solarisation du patrimoine la culture. de recyclage de matériel infor- engagé en 2019 pour : public. matique. > Soutenir la production agricole 6. L’entrée de la Métropole au 11. Un soutien spécifique à lafi- métropolitaine, favoriser l’alimen- capital de la SEMAEST pour en lière du végétal et du paysage. tation en circuit court et tendre Pour plus d’informations vers l’autonomie alimentaire. www.metropolegrandparis.fr LA TRIBUNE 3 juillet 2020

L’ESSENTIEL 3

PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION [ALBERT CAEN] [ALBERT George Floyd, agonisant en prononçant ces der- Un monde d’après plus sobre et plus durable ne Éditorial nières paroles glaçantes : « I can’t breathe. » (« Je ne doit pas être incompatible avec une économie per- peux plus respirer. ») formante et innovante. Sinon, il pourrait bien être Respirer, c’est ce dont a besoin l’économie mondiale celui d’avant en pire, plus inégalitaire et avec moins SOMMAIRE pour se relever de la crise cardiaque brutale du d’emplois. Prenons garde aussi au monde froid et Cet été, respirez ! printemps 2020, alors que de très nombreux sec- technologique que nous promet l’effrayante domi- LT1 teurs sont encore en réanimation et risquent de nation des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Le ou la Covid-19 ? Ce ne sera pas, espérons-le, le passer de longues années sous perfusion publique. Apple, ), plus puissants que jamais. Une 04 Politique attendu au tournant sujet de conversation principal de notre été. Inspi- Respirer, c’est un défi aussi pour la politique alors société sans contact, 100 % digitale, basée sur le rez, expirez , soufflez ! L’Europe respire, mais le que beaucoup d’électeurs manifestent leur colère télétravail permanent, ce ne peut être qu’une dysto- 06 Sondage Des Français virus circule toujours et la crainte d’une deuxième par une grève civique. L’abstention aux élections pie à laquelle nous devons apprendre à résister. (presque) prêts à tout vague de contamination cet hiver impose de main- municipales en France montre que le divorce est Ce coronavirus ne fait pas de détails : il frappe sans changer tenir les précautions sanitaires tant que l’on n’aura plus profond que jamais entre distinction, surtout les plus 16 Économie Relancer vite… ni traitements ni vaccins. Il va nous falloir vivre gouvernants et gouvernés. Il est âgés et les plus faibles. C’est un mais pas quoi qu’il en coûte avec cette nouvelle normalité. C’est LA leçon de la donc urgent de redonner de l’air Il y a un mélange avertissement de la nature et 20 Industrie Cinq ans de période inouïe, inédite, que nous venons de traver- à la démocratie et aux échelons une invitation à répondre aux calvaire pour les ser. Une humanité avertie en vaut deux ! La guerre de proximité. La bureaucratie d’insouciance grands défis du siècle : climat compagnies aériennes contre ces nouvelles menaces suppose de nous et la verticalité, on l’a vu, sont heureuse et une et emplois doivent aller de pair, 22 Tourisme Le secteur du réarmer : lits de réanimation, masques, réactifs de sans doute responsables d’une sauf à tout perdre. voyage forcé à se réinventer test, recherche… Cela ne coûtera jamais aussi cher bonne partie de la surmortalité sourde inquiétude La réaction forte de l’Europe que les centaines de milliards, voire les milliers de de ce virus. Il n’y a qu’à compa- pour relancer l’économie par 28 Tech Les Gafam renforcent leur emprise milliards de dettes publiques dépensées pour rer les chiffres des pays décen- devant l’ampleur une croissance verte est encou- mener l’autre bataille qui nous attend, dès la ren- tralisateurs comme l’Allemagne des efforts à venir rageante. L’Allemagne qui 33 Digital La transformation trée : celle de la sauvegarde de nos emplois. ou la Suisse avec ceux de la prend pour six mois la prési- numérique freinée Que retenir de cette crise hors norme ? Chacun France ou du Royaume-Uni. dence de l’Union pourrait bien dans son élan ? profitera de l’été pour en tirer des leçons person- Inspirez, expirez… L’été ne sera pas de trop pour nous permettre d’avancer à pas de géants vers 36 Consommation L’idée nelles mais aussi pour s’interroger sur notre mode panser et penser la crise, prendre la mesure de davantage d’intégration maintenant que l’idée d’indépendance alimentaire de vie. Une épidémie de cette ampleur ramène travail de reconstruction qui nous attend. Une d’une dette fédérale commence à s’imposer. revient en force forcément à l’essentiel. C’est l’occasion de réfléchir tâche immense, mais exaltante : il flotte mmeco un Mais ne soyons pas naïfs : post-Covid res- 37 Planète L’inquiétant retour à ce qui est important et superflu, à ce dont on a air d’après-guerre et cela invite à l’optimisme. tera un monde de compétition et de concurrence. du plastique et du jetable vraiment besoin et ce dont on peut sans peine se Comme à la Libération, il y a un mélange d’insou- Il sera plus fragmenté, plus divisé entre les grands 40 Finance Des espèces loin passer. Sachons profiter de cette opportunité de ciance heureuse et une sourde inquiétude devant empires que sont la Chine et les États-Unis, en état d’être en voie de disparition penser, pas seulement à soi, mais aussi à nous. Quel l’ampleur des efforts à venir. Car à la rentrée, il de guerre froide économique. Les enjeux de sou- vivre-ensemble voulons nous reconstruire ? faudra beaucoup travailler pour sauver nos entre- veraineté vont prendre le dessus sur la coopération. Paradoxalement, ce coronavirus qui s’attaque à prises et rebâtir nos économies. Ce monde d’après laissera au bord de la route les LT2 nos poumons nous invite à reprendre notre souffle. Le monde d’après devra certes être plus respon- pays qui feront les mauvais choix économiques. Le 43 Régions La revanche des À cet égard, il est symbolique que le déconfinement sable mais prenons garde aux excès de zèle écolo- « nouveau chemin » que veut tracer Emmanuel pouvoirs locaux ait coïncidé avec un mouvement mondial contre le gistes : n’en déplaise aux plus radicaux, la décrois- Macron devra en tenir compte, parce que les 46 Enquête Inventer le modèle racisme déclenché par l’image de cet homme noir, sance peut être aussi mortelle que le coronavirus. erreurs se paieront cher. n urbain du futur 48 Grand Est 52 Haut de France 56 Normandie 59 Bretagne 61 Pays de la Loire 63 Centre-Val de Loire JEAN-CHRISTOPHE TORTORA 65 Aquitaine PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA TRIBUNE 69 Occitanie 73 Bourgogne 74 Région Sud SE RECONSTRUIRE 76 Corse 78 Auvergne-Rhône-Alpes 81 Île-de-France Cet été 2020 ne sera pas un été nous nourrir, malgré le confinement. nouveau modèle de société. La oublier nos morts pour ne pas comme les autres… Abîmés, fatigués, Notre métier nous habitue à ce qu’une relance économique est indispensable commettre les mêmes erreurs. 85 Santé Des politiques inquiets, les Français ont été actualité chasse l’autre, à ce qu’une pour limiter les dégâts sociaux à venir. Je dédie donc ce numéro à tous ceux adaptées aux territoires endeuillés par la disparition de près crise chasse l’autre. Mais cette fois, Mais elle ne suffira pas pour remettre qui sont décédés mais aussi aux de 30 000 de leurs compatriotes. Le c’est différent. L’expérience que nous notre pays « en marche ». Un « état familles endeuillées. Je dédie ce LT3 « printemps meurtrier » du Covid-19 avons traversée collectivement d’urgence » démocratique et numéro à Jean-Philippe Ruggieri, un est passé par là, fauchant la vie ici, laissera des traces durables dans nos participatif est indispensable pour ami de vingt-cinq ans. Lui aussi est 87 Idées Et maintenant, semant la peur là. Plus d’un demi- modes de vie et de pensée. redonner à chaque citoyen la parti brutalement, à l’hôpital, on fait quoi ? million de morts à l’échelle du monde Prenons l’été pour y réfléchir, confiance en l’avenir. comme de nombreux Français, après 92 Entretien Pr Pierre Corvol, et, toujours présente, la crainte d’une pleurer nos morts et préparer notre La crise a aussi mis en avant plusieurs semaines de réanimation, président de l’Académie deuxième vague à l’automne. destin commun en préservant les l’exigence de proximité. Emmanuel laissant une famille endeuillée, « La Tribune » a voulu, par ce numéro valeurs de solidarité et d’humanité Macron le sait : les pouvoirs son mari Guillaume, ses enfants Léa des sciences exceptionnel intitulé « Réinventer la qui nous ont permis de surmonter verticaux ont leurs limites, il est et Paul, fauché à 51 ans alors France » qui a mobilisé toute notre cette crise. Le confinement nous temps de redonner plus de place qu’il était en bonne santé et venait PARTAGEONS L’ÉCONOMIE VENDREDI 3 JUILLET 2020 rédaction à Paris et dans les régions, a réappris la valeur du temps long ; aux pouvoirs locaux. de prendre la direction générale de NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT rendre hommage à tous ceux qui se faisons-en une règle d’or pour Nous avons mesuré avec cette Nexity aux côtés d’Alain Dinin. Et maintenant, sont battus contre cette pandémie. nous reconstruire et nous réinventer. épidémie notre vulnérabilité. Trop Jean-Philippe avait le goût de on fait quoi ? Aux morts, mais aussi aux vivants, aux Se réinventer, la société française bureaucratique, trop centralisée, la construire et de rassembler. Des soignants en première ligne que nous en a bien besoin, tiraillée entre France perd en efficacité. Nous avons qualités si précieuses qui vont devoir applaudissions le soir à nos fenêtres, colères et révoltes. Remettons en la responsabilité collective que nous animer pour tout reconstruire. à tous ces métiers essentiels, si mal chantier la démocratie et la demain ne soit pas pareil qu’hier. À lui, à eux, réinventons la considérés, qui nous ont permis de République pour bâtir ensemble notre C’est le défi qui nous attend : ne pas France pour ne jamais les oublier.

Cynthia Fleury - Hervé LeL’après-crise Bras - Serge Guérin sanitaire - Isabelle vue Delannoy par : - Pascal Perrineau - Roger Guesnerie - Dominique Méda - Axel Kahn - Gilles Bœuf - Azouz Begag - Jo Spiegel - Michel Wieviorka - Étienne Klein - Clara Gaymard -Claude Alphandéry - Boris Cyrulnik - Salomé Berlioux - François Dubet - Pascal Picq - Abdenour Aïn Seba -

Karol Be a - Jean-Marie Cavada - Nicolas Baverez

L’information économique en continu sur

WWW.LATRIBUNE. ISTOCK Directrice marketing et développement : Pierre Manière (Télécoms, médias). RÉGIONS Correspondant : Guillaume Fischer. Chef de projet marketing : MélanieFR de Caires Tatiana de Francqueville. Finance : Delphine Cuny, rédactrice en chef Nouvelle Aquitaine : Bordeaux Pays-de-la-Loire : Nantes (01 80 18 36 44). Assistante commerciale : Vice-président métropoles et régions : adjointe. Juliette Raynal. Directrice : Cendrine Martinez. Correspondant : Frédéric Thual. Cécile Siliphayvanh. Jean-Claude Gallo. Économie : Grégoire Normand. Rédacteur en chef : Pierre Cheminade Bretagne : Rennes Responsable événements : François Jalbert Directrice La Tribune Afrique Éditeurs Web : Jeanne Dussueil, rédactrice Jean-Philippe Dejean. Correspondante : Pascale Paoli-Lebailly. (73 23). 54, rue de Clichy, 75009 Paris et Acquisitions : Delphine Chêne en chef adjointe, Occitanie : Toulouse Normandie : Rouen Abonnements et ventes au numéro : Téléphone : 01 76 21 73 00. Julia Blancheton, Ivan Capecchi, Directrice : Cendrine Martinez. Correspondante : Nathalie Jourdan. Aurélie Cresson (73 17). Pour joindre votre correspondant, composer le Jérôme Cristiani, Laurent Lequien. Rédacteurs : Florine Galéron, Hauts-de-France : Lille 01 76 21, suivi des 4 chiffres entre parenthèses. RÉDACTION Pierrick Merlet. Correspondante : Gaëtane Deljurie. ACTIONNAIRES Directeur de la rédaction : Philippe Mabille. LA TRIBUNE HEBDO Société éditrice Chef d’édition : André Spiga. Occitanie : Montpellier Grand Est : Strasbourg Groupe Hima, Franck Julien, Jean-Christophe LA TRIBUNE NOUVELLE. S.A.S. Directeur adjoint de la rédaction : Directeur : Jean-Claude Gallo. Correspondant : Olivier Mirguet. Tortora, Laurent Alexandre, Alain Ribet. Robert Jules. Chef de studio : Mathieu Momiron. au capital de 4 850 000 euros. Secrétariat de rédaction et révision : Rédacteur en chef : Anthony Rey, Bourgogne Franche-Comté : Dijon 54, rue de Clichy - 75009 Paris Industrie et services : Michel Cabirol, Cécile Chaigneau. Correspondante : Amandine Ibled. IMPRIMERIE RICCOBONO Fabrice Gliszczynski, rédacteurs en chef. Dorothée Coelho, Pauline Feuillâtre, Siège social : 10, rue des Arts, 31000 Toulouse. Pauline Masure. Sud : Marseille, Nice Corse : Ajaccio 79, route de Roissy, Siren : 749 814 604 Nabil Bourassi (Automobile/Mobilités). Directrice : Martine Gouzy. Correspondant : Paul Ortoli 93290 Tremblay-en-France Transition écologique : Jérôme Marin, Rédactrice en chef : Laurence Bottero. CONTACTS UTILES Président directeur général, rédacteur en chef adjoint. Auvergne-Rhône-Alpes : Lyon Dépôt légal à parution directeur de la publication : César Armand (Logement, Grand Paris), Responsable administratif et financier : Directeur : Denis Lafay, directeur Lény Carron. N° de commission paritaire : CPPAP : 0524 C 85607 Jean-Christophe Tortora. Giulietta Gamberini (Économie circulaire). du pôle Idées-Société. ISSN : 1277-2380. Technologies : Sylvain Rolland, rédacteur Directrice de clientèle : Florianne Rédactrice en chef adjointe : Stéphanie Borg. de Bastard (73 28). en chef adjoint. Anaïs Cherif (Internet), Centre-Val-de-Loire : Tours 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

4 TEMPS FORT

POLITISCOPE PAR MARC ENDEWELD

seul, de renverser la table. surer face aux États-Unis et à la Cruauté ultime de la situation : Chine. Aujourd’hui, il évoque c’est Édouard Philippe, son subor- également « une nouvelle donne donné, qui a fini par recueillir les territoriale » et un éventuel big fruits de son travail et de son bang dans l’organisation de l’État. abnégation. Reste que le plus grand défi à rele- Les Français accordent davantage ver pour Emmanuel Macron est leur confiance au Premier de retrouver « la vague » qui l’a ministre, cet homme du Havre, porté au pouvoir en 2017. En plein malgré ses erreurs. Et ce, alors que déconfinement, remettre en mou- ce conseiller d’État est l’incarna- vement la société n’est pas chose tion même du technocrate, pétri aisée, surtout dans l’optique d’en de certitudes, comme Alain Juppé tirer des fruits politiques. en son temps. Ces « technos », que Il est loin le temps où Emmanuel les plus proches conseillers du Macron, alors jeune ministre, président, comme ses visiteurs du confiait ses espérances devant les soir, aiment fustiger à longueur de Gracques, ce club de hauts fonc- off auprès des journalistes comme tionnaires de droite et de gauche. pour mieux évacuer tout senti- Une semaine après les terribles ment d’impuissance au plus haut attentats du 13 novembre 2015, il niveau de l’État. affichait sa volonté de transfor- mer la société pour permettre UNE SYNTHÈSE DE ROCARD plus de « mobilité sociale », poin- ET DE CHEVÈNEMENT tant « la responsabilité des Arrive-t-il au président Macron élites », lesquelles devraient de se retourner sur son passé, « accepter de laisser la place à comme pour mieux retrouver la d’autres, de passer le relais, de fougue de ses débuts en politique ? S’il se relit, il pourrait avoir des surprises. En 2011, ce lettré écri- vait ainsi un article dans la revue Les exégètes Esprit, au titre étrange – « Les du macronisme ne Emmanuel Macron, empêtré dans des crises à répétition, est contraint de définir une nouvelle orientation labyrinthes du politique. Que politique dans la perspective de la présidentielle de 2022. [STÉPHANE MAHÉ/POOL REUTERS] peut-on attendre pour 2012 et cessent d’annoncer après ? » – mais au contenu éton- namment annonciateur : « On ne un tournant peut ni ne doit attendre d’un du quinquennat. homme et 2012 n’apportera pas plus qu’auparavant le démiurge. Lui-même a soufflé Loin du pouvoir charismatique et l’idée d’un de la crispation césariste de la ren-

WWW.LATRIBUNE.FR Emmanuel Macron contre entre un homme et son « nouveau chemin ». peuple, ce sont les éléments de reconstruction de la responsabilité attendu au tournant et de l’action politique qui pour- laisser les plus jeunes, les plus en « La solitude de raient être utilement rebâtis. » difficulté parfois, dire et faire, Macron face au Cette analyse pourrait passer changer cette société en l’ou- “jeu dangereux” de la Turquie aujourd’hui pour une autocri- vrant ». Ce message à la jeunesse, et de l’Otan » POUVOIR Le président ne dis- Trump, lors d’un dîner à la tour ment parisien ne tait plus ses tique de son propre rapport au cette proposition d’avenir, est pose plus que de vingt-deux mois Eiffel. « France is back », décla- déceptions et ses critiques à pouvoir depuis 2017. sûrement ce qui a fait le plus « Merkel, Macron : avant l’échéance de 2022. Ayant mait-il à la moindre occasion. Et l’égard de celui qui voulait dyna- Les exégètes du macronisme et les défaut au macronisme depuis son le match du “quoi qu’il en fait face à de nombreuses crises même le très sévère The Econo- miter la vie politique française. conseillers présidentiels ne arrivée au pouvoir. coûte” » depuis le début de son mandat, mist désignait la France comme le Dans les milieux économiques, cessent d’annoncer un tournant Il y a quelques mois, le député l’homme qui avait été le candidat pays de l’année. Une vraie révolu- certains de ses plus fervents sou- du quinquennat. Emmanuel LREM Bruno Bonnell, ancien « Emmanuel de la rupture et de l’espérance tion. Macron mobilisait alors tiens commencent à douter. Macron lui-même a soufflé l’idée patron d’Infogrames, nous avait Macron, le coup doit désormais se réinventer. Une toutes ses forces pour établir un Si les élections européennes lui d’un « nouveau chemin ». Les pro- d’ailleurs rapporté cette anecdote de bluff permanent ? » prise de risque qui n’est pas for- « dialogue stratégique avec l’Alle- ont permis de reprendre son messes ont pourtant déjà été nom- révélatrice : « Lors d’une rencontre cément pour lui déplaire. magne », comme il l’avait écrit souffle, de retrouver des marges breuses : après le tournant social, avec Emmanuel Macron, je lui MARC ENDEWELD dans son livre de campagne inti- de manœuvre, le président a dû le tournant écolo, voici le tour- avais demandé s’il se reconnaissait tulé justement Révolution. Avec également composer avec le prin- nant républicain. Croire qu’il plutôt dans 1830 ou 1848. » À était une autre épo­ l’Europe comme mantra, il tentait cipe de réalité au niveau de ses n’était pas républicain, c’est pour- l’époque, le futur chef de l’État ne que. Celle où Emma- de marquer les esprits. On se sou- administrations. Lui qui qualifia tant mal connaître Macron. lui avait pas répondu. ’nuel Macron qui vient de ses discours de la Sor- les fonctionnaires, puis le Quai En réalité, ce caméléon de la poli- Emmanuel Macron sera-t-il au n’avait pas encore bonne et d’Athènes… d’Orsay, « d’État profond », cou- tique a toujours été Chevènement final un Louis-Philippe qui donne 40 ans arborait encore pable, selon lui, de contrecarrer et Rocard à la fois, comme pour le pouvoir à Guizot et aux techno- Cun visage poupin. Une période JUPITER EST TOMBÉ certains de ses choix stratégiques, mieux s’en approprier les mérites, crates, ou sera-t-il un Louis-Na- presque insouciante, malgré le DE SON PIÉDESTAL semble de plus en plus enlisé dans et proposer une synthèse origi- poléon Bonaparte qui transforme poids de ses nouvelles responsabi- Presque trois ans après, le décor les inerties bureaucratiques. nale : « Autant la deuxième gauche la France avec les entrepreneurs ? lités : en octobre 2017, le plus jeune a pourtant changé du tout au tout. La crise sanitaire du Covid-19 a m’a inspiré sur le social, autant je Celui qui s’était autoproclamé président de la Ve République Malgré le Brexit, la France appa- fini par porter un coup fatal à son considère que son rapport à l’État « maître des horloges » dispose-t-il confiait à l’écrivain Emmanuel Car- raît de plus en plus isolée en image d’homme capable, à lui reste très complexé, nous encore de temps pour répondre à rère : « Je suis fait pour diriger dans Europe comme sur la scène inter- confiait-il à l’été 2015. Je me suis cette question ? Car vingt-deux les tempêtes et pas par temps calme nationale. Sur le plan intérieur, toujours interrogé sur le rôle de mois en politique, c’est très court. comme mon prédécesseur. » Emmanuel Macron a dû faire face l’État, et c’est pour cette raison que « Le temps politique vit dans la pré- Tout souriait alors à Emmanuel à de multiples crises. L’heure je me tourne, plus jeune, vers Jean- paration de ce spasme présidentiel Macron. Le jeune président avait n’est plus aux fanfaronnades. Pierre Chevènement. (…) On ne autour duquel tout se contracte et la certitude d’avoir un destin à la Suite au mouvement des « gilets La crise sanitaire peut pas s’affranchir d’une lors duquel tous les problèmes hauteur des plus grands hommes jaunes », ce président à la pra- réflexion sur l’État à l’heure de la doivent trouver une réponse. » Ces de notre histoire. Les journaux tique du pouvoir si verticale a dû du Covid-19 a fini par globalisation. » Justement, en propos qui datent de 2011 sont étrangers ne tarissaient pas descendre de son piédestal. Pour porter un coup fatal à pleine crise du Covid-19, Emma- ceux de l’actuel président. S’il veut d’éloges. Multipliant les coups reprendre le dialogue avec les nuel Macron s’est mis à parler de continuer à lier son destin à d’éclat à l’international, le novice Français, Jupiter lance un « Grand son image d’homme « souveraineté économique ». Dès la France, l’ancien élève du lycée en diplomatie semblait discuter Débat ». En coulisses pourtant, le capable, à lui seul, de 2019, il osait promouvoir dans The de La Providence, à Amiens, d’égal à égal avec Vladimir Pou- charme est rompu. Economist « l’autonomie straté- va devoir en tout cas résoudre tine à Versailles ou avec Donald Dans les dîners en ville, l’establish­ renverser la table. gique » que l’Europe devait s’as- cette difficile équation.n METTONS +DE VERT

DANS par les architectes réalisée – Perspective B 335 480 877 © DR–RCS Paris Architectes. et Pistre : Valode associés au projet LE GRIS.

altarea.com 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

6 SONDAGE

SONDAGE EXCLUSIF LA TRIBUNE Des Français (presque) prêts à tout changer EXCLUSIF Notre étude Ifop-La Tribune- Europe 1-Public Sénat reflète le sentiment d’urgence sociale et économique du pays, et les aspirations à transformer les modes de vie après la crise du Covid.

PHILIPPE MABILLE c’est notamment le cas chez les made in France sont plébisci- i l’on se souvient bien, jeunes, les étudiants ou les tés : 74 % se disent prêts à l’expression « monde jeunes actifs, de façon générale « payer plus cher » un produit d’après » est née dès le chez les salariés concernés par fabriqué en France et 26 % lendemain du confine- le télétravail et chez les habi- seraientmême disposés à ment, le 16 mars der- tants des grandes aggloméra- débourser 5 à 10 % de plus. Snier en France, et a rapidement tions, notamment de la région fait le tour du monde, concerné parisienne, confinés souvent UNE RECHERCHE et saisi des mêmes peurs au dans de plus petites surfaces D’ALTERNATIVE même moment. Notre sondage sans extérieur. Derrière la profonde inquié- exclusif Ifop pour La Tribune et Il n’est donc pas étonnant de tude sur l’économie et l’emploi, Europe 1 et Public Sénat, inti- constater un regain de dyna- priorités pour neuf Français L’ÉTAT DU PAYS ET LES ATTENTES DES FRANÇAIS tulé « Réinventer la France » misme du marché immobilier, sur dix, on constate la montée AU LENDEMAIN DE LA CRISE DU CORONAVIRUS tente d’identifier l’état et les avec un souhait de quitter les en puissance de trois thèmes : attentes du pays après cette grandes métropoles (35 % relocalisation des activités stra- crise « inouïe, inédite et hors veulent aller à la campagne), tégiques, indépendance des UNE RUPTURE AVEC LE MONDE D’AVANT LE COVID norme », selon Frédéric Dabi, d’avoir un logement plus grand, approvisionnements sanitaires Pensez-vous qu’il y aura un « avant » directeur général adjoint de moins cher et surtout ayant un et alimentaires, protection de ou un « après » crise sanitaire du Covid-19… ? l’institut Ifop. Et de fait, pour balcon, une terrasse ou un jar- l’environnement. Rien d’éton- une majorité de Français, il y din (38 %). « Les familles avec nant à observer la poussée des Total Total aura bien un « avant » et un jeunes enfants ont été particu- questions de souveraineté et « OUI » « NON » « après », que ce soit dans la lièrement affectées par les deux d’écologie dans le débat Dans votre manière manière d’évaluer l’action des mois de confinement », relève public… Ces tendances sont- d’évaluer l’action des 73% 29% 44% 19% 8% 27% pouvoirs publics face à une Frédéric Dabi, qui souligne que elles durables ? S’agit-il d’un pouvoirs publics crise à laquelle le pays était mal la recherche de flexibilité dans changement « civilisationnel » ? préparé, mais aussi dans l’or- les conditions de travail devient Il est encore un peu tôt pour le Total Dans l’organisation « PESSIMISTE » ganisation du travail (68 %) ou une forte exigence pour le tiers dire, mais l’impact psycholo- du travail de votre 68% 25% 43% 21% 11% 32% la manière de consommer des actifs, tout comme la gique est réel. entreprise (60 %). Même les relations avec demande de sens (37 %) et de Signe des temps, le contrecoup les amis et les proches sont temps libre (28 %). de la crise sur les mobilités est Dans votre manière affectées pour 49 % des per- Ce n’est pas la première fois que frappant : un Français sur trois de consommer 60% 20% 40% 28% 12% 40% sonnes interrogées. l’on entend la musique du « plus dit vouloir se déplacer à pied ou rien ne sera comme avant », à vélo plutôt qu’en transports LA PEUR EST ENCORE relève le directeur général en commun (37 %). Et même si Dans vos relations PRÉSENTE adjoint de l’Ifop. Cela a été le cas la voiture individuelle reste avec vos amis, vos 49% 15% 34% 33% 18% 51% La crise a touché la sphère pro- lors des attentats de 2015… incontournable – sans doute proches fessionnelle comme la sphère Mais ces ruptures sont rare- par obligation, pour 47 % des intime, et la vigilance demeure. ment suivies d’effets. Cette fois, personnes interrogées –, faute Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, plutôt pas Non, pas du tout Les mots-clés qui ressortent ce sera peut-être différent car, de choix, la recherche d’une spontanément du sondage sur selon l’Ifop, « l’envie personnelle alternative est là, avec la mon- l’état d’esprit du moment sont de changements est nette », avec tée de l’envie de posséder un « prudence », « chômage », mais un effet d’accélérateur sur les vélo ou une voiture électrique, DU « MADE IN FRANCE » À TOUT PRIX aussi « changement ». La peur façons de consommer et de pro- chez un quart des répondants. Seriez-vous prêt à payer plus cher un produit dont est encore présente : huit Fran- duire. Les circuits courts, le Pour finir, notre sondage vous savez qu’il a été fabriqué en France ? çais sur dix se disent capables confirme l’observation de l’ac- de reprendre un confinement tualité : il y a, au sortir de cette 74 % sont prêts à payer plus cher un produit en cas de seconde vague de crise protéiforme, un désir de contamination, dont 60 % un réinvention de soi et du pays, confinement strict. Si 54 % des une volonté de décentralisation interrogés disent vouloir partir et de réallocation des pouvoirs en vacances cet été, près de la « Cette crise vers le local. Un défi à relever moitié d’entre eux choisissent d’ici à 2022 pour les partis et les 39 % de rester à la maison. est inouïe, aspirants candidats à la pro- 26 % 7 % 26 % Même s’ils n’ont pas si mal inédite et hors chaine présidentielle désireux 2 % vécu le confinement, on d’incarner ce désir d’avenir. Pas observe chez les Français une norme » sûr qu’Emmanuel Macron, qui Oui, jusqu’à Oui, de 5 à Oui, de 10 à Oui, plus de Non, vous ne seriez envie de changer de mode de FRÉDÉRIC DABI, doit vouloir se réinventer lui- 5 % plus cher 10 % plus cher 20 % plus cher 20 % plus cher pas prêt à payer vie, de travail ou de logement : DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DE L’IFOP même, soit le mieux placé… n plus cher LA TRIBUNE 3 juillet 2020

SONDAGE 7

LE BOULOT-CONSO-PERSO À L’HEURE DU CHANGEMENT Selon notre sondage, il y aura bien un « avant » et un « après » dans l’organisation du travail, la façon de consommer ou LES ATOUTS ET DÉFAUTS DU TRAVAILLER CHEZ SOI les relations interpersonnelles. [DR]

Ne pas perdre de temps dans les transports Avoir des horaires de travail plus souples Travailler au calme, sans l’agitation de votre équipe Être plus proche de votre famille Parmi les Être chez vous lors des pauses suivants, quels (pour le déjeuner, le café, etc.) sont les deux Pouvoir faire des tâches ménagères principaux avantages du Pouvoir faire avancer télétravail ? des sujets de fond En premier ? Avoir votre espace En second ? MÉTHODOLOGIE personnel de travail L’enquête pour l’Ifop, La Autre En premier Tribune, Europe 1 et Public Total des citations Sénat a été menée auprès Aucun avantage d’un échantillon de 1 005 personnes, représentatif de la population française Ne pas disposer de tous âgée de 18 ans et plus. les outils de travail La représentativité de l’échantillon a été assu- Ne pas voir vos collègues lors de rée par la méthode des la pause café ou du déjeuner quotas (âge, profession Avoir un cadre de travail plus flexible de la personne interro- qui empiète sur la vie personnelle gée) après stratification Devoir se créer un espace de travail par région et catégorie non pris en charge par l’entreprise d’agglomération Parmi les Les interviews ont été réa- Échanger par téléphone ou suivants, quels lisées par questionnaire en visio plutôt que de visu sont les deux auto administré en ligne Ne pas pouvoir profiter des principaux du 18 au 19 juin 2020. services proposés par l’entreprise inconvénients du télétravail ? Échanger par téléphone ou en visio En premier ? avec votre manager/votre équipe En second ? Assister à des réunions en visioconférence

Autre En premier Total des citations 69% D’ACCORD POUR ÊTRE RECONFINÉS, S’IL LE FAUT Aucun Si l’épidémie de coronavirus redémarrait dans les mois à venir, vous sentiriez-vous… ?

Plutôt capable de reprendre un confinement strict, Le télétravail ou la mort mais vous vous autoriseriez Plutôt pas capable de des petites entorses reprendre un confinement strict, vous adapteriez les du « petit chef » 9 % règles de confinement à vos 19 % contraintes professionnelles et personnelles elon l’Ifop, 36 % des actifs ont Pour Frédéric Dabi, de l’Ifop, la victoire expérimenté au cours de ces du travail à distance consacre la ten- 12 % deux mois de confinement le dance à « la mort du petit chef » : le prin- Tout à fait capable travail à distance. Pendant que cipal avantage perçu est la meilleure de reprendre Pas du tout capable de reprendre les personnels soignants, la maîtrise de son temps, qu’il s’agisse du un confinement strict un confinement 60 % S« première ligne », et les professions transport ou de l’aspiration à être au strict, comme essentielles (logistique et distribution), calme et à disposer d’autonomie à tra- pour la première vague en mars la deuxième ligne, étaient au front, vers des horaires flexibles. et avril 8 millions de Français travaillaient à la Le confinement a aussi été le révélateur maison, et l’ont plus ou moins bien vécu d’un malaise au travail. Si nombre de selon l’état de préparation de leur entre- salariés ne veulent pas revenir au prise et leurs conditions de logement. bureau, c’est peut-être qu’ils n’y sont L’ENVIE DE SE LOGER PLUS VERT LE « VIVRE AUTREMENT » MARQUE DES POINTS Qui a télétravaillé ? Principalement les pas heureux, d’où l’urgence d’un dia- ET PLUS GRAND, Et plus précisément, quels sont catégories supérieures (55 %) et les pro- logue social afin de tirer des leçons col- Vous souhaiteriez changer pour les éléments que vous souhaiteriez changer fessions intermédiaires (50 %), loin lectives pour l’organisation du travail. un logement… dans votre mode de vie ? devant les employés et les ouvriers. Car les télétravailleurs sont aussi Majoritairement diplômés du supé- lucides sur les inconvénients : isole- Avec un extérieur rieur, principalement habitants de la ment, outils informatiques inadaptés, (comme un balcon, une 38% Votre façon 60% terrasse, un jardin) de consommer région parisienne ou des grandes métro- coûts de connectivité, porosité avec la poles, les télétravailleurs expriment vie familiale et personnelle. Pour les À la campagne 35% Votre hygiène de vie 51% (alimentation, sport, etc.) massivement leur souhait de continuer entreprises, c’est un défi de plus à rele- le travail à distance, à 82 %, dont plus de ver, afin d’apprendre à mixer créativité Plus grand 31% Vos sorties (restaurants, 43% 50 % qui souhaitent y avoir accès davan- et convivialité au bureau avec produc- bars, etc.) tage qu’avant le confinement. tivité et liberté à distance. Une chose Moins cher 25% Vos loisirs (pratiques, 35% Toutes les catégories sociales sont sur est certaine : on ne reviendra pas en visites culturelles, etc.) la même longueur d’onde, même les arrière. Il faudra trouver le bon équi- Plus proche de votre 17% dirigeants d’entreprise qui y ont goûté libre entre vie perso et vie au boulot et famille et vos amis Vos relations avec vos 32% proches en même temps que leurs salariés. Et, adapter les organisations, les outils et En ville 16% signe d’un malaise spécifique lié sans les pratiques managériales à ce qui va Votre relation au travail 29% doute aux transports publics après les rester comme la nouvelle normalité de 11% Moins grand Votre lieu de vie 24% grèves de cet hiver, neuf Franciliens sur l’après-crise sanitaire, avec des consé- dix veulent continuer à télétravailler, quences sur l’immobilier, de bureau et 6% 2% Autre Autre un score supérieur à la moyenne. résidentiel, et sur la vie en ville. n P. M. 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

8 SONDAGE

45 % 44 % 42 % 38 % PALMARÈS 25 % Pour chacune des 28 % personnalités suivantes, 22 % 25 % diriez-vous que vous lui faites confiance ou non pour « réinventer » la France ?

Tout à fait confiance Plutôt confiance Plutôt pas confiance Pas du tout confiance QUELLE PERSONNALITÉ POUR « RÉINVENTER » LA FRANCE ? [REUTERS / AFP / SIPA]

Total Total « CONFIANCE » « PAS CONFIANCE » Et si Édouard Philippe Édouard Philippe 45% 14% 31% 22% 33% 55% Nicolas Hulot 44% 9% 35% 22% 34% 56% « turbulait » le macronisme ? Didier Raoult 42% 10% 32% 23% 35% 58%

Xavier Bertrand 38% 8% 30% 28% 34% 62% éélu ce dimanche plaintes pénales visent plu- devant , Fran- au Havre, sa ville de sieurs membres du gouverne- çois Baroin, ou Nicolas Sarkozy 36% 9% 27% 21% 43% 64% cœur, Édouard Phi- ment –, le jugement des Français Valérie Pécresse, bien placés. lippe est le grand vain- est moins sévère que le bruit « Un nouvel espace politique François Baroin 36% 9% 27% 25% 39% 64% queur de la crise sani- médiatique l’a laissé entendre. semble en train de s’ouvrir pour taire. Interrogés par l’Ifop pour Face au très populaire Didier la droite modérée », souligne Bruno Le Maire 35% 7% 28% 25% 40% 65% R savoir en qui ils ont confiance Raoult qui accuse presque le Frédéric Dabi. Quant à la Jean-Yves Le Drian 33% 6% 27% 30% 37% 67% pour « réinventer la France », pouvoir d’être responsable d’un gauche, « elle souffre toujours de les Français ont placé le Premier surcroît de mortalité pour ne son absence d’incarnation » : on Emmanuel Macron 32% 10% 22% 22% 46% 68% ministre largement en tête avec pas avoir utilisé son cocktail ne trouve dans les quinze pre- 45 % des répondants, qui pou- hydroxychloroquine-azi- miers que Jean-Yves Le Drian et Général Pierre de Villiers 7% 22% 25% 46% 29% 71% vaient choisir plusieurs person- thromycine, 43 % des Français Arnaud Montebourg, qui fait Valérie Pécresse 28% 23%5% 31% 41% 72% nalités sur une liste d’environ estiment que la crise sanitaire son come-back en profitant de 40 noms. L’écart se creuse entre a été bien gérée dont 38 % plutôt la démondialisation ambiante. Arnaud Montebourg 26% 22%4% 28% 46% 74% Emmanuel Macron au neu- bien, contre 57 % qui pensent vième rang à 32 %, et celui qu’il l’inverse, dont 24 % jugent SOUTIEN ET RIVAL Christian Estrosi 26% 23%3% 29% 45% 74% a choisi en 2017 pour incarner qu’elle a été très mal conduite. Quoi qu’il arrive, Édouard Phi- Yannick Jadot 26% 22%4% 28% 46% 74% le macronisme par une belle Autre enseignement de notre lippe s’affirme donc à la fois « prise » à droite. De fait, liste, les personnalités issues de comme le principal soutien de Marine Le Pen 25% 17%8% 16% 59% 75% Édouard Philippe connaît « un la droite l’emportent nettement l’édifice macronien (94 % des véritable état de grâce » souligne pour réinventer la France. Le sympathisants LREM ont Marion Maréchal 25% 17%8% 17% 58% 75% Frédéric Dabi de l’Ifop. président de la Région Hauts- confiance en lui) et comme un À Emmanuel Macron, qui tente de-France, Xavier Bertrand, potentiel rival pour Emmanuel Anne Hidalgo 25% 22%3% 26% 49% 75% (en vain ?) de revendiquer l’hé- devenu le premier opposant du Macron en 2022, avec la ritage du gaullisme en ce président de la République, sort confiance de 65 % des LR. Tan- Christiane Taubira 25% 19%6% 20% 55% 75% 80e anniversaire de l’appel à la du lot avec 38 % de confiance dis que la crise sanitaire ne Gérald Darmanin 25% 22%3% 27% 48% 75% résistance du 18 juin 1940 et ce semble pas avoir profité aux 75e anniversaire des ordon- partis tribuniciens (Marine le Philippe Douste-Blazy 25% 21%4% 32% 43% 75% nances de 1945 qui ont fondé la Pen est à la quinzième place et Sécurité sociale, les Français « Un nouvel Jean-Luc Mélenchon à la Philippe de Villiers 24% 19%5% 24% 52% 76% préfèrent un gaulliste histo- espace politique vingt-neuvième), le jeu de la rique, originaire des rangs de la future présidentielle a peut- Bernard Cazeneuve 24% 20%4% 30% 46% 76% droite modérée tendance Juppé. semble en train être été « turbulé » par le Covid- La malédiction de Matignon 19 et laisse place à des scénarios 21%3% 29% 47% de s’ouvrir pour Gérard Larcher 24% 76% semble s’être déplacée à l’Élysée et des alliances politiques nou- et dans une période de crise velles autour de trois axes : le François Bayrou 23% 20%3% 33% 44% 77% la droite modérée » sanitaire où l’exécutif n’avait FRÉDÉRIC DABI, macronisme de synthèse, la Rachida Dati 23% 21%2% 29% 48% 77% que des coups à prendre – des DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DE L’IFOP droite libérale-autoritaire et la gauche écolo-sociale. 23% 19%4% 24% 53% 77% Le trio de tête de notre sondage est très signifiant puisque François Ru‡n 23% 17%6% 28% 49% 77% Emmanuel Macron viennent en deuxième position 32 % accuse un Nicolas Hulot, l’ex-ministre de Michel Onfray 23% 16%7% 30% 47% 77% important déficit de l’Écologie qui a quitté avec fra- confiance. [REUTERS] cas le gouvernement pour Jean-Luc Mélenchon 22% 17%5% 19% 59% 78% dénoncer l’impuissance de l’État sur la transition énergé- Nicolas Dupont-Aignan 17%4% 22% 57% 21% 79% tique et, en troisième, le méde- cin épidémiologiste marseillais Hervé Morin 21% 18%3% 33% 46% 79% Didier Raoult, qui incarne le Ségolène Royal 20% 17%3% 27% 53% 80% camp des « anti-système » Quels que soient les scénarios François Hollande 20% 17%3% 25% 55% 80% pour son avenir – maintien à Matignon ou retraite dans sa Éric Zemmour 19% 13%6% 16% 65% 81% ville du Havre –, Édouard Phi- lippe semble donc devenu Christophe Castaner 16% 3% 13% 27% 57% 84% incontournable. Il est en tout cas plus difficile pour Emma- Renaud Muselier 2% 14% 33% 51% 16% 84% nuel Macron de justifier son départ, sinon pour se débarras- Marlène Schiappa 1% 14% 29% 56% 15% 85% ser d’un rival. n P. M.

3 juillet 2020 LA TRIBUNE

10 L’ENQUÊTE

SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

La feuille de route pour réinventer la France

ue veulent les Fran- À 78 %, les Français appellent à çais. Sept sur dix considèrent çais maintenant que une plus grande décentralisa- comme tout à fait ou plutôt le pays risque d’en- tion pour transférer les pou- prioritaire de rétablir l’impôt trer dans une longue voirs de décision au niveau sur la fortune et de faire « payer et sans doute dou- local, au plus près des réalités les riches » au travers de la taxe Qloureuse récession ? Plus opti- du terrain. Les défaillances de « Jean Valjean » (du nom d’un mistes sur la situation sanitaire l’État centralisateur et les lour- personnage des Misérables de en raison de la réussite, jusqu’à deurs bureaucratiques pen- Victor Hugo) revendiquée par présent, du déconfinement, les dant l’épidémie ne sont pas l’acteur Vincent Lindon pour Français sont pessimistes sur passées inaperçues. taxer de façon exceptionnelle Lors d’une la situation économique et Reste l’éternelle question fis- les patrimoines supérieurs à manifestation sociale du pays et sur le taux de cale : qui va payer la facture de 10 millions d’euros. Derrière des « gilets chômage, qui seront les sujets la crise ? Alors qu’Emmanuel ces sujets fiscaux, traditionnels jaunes ». 70 % de la rentrée, comme le montre Macron a écarté toute hausse totems à gauche, on retrouve des Français la dernière partie de notre son- des impôts à l’automne, afin de la question centrale de la lutte réclament le dage. Alors que la consomma- ne pas pénaliser le pouvoir contre des inégalités aggravées retour de l’impôt tion reprend lentement, les d’achat, le sujet divise les Fran- par la crise. n P. M. sur la fortune. [AFP] trois quarts des personnes interrogées sont inquiètes pour leur niveau de vie et 86 % sont pessimistes pour l’emploi POUR LA RENTRÉE, L’INQUIÉTUDE DOMINE HARO SUR LA GESTION DE LA CRISE SANITAIRE face à la multiplication des Plus généralement, diriez-vous que vous êtes tout à fait optimiste, Avec du recul, diriez-vous que les pouvoirs publics en annonces de plans sociaux. plutôt optimiste, plutôt pessimiste ou très pessimiste, pour la rentrée France (le président de la République et le gouvernement) Très naturellement en découle de septembre à l’égard de… ? ont bien ou mal géré la crise du Covid-19 ? une feuille de route pour les mois qui viennent : priorité à TotalTotal TotalTotal la relance de l’économie (94 %), « OPTIMISTE »« OPTIMISTE » « PESSIMISTE »«P ESSIMISTE» mais aussi à la protection de l’emploi et à la limitation des La situation plans de licenciement (95 %). 47% 5% 42% 42% 11% 53% 43 % 57 % sanitaire du pays estiment que estiment que Des attentes largement antici- la crise a été la crise a été pées par le gouvernement qui, La garantie des libertés 45% 7% 38% 39% 16% 55% bien gérée mal gérée outre les plans sectoriels pour individuelles l’aéronautique, l’automobile, la culture ou le tourisme, tra- Le niveau de vie 23% 3% 20% 58% 19% vaille sur un plan de relance à des Français 77% la rentrée, pour aider les entre- prises et les plus fragiles à tra- La situation économique 19% 3% 16% 48% 33% 81% verser une crise inédite. Sur et sociale du pays les licenciements, la générali- 38 % sation du chômage partiel de 33 % 24 % longue durée apporte aussi Le taux de chômage 14% 3% 11% 48% 38% 86% 5 % une réponse avec la perspec- tive d’accords de sauvegarde de l’emploi dans les secteurs Tout à fait optimiste Plutôt optimiste et les entreprises impactés. Plutôt pessimiste Très pessimiste Très bien Plutôt bien Plutôt mal Très mal REVALORISER LES BAS SALAIRES UNE FORTE DEMANDE DE SOLIDARITÉ ET DE SOUVERAINETÉ Priorité à la reconstruction de Pour les mois qui viennent, pour chacun des thèmes suivants, diriez-vous que le gouvernement doit le traiter l’économie, mais aussi projec- de façon tout à fait prioritaire, plutôt prioritaire ou secondaire ? tion dans un monde nouveau et différent : les Français, cri- La relance de l’économie 64% 30% 6% tiques de la mondialisation, réclament des politiques de Le financement du modèle social en général et les investissements 62% 33% 5% souveraineté dans la défense dans les hôpitaux en particulier des industries stratégiques, l’indépendance sanitaire et La protection de l’emploi et la limitation des plans de licenciement 56% 38% 6% alimentaire. Ils ne pardonne- ront pas deux fois l’histoire des La relocalisation des activités stratégiques en France 55% 36% 9% masques manquants et les mensonges sur leur utilité. La revalorisation des bas salaires en général et des métiers qui ont été en première 52% 39% 9% Les Français réclament aussi ligne durant le confinement en particulier plus de solidarité, avec la reva- L’indépendance des approvisionnements alimentaires et sanitaires 51% 40% 9% lorisation des plus bas salaires, notamment de ceux qui ont démontré leur « utilité com- Le rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes 44% 26% 30% mune » pendant le confine- ment, et attendent plus de La protection de l’environnement/la lutte contre le dérèglement climatique 42% 39% 19% moyens pour l’hôpital et les La taxe « Jean Valjean » suggérée par Vincent Lindon, qui vise à taxer personnels soignants. exceptionnellement les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros pour apporter un 38% 31% 31% L’impréparation sanitaire a complément de revenus de 2 000 euros aux foyers français les plus pauvres frappé les esprits. Elle a même Le transfert des pouvoirs et des prises de décision au niveau local 27% 51% 22% fait penser à « l’étrange défaite » de 1940, référence au livre de l’historien Marc Bloch. Tout à fait prioritaire Plutôt prioritaire Secondaire TOMORROW’S WORKPLACE

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12 ÉCONOMIE

La crise sanitaire a perturbé les chaînes logistiques, forcé les États à revoir la localisation de leurs activités stratégiques, et renforcé partout le courant souverainiste. [GETTY] multinationales. Aujourd’hui, la vague populiste a pris le relais, à l’instar des « gilets jaunes » en ANALYSE France. Elle est au pouvoir avec Trump aux États-Unis, Bolsonaro À rebours d’une au Brésil, Orban en Hongrie, ou encore avec la décision du Brexit. idée dans l’air Ces populistes, que leurs détrac- teurs taxent d’illibéraux, du temps, défendent la nation contre la mon- dialisation, à l’instar de Xi Jinping la lutte contre en Chine, Vladimir Poutine en Russie, ou encore Erdogan en ­Turquie. Nombre de citoyens en la pandémie ou Occident sont séduits par un pou- voir fort. En France, cette tendance le réchauffement se manifeste par l’invocation de la ne seront figure du général de Gaulle. UNE CRITIQUE POPULISTE efficaces que CONTESTABLE Ce populisme profite aussi de l’af- dans un monde faiblissement des organisations internationales et de la demande encore plus de protection des citoyens car, comme le note Moody’s, il va y globalisé. avoir « les stigmates que la crise du coronavirus pourrait laisser sur l’économie mondiale, avec notam- ment un ralentissement durable de la croissance dans de nombreux pays. Les inégalités en matière de Non, la fin de la mondialisation revenus vont s’accentuer, de même que les disparités économiques entre pays émergents et dévelop- pés. » Avec pour corollaire un n’est pas pour demain endettement qui explose, même dans les économies émergentes. Selon S&P, la dette totale de la Chine devrait atteindre 273 % du PIB en 2020. ROBERT JULES Néanmoins, cette critique popu- « Les nouveaux schémas de consom- Parallèlement, cette globalisation grandes entreprises ont pris liste a ses limites. Contrairement a suspension partielle de mation et de fonctionnement des a permis à des millions de per- conscience que pour des raisons de à une idée reçue, les pays occiden-

WWW.LATRIBUNE.FR l’activité mondiale entraî- entreprises accéléreront les boule- sonnes de sortir de la pauvreté sécurité ou parce qu’elles s’ex- taux n’ont jamais perdu leur sou- née par le confinement des versements technologiques et, pour intégrer la classe moyenne. posent à un risque de rupture d’ap- veraineté, qui dépend d’abord des populations pour arrêter même si certaines évolutions sont La crise financière de 2008 a mis provisionnement, elles ont intérêt rapports de force dans le monde. la propagation mortelle du susceptibles d’être transitoires, un coup d’arrêt à cette dynamique. à rapprocher leurs usines », consta- En outre, le mercantilisme, modèle Covid-19 annonce-t-elle la fin de d’autres – telles que l’érosion de la Selon la Banque mondiale, le ratio tait Olivier Blanchard en avril, économique prôné par le souverai- « Pierre-Cyrille L Hautcœur : “Les la « mondialisation heureuse » demande en termes de transport exportations/PIB (mondial) a dans un entretien au Monde. Mais dangers de la tant vantée au début des années aérien, de transports publics, chuté d’un pic de 27 % à 22 % cette l’ancien chef économiste du FMI, mondialisation ont été 2000 ? À l’évidence, dans cette d’achats en magasins et de loisirs année-là. Des relocalisations ont désormais conseiller économique Le mercantilisme, sous-estimés, crise sanitaire, les gouvernements traditionnels – seront permanentes. eu lieu dans les pays d’Europe du d’Emmanuel Macron, mettait en malgré l’avis des ont organisé le confinement et le Les grands groupes technologiques sud et de l’est, qui, avec la crise de garde : « Pour des raisons poli- modèle économique spécialistes” » système de soins dans le cadre auront, dans ce nouveau contexte, la dette, se voyaient imposer des tiques, stratégiques et d’efficacité, national. Mais ce sont eux aussi un avantage manifeste », assure programmes d’austérité budgé- cette crise va renforcer la dégloba- prôné par le « La mondialisation qui ont fait preuve de légèreté en l’expert de Moody’s. taire qui créaient de la déflation lisation. En espérant que l’on trouve souverainisme, économique, ne s’étant pas préparés à ce risque, En réalité, la pandémie n’a fait salariale. Dans le même temps, la le juste équilibre, sans tomber dans malade du à l’exemple de la France qui man- qu’accélérer cette double ten- Chine était de moins en moins l’excès inverse. » débouche sur la Covid-19 » quait de stocks de masques, dance. Depuis la crise financière l’atelier du monde en favorisant la Ce « juste équilibre » est en train de guerre commerciale ­d’appareils respiratoires, de de 2008, la globalisation a changé. montée en gamme d’entreprises se réorganiser autour de trois « Arnaud Florentin : “Face tests… produits par d’autres pays. Initialement, il s’agissait d’intégrer nationales rivalisant avec leurs grands pôles, selon plusieurs permanente. à cette crise, Il n’est donc pas surprenant que les pays émergents, en particulier homologues occidentales sur des experts : l’Amérique autour des la notion de la notion de « souveraineté » soit la Chine, au commerce mondial produits à forte valeur ajoutée États-Unis, l’Asie autour de la relocalisation ne suffira pas” » revenue au centre des débats. pour favoriser leur développe- dans le numérique, l’aéronau- Chine, et l’Europe autour de nisme, débouche sur la guerre ment. Le cycle de négociations tique, le nucléaire, les infrastruc- ­l’Allemagne et de la zone euro. commerciale permanente, chaque PLUS DE FRAGMENTATION commerciales dit de Doha, sous tures, l’énergie… Cette dernière a des avantages, pays protégeant ses marchés, ce Ce repli national de la gestion de la l’égide de l’Organisation mondiale comme le souligne John Pain, qui restreint la circulation des pandémie aura des conséquences. du commerce, a libéralisé le DES CHAÎNES LOGISTIQUES ­analyste pour le cabinet Oxford biens et crée moins de richesse. « Les échanges commerciaux inter- ­commerce international en RESTRUCTURÉES Economics­ : « La perturbation de Enfin, la crise sanitaire a montré nationaux vont se fragmenter ouvrant les frontières et en bais- C’est d’ailleurs cette montée en la supply chain a surtout pénalisé que si les États nationaux étaient davantage parallèlement à une pro- sant les barrières douanières. puissance des pays émergents qui les pays de la périphérie de l’Union les mieux placés pour agir face à bable montée en puissance du pro- Nombre d’entreprises occiden- va rebattre les cartes. L’élection de européenne, car ils dépendent de la l’urgence, en revanche, c’est la tectionnisme dans l’économie mon- tales ont internationalisé leur pro- Donald Trump à la présidence des production de biens intermédiaires recherche internationale résultant diale, avec des blocs économiques duction en délocalisant pour pro- États-Unis avec un programme en Pologne, République tchèque, des échanges d’informations entre concurrents et de nouvelles restric- fiter à la fois d’une main-d’œuvre protectionniste résumé par le Autriche, Hongrie, Roumanie, et les chercheurs et laboratoires à tra- tions en matière commerciale, d’in- à bas coût et d’infrastructures ­slogan « America First ! » va mettre pays nordiques. » Selon lui, « l’UE vers la planète qui offrira un vaccin vestissement et de transferts de adaptées. Ainsi, Apple produit son un coup d’arrêt à la mondialisa- est nettement mieux intégrée dans pour le bien de tous. technologie. On devrait assister à iPhone en mobilisant les employés tion, mais aussi déclencher une les supply chains mondiales que De même, la lutte contre le réchauf- un durcissement des mouvements de 43 pays sur cinq continents. guerre commerciale, notamment les États-Unis et la Chine », car elle fement climatique nécessite une antimondialisation et ces évolutions avec la Chine, la puissance rivale. y incorpore des pays voisins globalisation des initiatives de tous vont impacter la production, l’ap- Ainsi, le ratio exports/PIB mon- comme le Royaume-Uni, la Suisse, les pays pour trouver et diffuser les provisionnement et le commerce de dial, remonté depuis 2008 à 26 %, la Turquie et la Russie. solutions. Aussi, loin de mettre fin nombreuses catégories de mar- est retombé en 2019 à 21,5 %, son Au-delà de l’aspect économique, à la mondialisation, la pandémie chandises », prédit d’ores et déjà 43 niveau au début des années 2000 ! la mondialisation essuie depuis ses du Covid-19 pourrait au contraire Michael Taylor, directeur général NOMBRE DE PAYS La pandémie sanitaire ne fait donc débuts des critiques. L’altermon- favoriser l’intégration de tous les de Moody’s en Asie-Pacifique. Pour OÙ APPLE FAIT PRODUIRE qu’amplifier la restructuration des dialisation y voyait un projet poli- pays dans une nouvelle dynamique autant, ce repli souverainiste devra SON IPHONE chaînes logistiques (supply chains) tique néolibéral visant à réduire par la prise de conscience de notre composer avec d’autres tendances. déjà bien entamée. « Nombre de l’influence des États au profit de destin commun. n Tous ensemble, unis, pour les entreprises touristiques, les commerces de proximité, l’artisanat : près de 80 millions d’euros pour l’emploi. Carole Delga Présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée © Laurent Boutonnet - Perset Arthur - Lefrancq Gilles - Région Occitanie Gilles - Région Arthur - Lefrancq Boutonnet - Perset © Laurent

L’OCCAL : UN FONDS UNIQUE EN FRANCE POUR LES PETITES ENTREPRISES Aides à la reprise d’activité, soutien à la trésorerie, investissements sanitaires... En partenariat avec la Banque des Territoires, 12 Départements et 145 Intercommunalités de la région, l’Occitanie se rassemble pour soutenir fortement les entreprises et leurs salariés afin de garantir la relance et l’emploi. Ces aides sont rétroactives à partir du 14 mars. Dès le 4 juin, votre dossier accessible sur hubentreprendre.laregion.fr

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OC_280x416mm_HIMANEWS_loccal_REGION.indd 1 10/06/2020 09:25 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Emmanuel Macron (ici, lors de sa visite sur le site de Sanofi, à Marcy-­l’Étoile), a annoncé des mesures pour relocaliser en France des usines du secteur sanitaire. [LAURENT CIPRIANI/POOL/REUTERS]

veraineté est un premier pas, mais qui reste insuffisant. Il faut maintenant que le gouvernement mette en musique cette politique par des actes concrets. Le 16 juin, Emmanuel Macron a bien annoncé à l’issue d’une visite du site de Sanofi de Marcy-­ l’Étoile (Rhône) des mesures pour relocaliser en France des usines dans le secteur sanitaire. Il a également promis la mise en place d’ici à l’été d’un « mécanisme de planification » de la production française dans le domaine de la santé, ainsi qu’une enveloppe de 200 millions d’euros pour financer des infrastructures de production. Dans ce contexte, le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, va créer deux sites français de recherche et de pro- Souveraineté : pourquoi duction de vaccins. VISION COHÉRENTE Mais une telle annonce n’est pas à elle il faut passer d’un effet de mode seule une politique pensée et orches- trée. Le commissaire européen chargé du marché intérieur, Thierry à un mode d’action Breton, trace la voie : « Il conviendra de bâtir plus de stocks stratégiques de TENDANCE Ce concept est présent dans tous les discours ou presque. médicaments et de souches d’anti­ biotiques, et de relocaliser certains éléments des chaînes d’approvision- Il doit être désormais pensé et mis en musique par un État stratège nement », a-t-il expliqué début juin à l’Assemblée nationale. C’est donc à afin de défendre un vrai pacte productif. l’État stratège, porté disparu depuis des années, de bâtir une vision cohé- rente et de mener la France vers des niveaux d’excellence d’abord en R&T (recherche et technologie), puis tech- nologiques et, enfin, industriels dans MICHEL CABIROL été finalement qu’un révélateur. Lecointre, résume parfaitement s’entassent sur le bureau du ministre les secteurs où l’Hexagone est « Cette épreuve a révélé des failles, des l’état d’esprit qui prévalait avant la de l’Économie, Bruno Le Maire, par- reconnu à l’international (armement, ouveraineté de la France, fragilités : notre dépendance à d’autres crise du Covid-19. Car ce constat s’ap- tagé entre l’attractivité de la France aérospatial, transition énergétique, souveraineté de l’Europe, continents pour nous procurer certains plique finalement aussi bien aux et sa souveraineté. cyber, pharmacie, luxe…). souveraineté industrielle et produits », a-t-il expliqué le 14 juin. Un armées qu’à l’industrie, et plus par- Le dénouement de ces opérations don- Les députés LREM ont dévoilé le numérique, souveraineté constat implacable, mais un constat ticulièrement à la santé. nera un bon indicateur sur la volonté 22 juin leur contribution pour militaire, souveraineté juri- très ancien. Et le président lui-même La France a également perdu de façon réelle de ce que veut vraiment faire le « l’après »-coronavirus, à l’issue d’une Sdique… Les crises sont souvent des part de très loin. Lui, l’ancien ban- progressive sa souveraineté juri- chef de l’État de ce concept de souve- consultation interne. Les « mar- accélérateurs de tendances parfois quier d’affaires chez Rothschild & Co dique face à l’extraterritorialité des raineté. Au-delà, il enverra des cheurs » mettent l’accent sur la « sou- profondes. Avec la crise du Covid-19, traîne la vente d’Alstom à General lois américaines et peut-être bientôt signaux clairs et nets aux Français veraineté européenne ». Mais la sou- on n’y échappe pas. Si désuète il y a Electric comme un boulet. Une opé- chinoises. Des tentatives pour mais, surtout, à ses partenaires étran- veraineté est un concept avant tout encore peu de temps au profit de l’ef- ration qui a donné un peu plus de s’émanciper de la tutelle de la justice gers. Ces décisions entraîneront une franco-français en Europe. Si la crise ficience économique, l’idée même de pouvoir aux Américains sur la dissua- américaine sont régulièrement nouvelle jurisprudence sur la protec- du coronavirus a fait prendre souveraineté est aujourd’hui dans sion nucléaire française, et qu’il a enterrées à l’image du rapport tion de la Base industrielle et techno- conscience aux États européens de toutes les bouches et est martelée à pourtant supervisée alors qu’il était ­Gauvain qui pourtant était très clair. logique de défense française (Bitd) leur fragilité, ce concept reste encore qui mieux mieux dans tous les dis- ministre de l’Économie. C’est aussi le Sans oublier, la souveraineté numé- dont Benjamin Griveaux s’est vu très éloigné de leur vision, sans parler cours des responsables politiques et cas de Nokia qui est en train de vider rique française et européenne, confier la mission. de doctrine. Car tous ou presque industriels après la crise sanitaire de toute sa substance la recherche et balayée par les Gafam, qui disputent dépendent de leur allié américain, qui provoquée par un virus malin, cause développement basée en France de aux États des privilèges régaliens. AU PLUS HAUT NIVEAU profite de l’Otan, un formidable outil d’une pandémie mondiale. l’ex-champion des télécoms français Aujourd’hui à Bercy, des dossiers de Le discours d’aujourd’hui des autori- pour vassaliser l’Europe à bon compte. Quatre-vingts ans après l’appel du Alcatel-Lucent… racheté quand ventes d’entreprises stratégiques tés françaises semble bien lancer la L’accord franco-allemand autour d’un 18 juin du général de Gaulle, la souve- Emmanuel Macron était installé à comme Photonis, Constructions France sur les hauteurs de la souve- endettement conjoint et d’un plan raineté est bel et bien revenue à la Bercy. Tout se paie cash tôt ou tard. navales et industrielles de la Méditer- raineté, à travers « un vrai pacte pro- d’investissement pour redresser l’éco- mode en France, voire en Europe, un ranée (Cnim), Aubert & Duval et bien ductif », selon Emmanuel Macron. « Il nomie du continent sera-t-il « un tour- continent pourtant ouvert à tous les « ENTRAVES À L’EFFICACITÉ » d’autres depuis la crise du Covid-19 nous faut créer de nouveaux emplois nant historique », comme l’a souligné vents du libéralisme. Mais n’est évi- Le chef de l’État ne porte pas seul ce en investissant dans notre indépen- Emmanuel Macron. « Ce peut être là demment pas Charles de Gaulle qui fardeau. Car avant ce quinquennat, dance technologique, numérique, une étape inédite de notre aventure veut, le général ayant le patriotisme la France avait déjà perdu depuis très industrielle et agricole. Par la européenne et la consolidation d’une de la grandeur pour la France. longtemps une partie de sa souverai- recherche, la consolidation des filières, Europe indépendante qui se donne les Aujourd’hui encore, notre pays rêve neté militaire. « Depuis des années, l’attractivité et les relocalisations moyens d’affirmer son identité, sa de grandeur et de puissance à travers on privilégiait le management sur le lorsque cela se justifie », a-t-il estimé culture, sa singularité face à la Chine, l’Europe, un continent où pourtant ­commandement, l’efficience sur l’effi- le 14 juin. La France dispose déjà de aux États-Unis et dans le désordre les pays ne partagent presque rien de cacité, et la logique de flux sur la EN CHIFFRES centres de recherche au top niveau mondial que nous connaissons, a-t-il stratégique… si ce n’est un vaste mar- logique de stock. Sans surprise, la mondial, comme l’Onera, le CEA, estimé. Une Europe plus forte, plus ché attractif, largement ouvert à crise a révélé que l’externalisation, le CNRS, l’Inra, l’Inria, l’Ifremer, solidaire, plus souveraine. » Pour toutes les puissances prédatrices comme la délocalisation de fonctions ­l’Inserm et bien d’autres encore. Il Thierry Breton, il faut plutôt « mettre (États-Unis, Chine et Russie). vitales et le manque tant de réserves suffit de les financer non pas pour l’accent sur la résilience et l’autonomie, Pour Emmanuel Macron, l’idée de la de ressources humaines militaires que 200 M € qu’ils survivent comme aujourd’hui, ce dernier concept étant plus européen souveraineté ne date pas de la crise d’épaisseur organique constituent ENVELOPPE PROMISE PAR mais pour qu’ils remettent la France et plus conforme à la volonté des pères du Covid-19. Il a senti qu’elle pouvait autant d’entraves à notre pleine effi- LE CHEF DE L’ÉTAT POUR FINANCER au plus haut niveau de l’excellence fondateurs que la souveraineté ». Tout être un ressort pour mobiliser les cacité. » Le chef d’état-major des DES INFRASTRUCTURES mondiale sans aucun dogmatisme, y un débat… mais nécessaire pour faire énergies en France. La pandémie n’a armées, le général François DE PRODUCTION DANS LA SANTÉ compris écologique. Décréter la sou- évoluer les pays européens. n LA TRIBUNE 3 juillet 2020

ÉCONOMIE 15

Comment rebâtir de toute urgence une industrie nationale de la santé eux, « chouchouter » leur indus- VOLONTARISME Le système sanitaire dont la France était trie comme l’Allemagne, ou jouer du dumping fiscal comme l’Ir- si fière s’est révélé peu préparé et mal organisé. lande. « Janssen fait partie des laboratoires qui considèrent que L’enjeu est de relancer nos capacités de production plusieurs promesses du Conseil stratégique des industries de santé pour faire face aux prochaines catastrophes. n’ont pas été suivies d’effet,regrette ­Emmanuelle Quilès, présidente de Janssen France. Avant la crise, le pays semblait davantage préoc- cupé par les économies à court terme que par l’innovation et l’ac- FLORENCE PINAUD baissent et des millions de masques importations. Longtemps à la pre- travaillent avec des biotechnolo- cès aux médicaments. Cela n’encou- leur restent sur les bras. L’État mière place des pays européens gies, essentiellement pour pro- rage pas les labos étrangers à uelle est réellement l’ef- préfère en acheter 10 millions au pour la production pharmaceu- duire des vaccins. Les autres lignes implanter leurs outils de recherche ficacité sanitaire de la Vietnam, moins chers… tique, la France a chuté à la qua- sont souvent spécialisées en et de production sur le sol fran- France ? Hier encore les Dans le domaine du matériel médi- trième place derrière le Royaume- ­médicaments chimiques dits çais. » En dépit du crédit impôt Français se vantaient cal lourd, comme les respirateurs, Uni, l’Allemagne et l’Irlande. Un « matures », concurrencés par les recherche. Pour se relancer dans d’avoir le meilleur sys- la dépendance aux fournisseurs recul dû aux dysfonctionnements génériques. Pour les anticorps la course, il est donc urgent de Qtème de santé au monde. Désor- extérieurs est aussi très forte. des politiques de santé. « Alors que monoclonaux et les médicaments repenser notre système de santé mais, ils doutent et s’inquiètent. ­Comment en relocaliser la produc- cette politique impose près de 1 mil- innovants produits par biotech- et la politique du médicament. Aux pénuries de médicaments, de tion ? « Avec la Compagnie générale liard d’euros d’économie chaque nologie, la France a été dépassée Mais plus globalement, que ce soit masques et autres équipements de de radiologie, nous avions un cham- année sur le prix des médicaments, par l’Allemagne et la Suisse. le petit équipement de sécurité à protection sont venus s’ajouter les pion en imagerie médicale, explique sa part dans les dépenses de santé usage unique, le matériel médical craintes des hospitaliers sur la Gérard de Pouvourville, professeur a chuté de 15 % il y a dix ans à 12 % STOCKER OU RELOCALISER ? ou les médicaments, faut-il stocker réduction des capacités de leurs en économie de la santé à l’Essec aujourd’hui, précise Philippe Selon Leem, il n’y aura pas de plutôt que relocaliser ? La réponse établissements. Ni le Haut Conseil Business School. Mais Thomson l’a Lamoureux, directeur général du retour en arrière sur la mondiali- n’est pas simple. Car, outre les pro- de la santé publique ni Santé cédée à General Electric en 1987. Leem (Les Entreprises du médi- sation de la production. Avec plus blèmes de coûts ou de péremption, publique France n’ont alerté suf- Depuis, la France dépend entière- cament), le syndicat de l’industrie de 1 200 médicaments d’impor- les médicaments nécessaires fisamment tôt sur les risques de ment des fabricants allemands et pharmaceutique. Le chiffre d’af- tance stratégique, aucun pays ne changent radicalement selon la pandémie alors que notre pays américains, mais aussi des Japo- faires du secteur n’a pas évolué pourrait produire tout ce dont il a menace sanitaire. Difficile de n’était pas prêt à y faire face. nais et des Coréens grâce à leur depuis 2009 ! » besoin. Selon ces industriels, aller savoir le ou lesquels privilégier. Qui Dès l’apparition des premiers clus- avance dans l’électronique médi- Conséquence : notre appareil de vers l’indépendance revient à aurait imaginé que nos services de ters, le manque de tests n’a pas cale. Recréer un tissu industriel production a vieilli, même si mettre sur le tapis l’attractivité de permis de lutter contre les chaînes nécessiterait de très gros investis- Sanofi a annoncé qu’il allait inves- la France et des marges indus-

de contamination tandis que les sements. » Pas impossible, mais tir plus d’un demi-milliard d’euros trielles. Une attractivité qui WWW.LATRIBUNE.FR services de réanimation mena- très coûteux. pour créer en France un nouveau souffre de la régulation des prix et « Recréer un tissu çaient de se retrouver saturés, Quant aux médicaments, c’est site flexible et digitalisé. Si l’on des délais administratifs, mais faute de lits et de respirateurs en simple : comme toute l’Europe, compte encore 271 sites de fabri- aussi d’une concurrence euro- industriel nécessiterait nombre suffisant. nous dépendons de 60 à 80 % des cation dans l’Hexagone, seuls 32 péenne avec des pays qui savent, de très gros « 10 000 Pire, pendant le confinement, respirateurs ordres et contrordres – comme sur investissements » en 50 jours : quatre industriels l’utilité du masque – se sont mul- GÉRARD DE POUVOURVILLE, répondent à tipliés, tout comme les révélations PROFESSEUR À L’ESSEC BUSINESS SCHOOL l’appel » sur les bugs provoqués par la ges- tion bureaucratique de la santé « Le sous-traitant aéronautique publique et la fragilisation, voire 85 réanimation allaient manquer de Aertec a vendu le démantèlement, de notre indus- traitements molécules de sédation comme le un demi-million trie médicale, « déconfinée » en sur les 91 curare car la demande était 20 à 50 de masques nouvellement lavables » Chine. Dès lors, comment rendre autorisés en fois supérieure à la moyenne ? à la France son indépendance France en 2019 Certes, les phénomènes de pénurie « Santé : Sanofi industrielle et la doter des capaci- sont produits ne sont pas nouveaux en France et à l’étranger. renforce ses tés pour lui permettre d’affronter les laboratoires ont heureusement positions dans de nouvelles catastrophes sani- commencé à y réfléchir. « La crise la métropole de Lyon » taires qui, de l’avis des experts, ne 32 SITES a accéléré encore leur réflexion sur manqueront pas de survenir ? et 8 500 les chaînes d’approvisionnement emplois sont depuis les matières premières dédiés en LE COÛT DE LA MAIN- France à la jusqu’à la commercialisation, D’ŒUVRE PÈSE LOURD production de observe Patrick Biecheler, associé Dans une situation de crise, il faut médicaments chargé de la santé globale chez distinguer trois types de produits innovants, Roland Berger. Pour les produits principalement stratégiques : le petit équipement dans le stratégiques, il est essentiel d’ana- de sécurité à usage unique, le domaine des lyser la chaîne de bout en bout pour matériel médical et les produits vaccins. identifier les zones de fragilité, car pharmaceutiques. la relocalisation de leur production Pour les équipements de sécurité, 50 % prendrait des années. » il va être difficile de relocaliser la des postes Au final, la question de l’indépen- production en France. Une des de travail du dance sanitaire, priorité du nou- dernières usines de masques du secteur de veau cap fixé par Emmanuel la pharmacie groupe américain Honeywell à en France Macron, aura tout intérêt à se pen- Plaintel (Côtes-d’Armor) a été délo- concernent ser à l’échelle européenne pour calisée en Tunisie. Dans cette la production pouvoir peser, mais aussi amélio- industrie, le coût de la main- de traitements rer et simplifier les conditions de « matures » d’œuvre pèse lourd. Serions-nous concurrencés production des médicaments, en prêts à payer un masque français par les encourageant notamment le déve- plus cher ? L’expérience du masque génériques. loppement de sites de biotechno- en tissu ne rend pas optimiste. En logies. Le projet de loi de finance- pleine pénurie, l’État a incité les ment de la Sécurité sociale nous entreprises du textile à en fabri- dira cet automne quelles leçons les quer et mobilisé 300 façonniers. La France est tributaire de l’étranger pour ses équipements, notamment en respirateurs. pouvoirs publics ont tirées de la Mais aujourd’hui, les commandes­ Au point d’en avoir fabriqué en recyclant des masques de plongée Decathlon. [PASCAL BACHELET/BSIP] première crise du Covid-19. n 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

16 ÉCONOMIE

DÉFI Après un soutien massif aux entreprises et aux ménages, le chef de l’État doit présenter en septembre une stratégie ambitieuse pour empêcher l’économie de sombrer dans une spirale récessive. Face à la récession, relancer vite... mais pas quoi qu’il en coûte

GRÉGOIRE NORMAND les plus précaires. » Après avoir AVANT TOUT, RÉPONDRE tégique et enfin le futur plan mie [...] Nous avons réussi à défendu un programme d’éco- À L’URGENCE de relance. « Nous surmonte- sauver les meubles grâce à une uelle stratégie de nomies et de réduction des Lors d’une audition au Sénat rons cette crise et nous recons- intervention immédiate et mas- relance adopter dépenses, Emmanuel Macron au mois de juin, le ministre de truirons une France prospère sive des pouvoirs publics. J’es- alors que l’écono- ne compte plus les milliards l’Économie a détaillé la straté- avec de la croissance, de la com- time que l’intervention de l’État mie est exsangue ? pour éteindre l’incendie. Cette gie de l’exécutif en trois temps, pétitivité et une orientation a été à la hauteur des enjeux. Quelle politique doctrine du « quoi qu’il en avec les premières mesures encore plus marquée vers la Les mesures déployées repré- Qéconomique impulser alors coûte » a rapidement réveillé d’urgence, le plan d’aides stra- décarbonation de notre écono- sentent environ 460 milliards que des secteurs entiers tra- les souvenirs d’une relance de d’euros, 20 % de notre richesse versent une grave tempête ? type keynésienne avec un nationale. » Dans cette enve- « Notre première priorité est endettement faramineux de loppe, le ministre des Finances d’abord de reconstruire une l’État pour faire repartir les ZOOM a rappelé que « les prêts garan- économie forte, écologique, sou- moteurs de l’économie. Ce tis par l’État, ce sont 300 mil- veraine et solidaire. » Après retour en force de la puissance EN EUROPE, LE RÔLE MOTEUR liards d’euros, le fonds de soli- plus de deux mois de confine- publique pourrait rapidement DU COUPLE FRANCO-ALLEMAND darité, c’est 3 millions ment, le président de la Répu- laisser place à une autre stra- « L’Europe doit être à la hauteur de l’Histoire en portant une relance d’entreprises qui ont bénéficié blique Emmanuel Macron a tégie. « Ces dépenses se justi- ambitieuse, fondée sur la solidarité budgétaire », a affirmé sur de 4 milliards d’euros d’aide, le esquissé ses ambitions pour la fiaient et se justifient en raison Twitter le président de la République, Emmanuel Macron, à l’issue chômage partiel, c’est 12 mil- dernière partie du quinquen- des circonstances exception- d’un sommet virtuel des chefs d’État de l’Union européenne à la lions de salariés qui en ont béné- nat lors d’une adresse aux nelles. Mais elles viennent fin du mois de juin. Après plusieurs mois de profondes divergences ficié, les reports de charges Français le 14 juin dernier alors s’ajouter à notre dette déjà exis- entre les États dits « frugaux » (Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark) fiscales et sociales devraient que le pays s’enfonce dans la tante », a d’ailleurs rappelé et les pays du Sud, l’Europe a entamé une course contre la montre atteindre 56 milliards d’euros ». pire récession depuis la Emmanuel Macron. pour bâtir un plan de relance déterminant pour son avenir écono- Seconde Guerre mondiale. mique et social. Le couple franco-allemand incarné par Merkel et DES MESURES D’ABORD L’onde de choc du coronavirus TRAVAILLER ET Macron espère être le moteur de cette reprise au cœur d’une Europe SECTORIELLES a plongé l’économie française PRODUIRE DAVANTAGE minée par des divisions. Après avoir géré une économie dans une torpeur soudaine. En Les premières orientations De son côté, la Banque centrale européenne a sorti son bazooka sous cloche pendant le confi- seulement quelques jours, des dessinées par le chef de l’État monétaire en début de crise pour permettre à l’économie de la nement, le gouvernement s’est milliers d’entreprises ont dû sont en réalité loin d’annoncer zone euro de passer les premières semaines de paralysie. Face à attaqué au sauvetage des sec- un tournant. « La seule réponse l’ampleur de la récession, l’institution de Francfort a assuré qu’elle teurs les plus ravagés par la est de bâtir un modèle écono- allait prolonger ses mesures d’assouplissement monétaire mais crise en mobilisant environ mique durable, plus fort, de s’inquiète grandement des répercussions de cette crise sur le sys- 40 milliards d’euros dans un et les mesures de sou- « L’enjeu est d’éviter travailler et de produire tème financier, la santé financière des États et celle des entreprises, troisième budget rectifié au tien à la demande, comme un un effondrement davantage pour ne pas d’autant plus que les perspectives de croissance ne sont pas au mois de juin. « Avec le déconfi- système de bonus pour l’achat dépendre des autres. Et cela, beau fixe. « Le rebond de la croissance en zone euro devrait être nement, le temps est venu de de véhicules électriques ou de durable du potentiel nous devons le faire, alors progressif [...] Le PIB de la zone euro devrait baisser de 9,2 % en privilégier des mesures plus véhicules hybrides. même que notre pays va 2020 avant une reprise partielle en 2021. La reprise sera proba- ciblées sur certains secteurs qui L’industrie automobile a déjà de production connaître des faillites et des blement lente et graduelle dans la plupart des économies avancées, ont beaucoup souffert pendant annoncé de fortes restructura- et in fine, plans sociaux multiples en rai- en particulier en Europe. Le choc de la pandémie aura des effets le confinement, ce que le gouver- tions avec des fermetures son de l’arrêt de l’économie de long terme à la fois sur l’offre et sur la demande. Les sociétés nement a commencé de faire d’usines et des milliers de du niveau de vie » mondiale », a expliqué le pré- vont devoir adapter leur mode de vie à la présence de ce virus, avec le tourisme, l’automobile licenciements. Pour le tou- EMMANUEL JESSUA, sident. Certains observateurs dans un contexte d’incertitudes, jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé et l’aéronautique », explique risme, les dégâts sont considé- ÉCONOMISTE DE COE-REXECODE n’ont pas manqué de rappeler et distribué », explique Louis Boisset, économiste spécialiste de l’économiste de COE-Rexecode rables avec la fermeture des le mantra politique de l’ancien zone euro chez BNP-Paribas. n Emmanuel Jessua à La Tribune. frontières, les limitations de président de la République Pour l’aéronautique, le déplacements pendant des stopper leur activité et des mil- Nicolas Sarkozy « travailler ministre de l’Économie s’at- semaines et la mise à l’arrêt des lions de salariés ont basculé plus pour gagner plus ». LES GAGNANTS DU PLAN DE RELANCE DE L’UE tend à « une crise qui risque restaurants, brasseries et lieux dans le chômage partiel. Rapi- Les premières mesures de sou- d’être plus durable parce que culturels. Pays qui bénéficient le plus de l’aide de la Commission européenne dement, le chef de l’État a tien pour préserver la ses effets sont plus lents : les Compte tenu du poids de ce sonné la mobilisation. demande devraient laisser la compagnies aériennes annulent secteur dans l’économie trico- Italie « “Quoiqu’il en coûte” » : tel était place à une politique de l’offre 172,7 des commandes par dizaines et lore, le gouvernement a décidé l’engagement que j’avais pris assez classique. Emmanuel Espagne 140,4 le carnet de commandes d’Air- de mettre les moyens. Le plan devant vous dès le mois de mars. Macron a d’ailleurs relancé Pologne 63,8 bus, qui était plein, s’est subs- de soutien au tourisme est Chômage partiel, prêts aux l’idée du « pacte productif », France 38,8 tantiellement allégé ». Une évalué à 18 milliards d’euros. entreprises, accompagnement mis sur pause au printemps. enveloppe de 15 milliards d’eu- Outre l’exonération des coti- des commerçants, des indépen- Ce programme largement Grèce 32 ros est programmée pour sou- sations sociales, le tourisme, dants, soutien des plus pré- défendu par le ministre de Roumanie 31,2 tenir ce secteur stratégique l’hôtellerie, la restauration, le En milliards d’euros caires [...] Au total, nous avons l’Économie, Bruno Le Maire, Allemagne 28,8 français. sport et l’événementiel vont mobilisé près de 500 milliards comportait un volet sur la Subventions Du côté de l’automobile, l’exé- bénéficier d’un dégrèvement Portugal d’euros pour notre économie, baisse de la fiscalité de la pro- 26,4 cutif a annoncé des engage- de contribution foncière des Prêts pour les travailleurs, pour les duction réclamé par certains Rép. Tchèque 19,2 ments de l’ordre de 8 milliards entreprises. Les communes entrepreneurs, mais aussi pour milieux patronaux. Hongrie 15,1 [SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE/AFP] d’euros, entre les aides à pourront également sus- LA TRIBUNE 3 juillet 2020

ÉCONOMIE 17

ZOOM EMPLOI DES JEUNES : LA BOMBE À RETARDEMENT Les jeunes subissent déjà les répercussions désastreuses de la crise sur le marché du travail et beaucoup parlent d’une « génération sacrifiée ». En France, en avril, le nombre de chômeurs de moins de 25 ans s’est envolé de 29,4 % (+ 22 % toutes catégories). La France comptait 12,9 % de jeunes « Neet » (ni en études, ni en emploi, ni en formation) en 2018, soit un jeune sur sept de 16 à 25 ans. Un jeune sur cinq vivait déjà sous le seuil de pauvreté. De l’avis des acteurs de la lutte contre l’ex- clusion, ce nombre va exploser dans les mois à venir. Cet été, beaucoup d’entreprises ont annoncé qu’elles n’avaient pas embauché de saisonniers pour limiter les coûts. À la rentrée prochaine, beaucoup de jeunes sortis de l’enseignement supérieur ou de formation professionnelle vont se retrouver sur un marché de l’emploi atrophié. Afin de répondre au plus urgent, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a déjà annoncé quelques mesures de soutien en faveur de l’apprentissage en attendant un plan plus large pour l’emploi des jeunes. Là encore, la dégra- dation rapide de la situation pourrait se transformer en profonde détresse sociale. n

prêts participatifs de l’État », de redonner confiance aux d’un grand nombre de chan- ajoute Emmanuel Jessua. Français pour diminuer plus tiers, doit reculer de 23 % en De son côté, l’entourage du nettement leur taux d’épargne. 2020 avant de rebondir à 17,4 % ministre de l’Économie assure Ce qui permettrait de relancer en 2021 si l’environnement à La Tribune que « la transition la consommation, moteur de international retrouve des cou- écologique aura une place pré- la croissance économique tri- leurs. De nombreux chefs d’en- pondérante dans le plan de colore. Si ces sommes restent treprise interrogés par le cabi- relance [...], mais il reste beau- bloquées, la spirale récessive net Xerfi n’espèrent pas un coup d’arbitrages à prendre. risque de s’accélérer. Une retour à la normale avant 2022. Des économistes comme Olivier baisse durable de la consom- En attendant, beaucoup de TPE Blanchard, des parlementaires, mation entraînerait une dimi- et de PME qui ont obtenu des des ONG et des fédérations pro- nution de l’activité pour les prêts garantis par l’État et des fessionnelles ont été consultés entreprises et des suppres- reports de créances fiscales et pendant tout le mois de juin. » sions d’emplois. sociales (PGE) vont avoir des Pour Louis Boisset, écono- difficultés pour rembourser L’ÉPARGNE AU SERVICE miste à BNP-Paribas, « le com- certaines échéances si la DE LA REPRISE portement d’épargne et de reprise tarde à venir. Du côté des ménages, le dispo- consommation des ménages est Après avoir prôné sitif du chômage partiel étendu le point fondamental qui va UN REDÉMARRAGE le retour en force à plus de 10 millions de Fran- conduire ou non à une reprise DIFFICILE À ÉVALUER de la puissance çais a permis de préserver la robuste ». Sur le sujet du sou- Une reprise en U, V, W ? Depuis publique, majorité des revenus des sala- tien à la demande des ménages, le début de la crise, la plupart très coûteux pour riés. Résultat, la population le gouvernement n’a pas, à ce des économistes ont révisé à la les finances devrait accumuler un surplus stade, prévu de baisse de la baisse leurs prévisions de crois- publiques, d’épargne de 100 milliards TVA comme en Allemagne, sance pour 2021. Même s’il est Emmanuel d’euros en 2020, selon de laissant craindre une stagna- encore trop tôt pour mesurer Macron pourrait récentes prévisions de la tion, voire une chute durable l’ampleur des dégâts, le prolon- changer de Banque de France. Dans le de la consommation. gement des mesures de confi- stratégie. même temps, la consommation nement a pesé sur les condi- [G. FUENTES/POOL/REUTERS] des ménages devrait reculer de L’INVESTISSEMENT tions de la reprise. « On espère 9,3 %. « Le choc sur la consom- EN CHUTE LIBRE voir une reprise en V, c’est-à-dire pendre temporairement la masques, aux indemnités jour- la troisième étape importante mation des ménages est colos- Pour les entreprises, l’horizon un rebond rapide et important taxe de séjour pour stimuler nalières et aux primes versées cette année et concerne surtout sal. Le niveau de consommation est loin d’être dégagé. Elles de l’activité qui retrouverait son le tourisme. au personnel soignant. En réa- le moyen terme. L’enjeu est en biens est revenu à celui de la doivent faire face à une situa- niveau d’avant la crise à la fin lité, ces dépenses représentent d’éviter un effondrement fin des années 1980 »,a déclaré tion très dégradée de leur tré- de l’année 2020 ou au début de DES DÉPENSES À LA environ 2,4 % du produit inté- durable du potentiel de produc- l’économiste de BNP-Paribas sorerie et à une baisse signifi- l’année 2021. Pour nous le scé- HAUTEUR ? rieur brut de 2019. Ce qui pour tion et, in fine, du niveau de vie. Hélène Baudchon. Pour beau- cative de leurs revenus. Par nario le plus probable est une Les dépenses publiques l’instant est loin de compenser L’investissement a chuté bruta- coup d’experts, seule l’appari- conséquent, l’investissement reprise en U. Après la chute de devraient considérablement les pertes d’activités abyssales lement et les marges des entre- tion d’un vaccin au cours de des entreprises, affecté de l’activité au premier semestre s’accroître cette année. Avec de de l’économie hexagonale esti- prises se sont réduites. Pro- l’année 2021 devrait permettre plein fouet par la mise à l’arrêt 2020, il devrait y avoir un rebond moindres recettes et des mées à environ 120 milliards blème : les entreprises devraient mécanique qui serait limité par dépenses supplémentaires, le d’euros pour huit semaines de mettre plusieurs années à reve- rapport à l’ampleur du choc », gouvernement prévoit un défi- confinement selon l’OFCE, soit nir à leur niveau d’investisse- LES SCÉNARIOS DE SORTIE DE CRISE ajoute Hélène Baudchon. cit de l’ordre de 11 % dans son environ 5 points de PIB. ment d’avant crise. Il faut À l’Insee, le chef du départe- troisième budget rectificatif. mener une réflexion de moyen Niveaux de PIB dans les scénarios favorable et sévère ment de la conjoncture, Julien e Sur les 500 milliards d’euros UN VÉRITABLE CASSE- terme pour rebondir et favori- (base 100 : 4 trimestre 2019) Pouget, rappelle qu’« à très avancés par Emmanuel TÊTE BUDGÉTAIRE ser l’investissement. Il peut y 104 court terme c’est l’évolution de Macron, seuls 57 milliards L’équation budgétaire s’an- avoir des plans d’investisse- la situation sanitaire qui condi- d’euros sont considérés comme nonce très complexe pour le ment comme en Allemagne, 100 tionne la vitesse de reprise de des mesures d’urgence au sens gouvernement. La hausse dans la transition énergétique, 96 l’économie. C’est la crise sani- de Maastricht. Cette enveloppe exceptionnelle du déficit com- la recherche, le numérique. taire qui a précipité l’économie 92 comprend notamment le binée à une violente récession L’enjeu est de réussir à sélec- dans la crise. C’est le reflux de financement des mesures va avoir des répercussions tionner les bons projets d’ave- 88 l’épidémie qui permet de repar- exceptionnelles d’activité par- colossales sur la dette nir. Il y a un vrai travail de 84 tir. » Même si les statisticiens tielle pour 31 milliards d’euros, publique. Le pouvoir exécutif, sélection et d’évaluation à ont révisé à la hausse leur esti- le financement du fonds public qui a annoncé qu’il n’y aurait mener », ajoute Emmanuel Jes- 80 mation du PIB pour le deuxième : INSEE] de solidarité pour les indépen- pas de hausse d’impôts, pré- sua. « D’autres pistes peuvent 76 trimestre 2020 (– 17 % au lieu de dants à hauteur de 8 milliards voit un ratio de dette sur PIB favoriser le rebond à moyen – 20 %), les effets de la crise sur

72 [SOURCE d’euros, ou encore les dépenses d’environ 120 points pour terme, comme la baisse des l’économie risquent de se pro- 2019 2020 2021 2022 supplémentaires d’assu- 2020. Dans cet environnement impôts de production – si les longer si le gouvernement ne rance-maladie dues à l’achat de budgétaire contraint, « la pré- marges de manœuvre budgé- Scénario favorable Projection centrale répond pas rapidement à l’ur- matériel médical et de paration du budget 2021 sera taires sont suffisantes – ou des Scénario sévère Projection d’avant-crise gence d’un plan de relance. n 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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CLIMAT Afin de sortir de la récession, des montants gigantesques ont été mobilisés. Mais la part dédiée à la lutte contre le réchauffement reste très insuffisante, malgré l’urgence. Des milliards pour redynamiser l’économie, des miettes pour la transition verte ?

JÉRÔME MARIN ments… « Les besoins d’inves- tentés de « tendre une bouée de citer les exemples du Canada, statu quo climatique. S’il s’agit contraindre des industries à se tissements sont considérables », sauvetage à l’industrie fossile » qui veut relancer son industrie principalement d’aides aux transformer. » Autre illustra- es chiffres donnent le note Ambroise Fayolle, plutôt que de mettre en place pétrolière et gazière, et de la salariés touchés par la crise tion au Canada, où les entre- tournis. 750 milliards vice-président français de la un Green New Deal, indispen- Chine, qui envisage de économique, en particulier des prises aidées par l’État ne s’en- d’euros par-ci, 540 mil- Banque européenne d’investis- sable pour faire émerger une construire des centaines de mesures de chômage partiel, gagent, en contrepartie, qu’à liards d’euros par-là en sement (BEI). économie post-carbone. « Au nouvelles centrales à charbon. ces actions incluent également soumettre un rapport sur leur Europe. Et 2 000 mil- Mais la période représente lieu de cela, on risque bien de Sans aller jusque-là, une étude « des plans de sauvetage des risque climatique... Lliards de dollars (1 780 milliards aussi un risque : « Vouloir faire exactement le contraire, publiée en mai par l’université compagnies aériennes non Parallèlement, « beaucoup de d’euros) aux États-Unis. Ou relancer l’économie qui existe et de revenir plusieurs années d’Oxford – à laquelle ont assortis de conditions », notent gouvernements risquent encore 3 600 milliards de yuans déjà au lieu de faire émerger en arrière », redoute-t-il. Et de notamment participé le Prix les auteurs. aussi d’en profiter pour (450 milliards d’euros) en celle du futur. Et donc vouloir Nobel Joseph Stiglitz et l’éco- Et quand des conditions ont été remettre en cause les quelques Chine. Ces derniers mois, les préserver les emplois nomiste du changement clima- imposées, comme l’a fait le gou- mesures engagées pour lutter États ont promis de mobiliser ­d’­aujourd’hui au détriment des tique Nicholas Stern – jette le vernement français avec Air contre le changement clima- des sommes colossales, et iné- emplois de demain », craint doute sur la motivation des France et Renault, elles sont tique, au nom de la relance dites, pour voler au secours de Roberto Bocca. Chercheur États à accélérer la transition. souvent « symboliques », dit économique », ajoute Fran- leurs économies, stoppées net à l’université de Liège et + 1,5 °C Sur les 7 300 milliards de dol- Gérald Maradan. « Nous çois Gemenne. En Europe, LIMITE DU par la propagation rapide du membre du Groupe d’experts lars de dépenses fiscales adop- sommes en train de laisser pas- note-t-il, la République RÉCHAUFFEMENT Covid-19. Après l’urgence intergouvernemental sur l’évo- tées par les pays du G20, seu- ser l’opportunité du pilotage tchèque et la Pologne ont s’ouvre désormais le temps de lution du climat (Giec), Fran- CLIMATIQUE FIXÉE PAR lement 4 % sont de nature à d’une vraie stratégie climat des déjà demandé l’abandon du la relance. Et avec lui, une çois Gemenne est encore plus LES ACCORDS DE PARIS faire baisser les émissions. entreprises, regrette-t-il. C’est Pacte vert européen, mesure question primordiale : doit-il pessimiste. Selon lui, les gou- ET QUI PARAÎT DÉJÀ Dans le même temps, 92 % des aujourd’hui que des aides mas- phare de la nouvelle Com- aussi chercher à accélérer la vernements pourraient être INATTEIGNABLE dépenses maintiennent le sives des États pourraient mission, présidée par l’Alle- transition énergétique ? mande . Les enjeux sont connus. Pour Et aux États-Unis, le pré- atteindre les objectifs fixés en sident Donald Trump a pro- 2015 par les accords de Paris fité de la période pour assou- sur le climat, dont le plus ambi- plir, voire supprimer, tieux vise à limiter le réchauf- plusieurs normes environne- fement climatique à 1,5 °C par mentales. Notamment pour rapport à la période préindus- les centrales à charbon. trielle, les plus grandes écono- mies mondiales doivent forte- PRISE DE CONSCIENCE ment réduire leurs émissions SALUTAIRE de gaz à effet de serre. La crise « Au-delà de la crise écono- sanitaire a illustré l’ampleur mique, sur laquelle les acteurs des efforts nécessaires pour y publics sont très déterminés, parvenir. « Il faudrait les effets l’ambition climatique restera d’un Covid-19 qui s’ajoute très forte et ne sera pas remise chaque année », souligne en cause par la crise actuelle », Gérald ­Maradan, le directeur veut croire Ambroise Fayolle, général de la société de conseil alors que la BEI s’est engagée, EcoAct. Si l’objectif de 1,5 °C fin 2019, à décupler ses finan- apparaît déjà inatteignable, cements verts et à ne plus sou- rester sous la barre des 2 °C tenir des projets fossiles. La demeure encore possible, raison de son optimisme : estime le dirigeant. À condi- « Une prise de conscience au tion, bien sûr, de s’en donner niveau des États, des collecti- les moyens. vités territoriales et de l’opi- nion publique. » De fait, ces UN « GREEN NEW DEAL » derniers mois, les appels se DIFFICILE À TENIR sont multipliés en faveur La crise économique offre, d’une relance verte, rassem- paradoxalement, une nouvelle blant des personnalités, des chance aux États pour se mon- politiques, des chefs d’entre- trer à la hauteur des enjeux. prise, des financiers… « Les gouvernements doivent Si des mesures de relance verte poursuivre deux objectifs : un sont souhaitables pour le cli- plan de relance, pour redyna- mat, elles le sont également miser l’économie et créer des pour l’économie, conclut par emplois, et une accélération de ailleurs l’étude menée par la transition énergétique », l’université d’Oxford. « Les pro- estime Roberto Bocca, respon- jets verts créent plus d’emplois,­ sable Énergie au sein du Forum génèrent des rendements à ­économique mondial. Autre- court terme plus élevés par dol- ment dit, puisqu’ils vont Loin de faire lar dépensé, et conduisent à de dépenser des milliards d’euros émerger une plus grandes économies de pour stimuler l’activité, autant économie coûts à long terme, par rapport investir dans le développement post-carbone, aux mesures de relance bud­ de la filière hydrogène, dans les certains pays gétaire traditionnelles », véhicules et mobilités élec- pourraient être avancent ses auteurs. Et de triques, dans la capture du tentés de préconiser des « mesures de carbone, dans de nouvelles sauver leur relance qui cherchent des infrastructures énergétiques, industrie synergies entre les objectifs cli- dans la rénovation des bâti- fossile. [ISTOCK] matiques et ­économiques ». n PUBLI REPORTAGE 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Cinq ans de calvaire en perspective pour les compagnies aériennes AVIATION Après la mise à l’arrêt imposée par l’épidémie, la reprise s’annonce périlleuse pour les acteurs du secteur. Entre recul du trafic, restructurations et concurrence féroce, les années à venir seront fatales à beaucoup d’entre eux.

FABRICE GLISZCZYNSKI un sérieux coup de frein aux déplace- ments professionnels, le cœur de cible u début des années 2000, LE REDÉCOLLAGE, UNE de toutes les compagnies aériennes quand, sur fond de PHASE À HAUTS RISQUES traditionnelles comme Air France ou marasme économique, Pendant les trois mois du Lufthansa.« Il va y avoir des change- elles ont encaissé coup sur confinement, les faillites ont été ments structurels des comportements coup les chocs du 11-Sep- évitées grâce aux aides des États. des voyageurs. On peut craindre une La reprise de l’activité Atembre, des interventions militaires est beaucoup plus incertaine. réduction du tourisme long-courrier américaines en en 2002 [PHILIPPE LOPEZ/AFP] et une diminution très forte du tra- puis en Irak en 2003, et enfin celui de fic affaires », admet Pascal de Iza- l’épidémie de Sras en Asie la même guirre, le PDG de Corsair. année, les compagnies aériennes Reste à voir également comment évo- pensaient avoir touché le fond. luera la sensibilisation de l’opinion Elles étaient loin d’imaginer qu’après aux différents appels au boycott de avoir affronté les quatre cavaliers de l’avion lancés par plusieurs organisa- l’Apocalypse, comme elles disaient à tions écologistes en Europe. Si ces der- l’époque (très vite rejoints d’ailleurs niers n’ont eu jusqu’ici aucun impact, par un cinquième, la flambée du prix les compagnies aériennes ne sont pas du pétrole), elles connaîtraient un à l’abri de décisions politiques pour jour un scénario encore plus violent. diminuer le trafic aérien. Déjà forte L’inimaginable est pourtant arrivé. avant la crise, la pression sociétale Non pas en 2009, au moment de la s’accentue en effet pour réduire l’em- grande crise financière, pourtant brutale, mais une dizaine d’années plus tard, avec l’émergence fin 2019 en Chine d’un coronavirus meurtrier « Les comportements qui s’est propagé sur toute la planète, des voyageurs vont au point d’obliger en avril 2020 près de 4,5 milliards de personnes dans le changer. On peut monde à se confiner. Frappé de plein fouet, le transport craindre une réduction aérien a vécu un printemps cauche- du tourisme long-courrier mardesque, avec son cortège d’avions cloués au sol, ses aéroports fantômes et une diminution très et ses frontières fermées. Un scénario forte du trafic d’affaires » ubuesque, dont les chapitres les PASCAL DE IZAGUIRRE, plus sombres restent, hélas, à écrire. PDG DE CORSAIR Car aussi désastreux fut-il, cet incroyable shutdown ne sera pour- tant pas la période la plus doulou- preinte carbone de l’aviation, laquelle reuse pour les compagnies aériennes. représente entre 2 et 3 % des émissions Le pire est à venir. Même si les mondiales de CO2. recettes ont été réduites à néant, Dans tous les cas, les compagnies même si 62 milliards de dollars de aériennes vont devoir affronter pen- cash ont été brûlés par l’ensemble dant plusieurs années des baisses des transporteurs aériens d’avril à significatives de chiffre d’affaires. fin juin, même si les plans sociaux Pour la seule année 2020, leurs s’enchaînent, les mesures de soutien recettes devraient chuter de 50 %, à prises par un grand nombre d’États 419 milliards de dollars, selon l’Iata, ont permis d’éviter des faillites en qui prévoit dans le même temps une série. La reprise s’annonce beaucoup perte nette sans précédent de 86 mil- plus périlleuse. liards de dollars pour l’ensemble des opérateurs. Les structures de coûts COUP DE FREIN AUX VOYAGES ne sont par conséquent plus adaptées. PROFESSIONNELS Leur taille ne l’est pas davantage pour « La phase de sommeil a coûté beau- satisfaire une demande en recul. Trop coup d’argent, mais nous avons su d’avions, trop de personnel, des pertes l’encaisser. La phase de redécollage, abyssales… les compagnies aériennes en revanche, peut tuer des compagnies réduisent la voilure. Les avions les car personne ne sait combien de temps moins performants sortent des flottes elle va durer », explique Marc Rochet, et les charrettes se multiplient : sup- le responsable du pôle aérien du pression de 50 % des postes au sein de Groupe Dubreuil, maison mère d’Air ver le niveau de trafic de 2019. Une tions sont réunies pour une diminu- Combinée à l’augmentation de SAS, de 27 % à British Airways, de 16 % Caraïbes et de French Bee. éternité. Et encore, ces prévisions tion des voyages aériens au cours l’épargne de précaution, la perte du à Lufthansa et Air France. Selon des Contrairement à la crise du Sras en n’intègrent pas l’hypothèse d’une des prochaines années par rapport pouvoir d’achat liée à l’explosion experts, un tiers des 400 000 emplois 2003, où le trafic avait rebondi aussi nouvelle vague de l’épidémie qui à la situation pré-crise. En l’absence attendue du chômage, de l’activité dans le transport aérien pourrait dis- rapidement qu’il avait chuté, la ébranlerait davantage l’économie et de vaccin, les voyageurs vont en partielle et aux baisses de salaires paraître en Europe. reprise s’annonce longue et progres- maintiendrait les restrictions de effet réfléchir à deux fois avant de dans certaines entreprises, va toucher Pour autant, tous ces plans de restruc- sive. Selon l’Association internatio- voyages (fermeture des frontières, partir à l’étranger. la clientèle de loisir. Cela, alors que turation n’éviteront pas les faillites. nale du transport aérien (Iata) et Air- mise en quarantaine à l’arrivée...). Au-delà de la question sanitaire, la du côté des entreprises, la réduction Limitées pendant la phase de som- bus, les compagnies devront patienter Dans tous les cas, sans présager de violence de la crise économique risque des budgets de voyages et la générali- meil, elles risquent de se multiplier trois, voire cinq ans avant de retrou- l’évolution du virus, toutes les condi- d’avoir aussi un effet très dissuasif. sation de la visioconférence porteront au cours des prochains mois. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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La prochaine saison hiver pourrait analyste chez Oddo-BHF. Cet afflux Covid-19 sur une hausse des cadences, être un bain de sang. Car les compa- d’offres risque d’entraîner une sur- a été contraint de réduire sa gnies vont entrer dans cette période capacité et une baisse des prix pour production de 40 % en 2020 et 2021. Là traditionnellement de basse saison remplir les avions, facilitée par la aussi, un redimensionnement des sans l’apport des profits générés habi- faiblesse du prix du baril de pétrole. coûts et des effectifs est nécessaire. tuellement pendant les mois d’été, Résultat : les compagnies les plus Airbus et Boeing vont respectivement une période de haute saison en temps fragiles seront tentées de vendre des supprimer 15 000 et 16 000 postes. normal.« L’hiver sera impitoyable billets coûte que coûte pour engran- Avec la baisse du trafic aérien au-des- pour le transport aérien. Avec une ger du cash avant l’hiver, qui pourrait sous de son niveau de 2019 pendant reprise de l’activité en été, le temps être leur dernier. Et en Europe, les trois ou cinq ans, les commandes pas- laissé aux compagnies aériennes pour plus robustes des grandes low cost sées pour faire de la croissance sont se refaire est très court et ne permettra comme Ryanair ou Wizzair risquent reportées. Elles représentent près des pas de “subventionner” les opérations de mener une guerre éclair, non pas deux tiers du carnet de commandes pendant l’hiver. Cette période, déjà dif- pour s’en sortir, mais pour gagner des d’Airbus et de Boeing. Et les livraisons ficile pour le secteur du transport parts de marché en quelques mois. d’avions pour le renouvellement des aérien, le sera assurément davantage Ceux qui n’auront pas les reins suf- flottes sont, elles aussi, loin d’être cette année », explique à La Tribune, fisamment solides et ceux qui ne Pour Edward Wilson, directeur général de Ryanair, un mouvement de assurées. Avec la faiblesse du prix du Edward Wilson, le directeur général parviendront pas à se recapitaliser concentration est inéluctable dans le secteur. [FRANÇOIS LENOIR/REUTERS] pétrole, les compagnies peuvent être de Ryanair. ne survivront pas. tentées de conserver leurs avions plus Cette guerre des prix, qui pourrait « Une consolidation accélérée fic aérien régional entre 2009 et 2019 longtemps que prévu, même s’ils sont UNE COURSE AUX PARTS s’étendre sur une bonne partie de entraîne une baisse de l’offre et une a été tirée par les low cost. plus coûteux que des avions neufs en DE MARCHÉ l’année 2021, sera probablement le augmentation du prix des billets consommation de kérosène et en Dans ce contexte, les analystes finan- prélude à un mouvement de concen- d’avion, qui contribueront à réduire DES COMMANDES D’AVIONS entretien. Néanmoins, si la demande ciers s’attendent à une concurrence tration de grande ampleur. Avec, la connectivité des aéroports », NEUFS REPORTÉES naturelle d’avions neufs va rester a tarifaire féroce.« Une guerre des prix cette fois, une hausse des prix à la clé. explique Thomas Juin, le président En amont, la crise du transport aérien priori extrêmement limitée pendant est à prévoir au moment où les fron- «Au bout du compte, il devrait y avoir de l’Union des aéroports français. provoque une onde de choc terrible de nombreuses années, Airbus espère tières intercontinentales commence- quatre grands groupes de compagnies Les aéroports ont en effet intérêt à pour les constructeurs et leurs que les mécanismes de soutien aux ront à s’ouvrir davantage, peut-être aériennes, peut-être cinq, comme ce qu’il y ait une grande concurrence sous-traitants. Habituée jusqu’ici à achats d’avions décidés par des pays à l’automne s’il n’y a pas de deuxième Air France-KLM, Lufthansa, IAG et entre les compagnies aériennes. En un doublement du trafic aérien tous « Airbus », comme la France dans son vague d’épidémie, et au moment où les Ryanair. Les autres vont bientôt s’ef- France, c’est le développement les quinze ans, l’industrie aéronau- plan de relance à l’aéronautique, fonc- États “débrancheront” leurs aides à fondrer ou rejoindre l’un de ces depuis dix ans des compagnies à bas tique sur laquelle « le soleil ne se cou- tionneront. Cela pourrait en effet aider l’économie, poussant ainsi les compa- groupes », prédit Edward Wilson. coût qui a entraîné le développement chait jamais » est très touchée par les les compagnies aériennes à renouveler gnies à mettre davantage d’offres sur Cette perspective inquiète les aéro- de la connectivité aérienne dans les reports de livraisons d’avions. leur flotte à l’heure où la pression éco- le marché », assure Yan Derocles, ports régionaux et les territoires. régions : 86 % de la croissance du tra- Alors qu’il planchait avant la crise du logique s’accroît sur l’aviation. n

ENTREPRENEURS, RCS 507 523 678 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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UN REFLUX ALARMANT À la mi-mai, 95 % des entreprises de la filière avaient eu recours au chômage partiel. (Ici, la plage de Trégastel, en Bretagne). [GETTY]

En territoire inconnu, le secteur du voyage forcé de se réinventer MUTATION Le Covid-19 a porté un coup sévère à une filière en plein boom depuis dix ans. La pandémie pourrait modifier durablement les comportements et contraindre la profession à imaginer de nouvelles offres dans un monde plus incertain.

PATRICK CAPPELLI démie. Nous sommes passés à jamais. « Fin avril, nous avons prévues dans un bref délai tiel qui vont durer jusqu’à fin Marshall » de 1,5 milliard d’eu- zéro activité à partir de réalisé une étude qui laissait pour les entreprises qui ne 2020. Le PGE (Prêt garanti par ros pour compléter les aides e 23 septembre 2019, le mi-mars, voire à une activité présager une activité en baisse disposent pas de la trésorerie l’État) « saison » est un dispo- déjà mises en place. voyagiste britannique négative avec le rapatriement de 85 % pour les neuf premiers des clients ou dont les fonds sitif spécial avec un plafond Mi-mai, 95 % des entreprises Thomas Cook (du nom des clients coincés dans cer- mois de l’année. Ça s’améliore propres sont insuffisants. Et à plus élevé que le PGE classique de la filière avaient eu recours de l’inventeur du tou- tains pays. Nous avons un peu aujourd’hui. Une autre moyen terme – six à douze qui prend en compte les trois au chômage partiel, 60 % des risme de masse en 1841) conservé une masse salariale étude sur la perte d’exploita- mois – pour les entreprises meilleurs mois de 2019. bailleurs avaient accepté un Lse déclarait en faillite. Premier qui a représenté 40 % de nos tion des entreprises n’a pas mieux capitalisées, quelle que Bpifrance va augmenter son report des loyers sans pénalité signal d’alerte pour une indus- frais jusqu’à mi-avril et qui est encore été finalisée mais on soit leur taille. enveloppe allouée aux prêts et 6,5 milliards d’euros de trie qui n’a pas vu venir la pan- désormais de l’ordre de 20 % », peut avancer le chiffre de 1 mil- tourisme de 250 millions à prêts garantis par l’État démie de coronavirus. En explique Jean Pierre Mas, pré- liard d’euros sur un volume UNE ACTIVITÉ SOUS 1 milliard d’euros, et l’État a avaient été pré-accordés à France, le choc du Covid-19 est sident des Entreprises du d’affaires global de l’ordre de PERFUSION demandé aux banques de sys- 65 000 entreprises selon plus dévastateur que la crise Voyage (EDV, ex- Snav). Depuis 25 milliards. » Les prévisions Grâce à la mobilisation et aux tématiquement proposer aux Bpifrance. Au total, l’ensemble économique de 2009, les l’arrivée du virus, le natif de de l’EDV et du Seto (Syndicat aides de l’État, la crise n’a pas PME du secteur un report des des mesures gouvernemen- attentats de 2015, les manifes- Toulouse fait entendre son des entreprises du tour ope- (encore) entraîné de faillites mensualités de leur prêt sur tales représente un engage- tations des « gilets jaunes » ou accent rocailleux sur les pla- rating) sont sombres : – 95 % au ni de licenciements mais le douze mois plutôt que sur six. ment de plus de 18 milliards les grèves de décembre der- teaux de télévision pour aler- deuxième trimestre, – 80 % au tourisme est sous perfusion. Érigé en priorité nationale par d’euros pour les finances nier. L’arrêt du transport ter sur les difficultés d’un sec- troisième et – 70 % au qua- Les entreprises bénéficient le gouvernement, le secteur va publiques. « C’est sans précé- aérien, la fermeture des fron- teur qui souffre comme trième. Des défaillances sont des mesures de chômage par- bénéficier d’un « plan dent, c’est massif, c’est néces- tières puis le confinement ont touché de plein fouet ce sec- teur qui pèse 7,4 % du PIB (8,9 % si on ajoute les dépenses ZOOM indirectes et induites), 9 % des LA CROISSANCE DU TOURISME MONDIAL recettes d’exportation (y com- La France ne parviendra pas à accueillir 100 millions pris le transport aérien) et BRUTALEMENT INTERROMPUE de touristes cette année comme espéré. [DR] 2,87 millions d’emplois, soit Le coronavirus a mis fin à dix ans de croissance inin- baisse pourrait atteindre – 60 % à – 80 % pour l’année 10,1 % de l’emploi total (chiffes terrompue de l’industrie du tourisme. Selon l’OMT 2020 par rapport à 2019. Une chute qui met en péril 2018, source : Banque des ter- (Organisation mondiale du tourisme), le nombre de entre 100 et 120 millions d’emplois dans le monde ritoires). touristes internationaux augmentait d’environ 5 % pour cette industrie qui pèse 10 % du PIB mondial, Sans oublier son importance chaque année depuis la crise économique de 2009, 7 % des exportations et un emploi sur dix. dans le soft power français fait et les revenus de 4 % (1,7 trillion de dollars en 2018). En France, première destination mondiale en volume de gastronomie, de lieux Trois mois d’épidémie et de confinement ont suffi (89,4 millions en 2018) et troisième en valeur (56,2 mil- culturels et de douceur de pour inverser cette tendance haussière. À la fin du liards d’euros), le tourisme représente 7,4 % du PIB et vivre que célèbre le dicton premier trimestre, le nombre d’arrivées de touristes 9 % des recettes d’exportation (y compris le transport allemand « Heureux comme dans les 154 pays membres de l’OMT a chuté de aérien). Même si on ne connaît pas encore les chiffres Dieu en France ». « Le tourisme 22,4 % (– 57 % en mars, dernier mois étudié), soit une d’avril et mai, on peut penser que l’objectif des est, avec la restauration, le sec- perte en volume de 850 millions à 1,1 milliard et en 100 millions de visiteurs étrangers pour 60 milliards teur le plus touché par la pan- valeur de 910 millions à 1,2 trillion de dollars. La de recettes en 2020 ne sera pas tenu. n P. C. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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Trigano a aussi reporté cer- obligé d’accompagner les crois que nous allons passer félicite d’avoir introduit une chacun redécouvre l’essentiel tains investissements. Grâce changements des modes de d’un “hyper-tourisme” à un raison d’être dans son pro- dans un environnement pré- à une bonne année 2019, avec consommation engendrés par “soft tourisme”. On va partir gramme Change Up, avec servé. « On voit qu’il y a une un volume d’affaires qui a pro- la pandémie. moins loin mais plus long- l’ambition de devenir l’acteur demande de plus de nature et gressé de 5 % à 1,711 milliard temps, et on sera peut-être un européen du tourisme de d’authenticité. Tout le monde d’euros, et un bon début d’an- DE « L’HYPERTOURISME » peu moins consommateur bou- proximité engagé pour que s’extasie d’avoir vu un sanglier née 2020, le Club est confiant AU « SOFT TOURISME » limique de week-ends à New se baladant en pleine ville. Et sur sa capacité à rebondir « La profession va devoir se York ou Saint-Pétersbourg », on sent bien que c’est quelque dans un monde post-Covid lancer dans des révolutions anticipe Jean-Pierre Mas. chose qui ne va pas disparaître grâce à son modèle fondé sur pour lesquelles elle traînait les Thierry Orsoni prévoit lui tout de suite. » trois piliers : haut de gamme, pieds, comme la révolution aussi une évolution : « un cer- Pour le tourisme, le monde international et digital. digitale par exemple. Il faut tain nombre de comporte- d’après sera sans doute bien Le groupe français et européen s’attendre aussi à des modifi- ments de voyage devaient et Mds € différent de la décennie pré- Pierre & Vacances-Center cations des comportements vont évoluer. Peut-être qu’avec 18 cédente. Il faudra sans doute MONTANT POUR LES Parcs (PVCP) a connu lui aussi des voyageurs, et le télétravail le télétravail, les gens pour- plusieurs années pour retrou- FINANCES PUBLIQUES un moment de sidération. « Du va laisser des traces. La ront envisager de rester plus ver le niveau d’activité de DES MESURES jour au lendemain, tout a fermé. visioconférence va se dévelop- longtemps dans un village du 2019. Et encore, à condition GOUVERNEMENTALES Parfois, ça a été assez brutal. On per et on ne retrouvera pas Club Med tout en continuant à d’éviter une récidive épidé- PRISES EN FAVEUR DE nous a dit : “à midi il faut que avant fin 2022 le niveau d’ac- travailler, par exemple ». mique l’hiver prochain, ce qui LA FILIÈRE TOURISTIQUE. tous vos clients soient partis !” », tivité en voyage d’affaires. Je Quant à Yves Caillière, il se est loin d’être assuré. n évoque Yann Caillère, direc- teur général. Chômage partiel, télétravail, trois permanents au siège au lieu de 1 100 : PVCP s’est mis en ordre de bataille et a dû faire preuve d’agilité. « Tous les jours, j’étais en visioconférence avec les 25 principaux cadres. Nous avons sondé nos clients pour savoir dans quel état d’esprit ils saire », a affirmé le Premier étaient afin de nous préparer le ministre dans son discours du mieux possible à la reprise », 14 mai en annonçant le plan de explique Yann Caillère. soutien au secteur touris- Sécurité sanitaire, flexibilité tique. Un effort et des mesures accrue dans les réservations et bien accueillis par les profes- autonomie dans les lieux de sionnels. Mais pour Jean- vacances sont les trois princi- Pierre Mas, « ça ne fait que pales demandes de la clientèle. RECONSTRUISONS déplacer le tas de sable. Il était Des sociétés de nettoyage label- devant la porte. Aujourd’hui, il lisées ont été embauchées, et est à dix mètres, mais on va le les forfaits sont devenus rési- retrouver à la rentrée ». liables trois jours avant pour DANS UN MONDE Le Club Med, marque emblé- Pierre&Vacances, une semaine matique du tourisme à la fran- çaise devenue un groupe mon- QUI BOUGE. dial coté depuis 2018 à la « On peut avancer le Bourse de Hongkong à la suite de son rachat en 2015 par le chiffre de 1 milliard Nous agissons sur le terrain, chinois Fosun, a pris de plein d’euros de perte fouet la vague du Covid-19. « En près de vous, maintenant. 2020, nous célébrons nos d’exploitation sur un soixante-dix ans. Durant cette période, nous n’avons jamais volume d’affaires connu une telle situation. Nous global de l’ordre de 5 jours avons traversé des crises géo- politique, économique, sani- 25 milliards » C’est le délai sur lequel nous taire, terroriste, environnemen- JEAN PIERRE MAS, tale mais la mise à l’arrêt de PRÉSIDENT DES ENTREPRISES DU VOYAGE nous engageons à répondre aux PME l’entreprise, jamais », explique Thierry Orsoni, directeur de la sur les demandes de Prêt Garanti communication et des rela- avant pour Center Parcs et dix tions institutionnelles. jours avant pour Maeva.com par l’État. Traitement des dossiers (campings et résidences de FAIRE PREUVE D’AGILITÉ vacances). Déficitaire depuis simplifié, pour une réactivité exigée Néanmoins, le Club Med tra- 2011, le groupe a lancé le plan verse cette période délicate de restructuration « Change par les circonstances. dans une situation bien meil- up » en janvier pour retrouver leure que si elle s’était produite la rentabilité à l’horizon 2024. il y a dix ans, quand la société Un programme qui n’a pas été CIC. Soutenons sans attendre nos entreprises. était vue comme l’homme suspendu pour cause d’épidé- malade du tourisme français. mie. Il comprend une montée Soutenons l’activité économique. « La stratégie de montée en en gamme, un changement gamme et le repositionnement d’organisation pour une hol- sur le segment famille ont porté ding plus légère avec sept leurs fruits et nous ont permis business lines autonomes et de retrouver le chemin de la une réduction d’effectif de 220 croissance et de la rentabilité. emplois (sur 12 850). « Notre Notre mue est terminée et elle point fort est d’être sur un mar- nous a protégés », analyse ché domestique à 90 %. Thierry Orsoni. Aujourd’hui, c’est difficile d’éva- Grâce à son implantation en luer l’impact de cette période. Chine, où il possède six vil- On fera le constat en fin d’an- lages, le Club Med a vu venir née », analyse le directeur géné- la crise dès janvier et a pu réa- ral, qui estime qu’il faudra trois gir vite, en prenant des ans pour revenir à la situation mesures pour réduire ou pré-Covid. annuler les dépenses inutiles. L’ère post-Covid commence à CIC Lyonnaise de Banque - RCS Lyon - SIREN 954 507 976. L’entreprise créée par Gilbert l’automne, et le secteur est cic.fr 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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AUTOMOBILE Les deux constructeurs français, qui tablaient sur une année 2020 fructueuse, sont contraints de réviser leurs priorités, et surtout d’interroger la pertinence de leur stratégie de long terme. Cette année encore, Renault anticipait de bonnes ventes pour ses modèles vedettes, dont la Clio. La crise a tout Le virus chamboule les plans changé. [ALI ATMACA/ANADOLU] de route de PSA et de Renault

NABIL BOURASSI crise stratégique avec un plan l’État de 5 milliards d’euros Ensuite, c’est l’arrivée, le de spécialisation et d’échanges segment largement trusté par produit en partie raté, notam- assorti de conditions de trans- 1er juillet prochain, de Luca de des parties prenantes… Renault les marques allemandes. e devait être une ment sur les segments luxe, formation. Le groupe a aussi Meo à la tête de la direction devrait profiter à plein de nou- Mais l’autre grand dossier de année faste pour les qui a affaibli l’image de dû annoncer un plan d’écono- générale de Renault qui fait velles opportunités d’innova- PSA reste la fusion avec Fiat constructeurs auto- marque. Depuis deux ans mies très important. espérer les équipes. L’ancien de tion et de nouveaux gisements Chrysler Automobile (FCA) qui mobiles français… Le maintenant, Renault voyait sa Tout n’est pas sombre cepen- Seat s’est d’ores et déjà adressé de compétitivité laissés semble patiner. La Commission déploiement en année marge opérationnelle baisser, dant dans ce tableau. Renault aux actionnaires de l’entre- jusqu’ici en jachère. européenne vient d’enclencher Cpleine des Clio et Captur pour jusqu’à peser la moitié de celle voit son management entière- prise lors d’une assemblée la seconde phase de son enquête Renault, et des 208 et 2008 pour enregistrée par son concur- ment renouvelé avec l’arrivée générale digitale, célébrant une LE VIRAGE ÉLECTRIQUE sur les bonnes pratiques Peugeot. Des modèles où les rent PSA en 2019. Face à l’ac- de plusieurs pointures au bilan « entreprise glorieuse ». Cet Ita- EST ENFIN PRIS concurrentielles, là où Carlos deux groupes ne se contentent célération de ces déboires avec reconnu par tous. Ainsi de lien francophone et francophile Chez PSA, on est moins inquiet Tavares (PSA) et Mike Manley pas de faire leurs meilleures la crise du Covid, Renault a été Gilles Le Borgne, l’ancien est un « homme du marketing », grâce à une solidité financière (FCA) espéraient un feu vert dès ventes, mais où ils ont réussi à contraint de recourir dans patron de la R&D à PSA, qui a comme le décrivent certaines qui a forcé l’admiration des la phase 1. L’agenda du proces- imposer un leadership en l’urgence à un prêt garanti par pris les manettes de la mauvaises langues, mais il a marchés ces dernières années. sus de fusion prend ainsi du Europe. Ils avaient même ajouté recherche chez Renault fin montré sa capacité à recons- La stratégie du groupe pourrait plomb dans l’aile, et expose le un enjeu supplémentaire avec 2019. Son entregent mais éga- truire une marque autour de toutefois être contrariée cette projet à toutes les incertitudes cette nouvelle génération : celui lement sa capacité à décloison- produits bien finis et d’une année, notamment par l’inter- dans un contexte de détériora- de la montée en gamme, his- ner les départements d’ingé- stratégie de gamme cohérente. ruption du déploiement du tion du marché. Ainsi, le deal de toire de ne pas se contenter de Mds € nierie ont fait des merveilles Autre bonne nouvelle, l’Alliance plan produit qui doit permettre fusion à 50/50 est-il encore d’ac- faire du volume, mais d’aller 6 dans le groupe aux quatre Renault-Nissan-Mitsubishi d’augmenter les ventes mais tualité alors que FCA a eu LE MONTANT DU PRÊT chercher de la rentabilité. GARANTI PAR L’ÉTAT marques (Peugeot, Citroën, DS, semble repartir sur de nou- surtout d’améliorer la qualité recours à un prêt garanti par La crise du coronavirus est ITALIEN ACCORDÉ À FCA Opel). Renault espère amélio- veaux rails après la présenta- de celles-ci grâce à des produits l’État italien de plus de 6 mil- venue gâcher la fête. Des (FIAT CHRYSLER rer à son tour l’intégration tion par Jean-Dominique mieux finis, et des finitions plus liards d’euros ? Pour rappel, les concessions confinées, des AUTOMOBILE), QUI DOIT technologique et l’innovation Senard, son patron, d’un nou- élevées et donc plus rentables. marchés s’étaient déjà interro- marchés qui s’effondrent, des FUSIONNER AVEC PSA. de ses produits avec cette nou- veau projet industriel : davan- L’enjeu est de ne pas rater le gés sur la pertinence des termes usines à l’arrêt et du cash qui velle dynamique managériale. tage de partages de plateformes, coche de l’électrification qui du rapprochement capitalis- part en fumée malgré les était clairement jusqu’ici le tique qui signifiait une prime mesures de chômage partiel… chaînon manquant du groupe de 40 % à l’endroit des action- Pour les constructeurs auto- dirigé par Carlos Tavares. naires italiens. Que se passe- mobiles, c’est une catastrophe Ce dernier s’est décidé à ra-t-il si les comptes de FCA financière. déployer une gamme électri- continuent de se détériorer au fiée à la toute fin 2019 et début regard d’une stratégie produit DES DÉBOIRES 2020 : des voitures 100 % élec- peu offensive ? Du côté de PSA, ACCÉLÉRÉS PAR LA CRISE triques (208, DS3 Crossback, on refuse de commenter ces Pour Renault, la situation est 2008…) ou des hybrides sujets, arguant que les discus- même critique. La marque au rechargeables (C5 Aircross, sions se poursuivent. losange est entrée dans la crise Ancien de 3008, DS7 Crossback…). C’est Ainsi, les constructeurs fran- du coronavirus déjà extrême- Seat, Luca de aussi la poursuite du reposi- çais, qui espéraient un rebond ment affaiblie. Elle a dû gérer Meo prendra tionnement de Citroën et de en 2020, vont devoir prendre une crise managériale un an la direction DS qui est en jeu en 2020. Le des décisions stratégiques his- et demi après la chute de son de Renault premier vient de lever le voile toriques, dont les effets vau- patron charismatique, Carlos le 1er juillet. sur sa nouvelle C4, qui dront pour les dix à vingt pro- Ghosn, et l’éviction en Une arrivée redonne de l’élan à la réiden- chaines années. Une excellente novembre de ce qui restait de qui suscite tification de la marque, tandis occasion de vérifier la sen- son management avec le beaucoup que DS est encore, avec sa DS9, tence qui veut que, dans toute départ de Thierry Bolloré. Elle d’attentes. dans une phase d’appropria- crise, il faut savoir saisir les a également dû affronter une [PAU BARRENA/AFP] tion du label premium, un opportunités. n LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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La voiture autonome, victime collatérale de la crise ? R&D Alors que le marché automobile s’effondre, la technologie du véhicule sans conducteur pourrait bien pâtir des arbitrages d’investissement des constructeurs. Certains usages intéressent toutefois les industriels.

NABIL BOURASSI ZOOM l y a peu de certitudes sur les conséquences de la crise du coro- EASYMILE ACCÉLÈRE navirus dans l’industrie automo- SES EXPÉRIMENTATIONS bile. Seule conviction : les experts En l’espace de six années, cette pépite a sont à peu près sûrs que le mar- accueilli dans ses rangs plus de 220 colla- Iché mondial sera amputé de près de borateurs, à travers six implantations dans 20 % de ses immatriculations en le monde (Berlin, Tokyo, Denver, Singapour, 2020 (voire pire en cas de deuxième Dubaï et Adélaïde). Mais c’est bien à Tou- vague épidémique). Pour les louse, son lieu de naissance, que les projets constructeurs, la catastrophe finan- d’EasyMile prennent forme, au sein de l’an- cière qui s’annonce impose des arbi- cienne base militaire de Francazal qui abrite trages radicaux, et la voiture auto- son centre de R&D. « Notre stratégie est nome pourrait directement en pâtir. d’avoir un cœur logiciel unique, qui s’adapte « Il y a un processus évident de sélec- à tous les véhicules et à tous les usages tivité des investissements où le retour possibles. Mais notre objectif n’est pas de sur investissement sera un critère faire du véhicule autonome pour faire du beaucoup plus important qu’aupa- véhicule autonome. Nous voulons proposer ravant. Autrement dit, les technolo- un outil qui réponde à un réel besoin », gies qui vont être privilégiées seront expose Benoît Perrin, le directeur des opé- celles qui auront une réalité commer- rations d’EasyMile. ciale à court ou moyen terme », Le rêve d’une L’entreprise, notamment soutenue par le explique Guillaume Crunelle, asso- voiture sans groupe Alstom depuis 2017, a par exemple cié chez Deloitte et spécialiste de volant a cédé développé un tracteur de manutention auto- l’industrie automobile. Pour la place aux nome, TractEasy. « Dans la logistique, c’est Anne-Marie Idrac, commissaire projets de une technologie qui va répondre à un grand chargée de la voiture autonome pour véhicule avec nombre de besoins. Surtout, nous avons pu le gouvernement français, le proces- conduite le développer rapidement car il ne concerne sus est antérieur : « Il y a un recalage assistée. pas le transport de personnes », fait savoir sur la voiture autonome, mais qui [DR] le dirigeant. En plus de ce tracteur de mar- était déjà en cours avant la crise du chandises autonome, qui est sur le point coronavirus. Il est vrai qu’il y a une voiture totalement autonome, désor- « Il y a eu une révision logistique urbaine dans un contexte d’être commercialisé, la jeune société est révision des priorités, notamment en mais les constructeurs veulent se où l’e-commerce est en expansion. Il réputée dans le monde entier pour le déve- faveur de l’électrification qui a pris concentrer sur le niveau 3, plus com- des priorités, n’y a pas de ralentissement des pro- loppement d’une navette autonome et plus de poids avec le Green Deal. » munément appelé l’« assistant de jets de recherche au niveau européen, électrique de transport de passagers, EZ10. conduite » – Adas dans le jargon. Il notamment en faveur ni même en France. Les expérimen- Déjà 150 modèles ont été produits, pour LES COLLECTIVITÉS LOCALES s’agit d’une conduite assistée, de l’électrification, tations se poursuivent, et les collec- 230 déploiements à travers 33 pays, dont RESTENT DEMANDEUSES notamment sur autoroute, où il y a tivités locales sont toujours très la France : Toulouse va ainsi lancer prochai- Depuis bientôt deux ans, les peu d’obstacles, mais le conducteur qui a pris plus de poids demandeuses d’accueillir sur leur sol nement une troisième expérimentation sur constructeurs automobiles ont en ne doit pas quitter le volant, ou alors avec le Green Deal. » de tels projets », ajoute-elle. son territoire, au sein du site de l’Oncopole. effet changé de discours autour de sur une période très limitée. On est EasyMile, qui a réalisé 18 millions d’euros ANNE-MARIE IDRAC, la voiture autonome. La promesse loin de la voiture qui restitue du COMMISSAIRE CHARGÉE DU VÉHICULE MOINS DE PROJETS, de chiffre d’affaires l’an passé, prévoit de de la voiture sans volant, où une temps aux chauffeurs, ouvrant ainsi AUTONOME PAR LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS PLUS DE PARTENARIATS commercialiser ce mode de transport col- famille regarde un film au cours d’un la voie aux services embarqués de Aéroports, voies dédiées pour trans- lectif innovant dès 2021. n PIERRICK MERLET trajet, relève désormais de la type contenus médias. C’était le port collectif ou livraisons, les indus- science-fiction. D’autant que les pilier des modèles économiques triels poursuivent donc leurs investissements dans la voiture élec- esquissés, entre autres, par les Gafa, recherches, mais sur des projets plus La commune de Pibrac, près de trique sont également élevés. « On en qui se sont jetés dans le développe- restreints que celui de véhicules Toulouse, a expérimenté pendant a terminé avec l’angélisme sur la voi- ment de la voiture autonome. lâchés dans la jungle urbaine. quelques mois la navette de ture autonome, et les business models Pour autant, la voiture autonome « La crise ne va pas diminuer la com- transport autonome EZ10, conçue par qui n’ont jamais dépassé le stade du n’est pas morte. Ainsi que le rappelle pétition sur la voiture autonome, mais la française EasyMile. [RÉMI BENOÎT] PowerPoint », confirme Guillaume Anne-Marie Idrac, « il existe encore faire baisser le nombre de compéti- Crunelle. Oublié les « levels 4 et 5 » des cas d’usage avec un modèle éco- teurs. Il n’est plus nécessaire d’avoir qui permettent de concevoir une nomique, comme les navettes ou la cinquante projets pour autant de systèmes qui devront cohabiter. Au contraire, l’heure est à la standardi- ZOOM sation », conclut Guillaume Crunelle. Les constructeurs pourraient ainsi PIONNIER DU SECTEUR, NAVYA INFLÉCHIT SA TRAJECTOIRE intensifier leur coopération sur des L’histoire avait commencé comme une de ces success story dont les marchés raffolent. Une petite société Lyonnaise projets communs. Ainsi, Ford et investit dans une technologie de niche et parvient avant tout le monde à commercialiser l’un des tout premiers véhicules Volkswagen viennent de renforcer autonomes du monde. Le Graal que Chinois et Américains s’arrachent à coups de centaines de milliards de dollars leur partenariat de recherche dans d’investissements. En 2017, la société dirigée par Christophe Sapet lève le voile sur Autonom Cab et Autonom Shuttle, la voiture autonome, l’Alliance un taxi et une navette autonomes, et fait la fierté de la France. Presque un an plus tard, avec des ventes qui ne sont pas Renault-Nissan a décidé de rationa- au rendez-vous et une introduction en Bourse ratée, Christophe Sapet est brutalement débarqué par ses actionnaires, liser la R&D sans sacrifier cette tech- notamment 360° Capital Partners (40 % du capital), qui ordonnent une révision de la stratégie. Et ce, en désaccord avec nologie, tandis que la fusion entre les deux autres actionnaires minoritaires, qui sont toutefois des acteurs majeurs dans le secteur, Keolis et Valeo (14 % Fiat et PSA doit aussi permettre chacun). Le fabricant intégré de véhicules autonomes Navya se spécialise donc dans l’élaboration logicielle et l’archi- d’amplifier le retour sur investisse- tecture des capteurs auprès de véhicules tiers. Pour autant, Navya poursuivra la production de son Autonom Shuttle, ment de l’autonomie. Ce n’est pro- mais il projette de s’adosser sur un industriel, une fois les volumes significatifs atteints. n N. B. bablement qu’un début… n Sous le haut patronage du Président de la République Emmanuel Macron

Rencontre avec Un événement proposé par En partenariat avec les Maires du Grand Paris 28 septembre à 19h

Sommet du Grand Paris : Voir Paris en Grand 29 septembre dès 8h30 AAvec la participation de Nicolas Sarkozy, LES 24H DU ancien Président de la République

GRAND PARIS Cocktail de rentrée des Acteurs du Grand Paris 29 septembre dès 18h45 3 rendez-vous pour construire Le Grand Paris 2020-2030 #24HGrandParis du 28 septembre 19h au 29 septembre 22h © Société du Grand Paris © Société du Grand Sous le haut patronage du Président de la République Emmanuel Macron

Rencontre avec Un événement proposé par En partenariat avec les Maires du Grand Paris 28 septembre à 19h

Sommet du Grand Paris : Voir Paris en Grand 29 septembre dès 8h30 AAvec la participation de Nicolas Sarkozy, LES 24H DU ancien Président de la République

GRAND PARIS Cocktail de rentrée des Acteurs du Grand Paris 29 septembre dès 18h45 3 rendez-vous pour construire Le Grand Paris 2020-2030 #24HGrandParis du 28 septembre 19h au 29 septembre 22h © Société du Grand Paris © Société du Grand 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Les Gafam renforcent leur emprise

ANAÏS CHERIF avril [les seuls disponibles à ment. Ainsi, la croissance de la GAGNANTS En pleine l’heure du bouclage de ce plateforme vidéo YouTube a ui arrêtera les numéro, ndlr], étaient donc au dopé l’activité d’Alphabet récession mondiale, Gafam (Google, beau fixe dans leur ensemble (maison mère de Google). Amazon, Facebook, [voir l’encadré ci-contre]. Si les Apple, qui a subi un ralentis- les géants du Net profitent Apple, Microsoft) ? géants américains s’attendent sement de production de ses Pas le coronavirus à une chute de leurs revenus produits (smartphones, ordi- d’un double effet Qen tout cas. Les géants du Net publicitaires à compter du nateurs portables...) dû à la américains traversent la plus deuxième trimestre, couplé à ZOOM fermeture temporaire des d’aubaine : la crise leur grande crise économique du une hausse de leurs dépenses DES RÉSULTATS usines en Chine, s’est rattrapé siècle avec une sérénité décon- pour respecter les mesures AU BEAU FIXE grâce à ses services. certante. Mieux, ils se posi- sanitaires (notamment pour Cette division (qui rassemble ouvre de nouveaux tionnent comme les grands les centres logistiques d’Ama- ALPHABET Chiffre d’affaires de le streaming audio et vidéo gagnants de la crise. Déjà des zon), ils devraient cependant la maison mère de Google: Apple Music et Apple TV+, le marchés et leur régulation acteurs incontournables sur traverser la crise sans casse 41,2 milliards de dollars (+ 13 % sur paiement avec Apple Pay, le leurs marchés respectifs, leur grâce à la diversification de un an) pour un bénéfice net de magasin d’applications est reléguée au second puissance ne cesse de se ren- leurs activités, qui leur assure plus de 6,8 milliards de dollars App Store...), a généré à elle forcer. Leur recette miracle de nouveaux revenus. (+ 3 % sur un an). seule 13,3 milliards de dollars plan de l’agenda politique. – des services très populaires au cours du premier trimestre dans tous les domaines de la vie UNE OPPORTUNITÉ AMAZON Chiffre d’affaires : (+ 15,7 % sur un an). « Notre numérique, ce qui leur assure D’INVESTIR 75,5 milliards de dollars (+ 26 % par investissement de longue date des réserves massives de cash Facebook, qui totalise 3 mil- rapport à la même période l’an dans une stratégie de services pour continuer à recruter et à liards d’utilisateurs dans le dernier) pour un bénéfice net de a payé », s’est réjoui fin avril investir – fait merveille même monde (Facebook, WhatsApp, 2,5 milliards de dollars (– 30 %). Tim Cook, le PDG du groupe. quand tout va mal. Messenger et Instagram), a vu Le confinement forcé de la le nombre de messages échan- APPLE Chiffre d’affaires : 58,3 mil- L’EXPLOSION DE moitié de la planète a eu pour gés exploser sur ses plate- liards de dollars (+ 1 % sur un an) L’ACTIVITÉ CLOUD principale conséquence une formes. Le groupe en a profité pour un bénéfice net de 11,2 mil- De son côté, Microsoft a accélération inédite de la digi- pour observer les nouvelles de liards de dollars (– 2,6 % par rapport dépassé ses attentes les plus Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, peut rester serein. talisation de l’économie. Avec tendances de communication, à la même période l’an dernier). optimistes en atteignant une Son entreprise a atteint une valorisation record leurs solutions déjà prêtes et comme la hausse des appels croissance de 15 % de son de 1 340 milliards de dollars début juin. Ici, en visite facilement déployables à vidéo groupés à plus de trois FACEBOOK Chiffre d’affaires : chiffre d’affaires au premier à New Delhi, en janvier. [ANUSHREE FADNAVIS/REUTERS] grande échelle, les Gafam en personnes. Dans la foulée, il a 17,7 milliards de dollars (+ 18 % sur trimestre. Le confinement a ont profité plus que tout le lancé en avril une nouvelle un an) pour un bénéfice net de entraîné une hausse inespérée monde en attirant des millions application de visioconfé- 4,9 milliards de dollars (+ 102 % par de la demande pour son sys- de nouveaux utilisateurs. rence, baptisée « Messenger rapport à la même période l’an tème d’exploitation Windows, Outils collaboratifs en entre- Rooms ». Mark Zuckerberg, dernier). et il a aussi permis à sa messa- prise, shopping en ligne, PDG et cofondateur du groupe, gerie collaborative d’entre- réseaux sociaux et messageries va même jusqu’à qualifier MICROSOFT Chiffre d’affaires : prise Teams de doubler son privées, divertissement, d’« opportunité » la crise pro- 35 milliards de dollars (+ 15 % sur nombre d’utilisateurs, à infrastructures de cloud pour voquée par le Covid-19. « Il y a un an) pour un bénéfice net de 75 millions. Enfin, l’activité faciliter le télétravail… Malgré beaucoup de choses à construire 10,8 milliards de dollars (+ 22 % par cloud de Microsoft, Amazon et l’explosion d’autres outils hors pendant des périodes comme rapport à la même période l’an Google, les trois leaders mon- de leurs écosystèmes (Zoom celle-ci, donc plutôt que de frei- dernier). n diaux, a explosé. « Nous venons pour les visioconférences, ner à fond comme beaucoup d’assister à deux ans de trans- ­ pour le streaming d’entreprises pourraient le formation numérique en deux vidéo…), les Gafam sont sur faire, c’est important de conti- mois », a déclaré Satya Nadella, tous les fronts. nuer à investir », a estimé le le patron de Microsoft. Par conséquent, leurs résul- jeune milliardaire fin avril. Le commerce en ligne n’a pas tats financiers du premier tri- Même tendance pour les ser- été en reste. Amazon, cham- mestre 2020, publiés courant vices en ligne de divertisse- pion mondial de l’e-commerce, LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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ÉPARGNÉS PAR LE CORONAVIRUS Les géants du Net devraient traverser la zone de turbulences économiques post- Conséquence : les investisse- depuis 2019. Une version fina- tion aux géants du digital en Covid-19 sans problème ments avec prise de participa- lisée devait voir le jour en 2020 parce que c’est une ques- grâce à la diversification tion des Gafam ont déjà octobre pour une application tion de justice ». de leurs activités. « atteint un niveau record au effective à compter de 2021. A défaut d’accord internatio- [DAVID HIMBERT/HANS LUCAS] cours du deuxième trimestre Pour que le projet soit adopté, nal, le gouvernement souhaite 2020 », dépassant les mon- un accord politique est néces- donc appliquer sa « taxe Gafa » tants déboursés sur la totalité saire entre les 137 pays nationale, adoptée en juillet de l’année 2019, selon une note membres du groupe de travail 2019. Les prélèvements de d’analyse publiée début mai de l’OCDE sur le sujet. Mais les cette taxe, suspendus en 2020 par le cabinet américain. Pour États-Unis ont déclaré mi-juin Fin avril, le pour tenter d’adoucir les négo- les Gafam, 2020 est pour l’ins- vouloir « faire une pause [dans cofondateur ciations avec les États-Unis, tant « une année record malgré les négociations] » en raison de Facebook, pourraient donc être rétablis. l’épidémie du coronavirus », de la pandémie du Covid-19. Si Mark Zuckerberg, C’est justement ce que redoute poursuit l’étude. l’OCDE a appelé les autres n’a pas hésité le secrétaire général de Côté Bourse, les Gafam ont membres à poursuivre les à qualifier l’OCDE, Angel Gurria, pour qui connu quelques turbulences, négociations, la perspective de d’« opportunité » la multiplication de mesures mais ils ont rapidement trouver un accord d’ici la fin la crise liée au unilatérales ne fera qu’ac- renoué avec leurs perfor- de l’année s’est réduite comme Covid-19. Ici, à la croître les tensions commer- mances exceptionnelles peau de chagrin. Bruno Le MSC de Munich, ciales internationales, dans d’avant-crise. Le titre Amazon Maire a déclaré vouloir « appli- en février. une économie mondiale déjà a pris 30 % depuis janvier, quer quoiqu’il arrive une taxa- [CHRISTOF STACHE/AFP] en panne. n pour atteindre la valorisation astronomique de 1 340 mil- liards de dollars le 26 juin ! Les cours de Google, Apple, Face- book et Microsoft ont, pour leur part, grimpé respective- ment de 5 %, 15 %, 11 % et 18 % en Publi-rédactionnel six mois. Leurs valorisations s’établissent à la fin du semestre autour de 1 500 mil- liards de dollars pour Apple et Microsoft, 930 milliards de dollars pour Google et 615 mil- liards de dollars pour Face- book. À titre de comparaison, le 29 juin, la valorisation cumulée des cinq géants attei- gnait 5 905 milliards de dol- a dû recruter massivement lars, soit presque un tiers (!) pour répondre à la hausse des de la valorisation du Nasdaq, AGRICA PRÉVOYANCE, commandes, entraînant une composé de… 2 250 valeurs. chute de 30 % de son bénéfice Une nouvelle référence net à 2,5 milliards de dollars au QUID DE LA TAXATION de la protection sociale cours du premier trimestre. DU NUMÉRIQUE ? Ainsi, l’ogre du commerce en Ces performances hors normes collective des entreprises ligne a créé 175 000 emplois rien relancent logiquement les qu’aux États-Unis en mars et débats sur la nécessité d’une agri, agro et affinitaires avril. Ce n’est pas le seul à inves- meilleure régulation des tir : Facebook a promis le recru- champions du Net. Alors que tement de 10 000 personnes la crise économique touche de d’ici à la fin de l’année, et a lancé plein fouet des pans entiers de mi-mai Facebook Shops, une l’économie, la question de la nouvelle fonctionnalité per- justice fiscale est plus que mettant aux marques de vendre jamais d’actualité. « Cette crise et d’encaisser directement sur montre que ceux qui s’en la plateforme. sortent aujourd’hui le mieux, ce Au-delà des recrutements, la sont les géants du numérique crise permet aussi aux Gafam simplement parce que leurs de faire des emplettes à bas prix. activités se poursuivent y com- Une protection sociale complémentaire Depuis le 11 mars, date à laquelle pris pendant la crise, et pour- l’OMS a déclaré le coronavirus tant ce sont les moins taxés », a dédiée à vos salariés comme pandémique, Facebook ainsi déclaré le ministre de a investi 5,7 milliards de dollars l’Économie Bruno Le Maire, dans le premier ­opérateur télé- courant mai. AGRICA PRÉVOYANCE accompagne, par- Présent aux côtés des entreprises et salariés coms indien, Reliance Jio, et Mais la crise et l’urgence de tout en France, les entreprises des secteurs depuis près de 70 ans, AGRICA s’appuie sur dans le cabinet de conseil Tech mesures de soutien secto- agricole, agroalimentaire et affinitaire. son expertise de la protection sociale et du Matters. De son côté, Amazon rielles à l’économie, font pas- monde agricole pour les accompagner dans a investi 3,8 millions de dollars ser les initiatives de régulation Organisme paritaire, AGRICA PRÉVOYANCE la mise en place, la gestion et l’évolution de dans la plateforme indienne du numérique au second plan apporte aux salariés du secteur des solu- cette couverture sociale. BankBazaar et 15 millions de de l’agenda politique. Un pro- tions globales de protection sociale com- dollars dans Capital Float, jet mondial de taxation des plémentaire, grâce aux accords négociés Adhérer aux offres AGRICA PRÉVOYANCE, start-up de prêts aux PME. activités numériques des mul- par les partenaires sociaux, aussi bien en c’est s’assurer de bénéficier d’une couverture Fidèle à ses habitudes, Apple tinationales est en cours de prévoyance, en santé qu’en épargne re- conforme aux obligations réglementaires et a privilégié les acquisitions. préparation à l’Organisation traite. conventionnelles, au meilleur prix. Alors que la firme à la pomme de coopération et de dévelop- croquée a acquis quatre entre- pement économiques (OCDE) Vous souhaitez en savoir plus et suivre prises courant 2019, elle a déjà l’actualité d’AGRICA PRÉVOYANCE, mis la main sur quatre socié- connectez-vous sur groupagrica.com tés courant 2020, dont trois au cours de la crise du corona- virus (l’application météo 5905 Dark Sky, la start-up de recon- MILLIARDS DE DOLLARS naissance vocale Voysis et VALORISATION la plateforme de réalité vir- AGRICA PRÉVOYANCE représente les institutions de prévoyance : CCPMA PRÉVOYANCE (SIRET 401 679 840 00033) et CPCEA (SIRET 784 CUMULÉE DES CINQ 411 134 00033), institutions de prévoyance régies par le code de la Sécurité sociale, et AGRI PRÉVOYANCE (SIRET 423 959 295 00035), tuelle NextVR). Apple « profite GAFAM, SOIT LE TIERS institution de prévoyance régie par le code rural et de la pêche maritime, soumises au contrôle de l’Autorité de Contrôle Prudentiel d’évaluations réduites des DE LA VALORISATION DU et de Résolution (ACPR), dont le siège se situe 4, Place de Budapest CS 92459 75 436 Paris Cedex 09 - Membres du GIE AGRICA entreprises en raison de la pan- GESTION (RCS Paris n°493 373 682) Siège social 21 rue de la Bienfaisance 75008 Paris - Tél : 01 71 21 00 00 - www.groupagrica.com. NASDAQ, COMPOSÉ DE Crédits Photos : jeffbergen ; Mitchell Bryson. démie pour les acheter à bas 2 250 VALEURS. prix », analyse CB Insights.

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Lorsque des technologies intrusives Félix Tréguer, membre fondateur de la Quadrature du Net sont déployées de manière excep- tionnelle, cela facilite-t-il leur accep- tation sociale hors période de crise ? Et ­pourra-t-on revenir en arrière ? « Une société de surveillance déshumanisante Avec la prolifération de l’informa- tique et des objets connectés, une est en train de nous être imposée » société de la surveillance déshuma- nisante et antidémocratique est en train de nous être imposée. Au-delà des nouvelles technologies de surveil- LIBERTÉS Drones, reconnaissance Les crises amplifient toujours des à une rhétorique de l’exception pour logies de surveillance alors qu’ils ne lance dont le déploiement a été ampli- faciale, caméras thermiques... Des tech- biais civilisationnels préexistants. justifier l’accélération de déploie- l’auraient peut-être pas accepté dans fié au cours de la crise, nous avons nologies intrusives ont été déployées Or, l’informatisation de nos sociétés ment de technologies de surveillance un contexte normal ? assisté à une accélération de cette au cours de la pandémie de Covid-19 est un phénomène majeur depuis qui existaient déjà, mais qui étaient C’est évident, et c’est le danger du société sans contact, avec des inter­ dans le monde. Félix Tréguer, cher- plus d’un demi-siècle, notamment extrêmement controversées. solutionnisme technologique. Nous actions à distance. Cela a pu sembler cheur au CNRS et fondateur de la Qua- pour répondre à des problématiques Le cas des drones est très révélateur. avons connu une période de privation extrêmement pratique, mais, là drature du Net (association de défense sociales. Elle a transformé les pro- Les forces de police ont utilisé les de libertés extrêmement forte avec encore, cela va multiplier les formes des droits et libertés des citoyens sur cessus bureaucratiques et donc, la drones en France pour contrôler le le confinement. En parallèle, les dis- de contrôle social. Par exemple, le le Web) met en garde contre le « solu- gestion des crises sanitaires. respect des obligations de confine- positifs de surveillance et de contrôle télétravail a souvent été accompagné tionnisme technologique » et ses dégâts Le point commun entre la lutte ment, alors que jusqu’ici ils ne social sont rendus désirables par les d’outils pour surveiller à distance les sur le contrat social. ­antiterroriste et les déploiements devaient servir qu’à la surveillance pouvoirs publics en offrant un pré- salariés. La surveillance a donc pris PROPOS RECUEILLIS PAR ANAÏS CHERIF techno-­sécuritaires pour des raisons des manifestations. Ce nouvel usage tendu surcroît de praticité pour les des allures très diverses. sanitaires est le contexte de crise. La a été réalisé sans cadre juridique adé- utilisateurs. Par exemple, l’applica- La réponse doit être collective. Il faut Des technologies de surveillance ont peur et la sidération des citoyens quat, et c’est pour cette raison que le tion de traçage StopCovid – en dépit freiner l’innovation technologique été déployées, notamment en France, favorisent les réactions politiques Conseil d’État a suspendu leur utili- de nombreux problèmes techniques tous azimuts et déconstruire le mythe pour suivre la propagation du corona- rapides qui permettent aux États de sation en mai. et éthiques – a été présentée comme d’une technologie qui apportera des virus. Des États ont même étendu des s’émanciper d’un cadre juridique de une arme pour se protéger de l’épi- solutions durables aux probléma- moyens juridiques réservés à la lutte droit commun. Soit en s’appuyant sur En période de crise, certains droits fon- démie. Le gouvernement joue sur une tiques politiques de nos sociétés. Nous antiterroriste pour légaliser certains des interprétations juridiques damentaux, comme la liberté d’aller forme d’acculturation à la surveil- devons aussi résister à cette fuite en dispositifs, comme la géolocalisation laxistes et lacunaires, soit en recou- et venir, peuvent être drastiquement lance. Le fait de se surveiller et d’être avant d’une société sans contact, pour des smartphones. Pourquoi existe-il rant à des législations d’exception réduits. Cela a été le cas au cours tracé est rendu ludique, permettant sortir de cette crise en ayant le désir cette tentation politique du recours à lorsqu’un état d’urgence est décrété. du confinement. Cela pousse-t-il les à ce genre de dispositifs de s’imposer de retrouver une façon plus charnelle la technologie en temps de crise ? Les gouvernements recourent donc citoyens à tolérer in fine des techno- de façon extrêmement douce. de faire société. n LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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La crise sanitaire envoie de mauvaises ondes sur la 5G TÉLÉCOMS Le lancement de la future génération de communication mobile a été chamboulé. Son utilité et son impact sur la santé et l’environnement font de plus en plus débat.

PIERRE MANIÈRE

épidémie de Covid-19 a semé la zizanie. Avant la crise, l’ar- ’rivée de la 5G en France était toute tracée. Les fréquences dédiées à cette nouvelle tech- Lnologie de communication mobile devaient être attribuées aux opéra- teurs au printemps. Dans la foulée, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free devaient en débuter le déploie- ment et lancer de premières offres dans au moins deux villes d’ici à la fin de l’année. Mais la crise sanitaire a tout chamboulé. Les enchères pour les fré- quences 5G, prévues fin avril, n’ont pas pu se dérouler comme prévu. Surtout, des questionnements concernant l’uti- lité de la 5G, sa dangerosité pour la Manifestation santé et son impact sur l’environne- anti-5G à ment, ont surgi. Nantes. De fait, à quoi bon se presser à déployer, Associations à coups de milliards d’euros, cette tech- et citoyens nologie alors que dans les campagnes, s’inquiétent de nombreux bourgs et villages ne dis- d’un posent toujours pas de téléphonie déploiement mobile ? Ce problème des inégalités jugé d’accès au numérique n’est pas nou- dangereux. veau. Mais il est devenu ultrasensible [ESTELLE RUIZ/NURPHOTO] pendant le confinement. Contraire- ment aux habitants des villes, beau- Bouygues Telecom a clamé, en outre, Telecom et SFR, c’est parce que la 5G mis dans la roue de l’exécutif. Le régu- tieux, bien fait, bien conçu, bien calibré, coup de foyers ruraux ne pouvaient ni que la France ne pâtirait pas d’un va coûter très cher. En fréquences, lateur des télécoms a précisé que les a déclaré le chef de file de l’Arcep en travailler à distance, ni accéder aux report de lancement de la 5G. Selon d’une part, sachant que leur prix mini- enchères des fréquences 5G se dérou- conférence de presse le 16 juin. Je ne téléconsultations médicales, ni télé- Martin Bouygues, cette technologie est mum a été fixé à 2,17 milliards d’euros leraient entre le 20 et le 30 septembre. crois pas à la capacité du secteur de charger des cours pour les enfants ou « loin d’être mature », et ne servira, au par l’État. Et d’autre part, en déploie- Mais désormais, les opérateurs ne faire beaucoup plus que le New Deal. » faire leurs courses en ligne. En paral- début, qu’à écouler plus de trafic ments d’antennes à travers tout seront plus contraints d’offrir, ni de En revanche, la question de l’impact lèle, la 5G a été accusée de tous les mobile dans les grandes villes. « Pour l’Hexagone. Dans sa tribune, Martin déployer, un service 5G dans au moins de la 5G et des réseaux télécoms sur maux. En Grande-Bretagne, des com- le grand public, les usages potentielle- ­Bouygues a d’ailleurs appelé à une deux villes d’ici à la fin de l’année. Pas l’environnement préoccupe l’Arcep. plotistes ont brûlé des pylônes de télé- ment innovants n’arriveront pas avant révision du prix des fréquences. « Les question, souligne l’Arcep, de mettre « À ce sujet, nous voulons ouvrir un nou- phonie, accusées de propager le virus. 2023 ou 2024 », a-t-il lancé. Il est vrai opérateurs télécoms peuvent-ils rai- le couteau sous la gorge des indus- veau chapitre de la régulation, a indi- En France, des antennes ont aussi été que ce n’est qu’à cet horizon que la 5G sonnablement acheter des fréquences triels. Libre à SFR et à Bouygues Tele- qué Sébastien Soriano. La 5G agglo- détruites. Le tout sur fond d’inquié- disposera notamment d’une très faible dont les prix de base ont été fixés au com de ne pas proposer tout de suite mère plusieurs craintes. Certaines sont tudes de certaines associations, latence, c’est-à-dire la réponse du début de l’année, en pleine euphorie cette technologie si elle ne constitue peut-être exagérées : par le passé, le comme Agir pour l’environnement et réseau lorsqu’on le sollicite. Une carac- économique, alors que la croissance pas, à leurs yeux, une priorité. secteur des télécoms a réussi à contenir Priartem, qui redoutent les effets de la téristique très attendue dans des pour 2020 s’annonce à – 8 % ? », a lancé sa consommation énergétique... Néan- 5G sur la santé et l’environnement. domaines comme la voiture autonome, le dirigeant, avant que Bercy ne révise DES CRAINTES JUGÉES moins, ces préoccupations sont légi- les usines connectées ou les opérations ce chiffre à – 11 %. LÉGITIMES PAR L’ARCEP times. » L’Arcep a ainsi lancé une UNE TECHNOLOGIE chirurgicales à distance. Face à cet intense lobbying de En matière de couverture 4G, notam- « plateforme de travail » ouverte à tous « LOIN D’ÊTRE MATURE » Lors d’une audition au Sénat, le ­Bouygues Telecom et de SFR, le gou- ment dans les zones blanches, pas les acteurs économiques, politiques et Dans ce contexte, certains opérateurs 10 juin, l’état-major de Bouygues Tele- vernement a répondu de manière question non plus de lancer un nou- associatifs. Son objectif est de récolter ont appelé le gouvernement et l’Arcep, com en a remis une couche. Martin ferme. Agnès Pannier-Runacher, la veau programme. Et encore moins de un maximum d’informations sur l’im- le régulateur des télécoms, à revoir le Bouygues a argué qu’un report des secrétaire d’État à l’Économie, a le financer soit en baissant le prix des pact environnemental des réseaux, calendrier d’arrivée de la 5G. À la dif- enchères permettrait, aussi, de ne pas déclaré, début juin, qu’il était hors de enchères 5G, soit en rognant les obli- puis d’élaborer des outils de mesures férence d’Orange et de Free, qui sou- « escamoter le débat » sur les risques question que la France prenne davan- gations de déploiement de cette nou- fiables (des « baromètres verts ») et de haitent lancer la 5G sans traîner, SFR liés aux ondes et sur l’impact environ- tage de retard dans le déploiement de velle technologie. Sébastien Soriano a partager des bonnes pratiques. et surtout Bouygues Telecom ont nemental de la 5G. Directeur général la 5G. La ministre a plaidé pour des rappelé que les opérateurs sont déjà Bercy, de son côté, a lancé une mission demandé un report des enchères de délégué de Bouygues et président de enchères en septembre, arguant que impliqués dans un programme, bap- pour répondre aux craintes sur la 5G. fréquences. Ce dernier souhaitait Bouygues Telecom, Olivier Roussat, a cette technologie était essentielle tisé « New Deal », visant à couvrir les Son objectif : faire le point sur les meil- repousser l’attribution fin 2020, voire même assuré que la 5G accroîtra sans « pour relocaliser et remuscler l’indus- zones blanches. « Ce projet est ambi- leures pratiques dans les pays qui ont début 2021. Le 22 mai, Martin Bou- nul doute la consommation énergé- trie ». Pas question, pour Bercy, que la déjà débuté les déploiements, et sur- ygues, le PDG de Bouygues Telecom, tique du secteur! D’après lui, il est vrai France décroche dans ce domaine, tout rassurer la population. Concer- dont les sorties dans la presse sont que cette technologie « permet de alors que « les États-Unis, la Chine et EN CHIFFRES nant la consommation énergétique, le rares, s’est fendu d’une tribune dans transporter des données avec moins la Nouvelle-Zélande font de la 5G un des gouvernement se veut confiant. En Le Figaro. À l’en croire, reporter les d’énergie ». Mais comme la 5G « aug- éléments de leur relance […] et appuient 2025, elle devra être équivalente à celle enchères de quelques mois permettrait mente considérablement les débits », sur l’accélérateur ». À en croire la d’aujourd’hui, ambitionne Bercy. au secteur d’accélérer la couverture et favorise ainsi les usages « data- secrétaire d’État, la 5G constitue une Reste que les ONG anti-5G, qui souhai- des zones blanches, où le mobile ne vores », la consommation d’énergie fondation essentielle à la compétitivité 2,17 Md€ taient un moratoire sur le déploiement passe pas. Quelques jours plus tard, des télécoms progressera forcément économique du pays dans les années PRIX MINIMUM POUR L’ACHAT de cette technologie fustigent une Richard Viel, le directeur général de « de façon importante ». Sur ce point, à venir. Agnès Pannier-Runacher a DE FRÉQUENCES 5G EN FRANCE, « surdité démocratique ». Présentée Bouygues Telecom, suggérait qu’un tel « nous n’avons pas la pierre philoso- également balayé l’idée d’une renégo- DONT LES ENCHÈRES DEVRAIENT depuis des années comme une révolu- programme pourrait être financé via phale », a-t-il renchéri. ciation du prix des fréquences. SE DÉROULER ENTRE LE 20 ET LE tion technologique, la 5G n’aura jamais une ristourne sur les fréquences 5G. Si le sujet préoccupe autant Bouygues Quelques jours plus tard, l’Arcep s’est 30 SEPTEMBRE SELON L’ARCEP. suscité autant de controverses. n PARTAGEONS L’ÉCONOMIE

TRANSMETTONS AUJOURD’HUI LE MEILLEUR POUR DEMAIN !

LUNDI 12 OCTOBRE 2020

STATION F 5 PARVIS ALAN TURING, 75013 PARIS

UN ÉVÉNEMENT #PartageonsLEconomie

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AVEC LE SOUTIEN DE LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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DIGITALISATION Même si le confinement a permis aux entreprises de généraliser le télétravail ou de dématérialiser les « process » internes, la crise économique pourrait conduire à ajourner les projets de réorganisation. La transformation numérique bientôt freinée dans son élan ?

SYLVAIN ROLLAND teurs, font face pour la plupart à une « En pleine crise, le principal risque est internes – sont repoussés à l’après- baisse brutale et parfois très impor- EN CHIFFRES que les entreprises cherchent surtout crise », confirme-t-il. Autrement dit, undi 15 juin, 9 heures, Élodie, tante de leur chiffre d’affaires, qui à réduire leurs coûts. La véritable si la société dans son ensemble a 42 ans, directrice associée dans impacte leur trésorerie. L’objectif est transformation, par exemple pour inté- gagné en trois mois plusieurs années un cabinet d’études nantais de donc de passer l’année plus que d’in- grer du collaboratif avec leur supply de maturité vis-à-vis du numérique, BTP, retrouve enfin son vestir. « Plus personne ne lance de pro- 10000 $ chain et leurs clients ou se doter d’une le chemin est encore très long. Autant bureau, après trois mois de jet de transformation numérique en ce vraie politique de gestion de la donnée, pour le secteur public – comme l’a ÉCONOMIE MENSUELLE Ltélétravail. « Une partie de moi est moment », affirme Philippe Raynaud, RÉALISÉE PAR UNE ENTREPRISE n’apparaît plus comme une urgence », montré le fiasco de l’Éducation natio- contente de revenir à la normale et de « country manager » France chez AMÉRICAINE EN EMPLOYANT déplore-t-il. Une analyse partagée par nale pour organiser l’enseignement retrouver physiquement mes collègues, PeopleDoc, qui fournit conseil et solu- UN SALARIÉ EN TÉLÉTRAVAIL Godefroy de Bentzmann, le président à distance – que pour le privé, pour mais certaines choses vont me man- tions de digitalisation aux entreprises de l’association professionnelle lequel se pose désormais la question quer. J’ai apprécié ne pas me presser le et organisations. ­Syntec Numérique. des moyens financiers. matin, j’ai travaillé de manière plus Pendant le confinement, cette Alors, que va-t-il rester de ce déclic ? efficace et sans interruption intempes- ancienne start-up passée sous pavil- LA CHUTE DE BARRIÈRES Des barrières psychologiques sont tive, dans une tenue confortable, et je lon américain a vendu de nombreuses PSYCHOLOGIQUES tombées, notamment autour de l’hé- me passerais bien des quarante minutes solutions de dématérialisation, « Il y a eu un déclic. Désormais, tout le bergement des données à distance de voiture matin et soir ! », confie-t-elle. notamment pour les fiches de paie ou monde a conscience que la transfor- dans le cloud, qui devrait, in fine, Pour cette cadre, le travail à distance pour signer des documents de mation numérique est une priorité, forcé, qui a débuté le premier jour du manière électronique. « Mais on parle mais la survie l’emporte sur l’investis- confinement, a été « très stressant au là de digitalisation, pas de transforma- sement. Tous les projets non considé- début, une respiration ensuite ». Stres- tion », relève Jean-Frédéric Réal, le rés comme vitaux – l’écologie, le socié- sant, car le télétravail n’était pas pra- directeur de l’innovation chez Scalian. tal, la transformation des process tiqué par cette entreprise d’une ving- taine de salariés. « Le patron n’y croyait pas, c’est un fervent partisan du présentiel, surtout pour une petite structure. Mais on n’avait pas le choix, donc on a installé Zoom et on s’est organisés différem- ment », explique-t-elle. Pendant deux semaines, il y a eu des « tâtonnements » au niveau du management. Trois employés ont dû acheter du matériel informatique, partiellement rem- boursé. Finalement, tout le monde a pris le pli. Mais c’est aussi parce que l’entreprise ne partait pas de zéro. OBJECTIF : PASSER L’ANNÉE Depuis deux ans, Élodie est chargée de la modernisation des process internes. « Nous avons un logiciel pour gérer la relation client et la facturation, et nous sommes tous sur la messagerie professionnelle Slack pour l’organisa- tion. J’étais en train de digitaliser les process RH et d’étudier l’hébergement dans le cloud juste avant le confine- ment », détaille-t-elle. Pour autant, la parenthèse du télétravail s’est refer- mée dès que possible. Et la poursuite de la transformation numérique est sur pause. « Pour l’instant, on préfère se focaliser sur les clients », justifie pudiquement l’employée. Effectivement, avec une contraction d’au moins 11 % du PIB cette année d’après les estimations provisoires de Bercy, la crise économique s’annonce profonde et violente. Les entreprises, de toutes tailles et dans tous les sec-

Une réunion en visioconférence. En deux mois, les sociétés ont gagné plusieurs années dans leur mutation numérique. [NICOLAS GUYONNET/HANS LUCAS/AFP] 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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11 000 et 12 000 dollars l’économie mation numérique l’un des piliers de [ La transformation représentée par employé pour un mois la croissance post-Covid-19. Dans une numérique de télétravail », note Lieven Bertier, lettre ouverte cosignée notamment directeur du marché Workplace chez par Tech In France et l’Alliance indus- bientôt freinée Barco ClickShare, une société spécia- trie du futur, Syntec numérique ? lisée dans les systèmes de visioconfé- appelle ainsi le gouvernement à lancer dans son élan ] rence. Mais le télétravail pose aussi de les « Grands Travaux de la tech », en nouveaux défis. De nombreuses entre- intégrant dans le futur plan de relance prises sont tombées dans le piège du des investissements massifs dans les « flicage » des employés, bien aidées technologies (Internet industriel, IA, par les technologies de surveillance 5G, robotisation…) pour moderniser vendues par des start-up sans scru- l’appareil productif français. Le docu- ­profiter à l’industrie du logiciel. pule. Les logiciels de mesure de la pro- ment insiste aussi sur la nécessité « ­L’accélération des usages numériques ductivité Teramind,­ VeriClock ou d’accélérer la modernisation de l’État a permis aux sceptiques du digital de ActivTrak, capables par exemple de et des collectivités locales. changer d’état d’esprit. Ils se sont aper- compter le nombre d’emails envoyés çus que le risque, notamment de sécu- ou de tracer l’activité de la souris de RÉARMEMENT TECHNOLOGIQUE rité, est inévitable, mais que les solutions l’ordinateur, ont explosé depuis la Dans la même veine, l’association en SaaS [hébergées dans le cloud, ndlr] mi-mars, notamment aux États-Unis. France Digitale, qui regroupe start-up ont beaucoup d’avantages », estime Tout comme Sneek, un logiciel qui De nombreuses entreprises ont profité des nouveaux outils mis à leur et investisseurs, a publié en mai un Philippe Raynaud, de PeopleDoc. prend automatiquement une photo disposition pour « fliquer » leurs salariés.[ISTOCK] « plan de redirection » pour pousser de l’employé toutes les cinq minutes l’État et les grandes entreprises à « se L’ACTIVITÉ SUIVIE À LA TRACE via sa webcam pour vérifier qu’il est à la gestion à distance des troupes, mandat. Les grands groupes retrouvent réarmer technologiquement ». Parmi Même si le « présentiel » est à nouveau bien devant son écran... pour laisser une plus grande part à aussi leurs silos entre les différentes les quinze propositions : investir à l’ordre du jour, le télétravail devrait Pour éviter ces dérives, de nombreux l’autogestion et à la responsabilisa- directions et la résistance naturelle 10 milliards d’euros sur deux ans pour aussi rester. Les retours d’expériences experts en transformation numérique tion, sans non plus donner aux salariés au changement d’une partie des accompagner la transformation du confinement montrent que s’il est pensent que le basculement dans le le sentiment de les abandonner. Pas employés », analyse Godefroy de numérique des grands groupes, réa- bien organisé, le travail à distance peut télétravail doit s’accompagner d’un si facile… « Maintenir le lien avec les Bentzmann, le président de Syntec liser une « révolution de la commande améliorer la productivité et le moral changement des pratiques managé- autres collaborateurs de l’entreprise Numérique. Pour cet entrepreneur, publique » en faveur des entreprises des troupes. Dans le « monde d’après », riales. Les chefs devront être formés est une des clés pour transformer dura- également CEO de la société de conseil innovantes, former au numérique il devrait aussi offrir des économies à blement l’essai du télétravail en France. en technologies Devoteam, les plus 100 % de la population, ou encore l’entreprise, malgré le coût d’équipe- Les outils numériques doivent être pen- susceptibles d’accélérer leur trans- créer un crédit d’impôt sur les ment des salariés en matériel infor- sés comme des espaces collaboratifs formation numérique post-Covid-19 dépenses de cybersécurité. matique et même en mobilier de « Il y a eu un déclic. inspirants, et non pas aggraver le sen- sont les TPE-PME. « J’ai plus confiance Contacté par La Tribune, le secréta- bureau. Ainsi, une entreprise qui orga- timent d’isolement de certains », met en l’agilité et en la capacité de rebond riat d’État au Numérique, piloté par niserait une rotation de ses employés La transformation en garde Lieven Bertier. des TPE-PME, car ce sont des entre- Cédric O, « prend note » de ces pro- sur place pourrait transformer ses numérique est désormais Pour l’heure, les professionnels du preneurs. Par contre, il faut les aider, positions, dont certaines ont « cer- locaux pour réduire le nombre de numérique s’inquiètent surtout du car ils sont plus fragiles financière- tainement » vocation à intégrer le postes de travail et donc faire des éco- une priorité, mais retour des verrous traditionnels ment, en poursuivant les aides d’État grand plan de relance de septembre. nomies sur son loyer. la survie l’emporte d’avant-crise. « Les lourdeurs qui et en mobilisant les Régions », affirme- « Il y a un frémissement, mais il faut « On peut anticiper l’essor de travail- freinent la transformation sont tou- t-il. Pour les fédérations profession- un coup de pouce politique pour que leurs hybrides, combinant travail à sur l’investissement » jours là, notamment pour le service nelles du numérique, le grand plan de la transformation numérique du pays domicile et travail au bureau. Aux GODEFROY DE BENTZMANN, public. C’est une énorme machine qu’il relance de l’économie prévu pour et des entreprises soit au cœur de la États-Unis, des analystes estiment entre PRÉSIDENT DE SYNTEC NUMÉRIQUE sera difficile de faire bouger en fin de septembre doit faire de la transfor- relance », résume-t-il. n

Lieven Bertier, directeur du marché Workplace chez Barco ClickShare, pronostique « l’essor de travailleurs hybrides combinant travail à domicile et travail au bureau ». [MEDIUM] LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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À l’ère du virus, une vie de bureau reconfigurée IMMOBILIER Après trois mois de télétravail généralisé, les professionnels du secteur s’interrogent sur l’évolution des espaces à proposer aux salariés.

CÉSAR ARMAND Cela mérite réflexion », appuie Law- France, gestionnaire d’actifs, inves- rence Knights, cofondateur de Kwerk tisseur et promoteur. Interrogé sur la uel que soit l’âge du et concepteur du classement Well- possibilité de créer une telle certifi- salarié, son bureau being [bien-être, ndlr]. cation, le président du label Certivéa « idéal, demain, sera un « Il s’agit d’en finir avec les deux heures et administrateur de l’alliance Haute mix entre un peu plus de bouchons quotidiens pour finir entre qualité environnementale (HQE), de télétravail et de quatre murs. C’est la fin du bureau, tel Patrick Nossent confie son scepti- l’openQ space avec postes de travail qu’il a toujours été conçu jusqu’à cisme : « Nous privilégions les affectés, où l’on peut décider de la dis- aujourd’hui », assène de son côté Flo- démarches plus holistiques en faveur tance », assure l’économiste Ingrid rian Delifer, le dirigeant d’OfficeRi- de la qualité de vie au travail ou du Nappi, professeure à l’Essec, titulaire ders, une jeune pousse qui propose développement durable des bâtiments, de la chaire Workplace Management des activités de team-building (cours réplique-t-il, dans lesquelles la qualité et autrice d’une enquête sur de cuisine, de théâtre, d’improvisa- de l’air intérieur est l’un des critères » 800 employés de bureaux. « Tous les tion) et de bien-être (méditation, yoga, parmi d’autres, comme le confort salariés veulent monter d’un grade en massage, sport) à des entreprises vou- thermique d’été. termes d’espace de travail : ceux qui lant aérer leurs équipes dans des lieux Avec EDF, son deuxième preneur à sont en flex office veulent travailler en atypiques. bail derrière Orange, et l’incubateur open space, ceux en open space veulent Impulse Partners, le gestionnaire un bureau partagé, ceux en bureau RÉPONDRE AU DÉFI foncier Covivio vient, lui, de lancer partagé espèrent un bureau privatif », DE LA QUALITÉ DE L’AIR un appel à projets baptisé Air Quality ajoute-t-elle. La crise du Ne serait-ce que pour des raisons de Challenge [relever le défi de la qualité « La crise sanitaire et le confinement Covid est santé publique, le sujet de la qualité de l’air] pour dénicher « une solution ont été un révélateur de la possibilité l’occasion de l’air intérieur va effectivement (re) robuste déjà éprouvée ». « Entre un de se passer non seulement d’un pour les devenir une priorité pour tous les capteur posé sur une table et un appa- bureau en tant que pièce de travail acteurs de propriétaires et locataires. « Cela va reil sur un toit, le temps de mesure et mais aussi des attributs du lieu de tra- l’immobilier demander un travail énorme tant sur de suivi des résultats est différent, de vail – salles de réunion, bibliothèque, d’entreprise de l’existant que sur les immeubles neufs, même qu’il ne devra pas s’agir d’une dossiers papier, téléphone fixe… », repenser la l’air recyclé des bureaux favorisant la solution qui augmente le bilan éner- renchérit l’avocate Catherine Saint conception du propagation du coronavirus. Sur le gétique du bâtiment », précise son Geniest. « Si nous savons ne pas lieu de travail. modèle des labels d’efficacité énergé- directeur de l’innovation Philippe retomber dans les habitudes [ISTOCK] tique, peut-être peut-on déjà imaginer Boyer, qui imagine déjà quelque anciennes, c’est une formidable oppor- un label sanitaire. Ce sera majeur pour chose comme les algues qui aspirent tunité de faire évoluer l’utilité et l’at- geon, le directeur général de la Société création de « tickets bureaux » sur le attirer les talents et les conserver », les microparticules fines et le CO2. trait des espaces de bureaux du de la tour Eiffel, une foncière spécia- modèle des tickets resto. Pour les déclare par exemple Xavier Musseau, Le promoteur Altarea Entreprise XXIe siècle, qui doivent devenir des lisée dans les bureaux dans le Grand défenseurs du home office, « la ques- directeur général exécutif d’Hines mise, pour sa part, sur « la convivia- espaces conviviaux de travail en Paris. tion : “Où êtes-vous ? n’importe plus. lité et le confort, notamment pour les équipe, destinés à favoriser les syner- “Que réalisez-vous ? prédomine désor- espaces extérieurs ». « Le confinement gies pendant une partie du temps de UN « TICKET BUREAU » SUR mais », explique Ulysse Dorioz, direc- « Peut-être peut-on va très certainement développer le travail », poursuit cette responsable LE MODÈLE DU TICKET RESTO teur de la transformation à la Région déjà imaginer un label besoin d’espaces ouverts. Ce besoin du pôle immobilier chez Jeantet. De la même manière, « un jour de télé- Île-de-France et copilote de la politique d’air frais va rester », prédit son pré- D’autant que les bureaux n’ont pas travail, c’est vivable, deux jours, vous des bureaux au nouveau siège de Saint- sanitaire. Ce sera majeur sident Adrien Blanc. Consultant asso- (encore) signé leur arrêt de mort. « Ils tournez en rond chez vous », rappelle Ouen avec la DRH Fabienne Chol. « Un pour attirer les talents cié en bureaux flexibles chez Savills ont une valeur et une signification, ils Clément Alteresco, président-fonda- poste de travail au bureau coûte entre Francs, Cédric Chirouze ne dit pas symbolisent l’image d’une entreprise teur de Morning (groupe Nexity). 10 000 et 15 000 euros, quand une bonne et les conserver » autre chose : « Les commerces et l’hô- forte, une entreprise à laquelle on peut « Nous demeurons des animaux connexion Internet chez soi grâce à la XAVIER MUSSEAU, tellerie ont beaucoup de choses à nous s’identifier », souligne Thomas Geor- sociaux ! », insiste celui qui défend la fibre optique coûte 500 euros maximum. DIRECTEUR GÉNÉRAL EXÉCUTIF D’HINES FRANCE apprendre. » n

Chez soi, une irrésistible envie de pousser les murs

LOGEMENT Balcons, terrasses, jar- Alexandra François-Cuxac, la prési- bilier des réseaux France de la Société ainsi Jeanne Massa, cofondatrice sident-fondateur d’Habx (500 appar- dins, pièces en plus sont les éléments dente de la Fédération des promo- générale et président de Sogeprom. d’Habiteo (500 clients). tements personnalisés en 2019). qui ont le plus manqué aux Français teurs immobiliers de France (FPI). « L’augmentation du coût du foncier « Les cinquante dernières années de « Revenons à de la simplicité, au loge- vivant en appartement. Et si demain « Avoir un espace pour travailler, ça en zone tendue et des coûts de construc- production ont créé des logements ment comme abri polyvalent évolutif, tout pouvait changer ? peut être un sujet de gestion des tion implique que les pouvoirs publics arrivés à leur paroxysme de l’in­ mutable au gré des journées, des sai- espaces communautaires, comme le viennent rapidement en aide à la filière conséquence. Les années 2020 seront sons, des événements extérieurs », rez-de-chaussée et/ou un bureau par- immobilière pour loger plus de familles l’ère de la personnalisation », assène conclut l’architecte Maud Caubet, « Quelle que soit la porte que l’on tagé à chaque niveau, voire un réseau à coût maîtrisé en tirant tous les ensei- de son côté Benjamin Delaux, pré- prix d’architecture 2019. n C. A. pousse, famille, intimité, travail, wi-fi commun. Il y a beaucoup de gnements durables du confinement », confort, ce qui manque le plus, c’est choses à imaginer », ajoute-t-elle. exhorte-t-il encore. l’espace. Intérieur et extérieur », écrit « Il est difficile de concevoir des l’ex-journaliste Catherine Sabbah, grands logements abordables dans les CRÉER « UN ABRI autrice de l’enquête « Aux confins du grandes villes. Nous aimerions tous POLYVALENT ÉVOLUTIF » logement » réalisée auprès de en faire pour répondre à cette Déplacer la cloison, ajouter/retirer 8 000 personnes dans le cadre de l’Ins- demande de toujours plus de télétra- des prises électriques… Des jeunes titut des hautes études pour l’action vail et de toujours plus d’espace », pousses le proposent déjà aux acqué- dans le logement (Idheal). Qui n’a renchérit Nordine Hachemi, PDG de reurs de logements neufs. « Avec de La plupart des jamais rêvé en effet ces derniers mois Kaufman & Broad. « Ces tendances nouvelles envies et de nouveaux appartements d’un coin pour télétravailler ou juste sociétales de fond sont déjà prises en besoins côté acquéreurs, on peut vrai- actuels pour s’isoler ? « Quand on achète un compte par les promoteurs qui s’ef- semblablement penser que ce que nous manquent d’un logement, on n’achète pas que des forcent de les satisfaire, mais l’équa- venons de vivre va développer le loge- espace pour mètres carrés, mais des parties com- tion économique n’est pas simple », ment sur mesure, la coconception et la télétravailler munes, des voisins, un projet », estime insiste Éric Groven, directeur immo- configuration de logements », estime ou s’isoler. [DR] 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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La production agricole stagne alors que la population française a augmenté de 11 % et les circuits longs de distribution ont montré leur fragilité pendant le confinement.[SANDRA FASTRE/HANS LUCAS] Dans le « monde d’après », l’idée d’indépendance alimentaire revient en force AGRICULTURE Pour les professionnels du secteur, la crise du Covid-19 a démontré la nécessité de rebâtir la souveraineté agricole de la France. Mais la controverse fait rage sur la meilleure façon d’y parvenir.

GIULIETTA GAMBERINI de la France est d’ailleurs un vieux rigation et d’utilisation de produits régionales, la déforestation importée, dépens de l’environnement et de la sujet de préoccupation. Selon le phytosanitaires par rapport aux pays l’agriculture intensive et la chute pro- destruction des productions locales. u moins autour de ce sujet, WWF, la filière des protéines végé- voisins sont citées par la FNSEA gressive des rendements due à l’ap- Une vision très différente du « prin- la crise du coronavirus a tales en est particulièrement emblé- parmi les freins à lever, avec la fisca- pauvrissement des sols. Elles mettent cipe d’exportations à bas coûts qui créé, en apparence, un matique. Chaque année, 4,8 millions lité et le coût du travail. plutôt en avant la nécessité de déve- sous-tend la solidarité » internationale consensus. En France, le de tonnes de soja sont utilisées pour lopper l’agroécologie : « un modèle de promue par la FNSEA. « monde d’après » ne pourra nourrir des animaux consommés en DES ONG PRÔNENT polyculture et d’élevage permettant de L’ensemble des acteurs s’accordent Aplus négliger l’enjeu de la souverai- France – élevés dans l’Hexagone ou à L’AGROÉCOLOGIE reconnecter l’agriculture avec les res- néanmoins sur quelques points. La neté alimentaire. Emmanuel Macron l’étranger. Or, la France n’en produit Dès le début du confinement, sa pré- sources du territoire et les enjeux ali- transition devra être soutenue par lui-même, lors de son allocution du qu’1 million de tonnes, essentielle- sidente, Christiane Lambert, a d’ail- mentaires et environnementaux une juste rémunération des agricul- 13 avril, a reconnu le besoin de « rebâ- ment réservées à l’alimentation leurs insisté sur la nécessité d’une locaux », résume Nicolas Girod, teurs. Ella impliquera de relocaliser tir une indépendance agricole […] fran- humaine. Le déficit français de pro- production nationale « massive », en porte-parole de la Confédération pay- et d’adapter aussi l’industrie de trans- çaise ». Sept organisations cardinales téines végétales – destiné à croître au critiquant les soutiens à une montée sanne. Une transformation qui doit formation alimentaire. Surtout, ce du secteur, dont la Fédération natio- niveau mondial avec la hausse de la en gamme de la production agricole passer par une redécouverte de seront probablement les consomma- nale des syndicats d’exploitants agri- consommation globale – s’élève déjà française et à une réduction des sur- l’agronomie, « défi technique mais teurs qui, au final, arbitreront entre coles (FNSEA)*, ont publié le 6 mai à 37 %, calcule le directeur d’Agro­ faces cultivables au profit de la bio­ valorisant le lien avec le vivant ». les modèles. Les ONG les appellent dans L’Opinion un appel à « rebâtir ParisTech, Gilles Trystram. diversité. Selon un communiqué « Les politiques agricoles sont impor- ainsi à diminuer leur ration quoti- une souveraineté alimentaire » : un Si le Covid-19 a ainsi accéléré la publié fin avril par la FNSEA, la rési- tantes afin de soutenir une telle tran- dienne de protéines animales en enjeu « stratégique », « le chantier convergence des inquiétudes autour lience de l’agriculture française passe sition », souligne Arnaud Gauffier, faveur de celles végétales. « Les agri- d’une génération ». Et le ministre de de la dépendance alimentaire, le aussi par un assouplissement des directeur des programmes au WWF culteurs français vous attendent pour l’Agriculture, Didier Guillaume, a désaccord sur la notion de « souverai- contraintes réglementaires environ- France. Afin d’au moins doubler les consommer l’ensemble de leurs pro- annoncé en juin qu’une conférence neté » ainsi que sur les moyens d’y nementales. surfaces consacrées à la production duits », haut ou bas de gamme, mar- « à l’échelle européenne » consacrée à parvenir reste vif. Parmi les « fragili- Très différente est la recette proposée des protéines végétales en France, telait pour sa part, au début du confi- ce sujet sera organisée à Paris lors de tés structurelles » du système français, par les ONG environnementales, qui Pierre-Marie Aubert, chercheur en nement, Christiane Lambert. la rentrée prochaine. les signataires de l’appel publié par dénoncent le cercle vicieux entre la politiques agricoles et alimentaires à Lors d’une conférence organisée à L’Opinion insistent sur une produc- dépendance alimentaire, la spéciali- l’Institut du développement durable Paris à la rentrée, qui réunira UNE AGRICULTURE PLUS tion agricole qui depuis vingt ans sation des productions nationales ou et des relations internationales ministres européens et représen- PRODUCTIVISTE « stagne », alors que la population a (Iddri), propose par exemple de flé- tants des organisations agricoles, des Si l’inquiétude d’une pénurie ali- augmenté de 11 % et que le nombre cher les aides à la production prévues collectivités locales, des ONG et de la mentaire exprimée par les achats d’agriculteurs a baissé de 15 % en par la Politique agricole commune société civile, le gouvernement fran- compulsifs de pâtes des Français dix ans. Tout en s’engageant à « contri- (PAC) européenne. Il suggère égale- çais espère trouver un accord sur s’est révélée globalement infondée, buer à la lutte contre le réchauffement ment de rémunérer les services ren- cette notion et sur les priorités qu’elle les fragilités des circuits longs de climatique par le stockage du car- dus à l’environnement par les agri- implique. Elle « doit déboucher sur distribution ont en effet été mises à bone, le développement de la biodiver- culteurs qui cultivent ces protéines, des mesures très concrètes, rapide- nu par le confinement. Les ralentis- sité, l’utilisation raisonnée des intrants, EN CHIFFRES puisqu’elles contribuent à une meil- ment déclinables dans et avec les ter- sements dans les transports et la la relocalisation de certaines produc- leure gestion du cycle d’azote. ritoires », a-t-il promis, en évoquant logistique ont causé des difficultés tions et le développement de circuits la présentation à la même occasion d’approvisionnement. Le rajuste- de distribution plus courts », ils sou- LE RÔLE ESSENTIEL d’un plan spécifiquement consacré ment entre l’offre et la demande tiennent ainsi l’idée d’une agriculture DES CONSOMMATEURS aux protéines végétales. n exigé par l’arrêt de la restauration française davantage productiviste. 4,8 Pour les ONG, la réflexion autour de hors domicile a été laborieux. Dans Ils soulignent la nécessité d’investir MILLIONS DE TONNES DE SOJA la souveraineté alimentaire passe en * Les autres signataires sont : les Jeunes agriculteurs ; la Confédération nationale de la les villes et les campagnes, la rési- dans le développement des filières UTILISÉES TOUS LES ANS POUR outre par une remise en cause des mutualité, de la coopération et du crédit agricoles lience est surtout passée par le ren- de production françaises, avant de les NOURRIR LES ANIMAUX accords commerciaux de libre- (CNMCCA) ; la Coopération agricole ; la Fédération forcement des circuits courts. relocaliser. La taille des exploitations CONSOMMÉS EN FRANCE, échange, à l’origine de la spécialisa- nationale du Crédit Agricole (FNCA) ; Groupama Assurances Mutuelles ; la Mutualité sociale agricole Pour les ONG environnementales, la agricoles, plus petites qu’en Alle- ALORS QU’ELLE N’EN PRODUIT tion agricole nationale ou régionale, (MSA) ; l’Assemblée permanente des chambres dépendance alimentaire chronique magne, les différences des taux d’ir- QU’1 MILLION DE TONNES. de la production à bas coûts aux d’agriculture (Apca). LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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L’inquiétant retour du plastique et des objets jetables POLLUTION Malgré leur impact sur l’environnement et des avantages parfois illusoires, la plastification et le recours aux articles à usage unique pour des raisons sanitaires risquent de redevenir la norme, notamment dans les entreprises.

GIULIETTA GAMBERINI fontaines à eau et la distribu- lignent que les avantages sani- connus, ils risquent d’être dans toute l’Asie du Sud-Est, qui abandonnée dans la nature. Et tion de bouteilles, alors qu’elles taires du recours au plastique aggravés par la pandémie. abrite quatre des cinq princi- alors que la prise de conscience, asques, gants, mais maintiennent l’accès aux dis- et au jetable sont souvent illu- Certes, dans la plupart des pays, paux pollueurs plastiques de par les citoyens comme par les aussi bouteilles, tributeurs. Elles envisagent soires. « Une bouteille en plas- l’augmentation du volume des l’océan au monde. entreprises, de la nécessité de emballages, lin- une plastification des docu- tique est aussi manipulée qu’une déchets liés au recours accru Quant aux masques jetables, réduire la production de gettes... Les défen- ments en papier, voire des bonbonne d’eau », note Muriel aux produits jetables est diffi- leur utilisation par 60 millions déchets est récente et fragile, seurs de l’environ- parois en plastique entre les Papin. D’ailleurs, selon plu- cile à évaluer, puisqu’à cause de de Français au rythme de trois un retour massif au plastique Mnement s’inquiètent. Après les postes. Des préconisations qui sieurs études, le plastique et la pandémie d’autres facteurs par jour aboutirait à 330 000 et au jetable compliquerait avancées obtenues dans la lutte « risquent d’être surinterprétées l’acier sont les surfaces où le ont évolué : les déchets urbains tonnes de déchets plastiques en encore plus la mise en œuvre de contre la prolifération des par les entreprises, avec comme coronavirus reste infectieux le ont diminué avec la fermeture une année, chacun d’entre eux la directive européenne sur le déchets, notamment en 2019 conséquence l’achat massif de plus longtemps – même si des des magasins et des restau- pesant 5 grammes, calcule plastique à usage unique et de grâce à l’adoption de la directive matériel jetable », craint Flore doutes persistent sur le risque rants ; l’activité de nombreux Alexis Krycève, fondateur de la loi économie circulaire. européenne sur le plastique à Berlingen, présidente de Zero de transmission. Le ministère centres de tri a été suspendue l’agence Gifts for Change : plus « Nous demandons donc que l’en- usage unique, puis en 2020 Waste France. Pour l’associa- du Travail invite même à « por- pour protéger les salariés. que la consommation annuelle semble des paramètres sani- grâce à la loi économie circu- tion, « ce recours massif au ter une attention particulière nationale de bouteilles en plas- taires et environnementaux laire, l’épidémie va-t-elle ouvrir jetable dans le cadre du décon- [lors du nettoyage] aux surfaces DES DÉCHETS SOUVENT tique, qui est de 310 000 tonnes. soient pris en compte », plaide la voie à un retour massif du finement se fait par réflexe[...] en plastique et en acier ». NON RECYCLABLES Et ce, sans tenir compte des Flore Berlingen. « Tout comme plastique et des objets jetables ? , parce qu’il semble plus facile En revanche, les conséquences Mais selon la presse et les auto- emballages d’origine, ni des un plan de sauvetage écono- « Le recours au jetable [...] [...] et qu’il “rassure” ». Mais ce néfastes du plastique et des rités locales, en Thaïlande, le sacs en plastique où les masques mique sans transition écolo- semble se transformer en une lien entre hygiène et usage articles à usage unique sur la volume des déchets plastiques seront jetés. Or, ces déchets ne gique est impensable, il est nouvelle normalité », dénonce unique, « savamment entretenu santé sont désormais documen- a crû de 15 % pendant le confine- seront pas recyclables, ne absurde de penser le déconfine- Zero Waste France sur son site par des décennies de marke- tés. Quant à leurs dégâts envi- ment. Les écologistes craignent serait-ce que pour des raisons ment sans imaginer des proto- Internet. « Face à l’enjeu de ting », est aussi l’un des princi- ronnementaux, également bien que la situation soit la même sanitaires. Une partie est même coles et des modalités d’organi- réduire le risque de contamina- paux arguments du lobbying sation qui ne reposeraient pas tion, de vieux automatismes se entrepris, dès le début de la uniquement sur le jetable », note sont instantanément réactivés », crise, par les industriels de Zero Waste. Dans les entre- regrette l’association. l’emballage et du plastique. prises, il faudrait ainsi préférer Dès le 8 avril, l’association l’utilisation de matériel indivi- LE LOBBYING TRÈS ACTIF European Plastics Converters duel ou personnel (ordinateurs, DES INDUSTRIELS (EuPC), qui représente les inté- Si les comportements domes- rêts de l’industrie de la trans- tiques sont difficiles à prévoir, formation du plastique, a ainsi les ONG relèvent déjà de poten- écrit à la Commission euro- « Le lien tielles dérives du côté des péenne pour lui demander « la entreprises qui rouvrent leurs refonte ou le report de la direc- entre hygiène portes aux salariés. « Les recom- tive sur les plastiques à usage et usage unique mandations générales du minis- unique », en insistant sur « les tère du Travail sont équili- avantages des produits en plas- est savamment brées », analyse Muriel Papin tique et en particulier des appli- entretenu pour No plastic in my sea [Pas cations à usage unique dans les de plastique dans ma mer, ndlr]. moments difficiles que nous par des décennies « Elles insistent sur la distancia- connaissons ». « L’emballage tion sociale et sur le lavage des garantit un effet barrière, c’est de marketing » mains et des surfaces, réservent la première protection des pro- FLORE BERLINGEN, PRÉSIDENTE DE ZÉRO WASTE FRANCE les équipements de protection duits. La préservation des condi- individuels et les masques au tions sanitaires est aujourd’hui cas où les autres précautions ne encore plus qu’hier primor- seraient pas suffisantes, décon- diale », clamait dans un commu- téléphones, mais aussi gourdes seillent l’usage des gants. » Mais niqué diffusé le même jour et couverts), et la révision des les fiches métiers qui détaillent Françoise Andres, présidente procédés pour éviter que plu- le protocole « systématisent le d’Elipso, la fédération française sieurs personnes ne touchent recours au plastique et à l’usage des entreprises de l’emballage les mêmes objets. unique sans raisons explicites », en plastique souple. Les ONG restent aussi vigilantes s’alarme l’ONG. Elles recom- En France, le 3 avril, dans un face au risque de détricotage mandent souvent l’arrêt des courrier dévoilé par Le Canard des normes. Certes, le commis- enchaîné et Le Journal du saire européen à l’environne- dimanche, le Medef avait ment, , s’est demandé à la ministre de l’En- publiquement opposé au report vironnement, Élisabeth Borne, de la directive sur les articles à EN CHIFFRES « un moratoire sur la prépara- usage unique, et le ministère tion de nouvelles dispositions français de la Transition écolo- énergétiques et environnemen- gique et solidaire a promis que tales, notamment celles élabo- « rien de ce qui a été prévu et voté rées en application de la loi du ne sera changé ». Mais le carac- 330 000 10 février dernier relative à la tère plus ou moins vert du plan TONNES DE DÉCHETS lutte contre le gaspillage et à La production de déchets de relance annoncé en France PLASTIQUES POURRAIENT l’économie circulaire ». plastiques risque de s’étendre pour l’été fait l’objet d’une lutte ÊTRE PRODUITS EN UNE Les défenseurs de l’environne- à toutes les activités, et plus par lobbyings interposés. Et à SEULE ANNÉE SI CHAQUE ment reconnaissent que la pro- seulement au secteur Bruxelles, la véritable portée du FRANÇAIS JETAIT TROIS tection de la population face au hospitalier. [PHANIE BURGER/AFP] prochain Pacte vert européen MASQUES PAR JOUR. virus est prioritaire, mais sou- reste en suspens. n 83% DES FRANÇAIS SERAIENT

et des espaces verts, mais comment PRÊTS À BOIRE DE L’EAU POTABLE réagiraient les Français si l’eau du robinet provenait directement d’une station d’épuration, où elle aurait été traitée pour répondre à toutes les normes sanitaires ? Loin d’être farfe- lue, cette solution fonctionne très bien PRODUITE À PARTIR D’EAUX USÉES dans les pays qui subissent d’impor- tants défi cits hydriques : en Namibie

par exemple, la station de traitement VEOLIA MÉDIATHÈQUE de Windhoek transforme chaque jour PHILIPPE SÉBERAC 21 000 m3 d’eaux usées en eau potable DIRECTEUR TECHNIQUE & pour alimenter la capitale et ce, depuis près de quarante ans, en toute sécurité SCIENTIFIQUE DE VEOLIA Depuis un an, la question de la sanitaire… disponibilité de l’eau cristallise les LA RÉUTILISATION DE L’EAU RÉUTILISÉE ET D’EAUX USÉES S’IMPOSE inquiétudes environnementales et TRAITÉE AU ROBINET ? NATURELLEMENT sanitaires des Français. Aux craintes Alors, sommes-nous prêts à dépasser nos liées au réchauffement climatique et à craintes et nos tabous pour oser utiliser Face à la multiplication des une eau recyclée au quotidien ? Pour épisodes de sécheresse en la pollution est venue s’ajouter la prise l’écrasante majorité des sondés, la France, quelles sont les solutions réponse est positive, mais tout dépend pour préserver les ressources de conscience que l’eau du robinet évidemment des usages. Tant qu’il n’y a naturelles en eau ? était essentielle pour se protéger pas de contact direct, plus de 87% Il n’y a pas de solution unique, seraient d’accord pour remplir leur mais un assemblage de solutions des pandémies. Des préoccupations chasse d’eau, mais aussi pour laver leur au cas par cas. La première grandissantes qui pourrait faire évoluer voiture ou arroser leurs plantes vertes. consiste à optimiser la consom- S’il s’agit de se baigner dans une eau mation, pour ne pas perdre d’eau les mentalités et les pratiques plus réutilisée, que ce soit dans une piscine inutilement. Il faut ensuite municipale ou dans sa propre piscine, envisager les possibilités de rapidement que prévu, comme le montrent plus de deux Français sur trois sont prêts stockage, dans des retenues ou les résultats du cabinet d’études Elabe en à faire le grand plongeon... Et contre dans les nappes phréatiques, afin toute attente, ils sont encore 59% à d’anticiper les phénomènes de exclusivité pour La Tribune. ISTOCK accepter de prendre une douche et de se sécheresse. Enfin, la réutilisation laver les dents avec une eau traitée : un d’eaux usées s’impose naturelle- chiff re impensable il y a quelques années ment : pourquoi acheminer de encore ! « Ce résultat est très encoura- l’eau usée traitée pour la rejeter geant, confi rme Philippe Séberac, Direc- dans l’environnement alors que histoire retiendra peut- cinq devra faire face à de sévères vert le rôle de l’hygiène dans la pré- DES SOLUTIONS confrontée à un frein psychologique alternatives pour préserver les res- d’épuration fournissent l’eau qui sert teur Technique & Scientifi que de Veolia . nous pouvons la traiter un peu être l’année 2019 comme pénuries d’eau au cours des vingt pro- vention des épidémies. Plus étonnam- DÉDAIGNÉES JUSQU’À connu sous le nom de « facteur beurk», sources naturelles est en eff et devenue à nettoyer les réseaux d’assainisse- Il prouve que les citoyens ont une réelle plus et l’utiliser localement pour celle du réveil écologique chaines années, 92% des sondés se ment, les restrictions d’eau, qui ont AUJOURD’HUI… ou « yuck factor » en anglais. Une un enjeu prioritaire pour sécuriser la ment tandis qu’à Pornic, l’eau recyclée confi ance dans les techniques d’épura- irriguer les cultures ? et de la prise de conscience disent préoccupés par la pollution des touché 86 départements l’été dernier, expression très parlante pour décrire production agricole hexagonale, mais sert à maintenir une zone humide tion et qu’ils sont prêts à changer leurs ’ des conséquences océans, des rivières et des lacs, 87% 87% font même craindre à près d’un Fran- Pourtant toutes les solutions techno- la réaction instinctive d’une population aussi pour améliorer le cadre de vie urbaine fraîche appréciée des habi- habitudes quotidiennes pour répondre Ces techniques d’épuration concrètes du réchauffe- par la raréfaction des ressources et çais sur deux un risque de pénurie logiques existent depuis longtemps quand on lui propose de boire une eau des citadins en développant les tants et des touristes… « Ces utilisa- aux problématiques environnementales sont-elles innovantes ? ment climatique. Les épi- 84% par les risques de sécheresse. des Français sont convaincus de d’eau potable au robinet. Cette situa- pour résoudre le problème de la dispo- potable produite à partir d’eaux usées. espaces verts et en off rant des solu- tions du REUT sont très bien perçues actuelles. » Au contraire, elles existent depuis sodes de canicule, les Plus récemment, l’importance de l’ac- l’utilité de la production d’eau tion extrême ne s’est pourtant produit nibilité de la ressource, en transformant Ce refus catégorique de retrouver l’eau tions de rafraîchissement en cas de par les habitants, poursuit Boris David. Une fois les appréhensions levées pour plusieurs décennies, ce qui nous Lrecords de chaleur, les vagues de cès à l’eau du robinet a également été potable à partir d’eaux usées pour que très rarement dans l’hexagone, l’eau des égouts en un breuvage limpide de ses toilettes au robinet s’explique par pics de chaleur. « La disponibilité de En évitant de gaspiller de l’eau potable les utilisations domestiques, les Fran- permet d’avoir un vrai recul sur sécheresse et les images de l’Australie mise en lumière par la pandémie du comme lorsqu’un affl uent de la Dor- répondant à toutes les normes sani- la crainte légitime d’agents pathogènes l’eau ne sera pas la même dans vingt pour l’arrosage ou l’entretien, elles çais sont-ils aussi motivés à ingérer leurs utilisations. En fonction des et de l’Amazonie en feu ont interpellé Covid-19. En effectuant des gestes limiter les restrictions d’eau en cas dogne s’est asséché au cours de l’été taires. En France, la réutilisation d’eaux microbiologiques, mais aussi par des ans, explique Boris David, hydrogéo- permettent d’éviter les pénuries d’eau des aliments cultivés ou élevés avec besoins, les stations d’épuration les Français, qui sont depuis 86% à se barrières aussi simples que de se laver de sécheresse dernier, obligeant plusieurs com- usées traitées (REUT), limitée par la peurs plus irrationnelles, même lorsque logue chez Veolia. Pour anticiper les une eau usée traitée ? Si tous ceux qui peuvent fournir une eau de qualité dire préoccupés par la situation envi- les mains avec de l’eau et du savon, munes de Corrèze à se faire ravitailler législation européenne à l’irrigation des l’innocuité de l’eau est prouvée. Si ces pénuries, nous travaillons sur diff é- ont déjà consommé une fraise, une A, B ou C pour des usages ronnementale. Alors qu’un pays sur les sociétés occidentales ont redécou- par camions citernes. cultures et des espaces verts, est réticences ont été étudiées dans le rentes solutions, parmi lesquelles tomate ou un avocat en provenance agricoles. Quand la réglementa- monde entier, elles s’expriment en l’optimisation de la consommation, le d’Espagne ou d’Israël en ont déjà fait tion l’autorisera, nous pourrons France par un manque de motivation stockage de l’eau et surtout la réutili- l’expérience à leur insu, les trois quarts même fournir une eau potable de des pouvoirs publics et des autorités sation des eaux usées. Grâce à des des sondés se disent prêts à utiliser grande qualité, en mettant en sanitaires à encourager les projets de procédés de filtration classique et une eau potable recyclée pour cultiver oeuvre des techniques de SOLUTION DURABLE REUT alors que les ressources natu- membranaire, et de désinfection par des fruits et légumes et élever du traitement et de surveillance relles sont encore suffi santes pour ali- chlore et par UV, nous savons produire 70% bétail. Mais avant de déclarer le « fac- innovantes pour garantir l’absence menter le réseau d’eau. Dix ans après depuis longtemps une eau adaptée aux teur beurk » offi ciellement obsolète de risque pour la santé humaine. des Français pensent que des L’économie circulaire au service de l’agriculture diverses politiques européennes qui diff érents usages, de l’eau agricole à reste une question cruciale : sommes- Aujourd’hui, ce n’est pas la promeuvent l’utilisation d’eaux usées l’eau potable, voire même de l’eau solutions seront trouvées pour nous vraiment prêts à boire une eau technologie qui pose question, Dès 2011, la commune de Gruissan, dans de l’unité expérimentale de l’INRA à Pech cer le déploiement de la solution sur les 80 tenu par les viticulteurs et les écologistes, ce traitées pour irriguer des cultures, la ultra-purifi ée utilisée par l’industrie faire face aux pénuries d’eau usée traitée au robinet, avec ou sans mais l’assemblage et la construc- l’Aude, a réuni un consortium de plusieurs Rouge. Nous avons mis en évidence l’absence hectares de la commune de Gruissan grâce aux projet, qui répond au nom de code Irrialt’Eau, France ne recycle en eff et que 0,6% de de pointe. » rondelle de citron ? Selon l’étude du tion de filières adaptées aux acteurs publics et privés (INRA, Veolia, la Cave de contaminants dans le sol et dans le raisin. fonds européens attribués par la région Occi- permet de recycler intelligemment une eau ses eaux usées, quand nos voisins ita- Selon l’étude du cabinet Elabe pour la cabinet Elabe, deux Français sur trois besoins et aux usages. coopérative de Gruissan, Aquadoc et le Grand Cette validation scientifique a permis de finan- tanie pour la réutilisation des eaux usées. Sou- traitée en évitant de la rejeter inutilement en liens et espagnols en recyclent respec- Tribune, ces procédés de réutilisation n’acceptent pas l’idée de prime abord… Narbonne) pour expérimenter une solution d’ir- pleine mer. Il est actuellement à l’étude pour tivement 8% et 14%. Dans le sud de des eaux usées, s’ils ne sont connus Deux sur trois, vraiment ? Car à la Comment réagissent les pouvoirs rigation de ses vignobles en goutte-à-goutte un développement progressif de l’irrigation de l’Espagne, sur les terres arides de la que par un Français sur trois, semblent question suivante, les sondés étaient publics face à ces solutions de avec de l’eau usée traitée. Veolia a mis au point la vigne avec cette source alternative dans les région de Murcie, les stations d’épura- attendus par une grande majorité : invités à citer les conditions qui les traitement des eaux usées ? un traitement tertiaire spécifique dans la station régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte tion fournissent ainsi jusqu’à 40% des 70% pensent que des solutions seront au moment de l’affl uence touristique feraient changer d’avis. Et là, coup de De plus en plus de communes d’épuration de Narbonne-Plage pour fournir de d’Azur, mais aussi pour d’autres cultures maraî- eaux agricoles. En Israël, les melons trouvées pour faire face au déficit et améliorent ainsi la résilience des théâtre, seuls 17% refusent l’idée en réfléchissent à des schémas l’eau de qualité B et C, selon les critères de la chères, des pépinières, de l’arboriculture frui- poussent en plein désert grâce à une hydrique, et 46% ne semblent pas sur- territoires. » Serait-ce la fi n du « fac- bloc quand l’immense majorité se dit innovants pour éviter les restric- réglementation française, qui a été acheminée tière… eau d’irrigation recyclée à 85% tandis pris quand ils apprennent que l’eau teur beurk » qui freinait le développe- prête à boire l’eau traitée sous réserve tions. Dans toute la France, celles par tuyaux sur deux parcelles expérimentales Dans les Hautes-Pyrénées, le projet SmartFer- que les agriculteurs français se passent usée peut se transformer en eau ment de projets de REUT ? d’une information régulière sur la qua- qui doivent alimenter leurs terres du site de Pech Rouge. Chaque parcelle a tiReuse de Veolia expérimente quant à lui l’ir- de cette eau traitée et n’en utilisent potable... En pratique, les premiers Selon l’étude Elabe, les Français sont lité de l’eau, d’un goût au moins équi- agricoles tout en répondant aux ensuite été divisée en quatre zones, respecti- rigation de parcelles agricoles avec une eau que… 0,2%. Et si aujourd’hui ce « facteur exemples de REUT en France per- en tous cas bien moins conservateurs valent ou encore d’une tarification besoins de la population touris- vement irriguées par de l’eau potable, de l’eau usée traitée enrichie en azote. La solution vise beurk » s’avérait soluble dans la prise mettent de recycler d’énormes quan- qu’on ne pourrait le croire : plus de moins chère ! Si la prise de conscience tique estivale font de plus en plus agricole, de l’eau de qualité B et de l’eau de ainsi à augmenter la productivité des exploita- de conscience collective du réchauff e- tités d’eau et d’améliorer le confort 87% se disent déjà convaincus de l’uti- de l’urgence environnementale, la preuve de bon sens. Nous qualité C. Pendant six ans, les experts de l’INRA tions agricoles en recyclant non seulement l’eau ment climatique ? de vie des habitants sans épuiser les lité de produire de l’eau potable à crainte du stress hydrique et la travaillons ensemble pour ont ensuite analysé la qualité de l’eau d’arro- usée, mais également les nutriments contenus ressources naturelles. À Sainte- partir d’eaux usées traitées, en rem- confiance dans la technologie anticiper les risques, éviter le sage, celle des nappes phréatiques, la qualité Parcelle irriguée par aspersion: Les eaux usées dans les effluents traités en fonction des … MAIS EN VOIE Maxime, 300 000 m3 d’eau traitée placement des procédés actuels de prennent le dessus sur les instincts gaspillage et sécuriser leurs des sols et celle du moût de raisin. « Le suivi sont traitées et recyclées pour irriguer les besoins des cultures. Les premières simula- D’ACCEPTATION permettent ainsi d’arroser les par- production, pour limiter l’exploitation primaires, la réutilisation des eaux activités agricoles. Mais nous de ces marqueurs a prouvé que l’utilisation de parcelles, ce qu’on appelle le Reuse, la tions suggèrent que les parcelles ainsi irriguées cours du golf chaque année, mais aussi des nappes phréatiques et les restric- usées pourraient alors vite s’imposer sommes encore confrontés à une l’eau usée traitée ne posait aucun problème réutilisation des eaux usées. sécurisent la productivité, en limitant le recours Avec 20% du territoire qui subit des d’entretenir les espaces verts de la tions d’eau en cas de sécheresse. Pour comme une solution efficace pour réglementation très contraignante aux niveaux sanitaires et environnementaux, MÉDIATHÈQUE VEOLIA‚ aux intrants chimiques. Pour les agriculteurs, limitations de certains usages de l’eau ville, ce qui limite le risque d’incendie. l’instant la réglementation ne garantir l’accès à l’eau dans les années et à un manque de subventions explique Hernan Ojeda, ingénieur de recherches le bonheur serait-il dans l’eau usée ? chaque été, la recherche de solutions À Cabourg et à Deauville, les stations concerne que l’arrosage des cultures à venir… pour financer les infrastructures…

LA TRIBUNE AVEC 83% DES FRANÇAIS SERAIENT

et des espaces verts, mais comment PRÊTS À BOIRE DE L’EAU POTABLE réagiraient les Français si l’eau du robinet provenait directement d’une station d’épuration, où elle aurait été traitée pour répondre à toutes les normes sanitaires ? Loin d’être farfe- lue, cette solution fonctionne très bien PRODUITE À PARTIR D’EAUX USÉES dans les pays qui subissent d’impor- tants défi cits hydriques : en Namibie

par exemple, la station de traitement VEOLIA MÉDIATHÈQUE de Windhoek transforme chaque jour PHILIPPE SÉBERAC 21 000 m3 d’eaux usées en eau potable DIRECTEUR TECHNIQUE & pour alimenter la capitale et ce, depuis près de quarante ans, en toute sécurité SCIENTIFIQUE DE VEOLIA Depuis un an, la question de la sanitaire… disponibilité de l’eau cristallise les LA RÉUTILISATION DE L’EAU RÉUTILISÉE ET D’EAUX USÉES S’IMPOSE inquiétudes environnementales et TRAITÉE AU ROBINET ? NATURELLEMENT sanitaires des Français. Aux craintes Alors, sommes-nous prêts à dépasser nos liées au réchauffement climatique et à craintes et nos tabous pour oser utiliser Face à la multiplication des une eau recyclée au quotidien ? Pour épisodes de sécheresse en la pollution est venue s’ajouter la prise l’écrasante majorité des sondés, la France, quelles sont les solutions réponse est positive, mais tout dépend pour préserver les ressources de conscience que l’eau du robinet évidemment des usages. Tant qu’il n’y a naturelles en eau ? était essentielle pour se protéger pas de contact direct, plus de 87% Il n’y a pas de solution unique, seraient d’accord pour remplir leur mais un assemblage de solutions des pandémies. Des préoccupations chasse d’eau, mais aussi pour laver leur au cas par cas. La première grandissantes qui pourrait faire évoluer voiture ou arroser leurs plantes vertes. consiste à optimiser la consom- S’il s’agit de se baigner dans une eau mation, pour ne pas perdre d’eau les mentalités et les pratiques plus réutilisée, que ce soit dans une piscine inutilement. Il faut ensuite municipale ou dans sa propre piscine, envisager les possibilités de rapidement que prévu, comme le montrent plus de deux Français sur trois sont prêts stockage, dans des retenues ou les résultats du cabinet d’études Elabe en à faire le grand plongeon... Et contre dans les nappes phréatiques, afin toute attente, ils sont encore 59% à d’anticiper les phénomènes de exclusivité pour La Tribune. ISTOCK accepter de prendre une douche et de se sécheresse. Enfin, la réutilisation laver les dents avec une eau traitée : un d’eaux usées s’impose naturelle- chiff re impensable il y a quelques années ment : pourquoi acheminer de encore ! « Ce résultat est très encoura- l’eau usée traitée pour la rejeter geant, confi rme Philippe Séberac, Direc- dans l’environnement alors que histoire retiendra peut- cinq devra faire face à de sévères vert le rôle de l’hygiène dans la pré- DES SOLUTIONS confrontée à un frein psychologique alternatives pour préserver les res- d’épuration fournissent l’eau qui sert teur Technique & Scientifi que de Veolia . nous pouvons la traiter un peu être l’année 2019 comme pénuries d’eau au cours des vingt pro- vention des épidémies. Plus étonnam- DÉDAIGNÉES JUSQU’À connu sous le nom de « facteur beurk», sources naturelles est en eff et devenue à nettoyer les réseaux d’assainisse- Il prouve que les citoyens ont une réelle plus et l’utiliser localement pour celle du réveil écologique chaines années, 92% des sondés se ment, les restrictions d’eau, qui ont AUJOURD’HUI… ou « yuck factor » en anglais. Une un enjeu prioritaire pour sécuriser la ment tandis qu’à Pornic, l’eau recyclée confi ance dans les techniques d’épura- irriguer les cultures ? et de la prise de conscience disent préoccupés par la pollution des touché 86 départements l’été dernier, expression très parlante pour décrire production agricole hexagonale, mais sert à maintenir une zone humide tion et qu’ils sont prêts à changer leurs ’ des conséquences océans, des rivières et des lacs, 87% 87% font même craindre à près d’un Fran- Pourtant toutes les solutions techno- la réaction instinctive d’une population aussi pour améliorer le cadre de vie urbaine fraîche appréciée des habi- habitudes quotidiennes pour répondre Ces techniques d’épuration concrètes du réchauffe- par la raréfaction des ressources et çais sur deux un risque de pénurie logiques existent depuis longtemps quand on lui propose de boire une eau des citadins en développant les tants et des touristes… « Ces utilisa- aux problématiques environnementales sont-elles innovantes ? ment climatique. Les épi- 84% par les risques de sécheresse. des Français sont convaincus de d’eau potable au robinet. Cette situa- pour résoudre le problème de la dispo- potable produite à partir d’eaux usées. espaces verts et en off rant des solu- tions du REUT sont très bien perçues actuelles. » Au contraire, elles existent depuis sodes de canicule, les Plus récemment, l’importance de l’ac- l’utilité de la production d’eau tion extrême ne s’est pourtant produit nibilité de la ressource, en transformant Ce refus catégorique de retrouver l’eau tions de rafraîchissement en cas de par les habitants, poursuit Boris David. Une fois les appréhensions levées pour plusieurs décennies, ce qui nous Lrecords de chaleur, les vagues de cès à l’eau du robinet a également été potable à partir d’eaux usées pour que très rarement dans l’hexagone, l’eau des égouts en un breuvage limpide de ses toilettes au robinet s’explique par pics de chaleur. « La disponibilité de En évitant de gaspiller de l’eau potable les utilisations domestiques, les Fran- permet d’avoir un vrai recul sur sécheresse et les images de l’Australie mise en lumière par la pandémie du comme lorsqu’un affl uent de la Dor- répondant à toutes les normes sani- la crainte légitime d’agents pathogènes l’eau ne sera pas la même dans vingt pour l’arrosage ou l’entretien, elles çais sont-ils aussi motivés à ingérer leurs utilisations. En fonction des et de l’Amazonie en feu ont interpellé Covid-19. En effectuant des gestes limiter les restrictions d’eau en cas dogne s’est asséché au cours de l’été taires. En France, la réutilisation d’eaux microbiologiques, mais aussi par des ans, explique Boris David, hydrogéo- permettent d’éviter les pénuries d’eau des aliments cultivés ou élevés avec besoins, les stations d’épuration les Français, qui sont depuis 86% à se barrières aussi simples que de se laver de sécheresse dernier, obligeant plusieurs com- usées traitées (REUT), limitée par la peurs plus irrationnelles, même lorsque logue chez Veolia. Pour anticiper les une eau usée traitée ? Si tous ceux qui peuvent fournir une eau de qualité dire préoccupés par la situation envi- les mains avec de l’eau et du savon, munes de Corrèze à se faire ravitailler législation européenne à l’irrigation des l’innocuité de l’eau est prouvée. Si ces pénuries, nous travaillons sur diff é- ont déjà consommé une fraise, une A, B ou C pour des usages ronnementale. Alors qu’un pays sur les sociétés occidentales ont redécou- par camions citernes. cultures et des espaces verts, est réticences ont été étudiées dans le rentes solutions, parmi lesquelles tomate ou un avocat en provenance agricoles. Quand la réglementa- monde entier, elles s’expriment en l’optimisation de la consommation, le d’Espagne ou d’Israël en ont déjà fait tion l’autorisera, nous pourrons France par un manque de motivation stockage de l’eau et surtout la réutili- l’expérience à leur insu, les trois quarts même fournir une eau potable de des pouvoirs publics et des autorités sation des eaux usées. Grâce à des des sondés se disent prêts à utiliser grande qualité, en mettant en sanitaires à encourager les projets de procédés de filtration classique et une eau potable recyclée pour cultiver oeuvre des techniques de SOLUTION DURABLE REUT alors que les ressources natu- membranaire, et de désinfection par des fruits et légumes et élever du traitement et de surveillance relles sont encore suffi santes pour ali- chlore et par UV, nous savons produire 70% bétail. Mais avant de déclarer le « fac- innovantes pour garantir l’absence menter le réseau d’eau. Dix ans après depuis longtemps une eau adaptée aux teur beurk » offi ciellement obsolète de risque pour la santé humaine. des Français pensent que des L’économie circulaire au service de l’agriculture diverses politiques européennes qui diff érents usages, de l’eau agricole à reste une question cruciale : sommes- Aujourd’hui, ce n’est pas la promeuvent l’utilisation d’eaux usées l’eau potable, voire même de l’eau solutions seront trouvées pour nous vraiment prêts à boire une eau technologie qui pose question, Dès 2011, la commune de Gruissan, dans de l’unité expérimentale de l’INRA à Pech cer le déploiement de la solution sur les 80 tenu par les viticulteurs et les écologistes, ce traitées pour irriguer des cultures, la ultra-purifi ée utilisée par l’industrie faire face aux pénuries d’eau usée traitée au robinet, avec ou sans mais l’assemblage et la construc- l’Aude, a réuni un consortium de plusieurs Rouge. Nous avons mis en évidence l’absence hectares de la commune de Gruissan grâce aux projet, qui répond au nom de code Irrialt’Eau, France ne recycle en eff et que 0,6% de de pointe. » rondelle de citron ? Selon l’étude du tion de filières adaptées aux acteurs publics et privés (INRA, Veolia, la Cave de contaminants dans le sol et dans le raisin. fonds européens attribués par la région Occi- permet de recycler intelligemment une eau ses eaux usées, quand nos voisins ita- Selon l’étude du cabinet Elabe pour la cabinet Elabe, deux Français sur trois besoins et aux usages. coopérative de Gruissan, Aquadoc et le Grand Cette validation scientifique a permis de finan- tanie pour la réutilisation des eaux usées. Sou- traitée en évitant de la rejeter inutilement en liens et espagnols en recyclent respec- Tribune, ces procédés de réutilisation n’acceptent pas l’idée de prime abord… Narbonne) pour expérimenter une solution d’ir- pleine mer. Il est actuellement à l’étude pour tivement 8% et 14%. Dans le sud de des eaux usées, s’ils ne sont connus Deux sur trois, vraiment ? Car à la Comment réagissent les pouvoirs rigation de ses vignobles en goutte-à-goutte un développement progressif de l’irrigation de l’Espagne, sur les terres arides de la que par un Français sur trois, semblent question suivante, les sondés étaient publics face à ces solutions de avec de l’eau usée traitée. Veolia a mis au point la vigne avec cette source alternative dans les région de Murcie, les stations d’épura- attendus par une grande majorité : invités à citer les conditions qui les traitement des eaux usées ? un traitement tertiaire spécifique dans la station régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte tion fournissent ainsi jusqu’à 40% des 70% pensent que des solutions seront au moment de l’affl uence touristique feraient changer d’avis. Et là, coup de De plus en plus de communes d’épuration de Narbonne-Plage pour fournir de d’Azur, mais aussi pour d’autres cultures maraî- eaux agricoles. En Israël, les melons trouvées pour faire face au déficit et améliorent ainsi la résilience des théâtre, seuls 17% refusent l’idée en réfléchissent à des schémas l’eau de qualité B et C, selon les critères de la chères, des pépinières, de l’arboriculture frui- poussent en plein désert grâce à une hydrique, et 46% ne semblent pas sur- territoires. » Serait-ce la fi n du « fac- bloc quand l’immense majorité se dit innovants pour éviter les restric- réglementation française, qui a été acheminée tière… eau d’irrigation recyclée à 85% tandis pris quand ils apprennent que l’eau teur beurk » qui freinait le développe- prête à boire l’eau traitée sous réserve tions. Dans toute la France, celles par tuyaux sur deux parcelles expérimentales Dans les Hautes-Pyrénées, le projet SmartFer- que les agriculteurs français se passent usée peut se transformer en eau ment de projets de REUT ? d’une information régulière sur la qua- qui doivent alimenter leurs terres du site de Pech Rouge. Chaque parcelle a tiReuse de Veolia expérimente quant à lui l’ir- de cette eau traitée et n’en utilisent potable... En pratique, les premiers Selon l’étude Elabe, les Français sont lité de l’eau, d’un goût au moins équi- agricoles tout en répondant aux ensuite été divisée en quatre zones, respecti- rigation de parcelles agricoles avec une eau que… 0,2%. Et si aujourd’hui ce « facteur exemples de REUT en France per- en tous cas bien moins conservateurs valent ou encore d’une tarification besoins de la population touris- vement irriguées par de l’eau potable, de l’eau usée traitée enrichie en azote. La solution vise beurk » s’avérait soluble dans la prise mettent de recycler d’énormes quan- qu’on ne pourrait le croire : plus de moins chère ! Si la prise de conscience tique estivale font de plus en plus agricole, de l’eau de qualité B et de l’eau de ainsi à augmenter la productivité des exploita- de conscience collective du réchauff e- tités d’eau et d’améliorer le confort 87% se disent déjà convaincus de l’uti- de l’urgence environnementale, la preuve de bon sens. Nous qualité C. Pendant six ans, les experts de l’INRA tions agricoles en recyclant non seulement l’eau ment climatique ? de vie des habitants sans épuiser les lité de produire de l’eau potable à crainte du stress hydrique et la travaillons ensemble pour ont ensuite analysé la qualité de l’eau d’arro- usée, mais également les nutriments contenus ressources naturelles. À Sainte- partir d’eaux usées traitées, en rem- confiance dans la technologie anticiper les risques, éviter le sage, celle des nappes phréatiques, la qualité Parcelle irriguée par aspersion: Les eaux usées dans les effluents traités en fonction des … MAIS EN VOIE Maxime, 300 000 m3 d’eau traitée placement des procédés actuels de prennent le dessus sur les instincts gaspillage et sécuriser leurs des sols et celle du moût de raisin. « Le suivi sont traitées et recyclées pour irriguer les besoins des cultures. Les premières simula- D’ACCEPTATION permettent ainsi d’arroser les par- production, pour limiter l’exploitation primaires, la réutilisation des eaux activités agricoles. Mais nous de ces marqueurs a prouvé que l’utilisation de parcelles, ce qu’on appelle le Reuse, la tions suggèrent que les parcelles ainsi irriguées cours du golf chaque année, mais aussi des nappes phréatiques et les restric- usées pourraient alors vite s’imposer sommes encore confrontés à une l’eau usée traitée ne posait aucun problème réutilisation des eaux usées. sécurisent la productivité, en limitant le recours Avec 20% du territoire qui subit des d’entretenir les espaces verts de la tions d’eau en cas de sécheresse. Pour comme une solution efficace pour réglementation très contraignante aux niveaux sanitaires et environnementaux, MÉDIATHÈQUE VEOLIA‚ aux intrants chimiques. Pour les agriculteurs, limitations de certains usages de l’eau ville, ce qui limite le risque d’incendie. l’instant la réglementation ne garantir l’accès à l’eau dans les années et à un manque de subventions explique Hernan Ojeda, ingénieur de recherches le bonheur serait-il dans l’eau usée ? chaque été, la recherche de solutions À Cabourg et à Deauville, les stations concerne que l’arrosage des cultures à venir… pour financer les infrastructures…

LA TRIBUNE AVEC 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

40 FINANCE

Pourquoi les espèces sont loin d’être en voie de disparition PAIEMENT Les Français ont boudé l’argent liquide à la faveur des transactions sans contact. Si l’épidémie a accéléré une tendance de fond, l’horizon d’une société sans cash, qui pose des questions sociales et de libertés individuelles, semble bien lointain.

JULIETTE RAYNAL coupelle remplie de vinaigre paiements en liquide, même avant de payer », rappelle s’ils sont difficiles à comptabi- epuis la crise Patrice Baubeau, historien de liser, diminuent indéniable- « sanitaire, nous l’économie et de la monnaie, et ment. La masse de billets en avons beau- maître de conférences à l’uni- circulation sur le territoire coup moins de versité de Nanterre. Ces baisse ainsi de 3 à 4 % par an paiements en craintes ont également poussé depuis une petite dizaine d’an- espèces.D Nos clients règlent un certain nombre de pays nées. En parallèle, les paie- davantage en carte bancaire, asiatiques, touchés par de mul- ments par carte bancaire sans même pour les plus petits mon- tiples épidémies, à opter pour contact, premiers concurrents tants. Beaucoup optent pour le des billets en plastique plutôt des espèces, connaissent une sans contact, cela évite de piano- qu’en papier, afin de pouvoir utilisation grandissante. En ter sur le clavier du terminal de les laver et les désinfecter plus 2019, dans l’Hexagone, plus de paiement. Cette tendance s’est facilement. 3 milliards de transactions ont maintenue avec le déconfine- été réalisées par paiement sans ment, mais pour combien de DES REFUS DE PAIEMENT contact, contre 2 milliards en temps ?, s’interroge Anne-Chris- ILLÉGAUX 2018, soit une progression de tine, cogérante d’une épicerie En France, ces appréhensions plus de 56 %, selon la Fédéra- bio en banlieue parisienne. conjuguées au confinement et tion bancaire française (FBF). Cette question, de nombreux à l’arrêt de l’activité commer- Les innovations autour du acteurs de la finance se la ciale, hormis l’alimentaire, ont paiement mobile se sont éga- posent car ce témoignage est provoqué une réduction consi- Selon une étude lement multipliées au cours loin d’être isolé. Avec la pro- dérable du recours aux billets. de la BCE, 80 % des derniers mois. Apple Pay, pagation de l’épidémie de coro- « Pendant toute la période du des transactions le portefeuille numérique de navirus et l’application des confinement, nous avons enre- s’effectuent encore l’entreprise californienne qui gestes barrière, les particuliers gistré des baisses de retraits en espèces permet de régler ses achats ont boudé la monnaie sonnante situées entre – 50 % et – 60 % aux dans la zone euro. avec son téléphone sans pla- et trébuchante et les billets, distributeurs automatiques de [ISTOCK] fond, est désormais proposé privilégiant les paiements par billets et à nos caisses », indique par une trentaine de banques carte bancaire, et particulière- Christophe Baud-Berthier, tricolores, auxquelles s’est ment le sans-contact. Et ce, directeur des activités fidu- lation, notamment les plus cette période. Ils se sont déconfinement, un tiers des rajouté le Crédit Agricole fin malgré le message rassurant de ciaires de la Banque de France. démunis, de l’accès aux pro- ensuite envolés lorsque le pla- paiements de la tranche 2019 (24,4 millions de clients la Banque de France : « La pro- « En l’espace de deux mois, je duits de première nécessité. fond a été relevé à 50 euros, 30-50 euros se faisait déjà par en France), souligne le cabinet babilité de contagion par un n’ai retiré qu’une fois de l’argent Depuis le début de la crise du lors du déconfinement, le le sans-contact », constate Talan Consulting dans son der- virus via un billet de banque est au distributeur, contre deux coronavirus, un Français sur 11 mars. Julien Lasalle, chef du service très faible par rapport à fois par semaine habituelle- dix aurait ainsi été confronté à de la surveillance des moyens d’autres surfaces », avait-elle ment », témoigne Jean, 31 ans. des refus de paiement en UN CHANGEMENT de paiement scripturaux de la assuré au début de la crise. Quelques jours après la réou- espèces de la part de commer- DURABLE OU PAS ? Banque de France. « Un carton « Le refus d’accepter La crainte d’être contaminé en verture des commerces, les çants, selon un sondage Ifop « En trois jours seulement, 3 mil- plein », lâche-t-il. manipulant des espèces, infon- messages d’enseignes invitant réalisé pour la société de trans- lions de transactions par carte Mais ces changements vont-ils des espèces dée selon les études menées les clients à ne régler leurs port de fonds Brink’s, dont le sans contact entre 30 et 50 euros s’ancrer durablement dans les peut écarter une par la Banque centrale euro- achats qu’en carte bancaire et modèle économique pourrait ont été réalisées, soit 15 % de habitudes des consomma- péenne (BCE), n’est pas inédite n’acceptant pas le liquide se être lourdement pénalisé par transactions sans contact sup- teurs ? La crise sanitaire peut- catégorie de dans l’histoire. « Lors de l’une sont même multipliés. Une un trop fort reflux du cash. plémentaires », s’est félicité dès elle accélérer une bascule vers consommateurs de des grandes pestes qui a touché pratique inédite, mais surtout À l’inverse, les paiements par le 15 mai le Groupement des une société sans cash ? « Si l’on Londres à la fin du XIXe siècle, illégale qui a poussé le défen- carte bancaire sans contact ont cartes bancaires CB, gestion- suit les tendances de digitalisa- certains achats » les commerçants demandaient seur des droits à réagir en rap- mieux résisté pendant le confi- naire du système de paiement tion et de dématérialisation, PATRICE BAUBEAU, à leurs clients de mettre les pelant que cette restriction nement. L’effondrement n’a par carte en France. Et, « deux nous pouvons considérer que la HISTORIEN DE LA MONNAIE pièces de monnaie dans une privait une frange de la popu- été « que » de 30 % pendant semaines après le début du crise nous a fait faire un bond de cinq ans en avant. Avec la réouverture progressive de tous nier observatoire. Les applis de les commerces, le curseur va paiement mobile Alipay et ZOOM sans doute revenir en arrière, WeChat Pay ont également mais il ne reviendra pas au investi le marché français afin AVEC 8 % DES TRANSACTIONS, LE CHÈQUE EST SUR LE DÉCLIN niveau de début 2020. Il se de répondre aux besoins de la Alors que les débats se concentrent sur la est de laisser le libre choix au consommateur. tant, c’est que le nombre de chèques émis situera peut-être au niveau clientèle asiatique. Avec la disparition (prochaine ou non) des espèces, Nous n’avons pas pour ambition d’interdire diminue tandis que la fraude augmente », qu’on aurait dû attendre en crise, des solutions françaises un autre moyen de paiement semble davan- l’usage du chèque dès lors qu’il correspond pointe Julien Lasalle. 2022 ou 2023 », répond Julien de monnaie électronique, tage menacé : le chèque. Davantage utilisé à un besoin, assure Julien Lasalle. Toutefois, Difficile par ailleurs de sécuriser ce bout de Lasalle. « Cette crise a engendré comme les applis Lydia ou Pay- que la carte bancaire au début des années si son usage venait à se réduire encore plus papier sans faire augmenter fortement son des changements de comporte- lib, ont bénéficié d’une large 2000, il ne représente aujourd’hui plus que fortement, avec par exemple des baisses de coût de gestion. Toutefois, travailler sur la ments, aussi bien du côté des communication des pouvoirs 8 % des transactions scripturales et son usage plus de 25 % par an, nous pourrions envisager disparition du chèque nécessite de réfléchir consommateurs que de celui des publics et ont été adoptées par baisse de 10 % par an depuis les trois dernières d’encadrer davantage son utilisation, avant à ses différents usages, encore très variés commerçants et des profession- des professionnels de santé qui années. Il a ainsi été doublé par la carte ban- tout pour des raisons de sécurité », poursuit-il. aujourd’hui : du règlement de la cantine aux nels, dont beaucoup se sont se sont largement tournés vers caire, mais aussi par les virements et les pré- L’établissement d’un seuil ou de certaines paiements interentreprises, en passant par convertis à des solutions digi- la télémédecine. lèvements. La crise du coronavirus a largement conditions d’usage pourrait être établi. les étrennes de Noël, les achats exceptionnels tales. J’ai tendance à penser que Les plus jeunes générations ne accentué cette trajectoire descendante. Lors Si la Banque de France envisage un tel scé- comme l’acquisition d’une voiture ou encore la crise va nous faire passer un sont pas oubliées. La start-up du confinement, son utilisation a reculé de nario, c’est que le chèque est depuis deux la volonté de ménager son plafond de carte cap », poursuit-il. Money Walkie a lancé, fin mai, 60 %. Un rythme six fois supérieur à la normale. ans le moyen de paiement qui occasionne le bleue. Aujourd’hui, dans l’Union européenne La crise apparaît donc comme une campagne de crowdfun- Alors, le chèque survivra-t-il au coronavirus ? plus de fraudes. « Il commence à devenir la (hors Royaume-Uni), la France reste le seul le catalyseur d’une tendance de ding pour financer la produc- « En tant que banquiers centraux, notre rôle vache à lait des fraudeurs. Ce qui est inquié- pays grand utilisateur de chèques. n fond bien plus ancienne. Les tion de porte-monnaie 2.0. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

FINANCE 41

Connectés à une appli mobile France, il existe le droit d’accès recherche au CNRS, le cash datée du 7 juin dernier, il juge et prenant la forme d’animaux, EN EUROPE, LE LIQUIDE DOMINE LARGEMENT au compte. Cela signifie que la c’est de la liberté frappée. « Il que l’utilisation des espèces ils doivent permettre aux Banque de France peut imposer nous faut le cash pour pouvoir sera vraiment très limitée d’ici enfants de réaliser des paie- espèces cartes autres à une banque commerciale d’ou- développer la désobéissance à vingt ans. « Dans les pays où ments sans contact chez les vrir un compte bancaire à un civile et la résistance au gouver- la population aura accès à un commerçants. « De la taille d’un individu. Mais dans d’autres nement à distance et à la perte smartphone et à des services galet, il permet de confier faci- Nombre pays cet accès est beaucoup de nos libertés », explique ce sur l’Internet mobile, la grosse lement et en toute sécurité de moins régulé. La ville de New militant du cash au micro de majorité – voire l’intégralité – l’argent à vos enfants », York, par exemple, a dû récem- France Culture. « Si une société des transactions sera numé- explique les porteurs du projet Valeur ment prendre des mesures pour est totalement digitalisée sur le rique », affirme-t-il. qui font référence à un monde empêcher que certains com- plan des paiements, alors cha- Patrice Baubeau rappelle, « qui abandonne peu à peu le merces cessent d’accepter des cun de vos actes d’achat est pour sa part, que les prévisions cash » et dans lequel il est de 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % espèces. Si les paiements élec- tracé. Même si l’on pointe les sur la fin du cash, sont loin plus en plus difficile « d’ap- troniques présentent des avan- risques de blanchiment d’être inédites dans notre his- prendre la notion d’argent et de En valeur, les paiements par carte, avec ou sans contact, tages pour les professionnels en d’argent, l’avantage des espèces toire. Il les compare à un gestion de budget ». gagnent du terrain dans les points de vente européens. termes de comptabilité et de pour un citoyen lambda est la mirage qui recule au fur et à Néanmoins, malgré ces inno- [SOURCES : BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE, DEUTSCHE BUNDESBANK, NEDERLANDSCHE BANK] sécurité, le refus d’accepter des possibilité de s’offrir ce qu’il mesure que l’observateur vations et tendances de fond, espèces peut tout simplement souhaite sans qu’un géant du avance. « Nous avons tendance le cash fait de la résistance. matière. La Chine est souvent journaux par les sans-abri, en écarter une catégorie de Web ou qu’une banque sache à penser que les choses dispa- Selon une étude de la BCE, qui citée comme exemple. Selon un passant par les achats clas- consommateurs de certains qu’il est allé à 12 h 18 acheter un raissent, alors qu’elles ne font remonte à 2017, huit transac- sondage réalisé en 2017 par siques en magasin. Toutefois, achats ». livre et une bouteille de vin. C’est que se métamorphoser. Le tions sur dix s’effectuent l’université Renmin, à Pékin, alors que certaines prévisions L’historien pointe également une question de préservation de vocabulaire évolue. » Autre- encore en espèces dans la zone 74 % des habitants affirmaient estimaient que les commer- des risques quant à l’aggrava- sa liberté », abonde Christophe ment dit, ce que nous appelons euro, ce qui représente un peu passer plus d’un mois avec seu- çants pourraient cesser d’ac- tion de la fracture numérique. Baud-Berthier. Pour lui, les du cash aujourd’hui (c’est-à- plus de la moitié des paiements lement 100 yuans (environ cepter du cash dès 2023, le pays « Pour certaines personnes, espèces présentent également dire les billets) prendra une en valeur. 13,20 euros) d’argent liquide. semble faire marche arrière l’utilisation d’un terminal élec- une forme de résilience, par autre forme demain. « Lorsque Là-bas, les paiements électro- observant les limites d’une tronique reste compliquée. Il y rapport aux cyberattaques et vous faites un paiement sans PAYER PAR SMARTPHONE niques ont explosé. Entre 2013 société « cashless », notam- a une question de génération aux problèmes informatiques contact, le risque pour le ven- RESTE MARGINAL et 2016, les transactions par ment d’un point de vue social. bien sûr, mais certains outils notamment. deur de ne pas être payé – que « Même si, de toute évidence, la des applis sont passées de « Les populations les plus fra- numériques sont aussi peu peut présenter un paiement par part des paiements en espèces a 3 770 milliards à plus de giles financièrement utilisent adaptés aux handicaps que LE RECOURS AUX BILLETS chèque – est supprimé. Il s’agit beaucoup baissé depuis [la paru- 97 000 milliards de yuans. beaucoup plus d’espèces, à la peuvent présenter certaines EN FORTE DIMINUTION bien d’un règlement cash. Selon tion de l’étude de la BCE en 2017, Plus proche de nous, la Suède fois pour des raisons d’habitude personnes », souligne-t-il. Reste qu’un scénario de dispa- moi, le cash va bien rester mais ndlr], ce mode de paiement reste a également mis en place une et de gestion. Lorsque vous avez Autre limite majeure d’une rition des espèces ne pourrait ce ne sera pas forcément sous encore prédominant pour les politique publique coordonnée peu d’argent, il est plus simple société sans cash : l’impossibi- se produire qu’à un horizon la forme d’espèces moné- paiements aux points de vente », pour éliminer les espèces. Dans de maîtriser votre budget en lité de réaliser des achats en très lointain, selon l’institution taires », prédit-il. Et, même si prévient Christophe Baud-Ber- ce pays nordique, qui compte dépensant euro après euro avec échappant à tout contrôle. monétaire. « Nous sommes les billets se font au fil des thier. Par ailleurs, 30 % des com- à peine plus de 10 millions d’ha- des espèces plutôt qu’avec une Pour l’économiste Bruno Thé- encore très loin d’une société années de plus en plus discrets merçants n’acceptent pas bitants, les espèces pèsent carte bancaire », souligne ret, ancien directeur de sans cash. À un horizon visible, aux caisses des magasins, encore les paiements sans moins de 1,4 % des paiements Christophe Baud-Berthier. je ne vois pas de société sans qu’importe le rythme, ils ne contact. Quant au paiement en en valeur. Le basculement s’est Selon Patrice Baubeau, la pos- espèces en France, ni dans la devraient pas pour autant dis- magasin depuis un smart- accéléré en moins de dix ans, sible disparition des espèces zone euro. Il y aura toujours, paraître de nos foyers. « C’est phone, il reste encore très mar- sous l’impulsion des banques, monétaires risque d’aggraver nous semble-t-il, une fraction de peu connu, mais le billet est ginal. Selon les chiffres de Sta- qui souhaitaient diminuer les inégalités sociales. « Cela milliards la population qui trouvera cela utilisé très minoritairement tista, seuls 2,2 % des Français en leurs coûts de gestion et ont pose de gros problèmes d’accès 3 plus pratique », estime Chris- pour payer. On estime que seul LES TRANSACTIONS ont fait usage en 2019. conçu Swish, leur propre appli aux services monétaires pour RÉALISÉES SANS tophe Baud-Berthier. un petit quart de la valeur des Le chemin vers une société de paiement en temps réel, les personnes qui ne disposent CONTACT EN 2019, SOIT David Marcus, cofondateur de billets émis dans la zone euro sans cash apparaît donc encore aujourd’hui adoptée par plus pas de compte bancaire ou pour UNE PROGRESSION Libra, le projet de monnaie est utilisée pour payer. Le reste bien long, même si des pays 7 millions de Suédois pour des celles qui se trouvent dans des DE PLUS DE 56 % numérique lancé par Face- est thésaurisé dans et en dehors dans le monde sont déjà beau- usages très variés, de la quête situations politiques compli- PAR RAPPORT À 2018 book, n’est pas du même avis. de la zone euro », rappelle coup plus avancés en la dans les églises à la vente de quées, comme les réfugiés. En Dans une interview au Monde, Christophe Baud-Berthier. n

La Rentrée de la Tech du 7 au 18 Sept. 2020 Un événement LIVE inédit dans les 13 capitales de la FRENCH TECH sur la tribune.fr

#LaRentréedelaTech - Crédit photo : iStockphoto À Marseille,évidemment ! Se cultiver, largement. #choosemarseille NE PEUTÊTREVENDUSÉPARÉMENT VENDREDI 3JUILLET2020 L’ÉCONOMIE PARTAGEONS L’information sur économique continu en PAR CÉSAR ARMAND ultra-centralisé ». haut desortird’un« schéma ces derniersrêventtout pendant lacrisesanitaire, locaux. Aux avant-postes dos tout ou partie des élus jacobin, quitte à se mettre à rapidement pris un tournant din, leprésidentMacrona un candidatplutôtgiron- POLITIQUE La revanche des pouvoirs locaux les régions en première ligne Après avoirété Relance économique, D candidat àlaprésidentielle maires deFranceetputatif (LR) del’Associationdes François Baroin,président commencer parleTroyen bouche deséluslocaux,à revient sanscessedans la mai de liberté et d’efficacité financière. Une« nuel Macronàl’Élyséeen Depuis l’électiond’Emma-

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[ART-Y / ISTOCK] 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

44 L’ENQUÊTE

fessionnelle à Nicolas Sar- (ADF). « Je caresse toujours (PLFR3). Pour les conseils compte pendant la crise sani- [ Territoires kozy puis la suppression de la l’espoir que les droits de muta- départementaux, l’enveloppe taire, au cours de laquelle les taxe d’habitation à Emmanuel tion à titre onéreux [DMTO, s’élève à 2,7 milliards d’euros pouvoirs publics se sont face au Macron. De fait, l’État, le gou- frais de notaire] puissent rede- et doit leur permettre de béné- appuyés sur les collectivités », Covid-19 : vernement et le président venir le levier fiscal sans qu’il ficier d’une avance sur les frais souligne Christophe Bouillon, de la République contribuent s’agisse d’ouvrir “open bar” le de notaire après des mois de président (PS) de l’Association la revanche à casser nos recettes »,assène taux », déclare Jean-René paralysie du marché immobi- des petites villes de France encore le maire de la Lecerf, président (ex-LR) du lier. Le bloc communal doit, (APVF). « Les maires veulent des pouvoirs ville moyenne de Bourg-en- Conseil départemental du lui, bénéficier d’un total de qu’on les laisse tranquilles ILS ONT DIT locaux ] Bresse, dans l’Ain. Nord. « Ce serait une façon de 750 millions d’euros, quand la – surtout pas d’un État trop À cet égard, l’autonomie fis- nous rendre une certaine auto- dotation de soutien à l’inves- tatillon –, sans être abandon- cale et financière, demandée nomie fiscale. Des ministres ne tissement local voit son enve- nés, avec un vrai État stra- par les élus locaux depuis la sont pas contre et Édouard loppe passer de 0,6 à 1,6 mil- tège », précise le maire de suppression de la taxe d’habi- liard d’euros. « Ce n’est pas Barentin (Seine-Maritime). tation et l’encadrement des rien », déclare-t-on au minis- C’est pourquoi cette petite dépenses de fonctionnement, tère des Territoires. PARTAGER LES musique des associations risque de rester un vœu pieux. « Les maires veulent « Encore faut-il que les préfets INFORMATIONS d’élus locaux et du président Déjà en novembre 2018, qu’on les laisse reçoivent les consignes et ne [DR] « Il n’y a pas deux puissances du Sénat Gérard Larcher com- devant le bureau de l’Associa- nous disent pas que cela ne RENAUD MUSELIER publiques : d’un côté la puis- Le président (LR) de Régions mence à agacer l’entourage tion des maires de France tranquilles, sans nous concerne pas », nuance sance publique locale et de de France et de la Région Sud du ministre des Collectivités reçu à l’Élysée, le chef de l’État être abandonnés, Luc Waymel, le maire sans ne souhaite pas que le pouvoir l’autre la puissance publique territoriales. avait rétorqué qu’il n’y croyait étiquette du village de Drin- central reprenne les « libertés d’État », rétorque-t-on dans « Nous n’avons pas à rougir de pas. Encore aujourd’hui, ils veulent un vrai cham (Nord). « Pour un pré- conquises pendant la crise » l’exécutif. À l’image de l’Anné- ce que nous avons fait depuis un conseiller ministériel sident de métropole, 1 million par les collectivités. cien Jean-Luc Rigaut, des élus le début du quinquennat : sta- concerné balaie cette hypo- État stratège » d’euros, c’est rien, alors que locaux ont jugé une démarche bilisation de la dotation globale thèse : « Imagine-t-on un pré- CHRISTOPHE BOUILLON, pour nous, cela peut concerner « intéressante » pendant le PRÉSIDENT (PS) DE L’ASSOCIATION de fonctionnement, revalorisa- sident de région passer le taux DES PETITES VILLES DE FRANCE entre 50 et 100 projets », pour- confinement : celle des Collec. tion du maire avec le projet de de TVA à 25 % s’il en avait suit le vice-président chargé Ces comités locaux de levée du loi Engagement et proximité, la possibilité ? Soyons cohé- des finances à l’Association confinement mettaient autour loi 3D en cours de préparation rents ! Il serait obligé d’aug- des maires ruraux de France de la table services de l’État, avec une vraie volonté de cla- menter les impôts. » Philippe était d’accord avant (AMRF). représentants des collectivi- er

rification. Nous avons toujours Sans oublier que, dès le 1 jan- se raviser », confie encore le Enfin, la « révolution de liberté [DR] tés, acteurs économiques et été là pour les soutenir », dit-on vier 2021, les conseils dépar- patron de la commission et d’efficacité » laisse songeur, DOMINIQUE BUSSEREAU sociaux afin de partager des au cabinet de Sébastien tementaux ne percevront plus finances locales à l’ADF. « À sachant que, selon le célèbre Pour le président (ex-LR) informations, de recueillir des Lecornu. la taxe sur le foncier bâti, part dans le bloc communal, il article 72 de la Constitution, de l’ADF (Assemblée demandes et de présenter les affectée aux communes pour n’y a plus d’autonomie fiscale. « dans les conditions prévues des départements de France), mesures envisagées. « C’était UN PLAN D’URGENCE compenser la perte de la taxe Les départements en ont perdu par la loi, les collectivités s’ad- les départements « ont une miniconférence nationale D’AMPLEUR d’habitation. S’ils recevront à le dernier aspect avec le trans- ministrent librement par des de vraies inquiétudes sur des territoires. Il faudrait que leur autonomie financière ». « Faisons d’abord les 3C : la place une fraction de TVA, fert de la taxe foncière », conseils élus et disposent d’un cela dure », estime le président confiance, compétences et cla- les départements « ont de conclut-il. pouvoir réglementaire pour (UDI) de l’Assemblée des com- rification », réplique à La Tri- vraies inquiétudes sur leur L’État s’en défend, citant le l’exercice de leurs compé- munautés de France (AdCF). bune le président (LR) de autonomie financière »,affir - plan d’urgence de 4,5 milliards tences ». « La France est irri- En attendant, « comment vou- Régions de France, Renaud mait en octobre dernier Domi- d’euros pour les collectivités guée par ses 36 000 communes lez-vous gouverner un pays où Muselier, dont les relations se nique Bussereau, le président adopté lors de l’examen du (34 968 au 1er janvier 2020). il existe 246 variétés de fro- sont « normalisées » depuis (ex-LR) de l’Assemblée des troisième projet de loi de C’est une chance d’avoir un tel mage ? », comme s’interrogeait janvier avec la ministre de la départements de France finances rectificatif 2020 maillage. On s’en est rendu le général de Gaulle. n Cohésion des territoires, Jac- queline Gourault. « Est-ce que le pouvoir central va vouloir reprendre nos libertés conquises pendant la crise ? C’est vraisemblable mais pas souhaitable », ajoute le pré- sident de la Région Sud. D’autant que, selon des chiffres du département des études et des statistiques locales (DESL) de la Direction générale des collectivités locales du ministère de l’Inté- rieur, les recettes des collecti- vités devraient chuter de 7,5 milliards d’euros en 2020 : 3,2 milliards pour les com- munes et intercommunalités [le bloc communal], 3,4 mil- liards pour les départements et 0,9 milliard pour les régions. « Depuis une vingtaine d’an- nées, Bercy regarde une chose : l’augmentation des dépenses des collectivités », relève ainsi Jean-François Debat, président (PS) délégué de l’as- sociation Villes de France. « Ils les ont cassées en vendant la suppression de la taxe pro-

En première ligne pendant la crise sanitaire, les élus locaux comptent récupérer des marges de manœuvre face à l’État. (Ici, le centième congrès de l’AMF, à Paris). [JACQUES WITT/SIPA] « POST-COVID : RÉINVENTER LES VILLES » Icade et La Tribune vous donnent rendez-vous à la rentrée de septembre pour en débattre !

Suivez-nous sur www.icade.fr 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

46 L’ENQUÊTE

Inventer le modèle urbain du futur PROSPECTIVE En exclusivité dans « La Tribune », EY et l’association d’élus France urbaine dévoilent leur étude sur les métropoles viables, vivables et vivantes, et listent les atouts qu’il leur faut déployer pour gagner en attractivité et en compétitivité.

CÉSAR ARMAND cette capacité à faire face à des vation, éviter un décrochage ting chez EY, responsable du tences liées à l’environnement, nomique, si vous ne possédez pas événements inattendus comme structurel des métropoles programme Attractivité France. mais pour conserver, voire d’outils sociaux », ajoute le DG u lendemain de la la crise du Covid-19 », déclare françaises, intégrer la ques- « Par exemple, sur la dimension gagner, en attractivité et de France urbaine. « Nous avons percée verte dans de Olivier Landel, délégué général tion environnementale à environnementale, Strasbourg ­compétitivité dans les cinq de bonnes surprises sur la rési- nombreuses munici- de France urbaine. Si l’atténua- toutes les problématiques, ou et Rennes s’appuient sur une ­prochaines années, elles aime- lience environnementale », palités, et à l’heure tion et l’adaptation au dérègle- encore résorber les impacts de vraie culture politique et popu- raient avoir, comme elles le abonde Stéphane Manoukian de la relance écono- ment climatique sont déjà dans la crise actuelle et future. laire de sensibilité écologique, répètent souvent, les coudées d’EY. Si, sur cette thématique, Amique, « les métropoles fran- leurs champs d’intervention, quand Dijon donne une très forte franches, à savoir de l’autono- les métropoles d’Europe du çaises ont à leur main une « en matière d’atténuation, nous AVOIR LES COUDÉES impulsion avec sa smart city. mie et de la différenciation. Nord, trustent le haut du clas- dizaine d’accélérateurs pour se savons ce qu’il faut faire dans FRANCHES Quant à Brest ou Saint-Étienne, « Intégrer le département du sement, cinq métropoles fran- réinventer et promouvoir un les bâtiments et les transports ; Si la plupart des grandes agglo- des villes en reconquête urbaine Rhône à la métropole de Lyon est çaises font partie du top 20, ce modèle de développement en revanche, en termes d’adap- mérations hexagonales n’ont et économique, elles investissent aussi parti de cette réflexion », qui fait de la France le pays le urbain viable, vivable et tation, les bonnes solutions sont pas la taille de leurs homologues et innovent dans leurs infra­ rappelle Olivier Landel. « En plus représenté. « Les métro- vivant », souligne Stéphane encore en train d’être recher- allemandes ou britanniques, structures avec le meilleur de matière de renouvellement poles les plus performantes font Manoukian, associé consulting chées… », dit-il. « leurs scores restent toutefois l’efficacité énergétique et clima- urbain, si vous n’avez pas les la différence notamment sur les secteur public local chez EY. C’est pourquoi EY a examiné à formidables et parfois surpre- tique », relève-t-il. outils pour accompagner les questions énergétiques – effica- Parmi ces qualités indispen- la loupe 240 métropoles euro- nants, et elles prennent des voies Transport, eau, assainissement, familles dans la recherche de cité et part des énergies renou- sables : la capacité à mobiliser péennes dont 24 françaises différentes pour acquérir une déchets, aménagement logements ou d’emplois, vous ne velables – et les mobilités des investissements partena- pour réinventer le développe- stature européenne », explique urbain… Les métropoles ont pouvez pas changer la ville. – nombre de voitures en circula- riaux, une administration ment urbain autour de l’inno- Marc Lhermitte, associé consul- effectivement déjà des compé- Idem pour le développement éco- tion et indicateurs de congestion. ouverte et partagée, l’aptitude La surperformance du top 5 à la résilience, la gestion intel- français s’explique également ligente des ressources, la dis- par le ressenti de la population position également de leviers vis-à-vis de la lutte contre de réurbanisation et de réamé- le dérèglement climatique », nagement, ou d’un savoir-faire ­complète-t-il. en matière de coconstruction citoyenne... Avec l’association d’élus locaux France urbaine, il dévoile dans La Tribune une « Dans les bâtiments étude intitulée « Après la crise, et les transports, quels leviers pour transformer les métropoles françaises en les bonnes solutions “future cities” ». en termes ÉVITER LE DÉCROCHAGE d’adaptation sont Les grandes villes doivent en effet se réinventer pour pro- encore en train mouvoir un modèle de dévelop- d’être recherchées » pement urbain viable, « en OLIVIER LANDEL, innovant en matière de dévelop- DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE FRANCE URBAINE pement économique pour accé- lérer la reprise », vivable, « en intégrant la question environ- nementale et de la durabilité des « La prise de conscience d’arti- activités et des espaces culer les enjeux économiques, urbains », et vivante, « en mobi- écologiques et sociaux n’est pas lisant les forces vives du terri- nouvelle dans la gouvernance toire pour garantir l’inclusion des grandes villes », confirme de tous sur toutes les dimen- Olivier Landel, qui se souvient sions », poursuit Stéphane d’une étude de 2002 ou de 2003 Manoukian. de l’Association des commu- « Nous avons tout de même nautés urbaines de France dépassé la phase de prise de (Acuf, avant France urbaine) conscience et nous faisons en sur les grandes villes engagées sorte d’être le plus résilients pour un développement possible, c’est-à-dire d’avoir durable qui mettait déjà en exergue des bonnes pratiques. « Des avions faisaient de la ther- mographie aérienne pour repé- « La surperformance rer les passoires thermiques. Les ménages les plus fragiles étaient du top 5 français Transport, eau, ensuite accompagnés dans la s’explique par le déchets, rénovation. Le réchauffement aménagement n’était pas autant visible, mais ressenti de la urbain… En la prise de conscience écolo- population vis-à-vis plus de leurs gique, économique et sociale nombreuses était déjà là », insiste-t-il. Il faut de la lutte contre compétences, dire aussi que le modèle de la le dérèglement les métropoles ville durable à la française est veulent réfléchi depuis des années à tel climatique » davantage point que ce concept s’exporte STÉPHANE MANOUKIAN, d’autonomie. assez bien dans les colloques à ASSOCIÉ CHEZ EY [GETTY] l’international. n LA TRIBUNE 3 juillet 2020

L’ENQUÊTE 47

Forces et Les 24 métropoles faiblesses des françaises de l’étude 1 « Future Cities » 2 « Future Cities France » Concentration Concentration Concentration démographique des richesses de l’innovation Catégorie de métropole (selon sa Métropole démographie et son poids 59 % 67 % 6,7 économique) 1 Bordeaux Européenne

de la population européenne du PIB européen est concentré brevets sont déposés chaque heure 2 Brest Régionale est concentrée dans les zones métropolitaines. dans les zones métropolitaines. dans les métropoles européennes. 3 Clermont-Ferrand Régionale Fragilité Fragilité Fragilité climatique sociale territoriale 4 Dijon Régionale 5 Grenoble Européenne 70 % 34 millions X 5 6 Le Havre Régionale 7 Lille Européenne

du CO2 mondial a été produit des urbains en Europe sont L’emploi salarié croît cinq fois plus vite par les villes en situation de fragilité sociale dans les métropoles 8 Lyon Européenne en 2013 selon l’ONU. et en risque d’exclusion. que la moyenne française. 9 Marseille Européenne

10 Metz Régionale

11 Montpellier Régionale

12 Nancy Régionale

Classement 13 Nantes Européenne des métropoles Newcastle Kiel capitales en 14 Nice Européenne 3 Europe 15 Orléans Régionale (selon la concentration d’influence économique, 16 Paris Mondiale scientifique et politique) Top 10 des 17 Reims Régionale métropoles Brest 1 Londres Rennes 18 Rennes Régionale 4 régionales Dijon Zürich 2 Paris 19 Rouen Européenne Saint-Étienne 3 Berlin 20 Saint-Étienne Régionale La Corogne Montpellier 4 Stockholm Vigo 21 Strasbourg Européenne

5 Munich 22 Toulon Régionale

6 Madrid 23 Toulouse Européenne

7 Barcelone 24 Tours Régionale

8 Amsterdam

9 Francfort

10 Bruxelles SUÈDE DES « GREEN BONDS » ROYAUME-UNI COMOODLE, ÉCOSSE LA GESTION DU 11 Dublin POUR FINANCER LES PROJETS LA PLATEFORME DE GESTION RISQUE D’INONDATION PLANIFIÉ DE GÖTEBORG DES COMMUNS DE KIRKLEES SUR DOUZE ANS À GLASGOW 12 Vienne En 2013, Göteborg fait figure de pionnière en En 2016, Kirklees lance Comoodle, une En 2014, la ville de Glasgow établit 13 Helsinki étant la première ville à émettre des green ambitieuse plateforme de gestion des communs, une stratégie de gestion du risque bonds. Ces emprunts sont émis sur les marchés sur laquelle sont échangés trois types de d’inondation sur douze ans, permettant de 14 Hambourg financiers par des entreprises ou entités ressources entre entreprises, administrations, planifier et d’assurer des investissements publiques pour financer des projets contribuant associations et citoyens de Kirklees : des objets, conséquents. La particularité de la stratégie de 15 Oslo à la transition écologique. L’émetteur s’engage des compétences et des espaces, contre Glasgow réside dans son intégration complète à utiliser les financements obtenus pour des du temps disponible. Avec cette plateforme, dans l’agenda de la ville, comme en 16 Prague projets durables. Les green bonds émis par la métropole se positionne comme facilitateur témoignent les objectifs fixés : réduction Göteborg sont accessibles aux investisseurs des initiatives citoyennes, entrepreneuriales du risque d’inondation, amélioration de 17 Zürich sans coûts additionnels. Depuis 2013, Göteborg et administratives, et intègre de nouveaux la qualité des eaux fluviales, développement a ainsi emprunté près de 430 millions d’euros, acteurs au financement et à la réalisation de économique, habitations plus résistantes 18 Manchester qui lui ont notamment servi à la construction politiques municipales hors budget. et stratégie d’aménagement intégrée d’une usine de biogaz, à la mise à disposition de L’idée a été récompensée de 1 million d’euros (réduction de la surface totale artificialisée). 19 Lisbonne véhicules électriques pour l’administration locale par le Bloomberg Philanthropies Mayors La stratégie de la ville est mise ou au déploiement de nouvelles technologies de Challenge, qui ont servi à financer en œuvre par le Metropolitan Glasgow 20 Cologne filtration de l’eau. ourP qu’un projet soit financé le développement de la plateforme. Kirklees a Strategic Drainage Partnership, qui associe par ces fonds, il est évalué par le Green Bond fait appel à la start-up YooMee pour développer pas moins de 12 acteurs du territoire Committee qui juge de son adéquation avec une plateforme pilote avant la plateforme finale. dans le financement et la gestion la stratégie municipale. Ce comité est composé Un cabinet de relations publiques a ensuite des différents travaux d’aménagement [SOURCE : RAPPORT EY - FRANCE URBAINE : de membres du Bureau d’urbanisme de la ville été mandaté pour promouvoir Comoodle et dispositifs nécessaires à la réduction « MÉTROPOLES VIABLES, VIVABLES, VIVANTES »] et du Bureau de l’environnement. n auprès des résidents de la métropole. n du risque d’inondation. n 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

48 GRAND EST

Secouée par le Covid, l’Alsace veut rebondir

unilatérale par Berlin le 15 mars, deux jours avant le confine- ment des Français par Emma- nuel Macron, reste un événe- ment incompris. RELATIONS DÉGRADÉES Les élus impliqués dans la coo- pération transfrontalière, qui faisaient la promotion avant cette crise de leur « laboratoire de l’Europe au quotidien », ont ri jaune le 15 juin lors de la réou- verture de tous les points de passage par-dessus le Rhin. « Je préfère garder en souvenir la bonne coopération sanitaire avec nos voisins, et l’accueil de nos patients dans les hôpitaux allemands », dit Brigitte La place Kléber, à Strasbourg, en plein confinement en mai dernier. La Région prépare une campagne de promotion pour le tourisme et l’économie. [OLIVIER MIRGUET] ­Klinkert en forme d’esquive. On a vu aussi Jean Rottner, pré- sident (LR) du conseil régional REPRISE Durement confrontée témoigne Brigitte Klinkert, l’organisation des hôpitaux de lances. À Mulhouse mais aussi eux, la recherche d’un point de du Grand Est, s’énerver contre aux effets de la crise sanitaire, présidente (LR) du conseil Mulhouse et de Colmar, l’ac- à Strasbourg, des habitants ont passage quotidien a entraîné son maintien en zone rouge au l’Alsace s’est sentie perdue départemental. cueil aux urgences et le fonc- été traumatisés par le vacarme une heure de détour. Sans mois de mai, alors que la situa- entre des autorités débordées, Avec des conséquences instan- tionnement des services de des sirènes. compter les bouchons liés aux tion sanitaire s’améliorait len- côté français, et la fermeture tanées sur la fréquentation des réanimation étaient complète- Après deux semaines de K.-O., contrôles inédits et tatillons à tement dans la région. « Je suis des frontières imposée par ses hôpitaux, la crise sanitaire a ment débordés. Frédéric Bierry, l’économie s’est lentement la frontière. Déconfiné beau- désolé, mais ça, ça me gonfle », voisins allemands. été ressentie plus fortement en président (LR) du conseil dépar- réveillée. Les frontières fer- coup plus tôt que l’Alsace, le s’est-il emporté le 30 mai, atta- OLIVIER MIRGUET Alsace que dans le reste du temental du Bas-Rhin, déplorait mées, la vie des travailleurs Bade-Wurtemberg est resté quant de front le Premier pays. La flambée est partie de début avril « l’impuissance frontaliers (100 000 salariés interdit d’accès aux Français ministre, Édouard Philippe, et Des rendez-vous Mulhouse, dans le quartier de publique » de l’Agence régionale alsaciens en Allemagne et en jusqu’au 15 juin. le ministre de la Santé, Olivier annulés, des coups de Bourtzwiller où l’église évan- de santé et plus généralement Suisse) s’est trouvée compli- Frappée par cette crise sans Véran. Pour se débarrasser de fil inquiets début gélique la Porte ouverte chré- de l’État. L’armée de l’air a pour- quée. Pour certains d’entre précédent, l’économie régio- son image dégradée, l’Alsace mars. Et soudain, les fron- tienne avait organisé en février tant transporté des patients nale, d’habitude orientée à l’in- prépare une campagne de pro- tières fermées, l’économie à une semaine de jeûne réunis- dans le coma par hélicoptère ternational, tente de se focaliser motion orientée vers ses mar- l’arrêt. En quelques jours à sant plus de 2 000 personnes. militaire NH90 vers des régions sur des circuits courts. Le chés français, dans le tourisme partir du 11 mars, la vie dans Les pèlerins ont ensuite diffusé frontalières, puis par Airbus EN CHIFFRES département du Bas-Rhin pro- et l’économie. Avec l’Allemagne, le département du Haut-Rhin le coronavirus, malgré eux, A330 médicalisé vers Brest, met un « plan Marshall » avec les réconciliations vont prendre s’est trouvée entièrement blo- dans toute la région, mais aussi Marseille ou Toulon. Les ser- 200 millions d’euros d’investis- une tournure plus diploma- quée par cette crise sanitaire jusqu’en Corse et en Guyane. vices de santé de l’armée ont sement public pour soutenir les tique, bon enfant. Focalisés sur d’une violence inédite. « J’ai installé à Mulhouse un hôpital filières locales. L’épisode a leurs amitiés transfrontalières eu l’impression d’un grand iso- L’IMPUISSANCE DE L’ÉTAT de campagne, avec 30 lits de 200 M€ laissé un goût d’amertume dans et leurs réseaux locaux, les élus lement, d’une grande solitude Au départ, en Alsace comme réanimation. MONTANT DU « PLAN la relation franco-allemande, le alsaciens manquent de relais à et le sentiment qu’on avait peur ailleurs, certains parlaient Dans la plaine d’Alsace, sur MARSHALL » DU moteur traditionnel de l’acti- Berlin. Mais en cas de crise, les de nous, les Haut-Rhinois. On d’une grippe. L’étape suivante l’autoroute confinée, on a vu se DÉPARTEMENT DU BAS-RHIN vité alsacienne. La fermeture de décisions se prendront toujours était comme pestiférés », est arrivée très vite. Le 20 mars, multiplier des convois d’ambu- POUR LES FILIÈRES LOCALES la frontière décidée de façon dans la capitale allemande. n

Vincent Froehlicher : « Une intensité humaine hallucinante »

ENTRETIEN Directeur général période, on a fait un retour le sentiment qu’il fallait tout États-Unis, certaines maisons Quel a été l’impact des cartes de l’Adira, agence publique d’expérience avec nos 34 sala- arrêter, se confiner comme les mères ont désapprouvé la de France diffusées tous les territoriale de développe- riés. L’Adira a tenu. Italiens ou les Chinois. Avez- méthode française. Des patrons soirs, sur lesquelles l’Alsace ment économique en Alsace, vous craint un décrochage de de filiales se sont fait menacer se situait en permanence en Vincent Froehlicher revient sur Quelles ont été les réactions des votre économie ? s’ils fermaient. Mais ils n’ont zone rouge ? la période entre mars et avril où patrons alsaciens sous l’effet de Frédéric Bierry a pensé qu’un pas toujours eu le choix. On a été rebaptisés Corona- l’économie régionale a menacé la crise ? arrêt complet pourrait enrayer land. On nous a comparés à un de s’arrêter. Pendant la deuxième quin- la pandémie rapidement et ren- L’Adira a-t-elle donné un Wuhan français. C’était zaine de mars, le gouverne- drait une reprise ultérieure coup de pouce à certains éco­ pénible. L’équipe de la Marque Comment êtes-vous entré dans ment a tellement insisté sur le plus facile. Cette hypothèse a systèmes ? Alsace, notre outil de marke- cette période de crise sanitaire ? côté sanitaire que les salariés circulé jusqu’au plus haut Quand l’État a commandé des ting territorial, a fait passer On est tous partis en télétra- ont pris peur. Des sites indus- niveau de l’État. Cela n’a pas plu respirateurs chez Air Liquide, des informations dites de vail un vendredi soir, avec nos triels ont fermé. C’était un à tout le monde sur le terrain, j’ai écrit à son PDG, Benoît réconfort, des belles images cartons sous le bras. J’ai éla- « Les initiatives solidaires, crève-cœur pour les chefs mais cette idée avait aussi des Potier, au bluff parce que je ne rappelant la beauté de notre boré une feuille de route sim- nombreuses dès le départ, ont d’entreprise. Ils m’appelaient supporters. L’Alsace accueille le connaissais pas, pour lui région. Toutes les initiatives plifiée pour l’Adira, nous posi- été valorisées » [OLIVIER MIRGUET] depuis leur domicile, un peu beaucoup d’entreprises étran- proposer les services de nos solidaires ont été valorisées et tionnant en tiers de confiance. perdus. Mais l’activité écono- gères. En ­Allemagne et aux sous-traitants régionaux. elles ont été nombreuses, dès Nous avons diffusé des infor- appelés, puis nous sommes mique a repris assez vite dès Il nous a mis en contact avec le départ. Un fabricant de pain mations vérifiées sur notre restés en contact permanent. le début du mois d’avril. son chef de projet, mais cela d’épices a offert du gel site Internet et nos réseaux Pour la première fois de notre D’abord en mode dégradé, n’a rien donné. Avec Jean hydroalcoolique. Le patron sociaux, suivis par 2,5 millions histoire, le taux de couverture avec des volontaires dans les « On a été Rottner, le président du d’une entreprise d’agroali- de personnes. Pendant la de l’Adira a atteint 100 %. En entreprises. Et progressive- conseil régional, nous avons mentaire a distribué des colis crise, nous nous sommes temps normal, un quart des ment, c’est monté en puis- rebaptisés cherché en Belgique des alimentaires à des étudiants concentrés sur nos grands entreprises nous échappent. sance. Mi-juin, nous étions Coronaland. laryngoscopes pour l’hôpital confinés. Des concession- comptes industriels et ter- J’ai aussi donné carte blanche revenus à 80 % d’activité. de Mulhouse. Dans le textile, naires automobiles ont même tiaires supérieurs : 397 sites de à mon équipe pour s’impliquer On nous a comparés nous avons aidé des entre- offert des housses. L’intensité plus de 100 salariés, qui repré- dans des collectes de matériel Frédéric Bierry, le président à un Wuhan français. prises locales à monter des humaine a été halluci- sentent 120 000 emplois en pour les soignants et les (LR) du conseil départemental ateliers et à obtenir l’homolo- nante. n PROPOS RECUEILLIS PAR Alsace. Nous les avons tous Ehpad. À la fin de cette du Bas-Rhin et de l’Adira, a eu C’était pénible » gation de leurs masques. OLIVIER MIRGUET LA TRIBUNE 3 juillet 2020

GRAND EST 49

Textile vosgien : un réveil à confirmer

MOBILISATION Moribonde avec couturières. « Nous sommes lions de masques, sans jamais Jean Hingray, plus de 25 000 emplois perdus tout de même partis à l’aven- bénéficier d’une vision glo- le maire centriste dans les Vosges en deux géné- ture », poursuit Paul de bale de son marché. Tout s’est de Remiremont rations, la filière textile s’est Montclos, qui préside aussi le arrêté début juin, faute de (Vosges). remobilisée sous l’impulsion Syndicat textile de l’Est. débouchés. « Au final, on est [OLIVIER MIRGUET] de la crise sanitaire. Dans ce « Mais personne ne savait quels déçus. Les industriels ont envie département rural et monta- types de masques produire. de faire renaître la filière vos- gnard, des retraités, des cou- Nous n’avions pas d’informa- gienne, mais rien n’a changé », turiers et couturières ama- tions sur les normes. » Fallait-il regrette Christine Goddyn. teurs se sont présentés en fabriquer en polycoton, en Des industriels vosgiens Les combats d’un jeune maire spontanément dans les der- polyester, en mailles ? accusent l’État d’avoir acheté nières usines en activité pour des masques au Vietnam, dis- pour limiter les dégâts coudre des masques de protec- RECRUTER D’URGENCE tribués par . Plu- tion. Un élan civique ? « Nous Un autre obstacle a semblé sieurs collectivités du Grand PORTRAIT Budget en berne, pro- tine, piscine, stationnement) et des avons accueilli une vingtaine encore plus incongru : après Est, dont Strasbourg, les ont jets ajournés : comme tant d’autres, dépenses inattendues (masques, gel). de volontaires », confirme Paul des décennies de licencie- acquis en Asie. Paul de cette petite commune de 8 000 habi- Des projets promis pendant la cam- de Montclos, président de ments, les entreprises ont dû Montclos estime le stock d’in- tants a traversé la crise sanitaire sur pagne, comme la rénovation des pistes Garnier-­Thiebaut, une entre- recruter d’urgence. « Il n’y a vendus à plus de 10 % de la le fil du rasoir. d’athlétisme, ont été ajournés. « Heu- prise de 220 salariés spéciali- plus d’organismes de forma- production vosgienne. reusement, il y a des partenaires pri- sée dans le linge de maison, tion dans les spécialités du Pour certifier leurs modèles, Au croisement des vallées de la vés », remarque Jean Hingray. Il a fait installée à Kichompré, près de textile », confirme Christine les industriels ont fait appel à Moselle et de la Moselotte, la ville de appel aux commerçants pour rénover Gérardmer. Goddyn, consultante en res- l’Institut français du textile et Remiremont dans les Vosges n’a pas sa halle de marché et tonifier la zone Du côté patronal, c’était plu- sources humaines en mission de l’habillement (IFTH) qui été épargnée par la crise sanitaire du tertiaire à l’entrée de la ville, où vien- WWW.LATRIBUNE.FR tôt la panique. Des injonc- pour le Syndicat textile de procède à des essais destruc- Covid-19. Son hôpital, qui répond aux dra s’installer un complexe de sept tions contradictoires sont l’Est. « On a récupéré des can- tifs de lavage, de résistance et besoins sanitaires d’un bassin de vie salles de cinéma. parvenues des membres du didatures de personnes qui de filtration. « Chaque essai de 100 000 personnes, a été débordé Quelques semaines avant la crise sani- gouvernement, qui ne recom- avaient eu ces compétences nous a été facturé 1 100 euros. fin mars par l’afflux de patients. Jean taire, la mairie a conclu un accord pour « Brigitte Klinkert : mandait le port du masque dans le passé, et réussi à Il y a eu un goulot d’étrangle- ­Hingray, jeune maire (33 ans) centriste racheter (450 000 euros) la succursale “Face aux besoins sanitaires, que pour les personnels soi- embaucher 20 personnes », ment. Mi-juin, alors qu’il n’y et fraîchement réélu dans cette locale de la Banque de France et la nous activons gnants, avant de conseiller le indique-t-elle. avait plus de débouchés, des ­commune de 8 000 habitants, s’est revendre à un hôtelier qui va la conver- nos filières masque en tissu « grand Entre le début du confine- résultats ne nous avaient tou- retroussé les manches. « On a trouvé tir en un 4 étoiles. La ville fut pendant économiques” » public » pour toute la popula- ment en mars et sa sortie pro- jours pas été retournés », un stock de 35 000 blouses pour les soi- cinq décennies sous la coupe de tion. Dès avril, il a fallu en gressive le 11 mai, la filière déplore Paul de Montclos. gnants grâce à un associé allemand, et ­Christian Poncelet, l’ancien président « Garnier-Thiebaut impose la produire. La préfecture des textile vosgienne (2 500 Les industriels du textile vos- apporté du gel hydroalcoolique aux du Sénat qui a cumulé plus de cent qua- “blockchain” à la Vosges, en cellule de crise, a emplois) a produit 2,07 mil- gien sont devenus dépendants cinq Ehpad de la communauté de rante années de mandats locaux (maire, filière textile » tenté de coordonner la de leurs débouchés dans les ­communes », raconte l’élu. « Je n’ai conseiller général…). TGV, palais des demande et l’offre locale. « On industries touristiques : les jamais rencontré le moindre représen- congrès, voies rapides, rien ne semble nous a demandé de partir à la entreprises fournissent aux tant de l’Agence régionale de santé », manquer. « Poncelet a apporté ici plus guerre avec des soldats qui hôtels et aux restaurants du persifle Jean Hingray. d’un milliard d’euros de subventions étaient morts à la bataille pré- linge de table et de la literie. Au lendemain du premier tour, il a publiques », confirme Jean Hingray. cédente », résume Paul de 2 MILLIONS Cette clientèle traditionnelle ordonné la fermeture de sa mairie et Mais Remiremont se bat encore pour Montclos, amer. NOMBRE DE MASQUES s’est mise en sommeil cette chamboulé le programme de travail relancer l’économie et empêcher l’éro- Impactée par les effets des PRODUITS PAR année, pénalisée par la crise. de ses 173 agents municipaux. Depuis sion du commerce local, la mairie vient délocalisations, la filière vos- LA FILIÈRE TEXTILE Chez Garnier-Thiebaut, le cette date, il a fallu recalculer cinq fois d’engager 100 000 euros dans une opé- gienne a perdu son savoir- VOSGIENNE DURANT chiffre d’affaires (40 millions le budget de la commune (22 millions ration de relance par la consommation : faire dans des métiers essen- LE CONFINEMENT. d’euros en 2019) pourrait chu- d’euros), déjà amputé de 400 000 euros des chèques-cadeaux avec 25 euros tiels : tisserands, piqueuses, ter de 50 % en 2020. n O. M. sous l’effet des recettes en baisse (can- offerts pour 100 euros d’achat. n O. M. agence bastille © photo : Jean-Luc Stadler / Région Grand Est Grand / Région Stadler Jean-Luc : © photo bastille agence

Si vous aussi vous êtes TOTALEMENT À L’EST : TOTALEMENT À L’EST [t ɔtalmã a l st] Expr. — 2020 • partagez vos idées sur Expression qui désigne les maregiondemain.fr qualités d’une personne réfléchie, audacieuse, forte dans les épreuves. Antonyme : totalement à l’Ouest.

Nathalie – Mulhouse, Haut-Rhin gérante de Bretzels Roland ON VA OÙ CET ÉTÉ ?

Préférez la Provence

Avec vous, la Provence s’engage à relever le défi d’une crise inédite. Ensemble, nous nous mobilisons pour soutenir ce territoire magnifique que nous aimons tant. Ensemble, écrivons une histoire commune.

En préférant la Provence, choisissez un patrimoine, un art de vivre, un savoir-faire. En préférant la Provence, encouragez les femmes et les hommes d’un territoire impliqué et solidaire. En préférant la Provence, vous optez pour l’authenticité, le naturel, la proximité, le confort, la sérénité et la vitalité. En préférant la Provence, vous donnez du sens En préférant la Provence, vous allez dans le bon sens

Alors nul besoin de regarder ailleurs, préférez la Provence. Venez chez nous, en Provence !

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#JeChoisisLaProvence preference_provence ©rochagneux - stock.adobe.com ©rochagneux ON VA OÙ CET ÉTÉ ?

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#JeChoisisLaProvence preference_provence ©rochagneux - stock.adobe.com ©rochagneux 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

52 HAUTS-DE-FRANCE

Pour s’en sortir, les acteurs économiques ont travaillé main dans la main

SYNERGIES Du jamais vu. Le 1er avril dernier, un communiqué de presse rassemblait sous une même bannière, d’un côté, les organisations patronales du Medef, de la CPME et de l’U2P des Hauts-de-France et, de l’autre, les syndicats de salariés, CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO. Tous s’étaient concertés le 25 mars pour que les entreprises puissent maintenir ou retrouver une activité économique. GAËTANE DELJURIE

La crise a indéniablement resserré les liens entre les institutions régionales, mais cette fois-ci pour traiter de questions très pratiques. Et, du coup, plus tout à fait macroéconomiques, si l’on pense aux analyses sur la conjoncture régionale livrées conjointement par la Banque de France, la CCI Hauts-­ de-France et la Chambre de métiers et de l’artisanat, ou aux conférences de rentrée où parlaient de concert la CCI et le Medef. Pour faire face à cette crise sans ­précédent, l’État, la Région Hauts- ­ de-France, les chambres consulaires Face aux et les organisations patronales ont difficultés, l’État, travaillé main dans la main. Partie la Région émergée de l’iceberg, ils ont édité un Hauts-de-France, document unique répertoriant toutes les chambres les aides pouvant être apportées pour consulaires aider les entreprises, organisé des (comme ici, la Facebook live, et transmis leurs mes- CCI Grand Lille) et sages via les médias du groupe régio- les organisations nal Rossel La Voix du Nord. patronales ont joint leurs efforts. LA CRÉATION D’UNE [ISTOCK] PLATEFORME EN LIGNE En coulisses, une cellule de crise heb- domadaire était organisée tous les bloquait, on prenait le téléphone. » Les syndicats professionnels, le Medef, « Près de 98 % des prêts ment des dirigeants de TPE et de vendredis pendant la durée du confi- synergies sont encore présentes pen- la CPME et l’U2P. PME, qu’il s’agisse d’accompagner nement. « Il s’agissait de trouver des dant la phase de déconfinement. Après la mise en place d’une plate- garantis par l’État les salariés, d’accueillir les clients ou solutions pour chaque entreprise qui Le 10 juin, un communiqué était forme d’entraide entre profession- ont été acceptés. Si un de se fournir en équipement, dans en faisait la demande et sans attendre signé conjointement par la Région, nels ou pour être autosuffisant à ce monde de l’après-Covid-19 où le trois jours, raconte Marion Sigier, res- la préfecture de région Hauts- l’échelle régionale en matière d’équi- dossier bloquait, virus circule encore. Le titre est lui- ponsable de la communication au de-France, la Chambre de commerce pements de protection individuels, on prenait le téléphone » même symbolique : « Ensemble, Medef Grand Lille et Hauts-de-France. et d’industrie, la Chambre de métiers la dernière annonce en date porte sur réussir la reprise ! » Il pourrait éga- MARION SIGIER, Près de 98 % des prêts garantis par et de l’artisanat, et la Chambre régio- la création d’une plateforme en ligne RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION AU MEDEF lement s’agir d’agir ensemble dans l’État ont été acceptés : si un dossier nale d’agriculture, mais aussi les dédiée à la reprise et à l’accompagne- GRAND LILLE ET HAUTS-DE-FRANCE le « monde d’après ». n

Des produits régionaux boudés pendant la crise

CONSOMMATION C’était un Nord. La Chambre d’agricul- chés habituels dans la restau- année par 25 entreprises appel au secours pour sauver ture des Hauts-de-France, ration, qu’elle soit commer- régionales). Pour soutenir les un trésor culinaire, quoique soutenue par la Région Hauts-­ ciale ou collective. agriculteurs et les produc- quelque peu odorant : il fallait de-France et la Direction teurs, les Hauts-de-France se sauver le sacro-saint maroilles ! régionale de l’alimentation, de LA POMME DE TERRE sont même dotés d’une plate- Le 14 avril dernier, Claude l’agriculture et de la forêt A SOUFFERT forme ouacheterlocal.fr pour Béra, président du Syndicat du (Draaf), a lancé une grande Objectif : relancer la consom- privilégier les circuits courts maroilles, et Marie-Sophie campagne de communication mation de maroilles, mais à côté de chez soi. Lesne, vice-­présidente du pour tous les secteurs qui ne aussi de tous les produits En tout état de cause, la remise conseil régional chargée de trouvaient plus leurs débou- régionaux qui ont souffert, à l’honneur du circuit court a l’agriculture, lançaient un comme les produits de la mer, ouvert de nouvelles opportu- appel désespéré aux consom- l’agneau, les pommes de terre nités pour les producteurs mateurs afin qu’ils arrêtent de EN CHIFFRES (4,3 millions de tonnes récol- dans la perspective de l’après- se détourner de ce délicieux tées chaque année en Hauts- crise. À l’image de la filière fromage de l’Avesnois. de-France, soit deux tiers de porcine, où la quinzaine d’éle- La production de maroilles, la totalité des pommes de veurs de porcs bio ont élaboré protégé par une AOP (appella- terre cultivées en France), la des offres spécifiques, comme tion d’origine protégée), c’est 4 000 TONNES volaille de Licques (2 100 des caissettes de 7 à 8 kilos à plus de 4 000 tonnes chaque PRODUCTION ANNUELLE tonnes produites en 2019) ou précommander, proposées année. Il est même consommé Les producteurs de maroilles ont lancé un appel pour sauver leur DE MAROILLES, CONSOMMÉ encore les moules (3 000 par les réseaux Biocoop, Bio c’ à 80 % dans la grande région célèbre fromage, boudé durant la période de confinement.[ISTOCK] À 80 % DANS LE NORD tonnes produites chaque Bon et Biomonde. n G. D. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

HAUTS-DE-FRANCE 53

Quatre entreprises à la réussite inattendue

ALINEAIR A CONÇU UN TUNNEL DE DÉSINFECTION

Il est passé sur CNews, BFMTV, Le Parisien, Franceinfo, Challenges et même dans les médias étrangers, aux États-Unis, en Pologne, en Rus- sie, en Afrique… « Le téléphone n’a pas arrêté de sonner », sourit Pierre Nicoletti, patron d’Alineair. Instal- Le fabricant textile Lemahieu a développé avec le CHU lée à Tourcoing et à Valenciennes, de Lille un modèle homologué. [LEMAHIEU] son entreprise, spécialiste du mobi- lier urbain, ne s’attendait pas à un tel raz-de-marée concernant sa dernière innovation : un tunnel de Les clients peuvent être désinfectés au moyen de ce sas amovible désinfection amovible. Un sas de de deux mètres de long mis au point par Alineair. [ALINEAIR] Le masque, deux mètres de long et d’un mètre de largeur, que le client d’un super- – nous avons été les premiers à pro- besoin de mettre les articles de marché peut traverser en quelques poser un abri à Caddies –, mais nous côté pendant un certain temps, catalyseur de secondes, pour désinfecter à hau- intéressons aussi désormais le petit détaille Pierre Nicoletti. Plus on teur de chariot. « Nos clients de commerce de détail, comme le maga- avance, plus on se rend compte des toute une filière départ étaient les supermarchés sin de vêtements qui n’aurait plus possibilités. »

TEXTILE Tout a commencé par sation d’une filière pérenne une collaboration. Le CHU de de production de masques Lille et Lemahieu, spécialiste réutilisables, pour des entre- du sous-vêtement, ont mis au prises de textile qui pourront point un masque homologué, alors réorienter une partie de qui pouvait aussi bien être leur production. À l’image du produit sur les lignes indus- million de masques fabriqués L’entreprise trielles que chez des coutu- par le site Toyota d’Onnaing, WWW.LATRIBUNE.FR a tiré parti de rières bénévoles. Fin mars, près de Valenciennes, pour ses 300 près de 10 000 couturiers en offrir aux habitants. Ou imprimantes volontaires avaient répondu comme le groupe de réinser- 3D pour à l’appel. tion Vitamine T, présidé par fabriquer des La mobilisation extraordi- André Dupon, qui a créé une « Le CHU de Lille dispositifs et la filière textile naire n’a pas été le seul inté- vingt-quatrième filiale, bap- s’allient pour anti-Covid. rêt de l’opération puisqu’une tisée Confectio, capable de fabriquer [DAGOMA] vingtaine d’entreprises ont produire jusqu’à 150 000 des masques » été impliquées dans l’opéra- masques par semaine. DAGOMA A RÉORIENTÉ SA PRODUCTION VERS LES VISIÈRES « Carton plein tion Des masques en Nord, pour Le Casier que ce soit en matière de UN EFFET BOOSTER Français, C’est un terrible paradoxe. Être en Norauto, Securitas ou Chronopost. su tirer parti de la crise et aussi mécénat, d’apport de logis- À Roubaix, l’atelier Résilience distributeur pour redressement judiciaire. Et quelques En exploitant sa ferme de 300 impri- rejoindre l’immense mouvement de circuit court tique, d’expertise textile a été monté de toutes pièces made in France » semaines plus tard, fabriquer des mantes, Dagoma, l’entreprise roubai- solidarité de Visière solidaire, qui a comme le réseau ClubTex, par Carol Girod, cofondatrice dizaines de milliers d’arceaux pour sienne pionnière dans la construc- rassemblé des centaines de makers de mise à disposition de du réseau éponyme, groupe- « Dagoma visières anti-Covid afin d’équiper tion de machines d’impression 3D, a dans toutes les régions. matériel, d’assemblage et de ment d’ampleur nationale qui neutralise à confection (par Damart, rassemble des PME du textile, distance les armes imprimées l’Opéra de Lille, Decathlon, des entreprises d’insertion et en 3D » LE CASIER FRANÇAIS A CARTONNÉ Le Colonel Moutarde…), de des entreprises adaptées, nouvelles technologies, de et par Stéphanie Calvino, Avec le plébiscite national pour le conciergerie : près de 80 d’entre eux août, sachant que le casier d’entrée communication ou de ges- militante pour une mode circuit court, Le Casier français, ont été expérimentés dans une poly- de gamme coûte entre 13 000 et tion de projet. durable avec son mouvement dont le site de production est basé à clinique de Bordeaux pour proposer 15 000 euros, certaines installations Anti-Fashion à Roubaix et Ennevelin près de Lille, a croulé sous des plateaux-repas, des fleurs ou des sur mesure, véritables magasins UNE MÉGACOMMANDE à Marseille. les demandes. Son cœur de métier nécessaires de toilette. Le carnet de connectés, pouvant aller jusqu’à DU CONSEIL RÉGIONAL Après avoir reçu 130 est en effet d’équiper les produc- commandes est plein jusque fin 80 000 euros. Face au succès de cette initia- machines à coudre et mobi- teurs agricoles de casiers connectés, tive relayée par l’association lisé quelques couturières réfrigérés et permettant la vente à Le Souffle du Nord, le conseil chevronnées, elles ont formé distance grâce à un code de déver- régional a relancé courant des débutants, intérimaires rouillage, tout en assurant un suivi mai une mégacommande de ou demandeurs d’emplois. des stocks en temps réel. 6 millions de masques en Dans un lieu qui a été le ber- « La crise a également donné l’envie Connectés tissu, dans l’optique de privi- ceau du textile français. aux traiteurs, restaurateurs et même et réfrigérés, légier les productions locales. À l’échelle locale, le Covid-19 artisans bouchers, charcutiers, bou- les casiers « Nous avons pensé l’opéra- a donc eu un effet booster langers d’investir dans des casiers », permettent tion Un masque pour chacun pour la filière textile. Et si le explique Manuel Moutier, dirigeant de vendre comme une chaîne de solida- masque n’était que le début trentenaire à la tête d’AST Interna- leurs produits rité dans laquelle chacun de l’histoire ? n G. D. tional Equipment. Les casiers à distance. contribue selon ses compé- peuvent aussi proposer un service [DAGOMA] tences, ses moyens… Indus- triels, associations, bénévoles, élus locaux : tout le monde JET’SAC A FABRIQUÉ 12 MILLIONS DE SURBLOUSES participe pour permettre aux 150 000 habitants des Hauts-de-­ NOMBRE Siégeant à Auchel près de Béthune, tion afin de fabriquer des surblouses mais investi quelques milliers d’euros France d’être équipés d’un HEBDOMADAIRE DE l’entreprise Jet’Sac (groupe Sphere), pour le personnel médical. Mises au pour cette nouvelle production », sou- masque ! », a fait savoir Xavier MASQUES PRODUITS à l’origine spécialisée dans les point avec l’aide d’ingénieurs et de ligne le groupe Sphere. « Comme nous Bertrand, président de la PAR CONFECTIO, sacs-poubelle pour les hôpitaux, médecins, elles ont pallié un manque possédons de grosses capacités avec région Hauts-de-France. FILIALE DU GROUPE ­l’hôtellerie-restauration, les sociétés du milieu hospitalier, en attente de nos huit sites en France, nous réfléchis- Derrière l’initiative, se des- VITAMINE T de nettoyage et la grande distribution, commandes fabriquées en Asie. sons à professionnaliser et à diversifier sine en filigrane la réorgani- a réorienté une partie de sa produc- « Nous n’avons pas changé de métier, cette offre dans la durée. » n G. D.

3 juillet 2020 LA TRIBUNE

56 NORMANDIE

UNE ACTIVITÉ PORTUAIRE MALMENÉE PAR LE COVID-19 Faute d’échanges commerciaux, les ports (ici, celui du Havre) ont été fortement touchés. Mais la Région a su faire preuve d’une grande résilience. [ISTOCK]

Entre inventivité et débrouille, l’écosystème normand a fait face

REBOND Le tissu des PME ainsi que les insoupçonnées dont il est permis groupe familial Lemoine, cador euro- Cette propension à l’agilité s’est aussi services déconcentrés de l’État, entreprises du secteur public ont fait d’espérer qu’elles libèrent les éner- péen des produits d’hygiène, a bâti manifestée dans le secteur public. La agents consulaires, comptables, ban- montre de dynamisme et de créativité gies nécessaires au rebond. en seulement une semaine une crise a été l’occasion pour les collec- quiers…) pour voler au secours d’en- afin d’adapter leur activité à la crise. Ainsi, il est frappant de constater chaîne de fabrication d’écouvillons : tivités de démontrer, avec un certain trepreneurs déboussolés. Au pas- NATHALIE JOURDAN combien le tissu des PME a fait bâtonnets indispensables aux tests éclat, les vertus d’une réponse de sage, « de nouvelles relations montre de réactivité et de débrouil- PCR dont la France avait abandonné proximité en période de turbulences. interpersonnelles se sont nouées », De la Normandie manufac- lardise pendant l’assignation à rési- la production. Dans la Manche, la Avec parfois des scènes surpre- comme l’observe son directeur, turière et portuaire, celle qui dence. Dans le bocage ornais, le coopérative Acome s’est démenée nantes. On a ainsi pu voir, en marge Alexandre Wahl. Peut-être du carbu- a le plus trinqué pendant le pour expédier par avion en Chine des d’une visite de presse, le patron du rant pour la reprise. confinement, l’observateur conserve milliers de kilomètres de câbles de département de l’Eure négocier avec En complément, la Région, dont le généralement l’image d’un paquebot puissance afin de pallier la fermeture le groupe Berger plusieurs litres de rôle moteur est salué par les milieux peu manœuvrant. Dans ce vieux de son usine de Wuhan. Son voisin, peroxyde d’azote, qui lui ont été fina- économiques, a déployé un arsenal Middle West industriel où un salarié Dans le bocage ornais, fabricant des marinières Saint lement offerts, au profit d’un fabri- d’aides pour compléter les dispositifs sur cinq travaille en usine – le record James, a été l’une des premières cant de gel hydroalcoolique en vue étatiques, dont un fonds d’urgence, français – et où les ports restent de le groupe Lemoine, cador entreprises à voir ses masques (à de fournir les Ehpad. De près, on se abondé par une coalition de pas puissantes courroies d’entraînement, rayures) adoubés par la DGA. Dans comprend mieux. moins de 70 intercommunalités au les crises internationales se res- européen des produits l’Eure, le plasturgiste Dedienne, profit des « oubliés » du Fonds natio- sentent plus fort et plus longtemps d’hygiène, a bâti en privé de ses débouchés dans l’auto- UN ARSENAL D’AIDES nal de solidarité. Son président, que dans les bassins où les cols blancs mobile ou l’aéronautique, s’est repo- L’Agence de développement pour la Hervé Morin, pour qui la France constituent le socle de la classe active. seulement une semaine sitionné en quelques jours sur le Normandie (ADN), bras armé de la « crève des lourdeurs administratives Comme souvent face à l’adversité, une chaîne de fabrication marché BtoC des équipements de Région, a mis sur pied dès le 16 mars et des politiques mûries à Paris », l’électrochoc du virus a mis en évi- protection… La liste est loin une task force d’une cinquantaine de y trouvera matière à étoffer son argu- dence des capacités d’initiatives d’écouvillons d’être exhaustive. personnes (représentants de filières, mentaire girondin. n

Une occasion de rapatrier le filage du lin

TISSAGE Les projets se multiplient au pied des champs, l’immense majo- parts du dernier tisseur français à ne blanc, rouge que fabricants et consom- pour valoriser la spécialité agricole rité des fibres récoltées sous nos lati- travailler que du lin : la PME nordiste mateurs semblent disposés à soutenir : normande : LINportant veut créer la tudes part se faire filer en Chine, d’où Lemaitre Demeestere installée près le fil. L’activité de filage, gourmande première usine française de tee-shirts elles reviennent sous la forme de che- de Lille depuis le début du XIXe siècle. en main-d’œuvre, a disparu du terri- fabriqués en lin bio et NatUp a pris des mises ou de doubles rideaux. Pour Dans la branche, son dirigeant, Olivier toire français au profit de l’Inde, de la parts dans le dernier tisseur français à ainsi dire, une économie de pays en Ducatillion, s’est taillé une réputation Chine ou de l’Est européen où se four- ne travailler que du lin. voie de développement qui profite, d’empêcheur de tisser en rond. nit Lemaitre Demesteere. La coopéra- certes, à une noria de planteurs, mais Entouré d’une petite équipe d’une tive et sa nouvelle filiale partagent une Chaque mois de juin, il pare les ne bénéficie que marginalement à quarantaine de personnes, cet entre- même ambition : rapatrier une filature champs d’une délicate couleur bleu- l’économie du territoire. preneur inventif a renvoyé aux quelque part au Nord de la Loire. La tée. De toutes les productions agri- oubliettes les produits standards trop prise de conscience née depuis mars coles, le lin est LA spécialité normande VERS DU 100 % FRANÇAIS en butte à la concurrence pour fabri- leur donne des ailes, assure Olivier par excellence. Près des deux tiers du Quelques moines soldats engagés, quer un tissu de lin haut de gamme Ducatillion. « Si nous avions encore le lin travaillé à travers la planète pousse pourtant, s’organisent pour tenter de (400 000 mètres par an), prisé des moindre doute sur la pertinence du pro- dans ce terroir prodigue. Un héritage relocaliser la valeur ajoutée. Près de grands noms de l’ameublement, de la jet, la crise achève de les lever. Le phé- de l’histoire et de la géographie. La Caen, la Scop LINportant est en route décoration et du prêt à porter, sans nomène que l’on observe dans l’alimen- plante à fleur bleue s’épanouit sous le pour créer la première usine française jamais transiger ni sur la qualité ni taire va gagner la mode. C’est pourquoi vivifiant climat local comme le coton de fabrication de tee-shirts en lin bio. sur la provenance. il faut consolider cette filière, l’une des dans les plaines écrasées de soleil. Le groupe coopératif agricole nor- « Même quand les prix atteignent des rares dans le textile que nous, Français, Malheureusement, cet or vert et ver- mand NatUp, déjà actif dans le pei- sommets, il ne source que du lin fran- sommes capables de maîtriser de tueux (il se passe aisément d’engrais gnage*, la fabrication de composites çais », assure Karim Behlouli, directeur l’amont à l’aval .» Une façon de renouer et de fongicides) affiche en bout de et de produits non tissés à base de de la branche Fibres de NatUp. Il lui Le groupe coopératif agricole les fils de l’histoire.n N. J. course un bilan carbone discutable. matières naturelles, cherche à accélé- manque cependant un maillon pour NatUp a choisi de produire du tissu * Le peignage, qui précède le filage, consiste à Après une première transformation rer. Il a acquis, en juin, la majorité des pouvoir revendiquer ce 100 % bleu, de lin haut de gamme. [DR] débarrasser les fibres textiles des impuretés. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

NORMANDIE 57

Quand l’éolien en mer stimule la relance à terre

ÉNERGIE Les stop-and-go que les collectivités locales juridiques, administratifs et ont encouragé, politique- industriels ont mis les nerfs ment et financièrement, avec de la filière à rude épreuve une constance méritoire, mais, cette fois, le vent tourne soutenues en cela par le loca- favorablement. Le littoral taire (havrais) de Matignon. normand est bien en passe Forte de puissantes infra­ de devenir une place forte de structures de transport de l’éolien marin. l’électricité et de 640 kilo- mètres de côtes très ventées, Coélaborée avec la Banque des territoires, la future plateforme entend doper la fréquentation de la station L’histoire locale se souvien- la Normandie devrait être la balnéaire et des localités alentour en améliorant le « parcours client ». [ISTOCK] dra du 2 juin 2020 comme grande gagnante du virage d’une date à marquer d’une éolien français, matérialisé pierre. Moins en raison du dans la Programmation pluri­ D-Day du déconfinement que annuelle de l’énergie. de l’amerrissage de la filière D’ici à 2025, ses eaux « terri- Deauville se rêve de l’éolien offshore que la toriales » abriteront au Normandie attendait depuis moins quatre parcs. Outre plus de douze ans pour incar- ceux de Fécamp, de Cour- en « smart destination » ner la transition énergétique. seulles-sur-Mer et de

Ce jour-là, EDF Renouve- Dieppe-Le Tréport appelés WWW.LATRIBUNE.FR NUMÉRIQUE Le 21e arrondissement grâce au digital, ce que les spécia- selon elle : « Le confinement a fait lables et Gamesa à sortir des flots d’ici à trois de Paris, futur eldorado du tourisme listes du marketing appellent le réfléchir ceux qui se méfiaient ont, en effet, annoncé, à ans, le gouvernement a acté digital ? Deauville planche sur un « parcours client ». encore du numérique, et puis les quelques heures d’intervalle, l’implantation d’un autre ­projet expérimental avec la compli- La démarche part d’un constat. visiteurs ont besoin d’être rassurés, pour le premier, le lance- parc, deux fois plus capaci- « Comment l’usine cité de la Banque des territoires. Entre Booking.com, TripAdvisor, les ce qui pourrait y contribuer. » ment de la construction du taire (1 GW), quelque part normande places de marchés et les innom- Quant à la Banque des territoires, parc de Fécamp et, pour le entre la pointe du ­Cotentin d’Acome a Le Parisien qui se précipite sur l’A13 brables portails commerciaux, le elle va dépêcher sur place des dépanné second, celui de son usine et la baie de Seine. À la l’automobile le vendredi venu, pourra-t-il demain, voyageur même ultra-connecté doit experts de la Scet (Services, conseil, havraise de fabrication d’éo- clé, la création de plusieurs chinoise » grâce à la blockchain, alléger sa note encore jongler entre une multitude expertises et territoires), sa filiale liennes. Laquelle sera la seule centaines d’emplois qui de restaurant avec vue sur mer en d’applications, lesquelles génèrent spécialisée dans le tourisme, pour au monde à disposer sur arrivent à point nommé « Éolien en mer : dépensant les points de fidélité rarement d’effet rebond. En clair, le aider à l’ingénierie. Ce laboratoire une même emprise d’un site pour alléger la facture la course au gagnés à la faveur d’une nuit à l’hôtel portail de vente en ligne de l’épicier grandeur nature l’intéresse, sou- gigantisme d’assemblage des turbines sociale du Covid-19. n N. J. s’intensifie » Normandy ? Aura-t-il au préalable du coin de la rue ne renvoie pas sur ligne Céline Senmartin, directrice et des nacelles, d’un autre réservé, d’un clic, un panier de spé- celui du golf voisin, et inversement. régionale de l’établissement en pour la fabrication des pales « Lemaitre cialités locales, son entrée au musée « Le site de la SPL a beau être l’un Normandie : « C’est une bonne et d’une plateforme logis- Demeestere rend et sa séance de yoga au moyen d’une des plus fréquentés de France dans échelle pour éprouver de nouvelles tique pour l’installation des un avenir au lin » cryptomonnaie locale ? Ce sont sa catégorie, nous sommes encore méthodes agiles et participatives. » projets marins. 640 quelques-unes des nombreuses loin d’avoir tiré parti de toutes les Sous sa triple casquette de maire Complétés par l’usine de KILOMÈTRES DE CÔTES pistes sur lesquelles cogite la SPL possibilités qu’offrent les outils digi- de Deauville, de président de la SPL fabrication de pales de LM TRÈS VENTÉES ­InDeauville* dans le cadre d’un pro- taux, en particulier la blockchain », et de membre du comité intermi- Wind Power, filiale de GE, AU LARGE DE LA jet de plateforme expérimentale, constate Karine Cozien, la direc- nistériel du tourisme, Philippe mise à feu à Cherbourg début NORMANDIE, coélaboré avec la Banque des terri- trice d’InDeauville. Reste à Augier devrait suivre ce chantier 2019, ces deux projets sont PROPICES AUX toires. Objectif : doper la fréquenta- convaincre le millier de commer- avec attention.n N. J. appelés à constituer le socle PROJETS ÉOLIENS tion de la station balnéaire et des çants concernés de s’associer au *La société publique locale fédère onze d’un écosystème industriel localités alentour en améliorant, projet. Le moment est bien choisi, communes dont Deauville.

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pour transformer une partie de la dette accumulée en fonds propres. Ce « pacte sociétal » Une stratégie serait « ouvert aux grands industriels bretons, aux banques et assurances mutualistes du collective territoire, et aux Bretons ». TOURISME DURABLE En parallèle, les plans de relance « made in de l’économie se multiplient. Le Comité régional du tourisme investit 1,06 millions d’euros dans le soutien aux entreprises Bretagne » et le lancement d’une campagne de communication numérique de deux ans sur le thème du tou- RELANCE La crise sanitaire a tou- les commandes publiques, la risme durable. ché la ­Bretagne moins frontale- plateforme entreprisesunies-­ L’effort de promotion engage ment. Sur le plan économique, le covid19.bzh a recensé les offres aussi les entrepreneurs : l’asso- poids du secteur agroalimentaire de services et de production à ciation Produit en Bretagne, a amorti l’impact tandis que l’in- destination des acteurs de la VERS PLUS DE PROXIMITÉ présidée par Loïc Hénaff, dustrie reste solide. Mais le recul santé ou de l’industrie agroali- œuvre en faveur de la préfé- Sous la bannière « J’achète breton », est là, avec de forts enjeux dans mentaire. Le conseil régional a le journal « Le Télégramme » rence régionale. La prise de les secteurs vitaux que sont le investi près de 150 millions a suscité une mobilisation en conscience a rapproché pro- tourisme et la pêche. Le monde d’euros dans l’aide aux sec- faveur des circuits courts. ducteurs locaux et consomma- économique se fédère et se rap- teurs touchés, aux entreprises (Ici, le marché de Dinan). [AFP] teurs au travers des circuits proche des consommateurs. et aux associations. courts, notamment via la plate- PASCALE PAOLI-BAILLY Des initiatives collaboratives forme produits-­locaux.bzh, qui et industrielles ont vu le jour, des salariés travaillent dans des industries clés (l’affaire relie 50 000 consommateurs à Dans une région où les selon le principe de stratégie secteurs très touchés. 82 % des Renault de la Fonderie de Bre- 1 500 producteurs. collectivités territo- collective auquel adhère le entreprises du tourisme ont eu tagne est un exemple). Cet élan vers plus de proximité riales et les entre- dense tissu de PME. Armor- recours au chômage partiel. Pour amortir l’impact de la fin se traduit aussi par une mobi- prises privées travaillent tra- Lux s’est ainsi orientée dans Depuis mi-mars, le secteur (8 % Dans cette après- des aides de l’État, le conseil lisation, initiée par le journal ditionnellement de manière la production de masques ; du PIB régional) accuse plus de crise, la Bretagne régional anticipe. Son pré- Le Télégramme, sous la ban- collaborative, la crise du coro- et les entreprises du numé- 1 milliard d’euros de pertes. sident, Loïg Chesnais-Girard, nière « J’achète breton ». Le navirus a renforcé encore cette rique et des biotechs ont for- affiche une volonté plaide pour que l’État confie « pack breton » de la filière démarche. La Bretagne a été tement contribué à l’effort BIENTÔT LA FIN DES AIDES de décentralisation aux Régions l’accompagnement mer, qui représente 70 % de l’une des plus épargnées par le collectif (e-santé, soutien Dans cette après-crise, la des PME et ETI, et propose la l’halieutique française, réflé- virus du Covid-19, mais la soli- logistique, tests…). ­Bretagne affiche une volonté de et d’actions plus création d’un fonds d’investis- chit pour sa part à la création darité a joué à plein, pour sou- À la fin du confinement, l’acti- décentralisation, d’actions fortes auprès sement régional ciblant des d’un label de qualité qui per- tenir les soignants et contrer vité bretonne était malgré tout plus fortes auprès des entre- secteurs comme l’alimentation, mettrait d’identifier les pro- la pénurie de matériel. Outre en recul historique de 31 %. 23 % prises et de relocalisation des des entreprises le numérique, la santé, le naval, duits régionaux. n

La course à la fabrication Le distributeur de gel de l’UBO Open Factory de masques est bien lancée mis sur le marché

INVESTISSEMENT Trois projets dédiés marrage. Ce projet coopératif de taille Le groupe immobilier Bleu Mercure a à la production de masques ont émergé modeste (20 millions de masques par an), conclu le 12 juin une promesse de vente PRODUCTION Durant la crise entreprises et les établissements en Bretagne depuis avril : outre un projet qui associerait des citoyens volontaires de 25 000 m2 de surface bâtie sur la friche sanitaire, les fab labs bretons recevant du public. 45 distribu- industriel porté par le groupe Intermar- à l’actionnariat via une société coopéra- industrielle Genesis Baie d’Armor à Plou- se sont mobilisés pour offrir teurs sont en expérimentation ché, un projet associatif et celui d’un tive d’intérêt collectif (SCIC), pourrait fragan. Deux lignes de production en urgence des solutions inno- au CHRU de Brest, à la Fondation milliardaire suisse, tous deux situés en atterrir à Guingamp, dans les ex-locaux devraient être installées cet été, deux vantes, comme celle du distribu- Ildys et chez Leroy Merlin. « La Côtes-d’Armor, se concurrencent sur les d’Alcatel. Mais Jean-Jacques Fuan n’en autres en septembre. L’affaire a pris une teur de gel low tech. L’UBO Open production est lancée chez Ellip- ruines de l’usine de Plaintel. est plus. Il s’est depuis associé avec le tournure politique puisque le député LR Factory et ses partenaires du tika et Eco Action Plus, qui le com- milliardaire suisse, dirigeant de m3 des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, et consortium diyGO3 démarrent mercialisent 90 euros HT. Elle En pleine crise sanitaire du Covid-19, Groupe, Abdallah Chatila, qui a senti qu’il l’ex-député LREM, ­Joachim Son-Forget, sa commercialisation. compte actuellement plusieurs l’ancienne usine de masques de protec- y avait une opportunité à utiliser les com- ont servi d’intermédiaires. Le conseil centaines d’unités, mais évoluera tion de Plaintel en Côtes-d’Armor, qui en pétences de l’ancienne usine de Plaintel. régional n’a pas été contacté. Abdallah Pendant la crise du Covid-19, les au fur et à mesure des com- 2018 produisait jusqu’à 20 millions d’uni- Chatila semble déterminé : « J’investis fab labs bretons ont parfois été mandes », précise Yves Quéré, tés par mois, est devenue le symbole local INVESTIR LA FRICHE mon argent, donc je vais faire en sorte qu’il les seuls interlocuteurs des maître de conférences et direc- d’un désengagement de l’État et d’un GENESIS BAIE D’ARMOR ne soit pas dilapidé », avait-il indiqué lors Ehpad ou des infirmiers libé- teur de l’UBO Open Factory. gâchis industriel. Le souhait de voir une Leur projet, d’envergure européenne et de sa visite en Côtes-d’Armor. raux. Grâce à l’impression 3D, Le consortium diyGO3 ne industrie stratégique se réimplanter en dévoilé le 11 mai, consiste à investir entre Porté par le groupe Intermarché sur son 500 makers ont produit et offert compte pas s’arrêter là et envi- Bretagne s’exprime fortement depuis 15 et 20 millions d’euros dans l’ex-site site de production Celluloses de Pl­ oërmel, 18 000 visières. D’autres ont créé, sage de contribuer sur le long début avril. Plusieurs projets ont été emblématique de ­Chaffoteaux et Maury un troisième projet industriel offre une souvent avec trois fois rien, des terme à des projets de dévelop- annoncés, lesquels pourraient réserver près de Saint-Brieuc afin de produire 200- viabilité plus immédiate.La production masques réutilisables, des adap- pement de solutions résilientes encore des rebondissements. 250 millions de masques par an début démarrera en juillet 2020 avec 50 salariés. tateurs pour le masque Décath- dans le contexte médical et sani- Ancien directeur du site de Plaintel, 2021 et des équipements de protection Acteur important de l’agroalimentaire, lon produits dans l’usine BIC de taire et dans une démarche d’in- fermé il y a un an et demi par le groupe sanitaire. Il table sur la création de Intermarché­ a investi dans cinq lignes de Redon ou des dérivateurs pour novation ouverte. « Nous proje- américain Honeywell et qui a employé 150 emplois et vient de passer une étape. production de masques FFP2 et chirur- les systèmes de respiration. tons de développer un projet de jusqu’à 300 personnes, Jean-Jacques gicaux. Soutenue par une commande L’UBO Open Factory de l’univer- conteneurs de solutions open Fuan s’est d’abord associé à des salariés d’État, l’usine produira 135 millions de sité de Bretagne occidentale a, source qui recenserait et pour- de l’usine et des partenaires locaux pour masques à l’année dont 74 millions en pour sa part, conçu, avec les rait produire l’ensemble des solu- faire émerger un nouveau projet costar- EN CHIFFRES FFP2 et 61 millions en chirurgicaux. sociétés Evanov, Elliptika et Eco tions nécessaires pendant une moricain. La région Bretagne et le dépar- En parallèle, plusieurs PME bretonnes Action Plus, un distributeur à crise (équipements médicaux, tement des Côtes-d’Armor se sont décla- ont aussi diversifié leur production. Le pédale de gel hydroalcoolique infrastructures). Ces kits de sur- rés prêts à investir dans cette nouvelle fournisseur d’outillage, matériel et équi- low tech d’une contenance de 1,5 vie pourraient être déployés rapi- usine de masques si l’État ou l’Union pements de protection pour le BTP et à 2 litres. Fabriqué à base de plas- dement et à bas coût avant la mise européenne s’engageaient à en assurer 200 MILLIONS l’industrie, Théard, à Bourg-des-Comptes tiques recyclés et de produits en place de solutions indus- l’avenir et la production. Guy Hascoët, NOMBRE PRÉVU DE MASQUES (Ille-et-Vilaine), a fabriqué 3 000 masques détournés, il coûte cinq fois trielles. Ce projet peut être valable ancien secrétaire d’État à l’Économie PRODUITS PAR AN FFP1-2-3 par jour durant la crise. Mi-mai, moins cher que celui d’autres dans tout contexte de crise, en solidaire du gouvernement Jospin, a pour DÉBUT 2021 DANS L’EX-USINE il a lancé une seconde ligne de production acteurs du marché. Ce produit France ou dans d’autres pays », mission de proposer une solution de redé- CHAFFOTEAUX ET MAURY. afin de doubler sa production. n P. P.-L. du consortium diyGO3 vise les détaille Yves Quéré. n P. P.-L. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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Numérique et biotechs : des start-up et PME bretonnes en action

SOLUTIONS Pendant le confi- jouer collectif et créatif. Spécia- intéressés. Nous nous servons de tests seront produits par mois nement, Ambuliz, NG Biotech, lisée dans l’optimisation du ces outils développés dans l’ur- à partir de cet été (4 millions en ScaleDynamics et Kerlink se transport sanitaire, la jeune gence pour répondre à une pro- 2021) et écoulés en priorité NG Biotech s’est inspiré d’une innovation en matière de test de sont retroussé les manches. pousse rennaise Ambuliz a ainsi blématique qui émergeait depuis dans le système de soin fran- grossesse pour élaborer son test de dépistage du Covid-19. [NG BIOTECH] Ces start-up et PME du numé- ouvert en mars une plateforme des années. Le Covid a un effet de çais. Le ministère des Armées rique et des biotechnologies de gestion des stocks et consom- prise de conscience du retard et (DGA) finance le projet à hau- en open source, utilise l’IA pour sans smartphone) des contacts sont un des atouts de la Bre- mables Covid-19 (masques, de la nécessité de s’équi- teur de 1 million d’euros. Un détecter la maladie à partir de proximité sur les lieux de tagne pour surmonter la crise. blouses, gel, tests, lits…). Ce per », estime Antoine Bohuon, deuxième site de production en d’une radio pulmonaire, avec travail (usines, chantiers, pri- soutien logistique gratuit a été directeur général d’Ambuliz. Le série vient d’ouvrir. Cette capa- un très fort taux de probabilité. sons, sites miniers, écoles…), Solutions logistiques pour les utilisé dans une quinzaine d’hô- cœur d’activité de la société cité industrielle doit permettre La start-up rennaise créée en déployable en quelques hôpitaux, outils digitaux pour pitaux et lui ouvre de nouvelles reste la commercialisation de d’assurer la production des 2018 par Gilbert Cabillic n’a semaines, Universal Contact rompre l’isolement, technolo- perspectives pour la gestion des sa solution de fluidification récents contrats, dont cependant aucune intention Tracing a été mise au point avec gie visant à limiter la propaga- flux de patients. « Plusieurs éta- des transports sanitaires 100 000 tests commandés par commerciale. « Cette applica- l’américaine Microshare et la tion du virus sur les lieux de blissements se sont déclarés qu’elle souhaite déployer au la région Bretagne. tion n’est pas notre cœur de PME rennaise Kerlink. Fondée travail, tests de détection… niveau national. business », souligne Dominique sur la technologie LoRaWAN, Depuis le début de la crise, une De la même manière, la société PROJETS Péré, directeur marketing de elle dope au bon moment le cinquantaine de start-up bre- de biotechnologies de Guipry-­ INTERNATIONAUX cette structure de 15 personnes cours de Bourse de ce fournis- tonnes proposent de manière Messac, NG Biotech (40 per- D’autres entreprises ont ouvert qui se concentre sur la commer- seur international de solutions solidaire des solutions ou des sonnes, 3 millions d’euros de leur technologie. Les capacités cialisation en Europe, aux IoT au service des opérateurs offres spéciales afin de lutter MILLIONS CA), a lancé en avril la commer- mathématiques et les compé- États-Unis et au Canada de sa télécoms, des entreprises contre le Covid-19. Pour sur- 2 cialisation d’un test sérolo- tences en intelligence artifi- plateforme WarpJS. Celle-ci publiques ou privées. Kerlink NOMBRE DE TESTS monter la crise sanitaire et SÉROLOGIQUES gique rapide de détection de cielle (IA) de Scale Dynamics ont accélère la création d’applica- veut renouer avec la croissance demain économique, l’éco­ RAPIDES DE DÉPISTAGE l’infection au virus du Covid-19. contribué à un projet interna- tions Web et mobiles, et auto- après des résultats annuels système numérique fait partie DU COVID-19 PRODUITS Il s’inspire d’une innovation de tional initié par la société cana- matise le déploiement d’appli- 2019 (CA 13 millions d’euros, des atouts de la Bretagne. Ce À PARTIR DE CET ÉTÉ. l’entreprise en matière de test dienne DarwinAI. L’application cations sur le cloud. – 24 %) en demi-teinte et une tissu d’entreprises soudé sait de grossesse. Deux millions de Web Covid-Net JS, disponible Solution de suivi (sans GPS, trésorerie dégradée. n P. P.-L. Abbaye royale deLe Fontevraud Puy du Fou

Visite à la ferme Vieux Château, Île d’Yeu

Marais Salants Cité Gallo-Romaine, Jublains Pascal Beltrami. Lamoureux, Jérôme Blin, Getty Images, Alexandre – Crédits photos : Sébastien Gaudard, 2020 – Région des Pays de la Loire

Toutes vos envies enpaysdelaloire.com

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61 PAYS DE LA LOIRE

heures, avec de l’humain dedans. « De beaux discours… », raille l’un d’eux. Dans la navale, les armateurs ont fait savoir aux Chantiers de l’Atlantique qu’ils avaient réussi à emprunter et reporter leurs dettes, que les com- mandes fermes et les options étaient maintenues, mais que les bateaux de croisière étaient à l’arrêt… et sans doute pour longtemps. Consé- quence : sans doute faudra-t-il déca- ler certaines livraisons si d’aventure on avait quelque mal à faire réem- barquer des touristes, apeurés par des clusters flottants. TENIR JUSQU’À 2023 OU 2025 Dans le ferroviaire, où l’on s’attend à Déjà touché par l’arrêt de l’A380, Airbus s’attend à plusieurs années difficiles. Ici, l’usine de Nantes qui fabrique des caissons centraux de voilure.[FRÉDÉRIC THUAL] un retour à la normale pendant l’été, la filière serait dans une logique de transformation pour s’adapter à de nouveaux services. Dans l’automo- bile, les constructeurs s’interrogent sur la manière dont ils vont être Les Pays de la Loire décarbonés. Dans l’aviation, déjà refroidie par l’arrêt de l’A380 et l’in- terruption du 737 MAX, on estime « qu’il faudra bien trois à quatre ans cherchent la sortie de crise avant de retrouver l’état d’avant ». Les scénarios optimistes parlent de 2023 ou 2025. Quand ça ne veut pas… RÉACTIVITÉ Pilier de l’économie tourisme, privés d’une mise en ils sautent dans une saison estivale venter le modèle économique. L’op- Les sous-traitants, qui constituent régionale, l’industrie redoute une jambes printanière, une activité clé aux dimensions inconnues. De 7 % aux position de gauche espère bien que un bataillon important des forces crise économique partie pour durer. pour la septième région touristique beaux jours, le thermomètre de Pôle l’on prenne en compte ses dix com- régionales, tiendront-ils jusque-là ? Après les pansements, les filières française (6,3 % du PIB, 65 000 emploi a sérieusement grimpé. Avec mandements (formation, renforce- C’est l’un des enjeux d’un territoire vont devoir se réinventer. emplois), qui génère près de 7 mil- 57 700 demandeurs d’emploi (catégo- ment de fonds propres…) pour sauver aux activités fortement diversifiées. FRÉDÉRIC THUAL liards de retombées par an. C’est près ries A) supplémentaires en avril, la le soldat ligérien, un brin mal en Un tissu diffus où à peine 500 entre- de trois fois plus que l’agroalimen- fièvre est montée de + 32 % dans les point. Un malade pourtant relative- prises ont accepté de s’accrocher à Ce n’est pas encore du sang taire (2,8 milliards d’euros, 56 000 Pays de la Loire, où 547 176 salariés ont ment épargné où seule 1,9 % de la la bouée régionale lancée aux TPE. et des larmes, mais les emplois) ou l’agriculture (2,3 mil- été placés en chômage partiel. De quoi population a été touchée par le Covid- L’outil sera adapté. Et réadapté au inquiétudes se lisent sur les liards). Sans élan et sans parachute, se faire du mouron. 19, tandis que la baisse d’activité, besoin. Seules les télécoms ont tiré visages et les craintes s’entendent « Que va-t-on trouver lorsqu’on va tombée à – 36 % au moment du pic, leur épingle du jeu. dans les accents des voix fatiguées. ôter la perfusion ? Espérons que la remontait à – 21 % à l’issue du décon- Au lendemain de la crise de 2009, Aux imprononçables maux de « fer- dose n’a pas été trop forte au risque finement. Espoir. des donneurs d’ordre s’étaient por- metures » et « licenciements », les de tuer le malade », s’inquiète-t-on au Côté industrie, fleuron de l’activité tés au secours des sous-traitants discours s’étranglent en « réactivité » chevet du patient. Au lendemain régionale, où les grands donneurs pour les aider à accroître leur pro- et « flexibilité ». Sur un territoire où d’une distribution de masques et d’ordres ont laissé entendre une ductivité et gagner en autonomie. jusqu’à mi-mars, on se félicitait visières à nos hommes et femmes du baisse des commandes de – 30 %, l’am- Peut-être devront-ils, cette fois, les encore d’afficher le plus bas taux de + 32 % rang et d’un traitement d’urgence de biance n’est guère plus reluisante. inciter à se diversifier, intégrer les chômage en France, la sortie de la HAUSSE DU NOMBRE DE 120 millions d’euros, Région et Pré- « Il faut sauver tout ce qui roule, flotte transitions écologiques, se digita- léthargie obligatoire due au confine- DEMANDEURS D’EMPLOI EN fecture consultent et peaufinent et vole », défendent, en chœur, les liser, former leur personnel et aller ment s’annonce brutale. Avec des AVRIL DANS LA RÉGION, SOIT leurs décoctions administrables dès 34 industriels signataires d’un mani- vers l’e-commerce… Tout un pro- restaurateurs coincés dans leurs 57 700 PERSONNES DE PLUS l’été avec piqûre de rappel à la ren- feste pour une industrie écorespon- gramme pour inventer un nouveau mètres carrés, englués par les gestes INSCRITES À PÔLE EMPLOI trée. Là non plus, le vaccin n’existe sable. Plus verte que d’ordinaire, modèle et sortir de cette ornière barrières et des professionnels du pas. Les écolos insistent pour réin- recyclable, relocalisatrice à ses inédite et dangereuse. n

Tronico se diversifie dans le biomédical

ÉLECTRONIQUE Confronté à crise de 2008, l’a amené à tra- qui remplace progressivement trente minutes, qui est en cours une baisse du marché de l’aéro- vailler différemment dans le l’hydraulique et la pneuma- de développement par sa filiale nautique, le spécialiste vendéen bureau d’études. « Tout s’est tique. L’orientation prise dans SkillCell et l’unité mixte de des systèmes électroniques déroulé à l’opposé des normes l’hydrogène s’est, par exemple, recherche CNRS-Alcediag ­Tronico met ses compétences de l’aéronautique où l’on ne révélée prometteuse. Avec la ­Sys2Diag. « Ça entraîne un repo- au service de projets sociétaux. commence rien sans avoir un mise au point de convertisseurs sitionnement très différent du cahier des charges signé en cin- d’énergie entre les piles à business. La conception du pro- Sollicité en plein confinement quante exemplaires. Si l’on hydrogène et les batteries jet MakAir nous a aidés à faire par des makers nantais pour avait appliqué ces méthodes, on lithium, Tronico est entrée chez évoluer notre bureau d’études. apporter son savoir-faire à la y serait encore… » Aston Martin, PSA ou Renault À être plus agiles », dit-il venant conception d’un respirateur sur la Kangoo… de signer un partenariat avec la artificiel imaginé pour subvenir PROMETTEUR DANS Cette évolution vers l’électro- start-up nantaise E-Cobot, spé- au manque d’équipements L’HYDROGÈNE nique de puissance lui a aussi cialisée dans la cobotique et pendant la phase critique de la En 2009, ce spécialiste des sys- ouvert les portes des biotech- l’intelligence artificielle pour pandémie, Patrick Collet, PDG tèmes électroniques interve- nologies et des dispositifs médi- développer un système de de Tronico, filiale du groupe nant pour l’aéronautique, la caux. Cette diversification, désinfection de l’air par UV Alcen, culturellement proche défense, le médical… avait vu engagée au lendemain de la En un temps record, Tronico a mis au point un respirateur dans les CHU, les centres com- de l’agilité des startuppeurs, fondre son chiffre d’affaires crise de 2008 avec la création artificiel, le MakAir, désormais produit par Renault et Seb. [TRONICO] merciaux, les Ehpad… « Nous n’aura pas réfléchi très long- de 70 à 40 millions. Simple de Tame-Water et de cinq nou- avions un savoir-faire sur les temps. Le lendemain, le chef sous-traitant, l’entreprise velles marques, s’avère plus que décroissance », dit-il en tentant sociétaux qui ont du sens », UV, eux sur la motorisation, à d’entreprise dépêche quatre s’était alors dotée d’un bureau jamais déterminante au sortir de préserver sa filiale maro- résume Patrick Collet. quoi bon réinventer la poudre ? ingénieurs à Nantes et ouvre d’études et d’une cellule d’inno- de la pandémie de Covid-19. caine (350 personnes), certifiée Engagée dans un programme de L’essentiel est d’être time to largement son back-office au vation pour aller vers la concep- Le PDG de Tronico qui inter- aux normes nord-américaines, recherche pour déterminer le market sur un marché dont on collectif Makers For Life. tion de ses propres produits. vient à 60 % pour l’aéronautique en y basculant une grande par- sexe des poussins avant le ignore l’évolution. Alors, mieux Si, depuis, l’industrialisation « Avec des choses qui ont fonc- estime que ce marché va dimi- tie de l’activité électronique. La onzième jour et éviter des abat- vaut se partager un gros gâteau du respirateur MakAir a été tionné et d’autres moins », nuer de moitié. « Nous devrions France devrait, elle, se concen- tages tardifs, Tronico fournira que de manger seul un petit. Et prise en main par Renault et détaille Patrick Collet, devenu perdre 20 à 30 millions d’euros. trer sur le biomédical (fuites cet appareillage pour la détec- c’est la somme de toutes ces Seb, Patrick Collet reconnaît un spécialiste de l’électronique On devait avoir 10 % de crois- urinaires, tests salivaires, puri- tion de tests salivaires (Easy- choses qui vont nous permettre que l’épisode, à l’image de la de puissance. Une technologie sance, ce sera plutôt 10 % de ficateurs d’air…). « Des projets Cov) contre le Covid-19 en de passer la crise. » n F. T. 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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À Angers, Wishibam lance sa plateforme d’e-commerce en plein confinement

MARKETPLACE La start-up a S’ils ne savent pas ce qu’ils ont accéléré pour implanter Angers en magasin, il est difficile de Shopping, la « première plate- présenter les best-sellers de forme du commerce physique leur boutique », remarque français », et digitaliser le Charlotte ­Journo-Baur. Le chiffre d’affaires réalisé par les maraîchers et les éleveurs a été multiplié ­commerce angevin, devenu L’intégration s’est faite à par deux ou par trois durant le confinement.[DR] beaucoup plus captif. marche forcée : formation de trente minutes, distribution FRÉDÉRIC THUAL d’un guide pour savoir utiliser les réseaux sociaux et conce- Internet et les réseaux sociaux Le 17 mars dernier, voir une fiche « produit », et premier jour du accès permanent à un mana- boostent la vente directe confinement, Angers ger digital pour répondre French Tech lançait un appel Charlotte Journo-Baur, à n’importe quelle question. ALIMENTATION La vente en circuit « Avec le déconfinement, nous sommes à son écosystème pour mettre cofondatrice de la start-up Le temps d’ajouter un système court a révélé un potentiel qui ne revenus à 100 commandes hebdoma- les nouvelles technologies au Wishibam. [DR] de caisse sur les mobiles et demande qu’à grossir. Dans les Pays daires, mais la dynamique est là », ­service de l’économie tradi- de créer un nouvel outil pour de la Loire, la plateforme Approximité savoure Isabelle Lore, animatrice du tionnelle. « Les makers ont mis dresser l’inventaire, et qui a créé de la visibilité pendant la lieu, qui a demandé des devis pour à disposition leur imprimante en partenariat avec la fédéra- c’était parti. crise sanitaire pourrait s’enrichir d’un l’installation d’une chambre froide en 3D. On a eu une dizaine de tion de commerçants Vitrines En dix jours, la plateforme a système de vente en ligne. dur pour remplacer les deux camions retours dans l’aide au télé­ d’Angers. Une première pour intégré 120 commerces et mis WWW.LATRIBUNE.FR frigorifiques branchés à la hâte. travail, la création de modules la start-up qui renouvelle en ligne 20 000 références. « Le grand gagnant du confinement, Dans le département voisin de la de micro-learning, l’accompa- l’opération à Nice, Le Mans et « Notre business model en pré- c’est le circuit court ! », sourit Gaëtan Mayenne, le Drive fermier 53 est lui gnement de services de santé La Réunion. voyait 40 la première année », Mérieau, éleveur de vaches charo- passé de 80 à 350 commandes dès la et l’e-commerce dont Wishi- souligne la cofondatrice de « Comment le laises, de veaux, volailles et produc- deuxième semaine de confinement. respirateur bam qui a lancé sa première UNE INTÉGRATION Wishibam, qui ne se lasse pas MakAir a fait teur de mogettes, entre Le Poiré-sur- « Les producteurs avaient même du plateforme de vente en ligne. À MARCHE FORCÉE de répéter que le commerce a naître une filière Vie et La Génétouze, au cœur du mal à suivre », mentionne Sylvia On a prouvé que certaines « S’il fallait le faire, c’était vrai- changé. « Il faut associer la grenoblo- bocage vendéen, à 15 kilomètres de La ­Goisbault, qui veille à ce que les pro- technos avaient du sens », ment maintenant », relève praticité du digital à la compli- nantaise » Roche-sur-Yon. Loin d’être un novice ducteurs ne mettent pas tous leurs explique ­Yannick ­Bourdin, Charlotte Journo-Baur. Quitte cité de la boutique physique », de cette forme de distribution, l’éle- œufs dans le même panier. Elle envi- « Marketplaces manager général ­d’Angers à bousculer les politiques et les martèle-t-elle. Message appa- territoriales : veur, président du circuit court à la sage de créer un poste de bureau pour French Tech. habitudes du petit commerce. remment entendu : 350 nou- l’alternative à Chambre d’agriculture des Pays de la faire face à ce nouvel afflux et sup- « C’était le bon moment pour « L’avantage, c’est que là les veaux commerçants seront Amazon » Loire, s’étonne encore de la longueur pléer les élans du bénévolat pour accélérer », reconnaît commerçants avaient le bientôt sur Angers Shopping, des files d’attente devant sa boutique, pérenniser l’activité. « D’autres drives ­Charlotte Journo-Baur, cofon- temps… et l’envie. L’inconvé- mis à disposition gratuite- « Drives et la Ferme de la Goichonnière. Du devront être ouverts à proximité pour solutions digitales datrice de la start-up pari- nient, c’est qu’ils ne sont sou- ment pendant trois mois par au secours de jamais vu. « Privés de marchés et maintenir la cohérence écologique », sienne Wishibam, venue s’ins- vent pas équipés et 30 % d’entre solidarité. producteurs redoutant la promiscuité des grandes souligne-t-elle. Une filière à organiser. taller sur les bords de la Maine eux ignorent l’état de leur stock. La solution se finance par des régionaux » surfaces, les gens ont cherché sur Face- en février 2019 pour accompa- frais fixes selon la surface du book. Certains ignoraient qu’ils pou- LA VOIX DES PRODUCTEURS gner le mouvement vers la magasin et une commission de vaient commander en ligne et venir SUR LES RÉSEAUX smart city engagé par la cité 5 % sur les ventes, « dans la chercher leur colis au drive. Bien sûr, « Alertés par la sécurité sanitaire, les angevine. fourchette basse des pratiques il a fallu organiser les commandes, particuliers ont pris conscience de la Un an plus tard, après trois du marché ». Objectif : doubler faire des photos des produits, les mettre santé et de l’alimentation. Ils ont redé- ans de recherche et dévelop- ou tripler le nombre de couvert qu’il existait des solutions de pement et 8 millions d’inves- ­commerçants inscrits pour proximité et que ces productions tissement pour mettre au 20 000 équilibrer le modèle écono- étaient nos emplois », se réjouit Michel NOMBRE DE point son concept de plate- RÉFÉRENCES MISES mique de la « première plate- « Avec le déconfinement, Brossier, pilote d’approximité.fr, un forme de gestion omnicanale EN LIGNE PAR forme du commerce physique nous sommes revenus outil de référencement créé sur des points de vente en centre- LES 120 COMMERCES français ». Pour cela, à Angers, papier il y a dix ans par la Chambre ville ou centres commerciaux, INSCRITS SUR Wishibam devra élargir sa zone à 100 commandes d’agriculture, et digitalisé par l’inter- Wishibam vient de lancer la ANGERS SHOPPING de chalandise à l’aggloméra- vention du conseil régional. marketplace Angers Shopping tion. Une autre histoire. n hebdomadaires, mais La plateforme recense aujourd’hui 1 500 producteurs et leur a donné de la dynamique est là » la visibilité sur les réseaux sociaux ISABELLE LORE, pendant la crise. Résultat : 150 nou- ANIMATRICE DU DRIVE FERMIER 49 velles inscriptions, des consultations La plateforme de Wishibam en croissance de 300 % et une progres- affiche les best-sellers des sion d’activité de 1 000 % entre points de vente présents dans en ligne, gérer les flux, faire respecter avril 2019 et avril 2020. Au-delà des le centre-ville d’Angers. [DR] les distances physiques… Un vrai bou- particuliers, le circuit court est aussi lot dont on n’a pas l’habitude », raconte devenu un débouché pour les produc- ce producteur, présent sur plusieurs teurs habitués à fournir la restaura- plateformes (Bienvenue à la ferme, tion collective, à l’arrêt pendant le Approximité, Place Vendée…), en plus confinement. Et un moyen d’éviter les de son propre magasin, d’un drive et ruptures de stock. La dynamique a en d’un point de vente collectif, créé avec tout cas fait germer des idées pour neuf exploitants en 2012 à La Roche- associer le non-alimentaire, le maraî- sur-Yon où l’on écoule jusqu’à 1 000 chage, l’horticulture et la viticulture… paniers par semaine. « Ici et ailleurs, et la volonté d’aller plus loin. « Des ça a été l’explosion ! », dit-il. analyses plus poussées devront être De fait, partout, les chiffres d’affaires menées pour être plus pertinent sur le ont été multipliés par deux ou par modèle économique, mais l’offre ne trois. Dans le Maine-et-Loire, le Drive demande qu’à évoluer », indique fermier 49 a vu ses commandes passer Michel Brossier, qui n’exclut pas des de 50 à 200 par semaine et les paniers discussions autour d’un outil de vente moyens enfler de 40 euros à 60 euros. en ligne. n F. T. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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La relocalisation, nouveau cheval de bataille de la Région Centre

Cette dernière regroupera d’autre part la R&D du groupe. Raisonnant en termes de création de filière pérenne, LSDH participe enfin depuis plusieurs années à la reloca- lisation en région Centre-Val de Loire des producteurs de lait. Un chiffre illustre plus particulière- ment l’âpreté du chantier à mener dans les laboratoires pharmaceu- tiques, autre fer de lance de la Région avec l’agroalimentaire. Environ 85 % des principes actifs des médicaments fabriqués par les grands noms du ter- ritoire, comme Sanofi, Pfizer ou encore Novo Nordisk, proviennent d’Asie. À la base de cette politique, la baisse drastique du prix des médica- ments, accompagnée d’une hausse de la réglementation sanitaire. Ce constat est dénoncé depuis plu- sieurs années par David Simonnet, PDG d’Axyntis, un des leaders de la chimie fine en France, dont un des sites de production est situé à ­Pithiviers (). Dans un domaine qui concerne la souveraineté sanitaire et stratégique du pays, le dirigeant appelle ainsi dans un premier temps Le Centre-Val « à la relocalisation des molécules de Loire veut majeures, notamment dans les soins du rapatrier cancer et des maladies génétiques ». la fabrication des principes L’IDÉE D’UN « CRÉDIT IMPÔT actifs conçus PRODUCTION » par les labos « Pour réussir, la relocalisation de tout (ici, celui de ou partie des moyens de production Novo Nordisk, doit permettre aux industriels de rester à Chartres). compétitifs, note Jean-Louis Garcia, [ARNAUD LOMBARD] directeur général de Dev’up. La pre- mière motivation de la sous-traitance est généralement d’obtenir des coûts INITIATIVES Transformer la crise sani- nécessaire de panser les plaies éco- segment de l’alimentaire, cette un entrepôt de plusieurs milliers de minorés, notamment de main-d’œuvre. taire en une opportunité de dévelop- nomiques provoquées par le confine- volonté de la Région de développer mètres carrés, adossé à son site de Dans ce contexte très déséquilibré, pement économique pour le territoire. ment, mais surtout de massifier dura- une économie de plus en plus tournée Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). seule la robotisation issue de l’indus- Tel est le crédo de la région Centre- blement l’écosystème par filière. L’un vers les circuits courts est également Objectif de cet espace qui sera opé- trie 4.0 peut permettre de préserver les Val de Loire qui a lancé dès mai une des enseignements majeurs de la crise symbolisée par le lancement pro- rationnel début 2021 et nécessitera marges des entreprises. » stratégie de relocalisation industrielle du Covid-19 est bien d’avoir révélé la chain d’une nouvelle marque. Cette un investissement de 37 millions Fabien Riolet, directeur de Pole- pour ses principales filières. Afin forte dépendance de pans industriels dernière garantira le made in Val de d’euros : stocker les produits des sept pharma, le réseau de la pharmacie d’être suivie d’effets, cette politique stratégiques vis-à-vis de la sous-­ Loire d’un bout à l’autre de la chaîne sites de la société (dont quatre en basé à Chartres, en Eure et Loir, volontariste devra passer outre les traitance internationale. de production. Centre-Val de Loire) pour rationali- enfonce le clou : « Pour accompagner freins réglementaires et convaincre Illustration des risques encourus : le L’agence économique du Centre-Val ser sa logistique et diminuer l’em- ces investissements productifs colos- l’État de l’accompagner. défaut de production de masques en de Loire vient parallèlement de mettre preinte carbone et les coûts de trans- saux, l’État devrait instaurer un crédit GUILLAUME FISCHER tissu et de blouses de protection dans en ligne le nouveau site Internet, port. Par ailleurs, 200 emplois impôt production bâti sur le même le Centre-Val de Loire (mais aussi à Invest in Loire Valley, qui relaie les devraient être générés par le nouvel modèle que la recherche, ou encore Conduit par Dev’up, un audit l’échelle de l’Hexagone), que la recon- opportunités d’implantations. Dev’up outil. D’ici la fin de l’année, LSDH systématiser la commande publique des entreprises du territoire version en urgence d’entreprises du a aussi enrichi son portail d’immobi- créera aussi, jouxtant son usine vers les produits de soins français. À concernant leurs projets de textile est loin d’avoir pallié. lier d’entreprises Setting’up d’une de Saint-Denis-de-l’Hôtel, dans le charge pour les laboratoires de faire développement, spécifiquement cen- Avec les difficultés industrielles qui nouvelle rubrique dédiée à l’accom- ­Loiret, une nouvelle unité d’extrac- savoir aux consommateurs la prove- tré sur la sous-traitance, démarrera s’annoncent à la rentrée, la relocali- pagnement des projets de relocalisa- tion de végétaux pour le lait, comme nance des médicaments, par exemple dès cet été. Pour réaliser cette photo- sation est également conçue par la tion. Le dispositif d’accueil inclut le soja, l’avoine et l’épeautre, actuel- par des pictogrammes. » graphie, l’agence de développement collectivité comme l’un des pivots enfin une recherche systématique de lement disséminées dans l’Hexagone. Cette préférence nationale est égale- économique de la région s’est concen- centraux pour consolider l’activité fonds européens mobilisables pour ment appelée de ses vœux par trée sur ses filières majeures, notam- existante. À la clé : le maintien des les entreprises qui réinternalisent ­Emmanuel Hallauer, directeur du ment la santé, la cosmétique, l’auto- compétences sur place, la diminution leur production dans l’Union. développement du fabricant d’endos- mobile, ou encore l’agroalimentaire et de l’empreinte carbone et la réduction Si Dev’up espère identifier une quin- copes Axess Vision Technology, basé l’aéronautique. Toutes ont subi une des coûts logistiques. zaine de projets de relocalisation au à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). baisse d’activité de 30 à 40 % en second semestre avec mise en œuvre L’entreprise s’est engagée à relocali- moyenne pendant le confinement. LE DÉPLOIEMENT en 2021, certains industriels du ter- ser la fabrication de ses composants, Cette enquête de plusieurs mois qui D’OUTILS SUR MESURE ritoire ont déjà largement anticipé la EN CHIFFRES si cette dernière est mise en œuvre. concernera plusieurs centaines d’en- Pour réintégrer en Centre-Val de recherche d’une économie en circuit Promises depuis 2014 par la ministre treprises aura un double objectif : éva- Loire certains fournisseurs ou court. C’est le cas de la Laiterie de de la Santé de l’époque, Marisol luer leurs besoins à court et à moyen en attirer de nouveaux, Dev’up pré- Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH), ­Touraine, les commandes préféren- terme, pour ensuite raccourcir la voit de déployer un arsenal complet. acteur majeur loirétain des produits tielles de l’État et des collectivités chaîne de valeur grâce à la relocalisa- Une offre « packagée » visant à offrir frais, salades (Les Crudettes), – 30 % territoriales auprès des entreprises tion de certains sous-traitants. des services étendus aux entreprises snacking, crème, lait et jus de fruit. BAISSE DE L’ACTIVITÉ SUBIE hexagonales se heurtent toujours au Bien en amont du déconfinement le candidates est actuellement en Le groupe détenu par la famille EN MOYENNE AU COURS code des marchés publics. Dans un 11 mai, le ton avait été donné par Fran- cours d’élaboration. Elle concernera Vasseneix (900 millions d’euros de DE LA PÉRIODE DE CONFINEMENT environnement de libre-échange çois Bonneau. Pour le président (PS) l’accueil et la formation des salariés, chiffre d’affaires en 2019, 2 000 sala- PAR LES FILIÈRES MAJEURES européen, ce dernier proscrit de favo- de la collectivité régionale, il était les locaux et les subventions. Sur le riés) est ainsi en train de construire DE LA RÉGION riser le made in France. n 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Le site lancé par la Région a permis aux maraîchers de faire la promotion de leurs produits en ligne. [DR]

coordonnée par les directions de l’agriculture et du numérique de la région, est par ailleurs à pied d’œuvre pour améliorer l’ergo­ nomie de Produits frais locaux en Centre-Val de Loire qui devrait notamment changer de nom. RELANCER LA PRODUCTION DES TPE ET PME Lancée à destination des profes- sionnels par l’agence de dévelop- pement économique de la région Dev’up, la plateforme d’intermé- diation equipements-­protection- centre-valdeloire.fr avait deux Des leviers numériques objectifs dans le contexte de la crise sanitaire. D’une part, per- mettre de répondre à la pénurie en matière d’équipements de pro- pour stimuler les circuits courts tection homologués (masques, blouses, surblouses, visières, parois de protection). D’autre PLATEFORME En plein confine- 1 500 références de produits ali- vocation à perdurer en raison de part, relancer l’activité des TPE et ment et en dix jours seulement, mentaires proposés par quelque son accueil favorable. La collecti- PME du territoire, touchées de le Centre-Val de Loire a dégainé 700 producteurs et commerçants vité, qui a déjà initié la consom- plein fouet par le Covid-19. deux plateformes numériques. du territoire. mation de produits frais locaux Complémentaire du dispositif Objectif : favoriser les circuits Si le chiffre d’affaires réalisé par Produits-frais-locaux- dans les lycées dont elle a la national Stopcovid19, le site réfé- courts en matière d’alimentation son biais n’est pas encore connu, centre-valdeloire.fr charge, compte bien également rence désormais 300 entreprises et d’équipements de protection. la plateforme a connu une entraîner le grand public sur et a permis de développer une Conséquence de leur succès, ces fréquentation de plus de compte plus le terrain des circuits courts d’ali- production régionale alternative. outils devraient être pérennisés. 180 000 visites en avril et en mai. de 1 500 références mentation. Des discussions sont Cette dernière s’est même Conçu comme une bouée de sau- notamment menées avec les enrichie récemment de deux Ouvert depuis le 30 mars, vetage pour les producteurs proposées par acteurs de la grande distribution nouvelles catégories, la signalé- le site produits-frais-­ locaux, lors d’une discussion avec 700 producteurs et pour qu’ils intègrent durablement tique Covid-19, et les caméras locaux-centre-valdeloire. le président de la Région, ­François des produits locaux dans leurs thermiques et thermomètres fr compte désormais plus de Bonneau, cet outil pratique a commerçants locaux. rayons. Une cellule de travail, infrarouges. n G. F.

Roze porte haut ses masques Déchets contaminés : WWW.LATRIBUNE.FR durables et solidaires les solutions d’Ecophyse RECYCLAGE La société de valo- minés avaient provoqué leur « Circuits courts, risation des déchets Ecophyse a arrêt dès le début du confine- recyclage... CONFECTION Les soieries Roze, lisés, notamment auprès des a également offert une trentaine mis au point une poubelle spé- ment mi-mars afin d’éviter 14 solutions basées à Saint-Avertin dans musées de la région Centre et de mètres de tissus au Centre cialement conçue pour recevoir tout risque de contagion. consensuelles pour le monde l’agglomération tourangelle, des châteaux de la Loire. communal d’action sociale de les masques, gants et blouses d’après » viennent de lancer un masque Tours afin de fournir ses coutu- utilisés depuis la crise sanitaire. LANCER UNE POUBELLE en tissu durable. Une façon de CONFECTIONNÉS EN rières bénévoles en matière Succès assuré. DESTINÉE AUX VOITURES « Agriculture : remercier les couturières béné- TISSUS NATURELS ­première. Cette diversification, dictée la crise conforte le modèle, plus voles qui ont réalisé des milliers Comme bon nombre d’entre- Conjointement au lancement de Réalisé en carton très résistant par l’urgence, conforte le fonc- résilient, des de ces accessoires pendant la prises de confection en région ses masques Chédigny, Roze a et d’une capacité de 50 litres, le tionnement en mode projet circuits courts » crise du Covid-19. Centre-Val de Loire, Roze s’est créé à leur intention un fonds de nouveau conteneur aurait déjà d’Ecophyse, qui lui réussit plu- lancée dans la fabrication de solidarité abondé par 5 % du prix été écoulé à 2 000 exemplaires, tôt. Fondée en 2005 par Magali « Comment Détenue par Arnaud Lebert, la masques pendant le confine- de chaque masque vendu. Un quelques semaines seulement Frontero, ancienne directrice Roze compte ressusciter la société Roze a sorti courant juin ment pour répondre à la engagement financier qui s’in- après le démarrage de sa com- commerciale du groupe de filière de la soie » en toute discrétion une gamme demande croissante. La société tègre dans la démarche écores- mercialisation, selon Magali recyclage Interseroh CDI, la de masques en tissu réalisés ponsable de l’entreprise, déve- Frontero, gérante d’Ecophyse. société, qui emploie huit sala- artisanalement avec des fibres loppée par Arnaud Lebert depuis Entreprises et collectivités du riés, a réalisé 16 millions d’eu- 100 % végétales et dépourvues de sa reprise de l’entreprise tricen- Centre-Val de Loire les ont ros de chiffres d’affaires et un toute teinture. Vendus 9 euros Roze a créé un fonds tenaire en juillet 2018. acquis au prix unitaire de dix résultat net de 630 000 euros et efficaces jusqu’à 30 lavages, de solidarité abondé Dans ce cadre, Roze réfléchit à euros. De son côté, la Région a en 2019. Elle travaille essen- ces accessoires de protection présent à diversifier sa nouvelle acheté des centaines d’exem- tiellement pour les sociétés sanitaire sont commercialisés par 5 % du prix marque Chédigny dans les vête- plaires de ces poubelles afin privées et publiques de récu- sous la marque Chédigny, le nom de chaque masque ments réalisés en tissus naturels d’équiper les pharmacies du pération et de collecte des du village du sud de la Touraine et non teints. La gamme de prêt- territoire à partir de juillet. déchets. Après le conteneur qui abrite un atelier de confec- vendu, qui vient à-porter, qui proposera notam- Conçu par Happyloop, l’unité spécial Covid 19, Ecophyse tion appartenant à Roze. Ils sont renforcer sa démarche ment des combinaisons, des de fabrication de poubelles s’apprête à lancer un nouveau fabriqués par trois couturières pantalons et des vestes, devrait d’Ecophyse, désœuvrée pen- concept innovant, la poubelle indépendantes qui œuvrent écoresponsable. être lancée en fin d’année.n G. F. dant le confinement, le nou- pour équiper les automobiles, pour le donneur d’ordre. Homo- veau conteneur possède une qui fait toujours défaut logués par l’Institut français du double vertu. Il pallie une en 2020. n G. F. textile et de l’habillement (IFTH) lacune en permettant de récu- et la Direction générale de l’ar- pérer, en toute sécurité sani- mement (DGA), ces masques taire, les différents acces- ­élégants ont d’ores et déjà soires de protection utilisés ­commencé à être commercia­ pendant et après la crise du Covid-19. 16 M€ Ces accessoires de protection Par voie de conséquence, il a CHIFFRE D’AFFAIRES baptisés Chédigny sont permis aux usines de tri de rou- 2019 D’ECOPHYSE, vendus dans un coffret en vrir leurs lignes de sélection QUI A RÉALISÉ carton recyclé provenant de la des déchets. Jetés dans des UN RÉSULTAT NET cartonnerie Oudin, à Truyes poubelles classiques, masques DE 630 000 EUROS (Indre-et-Loire). [DR] et gants potentiellement conta- LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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LA CRISE POUSSE LE BORDELAIS À SE RÉINVENTER La filière vin veut accélérer dans le bio et l’e-commerce. ici, la 105e édition du tant elle combine­ trois sec- tastevinage au Château teurs économiques très tou- du Clos de Vougeot. chés par la crise : l’hôtelle- [JEFF PACHOUD/AFP] rie-restauration et le tourisme (140 000 emplois), la viticulture (54 000 emplois) et l’aéronau- tique et le spatial (45 000 emplois). « La filière aéronau- tique est très durement touchée par les annulations et reports massifs de commandes, sans aucune visibilité à court, moyen, et long terme. Les sous-traitants de rang 1, 2 et 3 souffrent en cascade. Des plans sociaux sont déjà envisagés et il faut s’at- tendre au pire pour le second semestre et pour 2021 », alerte sans détour, Xavier Esturgie, vice-président délégué général de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Aquitaine. UNE SAISON ESTIVALE DÉTERMINANTE La filière vin n’est pas mieux lotie, puisque le coronarivus, À Bordeaux, coup d’arrêt pour la viticulture, qui paralyse l’activité à l’ex- port, vient s’ajouter à des diffi- cultés déjà nombreuses tant à l’international que sur le mar- le tourisme et l’aéronautique ché français. De quoi inciter le vignoble bordelais à se réinven- ter, notamment en accélérant dans le bio et l’e-commerce, INCERTITUDES La région Nou- mier patient français conta- Dans le cadre d’une opération Metz, Nancy et Strasbourg. faute de quoi un nombre signi- velle-Aquitaine a échappé à la miné dès le 23 janvier… Ce qui logistique et médicale hors « Les sous-traitants Mais maintenant que la vague ficatif de châteaux et proprié- pandémie de Covid-19, mais n’empêche pas la région Nou- normes, cinq TGV et huit de rang 1, 2 et 3 de contamination semble pas- tés pourraient disparaître. s’inquiète des conséquences velle-Aquitaine d’avoir été avions entièrement médicali- sée, ce sont les conséquences « L’Union européenne ne répond de la crise économique sur trois ensuite très largement épar- sés ont exfiltré 129 patients souffrent en économiques du confinement à aucune des attentes de la secteurs clés : le tourisme, le gnée par la pandémie, à tel placés en réanimation du cascade. Des plans qui inquiètent salariés, élus filière vin du point de vue finan- vin et l’aéronautique. point qu’il n’y a tout simple- Grand Est (84) et de l’Île-de- locaux et décideurs écono- cier. De son côté, le gouverne- PIERRE CHEMINADE ment pas de surmortalité France (45) vers les centres sociaux sont déjà miques. Et celles-ci pourraient ment n’a toujours pas accepté constatée en 2020 par rapport hospitaliers néo-aquitains. être aussi durables que dévas- de créer un fonds de compensa- Le Sud-Ouest a été à 2019. Le système régional de Une solidarité territoriale qui envisagés » tatrices. Très dynamique ces tion pour les entreprises de la confronté très tôt au santé a ainsi pu faire face de s’est aussi traduite par l’envoi XAVIER ESTURGIE, dernières années, tout parti- filière, pénalisées par les États- VICE-PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE coronavirus, puisque manière relativement sereine de 36 soignants volontaires L’UNION DES INDUSTRIES ET MÉTIERS culièrement dans sa moitié Unis dans le cadre de leur c’est bien au CHU de Bordeaux au virus et jouer le rôle de base néo-aquitains pour relayer et DE LA MÉTALLURGIE AQUITAINE littorale, la Nouvelle-Aquitaine contentieux avec Airbus », qu’a été pris en charge le pre- arrière pour soulager le front. épauler leurs collègues de risque de subir un coup d’arrêt regrette Bernard Farges, le pré- sident du CIVB (Conseil inter- professionnel du vin de Bor- deaux). La réouverture des cafés, bars et restaurants a certes apporté une bouffée Alain Rousset ambitionne de rapatrier d’oxygène aux professionnels du vin comme à ceux du tou- risme, mais ce sera pour une les industries de santé saison estivale tronquée de plusieurs semaines d’activité. En juillet et en août, le degré de STRATÉGIE Le président de Bétadine, et de médicaments même que Meda Pharma n’a Alain Rousset peut ainsi espé- crise sanitaire est subie et que confiance des touristes fran- Région, Alain Rousset, a lancé à succès tels que le Dafalgan, pas stoppé la production de rer lancer l’écriture d’un nou- le besoin de sécurité sanitaire çais dans l’avenir sera bien un centre de réflexion pour l’Efferalgan ou encore la Vita- Bétadine à Mérignac (Bor- veau chapitre industriel s’exprime. En conséquence, il l’élément déterminant pour étudier la relocalisation de la mine C Upsa. Si Upsa est, deaux Métropole). régional, qui ne partira pas y a urgence à s’interroger sur préserver autant que possible fabrication de médicaments depuis l’an dernier, sous le A cet appareil de production d’une feuille blanche. Ce la place que pourrait prendre un secteur qui a pesé l’an der- en Nouvelle-Aquitaine, qui a contrôle du groupe japonais spécialisé répond notamment qui l’a conduit à créer un le niveau régional dans les nier 18 milliards d’euros de déjà une longue histoire dans Taisho, son outil industriel est le pôle chimique du bassin de groupe de travail centré sur la transformations visant à ren- consommations touristiques, ce domaine. toujours en place à Agen, de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). relocalisation de la produc- forcer la sécurité sanitaire des soit 9 % du PIB néo-aquitain. tion de médicaments. populations », lance la cher- Alors que le conseil régional Faiblement touchée par cheuse, qui participe au défend depuis plusieurs le Sars-CoV-2, la Nou- RENFORCER LA centre de réflexion lancé par années un tourisme plus éco- velle-Aquitaine n’a pas pour SÉCURITÉ SANITAIRE Alain Rousset. logique, plus rural et plus lent, autant échappé à l’impact Marie Coris, maître de confé- « La Région a créé un espace cette saison 2020 fera office de de la crise et à cette soudaine rences en économie à l’uni- de réflexion participatif,pour - crash test grandeur nature sensation de fragilité, versité de Bordeaux et suit-elle, avec les industriels mais sans droit à l’erreur. quand il s’est avéré que membre du Groupe de néo-aquitains, des représen- Faute de quoi le réveil à l’au- le pays n’avait pas les moyens recherche en économie théo- tants des instances nationales tomne sera douloureux. n de faire face correctement rique et appliquée (Gretha), et régionales, et des cher- à l’épidémie, faute de explique à La Tribune pour- cheurs pour se saisir de ces masques, de réactifs, de res- quoi cette volonté d’agir au questions et étudier les marges pirateurs artificiels ou niveau local sur une pandé- de manœuvre de la Nou- encore de surblouses. mie globale est pertinente. velle-Aquitaine. » S’il « La crise du Covid-19 a révélé s’amorce, ce mouvement de 9 % LA PART DU PIB PÔLE DE RÉFÉRENCE une incohérence entre les reconquête industriel pas- NÉO-AQUITAIN QU’A L’ex-Aquitaine a longtemps espaces de régulation des sera sans doute d’abord par REPRÉSENTÉ EN 2019 LE été un pôle de référence dans besoins des populations et la une relance de la production SECTEUR DU TOURISME/ la pharmacie, avec ses labora- mondialisation productive et par des entreprises déjà pré- RESTAURATION, SOIT toires familiaux, à l’origine Le président de la Région Nouvelle-Aquitaine veut créer un commerciale. C’est directe- sentes en Nouvelle-Aqui- 18 MILLIARDS D’EUROS. d’un produit phare, comme la véritable mouvement de reconquête industrielle. [AGENCE APPA] ment au niveau local que la taine. n JEAN-PHILIPPE DEJEAN Bordeaux - Lille - Lyon - Nancy - Nantes - Orléans - Paris Centre - Paris Sud - Rennes - Rouen - Strasbourg - Toulouse - Tours

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réussi l’exploit de boucler cette opéra- Inovelec a trouvé la parade pour continuer tion en une semaine au lieu de douze à seize habituellement », déroule Jean-Philippe Guglielmi. Ce dernier à fabriquer en France est impressionné par l’accompagne- ment dont a pu bénéficier Inovelec PLS au cours de cette période, que ce soit SUCCÈS Inovelec PLS produit du sociétés en Nouvelle-Aquitaine : Ino- tégie de niche cohérente. D’abord prestations sur mesure que je développe de la part de la mairie de Boulazac, de « made in France » sur un marché velec Industrie, à Boé (Lot-et-Garonne), pour sécuriser son chiffre d’affaires, dans de nombreux secteurs d’activité, l’agglomération de Périgueux, de la écrasé par l’Asie du Sud-Est : celui des et Inovelec Comattel, à Uzerche (Cor- en répartissant le risque sur plusieurs que ce soit l’aéronautique, l’industrie, préfecture de la Dordogne ou du cartes électroniques et circuits impri- rèze). Si le groupe néo-aquitain ne s’est secteurs d’activité, mais aussi pour l’énergie, les transports ou le médical », Medef, qui a fourni en masques son més. Jean-Philippe Guglielmi, le PDG, pas délocalisé en Asie, il a ouvert une échapper à la concurrence frontale égrène Jean-Philippe Guglielmi. entreprise dans des délais record. a trouvé comment continuer à fabri- filiale de 80 salariés près de Casa- des acteurs asiatiques. Jean-Philippe Guglielmi, qui a survécu quer en France et compte doubler le blanca, sous le nom d’Inovelec Maroc. « Au départ je fabriquais des cartes 2 500 RESPIRATEURS aux effets dévastateurs de la crise de chiffre d’affaires d’ici à trois ans. Le credo de Jean-Philippe Guglielmi électroniques sur lesquelles j’assem- EN DEUX MOIS 2008, est convaincu qu’il va encore est aussi simple qu’exigeant. « C’est du blais des composants. Aujourd’hui, je Le PDG cite une niche du secteur médi- surmonter cette épreuve. « Parce que « Nous avons racheté notre bureau sur-­mesure, le client dit ce qu’il veut et conçois, je fabrique et j’assemble. Mon cal qui porte sur l’éclairage dans les nous sommes en très bonne santé finan- d’études, Ciele Ingénierie, en plein confi- on fait tout de A à Z », précise-t-il. obsession, ma stratégie, c’est le contrôle salles d’opération et chez les ophtal- cière et que nous sommes extrêmement nement, le 18 mars. Ciele compte une de la chaîne de valeur, de l’étude tech- mologues. Avec un savoir-faire qui a diversifiés. Quand la crise a éclaté, nous vingtaine d’ingénieurs et ne travaillait UNE STRATÉGIE nique initiale de la demande du client à valu à Inovelec PLS d’être réquisi- étions en train de nous diversifier dans que pour nous. Cette opération était déjà DE NICHE COHÉRENTE l’intégration complète du produit. Des tionné par les services de l’État durant de nouveaux secteurs : le ferroviaire et dans les tuyaux. Notre effectif a dépassé Les cartes électroniques, assemblages le confinement. « Nous équipons des le nucléaire, et nous allons entrer à fond la barre des 300 salariés, pour 29 mil- de puces, de broches et de circuits respirateurs artificiels en cartes élec- sur ces nouveaux marchés. Même s’il y lions d’euros de chiffre d’affaires en sont devenus banales, mais elles n’ont troniques et en câbles, et c’est pour cette a un certain marasme, je continue de 2019 », dit Jean-Philippe Guglielmi, cessé de se multiplier pour assurer le « Je conçois, je fabrique raison que la Direction générale de la voir l’avenir positivement », souligne le fondateur et dirigeant du groupe Ino- contrôle de foultitudes d’automa- et j’assemble. Mon santé nous a réquisitionnés. Alors que PDG, qui compte doubler son chiffre velec PLS à Boulazac (Dordogne), spé- tismes, aussi bien chez les industriels nous équipons normalement 150 respi- d’affaires d’ici à trois ans, pour le por- cialisé dans la conception et la fabri- que les particuliers. Dans un marché obsession, c’est le rateurs par mois, nous avons dû en faire ter à 60 millions d’euros, en misant sur cation de cartes électroniques, la mondial de la carte électronique contrôle de la chaîne 2 500 en deux mois ! Tout le monde s’y la croissance externe. Jean-Philippe réalisation de câblages filaires et d’in- dominé à plus de 70 % par l’Asie du est mis. Nous avons mobilisé dix per- Guglielmi travaille depuis quelques tégrations systèmes. Le groupe péri- Sud-Est, Jean-Philippe Gluglielmi, qui de valeur » sonnes à temps plein pour trouver tout années avec des entreprises installées gourdin, qui a démarré en 2000 avec a toujours cru en son modèle indus- JEAN-PHILIPPE GUGLIELMI, le matériel dont nous avions besoin pour aux États-Unis et compte bien finir par la société PLS, s’appuie sur deux autres triel, a décidé de développer une stra- PDG D’INOVELEC PLS passer à la production. Nous avons traverser l’océan. n J.-P. D.

Partout en Gironde *, le Département et ses partenaires déploient le réseau public de fibre optique

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* hors Métropole et Ville de Libourne 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Comment la télémédecine a gagné ses lettres de noblesse

MEDTECH Déjà nombreuses leurs outils dès les premiers d’Exelus/Nomadeec. Cette médicamenteuses avec le coro- dans la région, les entreprises jours de la pandémie. Synapse entreprise, qui fournit aux navirus a, elle, comptabilisé de la télémédecine et de Medicine, Satelia, Ange Gar- Samu et aux Ehpad des solu- 800 000 utilisateurs, devenant l’e-santé se sont mobilisées dien, Ki-Lab, Exelus/Nomadeec, tions de télérégulation et de le premier site de conseil du pendant la crise qui a été un SimforHealth, Invivox, Kano- téléconsultation, a réalisé en médicament face au Covid‑19. accélérateur d’innovation. pée, MirambeauAppCare : ces trois mois le même niveau d’ac- « C’est un cas d’usage qui n’ar- entreprises néo-aquitaines ont tivité que sur l’année 2019. rive qu’une fois dans une vie et Durant le confinement, le CHU bénéficié d’un coup de projec- qui a été un facteur d’évangéli- de Bordeaux a réalisé plus de teur inédit. « Pour toute une INITIATIVES SOLIDAIRES sation énorme. Les outils de 14 000 téléconsultations. « Cela partie des professionnels de D’autres entreprises du ­secteur télémédecine ont rendu service représente une multiplication santé, il y a un avant et un après ont pris le parti de financer sur à des millions voire des dizaines par dix : tous les services, tous Covid-19 en matière de télémé- fonds propres le développe- de millions de Français. Et si les praticiens, médecins, chefs decine. Le confinement a été une ment et la mise à disposition 100 % des nouveaux utilisateurs de service, soignants, s’y sont forme de révélation à partir du gratuite d’outils dédiés à la ne resteront pas, il y a un pour- Une vidéoconsultation de pneumologie, un des services à mis, pour assurer le suivi des moment où les outils utilisés lutte contre le coronavirus. Le centage important qui conti- distance développé par les entreprises néo-aquitaines. [BSIP VIA AFP] maladies chroniques et les réu- étaient de bon niveau », estime simulateur numérique déve- nuera tant côté médecins que nions pluridisciplinaires. De ce Xavier Maurin, cofondateur loppé par SimforHealth a ainsi patients », observe Clément office de télémédecine de guerre ment », salue Clément Goehrs. point de vue, la crise a été un permis de former à la prise en Goehrs, le fondateur de pendant la crise, et les solutions « La pandémie a favorisé les accélérateur d’innovation dans charge de patients Covid-19 Synapse Medicine, qui parti- professionnelles et sécurisées ». décisions en circuits courts sans nos collaborations avec les plus de 50 000 étudiants infir- cipe au vaste essai clinique Baptême du feu réussi donc passer par des chemins de tra- start-up de l’e-santé », témoigne « C’est un facteur miers de 220 établissements Coverage avec le CHU de Bor- pour ces jeunes pousses régio- verse qui peuvent durer des Yann Bubien, le directeur géné- d’évangélisation francophones en France et à deaux et l’Inserm. Cependant, nales, mais aussi pour l’hôpital. mois, voire des années. Il faudra ral du CHU de Bordeaux. Plu- l’étranger. L’interface grand souligne Xavier Maurin, « il y « Ce que je retiens de cette crise, que ces leçons restent pour que sieurs entreprises régionales énorme » public développée en 72 heures aura un tri à faire dans les mois c’est l’alignement de tous les l’on demeure réactif, agile et ont en effet gagné leurs galons CLÉMENT GOEHRS, FONDATEUR par Synapse Medicine pour qui viennent entre les message- acteurs de la santé, quels qu’ils solidaire à l’avenir », abonde en démontrant la pertinence de DE SYNAPSE MEDICINE informer sur les interactions ries instantanées, qui ont fait soient, pour avancer rapide- Yann Bubien. n P. C. Mutuelle Prévifrance soumise aux dispositions du livre II Code de la Mutualité - SIREN n° 776 950 669. Cedex 6. Campagne réalisée avec le concours des collaborateurs de la Mutuelle Prévifrance. Toulouse 71269 - 31012 Siège social : 80, rue Matabiau - BP - 05/2020 Abiker - D5411 Agence coRco - Crédit photo : Simon © DEVIS IMMÉDIAT SUR PREVIFRANCE.FR LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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À Montpellier, les ambitions des entreprises health tech fortement stimulées

SANTÉ Les entreprises de santé et les labora- toires de recherche sont légion en Occitanie. Et se sont montrés particulièrement engagés dans la bataille contre le Covid-19, faisant émerger des solutions qui leur permettront d’accéder à de nouveaux marchés. CÉCILE CHAIGNEAU

Si le coronavirus a stoppé l’activité de bon nombre d’entreprises, il a cepen- dant fortement aiguisé la réflexion et le potentiel d’innovation des entreprises de santé et des laboratoires de recherche. En ­Occitanie, les deux métropoles Toulouse et Montpellier sont bien positionnées sur l’échi- quier des acteurs de la santé et de la recherche. La crise sanitaire a permis de mettre en lumière Dans la course des initiatives régionales, notamment dans la aux traitements course aux traitements et aux vaccins contre le et aux vaccins, Covid-19, déclaré ennemi public n° 1. De nom- les initiatives breuses pistes ont été suivies et déboucheront régionales, en sur de nouveaux marchés. particulier À Montpellier, la société d’accélération du trans- celles des fert de technologies (Satt) AxLR est dans son chercheurs de élément : « C’est dans des situations inconnues Toulouse et de ce type que l’on apprend beaucoup », affirme Montpellier, son président, Philippe Nérin. La structure a ont été très accompagné plusieurs projets, notamment celui remarquées. de l’Institut de recherche en infectiologie de [ISTOCK] Montpellier, qui a identifié des familles de­ ­c­omposés innovants à large spectre antiviral, prétation des résultats totalement automatisée. » montpelliérain Sys2Diag/CNRS, la société de solution IzyCall permettant à des patients celui de l’Institut de génétique humaine, qui a Autre projet utilisant l’IA : à Toulouse, le Cnes biotechnologie SkillCell et la société montpel- hospitalisés d’échanger en visioconférence analysé une banque de molécules ayant déjà une et le CHU ont développé un système de détection liéraine Vogo) pour tester les performances avec leurs familles, ainsi qu’un chatbot conver- autorisation de mise sur le marché pour d’autres automatique des lésions pulmonaires caracté- d’EasyCOV, nouveau test salivaire de dépistage, sationnel pour le suivi médical de malades indications thérapeutiques, dont une très puis- ristiques du Covid-19 à partir d’une simple écho- elle s’est avérée satisfaisante. Un partenariat a à domicile. sante contre la souche Sars-CoV-2 et qui a fait graphie, en s’appuyant sur des outils d’IA. Une été conclu avec le groupe de laboratoires de bio- l’objet d’un dépôt de brevet. La Satt AxLR a éga- innovation qui pourrait être utilisée pour sur- logie médicale Inovie (Montpellier) pour créer SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE lement aidé l’unité mixte de recherche Proces- veiller toutes les pathologies respiratoires à la mi-juin la première solution de dépistage de À la lumière de la crise sanitaire, de nouveaux sus infectieux en milieu insulaire tropical, sur sévères, mais aussi lors de vols spatiaux habités terrain intégrée du Covid-19 en France. débouchés devraient s’ouvrir pour la start-up l’île de La Réunion, qui a découvert le potentiel ou pour de la télémédecine. En marge des avancées médicales, la start-up toulousaine Kaduceo, spécialisée dans le traite- inhibiteur sur le Covid-19 de l’extrait naturel La start-up montpelliéraine de bio-informatique toulousaine BOTdesign propose désormais sa ment des données de santé pour analyser les d’une plante médicinale. SeqOne réfléchit déjà, elle, à de futures applica- parcours de soins dans les établissements hos- tions pour sa nouvelle solution de dépistage mas- pitaliers. Mais, selon le pôle de compétitivité DÉTECTER LES LÉSIONS PULMONAIRES sif du Covid-19 exploitant les capacités des appa- Eurobiomed, présent en Région Sud et Occitanie, La Satt a enfin soutenu le projet de l’Institut de reils dernière génération d’analyse génomique à « On se prépare pour une « la health tech a besoin d’être consolidée ». Sa recherche pour le développement, de l’univer- très haut débit, permettant de réaliser d’impor- éventuelle seconde vague, directrice, Émilie Royère, pointe « des trous dans sité de Montpellier et de la société montpellié- tants volumes de tests. « On se prépare pour une la raquette du financement », empêchant les raine IDvet (kits de diagnostic sérologique et PCR éventuelle seconde vague, mais on travaille aussi mais on travaille aussi pépites de devenir des fleurons tricolores. Afin des maladies infectieuses) qui adosse des tech- au déploiement dans d’autres secteurs, comme au déploiement dans d’autres de retrouver une souveraineté technologique niques PCR (réaction en chaîne par polymérase) l’alimentaire, et à l’international », précise Jean- en termes d’innovation, le pôle préconise un à de l’intelligence artificielle (IA). « Un premier Marc Holder, le dirigeant de SeqOne. secteurs, comme l’alimentaire » renforcement des fonds spécifiques santé et une lot a été validé par l’Institut Pasteur à Paris, Quant à l’étude clinique lancée au CHU de Mont- JEAN-MARC HOLDER, meilleure considération de la coopération affirme Philippe Nérin. L’IA permet une inter- pellier par un consortium français (le laboratoire DIRECTEUR DES OPÉRATIONS DE SEQONE public/privé. n

L’Occitanie, colosse aux pieds d’argile

SAUVETAGE Relativement épargné sur le territoire occitan, en revanche, inégalé, devenant l’une des régions extrême précarité économique, pous- (PS) du conseil régional a proposé une par la crise sanitaire, le territoire occi- l’impact financier risque de se révéler françaises les plus créatrices d’em- sant l’État à engager un plan de sauve- utopique gratuité des péages cet été. tan est en revanche fortement touché beaucoup plus préoccupant. plois nets, grâce à ses deux vaisseaux tage pour l’aéronautique de 15 mil- Plus réaliste, sa collectivité s’est asso- sur le plan économique, notamment Ces dernières années, l’Occitanie a amiraux que sont le tourisme liards d’euros. Dans cette somme, ciée avec la Banque des territoires, les ses filières aéronautique et touristique connu un dynamisme économique (97 000 emplois pour un chiffre d’af- 1,5 milliard doivent permettre de intercommunalités et les conseils qui tentent de relancer leur activité. faires annuel de 16 milliards d’euros) concevoir un avion décarboné d’ici à départementaux pour mettre sur pied PIERRICK MERLET et l’industrie aéronautique (plus de 2035. L’avion « vert » sera-t-il la voie le fonds L’Occal, doté de 80 millions 100 000 emplois et 10 milliards d’euros du renouveau pour cette filière fran- d’euros. Une enveloppe qui doit per- La région, qui abrite à la fois terre, mer de chiffre d’affaires, hors Airbus). çaise d’excellence ? Peu s’activent en mettre de soutenir les commerces de et montagne, bien plus grande qu’une Cette dernière, qui garantit à la région ce sens ; certains même se désengagent, proximité et les acteurs touristiques. dizaine de pays européens, a été l’une EN CHIFFRES une balance commerciale très positive, à l’image d’Airbus qui a stoppé son Mais comme pour l’aéronautique, des plus épargnées par la crise sani- avait devant elle un avenir radieux avec projet d’avion électrique, l’E-Fan X. l’ambition est aussi de profiter de taire. Au point même de venir à la un carnet de commandes chez Airbus Si les enjeux et les intérêts n’ont rien cette crise pour évoluer, voire se réin- rescousse d’autres régions débordées plein à dix ans, poussant la supply en commun, le combat autour de la venter. C’est ainsi que dans les pro- en accueillant des malades de ces ter- chain dans une course infernale à la filière touristique est cependant sem- chains mois, l’Open Tourisme Lab ritoires. Pour autant, retrouve- 10 % montée des cadences de production blable. Comment sauver un secteur (basé à Nîmes), une plateforme d’in- rons-nous cette solidarité interrégio- LE POIDS DE LA FILIÈRE afin de répondre à la demande des com- qui représente pas moins de 10 % du novation, prendra tout son sens. nale quand il s’agira de parler du TOURISTIQUE DANS LE PIB pagnies aériennes. Mais l’arrêt et PIB de l’Occitanie, contre 7 à 8 % dans Autrefois sûre de ces secteurs domi- développement économique ? Car si OCCITAN CONTRE 7 À 8 % désormais la très lente reprise du tra- les autres régions ? L’inquiétude est nants, l’Occitanie doit désormais l’impact sanitaire a été « minime » DANS LES AUTRES RÉGIONS fic aérien plongent la filière dans une telle que Carole Delga, la présidente revoir ses murs porteurs. n GRDF propose de contribuer au plan de relance de l’économie. 9 propositions concrètes, définies autour de 4 axes. Les 9 propositions de GRDF s’inscrivent pleinement dans les préoccupations des français et s’articulent autour de 4 axes : le gaz vert, la rénovation/construction, la mobilité, la sécurité. Ces propositions visent toutes à

relocaliser et décarboner l’économie en limitant le recours aux finances publiques et l’impact sur le tarif gaz. GRDF, Société Anonym e au capital de 1 800 745 000 euros. Siège social : 6 rue Condorcet, 75009 Paris. RCS Paris 444 786 511.

En savoir plus 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

70 OCCITANIE

Alstom développe son train à hydrogène à Tarbes. [ALSTOM] PROJETS Afin de diversifier son économie , Toulouse et l’Occitanie mettent en œuvre un plan d’action pour développer un écosystème référent en matière des mobilités de demain. PIERRICK MERLET

La région Occitanie est connue pour être le berceau de l’aéronautique, et plus particulièrement sa métropole tou- lousaine. Si la crise sanitaire a démontré la fragilité de ce secteur, les collectivités locales ont identifié depuis des années un problème de monoculture­ économique autour de l’aéronautique. Alors, afin de profiter de certaines de ses briques techno- logiques, les élus toulousains ont pour ambition de devenir à terme la capitale française, voire euro- péenne, des mobilités durables et intelligentes. De cette impulsion est née en 2014 la En réaction au Covid, Toulouse start-up EasyMile (220 salariés), spé- cialisée dans la création d’un logiciel unique pour concevoir des véhicules accélère sur les mobilités autonomes et sécurisés. Elle a ainsi mis au point EZ10, une navette élec- trique pour le transport de per- « La collectivité a acheté à l’État et régionale. Nous sommes sur la plus de son tissu universitaire, éminentes sont aussi au rendez-vous sonnes, et TractEasy, un tracteur 38 hectares de la base Francazal pour bonne voie pour y parvenir. Avec le comme Actia (composants électro- comme Safra, et ses bus à hydrogène de marchandises autonome. La environ 4 millions d’euros et elle Covid-19, il y a un renforcement de la niques), Continental (pneus) et la à Albi, ou encore Alstom, qui déve- Ville rose a également attiré le centre devra effectuer les travaux de dépol- volonté de faire émerger pleinement filiale Renault Software Labs, sans loppe le train à hydrogène à Tarbes. européen de R&D d’Hyperloop TT, lution du site », confirme Dominique cette nouvelle filière », ressent Benoît oublier l’Aniti, l’institut interdisci- La ligne ferroviaire Montréjeau-­ société créée par Elon Musk, Faure, la vice-présidente de la Perrin, le directeur des opérations plinaire d’intelligence artificielle. Luchon, fermée depuis des années, qui développe une capsule de trans- métropole chargée du développe- chez EasyMile. Pour preuve, la Au niveau régional, des entreprises va d’ailleurs faire l’objet d’investis- port projetée à grande vitesse dans ment économique. Une première métropole, en réaction à cette crise sements lourds pour devenir un un tube. étape dont la crise sanitaire a accé- sanitaire, a avancé son projet d’inves- terrain d’expérimentation de cette Ces deux acteurs majeurs de la mobi- léré la mise en œuvre. tissement à Francazal afin d’y créer technologie. Dans ce sens, le conseil lité du futur ont ainsi pris leurs une piste d’essais dédiée à ces nou- régional d’Occitanie a confié à quartiers au sein du site aéropor- ATTIRER DES ACTEURS velles mobilités. Dès à présent, la Thierry Cammal, le directeur géné- tuaire Francazal. Les institutions collectivité va investir 1,6 million 1,6 M€ ral de la filiale toulousaine du INDUSTRIELS L’INVESTISSEMENT DE veulent faire émerger dans cette « L’écosystème naissant autour des d’euros pour le lancement des études TOULOUSE MÉTROPOLE constructeur au losange, la direction ancienne base militaire un écosys- mobilités intelligentes et durables ne et des travaux afin de donner nais- POUR LE LANCEMENT d’un comité de filière du véhicule tème dédié aux mobilités de demain. pourra jamais remplacer la filière sance à ce centre d’expérimentation. DE LA PISTE D’ESSAI autonome et connecté. Une instance C’est dans cet objectif que Toulouse aérospatiale. Néanmoins, nous pou- Grâce à l’émergence de cette filière, DÉDIÉE AUX NOUVELLES qui réfléchit à la création d’un Métropole est devenue récemment vons devenir une composante non Toulouse a attiré d’autres acteurs MOBILITÉS À FRANCAZAL « super cluster » dédié aux mobilités propriétaire en partie des lieux. négligeable de l’économie toulousaine industriels sur cette thématique, en de demain, hors aéronautique. n

transférées dans la lutte tech (robots d’investigation CleanTech Vallée a tenu le coup contre le Covid-19. Nous avons en milieux sensibles) et lancé des ateliers de coopéra- Alfileo (IoT), de Sirea (ingénie- tion, d’intelligence collective rie industrielle et efficience grâce à la coopération avec des start-up, des PME et énergétique) à Castres, de des grands groupes, chacun Fadilec (automatismes indus- apportant son regard et ses triels) à Laudun-l’Ardoise, et ROBOTIQUE La CleanTech acteurs économiques et ins- cleantech, avec le souci de « Avec la crise du Covid-19, on connaissances des systèmes de ­Sterixene (décontamina- Vallée, engagée dans le Gard titutionnels savent que rési- ne pas laisser le territoire en a eu le sentiment que l’heure confinés et des problématiques tion par lumière pulsée) aux sur des solutions d’écologie lience rime avec coopération. ­déshérence et de préserver n’était plus à l’innovation mais industrielles. » Angles. Autres solutions industrielle, se mobilise pour son empreinte technologique à la gestion de crise, confie- mises au point : une applica- adapter les projets des entre- PRÉSERVER L’EMPREINTE et industrielle. t-elle encore. On a pris le ASSOCIER DES BRIQUES tion par Safenergy (Montpel- prises régionales aux besoins INDUSTRIELLE Objectif : faire émerger un contre-pied et fait le pari que TECHNOLOGIQUES lier) pour gérer les plans de de la lutte contre la pandémie. Quand, en avril 2016, la cen- potentiel et des compétences, la technologie maîtrisée par Quatre projets ont émergé. Le reprise d’activité industrielle, CÉCILE CHAIGNEAU trale thermique d’Aramon est et maintenir ou créer de l’ac- les entreprises du Gard rhoda- robot autonome de déconta- un caisson mobile de tests de fermée par EDF, l’énergéti- tivité autour de sujets comme nien dans le nucléaire et la mination est un assemblage détection rapide par Innow- La crise du Covid-19 va frap- cien embarque collectivités, l’économie circulaire, leséner- gestion de milieux sensibles de briques technologiques tech et Fadilec,­ et un portique per durement. Certains terri- acteurs publics (dont deux gies renouvelables, la décon- notamment pouvaient être émanant des nîmois Innow- de contrôle d’accès désinfec- toires sont-ils plus à même de intercommunalités), PME et struction, la dépollution des tant avec prise de tempéra- réagir positivement ? Alors grands groupes pour opérer sols, la gestion des déchets, ture par Fadilec. qu’on parle de résilience à une reconversion autour des etc. La CleanTech Vallée est « Le robot de décontamination tout va, certains peuvent s’ap- née le 31 janvier 2019, et avec a été un vrai projet collabora- puyer sur l’expérience du elle le programme d’accéléra- tif, observe Alain Godot, fon- vécu. Ainsi, le territoire de tion CleanTech Booster qui dateur ­d’Innowtech. On a mis l’ex-Languedoc-Roussillon accompagne 11 start-up. l’équipe projet en mode agile (au­jourd’hui Occitanie) « Le robot de « Ce modèle de résilience mis pour répondre à l’urgence. Et peut-il se targuer d’avoir décontamination a en place pour créer la Clean- il y aura un après : nous avons développé une indispensable Tech Vallée repose notamment la confirmation que ce robot culture de la résilience pour été un vrai projet sur une forte coopération trouvera d’autres applications faire face aux aléas de son his- collaboratif. On a mis entre public et privé, souligne en dehors de la crise pour des toire. Très exposé aux risques ­Virginie Monnier-Mangue, industries qui ont des climatiques, il a moult fois l’équipe en mode déléguée territoriale EDF contraintes sanitaires, notam- subi d’importants et destruc- ­Occitanie et présidente de la ment l’agroalimentaire. » La teurs épisodes, notamment agile pour répondre CleanTech ­Vallée. C’est un commercialisation de la deu- de violentes inondations. Des à l’urgence » apprentissage important, car xième version du robot, coups du sort dont il a fallu se ALAIN GODOT, ça veut dire faire des compro- Innowtech, à Nîmes, et Fadilec, à Laudun-l’Ardoise, ont mis industrialisée, était program- relever. Dans le Gard, les FONDATEUR D’INNOWTECH mis, être agile et innovant… » au point ce caisson mobile de tests de détection rapide. [INNOWTECH] mée pour début juillet. n CONSEIL DÉPARTEMENTAL

un Département

+justePAS JUSTE UN DÉPARTEMENT

Défendre l’égalité des territoires. S’engager contre la pauvreté et la précarité. Favoriser le dialogue citoyen. Protéger le pouvoir d’achat. Promouvoir l’éducation et l’émancipation. Renforcer l’accès à la culture. Préserver l’avenir et notre environnement. Construire une société pour tous. Encourager les mobilités durables. Soutenir les producteurs locaux. Soutenir les bénévoles et la vie associative. S’investir auprès des jeunes.

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CD31 plus juste AP tribune 280x416.indd 1 11/06/2020 16:21 PUBLI REPORTAGE

Si la crise sanitaire liée au Covid-19 a occasionné du retard dans le déploiement de la fibre optique, elle a surtout révélé que la filière infrastructure numérique était essentielle pour le maintien de l'activité. Dans ce contexte, à l’issue du confinement, le chantier mené par Fibre 31 a repris avec le même objectif : couvrir, en 2022, 100 % du territoire dont Haute- Garonne Numérique a la responsabilité.

FIBRE 31 SE REMET EN ORDRE DE MARCHE, RASSURÉE ET RASSURANTE

épidémie de Covid-19 n’a pas Mais quel est le degré de prise de signé l’arrêt du déploiement conscience ? C’est diffi cile à dire », Le challenge MCGR ’de la fi bre optique sur le ter- avoue Pierre Borda qui insiste : « La ritoire mais elle aura occa- fibre optique apparaît comme un Créée en Octobre 2016 sur L sionné du retard. C’est investissement d’avenir. Il s’agit de Toulouse, MCGR est le résultat mathématique. « Nous avons eu 20 diffuser cette conviction. » Et de d’un challenge entrepreneurial % des équipes en moins dans les poursuivre : « Les entreprises ont en couple de Cloé et Guillaume bureaux d’études et 80 % de person- deux révolutions à mener : la révo- LAURENT dans le domaine des nel à l’arrêt sur les chantiers. lution écologique et la révolution télécommunications. “ MCGR Cela signifi e que nous avons eu trois numérique, et elles se rendront vite c’est aujourd’hui presque 100 mois d’activité très réduite, mais compte que les investisseurs, les collaborateurs, dont 30 nous travaillons à la réduction de banquiers et les assureurs relèvent embauches directement liées ce décalage à deux mois d’ici à la fi n leur niveau d’exigence du point de au chantier Fibre 31. Nous de l’année », confi e Pierre Borda, vue de ces transitions. C’est faisons nous-mêmes travailler directeur général de Fibre 31, délé- évident. » 5 autres partenaires TPEs gataire du syndicat mixte Haute-Ga- locales. Au coeur de la crise ronne Numérique pour le déploie- nous avons pu compter sur le ment et l'exploitation de la fibre UNE FILIÈRE FORTE EN soutien de Fibre 31 Déploie- optique en Haute-Garonne. « Il est OCCITANIE ment dans la mise en place des toutefois trop tôt, à ce stade, pour mesures sanitaires, le prêt de évaluer l’impact global incluant les « Raison de plus pour que les acteurs masques, le maintien de contraintes de la reprise progres- du numérique soient forts », pour- l’activité avec lettre de sive », confi e-t-il. suit Pierre Borda alors que Fibre 31 dérogation officielle pour les Pierre Borda, dirigeant de Fibre 31 FIBRE 31 se remet en ordre de marche, ras- déplacements terrain, et surée et rassurante : « C’est un sec- engagement sur le maintien UNE FILIÈRE SOUTENUE teur qui bénéfi cie d’une belle visi- des paiements.” En retour, trésorerie sur 2020 et la suite », UNE FILIÈRE D’AVENIR bilité. La fi bre optique fait l’objet MCGR s’engage fortement aux Pas d’inquiétude majeure pour le assure Pierre Borda. « Le Covid-19 d’un chantier national, le plan côtés de Fibre 31 dans la secteur. « Il y avait des risques, n’est pas arrivé au meilleur moment, Avec le Covid-19, l’utilisation du France haut débit, il n’y aura pas de reprise, dans la mobilisation de notamment en terme de trésorerie mais nous étions suffi samment lan- numérique est, sans conteste, deve- coup d’arrêt. C’est une fi lière vitale ses ressources, et en renfor- pour les 120 entreprises avec les- cés pour qu’il y ait un eff et d’inertie nue une évidence. « Il y a eu des et d’avenir », ajoute-t-il. çant même son action en quelles nous travaillons, en grande assez conséquent. Ainsi, en avril, besoins pour l’éducation, la méde- Dans ce contexte, il est ainsi primor- matière d’insertion. majorité, des petites et moyennes nous avons passé le cap des 100.000 cine, le télé-travail. La filière dial, pour lui, de faire croître la fi lière entreprises (PME). En soutien à la prises lancées en construction. Nous infrastructure numérique a tenu un télécoms en région Occitanie. « L’aé- Cloé et Guillaume Laurent, fi lière, sur consigne de nos action- sommes entrés début 2020, en phase rôle essentiel dans le maintien de ronautique est très présent dans la fondateur de MCGR MCGR naires -Altitude Infrastructure THD, d’industrialisation du déploiement », l'activité en France », reconnaît région mais, pour éviter toute la Caisse des Dépôts et Consignations complète Pierre Borda. Résultat, à ce Pierre Borda pour qui la prise de dépendance, il est important d’avoir et le Fonds Marguerite-, nous avons stade, plus de 21.000 prises sont com- conscience est désormais bien réelle d’autres fi lières fortes, et, en l’occur- donc mis en place des mécanismes mercialisables. « Depuis novembre du côté des particuliers. rence, le numérique est un bon can- de paiement sur des jalons intermé- 2019, 3.700 foyers sont abonnés, ce « Du côté des entreprises, les spécia- didat comme secteur pourvoyeur diaires qui n’existaient pas contrac- qui représente un taux de pénétration listes s’accordent à dire que celles d’emplois. En ce qui nous concerne, tuellement », explique Pierre Borda. de 17 %. C’est très bien pour un qui ont été les plus solides sont celles en Haute-Garonne, sur ce chantier Fibre 31 n’a ni diminué ses com- démarrage », se réjouit Pierre Borda qui ont été fortes en analyse des de la fi bre, 500 personnes sont mobi- mandes, ni stoppé les paiements. qui précise que la commercialisation risques, qui avaient une bonne tré- lisées de façon permanente jusqu’en Nous n’avons pas alimenté une chute a même augmenté de 30 % pendant sorerie mais aussi qui avaient bien 2022, avec 15 % des heures de ce de leur chiff re d’aff aires ou de leur le confi nement. amorcé leur transformation digitale. chantier à faire en insertion.» LA TRIBUNE 3 juillet 2020

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ 73

« On ne pourra pas garder l’économie de notre région sous perfusion »

ENTRETIEN Jean-Claude Lagrange augmenter mais, avant cela, les entre- est vice-président (Divers gauche) prises voudront prolonger les mesures du conseil régional de Bourgogne- DES ENTREPRISES DE de chômage partiel. Près de chez moi, Franche-Comté, chargé du dévelop- PROXIMITÉ EN DANGER il y a une usine Michelin qui emploie pement économique et de l’emploi, et Selon Jean-Claude Lagrange, 1 300 personnes. Pendant le confine- maire de Sanvignes-les-Mines (Saône- l’économie locale a beaucoup ment, ils n’étaient que 60 à travailler. et-Loire). Il analyse pour « La Tribune » souffert malgré les effort de la Dans la filière aéronautique, Safran va Région (reports d’échéances, les effets de la crise sur les filières prêts Rebond) et l’aide du Fonds aussi souffrir. La reprise sera difficile industrielles de la région. national de solidarité. [DR] dans l’électroménager. Le problème PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER MIRGUET viendra aussi des sous-traitants éloi- gnés qui peuvent peiner à fournir. Cela Quelles ont été les conséquences nous incite à identifier très vite les immédiates de la crise sanitaire sur filières fragilisées, et à tenter de relo- votre économie ? Fin avril, au terme du premier mois de confinement, 54 % des grands éta- blissements présents sur notre terri- « Tout le monde ne se toire avaient déjà fait l’objet de relèvera pas. Je crains demandes de chômage partiel. Cela représente 165 000 salariés et 145 mil- entre 15 % et 20 % de lions d’heures de travail. Nos groupes pertes d’emplois dans industriels les plus importants ont été touchés dans des secteurs essentiels le secteur des cafés, comme la métallurgie et l’automobile. L’hôtellerie-restauration et le tou- hôtels et restaurants » risme ont évidemment été impactés. Une foncière va être créée avec la Banque des territoires pour venir en caliser cette sous-traitance. Nous aide à ce secteur et sauver des projets accompagnons le territoire de touristiques emblématiques. Mais Sochaux-Montbéliard, très dépendant tout le monde ne se relèvera pas. Je de PSA, son premier employeur. Avant crains entre 15 % et 20 % de pertes la crise, il prévoyait déjà de restructu- d’emplois dans le secteur CHR [cafés, garder longtemps l’économie sous proximité est celle qui a le plus souf- recevoir 5 euros par habitant pour rer son usine pour libérer 50 hectares hôtels, restaurants, ndlr]. perfusion. Au conseil régional, nous fert. Les problèmes locaux doivent agir en direct auprès des entreprises. de terrains industriels. Les décisions avons mis en place des reports être gérés à l’échelle locale. Dijon, le à venir sur des relocalisations et la Quelle a été l’intervention financière d’échéances, des prêts Rebond, des Charolais, le Morvan ou la Haute- Et les grands groupes ? montée en puissance des voitures élec- de la Région ? garanties de prêts. 48 000 entreprises Saône n’ont pas les mêmes besoins ! La sinistralité dans les grandes entre- triques nous poussent à rechercher L’État et les collectivités ont aligné locales ont été aidées sur le Fonds Chaque établissement public de coo- prises industrielles n’a pas encore été très activement de nouveaux indus- les millions, mais on ne pourra pas national de solidarité. L’économie de pération intercommunale va donc chiffrée. Le chômage va sans doute triels, qui pourraient s’y implanter. n

Vins de Bourgogne : la crise n’est pas la seule responsable

VITICULTURE La crise sanitaire a fait plonger l’ex- Pour les mêmes raisons ? des grands crus tourne au ralenti. Nous avons violent. Nous sommes doublement pénalisés portation des vins de Bourgogne, déjà impactés Non. Depuis l’automne dernier, les États-Unis eu la chance de réaliser un grand millésime aux États-Unis par les taxes et la crise sanitaire, depuis octobre 2019 par les taxes que les États- ont décidé d’imposer une taxe de 25 % sur les en 2018. Ces bouteilles arrivent sur le marché. et c’est bien parti pour durer. La Fédération Unis ont imposées sur les vins français. Le coup vins français. Nous sommes les victimes colla- Elles pourraient atténuer la crise. En général, des exportateurs de vins et spiritueux a porté aux équilibres économiques pourrait être térales d’un conflit commercial entre Boeing on se comporte mieux que la Champagne, demandé un fonds de compensation en dédom- amorti par la qualité des récoltes récentes et à et Airbus. C’est une décision politique, qui le Bordelais et l’Alsace. Nous n’avons pas magement des conséquences de l’affaire venir. Interview de Louis-Fabrice Latour, président risque d’être renouvelée pour six mois au-delà ­l’intention de distiller pour écouler notre Boeing-Airbus. Malheureusement, nous ne du Bureau interprofessionnel des vins de Bour- de la date limite prévue le 18 août. Sur ce ­surproduction. croyons plus à un règlement rapide. Les réu- gogne (BIVB). ­marché, en valeur, nous prévoyons de chuter nions bilatérales prévues dans le cadre de cet été de 35 %. Au Royaume-Uni, la situation À long terme, quelles sont les conséquences l’OMC n’ont pas eu lieu. Si l’aéronautique est Quel est l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 est différente. Les restaurants qui se four- prévisibles de cette crise ? en recul, le vin pourrait devenir le premier sur les ventes de vins de Bourgogne ? nissent habituellement en vins de Bourgogne Nous avons deux années de stock en moyenne. excédent de la balance commerciale. C’est la La viticulture a effectué un recul en bon ordre. n’ont pas ouvert début juin, comme les restau- C’est un bon équilibre. Quand nous sommes seule chose dont on peut se réjouir. On ne s’est pas trop mal sortis de la période de rants français ont pu le faire en entrés dans la crise, nous avions le vent en confinement et de la crise sanitaire. Les vraies sortie de crise sanitaire. Nos vins poupe à l’export : 10 % de croissance en un an ! Les grands équilibres économiques du vin de difficultés économiques sont apparues en juin les plus chers, les grands crus, Nous nous trouvions en meilleure forme que Bourgogne risquent-ils d’être déstabilisés ? chez beaucoup de producteurs. Le négoce est en sont très dépendants de ce la plupart des autres vignobles dans le L’hectare en Bourgogne est le plus cher parmi recul de 15 % en cumul depuis le début de cette ­circuit de vente. monde. Je suis optimiste pour le millésime tous les vignobles français. Cela peut se chif- année. La Bourgogne est la région française la plus 2020. On attend une très belle récolte, pré- frer en millions d’euros sur certains grands dépendante du marché de la restauration. Les Quelles sont les appellations coce. La vigne n’a jamais été aussi belle. crus comme le Montrachet. Mais le marché cafés, hôtels, restaurants représentent plus d’un les plus touchées par la crise ? La crise précédente, en 2009, a eu une est stable, partout en Bourgogne, avec 1,5 % tiers de notre activité, et la reprise n’est pas là. Sur le marché domestique, violence inouïe, mais elle n’a duré qu’une des surfaces qui changent de propriétaire la demande est restée importante seule année. Cette fois, c’est moins chaque année. Malgré cela, il y a de la demande La Bourgogne a réalisé 49 % de ses ventes de vins pour nos appellations régio- et les taux sont bas. à l’export en 2019. Après cette campagne record, nales. Les chablis à prix allez-vous plonger dans la crise en 2020 ? raisonnables se La crise peut-elle, selon vous, attirer de nouveaux Le recul de nos exportations devrait atteindre vendent bien. Le investisseurs ? 15 % avant le début de l’été. La Bourgogne Corton, notre Pour Louis- Il n’y a pas d’obsession à rester entre soi. Les a dépassé 1 milliard d’euros de chiffre d’af- grand cru le plus Fabrice Latour, financiers comme Pinault, Moët Hennessy ou faires à l’export en 2019. Nous souffrons terri- accessible en l’économie des Bouygues sont déjà présents. Ils sont là pour blement sur nos deux principaux marchés : rouge, aussi. Mais grands crus exploiter et s’inscrire dans la durée. Les renta- les États-Unis, qui représentent un quart de d’une façon géné- tourne au bilités à long terme vont demeurer très faibles. n nos exportation, et le Royaume-Uni. rale, l’économie ralenti. [DR] PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER MIRGUET 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

74 RÉGION SUD

REPENSER LE DYNAMISME ÉCONOMIQUE Les entreprises locales ont fait preuve de solidarité et multiplié les initiatives. Une réactivité qui doit servir de nouvelle valeur cardinale. [ISTOCK]

biotechs… sont des clés d’enri- chissement de l’économie et elles jouent sur l’attractivité des territoires qui les développent. Car des crises qui remettent tout en cause, la région en a déjà connues par le passé. COHÉSION ET RÉSILIENCE L’attentat du 14 juillet 2016 à Nice est un de ces moments terribles qui a tout remis en plat. Les acteurs économiques s’en sou- viennent et beaucoup, interrogés au gré des dernières semaines, y font référence, laissant à penser Le Sud mise aussi que l’épreuve d’hier sert celle d’aujourd’hui. On ne le voit pas suffisamment peut-être, mais Provence-Alpes-Côte d’Azur est sur ses atouts industriels une région résiliente. Les terri- toires ont su faire preuve de cohésion. Les initiatives se sont RESSOURCES La Provence- mie. Mais ce serait méconnaître La crise a poussé On les a moqués, tant le tou- multipliées, autour de la fabri- Alpes-Côte d’Azur compte bien son tissu industriel, maillé d’en- risme paraît indétrônable. C’est cation de masques ou de gel prouver que son dynamisme éco- treprises certes tournées vers la région à la un vecteur de développement si hydroalcoolique­ par exemple, nomique ne dépend pas unique- le tourisme, mais aussi riche en naturel que le secteur a même mais pas seulement. Les PME ont ment du secteur touristique mais entreprises spécialisées, aux diversification parfois oublié de se remettre en ainsi tendu la main aux plus d’une diversification intelligente fortes compétences en indus- intelligente, question pour rester compétitif. modestes. Les start-up ont mis de son tissu industriel. trie, logistique et santé. La crise La crise fait office, comme dans leur technologie à disposition. LAURENCE BOTTERO pousse une nouvelle fois le Sud en s’appuyant beaucoup d’autres domaines, de Pour certaines entreprises, à « sortir ses tripes » et à mon- sur d’autres secteurs révélateur. La gestion de la crise moyennes ou jeunes pousses, des Région touristique par trer qu’il n’est pas mono-acti- par les élus de terrain a été maî- business models nouveaux ou excellence, Provence- vité. C’est d’ailleurs le propos de que le tourisme. trisée. Et Provence-Alpes-Côte complémentaires ont même Alpes-Côte d’Azur se certains décideurs politiques d’Azur tient là l’occasion de émergé. C’est cette agilité qui

WWW.LATRIBUNE.FR retrouve fort dépourvue face à qui, depuis plusieurs décennies, mettre en avant ses autres doit devenir une valeur cardi- une crise sanitaire qui pourrait poussent le territoire à la diver- atouts industriels. Les écotech- nale. Une boussole pour les bien rendre malade son écono- sification intelligente. nologies, l’aéronautique, les temps futurs. n

« Pourquoi la stratégie de Provence Promotion conforte l’attractivité La région rêve de retrouver ses capacités de production du territoire » AMBITION Le besoin d’un retour outre, une industrie qui est bien Rousset dans les Bouches-du- « Le combat de à une certaine souveraineté placée en médicaments vétéri- Rhône ou à Sophia Antipolis, David Lisnard pour sauver le pourrait bien passer par Pro- naires et en compléments ali- dans les Alpes-Maritimes, se soldat MICE » vence-Alpes-Côte d’Azur, terre mentaires du côté de Carros, vers ­verrait bien réintégrer des lignes de multiples industries qui tente, Nice ; positionnée sur les éco-in- de production. « Reprise justement, d’être davantage dustries, historiquement perfor- d’activité dans le reconnue comme telle. mante en parfumerie, et ceci sur BTP : un soutien UNE FORCE À CONCRÉTISER du gouvernement l’ensemble de la chaîne de valeur Le tissu de sous-traitance de pre- en trompe-l’œil » C’est le sujet du début de la crise à Grasse. C’est aussi une indus- mier échelon, en aéronautique sanitaire, lorsque Bruno Le trie maritime de pointe, du côté ou en spatial – avec la locomotive Maire, le ministre de l’Économie, de Toulon et du Var, aéronau- que constitue Thales Alenia avoue la dépendance de la France tique du côté de Gap et Mari- Space, installé à Cannes­ –, doit à l’Asie en matière d’industrie. gnane, agroalimentaire vers le être considéré comme une force. Un sujet qui est loin d’être nou- Vaucluse, les Alpes-de-Haute- En matière aéronautique d’ail- veau pour les industriels – les Provence et les Hautes-Alpes. leurs, si Provence-Alpes-Côte premiers, par ailleurs, à avoir dû Enfin, elle est reconnue en d’Azur est moins concernée que faire avec cette dépendance – et micro-électronique à Sophia La Région Sud peut s’appuyer sur son réseau de sous-traitants de Toulouse, c’est aussi dans les ini- qui ne demandent pas mieux que Antipolis, comme à Rousset et premier échelon, telle la « locomotive » Thales Alenia Space. [THALES GROUP] tiatives de rapprochement entre de retrouver des productions, si Aix-en-Provence, et se révèle industriels que peuvent émerger ce n’est sur la terre hexagonale, forte en énergie, sidérurgie et Si les projecteurs ont été braqués recherche fondamentale, les des solutions pérennes à l’image tout au moins en Europe. biotechnologies à Marseille. essentiellement sur le professeur technologies, les essais cliniques de Team Henri-Fabre, une asso- Si l’on regarde le secteur de la Didier Raoult tout au long de la ou la formation – l’industrie et ciation marignanaise d’indus- UN TISSU PLURIEL santé, à Nice comme à Marseille, crise sanitaire, dans la Cité pho- son réseau spécialisé de triels désireux de mettre leurs ET TECHNOLOGIQUE l’innovation est le fil conducteur. céenne la plus-value en recherche sous-traitance. Soit un début de R&D en commun pour répondre On sait que tout ne pourra pas passe aussi par Marseille Immu- réponse à une souveraineté aux besoins. L’industrie propre, être relocalisé et que tout ne nopôle, un cluster qui réunit retrouvée. Surtout que, pour innovante, technologique est une pourra pas se faire dans un même l’université, des centres de appuyer son ambition, la Région force dont dispose le Sud, mais temps. Provence-Alpes-Côte recherche, des centres d’innova- Sud développe des opérations une force encore mal ou pas suf- d’Azur a sa carte à jouer dans un tions technologiques, le pôle de d’intérêt régional (OIR) qui ont fisamment identifiée. Si elle plan de reconquête national ou 424 000 compétitivité Eurobiomed et des pour objectif de structurer ces arrive à se montrer agile et réac- NOMBRE D’EMPLOIS plus large. Car l’industrie, ici, est QUE COMPTE LE startups extrêmement promet- filières prometteuses, dont l’une tive, elle aura toutes les chances plurielle et technologique. SECTEUR INDUSTRIEL teuses, tels Innate Pharma et d’elles vise par exemple les thé- de connaître un retour à une En chiffres, cela représente SUR L’ENSEMBLE DU HalioDx. Un Marseille Immuno- rapies innovantes. certaine souveraineté, qui est 424 000 emplois sur l’ensemble TERRITOIRE RÉGIONAL. pôle qui a posé les bases de sa Le secteur micro-électronique, aussi synonyme de sérénité en du territoire régional. C’est, en stratégie et où figurent – outre la qu’il soit implanté du côté de termes de business. n L. B. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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À Cannes, David Lisnard joue sur l’exotisme local Le maire de Cannes a lancé LEADERSHIP Il a désinfecté les à quel point il est « conscient les réseaux sociaux ses déci- venir les touristes, monte au attraction particulière. une filière de rues, lancé une production de des immenses et tragiques dif- sions, ses actions et ses doutes, créneau auprès du Premier David Lisnard est un masques masques, en le rendant obliga- ficultés économiques et il montre aussi que derrière ministre pour défendre le tou- chef de tribu. Un alternatifs et toire en ville. S’engage dans la sociales » que la crise sanitaire l’écharpe tricolore, l’élu n’en risme d’affaires, oublié des tweet, publié sur un contribué à aider bataille de reconquête d’un va provoquer. Quelques heures n’est pas moins humain. Une discours pour « redonner » sujet sans lien direct les activités tourisme, premier vecteur de plus tard, le confinement sera transparence qui donne corps confiance à tout un secteur qui avec l’économie, touristiques. [DR] l’économie de la ville. Partage décrété et la vie économique à la notion de proximité. De porte une grande partie de résume bien sa philo- réflexions, interrogations et s’arrêtera, à Cannes comme fait, sa gestion de la crise fait l’économie locale. David Lis- sophie : « Le sens du poli- coups de sang sur les réseaux ailleurs. l’unanimité. Pour autant, tout nard sait aussi que le plus dur tique est de rassembler, sociaux. Tour à tour chef de n’est pas fini. Désormais, c’est reste à venir. Et qu’il va falloir protéger, projeter le guerre, chef d’entreprise et SUR TOUS LES FRONTS le soldat tourisme qu’il faut arbitrer les décisions, soutenir groupe. » n chef d’équipe, le maire de Durant les semaines qui sauver. Un secteur qui repré- le commerce et les entreprises L. B. Cannes a montré un visage de suivent, David Lisnard va ten- sente 25 % du PIB de l’agglomé- locales, demeurer combattif, l’élu qui donne une idée de ce ter d’apporter les solutions aux ration cannoise et près de 50 % car « toutes les régions sont des qu’est une décentralisation problèmes qui émergent. Il de l’emploi. Alors il initie un concurrentes potentielles », assumée. Et efficace. initie une filière de confection plan de reconquête, parie sur même s’il estime que l’art de de masques alternatifs, bapti- « l’exotisme local » pour faire vivre azuréen possède une sée #MMerci pour Manu­ facture de masques en réseau Face à la cannois individuel, appuyée « défaillance de sur la mobilisation de 40 cou- turiers professionnels et par- la bureaucratie de ticuliers. Met en place, avec l’aide d’une start-up incubée l’État », il compte dans la pépinière d’entreprises assumer son rôle de la ville, une plateforme numérique, Shoopper, qui d’élu de terrain recense les restaurateurs et commerces effectuant des livraisons alimentaires. Désin- Il n’a pas eu le temps de goûter fecte les rues. C’est critiqué ? à la victoire. Dès l’annonce des Peu lui importe. À l’instar de résultats le 15 mars, David Lis- son slogan de campagne, nard ne s’enthousiasme pas Cannes avance. Il faut com- malgré les 84 % de suffrages prendre que, face à la « défail- remportés qui lui font accéder lance de la bureaucratie de à un second mandat, mais l’État », il compte assumer son prend le temps d’un post sur rôle d’élu de terrain. les réseaux sociaux pour dire En choisissant de partager via

Dans cette période incertaine, complexe et sans précédent, les experts-comptables soutiennent les dirigeants de TPE/PME, les écoutent et les accompagnent au quotidien, leur trouvent des solutions, en ayant à cœur de préserver l’emploi de millions de Français. Christian Estrosi, maire de Nice, soutient un plan de relance doté d’une enveloppe de 3,5 millions d’euros. [JEAN-MICHEL LE MEUR/DPPI]

Nice parie sur une nouvelle décentralisation

MESURES Port du masque ché public… En cette période obligatoire, achat de masques, de post-confinement, c’est un mais surtout mesures écono- plan de relance, doté de miques pour les commer- 3,5 millions d’euros qui est çants et les artisans… Dès les engagé pour soutenir le tissu premières heures de la crise, local sur le deuxième le maire de Nice, également semestre. Un fonds est ima- www.experts-comptables-aura.fr président de la Métropole giné pour contribuer à la relo- Nice Côte d’Azur et président calisation d’entreprises stra- délégué de la Région Sud, a tégiques sur le territoire, mis en place une série de assorti de 1,2 million d’euros, mesures pour alléger les et que des partenaires privés inquiétudes des acteurs éco- pourront abonder. Christian nomiques, dont la prise en Estrosi le revendique, une charge des loyers pour une nouvelle décentralisation doit certaine catégorie d’entrepre- s’opérer intégrant, dit-il, neurs, une avance de 40 % aux « une part de territorialisa- sociétés titulaires d’un mar- tion ». n L. B. 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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Porto-Vecchio, au sud de l’ïle. L’Agence du tourisme de la Corse a lancé une campagne nationale de communication de 3,8 millions d’euros pour relancer l’activité. [ISTOCK] Mobilisation générale pour sauver le tourisme

RELANCE Avec un recul de 35 % de gement, hôtellerie-restauration et écarté par le gouvernement, mais les l’automne et non sur deux mois. Pour- l’évolution de l’épidémie. Mais c’est l’activité et une industrie touristique BTP, ces poids lourds de la valeur mesures a minima prises par le gou- quoi pas sur dix ? Une cellule d’appui aussi dans l’adversité, pendant le au plus mal, la Corse s’attend à des ajoutée insulaire qui sont dopés par vernement sauront-elles faire de la et d’action aux entreprises créée pen- confinement, que les énergies se sont faillites et à un chômage record. Les le tourisme, ont été bouleversés par Corse une destination de confiance ? dant le pic a reçu 10 000 sollicitations réveillées et structurées. acteurs du monde économique tentent l’arrêt des communications. Tous ces Les acteurs du monde économique et soutient les démarches des entre- d’inverser la tendance. secteurs accusent des pertes qui se s’attendent à la fin de l’année à des prises. Et puis il y a cette croyance que AGILITÉ ET CRÉATIVITÉ PAUL ORTOLI chiffrent de 47 à 90 %, et le préfet de faillites record, à un chômage impor- l’attractivité du territoire pourra faire À Ajaccio, un laboratoire de biologie Corse lui-même a exprimé son souhait tant, une fois passé le mirage des prêts le reste : à la mi-juin, la Corse devenait médicale innovait pour tester à grande On pourrait croire que la que « la saison démarre enfin » dans garantis par l’État et autres aides la deuxième destination pour les échelle la population, à Corte, dans le Méditerranée est le meilleur une île qui cherche à sauver les publiques. Avec des projections de réservations aériennes sur le site d’Air centre, le fab lab universitaire mettait rempart pour engloutir les meubles mais qui interroge aussi le fréquentation en baisse de 50 %, c’est France. Ces signaux sont suspendus à en mouvement une centaine de crises, mais le Covid-19 a bien déferlé paradigme de son économie. donc bien une saison en enfer que makers pour fabriquer des visières de sur la Corse, causant 73 décès et rui- s’apprête à traverser l’île, où les volon- protection sur des imprimantes 3D. nant son horizon économique. Les DES MESURES A MINIMA tés ne manquent pas pour inverser la Enfin à Bastia, une entreprise chan- projections de l’Insee sont sans appel : Le « green pass », le passeport sani- tendance. Toutefois, l’Agence du tou- Avec des projections geait le destin de ses machines de l’île, avec une activité en recul de 35 % taire incluant un test de dépistage risme de la Corse, émanation de la de fréquentation découpe de l’aluminium pour qu’elles et un recours accru au chômage par- obligatoire au Covid-19 pour les tou- collectivité de Corse, a lancé une cam- fabriquent des masques lavables. La tiel, est le territoire le plus touché de ristes entrants, sésame imaginé par pagne nationale de communication de en baisse de 50 %, c’est solidarité, l’agilité et la créativité sont la France métropolitaine, en raison le président de l’exécutif Gilles 3,8 millions d’euros pour insuffler un une saison en enfer que des valeurs porteuses. Elles ont su notamment de la saisonnalité de l’ac- Simeoni et dont ne voulaient pas les peu d’espoir et convaincre que le tou- donner des clés à l’économie, qui a tivité. Commerce, transport, héber- professionnels du tourisme, a été risme peut s’étaler jusqu’à la fin de s’apprête à traverser l’île encore une saison à faire. n

Masca, un pari éphémère à 240 000 masques

INITIATIVE Le secteur de l’in- proportionnels de contamina- d’Ariane » et se met en mouve- solidaires de Corse. Une diffi- demandeurs d’emploi, autant contre la classification liée à la dustrie, avec 6,4 % des établis- tion les plus élevés. « À notre ment pour fabriquer un pro- culté demeure : « mettre du de travailleurs en intérim, sont capacité de production », ajoute sements, selon l’Insee, est un petite échelle, nous avons voulu duit « standardisé et sécurisé ». monde autour de la table ». formés pour composer un le chef d’entreprise qui a dû poids plume de l’économie faire preuve de solidarité », Pour sélectionner le bon Alors Gérin frères fait le pari effectif de 90 personnes payées ensuite, comme d’autres, lutter corse. Les carnets de com- explique le trentenaire inventif patron, un couturier profes- de l’agilité d’une start-up éphé- au smic, embauchées en CDD contre la concurrence d’unités mandes n’ont pas vraiment été qui a eu le déclic dans son ate- sionnel teste fin mars les diffé- mère qui ne verra pas le début pendant deux mois, réparties peu onéreuses dans la grande garnis pendant les deux mois lier. Il a constaté que l’une de rents modèles. Le milieu asso- de l’été. Le 21 avril Masca est sur deux pôles, l’un à Bastia, distribution. de confinement, mais un entre- ses machines de découpe à jet ciatif est alors très actif, avec née. Au départ, 100 000 unités l’autre à Porto-Vecchio. À Selon son créateur, Masca a preneur a trouvé d’autres res- d’eau pouvait également cise- un maillage de couturières semblaient être un bon chiffre chaque fois, une entité de constitué une « expérience fan- sources pour répondre aux ler le textile : une aubaine dans professionnelles qui se struc- dans une île de 345 000 habi- décontamination est associée tastique » et réussi son besoins sanitaires et pour ces heures sombres où les ture sur les réseaux sociaux, tants. Il sera plus que doublé à la logistique. « challenge social ». Si la page poursuivre une activité. masques de protection man- notamment Les P’tites mains au bout du compte. est déjà tournée, elle a rendu quaient cruellement au per- « Avec Graziella Solinas et UN PARCOURS SEMÉ accessible, à l’heure des reloca- EN UN TEMPS RECORD sonnel soignant. Vincent Colonna, qui ont rejoint D’EMBÛCHES lisations sur le sol français, la À Bastia, la démarche de Cyril « Même si nous poursuivions le projet, nous nous sommes Quant à la distribution, c’est la réalité d’une manufacture en Gérin, aux commandes de nos autres activités, le télé- structurés et avons recruté du société de proximité qui prend Corse. Et ouvert un horizon Gérin Frères, une PME de phone ne sonnait plus et nous personnel pour nous mettre en le relais : les masques sont selon Cyril Gérin : « En Corse, 25 salariés spécialisée dans la avions tout le temps de mettre situation, en créant une iden- acheminés dans des com- nous sommes capables de faire métallerie et la menuiserie alu- en place la logistique, pour- 90 tité, une marque, un organi- merces, des supermarchés, en nous situant – en toute humi- NOMBRE DE SALARIÉS minium depuis 2006, a fédéré suit-il. On avait envie de se EMBAUCHÉS EN CDD gramme, une chaîne de produc- dont les rayons ne sont pas lité – dans une logique d’auto- les énergies pour produire en mettre au service de l’intérêt DURANT DEUX MOIS tion », décrit Cyril Gérin. encore garnis. « Ce fut un par- suffisance : l’entreprise en un temps record près de général. » S’ensuivront des POUR PRODUIRE À l’aventure économique, cours semé d’embûches car France a une connotation finan- 240 000 masques de protection essais intégrant les protocoles LES MASQUES CONÇUS s’ajoute la dimension sociale : l’État a ensuite créé un label cière. Dans une éducation au dans une île qui accusait alors sanitaires, puis la confection. PAR MASCA. quinze couturières profession- pour vérifier la qualité de ces futur, il faut intégrer ces valeurs au plan national l’un des taux L’entreprise « déroule le fil nelles, une trentaine de masques, et il fallait se battre de vivre ensemble ». n P. O. LA TRIBUNE 3 juillet 2020

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Innovation : Vannina Bernard-Leoni fait de la résilience

PORTRAIT « Concevoir, proto- Fora, résolument novatrice, Le réseau, au plus fort de son pointait le bout de son nez en plongée Décathlon Easy brea- Cette agilité, qui a devancé les typer, produire ». Le credo du donnant la parole à une Corse activité, a été en mesure de avril, mais aussi dans le com- thing pour équiper des respira- pouvoirs publics, constitue la fab lab de Corte, l’un des bras tournée vers le monde. fabriquer « 900 visières par merce, « toujours à titre gra- teurs dans les services de réa- première pierre d’un nouvel numériques de l’université de Contact est pris avec d’autres jour ». Initialement destinées cieux ». « Une quarantaine nimation, ont été réalisés en un écosystème qui peine à exister Corse depuis cinq ans est fab labs, des entreprises aux personnels soignant et d’hygiaphones, 300 crochets temps record », détaille Van- dans l’île. « Notre capacité à passé, grâce au Covid, du vir- comme les ajacciens Campus- aidant, les visières seront ouvre-porte, mais aussi, via nina Bernard-Leoni, preuve travailler en réseau a démontré tuel au réel en orchestrant plex ou Icare, et une armée de ensuite distribuées dans le l’entreprise Icare, des valves s’il en est de la « résilience du que l’on est capables d’être auto- pendant deux mois la produc- particuliers éparpillés dans secteur du BTP, où la reprise adaptables aux masques de territoire ». nomes sans organisation hiérar- tion d’un réseau de makers toute l’île, afin de produire des chique, et de rejoindre l’écono- corses qui a contribué à l’effort visières anti-projection en mie réelle », insiste la directrice. de guerre sanitaire, fabriquant Plexiglas en mobilisant des Si certaines régions ont d’em- notamment 18 000 visières imprimantes 3D. blée soutenu leurs fab labs, la anti-projection à destination Adhérant à l’élan de solidarité, des soignants ou des commer- une centaine de personnes gra- çants sur le pont. vitent bientôt autour du fab lab Cheville ouvrière de cette ini- de Corte qui coordonne envi- « Notre capacité à tiative, Vannina Bernard-Leoni, ron 50 unités de fabrication travailler en réseau la directrice du pôle innovation mobilisées pour distribuer et développement de l’univer- gratuitement les visières. a démontré que l’on sité insulaire, a fait faire un bond de géant à ce tiers-lieu JUSQU’À 900 VISIÈRES est capables d’être dédié au numérique abrité dans FABRIQUÉES PAR JOUR autonomes sans les murs du Palazzu naziunale, L’approvisionnement en siège historique de la Corse matière première, les bobines, organisation indépendante (1755-1768). a été assuré par l’université en hiérarchique » « Le matériel de première néces- ce qui concerne le fab lab de VANNINA BERNARD-LEONI, sité faisait défaut, alors, en Corte. Mais le plus souvent, DIRECTRICE DU PÔLE INNOVATION échangeant avec des soignants l’approvisionnement a été le ET DÉVELOPPEMENT DE L’UNIVERSITÉ qui avaient des besoins bien nerf de la guerre : le système D DE CORSE ciblés, je me suis rendu compte a fonctionné pour l’élastique ; que nous avions la capacité de « le plus urgent était d’acquérir produire », détaille la jeune des bobines de PLA [néces- Corse a accusé un certain femme à l’énergie communica- saires à l’impression 3D]et des retard à l’allumage : « Des poli- tive et au regard cristallin, pro- plaques de polypropylènes », tiques ont levé des fonds mais la fesseur d’italien de formation. souligne Vannina Ber- logistique a parfois fait défaut. » nard-Leoni. Sans compter la Par ailleurs, si la société insu- ÉLAN DE SOLIDARITÉ « casse » de certaines laire a découvert concrètement Allier la créativité et le pragma- machines de makers qui tour- l’existence de ce monde digital tisme n’est pas une difficulté naient à plein régime. « Nous et de ses travailleurs de l’ombre, insurmontable pour l’ensei- avons eu des contacts avec la ces derniers sont toujours en gnante qui milite pour une collectivité de Corse qui pour- quête de reconnaissance. « Il économie sociale et solidaire rait prendre en charge certains faut accentuer l’éducation tech- et a lancé en 2010 la revue print frais », espère la jeune femme. nologique et consolider ce réseau pour qu’il constitue un écosystème solide », plaide la Objectifs de Vannina Bernard-Leoni : accentuer l’éducation directrice. Tel est l’enjeu de la technologique et consolider son réseau. [DR] relocalisation. n P. O.

La logistique sans faille des tests Covid en drive

DÉTECTION Début mars, le pre- ne s’élève depuis le continent propres tests pour faire face à laboratoire a dû acquérir le effondrée, et avons repositionné cin biologiste vêtu d’une tenue mier cas de suspicion de Covid- la fumée blanche sur son état la crise qui allait déferler. type de tests coréens RUO notre personnel, qui s’est dévoué de protection. Le seul contact 19 avait fait souffler un vent de de santé. Aucun laboratoire Dans cette montée en puis- (Research Use Only), réservés de manière exemplaire dans un est l’écouvillon introduit dans panique à Ajaccio, qui allait n’était en mesure de le tester sance des moyens sanitaires, d’abord à la recherche, validés environnement risqué. » la zone nasopharyngée. accueillir le troisième cluster localement, « manque » le laboratoire ajaccien Canarel- par la suite par les autorités À une cadence soutenue, les de France. Admis le lundi, le constituant une preuve sup- li-Colonna-Fernandez a joué compétentes. « Beaucoup de 90 salariés se mettent en ordre UNE LOGIQUE jeune homme revenu d’Italie plémentaire de la disconti- un rôle déterminant en propo- produits sont arrivés congelés de marche toute la semaine, DE SERVICE PUBLIC avait dû attendre jusqu’au mer- nuité territoriale. À l’aube du sant le premier drive de Corse à – 80 °C, alors nous avons pré- jusqu’à 22 heures le soir, pour « Le dossier était sur réserva- credi pour pouvoir regagner confinement, l’île devait être où étaient réalisés des tests paré nos kits en amont, nous multiplier les prélèvements et tion afin que tout soit prêt à son domicile, et attendre que en mesure de réaliser ses RT-PCR. Dans les prémices, le sommes passés par toutes les les analyser dans la journée au l’arrivée des véhicules : en étapes de la logistique », détaille mieux, sinon dans les vingt- période de pointe, on pouvait le Dr Jean Canarelli, médecin quatre heures. Les huit sites tourner à 60 prélèvements à biologiste, associé et gérant du corses de l’entreprise tournent l’heure pour deux biologistes », laboratoire Canarelli-Colon- bientôt autour du test Covid- détaille le Dr Canarelli, attaché na-Fernandez. 19. Le principe du drive est à trois principes, « sécurité, d’une grande simplicité : le efficacité, logistique ». CADENCE SOUTENUE patient ne pénètre pas dans D’autres laboratoires de Corse, Au total, 10 000 prélèvements une salle d’attente mais reste à Corte et à Bastia, ont ensuite ont été effectués sur le site basé dans sa voiture pour subir un opté pour la même démarche. à Ajaccio, dont 700 se sont révé- test PCR effectué par un méde- « Nous n’étions pas dans une lés infectieux. logique de profit mais de service « Nous savions que ce modèle public, et il en a été de même existait ailleurs, comme en Alle- EN CHIFFRES avec les cliniques ajacciennes magne ou aux États-Unis, alors qui ont coopéré avec le public nous avons installé un barnum en devenant la base arrière de à l’extérieur du laboratoire pour l’hôpital, qui était surchargé », éviter le croisement des patients se félicite Jean Canarelli. Une Covid avec les autres ; notre prio- 60 démarche de « coconstruction » rité était, bien sûr, la sécurité, NOMBRE DE PRÉLÈVEMENTS vertueuse entre le public et le poursuit le médecin. « Nous EFFECTUÉS PAR HEURE privé qu’il appelle de ses vœux Sur le site d’Ajaccio, 10 000 prélèvements, dont 700 se sont révélés infectieux, ont été réalisés avons mobilisé les forces en pré- EN PÉRIODE DE POINTE PAR et qu’il espère voir s’ériger en par des médecins biologistes sur des patients restés à bord de leur automobile. [BURGER/PHANIE] sence car notre activité s’était LE DRIVE D’AJACCIO. « modèle ». n P. O. 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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À Lyon, la revanche des corps intermédiaires

OPPORTUNITÉ En Auvergne- Rhône-Alpes, les corps inter- médiaires se sont rapidement imposés comme les interlocu- teurs privilégiés des entreprises comme des pouvoirs publics. Leur force : être restés unis. STÉPHANIE BORG

Organisations patro- nales et syndicales, experts-comptables, chambres de commerce et ­d’industrie, associations de sou- tien aux entrepreneurs, conseils aux entreprises divers et variés… la crise a réveillé les corps intermédiaires. Eux que l’on disait appartenir au « vieux monde » ont réussi en quelques jours – ce que des années de pédagogie et de sensibilisation n’avaient pas su enclencher – à s’emparer des outils numé- En s’emparant riques pour poursuivre leurs des outils activités et s’imposer comme numériques et en l’épicentre du renseignement à s’alliant, les destination des acteurs écono- professionnels miques. « Cela démontre que intervenant l’intermédiation peut avoir son auprès des TPE utilité, surtout lorsqu’on exerce et des PME, pleinement notre mission réga- ont vu leurs lienne », commente Philippe compétences Valentin, le président de la CCI plébiscitées. [ISTOCK] Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne qui s’était donné nal. « Nous sommes experts plus ego », confiait alors Philippe comme objectif, entre début que comptables. Nous avons Valentin. Il a confirmé « l’esprit Comment Boldoduc s’est mars et fin avril, de contacter passé la majorité de notre temps partenarial » qui règne, en près de 50 000 entreprises de à conseiller utilement l’entre- Auvergne-Rhône-Alpes, entre convertie à la production agile son vaste territoire. Tous le prise et à sortir les PDG de l’or- les différentes organisations confirment : la crise a été l’oc- nière. Nous avons retrouvé un patronales. « Heureusement que casion de revaloriser leurs vrai rôle de conseil en décryp- l’unité s’est forgée dans ce INITIATIVE Pour le spécialiste du tex- de production éphémère produit 1 mil- métiers, auprès de l’État – qui tant les décrets et en trouvant moment de crise ! Mais elle pré- tile à usage technique, Boldoduc lion de masques en trois mois. ne cesse de leur imposer des rapidement des solutions. Dans existait : c’est la réalité de nos (400 salariés en France et en Tunisie, « Nous avons travaillé sur une dyna- régimes budgétaires secs ou des tous les drames, il sort quelque très bonnes relations avec les 15 millions de chiffres d’affaires avant mique nouvelle et avons imaginé un remises en cause de leurs sta- chose de positif : la crise aura eu CCI, la CPEM, l’U2P et même la crise) a été l’un des premiers indus- mode de production agile, pour tuts spécifiques –, mais surtout pour mérite de nous tirer vers le avec les organisations syndi- triels lyonnais à répondre à l’appel à nous adapter aux contraintes de la auprès des TPE/PME, l’essen- haut », confiait au cœur de la cales. Nous avons toujours eu la projet de la DGA pour produire des crise, en proposant des plages tiel du tissu économique régio- crise à La Tribune Odile volonté de travailler ensemble », masques en tissus tri-couches. En horaires à la carte. Nous avons Dubreuil, la présidente rappelle Jean-Luc Raunicher, quinze jours, les équipes de Jean- recruté par téléphone, sur la compé- du conseil régional de l’Ordre le président du Medef Charles Potelle, associées à d’autres tence uniquement et composé avec des experts-comptables (Croec) Auvergne-Rhône-Alpes. La industriels pour la fourniture de cer- une équipe de 15 nationalités diffé- « Nous sommes ­Rhône-Alpes. crise a même donné naissance taines pièces et tissus, ont sorti un rentes, allant de 17 à 65 ans », s’en- a des collaborations inédites, prototype qui, au départ, était fabri- thousiasme le dirigeant. experts plus que UNE UNITÉ PRÉEXISTANTE par exemple entre le tribunal qué par un réseau de 500 couturiers Même si l’atelier fermera fin juillet comptables. Nous Ce sursaut inattendu n’a pas de commerce de Lyon et l’Ordre et couturières à domicile. Ensemble, – comme cela était prévu au départ explosé en mille initiatives des experts-comptables, qui ils produisaient 130 000 masques par – l’expérience a sauvé l’entreprise, avons passé notre désorganisées et improductives espèrent ainsi « limiter la casse » WWW.LATRIBUNE.FR semaine, « une cadence insuffisante estime son dirigeant qui envisage de temps à sortir les mais plutôt en une répartition en échangeant plus régulière- pour l’époque », se souvient le diri- conserver 15 à 20 de ces salariés éphé- « en bonne intelligence » de la ment. Elles devraient se pour- geant. Très rapidement, l’idée d’une mères pour monter un atelier de PDG de l’ornière » masse de travail qu’il a fallu suivre dans les mois à venir et usine éphémère prend forme. production de masques personnali- ODILE DUBREUIL, PRÉSIDENTE abattre. « C’est un moment se traduisent déjà par quelques « Saint-Etienne sés dans son siège social de Dardilly, DU CROEC RHÔNE-ALPES ­compliqué, mettons de côté les initiatives communes. n Métropole : HORAIRES À LA CARTE près de Lyon. Il espère poursuivre les 150 millions Boldoduc, qui veut investir expérimentations de cette période, d’euros pour relancer 200 000 euros dans 100 machines, comme offrir « la possibilité de tra- l’économie » obtient de la métropole de Lyon un bail vailler mieux et différemment ». n S. B. temporaire pour s’installer dans les « Santé et travail : anciennes usines Fagor, un site indus- les prochains combats d’un triel en mutation qui abritait peu avant destin commun » les installations de la Biennale d’art contemporain de Lyon. L’industriel « Industrie : lance, avec Pôle emploi, une campagne comment Piganiol de recrutement massive. Près de est passé du parapluie à la 300 personnes postulent : l’usine de blouse d’hôpital » 70 personnes se met en route. L’unité

La ligne de production éphémère, implantée à Lyon, a réalisé 1 million de masques en trois mois et employé Durant le confinement, les chambres de commerce (ici, celle de Lyon), les experts-comptables et 70 personnes. les organisations syndicales et patronales ont réussi à relancer leur activité. [DR] [DR] J’ACHÈTE LOCAL Région Auvergne-Rhône-Alpes 2020 © Guillaume Atger 2020 Auvergne-Rhône-Alpes Région

Avec plus de 21 000 entreprises et 475 000 salariés, Auvergne-Rhône-Alpes est la première région française en termes d’emplois industriels. Quand je privilégie cette production locale, je fais le choix de la con­iance, je participe à la relance économique et soutiens #jagispourmaregion l’emploi dans la région. auvergnerhonealpes.fr

RARA-JACHETELOCAL_AP-La Tribune-280x416 v2.indd 1 23/06/2020 14:12 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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L’inventivité, indispensable pour réindustrialiser de façon durable

STABILITÉ Grande région ficile de transformer l’essai. Christophe Chambet, pré- industrielle, Auvergne-Rhône- D’autant que les vieux démons sident du groupe Pracartis, Alpes a vu fleurir de multiples reviennent vite : on oppose déjà spécialiste de solutions glo- innovations pour répondre aux masques jetables et masques bales d’usinage de précision besoins de production nés de textiles et durables sur l’autel (160 salariés, 30 millions d’eu- la crise. Cette inventivité de cir- du prix à l’unité, alors qu’il fau- ros de chiffre d’affaires). constance peut-elle se transfor- drait plutôt évoquer un coût à L’entrepreneur, installé à Peil- mer en une réindustrialisation l’utilisation », regrette Olivier lonnex (Haute-Savoie), a tiré durable ? Balas, président du syndicat les leçons de la crise de 2008, régional du textile Unitex et « même si elle est différente et « Je rends hommage à dirigeant de Balas Textile, créa- moins violente », en diversifiant nos entrepreneurs. Ils teur et fabriquant de tissus Spécialiste de déjà à l’époque son savoir-faire ont relevé le défi de techniques. solutions et ses clients, passant de l’au- l’approvisionnement, de la Pour construire une filière en d’usinage de tomobile à l’aéronautique. capacité à produire des pro- France et continuer à y pro- précision, « Après les crises, on ne peut pas duits “made in Auvergne-Rhô- duire, « il faudrait que les Pracartis veut se se relancer sur les mêmes bases ne-Alpes” en faisant preuve de consommateurs soient partie repositionner compte tenu des mutations tech- réactivité et d’adaptation », se prenante de l’acte d’achat en sur l’hydrogène nologiques et de la transition félicitait Laurent Wauquiez, le leur assurant une traçabilité de et la fabrication écologique qui s’impose. Il faut président (LR) de la Région en la production », estime-il. de masques profiter de ce redémarrage pour mars dernier. En quelques Si les industriels confirment transparents. [DR] innover, car c’est là le véritable semaines, de nombreux indus- que les envies et les besoins des accélérateur de croissance », triels ont répondu à son appel : consommateurs évoluent, précise-t-il. Ainsi, Christophe reconversion de l’appareil pro- même s’ils restent contradic- tique forte », avance Jean- démontre notre génie et notre « Il faut profiter Chambet se prépare à pivoter ductif pour fabriquer des toires et que leur pouvoir Charles Potelle, le PDG du inventivité à proposer des à nouveau : ses projets de R&D masques en tissu ou du gel d’achat doit pouvoir suivre, ils groupe Boldoduc qui a monté choses à l’international, même de ce redémarrage l’on conduit vers l’hydrogène hydroalcoolique, création d’un avancent néanmoins que la une usine éphémère de si c’est moins producteur d’em- et un masque respiratoire collectif d’industriels et de prise de conscience évolue masques en tissu pendant le plois », abonde Marc Balas. pour innover, c’est là transparent, basé sur la filtra- chercheurs d’Auvergne-Rhô- dans l’esprit des gouvernants. confinement(voir ci-contre). le vrai accélérateur tion mécanique et qui laisse ne-Alpes pour développer un « Nos dirigeants commencent à « On ne peut pas se réindustria- MAINTENIR UN VIVIER voir les expressions du visage. nouveau type de masque réu- davantage évoquer l’intérêt de liser par décret, tempère Jean- DE COMPÉTENCES de croissance » Sur les deux Savoie, le réseau tilisable jusqu’à 100 fois, fabri- garder une souveraineté indus- Luc Raunicher, le président du Au-delà de la posture politique, CHRISTOPHE CHAMBET, des entreprises industrielles cation de blouses lavables ou trielle. La réindustrialisation Medef Auvergne-Rhône-Alpes. la réindustrialisation a des PRÉSIDENT DU GROUPE PRACARTIS Mont-Blanc Industries (300 de distributeur de gel sans passera par une volonté poli- Il nous faut des mesures atouts à faire valoir : innova- adhérents) du pôle de compé- contact… les initiatives se concrètes. C’est moins le coût du tion, circuits courts, réduction titivité Cimes note dans un comptent par dizaines. travail que les impôts qui pèsent de l’empreinte carbone, traça- industriels, il ne s’agit pas de étude récente qu’une entre- Avec le déconfinement et la lourdement sur la compétitivité, bilité mais, surtout, maintient perdre les acquis, difficilement prise sur quatre craint la fail- reprise des activités indus- comme la cotisation sur la des ­compétences industrielles. obtenus avec des années de lite « dans les prochains mois trielles, certaines productions valeur ajoutée des entreprises « Plutôt que de ramener des revalorisation de leurs activi- ou semaines ». « Nous sommes commencent à se tarir faute de (CVAE), la cotisation foncière emplois, il faut d’abord conser- tés auprès, notamment, des une région industrielle et, à ce commandes ou de débouchés. 1 sur 4 des entreprises (CFE), la taxe ver les savoir-faire, maintenir plus jeunes. titre, nous sommes particuliè- « Avec les masques, l’industrie LA PROPORTION foncière, la taxe locale sur les un vivier de compétences indis- « Nous avons toutes les compé- rement touchés par la crise. a pu montrer qu’elle était formée D’ENTREPRISES enseignes et publicités exté- pensable pour redémarrer mais tences nécessaires, nos jeunes Nous devons nous transformer,­ de TPE/PME agiles, capables de CRAIGNANT UNE rieures (TLPE) ou le versement aussi pour assurer l’avenir. Le sont bien formés à l’innovation car ce sont les aspects sociaux créativité, de souplesse et de FAILLITE DANS LES mobilité. » « Les niveaux de timing des politiques n’est pas et à la technologie tout en étant et l’emploi qui sont en jeu », mobiliser des forces, voire de PROCHAINS MOIS taxation sont importants, on a forcément celui des entreprises, soucieux de l’environnement, conclut Jean-Luc Raunichet. créer des emplois. Après une SELON MONT-BLANC du mal à être compétitif même la filière industrielle se construit pas besoin d’aller chercher ail- Réindustrialiser oui, mais à demande forte, où il a fallu pro- INDUSTRIES si on réalise un beau chiffre d’af- sur un temps long », poursuit le leurs. Il ne faut pas les oublier condition de sauver les emplois duire jour et nuit, il est plus dif- faires en exportation. Cela président d’Unitex. Pour les dans l’après-crise », s’inquiète existants d’abord. n S. B.

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Trois mois qui ont renforcé l’imbroglio institutionnel du Grand Paris

RÉCIT Entre la mi-mars et la cières pour les cabinets médi- Du côté de la CPME Paris IDF, mi-juin, la Région et la Métro- caux et fonds dédié aux asso- Bernard Cohen-Hadad aimerait pole ont rivalisé de dispositifs DES DISPOSITIFS ciations. De quoi donner le qu’il y ait davantage de clarifi- d’aide aux entreprises, quitte à D’AIDE À PROFUSION tournis aux entreprises cation. « Ce n’est pas aux entre- se marcher sur les pieds. Région, Métropole, Ville de concernées ? « Au début de la preneurs de faire le choix de tel Paris, collectivités territoriales... CÉSAR ARMAND Chacun a dégainé ses mesures crise, j’ai plaidé pour une ato- ou tel dispositif, mais aux auto- de soutien sans grande misation des dispositifs pour rités compétentes d’en simplifier C’était un rituel coordination, ce qui a parfois que chacun y trouve son compte la présentation avec des portails immuable pendant la désorienté les entreprises. [ISTOCK] ou le bon interlocuteur, mais qui orientent de manière auto- crise sanitaire et j’ai toujours veillé à ce que ce matique le demandeur en fonc- même après. Tous les lundis, ne soit pas non plus un maquis tion de sa situation », estime-t-il. sous l’égide du préfet de Paris de dispositifs », déclare ainsi « Il leur suffirait de remplir des et préfet d’Île-de-France, Bernard Cohen-Hadad, pré- cases “Qui suis-je”, “Combien Michel Cadot, les autorités sident de la CPME Paris IDF ai-je de salariés”, “Ai-je droit au économiques et politiques (150 000 sociétés, 3 millions de PGE et/ou au fonds de solida- franciliennes se réunissaient salariés). « Beaucoup d’entre- rité”. Les entrepreneurs ne sont en visioconférence pour déci- preneurs n’ont pas le temps d’y pas des professionnels de la der des actions à mener en aller et ont besoin d’être pris finance ou de la gestion des aides direction des entreprises. Il par la main. Soit ils n’ont pas le publiques », assène-t-il enfin. s’agissait pour les représen- temps, soit ils n’osent pas tants syndicaux et patronaux car ils pensent qu’ils n’y auront PAS MOINS DE DEUX comme pour les élus locaux de pas droit. Cette pudeur est la PLANS DE RELANCE remonter les demandes terri- même lorsqu’ils n’osent pas Cette complexité ne s’est pas toriales et leurs spécificités montrer leurs difficultés, si arrêtée là. Sorties du confine- locales avant de redescendre ce n’est aux médiateurs du cré- ment, les collectivités franci- les arbitrages vers leurs dit ou aux correspondants liennes ont chacune lancé leur publics respectifs. PME de la Banque de France », plan de relance : la Métropole « Nous avons eu une quaran- poursuit-il. le 16, puis la Région le 28 mai. taine de réunions pendant le La première a débloqué 110 mil- confinement, liées au soutien lions d’euros et décliné une des entreprises franciliennes », « J’ai plaidé stratégie « durable, équilibrée confirme Jacky Portier, pré- et résiliente » de 50 actions, sident de l’Union des entre- pour que chacun quand la seconde a placé prises de proximité Île-de- y trouve son compte 1,3 milliard d’euros d’ouver- France (U2P IDF, 730 000 tures nettes et de redéploie­ - sociétés, 850 000 emplois). ou le bon ments sous le sceau « écono- « Les remontées de terrain ont interlocuteur » mique, écologique et solidaire ». été très sérieusement prises en Au menu : revitalisation du BERNARD COHEN-HADAD,, compte par le préfet et la Direc- PRÉSIDENT DE LA CPME PARIS IDF tissu économique de proximité cte, la Direction régionale des d’un côté, aide à l’innovation et entreprises, de la concurrence, à la lutte contre le chômage de de la consommation, du travail Car après l’apport du Conseil l’autre ; accélération du déve- et de l’emploi, même si, au régional au fonds national de loppement des mobilités démarrage, c’était un peu solidarité État-régions, tout douces par la Métropole, contre confus car toutes les informa- s’est accéléré. En parallèle de relance écologique et transport tions arrivaient en cascade », la chambre de commerce et par la Région, ou encore des ajoute-t-il. d’industrie (CCI) de Paris Île- programmes de rénovation de-France – 820 000 entre- énergétique quand, en face, on UNE PLUIE DE MESURES prises représentées – qui a dû proposait un accompagnement SANS COORDINATION mobiliser une centaine de col- à la transition numérique. Il faut dire que dès le 3 mars, laborateurs pour répondre à Pendant cette période, la la Région a décidé de réduire leurs questions, la Métropole Banque des territoires d’Île- ses délais de paiement et d’oc- du Grand Paris (MGP) est de-France (BdT, groupe Caisse troi de subventions et de ren- entrée dans le jeu avec une des dépôts), principale finan- forcer ses dispositifs exis- dotation « exceptionnelle » de ceuse de la Métropole du tants, comme le prêt 15 millions d’euros pour aider Grand Paris, s’est, elle, assu- Croissance TPE, ou le prêt les 131 communes qui la com- rée que « la période de suspen- BACK’up prévention, avant posent en matière sanitaire. La sion économique soit la plus d’annoncer un nouveau train Région a, elle, dégainé une aide indolore possible », explique sa de mesures le 18 mars : appli- supplémentaire baptisée directrice régionale, Marianne cation pour les soignants PM’up Covid-19 destinée aux Louradour. Outre le déblocage mobilisés, mise à disposition entreprises qui ont besoin de de fonds pour les études juri- de lits d’internats, aides finan- déplafonner leurs dépenses diques et notariales, l’appui à jusqu’à 800 000 euros et de l’économie sociale et solidaire réorienter leurs capacités de et le soutien aux sociétés production. d’économie mixte – sociétés Pendant ce temps, le prêt anonymes dont les capitaux garanti par l’État (PGE) se met- sont majoritairement pro- tait en place. Jacky Portier de priété de l’État ou des collec- l’U2P IDF a rapidement eu des tivités –, elle a été détermi- remontées négatives : « Des nante dans l’instauration du banques se faisaient tirer fonds Résilience. l’oreille, car elles n’avaient Lancé le 10 juin dernier par la pas fait leur travail, certaines Ville de Paris, la Métropole, la agences demandant des cau- Région et 68 autres collectivi- tions personnelles. Il a fallu tés territoriales franciliennes, l’intervention de la médiation du crédit de la Banque Pour Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris IDF, les À la tête de la Région, Valérie Pécresse, a pris, dès le 3 mars, des de France pour régulariser les autorités compétentes doivent simplifier les procédures d’aide. [DR] mesures pour soutenir les entreprises [CHARLES PLATIAU/POOL/AFP] dossiers. » LA TRIBUNE

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[ L’imbroglio institutionnel Charles Znaty : « Paris reste un sujet plus du Grand Paris important que le reste de la France » renforcé ] PORTRAIT Le cofondateur de télétravail, si bien que dès le 16, vice-président. Son président pourra repartir vite et fort et rap- Pierre Hermé Paris a pris la elles publient une lettre d’infor- Pierre Kuchly « l’adore » : « son procher nos concitoyens des présidence du Medef Paris au mation sur l’activité partielle, le seul défaut est d’être au Medef », entreprises », complète-t-il. lendemain du second tour des prêt garanti par l’État et les dif- s’amuse-t-il. « Charles va appor- Pour le patron du Medef Paris, il est doté de 100 millions d’eu- élections municipales. Une prise férentes mesures annoncées. ter un véritable dynamisme ainsi en plus de l’épargne des Français ros, dont 25 apportés par la de fonction accélérée par la crise Elles ne chôment pas et rédigent que le regard d’un patron de ter- et des fonds disponibles dans les BdT Ile-de-France, 25 par le du Covid-19. aussi avec l’Afnor un guide, rain », poursuit celui qui est banques, assurances, mutuelles conseil régional, 14 par la « Pandémie : les clés de la vice-président de la CPME et de et sociétés de gestion, l’État doit MGP, 10 par la capitale et 26 C’était en août dernier. Il venait reprise ». « Cela a demandé un la CCI IDF et patron de la CCI 95. encourager les sociétés à renfor- par les intercommunalités et de vendre sa participation dans énorme travail à nos services cer leurs fonds propres. « C’est la commune de Savigny-sur- le leader des macarons, Pierre administratifs et réglemen- UN BILAN À L’AUTOMNE une opportunité historique de Orge, dans l’Essonne. Hermé Paris, au groupe Occitane taires », commente-t-il. Dans le Znaty, lui, regarde déjà vers l’au- renforcer notre compétitivité, de « C’est une bonne idée », com- et envisageait de prendre une même temps, le mouvement est tomne. « Nous ferons le bilan de créer des emplois et de générer la mente Bernard Cohen-Hadad année sabbatique « pour se poser mobilisé pour acheter plus de tout ce qui s’est passé », annonce- rentabilité qui profitera à tous », de la CPME IDF. « Cela permet et réfléchir à un autre projet ». 2 millions de masques. « Nous t-il. Capitale politique, écono- de valoriser l’action régionale Tout en commençant à revêtir avons travaillé 7 jours sur 7 », mique et culturelle, destination et territoriale mais égale- doucement son nouveau costume insiste-t-il. de tourisme d’affaires et de loisir, ment de combler les manques de gestionnaire de patrimoine, Dès le retour de son premier « Paris reste un sujet plus impor- « Charles va apporter sur lesquels nous-mêmes Charles Znaty a été happé par le voyage à Tokyo en février 1997 tant que le reste de la France », un véritable nous travaillons au cas par cas Medef Paris. pour Pierre Hermé, il se rend en ajoute-t-il. Outre les aéroports et depuis le 16 mars. » « Les entre- « Le mandat de Jean-Louis effet à la chambre de commerce les gares, toutes les activités de dynamisme ainsi prises individuelles n’ont Schilansky arrivait à terme en et d’industrie (CCI) de Paris pour conventions et de salons, les évé- que le regard d’un pu prétendre au prêt Rebond décembre et il m’a demandé de se renseigner sur le Japon. « Vous nements, les spectacles, vont cofinancé par l’Île-de-France prendre sa succession », raconte- tombez bien ! Il y a un club pour mettre du temps à redémarrer. patron de terrain » et Bpifrance. Il s’agit d’un véri- t-il, aujourd’hui lesté de ses ceux qui font du business. Signez « Cela aura un impact économique PIERRE KUCHLY, table ballon d’oxygène pour anciens habits de vice-président là, c’est 300 francs », lui explique- majeur. Je crains que les plus fra- VICE-PRÉSIDENT DE LA CPME nos ressortissants », renchérit et de trésorier. « Je l’ai sou- t-on. Après en avoir été le troi- giles, comme les TPE ou les arti- Jacky Portier de l’Union des tenu », nuance son prédéces- sième adhérent, il en est resté le sans, souffrent beaucoup, du fait considère-t-il. « L’État ne doit pas entreprises de proximité Île- seur. « Homme de consensus et de l’absence des 50 millions de manquer cette occasion, d’autant de-France. représentatif d’une nouvelle touristes annuels. Ils sont l’âme que le budget de la France a besoin génération d’entrepreneurs, il de la ville », dit-il encore. de reconstituer ses recettes. C’est CHACUN A DÉFENDU attache beaucoup d’importance Sans parler du télétravail et de tout le pays qui doit se mobiliser SON PRÉ CARRÉ à la communication. C’est essen- tous ces salariés qui habitent en pour investir dans ses entreprises Cette avance remboursable de tiel dans le monde dans lequel petite et grande couronnes. et l’avenir des générations 3 000 à 100 000 euros pour les WWW.LATRIBUNE.FR nous vivons », déclare Jean- « C’est tout le visage de la ville qui futures », exhorte-t-il. entreprises de moins de Louis Schilansky. EN CHIFFRES risque de se trouver transformé. En attendant, le président du 20 salariés permet de réconci- Ensemble, ils conviennent de Raison pour laquelle je pense qu’il Conseil économique, social et lier les meilleures ennemies prolonger le mandat du premier faudra des mesures de relance de environnemental d’Île-de-France Anne Hidalgo (PS) et Valérie « La Région jusqu’à fin mars au lendemain du l’activité qui soient spécifiques à ne doute pas de sa volonté : « C’est Pécresse (Libres !), de même Île-de-France second tour des élections muni- Paris », estime Charles Znaty. quelqu’un d’entreprenant, qui a au chevet des que cette dernière avec son ami cipales. Mais dès la fin février, MILLIONS « Les entreprises ont bénéficié de la volonté d’animer, de créer et de PME-TPE en 2 Patrick Ollier (LR), dirigeant de difficulté » ayant des attaches « très impor- NOMBRE DE MASQUES reports, d’annulations de rassembler », confie Éric Berger. la Métropole du Grand Paris tantes » en Chine, au Japon, à ACHETÉS PAR LE MEDEF PARIS. créances, d’un accès facilité à la « Il ne regarde pas que son pré qu’elle rêve de supprimer. « Paris, Singapour ou à Hongkong, L’ORGANISATION PATRONALE dette, mais ce ne sera pas suffisant carré et est de ceux qui se boni- En réalité, cette initiative a, la Métropole Charles Znaty « sent » que la crise A ÉGALEMENT PUBLIÉ pour assurer une reprise vigou- fient à travailler avec les autres et la Région une fois de plus, montré que débloquent sanitaire va arriver en France. Le LE GUIDE « PANDÉMIE : reuse de l’économie. Avec un cadre en les écoutant », conclut l’ex-pré- chacun défendait son pré 100 millions 9 mars, il place ses équipes en LES CLÉS DE LA REPRISE ». réglementaire adapté, l’économie sident du Medef IDF. n C. A. carré. Au cours de la confé- d’euros pour les PME rence de presse, le président franciliennes » de l’Alliance des Territoires, qui fédère les 11 établissements « État et Medef publics territoriaux de la MGP, veulent remettre le maire (Libres !) de Clamart les Français au travail » (Hauts-de-Seine),Jean-Didier Berger, s’est ainsi félicité d’une « région qui s’affiche comme cheffe de file dans un mille- feuille territorial qui n’est plus une fatalité francilienne ». N’ayant plus la compétence du développement économique depuis la loi portant sur la nouvelle organisation terri- toriale de la République (NOTRe) de 2015, les départe- ments de l’Essonne, de Seine- et-Marne, du Val-d’Oise, et bien sûr des Hauts-de-Seine, n’ont pas été en reste. La pré- sidente (LR) du Val-d’Oise, Marie-Christine Cavecci, s’est félicitée d’avoir convaincu le préfet Cadot d’entrer au fonds Résilience, « même si ce n’était Conviction du pas facile au départ ». De président même que le président (LR) de du Medef Paris: l’Essonne François Durovray « Il faudra des a jugé « absurde » cette impos- mesures sibilité « d’intervenir dans le de relance domaine économique » malgré de l’activité ses pouvoirs en matière d’ac- spécifiques à la tion sociale. n capitale. » [DR] À MONTPELLIER LA MER N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI CLAIRE. Crédit photo : Getty Images - Chirripo - Direction de la Communication 06/2020 - CJ 06/2020 de la Communication Images - Chirripo Direction : Getty photo Crédit

LE TEMPS EST VENU DE SE RETROUVER !

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3 juillet 2020 LA TRIBUNE

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ON A TOUS ENVIE DE RETROUVER NOTRE VIE D’AVANT. MAIS ON A TOUS AIMÉ L’usine qui produit des rangements en plastique va bientôt démarrer une activité masques. [ACHPHOTO] Iris Ohyama veut produire VOIR BAISSER dès octobre 80 millions LES ÉMISSIONS de masques mensuels

ENTRETIEN Implanté à Lieu- communication. Nous recen- pourrons assembler sur place saint (Seine-et-Marne) depuis sons aujourd’hui 75 salariés, en fonction du volume des DE CO2. l’été dernier, le leader japonais de même que nous détenons ventes, à commencer par des des rangements en plastique 26 presses à injecter, ces ventilateurs, car ce produit veut recruter deux fois plus machines qui fabriquent des rencontre un certain succès. de salariés d’ici à la fin de boîtes et des colonnes de ran- Nous allons par ailleurs conti- La vie doit redémarrer mais pas le CO2. Relever ce défi , c’est l’année. Entretien avec Sophie gement en plastique, des bacs, nuer à aménager nos la raison d’être d’EDF. L’objectif : construire ensemble un Vandome, la responsable des ou encore des poubelles… 37 000 mètres carrés d’entre- ressources humaines de l’en- Nous distribuons en outre une pôts. Cela nous permettra de avenir énergétique neutre en CO2, conciliant une meilleure treprise. gamme de mobilier, d’électro- développer la vente des pro- préservation de la planète, bien-être et développement, ménager, d’accessoires pour duits importés avant de les LA TRIBUNE – Pourquoi avez- animaux, ou encore de LED distribuer en France et en grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants. vous décidé de vous implanter produits notamment en Europe. Nous misons enfin Notre production d’électricité émet déjà cinq fois moins en Île-de-France dès juin 2019 ? Chine. sur l’e-commerce et les plate- SOPHIE VANDOME – Après formes comme Amazon ou * de CO2 que la moyenne européenne . Et nous nous sommes avoir ouvert une usine aux Les 70 emplois annoncés pour Cdiscount pour déployer engagés à aller encore plus loin d’ici à 2050, en réduisant Pays-Bas, à Tilburg, il y a vingt- la production de masques dès toutes nos gammes de pro- et-un ans, nous avons souhaité octobre sont-ils confirmés ? duits. En cela, nous pensons encore nos émissions et celles de nos clients, et en développer nos activités de Nous n’occupons qu’une par- être autour de 200 salariés fin compensant les émissions restantes**. production et de logistique en tie du hall de production de 2021. Europe. Une grande partie de 18 000 mètres carrés. Nous notre clientèle et de notre avons donc prévu de position- Seriez-vous en train de pivo- marché étant en France, le ner dans la mezzanine de ter d’un modèle BtoB vers un 5 000 mètres carrés une nou- modèle BtoC? Devenons l’énergie qui change tout. velle activité dédiée aux Notre modèle commercial est « Nous devrions masques. Nous prévoyons basé à la fois sur le BtoB et le atteindre les ainsi d’investir dans BtoC afin de créer le meilleur 30 machines pour produire, équilibre entre les deux. Heu- 150 salariés d’ici à dès octobre prochain, 80 mil- reusement, nous avons suffi- lions de masques par mois samment de produits pour fin 2020 et nous pour la France et l’Europe. couvrir ces différents mar- allons installer Nous parions même déjà sur chés. Nous vendons depuis de une croissance supplémen- nombreuses années auprès de 15 nouvelles presses taire et prévoyons d’augmen- la grande distribution. Cepen- à injecter dans les ter l’an prochain le nombre de dant, le commerce électro- machines pour les masques. nique se développe également prochains mois » Aussi, nous devrions atteindre très rapidement et est devenu les 150 salariés d’ici à fin 2020. aujourd’hui notre deuxième Nous allons par ailleurs instal- canal de distribution. Le BtoB Découvrez nos engagements sur edf.fr/raisondetre choix s’est porté sur la région ler 15 nouvelles presses à injec- est un marché prometteur parisienne. C’est ainsi que ter dans les prochains mois. pour nos nouvelles gammes de

L’énergie est notre avenir, économisons-la ! RCS PARIS 552 081 317 nous sommes arrivés à Lieu- produits, notamment les appa- * En Europe, les émissions de CO2 du groupe EDF s’élèvent à 54 g / kWh produits, soit 5 fois moins que la moyenne du panel des saint, en Seine-et-Marne, sur Quelles sont vos perspectives reils électroménagers et les 24 plus grands électriciens européens (296 g / kWh), constitué par PwC pour son étude de 2019 « Changement climatique et électricité ». ** Le groupe EDF a pour objectif la neutralité carbone d’ici à 2050, et s’inscrit notamment dans les objectifs xésfi le site de l’Etablissement de développement en région masques. Le groupe a plus de par le Rapport spécial du GIEC (Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) de 2018. Cet objectif public d’aménagement Sénart, parisienne et en France ? 25 000 produits dans son por- se traduit entre autres par des émissions directes quasi nulles grâce à la production nucléaire et au développement des énergies renouvelables, à la fermeture progressive des centrales fonctionnant exclusivement au charbon opérées par EDF à proximité de la capitale, un Nous voulons optimiser au tefeuille, et nous avons pour et ses fi liales ; à la réduction des émissions indirectes par exemple par l’accompagnement de nos clients pour décarboner territoire logistique assez maximum ce site. Nous envi- objectif de les introduire sur leurs consommations d’énergie ou encore le développement de la biomasse dans les réseaux de chaleur ; et enfi n grâce à la riche et avec un emplacement sageons par exemple de les marchés français et euro- compensation des émissions résiduelles par des projets à émissions négatives comme le reboisement de forêts. géographique bien desservi vendre davantage de produits péen dans les années à venir. n par les infrastructures de électroménagers, que nous PROPOS RECUEILLIS PAR C. A.

EDF_2006003_VIEdAVANT_133x416_LaTRIBUNE_HEBDO.indd 1 25/06/2020 12:32 LA TRIBUNE 3 juillet 2020

RÉGIONS 85

REMÈDE Le système sanitaire français peut contribuer à relancer l’économie dans les régions. FAVORISER LES Il doit se décentraliser et INITIATIVES DE TERRAIN Les hôpitaux (ici, le CHU de répondre aux besoins locaux Toulouse) nécessitent plus de moyens mais aussi de la en faisant appel à ceux qui souplesse et de l’autonomie. les connaissent le mieux. [MATTHIEU RONDEL/HANS LUCAS] Prescrire des politiques de santé mieux adaptées aux territoires

FLORENCE PINAUD pourrait déjà améliorer nette- sur une politique budgétaire time de les voir pilotées par une aux patients de réduire leurs ment l’hôpital à long terme. » visant essentiellement à faire équipe composée du président « Les décisions conduites à risque et de gérer a crise l’a montré : la La maladie de notre système de des économies, observe André de la Région, d’un représentant doivent être prises le suivi de leurs pathologies. gestion d’un problème santé, censé être « le meilleur Grimaldi, professeur à l’hôpital des hôpitaux, d’un représentant Seule limite à ce mode de pré- sanitaire est bien plus du monde » est bien identifiée : de La Pitié-Salpêtrière. En des professionnels de santé et là où elles vention : le modèle économique, efficace au niveau du il bride les initiatives de terrain santé, les décisions doivent être d’un fonctionnaire pour assurer s’appliquent et les complexe à établir alors que les territoire que dans la en raison d’une structure en prises là où elles s’appliquent et la coordination et rendre des Français rechignent encore à L« verticalité » d’une approche silos, avec des établissements les ARS devraient travailler comptes au ministère. » En ARS devraient payer des services de soins qui trop nationale et trop bureau- publics et privés, des médecins avec les instances territoriales. associant les autorités locales, travailler avec les ne sont pas remboursés. cratique. Dès le début de l’épi- hospitaliers et libéraux, des Mais il ne peut y avoir de par- les nouvelles ARS devraient Pendant le confinement, les démie de coronavirus, les labos et des pharmaciens. cours cohérent ville/hôpital que rendre aussi des comptes aux instances territoriales » nécessités de la quarantaine ont médecins libéraux et des hos- si le mode de financement est usagers et auraient les moyens ANDRÉ GRIMALDI, pu apparaître comme une solu- pitaliers ont eu les mêmes LE PROCÈS DE LA cohérent et accessible à tous. » de lancer une véritable poli- PROFESSEUR À LA PITIÉ-SALPÊTRIÈRE tion pour relancer l’activité de réflexes : identifier les patients LOGIQUE BUDGÉTAIRE Accusées de tous les maux, ces tique de développement sani- l’hôtellerie en région, tout en contaminés, les isoler et les L’épidémie a fait tomber les ARS auraient tout intérêt à taire local. évitant les contaminations. suivre afin de prendre en cloisons, comme s’en réjouit changer de modèle, suggère Investir sur le parcours de Fausse bonne piste : le système charge les cas graves. Malgré Emmanuelle Quilès, Prési- Alexandre Beau, directeur du santé est une idée neuve, après tance des os afin d’équiper un mis en œuvre n’a pas eu le suc- des pratiques très cloisonnées dente de Janssen France : magazine Espace social euro- trois quinquennats à considé- robot chirurgical. » cès espéré, la plupart des et des règles administratives « Tout le secteur sanitaire a fait péen : « Alors qu’elles s’appa- rer ce secteur comme un Les hôpitaux comme les cli- patients positifs ayant préféré rigides, ils ont travaillé preuve d’une agilité et d’une rentent à des antennes régio- gouffre financier, suivant niques ont aussi besoin de digi- rentrer chez eux avec leurs ensemble et pris en main leurs créativité extraordinaires. Loin nales du ministère de la Santé, l’aphorisme « la santé n’a pas taliser leurs pratiques avec des propres mesures d’isolement. systèmes de santé. des habituelles lourdeurs admi- elles pourraient devenir de de prix, mais elle a un coût ». solutions adaptées, comme Pour relancer le moteur éco- En deux semaines, l’hôpital est nistratives, il a monté des par- véritables agences respon- Trois quinquennats qui ont fini celles de la société Hoppen, à nomique, un sujet devenu une devenu élastique. Face au tenariats public/privé inédits, sables de territoires et dotées par persuader les soignants que Rennes. Ces outils numériques grande préoccupation, le sec- risque vital, plus question de des collaborations hôpital/ d’initiatives propres. Parce que la politique de santé se décidait fluidifient les parcours de soins teur de la santé possède donc traîner : les demandes qui pre- médecine de ville… La santé est les problématiques de santé dif- essentiellement à Bercy. et évitent les doublons, mais ils des ressources en région. L’ob- naient des mois ont trouvé des un écosystème dans lequel les fèrent selon les territoires, Pourtant, comme le souligne la ont besoin de devenir interopé- jectif fait partie des réflexions réponses en quelques heures. partenaires ont montré qu’ils soyons lucides. Des agences Fédération hospitalière de rables pour permettre le suivi du Ségur de la santé et, pour Comme la tente pour filtrer les étaient capables de travailler plus autonomes pourraient France (FHF), le secteur déve- du patient entre différents certains, c’est le bon moment arrivées aux urgences de l’hô- ensemble efficacement. Le dia- adapter les programmes natio- loppe aussi l’économie. « Diffé- médecins et établissements. pour se présenter au guichet. pital européen Georges-Pom- logue stratégique État-Indus- naux aux besoins spécifiques rentes études d’impact ont mon- Encore faudra-t-il revoir et réo- pidou, installée en quelques trie est essentiel. La refondation des bassins de vie qu’elles tré que 1 euro dépensé pour DES APPLIS PLÉBISCITÉES rienter son financement. heures à l’annonce du confine- de notre système de santé néces- couvrent. En termes de gouver- l’hôpital permet d’en réinjecter Nouvelle piste : le suivi des Alexandre Beau, d’Espace ment. Une tente que le Dr Phi- site de travailler ensemble avec nance, Il serait aussi plus légi- 1,80 dans l’économie, avec les patients Covid-19, pour gérer social européen, propose ainsi lippe Juvin, chef du service des souplesse au service du patient. » salaires d’emplois locaux, les les retours de symptômes, une version régionale de urgences, réclamait depuis un Dès les premières semaines du services des prestataires, les deux mois après la fin de l’in- l’Ondam (objectif national des mois : « La pandémie a complè- confinement, les soignants ont « Un dixième des travaux courants, les achats de fection. Ces outils jouent un dépenses de santé voté chaque tement fluidifié le fonctionne- souvent accusé les agences fournitures…, souligne Zaynab grand rôle dans le développe- année dans la loi de finance- ment des hôpitaux, avec des régionales de santé (ARS) de initiatives prises Riet, déléguée générale de la ment de la télémédecine, une ment de la Sécurité sociale) cellules de crise associant des leur mettre des bâtons dans les FHF. Ses activités de recherche jeune pratique boostée par le ainsi qu’une révision des fonds médicaux et des administratifs, roues. Privilégiant d’abord pendant cette crise et d’innovation favorisent confinement qui devrait deve- d’intervention régionaux gérés observe ce médecin hospita- l’hospitalier au détriment des pourrait déjà l’émergence de start-up créées nir bien plus courante, et par les ARS. Objectif : laisser lier, également maire LR de La cliniques, elles ont en effet par des médecins en partena- nécessitera un développement plus de marge de manœuvre Garenne-Colombes. Il est bien semblé peu compétentes pour améliorer l’hôpital à riat avec des universités. Elles de sa prise en charge récente aux projets sanitaires régio- dommage qu’il ait fallu un tel rassembler et concevoir de long terme » suscitent des projets et s’asso- par l’Assurance maladie. naux afin de redynamiser l’éco- péril pour faire bouger les nouveaux parcours. « Elles ne cient à des industriels pour Enfin, de nombreux soignants nomie locale, tout en amélio- DR PHILIPPE JUVIN, choses. Un dixième des initia- sont pas en soi une mauvaise CHEF DU SERVICE DES URGENCES DE concevoir, par exemple, des plébiscitent les applications de rant la prise en charge des tives prises pendant cette crise chose, mais elles sont centrées L’HÔPITAL GEORGES-POMPIDOU, À PARIS fonctions de mesure de la résis- prévention santé, permettant catastrophes sanitaires. n 8 CENTRES D'AFFAIRES

Caisse d'Epargne Côte d'Azur, partenaire des acteurs majeurs de l'économie locale.

Centre d'Affaires Arénas Centre d'Affaires Centre d'Affaires Sophia Centre d'Affaires 455 Promenade des Anglais Luxury Properties 175 rue du Vallon Nautibanque Immeuble Arenice - place centrale 455 Promenade des Anglais Immeuble Adamant 23-25 rue Felix Faure 06200 Nice 06205 Nice 06560 Valbonne 06400 Cannes Tel : 04 93 18 40 20* Tel : 04 94 05 59 88* Tel : 04 97 23 13 50* Tel : 04 22 34 07 40*

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Document à caractère publicitaire * Coût d'un appel selon votre opérateur téléphonique. Caisse d’Epargne et de Prévoyance Côte d’Azur, société anonyme coopérative à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance, régie par les articles L.512-85 et suivants du Code monétaire et financier – Capital social 515.033.520 euros – Siège social 455, promenade des Anglais, 06200 Nice – 384 402 871 RCS NICE – Intermédiaire d’assurance, immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 002 199. Titulaire de la carte professionnelle Transactions sur immeubles et fonds de commerce, sans perception d’effets ou valeurs, n° CPI 0605 2017 000 019 152 délivrée par la CCI Nice-Côte d’Azur, garantie par la Compagnie Européenne de Garanties et Cautions, 16 rue Hoche, Tour KUPKA B, TSA 39999, 92919 LA DEFENSE Cedex. Adresse postale : CS 3297 06205 Nice Cedex 3. CECAZ/juin 2020. Photos : Gettyimages. Création Marie Debove. PARTAGEONS L’ÉCONOMIE VENDREDI 3 JUILLET 2020 NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT Et maintenant, on fait quoi ?

L’après-crise sanitaire vue par : Cynthia Fleury - Hervé Le Bras - Serge Guérin - Isabelle Delannoy - Pascal Perrineau - Roger Guesnerie - Dominique Méda - Axel Kahn - Gilles Bœuf - Azouz Begag - Jo Spiegel - Michel Wieviorka - Étienne Klein - Clara Gaymard -Claude Alphandéry - Boris Cyrulnik - Salomé Berlioux - François Dubet - Pascal Picq - Abdenour Aïn Seba - Karol Beffa - Jean-Marie Cavada - Nicolas Baverez [ISTOCK] L’information économique en continu sur WWW.LATRIBUNE.FR 3 juillet 2020 LA TRIBUNE

88 IDÉES

Et maintenant, on fait quoi ?

ls sont sociologues, Étienne Klein paléoanthropologue, phi- Philosophe des sciences losophes, économistes, entrepreneurs, scienti- La pandémie et le confinement ont provoqué une fiques, médecins, polito- interruption brutale de la plupart de nos rou- Ilogue, artiste, et même ancien tines, qui est venue déplacer notre barycentre résistant : entre le début et la existentiel. Notre « être au monde » s’en fin du confinement, ils se sont trouve même transformé, ce qui ne constitue confiés à « La Tribune ». Un pas nécessairement une partie de plaisir. peu pour partager leur tra- Pour le meilleur ou pour le pire, nous nous versée intime de l’épreuve, retrouvons écartés de la dynamique ordi- beaucoup pour décortiquer, naire de notre vitalité, forcés de ralentir, à travers le prisme de leur dis- délivrés de « l’intoxication par la hâte » cipline, les singularités de ce dont parlait déjà Paul Val