Georges Leygues, Le « Père
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GEORGES LEYGUES ŒUVRES PUBLIEES RETOUR DE MER. — Décembre 1941 (receuil de vers). Ouvrage couronné par l'Académie française (Aubanel). RETOUR DE MER suivi de MINUIT A QUATRE. — 1945 (recueil de vers). Préface de Georges Lecomte, de l'Académie française (Firmin-Didot). SAÏGON 1946. Pièce de Théâtre. Jouée à la Michodière et au Théâtre Gram- mont. Petite Illustration, 1949. MERS INDIENNES. — 1953 (recueil de vers). Préface de Georges Duhamel. Ouvrage couronné par l'Académie française (Firmin-Didot). GRAND CHEF BLANC. — 1955 (Histoire de Victor Schoelcher). Pièce Radiophonique- Radiodiffusion nationale. Préface de M. Gaston Monnerville. En collabora- tion avec Simon Gantillon et Ange Gilles. PONTS DE LIANES. — 1976 (Missions en Extrême-Orient, de 1945 à 1954). Préface d'André Chamson. Prix « Maréchal Foch », de l'Académie française, 1976 (Hachette). CHRONIQUE DES ANNÉES INCERTAINES. — 1977 (Journal de 1935 à 1945) (France Empire). REFLETS DES HEURES VIVES. — 1978 (recueil de vers). Grand Prix « Pascal Bonetti » 1979 de la Société des Poètes Français. Ouvrage couronné par l'Académie française (Stock). DELCASSE. — 1980 (Biographie) en collaboration avec Jean-Luc Barré. Préface de l'Ambassadeur Léon Noël, Membre de l'Institut (ENCRE). Ouvrage cou- ronné par l'Académie des Sciences Morales et Politiques. LES MUTINS DE LA MER NOIRE. — 1981, en collaboration avec Jean-Luc Barré (PLON). Ouvrage couronné par l'Académie Française. JACQUES RAPHAEL LEYGUES GEORGES LEYGUES LE «PÈRE» DE LA MARINE (Ses carnets secrets de 1914-1920) EDITIONS FRANCE-EMPIRE 68, Rue Jean-Jacques-Rousseau, 75001 Paris Vous intéresse-t-il d'être tenu au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage ? Envoyez simplement votre carte de visite aux EDITIONS FRANCE-EMPIRE Service « Vient de paraître » 68, rue J.-J.-Rousseau, 75001 Paris, et vous recevrez, régulièrement et sans engagement de votre part, nos bulletins d'information qui présentent nos différentes collections, que vous trouverez chez votre libraire. © Editions France-Empire, 1983 et d'adaptation réservés pour tous les pays. Tous droits de traduction, de reproduction IMPRIMÉ EN FRANCE A la mémoire de ma Grand'mère, Anne LEYGUES, compagne discrète et fine de Georges Leygues, qui sut rester charmante jus- qu'à son dernier jour. Elle mourut à quatre-vingt quinze ans, en 1950, et jusqu'à la fin, ne s'était pas résignée à la grande vérité de la mort. Elle ne la craignait pas mais, avec une sorte de tristesse sans angoisse, y pensait constamment ce qui ne l'empê- chait pas de s'occuper de tous les êtres vivants qui lui paraissaient fragiles et qui n'avaient pas connu le bonheur. A ma femme, Lisette Raphaël- Leygues, qui, au cours de nos trente années de vie commune, a classé ces documents un à un avec patience et dévouement et ainsi dessiné les contours de ce livre. Je remercie Jean-Luc Barré d'avoir retrouvé dans une énorme malle de documents les carnets intimes passion- nants de mon grand-père, qu'aucun de nous ne connaissait ; et je dis toute ma gratitude à M. Georges Renault d'avoir réussi, avec un soin et une intelligence de chartiste, à les déchiffrer et à les transcrire. PROLOGUE A première vue, le lecteur pourra croire que je n'ai pas su choisir entre : — la publication intégrale du journal intime de Georges Ley- gues (que j'aurais accompagné de notes précisant tel ou tel point ou éclairant les mobiles de tel ou tel personnage). Cette publication aurait valu par sa minutie et aurait montré l'histoire de Georges Leygues tissée très drue mais sans le moindre essai synthétique ; — et une biographie rédigée d'après ses discours, les textes dont il était l'auteur, ses lettres, les documents diplomatiques qui lui étaient adressés, mes souvenirs personnels et ceux de ma famille. Si j'ai utilisé les deux formules, c'est tout d'abord parce que le seul journal intime de Georges Leygues qui ait été retrouvé se limite à la période de la Première Guerre mondiale. J'ai pris la responsabilité de publier ce que j'ai pu traduire de ce document manuscrit écrit au jour le jour, à la hâte, en marge de l'action et sûrement destiné à être expurgé et élagué avant d'être publié... Il exprime les sentiments d'un homme certes remarquable mais qui, confronté aux événements d'importance mondiale de l'époque, peut avoir des jugements contradictoires suivant son humeur et les informations qu'il reçoit Pour la majeure partie de sa vie active, qui s'étend de 1885 à 1933, j'ai au contraire rassemblé des documents, comme le font tous les biographes, en m'attachant à décrire non plus sa vie quo- tidienne mais la synthèse de son œuvre, tout particulièrement celle des dix années qu'il a passées au ministère de la Marine. Ainsi constitué de mémoires intimes couvrant une période de cinq ans et de documents divers et extérieurs concernant une période de quarante-cinq ans, ce livre ne respecte pas les normes classiques des biographies. Mais je crois que sous cette forme il révèle un Georges Leygues plus authentique, plus vrai, que si j'avais procédé autrement. 1. Certains noms risquent d'être écorchés car malgré nos efforts ils sont restés mal lisibles pour nous. 1885. — Député du Lot-et-Garonne (constamment réélu). 30 mai 1894-26 janvier 1895. — Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts (Cabinet Charles Dupuy). 27 janvier-2 novembre 1895. — Ministre de l'Intérieur (Cabinet Ribot). 3 novembre 1898-22 juin 1899. — Ministre de l'Instruction publi- que (Cabinet Charles Dupuy). 23 juin 1899-7 juin 1902. — Ministre de l'Instruction publique (Cabinet Waldeck-Rousseau). 14 mars 1906-26 octobre 1906. — Ministre des Colonies (Cabinet Sarrien). 17 novembre 1917-20 janvier 1920. — Ministre de la Marine (Cabinet Clemenceau). (Membre du Comité de Guerre avec MM. Poincaré, Clemenceau et Albert Lebrun.) 23 septembre 1920-13 janvier 1921. — Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères. 28 novembre 1925-9 mars 1926. — Ministre de la Marine (Cabinet Briand). 10 mars 1926-22 juin 1926. — Ministre de la Marine (Cabinet Briand). 23 juin 1926-19 juillet 1926. — Ministre de la Marine (Cabinet Briand). 23 juillet 1926-10 novembre 1928. — Ministre de la Marine (Cabi- net Poincaré). 11 novembre 1928-28 juillet 1929. — Ministre de la Marine (Cabi- net Poincaré). 29 juillet 1929-1 novembre 1929. — Ministre de la Marine (Cabinet Briand). 2 novembre 1929-21 février 1930. — Ministre de la Marine (Cabi- net Tardieu). 8 décembre 1930-27 janvier 1931. — Ministre de l'Intérieur (Cabi- net Steeg). 5 juin 1932-18 décembre 1932. — Ministre de la Marine (Cabinet Herriot). 19 décembre 1932-1 février 1933. — Ministre de la Marine Cabinet Paul Boncour). 1 février 1933. — Ministre de la Marine (Cabinet Daladier). Une terrasse à pilastres Napoléon III, de grands pins penchés, une colonne dorique qui se détache sur la mer, et la grande maison au porche de marbre gris : au bord de la Méditerranée, la villa Sainte-Anne où, il y a un an, pour l'Illustration, Raymond Poincaré a été photographié en compa- gnie de sa femme ; Georges Leygues avait prêté sa maison à l'ancien président de la République durant une année pour qu'il y pût rédiger ses mémoires. Je retrouve Georges Leygues dans le décor de sa propriété de Boulouris très haut dans ma mémoire. En avril 1933, il a soixante-seize ans. Il porte un chapeau de feutre gris brodé. Il marche dans le parc, sa canne à pommeau de corne à la main ; il nous rejoint sur les rochers. Un contraste surprend chez cet homme de taille moyenne : le noir très appuyé des yeux et des sourcils, le blanc encore un peu blond des moustaches. Son goût de la Méditerranée, des aloès, des « doigts de sorcière », de toutes les fleurs qui s'accrochent aux rochers de Provence, tout au bord de l'eau, participe de cet amour de la mer sans lequel il n'eût pas sans doute rénové la Marine de son pays. « Je repars demain... Tu restes, mon petit. Tu verras ces voiles blanches sur cette eau qu'on sent profonde et parfai- tement limpide de la Méditerranée. » J'ai dix-neuf ans, je n'ai pas lu le Cimetière marin de Paul Valéry, et en cet instant mon grand-père me paraît d'une autre génération, un peu littéraire. La veille, au matin, je l'avais trouvé assis sur la terrasse. Il peignait le panorama de l'île d'Or et du cap du Dramont. Les couleurs étaient justes. C'étaient la tour à apparence sarra- zine, le cap de rochers rouges, la forêt de pins sur la colline. Pourquoi, après tant d'années, est-ce cette vision qui vient la première, plutôt que celle de Georges Leygues au ministère de la Marine, à la Chambre des députés, ou dans le cadre de l'église, du théâtre qu'il a fait construire pour sa ville natale ? Peut-être parce qu'à Saint-Raphaël il m'intimidait moins. Peut-être parce que, justement, l'un des meilleurs contacts que j'ai eus avec lui, sur un plan affectif, se situe en Provence, au bord de la mer, ce jour de 1933 où je l'ai senti vulnérable. Georges Leygues devait mourir quelques mois plus tard, le 2 septembre 1933, ministre de la Marine en exercice. Il allait avoir soixante-dix-sept ans. En avril 1933, je voyais dans ses yeux pour la première fois une sorte d'anxiété qui traduisait peut-être la certitude que la maladie allait le terrasser. Il avait toujours en lui la haine de la vieillesse et de ce qu'elle comportait de restrictif. Mon grand-père devait éprou- ver, ce jour-là, jusqu'à l'angoisse, que le combat de la vie, sa puissance, ses discontinuités et ses victoires, tout cela était en train de l'abandonner.