Université de Montréal

« Innover en politique : les acteurs internationaux, régionaux et nationaux en stratégies de développement économique en Afrique »

par Landry Bertino Signé Gnéchie

Département de science politique Faculté des arts et sciences

Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) en science politique

Décembre, 2009

©Landry Bertino Signé Gnéchie, 2009

Université de Montréal Faculté des études supérieures

Cette thèse est intitulée :

« Innover en politique : les acteurs internationaux, régionaux et nationaux en stratégies de développement économique en Afrique »

présentée par :

Landry Bertino Signé Gnéchie

a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :

Robert Dalpé ………………………………………………………. président-rapporteur

Mamoudou Gazibo ………………………………………………………. directeur de recherche

Anne Calvès ……………………………………………………….. membre du jury

Nicolas van de Walle ………………………………………………………… examinateur externe

Marc Henry ………………………………………………………… représentant du doyen de la FES

RÉSUMÉ

Pourquoi, comment et quand y a-t-il changement institutionnel et politique en Afrique ?

En examinant les stratégies de développement économique de l’Afrique postcoloniale et en s’intéressant à l’évolution du rôle de l’État – État comme acteur central du développement, tentative du retrait de l’État, interventionnisme limité au social, retour de l’État dans la sphère économique –, la présente thèse se propose d’expliquer le changement sous l’angle original des innovations politiques et institutionnelles. En effet, derrière l’apparente continuité que la plupart des auteurs tant analytiques que normatifs fustigent, il se produit des innovations dont nous proposons de rendre compte par le biais des variables idéationnelles, stratégiques, temporelles et institutionnelles.

Cette thèse propose ainsi une analyse comparative inédite du rôle des acteurs nationaux (élites, États, administrations publiques du Bénin, Burkina Faso, Cameroun,

Côte d’Ivoire, Congo, Sénégal, Mali, Niger, Togo), des institutions internationales (FMI,

Banque mondiale, ONU) et des organisations d’intégration régionale (Union africaine,

NEPAD) dans l’émergence et les trajectoires des stratégies de développement en Afrique.

Les contextes temporels favorables, les crises des modèles précédents, les configurations et héritages institutionnels structurants, les stratégies instrumentales des acteurs intéressés, l’apprentissage politique, les dimensions cognitives et normatives des idées permettent d’expliquer la diffusion, la sédimentation et la conversion institutionnelles comme processus privilégiés d’innovation en Afrique. La critique de ces concepts permet de développer des outils mieux adaptés pour expliquer certaines innovations, soit l’inclusion et l’intrusion institutionnelles.

ii

L’inclusion institutionnelle est un processus mi-stratégique et mi-idéationnel à travers lequel les acteurs nationaux ou régionaux incluent intentionnellement des stratégies (ou solutions) internationales déjà existantes dans une nouvelle institution ou politique dans le but d’accroître la probabilité d’acceptation (reconnaissance, convenance sociale, partage réel ou supposé des mêmes valeurs) ou de succès (pour faire valoir les intérêts) de cette dernière dans un environnement politique structuré. Les idées sont constitutives des intérêts dans ce processus.

L’intrusion institutionnelle renvoie à un processus mi-stratégique et mi-structurel par lequel les acteurs nationaux se font relativement imposer de nouvelles institutions ou politiques qu’ils n’acceptent qu’en raison de l’asymétrie de pouvoir, de la contrainte structurelle (structure), ou des gains escomptés (stratégies) des acteurs internationaux, alors que des solutions de rechange pertinentes et non contraignantes sont quasi inexistantes. Ceci n’exclut pas l’existence d’une marge de manœuvre des acteurs nationaux.

Inspirés de spécialistes comme Nicolas van de Walle, Kathleen Thelen, Robert

Bates, Barry Weingast, Alexander Wendt, Peter Hall, Theda Skocpol et Paul Pierson, ces concepts d’intrusion et d’inclusion institutionnelles que nous proposons réconcilient des approches parfois jugées contradictoires en intégrant les dimensions stratégiques, institutionnelles, historiques et idéationnelles à l’analyse d’un même objet scientifique.

Au niveau empirique, la présente thèse permet d’avoir une meilleure compréhension des processus d’émergence des stratégies de développement économique en Afrique, ainsi qu’une meilleure connaissance des relations entre les acteurs internationaux, régionaux et nationaux en ce qui concerne l’émergence et le

iii développement des institutions et des politiques publiques relatives au développement.

Une attention particulière est accordée à la dynamique entre différents acteurs et variables

(idées, intérêts, institution, temps) pour expliquer les principales stratégies des trois dernières décennies : les stratégies nationales de développement du Bénin, Burkina Faso,

Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, Sénégal, Mali, Niger, Togo, le Plan d’action de Lagos, les programmes d’ajustement structurel, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique, les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté et certaines interventions du Fonds monétaire international, de Banque mondiale et de l’ONU.

En s’intéressant à la question de l’innovation délaissée à tort par la plupart des analyses sérieuses, la présente thèse renouvelle la discussion sur le changement et l’innovation politiques et institutionnels en Afrique et en science politique.

Mots clés : changement politique et institutionnel, innovation politique et institutionnelle, stabilité politique et institutionnelle, stratégies de développement économique, sédimentation, conversion, diffusion, intrusion politique et institutionnelle, inclusion politique et institutionnelle, État, administration publique, institutions financières internationales, FMI, Banque mondiale, NEPAD, ONU, Afrique

iv

ABSTRACT

Why, how and when does institutional or political change occur in Africa? By

examining the postcolonial African strategies for economic development, and focusing

on the evolution of the role of the State—the State as the central actor for development,

the attempt to retrench the State, limited interventionism, the return of the State to the

economic arena—the present thesis proposes an explanation of institutional change with a special focus on political and institutional innovations. In fact, behind the apparent continuity that most analytical and normative authors critique, there are innovations that the ideational, strategic, temporal and institutional variables allow us to demonstrate in a heuristic manner.

This thesis thus proposes a new comparative analysis of the role of African public institutions (elites, States, public administration: Cameroon, Ivory Coast, Benin, Congo,

Burkina Faso, Mali, Niger, Togo, Senegal), international institutions (the IMF, the World

Bank, the UNO) and regional organizations (the African Union, the NEPAD) in the

emergence and the trajectories of development strategies in Africa. The favorable

temporal contexts, the crises of the preceding models, the structuring configurations and

institutional heritage, the instrumental strategies of the interested actors, the political

learning, the cognitive and normative dimensions of the ideas contribute to explaining the

diffusion and institutional sedimentation and conversion as privileged processes of

innovation in Africa. The critique of these concepts makes it possible to develop tools

better adapted to explain institutional inclusion and intrusion.

Institutional inclusion is a semi-strategic and semi-ideational process through which

national or regional actors intentionally include (international) strategies (or solutions)

v that already exist in a new institution or policy with the aim of increasing the probability of acceptance (recognition, social suitability, real or perceived common values) or success (to ensure their interests) of their strategy within a structured political environment. The ideas are constitutive of the interests in this process.

The institutional intrusion is a semi-strategic and semi-structural process by which national actors are partly forced to adopt new institutions or policies, and agree to do so only because of the asymmetry in power, the structural constraints (structure), or the potential benefits (strategies) of the international actors. In this context, relevant and non- constraining alternatives are quasi inexistent, but national actors still have (limited) room for negotiations.

Inspired by specialist like Nicolas van de Walle, Kathleen Thelen, Robert Bates,

Barry Weingast, Alexander Wendt, Peter Hall, Theda Skocpol, and Paul Pierson, the concepts of institutional intrusion and inclusion that we propose reconcile many approaches that many scholars considered contradictory. They successfully integrate strategic, structural, temporal and ideational variables to analyze the same scientific object.

Empirically speaking, the present thesis explains the emergence of development strategies in Africa, as well as provides a better knowledge of the relationship between the international, regional and national actors in the process of emergence and development of institutions and public policies. A special attention is given to dynamics between numerous actors and variables (ideas, interests, institution, time) to explain the main strategies of the last three decades: national development strategies of Benin,

Burkina Faso, Cameroun, Ivory Coast, Congo, Senegal, Mali, Niger, Togo, the Lagos

vi

Plan of Action, the structural adjustment program, the Poverty Reduction Strategy Paper, the New Partnership for Africa Development and some interventions of the International

Monetary Fund, the and the United Nations.

While being interested in the question of the international, regional and national innovations wrongly forsaken by most of the serious analyses, this dissertation renews the discussion on change, especially political and institutional innovation in Africa, within the international organizations (the IMF, the World Bank, and the United Nations) and in Political Science.

Keywords: political and institutional change; political and institutional innovation; political and institutional stability; strategies for economic development; institutional layering, conversion, diffusion, intrusion, inclusion; state, public administration,

International Financial Institutions; IMF; World Bank; NEPAD; UNO; Africa.

vii

REMERCIEMENTS

La rédaction d’une thèse de doctorat marque le début d’une réalisation qui nécessite la collaboration de personnes uniques. Cette section me semble trop courte pour exprimer mon entière reconnaissance à toutes les personnes qui ont contribué à ce projet. Je ne pourrai donc pas toutes les citer. J’en oublierai probablement quelques-unes à qui j’exprime ici ma reconnaissance pour leur contribution de quels que nature et degré qu’elle soit.

Le Professeur Mamoudou Gazibo, mon directeur de thèse, est le plus important contributeur à cette réalisation. Je le remercie vivement de son inestimable apport à toutes les étapes de la rédaction de ma thèse. Après avoir codirigé mon mémoire de maîtrise durant mon programme d’échange avec la France, le Professeur Gazibo m’a fortement encouragé à poursuivre mes études doctorales à l’Université de Montréal. Son soutien constant, sa patience inouïe, son inspiration permanente, ses encouragements chaleureux, son encadrement exceptionnel, son œil critique constructif et les généreux financements qu’il m’a accordés ont fait de moi le doctorant le plus privilégié. Le Professeur Gazibo est une perle rare, un pédagogue hors pair, un directeur qui lit les travaux de ses doctorants en un temps record et toujours avec la même profondeur. En plus d’être l’idéal-type d’un directeur de thèse, d’un chercheur et d’un professeur, son enthousiasme constant, sa rigueur intellectuelle et ses généreux conseils m’ont été d’une aide plus que précieuse et continueront d’être une grande source d’inspiration. Je suis fier d’avoir collaboré avec un si éminent professeur et grand homme; l’héritage intellectuel qu’il me laisse est inestimable.

viii

Je remercie également le Professeur Robert Dalpé qui a joué un rôle déterminant dans ma carrière universitaire. Au-delà de m’avoir initié aux méthodes de recherche en science politique, il a été un conseiller exceptionnel durant tout mon cursus académique tant en qualité de directeur de programme des études supérieures qu’après cette responsabilité. Il était la personne de référence pour toutes mes questions liées au domaine universitaire, en plus d’être une source de motivation constante, toujours disponible en cas de nécessité.

J’exprime aussi ma gratitude aux membres de mon jury du projet de thèse et des examens de synthèse, les professeurs Robert Dalpé, Richard Nadeau, Graciela

Ducatenzeiler, Mamoudou Gazibo et Philippe Faucher dont les remarques ont positivement orienté mes recherches.

S’il y a des personnes qui ont joué un rôle important durant ma thèse, ce sont bien les professeurs Graciela Ducatenzeiler, André-J. Bélanger, Laurence McFalls, Éric

Montpetit, Anne Calvès, Dominique Caouette, Laurence Bherer et Denis Saint-Martin. Je leur exprime à tous des remerciements spéciaux pour les raisons cités plus bas.

J’ai eu le privilège d’avoir été initié à la politique comparée par la Professeure

Graciela Ducatenzeiler avant de l’approfondir avec Mamoudou Gazibo. Graciela

Ducatenzeiler a semé en moi le germe de comparatiste dont cette thèse est le produit. Son cours était un moment unique d’épanouissement intellectuel dont chaque instant constituait un délice. En plus, elle m’a orienté dans mes recherches pour mon séjour à

Science-Po Paris, alors que je devais en même temps effectuer un stage au Sénat français

à Paris. Elle m’a transmis sa passion de la politique comparée, qui ne me quittera jamais.

Je vous remercie infiniment Professeure Graciela Ducatenzeiler!

ix

Que dire du Professeur André-J. Bélanger ? L’orateur par excellence, le pédagogue

et épistémologue exceptionnel dont je m’inspire autant de l’art de s’exprimer avec

éloquence dans un discours scientifique persuasif que de l’habileté à construire une

analyse épistémologiquement et ontologiquement cohérente, pertinente et contribuant à

l’avancement de la science. La simulation que nous avions faite dans votre bureau en guise de préparation à l’une de mes conférences restera à tout jamais gravée dans ma

mémoire. Je le remercie de ce si riche et intarissable héritage.

Le séminaire de recherche du Professeur Laurence McFalls m’a été d’une aide

précieuse pour mettre en place mon projet de thèse. Ses commentaires parfois critiques et

toujours constructifs m’ont poussé à élever le niveau d’abstraction intellectuelle. Je le

remercie pour sa grande contribution à mon épanouissement intellectuel.

Le Professeur Éric Montpetit m’a transmis sa passion pour l’administration et les

politiques publiques. Je le remercie infiniment de son soutien durant mes recherches, tout

comme de ses réponses rapides à toutes mes questions.

Je remercie le Professeur Philippe Faucher pour ses commentaires constructifs du

durant mon examen de synthèse. Ils m’ont poussé à relever le défi constant consistant à

conceptualiser la pensée et à penser les concepts.

Dès ma première année d’échange à l’Université de Montréal, la Professeure Anne

Calvès m’a initié à la sociologie du développement, cours où j’ai eu le privilège

d’aborder les principales thématiques de la discipline. Sa rigueur intellectuelle et son

enthousiasme légendaires m’ont poussé à poursuivre ma thèse sur ces questions. Je la

remercie également pour son inestimable apport en tant que membre du jury.

x

J’ai toujours eu un réel plaisir à rencontrer la Professeure Laurence Bherer, généreuse de son temps et de ses conseils. Le Professeur Denis Saint-Martin m’a accordé du temps pour discuter de certains concepts et n’a pas hésité un seul instant à me transmettre des références sur la relation entre les idées et les intérêts. Je vous remercie chers professeurs.

La capacité du Professeur Dominique Caouette à inspirer, à motiver, à encadrer, à informer et à soutenir dans toutes les circonstances m’a été d’un support inestimable tant dans le cadre de ma thèse que de mes premières expériences en qualité de chargé de cours ou de professeur à temps partiel. Le Professeur Caouette est le genre de personne exceptionnelle, un modèle tant en termes de travail, de rigueur, que de chaleur humaine et d’investissement social hors pair. Veuillez trouver ici l’expression de ma plus grande reconnaissance Professeur.

Je remercie Renée Leclerc du Service de recherche et de documentation du

Département de science politique de sa patience alors que mes recherches se prolongeaient souvent après les heures de bureau. Comme promis, nous quittons le

Département ensemble, vous pour un repos bien mérité, et moi après l’accomplissement de ma thèse.

Je tiens également à remercier les institutions et les personnes qui m’ont accordé des bourses d’excellence, des fonds de recherche ou des aides universitaires ayant rendu la réalisation de cette thèse possible : le Conseil de recherches en sciences humaines du

Canada, le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, le Département de science politique de l’Université de Montréal, la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université de Montréal, le ministère de l’Éducation du Québec,

xi l’Office Québec-Amériques pour la jeunesse, la Direction des relations internationales de l’Université de Montréal, le Pôle de recherche sur le développement du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal, le Président Fokou Forbert, le Professeur Mamoudou Gazibo et ma tendre famille Signé.

Je remercie mes proches de leur support : Gaël, Yvan, Stéphane, Brice, Éric, Joël,

Élodie, Marie-Élie, Brigitte, Claude, Sandrine, Lucie, Grace, Hashimu, Roromme, Raoul,

Maude, Céline, Valérie. Je remercie particulièrement certaines personnes : Maude

Chapados, dont les encouragements m’ont poussé à passer en un temps record mes examens de synthèse; Lucie pour le temps précieux qu’elle a consacré à me relire malgré les délais parfois courts; Son Excellence l’Ambassadeur Dr Michel Tommo Monthé pour ses judicieux conseils et le Professeur Jean-Marie Gankou pour ses encouragements.

J’exprime également ma profonde gratitude à Mme Micheline Giroux-Aubin pour la relecture minutieuse de la présente thèse. J’ai été impressionné par son professionnalisme, son enthousiasme, sa générosité et sa capacité à effectuer un travail de très haute qualité en un temps record, en maintenant le sourire.

Avant de terminer, je remercie les institutions au sein desquelles j’ai effectué des stages, des entrevues ou des séjours de recherche durant ma thèse : le Sénat de France à

Paris, le Département des affaires politiques du Secrétariat de l’Organisation des Nations

Unies à New York, l’Assemblée nationale, le ministère délégué à la Présidence de la

République chargé des relation avec les assemblées et les principaux leaders politiques du pouvoir et de l’opposition du Cameroun à Yaoundé et Sciences-Po Paris. La direction et le personnel de ces institutions m’ont réservé un accueil tant chaleureux qu’intellectuellement stimulant.

xii

J’exprime ma profonde gratitude aux membres de mon jury qui ont pris la peine de

d’évaluer cette thèse avec enthousiasme et rigueur. Grâce à l’implication des professeurs

Robert Dalpé, Mamoudou Gazibo, Anne Calvès, Nicolas van de Walle et Marc Henry,

ma soutenance a été une période riche d’échanges et d’apprentissages. Je tiens

particulièrement à remercier le Professeur Nicolas van de Walle (,

Ph.D. 1990), l’un des plus grands spécialistes au monde en

économie politique internationale de l’Afrique, pour ses encouragements et intéressantes remarques.

Je termine ces remerciements avec les personnes qui comptent le plus pour moi. La famille Signé, la meilleure famille au monde, avec ma maman Joséphine et mon papa

Michel, mon frère Gaël, mes sœurs Nadège, Carine et Marcelle. Votre support affectif inconditionnel et vos encouragements à aller toujours plus haut, à donner le meilleur de moi-même et à m’investir pour le bonheur du plus grand nombre ont fait de moi le fils et le frère le plus comblé au monde. Mille fois merci. Mes pensées spéciales vont à grand- papa Joseph et grand-maman Martine : vous nous avez tous les deux quittés pendant que j’accomplissais cette thèse que vous auriez aimé voir avant votre départ. Merci de votre présence, de vos encouragements et de votre support et ayez un repos apaisé !

xiii

TABLE DES MATIÈRES

INNOVER EN POLITIQUE : LES ACTEURS INTERNATIONAUX, RÉGIONAUX ET NATIONAUX EN STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE

RÉSUMÉ ...... i ABSTRACT ...... iv REMERCIEMENTS ...... vii TABLE DES MATIÈRES ...... xiii LISTE DES TABLEAUX ...... xviii LISTE DES FIGURES ...... xix LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS ...... xx

Introduction : Le changement politique et institutionnel en Afrique : une analyse des innovations en matière de stratégie de développement économique depuis les indépendances ...... 1

Chapitre 1 : L’innovation en matière de stratégie de développement économique en Afrique : revue de la littérature et clarification conceptuelle ...... 12 1. Les perspectives d’analyses des stratégies de développement en Afrique ...... 12 2. Des années 1960 aux années 1970 : politiques axées sur l’État comme acteur principal du développement ...... 13 3. Les années 1980 : début des politiques axées sur le retrait de l’État ...... 15 4. Les années 1990 : ajustements des politiques axées sur le retrait de l’État ...... 18 5. Les années 2000 : émergence des initiatives internationales et du NEPAD ...... 21 6. Synthèse des critiques et originalité de la recherche ...... 28 7. Clarification conceptuelle : quelques définitions clés ...... 29

Chapitre 2 : Cadre théorique et méthodologique : idées, intérêts, institutions, temps et rôle des acteurs internationaux, régionaux et nationaux en matière de stratégie de développement économique ...... 39 1. Approche théorique : le néo-institutionnalisme ...... 39 1.1. Les variables néo-institutionnelles et l’innovation : idées, intérêts, institutions et temps ...... 40 1.2. Définition des concepts clés de l’approche institutionnelle utilisée dans la présente étude ...... 43

xiv

1.3. Synthèse des formes d’innovation et de changement suivant l’analyse néo- institutionnelle ...... 49 2. Les dimensions internationales, régionales et nationales des innovations ...... 53 2.1. Les dimensions internationales de l’innovation : les IFI ...... 53 2.1.1. L’innovation à travers la diffusion d’un modèle par imposition unilatérale ... 53 2.1.2. L’innovation à travers l’apprentissage et l’adaptation (ajustement) des PAS . 55 2.1.3. L’innovation à travers la conversion ...... 56 2.2. Les dimensions régionales de l’innovation : le NEPAD ...... 57 2.3. Les dimensions nationales de l’innovation ...... 59 4. Modèle de causalité ...... 65 4.1. Variable indépendante 1 : les idées ...... 65 4.2. Variable indépendante 2 : les intérêts ...... 67 4.3. Variable indépendante 3 : le temps ou le contexte institutionnel ...... 68 5. Démarche de recherche ...... 70 6. Présentation et justification de cas illustratifs de nos thèses et représentatifs des trajectoires africaines en terme de critères pertinents pour cette analyse ...... 74

Chapitre 3 : Temps, contexte historique et innovation en matière de stratégie de développement en Afrique ...... 81 1. Temps, contexte historique et changement politique ...... 82 2. Contexte temporel et innovations politiques en Afrique : observations empiriques ...... 84 2.1. Bref retour sur la colonisation et son héritage économique ...... 84 2.2. Crise du modèle postcolonial, crises internationales et ajustements structurels . 87 2.2.1. Crise interne du modèle postcolonial : causes cumulatives ...... 88 2.2.2. Aux sources historiques des innovations des années 1980 : crises externes, déficits publics et chocs pétroliers ...... 92 2.2.3. Ajustements structurels et retrait de l’État en Afrique : origine immédiate des ajustements ...... 97 2.3. Adaptation des ajustements et politiques sociales : la succession de résultats mitigés et la pression des pairs comme origine cumulative ...... 101 2.4. Crises de légitimité et adoption des DSRP, des FRPC : effets cumulatifs ...... 108 2.5. Contexte favorable et émergence du NEPAD : effets cumulatifs ...... 110

xv

2.5.1. La dynamique internationale immédiate : la Déclaration du Millénaire incluant les Objectifs du millénaire pour le développement et la réponse aux besoins fondamentaux de l’Afrique ...... 110 2.5.2. La dynamique nationale et régionale : les plans MAP et OMEGA et l’émergence du NEPAD ...... 112 Conclusion ...... 115

Chapitre 4 : Idées, valeurs, paradigmes et innovations politiques en Afrique. 118 1. Idées et changement politique ...... 118 2. Divergence d’idées, diffusion-imposition et intrusion institutionnelle en Afrique ...... 121 3. Divergence d’idées entre acteurs régionaux et internationaux : le Plan d’action de Lagos et le rapport Berg ...... 124 3.1. Expliquer les causes de la crise économique de l’Afrique : responsabilités internes ou externes? ...... 126 3.1.1. Explications de la Banque mondiale : des causes internes ...... 127 3.1.2. Vision africaine : les causes externes ...... 129 3.2. Les axes stratégiques : idées, valeurs et solutions opposées entre acteurs africains et internationaux ...... 131 3.2.1. Agriculture et autonomie alimentaire ...... 131 3.2.2. Les ressources humaines ...... 133 3.2.3. Industrie et gestion des ressources naturelles ...... 136 3.2.4. Transport et communications ...... 141 Conclusion de la comparaison du rapport Berg et du Plan d’action de Lagos : une vision et des solutions opposées entre les acteurs africains et internationaux durant les années 1980 ...... 142 4. Conflit d’idées entre acteurs nationaux et internationaux : les plans nationaux et les stratégies africaines contre les programmes des institutions internationales ..... 144 4.1. Les pays à prétention socialiste ...... 145 4.1.1. Bénin ...... 145 4.1.2. Burkina Faso ...... 148 4.1.3. Mali ...... 150 4.1.4. Congo...... 152

xvi

4.2. Les pays à prétention libérale et mixte ...... 155 4.2.1. Cameroun...... 155 4.2.2. Côte d’Ivoire ...... 159 4.2.3. Niger ...... 162 4.2.4. Togo ...... 165 4.2.5. Sénégal...... 168 5. Convergence d’idées et inclusion institutionnelle du NEPAD : l’aspect idéationnel de l’inclusion ...... 170 Conclusion ...... 175

Chapitre 5 : Intérêts, stratégies des acteurs et innovation politique en Afrique ...... 177 1. Les intérêts et le changement politique ...... 178 2. Les idées comme constitutives des intérêts ...... 179 3. Divergence des idées, convergence des intérêts et intrusion intentionnelle des PAS ...... 183 4. Intérêts, ajustement idéationnel et convergence des acteurs nationaux et internationaux en matière de stratégie de développement au 21e siècle ...... 188 4.1. Les DSRP pour les pays anciennement à prétention socialiste ...... 194 4.1.1. Bénin ...... 194 4.1.2. Burkina Faso ...... 200 4.1.3. Mali ...... 205 4.1.4. Congo...... 208 4.2. Les DSRP pour les pays anciennement à prétention libérale ou mixte ...... 212 4.2.1. Cameroun...... 212 4.2.2. Côte d’Ivoire ...... 216 4.2.3. Togo ...... 220 4.2.4. Sénégal...... 222 4.2.5. Niger ...... 226 Conclusion : ajustement idéationnel, instrumentalisation et convergence d’intérêts entre les acteurs internationaux et nationaux ...... 229

xvii

5. Convergence des intérêts, sédimentation et inclusion institutionnelles du NEPAD : l’aspect stratégique de l’inclusion ...... 230 5.1. Inclusion, sédimentation et genèse du NEPAD ...... 230 5.2. Les emprunts exogènes et l’origine du NEPAD ...... 236 5.3. Conclusion : aspects stratégiques de l’inclusion et sédimentation du NEPAD 240 Conclusion ...... 245

Chapitre 6 : Les acteurs internationaux, régionaux et nationaux dans les processus d’innovation en matière de stratégie de développement en Afrique 246 1. L’innovation internationale ...... 247 1.1. La diffusion-imposition ou intrusion institutionnelle ...... 248 1.2. L’apprentissage-adaptation ...... 252 1.3. La conversion ...... 255 2. L’innovation régionale ...... 259 3. L’innovation nationale ...... 264 3.1. Le retrait de l’État ...... 265 3.2. L’apprentissage ...... 269 3.3. Le retour de l’État ...... 271

Conclusion – Renouveler l’analyse du changement en science politique : l’innovation politique et institutionnelle à la lumière des stratégies de développement en Afrique ...... 275 1. Aux niveaux empirique et pratique ...... 275 1.1. Meilleure compréhension des processus d’émergence des stratégies de développement économique en Afrique ...... 277 1.2. Meilleure compréhension de la relation entre les acteurs internationaux, régionaux et nationaux en Afrique ...... 280 2. Aux niveaux théorique, méthodologique et épistémologique ...... 281

BIBLIOGRAPHIE ...... 289

xviii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Variables liées à la diffusion-imposition et intrusion dans les 54 années 1980

Tableau 2 : Variables liées à l’apprentissage-adaptation dans les années 55 1990

Tableau 3 : Variables liées à la conversion dans les années 2000 56 Tableau 4 : Variables liées à la sédimentation dans les années 2000 58 Tableau 5 : Synthèse des variables des dimensions nationales de 60 l’innovation Tableau 6 : Caractéristiques des variables indépendantes : les idées 67 Tableau 7 : Caractéristiques des variables indépendantes : les intérêts 68 Tableau 8 : Caractéristiques des variables indépendantes : le temps ou 69 contexte

Tableau 9 : Classification des pays africains en fonction des ressources et 76 de la localisation

Tableau 10 : Classification de notre échantillon en fonction des ressources 77 et de la localisation