LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

JEAN-PAUL SARTRE Piazza San Marco, musiques

Dimanche La Biennale a passé par là, laissé des traces, ce cube, l'Hôtel Bauer Grumwald, quelques GI's bars, quelques dancings. Étalages exquis, magasins illuminés, portes closes. Voici un magasin d'étoffes ce n'est pas assez de monter des étoffes à la devanture; les vendeurs, en s'en allant, dans un mouvement de ce lyrisme fou des Italiens, ont négligemment laissé derrière eux sur le plancher des bouillonnés de soie rose et bleue. Ce n'est pas la générosité, c'est la comédie passionnée de la générosité voyez ces étoffes, j'en regorge, je la jette par terre, pensez à quels prezzi disastrosï je vous la vendrai. Café n'est plus cette liqueur, ce caramel liquide qu'on boit à Rome. Plus le café est élégant, plus il est mauvais. Dans les petits bars, compromis entre le liquide aqueux et plat de l'Europe du Nord et le minuscule bijou du Sud. Il faut dire aussi ce qui entre dans les oreilles et les narines du touriste. Cette année mes oreilles entendent un air italien dont j'ignore le nom, September Song et la Vie en rose. En

1. Est-ce le soir du même dimanche, jour de l'arrivée du touriste, que l'auteur veut aborder autrement? La Nouvelle Revue Française quatrième position vient le Beau Danube bleu. Tous les orchestres jouent ces airs et souvent même plusieurs fois dans la soirée. Lente décomposition de September Song que j'ai entendu à Rome au saxo et que je finis par entendre au violon sur la place Saint-Marc, douce plainte résignée d'un gondolier amoureux. Deux orchestres, le Quadri et son voisin, jouent le même air mais dans un ordre différent pour conserver la cacophonie. L'odeur café chaud. Il y a d'excellents jazz d'amateurs. Comment font-ils? Le jazz est hostile à l'esprit italien. La répétition presque gauche d'une forme musicale, ce n'est plus de la mélodie, c'est un objet qu'on vous montre vingt fois et qui finit par vous envoûter. Saine barbarie. Si l'on s'amuse à développer, ce n'est point le thème et puis on revient à cet objet sonore aux arêtes dures. Mais l'Italien développe; à peine a-t-il fait voir les six mesures de son thème, faussement acide, faussement aigu, il le répète en le sucrant, en l'arrondissant, nous sommes rassurés. Le thème du jazz reste en l'air. Si nous finissons par voir la dernière note comme une fin, c'est parce qu'à force de la répéter nous n'attendons plus rien au-delà. Cet objet sonore décide hors des règles classiques de sa propre fin. Et Miles Davis, lui, finit tout simplement à l'instant où il n'a plus d'inspiration. L'esprit italien aime les développements, l'inquiétude originelle n'est qu'une feinte pour attirer l'attention, c'est un point d'in- terrogation dont voici la réponse, c'est une difficulté qu'on aplanira par des accommodements graduels et finalement tout finit (passion cruelle, désespoir ou gaîté) par l'accord de réso- lution classique. On n'en parle plus, on passe à autre chose. Au lieu que le thème du jazz ne veut pas qu'on le termine il reste ce qu'il est, interrogation, reproche ou cri et il ne passe pas plus qu'une douleur entrevue ne passe, ne finit bien.

Pupitre de musique du Quadri, un panneau sur le dos du pupitre, deux pin-up de Varga, habilement masquées par des papillons de manière à les rendre plus nues. Et une reproduction d'un tableau de Chirico, bonne époque. Piazza San Marco, musiques

Les pigeons, morceaux de marbre fous. Ces grands nerveux à quelle épreuve soumis. Photographiés, nourris par des tou- ristes eux-mêmes énervés, ils ont l'égarement des êtres vivants astreints à faire couleur locale. Ils marchent entre les jambes des Anglaises mais à chaque sonnerie de cloche, s'envolent en ronds fous, une grande étoffe claquante. Je suis sûr qu'ils jouent la peur pensez, ça fait un siècle que ça dure. Ils sont divisés en deux sections, l'une mime l'affolement pour faire rire les étrangers, et l'autre moitié picore tranquillement les miettes de pain ou les grains de maïs qu'on leur jette. Ce soir c'est l'autre équipe qui travaille, la première bouffe et se repose.

JEAN-PAUL SARTRE JEAN TARDIEU Un voyageur de l'Histoire

Emanuele Conegliano, dit Lorenzo Da Ponte

C'est dans un domaine de Haute-Provence, lieu préservé où règnent l'intelligence, le goût et l'érudition, que j'ai découvert les Mémoires du fameux Emanuele Conegliano, dit Lorenzo Da Ponte, le plus célèbre librettiste de Mozart. Je connaissais l'existence de cet ouvrage, mais je ne l'avais encore jamais lu. Quel plaisir rare de trouver, dans une biblio- thèque pleine de merveilles et de surprises, en plein hiver provençal, c'est-à-dire devant un horizon immense fait de ciel, de soleil, de pins et d'oliviers, cet in-8° recouvert d'une simple reliure cartonnée et qui datait de plus d'un siècle! C'était la première édition, traduite en français, de ce récit passionnant. Le traducteur d'alors orthographiait « M. d'Aponte ». Sans doute, il valait mieux, en ce temps-là, anoblir un nom, même déjà célèbre! Mais la véritable graphie a moins de prétention et plus de sens « Da Ponte ». On peut supposer que l'auteur, issu d'une famille juive fixée en Vénétie, ait choisi ce modeste pseudonyme (quelque chose comme « du pont »), en l'honneur de Venise, où il passa une partie de sa jeunesse. Quoi d'étonnant? Il faut, pour aller et venir à travers les canaux et les îles de la Lagune, tant de ponts à Venise! Quant au préfacier de cette première édition française, datée de 1860, ce n'était rien de moins que le poète de Graziella, amateur d'Italie s'il en fut, Alphonse de Lamartine lui-même. Si je me permets, aujourd'hui, d'ajouter quelques lignes au Un voyageur de l'Histoire

texte de Lamartine, écrit d'une plume alerte et sensible, ce n'est pas avec l'intention outrecuidante de « coiffer» mon illustre prédécesseur. C'est seulement pour ajouter à la glose romantique le point de vue d'un écrivain du xxe siècle finissant et surtout d'un fervent des Nozze di Figaro et de Don Giovanni. Est-ce à dire que les Mémoires de Da Ponte ne valent que pour cette collaboration bien connue avec le dieu des dieux de la musique? Certes non. Car, s'il est bien vrai qu'un tel titre de gloire ajoute une auréole impérissable à la figure du scénariste vénitien, les confidences de celui-ci sur les péripéties de son existence offrent bien d'autres attraits, bien d'autres sujets d'étonnement. On croirait lire à la fois un roman picaresque à la mode espagnole, un conte satirique de Voltaire et un « roman d'ap- prentissage»à la manière allemande. Mais, dans le cas qui nous occupe, le personnage dont les aventures sont racontées dépasse largement le cadre temporel des « années de formation» d'un jeune homme de qualité. S'il eut besoin de plus d'une expérience avant de parvenir à la sagesse, c'est toute une longue vie qu'il fallut, pour cela, au malheureux Da Ponte il ne connut la tranquillité et l'aisance que dans son extrême vieillesse. Il naît en plein milieu du XVIIIe siècle (1749). Voué d'abord à la prêtrise, puis exilé de Venise, il concourt, par son talent de dramaturge adroit et diligent, aux fastes de la cour du « despote éclairé », l'empereur Joseph II, dans ce milieu truffé d'Italiens de grand talent (poètes, peintres, compositeurs, instrumentistes, chanteurs et cantatrices, décorateurs de théâtres, etc.), au moment où la fête baroque bat son plein. Il traverse l'Europe en tous sens, de l'Autriche à la Prusse, de l'Italie à l'Angleterre, s'essaie à tous les métiers et meurt en Amérique, en 1838, âgé de quatre-vingt-neuf ans, au début de l'ère industrielle des États-Unis, après avoir exercé les pro- fessions les plus diverses. Da Ponte! Un pont, voilà ce qu'il est bien, ce diable d'homme, avec son obstination à vivre, à voyager, à inventer, un pont La Nouvelle Revue Française

entre deux siècles, le XVIIIe et le xixe, un pont entre deux mondes, l'Ancien et le Nouveau. Pendant cette longue période de l'Histoire qui est aussi une charnière entre deux conceptions de l'homme et de la société, il mène la plus folle existence d'aventurier. Écrivain, homme de théâtre certes (et des plus doués), habile à s'inspirer des auteurs à succès, comme Beaumarchais ou de la légende du Trompeur de Séville qui avait déjà fait couler tant d'encre et permis à Molière d'écrire un de ses grands chefs-d'œuvre, Da Ponte est aussi une sorte de séducteur, amoureux des femmes et du jeu. Il est lui-même, à la fois, un peu Figaro et un peu Don Juan, un charmeur ambigu, parfois inquiétant qui, en plus modeste, en plus prudent peut-être, n'est pas sans rappeler son compatriote Casanova (il le rencontrera plusieurs fois sur sa route), pas loin non plus de l'abbé Prévost et de son personnage Lescaut, le frère de Manon, qui court les tripots et va de dette en dette. C'est tout juste si Lamartine dans sa préface, ne fait pas de Da Ponte une sorte de scélérat. Je n'irai pas jusque-là, car je ne voudrais pas, pour rien au monde, ternir la renommée d'un homme à qui la musique si je puis dire par personne interposée doit tant et pour toujours. Je ne suis pas non plus assez documenté sur les mœurs bancaires de ce temps-là pour lui « reprocher» tel ou tel agissement (ou « agiotage »). C'est que Da Ponte se considère ingénument lui-même, en plus d'une occasion, comme la victime de sa propre générosité et de sa bonne foi. Cela porte à sourire, car les affaires où il s'embrouille et qui attirent contre lui des cabales furibondes, ces attaques-là se répètent de façon presque mécanique et selon un « scénario» identique. Elles lui valent d'être expulsé de telle ville ou de tel pays, au moment même où, paradoxalement, il vole de succès en succès. Que ce soit en Autriche, en Angleterre ou en Amérique, il commence par plaire et par gagner pas mal d'argent, mais cela tourne mal il y a toujours, au coin de la rue, un « prévôt» ou un « exempt» qui le guette, Un voyageur de l'Histoire

au nom des créanciers, pour le « saisir », à propos de je ne sais quelles traites imprudemment « endossées », puis « protestées »! D'après lui, tout se passe comme si ses talents et son esprit devaient lui attirer nécessairement la haine de ses rivaux et la persécution. Après tout, c'est peut-être vrai. Il se pourrait que sa supériorité, son intelligence, son amitié avec un musicien de génie, l'appui et la bienveillance de Joseph II, tout cela ait déplu à des lourdauds, voire à d'autres gens de talent mais aveuglés par la jalousie. C'est sans doute ce qui valut au malchanceux Da Ponte tant de déboires et tant de déceptions. Croyons-le sur parole, plai- gnons-le et suivons allègrement, quelles qu'en soient les causes, ses pérégrinations à travers le monde. Portons à son crédit les ressources inépuisables de sa cervelle inventive, cette chance prodigieuse d'avoir rencontré Mozart et d'avoir su travailler avec lui, sa faculté d'adaptation, son indomptable énergie. Il ne se laisse jamais abattre, toujours il repart du bon pied. Parmi ses mérites personnels, il convient de signaler aussi son attachement pour les siens. Au cours de cette vie mouve- mentée, alors qu'il côtoie le luxe des cours brillantes de l'Europe centrale, il n'est jamais assez grisé par le succès pour oublier sa famille du Veneto, où l'on est resté pauvre et même misé- rable. C'est, chez lui, un trait de caractère sympathique, à la fois bien italien et bien israélite. Lorsqu'il est dans la prospérité, il ne cesse (c'est lui qui le dit, mais pourquoi ne pas le croire?) d'envoyer des secours à ses parents, à son vieux père, à ses frères et à ses sœurs. Rien de plus touchant (voir Greuze et sa fameuse gravure de l'Enfant prodigue, destinée à faire pleurer les âmes sensibles) que son retour au pays, à Ceneda, après un de ses longs séjours à l'étranger. La fête que lui font les siens, par affection et par gratitude, on sent bien qu'il ne l'invente pas, car, avec modestie, il n'insiste pas. Il peint, il raconte, en toute simplicité. D'ailleurs, c'est un fait il n'insiste jamais. Son récit va bon train comme lui-même, à travers maints pays du globe. Sorte de juif errant en habit de velours, il ne s'arrête pas, il ne s'arrête jamais et l'on est stupéfait de le voir jusqu'à un âge La Nouvelle Revue Française avancé, tirer de nouveaux plans sur l'avenir, concevoir les projets les plus divers, étant devenu tour à tour libraire en Angleterre, professeur d'italien, cultivateur et meunier en Amérique. Qui sait s'il ne vit pas, maintenant encore, comme il se peut que circulent parmi nous, sous des traits méconnaissables, peut-être en blouson et en blue-jeans, Ahasvérus, Cagliostro ou le comte de Saint-Germain? C'est là, dans cette marge de l'histoire qui confine au fan- tastique, c'est là que se situe la pierre de touche de ce qui me passionne dans le personnage de Da Ponte. A travers son récit, je vois s'agiter toutes sortes d'ombres et toutes sortes de flammes qui font l'envers secret, profond, l'envers démoniaque de ce xviiie siècle encore trop souvent représenté sous son aspect facile, affreusement conventionnel. Déjà Charles Nodier après Cazotte, puis Nerval, prenant à son tour le relais, ont réussi à re-mythifier cette époque à facettes et nous ont habitués à ces « illuminés », à ces mages poudrés, à ces démons fascinants cachés sous les sofas. Da Ponte, comme mon cher E.T.A. Hoffmann dans ses Contes où la musique donne la main au merveilleux, comme le Diable amoureux (au féminin), comme (au masculin) le terrible tom- beur fardé du film de Fellini, flamboyant dans une Venise de carton aux vagues de satin, Da Ponte, lui aussi, sent un petit peu le soufre et superpose curieusement le picaresque et le fantasque, le comique et le terrible, le plaisir et la souffrance, l'artificiel et le surnaturel. Tant pis s'il prend l'apparence débonnaire d'un conteur ingénu. Sous la table du fameux Joueur d' échecs (auquel il fait allusion) se cache « quelque chose » qui n'est peut-être ni un enfant ni un automate, quelque chose qui ne nous rassure pas. Voilà où le tableau cesse d'être frivole et prend soudain une autre dimension. Ce n'est pas par hasard si, dans la période la plus glorieuse de son existence, il échoit à Da Ponte le redou- table honneur de bâtir pour Mozart deux canevas dont les sujets, l'un et l'autre, « font mouche» et frappent aux points sensibles de l'époque sur le valet de comédie qui annonce en riant la Révolution, sur le grand seigneur sceptique et téméraire Un voyageur de l'Histoire

qui défie son dieu et son destin. Ce n'est pas par hasard si la poigne du Commandeur nous saisit de sa main de marbre et veut nous entraîner, sur ses pas, dans les feux souterrains. Si le sublime complice d'Emanuele Conegliano n'avait pas été un initié, soucieux de ce qui se passe « derrière le décor », nous ne serions pas, nous-mêmes, encore aujourd'hui, terrifiés et ravis comme nous le sommes par les fameuses notes répétées du dernier acte de Don Juan, annonçant la venue du justicier, justicier qui est à la fois l'envoyé du Ciel et le messager des Enfers. Lamartine a raison quand il dit, admirablement, de Da Ponte, dans son avant-propos « C'est par un tel homme que Don Juan pouvait être écrit; par un aventurier, un amant, un poète inspiré du vin, de l'amour et de la gloire; entre les tentations de la débauche et le respect divin de l'innocence; homme sans scrupule, mais non sans terreur des vengeances du ciel, Da Ponte, à l'impé- nitence près, écrivait le drame de sa propre vie dans le drame de Don Juan.» J'ajouterai qu'il écrivait le drame de l'ambiguïté, ce drame qui nous concerne plus que jamais et qui déjà se préparait au Siècle des Lumières. Les Lumières, parce qu'elles étaient les lumières, enfantaient, autour de leur halo, de nouvelles ténèbres et Mozart, l'intercesseur, si peu d'années avant sa mort, flanqué d'un homme de la légende et d'un voyageur de l'histoire, nous ouvre, grâce à Da Ponte, le rideau du théâtre sur un des premiers grands « mystères» des temps modernes, où se ren- contrent le Bien et le Mal, la Fable et le Réel, le Hasard et la Fatalité.

JEAN TARDIEU « Vrai corps » de Pierre Jean Jouve

Au moment du recommencement de son œuvre poétique, en 1925, Pierre Jean Jouve cherche des « valeurs spirituelles de poésie ». Il reconnaîtra, bien plus tard, que la « vita nuova» qu'il souhaitait lui est restée inaccessible. L'opération du langage poétique avait pour fonction de préfigurer et d'induire, assez précairement, les mouvements de l'âme. Jouve n'a pas caché, dans En miroir (1954), qu'une partie de son travail poétique de l'époque des Mystérieuses Noces (1925) se laissait guider par de grands modèles, prenait appui sur des œuvres lues dont il se fai- sait le continuateur, ou qu'il se bornait à accueillir, au titre d'inter- prète, en faisant œuvre de traducteur. C'est ainsi que, dans les Nouvelles Noces de 1926, Jouve donne pour conclusion à son recueil la traduction du Cantique du Soleil de François d'Assise. Le poète laisse entendre qu'il s'efface afin que parle une voix plus pure que la sienne. Il veut se faire précéder. Alors que le cœur hésite, que le sentiment reste encore enténébré, la parole poétique va par-devant. Et peu importe qu'elle soit inventée ou emprun- tée. Fût-elle hésitante, elle s'avance dans une autre lumière

Je lisais François d'Assise dans le Speculum perfectionis; je tradui- sais le Cantique du Soleil, et plus tard Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila; un peu plus tard je m'approchai avec respect de Jean de la Croix, qui ne se peut traduire. Ces lectures me firent aspirer à des contacts essentiels. Avec une extrême timidité je désirai ressentir Chronique

serait bien caricatural, pourtant, de réduire la mise en scène à ce conflit de deux esthétiques. Car dans la voix d'Agavé par exemple (Claude Degliame), « mère coupableàson insu d'un infanticide conçu par le dieu, les accents de folie mal maîtrisée résolvent à leur manière le conflit « gavée ?, dit le texte, Agavé vient sur scène en Bacchante pour se ressaisir en femme; alors, il lui faudra quitter l'espace tragique. « Telle s'en est allée cette chose.» Fin de la tragédie que le chœur célèbre en un chant apaisé. Fin d'un tragique impur dont le regard « intrigué de Philippe Adrien a su éclairer l'étrangeté un peu monstrueuse, et dont, ce soir-là, la traduction simultanée en « langue des signes à l'intention du public sourdsoulignait encore le mystère.

ANOUCHKA VASAK

CARNET

Le texte de Jean-Paul Sartre est extrait d'un ensemble de fragments à paraître en octobre aux éditions Gallimard, sous le titre la Reine Albemarle ou Le dernier touriste.

Courrier À M. Régis B.-M., de La Châtre Vous nous avez demandé un certain nombre de renseignements concernant la collection Le Chemin publiée par les éditions Gallimard et dirigée par Georges Lambrichs. Nous pensons ne pouvoir mieux faire qu'en communiquant votre lettre à Georges Lambrichs lui-même. Mais, connaissant sa discrétion, qui prend parfois des formes exagérées, nous nous empressons de vous fournir quelques éléments, et sans outrepasser nos attributions puisqu'il s'agit de faits qui appartiennent désor- mais à l'histoire littéraire. Non, la collection Le Chemin n'a pas, comme vous le supposez, commencé avec l'excellent ouvrage de Christian Bobin, la Part manquante. Son premier volume a paru en 1959 et il s'agissait des Fils de Rois de Jacques Serguine. Oui, à quelques exceptions près (citons entre autres Michel Butor, , , André Pieyre de Mandiargues, Nathalie Sarraute, Jean Starobinski, Henri Thomas), la collection Le Chemin a publié et publie généralement des auteurs encore peu connus ou dont c'est le premier livre. Ainsi par exemple Philippe Beaussant, Jacques Borel, Frantz André Burguet, Patrick Cahuzac, Michel Chaillou, Michel Deguy, Pierre Guyotat, Ludovic Janvier, Jean Lahougue, Jean-Marie Laclavetine, Pascal Lainé, Roger Laporte, J.M.G. Le Clézio, Gérard Macé, Henri Meschonnic, Roger Munier, Pierre Pachet, Georges Perros, René Pons, Henri Raczymow, Jean Ristat, Jean Roudaut, Paul de Roux, Jean-Philippe Salabreuil, Jude Stéfan, Jean-Loup La Nouvelle Revue F~M~~

Trassard et beaucoup d'autres. Vous nous excuserez de ne pas les citer tous. Vous les trouverez d'ailleurs en consultant chez votre libraire le nouveau catalogue illustré que viennent de faire paraître les éditions Gallimard. En effet il a existé une revue intitulée Le.f C~ef.f du Chemin et qui, à raison de trois numéros par an, a paru de 1967 à 1977. En plus des auteurs déjà mentionnés, on a pu y lire des textes de Samuel Beckett, Yves Bonnefoy, Gérard Genette, Gérard Granel, Guillevic, Eugène Ionesco, Henri Michaux, Patrick Modiano, Octavio Paz, Georges Perec, Francis Ponge, Raymond Queneau, Pascal Quignard, Jacques Roubaud, René de Solier, etc.

Cet ouvrage a été composé et achevé d'imprimer le 17 juin 1991 par l'Imprimerie Floch à Mayenne (30684) Dépôt légal juillet 1991 Imprimé en France

N" de commission paritaire 59245 GÉRANT ROBERT GALLIMARD

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