Libération Nationale PTT

A.N.A.C.R. 1er Trimestre 2019 Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance

PRESIDENT D'HONNEUR : HENRI GOURDEAUX (1881-1961)

Fraternité : écrire encore et toujours ton nom ! ******

Né d’un énième mécontentement, le mouvement des gilets jaunes de par son ampleur s’est retrouvé rapidement dépassé. De celui-ci ont émergé toutes les rancœurs accumulées au cours des dernières décennies, laissant des dérives graves s’installer, que les gouvernements successifs n’ont jamais traitées.

Les partis de l’extrême-droite s’en sont emparés tenant des discours haineux, xénophobes, racistes. Des actes envers diverses communautés sont commis, allant parfois jusqu’au crime. Le paysage politique en France, comme en Europe, s’en trouve chamboulé, fragilisé, jusqu’à devenir trouble.

La République est une et indivisible.

Sa devise « Liberté, Egalité, Fraternité » inscrite au fronton de nos édifices publics, fait partie de notre patrimoine et est là pour nous le rappeler.

Seule la fraternité – très souvent confondue voire effacée au profit de la solidarité – est la clef du « vivre ensemble » avec toutes les différences philosophiques, religieuses, politiques qui composent l’unité d’une nation.

Les Résistants l’avaient bien compris et c’est bien au-delà de toutes des différences dépassées que cette armée des ombres a pu combattre l’idéologie nazie.

Lors du 27 mai prochain, Journée Nationale de la Résistance, notre devoir sera de rappeler les valeurs humanistes et progressistes qui ont guidé ces hommes et ces femmes dans ce combat et que nous puissions continuer à vivre dans un espace de paix et de démocratie.

Colette Pallarés

Secrétaire générale

-2- Assemblée Générale 2019 de l’association ******

Notre Assemblée Générale s’est tenue lundi 25 février, comme tous les ans, à l’Hôtel de Ville de . Colette PALLARES, qui présidait cette réunion, a d’abord présenté les invités Jacques VARIN, secrétaire général de l’ANACR, Sylvie BAYLE, de la FAPT–CGT, Joël RAGONNEAU, représentant l’Institut d’Histoire Sociale de la FAPT, et Francis LEGRAND, président de l’Union Fédérale des Retraités CGT. Ensuite, après les excusés, elle a cité les noms des camarades décédés depuis la dernière assemblée générale et fait observer une minute de silence.

Colette Pallares et Charles Sancet

Vue partielle de la salle

Elle donne la parole à Charles SANCET qui présente le rapport d’activité de l’association en 2018. Voici ci-dessous, quelques extraits de ce rapport.

Rappelant tout d’abord que les évènements qui se déroulent depuis novembre dernier tiennent une place importante dans la vie sociale, économique et politique du pays, Charles tient à préciser « Notre association, fidèle au pluralisme de l’ANACR, dont nous sommes une composante, réaffirme toujours dans ses écrits comme dans ses diverses manifestations les valeurs de solidarité, de démocratie, de tolérance et de respect de la personne humaine. Ce sont ces valeurs que les Résistantes et les Résistants nous ont transmises. Libération Nationale PTT, n’est pas un syndicat ni un parti politique, il est nécessaire de le rappeler mais nous ne sommes pas neutres et notre analyse de la situation comme nos discussions doivent en tenir compte. Notre rôle, c’est de ne pas nous dévier de nos fondamentaux ».

Soulignant que les désirs d’amélioration des conditions de vie, le pouvoir d’achat, les retraites et l’emploi sont l’expression des mesures contenues dans le programme du Conseil National de la Résistance, dont le 15 mars prochain sera le 75e anniversaire de la publication, Charles SANCET rappelle aussi « Qu’aujourd’hui s’expriment dans notre pays des questionnement sur divers sujets, la justice sociale, l’organisation de la société, la démocratie et qu’ils seront au cœur des débats préparant les élections européennes fin mai. Fidèle à nos statuts et à notre pluralisme, nous ne donnerons pas de consigne de vote sauf pour faire barrage à l’extrême-droite et notre contribution devra donc rester sur les valeurs notamment de solidarité qui inspirèrent le programme du Conseil National de la Résistance ».

-3- Le rapporteur précise aussi : « Les mesures économiques et sociales progressistes préconisées dans ce programme établi à l’unanimité de ses membres (les partis politiques résistants, les mouvements de résistance et les syndicats résistants, CGT et CFTC) constituent encore aujourd’hui le socle de notre protection sociale. Cependant dans notre société actuelle, nous sommes très inquiets concernant la remise en cause de ces mesures ». Ensuite, Charles aborde les résurgences des fascismes en Europe et en France et l’obligation de condamner les discours de haine, de racisme, de xénophobie, d’homophobie et d’antisémitisme qui se développent. D’où l’importance dit-il « Que nous devons accorder à notre mission d’être plus que jamais des acteurs de la connaissance de ce que furent les valeurs humanistes de la Résistance et des combats que menèrent les Résistantes et les Résistants pour vaincre l’Allemagne nazie et le régime de collaboration ». Il traite longuement de la situation créée par le mouvement des gilets jaunes qui se voulait au départ un mouvement social et dont nous partagions les revendications tout à fait légitimes. Et le rapporteur va exprimer ce que d’autres camarades ont également ressentis. « Ce mouvement, dit-il, a été trop souvent débordé par des casseurs, des énergumènes dont les objectifs étaient bien différents. Nous ne pouvons accepter qu’une minorité de ces manifestants s’en soient pris aux valeurs de la République, à ses représentants élus. Et nous en sommes arrivés à ce que ces bandes organisées s’en prennent à des monuments et notamment à celui le plus symbolique de la République, l’Arc-de-Triomphe. Les inscriptions de peinture, les dégradations à l’intérieur de l’édifice sont inacceptables ». Le rapporteur va signaler ensuite les slogans extrémistes qu’ont captés les reportages des médias. Il stigmatise les tentatives de certains dirigeants des gilets jaunes d’aller à l’assaut de l’Elysée ou de tenter de rentrer à l’Assemblée Nationale. « C’était une façon de contester la représentation nationale comme l’ont affirmé certains leaders de ce mouvement. Là, nous sommes dans un mouvement à caractère politique. La manifestation devant l’Assemblée Nationale le 13e samedi, s’est traduite par des incidents. Permettez-moi de faire un parallèle avec le 6 février 1934, certes dans un autre contexte, les ligues d’extrême-droite organisaient une manifestation antiparlementaire s’acheminant vers la Chambre des députés. Plusieurs morts et des centaines de blessés furent dénombrés. L’ultra-droite qui infiltre ce mouvement… certains de ses membres sont des dirigeants d’organisations fascisantes dissoutes… On cite Hervé Ryssen, militant nationaliste et négationniste, et Yvan Benedetti, raciste et antisémite notoire que l’on peut voir dans les cortèges. On pouvait apercevoir aussi en tête de certaines manifestations dans le service d’ordre des énergumènes portant le béret rouge des parachutistes, comme Victor Lenta, le paramilitaire d’extrême-droite… Nous avons été choqués lorsque répondant à l’appel sur Facebook d’une des figures emblématique de ce mouvement, qu’un groupe de gilets jaunes ait entonné la « quenelle » de Dieudonné, chant antisémite sur l’air du Chant des Partisans. C’est inacceptable et les participants devant la basilique du Sacré-Cœur n’étaient pas cagoulés, ils étaient là, à visage découvert ». Charles SANCET va maintenant très longuement parler de la vie de l’association et du travail de mémoire qui reste sa mission principale. « Nous ne devons pas oublier avec quelle lucidité, les anciens résistants des PTT ont décidé d’ouvrir leur association à tous ceux et toutes celles qui n’ont pas été des acteurs de cette période. Et aujourd’hui, il nous revient d’être les continuateurs de leur combat et des valeurs qu’ils nous ont léguées ».

Il va parler ensuite du Bulletin trimestriel, de son contenu, du « Journal de la Résistance » de l’ANACR. Il aborde aussi en cette année 2019, le 75e anniversaire de programme du CNR et de la Libération du pays. Il enchaine avec l’énumération de toutes les activités auxquelles l’association a participé depuis la dernière assemblée générale en citant la présence des camarades à celles-ci.

-4- En plus des 3 cérémonies au siège de La Poste (8 mai, 25 août et 11 novembre) « Libération Nationale PTT-ANACR » a participé à 9 autres commémorations : 13 avril (plaque dévoilée en hommage à Simone Michel-Levy), 27 mai (Journée Nationale de la Résistance à Paris, Rennes et Toulouse), 2 juin (hommage aux fusillés du Mont-Valérien), 12 juin (accompagnement de collégiens de l’Indre à Beaucoudray, Colette Pallarés et René Duclos, président-général de l’ACVG - PTT animaient cette rencontre en ce lieu emblématique), 17 juin (cérémonie à Beaucoudray, département de la Manche, en hommage aux fusillés du réseau PTT de St. Lô, 23 août (ravivage de la flamme à l’Arc-de-Triomphe avec l’ANACR, 23 septembre (inauguration du Parcours de Mémoire à Noisy-le-Grand, 6 octobre (cérémonie à Aincourt, camp d’internement), 21 novembre (participation au ravivage de la flamme organisé par l’ACVG-PTT. Le rapporteur va parler de l’organisation, des réunions, du renforcement de l’association, du conseil d’administration, sans oublier quelques remerciements pour des aides apportées à l’association et pour le travail d’édition du bulletin et de la gestion du fichier. Charles SANCET va aborder un autre problème, relativement récent, qui doit interpeller les associations de mémoire. « Nous sommes –dit-il - face à une désinformation scandaleuse à partir notamment des réseaux comme Facebook ou Tweeter… Avec les Fake News, circulent sur les réseaux sociaux tout un tas de fausses informations et les théories du complot, le tout sans aucune référence ni signature ». Poursuivant son raisonnement, le rapporteur analyse le phénomène Internet qui peut être le meilleur comme le pire. Il stigmatise tous ces partis d’extrême-droite qui, à partir de sites Internet, sur la base de discours démagogiques, populistes, xénophobes, anti-immigrés et racistes, sont un véritable danger. Il termine par ces mots très actuels « Je voudrais à nouveau condamner toutes les violences qu’elles soient verbales ou physiques que l’on déplore, d’où qu’elles viennent. Nous devons condamner fermement les actes antisémites qui rappellent hélas des temps qui ont marqué notre pays et c’est intolérable que des personnalités soient insultées comme le samedi 16 février à Paris et aussi les profanations de cimetières ». Pour conclure, Charles cite Stéphane Hessel : « La violence tue l’espérance ». La discussion va se dérouler durant une bonne heure, dans laquelle une vingtaine d’intervenants vont enrichir le rapport, apporter des précisions et aborder divers autres sujets d’actualité.

-5- Rapport de trésorerie

Le trésorier André GOUJON indique d’abord la situation des effectifs de l’association au 31 décembre 2018 et pour 2019 déjà 74% des adhérents ont payé à ce jour leur cotisation. Il note aussi : 74,5 % des cotisants sont abonnés au « Journal de la Résistance ».

Une autre particularité, la somme élevée des dons (le supplément joint à la cotisation par les adhérents) ce qui fait dire au trésorier « Vous constaterez que votre générosité est importante et je voudrais ici, remercier les camarades qui participent, quel que soit le montant de leur don, à cet effort financier ». Le trésorier énumère ensuite les charges et les recettes de l’association en 2018. Il note une partie importante de nos dépenses qui sont consacrées à l’impression de notre bulletin et à l’affranchissement pour son expédition ainsi que les divers courriers envoyés aux adhérents. André GOUJON souligne qu’en 2018 « Nous déplorons le décès de 2 résistants et nous perdons 7 amis (décès, déménagement ou problèmes financiers). Il nous faut continuer à faire des adhésions et solliciter notre entourage familial ou amical : c’est important pour la survie de notre Association. Il faut continuer aussi à insister auprès d’ORANGE pour que notre association soit reconnue afin de pouvoir bénéficier d’une subvention au même titre que celle versée par LA POSTE ». Quelques mots fraternels du trésorier vont clôturer ce rapport : « Je ne voudrais pas terminer sans sincèrement remercier notre ami Christian AUSTRUY, qui malgré l’éloignement, gère non seulement le site Internet de Libé PTT, mais aussi le grand livre de nos comptes : Christian merci de ton aide précieuse ».

Rapport de la commission de contrôle financier

Il revient à Jacqueline FOUCHER au nom de la commission, de présenter son rapport. « Le rapport financier présenté par notre trésorier, permet à notre Assemblée Générale d’apprécier la gestion financière de notre association au cours de la période écoulée. Les opérations de vérification et de contrôle des éléments comptables et des comptes de trésorerie clôturés le 31/12/2018, nous autorisent en premier lieu à certifier l’exactitude des chiffres présentés et en second lieu, de souligner la saine gestion et le souci de financer au mieux, l’activité de notre association ». Jacqueline FOUCHER poursuit sur quelques recommandations : « Se donner plus de moyens financiers, est une nécessité vitale, pour nourrir et élargir les activités de notre action, et cela passe obligatoirement par le renforcement de celle-ci. Faire adhérer de nouveaux « amis » doit être notre préoccupation permanente.

-6- La commission de contrôle financier donne QUITUS à la direction de Libération Nationale PTT-ANACR et à ses trésoriers pour la bonne tenue des comptes 2018 ». La présidente de séance, Colette PALLARES fait voter l’assistance sur les deux rapports. Le rapport d’activité et le rapport de trésorerie sont approuvés à l’unanimité.

Election du Conseil d’Administration :

Michel SCHAEFFNER présente la liste du C.A. en précisant notamment : « Depuis le décès de notre président Michel Delugin en mars 2016, notre association est restée sur la composition initiale d’un secrétaire général et une secrétaire générale adjointe. Aujourd’hui nous allons vous présenter conformément à l’article 7 de nos statuts une composition du nouveau C.A. avec président, secrétaire général et secrétaire général adjoint ».

Ce Conseil d’Administration est élu à l’unanimité.

Le nouveau Conseil d’Administration

Président d’honneur : Jean BLANCHON Président : Charles SANCET Secrétaire générale : Colette PALLARES

Secrétaire à l’organisation : Michel CHASSAGNE Trésorier : André GOUJON Trésorier Adjoint : Christian AUSTRUY

Secrétaires généraux adjoints : Didier CROUZET Patrice LIGONIERE

Secrétaires : Serge GERBER, Serge GREGORY, Joël RAGONNEAU, Michel SCHAEFFNER Membres : Sylvie BAYLE, Daniel BENIT, Louis CARDIN, Jean-Pierre CHEVRIER, Yvette CROS, Raymond DAUDE, Emile DUPUY, Raphaël GUIBERT, Hélène LAFFAIT, Jean MANANÉ, Marcel PILLET, Jean-Marc VACHER. Patrice Ligoniere - Didier Crouzet

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Après cette élection, Charles Sancet tient à préciser qu’il est le premier président de « Libé PTT » à n’avoir pas été résistant (né en septembre 1939) et va présenter ceux qui l’ont précédé depuis la création de l’association en 1947, formation issue du mouvement de Résistance du même nom : Henri GOURDEAUX, Fernand PICCOT, sa fille Nicole présente aujourd’hui est toujours fidèle à nos Assemblées, Emmanuel FLEURY, Jean ABBADIE, Camille TREBOSC (déporté à Buchenwald), Jean BLANCHON et Michel DELUGIN décédé en mars 2016.

NDLR : Fernand Piccot et Emmanuel Fleury furent les dirigeants de l’insurrection parisienne des postiers en août 1944.

La présidente donne maintenant la parole à nos deux invités, Sylvie BAYLE, pour la FAPT et Joël RAGONNEAU pour l’IHS.

Sylvie BAYLE Joël RAGONNEAU

Ils vont, dans une courte intervention, apporter leur appréciation de la situation sociale et rappeler l’importance du travail de mémoire.

Il revenait ensuite à Jacques VARIN, secrétaire général de l’ANACR, de conclure cette assemblée générale par une intervention très appréciée des délégués, répondant aussi à plusieurs interrogations soulevées durant cette matinée.

Jacques VARIN

-8- Cérémonie en hommage aux héros de l’ Comme chaque année, l’ANACR organise une cérémonie d’hommage aux fusillés de l’Affiche Rouge au cimetière parisien d’Ivry. Présidée par Anne-Marie MONTAUDON, vice- présidente de l’ANACR, elle s’est déroulée le dimanche 24 février 2019. Patricia BIZZARI, trésorière, dans son discours rendit hommage à ces héros de la Résistance. Colette PALLARES, secrétaire générale adjointe de « Libération Nationale PTT », était présente à cette cérémonie. Passés à la postérité sous le nom de « Groupe Manouchian » les 22 fusillés du Mont- Valérien sont membres des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre immigrée de la région parisienne. Dès leur création en avril 1942, les FTP-MOI font le choix de la lutte armée contre l’occupant nazi. En août 1943, est nommé commissaire militaire de cette organisation de Paris. C’est sous sa direction que de nombreuses opérations sont menées contre les troupes allemandes.

Les coups de filet et les arrestations d’octobre et novembre 1943 mettent brutalement fin aux actions des FTP- MOI parisiens. Après un procès expéditif, condamnés à mort les camarades de Manouchian sont mis en scène lors d’une campagne de propagande allemande dont « l’Affiche Rouge » est le symbole le plus marquant. Ces 22 camarades sont fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. La seule femme du groupe, , est décapitée en Allemagne à Stuttgart le 10 mai 1946.

Le « Groupe Manouchian »

Celestino Alfonso, Espagnol, 27 ans Joseph Boczoc, Roumain, 38 ans Georges Cloarec, Français, 20 ans Rino Della Negra, Italien, 19 ans Thomas Elek, Hongrois, 18 ans Maurice Fingercwjg, Polonais, 19 ans Spartaco Fontano, Italien, 22 ans Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans Emeric Glasz, Hongrois, 42 ans Léon Goldberg, Polonais, 19 ans Szlama Grzywacz, Polonais, 34 ans Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans Cesare Luccarini, Italien, 22 ans Missak Manouchian, Arménien, 37 ans Armenak Manoukian, Arménien, 44 ans Marcel Rajman, Polonais, 21 ans Roger Rouxel, Français, 18 ans Antoine Salvadori, Italien, 24 ans Willi Szapiro, Polonais, 29 ans Amedeo Usseglio, Italien, 32 ans Wolf Wajsbrot, Polonais, 18 ans Roger Witchitz, Français, 19 ans Olga Bancic, Roumaine, 32 ans

Dans notre dernier Bulletin trimestriel, nous avions écrit un article sur Joseph Epstein. Arrêté avec Missak Manouchian à Evry le 16 novembre 1943, il est fusillé au Mont- Valérien le 11 avril 1944.

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Histoire

8 mai 1945 : Sétif, Guelma, Kherrata : ne pas oublier !

Ce jour-là, la France fête la fin de la Seconde Guerre mondiale et la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie. Mais le 8 mai 1945 commençaient en Algérie des répressions sanglantes à l’encontre de manifestations nationalistes. Pour les Algériennes et les Algériens, c’est une occasion de faire entendre les revendications d’égalité des droits et d’indépendance. À Sétif, des milliers d’Algériens manifestent et brandissent des pancartes pour libérer notamment le leader nationaliste Messali Hadj (arrêté quelques temps avant) et aussi pour fustiger le colonialisme. Un drapeau (qui deviendra le drapeau algérien) est brandi par un jeune qui va être abattu, ce qui provoquera la colère des manifestants. On comptera des dizaines de morts « européens » ce jour-là et la répression contre les algériens sera féroce. Elle s’étendra dans tout le Constantinois sur plusieurs jours. Selon les historiens le chiffre de morts varie de 20 000 à 40 000 ! Déjà, le 1er mai 1945, dans plusieurs villes d’Algérie des manifestations réclamaient la libération de Messali Hadj mais aussi « la reconnaissance de la nationalité algérienne ». Des accrochages sont violents. Il y eut quelques morts. Ce massacre du 8 mai 1945, pour beaucoup d’historiens, préfigure les évènements du 1er novembre 1954, début de la guerre d’Algérie. Dans une des déclarations de Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante en 1962, il disait entre autre que « Les horreurs du Constantinois en mai 1945 ont achevé de me persuader de l’unique voie : l’Algérie aux Algériens ». Madeleine Riffaud, dans un livre « De notre envoyée spéciale » paru en 1952, plusieurs pages traitent du 8 mai 1845 à Sétif. Le titre est « Constantinois, printemps 1945 ». Le paragraphe se termine par « Ils furent plus de 40 000 hommes, femmes et enfants, les assassinés de mai 1945 ». Plus tard, en 2001, Madeleine Riffaud publiait aux Editions Tirésias, un ouvrage « La Folie du Jasmin – Poèmes dans la nuit coloniale ». Parmi ceux-ci, un long poème titré : « 8 mai 1945 ». Charles Sancet

<- Source photo : blog de Criminocorpus

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Charles FRANCILLON, employé PTT, fusillé le 15 juin 1944

****** Né le 7 décembre 1909 au Touvet en Isère, Charles FRANCILLON fait des études à Vienne qui lui permettent de devenir fonctionnaire des Postes, Télégraphe et Téléphone. Il fait son service militaire au 93e R.A.M. stationné à Grenoble. Il est ensuite nommé Contrôleur des installations électromécaniques des P.T.T. (CIEM) aux P.T.T. à Annemasse.

Marié et père d’une fille née en 1941, il habite Ville-la-Grand (Haute-Savoie). Lorsque la guerre éclate, il a 30 ans et est mobilisé sur place à son poste. Il entre tout naturellement dans la Résistance en tant que membre du Parti Socialiste et syndicaliste. C’est un homme précieux pour la Résistance. Lorsque le Noyautage des Administrations Publiques (N.A.P.) est mis en place sous l’égide du mouvement « Combat », il en devient le responsable pour la poste d’Annemasse. Charles FRANCILLON fait bénéficier toute la Résistance de ses services, sans se soucier de l’appartenance politique des uns et des autres…… Il met notamment au point un système pour

réceptionner poste restante le courrier destiné à la Résistance (Comité National de la Résistance à Genève) et monte de nombreuses installations téléphoniques clandestines sans oublier, bien sûr, la multitude des écoutes téléphoniques clandestines. Il fait partie aussi du réseau « Gilbert ». Un prêtre, le révèrent Père Louis FAVRE, né le 2 novembre 1910, après sa dernière année de théologie, va d’abord enseigner en Suisse. Le 1er septembre 1939, il sera rappelé à l’armée et démobilisé le 3 août 1940. Et il arrive pour enseigner à Ville-la-Grand. Là où habite Charles FRANCILLON.

À la rentrée 1941, Louis FAVRE revient enseigner à l’Institut Florimont en Suisse, établissement très pétainiste. Les positions ouvertement gaullistes de Louis FAVRE, lui valent son éviction début 1942 et évidemment son retour à Ville-la-Grand. Dès janvier 1942, il appartient au réseau « Gilbert » du colonel Georges GOUSSARD. Il rentre comme agent P2 dans le réseau de renseignement Combat, le réseau Kasanga, là où Charles FRANCILLON est aussi engagé dans le N.A.P. Louis FAVRE assure des passages de résistants et de Juifs vers la Suisse. En 1986, à titre posthume, le prêtre Louis FAVRE recevra le titre de Juste parmi les nations.

Arrêté le 3 février 1944, il est emprisonné dans quatre prisons dans le département. Il arrive à continuer à faire du renseignement et à soutenir les autres membres du réseau « Kasanga » arrêtés peu après lui : Charles FRANCILLON, Albert CURIOZ et Emile MILLET. Charles FRANCILLON est effectivement arrêté deux jours après Louis FAVRE le 5 février 1944 par le chef Meyer de la Gestapo de la ville. Il est interné au Pax. Le 2 mars 1944, il est transféré à la prison Saint-François à Annecy.

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Le 15 juin 1944, Charles FRANCILLON, Louis FAVRE, Albert CURIOZ et Emile MILLET sont fusillés au Pré Dalle à Vieugy près d’Annecy. Au lendemain de la Libération, des obsèques solennelles ont été organisées à Annemasse, en l’honneur des quatres résistants fusillés à Vieugy : Albert Curioz, Emille Millet, Charles Francillon, le père Louis Favre, appartenant tous aux Mouvements Unis de la Résistance et spécialistes du renseignement. Un monolithe de granit est érigé en 1948 et un panneau dressé en 2004, sur les lieux de martyrs de 40 patriotes rappellent leur souvenir et leur action. Pour ce qui concerne Charles FRANCILLON, ses services accomplis comme agent P2 du 1er novembre 1942 au 5 février 1944, date de son arrestation en qualité de chargé de mission de 3ème classe, seront homologués à titre posthume en 1947 par la Commission Nationale d’homologation avec le grade de sous-lieutenant. Charles FRANCILLON figure sur une plaque apposée sur l’une des façades de la poste centrale d’Annecy et sur le monument érigé dans le cimetière d’Annemasse.

Sources : Comité départemental de l’ANACR d’Annemasse. Ministère des Armées, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC) Caen. Annemasse, la frontière et Genève 1939-1945, Une histoire singulière de Robert Amoudruz et Guy Gavard. Résistance Déportation – Dictionnaire Conseil Général de Haute-Savoie.

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Livres

****** Conversations secrètes sous l’occupation Antoine Lefébure (*)

De 1940 à 1944, en pleine période de l’Occupation, le Gouvernement, installé à Vichy, invente un outil diabolique : le Service des contrôles techniques, chargé de surveiller les Français à travers leurs correspondances et leurs communications téléphoniques. Rapidement, cet organe ultrasecret de surveillance sert à des fins policières : identifier les dissidents, repérer les ennemis de l’Etat et faire la chasse aux Juifs.

Cinq mille fonctionnaires tenus au secret travaillent dans l’ombre pour fournir, chaque jour aux dirigeants des rapports sur ce qui se dit et se trame. Des hommes aussi retors que redoutables – tels que l’amiral Darlan ou René Bousquet- font de cette officine une « machine de guerre » très dangereuse pour ceux qui ont le malheur d’avoir été repérés, avec le risque d’être emprisonnés et envoyés dans les camps, d’où peu d’entre eux reviendront.

(*) Historien, spécialiste des technologies de communication, Antoine Lefébure explore depuis trente ans les relations entre pouvoir politique et information. Prix public à France-Loisirs 22,50 €.

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Poème

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Il y en a qui prient, il y en a qui fuient

René TAVERNIER (1943) (*)

Il y en a qui prient, il y en a qui fuient, Il y en a qui maudissent et d’autres réfléchissent, Courbés sur leur silence, pour entendre le vide, Il y en a qui confient leur panique à l’espoir, Il y en a qui s’en foutent et s’endorment le soir Le sourire aux lèvres. Et d’autres qui haïssent, d’autres qui font du mal Pour venger leur propre dénuement. Et s’abusant eux-mêmes se figurent chanter. Il y a tous ceux qui s’étourdissent… Il y en a qui souffrent, silence sur leur silence, Il en est trop qui vivent de cette souffrance. Pardonnez-nous, mon Dieu, leur absence. Il y en a qui tuent, il y en a tant qui meurent. Et moi, devant cette table tranquille, Écoutant la mort de la ville, Écoutant le monde mourir en moi Et mourant cette agonie du monde.

(*) René Tavernier, né à Paris le 21 mai 1915, décédé le 16 décembre 1989 est un philosophe et poète français. Ecrivain et journaliste il va habiter à Lyon et dirigera la revue Confluences (revue des Lettres et des Arts) fondée par Jacques Aubenque, entre 1941 et 1943.

En pleine Occupation, il publie les poèmes de Pierre Emmanuel, Max Jacob, Paul Eluart, Louis Aragon. Résistant très engagé, il organise des réunions clandestines chez lui, il abrite un temps en 1943, Elsa Triolet et Louis Aragon. Il est le père du cinéaste Bertrand Tavernier. ------Stage de formation de l’ANACR ****** Ce stage réservé aux adhérents de l’ANACR, (notre association y a participé très souvent), se déroulera du vendredi 31 mai au dimanche midi 2 juin 2019. Pour s’inscrire, écrire rapidement à Libération Nationale PTT – ANACR 10 rue Vandrezanne 75013 Paris, avant le 15 mai.

-14- 27 mai 2019 : Journée Nationale de la Résistance ******

Depuis 2014, la commémoration officielle de la création du CNR le 27 mai 1943 est une réalité et se déroule dans de nombreuses villes et départements de notre pays.

Le Comité Parisien de la Libération, organisateur et animateur de cette journée, a travaillé avec la Mairie de Paris pour une programmation artistique et culturelle qui est en cours d’élaboration. Durant cette journée il y aura bien sûr les cérémonies au Monument aux Morts et devant le 48 rue du Four dans le 6e arrondissement où s’est tenue la première réunion du Conseil National de la Résistance.

La Mairie de Paris a proposé que cet évènement ait lieu place de la République sur l’Esplanade André Tollet avec l’installation du « village des associations ». Le Comité d’organisation apporte des précisions historiques : « En ce 75e anniversaire de la Libération ce lieu est parmi ceux les plus chargés de symboles. C’est là où s’illustrèrent dans un des derniers combats, les Résistants insurgés aux côtés de la 2e DB, devant la caserne alors appelée Prince Eugène (maintenant caserne Verine du nom d’un gendarme résistant fusillé en 1943) dans le quartier des rafles mais aussi de la solidarité, un des lieux très forts de l’insurrection parisienne, à proximité de la Bourse du Travail qui fut l’enjeu de combats décisifs, tout à côté du central téléphonique Inter Archives haut lieu de la résistance PTT ».

Par ailleurs, un timbre sera édité par La Poste « Journée Nationale de la Résistance 2019 ». Michel Chassagne

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INFORMATION

********* Dans notre dernier bulletin trimestriel un article traitait des camps d’internements du Loiret : Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Jargeau. On peut lire dans « Le Patriote Résistant » de février 2019 une information que nous pensons utile à communiquer. « La gare de Pithiviers, d’où furent déportés des milliers de Juifs internés dans les camps du Loiret durant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à aujourd’hui délabrée, sera aménagée… Seule, une plaque apposée près de l’entrée du bâtiment rappelait le souvenir des déportations. Le directeur régional de la SNCF et celui du Mémorial de la Shoah, ont annoncé, mardi 18 décembre 2018, le début des travaux d’un chantier, financé par la SNCF à hauteur de 2 millions d’euros, pour la réhabilitation du bâtiment et l’aménagement d’un espace d’exposition et de salles pédagogiques…. Une fois terminé, ce nouveau lieu de mémoire fonctionnera en lien avec le CERCIL d’Orléans, administrativement rattaché cette année au Mémorial de la Shoah, où est présentée une exposition permanente sur les camps du Loiret ». C.S.

HUMEUR ! ********* Cela fait combien de temps… une éternité peut-être ! Tous les samedis depuis des mois, c’est systématique, des hommes et des femmes rendent visite au Soldat Inconnu de l’Arc-de-Triomphe. Dois-je faire une prière, dois-je implorer les cieux ou supplier je ne sais qui pour lui faire part de mon désarroi devant cette cruelle constatation : l’Histoire de France a depuis bien longtemps déserté les esprits des décideurs de ce mouvement au demeurant sympathique s’il s’en tenait à réclamer plus de pouvoir d’achat, moins de taxes, plus de liberté, plus de démocratie. Mais vous leaders autoproclamés, ce lieu qui à vos yeux est symbolique pour crier votre désespoir envers une société qui semble ignorer vos difficultés, avez-vous au moins pris le temps de réfléchir et de vous informer sur ce que représente l’Arc-de-Triomphe pour notre pays ? Ce lieu emblématique est là pour que la nation française, celle que des casseurs veulent anéantir, rend hommage à nos morts, ceux de 14-18 et à tous les autres qui sont ensuite tombés pour notre liberté, pour votre liberté ne l’oubliez pas ! C’est pourquoi, tous les soirs à 18 heures 30, 365 jours par an, des associations, des établissements scolaires, des fondations de la mémoire, le Comité de la Flamme, accomplissent le geste immuable de raviver la Flamme sur le Tombeau de Soldat inconnu. Vous, leaders, décideurs inconnus, que sais-je, ouvrez symboliquement les yeux et imaginez ce que vous voyez en fin d’après-midi à 18 heures30 : des dizaines de drapeaux remontent le haut des Champs-Elysées suivis par une centaine de personnes, certaines avec leurs décorations, des gerbes, des personnalités, puis le protocole, le ravivage de la Flamme et pour terminer une cinquantaine de musiciens en tenue, jouant la Marseillaise et le Chant des Partisans ! Là, j’admets que retenant votre émotion, vous versiez une larme. Est-ce un rêve ou une réalité ? Paris est grand, combien d’autres lieux pourraient accueillir votre manifestation pacifique. Alors, laissez dormir en Paix le Soldat Inconnu de la première Guerre mondiale.

Charles Sancet

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Prochaines cérémonies ou commémorations La cérémonie commémorative du 74ème anniversaire du 8 mai 1945 se déroulera le Mardi 7 mai à 11 heures au Lemnys, 17 rue du colonel Pierre Avia, 75015 Paris, au siège de la Poste.

27 mai Journée Nationale de la Résistance le lieu : Place de la République, esplanade André Tollet. Dimanche 16 juin 2019 : hommage aux onze fusillés du réseau PTT de St-Lô, à Beaucoudray (Manche).

Rappel Trésorerie Chers camarades adhérents, si vous avez oublié de renvoyer votre cotisation 2019, pensez-y, car « Libération Nationale PTT – ANACR » a besoin d’être une association forte et combative pour poursuivre son travail de mémoire. Merci. André Goujon Vie de l’association

Lors de cérémonies on nous pose souvent la question « C’est pour quoi ». Aussi nous avons décidé de réaliser une plaquette traduite en plusieurs langues afin de présenter la Résistance des PTT dans une région qui a été au cœur d’évènements marquants de la Seconde Guerre mondiale.

Colette PALLARES a rencontré Monsieur POUTY, directeur de l’ONAC de la Manche, le mardi 26 mars, afin qu’il l’accompagne dans cette démarche pour que cette plaquette soit diffusée dans les musées de la Manche et du Calvados, dans un premier temps.

Contact : Association « Libération Nationale PTT – ANACR » Tour Onyx, 10 rue Vandrezanne, 75013 Paris Responsable publication : Charles Sancet, Tél. : 02 54 71 34 29 – P. : 07 86 37 39 10