Le Patrimoine de l’Argoat 22 (75 communes du sud-ouest des Côtes d’Armor)

Pays d’Argoat N° 17 Edmond Rébillé Présentation de l'Argoat des Côtes-d'Armor

Avant d'inviter le lecteur à prendre connaissance de cet ouvrage, il convient de préciser les limites de ce qu'on nomme aujourd'hui l'Argoat 22. Le second de ces termes implique que ce pays est tout entier compris dans le département des Côtes- d'Armor. Le premier, qui signifie en breton « Pays des bois », atteste que celui-ci se situe en terroir de langue bretonne et loin des côtes. Géographiquement, l'Argoat englobe les branches terminales des Monts d’Arrée, le bassin du canal de Nantes à Brest et les contreforts des Montagnes Noires. Historiquement il réunit la Haute Cornouaille, septentrion de l'évêché de Quimper, et la partie sud du Trégor, évêché de Tréguier. Administrativement, de nos jours, il comporte huit cantons : Belle-Isle-en-Terre, , , , , Maël-Carhaix, , Saint-Nicolas-du-Pelem, plus quatre communes sud du canton de , deux communes ouest du canton de Plouagat, quatre du canton de , deux du canton de Mûr-de-Bretagne. Au total 75 communes, soit l'intégralité du sud-ouest des Côtes- d'Armor, encadré au nord par la route Paris-Brest, à l'est par la route Guingamp- Pontivy, à l'ouest et au sud par les limites du département. Il est impossible dans le cadre de cet ouvrage de développer les descriptions de tous les pôles attractifs cités. Aussi bien le considérera-t-on comme un inventaire et, espérons-le, un vade-mecum. A l'issue de cette lecture nous sommes convaincus qu'autochtones et touristes conviendront que l'arrondissement de Guingamp est le plus riche des Côtes-d'Armor, enseignement que son sous-préfet n'a pas manqué de développer à la vue des trésors d'art exposés en 1991 au château de la Roche-Jagu. (Les sites et monuments seront énumérés d'ouest en est, et du nord au sud.)

Le patrimoine naturel

Le relief L'Argoat 22 comprend trois zones parallèles orientées est-ouest, de superficie décroissante, approximativement, et dans l'ordre, 70 %, 20 %, 10 %.

Les Monts d’Arrée au nord, avec pour points culminants : - : Menez-Bré, 302 m (panorama circulaire, table d'orientation), - Moustéru : Lan-Buhan, 304 m, - : Goariva, 314 m, - Loguivy-Plougras : Beffou, 322 m, - : Menez-Kerespers, 320 m, - Plourac'h : Menez-Kergus, 241 m (p.c.), - Carnoet : Mont-Saint-Gildas, 238 m (p.c.), - Saint-Servais : Mont-Saint-Michel, 272 m (p.c.), - Kergrist-Moëlou : Crec'h-Moëlou, 303 m.

Le bassin du canal de Nantes à Brest Large d'à peine 300 m à l'est de Bon-Repos près de Gouarec, il s'élargit progressivement de part et d'autre du canal pour atteindre 2 à 3 km à l'ouest, vers et Goariva, à la limite du Finistère. L'altitude décroît de 200 m à 130 m environ. La nationale 164 bis, Rennes-Brest, dont on espère qu'elle sera un jour aménagée en quatre-voies, suit les contreforts nord de ce bassin, en effectuant moins de détours que le canal.

Les Montagnes Noires au sud, en bordure du Morbihan, ont pour belvédères : - Tréogan : La Montagne, 304 m (panorama circulaire, table d'orientation), - Plévin : Bellevue, 298 m, - : Minez-Du, 307 m, - Rostrenen : Miniou, 262 m, - Perret : Lann-ar-Hours, 282 et 287 m, - Saint-Mayeux : Roc'h-ar-Lein : 316 m. Il est à noter que diverses administrations civiles ou militaires ont installé des antennes ou des pylônes sur les sommets de Goariva, Kerespers, Bellevue. C'est généralement après une averse, lorsque le soleil réapparaît, que les panoramas sont amples, dégagés, superbes. On pourra alors distinguer plusieurs dizaines de clochers et découvrir des sommets distants de plus de 50 km à vol d'oiseau (ainsi le Menez-Hom depuis Carnoët).

Géologie

Sans entrer dans les détails nous énumérerons ici les caractéristiques essentielles de l'Argoat22.

La contrée est avant tout granitique (massifs de Plouaret au nord, de , , Trémargat au centre et à l'est, de Plounévez-Quintin, Rostrenen, Plélauff au sud. Le fin granit de Plélauff (entre Guendole et Barach) est apprécié par les marbriers. Le granit de Trémargat est bleu. La contrée est schisteuse au sud et sud-est (Maël-Carhaix, Perret, Saint-Gelven). Le granit se présente sous forme de : - chaos de rochers : Corong (Saint-Servais), Toul-Goulic (Trémargat, ), - entassements : Maël-Pestivien (Chaire des Druides), Saint-Servais (Rocher de l'Ermite, etc.), Peumerit-Quintin (Menez-Lan), (Pont-an-Devet), Plouguernével (Kerroc'h), - blocs erratiques disséminés dans les champs et les bois de Bulat (Roche-du- Prêtre, etc.), (énorme rocher de Cosquer-Jéhan dans un bois), Lanrivain (Menez-Plat), Saint-Nicolas (Beaucours ; Faoudel), Trémargat, - d'énormes rochers quartzeux, affleurements ou filons, se voient à Plourac'h (Kergus), (Keranquéré), La Chapelle-Neuve (Garlouët), Plounérin (Roche de Kirio). A Plougonver et , la pierre a souvent servi dans la construction des maisons. Du fait qu'elle est riche en silice le houx pousse alentour.

Le schiste ardoisier est encore exploité à Plévin et Maël-Carhaix (Moulin de la Lande) où existent à 200 m de profondeur des salles plus vastes que Notre-Dame-de- Paris. Plusieurs gisements ou carrières de Sainte-Tréphine (Nothéret), Laniscat (Bonnet-Rouge), Gouarec, Caurel, Mûr-de-Bretagne ont cessé toute activité.

Des carrières d'empierrement fort importantes sont exploitées à (Moulin- de-la-Roche), Saint-Adrien (Sullé), Canihuel (Baudry), Plévin (la Montagne). Plus modestes sont les carrières de Loc-Envel, Tréglamus (Ruberzot), Plounévez- Quintin, Trémargat, Saint-Gelven. D'autres ont dû fermer (Saint-Servais).

Des mines furent exploitées dans le passé, surtout aux XVIII e et XIX e siècles : - Belle-Isle-en-Terre, Coat-an-Noz : fer. Des forges y fonctionnèrent au prix de nombreuses difficultés de 1773 à 1780, - Loguivy-Plougras, Gouëlou : fer, - Carnoet et : plomb argentifère. L'arsenic qui servit à la Brinvilliers pour empoisonner ses proches serait extrait du mispickel de Kerthomas, - Plélauff: plomb (galène) et zinc exploités à l'époque de Charlemagne, - Lescouët-Gouarec, - Perret, les Salles. Les hauts-fourneaux installés en 1556 fonctionnèrent jusqu'en 1874. Au village des Forges subsistent les vestiges du village sidérurgique avec château des maîtres de forges, logis alignés des ouvriers, ateliers, chapelle, école, jardin en terrasse (ou thabor).

Les prospections contemporaines ont confirmé ou découvert la présence dans notre sol d'éléments intéressants, tant sur le plan économique que scientifique : - andalousite, dite « guerphalite », à Glomel (Guerphalès), second producteur mondial, - feldspath (orthose) à Plélauff (Kerbrien, Croas-Nivit), - fer à Saint-Ygeaux, Saint-Gelven (les Salles : pyrite) - kaolin à Rostrenen (Pempouldenvel), - plomb argentifère à , Plouguernével (Plussanhouarn), Plélauff où un puits de 136 m fut creusé en 1961 au Rhun, - titane à Plélauff (Cosquer Bulo), - uranium à Plougras, Loguivy-Plougras (Kereveo), Saint-Gilles-Pligeaux, Mellionnec, Glomel où la population s'est opposée à toute exploitation, - wolfram (tungstène) à Belle-Isle-en-Terre (Coat-an-Noz), Plougonver, Duault, ,

Parmi les curiosités citons la présence de : - améthyste à Plounévez-Moëdec, où des joailliers parisiens se seraient approvisionnés au XIX e siècle, Loguivy-Plougras (Lisdu), Kerien, Saint-Gilles-Pligeaux, - chiastolites ou pierres à mâcles sur les rives de l'étang des Salles en Perret. Les Rohan en ont tiré leurs armoiries, - grenats (silicates doubles de différents métaux), à Perret et Saint-Gelven, - or à Plougras (Keradennec), Locarn (Boissière) et dans le , près de Bon-Repos. Des érudits locaux pensent que de nombreuses pierres à bassins, apparemment surcreusées, ont servi à la recherche de cet or. Selon les archéologues officiels ces bassins seraient dus à l'érosion. Un orpailleur confirmé peut, à la battée, recueillir... 30 grammes d'or par an en Argoat.

Des expositions géologiques se tiennent chaque été à l'Abbaye de Bon-Repos et au tout proche Moulin de Bothoa (route de Laniscat).

Les rivières, vallées et gorges

Du fait de son relief, l'Argoat 22 est le véritable château d'eau de la Bretagne et l'on y rencontre nombre de rivières :

Coulant vers le nord : - Le Léguer, né à Bourbriac, près de Pen-Léguer, mais d'abord nommé Guer. A Belle-Isle-en-Terre il est rejoint par le Guic, né à Plounérin, renforcé du Saint- Émilion venu de Plougras et du Lan Scalon de la Chapelle-Neuve, - Le Jaudy, né à Louargat, - Le Guindy, né à Louargat, - Le , né à , renforcé du Toul-an-Dour, du Sullé et du Bois-de-la- Roche, prenant leurs sources à l'ouest-sud-ouest de Bourbriac.

Coulant vers le sud : - L'Aulne, née à Pen-Naon en Lohuec, rejointe au Moulin-des-Prés par le ruisseau de Plourac'h, - L'Hyères, née au nord de Callac, renforcée du Dourdu, du Corong, du Kersault (rive gauche) et de trois ruisseaux plus minces, dont le Guervilly (rive droite), - Le Blavet, né au sud-ouest de Bourbriac, près de Pen-Léguer ; renforcé, rive gauche, du Sulon, du Corlay et, rive droite, du Bellechasse et du Doré, venant du nord de Rostrenen.

Coulant vers l'ouest: - Le canal de Nantes à Brest depuis le barrage et le lac de Guerlédan jusqu'à Goariva, au sud du Moustoir. Il est rejoint par le Daoulas près de Bon-Repos, le Crennard près de Plélauff, le Blavet à Gouarec, le Corong près de Glomel.

Les vallées : Les plus harmonieuses sont celles de : - L'Aulne, du Moulin-des-Prés en Plourac'h à Pont-Troël en Carnoët, - Le Dourdu, de Pen-Nec'h en Bulat à Tro-Nangle en Saint-Servais, - Le Faoudel, près de Saint-Nicolas-du-Pélem, - Le Guic, entre Loc-Envel et Belle-Isle-en-Terre, - L'Hyère, de Callac à Carhaix, - Le Trieux, entre l'Étang-Neuf et Guingamp.

Les gorges : Les plus étroites, les plus profondes sont celles de : - Corong, en Saint-Servais, - Toul-Goulic, en Lanrivain-Trémargat (Blavet), - Bonnet-Rouge, près de Gouarec (affluent du Blavet), - Daoulas, entre Laniscat et Bon-Repos, - Blavet canalisé, entre Bon-Repos et Roc-Trégnanton, - Quénécan, sous le Saut-du-Chevreuil, entre les étangs du Fourneau et des Salles en Saint-Gelven-Perret.

Étangs et lacs

Naturels ou récemment aménagés, ils bénéficient pour la plupart d'un cadre superbe. D'ouest en est, du nord au sud, citons : - Plounérin : Moulin-Neuf, - Plougras : Beffou - Loguivy-Plougras : nouvel étang de la forêt de Beffou, - Callac : Verte-Vallée, - Bulat : Bodélio, - Plusquellec : Kerthomas, - Bourbriac : les Forges à l'emplacement du vieil étang de Tournemine connu dès le XV e siècle, - Kerien : Saint-Norgant (Blavet), - Lanrivain, Peumerit-Quintin, Trémargat : lac de Kerne-Uhel, long de plusieurs kilomètres, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Beaucours, - Canihuel : Pellinec, - Saint-Connan : Étang-Neuf (Trieux) et bourg, - Maël-Carhaix : Étang des Sources, - Glomel : quatre étangs principaux (Mezouët, Coroncq, Crazius, Botcanou), - Rostrenen-Bonen : Pont-Even, - Mellionnec : Trégarantec, - Saint-Gelven : les Forges, le Fourneau, - Perret : les Salles, - Caurel et Mûr-de-Bretagne : immense et splendide lac de Guerlédan, - Corlay : Château.

Landes et tourbières (sites, faune et flore)

Sites Leur superficie totale est peu importante. Elles sont disséminées, mais pleines d'intérêt pour les naturalistes. Citons : - Plounérin : Moulin-Neuf (tourbière), Saint-Jaunay (lande et tourbière), - Louargat : Lande Supplice au Menez-Hoguéné (lande), Gouern Hervé (lande), - Loc-Envel : route de Plougonver (lande), - Loguivy-Plougras : Beffou, Pen-ar-Yun (lande et tourbière), - Plougras : Ty-Gwen (lande et tourbière), - Chapelle-Neuve : Lan-Riou (tourbière), - Plourac'h : Guerlosquet (tourbière), Rhun (lande et tourbière), - Bourbriac : Coat-Liou (tourbière), - Plusquellec : Kerthomas (tourbière), - Saint-Servais : Mont-Saint-Michel (lande), Kerparquic (lande et tourbière), - Peumerit-Quintin : Loch (tourbière), - Saint-Nicodème : Nonnénou (lande et tourbière), Ty-Glas (tourbière), - Locarn : Guellec (lande), Ty-Hénaff (lande), - Tréogan : Kervern (lande et tourbière), Gouloudic (tourbière), Kernon (tourbière), - Plévin : Poulloudou (lande et tourbière), - : Kerlescouarn (tourbière), Kerloguennic (tourbière), - Lescouët-Gouarec : Kerdroukhanvet, - Glomel : Minez-Du (tourbière de pente), Trégornan (tourbière), Clesseven (lande et tourbière), Saint-Nouay (tourbière), - Mellionnec : Rosquerriec (tourbière), Stang Prat-ar-Mel (tourbière), Trougaracat (tourbière), - Laniscat : Liscuis (lande et tourbière).

Durant la guerre 14-18 des tourbières furent exploitées à Callac, Loguivy- Plougras, Plounérin, Plougonver pour servir au chauffage. Quant aux landes, elles ser- vaient à alimenter le bétail à l'époque - éteinte depuis trente ans - où on le nourrissait d'ajoncs broyés. Faune Les landes, et particulièrement celles de Locarn, constituent le principal terrain d'observation des naturalistes. On y rencontre : - des rapaces toute l'année, certains faisant étape entre la Scandinavie et l'Afrique : busard Saint-Martin, busard cendré, buse, faucon crécerelle et émerillon, épervier d'Europe, hibou moyen-duc et des marais, effraie, chevêche ; exceptionnellement milan royal, - des oiseaux indigènes nichant à terre : engoulevent, fauvette pitchou, pipit, alouette, vanneau huppé, canard colvert, bécassine des marais, bruand des roseaux, courlis cendré (une dizaine de couples qui trillent fin mars). Des freux, variété de grands corbeaux, nichent à la Chaire des Druides, Maël-Pestivien, - des insectes : libellules, araignées, fourmis, sauterelles, - des batraciens dans les mares : tritons, crapauds (accoucheur, commun, calamité), grenouilles (verte, rousse, agile), - des reptiles : vipère péliade, couleuvre à collier et coronelle lisse, lézard vivipare, - des mustélidés et mammifères : martre, fouine, putois, renard, blaireau, mulot des champs, rat des moissons, rat musqué, vison, loutre d'Europe, qui ne vit que dans les eaux propres et auxquelles les spécialistes veulent réserver des « havres de paix ».

Flore Au hasard des promenades dans les landes humides et les tourbières, le botaniste amateur aura plaisir à rechercher et découvrir des plantes et fleurs parfois rares et protégées : - la sphaigne, mousse dont la tige peut retenir 40 fois son poids d'eau, - le carex en touradon, - la linaigrette à ombelles, ressemblant à des houppettes cotonneuses (mai), - les droseras carnivores ou rossolis (deux variétés protégées) et la grassette du Portugal, qui captent les moucherons ; elles poussent dans les tourbières humides, - l'orchidée des landes (orchis maculée, protégée), - la gentiane pneumonanthe, - l'ancolie, la petite centaurée (protégée), la molinie bleue, - les fougères rares : osmonde royale, hyménophyllium de Tonbridge et de Wilson (protégée), n'atteignant pas 10 centimètres, qui poussent sur les chaos granitiques (Corong, Toul-Goulic), - les divers ajoncs (de Le Gall, d'Europe, nain), - les quatre variétés de bruyères : cendrée, ciliée, à quatre angles, callune, - le genêt épineux des Anglais, - la digitale, l'iris jaune, le millepertuis aquatique, la narthicie des marais, - et bien sûr les joncs, roseaux, massettes, prêles, renoncules, renouées, nénuphars, - des arbustes épineux.

Forêts et bois

Si la contrée se nomme Argoat, c'est bien parce qu'elle est le pays des bois. Les arbres demeurent nombreux sur les talus, là où n'a pas été pratiqué, de 1960 à 1970, un arasement excessif (les agronomes prirent plus tard conscience des dangers du remembrement). Il existe surtout nombre de forêts et bois, où l'on aura plaisir à se promener et, selon la saison, à chercher des champignons, des myrtilles, à cueillir ou admirer jonquilles, jacinthes, arums, ancolies, etc. Citons donc ces forêts et bois : - Loguivy-Plougras : forêt de Beffou (hêtres, ifs), - Belle-Isle-en-Terre, Gurunhuel : forêts de Coat-an-Hay et Coat-an-Noz (hêtres, chênes, buis), - Saint-Servais : forêt de Porthuault ou Duault, - Callac : Maroux, - : Bois-de-la-Roche, - Bourbriac : Coat-Liou, Crec'h-Can, - Saint-Adrien : Kerauffret, - Saint-Péver : Avaugour, - Saint-Fiacre : Bois-Meur, - Kerpert : Coatmalouen, - Kergrist-Moëlou : Follezou, Kergrist, des Salles, de Bellechasse, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Faoudel, Beaucours, - Canihuel : Bois-Berthelot, Pellinec, - : Brunot, - Rostrenen : Kerbescont, - Gouarec : Bois de Gouarec, - Saint-Gelven-Perret : Bois de l'Abbaye, de Fao, de Mérousse (la forêt de Quénécan se trouve en Morbihan).

Il est à noter que la plupart des exploitants réagissent contre l'excès de plantations de sapins, en vogue voici quelques décennies.

Précisons certaines particularités : le buis était la plante ornementale des Romains. Les noms français Boissière, breton Veuzit, témoignent d'une implantation romaine (Coat-an-Noz), - le houx pousse là où la terre est siliceuse (filons de quartz de Plougonver- Gurunhuel), - l'if, plante sacrée à l'époque des druides fut utilisé par les seigneurs pour la fabrication des arcs. Réputé abortif, il fut mal considéré par le clergé. Néanmoins des ifs centenaires entourent les églises de Kergrist-Moëlou, Perret, Sainte-Christine-Glomel. Ils poussent en nombre à Beffou. A Pédordel en Moustéru une ivreraie de 120 ifs datant de plusieurs siècles dessine le plan d'une église, - le chêne peut parfois atteindre un diamètre considérable (Tronjoly en Bulat), - le bouleau est abondant dans la région de Caurel, - le rhododendron est présent près du château de Coat-an-Noz, - les pins maritimes se dressent un peu partout en Argoat, souvent solitaires (Tro-Nangle en Saint-Servais, Kerpert, etc.).

Une faune parfois intimidante fréquente certaines forêts : chevreuils, sangliers, renards, blaireaux, putois, belettes, visons, écureuils, hermines, lapins, lièvres.

Le climat

Le climat de l’Argoat est de type océanique quelque peu modifié par l'altitude relative, les caprices du relief et l'éloignement de la mer. D'avril à octobre, la tempé- rature est constamment douce. Les chaleurs accablantes sont exceptionnelles. Les moyennes de juillet-août varient de 16 à 18°. Du printemps à l'automne les pluies sont rares et consistent surtout en averses passagères. Le degré d'humidité est plus stable que sur le littoral. Juin est le mois le moins pluvieux. Avec les altitudes croissantes l'été est de plus en plus sec. Les vents, noroît et suroît, apportent de la mer un air iodé, filtré et adouci au passage des forêts. L'air y est donc moins vif que sur les côtes. Un tel climat est à la fois dynamisant et apaisant. L'Argoat apporte aux touristes silence, calme et détente. Depuis quelques années, on note une légère élévation de la température et surtout une accentuation de la sécheresse estivale, ainsi de 1987 à 1991, après 1976,1906... et 1785. Les hivers sont moins rigoureux que jadis (particulièrement 1709 et 1788) et le pays connaît souvent plusieurs hivers consécutifs sans neige. Contrairement à ce qu'ont pu écrire Corbière, Renan, Le Braz, Le Goffic, Botrel et Jacques Prévert, il ne pleut pas sans cesse sur la Bretagne et le ciel n'y est pas tou- jours gris. Cependant, la pluie tombe parfois en abondance et des villes bretonnes comme Morlaix, Quimperlé, Pont-Aven sont alors inondées. Ce qui n'est pas le cas, du fait de leur altitude, des communes de l’Argoat, à l'exception parfois de Gouarec et de Sainte-Croix en Guingamp. Des ouragans touchent parfois la contrée. Ainsi en 1929, 1948 et surtout en 1987 où le cyclone du 15 octobre, soufflant à 200 km/h, a dévasté les forêts de Beffou (destruction à 60%), Coat an Noz, Bois-Meur en Saint-Fiacre, Avaugour en Saint- Péver, Coat-Liou en Bourbriac, Quénécan au sud de Gouarec. Nombre de bâtiments agricoles furent détruits. De telles catastrophes sont heureusement exceptionnelles, mais il faut des années pour en effacer les traces.

Le patrimoine économique

Le patrimoine économique de l'Argoat 22 est avant tout agricole.

L'agriculture

Elle connaît ici les pires difficultés et le nombre d'exploitations ne cesse de décroître, aboutissant à la désertification des campagnes et à l'apparition de terres en friches. Le remembrement, houleux dans certaines communes (Plourac'h, Trébrivan, Plounévez-Moëdec, etc.) n'a pas trop lésé le bocage. Des chemins creux subsistent un peu partout (Bodélio en Bulat, Plélauff, Trémargat, etc.). Aux cultures traditionnelles s'est ajoutée depuis 1960 celle du maïs. Nombre de cultivateurs mettent un point d'honneur à renouer avec la culture du blé noir (Duault, Trémargat, etc.). Mentionnons pépiniéristes et horticulteurs (Plounévez-Moëdec, Kerien, Pont- Melvez, Saint-Servais, Trébrivan, Glomel, , Perret, Plévin, etc.).

L'élevage

Traditionnel, il connaît ici les pires déboires. Celui des bovins du fait des quotas laitiers et de l'effondrement des cours. Celui des chevaux du fait de la mécanisation. Cependant d'importants haras subsistent à Callac. Les porcheries n'ont pas connu en Argoat - et on ne saurait le déplorer sur le plan de l'environnement et de la qualité de l'eau - l'essor fantastique constaté en pays gallo. L'aviculture (poulets, dindes, etc.), malgré les fluctuations des cours, demeure importante dans la région de Plésidy-Senven-Lehart. Le mouton connaît une expansion appréciable (Kerpert, Glo- mel, etc.). Des élevages originaux ont été créés un peu partout : chèvres angoras (Kerien, Mellionnec), ânes (Saint-Servais), lapins (Saint-Nicodème), truites (, Plourac'h, Loc-Envel, Pont-Melvez, Perret, etc.), abeilles (Saint-Servais). Callac et ses environs sont depuis le début du siècle le fief de l'élevage des épagneuls bretons.

Le commerce

Il est relativement florissant dans certains chefs-lieux de cantons. Depuis plusieurs siècles se perpétuent les marchés de Rostrenen (mardi), Callac (mercredi), Guingamp (samedi) auxquels s'ajoutent annuellement les grandes foires de Bulat (chevaux en septembre), Rostrenen (Bot, etc.), Kerien (chevaux en octobre). Malgré des tentatives de restauration les grandes foires du Menez-Bré ont périclité. L'artisanat

Il demeure intéressant sur des plans divers :

Métiers manuels ancestraux . Signalons : - ébénistes : , Louargat, Grâces, Callac, Carnoët, Rostrenen, - tannerie : Callac (d'anciennes tanneries ont fermé leurs portes à Guingamp, Trébrivan [Lochrist]), - vannerie : Plourac'h, - fabricant de laine Mohair : Kerien, Mellionnec, - cordier : Plésidy, - sabotier : Belle-Isle-en-Terre, Bourbriac, Callac, Kerien, Saint-Servais, - forgeron : Plougras, Kerien, Treffrin, - tailleur de granit : Bourbriac, Callac, Plélauff, - matelassier : Kerien, - potier : Trémargat, - taxidermiste : Pont-Melvez, - luthier : Plougonver, - fabricant de harpes : Plouisy. Depuis le début ou la moitié du XX e siècle ont disparu : - les charbonniers des forêts (Coat-an-Noz, Porthuault). Des traces de charbonneries se voient en Locarn, près des gorges du Corong, - les verriers installés en bordure des forêts (Locquével en Locarn, Kerjean en Paule), - les ciriers, tel celui de Plougonver.

Métiers de « bouche » - minoteries : Gouarec, Plounévez-Quintin, Ploumagoar, Plusquellec, Mûr-de-Bretagne, - biscuiteries : Plougonver, Belle-Isle-en-Terre, Plounévez-Quintin, Pabu, Saint- Agathon, - fromagers : Saint-Nicodème, Trémargat, Plouguernével, Plusquellec, Bourbriac, Plougonver, - boulangers à l'ancienne : Chapelle-Neuve, Kergrist-Moëlou, Maël-Pestivien, - foie gras : Kergrist-Moëlou, Pabu, - cidre bouché : Kernilien-Plouisy.

L'industrie

Elle ne fut jamais importante en Argoat. Ont fermé : les fonderies et forges des Salles et de Coat-an-Noz, les papeteries de Belle-Isle-en-Terre, les tissages de Laniscat. Parmi les usines qui subsistent, citons : - alimentation du bétail : Carnoët, Grâces, Louargat, Guingamp, - abattoirs : Grâces, Guingamp, Rostrenen, Callac, Maël-Carhaix, Plevin, Saint- Nicolas, - conserveries : Callac, Ploumagoar, Guingamp, - PME : matériel agricole, garages, transports, exploitations de carrières, imprimeries dans quelques-unes des cités principales. Une usine de jouets est installée à Loguivy-Plougras.

Les transports

L'Argoat 22 possède un réseau routier très satisfaisant et qui sera encore meilleur quand la nationale 164 bis par Gouarec, Rostrenen, Carhaix sera mise à quatre voies (elle suit le tracé de l'ancienne route royale). La voie ferrée Guingamp-Carhaix par Pont-Melvez, Callac, Carnoët, Locarn, outre son intérêt économique (transports agro-alimentaires), permet aux utilisateurs de découvrir un splendide parcours au long des rives du ruisseau du Bois-de-la-Roche et de la rivière Hyère. Mais les petits trains Guingamp- Saint-Nicolas-du-Pélem et Mûr-de-Bretagne - Carhaix ont disparu. La contrée ne possède évidemment aucun aéroport.

La pêche

Comme partout, mais moins que dans les régions côtières où les vallées sont très encaissées, les rivières de l'Argoat souffrent des conséquences du dépeuplement rural. Certains fonds de vallées ne sont plus exploités, ni broutés ni drainés. Sur ces terres en friches pousse une végétation exubérante (épineux, ajoncs, genêts, etc.) qui empêche l'accès aux cours d'eau. Ceux-ci sont par ailleurs souvent encombrés de branchages et troncs d'arbres. Les tableaux de pêche à la truite sont hélas nettement moins bons que jadis, alors que les rivières courantes, à socle imperméable, bien oxygénées, demeurent propres, du fait de la rareté des porcheries et présentent un taux de nitrates bas. Le canal n'est pas partout entretenu. Les étangs, dont plusieurs sont du domaine public (Blavel, Étang Neuf, Glomel, cartes d'associations nécessaires) procurent plus de satisfactions. On y prendra des brochets énormes, des sandres, des perches et tous les poissons blancs. L'économie de l'Argoat 22 est donc fortement déficitaire. Il reste à espérer que les opérations OID, Oparca, Bretagne-Avenir, Morgane, etc., amélioreront cette situation dramatique. Le tourisme est une des chances de l'Argoat, s'il se donne enfin les moyens de faire de la promotion intelligente et exhaustive. L'animation d'été et l'équipement standard ne suffisent pas. Il faut mettre en valeur la richesse et l'originalité de toutes les formes de culture du pays.

Le patrimoine archéologique

L'Argoat 22 est extrêmement riche sur le plan archéologique. La contrée a été habitée il y a six mille ans, probablement parce que le gibier y était abondant.

Néolithique (- 7500 à - 3000)

A cette époque, s'organisèrent les communautés rurales dont on a connaissance par:

Les carrières de dolérite de Quelfennec, près de Sélédin en . Sur un pla- teau élevé émergent des affleurements de cette roche volcanique, desquels ont été tirés, entre -3800 et -2500, environ cinq millions de haches taillées, à surface piquetée, polies au sable et à l'eau, dont on a retrouvé des exemplaires en Norman- die, dans les vallées de la Loire et du Danube, dans le sud de l'Angleterre, etc. Ces haches servaient à défricher ; des reconstitutions modernes ont permis d'abattre un arbre en vingt et une minutes. On retrouve à Quelfennec les vestiges d'exploitations : charbon de bois, établis, percuteurs, ébauches de haches, haches cassées. Les routes alentour ont été pavées avec des restes de ces pierres taillées, qui ont aussi servi à renforcer les talus. Malgré l'absence de signalisation le site peut aisément être visité.

Les découvertes d'outils de silex, importées de Touraine (le Grand-Pressigny). On a ainsi retrouvé à : - Bourbriac (Coat-Forn) : des fusaïoles, - Plélauff : un poignard réutilisé comme grattoir ; quatre haches polies, - Saint-Nicolas-du-Pélem : des pointes de flèches tranchantes à ailerons et armatures « luxueuses »; une perle en pâte de verre, etc. sur le plateau de Bothoa.

Les vestiges de camps néolithiques à Trémargat, Fortau : grand éperon barré remanié au bronze final et âge de fer. De cette époque datent probablement les camps remaniés de : - Plourac'h : Kergus, Bourgerel, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Pellinec, Kerhuel, - Callac : Restélou, - Calanhel : la Roche.

Les mégalithes du Néolithique final • Les menhirs. - Élevés aux alentours de -3500, les grands menhirs personnifient des divinités et sont plantés sur des lieux de culte. Les plus beaux se trouvent à : - Bourbriac : Menez-Krec'h-an-Arc'han (Montagne d'Argent), 5,06 m, - Canihuel, Goresto : 5,93 m, - Glomel, Parc Menhir : 8,70 m, deuxième menhir breton, - Kerien, Kerlégan (2), Cosquer-Jéhan, - Lescouët-Gouarec, Quenouille du Diable (difficile à trouver), - Louargat, Pergat : 7,70 m, - Peumerit-Quintin, Rocleu, - Plésidy, Caëlouan : 7,20 m, - Saint-Gilles-Pligeaux, Kergornec : 2 dont l'un de 8,15 m, - Saint-Nicolas, Rossil, - Saint-Servais, Dent et Convenant Picaigne.

D'autres menhirs plus modestes pourront être vus à Canihuel (Bodquélen), Glomel, Kerpert (Keranquéré, christianisé), Lanrivain (Leur Min, Kerbalanou), Locarn (Guellec), Maël-Pestivien (Min Sul), Mellionnec, Plougras, Plouguernével, Plourac'h (Toul-Hoat), Saint-Connan (Coldabry), Saint-Mayeux, Tréglamus, Trémargat, etc. Ont disparu : cinq menhirs de Convenant Bercot en Plusquellec, un menhir christianisé à Senven-Léhart et d'autres.

• Les tombes mégalithiques ou dolmens. - De dimensions plus réduites que les allées couvertes, ils datent approximativement de -3500. Citons : - Bourbriac, Kerivoa : un dolmen non loin duquel on découvrit trois lunules en or, un torque à palette, un fragment de diadème (musée de Saint-Germain-en-Laye), - Bourbriac, Coat-Huellan : une tombe en coffre, - Kerpert, Keranquéré, - Maël-Pestivien, Kerrolland.

• Les allées couvertes. - Sépultures collectives elles furent édifiées vers -2300. On en verra à : - Duault, Toul-an-Urs : 15 m, - Laniscat, Liscuis : trois allées couvertes à dallages de schiste soignés, l'une de 15 m, - Loguivy-Plougras, Brohet, - Lohuec, Kernescop, - Mûr-de-Bretagne, Coët-Correc, - Saint-Connan, Parc-Kerdic, - Saint-Mayeux, Roc'h-ar-Lein. • Les passerelles. - Des ponts primitifs de pierre peuvent être vus à : - Kerien, Saint-Norgan : Pont-Roudour-ar-Guezec, sur le Blavet, - Trémargat, Porsporet : six dalles sur le Blavet, - Peumerit-Quintin, Plounévez-Quintin.

L'âge du bronze (- 1800) A défaut de grands cairns du modèle de Barnenez en Plouézoch, Larcuste en Colpo, du Petit-Mont en Arzon, l’Argoat possède :

Des tumulus Leur nombre est exceptionnel, en particulier aux alentours du haut Blavet. Ils recouvrent des allées couvertes ou des dolmens, et ont servi de sépultures. Les tumulus du bronze ancien contiennent armes, pointes de flèches, silex. Ceux du bronze moyen de la poterie funéraire et des poignards de bronze. Tous ces tumulus ne sont pas parfaitement identifiables, du fait des cultures et des talus. Les plus remarquables se trouvent à : - Bourbriac, Tannouédou : Tumulus princier fouillé en 1865, - Bourbriac, Saint-Jude : plus pauvre, mais contenant une maison funéraire en bois dont le Grand Palais a présenté une maquette, - Callac, Saint-Trefin, -Carnoët, Trélan:3, - Duault, Corvez, - Plusquellec, Cosquer-l'Hostis ; Kercourtois, - Saint-Adrien, Brun Bras : il recelait la tombe d'un petit chef. Fouillé en 1974, il a livré le plus ancien gobelet en argent trouvé en , une épée, une hache de bronze, vingt pointes de flèches en silex, des clous en or, un linceul de cuir, des fragments d'un cercueil de chêne reposant sur une structure en bois. D'autres tumulus existent à Bourbriac (Kerleign, Logoray, Nenejou), Bulat (Kerjullou), Coadout, Glomel, Kerien (3), Kerpert (Succagnou), Locarn, Louargat (Hoguené), Paule, Plésidy, Plévin, Plougonver, Plouguernével, Plounévez- Quintin, Ploumagoar, Plourac'h, Saint-Fiacre, Saint-Gilles-Pligeaux, Saint-Nicodème, Saint-Péver, Sainte-Tréphine, Treffrin. Une trentaine de communes sur 75 possèdent donc au moins un tumulus.

Autres découvertes datant de l'âge du bronze De superbes trophées ont été découverts dans divers sites : - Bourbriac, Restancornou : bracelets, (1862), Garnel, haches à douilles, - Duault : épées à encoches, marteau à douille, pointes de lances britanniques, - Maël-Pestivien, Guern-an-Floch : anneau-disque en or, galette de cuivre pur, en 1876 dans une tourbière (musée de Saint-Germain-en-Laye), - Kerien : poignards en bronze, gobelet, tesson graphité, - Plourac'h : bracelets de bonze, - Saint-Nicolas-du-Pélem : tessons de poteries campaniformes, - Trieux et Léguer : lors de dragages, épées de - 1500.

Certains de ces objets se trouvent au dépôt de fouilles de Guingamp, dont on espère la transformation en musée. D'autres, tels ceux de Tannouédou en Bourbriac, offerts au XIX e siècle à des personnalités, semblent avoir disparu.

L'âge du fer (- 600)

C'est l'époque de la colonisation de l'Europe par les Celles. Les Gaulois armoricains ont laissé des traces intéressantes des débuts de l'économie domestique et des nombreux échanges avec les autres régions gauloises. Cependant le fer est souvent réduit à l'état de rouille ou de simples traces. De cette époque, datent :

Les souterrains armoricains (- 200) Constitués d'un puits d'accès, d'une chatière et de salles souterraines reliées par des boyaux, ils servaient d'entrepôts de provisions. Condamnés par les habitants eux-mêmes, ils recèlent des détritus intéressants. On en trouve beaucoup dans le Trégor ; ils s'effondrent au passage d'engins agricoles. Après examen ils sont aussitôt rebouchés. Il serait intéressant d'en conserver au moins un afin que le public puisse s'en faire une idée. Des découvertes ont été faites à : - Kerien, Paou, - Louargat, Runanbic, - Plounévez-Moëdec ; Vallée du Guic, Coat-an-Picard, Kergrech, -Plussulien, Kervignac, - Pont-Melvez, Villeneuve, Ty-Nevez-Mouric, - Tréglamus, Ruzerbot. A la fin de l'âge du fer les souterrains furent remplacés par des silos.

Les stèles gauloises et armoricaines Érigées aux I er et II e siècles ap. J.-C., elles ressemblent à des menhirs bas, marquant généralement un site funéraire. On peut en voir à : - Louargat : Saint-Michel (hémisphérique), Crec'h-Even, - Maël-Pestivien : Roc'h-Toul, - Perret, près de l'église, - Plélauff : trois (deux à la Croix, un vers le Moustoir), - Plouguernével - Saint-Jean ; Kerleau, - Ploumagoar : bois de Locmaria, - Saint-Agathon : cinq stèles au Boulbin, une à Run-Potin et Saint-Maudez, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Ruellou, - Saint-Péver : Restudo, - Sainte-Tréphine : plusieurs stèles dans le cimetière et le tombeau de Saint-Tremeur, - Senven-Léhart : stèle phallique près de la chapelle Saint-Tugdual.

Des objets divers - Saint-Connan : lingots de fer, 50 lingots datant de - 300 (musée de Saint-Brieuc), - Peumerit-Quintin : statuette celtique, dépôt de Guingamp, - Bourbriac, Roscaradec : traces d'habitat

Des vestiges d'exploitation de mines de fer - Gouarec, la Chapelle-Neuve, Lohuec, Plélauff.

L'époque gallo-romaine La toponymie rappelle l'occupation romaine. De maceria viennent et Ploumagoar. De pomaritum, Pont-Melvez, Peumerit. Le mot boissière (en breton veuzit) signifie la présence de buis, plante ornementale des Romains. Les principaux vestiges gallo-romains subsistant sont : Des vestiges de camps et sites fortifiés, avec substructions et tuiles à : - Carnoët : Saint-Gildas, - Duault : Kerfichant, - Glomel : bois de Glomel, - Gurunhuel : Kergoniant, - Kergrist-Moëlou : Crec'h-Moëlou, - Lescouët-Gouarec : Kergulech, - Moustéru : Coat-ar-Bras, - Paule: Saint-Symphorien, ferme fortifiée où fut découverte en 1988 la statue d'une divinité celtique à la lyre, portant un torque à tampon (I er siècle av. J.-C.). Elle gisait au milieu d'un grand nombre d'amphores romaines, - Paule : Brécillien, -Plélauff: Coat-ar-C'hastel, Ar-Coz-Costello, - Plésidy : Castel-Kerandroat, - Plougonver, buxeraie de Coat-an-Noz, - Ploumagoar : palais romain, - Rostrenen : Kerbescond, vallée de Pont-Croix, - Tréglamus : Colledenou ;

Des vestiges d'habitat à : - Bourbriac : Keranflec'h, - Carnoët : Hibridou, - Coadout : une urne funéraire, - Glomel : un four à potier, - Kerpert : une statuette gallo-romaine, - Plélauff : une sépulture à incinération, - Plussulien : habitat (Nivizit), Également à Loguivy-Plougras, Plourac'h.

Des vestiges de voies de communications se voient à : - Carnoët, - Loguivy-Plougras, lieu-dit « Le Pavé », - Lohuec, - Louargat, - Maël-Carhaix : borne miliaire de Septime Sévère (193-211), - Le Moustoir : aqueduc de Kervoaquel, - Moustéru : Lanbuhan, - Plésidy, - Plélauff : borne militaire au Moustoir, -Plourac'h, - Saint-Adrien : statue (amputée) de Mercure, dieu des Voyageurs (Pen-Lan), - Saint-Nicolas-du-Pélem, - Treffrin : pont de Sainte-Catherine, - Tréglamus.

Des monnaies Au III e siècle commence la décadence romaine. Au IV e siècle, les habitants procèdent à des enfouissements monétaires car l'économie s'effondre. On a ainsi trouvé des pièces à l'effigie de Julius Nepos et autres empereurs à Bulat, Kerpert, Maël-Pestivien, Moustéru (Beuseyer, 300 monnaies d'or et d'argent), Saint-Nicodème (dans les gorges du Corong), Senven-Léhart.

Le patrimoine historique

Afin de rendre plus claire l'ordonnance des textes relatifs à l'histoire de l’Argoat, nous avons adopté un découpage qui n'est toujours pas celui que les manuels présentent quand ils traitent de l'histoire de la Bretagne en général. En Argoat, certains événements ont eu plus ou moins d'importance qu'ailleurs.

Événements historiques

L'implantation de la religion chrétienne • Les saints bretons. IV-VI e siècle Aux V e et VI e siècles, après la fin de la domination romaine, débarquèrent en Armorique les Celtes d'Irlande, Galles, Cornouailles et Angleterre. Plusieurs hommes de foi, parfois issus de noble famille, deviendront en Bretagne des saints. Les plus révérés en Argoat sont : Briac (irlandais). - Le roi Deroch lui confia la fondation d'un monastère non loin de Guingamp (Minibriac). Puis il se retira dans un penity où les malades le harcelaient. Il partit pour Rome, séjourna deux ans à Arles, mais revint finir sa vie à Bourbriac. Patron et éponyme de Bourbriac, il guérissait les épileptiques, qui déposaient des mèches de cheveux sur son tombeau. Cada (gallois). - Il a sa chapelle à Carnoët et est aussi honoré à Saint-Michel-Glomel, Kerpert, Laniscat, Peumerit-Quintin, Gouarec-Saint-Gilles. Il est invoqué pour les affections des yeux. Conan (I). - Jadis honoré à Saint-Connan, il a donné son nom à des villages de Plésidy, Saint-Gilles-Pligeaux, Saint-Nicodème (Saint-Cognan), Trébrivan (Loconan). Conogan. - Patron de Tréogan, il a une chapelle à Glomel, un vitrail dans l'église de Glomel. Il eut une autre chapelle à Carnoët (Golot la Rivière). Corentin. - Premier évêque de Quimper il est toujours représenté avec le poisson dont il se nourrissait chaque jour et qui se régénérait. Patron de Saint-Connan et de Trégornan, il a une chapelle (ruinée) à Carnoët et des statues à Kerien, Guiaudet-Lanrivain, Mellionnec, Paule, Plounévez-Quintin, Plusquellec, Saint-Connan. On ne lui connaît pas d'activité médicale. Diboan (ou Abibon.) - Jadis invoqué pour décider du sort des agonisants, il a une chapelle et une fontaine à Plévin, une statue à Saint-Gelven. Envel (breton insulaire). - Ils sont deux, jumeaux : Envel-le-Vieux est patron de Loc-Envel ; Envel-le-Jeune a une chapelle en Belle-Isle-en-Terre. Le premier protège le bétail et les récoltes en éloignant les loups et les corbeaux. Gildas (breton insulaire). - Patron de Laniscat et de Magoar, il a des chapelles à Carnoët (où, selon de La Borderie ses restes auraient été transférés), Maël-Pestivien, Saint-Gilles-Pligeaux. Il est statufié à Kergrist-Moëlou, Mellionnec, Plélauff, Plusquellec, Saint-Nicolas-Bothoa, Sainte-Tréphine, Trémargat. Le triangle de Saint-Gildas, ayant pour sommets Locarn, Magoar, Laniscat détient cinq des sept roues à carillons subsistant en Bretagne. Invoqué contre maux de tête et de dents, rage et maladies animales. Éloigne les loups. Hernin (breton insulaire). - Patron de Locarn, il eut une chapelle à Ploumagoar et Treffrin, une statue à Landugen-Duault. Hervé. - Il a sa chapelle au sommet du Menez-Bré et, sous le nom d'Houarneau, à Bourbriac et Plélauff. Statufié à Trégornan-Glomel, Saint-Nicolas-du-Pélem, Trébrivan. Il guérit les maux de tête, la peur et protège les aveugles. Iltud (breton insulaire). - Patron de Coadout. Il est honoré à Plounévez-Quintin. Un village de Pabu porte son nom. Iuna (ou Jeune.) Sœur des deux saints Envel, elle a sa chapelle à Plounévez-Moëdec et fut honorée à Plounérin. Ivy. - Patron de Loguivy-Plougras il eut sa chapelle à Plélauff et a une statue à Saint-Guillaume de Kergrist-Moëlou. Patron des jeunes enfants. Judoc. - Éponyme et patron de Lohuec, il a donné son nom à un village de Saint-Adrien (Saint-Jude) et eut une chapelle à Bourbriac. Statue au Guiaudet-Lanrivain. Maudez (Breton insulaire). - Patron de Duault, il fut ou est honoré à Grâces, Laniscat, Plourac'h, Paule, Perret, Saint-Adrien, Saint-Gelven (vitrail), Saint-Nicolas-du-Pélem, Senven-Léhart. Il a aussi une fontaine à Tréglamus et à Saint-Agathon. Il guérit les furoncles et les morsures de serpent. Melaine. - Le futur évêque de Rennes serait né à Plélauff où il est honoré (statue à Saint-Gelven). Trémeur. - Décapité par son père, le tyran Conomor, il a son tombeau à Sainte- Tréphine et est honoré à Callac. Il le fut à Tréglamus. Tréphine. - Épouse décapitée de Conomor, guérie par Saint-Gildas, elle est la patronne de Sainte-Tréphine. Chapelle à Callac, sous le nom masculin de Trefin. Oratoire disparu à Tréglamus. Statue à Saint-Éloi-Paule. La chaire de Magoar, disparue, montrait sa résurrection. Tugdual. - Patron de Pabu, où il traitait l'épilepsie. Chapelle à Plougonver. Honoré à Bulat, Loguivy-Plougras, Plougonver, Plouguernével, Plounévez-Moëdec, Senven-Lehart, Trébrivan. Statues à Bourbriac, Gurunhuel, Plusquellec. Village de Saint-Pabu à Plounévez-Moëdec.

D'autres saints bretons ou celtes, d'implantation principale éloignée ou de réputation moindre, furent ou sont également honores. Ainsi : Bieuzy (Saint-Nicolas), Bothmaël (Callac), Christine (Glomel), Cornely (Caurel, Mellionnec, Plévin, Plussulien), Derien (Saint-Nicodème), Dromé (Canihuel), Efflam (Carnoët, Plusquellec), Gelven (Saint-Gelven), Gonery (Plougras), Goulven (Caurel), Guénolé (Plourac'h), Herbot (Bothoa, Plougonver, Plounévez-Quintin, Plusquellec), Jorand (Louargat), Igeaux (Saint-Ygeaux, Saint-Gilles-Pligeaux, Ké (Glomel), Kerien (Kerien), Kirio (Plounérin), Lavant (Plounévez- Moëdec), Maël (Maël-Carhaix, Maël-Pestivien), Mamert (Chapelle-Neuve), Mélar (Maël- Carhaix, Plusquellec), Moëdec (Plounévez-Moëdec, Nérin (Plounérin), Norgant (Kerien), Patern (Saint-Agathon, Perret, Plourac'h), Patrice (Loguivy-Plougras), Péran (Glomel, Paule, Plounévez-Quintin), Péver (Saint-Péver), Pol-de-Léon (Caurel), Samson (Coadout), Sève (Chapelle-Neuve), Urnan (Kerpert). Plusieurs de ces antiques saints du terroir sont totalement oubliés : Auny, Canan, Conidy, Conval, Conven, Donat, Eo, Ewin, Gourhant, Guen, Gueganton, Hinguer, Irly, Iudcat, Iunet, Joevin, Lohe, Maëlcat, Minel, Perec, Rien ou Rion, Riwen, Sulien, Teliaw, Tenenan, Tutgen, Yviec. Certains revivent dans la toponymie : Riven (Lanrivain), Tutgen (Landugen-Duault).

• Les saints non bretons Les mieux implantés en Argoat 22 sont : - Pierre : 14 Monuments, - Jean : 7, - Jean-Baptiste : 5, - Éloi : 4 (Louargat, Paule, Plésidy [Saint-Alor], Saint-Nicolas), - Anne, Barbe, Gilles, Laurent, Roch : 3. Le numéro 11 de Pays d'Argoat a traité des vertus thérapeutiques de nos saints guérisseurs.

• Le culte de la Vierge 28 monuments de l'Argoat sont placés sous la protection de la Vierge. Les cultes les plus authentiquement bretons, se rattachant parfois à une apparition, à la découverte d'une statue ou à un miracle, sont ceux de Bulat, Carnoët-Penity, Guingamp (N.-D.-de-Bon-Secours), Lanrivain (N.-D.-du-Guiaudet), Perret (N.-D.-de-Guermané), Plounérin (N.-D.-de-Bon-Voyage), Plounévez-Quintin (N.-D.-de-Kerhir), Rostrenen (N.-D.-du-Roncier), Saint-Nicolas (N.-D.-de-Bothoa). La Trinité a son monument à Plésidy. Le nom du Christ a été donné à deux chapelles : Louargat et Pont-Melvez. Les principaux pardons de l'Argoat sont ceux de Bulat (vers le 8 septembre), Bourbriac-Danouët (15 août), Guingamp (premier dimanche de juillet).

Le duché de Bretagne V e VIII e siècle. - Les Bretons immigrés forment des centres de peuplement ou plou. Le sud du pays trégorois et le recouvrent l'actuel Argoat 22. Perret est une petite capitale : Conan Meriadec, chef des Bretons insulaires, y réside (IV e siècle). VII e siècle. De cette époque daterait le pont mérovingien de Calan en Saint-Fiacre. 831. - Le grand duc de Bretagne Nominoë, issu des comtes de Poher, serait natif de Callac et aurait résidé à Botmel, où il reçut Louhemel venu demander sa protection pour l'abbaye de Redon. 871. - Salomon, roi des Bretons, tient sa cour à Castelcran, au niveau du château des Salles en Perret, où il est assassiné en 875. Un monastère est installé à Lescouët-Gouarec. 1130,1142,1184. - Fondation des abbayes de Sainte-Croix - Guingamp, Coatmalouen, Kerpert, Bon-Repos - Saint-Gelven. 1197 - Bataille à Carnoët sur les pentes du Mont-Saint-Gildas entre les barons bretons et les « païens » de Richard d'Angleterre « Cœur de Lion ». 6800 morts. XIII e siècle. - Débuts de la notoriété des familles d'Avaugour (Saint-Péver), Coatgourden (Bulat), Plusquellec (Callac), Pestivien (Bulat), Rohan (Saint-Gelven-Gouarec). 1280-1305. - Les ducs de Bretagne Jean Le Roux et Jean II enclosent la forêt de Duault et y élèvent des sangliers ou des étalons pour les Croisades. Leur pavillon de chasse se trouve à Kerbernès en Saint-Servais. 1341. - Charles de Blois, seigneur de Guingamp, est nommé duc de Bretagne. 1343-1345. - Les Anglais assiègent trois fois Guingamp. 1363. - Le château de Pestivien, tenu depuis huit ans par Roger David et les Anglais, est pris, ainsi que le château de Callac, par Du Guesclin. 1364. - Charles de Blois, tué à la bataille d'Auray, est inhumé à Guingamp. 1375. - Guingamp est repris par les Anglais. 1387,1408-1409. - Nouveaux sièges de Guingamp pour le compte du duc Jean V. Des troupes tiennent garnison au manoir du Stang en Locarn. 1418 . - Saint-Vincent Ferrier prêche à Guingamp et Rostrenen. 1420. - Les Templiers sont installés à Pont-Melvez. 1450. - Pierre II, seigneur de Guingamp, devient duc. 1488,1491. - Guingamp est pillé par les Français. 1505 . - Anne de Bretagne visite Guingamp. L'Argoat est divisé en sénéchaussées.

Les seigneuries au XVI e siècle Après le rattachement de la Bretagne à la France (1532), certaines seigneuries de l'Argoat eurent une certaine puissance. Ainsi : - Belle-Isle-en-Terre, Le Dresnay (Loguivy, Beffou), - Bois-Berthelot, Canihuel, - Boisboissel, Saint-Nicolas-du-Pélem, - Bois-de-la-Roche, Coadout, - Boissière, Plusquellec, - Carnoët, - Cludon, Plougonver, - Duault qui subsista longtemps aux côtés de Carhaix, - Helloc'h, Bourbriac, - L'Isle, Louargat, - L'Isle, Plouisy, - Kerdaniel, Plourac'h, - Sullé, Médic, Plésidy . Les guerres de la Ligue Nombre d'événements se sont produits en Argoat durant les guerres de la Ligue (1590-1600). 1590 . - Le capitaine ligueur Yves du Liscoët, qui réside au château du Bois-de-la-Roche en Coadout, brûle Carhaix (voir Pays d’ Argoat n° 9). 1597 . - Il s'empare de la Tour de Cesson, près de Saint-Brieuc. 1592 . - Les soldats de Haute Cornouaille se réunissent sur la place de Kergrist- Moëlou et entonnent leur chant du départ pour aller combattre aux marches de Bretagne (cf. Barzaz Breizh). Le chef ligueur Guy Eder de la Fontenelle, 18 ans, né à Bothoa ou au Leslay en 1574, tente de s'emparer de Guingamp. Le gouverneur Kergomar sauve la ville. 1593 . - Mercœur, chef des ligueurs, enlève Quintin et Corlay à Du Liscouët, qui se réfugie au château de Rostrenen, qu'il fortifie et qui est assiégé quatre fois. Il en sera chassé par les Espagnols de Don d'Aguila, agissant également pour le compte de Mercœur. 1594 . - René du Dresnay, de Loguivy-Plougras, 22 ans, chef des ligueurs de Haute Cornouaille, est tué près de Pontivy. Du Liscouët est tué à Crozon. Guingamp est toujours occupé par les royaux. 1595 . - L'église de Canihuel est brûlée par l'armée royale du duc d'Aumont. 1596 . - Plusieurs attaques sont menées par les ligueurs et les Espagnols contre le manoir de Kerauffret en Maël-Pestivien, qui est pillé. La famine, la peste et les loups sévissent en Argoat. Les ligueurs qui occupent le château de Callac pillent la contrée, malgré les ordres de leur chef, le sieur de Bourgerel. 1602 . - La Fontenelle est roué vif à Paris.

La révolte des Bonnets Rouges, 1675 Née dans le Poher finistérien (Poullaouën), la révolte du Papier timbré se propage en pays bigouden et aussi dans le futur Argoat 22. Des révoltes contre les nobles se produisent à : - Callac, Le Crenvez : un prêtre dirige les émeutiers, - Duault, Lesmabon, - Kergrist-Moëlou, la Salle, - Plévin. Malgré la répression sanglante, en partie exécutée par le marquis du Cludon (Plougonver), nombre de nobles, se sentant menacés, émigrent vers les villes bretonnes ;

La conspiration de Pontcallec, 1719 En rébellion contre le pouvoir français, le marquis de Pontcallec, en fuite au mois de novembre 1719, se cache successivement à Kerpert (abbaye de Coatmalouen), à Callac (manoir de Kermabillou, chez son parent marquis de Neveit), Duault (presbytère), Plourac'h, Lohuec (où il a un rendez-vous avec des conjurés dans la forêt de Coat-an-Noz), Plougonver. Le 28 décembre, il sera arrêté dans le Morbihan et exécuté à Nantes. A Laniscat, un complice de Pontcallec, Lambilly, prend la défense de paysans rebelles qui, en août 1719, firent la grève de l'impôt. Cent vingt hommes de troupe furent envoyés pour les mater.

La bande de Manon du Faouët, 1741-1743 Redoutable chef de bande, Marion du Faouët comptait parmi ses complices un «associé» originaire de Bulat- Maël-Pestivien, qui fut impliqué en 1745 dans une affaire de fausse monnaie. Certains marginaux se cachaient alors dans les gorges du Corong. Une de ces équipes fut arrêtée à Paule le 24 mars 1743. A Mellionnec, le seigneur débauché René Gabriel de Robien recevait Marion en son manoir du Poul. Marion fut pendue à Quimper en 1755. Les abus de la noblesse, l'inconduite fréquente du clergé, expliqueraient selon Minois et Le Coadic, l'ancrage politique des « campagnes rouges » de l'Argoat.

Révolution et chouannerie Se reporter à Pays d'Argoat n° 13 où le sujet est longuement traité. Rappelons brièvement que les seules véritables insurrections révolutionnaires des Côtes- d'Armor eurent lieu en Argoat, au château du Groesquer en Moustéru (avril 1790) et au château du Marquer en Plounévez-Moëdec (novembre 1790). Les Girondins en fuite passèrent par Gouarec. Le seul révolutionnaire local qui ait laissé un nom est Louis Fercoq, exécuté à Lohuec par les chouans en novembre 1799. Par contre, les chouans qui se manifestèrent dès 1792 et jusqu'en 1804 sont en nombre : - De Bar, sud-finistérien, « l'Irréductible », - de Keranflec'h père et fils, Plusquellec, - Joseph Even (Callac), Guezno-Penanster (Maël-Carhaix), futurs complices de Cadoudal, - Poëns de Kerilly, 18 ans (Carnoët, Plounérin). Pillages, embuscades (Boishardy attaqua les Forges des Salles), incendies (Bon-Repos, 1796), destructions des télégraphes, assassinats de prêtres assermentés (Perret, Pont-Melvez, etc.), de percepteurs et de simples laboureurs, tel fut le lot de l'Argoat 22 pendant une dizaine d'années. Le principal combat eut lieu à Plourac'h le 30 août 1799. Poëns fut guillotiné en 1800, année où Taupin, chef chouan trégorois fut tué à Tréglamus. De Bar chouanna sans relâche, puis participa à la conspiration de Cadoudal : il ne fut abattu qu'en 1812, dans l'île d'Hoedic (Morbihan). Quant à de Keranflec'h fils et Even, amnistiés, ils devinrent maires de Bulat et Callac.

Rebellions L'esprit de résistance aux autorités s'est manifesté à chaque fois que certaines classes de populations de l’Argoat se sont estimées lésées : 1828. - Glomel. Les condamnés militaires à la construction du canal de Nantes à Brest se soulèvent. 1840. - Callac. L'établissement de droits d'octroi provoque une émeute. 1846. - Mûr-de-Bretagne, Caurel. Rixes entre carriers. 1848. - Mûr-de-Bretagne. Nouvelle émeute. 1855. - Mûr-de-Bretagne. Nouvelles manifestations de carriers. Fin du XX e siècle. - Les manifestations paysannes participent de ce même esprit de contestation, qui paraît légitime quand on considère que l'ensemble de la population agricole est menacé.

Les guerres Que ce soit au cours des guerres napoléoniennes (I et III), celles de 1870, 1914-1918, 1939-1945, 1954-1962 (Algérie), les Bretons de l'Argoat ont fourni des milliers de combattants - et de victimes - au pouvoir central. Si l'on consulte les registres des décès d'une commune, telle que Duault, on est frappé du nombre de morts militaires. De 1854 à 1856, onze morts de soldats âgés de 23 à 34 ans en Crimée ou à Constantinople (typhoïde, scorbut, choléra, etc.). En 1870, nombre de Bretons de l'Argoat sont morts lors de « l'étrange aventure du camp de Conlie » (Sarthe). Les monuments aux morts de toutes nos communes énumèrent les noms de dizaines de victimes, principalement de la guerre 1914-1918 (exemples : Lanrivain, Saint-Adrien, etc.). Il est plus qu'évident que les conditions économiques du terroir n'auraient pas autant périclité si tous ces disparus avaient pu y travailler et contribuer à son essor.

La Résistance Durant l'Occupation de 1940 à 1944, la Résistance à l'occupant allemand s'est manifestée un peu partout en Argoat 22. 1941. septembre. - Une dizaine d'internements administratifs sont prononcés pour propagande dans la région de Callac. 1942. - Début des attentats et sabotages. 1943. mars. - La commune de Maël-Pestivien boycotte le recensement. Des incidents éclatent à Callac, Guingamp, Rostrenen. 1944. - Des maquis importants se constituent à Duault, Paule, Peumerit-Quintin, Plésidy, Plouisy, Senven-Lehart. Plusieurs de ces maquis, FTP, dépendent du Parti communiste, dont l'influence se trouvera grandie à la libération. De violents combats, à Duault, Plésidy-Saint-Connan, etc., opposèrent aux Allemands les maquisards, parfois épaulés par les Forces françaises libres et les Alliés. D'importants parachutages eurent lieu à Kerien, Maël-Pestivien, Saint-Nicolas-du- Pélem. Des rafles furent opérées par les Allemands à Callac, Maël-Pestivien, Plounévez-Quintin, Saint-Nicolas-du-Pélem, Saint-Servais. Les Nazis procédèrent à des exécutions sommaires à Louargat, Paule, Plougonver, Ploumagoar, Rostrenen, Saint-Agathon, Saint-Connan, Saint-Nicolas. Des monuments commémorent le souvenir de fusillés, de déportés, de morts au combat à Duault, Loguivy-Plougras, Louargat, Moustéru, Moustoir, Paule, Plougonver, Plouisy, Plounévez-Moëdec, Plourac'h, Saint-Agathon, Saint-Gelven, Saint-Nicolas.

Personnages historiques

Outre les personnages déjà cités dans la récapitulation des événements historiques, nombre de natifs de l'Argoat se sont illustrés.

Hommes de guerre - Roland de Coatgourden (Bulat-Guingamp), sénéchal de Charles de Blois de 1346 à 1357. - Tristan de Pestivien (Bulat), combat des Trente, 1351. - Jéhan de Kerlouët (Plévin), compagnon de Du Guesclin vers 1370. - Merien Chéro, défenseur de Guingamp en 1489. - Un baron de Rostrenen massacré au Louvre lors de la Saint-Barthélémy, 1572. - Paul du Bois Berthelot (Canihuel), émigré royaliste débarqué à Quiberon. Il s'empara d'Auray. 1741-1812. - La Tour d'Auvergne (Théophile Malo Corret de), 1743-1800. Certains le disent né à Trémargat, où il possédait le manoir de Lampoul. Premier grenadier de la République, il fut tué à Oberhausen. Également linguiste. - Yves-Marie Pastol, 1770-1813 (Guingamp), général, baron d'Empire, tué à Neukirch.

Hommes politiques - Yves Loyer, 1772-1832 (Saint-Connan), notaire, maire de Guingamp, député. Il fut l'homme d'affaires de La Fayette qui l'aurait tué en duel. Enterré à Magoar. - Joachim de Kersausie, 1798-1874 (Guingamp), officier carbonariste. Il défendit les droits de l'homme et mourut en exil. - André Lorgeré, 1891-1936 (Guingamp), seul ministre de l'Argoat. Il fut durant huit jours sous-secrétaire d'Etat aux Sports. Si l'on considère que la France s'est donné plus de deux mille ministres depuis la Révolution, il faut admettre que l'Argoat 22 est en état de carence. Par contre, le pays a élu au moins vingt-cinq députés ou sénateurs natifs du terroir. Il est patent que les autochtones accordent leur confiance à leurs concitoyens, plutôt qu'à des « parachutés ».

Religieux Ils sont presque aussi nombreux que les députés. Par ordre alphabétique : - Audrein Yves-M, 1741-1800 (Gouarec), évêque assermenté du Finistère, député. Il fut fusillé par les chouans. - Auffret Yves, né en 1752 (Maël-Pestivien), frère des Carmes, mort en odeur de sainteté (chapelle Saint-Isidore). - Daniel Siméon, 1885-1976 (Calanhel), abbé de Bricquebec, sous le nom de dom Maur OC. - Dubourg Auguste, 1842-1921 (Loguivy-Plougras), cardinal de Rennes. - Guerguin Jeanne, 1864-1921 (Loguivy-Plougras), missionnaire en Chine. Décapitée, béatifiée. - Huby Joseph, 1878-1948, théologien. Mort à Laniscat. - Kerleau Vincent, mort en 1476 (Moustéru), abbé de l'abbaye de Bégard. Diplo- mate, puis chancelier des ducs de Bretagne. - Kernivinen Pierre, 1876-1929 (Tréglamus), missionnaire, titré en Afrique. - Le Breton Pierre, 1752-1829 (Rostrenen), curé assermenté de Loudéac. Député, bibliothécaire. - Le Graët Jean, chanoine, 1819-1883 (Bourbriac). Fondateur du petit séminaire de Plouguernével. - Maunoir Julien, 1606-1683, ardent missionnaire. Il mourut à Plévin où il est enterré. Béatifié.

Pionniers - Fleuriot de Langle Antoine, 1744-1787 (Duault), commandant de l’Astrolabe, compagnon de La Pérouse. Tué aux îles Samoa. Habitait le château de Rosviliou. - Noguès Maurice, 1889-1934, aviateur. Mort accidentellement. Enterré à Locmaria en Belle-Isle-en-Terre

Petite histoire - Petit Elisabeth, née de la Salle, 1765-1849. Morte à Gouarec, elle passait pour être une fille naturelle de Louis XV. - Villiers de l'Isle Adam, 1802-1885 (Maël-Pestivien), chercheur de trésors farfelu. Père de l'écrivain. - Lady Mond, née M.-L. Le Manach, 1869-1849 (Belle-Isle-en-Terre), épouse du roi du nickel. Patrimoine religieux : architecture et art Églises et chapelles constituent le fleuron de l'art de l'Argoat, tant par leur originalité, leur beauté que, souvent, leur site.

Églises et chapelles

Les styles • Le style roman (XII e) n'est représenté que par des éléments de constructions primitives : - Bourbriac, église : crypte et carré du transept. La nef a été refaite au XIX e siècle dans le style roman de l'ancien monument, - Guingamp, basilique : piliers de la croisée du transept, - Guingamp, chapelle Saint-Léonard : carré du transept, - Guingamp, ruines de l'église de l'abbaye de Sainte-Croix : carré du transept.

• Les styles gothique et Renaissance bretonne sont juxtaposés dans la plupart des monuments, dont la construction a souvent duré plusieurs siècles. Il est donc vain de décrire à part parties gothiques et parties Renaissance. C'est vers 1530 qu'au style gothique flamboyant a succédé le style Renaissance bretonne, comportant des décorations géométriques (losanges, cercles, coquilles, candélabres, fuseaux, vases godronnés, toupies, feuillages) et des personnages profanes (athlètes nus, atlantes, puttis, têtes casquées, feuillages à profil humain). Le premier édifice de la Renaissance bretonne est l'église de Bulat, due à Fouquet Jehannou (1530), suivie à Bourbriac par Diridolo (partie inférieure de la tour, 1535) et à Guingamp par Jean Le Moal (porche ouest, 1535). Pendant ce temps, d'autres architectes continuaient à faire du gothique.

• Le style XIX e Nombre d'églises - non citées plus haut - furent restaurées, sinon rebâties au XIX e siècle, selon les plans de l'architecte Le Guérianic, en style néo-breton inspiré do l'art flamboyant. Les clochers de Bourbriac et Bulat datent des années 1865, sur des plans de l'abbé Daniel. Parmi ces églises rebâties, citons: Belle-Isle-en-Terre. Calanhel, Carnoët, Duault, Locarn, Loguivy-Plougras, Paule, Senven-Lehart, etc. Une curiosité à Plélauff : le portique des cloches remplaçant le clocher à l’extérieur même de l'église, guère esthétique hélas !

• Le style moderne (XX e) L'Argoat 22, terroir de tradition, mais aussi terroir pauvre, n'a guère élevé de monuments religieux modernes, si ce n'est : - Bourbriac : chapelle de Botfo, - Glomel : chapelle de Kersaintéloy, - Rostrenen : chapelle de Compostai.

Architectures Les édifices les plus remarquables de l'Argoat 22 sont les églises de : - Bourbriac : porche ouest et tour XVI e, clocher XIX e, - Bulat : porche sud et secrétairerie XVI e, clocher XIX c, - Guingamp : porche ouest, façade sud en dents de scie, balustrades, - Plourac'h : porche sud, auxquelles il convient d'ajouter divers monuments : - Canihuel : ensemble, - Carnoët, Saint-Gildas : chevet Beaumanoir, - Duault, Landugen : charpente, - Glomel : église : gables en dents de scie. Églises de Saint-Michel ; de Trégornan, - Gouarec, Saint-Gilles, - Grâces : gables en dents de scie, - Gurunhuel, Saint-Fiacre : cheminée. L'autel de pierre a été volé, - Kergrist-Moëlou : église, ensemble, cheminée. Eglise Saint-Lubin, - Kerpert : ensemble, - Locarn : ensemble, site, - Laniscat : église, ensemble. Chapelle de Rosquelfen. - Loc-Envel : ensemble, site, - Loguivy-Plougras : église Saint-Yves, ensemble. Église (clocher 1566). Chapelle du Dresnay, - Lohuec : chevet Beaumanoir, - Magoar : porche, gables en dents de scie, - Paule : chapelle de Lansalaün, ensemble, - Plounévez-Moëdec : église, réduit des lépreux. Chapelles Saint-Lavant ; Keramanach, - Plusquellec : porche sud, - Plussulien : chapelle de Sélédin, ensemble, - Saint-Gilles-Pligeaux : église, ensemble ; chapelle Saint-Laurent à chevet Beaumanoir, - Saint-Servais : église, porche sud. Chapelle de Burthulet, ensemble, site, - Sainte-Tréphine : ensemble, - Trémargat : ensemble, - Tréogan : ensemble. A noter que trois porches principaux s'ouvrent anormalement au nord : Bourbriac,Guingamp, Lohuec. Des cadrans solaires anciens décorent les murs des églises de Kergrist-Moëlou, Maël-Pestivien, Plounévez-Quintin-Kerhir, Sainte-Tréphine, etc.

Statuaire • Les apôtres du porche sont d'une qualité exceptionnelle à Plourac'h : barbes incurvées, dais, polychromie. Ils sont attachants à Plusquellec, quelque peu maladroits à Bourbriac, Bulat, Kergrist-Moëlou, Saint-Servais, Treffrin, avec cependant bien des détails intéressants ou pittoresques. Les apôtres de Guingamp paraissent bien austères.

• Les retables les plus remarquables, par leur finition ou leur polychromie se trouvent à Laniscat, Lanrivain-Guiaudet, Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne, Plésidy-Saint-Alor, Saint-Gilles-Pligeaux. Il convient en outre de mentionner ceux de Bourbriac, Bulat (Sainte-Marie-Alacoque, dû à Yves Corlay), Canihuel, Coadout, Grâces, Guingamp, Gurunhuel, Locarn, Lohuec, Moustéru, Paule-Lansalaün, Perret, Plévin, Plougonver, Ploumagoar, Plounévez-Moëdec, Plourac'h, Pont-Melvez, Rostrenen, Saint-Connan, Treffrin, Trémargat. Ces retables sont de style bas-breton, très original, et non de style lavallois, très imposant, comme en Haute-Bretagne. Des panneaux d'anciens retables ont été réutilisés pour divers mobiliers à la Cha- pelle-Neuve, Plélauff (bustes), Plourac'h. Treize superbes panneaux de Saint-Gildas-Carnoët ont été volés il y a 25 ans.

• Les tabernacles les plus ouvragés et polychromes se trouvent à Laniscat et Saint-Péver-Avaugour (armoire d'angle).

• Des autels de pierre sculptés existent à : - Bulat : XIX e, superbe travail avec colombes, scènes de la Passion, etc., - Gouarec : en schiste, - Kergrist-Moëlou : la Cène, - Laniscat : tuffeau et marbre, - Louargat : marbre de Carrare, - Peumerit-Quintin : superbe autel avec bas reliefs du XVI e, venant du Loc'h, - Maël-Carhaix : œuvre d'Élie Le Goff, XX e.

• Des sacraires de pierre font l'orgueil de : - Duault, Landugen, - Loc-Envel : messe de Saint-Grégoire, - Magoar, - Pabu, - Plougonver, - Saint-Péver-Avaugour, - Saint-Servais-Burthulet. • Des baptistères et fonts baptismaux anciens subsistent à : - Gouarec-Saint-Gilles : décoré d'un homme à oreilles pendantes, - Ploumagoar : roman, - Rostrenen-Bonen et aussi à Calanhel, Canihuel, Glomel, Guingamp-Saint-Léonard, Louargat, Mellionnec, Pabu, Plougonver, Plouisy, Plounévez-Moëdec, Rostrenen, Trémargat.

• Les statues en ronde-bosse remarquables sont nombreuses. Ainsi, plus souvent en bois qu'en pierre : - Sainte-Anne éducatrice : Laniscat, Plusquellec, Trémargat, - Vierge en gésine : Senven-Léhart-Saint-Tugdual, - Vierge aux anges : Lohuec, Plusquellec, Saint-Ygeaux, - Vierge à l'enfant : Glomel, Guingamp, Lescouët-Gouarec, Maël-Carhaix, etc., - Vierge couchée : Lanrivain-Guiaudet, - Vierge de Jessé terrassant la démone ou la morgane : Duault-Landugen, Glomel-Trégornan, Loc-Envel, Saint-Mayeux, - Apôtres : Saint-Péver-Avaugour (dans la nef), - Évangélistes : Loc-Envel, en blochets, - Ecce homo : Plougonver, - christs : Treffrin, Louargat, Loc-Envel, Plévin, Magoar (poutre de gloire), Plélauff- Sainte-Croix ; Glomel-Saint-Michel (poutre), - Saint-Sépulcre à personnages : Saint-Gilles-Pligeaux, chapelle Saint-Laurent, - Piéta : Bulat, chapelle de Pestivien, Glomel-Trégornan, - Vierge en cape de deuil du pays : Plourac'h, - Sainte Trinité : Loc-Envel, Maël-Pestivien, Plourac'h, - Tête de saint Jean dans un plat : Duault-Landugen, Plévin. Celle de Burthulet a été volée. - angelots en pendentifs : Loc-Envel, Plélauff-Sainte-Croix, - saint Léonard, de Guingamp ; saint Envel, de Loc-Envel ; saint Germain, de Plougonver portant tous trois des orfrois décorés, sont certainement d'un même atelier, - saint Isidore : Gurunhuel, Plésidy-Saint-Yves, - saint Nicodème : Bulat, chapelle de Pestivien, - saint Georges à cheval : Plévin, - saint Roc'h : Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne, Saint-Adrien, - sainte Catherine d'Alexandrie piétinant l'empereur Maximus : Magoar, Kergrist- Moëlou, - sainte Tréphine couronnée : Sainte-Tréphine, - saint Quentin et saint Vincent : Pabu, - les statues baroques de Lanrivain-Guiaudet (2), Pont-Melvez (1), Trémargat (2) proviennent peut-être de l'abbaye de Coatmalouen, - des panneaux d'albâtres anglais : Saint-Péver. • Les sablières les plus curieuses sont celles de : - Canihuel : personnages se querellant, dus à Olivier Le Loergan, sculpteur du célèbre jubé du Faouët ; personnage négroïde de H. Calvé, - Duault-Landugen : atlantes, - Glomel-Saint-Michel : décorations diverses, - Grâces, église : ivrognes ; diable emportant des moines dans une brouette, chasse au cerf et au lièvre, joueurs de biniou, dragons ailés, licornes, etc., - Gurunhuel : visages et animaux, - Laniscat, - Loc-Envel : gnomes polychromes dont « le seigneur de Lannvic »; animaux, - Loguivy-Plougras, 1540-1557, - Plélauff-Sainte-Croix, - Plougras, église : brouette de l'Ankou sous le porche, - Plougras, chapelle Saint-Gonéry : scènes de chasse au cerf, etc., - Plounévez-Quintin, N.-D. de Kerhir, - Plourac'h : animaux (roman de Renard), - Saint-Nicolas : dromadaire, serpent (Le Loergan), - Saint-Servais, église : le diable ; grotesques, - Saint-Servais, Burthulet : personnage luxurieux, - Treffin : lutteurs, etc. Des poutres à engoulents particulièrement remarquables se voient à Loc-Envel, Plourac'h, etc.

• Des gargouilles et grotesques extérieurs ornent les églises de : - Bulat : éléphants, monstres à écailles, « cadavres » tenant les blasons des nobles ; quatre Ankou, dont le « spectre hurleur », - Carnoët-Saint-Gildas : mongolienne allaitant un bébé rachitique ; homme se tirant la barbe, - Grâces : moines, dragons ailés, - Guingamp : moines caricaturés, chats, lions, dragons hybrides, - Kergrist-Moëlou : ivrogne nanti d'un verre et d'un cruchon, loup rongeant un os, - Lanrivain : morgane ou dragon, - Loc-Envel : personnages.

• Les lutrins les plus beaux sont ceux de Belle-Isle-en-Terre-Locmaria (aigle et serpent), Callac, Glomel-église, Glomel-Trégornan, Plougonver, Rostrenen. A Bulat le lutrin est soutenu par la statue d'un paysan en costume morbihannais (Chamaillard, XIX e).

• Des portes sculptées sont particulièrement remarquables à : - Grâces : Annonciation, - Kergrist-Moëlou : quatre apôtres dans la nef, - Saint-Péver-Avaugour : archers (Le Neindre, XVI e) et aussi Plougras, Plourac'h, etc.

• Des jubés remarquables, surtout quand ils ont conservé leur polychromie subsistent à : - Belle-Isle-en-Terre-Locmaria : apôtres, - Loc-Envel, 1490 : oiseaux, deux Sauvages, torsades perlées et écailles Louis XII, - Plélauff -La Croix : les péchés capitaux représentés par des animaux, 1555, - Plounévez-Moëdec : apôtres et trois christs. Des éléments de jubés subsistent à : - Glomel-Trégornan : apôtres en mouvement, - Maël-Pestivien : idem, - Laniscat-Rosquelfen, - Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne. • Les chaires les plus ouvragées sont celles de : - Plusquellec, XVI e, avec quatre cariatides, dont deux femmes nues dont un recteur prude amputa les seins, - Mûr-de-Bretagne : les péchés capitaux, - Kerpert, - Locarn : comprenant Mercure, - également Moustéru, Plougonver, Plouisy, Laniscat, Pabu, Ploumagoar, Rostrenen.

Autre mobilier On pourra contempler d'autres œuvres artistiques ou insolites : - bannières : Saint-Péver, Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne, - catafalques. Sinistre est celui de Saint-Gilles-Pligeaux, avec inscriptions en breton. Guère plus encourageant celui de Sainte-Tréphine. Également Glomel-Saint- Michel, - confessionnal pour sourd à Saint-Gilles-Pligeaux. Des confessionnaux classiques à Lohuec, Plouguernével, Treffrin, etc., - coffre à grain gigantesque à la chapelle Saint-Éloi de Saint-Nicolas, - horloge sinistre à Magoar, avec inscription en breton : l'heure dernière est cachée. Une horloge primitive rustique à Loc-Envel, - porte-cierges monté sur piliers sculptés de personnages en costume du XVI e à Saint-Péver-Avaugour, - orgues à Bourbriac (moderne), Guingamp, - roues à carillons à Kerien, Laniscat, Locarn, Magoar, Saint-Nicolas-Ruellou (peinte). La chapelle disparue de Saint-Tugdual en Bulat en possédait également une, - stalles : Mûr-de-Bretagne (autres boiseries dans la sacristie), - table d'offrandes renaissance, superbe et grande : Bulat (1583), - tribunes : Coadout, Laniscat, Saint-Nicolas, - troncs d'offrandes à l'extérieur des chapelles de Maël-Pestivien-Saint-Gildas, Lanrivain-Saint-Antoine.

Orfèvrerie Des œuvres exceptionnelles peuvent être vues à : - Bulat : statue de la Vierge en argent (Buchet, XVII e), clochette (au presbytère de Pont-Melvez), - Locarn : croix finistérienne (la seule des Côtes-d'Armor) ; chef de Saint-Hernin, unique, « comparable au chef de Saint-Janvier de la cathédrale de Naples », - Guingamp : croix, - Maël-Carhaix : plat de quête, - Paule : cloche de saint Symphorien (IX e -X e siècle), - Plourac'h : reliquaire, calice, patène au presbytère de Callac, - Plussulien : croix, - Rostrenen : lampe d'hostie, lampe de sanctuaire, - Saint-Servais : le calice appartient à la « collection publique », autrement dit au département, qui ne le présente que très épisodiquement, faute de musées.

Peinture La peinture religieuse n'est pas le point fort de l'art breton. On trouve cependant en Argoat quelques œuvres intéressantes : • Fresques - Grâces-Saint-Jean : martyre de saint Sébastien, - Kerpert : instruments de la Passion, végétaux, - Paule-Saint-Éloi : un cavalier, - Plounévez-Moëdec, chapelle Sainte-Jeune : saints, - Saint-Péver-Restudo : Cène, couronnement de la Vierge, agonie de Jésus, saint Christophe, femmes au tombeau, - Saint-Servais : le saint conduisant sept personnages en purgatoire, - Trémargat : Passion moderne (vers 1960) due à Hubert de Sainte-Marie. La Passion du Christ transposée à l'époque contemporaine. Ces fresques se détériorent très vite du fait de l'humidité. Divers personnages décrits il y a cent ans à Saint-Servais ont disparu (une matrone aux jupes bouffantes traversant un brasier sur des échasses). Sauvera-t-on ce qui subsiste actuellement? Réussira-t-on à mettre à jour des fresques mal dégagées ? (Saint-Péver-Avaugour.)

• Peintures sur lambris - Kergrist-Moëlou : une centaine de portraits de prélats du concile du Vatican furent peints sur la voûte de l'église en 1871 par Gilbert, de Rostrenen, - Le Moustoir-Sainte-Barbe, - Paule-Saint-Éloi : les quatre évangélistes, - Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne : scènes de la Passion ; une trentaine de caria- tides.

• Peintures sur toiles On trouve dans maintes églises des toiles très abîmées et de qualité médiocre, dues à des peintres inconnus du grand public. Quelques toiles sont signées de peintres talentueux ou renommés : - Guingamp : Le Hénaff , Baptême du Christ, - Guingamp : Sérusier, Adoration des mages et des bergers (actuellement déposé), - Rostrenen : Olivier Perrin, Assomption de la Vierge (très sombre), - Saint-Connan : copie de Aersten, Adoration des bergers, excellemment restaurée, - Saint-Connan : copie de Léonard de Vinci, La Cène, - Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne : Vie de la Sainte ; Vierge et enfant Jésus (par Dupont).

• Chemins de croix Les plus remarquables, modernes, se trouvent à : - Callac : Mlle Cras, - Magoar, - Mellionnec, - Peumerit-Quintin, - Plounévez-Quintin : Xavier de Langlais.

• Ex-voto, très peu nombreux, contrairement à la côte où abondent les caravelles, ils consistent plus souvent en objets qu'en peintures : - fers à chevaux : Saint-Nicolas-du-Pélem, chapelle Saint-Éloi, Saint-Péver-Restudo, - plaques de reconnaissance à la Vierge et à quelques saints, - caravelle : Mûr-de-Bretagne-Sainte-Suzanne.

Vitraux « Tous les édifices religieux de Bretagne, écrit Couffon, possédaient jadis des vitraux qui ont entièrement disparu dans la plupart des communes. » L'Argoat 22 a la chance d'en avoir conservé un bon nombre, dont certains, hélas, sont attaqués par des champignons microscopiques :

• XV e siècle - Kerpert : armes de Bretagne, - Magoar : Passion en neuf panneaux, - Saint-Nicolas : magnifique verrière de 1470, d'inspiration allemande, présentant la Passion en vingt-quatre scènes très claires. Les donateurs, les bourreaux sont typés.

• XVI e siècle - Duault : magnifique Dormition de la Vierge, d'après le Flamand Stradanus, - Locarn : Passion de 1572, - Loc-Envel : vie de saint Envel (1540) surmontée d'une tête de personnage barbu de style germanique et de trois scènes de la fable de la Profanation de l'hostie par un Juif, - Maël-Pestivien : verrière de la Passion du Christ en douze scènes, avec portraits des donateurs, sires de Coatgourden. Deux petits vitraux de quatre apôtres, - Paule-Lansalaün : arbre de Jessé de 1528, - Plusquellec : vie de saint Yves (identique à vitrail de Minihy-Tréguier), - Plussulien. Des vestiges de vitraux anciens subsistent à : - Bulat : anges musiciens, - Glomel-Sainte-Christine : la Sainte, - Le Moustoir-Sainte-Barbe : la Sainte, - Plounévez-Moëdec-Keramanach : anges musiciens, saint.

• XIX e siècle-début XX e Certaines œuvres ne manquent pas d'intérêt : - Belle-Isle-en-Terre-Locmaria : N.-D.-de-Pendreo guérissant les enfants coquelucheux. Chute de cheval d'un seigneur, - Bourbriac : litanies de la Vierge (vitrail dit « ésotérique » : le Graal, etc.), - Grâces : église (donateurs) ; chapelle Saint-Jean, - Guingamp : vie de Pierre II, duc de Bretagne et de son épouse Françoise d'Amboise, maltraitée par lui, - Lanrivain-Guiaudet : Claude Allain et la Vierge, naufrage, combat de 1870, etc., - Moustéru : vitrail de 1926, - Plévin : prédications du père Maunoir, - Plusquellec : saints bretons, - Saint-Gelven, église et chapelle N.-D.-des-Champs : saint Maudez, - Saint-Nicolas-Bothoa : Claude Allain et la Vierge. Portraits photographiques des donatrices, - Tréglamus : sainte Anne, saint Biaise. • XX e siècle Quelques œuvres modernes ne sont pas sans mérites : - Kerpert : saint Yves, adoration des mages (Toul-hoat), -Plélauff, - Maël-Carhaix : sainte Barbe, sainte Catherine, saint Pierre, etc. (Toul-hoat). La production de l'atelier de Sainte-Marie (Quintin) apparaît à Guingamp, Saint-Servais-église et Burthulet, quelque peu standardisée.

Tombeaux • Des sarcophages, vraisemblablement mérovingiens, se voient à : - Bourbriac : « barque » de saint Briac, - Canihuel-Saint-Gildas : « tombeau » du Saint, - Trébrivan-Loconan : « tombeau » de saint Colomban. • Des tombeaux installés dans la nef ou sous des enfeux sont visibles à : - Bourbriac : saint Briac, un abbé (crypte), - Guingamp : Roland de Coatgourden (XIV e), Mgr Morel (XIX e), - Lanrivain-Guiaudet : abbé Daniel (XIX e), - Loguivy-Plougras, Dresnay : seigneur Castelmeur, - Mellionnec : labe, - Mûr-de-Bretagne : abbé Daniel (XIX e), - Plévin : père Maunoir (XVIII e), - Plusquellec : labe des Kerouartz-Poulmic.

• Des pierres tombales ornent le sol à : - Bulat, chapelle Saint-Blaise de Pestivien : l'écrivain Charles Hercule de Keranflec'h et divers membres de sa famille, - Saint-Gilles-Pligeaux, - Perret : les échaliers du placître. Un meuble reliquaire abrite à Grâces les cendres de Charles de Blois. Une plaque commémorative est dédiée à Loguivy-Plougras à Mgr Dubourg. Des boites à crânes, marquées du nom du défunt sont visibles à Saint-Fiacre.

Principaux pardons

Chaque église a son pardon. Les chapelles également, mais certains sont devenus expéditifs (Sainte-Jeune en Plounévez-Moëdec). Les plus authentiques et les mieux suivis sont: Bourbriac-Danouët (15 août), Bulat (dimanche suivant le 8 septembre), Carnoët, Pénity (15 août), Guingamp (premier dimanche de juillet), Loguivy-Plougras, Dresnay (dimanche de Pentecôte), Peumerit-Quintin, Loch, dit « pardon des cerises », Saint-Péver-Restudo, avec bain des chevaux (3 e dimanche. de juin), Saint-Servais (13 mai). Les enclos paroissiaux

Ossuaires L'Argoat 22 a le privilège (?) de posséder les seuls ossuaires ou reliquaires d'attache encore « actifs » - c'est-à-dire utilisés pour recueillir les ossements des autochtones exhumés pour cause de fin de bail... Citons-les : - Glomel-Trégornan (ossements fort bien rangés), - Gouarec-Saint-Gilles, - Kerpert, - Lanrivain, - Magoar, - Saint-Fiacre (XV e), - Bothoa en Saint-Nicolas-du-Pélem, - Trémargat. Des ossuaires désaffectés subsistent à Kergrist-Moëlou, Le Moustoir, Plourac'h (en partie détruit), Corlay.

Cimetières Il est heureux que la moitié environ des quatre-vingts cimetières de l’Argoat 22 (certaines communes possèdent deux cimetières) aient été conservés dans l'enclos paroissial traditionnel, souvent ceint de hauts murs (Canihuel, Saint-Gilles-Pligeaux). Les Bretons de jadis souhaitaient être proches de leurs morts. Pourquoi aujourd'hui reléguer ceux-ci dans la « banlieue » des bourgades ? Certaines chapelles possèdent un cimetière (Burthulet-Saint-Servais, Dresnay-Loguivy, Saint-Gilles-Gouarec, Rosquelfen-Laniscat). Divers placîtres ont conservé d'imposantes pierres tombales anciennes : Pestivien en Bulat, Loc'h en Peumerit-Quintin.

Fontaines Chaque église ou chapelle possédait jadis, à courte ou longue distance, une fontaine. Plusieurs d'entre elles ont disparu sous la végétation (Pestivien en Bulat) ou la boue (Trois-Évêques en Magoar). La plupart ont perdu leurs saints (Bulat, sept saints) ou tout ou partie de leurs bancs de pierre où s'asseyaient les pèlerins. Parmi la centaine de fontaines d'antan, les plus pittoresques qui demeurent sont : - Belle-Isle-en-Terre : N.-D. de Pen-Dreo, - Bulat : fontaines du Coq, de la Vierge, - Calanhel : saint Maur, - Carnoët : saint Gildas (monolithique), - Laniscat : saint Gildas (trois bassins), - Lanrivain-Guiaudet (double), - Magoar : saint Gildas, - Plévin : saint Abibon ou Diboan, - Rostrenen : N.-D. du Roncier, - Saint-Gilles-Pligeaux (double), - Saint-Nicolas-du-Pélem : saint Nicolas (bourg), saint Éloi, - Bourbriac : saint Briac.

Calvaires L'Argoat 22 possède tous les calvaires des Côtes-d'Armor pouvant être comparés à ceux du Finistère. Le plus beau est indiscutablement celui de Senven-Léhart,, œuvre du célèbre sculpteur finistérien Roland Doré (début XVII e) qui a atteint ici a un pathétique inégalé (Vierge, saints, en kersanton). Citons en outre : - Bulat, Pestivien : mise au tombeau, - Carnoët, bourg : calvaire de saint Corentin (en partie mutilé), - Glomel-Trégornan, abîmé, - Gurunhuel, avec représentations des âmes des larrons, - Kergrist-Moëlou, talentueux, mais remonté en désordre, - Lanrivain, avec mise au tombeau, saint Yves entre le Riche et le Pauvre, - Plourac'h : Piéta frustre. Sur le calvaire monolithique de l'Isle en Callac, récemment nettoyé, se remarquent - comme à Gurunhuel - les âmes des larrons (un ange, un diable s'emparent de l'enfant qui les figure).

Les croix de chapelles ou de chemins

Des centaines, sinon un millier de croix se dressent encore au long des chemins des soixante-quinze communes décrites. Les plus belles sont : - Bourbriac : Saint-Houarneau, etc., - Gurunhuel : Salut Bulat, - Kerien : Kerlégan (brisée), - Laniscat : Rosquelfen (Passion érodée sur le socle), - Lanrivain : Bodinel, « véritable ostensoir de granit » (Aubert), - Locarn ; cimetière (cordes de sang du crucifié), - Le Moustoir : deux croix aux socles décorés de la Passion, - Plésidy : bourg (nombreuses scènes) ; Caélouan, - Plounévez-Quintin : Saint-Colomban, - Plussulien : bourg (une femme du pays a servi de modèle pour la Vierge), - Plussulien : Sélédin, - Pont-Melvez : Kroaz-Ru (Croix rouge), templiers, - Saint-Nicodème : cimetière, - Saint-Servais : cimetière, - Trébrivan : croix du Monument aux morts. Les abbayes

L'Argoat 22 a vu s'élever trois abbayes, aujourd'hui ruinées : - Guingamp-Sainte-Croix: abbaye augustinienne fondée en 1135. Le logis abbatial de 1530 subsiste. L'église romane est en ruines. - Kerpert-Coatmalouen, abbaye cistercienne fondée en 1142, sous le nom de la Bonté-Dieu. Elle périclita, fut rebâtie vers 1750 et fut pillée et brûlée pendant la Révolution. - Saint-Gelven-Bon-Repos, abbaye cistercienne fondée en 1184. Rebâtie à l'époque classique. Ruinée. Les communs ont été restaurés. On procède actuellement à la consolidation des vestiges. Patrimoine architectural civil

L'Argoat 22 fut constamment pauvre, mais quelques familles de seigneurs riches ont pu y faire élever quelques monuments intéressants, dont il ne reste souvent que des vestiges ou le souvenir.

Mottes féodales

Datant du Haut Moyen Age subsistent un grand nombre de mottes féodales, encore entourées de larges fossés. Les plus faciles à reconnaître sont à : - Carnoët : Rospellem, Saint-Gildas, - Kerien : Cosquer-Jéhan, - Louargat : Pen-ar-Stang, - Paule : Castel-Laouéan, - Plougras : Beffou, - Saint-Fiacre : l'Étang, - Tréglamus : Comorre, - Canihuel : Pellinec. Plus difficiles à identifier sont les mottes de Calanhel (la Roche), Callac (Kernormand), Duault (Landugen), etc.

Châteaux forts

On peut remarquer d'insignifiants vestiges de châteaux forts à : - Bulat (village du Château), - Callac (restes de murs), - Saint-Péver (Avaugour). Par contre gardent encore belle allure les châteaux forts de : - Corlay : ruines d'un château élevé à partir du XIIe siècle, dont La Fontenelle fit son quartier général durant les guerres de la Ligue, - Guingamp : château des ducs de Bretagne, amputé du couronnement de ses tours. En cours de fouilles et restauration.

Manoirs et châteaux de plaisance

Le nombre de châteaux et manoirs édifiées pendant les XV e et XVI e siècles lui moins important que sur le littoral, du fait de la pauvreté du terroir. Certains de tes châteaux eurent bientôt à souffrir des guerres de la Ligue (1590), de la révolte des Bonnets Rouges (1675), de la Révolution de 1789, soit par le pillage, soit par l'incendie, soit par le fait que l'insécurité entraîna le départ vers les villes de châtelains qui se bornèrent désormais à toucher les fermages. De grands propriétaires comme La Fayette, possesseur de fermes dans vingt-cinq communes des Côtes-d'Armor, n'ont jamais mis les pieds en Argoat (le seul crochet que fit La Fayette entre Brest et Rennes fut ). Les hommes d'affaires encaissaient les revenus. D'autres propriétaires de plusieurs châteaux séjournaient épisodiquement en Argoat. De ce fait certains édifices ont connu la déchéance.

Déchéance • Disparition intégrale par effondrement ou vente de pierres, remontées ailleurs en particulier sur le littoral. Ainsi : - Canihuel : château du Glazan, rebâti près de Lannion, - Carnoët : manoir de Kerautem, vendu en 1989, - Maël-Carhaix : manoirs de Quinquissaliou, - Moustéru : château du Groesquer, rebâti, - Plougonver : château du Cludon, ruiné, - Plounérin : châteaux de Bruillac et Kerigonan, - Saint-Servais : manoir de Kerbournet, rasé vers 1987.

• Disparition partielle par vente d'ornements qui constituaient l'intérêt principal du monument : - Bulat, Guérizouarn : balustrade, - Lohuec, Gouernéven : balustrade, - Louargat, Guermorvan : superbe vasque achetée par la municipalité de en 1988.

• Dégradation, perte de caractère, transformation : - Callac : Kermabillou, - Grâces : Kerurien, - Loguivy-Plougras : Kerroué, - Plésidy : Médic, - Plouguernével : Coat-Hual, - Plusquellec : Boissière.

Survivance Fort heureusement, certains descendants de vieilles familles et de nouveaux acquéreurs, pas nécessairement titrés, ont entrepris la restauration de plusieurs édifices que l'Argoat peut présenter avec une fierté légitime.

• Châteaux de caractère - Duault, Rosviliou : un pavillon central y remplace la tour, - Glomel, Coatcouraval : aux allures de forteresse, - Grâces, Keranno : orangerie, Mellionnec, Trégarantec : cour pavée, chapelle, jardins à la française.

• Manoirs de caractère - Bourbriac : Helloc'h, - Louargat : Cleuziou, transformé en hôtel, - Plésidy : Toul-an-Gollet, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Pélem ou Boisboissel, - Trémargat : Lampoul.

• Autres manoirs et châteaux Retouchés ou récents certains édifices méritent toutefois la citation : - Belle-Isle-en-Terre : bourg (XIX e), - Belle-Isle-en-Terre : Coat-an-Noz, - Canihuel : Bois-Berthelot, - Coadout : Bois-de-la-Roche, - Glomel : Ker-Saint-Éloi (tour, XV e), - Guingamp : les Salles et Sainte-Croix, - Lanrivain : Gollodic, - Maël-Pestivien : Kerauffret, - Pabu : Munehorre et Restmeur, - Paule : Keranguevel (manère ancien) et Kerloguennic, - Plévin : Kerlouët, - Plouisy : Kerisac, - Ploumagoar : Kergré et Locmaria, - Plounérin : Keraes, - Rostrenen : Campostal, - Saint-Connan : Sainte-Marie, - Saint-Gelven : Coët-Correc, - Saint-Gilles-Pligeaux : Kervillo, - Saint-Nicolas-du-Pélem : Botcol.

L'habitat rural et le petit patrimoine

Certains villages, parfois déserts, aux maisons robustes, revêtent une sobre unité architecturale : - Kergrist-Moëlou : Kermablouze, la Salle, Saint-Condan, etc., - Lanrivain : le Rest, Saint-Antoine. Les constructions annexes, constituant le petit patrimoine, méritent d'être entretenues ou restaurées : - auges de pierre : un peu partout, mangeoires ; quelques belles vasques, - colombiers : Plounérin, Lesmoal, - épis de faîtage, girouettes, lignolets, -fenêtres étroites : Bourbriac, Mery (s'expliquant par l'impôt qui frappait les ouvertures), -ferronnerie, grilles, -fours à pain : Maël-Pestivien-Kerohou (dans une maison), Plélauff (Kerroch, etc.), Saint-Servais-Goascaven, - granges sur piliers, escaliers extérieurs, aires entourées de piliers : Lanrivain- Saint-Antoine, - « kuz-gwele » : maisons à cache-lits en retrait et appentis-poulaillers en façade (Chapelle-Neuve-Kerguistiou), - lavoirs : Belle-Isle-en-Terre, - meules à grains, - pierres de biefs, bornes de champs, - pressoirs à cidre : Maël-Pestivien, Crec'h Didech, - puits : Lanrivain, Mellionnec (Trégarantec), Plounévez-Quintin, Plusquellec (manoir de la Boissière), - saloirs, - soues à porcs : Callac-Botmel (circulaire), etc., - toits d'ardoises anciennes.

L'habitat « urbain »

Quelques cités ont conservé des édifices anciens : -Corlay(1615), - Gouarec, bourg : pavillon de chasse des Rohan, - Guingamp : maisons à colombages ou à porches Renaissance de la place du Centre, qui forme un médaillon, - Guingamp : anciens couvents des Augustines, des Ursulines (exemple : l'hôtel de ville), - Kergrist-Moëlou, - Mûr-de-Bretagne, -Perret (1575), - Rostrenen : maisons du XVIII e. Rares étaient parcs et jardins publics (Guingamp). Certaines communes en aménagent : Callac, Rostrenen.

Patrimoine artistique profane

Malgré son isolement, sa pauvreté, l'Argoat 22 a été le domaine d'un certain nombre de créateurs valeureux.

Peinture

Un terroir aussi splendide aurait dû dans le passé attirer autant d'artistes que Pont-Aven ou Huelgoat. Outre les rares artistes cités à propos des édifices religieux, mentionnons une dizaine de peintres du cru ou voyageurs. Par ordre chronologique : - François Valentin, 1738-1805. Guingamp (il travailla à Quimper). Autoportrait à l'hôtel de ville de Guingamp. - Olivier Perrin, 1761-1822. Rostrenen. Peintre religieux et « ethnologue ». Assomption à l'église de Rostrenen, œuvra à Quimper. Ouvrage : La Bretagne contemporaine, œuvres au musée de Saint-Brieuc. - J. -Camille Corot, 1796-1875. Le célèbre paysagiste fit plusieurs séjours à Mûr-de-Bretagne. Des dessins et une dizaine de tableaux représentent la fontaine de Sainte-Suzanne (Destruction de Sodome), un sentier en Bretagne, etc. (Louvre). - Édouard Hostein, 1804-1889. Habita Plounévez-Moëdec. Paysagiste. - Alphonse Le Hénaff, 1821-1884. Guingamp. Peinture religieux (cathédrale de Rennes, église Saint-Étienne-du-Mont, Paris). - Théophile Salaün, 1852-1909. Guingamp. - Maximilien Luce, 1858-1941. Guingamp (service militaire, œuvres disparues à la Recette des finances). Peinture néo-impressionniste. - Paul Sérusier, 1863-1927. Guingamp a de lui trois grandes toiles offertes par sa veuve (deux à la mairie, une à la basilique). Théoricien de l'école de Pont-Aven. - Charles Filiger, 1863-1928. Gouarec, séjour en 1903. Œuvres à Brest, Quimper. Peintre mystique. - Mathurin Méheut, 1882-1958 (de Lamballe). Explora Coat-an-Noz, Plougonver, etc.

Parmi les contemporains, citons : - Fanch Vidament, 1948-1982. Saint-Servais. Néo-réaliste. - Simone Le Moigne. Glomel-Trégornan. Naïve. - Daniel Le Diouron. Lanrivain. Ainsi que les dessinateurs : - Alain Goûtai. Saint-Servais. - Lidwine. Calanhel.

Sculpture

Profanes ou religieuses, quelques sculptures méritent d'être vues, quelques artistes du cru méritent la citation : - Bulat : Chamaillard (XIX e) : le paysan gwenedour supportant le lutrin (église). - Caurel: Ély Mombet, 7-1914. Sculpteur sur bois. Œuvres à Plévin, Plestin-les- Grèves. - Guingamp : Yves Corlay : fontaine la Plomée. - Mûr-de-Bretagne : Pierre Feitu, 1868-1937. Œuvres à la mairie (bustes, etc.). - Peumerit-Quintin : Barthélemy Le Cam (xix 6). Œuvres à Kersollec et au bourg. - Saint-Mayeux : Jules Le Bozec, 1898-1973. Atelier à Mellionnec, puis Rostrenen. Œuvres à Saint-Brieuc : Promenades. Nombre de sculpteurs talentueux travaillent actuellement en Argoat. Des ateliers d'ébénistes ont conquis la notoriété dans le domaine du meuble décoré de motifs bretons : Bacon à Caurel, Branthôme à Rostrenen .

Architecture

- Félix Ollivier, 1863-?, Guingamp. - James Bouille, 1894-1945, Guingamp .

Musique

Elle a toujours été à l'honneur en Argoat, sans doute parce que les paysages mou- vementés et les monuments mélancoliques procurent l'inspiration.

Compositeurs classiques - Guy Ropartz, 1864-1955. Né à Guingamp, auteur de Mélodies, Requiem. - Pierre Thiélemans, 1825-1898. Flamand devenu organiste à la basilique de Guingamp. Auteur de la Dérobée de la Saint-Loup, Cantate des Deux Bretagnes, etc.

Chanteurs du XIX e - Yann ar Minous, 1827-1892. Le célèbre chanteur de gwerziou et soniou ne manquait pas de faire un pèlerinage au Menez-Bré avant d'entreprendre sa tournée estivale. - Pierr an Dali. Chanteur aveugle de Corlay.

Chanteurs contemporains En français ou en breton, citons particulièrement : - Anne Auffret, Bulat. Chanteuse de gwerziou, de cantiques, cantatrice. - Annie Ebrel, Lohuec. - Glenmor, Maël-Carhaix, Mellionnec. Barde à l'inspiration pugnace. - Sœurs Goadec, originaires de Trébrivan, elles ont connu la popularité en Finistère (Poullaouën) dans les festou-noz. - René Le Gac, Callac. Sans doute le dernier chanteur ambulant. - Frères Morvan, Saint-Nicodème. Chanteurs de fest-noz.. - Jean-François Quéméner, Saint-Ygeaux. Chanteur de gwerziou et de chants poétiques (souvent avec Anne Auffret). Un festival de Kan ar Bobl (chant répons) a lieu chaque année à Duault . Musicologues et musicographes Plusieurs érudits de l'Argoat ont collecté avec opiniâtreté les chants et musiques du terroir : - Joseph Ollivier, 1879-1946, Belle-Isle-en-Terre (catalogue de la chanson bretonne). - Vefa de Bellaing, Guingamp. - Polig Monjaret, Guingamp. - Claudine Mazéas, Guingamp. - Daniel Giraudon, .

Interprètes d'instruments bretons On ne compte plus les sonneurs de bombarde et biniou. Le plus célèbre couple de sonneurs fut probablement celui des Briacins Étienne Rivoallan et Georges Cadoudal. La contrée est le fief des joueurs de treujeun gaol ou clarinette du pauvre (Youenn Thomas, Denis Jouan, etc., région de Kerpert, Saint-Connan). Un festival international de clarinette a lieu l'été à Glomel. Autre instrument en vogue en Argoat : l'accordéon diatonique.

Fabricants d'instruments Citons : - Daniel Le Noan, Plougonver : anches d'instruments à vent. - Claude Le Roux, Plouisy : luthier.

Spectacles

Autrefois, le théâtre eut aux xvi e et XVII e siècles une grande place en Bretagne et particulièrement en Argoat (Coadout, Plouisy, etc.). Il constituait la seule distraction des habitants; certaines pièces duraient trois jours. Ces pièces, recensées par Gwenolé Le Menn, étaient souvent d'inspiration religieuse (Destruction de Jérusalem, Vie de sainte Tryphine, et d'autres saints. Les Quatre fils Aymon, etc.). Les représentations choquaient le clergé qui tentait vainement de les interdire (Plouisy, Guingamp). Le rôle de la Vierge était tenu par un homme. Sainte Anne accouchait sur scène. Selon Luzel, les « Sauvages » sculptés sur le jubé de Loc-Envel, sur un pilier de Bulat, etc., seraient des personnages de la pièce Or son et Valentin. De nos jours, des troupes de théâtre amateur exercent leurs talents dans plusieurs cantons. Leur répertoire n'est pas souvent d'inspiration locale. L'abbaye de Bon- Repos donne chaque été une grande reconstitution historique basée sur des événements authentiques. Le clown Kergrist, de Glomel, donne toute l'année des spectacles contestataires (« le clown agricole », « le clown atomique », etc.) bien dans la ligne de l'esprit des autochtones.

Films

L'Argoat 22 qui possède pourtant de magnifiques paysages et des monuments originaux a été peu fréquenté par les cinéastes. Citons cependant : - L'Argoat, le plus ancien silence du monde, 1960. Scénario: Edmond Rébillé. Images : Louis Falquet. Film égaré par L’ORTF. .. - Sarn, 1967, Claude Santelli. Mûr-de-Bretagne. - Le Seigneur du château, comportant des vues de Carnoët-Locarn, 1989. - Histoires naturelles : la bécasse, 1988, Igor Barrère, Mellionnec-Trégarantec. - Mariage mortel, 1990, Mellionnec-Trégarantec. Avec Jean-Claude Brialy, Rufus, etc. -L'Affaire Seznec, 1991, Yves Boisset, a été tournée aux environs de Guingamp. Le cinéaste Michel Sibra est de Guingamp; l'actrice Danielle Évenou, de Maël-Carhaix.

Patrimoine littéraire

L'Argoat 22 a compté bien plus d'écrivains qu'on ne le pense. Certains oui eu- m-, pires par leur terroir.

Littérature bretonne

Les collecteurs de chants et traditions orales bretonnes Ils seront cités au chapitre littérature française, car ils ont évidemment livré la traduction des textes collectés par leurs soins.

Les bardes Nombre de bardes, pour la plupart nés en Argoat, y exercent leurs talents, surtout entre 1900 et 1939. Citons, par ordre alphabétique : - Auguste Bocher, Duault, 1878-1944 (Ma Douslk Koant, 1907), - Philoména Cadoret, Bonen-Rostrenen, 1892-1923, dit « Mouez Mencou Kerné », - Amédée Cozic, Peumerit-Quintin - Guingamp, 1880-?, - Julian Godest, Callac, 1849-1932 (Gwerziou Poblus), - Abbé Héry, « barde Menez-Bré », - François Jaffrennou, Carnoët, 1879-1956, « barde Taldir », Hirvoudou, etc., - Alfred Lajat barde « Mab an Argoat », - Césaire Le Coënt, Kerien barde « Mab Lois », - Jean Le Fustec, Rostrenen, 1855-1910, - Jean Le Gall, Saint-Servais, 1860-1922 (Le sommeil du barde, Le calvaire de KERGRIST) - Toussaint Le Carrée, Kergrist-Moëlou, 1860-1922 (théâtre), - Jean-Marie Le Jean, Plounérin, 1820-1876, barde « Eostik Koat an Noz », - Louis Le Moal, Coadout, 1881-1918, - Yves Le Moal, Coadout, 1874-1957, dit « Dir na dor », - Goulven Mazéas, Guingamp, 7-1981, - Prosper Proux, Poullaouën, Guerlesquin (Finistère) qui décrit Calanhel, - Yves Quérou, Plougonver, 1873-?, - François Vallée, Plounévez-Moëdec, 1860-?, Parmi les contemporains (années 1950-1960), citons : - Abbé Loriquer, Saint-Gilles-Pligeaux, (barde « Mab Sulon », poème à la chapelle du Guiaudet), - Stanislas Milbéo, Carnoët- Paris, 1892-?. Leurs ouvrages peuvent être consultés en bibliothèque, à Saint-Brieuc par exemple.

Les écrivains Certains auteurs de l'Argoat ont cherché à être, plus que des bardes, des écrivains en langue bretonne. Ainsi : - H. Buzullier, Tréglamus, contemporain (Eur paotrig bihan dister), - Jean Conan, Guingamp, 1765-1834, auteur des Aventures du citoyen Jean Conan en 7054 vers bretons, - Angéla Duval, Vieux-Marché, 1905-1981, poète, - Per Even, Guingamp, contemporain, - Francis Favereau, Guingamp, contemporain, - Père Médard, Guingamp, 1908-1988, - Jef Philippe, Locarn - Coadout, contemporain.

Les historiens et traducteurs - Abbé Lec'hvien, Kergrist-Moëlou (traduction de la Bible, Vie des Saints), - Annie Plusquellec, Carnoët (Angéla Duval).

Les conteurs Bien moins connus que Maharit Philippe, de , nombre de conteurs et e conteuses de l'Argoat ont, au XIX siècle, confié leur répertoire à de La Villemarqué, Barbe de Saint-Prix, Luzel ou Le Braz. Ainsi : - Gorvel, Maël-Pestivien (informateur de La Villemarqué), - Marie Clech, Loguivy-Plougras (17 chants confiés à Luzel), - Marie Daniel, Duault (6 chants à Luzel), - Marie-Anne Le Noan, Saint-Servais (13 chants à Luzel), - Le Neindre, Kerien. Ces contes et légendes étaient colportés par les pillaouers (marchands de chiffons), les nourrices, les tailleurs, les pâtres. Parmi les contemporains (en breton) citons : - Joseph le Rolland, Trébrivan, Kergrist-Moëlou, 1904-1985, - Marcel Guilloux, Lanrivain.

Littérature française

Du fait son isolement, l'Argoat 22 n'a été décrit que par un petit nombre de littérateurs. Le bilan de nos recherches est cependant intéressant.

Les voyageurs • Aux XVII e et XVIII e siècles, quelques rares voyageurs laissèrent des relations de leurs équipées sur l'itinéraire Paris-Brest. Rares sont ceux qui s'en écartent. Citons : - Dubuisson-Aubenay, Gouarec-Trosulon, 1636, - Jouvin de Rochefort, Belle-Isle-en-Terre, Saint-Servais, 1672, - Chevalier de Mautort, Belle-Isle-en-Terre, 1779, - Jean Ogée, plusieurs communes (mais souvent par ouï-dire), 1778, - Louis Desjobert, Belle-Isle-en-Terre, Guingamp, 1780, - Arthur Young, Belle-Isle-en-Terre, 1786, - La Vallée, Guingamp, 1793.

• Au XIX e siècle , les explorateurs de l'Argoat se firent un peu plus nombreux. On trouvera quelques lignes chez : - Jules Michelet, Guingamp, 1831, - Prosper Mérimée, Bulat, Carnoët, 1835-1836, - Chevalier de Fréminville, Callac, 1837, - Gustave Flaubert, Guingamp, 1847, - Guillaume Le Jean, Callac, 1850, - Charles de Keranflec'h, Chapelle-Neuve, Kerpert, 1857, - Abbé Audo, Kerien, 1865, - Comte du Chalard, Gouarec, 1866, - François Luzel, Grâces, Guingamp, Duault, Gurunhuel, Kerpert, Loguivy-Plougras, Louargat, 1864, - Pierre Loti, Guingamp, 1883, - H. et G. Dubouchet ( Zigs-zags en Bretagne), 1893, -Joseph Rousse, Rostrenen, 1838-1909.

• Au XX e siècle, les autochtones sont plus curieux et plus prolixes. Ainsi : - O.-L. Aubert (Le livre de la Bretagne, etc.), 1870-1950, - Auguste Dupouy, 1872-?, - Gustave Geffroy, 1855-1926, - Fanch Gourvil, 1889-1984, - Anatole Le Braz (Au pays des pardons, etc.), 1859-1926, - Yves Le Gallo (La Bretagne), - Charles Le Goffic, - Florian Le Roy (Vieux métiers bretons), - François Menez (Aux jardins enchantés de Cornouaille, - Narcisse Quellien.

Les collecteurs et folkloristes • Les collecteurs A partir de 1850, plusieurs collecteurs ont recueilli les légendes de l'Argoat 22 - Hersart de La Villemarqué. Il rencontre à Maël-Pestivien, Canihuel, Kergrist-Moëlou, Mellionnec, des conteurs et chanteurs qui lui transmettent plusieurs chants : Le vassal de Du Guesclin (qui évoque la prise du château de Pestivien), Le siège de Guingamp, Les Ligueurs (Kergrist-Moëlou, Duault, Saint-Servais), La Fontenelle (toute la contrée), Les hommes de Plévin (chanson de table), Les Bleus (Mellionnec). - Nicolas Le Braz, père d'Anatole. Instituteur à Saint-Servais, il recueillit nombre de chants qu'il confia à un chercheur lannionais, Le Nepvou de Carfort, qui les perdit. - Barbe de Saint-Prix, Saint-Servais, 1787-1869. Grande collectrice de chants populaires de la région de Callac à partir de 1820. - Emile Souvestre, Morlaix, 1806-1854. Il recueillit vers 1837 des contes à Belle-Isle-en-Terre, Bourbriac, Guingamp. - François Luzel, Vieux-Marché, 1821-1895. Certainement sur les conseils de Nicolas Le Braz, Luzel se rendit à Duault - qui englobait alors Saint-Servais et Saint-Nicodème - et y recueillit 27 chants, qui figurent dans ses Gwerziou et Soniou. Ainsi : Marie Quelen, La femme du recteur de Duault. Il prospecta aussi à Grâces, Guingamp, Loguivy-Plougras, Loc-Envel, etc. - Anatole Le Braz, 1859-1926. Bien qu'ayant quitté Saint-Servais à l'âge de 2 ans, il aima plus tard y revenir et recueillit nombre de légendes. - Pierre Gueguen, Loguivy-Plougras, 1889-1965. - Joseph Ollivier, Belle-Isle-en-Terre, 1879-1946, collecteur de chansons. - Geneviève Massignon, Menez-Bré, Plougonver.

• Les légendes Elles mettent en scène : Les animaux : - Le lièvre au poil d'or (Glomel, O.-L. Aubert), - Le loup gris (Gouarec), - La jument noire (Sainte-Tréphinc, Anatole Le Braz), - Le lion (Saint-Servais, etc.), - Le renard. • Les plantes : - L'herbe d'oubli (Loguivy-Plougras, forêt de Beffou).

• Les humains : - Boudedéo, le Breton errant (Gorges du Corong, Saint-Servais), - Les nains de Trégornan (Glomel), - Le meurtre de Tréphine par Conomor (Gorges du Daoualas), - Les morts malfaisants (Gouarec, Pont-Melvez : Le Braz), - Les mourants (Menez-Bré, Saint-Servais), - Les danseurs (Gouarec, Glomel, Menez-Du, Bourbriac, Rostrenen, Soizic Diverrès), - Les prêtres intègres (Menez-Bré, Tadig Coz), - Les prêtres indignes (la Chapelle-Neuve, Coathalek), - Les vauriens (Duault, Claude ar Scanff, Kriniskoa), - Le coureur de chemins (Loc-Envel, Baléer Bro, O.-L. Aubert), - La duchesse Anne (Saint-Servais), - Le fantôme de Marie Le Chevoir, épouse de la Fontenelle (Corlay), - Les paysans contraints de faire taire les grenouilles (Perret, Plusquellec), - Les personnages mythiques, - L'Ankou, charretier de la mort (Callac, Plougras, Le Braz), - Les revenants (Gouarec), - Le diable. Peu futé, il est victime de mauvais tours (Gouarec, Duault, Loguivy- Plougras. Mais il meurt à Burthulet en Saint-Servais). - Les fées ou Groach (un peut partout), - Le lutin. Différent des lutins d'autres peuples, c'est un personnage redoutable qui lance des défis (dans toute la contrée), - Les lavandières de la nuit ; surtout ne pas les aider, - Le siffleur de la nuit, qui interpelle et paralyse les passants attardés, - le danseur de la nuit, qui ne connaît que trois mots : lundi, mardi, mercredi. Surtout ne pas compléter la liste, - L'ogre, magicien, sorcier, mais non anthropophage en Argoat.

• Les romanciers Plus nombreux qu'on ne le pense sont les écrivains nés en Argoat ou ayant évoqué le pays dans leurs œuvres. Outre Anatole Le Braz (Les Légendes de la mort, etc.), O.-L. Aubert, déjà nommés, citons : - Narcisse Quellien, Perrinaïc, 1848-1902, Contes et nouvelles du pays de Trégor, etc., - Augusta Coupey, Guingamp, 1838-1913, L'Orpheline, etc., - Simon Davaugour (Francis Simon), 1860-1937. Plusieurs nouvelles (Sous le ciel gris, Les Fronts têtus, Contes de la côte et de la lande) se déroulent à Plésidy, Guingamp, Belle-Isle-en-Terre, etc., - Paul Beaufils, 1872-1938. Il évoque Carnoët dans Le Domanier de Toul-an-Diaoul, - Maurice Fourré, 1876-1959, écrivain surréaliste, situe Tête de nègre à Laniscat, - Max du Veuzit, romancier prolifique, situerait l'action des Vieux puits à Loguivy- Plougras, - Jean des Cognets, 1883-1961. Il évoque Plounévez-Moëdec dans D'un vieux monde, - Pierre Guéguen, 1889-1965; enfance à Loguivy-Plougras, qu'il évoque ainsi que Lohuec, Coat-an-Noz, etc., dans Arc en ciel sur la Domnonée et La Chasse au faon rosé, - François Menez, Saint-Clet, situe L'Envoûté à Guingamp, - Michel Robida, Paris. Il situe l'action des Trenandour à Guingamp (1939), - Édouard Ollivro, Guingamp, 1921-1982, Picou, Grand bal à Cadolan, - Thérès Jolly, Trémargat, Les Bergers, - Edmond Rébillé, Callac, Le Diable est mort à Burthulet, 1991, - Jean Kergrist, Glomel, Grand bal à Saint-Lubin. D'autres écrivains sont à rattacher à l'Argoat, bien qu'ils n'y aient pas, à ce jour, consacré une œuvre : - Roger Le Taillanter, Belle-Isle-en-Terre, ouvrages sur la police, - Pierre Duclos, Guingamp, Maël-Pestivien, Les Enfants de l'oubli, Les Prêtres.

• Les poètes Outre Le Braz et Pierre Guéguen, citons : - Charles Hello, Guingamp, 1787-1850, - Le juge Joly, Grâces, Menez-Bré, XIX e siècle, - Arthur Conan, Guingamp, Préludes, 1837, - Yves Ropartz, Guingamp, 1857-188 \,L'Enfant du péché, - Simon Le Beaudour, Calanhel, 1863-?, La Grève blanche, - Guy Ropartz, 1864-1955, poèmes, théâtre, -Louis Boivin, Guingamp, 1866-1924, La Bretagne légendaire et L’ Âme celte, - Auguste Boncorps, Rostrenen, 1905-1971, Les Odes triomphales, - Armand Robin, Plouguernével, 1912-1961, Ma vie sans moi, etc., - Emmanuel Le Peillet, Saint-Nicolas-du-Pélem, Rencontres, etc., - Danielle Collobert, Rostrenen, 1940-1978, Meurtre, Dire, II donc, etc., - Françoise Morvan, Rostrenen, Poèmes, Études sur Armand Robin,

• Les historiens Nombre d'historiens sont nés ou ont œuvré en Argoat 22 : - H. de Beaucours, Saint-Nicolas-du-Pélem, 1775-1823, - Benjamin Jollivet, imprimeur à Guingamp, 1805-1867, Côtes du Nord, - Sigismond Ropartz, Guingamp, 1823-1878, - Charles de Keranflec'h, Guingamp, 1827-1899, Mélanges d histoire, Voyage dans les Montagnes Noires et Les Monts d’Arrée, - Thérèse Jégou du La/,, Glomel, 1831-1906, La Baronnie de Rostrenen, etc., - Onfroy Kermoalquin, Guingamp, -Joséphine Baudry, Rostrenen, 1864-1915, - R.-M. Jouan, Carnoët, Histoire de Carnoé't, 1901, -Joseph Le Monnier, Guingamp, 1866-1921, - Jean de Kerambrun, Plouisy, 1874-?, - Hervé , Guingamp, 1880-1847, L'Esprit public sous la Révolution, - Arthur Bourges, Pont-Melvez, Les Moines rouges, 1951, - Léon Dubreuil, 1880-1967, nombreux articles dans le Journal de Guingamp, - Louis Fournier, Bulat, Guingamp, - E. Le Barzic, Mûr-de-Bretagne, - Yves de Boisboisscl, Saint-Nicolas-du-Pélem, 1886-1960, Loz de Beaucour , - François Dobet, Guingamp, 1898-1962, Histoire de Guingamp, - Simonne Toulet, Guingamp, Vivre à Guingamp au XIX e siècle, - Hervé Le Goff, professeur à Guingamp, Les Abbayes, La Révolution dans le Trégor, - Ronan Le Coadic, Carnoët, Les Campagnes rouges de Bretagne, 1991.

• Les érudits Plusieurs natifs de l'Argoat 22 ont acquis la notoriété dans divers domaines relevant de l'érudition : Philosophe : Charles-Hercule de Keranflec'h, Plusquellec, 1711-?. Linguistes : Grégoire de Rostrenen, né à Perret en 1732 ; La Tour d'Auvergne, Tré- margat, 1743-1800, Origines gauloises ; Bernard Tanguy, Laniscat. Critique littéraire : Michel Le Guern, Bourbriac (contemporain). Naturalistes : Théodule Ribot, Guingamp, 1839-1916; Grégoire des Aunayes, Belle- Isle-en-Terre, 1739-1810; Emmanuel Le Maout, Guingamp, 1800-1877. Théologiens : abbé Joseph Penault, Carnoët, L'Ami du peuple, 1839 ; révérend père Huby, Laniscat, 1878-1948. Physicien : Pierre Corgne, Corlay.

• Le théâtre En dehors de quelques bardes du XIX e siècle qui livrèrent des pièces bretonnes, un auteur contemporain, natif de Belle-Isle-en-Terre se manifeste : Tilly. • L information La presse Hebdomadaire. - Deux titres sont lus en Argoat. Avant tout L'Écho de l'Armor et de l'Argoat (Guingamp) et sur la frange nord, Le Trégor (Lannion). Les revues. - Dans le passé, deux revues ont beaucoup et bien parlé de l'Argoat : An Oaled (Taldir) et La Bretagne touristique (Aubert). Actuellement, deux revues sont à citer : - Pays d'Argoat, semestrielle (Yannick Botrel, koad-Izelan, Bourbriac), - Trégor Mémoire Vivante, semestrielle (Mme Le Brozec, Lannion). Entre 1980 et 1990 trois intéressantes publications connurent une carrière trop brève, faute de soutien : - Naous, Callac, - Le Petit Breton, Carhaix, - Le Journal du Pays, Bourbriac (J.-M. Didou, 1989).

La radio La station de radio Kreiz Breiz, sise à Saint-Nicodème, émet chaque jour, en breton et en français, musique, informations et reportages des plus intéressants. La station Radio Nostalgie de Guingamp est plus « généraliste » Patrimoine ethnologique

Les habitants de l'Argoat 22

Physiquement, l'homme de l'Argoat passe pour être plus petit que la moyenne française, mais trapu et fort. L'amélioration de l'alimentation a d'ailleurs modifié ces données et l'on rencontre nombre d'adolescents de grande taille. La tuberculose a beaucoup sévi dans la contrée jusqu'en 1955 environ. L'alcoolisme, en régression, demeure lié aux conditions de vie pénibles : chômage, solitude. Le nombre des cafés a énormément diminué, mais il est évidemment possible de boire ailleurs... La plupart des familles sont bien logées. Les maisons neuves conservent rarement le style local des longères et pentys. Quant aux nouveaux édifices publics, mairies, salles polyvalentes, à boiseries extérieures colorées, ils sont souvent agressifs et jurent avec l'environnement, même dans le périmètre de protection d'un monument classé. Les événements familiaux sont bien plus intimes que jadis. Les femmes accouchent en maternité. Les malades et vieillards meurent pour la plupart à l'hôpital. Les enterrements regroupent cependant les habitants d'alentour, qui se doivent de régler au recteur un « service » pour le repos de l'âme du défunt... Les mariages sont souvent fastueux, avec parfois plusieurs centaines d'invités. Le costume n'a plus rien d'original. Seule une dizaine de femmes dans tout l'Argoat 22 portent encore la coiffe à ailettes du Trégor ou la coiffe plate de Haute Cornouaille (galette, Kost er H'oat, karolen). Du fait des facilités de déplacement automobile les courses au bourg sont bien plus expéditives que par le passé. On ne s'attarde plus au chef-lieu de canton le jour du marché. Sur le plan spirituel, on assiste à une considérable baisse d'audience du clergé, sinon à une perte de la foi. Les agnostiques sont cependant pour la plupart enterrés à l'église. Les rares prêtres doivent assurer le service de plusieurs paroisses; la grande majorité d'entre eux dépasse les 55 ans. Dans certaines communes des laïcs doivent assurer certaines cérémonies. Emporté par le rythme frénétique de l'existence contemporaine, les habitants actifs n'ont plus le temps d'organiser tour à tour ces veillées qui faisaient le charme des époques des grands travaux de jadis. La mécanisation simplifie le travail, mais conduit à l'isolement. Le seul loisir des jours de labeur est la télévision qui standardise les esprits à l'américaine. Mais les retraités aiment à se retrouver une fois par semaine au « club du troisième âge » pour deviser, chanter, jouer. Plusieurs fois par an, ils partent en excursion. Du fait des difficultés du monde agricole, de l'absence de débouchés sur place, les jeunes doivent continuer à s'expatrier. Il faut cent millions de centimes pour créer une exploitation agricole. La natalité étant fortement en baisse, la population ne cesse de décroître et de vieillir. En 1991, dans le canton de Callac, on a compté quarante et une naissances pour cent quarante-neuf décès. La densité humaine de certaines communes ne dépasse plus dix habitants au kilomètre carré (Saint-Nicodème, Trémargat, etc.).

Les traditions

Partout en Europe les traditions disparaissent, emportées par la standardisation du mode de vie : alimentation, habillement, habitat, loisirs. La responsabilité d'une télévision bêtifiante, violente, pornographique à l'occasion est énorme. Nombre d'autochtones en ont conscience et s'efforcent de réagir. Les festivités Du fait de son isolement rural, l'homme de l'Argoat éprouve de temps à autre le besoin de rencontrer ses pairs, plutôt que l'étranger envers qui subsiste une certaine méfiance, car on est enclin à penser qu'il se croit supérieur aux autochtones. Les invitations conviviales sont moins nombreuses pour cause d'excédent de travail, de manque de personnel, et aussi des néfastes habitudes télévisuelles. D'où le succès des pardons d'été et des fêtes diverses. Si les pardons demeurent traditionnels, les fêtes et spectacles profanes le sont moins. Certains organisateurs prennent des libertés avec l'authenticité. Il ne serait pas judicieux de fabriquer des pièges à touristes, en évoquant des événements ou des personnages n'ayant rien à voir avec le terroir, pas plus qu'il ne serait sain qu'un groupe de musiciens bretons se fasse passer pour irlandais. Que nos spectacles demeurent vrais : la matière et les talents ne manquent pas. Par bonheur nombre de fest-noz, de fest-deiz, ainsi que les célèbres fêtes de la Saint-Loup de Guingamp ont conservé leur authenticité. Vers 1925, Bourbriac organisait de somptueuses fêtes des drapeaux des seigneurs de Bretagne. La plupart des fêtes calendaires ne sont plus honorées : cortège des enfants souhaitant la « bonne année », cortège des conscrits, déguisements du Mardi gras, feux de la Saint-Jean. Pourquoi ne pas renouer avec la tradition ? Le nombre des fêtes commémoratives, culturelles, artistiques et même humoristiques, corporatives, écologiques est nettement insuffisant. Malgré la diminution du nombre des chevaux, la foire annuelle conserve un certain éclat à Bulat et Kerien.

Les jeux et sports L'Argoat 22 se doit de continuer à pratiquer les jeux et sports ancestraux : - la lutte bretonne (ou gouren), - les épreuves de force : lever de la perche, d'une bannière, d'une civière, d'un sac, d'un essieu, d'une pierre, tirer à la corde, mât de cocagne, - les courses à pied ou avec un sac, ou en tenant un œuf dans une cuillère retenue entre les dents ou les yeux bandés, - les jeux de boules, - le casse-pot, - le lancer de l'œuf, - la « décapitation » du coq (préalablement occis), - les jeux de bâton, - les courses de chevaux.

Les dictons, formules et proverbes Dans toute contrée les dictons expriment la sensibilité des autochtones, leur goût de la poésie et de l'humour. Témoins ces formules oubliées de l'Argoat 22 : - Dialogue de gastronomes Guingampais : « Qu'y aura-t-il à déjeuner? - Soupe de perdrix. - Qu'y aura-t-il à dîner? - Soupe de viande pourrie. - Qu'y aura-t-il à souper? - Soupe de chair de corbeau... » - Réponse d'une personne invitée à chanter à Duault : « Hélas ! mes linges s'en sont allés en guenilles. Et mes chansonnettes en soupirs. » - Que chante le coq de Plusquellec ? Stok da reor er c'hlenn (« Cogne ton croupion contre le fossé. ») - Quel proverbe venge les habitants de Gouarec d'un seigneur du XV e siècle? Dibri a ra d'an neo evel ma ra Rohan. (« Il mange à l'auge comme un Rohan. ») - A Laniscat, les pies sont présage de mort quand on les voit seules : Une pie, tant pis. Deux pies, c'est mieux. Trois pies valent mieux. Il serait intéressant qu'à l'instar de Daniel Giraudon, ethnologue lannionais, les défenseurs de l'Argoat 22 recueillent toutes ces formules, tous ces dictons. Sauvegarde et promotion du patrimoine

De 1884 à 1936, en cinquante-deux ans, quarante-six églises des Côtes-du-Nord ont perdu leurs vitraux du xvi e siècle. En cent ans, de 1890 à 1990, l'Argoat 22 a perdu plus de cent chapelles. Des manoirs s'écroulent ou sont vendus. Les traditions disparaissent. Il importe donc que les habitants s'investissent ardemment pour protéger l'originalité de leur terroir.

Protection du patrimoine

Il convient de signaler au directeur du patrimoine (au conseil général), toute dégradation constatée sur un monument ou un site. La solution tardera et il faudra se montrer vigilant. Ainsi également luttera-t-on contre la pollution, pour l'enlèvement des épaves, le nettoyage des rivières, l'ouverture de sentiers, la signalisation, la protection de la faune et de la flore, ainsi que celle du petit patrimoine (édifices annexes, mobilier, etc.).

Promotion de l'Argoat 22

• Promotion écrite (dépliants, guides, etc.). Il convient d'intervenir auprès des OTSI, du CDT (rue des Promenades, Saint-Brieuc), du CRT (rue de Paris, Rennes) pour que notre patrimoine soit cité dans les publications collectives. Le pays ne devrait plus se satisfaire en ce domaine de simples bricolages. Il lui faut entamer une campagne intelligente de promotion de l'entité Argoat 22, qui regroupe 75 communes : dépliants, guides, livres, films, etc.

• Conférences avec projections éventuelles. Tous les habitants de la contrée qui possèdent une compétence en quelque domaine culturel que ce soit se doivent de faire des causeries, principalement l'été, quand bien même l'auditoire serait peu nombreux. Les comptes rendus de presse implanteront dans l'esprit des lecteurs la notion de richesse de notre patrimoine.

• Visites guidées. Avec les conférences, c'est le meilleur moyen de promotion du pays. Il convient de proposer ses services aux associations pour les guider lors d'excursions pour elles inédites.

• Ouvertures de classes de patrimoine, de maisons diverses (maison de la Rivière à Belle-Isle-en-Terre, centre de découvertes à la Chapelle-Neuve, futur centre de communication international à Locarn).

• Expositions, à défaut de musées.

Revendications

Il est absolument légitime que l'Argoat 22 obtienne : - un musée archéologique à Guingamp, - un musée de l'Argoat, - le titre de ville d'art pour Guingamp, - le titre de Petite cité de caractère pour Bulat ou (et) éventuellement une autre commune. L'Argoat 22 possède un très riche patrimoine. Celui-ci est malheureusement menacé. Sa sauvegarde dépend de l'esprit d'initiative et de l'obstination des habitants, permanents ou temporaires. Edmond Rébillé, 1992

Bibliographie Pays d'Argoat, n™ 1 à 16 (revue semestrielle). AUBERT O.-L., La Bretagne touristique, 1922-1936. LE MERCIER D'ERM C., Les Bardes bretons. Mémoires de la société d'émulation des Côtes-d'Armor. DEBIDOUR, Art de Bretagne. Publications du BRGM, de la SEPNB, du conseil général des Côtes-d'Armor. RÉBILLÉ E., L'Argoat secret autour de Guingamp, 1989. (Voir bibliographie complète dans cet ouvrage.) RÉBILLÉ E., Le Diable est mort à Burthulet.