Moby-Dick - © Fototeca Storica Nazionale / Getty 5 OCTOBRE Erman Melville D'herman Concert Fiction Concert MOBY-DICK 11H &20H 2019 MOBY-DICK D’Herman Melville
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Concert Fiction MOBY-DICK d'Herman Melville 5 OCTOBRE 2019 11h & 20h Moby-Dick - © Fototeca Storica Nazionale / Getty MOBY-DICK d’Herman Melville Librement adapté par STÉPHANE MICHAKA Musique FABIEN WAKSMAN ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE DEBORA WALDMAN direction CÉDRIC AUSSIR réalisation Avec : Robinson Stévenin : Ismaël Hervé Briaux : Achab Gaël Kamilindi de la Comédie-Française : Pip Slimane Yefsah : Quiqueg Mikaël Chirinian : Elie Grégoire Monsaingeon : Starbuck Bruno Abraham-Kremer : Gardiner Sophie Bissantz : bruitages Arnaud Moral, Paul Malinowski : musiciens metteurs en ondes Concert fiction proposé à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Herman Melville. Diffusion sur France Culture le 27 octobre 2019 à 21 h dans Théâtre & Cie. Coproduction France Culture / Orchestre National de France Résumé Herman Melville en quelques dates Nantucket, Massachusetts, vers 1840. Un « désir fou de grand large » conduit 1819. Naissance à New York. Son père importe des articles de mode pari- le jeune Ismaël à embarquer comme matelot sur le Péquod. Ce baleinier a pour siens. Sa mère est la fille d’un général et héros de la guerre d’Indépendance capitaine un certain Achab, dont la jambe a été broyée par Moby Dick, le américaine (1775-1783). plus monstrueux cachalot jamais harponné par des marins. Tandis qu’il gagne la haute mer, la vie aventureuse voulue par Ismaël se transforme en quête 1832. Le père d’Herman, alors âgé de douze ans, meurt d’une pneumonie à métaphysique. Car une inextinguible soif de vengeance tourmente Achab, qui l’âge de quarante-neuf ans. lance ses hommes à la poursuite du Léviathan qui hante les océans… 1840-1844. Herman s’engage sur plusieurs baleiniers et sur une frégate de « En ce jour, l’Éternel frappera de sa dure, grande et forte épée, Le léviathan, la marine de guerre américaine. Découvre les îles Marquises, Tahiti, Hawaï. serpent fuyard, Le léviathan, serpent tortueux ; et il tuera le monstre qui est Passe trois semaines chez les cannibales Taïpi de Nuku Hiva (aujourd’hui dans la mer » (La Bible, Livre d’Ésaïe). chef-lieu des Marquises en Polynésie française). 1846. Publication de Taïpi : Aperçu de la vie en Polynésie, où l’on peut lire (fin du chapitre II) : « L’humanité se lamente des dégâts infligés sans remords Moby-Dick fut publié à Londres sous le titre The Whale, le 18 octobre 1851, [aux indigènes des Marquises] par leurs civilisateurs européens. Triplement et à New York, un mois plus tard, le 14 novembre, sous le titre Moby-Dick ; heureux sont ceux qui, vivant sur une île non encore découverte au milieu de or, The Whale. l’océan, n’ont pas eu à subir le contact contaminateur de l’homme blanc. » 1850. Publication de La Vareuse blanche (White-Jacket en anglais), dans le- quel Melville dénonce les sévices imposés à ses marins par l’armée améri- caine. Un des chapitres, intitulé « Une des raisons pour lesquelles les membres d’équipage des navires de guerre ont généralement la vie courte », se termine ainsi : « C’est à la lumière de telles constatations que nous demandons au Congrès de promulguer spécialement des lois. La santé et le confort — dans la mesure où ils peuvent être préservés en de telles circonstances — devraient être légalement garantis aux hommes des navires de guerre ; et non pas lais- sés à la discrétion ou au caprice de leurs commandants. » 1850. Dans une lettre à Richard Henry Dana, avocat anti-esclavagiste et au- teur de Deux années sur le gaillard d’avant, Melville confie à propos deMo - by-Dick dont il a entamé l’écriture : « Ce sera, je le crains, une étrange espèce de livre ; la graisse de baleine est la graisse de baleine, vous savez ; quoique vous en puissiez tirer de l’huile, la poésie en coule aussi malaisément que la sève d’un érable gelé. » 1851. Publication de Moby-Dick aux États-Unis. Deux ans plus tard, il s’en est vendu seulement 2 771 exemplaires. 1853. Parution de la nouvelle Bartleby le scribe dans la revue Putnam’s. 4 5 1888. Travaille sur Billy Budd, marin, son dixième roman, qui paraîtra à titre Melville et Moby-Dick posthume en 1924. AUX SOURCES DE MOBY-DICK 1891. Meurt quasi oublié à New York à l’âge de soixante-douze ans. On lit dans la notice nécrologique du Times : « L’éclipse totale de ce qui fut jadis un En 1839, onze ans avant la publication de Moby-Dick, paraît dans le men- astre littéraire apparaît comme un caprice absurde de la renommée. » suel new-yorkais The Knickerbocker un long récit intitulé Mocha Dick ou le Cachalot blanc du Pacifique, fragment d’un journal manuscrit. Ce texte, qui se 1919. Le centenaire de sa naissance marque le début d’un « Melville Revival ». présente comme la transcription fidèle d’un récit de marin, décrit un cachalot d’une taille démesurée, « blanc comme neige », qui vers 1810 a coulé de 1922-1924. Publication à Londres, en seize volumes, de la première édition nombreux navires près de l’île de Mocha au large du Chili. Son auteur, J. N. des œuvres complètes de Melville. Reynolds, y désigne le cachalot blanc comme « le monarque des mers » et « notre léviathan », avant d’évoquer les intentions maléfiques que lui prêtent 1930-1940. Son œuvre est redécouverte aux États-Unis. On commence à les marins. Autant d’éléments retenus par Melville qui transformera Mocha en parler de Moby-Dick comme du plus grand roman américain du XIXe siècle. Moby-Dick. Mais davantage que le texte de Reynolds, qui porte sur un animal légendaire, c’est un témoignage authentique, le Récit du naufrage du navire baleinier « Essex » de Nantucket, signé Owen Chase et paru en 1821, qui frappa Melville. Ce compte-rendu saisissant de l’attaque d’un baleinier par un cachalot enragé trouvera de nombreux échos dans Moby-Dick. On lit notam- ment dans le récit de Chase : « Il y avait [dans l’aspect du cachalot] une fureur vengeresse décuplée. Des lames se brisaient en tout sens autour de lui, et il laissait un sillage d’écume d’une perche de largeur, produit par les coups de battoir continus de sa queue. Il avait la tête à demi hors de l’eau, et c’est ainsi qu’il vint vers nous et frappa une nouvelle fois le navire. » MELVILLE, LECTEUR Autodidacte, Melville était un grand dévoreur de livres. Déjà lesté de ses expériences de marin à bord de plusieurs navires de commerce et baleiniers, l’auteur de Moby-Dick a largement puisé dans des ouvrages tels que The Natural History of the Sperm Whale « L’Histoire naturelle du cachalot » publié en 1839 par l’Anglais Thomas Beale, ou De l’histoire naturelle des cétacés du Français Georges Cuvier (1836), dont Melville possédait sans doute une traduction. Quant à la langue de Moby-Dick, elle doit autant aux pièces de Shakespeare (la rhétorique d’Achab a pour modèle le roi Lear) qu’à la Bible, en particulier le Livre de Job, dont la dispute avec Dieu fait écho à celle d’Achab avec l’Éternel, ainsi que le Livre de Jonas dont le personnage central n’est pas sans évoquer Ismaël. Comme le note Hershel Parker, le biographe de Melville, « la Bible et Shakespeare ont nourri le langage et la psycholo- gie de Moby-Dick de façon aussi déterminante que J. N. Reynolds et Owen Chase en ont nourri l’intrigue ». 6 7 LE PRIX DU GÉNIE : MELVILLE APRÈS MOBY-DICK Regards sur Moby-Dick « Oh, Time, Strength, Cash, and Patience ! » (« Oh, Temps, Force, Argent, et Patience ! »), s’exclame le narrateur de Moby-Dick à la fin du chapitre intitulé « Les ouvrages de Melville retracent une expérience spirituelle d’une intensité Cétologie, où il se lamente de ne pouvoir donner que l’esquisse du roman sans égale. L’enfant et le sage y trouvent également nourriture. L’histoire du dont il rêve. Malgré les largesses de son beau-père, le manque d’argent a, capitaine Achab, lancé de la mer australe au septentrion à la poursuite de de fait, poursuivi Melville tout au long de sa vie. À tel point qu’il finira, en Moby Dick, la baleine blanche qui lui a coupé la jambe, peut sans doute se lire 1866, à l’âge de quarante-sept ans, par briguer un poste de douanier à New comme la passion funeste d’un personnage fou de douleur et de solitude. Mais York, emploi qu’il occupera pendant les dix-neuf années suivantes. Après la elle peut aussi se méditer comme l’un des mythes les plus bouleversants qu’on parution de Moby-Dick et de Pierre ou les Ambiguïtés (1852), Melville doit ait imaginés sur le combat de l’homme contre le mal et sur l’irrésistible logique quasiment payer ses éditeurs pour être publié. La plupart de ses ouvrages ne qui finit par dresser l’homme juste contre la création et le créateur d’abord, puis lui rapporteront pas un centime, qu’il s’agisse du roman The Confidence-Man contre ses semblables et contre lui-même. » « L’Escroc à la confiance » publié en 1857, ou du long poème Clarel pu- Albert Camus, 1952 blié à compte d’auteur neuf ans plus tard. Le biographe de Melville raconte qu’en 1938, Frances Melville, la fille de l’écrivain, malgré la gloire posthume grandissante de l’auteur de Moby-Dick, en voulait encore à son père pour la « Lisez ce livre en gardant la Bible présente à l’esprit, et vous verrez que ce qui précarité subie par sa famille. aurait pu vous sembler un étrange roman d’aventures, un peu long sans doute, et un peu obscur, se révèle au contraire un véritable et authentique poème sa- Stéphane Michaka cré, auquel ni le ciel ni la terre n’ont manqué de prêter main-forte.