Denis Robert Gracié Par Clearstream ? Le Condamné Refuse
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Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse Extrait du site d'Acrimed | Action Critique Médias http://www.acrimed.org/article2996.html Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse - Les journalismes - Mythes et réalités - « Indépendance ? » Procès, violences et répression - Dans un Monde toujours aussi accueillant, Clearstream s'offre une publicité. Denis Robert réplique. Date de mise en ligne : samedi 1er novembre 2008 Copyright © Acrimed | Action Critique Médias Page 1/8 Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse Nous avons déjà relaté, dans un précédent article, quelques épisodes de l'émouvante histoire d'amour qui unit Le Monde et Clearstream, et qui conduit ce journal à jouer les communicants pour le compte de la chambre de compensation luxembourgeoise. Un nouvel épisode vient de s'ajouter aux précédents, puisque le quotidien vespéral a complaisamment offert, dans son édition datée du 24 octobre dernier, une demi-page de publicité à Clearstream, la gentille firme qui propose au méchant Denis Robert de négocier sa reddition en dépit de toutes les horreurs que celui-ci a fait subir à l'immaculée banque d'affaires. Nous publions, assortis de quelques commentaires, ce communiqué, la réponse de Denis Robert et le texte d'une pétition de soutien à ce dernier. Le 16 octobre dernier, la Cour d'appel de Paris a rendu son jugement dans trois affaires opposant Clearstream à Denis Robert [1]. L'écrivain a été condamné pour chacun de ces dossiers à verser à Clearstream 1500 euros de dommages et intérêts et 3000 euros de frais de justice à la chambre de compensation luxembourgeoise pour diffamation, mais a annoncé son intention de se pourvoir en cassation. Clearstream ne recule devant rien. Non contente d'avoir obtenu que la justice condamne sans enquêter, la banque, « éthique » comme ses consoeurs, sait se montrrer « chevaleresque »... pour soigner son image : le 22 octobre, elle s'est fendue d'un communiqué à la presse publicitaire qui annonce à Denis Robert qu'elle est prête à renoncer à faire appliquer les décisions de justice pour peu que celui-ci soit d'accord... pour refaire une virginité à Clearstream. Clearstream communique et s'attribue le droit de grâce... Sous le titre « Clearstream propose à Denis Robert de mettre un terme aux procédures engagées contre lui pour diffamation », voici le texte de la publicité publiée par Le Monde, quotidien des CSP+ et des traders meurtris par la crise. Copyright © Acrimed | Action Critique Médias Page 2/8 Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse « Le 16 juin 2008, Monsieur Denis Robert annonçait qu'il "jetait l'éponge" dans "L'affaire Clearstream", et qu'il renonçait dorénavant à toute intervention publique à propos de Clearstream. Le 16 octobre 2008, la Cour d'appel de Paris a triplement condamné Denis Robert pour diffamation au titre de ses deux principaux ouvrages Revélations et La Boite Noire, ainsi que pour le documentaire diffusé sur CANAL +, Les Dissimulateurs. A ce jour, c'est donc à 9 reprises que les justices française, belge et luxembourgeoise ont condamné Monsieur Robert et ses méthodes d'enquête, toutes ces décisions confirmant les résultats des enquêtes judiciaires luxembourgeoises et françaises concluant à "l'inanité" des prétendues "révélations" de Denis Robert. Clearstream, constatant que la vérité est aujourd'hui établie par la justice et que Monsieur Robert a annoncé ne plus vouloir s'exprimer sur cette affaire, accepterait, dans un souci d'apaisement, de mettre un terme aux procédures de diffamation en cours. Clearstream rappelle à cet égard qu'elle n'a jamais été animée par une quelconque volonté de s'acharner contre Monsieur Denis Robert (auteur de 5 livres, de 2 documentaires, de centaines d'interviews, d'expositions de peinture et même de chansons sur Clearstream) et qu'elle a simplement cherché à établir, sereinement, que les accusations dont elle faisait l'objet n'étaient fondées sur aucune enquête sérieuse. Dès lors Clearstream propose à Monsieur Robert de ne pas exécuter, à compter de ce jour, les décisions de justice rendues à son encontre et de ne pas poursuivre les instances en diffamation encore en cours pour autant que Monsieur Robert accepte également de mettre un terme à toutes ces procédures. Il revient donc aujourd'hui à Monsieur Denis Robert, victime de son propre acharnement à diffamer sans relâche Clearstream depuis 7 ans, de mettre un terme ou pas aux contentieux en diffamation dont il se plaint et de se décharger ainsi du fardeau procédural qu'il dénonce tout en en étant à l'origine. » Copyright © Acrimed | Action Critique Médias Page 3/8 Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse Le tout était suivi de la signature et des coordonnées de Bruno Rossignol, le communiquant de Clearstream. Il n'est pas sans intérêt de noter que Clearstream vient d'embaucher Jean De Belot, ex-directeur de la rédaction du Figaro (2000-2004) et actuel président de la société de conseil en communication Aria Partners, qui s'est illustré en conseillant la Société Générale au moment de l'affaire Kerviel. C'est lui qui aurait eu l'idée des pages dans les journaux et assurerait désormais la communication de Clearstream concernant Denis Robert. Présent au procès, il jouait les attachés de presse de Richard Malka, l'avocat de Clearstream, s'annonçant comme « chargé de com' » et « représentant des salariés ». Il a également pris part à un forum sur « Les médias et la gestion de crise » à la quatrième Convention nationale des avocats le 16 octobre dernier à Lille, jour du rendu du verdict condamnant Denis Robert. Si Libération a refusé de publier ce communiqué, Le Monde, en revanche, s'est empressé de vendre à Clearstream une demi-page de publicité sans aucune mise en perspective des déclarations de l'entreprise, en ouverture de ses pages économiques et financières consacrées - ironie du sort ! - à la crise, comme on peut le voir sur le site d'Arrêt sur images. Si on en croit les tarifs publiés par sa régie publicitaire, cette demi-page a dû coûter à Clearstream 40 200 ou 47 000 euros [2], soit beaucoup plus que ce que Denis Robert a été condamné à lui verser. Après avoir, dans un premier temps, annoncé être prêt à discuter avec les avocats de Clearstream, Denis Robert a finalement décliné la proposition, formulée en des termes inacceptables pour lui et avec un manque de savoir-vivre certain, comme il l'explique dans une lettre ouverte au PDG de la firme : Denis Robert réplique : « Non merci » Copyright © Acrimed | Action Critique Médias Page 4/8 Denis Robert gracié par Clearstream ? Le condamné refuse Non merci Monsieur Tessler [3] Je décline la "proposition" de la banque des banques luxembourgeoise sans la moindre hésitation. Je m'appelle Denis Robert. Et Clearstream m'a fait une "proposition". Pour ce faire, elle n'a pas demandé à me rencontrer, ne m'a pas téléphoné, ne m'a pas écrit une lettre, un mail, un texto... Clearstream a envoyé un communiqué à la presse. Alors des journalises amis m'ont appelé pour m'informer, pendant ce temps mes avocats recevaient, par coursier, le contenu du communiqué "transmis à l'AFP". Et Clearstream prenait (ou avait alors déjà pris) contact avec (au moins) Le Monde et Libération pour acheter un encart publicitaire (assez grand pour tenir l'intégralité dudit communiqué). Le Monde le publiait en page 12 de son édition datée du vendredi 24 octobre 2008. Heureusement, Libération déclinait. Je voudrais rappeler ici que pour soutenir ses plaintes Clearstream s'appuie systématiquement sur des articles du Monde. Aujourd'hui ce sont eux qui sans aucun commentaire, ni recul, passent cette "publicité"... Quand on fait une proposition, simple et claire, à quelqu'un, on n'a pas besoin de faire une grande annonce médiatique avant de prendre contact. La "proposition" de Clearstream ressemble à une mauvaise plaisanterie. C'est une forme d'opération de communication bizarre et choquante. Sur le décompte des procédures, dont elle parle, la firme mélange un peu tout et oublie les procès que nous avons gagnés. Elle comptabilise par exemple la condamnation à un euro du Figaro, qui avait publié des extraits de mon livre, procédure dans laquelle je n'étais pas poursuivi. Ou celle de Canal Plus en Belgique où je n'ai pas été condamné. Elle omet de signaler que plusieurs procédures ne sont pas définitives et qu'elle a perdu des procès contre moi pour des interviews ou articles rédigés dans la presse (Le Point, NouvelObs.com, émission de Thierry Ardisson sur France 2...). S'il est vrai que la récente décision en appel est une victoire pour eux, je voudrais rappeler que cinq ans plus tôt, pour le même livre (La Boîte Noire), trois autres magistrats avaient condamné la firme à me verser 8000 euros et jugé mon enquête ''sérieuse, de bonne foi'' et ''utile''. Je me pourvois donc en Cassation. Je ne suis pas procédurier. Je ne suis pas assez riche pour vivre tout cela sereinement au niveau financier. Vraiment ça ne m'amuse pas trop et je préférerais occuper le temps passé sur Clearstream à faire autre chose. Mon enquête s'est arrêtée en 2002... Seulement, je suis sûr de la qualité de mon travail et de l'intérêt des informations obtenues. D'autant plus en ces temps de crise financière internationale. Et je suis loin d'être seul. Un comité est né pour m'aider et près de 5000 personnes l'ont rejoint. Nous avons reçu plus de 1700 lettres, pratiquement toutes étaient accompagnées d'euros. 486 journalistes ont à ce jour envoyé leur carte de presse pour m'appuyer. D'autres - inconnus et célèbres - me supportent différemment, chacun à sa façon.