FOCUS LE CHÂTEAU DE COURTANVAUX BESSÉ-SUR-BRAYE

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE DU SARTHOIS LE CHÂTEAU SOMMAIRE DE COURTANVAUX

2 UN DOMAINE SEIGNEURIAL AUX MAINS Situé dans le département de la , aux confins du Perche Sarthois et à mi- D’IMPORTANTS PERSONNAGES chemin entre Tours et Le Mans, le domaine de Courtanvaux appartient à la 2 Les origines du domaine commune de Bessé-sur-Braye (2 222 habitants en 2019). Le site comprend un e e 3 Un domaine transmis sans aliénation ensemble d’édifices dont les plus anciens remontent aux XV et XVI siècles, ainsi qu’un parc de 68 hectares répartis en bois, jardins et parc d’agrément.

6 L’ÉVOLUTION DU SITE L’intérêt paysager et architectural du domaine lui vaut d’être classé au titre des * 6 L’apport des aveux sites depuis 1975 et de disposer de plusieurs protections au titre des Monuments 8 Une résidence seigneuriale de la fin du Moyen Âge Historiques, à l’instar de son portail classé depuis 1948. 10 La basse-cour À la mort de son dernier propriétaire, Pierre de Montesquiou-Fezensac, en 1976, le 12 LES TRANSFORMATIONS DU CHÂTEAU château est acheté le 14 mai 1978 par la commune de Bessé-sur-Braye, consciente AUX XIXe ET XXe SIÈCLES de la valeur patrimoniale et de l’intérêt culturel qu’il représente, afin de l’ouvrir au 12 La première campagne de travaux (1815 - 1821) plus grand nombre. 13 La deuxième campagne de travaux (1838 -1856) Ainsi, le site, accessible en extérieur tous les jours de l’année, fait l’objet d’une 13 Les travaux de Marie Bibesco (à partir de 1882) programmation culturelle riche et diversifiée : visites guidées des intérieurs, concerts, expositions d’arts plastiques, ateliers pédagogiques, fête des plantes, 16 LE PARC ET LES JARDINS Cluedo géant... En outre, il est également possible de louer le château pour des 16 Un parc reflet des goûts des de Montesquiou-Fezensac événements privés. 17 Le parc sous Marie Bibesco 18 Courtanvaux aujourd’hui Intégré en 2017, comme l’ensemble de la Communauté de communes des Vallées de la Braye et de l’Anille, au Pays d’art et d’histoire du Perche Sarthois, le domaine de Courtanvaux en constitue l’un des principaux sites patrimoniaux et atouts touristiques. Aussi, ce document a pour but de faire un état de la connaissance et de le promouvoir auprès du public.

Jacques Lacoche, Philippe Galland, Maire de Bessé-sur-Braye Président du Pays d’art et d’histoire du Perche Sarthois

1 Vue générale du château de Courtanvaux, depuis le sud-ouest Vue du portail, depuis le jardin à la française

UN DOMAINE TRANSMIS UN DOMAINE SANS ALIÉNATION L’enceinte du château et son échauguette* Le château de Courtanvaux présente la parti- SEIGNEURIAL AUX cularité de n’avoir jamais été vendu depuis le XVe siècle. Il s’est toujours transmis par héritage ou par mariage, et ce jusqu‘à son acquisition MAINS D’IMPORTANTS par la commune de Bessé-sur-Braye en 1978. Son histoire est ainsi associée à celle de quatre Les de Souvré (1518-1519 à 1662) PERSONNAGES illustres familles, toutes proches du pouvoir : Cette famille occupe de hautes fonctions au ser- les Berziau, les de Souvré, les Le Tellier de vice des rois de France successifs. Aussi, c’est en Louvois et les de Montesquiou-Fezensac. faveur de Gilles de Souvré, petit-fils d’Antoine de Souvré, que Henri IV érige Courtanvaux, réuni à LES ORIGINES DU DOMAINE La fin du Moyen Âge marque le développement Les Berziau (1459 à 1518-1519) d’autres seigneuries de la région, en marquisat du domaine de Courtanvaux auquel sera ratta- Jacques Berziau, d’abord notaire et secrétaire par lettres patentes* du mois de mars 1609, enre- Le château de Courtanvaux, du latin curtis in chée la seigneurie de paroisse de Bessé en 1586, du roi, puis contrôleur général des finances, gistrées en 1610. Henri IV porte une grande ami- valle signifiant en français la “cour dans la val- suite à la vente du fief de la Cour-de-Bessé par épouse en secondes noces Jeanne de Villiers, tié à Gilles de Souvré qu’il appelle familièrement lée”, est situé au creux du vallon des Ruisseaux, Marguerite de Vendômois à Gilles de Souvré. d’une noble famille du . Le début de la “La Gode” (fille de joie). Il séjourne d’ailleurs à au nord-ouest du bourg de Bessé-sur-Braye. construction du château dans sa configuration plusieurs reprises au château de Courtanvaux, La première mention de Courtanvaux remonte Vue de la façade ouest du château depuis la terrasse basse actuelle lui est attribué ; il succède à un logis notamment lorsqu’il assiège Le Mans. Il y vient à 1332. À l’origine, il ne s’agit que d’un petit fief primitif de plan très simple, dont l’origine de pour des parties de chasse, mais sans doute relevant de Vancé. Le premier seigneur connu de la fondation reste encore inconnue. À sa mort aussi pour la proximité du château de Cogners Courtanvaux apparaît en 1351 sous le nom de vers 1498, la seigneurie de Courtanvaux revient où réside sa favorite, Gabrielle d’Estrées. Une des Michel de Doucelles. Son fils Michel lui succède à son seul fils, Jean Berziau, qui meurt sans chambres du grand château porte toujours son à la tête du domaine. S’ensuivent Jean Le Tort et postérité à la fin de l’année 1518 ou au début nom. C’est sur son ordre qu’est construit en 1596, sa femme Jeanne Asselin, puis à partir de 1455, de l’année 1519, faisant de son beau-frère, sur la Braye, pour faciliter l’accès à Bonneveau, le Jacques Berziau, peut-être neveu par alliance, Antoine de Souvré, l’héritier du domaine. Ce pont Saint-Gilles, rebaptisé Pont Rouge de Bessé lequel rachète en 1459 la part de sa cohéritière dernier, originaire d’une ancienne famille du en 1785. En 1602, Gilles de Souvré devient gouver- Marie, veuve de Jean Cullier, devenant ainsi sei- Perche, avait épousé Françoise Berziau en neur du dauphin, futur Louis XIII, qui le fait maré- gneur de Courtanvaux à part entière. 1510. chal de France en 1614 avec ce commentaire :

2 3 DÉTENTEURS DU CHÂTEAU DE COURTANVAUX (SAUF MENTION CONTRAIRE, TRANSMISSION EN LIGNE DIRECTE)

Il faut attendre le XVe siècle pour que l’on puisse véritablement établir la chronologie des différents propriétaires de Courtanvaux avec la prise de possession des lieux par la famille Berziau, à partir de laquelle Courtanvaux restera aux mains de familles au service du pouvoir pendant près de quatre siècles.

Berziau De Souvré Le Tellier de Louvois De Montesquiou-Fezensac 1459 à 1518-1519 1518-1519 à 1662 1662 à 1781 1781 à 1978

Jacques Jean Antoine de Jean I Gilles de Jean II de François-Michel Le Louis-Charles- Anne- Anatole de Odon de Raoul de Odon de Ville de Bessé- Berziau Berziau Souvré de Souvré Souvré Souvré Tellier, marquis de César Le Tellier Elisabeth- Montesquiou- Montesquiou- Montesquiou- Montesquiou- sur-Braye (? - vers 1498), (? - 1518/ ép. en 1510 (? - 1554), (1542-1626), (1584-1656), Louvois (1641-1691), (1695-1771), Pierre de Fezensac Fezensac Fezensac Fezensac Acquisition le ép. en 1489 1519), sans Françoise ép. en 1537 ép. en 1582 ép. en 1620 ép. en 1662 Anne de ép. Catherine de Montesquiou- (1788-1878), (1836-1882), (1869-1934), (1906-1963), 14 mai 1978. Jeanne de postérité. Berziau. Françoise Françoise de Catherine Souvré (1646-1715). Champagne, puis Fezensac ép. en 1809 petit-fils ép. en 1905 sans postérité. Villiers. Par Transmis à Martel (? - Bailleul (1562- de Neufville Adélaïde-Félicité (1764-1834), Elodie de d’Anatole, Régine Langlois acquêt, le la famille de 1586). 1617). (? - 1656/1657). Brulart. Sans ép. en 1780 Montesquiou- ép. en 1867 d’Amilly (1883- Pierre de Montesqiou- 15 mai 1459. Souvré par Transmis à la Michel-François Le Tellier postérité. Louise-Charlotte- Fezensac Marie Bibesco 1968). Fezensac (1909-1976), le mariage famille Le Tellier (1663-1721), ép. en 1691 Françoise Le (1790-1875). (1845-1929). arrière-arrière-arrière-petit- de sa sœur. de Louvois par Marie-Anne-Catherine Tellier de fils d’Anne-Elisabeth-Pierre, le mariage de sa d’Estrées (1663-1741). François-César Montmirail ép. en 1933 Jacqueline- petite-fille. Le Tellier (1718-1781), (1765-1835). Odette-Marie Fenaille. neveu de Louis-Charles- César (Le Tellier), ép. en 1732 Louise-Antonine de Gontaut-Biron (1718- 1737). Transmis à la famille de Montesquiou- Fezensac par le mariage de sa petite-fille.

“Monsieur, si je n’étais roi de France, je vou- taire d’État, Michel Le Tellier. Les Le Tellier de Tellier, le grand-père de sa femme. Après avoir vivant à Courtanvaux de longues années en drais être Souvré.”. Il repose aujourd’hui Louvois résident essentiellement à Versailles été comte de l’Empire en 1809, grand chambel- solitaire et Pierre de Montesquiou-Fezensac, le dans le caveau de la famille de Montesquiou- et négligent Courtanvaux dont ils confient la lan de France en remplacement de Talleyrand en premier à ouvrir le château au public en 1963. Fezensac au cimetière de Bessé-sur-Braye. Les gestion aux régisseurs du domaine. 1810, puis pair de France sous la Restauration, À la mort de Pierre de Montesquiou-Fezensac de Souvré ont marqué durablement l’histoire il tombe en disgrâce passagère au retour au en 1976, le château est vidé de son mobilier et de Courtanvaux par la construction du portail Les de Montesquiou-Fezensac (1781-1978) pouvoir de Louis XVIII en 1815 pour s’être rallié mis en vente par ses héritiers. Il abritait, entre d’entrée. Originaire du Gers, les de Montesquiou- à Napoléon Ier pendant les Cent Jours. Il décide autres, une importante galerie de portraits et Fezensac appartiennent à la branche cadette alors de se retirer dans un Courtanvaux délaissé de nombreux souvenirs du roi de Rome (1811- Les Le Tellier de Louvois (1662-1781) de la maison de Montesquiou, l’une des plus depuis près de 150 ans. Anne-Elisabeth-Pierre 1832) conservés par Louise-Charlotte-Françoise Le marquisat de Courtanvaux reste dans la anciennes de France, dite d’Artagnan. Lointains de Montesquiou-Fezensac s’engage dans la Le Tellier, épouse d’Anne-Elisabeth-Pierre de maison des de Souvré jusqu’en 1662, date à cousins de la mère du célèbre mousquetaire, vie locale. Il devient maire de Bessé de 1819 à Montesquiou-Fezensac, qui en fut la gouver- laquelle Anne de Souvré, arrière-petite-fille de Charles de Batz de Castelmore (1611/1615- 1834 et membre du Conseil général de la Sarthe nante. Elle est aussi connue sous le nom de Gilles de Souvré, épouse “au scandale de toute 1673), le héros d’Alexandre Dumas (1802-1870), qu’il préside presque sans discontinuer de 1826 “Maman Quiou” ou “Maman Mont”, sobriquets la France”, aux dires de Saint-Simon (1675-1755), ils sont à l’origine de la restauration néo- à 1833. En 1823, il vend à Jacques Montaru et qui lui ont été donnés par le roi de Rome tant il François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois. gothique* du château aux XIXe et XXe siècles. son épouse Louise Anne Pothée un moulin à avait de l’affection pour elle. La commune de Saint-Simon précise dans ses Mémoires qu’Anne Leurs armoiries d’or à deux tourteaux de gueules blé à la condition qu’un moulin à papier y soit Bessé-sur-Braye se porte acquéreur des lieux de Souvré “avoit la plus grande mine du monde, posés en pal et leur devise latine Deo duce ferro établi. La première feuille est faite en 1824. La deux ans plus tard, en 1978, pour la somme la plus belle et la plus grande taille ; une brune comite (Dieu pour guide, l’épée pour compagne) fabrication de papier à Bessé-sur-Braye prend totale d’un million trois cent vingt mille francs, avec de la beauté ; peu d’esprit, mais un sens se retrouvent partout à Courtanvaux. une grande importance par la suite, l’usine avec le soutien de l’État. C’est ainsi que cette qui demeura étouffé pendant son mariage”. En épousant Louise-Charlotte-Françoise Le employant jusqu’à 860 salariés en 1993. Enfin, résidence familiale séculaire, intimement liée François-Michel Le Tellier, plus connu sous le Tellier de Montmirail (en Brie) en 1780, Anne- il fonde en 1826 un hospice à l’emplacement de à l’histoire de Bessé-sur-Braye et ses environs, nom de Grand Louvois, est nommé secrétaire Elisabeth-Pierre de Montesquiou-Fezensac l’actuel EHPAD Louis Pasteur. Lui succèdent à devient un domaine public à vocation culturelle d’État, puis ministre de la guerre sous Louis XIV. fait passer le domaine de Courtanvaux dans sa la tête des lieux : Anatole, Odon, qui épouse la et touristique. Il est le fils du chancelier de France et secré- famille en 1781, à la mort de François-César Le princesse Marie Bibesco en 1867, Raoul, Odon,

4 5 Extrait du plan cadastral de Bessé-sur-Braye, 1829. Archives départementales de la Sarthe PC/036/002 section A1 Portrait de François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois, (1641 - 1691). Bibliothèque nationale de France

L’ÉVOLUTION ce qui nous vaut de connaître les ouvriers des différents corps de métiers employés à cette construction. Sous la direction de Jehan Detays, “maîstre des œuvres”, c’est-à-dire l’archi- DU SITE Porte d’accès au logis depuis la terrasse remaniée sous Marie Bibesco tecte, travaillent Collin Hain, maçon de Bessé ; Guillemain Dormeau, “varlet et serviteur dudit Collin” ; Pierre Folliau et Simon Oger, maçons de Courtanvaux est mentionné dès le XIVe siècle Le plus ancien aveu* connu, daté du 26 octobre bois pour la construction et la chasse, des murs Montoire ; Guillaume Denéchau, couvreur d’ar- sans que l’on sache quels aménagements et 1490, est rendu par Jacques Berziau à Jean, de clôture rappelant la vocation défensive des doises de Lavenay ; Maurice Auger, Jehan Sallé constructions existaient sur ce lieu implanté bâtard de Vendôme. Il décrit les bâtiments châteaux médiévaux et le pigeonnier (la fuye*), et François Rigault, également couvreurs ; Jehan sur le flanc d’une vaste colline boisée. L’histoire suivants : “maisons, caves, jardins, chapelle, le symbole du rôle de justice du seigneur. L’année Morin, perrier de Bessé ; Ambroise Jollis, char- du lieu est mieux connue à partir de la fin du tout clos de murs, avecques une tousche de boys suivante, en 1491, Jacques Berziau réalise pentier de Bouloire et un manœuvre nommé Moyen Âge grâce à la conservation de sources (petite parcelle de bois), sise au-dessus de ladite d’importants travaux – semble-t-il sur le grand Blaisot. archivistiques. cour, une fuye* et un clos de vigne”. Cette énumé- château – pour disposer d’une habitation digne Ainsi, s’ouvre un siècle de transformations du ration montre qu’à cette date Courtanvaux pos- de sa nouvelle charge de contrôleur général, à domaine de Courtanvaux qui va lui donner son * * sède tous les attributs d’un domaine seigneurial, laquelle il est nommé à partir de 1488 au moins. aspect général actuel, en témoignent les aveux L’APPORT DES AVEUX des bâtiments divers dont une chapelle, des Une querelle éclate au cours de ce chantier, du XVIIe siècle. Le château de Courtanvaux a conservé son L’aveu * rendu le 9 mai 1690 par François- chartrier* composé de documents seigneuriaux, Michel Le Tellier, marquis de Louvois, au duc e remontant pour les plus anciens au XIV siècle, Caves de Courtanvaux Aperçu du portail et de la façade est du château de Vendôme reprend celui rédigé en 1610, et de nombreuses pièces d’archives des familles juste après l’érection de Courtanvaux en mar- Le Tellier de Louvois et de Montesquiou- quisat. Il donne des précisions sur le château, Fezensac. Pour en assurer la conservation et dont l’architecture ne semble pas avoir changé faciliter son étude, la commune de Bessé-sur entre 1610 et 1690 : “Premièrement mon chastel Braye les a en partie déposés aux Archives de Courtenvau, situé en la paroisse de Bessé, départementales de la Sarthe en 2005 et 2007. consistant en deux hauts pavillons entre les- Bien peu de ces documents ont été étudiés, en quels il y a un grand corps de logis composé de dehors de quelques aveux* donnant une idée de salles basses et hautes, plusieurs chambres, l’évolution du site. estages et galleries hautes et basses pour aller en un autre ancien et grand corps de logis au

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Manoir de Courtanvaux dit le “petit château” 1 2 Accès à la cour d’honneur depuis la basse-cour. Photo 2 : © Gérard Grand

derrière du susdit, composé aussi de plusieurs de l’horloge, renfermant un escalier à vis qui la fin du XVIIe siècle. Les rainures, où s’inséraient chambres et estages ; entre lesquels deux corps dessert les étages. Le caractère résidentiel de les trois flèches permettant au pont-levis de bas- de logis sont les offices de cuisines, sommellerie la construction est affirmé par la présence de culer, subsistent encore sur la façade principale Chapelle de Courtanvaux et boulangerie ; une chapelle proche et néan- grandes fenêtres à meneau* et traverse* au détri- du grand château. Cette élévation comptait, moins séparée du dit premier corps de logis, ment des aspects défensifs. Ce logis est construit avant la multiplication des fenêtres et l’augmen- fondée par mes prédécesseurs en l’honneur vers 1455 par Jacques Berziau, à la faveur de la tation de leurs dimensions au XIXe siècle, assez de Notre-Dame-de-Lorette ; un petit jardin pacification du Maine après la période troublée peu d’ouvertures, surtout dans les parties basses. proche de ladite chapelle ; écurie, pont-levis de la guerre de Cent Ans (1337-1453). Le pignon Sur le flanc sud-est de la cour d’honneur, est et autres fortifications, le tout en un tenant”. sud du petit château était flanqué d’une aile bâtie – semble-t-il par Jean Le Tort – une cha- de son mari, Odon de Montesquiou-Fezensac. Cette description correspond aux bâtiments basse, peut-être du XVIIe ou XVIIIe siècle, si l’on pelle citée dès 1454 et dédiée à Notre-Dame- Pour cela, elle fait appel en 1893 à l’architecte délimitant encore en partie la cour d’honneur en juge son apparence visible sur l’iconogra- de-Lorette. L’entrée d’origine se trouvait sur le tourangeau Victor Laloux (1850-1937), lauréat du château de Courtanvaux : deux grands corps phie ancienne ; elle rejoignait l’échauguette* qui côté nord, en face du grand logis. La porte avec du Grand Prix de Rome en 1878, à l’origine de la de logis rejoints par une galerie disparue et dont forme l’angle de l’enceinte seigneuriale. Cette son arc en anse de panier est d’ailleurs toujours gare d’Orsay à Paris. L’actuelle entrée à auvent l’emplacement est occupé par les deux hautes aile a été détruite entre 1838 et 1861 et l’échau- visible, bien que murée. La chapelle est modifiée date de cette campagne de travaux. Ce petit terrasses actuelles créées au XIXe siècle pour guette*, très remaniée au XIXe siècle, a fait l’objet dans le style néo-gothique* par Marie Bibesco, porche, abritant l’accès à la chapelle, a fait desservir les différents étages du château. Sur d’une restauration de sa toiture en 1996. héritière du domaine de Courtanvaux à la mort l’objet d’une restauration par la commune de la terrasse basse, est actuellement aménagé Le second corps de logis dit le “grand château” est Bessé-sur-Braye en 1983. À l’intérieur, les voûtes dans le coteau un fournil où se trouvent deux construit, comme le précédent, en pierre blanche sont à croisées d’ogives. Le vitrail de l’Annon- fours : l’un à pain, restauré en 2014, et l’autre, du pays appelée tuffeau et couvert d’ardoise dès ciation, quasi-identique à celui présent dans plus petit, à pâtisserie. Ce type d’aménage- l’origine. Ses toitures, charpentes et cheminées l’église Saint-Martin de Souligné-sous-Ballon, ments troglodytiques est commun dans les ont fait l’objet de travaux au cours des années et celui du Sacré-Cœur de Jésus représenté sous résidences seigneuriales de la vallée du . 1980, 1990 et 2000. Les fondations de ce bâtiment les traits d’Odon de Montesquiou-Fezensac, à reposent dans un large et profond fossé défensif la demande de sa veuve, ont été réalisés à la fin dont il ne reste plus aujourd’hui que la portion du XIXe siècle par les maîtres-verriers manceaux UNE RÉSIDENCE SEIGNEURIALE sud. Cet édifice de l’extrême fin du XVe siècle est Kuchelbecker fils et Jacquier. Ils ont été restau- DE LA FIN DU MOYEN ÂGE la résidence principale de Jacques Berziau et sa rés par la commune de Bessé-sur-Braye en 2003. Ce grand ensemble, dont les façades et toitures famille, le petit château servant probablement L’ensemble de ces constructions délimitait l’en- sont inscrites Monuments Historiques par arrêté à loger leurs serviteurs. Il est percé d’un porche, ceinte seigneuriale médiévale. Jadis hermétique- Vitrail représentant le e e du 11 juin 1980, se compose de deux grands largement remanié au XIX siècle dans le style Sacré-Cœur de Jésus ment fermée, elle regroupait jusqu’au XVI siècle corps de logis. Le premier dit le “petit château”, néo-gothique*, donnant sur un pont-levis à pas- sous les traits d’Odon de les fonctions résidentielles, domestiques et Montesquiou-Fezensac. auquel est adossée la tour du beffroi, ou tour sages charretier et piétonnier, encore en place à © Gérard Grand défensives.

8 9 Détails du décor de la façade sud du portail. © Gérard Grand

Vue d’ensemble des écuries (avec de gauche à droite : écuries, salle des calèches, sellerie, salle de soin et de préparation des chevaux). © Gérard Grand De fait, sa construction étant réservée aux déten- teurs du droit de haute justice, son élévation permet d’affirmer son pouvoir et sa puissance. Si une fuye*, peut-être simple volière, est men- LA BASSE-COUR a été construite, probablement peu avant tionnée à Courtanvaux dès 1490, la tour-pigeon- 1829. Le chemin qui traverse la basse-cour est nier actuelle a pu être édifiée après l’érection de Les communs mentionné dès 1490, il relie au nord la route de la terre de Courtanvaux en marquisat en 1609, Le portail, dessin de P. Manguin, Médiathèque du Mans Toute la partie située à l’est de l’enceinte est Cogners à Bessé-sur-Braye et donne accès, au acte par lequel les seigneurs de Courtanvaux contemporaine du portail d’entrée du XVIe sud-ouest, à La Nouette, ancienne chaussume- accèdent au statut de haut-justicier. Cette fuye* siècle. Cette basse-cour est assez bien décrite rie* et briqueterie de Courtanvaux. remaniée sous les de Montesquiou-Fezensac a par l’aveu* rendu en 1690 par le marquis de corniche à denticules, le décor inspiré de l’Anti- perdu la plupart de ses dispositions intérieures. Louvois : “une basse-cour dans laquelle sont Le portail d’entrée quité se concentre autour des baies et au niveau L’échelle tournante a disparu ; il subsiste néan- les autres écuries, pressoir, estable, maison à Devancé par un pont dormant enjambant le du passage où il se compose de motifs divers moins quelques boulins* et juste en dessous une cheminée pour le logement du fermier et un fossé d’enceinte, le portail d’entrée est ouvert et de niches encadrant jadis les armoiries des partie du bandeau horizontal ceinturant l’édi- puits ; le tout enclos de murailles où il y a deux de deux portes, charretière et piétonnière, flan- propriétaires. Longtemps daté vers 1580, ce fice afin d’empêcher l’ascension de prédateurs. tourelles et pont dormant, un jardin enclos où quées de deux tours rondes coiffées de dômes. portail d’apparat semble toutefois avoir été Ses toiture, charpente et lucarne ont fait l’objet est la fuye* à pigeons”. Des constructions citées Cet ouvrage défensif du XVIe siècle est destiné construit entre 1547 et 1552 par Antoine de d’une campagne de restauration menée par la à la fin du XVIIe siècle, il ne subsiste que le por- à protéger l’accès à la basse-cour. Toutefois, Souvré sous le règne de Henri II (1519-1559), commune en 2013. tail d’entrée et la fuye*. Les écuries actuelles, le soin apporté à la construction et son décor d’où la présence des trois croissants de lunes dont les toitures ont été réhabilitées en 2011, Renaissance en font surtout un élément de imbriqués, symboles illustrant la devise de ce Le pigeonnier. © Gérard Grand ont remplacé une ancienne grange au début prestige seigneurial. En effet, son rôle militaire roi. Selon Raoul de Montesquiou-Fezensac, des années 1830. En outre, l’orangerie*, type est grandement atténué par l’abondance et la certains détails du décor ont été bûchés à la de bâtiment en vogue à partir du XVIIIe siècle, finesse des ornements qui le parent. Outre la Révolution française. Reconnu comme un édi- fice majeur de la Renaissance de l’ouest de la France, le portail d’entrée est le seul édifice

Détails des aménagements intérieurs des écuries. © Pierrick Barreau L’orangerie*. © Gérard Grand du domaine de Courtanvaux à avoir été classé Monuments Historiques en 1948.

Le pigeonnier Dans l’alignement de ce portail d’entrée, au sud de la basse-cour, a été édifié un colombier appelé localement fuye*. Destiné à élever des pigeons qui offrent des mets de choix et procurent des fientes utilisées comme engrais, le pigeonnier a également une valeur symbolique importante.

10 11 Vue d’ensemble de la façade depuis la basse-cour Buste en pierre d’Anne-Élisabeth-Pierre Le château de Courtanvaux depuis la cour d’honneur. Lithographie par Olivier de Wismes, de Montesquiou-Fezensac. Château 1857. Médiathèque du Mans de Courtanvaux. © Gérard Grand

l’entrée principale du château, dans le style queté, par le menuisier manceau Blottière. Cette LES TRANSFORMATIONS néo-classique*, au milieu de la façade du premier pièce est l’une des seules à avoir été épargnées étage, côté cour d‘honneur. Le mur de la ter- par la troisième vague de travaux exécutée par e rasse basse s’ouvrait alors sur un grand escalier, Marie Bibesco ; elle donne un aperçu de la qualité DU CHÂTEAU AUX XIX ET entouré de part et d’autres de vasques en forme du décor intérieur des aménagements disparus. de baignoire et de bustes d’empereurs romains. Dépourvue de livres pendant longtemps, certains e ouvrages, dont le plus ancien remonte à 1691, y XX SIÈCLES LA DEUXIÈME CAMPAGNE DE ont retrouvé leur place, afin de redonner à cet TRAVAUX (1838-1856) espace sa fonction de bibliothèque.

Les travaux se poursuivent sous leur fils, Anatole e e LES TRAVAUX DE MARIE BIBESCO Au cours des XIX et XX siècles, la famille de LA PREMIÈRE CAMPAGNE DE de Montesquiou-Fezensac, qui s’attache à (À PARTIR DE 1882) Montesquiou-Fezensac initie trois campagnes TRAVAUX (1815-1821) remettre au goût du jour le château en renfor- de restauration et d’aménagements successives, çant son caractère flamboyant. La recherche de L’ultime et la plus importante transformation faisant de cette demeure ancestrale une rési- Désaffecté depuis près de 150 ans, le château l’aspect pittoresque du Moyen Âge succède donc de Courtanvaux est due à Marie Bibesco, fille de dence moderne dotée des dernières innovations offre un cadre peu confortable lorsque, malgré au néo-classique* de la génération précédente. Georges Dimitru Bibesco, grand hospodar* de en matière de confort et d’hygiène. une première tentative avortée en 1790, Anne- Ainsi, les fenêtres sont reprises et le portail d’en- Valachie, au sud de l’actuelle Roumanie, de 1842 Elisabeth-Pierre de Montesquiou-Fezensac et trée néo-classique* à pilastres* et linteau sup- à 1848, et de Marie Vacaresco. Grâce à sa fortune Louise-Charlotte-Françoise Le Tellier, nommée portant un arc en plein cintre prend un caractère personnelle, elle entreprend une importante gouvernante des enfants de France par Napoléon médiéval par l’aménagement d’un tympan* et campagne de rénovation et de modernisation à Ier (1769-1821) en 1810, décident d’y fixer leur de pinacles*. Il perd sa fonction d’entrée princi- la mort de son mari survenue en 1882. Odon de résidence à la chute de l’Empire en 1815. Les deux pale car le grand escalier d’accès est supprimé. Montesquiou-Fezensac avait hérité du domaine époux décident, à l’hiver 1815-1816, d’adapter Une balustrade néo-gothique* en pierre de taille en 1878, au décès d’Anatole de Montesquiou- cette “vieille demeure devenue à peine habitable” décorée de quadrilobes est construite sur le mur Fezensac, son grand-père. Dans La Petite aux nécessités de la vie moderne. Les travaux désormais fermé de la terrasse basse. Elle s’effon- Mademoiselle, son cousin, le dandy Robert de consistent à restaurer les toitures, transformer dra en grande partie au cours des années 1940. Montesquiou-Fezensac (1855-1921), qui inspira les portes et les fenêtres, redistribuer et redé- La bibliothèque formant un petit cabinet octo- à son ami Marcel Proust (1871-1922) le person- corer les appartements : au nord, se trouvaient gonal lambrissé est située à l’emplacement d’un nage du baron de Charlus dans À la recherche du Cheminée portant ceux du comte et au sud, ceux de la comtesse. ancien escalier. Créée vers 1840, elle est dite de temps perdu, écrit de Marie Bibesco : “Le Comte les armoiries des * de Montesquiou- Anne-Elisabeth-Pierre de Montesquiou-Fezensac style “troubadour ”, notamment en raison de ses a fait un mariage d’intérêt, en épousant cette Fezensac et Louise-Charlotte-Françoise Le Tellier placent ogives en bois réalisées, comme le plancher mar- cousine maigre, déjà vieille fille, en apparence

12 13 Les éléments de confort L’équipement de ce château de campagne devient digne de celui d’un hôtel particulier

parisien de cette époque, ce 1 2

L’enfilade des quatre salons qui permet à la propriétaire 1 2 La bibliothèque des lieux d’impressionner ses invités, venant de la capitale par le train. Marie Bibesco vouée au célibat, et dont la fortune, assez res- décorer une enfilade de quatre salons – tous indé- accroit le confort de sa demeure en faisant ins- en place d’un bélier hydraulique au centre de pectable, a permis d’accorder, au castel fami- pendants à l’origine – longue de quarante-sept taller : le téléphone intérieur, l’éclairage au gaz, la terrasse basse est véritablement attestée en lial, des restaurations sans cesse ajournées, en mètres. Le plus grand d’entre eux, le salon des rendu possible dès 1901 grâce à l’inauguration 1819. En 1892, Marie Bibesco fait établir deux même temps que d’acquérir des terres”. Lui qui armoiries, regroupe 150 écussons armoriés. de l’usine à gaz de Bessé-sur-Braye en 1900, le béliers hydrauliques d’Ernest Bollée fils, dont venait passer ses vacances à Courtanvaux lors- Chacune des armoiries peintes est nominative : chauffage central à air pulsé avec chaudières le modèle a été présenté à l’Exposition univer- qu’il était jeune, témoigne, dans Les Pas effacés, prénoms et noms des femmes ayant épousé par calorifère, rendant les cheminées surtout selle de Paris en 1889 : l’un pour alimenter les de l’ampleur des transformations : “durant une un membre de la famille avec la date de leur décoratives (un premier système avait été ruisseaux du parc, l’autre pour les besoins inté- période de travaux ordonnés par [Marie Bibesco], mariage ou noms des familles alliées aux de installé par Morin du Mans sous Anatole de rieurs. Les eaux étaient élevées, depuis le puits j’ai trouvé là de tels chambardements, que je n’ai Montesquiou-Fezensac. Ce sont près de 850 Montesquiou-Fezensac), une cuisine et des de la terrasse basse, à près de 30 mètres de plus osé m’y risquer depuis.” La mort de la prin- ans d’alliances familiales, depuis Aurianne de la salles de bain modernes. En outre, le château hauteur dans un grand réservoir encore visible cesse en 1929 met fin à la création architecturale Motte en 1060 jusqu’à Régine d’Amilly en 1905, bénéficie très tôt de l’eau courante. Montgolfier aujourd’hui, pour être ensuite redistribuées par à Courtanvaux. qui sont représentées. Cette suite de nouveaux aurait fait installer en 1792 à Courtanvaux l’un gravité aux différents étages du grand château. Au premier étage du grand château, Marie salons, équipés pour deux d’entre eux d’une de ses premiers béliers hydrauliques, permet- Les transformations réalisées sous l’égide de Bibesco demande à l’architecte local Ferdinand porte à galandage* en bois sculpté, est mise en tant d’alimenter les pièces d’eau des jardins Marie Bibesco à Courtanvaux concernent éga- Travaillard, résidant à Saint-Calais, de percer et valeur par un large escalier d’honneur à deux par une rivière souterraine. Toutefois, la mise lement l’écrin paysager du château. volées tournantes réalisé en 1893 par l’archi- tecte académique Victor Laloux. La chambre de la princesse est le pendant privé de cette enfi-

lade. Les murs, autrefois entièrement dorés à l’or 1 2 La cuisine du château fin, sont ornés de motifs floraux au pochoir dans le goût Art nouveau*. Le plafond et les parties basses des murs sont quant à eux recouverts de papier marouflé imitant le cuir. Le panneau sous la fenêtre est un réemploi issu d’un coffre riche- ment décoré et sculpté du XIVe siècle. En façade, les fenêtres retrouvent leurs meneaux* au des- sin très simple et plus authentique, réduisant la décoration flamboyante voulue par Anatole de Montesquiou-Fezensac. Enfin, Marie Bibesco

Porte d’entrée dote la porte de la terrasse basse de son décor 1 2 du château actuel et crée le petit escalier en encorbellement.

14 15 Cour d’honneur, le jardin à la française créé en 1966 Le château avec, au premier plan, la roseraie, carte postale vers 1910. © Gérard Grand L’un des vases encadrant autrefois la roseraie. © Gérard Grand

LE PARC SOUS MARIE BIBESCO La roseraie LE PARC ET LES JARDINS Martinet travaille sur un projet de parterre et Les grands projets d’ensemble rosarium voulu par Marie Bibesco. Dressée sur À partir de 1882, la princesse Marie Bibesco fait plan en 1893, cette roseraie de 72 mètres de également aménager à son goût les extérieurs long est conçue sur le modèle des jardins régu- Le domaine actuel, composé d’un jardin à la Françoise Le Tellier, dans la cour d’honneur du du château. C’est ainsi qu’en 1888, elle confie liers. 3 000 arbres et arbustes entourent alors française, d’un parc paysager dit à l‘anglaise, château à travers le jeu de jardins en terrasses le soin à M. Hurtault, architecte-paysagiste et 500 rosiers plantés à l’emplacement de l’actuel d’un parc d’agrément, d’une forêt et d’un étang, complétés de bustes d’empereurs romains en entrepreneur de parcs et jardins à Chartres, de parking. Il ne reste rien de cet ensemble, sinon la s’étend sur 68 hectares, alors que les terres de marbre blanc de Carrare, positionnés sur des penser à un projet d’ensemble. Le plan qu’il trace surface plane, quatre vasques en ciment de style Courtanvaux couvraient une surface de 531 hec- piédestaux. Quatre piédestaux sont conservés montre très clairement les grandes lignes d’un Médicis et quelques marronniers et séquoias plus tares en 1790 et de 632 hectares en 1835. en place et quatre bustes subsistent à l’abri dans futur parc d’agrément et d’un vaste potager. Ce que centenaires. le château. C’est aussi dans la cour d’honneur premier projet est révisé et précisé en 1906 par Cette roseraie se laissait découvrir de haut, UN PARC REFLET DES GOÛTS DES qu’est réalisé en 1966, à la demande de Pierre l’architecte-paysagiste Henri Eugène Martinet, depuis le parc à l’anglaise qui le surplombait, DE MONTESQUIOU-FEZENSAC de Montesquiou-Fezensac, le jardin à la française alors professeur à l’École Nationale d’Horticul- et plus particulièrement depuis l’allée ombra- composé de parterres de rosiers, délimités de ture de Versailles. gée constituée d’une double rangée de tilleuls, L’allée des platanes, dont les grands arbres haies basses et ponctué d’ifs taillés en cylindre. autrefois conduits en marquise*. auraient été plantés dans les années 1840, conduit au portail d’entrée Renaissance qui, L’allée des lions et son portail Plan aquarellé de la roseraie par Henri Martinet, une fois franchi, s’ouvre aujourd’hui sur un vaste 1893. Château de Courtanvaux. © Gérard Grand Vue aérienne du domaine de Courtanvaux. © Olivier Crochard L’allée des lions est un chemin encore visible qui parc engazonné, ponctué de massifs d’arbustes part de l’entrée de la ville, matérialisée par le d’ornement et de bosquets de grands arbres. portail des lions, et rejoint directement le châ- L’ambiance y est celle d’un parc à l’anglaise. teau. Le but de cet aménagement imaginé au En 1964, à la demande de Pierre de Montesquiou- XIXesiècle est de mettre en scène l’arrivée des Fezensac, l’architecte-paysagiste de Viane crée invités de la famille de Montesquiou-Fezensac dans la douve sèche, où se trouvait un ancien jeu en leur faisant parcourir le parc pour, au sortir de paume, l’illusion d’un jardin dans le goût de de la forêt, voir surgir subitement l’imposante sil- la Renaissance italienne, avec fleurs et simples, houette du grand château. La promenade laisse au cœur duquel serpente un sentier sablé. Les aujourd’hui entrevoir l’étang qui, bien qu’appa- jardins de la Renaissance italienne avaient déjà raissant dans les projets les plus anciens sous inspiré ses prédécesseurs, Anne-Elisabeth-Pierre des formes variables, ne sera creusé qu’en 1990 de Montesquiou-Fezensac et Louise-Charlotte- par la commune de Bessé-sur-Braye. En effet,

16 17 CHÂTEAU DE COURTANVAUX B ois d e C ou rt ux an nva v ta au r x ou C 9 e 10 d is o B

5 6

V 1 ers le p Cour or 2 ta d’honneur il d e Basse-cour s l io Parc à l’anglaise n XIXe siècle s Vue du château de Courtanvaux depuis le vallon des Ruisseaux. © Pierrick Barreau Détail du portail des lions, Jean-Antoine Injalbert, 1894. © Gérard Grand Jardin à la française XXe siècle Allé e des T 3 illeuls 4 7 Hurtault tente de réaliser cette pièce d’eau en COURTANVAUX AUJOURD’HUI aval du château, mais ne parvient pas à la main- Prairie tenir en eau. Il perd le procès que lui intente Marie En 2018, environ 13 800 personnes ont participé Les 11 N Bibesco en mars 1893. Il est condamné à lui res- à une animation et/ou une visite guidée des inté- Ruisseaux tituer l’intégralité des paiements, ainsi qu’à lui rieurs du château, avec des manifestations phares 8 Roseraie payer dix mille francs de dommages et intérêts. telles que la fête des plantes “Courtanvaux côté 1 Château XVe - XVIe - XIXe siècles 2 Manoir XVe siècle 3 Chapelle XVe - XVIe - XIXe siècles 4 Mur d’enceinte 5 Fontaine 6 Puits Ailleurs dans le parc, la rivière dite à l’anglaise et jardin” organisée par Bessé Initiatives, le Festival 7 Portail XVIe siècle 8 Pigeonnier XVIIe siècle 9 Écuries XIXe siècle 10 Orangerie* XIXe siècle 11 Passerelle vers 1900 ses cascades ont été aménagées de toutes pièces des Arts Plastiques, ou encore le Cluedo géant. sur les directives de l’ingénieur Vernier. C’est sans compter les visiteurs qui peuvent toute À voir également à Bessé Château de Courtanvaux Commandité par Marie Bibesco, le portail des l’année disposer librement du domaine devenu Vers Château de Cogners et dans les environs Toute l’année lions demeurait visible du salon des armoiries – le le terrain de jeu privilégié des sportifs (randon- Courtanvaux • Libre accès à la cour d’honneur et au parc Route de Cogners Vers La Al • Visites de groupes / visites privées plus grand et le plus richement décoré des quatre neurs, joggeurs, vététistes, pêcheurs, etc.) et des lé Chapelle- e d Huon • Location d’espaces pour séminaires et salons du grand château –, situé à plus d’un kilo- Besséens pour leurs balades familiales. e s D 303 réceptions L i o mètre. Il est surmonté de deux statues de lions, L’animation du site ainsi que l’entretien du château 5 n • Programmation d’animations et de s à la base d’une desquelles apparaît la signature et de son parc relèvent de la ville de Bessé-sur- manifestations • Possibilité de départs pour la boucle vélo de son auteur “Injalbert” et la date probable des Braye qui en est propriétaire. Deux agents com- du Perche Sarthois n°7 Le tuffeau au fil de vallées pittoresques (de Saint-Calais travaux “1894”. Jean-Antoine Injalbert (1845- munaux sont affectés à l’année sur le site : l’un à Avenue de à Bessé-sur-Braye / 50 km) ou pour une 1933), lauréat du Grand Prix de Rome en 1874, la culture et au tourisme, l’autre aux espaces verts. Courtanvaux7 randonnée pédestre Autour de Courtanvaux EPHAD est un éminent sculpteur biterrois. L’ouvrage est La gestion de la forêt de Courtanvaux revient, Louis Pasteur (circuit 46 du guide-rando du Perche Rue P 2 asteu Sarthois / parcours 7 km / 1h30). restauré par la ville de Bessé-sur-Braye en 1994. quant à elle, à l’Office Nationale des Forêts. 1 Le Pont Rouge r 3 Le prochain grand chantier concerne la restaura- 2 L’EHPAD Louis Pasteur 6 Église N-D-de- De mai à septembre 3 L’église Notre-Dame- Cimetière l'Assomption Visites guidées tous les jours sauf le lundi tion des terrasses et leurs murs de soutènement. de-l’Assomption (vitrail et les jours de réceptions Saint-Gilles avec détail e Passerelle sur le ruisseau de Courtanvaux, vers 1900. © Gérard Grand Il est pour la première fois envisagé de faire appel y 1 Renseignements représentant Courtanvaux) ra B 4 e- 02 43 35 34 43 Le moulin à papier (usine) l-d à un mécénat participatif, afin de rassembler les * Va 5 Ancienne chaussumerie du [email protected] Rue fonds nécessaires à ces travaux prévus en 2019 et de La Nouette www.chateaudecourtanvaux.com devant se poursuivre sur plusieurs années. 6 Caveau de la famille de Montesquiou-Fezensac La commune s’est engagée en 2015 dans une dans le cimetière 4 7 Portail des lions démarche de classement du lieu. Cette procédure Le moulin à papier Usine

serait la reconnaissance par l’État de l’intérêt his- D 303 Vers Pont- torique et architectural de l’ensemble du site et de-Braye Vers Bonneveau N permettrait d’assurer sa pérennité.

18 19 Néo-classique : faisant suite aux découvertes archéologiques de Pompéi et d’Herculanum, ce Le Pays d’art et d’histoire du Perche Sarthois appartient au réseau lexique courant architectural de la fin du XVIIIe et du dé- des Villes et Pays d’art et d’histoire. but du XIXe siècle se caractérise par l’emploi du vocabulaire architectural gréco-romain (ordres Le ministère de la Culture, Direction générale des Patrimoines, attribue l’appellation Villes et Art nouveau : mouvement artistique de la fin du Pays d’art et d’histoire aux collectivités qui animent leur patrimoine. Il garantit la compétence e e antiques, colonnes, frontons, etc.). XIX siècle et du début du XX siècle, inspiré par la des guides-conférenciers et des animateurs de l’architecture et du patrimoine, ainsi que la qualité nature, il met à l’honneur les lignes courbes et les Orangerie : bâtiment maçonné, clos de grandes des actions proposées. Aujourd’hui un réseau de 190 villes et pays offre son savoir-faire sur toute formes organiques dans les arts décoratifs et l’ar- baies vitrées au sud ou à l’est et généralement chitecture. pourvu d’un système de chauffage. L’orangerie est la France. destinée à abriter pendant l’hiver les orangers culti- À proximité, les pays de la Vallée du Loir, des Coëvrons-Mayenne, du Vignoble Nantais ainsi que Aveu : terme lié à la féodalité, l’aveu est le document vés en caisse ou d’autres plantes craignant le gel. consignant les déclarations de foi et hommage d’un les villes de Vendôme, Le Mans, Laval, Angers, Saumur, Nantes, Guérande et Fontenay-le-Comte Né en Italie à la Renaissance, ce type de construc- bénéficient de l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire. vassal envers son seigneur suzerain. Accompagné tion se développe en France au XVIIIe siècle. du dénombrement, il signale les biens que le vassal Pour enrichir votre découverte, le Pays d’art et d’histoire du Perche Sarthois et ses guides- détient de son seigneur et les redevances qu’il doit Pilastre : sorte de colonne rectangulaire, plate et conférenciers, en partenariat avec les offices de tourisme, vous proposent des animations verser en échange de ces concessions. en faible saillie par rapport au mur. parmi lesquelles des balades et visites des communes à destination des visiteurs individuels Boulin : nid de pigeons formé par un trou pratiqué Pinacle : élément décoratif en pierre de taille, de du printemps à l’automne et toute l’année pour les groupes. dans le mur intérieur du pigeonnier. forme conique ou pyramidale, placé au sommet d’une élévation. Chartrier : ensemble des chartes et titres d’une seigneurie. Le chartrier désigne également l’es- Porte à galandage : porte mobile qui coulisse à pace dans lequel sont conservés ces documents. l’intérieur des murs. Chaussumerie : dans le Maine, terme utilisé pour Traverse : élément structurel horizontal, généra- désigner l’endroit où l’on fabrique la chaux par lement en pierre de taille, divisant une baie. Bessé-sur-Braye dans calcination du calcaire dans un four mais aussi où le Perche Sarthois l’on fait cuire les tuiles et les briques. Troubadour : style artistique né pendant le pre- mier tiers du XIXe siècle de la fascination du passé, Conduite des arbres en marquise : voûte de ver- principalement du Moyen Âge et de la Renaissance PARIS dure formée par deux rangées parallèles d’arbres dont il offre en architecture une vision idéalisée. aux troncs apparents. Tympan : surface comprise entre la voussure inté- PARIS Échauguette : petit ouvrage en surplomb, sou- rieure et le linteau d’un portail, sa forme varie en Bonnétable La Ferté- vent placé à l’angle d’une construction pour faci- fonction de celle de la voussure. Bernard liter la surveillance au loin. Fuye ou fuie : terme désignant au Moyen Âge une volière à pigeons, ce terme a été peu à peu rempla- LE MANS cé à l’Époque Moderne par celui de colombier ou Bibliographie Montfort- Montmirail pigeonnier, mais il est resté d’usage courant dans le-Gesnois l’ouest de la France. Chaffanjon Arnaud, Courtanvaux, notice historique et descriptive, Paris, André Barry, 1980, 31 p. Hospodar : titre donné aux princes régnants de Cordonnier-Détrie Paul, “Courtanvaux”, Congrès Valachie. archéologique de France, CXIXe session (1961), p. 206-212. Bouloire Lettre patente : sous l’Ancien Régime, décision royale, sous forme de lettre, établissant un droit, Cordonnier-Détrie Paul, “Itinéraire au Pays de un état, un statut ou un privilège. Ronsard : Courtanvaux, La Chapelle-Gaugain, Artins, Couture, Poncé”, Revue historique et St-Calais Meneau : élément structurel vertical, générale- archéologique du Maine, n°2 (1948), p. 87-99. VENDÔME ment en pierre de taille, divisant une baie. BESSÉ-SUR- Crosnier Leconte Marie-Laure, “Courtanvaux, BRAYE un château au goût du jour”, 303 arts, recherches courant architectural développé Édition Pays d’art et d’histoire du Perche Sarthois Néo-gothique : et créations, 1986, p. 42-49. en France au début du XIXe siècle et imitant l’archi- 2019 à 5000 exemplaires, coordination Sylvie tecture gothique. Hyaumet-Michel Geneviève, “Courtanvaux, Lemercier. Rédaction Ville de Bessé-sur-Braye / un château à la campagne”, Maine Découvertes, n°54 (2007), p. 17-19. Tiphaine Boulay. Photographies : sauf mentions contraires Jean-Philippe Berlose / CEMJIKA-PERCHE Méry Jean, Lallemand Jeanine, Bessé, Vendôme, imp. Garillon, 1991, 88 p. SARTHOIS-2012. Remerciements à Mathilde Pflieger, Gérard Grand et Jérôme Deshais

20 «... JE REVOIS SE LEVER, DEVANT MES YEUX, LA DEMEURE INOUÏE, ENCASTRÉE DANS LA VERTE COLLINE. C’ÉTAIT VRAIMENT LE CHÂTEAU DU CONTE DE FÉE QUI, TOUT À COUP, SURGIT AU MILIEU D’UNE FUTAIE ET SEMBLE PRÊT À DISPARAÎTRE, COMME IL EST APPARU, SOUS L’INFLUENCE D’UN SORTILÈGE.»

Robert de Montesquiou-Fezensac, Les pas effacés, Mémoires, Émile-Paul Frères, 1923.

Pays d’art et d’histoire Château de Courtanvaux du Perche Sarthois 72310 Bessé-sur-Braye 24 avenue de Verdun, 02 43 35 34 43 72400 La Ferté-Bernard [email protected] 02 43 60 72 77 www.chateaudecourtanvaux.com [email protected] Toute l’année : libre accès à la www.perche-sarthois.fr cour d’honneur et au parc. Visites de groupes / visites privées. De mai à septembre : visites guidées tous les jours sauf le lundi et les jours de réceptions.