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BRICQUEBEC Sommaire Identité, Toponymie page 1 Ancien Hôtel page 27… Un peu d’histoire : Villa des Roses page 27… A savoir page 1… Ancienne Poste page 27… Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire page 5… Forêt de Bricquebec page 27… Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événement : Statue Le Marois page 28… Château Fort page 11 … Monument des frères Frémine page 28… Eglise Notre-Dame de l’Annonciation page 14… Pyramide de mémoire page 28… Ancien presbytère page 15… Monument aux mort page 28… Abbaye Notre-Dame de Grâce (la Trappe) page 15… Mémorial B17 page 29… Ermitage & Chapelle Sainte-Anne page 17… Monument aux soldats Août 1914 page 29 … Ancien Hospice page 18… Musée de l’Horloge page 30… Château des Galleries page 19… Foire Sainte-Anne page 30… Château Saint-Blaise page 20… Les Marchés page 31… Le Quesnay page 21… Fabriques de dentelles page 31… La Volotterie page 22… Les Cloutiers de Bricquebec page 31… La Ramée page 22… Cours d’eau, Ponts, Moulins à eau page 32… Manoir Le Coisel page 23… Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs page 32… Manoir dit de la Tourelle page 24… Croix de chemin page 33… Manoir Le Piqueret page 24… Communes limitrophes & plans page 34… Ferme-manoir de Durécu page 25… Randonner à Bricquebec page 35… Ferme-manoir Le Bigard page 25… Sources page 35… Ferme-manoir Les Petits Près page 26… Fermes du Long Boscq, la Corbière, la Source, la Pouchinerie, la Rouville- rie page 27…

Bricquebec appartient à l’arrondissement de Cherbourg, au canton de Bricquebec, et appartenait à l’intercommunalité Cœur du Cotentin jusqu’à fin 2016. Bricquebec est depuis le 1er janvier 2016 une commune déléguée au sein de la commune nouvelle Bricquebec- en-Cotentin. Depuis le 1er janvier 2017, Bricquebec-en-Cotentin appartient à la Communauté d’Agglomération du Cotentin (CAC). Les habitants de Bricquebec se nomment les Bricquebétais(es) Bricquebec compte 4 159 habitants (recensement 2014) sur une superficie de 32,66 km², soit 127.3 hab. / km² (84.2 pour la , 111 pour la Normandie et 116 pour la ). Les formes anciennes du nom sont : Bricrebec (1051-1066), Brichebec (1180), Brikebec (XIIe), Brikebeth (1221). Jean Adigard des Gautries (1889-1974), écrivain-historien, spécialiste en toponymie, anthroponymie et ono- mastique, et Fernand Léon Auguste Lechanteur (1910-1971), écrivain, linguiste et ethnologue, donnent pour origine un composé des éléments scandinaves brekka, pente ou colline et bekkr, ruisseau, correspondant bien à la situation topographique. François de Beaurepaire (Historien et chercheur passionné par la toponymie qui a écrit un ouvrage de réfé- rence « les noms des communes et anciennes de la Manche ») indique aussi pour le premier élément, la possi- bilité d’un pont (brycg) ou du nom de personne scandinave (Broki) qu’on retrouverait aussi dans Bricqueboscq.

Les armes de Bricquebec D'or au lion de sinople armé et lampassé de gueules. La Mairie aujourd’hui La Mairie au début XIXe siècle La mairie a été construite à l'emplacement des anciens bâtiments de la juridiction de la baronnie de Bricquebec, attestée depuis 1676. La reconstruction du bâtiment et son affectation à usage de mairie sont probablement intervenues aux environs de 1830. Un escalier extérieur a été ajouté dans la première moitié du XXe siècle.

Un peu d’Histoire… Au cœur de la Presqu'île du Cotentin, en venant de Carteret ou de Valognes, surgit le bourg de Bricquebec dominé par la masse de son puissant donjon. Une riche histoire y est attachée, Bricquebec laisse une impres- sion forte et inoubliable au visiteur… (Magazine Patrimoine Normand)

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 A savoir

 La forêt de Bricquebec a renfermé des monuments druidiques ; ont été trouvés un grand nombre de coins ou haches en bronze et un moule à coins. Un énorme monolithe renversé sur le sol fut aussi signalé près de la forêt, placé entre deux galeries couvertes, sur une colline nommée les grosses roches (territoire de Rocheville). Ce site fut détruit pour la construction de la route.  L’époque romaine s’est aussi révélée à Bricquebec. des tuiles, des briques des meules et des monnaies romaines y ont été trouvées. On a également découvert les traces d’un camp romain dont l’emplacement porte encore le nom de Castillon. Des voies romaines, l’une de Corallum (Cherbourg) à Cosedia (Coutances), et l’autre de Grannonum (Portbail) à Alauna (Alleaune-Valognes), passaient par Bricquebec.  Bricquebec et sa région proche possèdent à l’image du Cotentin une quantité de châteaux, manoirs, et fermes dont plusieurs ont une notoriété qui dépasse largement la contrée, voire le département. Siège d’une seigneurie, d’un fief d’une vavassorie, d’un tènement particulier, tous s’inscrivent dans l’organisation féodale si caractéristique de la Normandie…avec des droits particuliers concédés au cours des temps par les barons du lieu.  Le château fort avec son puissant donjon dominant le bourg de Bricquebec a une riche histoire. Il y a un peu plus de onze cents ans, cette région était couverte d'épaisses forêts, il en reste actuelle- ment d'importants vestiges à l'ouest de la locali- té. L'absence de noms de lieux gallo-romains dans ce secteur nous incite à supposer l'absence d'éta- blissements humains à cette période. Puis viennent les Vikings, à la fin du IXe siècle et au début du Xe siècle, Danois mais aussi, pour la Pres- qu'île, Norvégiens accompagnés d'Irlandais. Les nouveaux arrivants cherchent des terres à défricher et ils s'installent en des lieux dont les noms rappelleront leurs établissements : Quettetot (la ferme de Ketill), Lanquetot, Rotot, Le Vrétot, Randal (« la vallée du corbeau »), Darnétal. Là où se trouve le bourg actuel, l'avancée d'un plateau schisteux domine une petite vallée où coule un ruisseau que les Vikings nommèrent le Brekkubekk (le « ruisseau de la pente »). Ce nom est bien approprié : la pente du plateau (brekka) domine le ruisseau (bekk), qu'on nomme maintenant l'Aisy et qui coule nord-sud après avoir pris sa source près de l'actuelle abbaye de la Trappe. Ce lieu devait être alors un important carrefour des che- mins venant (au nord) de la Hague (et de la région de Cherbourg) par Quettetot, de Carteret à l'ouest, de Va- lognes à l'est et de l'actuelle région de Saint-Sauveur au sud. En 933, le Cotentin est rattaché au nouveau duché de Normandie centré au départ sur le « comté de Rouen » en 911. Rollon est mort il y a deux ans, son fils Guillaume Longue Epée établit son pouvoir sur ses terres nouvelles où sont installés d'autres Vikings, ceux qui avaient conquis la Bretagne. Mais le nouveau duc a besoin de renforcer son autorité dans le « Clos du Cotentin », il va y implanter quelques-uns de ses proches. Un certain Anslech (Son nom est encore bien scandinave, il signifie « le jeu des Ases », les Ases étant les principales divinités des anciens Scandinaves), son parent, sera le premier seigneur de Bricquebec à partir de 942. Arrivé à Bricquebec « Brekkubek », Anslek sera un défricheur et un pion- nier. Il s'établit sur le plateau dominant le ruisseau, là où se trouve un gué. Des travaux de voirie ont permis de retrouver ce gué : un lit de fagots et de branchages supportant de longs et puissants madriers, le franchissement de l'Aisy se nomme d'ailleurs toujours « la Chaussée ». Le bout du plateau sera arasé, le schiste dégagé servira aux premières constructions de pierre. Une esplanade en arc de cercle vers l'est dut être entourée d'une pa- lissade de bois et d'une enceinte d'épineux face à la forêt toute proche. Guillaume Longue-Epée Mais, deux ans après son installation à Bricquebec, en 944, Anslek est confronté à des troubles : le Duc Guil- laume « Longue Epée » est assassiné. Anslek sera le tuteur du nouveau duc, Richard Ier « Sans Peur », et combat les seigneurs révoltés aux côtés de Bertrand le Danois ; il vaincra Rioulf, Comte de Cotentin et Vicomte de Saint-Sauveur. Il obtiendra ainsi la plus grande part des terres de Rioulf et sera particulièrement puissant en Cotentin. Anslek se partage alors l'île de Guernesey avec Richard seigneur de Néhou. Le Baron de Bricquebec va consti- tuer un village à côté du premier château de bois en donnant des droits d'usage permanents aux premiers pa- roissiens qui viendront s'y établir. Il aurait fondé à Bricquebec une collégiale dotée de cinq chanoines. Anslek aura un fils, Richard Turstain de Bastembourg, Baron de Bricquebec et de Montfort-sur-Risle. Celui-ci aura deux fils : Guillaume Bertram ou Bertrand, Baron de Bricquebec, et Hugues le Barbu fondateur de la

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 3/35 dynastie de Montfort-sur-Risle. Ce troisième Seigneur de Bricquebec est cité en 1003, soit sous le règne du Duc Richard II. Il aurait en effet participé cette année-là à la brillante victoire de la Hougue sur les armées d'Ethelred, roi d'Angleterre débarqué à Barfleur. A cette époque, le château de Bricquebec n'est encore qu'une cons- truction de bois : noyau du château actuel, l'énorme motte sur la- quelle devaient se trouver un logis et une tour en bois protégés par une palissade. Fossé, talus et palissade devaient entourer la cour du château, à l'emplacement des actuelles courtines. Son fils Robert Bertrand Ier le Torz sera l'un des compagnons de Guillaume le Conquérant. Il reprend le nom de Bertrand porté aussi par son père et qui deviendra celui de la famille. En 1060, il fonde le prieuré bénédictin de Beaumont-en-Auge et sera un bienfaiteur de l'abbaye de Lessay. Son frère Guillaume aurait participé à la conquête de l'Angleterre en 1066 et figurera au Domesday Book sous le nom de Willelmus Bertram, souche des barons de Bothal et de Mitford en Angle- terre. Robert Ier meurt en 1082. Son fils, Robert Bertrand II est tué en 1138 près de Caen en combattant pour soutenir les droits des Plantagenêts contre Etienne de Blois. Robert Bertrand III s'oppose au roi de France et est dépossédé de ses biens en 1204, lors du rattachement de la Normandie à la France, il meurt l'année sui- vante, mais son fils, Robert Bertrand IV, se soumet en 1207 et retrouve sa seigneurie de Bricquebec. Le château a entre-temps été reconstruit en pierre. De cette forteresse romane, il nous reste des portes et des fenêtres romanes de l'ancien logis qu'on peut découvrir dans l'actuel hôtel. D'autres générations de cette famille vont se succéder : à Robert Bertrand IV (qui meurt en 1240), succèdent, Robert Bertrand V puis Robert Bertrand VI, puis Robert Bertrand VII (1252-1290) et le fils de ce dernier Robert VIII (1285-1348). Robert VIII Bertrand de Bricquebec (1285-1348), élevé à la dignité du maréchal de France, joua un rôle important durant la période troublée des débuts de la guerre de Cent ans. Ayant obtenu pour son fils Guillaume la main d'une riche héritière, il suscita la colère d'un second prétendant à ce mariage, Geoffroy d'Harcourt, sire de Saint- Sauveur-le-Vicomte, qui, par vengeance, s'engagea dans une guerre privée contre son rival. Condamné pour ces agissements, Geoffroy d'Harcourt se réfugia bientôt à la cour d'Angleterre et y incita le roi Edouard III à prendre pied en Cotentin. Robert Bertran, que l'on surnomma "le Chevalier au Vert Lion", tenta en vain de résis- ter à l'armée anglaise débarquée à Saint-Vaast-la-Hougue le 12 juillet 1346. Marié à Marie de Sully, fille d’Henri de Sully, il eut comme belle-sœur Mahaud de Sully et comme beau-frère Jean de Sully, époux de Marguerite de Bourbon, arrière petite-fille de Saint-Louis … Il créera aussi deux foires à Bricquebec, en 1325. Atteint par l’épidémie de peste qui frappait le pays à cette époque, le maréchal Robert VIII Bertrand de Bricquebec, chevalier, sire de Bricquebec, de Ronche- ville, de Barneville … s’éteint le 3 août 1348. Son fils, Guillaume Bertrand lui succède en 1348 mais est tué en 1353 à la ba- taille de , en Bretagne, après avoir épousé Jeanne Bacon qui ne lui avait pas donné d'enfant. Avec lui s'éteint la ligne masculine des Bertrand de Bric- quebec. Son autre fils, Robert IX fut tué à l’âge de 25 ans à la bataille de Crécy en août 1346. (cf. Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire) Sceau de Robert VIII Bertrand Sa fille ainée, dame Jeanne Bertrand (née en 1320), reçut Bricquebec et épousa Guillaume Paynel. Tandis que son autre fille, Philippes-Jeanne, hérita de Roncheville et épousa en premières noces Gérard Chabot puis en secondes noces Huy IV de la Roche Guyon. Sa deuxième fille, Philippa, héritière de Roncheville, se marie en deuxièmes noces à Guy IV de la Roche- Guyon (Château de la Roche-Guyon) ... et nous arrivons à Marie de la Roche-Guyon fille de Guy VII, qui épouse Michel d'Estouteville, arrière-petit-fils de la première fille du Maréchal, Jeanne Bertrand héritière de Bricquebec, dont la fille Adrienne (1512-1560), duchesse d'Estouteville, épouse de François de Bourbon (1491- 1545) (cf. Château des Galleries). Sa fille Marie de Bourbon -1539-1601) eut comme arrière-arrière-petit-fils Jacques-François de Goyon-Matignon (né à Torigni-sur-Vire en 1689, décédé en 1751) qui devint Grimaldi par son mariage avec l'héritière de Monaco, Louise Hyppolyte Grimaldi, princesse de Monaco (1697-1731). En épousant l'héritière, Jacques de Goyon de Matignon dut se conformer aux règles régissant la succession au trône. Il adopta, pour lui (Jacques 1er de Monaco) et ses descendants le nom et les armes des Grimaldi. En revanche, il fut autorisé à conserver certains de ses titres français, qui étaient : sire de Matignon, comte de To- rigny-sur-Vire, baron de Saint-Lô, baron de La Luthumière (commune de Brix), baron de Hambye. En revanche, son titre de duc d'Estouteville, hérité de ses ancêtres Orléans-Longueville, n'a pu se transmettre à sa descen- dance...Ces titres, créés pour un Français par les rois de France étaient forcément soumis à la loi salique, c'est- à-dire, ne pouvant se transmettre que par "primogéniture mâle légitime absolue". Ainsi, la famille princière de Monaco descend par lignée féminine du Maréchal Robert Bertrand, sire de Bric- quebec

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 Bricquebec était le siège d’une grande baronnie, l’une des plus importantes du bailliage du Cotentin, mais aussi d’un domaine seigneurial. Le grand chemin seigneurial partait du château de Bricquebec jusqu’à la baie des Veys puis un autre rejoignait Surtainville ce qui laisse présager d’une présence importante dans le Cotentin médiéval. Le vaste domaine seigneurial s’étendait autour des rivières : la Douve et la Scye. D’abord un vaste domaine forestier de 7000 ha mais aussi une organisation agricole structurée (porcheries, laiteries, labours, moulins, garenne…) La baronnie fait preuve d’une économie dynamique, 2 marchés le samedi, l’un au bourg de Bricquebec et l’autre au bourg de Saint-Germain-des-Vaux. En 1250, les 2 paroisses s’entendent pour que celui de Bricque- bec passe au lundi et il y demeure toujours. En 1324, plusieurs foires sont instaurées : les foires Sainte- Catherine, Saint-Nicolas (dans le 2ème bourg de Bricquebec, aujourd’hui L’Etang-Bertrand), Saint-Lô, Sainte- Maure…La plus récente apparaît au XVIe siècle : la Sainte-Anne ainsi que celle de Saint-Paul des Sablons (an- cienne paroisse rattachée aujourd’hui à Baubigny). Cette dernière avait lieu du 24 au 30 juin, cependant, pillée pendant les guerres de religion, elle sera ramenée au bourg de Bricquebec. Les bailles correspondent à la période du Moyen Âge, elles disparaissent dans le premier quart du XVIe siècle pour laisser place aux fieffes pendant toute la période moderne. Elles sont des concessions d’une terre, d’un bien, d’un droit à charge en contre partie le seigneur recevait une rente annuelle et perpétuelle. Pour gérer cet ensemble, la baronnie est subdivisée en 15 portions appelées « prévôtés » dont le prévôt était un habitant élu par ses pairs … Les rentes sont payées en argent ou en nature (froment, avoine, chapon, beurre, pain, etc.) … Les termes sont fixés à la Saint-Michel pour l’argent (La Saint-Michel est une date encore traditionnelle pour le paiement des fermages. Les clauses d’un bail agricole ont peu changé au cours des siècles !), Pâques pour les œufs, Noël pour les volailles …  Le baron de Bricquebec possédait un chemin qui traversait tout le Cotentin depuis Bricquebec jusqu’à l’entrée des Veys. Il s’appelait la Carrière Bertran et était large de 14 pieds. Ce chemin est sans doute celui dont parle M. de Gerville, et dont la direction est connue sous le nom de quérière Bertrand.  Dans la paroisse de Bricquebec, on comptait plusieurs chapelles, entre autres la chapelle Sainte-Anne qui, semble t-il a été érigée au XIe ou XIIe siècle sous le nom de chapelle Sainte Croix. Puis elle apparaît sous le nom de chapelle Sainte Anne, en 1543 et elle devient sanctuaire d’un ermitage à partir de 1615.  La première fête des Rosières de Bricquebec eut lieu le 25 septembre 1776, quelques années avant l’institution de cette solennité à Nanterre (à partir de 1818, le jour de la Pentecôte). Cette fête consistait, à l’origine, en la remise d'une couronne de roses (d'où le nom) à la jeune fille dont la conduite irréprochable, la vertu, la piété et la modestie ont marqué le village. C’est ainsi que Marie-Thérèse et Anne-Marguerite Letellier furent déclarées, Bonnes filles et dignes Rosières, pour le dévouement envers le vieux père (91 ans). La pa- roisse toute entière prit part aux réjouissances (procession, discours et remise des récompenses, messe solen- nelle, repas, puis vêpres). La joie fut grande et l’allégresse générale. Mais, le père des deux rosières mourut deux mois après le triomphe de ses filles, qui devinrent des femmes et des mères modèles.  C’est sur la colline du Mesleret (Melleret), point culminant, d’où l’on apercevait au-dessus de la vieille église le château de Saint-Blaise, ou bien à l’Est les hauteurs de Sainte-Anne, que fut placé un des premiers télégraphes aériens, lorsque ce système, inventé et mis au point par les frères Chappe en 1794, mit en com- munication toutes les parties de France.  « Aucun chef d'État n'est venu à Cherbourg plus souvent que la reine Victoria », affirme l'historien Louis Sallé. Du 17 au 19 août 1857, la reine séjourne à Cherbourg avec sa famille : elle visite Bricquebec le 18, gui- dée par le sculpteur Armand Le Véel. Une plaque rappelle que la Reine d’Angleterre descendit à l’Hôtel du Vieux Château, accompagnée de son mari, des princesses Victoria et Alice, et du Prince Alfred.  Au service de madame d’Estouteville (Adrienne) depuis 1523, Guillaume Dursus, seigneur de Lestre depuis 1486, appartenait à une famille originaire du royaume de Navarre. Il est généralement connu pour avoir introduit dans le Cotentin plusieurs variétés de pommes. Il fit venir de la Biscaye et introduisit dans notre pays des greffes de variétés de pommiers très supérieures à celles qu’on y cultivait avant son arrivée. L’une de ces greffes donna « la pomme de monsieur de Lestre » et d’autres fourni- rent le Barbarye et, surtout l’Epicé. Cette dernière variété procura « les plus excellentes pommes à faire cidre ». Lorsque François Ier vint à Cherbourg en 1532, il s’arrêta chez Guillaume Dursus et apprécia telle- ment son « cidre d’espicé qu’il en fit porter en barreaux à sa suite, dont il usa tant qu’il put durer ». Capitaine du château de Bricquebec, sa présence en ce lieu a peut-être insufflé le développement de cette culture.  Il y eu un haras à Bricquebec ! Acquis par la mairie en 1891, le haras de Bricquebec fit, l’année suivante l’objet de transformations conséquentes. Jusqu’au début du XXe siècle, la prairie lui faisant face servait à par- quer les chevaux lors des foires annuelles. Un atelier de maréchal-ferrant occupait la cour du bâtiment voisin. Aujourd’hui, il n’y a, à priori, plus de trace dans la rue Pierre Marie (non loin du carrefour avec nouveaux feux tricolores).

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 En 1895, à l’époque de la construction de la nouvelle église, Bricquebec a cédé les bourgs de l’Etang- Bertrand et le Grand Hameau.  La mairie a été construite à l'emplacement des anciens bâtiments de la juridiction de la baronnie de Bricquebec, attestée depuis 1676. La reconstruction du bâtiment et son affectation à usage de mairie sont pro- bablement intervenues aux environs de 1830. Un escalier extérieur a été ajouté dans la première moitié du XXe siècle.  Au printemps 1944, la commune de Bricquebec abrite le poste de commandement de l’Artillerieregiment z.b.V. 621 (91. Infanterie-Division) dirigé par l’Oberstleutnant Hermann Seidel. Le 19 juin 1944, au lendemain de la libération de Barneville-sur-Mer qui permet d’isoler près de 40 000 soldats allemands au nord du Cotentin, les Américains lancent une nouvelle offensive vers le nord et c’est le 39th Infan- try Regiment (9th Infantry Division) commandé par le colonel Harry A. Flint qui est chargé de s’emparer de Bric- quebec. A 5 heures 50, le 2ème bataillon du 39th Infantry Regiment aux ordres du Major Franck L. Gunn dé- bute la progression sans encombre. La commune est atteinte à compter de 7 heures et les Américains s’en emparent rapidement : les Allemands se sont repliés plus au nord, abandonnant sans résistance Bricquebec à leur adversaire.  La communauté de communes du canton de Bricquebec a été créée le 31 décembre 1999. Elle fédérait 13 communes du canton de Bricquebec : Bricquebec, Breuville, L’Etang-Bertrand, Magneville, Morville, Négre- ville, Les Perques, Quettetot, Rauville-la-Bigot, Rocheville, Saint-Martin-le-Hébert, Le Vadecie et Le Vrétot. S’étendant sur 149 km², elle représentait une population de 9 946 habitants (recensement 2010). Elle fusionne ensuite (janvier 2014) avec la communauté de communes du Bocage valognais pour former la communauté de communes du cœur du Cotentin.  La Communauté de communes Cœur du Cotentin s’est crée le 1er janvier 2014 suite à la fusion de la CC du Bocage valognais et la CC du canton de Bricquebec créé le 31 décembre 1999. Elle fédère 24 communes : 9 communes du canton de Valognes, 14 communes du canton de Bricquebec (dont Saint-Martin-le-Hébert) et 1 commune du canton de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Colomby). Elle cesse d'exister le 1er janvier 2017 après son absorption par la Communauté d’agglomération du Cotentin.  La commune nouvelle « Bricquebec en Cotentin » créée le 1er janvier 2016, regroupe six communes : Bricquebec, Les Perques, Quettetot, Saint-Martin-le-Hébert, Le Valdecie et Le Vrétot. Ces communes devenant ainsi communes déléguées. Cette commune nouvelle représente 5 996 habitants avec comme chef-lieu Bricquebec. La commune de l’Etang-Bertrand qui avait pourtant intégré le comité de ré- flexion, s’est finalement retirée du projet.  Dans le cadre de la Réforme Territoriale, une nouvelle intercommunalité du Grand Cotentin, la CAC, est née depuis le 1er janvier 2017, regroupant l’ensemble des EPCI de la Presqu’île (Val de Saire, canton de Saint-Pierre-Eglise, la Saire, Cœur du Cotentin (dont Bric- quebec en Cotentin), Vallée de l’Ouve, Douve- Divette, Les Pieux, Côte des Isles, région de Montebourg), les communes nouvelles (Cherbourg-en-Cotentin et La Hague), soit 150 com- munes représentant 181 897 habitants. Ainsi la commune déléguée de Bricquebec est représentée à cette nouvelle intercommunalité par les élus délé- gués de la commune nouvelle « Bricquebec en Cotentin », c'est-à- dire par les six maires des communes histo- riques. Le Conseil communautaire de la CAC étant composé de 221 délégués, dont 59 pour Cherbourg-en- Cotentin.

 Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire L’histoire du château de Bricquebec et de ses seigneurs remonte à cette époque où les redoutables hommes du Nord, les Nortmans, qui, déjà, dans une première et rapide apparition, avaient fait trembler le grand roi, Charlemagne. Après Hastings, ce fut Rollon, l’indomptable Danois, qui après avoir pris Rouen, assiégé Paris et Chartres en 911, rasé les principales forteresses, pilla et saccagea la Normandie. Avec le traité de Saint-Clair-sur-Epte, en contrepartie de l’arrêt de ses pillages, le roi de France Charles le Simple lui accorde un territoire correspondant à l’ancienne Haute-Normandie qui s’étendra au fil des conquêtes au-delà de l’embouchure de la Seine pour former le duché de Normandie. Rollon se fait baptiser et l’on lui donne une épouse officielle, une fille de Charles le Simple. Devenu un habile administrateur, il fait régner dans ses Etats une justice qui devient légendaire. Il partage le pays entre ses principaux chefs qui l’ont aidé. Ce fut ainsi que le domaine de Bricquebec échut à Ansleck de Bastembourg, son neveu dont sont issus les Bertand de Bricquebec.  La famille Bertran(d) est une famille de la noblesse normande. Comme on peut le lire plus haut, la famille Bertrand est issue de Thurstin de Bastembourg (943- ?), fils d’Ansleck de Bricquebec (v.925-990), seigneur normand du XIe siècle, proche parent du duc Rollon puisqu’il était son petit neveu. Ce Thurstin de Bastembourg est également la souche de la Maison de Montfort-sur-Risle (famille du baronnage anglo-normand) par son autre fils Hugues le Barbu (v.965-v.1040) qui hérite du domaine de Montfort à la mort de son père.

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Depuis les années 1000, tous les aînés des garçons sont prénommés Robert, le second garçon Guillaume. Seul Guillaume Bertrand (v.970- ?), fils de Richard Thurstin de Bastem- bourg, qui n’ait pas porté le nom de Robert. A partir de lui, les descendants d’Ansleck prirent le nom de Robert Bertrand. Cette particula- rité a entraîné des confusions chez les généalogistes : Robert Bertrand I dit le Torz (prit part à la bataille d’Hasting en 1066), Robert Bertrand II (On lui attribue l’introduction du pommier en Normandie), Robert III (1138-1205), Robert IV (meurt en 1240), Robert Bertrand V, Robert Bertrand VI (Peu connu parce qu’il vécut peu de temps), Robert VII (1252-1290), Robert Bertrand VIII (1273-1348), maréchal de France, surnommé « le Chevalier au Vert Lion », qui épousa la fille aînée d’Henri IV, Marie de Sully. S’il vécut jusqu’à 75 ans, par contre ses deux fils ne vécurent pas très longtemps : Robert IX (1321-1346) fut tué à l’âge de 25 ans à la bataille de Crécy. Guillaume, fut tué à la bataille de Mauron en Bretagne en 1352, sans descen- dance. Ainsi s’éteint la lignée mâle des Bertran(d). Fait remarquable, les Bertrand n'ont donc jamais porté de nom à particule, le nom patronymique est tout sim- plement Bertrand, souvent orthographié en Bertran. Le « de Bricquebec » n'a été ajouté ultérieurement par les généalogistes que pour différencier avec d'autres patronymes éponymes. Tous les documents de l'époque pré- cisent correctement le nom : Robert Bertrand, sire de Bricquebec. La famille Bertrand possédait d’importants domaines et des fiefs dans toute la Normandie, à ce moment où elle allait disparaître pour être remplacée par une autre puissante famille, celle des Paynel. Jeanne Bertrand dite l’Ainée (née en 1320), dame héritière de Bricquebec, épousa en 1345, Guillaume VI Paynel (décédé en 1361), seigneur de Hambye, de Olonde et de Bricqueville. La carrière des armes, celle du barreau, les lettres, les sciences, les arts, ecclésiastique, politique et sportive ont eu à Bricquebec d’illustres représentants dont quelques uns ont su acquérir une réputation universelle, sans oublier les résistants qui ont risqué leur vie pour la libération de la France.  Philippe Augustin Le Rouvillois (1756-1825), dit Rouvillois, né à Bricquebec, est un colonel de cavalerie. Vers 15 ans, ses parents le font entrer comme clerc chez le notaire des Pieux. Il y resta jusqu’à la mort de son père qui était lui-même huissier à Bricquebec. Il a à peine 20 ans quand il s’engage dans le régiment général de dragons. Maréchal des logis quand la révolu- tion éclate, il est nommé sous-lieutenant et rejoint l’armée du Nord, sous les ordres de Dumouriez, et prend part aux batailles de Valmy et de Jemmapes. On le voit plus tard au siège de Luxembourg, et se distingue dans des affaires de cavalerie contre les Autri- chiens. Il rejoint l’armée des Ardennes, où il est nommé capitaine en 1793, et fait en cette qualité, sous Piche- gru, la campagne du Rhin. Il passe en Italie, sous les ordres de Bonaparte, où il s’illustre notamment lors de la traversée (7 septembre 1796) de la Brenta à la tête d’un escadron, il coupa la retraite à une colonne de 3 000 homes et s’empara de l’artillerie autrichienne... Ayant fait preuve de bravoure en de nombreux combats, il s’attire l’estime de ses hommes et de ses supérieurs. Il est nommé colonel du 22ème ré- giment de cavalerie alors qu'il sert dans l'armée d'Helvétie. Envoyé en Italie, il prend part à la bataille de Marengo (14 juin 1800). En 1804, il combat au sein de la Grande armée et fait encore admirer son courage lors des batailles d'Austerlitz, Iéna, Pentzlow, Pultusk, Eylau et Friesland. Comme récompense à sa bravoure, il est fait chevalier de Légion d’honneur en 1803, offficier en 1804 et commandeur en 1809.

Les fatigues ayant épuisé ses forces, et malgré son indomptable éner- Bonaparte au pont La Cavalerie gie, il est admis à la retraite après la paix de Tilsit signée le 7 juillet 1807. d’Arcole – nov. 1796 en 1800 Il se retire à Chateaudun, où il se marie le 22 septembre 1808 avec Marie Marguerite Tribollé (31 ans sa ca- dette) et où il meurt vers 1825 (ne pas avoir trouvé trace de l’acte de décès !).  Jean-Louis Charles Guesnon-Deschamps (1763-1849), baron Deschamps, né à Bricquebec et décédé à Paris, est un général de la Révolution et de l’Empire. Volontaire, il intègre en 1787 le 11e régiment de chasseurs à cheval de Normandie. Il gravit ensuite les échelons de la hiérarchie militaire rapidement et participe à de nombreuses campagnes (d’Autriche, de Prusse, de Pologne, de Russie, de Saxe et de France). Fait prisonnier il est à chaque fois échangé. Napoléon 1er, à son retour de l’île d’Elbe, le nomma maréchal de camp en avril 1815, pour être admis à la retraite de ce grade. Le baron Deschamps est mis définitivement à la retraite le 31 août 1831.  François-Joseph Letourneur (1769-1843), né à Bricquebec et décédé à Fontenay-sous-Bois, sert à 22 ans en qualité de capitaine dans le 2ème bataillon de la Manche. Il participe à de nombreuses guerres où il se signala par son courage dans toutes les affaires auxquelles il prit part en tant que chef de bataillon le 1er ven- tôse an VIII, il se trouvait au blocus d’Ulm en Allemagne. Il est promu général de brigade le 18 décembre 1813. Admis en retraite en août 1820, il est mobilisé dans la réserve lors de la Révolution de 1830. Il est admis défini- tivement à la retraite le 1er mai 1832. Il est titulaire de la Légion d’honneur.

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 Jean Léonor François Le Marois (1777-1836), natif de Bricquebec, devient à 16 ans lieutenant de la compagnie de la garde nationale de Bricquebec, puis commandant d’un détachement de canonnier de la Manche. Il entre à l'École militaire des Enfants de Mars en 1794 Le général Bonaparte, qui l'a remarqué, le prend comme aide de camp. Il est même témoin signataire au mariage de Napoléon avec José- phine, et comme il avait à peine 20 ans, donc mineur, le mariage de l’Empereur aurait pu être annulé ! Il se distingua par sa bravoure au combat (Marengo, Austerlitz) et devint général à l'âge de 26 ans. En 1809, Napoléon lui confie le gouvernement de Rome. Pendant la campagne de Russie, il obtient le commandement du camp de Boulogne. Il fait lacampagne de 1813 à la Grande Armée et défend glorieusement Magdebourg (1814). Il commande les troupes de Normandie lors de la défaite de Waterloo (1815)… Député de la manche (1807), comte de l'Empire (1808), pair de France (1815), grand officier de la Légion d'honneur, ce grand notable sut également acquérir plusieurs domaines ruraux dans la Manche, où il séjourna définitivement une fois mis en retraite avec le retour définitif des Bourbons. Après 1819, il passe l'essentiel de son temps dans son château de Pépinvast au Vicel ou séjourne à l'occasion à Paris, dans son hôtel de la rue de Grammont. ll possède également le château de Vauville. Et il est un temps propriétaire de la manufacture de porcelaine de Valognes. Elu conseiller général du canton de Quettehou en 1833, il le restera en poste jusqu'à sa mort. Une grande statue a été érigée à sa mémoire en 1837 place Le Marois, juste en contrebas du château.  Augustin Onfroy, né Bon Jacques Henri Onfroy (1777-1857), né à Réville, moine cistercien est le Fondateur de la Trappe de Bricquebec. Second fils de Jacques Onfroy, labou- reur au manoir du Houguet à Réville, et de Sophie Mallet, il est doué de grands talents musi- caux. Le jeune homme rompt ses fiançailles à vingt ans pour entrer dans les ordres. Ordonné prêtre le 31 mai 1806, il est d’abord vicaire à Quettetou puis à Digosville. Après la Restaura- tion, il fait part à son évêque de son désir de quitter son ministère pour reprendre la vie mo- nastique. L’évêque de Coutances, Mgr Dupont de Poursat, accepte à la condition qu'il fonde un monastère dans le dio- cèse et lui promet son appui. En 1836, le prieuré devient abbaye cistercienne, l’Abbaye Notre-Dame de Grâce. Il en est le premier abbé sous le nom de Dom Augustin Onfroy. Dom Augustin Onfroy meurt à l'âge de 80 ans après avoir dirigé la communauté pendant plus de 32 années, dont 20 comme Abbé.  Jean Paul François Le Poittevin (1778-1850), né à Bricquebec de Georges- Ambroise Le Poittevin et de Jeanne Desperques. Son père, meunier du Moulin de Gonneville, mourut deux ans plus tard, et Jeanne des Perques fonda un nouveau foyer avec François Desquesnes. Jean Paul François Le Poittevin, devenu manufac- turier-filateur à Fécamp, est le grand-père maternel de Guy de Maupassant. Ce grand-père maternel jouissait d’une certaine fortune puisqu’il put acheter ce moulin et manoir de Gonneville. Mais il ne resta pas longtemps sur ses terres natales car il Le moulin de Gonneville partit s’établir à Rouen à la tête d’une manufacture. Il semble que Guy de Maupassant ne soit jamais venu dans la Manche car sa famille vendit tous ses biens du Cotentin alors qu’il n’avait que douze ans. Il est également le parrain de Gustave Flaubert.  Armand François Bon Claude, comte de Bricqueville (1785-1844), né au château familial de Bretteville, est aussi un homme de guerre qui demeure dans la mémoire de la population de Bricquebec puisqu’il y séjourna assez longtemps. Cette famille de la noblesse normande était alliée à la maison de Bourbon, à celle des Bertrand de Bricquebec et d’Harcourt. Le colonel de Bricqueville était un militaire intrépide et indomptable sur les champs de bataille où il s’est fait un nom populaire de bravoure. En effet, son père ayant subit les cruautés de la Terreur et guillotiné comme suspect de royaliste, le jeune de Bricqueville, élevé à l’école du malheur, en sortit l’âme trempée pour les luttes de la vie. Sur les recommandations de son père il n’embrassa pas la cause de la Royauté, mais il entra pour ne point le quitter dans le parti Bonapartiste. Sur les champs de bataille, il conquit les différents grades de l’armée et suivit Napoléon dans ses plus mémo- rables campagnes. Le socle de granit (photo ci-dessus) porte, sur une place de Cherbourg, son buste et quatre noms gravés, qui, parmi tous les autres, marquent le plus brillants faits d’armes de l’homme de guerre : Wa- gram, Krasnoé, Anvers, Versailles. Après la disparition de l’Empire, le comte s’éloigna de l’armée avec le grade de colonel. Il a failli être nommé général.

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Criblé de blessures et d'infirmités, il fit partie de plusieurs conspira- tions bonapartistes contre les Bourbons, puis se retire dans ses terres. Le 2 juillet 1822, il revend le château familial de Bretteville, qu'il avait racheté en juillet 1804. Il sort de sa retraite en 1827 quand il est élu député de la Manche (circonscription de Va- lognes), réélu en 1830 contre le général Bonnemains, et en 1831 (circonscription de Cherbourg). Opposant au régime, il combat ardemment les Bourbons et la mo- narchie. Ce fut au milieu de cette lutte, et au cours de son mandat de député, que la mort vint le surprendre le 19 mars 1844 à paris, d’où il est transporté à Cherbourg. Ses ob- sèques y ont lieu le 2 avril et il a droit à un enterrement populaire.  Jacques Félix Meslin (1785-1872), né à Bricquebec, est un militaire de profession et une personnalité politique du département. A vingt-sept ans, ce militaire est sous l’Empire le plus jeune officier de la Légion d’honneur de toute l’armée. Après un bref engagement dans la Marine durant lequel il participe à l’expédition de Saint- Domingue, il fait toute sa carrière sur la terre ferme. Il participe, à la campagne de Prusse en 1803 où il est blessé (son frère est tué à ses côtés). A la bataille de Wagram en juillet 1809, il est chargé du commandement de la batterie d’artillerie de la Garde. Il eut deux chevaux tués sous lui. En 1812, il se distingue devant Polostk, comme capitaine adjudant-major et reçoit la croix d'officier pour avoir chargé à la tête du régiment sur une batterie de huit pièces qu'il enlève. Dans les journées des 18, 19 et 20 octobre, il gagne le titre de chef d'escadron. Depuis le passage de la Bérézina il fait constamment partie de l'arrière-garde du général Maison et repousse souvent les Russes. En octobre 1813, lors de la bataille des nations, le commandant Meslin se distingue encore pendant la retraite de Leipzig, et en 1815 à Fleurus et à Vavres (en Belgique), où il repousse quatre attaques de l'ennemi. Ce qui n’empêcha pas la victoire de la 6ème Coalition contre er Artillerie 1792 Napoléon 1 suivie par l’invasion de la France. Son habilité et sa bravoure, à la tête de son bataillon, dans plusieurs batailles, lui valut les éloges de l’Empereur qui accorda à ses troupes un grand nombre de récompenses. Après Waterloo, il est licencié de l’armée, mais dès 1819, il est rappelé au service, puis en 1823, il participe à sa dernière campagne en Espagne. Colonel en 1829, Meslin fait en 1831 la campagne de Belgique (division Sébastiani), est fait commandeur de la Légion d’honneur et promu en 1835 au grade de maréchal de camp, commandant le département de la Manche. Le 20 avril 1845, il est nommé général de division, mis à la retraite par le gouvernement provisoire, il en est relevé par un nouveau décret en août 1849. Il est maire de Valognes de 1852 à 1870 et conseiller général de Barneville de 1852 à 1864, représentant la majorité ministérielle. Il est élu député de Cherbourg en 1846 (1846-1848), puis au Corps législatif Corps légi- slatif (1852-1863) puis sénateur de 1863 à 1869, date à laquelle il démissionne pour entrer au Sénat Impé- rial. Cette institution se compose de membres de droit tels que des princes de la famille impériale, des cardi- naux, des maréchaux et des amiraux. Le reste du corps étant constitué de membres nommés à vie par l’Empereur.  Le colonel Bernard Le Banneur (1801-1885), cousin du général Meslin (selon P. Lebreton il serait le gendre ?), de père horloger à Cherbourg, eut lui aussi une carrière glorieuse. Il vécut longtemps à Bricquebec. Sorti de Saint-Cyr, il entre dans les gardes du corps de Charles X, roi de France de 1824 à 1830. Il s’y trouvait au moment de la Révolution de 1830 (Trois Glorieuses). Incorporé dans l’infanterie, il fait partie des officiers qui sont allés en Belgique organiser l’armée. De retour en France, il est successivement capitaine adjudant-major, chef de bataillon puis lieu- tenant-colonel. Lors de la bataille du Mamelon Vert en juin 1834, il est blessé et fait prisonnier par les Russes. Il passe même pour être mort, mais il revient en France et est nommé lieutenant-colonel du 11ème de ligne. Il se retire à Bricquebec où il meurt à l’âge de 84 ans (mai 1885). Il serait l’auteur d’un petit ouvrage intitulé « quelques considérations sur l’organisation de l’armée de l’infanterie de ligne »  Armand Jules Le Véel (1821-1905), né à Bricquebec, est un sculpteur de la Manche. Son œuvre la plus célèbre est la Statue équestre de Napoléon Ier, inaugurée à Cherbourg en 1858. Il fut également collectionneur averti d'antiquités. Le 18 août 1857, il sert inopinément de guide à Victoria, reine d’Angleterre qui fait une visite privée à Bricque- bec. Fils de commerçant, il est l’aîné d’une famille modeste de 13 enfants. Il suit ses études au collège de Valognes puis à celui de Cherbourg. Il révèle un intérêt pour le dessin. Il passe

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 9/35 trois ans à Rouen comme commis épicier, mais n’ayant aucun goût pour le commerce, il s’installe à Paris. A 19 ans, il essaie d’y exercer son art, et vit d’emplois divers pour survivre. Il rencontre le sculpteur Auguste Poitevin, élève de François Rude, qui le fait entrer en 1845 dans l'atelier du maître, ancien de l'atelier de David d'Angers. Il y côtoie Frémiet et Carpeaux. Il réalise ses premières œuvres, une série de six statuettes de personnages en plâtres dédiés à l'histoire de France dont Le Ligueur, Le Huguenot, et Le Représentant du peuple aux Armées, dit Vox populi, censuré. En 1852, le conseil municipal de Cherbourg décide d'édifier une statue de Napoléon. Le Véel fait une proposition début 1853, qui n'aboutit finalement que le 25 avril 1855. Entre temps, dans un atelier prêté par la direction des Beaux-Arts sur l'île aux cygnes, il s'exerce aux statues équestres avec deux Charlemagne et un Bonaparte en Italie. Son caractère peu négociant avec les pouvoirs, s'absentant par exemple quand l'empe- reur visite son atelier, où refusant de faire évoluer ses projets en fonction des remarques des commanditaires, n'a pas favorisé son appartenance aux milieux officiels et les commandes pu- bliques. Cependant, il est décoré en 1863. De plus, il reçoit plusieurs commandes de plâtres, bronzes, et sta- tues de pierre, particulièrement dans son département… Il se retire en septembre 1882 à Cherbourg, et cesse de créer. Après avoir offert plusieurs œuvres à la ville dont elle prend la charge de la fonte, il est nommé conservateur du musée Thomas-Henry, et milite pour que les collections trouvent abri dans un nouveau bâtiment dédié. Le 7 mai 1899, il assiste à Orléans à l'inauguration de la statue équestre de Jeanne d'Arc qu'il a offerte à l'évêché. Retiré rue du Maupas à Cherbourg, il meurt le 26 juillet 1905, et lègue sa collection d'œuvres d’art et d’antiquités (tapisseries, armes, mobilier…) à la ville de Cherbourg, exposé pendant un demi-siècle dans le pavillon Ouest du théâtre, avant d'être regroupée avec ses œuvres, au sein du musée Thomas-Henry. Plusieurs de ses œuvres sont également exposées au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Cachée pour échapper aux occupants, la statue de Jeanne d'Arc à Orléans est malheureusement mutilée lors de bombardements en 1944 et n'a pas été restaurée.  Aristide Gérôme Frémine (1837-1897), né à Bricquebec, est un écrivain et poète de la Manche. Il est souvent associé à son frère bien connu, Charles Frémine. Il passe la plus grande partie de son enfance à Bricquebec avant de partir faire ses études au petit séminaire de Muneville-sur-Mer (sud-Manche) où il lie amitié avec ses condisciples Si- méon Luce (1893-1892), le futur historien grand médiéviste, et Armand le Bailly (1838-1864), poète maudit dont il rédigera la biographie quelques années plus tard. Attiré par la poésie qu'il aime à situer dans un contexte historique, il fait éditer, en 1859, à Cherbourg sa pre- mière plaquette de poèmes qu'il dédie à Armand Le Véel. Il choisit cependant de suivre la voie paternelle en intégrant l'administration des contributions indirectes qui, au début des années 1860, l'envoie à Coutances, puis à Suresnes (à l’époque en Seine-et-Oise). Parallèlement à sa carrière professionnelle, il continue d'écrire, aussi bien de la poésie que des nouvelles ou des romans. Il fréquente les milieux littéraires de la capitale. Vers 1867, il héberge son frère Charles qui décide, lui, de se consacrer totalement à une carrière littéraire à Paris. Une promotion comme receveur particulier des contributions indirectes l'oblige à quitter Suresnes qu'il appré- ciait énormément pour rejoindre Issy-les-Moulineaux. Il publie peu de livres, ses productions littéraires voient surtout le jour dans les revues et les journaux, parfois sous forme de feuilletons… il puise une bonne partie de son inspiration dans ses souvenirs du Cotentin, et no- tamment de la campagne autour de Bricquebec. Alors qu'il ne s'était jamais plaint de soucis de santé, il décède subitement le soir du 5 décembre 1897, céliba- taire, laissant un frère inconsolable. Une statue de Robert Delandre, inaugurée en 1929 à Bricquebec, le représente avec son frère Charles et le sculpteur Armand Le Véel.  Marcel Grillard (1893-1963), né en Vendée de parents agriculteurs, est le neuvième d'une famille de onze enfants. À l'adolescence, grâce à une bourse, il suit les cours de l'école agricole de Pétré (Vendée), « option laiterie ». Devant suivre un régime lacté, il vient travailler dans le Cotentin, tout d'abord à la laiterie anglaise Edwards de Cherbourg, puis à la Coopérative de Sainte-Mère-Eglise. En 1912, il prend la direction de la laiterie-fromagerie de Rauville qu’il rachète en 1919, ainsi que celle de Teur- théville-Hague. Il est sollicité par le conseil d'administration de la coopérative de Benoistville pour en prendre la direction (qu'il gardera jusqu'en 1949). On s'adresse également à lui pour organiser la création d'un groupe laitier regroupant ses usines, ainsi que celles de Sottevast, d’Yvetot-Bocage, du Val d’Ouve à Néhou, de Prétot, de La-Haye-du-Puits, de Canville-la-Rocque et de Tonneville. En 1921, le groupe Etablissement Grillard & Cie est donc créé. Marcel Grillard en est le président-directeur général et le siège de la société est fixé à l'usine de La Chesnée à Rauville-la-Bigot. Propriétaire de la majorité des actions à l'origine, il en rachète la quasi-totalité au fil des années. Marcel Grillard regroupe toute la gestion et la maintenance au siège de Rauville et spécialise chaque laiterie sur une production spécifique. En 1925, suite à la fermeture de Nestlé à Cherbourg, il reprend une partie du ramas-

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 10/35 sage et crée une usine à Tourlaville. Au fil des ans, il achète aussi les laiteries de Bricquebec et Querqueville. En 1926, son groupe collecte 200 000 litres de lait sur les arrondissements de Cher- bourg, Valognes et Coutances, pour une production journalière de 35 000 fromages et 5 tonnes de beurre, sans compter la crème fraîche, la caséine et les autres produits lai- tiers. Premier en Normandie à avoir lancé la production industrielle de fromages, il en hérite le surnom de "Citroën du Camembert". En 1930, une restructuration s’impose et une société anonyme nommée Industrie lai- tière de Normandie et du Cotentin est crée, dans laquelle le groupe Bretel Frères de Valognes devient majoritaire. Marcel Grillard en devient directeur général et transfère le siège social à Bricquebec où il s’est installé. Camembert Excelsior Après la guerre, le niveau de collecte atteint un niveau record. Mais l’actionnaire majoritaire Bretel Frères con- naît des difficultés et ne peut financer la modernisation nécessaire de l'outil de production. Le groupe est alors racheté par une entreprise américaine déjà présente dans le département, Carnation Com- pany, plus connue sous le nom de Gloria qui fermera toutes les laiteries-fromageries au bénéfice d'une nou- velle usine fabriquant du lait en poudre, dont Marcel Grillard obtient qu'elle soit construite à Bricquebec. La pro- duction démarre en 1962, un an avant son décès. Marcel Grillard est aussi un homme politique. En 1919, à 26 ans, il devient conseiller municipal de Rauville-la-Bigot et surtout conseiller général du canton de Bricquebec. Il exerce ce mandat dépar- temental de 1919 à 1940 et de 1949 à 1963. En 1925, il devient maire de Bricquebec et le demeure jusqu'à sa mort, avec juste une interrup- tion à l'après-guerre. Il s’efforcera d’embellir, de moderniser sa cité. On lui doit le rachat du châ- Collège Marcel Grillard teau pour le mettre en valeur, et surtout la réalisa- tion du collège qui porte son nom.  Paul Douchin (1919-1943), né à Bricquebec, fut un résistant déporté par le convoi qui part de Compiègne- Royallieu (Oise) le 16 septembre 1943 à destination de Buchenwald. Ce convoi emporte 941 prisonniers, notamment Duval, Hébert, Houel, Joubier, Roussel, Launay, Le Chartier, Lelong, Mellenne, Pilois et Travaille. Il est ensuite transféré au camp de Dora à quelque 80 km de Buchenwald. Il participe à la transformation d'un tunnel en usine pour la fabrication de fusées V4. Les déportés travaillent en deux équipes de douze heures et, sont logés dans des galeries du tunnel dans des conditions abominables. Ils sortent rarement à l'air libre. La mortalité durant cette période, connue comme l'Enfer de Dora, est très élevée. C’est là qu’il meurt le 8 dé- cembre 1943.  Roger Lemerre, né à Bricquebec le 18 juin 1941, est un footballeur puis entraîneur bien connu. Comme joueur, il commence sa carrière sous les couleurs de l'UC Bricquebec en 1957. Il joue comme professionnel, comme défenseur central, à Sedan (1961-69), au FC Nantes (1969-71), à l'AS Nancy-Lorraine (1971-73) et au RC Lens (1973-75). Il est sélec- tionné six fois en équipe de France A de 1968 à 1971. Il entraîne successivement les clubs et sélections suivants : Red Star, RC Lens, Paris FC, ES Tunis, Red Star, équipe de France militaire et RC Lens, puis plus tard, il est l’adjoint d’Aimé Jacquet, sélectionneur de l’équipe de France. Roger Lemerre lui succède au lende- main de la victoire française dans la Coupe du monde 1998. Il gagne notamment avec elle le Championnat d'Europe des Nations 2000, l'Euro 2000. Il est, en revanche, moins heureux avec la Coupe du monde 2002, la France étant éliminée dès le premier tour, ce qui lui vaut la résiliation immé- diate de son contrat. Il est successivement : sélectionneur de l'équipe nationale de Tunisie de 2003 à 2008, sélectionneur de l'équipe nationale du Maroc l'été 2008 à juillet 2009, entraîneur du club d'Ankara, le MKE Ankaragücü la saison 2009- 2010, entraîneur du club algérien du CS Constantine en juillet 2012, entraîneur du club tunisien de l'Étoile spor- tive du Sahel. Le 5 janvier dernier, il est nommé entraîneur du CS Sedan-Ardennes (National). Il revient ainsi dans le club qui a lancé sa carrière professionnelle en 1961 (huit saisons, 241 matchs, 29 buts). Puis il fait un retour éphémère au CS Constantine de septembre à octobre 2016.

 Charly Rouxel, de son vrai nom Charles Rouxel, né à Bricquebec En 2013 le 6 avril 1948, est un coureur cycliste manchois ayant participé à six Tours de France (de 1973 à 1978), à trois Paris-Roubaix (1971, 1974 et 1975), au Deux jours de Caen en 1969, au championnat du monde sur route à Leicester (An- gleterre) en 1970, au Tour du Luxembourg en 1973, au Milan-San Remo en 1975, et d’autres grandes courses… Licencié au VC St-Hilaire-du-Harcouët, il est professionnel de 1970 à 1979.

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Avant de devenir professionnel, il remporte, en 1966 (il a 18 ans), le Maillot des As à Lisieux. C’est sa première victoire qui sera le déclic pour la suite de sa carrière. Aujourd’hui, Charles Rouxel, dit « Charly » dans le monde du deux roues, a pris du recul mais garde toujours un œil expert sur le peloton !

Le patrimoine, lieux et monuments à découvrir, événements…

 Le château fort (XIIe) Bricquebec vers l'An Mille se situait au milieu de la grande forêt, sur un éperon rocheux dressé au-dessus de la vallée du « Brekku- bekk », où une motte de terre a été éle- vée. Sur son étroit sommet plat, un logis et une tour en bois entourés d'une palissade. Au pied de la motte, occupant le terrain aplani, une cour circulaire entourée d'un fossé et d'un talus couronné d'une palissade de ron- dins. Une tour-porte en bois protège l'accès vers le ruisseau, une autre l'accès vers une plus vaste enceinte (actuelle place Sainte- Anne et des Buttes), légèrement fortifiée par un talus et d'épais réseaux d'épineux. Au pied de la motte, la route vers la côte marine tra- verse un gué aménagé, Reconstitution de F. Scuvée auprès d'un petit moulin à eau. Au nord, part la vieille route se dirigeant vers l'oppidum et le château de Brix. A droite, un chemin forestier se dirige vers le « village » de Bricquebec (quartier actuel de la vieille église). La grande enceinte sert de refuge aux populations rurales, la petite (« basse cour ») sert de refuge aux proches du seigneur, ses hommes d'armes, serviteurs, ouvriers spécialisés. Le château protège un important carrefour de voies de communications. Avec la fin de la lignée des Bertrand, en 1353, le château a acquis la physionomie que nous lui connaissons. Le grand donjon de pierre a probablement été reconstruit vers le XIIIe siècle, à l'emplacement d'un premier donjon roman. Le logis avec ses arcades (hôtel actuel) et sa salle basse (« crypte ») sont en place de même que les courtines et les tours polygonales et rondes du côté du nord-est, ainsi que les parties basses du châtelet. Se- ront construits ou modifiés ultérieurement, au XVe siècle : les parties hautes du châtelet, la tour de l'Epine et le Bastion. Par ailleurs, l'église, dont le porche et les parties basses sont romanes, se dresse à l'est du bourg (ac- tuellement ruinée). Le puissant donjon planté sur sa motte et le châtelet massif représentent la partie la plus imposante et la mieux conservée de l’ancien château. Le châtelet est l’une des deux portes du châ- teau à l’origine. Cette énorme tour rectangu- laire est percée de deux portes, l'une charre- tière et l'autre piétonne. Mais il n'y a nulle trace dans la maçonnerie, au-dessus, des rainures pour le système de manœuvre des ponts levis et le niveau initial de la porte char- retière a été creusé, de 1.5 m pour accéder au bourg. De toute évidence, le puissant châtelet devait être précédé d'une barbacane – dont certains vestiges auraient été décelés dans les constructions proches – muni lui d'un pont- levis. Derrière la fente qui abritait la herse, la Vue du Donjon sur la motte avant la reconstruction du Crédit Agricole porte charretière est encore munie de sa porte de bois, suspendue et montrant bien le niveau initial. Puis se succèdent, intacts au-dessus, d'autres moyens de défense : la fente d'un assom- moir (ouverture permettant de bombarder l'attaquant), puis la fente d'une seconde herse et une seconde porte. Le passage pour piétons pouvait être condamné en enlevant des planches qui démasquaient une fosse en eau. La sortie dans la cour s'effectue par une dernière porte charretière munie d'un vantail après être passé devant une salle de garde pourvue d'une cheminée, où les deux entrées se sont rejointes. Le musée est installé dans les premier et second étages. Le troisième étage est consacré à la défense avec des embrasures de tir du côté de la cour et des mâchicoulis du côté du

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 12/35 bourg. A ce niveau, on atteint le sommet de la courtine assurant la jonction avec le donjon. Y sont exposés : un intérieur, des poteries et costumes, des vestiges de l'ancienne église romane, des parchemins et sceaux, des fossiles et minéraux, une collection de timbres, différentes sculptures d'Armand Le Véel, un plan cadastral de 1782. Le donjon est élevé sur une énorme motte de 17 m de haut et de 50 m de large, soutenue par une maçonnerie du côté de la cour. Ses fondations s'enfoncent de 4,50 m dans la motte ; elles semblent cons- truites sur un édifice antérieur à peu près circulaire légèrement excen- tré. Sur ce socle, le donjon s'élève à 22,30 m avec un diamètre de 10 m. Cette construction est de schiste mêlée de grès avec les chaî- nages d'angle et les entourages des portes et des fenêtres en calcaire taillé. C'est un édifice polygonal présentant treize faces, chacune d'elles ayant une longueur variant entre 2,80 et 3,60 m. Ce type de construction était plus robuste. Il semble avoir été construit au début du XIIIe siècle dans sa forme actuelle avec des modifications ulté- rieures, en particulier le percement de fenêtres à meneaux au XVe siècle. Il contient cinq niveaux, deux voûtés, trois étages possédaient des planchers. Seule, la voûte supérieure existe encore. On pénètre ac- tuellement par le pied du donjon, grâce à une ouverture pratiquée dans un contrefort où se trouvait une citerne. A l'époque, seules deux entrées élevées permettaient d'y pénétrer : – une porte (visible côté cour) située 6,30 m au-dessus de la motte à laquelle on accédait par une passerelle de bois démontable ; – par la courtine (8/plan) (actuel- lement disparue mais qui existait encore au siècle dernier) reliant le logis à une porte (murée) sur le flanc sud-est du donjon La pièce du rez-de-chaussée, d'un diamètre de 7 m possède un petit four (placé en-dessous de la cheminée du premier étage). Ce devait être la cuisine et la pièce destinée à la domesticité… Un escalier à vis, plus vaste, située entre les deux portes, mène aux étages supérieurs. Au premier étage, la pièce est équipée d’une cheminée à manteau tronqué et avec des chapiteaux sculptés chauffait cette pièce qui était défendue par cinq archères réparties sur son pourtour. Le deuxième étage devait être l'étage noble réservé au seigneur. Sa hauteur est plus réduite (4 m). Une troi- sième cheminée chauffait la pièce du côté ouest. Une baie donne sur la cour et une autre ouvre vers le nord- ouest. Au sud, une petite porte ouvre sur une chambrette et des latrines placées dans une échauguette qu'on peut observer à l'extérieur du donjon. Le troisième étage était aussi chauffé par une belle cheminée et éclairée par trois baies. Cet étage devait être réservé à la garnison qui pouvait ainsi accéder rapidement aux moyens défensifs en haut du donjon. L'escalier à vis de 133 marches mène au sommet du donjon sous un lanternon qui mène au chemin de ronde faisant le tour du donjon. Il était muni de corbeaux de pierre portant 27 machicoulis. Les corbeaux sont presque tous conservés, il reste encore un machicoulis du côté de la cour (derrière le lanternon de l'escalier). Avec son large arc surbaissé, il est d'un type assez particulier au Cotentin. Au centre de la plateforme se trouvait un pavil- lon qui, en 1902 (d'après P. Lebreton) « était surmonté d'un toit pointu, qui, au dire des vieillards de la localité, était en plomb à sa partie supérieure ». Il ne reste que peu de vestiges du logis où résidait habituellement le seigneur et sa famille ; le donjon n'était qu'un réduit ultime qui n'était utilisé qu'en cas de siège et il n'a donc sûrement jamais été habité. Le logis se trouvait construit au sud-ouest, il n'en reste plus que le pignon ouest se dressant presqu'intact dans le prolonge- ment du donjon, avec son puissant contrefort, percé de deux fe- nêtres et archères. On en connaît la face sud d'après une estampe (ci-contre) réalisée avant sa destruction. C'est dans le logis où manoir manable qu'habitait alors le seigneur et les siens. Il nous reste encore une partie de ce logis incluse maintenant dans « l'Hô- tel du Vieux Château »…

L'ancien « Préau des chevaliers » est actuellement le corps prin- cipal de l'actuel hôtel. Il y avait là un vaste préau ouvert du côté de la cour par quatre arcades gothiques maintenant murées. Le mur sud de ce bâtiment est rythmé par trois travées percées par trois grandes fenêtres gothiques encadrées par quatre contreforts plats. Ce vaste préau couvert semble avoir été modifié à diverses époques car il comporte quatre travées côté cour et trois travées côté rempart. Par ailleurs, deux gros piliers à l'intérieur suivent encore un rythme différent. Cette grande halle devait servir de salle pour les visiteurs ayant demandé une audience au seigneur et

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 13/35 permettait d'accéder au logis, vers l'ouest, ou aux salles de réception du palais, vers l'est… La « crypte » ou salle basse est une longue cave qui mesure en son ensemble 19,85 m de long sur 8,25 m de large. Elle est formée de trois vaisseaux de sept travées de douze colonnes et vingt colonnes engagées dans la maçonnerie. Le parti adopté est simple et beau, il fait alterner les colonnes cylindriques et octogonales. De même les nervures des voûtes alternent elles aussi : de section trapézoïdale entre les colonnes cylin- driques, formées d'un tore bordé de deux baguettes entre les colonnes octogonales. On accède à cette salle basse par un escalier débouchant dans l'angle sud-ouest. Plus de la moitié de cette salle basse est en excellent état après restauration. Une par- tie a été recouverte par la voûte et est enfouie, une troisième partie a perdu sa voûte mais les piliers sont en- core en place et la disposition intérieure est conservée. Cette salle basse dépasse du sol et quatre soupiraux (deux seulement sont visibles) ouvraient côté cour. On ne connaît pas son affectation : salle des gardes, salle de justice ? De toute évidence, elle supportait une grande salle de réception munie de grandes baies vitrées. Sur les vestiges d'une chapelle médiévale (attestée par une chartre de confirmation de 1271), construite par les Bertrand et dotée par eux, Marie de Bourbon en fit construire une La poterne autre en 1594 dans le style de la Renais- sance. On peut encore admirer l’une des portes, qui sert d’entrée à un des moulins de l’abbaye de la Trappe. Elle a totalement disparu mais se trouvait, d'après des documents, appuyée à la courtine, entre les tours, par où l'on entre avec les voitures du côté de la place du marché. Le long de la courtine de la face nord, se trouvait un bâtiment à usage de communs probablement, dont il reste quelques vestiges. La courtine est percée d'embrasures pour des archères. Suit alors la porte nord, dégagée il y a quelques années. Elle ouvre entre deux tours polygonales. A l'arrière de la tour de droite (photo ci-dessous), se trouve une rangée de fosses, probablement des latrines pour la troupe et les serviteurs. Le bâtiment s'ap- puyant à la courtine entre cette porte et le l’ancien chartrier, était probablement un casernement ou logis pour la troupe. On aperçoit encore au premier étage, appuyée à la courtine, les restes d'une belle cheminée encadrée de deux larges embrasures pour des fenêtres munies de banquettes. L'ancien chartrier (salle d’exposition aujourd‘hui), est un grand bâtiment très modifié qui a perdu extérieure- ment tout son caractère. Au rez-de-chaussée se trouve une belle salle médiévale de 3,20 m de hauteur avec son puis- sant pilier central octogonal supportant une voûte d'ogives très simples. Au-dessus se trou- vait une autre vaste salle voûtée mais qui a été compartimentée sur deux niveaux. En 1787, M. Simon, l'archiviste de Mademoiselle de Mati- gnon, avait comptabilisé les documents qui se trouvaient dans cette salle voûtée à l'abri du feu… qui furent malheureusement détruites ou dispersées à la Révolution, une perte pour l'His- toire. Poterne et tour du chartrier Suit ensuite la courtine contre laquelle devaient s'appuyer des communs puis une tour polygonale (ruinée) et un petit bâtiment s'appuyant au châtelet.

Front sud : le « bastion plat », la courtine et la tour de l'Epine Vue aérienne du château et du bourg Les Matignon et avant eux les d’Orléans Longueville et les Bourbon-Saint-Pol, avaient abandonné le Château ; la restauration nécessaire pour y habiter devait être trop onéreuse et sa sévérité ne s’accommodait pas au genre de vie plus mondaine.

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Pendant la tourmente révolutionnaire, le château fort, toujours la propriété des Matignon, fut pillé, dévasté. Une partie même du domaine fut aliénée. Après la terreur, Mademoiselle de Matignon rentra que dans une partie de sa propriété qu’elle désaffectionna peu-à-peu. Elle vendit en 1814, à M. Charles Lemarinel, le bâtiment connu sous le nom de Vieux Château, ne gardant que l’usage du chartrier qui renfermait les titres, droits et privilèges de la baronnie. A son tour, M. Lemarinel le rétrocéda en 1820 à la ville de Bricquebec.  L'église Notre-Dame de l’Annonciation (XIXe) L’église primitive de Bricquebec (Xe), dont il subsiste encore de beaux vestiges d’époque romane, se trouvait dans le quartier dit « du village », auprès du croisement des anciennes routes menant de Va- lognes vers Portbail et Saint-Sauveur-le-Vicomte (face aux établissements Requier). La distance rela- tivement importante qui la sépare du château est notable et il existait en outre une nette séparation entre la partie du bourg groupée autour du château et la zone d’habitat concentré auprès de l’église. Il se pourrait donc que ce "vil- lage", avec son sanctuaire et son cimetière, ait préexisté à l'implantation du château et au dévelop- pement du bourg castral. Vestiges de l’ancienne église L’édifice menaçant ruine, sa restauration s’avérant délicate et le goût pour la conservation du patrimoine n’étant alors partagé que par quelques rares esprits éclairés, le choix fut fait à la fin du XIXe siècle d’abandonner le vieux monument et de reconstruire un nouveau lieu de culte. Déjà défendue par l’abbé Couppey au milieu du XIXe siècle, cette idée mit cependant longtemps à s’imposer et fut à l’origine de conflits virulents. Les hameaux de l’Etang-Bertran et de Rocheville, bénéficiant de leur propre sanctuaire, ne souhaitèrent pas participer au financement de la nouvelle église. Ils obtinrent en cette occasion leur détachement de Bricquebec et leur érec- tion en communes autonomes. Se heurtant à la réprobation d’une partie du conseil munici- pal, l’accomplissement du projet ne put se faire qu’en raison de l’extrême ténacité du curé de la paroisse, l’abbé Lebreton (1891-1906) qui, après avoir fait don du terrain, finança une partie de la construction. La conception est confiée à l'architecte départemental Pilloud, qui lui donne un style néo- gothique (style- pré- dominant en France à cette époque) et un plan en croix latine. La première pierre est posée le 5 juin1898 par Dom Vital Lehodey,abbé de la Trappe. Les travaux sont confiés à l'entreprise des frères Depoux. Le matériau de construction initialement prévu par l’architecte était le grès local. C’est le curé de la pa- roisse qui préconisa l’emploi d’un parement en cal- caire, et le paya de ses propres deniers. Digne héri- tier de la tradition des « curés bâtisseurs », l’abbé Lebreton fit également exécuter à ses frais la cons- truction de la chapelle d’axe de l’église, dite « circa- ta », à l’entrée de laquelle fut placée en son souvenir une dalle de mosaïque imitée des plates-tombes paléochrétienne. l'ancienne église avant sa destruction, vers 1910 L'église est consacrée le 25 avril 1899 et bénie le 29 avril 1900. Elle est classée au nombre des monu- ments historiques. Sa nef est un beau modèle d’architecture romane : de grosses colonnes groupées, courtes et couron- nées de chapiteaux variés, soutiennent des arcades basses, couvertes de frètes crénelées. Elle est dotée de cinq travées à collatéraux et d'un chœur à déam- bulatoire et chapelles rayonnantes. Une tour-porche agrémente sa façade. Intérieurement, l’édifice se signale par sa grande clarté, en partie due à l’emploi d’un calcaire très clair et en partie à l’emploi d’un vitrage en « grisaille » qui laisse amplement circuler la lumière. Faute de pou- voir se conformer au modèle des grandes églises à trois niveaux, l’architecte a établi à hauteur des fe- Eglise Notre-Dame de l’Annonciation nêtres hautes une fausse galerie de circulation, donnant l’illusion d’un étage supplémentaire. La sculpture des chapiteaux, en partie inachevée, emploi un réper- toire assez stéréotypé de formes végétales inspiré de modèles du XIIIe siècle.

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Elle possède un riche mobilier : un groupe sculpté en calcaire poly- chrome, représentant saint Roch (environ 1,1 m) avec l'ange, son chien, et saint Côme (environ 63 cm), est classé MH depuis 1970. Réalisé durant le premier quart du XVIe siècle sous le règne de Louis XII (1498- 1515), il se trouvait sur la fontaine Saint-Roch jusqu'en 1978 ; un calice et une patène, tous deux en argent poinçonnés aux initiales JCF avec marteau, deux points, et une fleur de lys et l'inscription M. T. CLAST(on) P(rètre) sur la base, classé en 1977 ; un bas-relief Renaissance en chêne représentant La Prédication de saint Jean- Baptiste dans le dé- sert, classé en 1977 ; une chasuble, 2 dalmatiques, 2 étoles, 3 mani- pules, un voile de calice, une bourse de corporal, en soie blanche La nef Est brodée d'or, classés en 1977. Ces ornements portent les armes du général Jean Le Marois qui en a fait don à l'église après les avoir ramenés de Rome en 1812-1813, ville dont il était gouverneur ; Le Sauveur tenant le globe du Monde, peinture à l'huile sur panneau de bois, portant l'inscription : AU NOM DE M(onsieu)R LE CO(m)TE NAPOLEON DE BRICQUEVILLE A L'EGLISE DE BRICQUEBEC 1863, classé en 1980.  Ancien presbytère (XVIIIe) Cet ancien Presbytère se situe au 41 rue Maréchal Bertrand. Il est construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle par agrandissement et modification d'un bâtiment de la première moitié du XVIe siècle. Il semble que l'ancien bâtiment jouxtait une grange aux dîmes, dépendant de l'abbaye de Saint- Ouen de Rouen, attestée par un aveu de la baronnie de Bricquebec rendu en 1723. Il est classé au titre de l’inventaire général du patrimoine culturel.

 Abbaye Notre-Dame-de-Grâce (XIXe) L'abbaye est fondée le 13 juillet 1824 par l'abbé Bon Onfroy (1777-1857). Prêtre du diocèse de Coutances, curé de Digosville, celui-ci désirait se consacrer à la vie mo- nastique ; son évêque accepta à condition qu'il fonde un monastère dans le diocèse. Celui-ci comptait de nombreuses et belles abbayes abandonnées depuis la Révolution ; mais Bon Onfroy n'avait pas d'argent pour les acheter. Enfin, un terrain inculte et marécageux lui est proposé à Bricquebec qui comprenait 3 moulins dans le Bois du Pied-Duval pour une surface de 4ha 80a, et une terre, triage des Luzernes, contenant une maison, un cabinet, des chambres, des étables, une grange, un pressoir, un cellier et des cours sur environ 8ha. Avec quelques compagnons, il commence à défricher les lieux tout en construisant un bâtiment dans le style du pays, long de 25 m, comprenant un rez-de-chaussée, un étage et un grenier, le tout couvert en chaume. Le petit groupe s'installe définitivement sur place le 13 juillet 1824. Le 8 décembre suivant, M. Dancel, curé de Valognes, vient bénir la chapelle provisoire aménagée dans le bâtiment. Le 10 décembre, douze postulants reçoivent l'habit monastique. L'appui de Mgr Dupont de Poursat ne faiblit pas et, le 29 juillet 1825, le pape Léon XII reconnait officiellement la communauté, l'érige en prieuré et l'incorpore à l'Ordre de Cîteaux, congrégation de Notre-Dame de la Trappe. Le prieuré dépend alors de l'abbaye de Port-du-Salut (Mayenne) qui lui envoie trois moines pour aider le jeune monastère à se conformer à la vie cistercienne. Les moines de Bricquebec assèchent les marécages, élèvent porcs, poulets et vaches laitières. Ils construisent deux nouveaux moulins qui leur apportent un revenu régulier. La farine leur permet aussi de faire beaucoup de pain, base de l’alimentation en ce début de XIXe siècle, et ainsi pratiquer l’aumône aux pauvres qui se présen- tent à la porterie. Les années suivantes, plusieurs bâtiments sont construits avec l’aide des habitants du voisinage, notamment l'église dont la dé- dicace intervient le 13 octobre 1834. En 1836, Rome érige le prieuré en abbaye et son fondateur est élu premier abbé sous le nom de Dom Augustin Onfroy. Pourtant les difficultés ne manquent pas. De nombreux postu- lants, dont plusieurs compagnons de la première heure, se dé- couragent et quittent la communauté. Les novices se font rares. Un vice de forme permet aux héritiers du donateur de faire annu- ler le testament, obligeant ainsi les moines à racheter le domaine La Trappe en 1866 qui leur avait été concédé plusieurs années plus tôt. Puis, une épidémie de typhoïde emporte trois moines en un mois. Enfin, en 1839, un incendie détruit une grande partie des bâtiments déjà édifiés qui nécessita la re- construction. Après la mort de Dom Augustin Onfroy en 1857, le développement de l’abbaye se poursuit sous l’abbatiat de Dom Bernard Bazin. C’est pendant cette période que les bâtiments conventuels prennent la forme et l’ampleur

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 16/35 qu’ils connaissent encore aujourd’hui, abritant alors une communauté de 80 moines. Durant la guerre de 1870, l’abbaye est sollicitée pour isoler une partie des soldats malades. Les moines libèrent l’hôtellerie et le terrain extérieur pour l’édification de baraquements puis, la place manquant toujours, cèdent leur dortoir et le réfectoire. Ils accompagnent les malades et par- ticipent aux soins. Sur les huit cents soldats soignés à la Trappe, cinquante meurent, auxquels il faut ajouter neuf frères. Dom Germain Furet, qui devient abbé en 1872, est soucieux d’assurer la pérennité de l’abbaye. À son initiative, les trappistes de Bricquebec, déjà connus pour leurs innovations en matière agricole, dont ils font profiter les cultivateurs des alentours, entre- prennent alors la construction d’une grande ferme. Elle va per- mettre d’abriter les récoltes et de développer l’élevage laitier et porcin. Ils acquièrent également les premières machines agri- coles de la région. La création d’une fromagerie va contribuer à assurer des revenus réguliers à la communauté. L’ensemble Vue du clocher et d'une cour de l'abbaye procure du travail à une centaine d’ouvriers habitant aux alentours et la production permet de faire l’aumône à plus de deux cent familles dans le besoin L’abbé envisage également de rebâtir l’abbaye à grande échelle, dans le style néo-roman. Sa mort subite en 1893 ajourne le projet qui sera définitivement abandonné dans les années suivantes. Le quatrième abbé, Dom Vital Lehodey (1857-1948) marque le tournant du nouveau siècle par sa recherche spirituelle. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Les Voies de l'Oraison (Paris, 1908) et surtout Le Saint Abandon (Paris, 1909), dont l’audience s'étend bien au-delà de l’ordre cistercien. Avec l'ouverture du Ja- pon au monde au XIXe siècle viennent les missionnaires. Deux prieurés y sont créés, en 1896 à Tobetsu (moines) et en 1898 à Tenshien (moniales). Les débuts y sont difficiles, mais avec l'acceptation de la "paternité" des maisons du Japon par Dom Vital Lehodey, ces fondations vont s'épanouir et essaimer sur le territoire nip- pon. Pendant la Première Guerre Mondiale, l'abbaye abrite l'hôpital auxiliaire 117. L’hôtellerie et le dortoir des moines sont aménagés mais des lits doivent être installés aussi dans d’autres parties du monastère. Sept cent deux soldats, originaires essentiellement du nord de la France ou de la Belgique, y seront soignés, et quatre frères se consacrent entièrement aux soins des blessés. En 1929, des problèmes de santé obligent Dom Vital à démissionner de sa charge. Puis ses deux successeurs meurent successivement dans des accidents de la route. Enfin, Dom Maur Daniel, élu en 1936, doit aussi dé- missionner trois ans plus tard pour raisons de santé, alors que la France entre de nouveau en guerre. Le Père Marie-Joseph Marquis, alors détaché au Japon, est rappelé en urgence pour devenir supérieur, avant d’être élu abbé en 1940. De nationalité suisse, il n’est pas mobilisé et pourra ainsi mener sa communauté pendant la toute la durée du conflit. Sur les cinquante-quatre moines présents à la déclaration de guerre, la moitié sont concernés par la mobilisa- tion… Deux religieux sont tués lors des batailles du printemps 1940. Lors de l’armistice, plusieurs des moines sont démobilisés, les autres sont prisonniers en Allemagne. D’autres seront réquisitionnés par le STO. En juin 1944, le Père Albert Haupais, détaché auprès du curé de Portbail est arrêté par les Allemands sous l’inculpation d’espionnage. Il mourra peu après en déportation. Dès le début de l’Occupation, les Allemands réquisitionnent une partie du monastère et y cantonnent de plus en plus de soldats. De 25 en 1940, leur nombre s’élève à 300 en 1943. Les moines se serrent mais refusent de quitter les lieux. En mai 1944, les Allemands installent un hôpital de campagne qui fonctionnera malheureuse- ment à plein dans les semaines qui suivront. Un cimetière provisoire est également établi à proximité des bâti- ments. Les Américains arrivent à Bricquebec le 19 juin. Ils évacuent immédiatement tous les blessés et les trappistes peuvent enfin réoccuper leurs locaux. L’abbaye est aussi transformée en refuge : accueil des Petites sœurs des pauvres de Cherbourg avec les vieil- lards dont elles ont la charge, les familles de Cherbourg touchées par les bombardements, les réfractaires au STO qui se cachent parmi les ouvriers agricoles, les Sœurs du Bon Pasteur de Valognes, dont le couvent est en ruines, avec les jeunes filles dont elles ont la charge. Enfin, plu- sieurs familles dont les habitations ont été abîmées par les combats trouvent un toit à la ferme qui accueille également leurs vaches laitières ! Avec l’après-guerre, l’abbaye retrouve peu à peu sa séréni- té. Les fondations japonaises ont pris plus d’autonomie et essaiment…de nouveaux monastères sont créés au Japon. l'église abbatiale et de l'hôtellerie de l'abbaye Aujourd’hui, l’abbaye ne compte plus qu’une douzaine de moines cisterciens trappistes dont la plupart sont octogénaires, le supérieur étant Dom Charles, qui a remplacé Dom Paul Houix (supérieur de 2011 à 2015), un abbé breton aux faux airs de pape François, décédé en aout 2015.

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Les trappistes de Bricquebec ayant fondé plusieurs abbayes filles au Japon, chaque année, le supérieur s’y rend pour leur rendre visite. Comme on l’a vu plus haut, le monastère est devenu une grande ferme à la pointe du progrès. Il innove en cul- tivant du millet et du maïs, installe un système de traite mécanique, puis ce sera l’informatisation pour la gestion de l’alimentation et de la production des vaches. Les trappistes doivent aussi s’adapter au contexte économique et, après les moulins avant-guerre, c’est la fromagerie qui doit fermer ses portes en 1961. Le « Trappe de Bricquebec » est désormais produit par la laiterie Valco (Les Maîtres Laitiers). Le père Marc, entré à la Trappe de Bricquebec en 1959, est passionné par l'élevage du porc. Durant une bonne quarantaine d’années, il porte à bout de bras, la porcherie (2 500 porcs en plein air) mais celle-ci ferme à son tour en 1997. Alors il monte une petite entre- prise élevant une cinquantaine de porcs et confectionnant de la charcuterie selon un cahier des charges très précis. La mondialisation, les normes européennes, l’informatique ont tout bouleversé et la ferme de l’abbaye a été vendue en 2010. L’atelier de Charcuterie de la Trappe actuellement installé à Chef-du-Pont, « Le cochon du père Marc », c’est sa marque, connaît aujourd’hui un succès commercial grandissant et Le père Marc tourne à plein régime avec ses vingt salariés. Ces produits sont aussi proposés par un magasin aménagé dans l'enceinte du monastère, ainsi que d'autres pro- ductions monastiques et des livres religieux. La Trappe fabrique une gamme complète de charcuterie connue sous le nom "Les Charcuteries de la Trappe" : Ce sont des produits naturels avec le savoir- faire traditionnel permis par une production artisanale. Au magasin, on y trouve également des produits fabriqués par d’autres commu- nautés (gâteaux, chocolats, fromages, spiritueux, sirops, articles religieux, cartes postales, icônes, produits de toilette...).

 Ermitage et chapelle Sainte-Anne (XIIe) L’ermitage Sainte-Anne était à son origine (XIe ou XIIe siècle), une chapelle placée sous la dédicace de Sainte- Croix. Ce n’est qu’au cours du XVIe siècle qu’elle changea de vocable. Anne-Geneviève de Bourbon (1619-1679), prin- cesse du sang, veuve d’Henri II d’Orléans (1595-1663), duc de Longueville et d’Estouteville, baron de Bricquebec, dans l’aveu qu’elle rendait le 20 avril 1676, comme mère et curatrice de son fils, nous le confirme. Les prédécesseurs de la baronne de Bricquebec avaient doté et fondé de nombreux établissements religieux sur leurs domaines, parmi lesquels la chapelle Sainte-Croix en la forêt située dans la paroisse de Bricquebec, aux XIe ou XIIe siècles. La chapelle apparaît sous le nom de chapelle Sainte- Anne, en 1543, elle abritera un ermitage à partir du 26 avril 1615, et se verra doté d'un nouveau chœur en 1627… Les ermites auront attendu dix années pour voir leur chapelle achevée et obtenir de Coutances sa bénédiction. Le baron de Bricquebec leur avait accordé la jouissance de l’ermitage pour la vie durant seulement. Ils n’obtinrent pas l’ermitage à perpétuité. Avec Gabriel Latteignant, décédé en décembre 1726, disparaissait le dernier ermite à Sainte-Anne. A partir de cette époque, la chapelle fut desservie uniquement par un chapelain, sous la tutelle du curé de Bric- quebec et l’ermitage devint résidence. Un bail était consenti à son chapelain qui y habitait avec sa famille. La révolution mettra un terme au fonctionnement de la chapelle Sainte-Anne. Pendant cette période troublée, la chapelle fut dépouillée de quelques objets puis adjugée avec la maison attenante et terres à titre de vente, par les membres du directoire de Valognes le 14 mai 1791, au citoyen Jean-François Dubost-Deschamps, prêtre, son dernier desservant. Ce dernier revendait en septembre 1803 l’ensemble de la chapelle Sainte-Anne à Jean- Baptiste-Auguste Regnet (né à Bricquebec le 28 mai 1771), officier de santé puis marchand de vin et action- naire dans diverses affaires, demeurant à Valognes. Mais, sur poursuites de plusieurs créanciers, parmi les- quels son épouse, ses biens étaient mis en vente en 1809. Le domaine de Sainte-Anne fut ainsi adjugé à sieur Lucas du Rocher (1773-1853), appartenant à une très ancienne famille de Bricquebec. Rappelons que sa fille Marie-Françoise-Léontine Lucas-Durocher, sous le pseudonyme de Marguerite Bitouzé-Deslongprés, est l’héroïne d’Aristide Frémine, dans son roman « Une demoiselle de campagne » (1892) ! Seule héritière, son frère étant mort jeune, elle épousait le 11 avril 1866, Augustin-Valentin Lecroisey (1841- 1893). Famille très différente de mademoiselle Durocher ; les Lecroisey étaient ruraux, petits propriétaires indé- pendants.

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Ce sont leurs enfants qui feront passer l’ermitage et le domaine de Sainte-Anne dans la famille de monsieur et madame Bernard Crosville qui entretiennent la chapelle avec beaucoup de dévouement et de piété. Depuis juillet 2015, cet endroit est désormais ouvert à la visite. Les propriétaires, Jean -Claude et Bernadette Baudry, sont là pour accueillir les visiteurs désirant pénétrer les secrets de cet édifice, dans lequel on entre par un portail en plein cintre. La nef est éclairée de chaque côté par deux petites fenêtres romanes et par une fenêtre ouverte au XVIIe siècle. Au bas du chœur, une petite porte donnait accès à la sacris- tie. Cette porte était celle qui permettait aux ermites l'accès à leur chapelle. Cet ermitage accueillait, en 1625, Jacques Saillard, Thomas Vauvray et Michel Le Moine, qui y vécurent leur noviciat sous la direction du père Jacques de Reviers, avant de devenir eux-mêmes ermites. Le précieux label Fondation du patrimoine acquis, une association, « les Amis de la chapelle Sainte-Anne » s’est créée en 2015, dont le but est « Sauvegarde, restauration, mise en valeur et animation de la chapelle. » Rappelons qu’à la fête Sainte-Anne (26 juillet), le clergé de Bricquebec, des habitants de Bricquebec et des paroisses voisines, se rendaient en procession à Sainte-Anne. La manifestation laïque venant ensuite avec la foire et ses fes- tivités, la coutume est toute de même respectée de nos jours ; au moment de la Sainte Anne, viennent les fidèles pour une célébration particulière. En 2017, l’association a lancé un appel aux dons pour no- tamment restaurer et sauvegarder le retable du XVIIe siècle, qui orne le chœur de la chapelle, et deux petits tableaux nécessitant un gros travail de conservation. Des concerts y sont organisés : l’ensemble vocable Ave Maris Stel- la, placé sous la direction de Jacques Joubin, chef de chœur à la Cathédrale de Coutances, y a donné un con- cert le dimanche 17 décembre 2017.  Ancien hospice (XVIIIe) L'Hôpital-hospice de Bricquebec est une ancienne institution d'assistance et de soins du département (1702-1927). Bien qu'elle intervienne dans le cadre d'un mouve- ment général impulsé par l'administration royale, la fondation de l'Hôpital-hospice de Bricquebec relève de l'initiative privée. On trouve dès 1655 la trace de rentes instituées par des particuliers « au profit et bénéfice des pauvres mendiants et invalides du bourg et paroisse de Bricquebec » que le curé, « directeur des pauvres », est chargé de répartir. Mais la créa- tion de cet établissement est à mettre au crédit de Guillaume Rouxelin (décédé à Bricquebec), écuyer, sieur de la Prairie (acte du 21 janvier 1702). Devenu trop petit, Thomas de Goyon de Matignon, baron de Bricquebec, fait construire, en 1763, un nouveau bâtiment à la place de l'ancien, obtient le titre d'hôpital royal et fait en sorte de le doter d'un revenu confortable qui suffira à son fonctionnement jusqu'à la Révolution. L'établissement doit veiller à la nourriture et l'entre- tien des pauvres, valides et infirmes, et des enfants nécessiteux de la paroisse de Bricquebec, mais aussi de celles des paroisses dépendantes de la baronnie. Après la Révolution, l'activité de l'hôpital-hospice est recentrée sur l'accueil des vieillards, jusqu'à sa fer- meture définitive en 1927. En 1870 et 1871, les troupes stationnées dans le Cotentin, atteintes par la variole, y sont soignés ((La grande majorité étant accueil- lie à la Trappe de Bricquebec). Après l’accident ferroviaire du 4 août 1914, près du passage à niveau du Pont d’Aisy, plusieurs blessés y sont soignés. L'austère bâtiment reconstruit en 1763 à l'initiative du baron de Bricquebec existe toujours. Il a été transformé en logements et peut se voir depuis la rue du Maréchal-Bertrand, non loin des ruines de l'ancienne église mé- diévale.

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L'édifice est composé d'un corps de bâtiment rectangulaire doté d'un escalier extérieur droit en maçonnerie. Il présente un niveau de soubassement, deux étages et des combles sous un toit à longs pans. La façade irrégulière comprend des éléments d'un édifice plus ancien. Une statue est abritée dans une niche creusée dans un petit fronton triangulaire qui cou- ronne la travée centrale.

Une multitude de belles demeures, manoirs, aussi diversifiés les uns des autres, contribuent à la ri- chesse du patrimoine local. La plupart d’entre eux ont pris naissance au cours du XVIe siècle contrasté par sa légendaire prospérité et ses luttes fratricides, qui commencées vers 1560, avaient amené les propriétaires à préserver leur sécurité par la construction de petits éléments défensifs : bretèches, assommoirs au-dessus des portes d’entrée, trous à fusils, et qui sont aujourd‘hui les témoins de cette période…Beaucoup sont le fruit de plusieurs générations et présen- tent aujourd’hui une architecture rendue confuse par les rénovations dans le goût du jour, des extensions prati- quées pour les besoins de leurs occupants au cours des temps. Ces ensembles revêtent essentiellement rural, à vocation agricole, où les limites entre châteaux, manoirs et fermes restent difficiles à appréhender : Galleries, Saint-Blaise, Quesnay, Volotterie, Ramée, Tourelle, le Coi- sel, Piqueret, et de nombreux petits manoirs, fermes-manoir et fermes…. recensés dans l’Inventaire Général du patrimoine culturel.  Château des Galleries (XVIe) Situé au centre du parc seigneurial avoisinant l’ancienne forteresse des sires de Bricquebec, le châ- teau des Galleries fut d’emblée conçu dans la plus étroite relation avec son environnement paysager. Vue suivant A Il est édifié au début du XVIe siècle, en remplacement de la résidence seigneuriale, le Vieux Château. On le doit sans doute à Jean d’Estouteville et à sa femme Jacqueline. Jacqueline d’Estouteville (née vers 1480), héritière de la baronnie de Bricquebec, en épousant en 1509 son cousin germain Jean III d’Estouteville, rassemblait ainsi entre ses mains les immenses possessions des deux branches de l’illustre fa- mille normande. Il est souvent considéré comme le premier exemple du style Renaissance en Cotentin. En effet, Jean d’Estouteville fut élevé à la cour de Moulin, le « premier chantier véritablement influencé par la Renaissance italienne », au temps des expéditions ultramontaines de Charles VIII. Employé aux affaires du roi, il effectua ensuite lui même plusieurs voyages en Italie. Revenu sur ses terres normandes, il continua cependant à fréquenter la cour, alors établie à Blois, où Pacello da Mercogliano s’afférait à la création des nouveaux jardins. A la mort de Jean III, en 1517, Jacqueline réside ponctuel- Place des lement à Bricquebec, où sa présence est attes- A buttes tée en 1524, et où elle reçoit, en avril 1532, la visite du roi François 1er en voyage en Norman- die. Son épitaphe précise qu’elle décéda le 10 août 1550 « en la Galerie du jardin de son châ- teau de Bricquebec ». Ce document constitue la plus ancienne source écrite relative à l’édifice. Adrienne d’Estouteville (1512-1560), fille unique et seule héritière de Jean III et de Jacqueline, épouse, en 1534, François de Bourbon, duc de Saint-Pol (comté dans le Pas-de-Calais). Dame de compagnie de Catherine de Médicis, elle est aux premières places lors des cérémonies du Sacre et figure immédiatement après la reine lors de son entrée parisienne du 18 juin 1549. Durant les années suivantes, entre 1552 et 1560, les séjours effectués par Adrienne Estouteville à Bricquebec sont partiellement documentés par le « Journal des Mises et receptes » de Gilles Picot (1521-1578), sire de Gouberville gentilhomme normand, mémorialiste. A la mort d’Adrienne, en décembre 1560, l’héritage familial revient à Marie de Bourbon-Saint-Pol (1539-1601), duchesse d’Estouteville, qui fera passer Bricquebec à son troisième époux, Léonor d’Orléans (1540-1573), duc de Longueville, puis, par sa fille Léonore (1573-1639), à la famille de Matignon en se mariant en 1596 avec Charles de Goyon de Matignon (1564-1648) (d’où les Matignon Grimaldi, princes de Monaco). Les Matignon habitèrent le Château des Galleries dont ils firent une demeure aussi agréable que somptueuse, par les embellissements qu’ils apportèrent, parcs, bois, avenues. Quelques années avant la Révolution, Made- moiselle de Matignon qui y résidait, épousa le duc de Montmorency (fils aîné du duc).

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Il a également appartenu à M. Brucosté, propriétaire à Caen et membre de l’association normande, et à Edouard Tirel de la Martinière (1849-1918), député de la Manche de 1885 à 1893, conseiller général du can- ton de la Haye-du-Puits de 1874 à 1898 et maire de Vindefontaine de 1879 à 1905, qui en fit l’acquisition en 1867. Le château des Galleries est un grand corps de logis constitué d'une enfilade de dix-sept travées, desservi par un escalier exté- rieur en fer-à-cheval. « Sa façade Renaissance est divisée en 14 travées, que séparent de légères colonnes avec leurs jolis chapi- teaux. Le côté nord, orné d'un escalier à double rampe, est sur- monté d'un pavillon en forme de dôme, soutenu lui-même par des colonnes dont l'architecture est sévère et gracieuse tout à la fois. » La partie sud de la façade orientale, nettement différenciée du reste de l’élévation, se compose d’une galerie d’arcades de huit travées, reposant sur de grêles colonnes engagées à chapiteaux composites. L’alternance des socles formant saillie sur la partie basse du mur indique peut-être une subdivision des arcades en deux baies jumelles, aujourd’hui effacée par l’insertion de fenêtres à meneaux. Cette petite structure, parfaitement raffinée, constituait initialement une galerie ouverte servant de pavillon de plaisance Galerie primitive … lors de promenades ou de fêtes en plein air. Le style des chapiteaux à fûts circulaires, sur lesquels l’acanthe se mêle de grappes de fruits, de cornes d’abondance et de figures d’atlantes, s’inscrit assez nettement dans la filiation des œuvres produites par la première Renaissance caennaise, dans les années 1530… Le matériau employé sur cette portion de bâtiment, est un calcaire tendre et ocré provenant de la région de Caen. Lors d’une seconde phase de construction, le corps de portique initial fut fermé par des fenêtres à meneaux et augmenté au nord de huit nouvelles travées délimitées par des pilastres à chapiteaux… Cette extension fut probablement antérieure à 1550. Ces aménagements visaient clairement à une affectation résidentielle de l’édifice. Ils correspondent vraisemblablement à la volonté de Jacqueline d’Estouteville de se constituer un nouveau séjour, à l’écart de la forteresse médiévale de ses prédécesseurs. La formule du corps de logis constitué d’un unique niveau de plain pied sera le plus fréquent dans les châteaux du Clos du Cotentin. Le rez-de- chaussée est surélevé sur un niveau de soubassement, dont l’existence est uniquement perceptible en façade ouest. Cette élévation postérieure fut en réaménagée au cours d’une troisième phase de construction, pour devenir la façade principale, face à la partie boisée de l’ancien parc sei- La façade occidentale gneurial… (carte postale ancienne)

L’escalier en fer à cheval menant à un porche surélevé couvert d’un toit à l’impériale constitue le morceau de bravoure de cette élévation dont la nouveauté tient aussi au report des fonctions serviles dans l’étage de soubassement et, par opposition, à la définition d’un étage noble formé d’un dé- ploiement d’espacesen enfilade. Selon toute vraisemblance, il convient d’attribuer ce programme de travaux à Marie de Bourbon, fille de Jacqueline d’Estouteville, soit dans le dernier quart du XVIe siècle. Le château des Galleries est une propriété privée, appartenant actuellement à Ma- rie-Andrée et Etienne de Trémiolles. Il ne se visite pas. Escalier de la façade ouest

 Château Saint-Blaise (XVIIIe) Le château de Saint-Blaise qui se cache au fond d’un parc bordé d’arbres exotiques, au sortir du bourg de Bricquebec à gauche en direction de Valognes, a été vraisemblable- ment construit entre 1775 et 1784 par René- Louis Traynel (1759- ?), écuyer, sieur de Saint-Blaise, seigneur et patron de Bolleville, officier au régiment de Normandie puis com- mandant de la Garde Nationale de Bricque- bec, qui venait d’épouser (28 janvier 1783) une riche héritière, damesoiselle Marie Florence Fouques du Teufles. Appelé autrefois château « les vallées », il fut longtemps la propriété de cette famille Traynel de Saint-Blaise d’où il tire son nom aujourd’hui. L’adjonction d'un pavillon orné d’une horloge et la construction d'un haras (ou ferme) en dépendance datent de la deuxième moitié du XIXe siècle, probablement à Le fronton l’époque de l’arasement des anciens communs situés de part et d’autre du château.

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L'édifice conserve un jardin d'hiver de 18 ha de la seconde moitié du XIXe siècle. De plan régulier en H, le château se compose d'un rez-de- chaussée, d’un étage carré et d’un étage de comble. Gros-œuvre en moyen appareil et calcaire, élévations or- donnancées coiffées de toit à longs pans ; pignon couvert et croupe recouverts d'ardoise. Cartouches sculptés sur le fronton central. La famille Traynel ou Traisnel (la particule n’apparaît qu’à la fin du XVIIIe siècle) est sans doute la plus représentative de la réussite sociale à Bricquebec sous l’Ancien Régime ; présente dans ce lieu pendant plus quatre siècles, issue d’un serviteur attaché à la maison ducale d’Estouteville (Colin Traisnel dans les années 1525) elle gravira génération par génération, tous les degrés de l’échelle so- ciale pour parvenir à l’anoblissement et, par le jeu des alliances, à posséder une fortune considérable. A leur patronyme, les Traynel vont associer le nom de leur terre : Saint-Blaise. Plus tard, bien qu’ils se soient séparés de ce bien, ils continuèrent à se faire appeler Traynel de Saint- Blaise. Ce nom de terre devait par la suite se substituer à celui de la terre des Vallées, sur laquelle avait été construit le château, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, la famille Traynel se séparait du château de Saint-Blaise. Le nouveau propriétaire, le capitaine d’artillerie de marine Odent (1858-1917), polytechnicien, y résidait en 1902. Puis Saint-Blaise fut acquis en1923 par Marcel Grillard,industriel laitier, conseiller général et maire de Bricque- bec (1925-1944). Ses descendants seraient toujours propriétaires du domaine. Propriété privée, il ne se visite pas. Il fut un temps, les propriétaires proposaient des chambres d’hôtes et suites spacieuses.  Le Quesnay (XVIIe) Situé entre les routes de Surtainville et Carteret, le Quesnay offre une rusticité empreinte d’une élégance certaine. Ce manoir du XVIIe siècle, l’un des plus con- nus de Bricquebec, est aussi celui qui a le mieux con- servé son caractère originel. Le rez-de-chaussée de la façade, éclairé d’une fenêtre manifestement ouverte postérieurement à la construc- tion, et d’éguets, contraste avec l’étage, ouvert de croi- sées à meneaux. Chacune d’elles est surmontée d’une lucarne dont l’ouverture circulaire est bordée dans la partie supérieure d’un larmier de pierres se terminant par un retour horizontal.

Le logis est flanqué à gauche d’un pavillon qui possède à l’étage, les mêmes croisées à meneaux. Sa partie supérieure est aménagée en volière. La symétrie des ouvertures de l’étage et les lucarnes, confère à l’ensemble une distinction méritée. La famille Disgne, implantée à Bricquebec dans la seconde partie du XVIe siècle représentée dans le milieu médical, était alliée à la famille Gargatte. Cette dernière, en pleine évolution sociale, s’éteignait dans le premier tiers du XVIIe siècle. Son dernier représentant mâle, Guillaume Gargatte, sieur de Rouville et de Sainte- Marguerite, anobli en 1556, avait hérité du patrimoine paternel situé dans cette portion de la bourgeoisie de Bricquebec, dite du Boullet (Boulay). Possédait-il le Quesnay ? Ou bien, ce bien revint-il après son décès à sa sœur Adrienne ? Fait certain, la famille Disgne se trouvait dans l’ascendance de la famille Le Poittevin. Jean Disgne, bourgeois de Bricquebec, avait épousé Anne Hébert. Leur fille (3ème enfant), Françoise Disgne épousa, en 1646, Jacques Chevron, propriétaire du Quesnay, originaire de Trépagny en Haute-Normandie. Il résidait au château de Bric- quebec, en qualité de garde du corps de monseigneur le duc de Longueville. Entrée du logis De ce mariage naissait damoiselle Anne Chevron, qui devenait l’épouse de Jacques Le Poittevin, écuyer, sieur de d’Argence. La famille Le Poittevin, originaire de Tamerville, avait été anoblie par finances en 1543. La famille Le Poittevin restait proprié- taire du Quesnay jusqu’à Charles- Auguste Le Poittevin, né le 21 juillet

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1713, écuyer et sieur du Quesnay, resté célibataire. Ce dernier n’y habitait puisqu’il demeurait au manoir seigneurial d’Hautteville, chez sa sœur et beau-frère du Hecquet. Après son décès survenu au D66 – Rue de Surtainville milieu du XVIIIe siècle, la terre du Quesnay était devenue la pro- priété de son demi-frère (par sa mère) Adrien-François Pinel (1700- 1761), écuyer, seigneur et patron de Golleville. Sa mère, Jeanne-Marguerite Le Parmentier, veuve de Jean- François Le Poittevin, avait épousé en premières noces, le 25 juillet 1697, Charles Pinel (1663-1709), écuyer, sieur de Loraill, garde du corps de Monsieur, frère du Roi.sieur d’Ourville. Mais la dévolution de ce bien, à son profit, eut pour conséquence de nombreuses procédures avec les héritiers des Le Poittevin. Il épousa en 1744 damoiselle Marie-Anne Le Louey (1724-1792), de Clatigny. De cette union sont issus 9 enfants dont le dernier, Jean-Charles-Adrien Pinel (1756-1833), écuyer, sieur de Ranty, La Volotterie qui, héritier en partie de son père, cédait en janvier 1783, la terre du Quesnay au profit des maîtres Magloire et Pierre-François Née, originaires de Virandeville. Les preneurs devant payer les rentes seigneuriales dues à la baronnie de Bricquebec. Ils revendaient le Quesnay en mars 1784, à René-Louis Traynel (1784-1833), écuyer, sieur de Saint-Blaise, seigneur et patron de Bolleville, commandant de la Garde Nationale de Bricquebec, demeurant en son château des Vallées à Bric- quebec. Son fils Jules de Traynel (1784-1833), propriétaire du Quesnay, a été maire de Bricquebec (1824- 1833). A son décès, la terre du Quesnay revenait à son fils Henri de Traynel (1831-1893). Ce dernier partageait son existence entre le château de la Grimonière à Néhou, propriété de son épouse, et celui de Querqueville appartenant à son beau-frère Henri Lucas de Couville. En septembre 1881, il se séparait du Quesnay resté un siècle dans sa famille, au profit de monsieur Auguste Sébire. Ce dernier n’ayant pas de postérité, laissait le domaine à ses neveux. Par adjudication du 1er aout 1898, la propriété du Quesnay était vendue à monsieur Auguste Travert dont les descendants y résident toujours.  La Volotterie (fin XVIe) Cette petite demeure dite La Volotterie ou la Maletterie, est un logis édifié dans le dernier quart du XVIe siècle, et aurait, selon la tradi- tion orale, servi de refuge à un prêtre nommé Malet durant la Révo- lution française. Les parties agricoles représentées sur le plan ca- dastral de 1825 ont été détruites. Logis sur deux niveaux avec cheminée au rez-de-chaussée et à l'étage. Le second niveau formait initialement une salle haute sous charpente. L'accès à l'étage se faisait apparemment par un escalier intérieur.  La Ramée (XVe-XVIe) Passé « le Boullet » (Boulay) en direction de Surtainville à la lisière des bois, restes de l’antique forêt seigneuriale de Bricquebec, quelque peu à l’écart de la route, on découvre la Ramée. L’ancienne vavassorie de la Ramée est un logis édifié au XVe siècle et remanié dans le quatrième quart du XVIe siècle. Le manoir portait le nom de Le Revis avant son acquisition par Christophe Le Roux, sieur de la Ramée au début du XVIIe siècle. Propriété men- tionnée dans deux actes de vente, l'un de 1689 et l'autre de 1788. Ce manoir présente au premier abord un aspect austère, tant sa partie arrière est avare d’ouvertures, cependant il possède un charme certain dont l’historien qu’était l’Abbé Lebreton et le poète Frémine, ne s’étaient pas trompés en lui rendant hommage. En 1961, Pierre Leberruyer, journaliste et écrivain (Avec qui j’ai eu le plaisir de converser - Est décédé en juin 2015), écrivait dans son ouvrage « Bricquebec et ses environs dans l’œuvre de Frémine » : « La ramée, non loin du Quesnay, est une demeure moins ancienne, cachée par de grands arbres sous lesquels, volets fermés, elle prend un aspect mystérieux ». Moins connu que ses deux voisins, le Quesnay et l’Epinay, ce manoir n’a rien à leur envier de leur ancienneté, de leur histoire. Le fondement de cette terre remontait au XVe siècle par la réunion de parcelles de terre en un corps de ferme appelé la terre du Revis, nom de son propriétaire. A la fin du XVe siècle, elle appartenait à André Le Chevallier, héritier de la famille du Revis. En octobre 1616, il vendait la terre du Revis à maître Marturin Le Roux. Les Le Roux, originaires de la paroisse de Bricquebec, sont attestés depuis l’année 1487.

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Marturin Le Roux, sieur du Boullet, bourgeois de Bricquebec, résidait à Bricquebec depuis 1589 et était décédé avant 1640. Il avait épousé demoiselle Catherine Hollard. De père en fils, et vente entre parents de même nom, la Ramée restait dans cette famille Le Roux, jusqu’à Jacque-Marie Le Roux (1703-1748). Ce dernier, sentant sa fin prochaine, après le décès de son épouse, et désirant mettre en ordre ses affaires, procédait, en 1748, à la vente de ses biens entre ses parents, dont la terre de la Ramée. Il vendait à son beau-frère Antoine- Félix le Sage du Longval (1698-1765), la terre de la Ramée. Puis, les jours suivants, il vendait à Charles-François du Hamel, sieur de la Bucaille, l’ensemble de ses maisons et héritages lui appartenant comme héritier de son père, notamment diverses rentes dont 125 livres à cause de la terre de la Ramée, une rente foncière due par le sieur du Quesnay Le Poittevin. Mais ses descendants au 4ème degré clamaient pour retirer à droit de lignagner tous les biens vendus et cédés à maître Hamel. Le 21 décembre 1748, ils eurent gain de cause : tous les biens de Jacques-Marie Le Roux leur revenaient, à l’exception de la terre de la Ramée, qui restait dans la famille Le Sage jusqu’en 1788. En effet, le procès du à l’achat de bois de haute futaie en 1784 va être à l’origine d’une longue et coûteuse procédure qui eut pour conséquence la vente de la terre de la Ramée, par Jacques-Antoine Le Sage (héritier de son père et de son frère), à maître François Vattier (1741-1819), régisseur général de la Baronnie de Bricquebec, fermier général des revenus de Monseigneur de la Mare et seigneuries appartenant à Madame de Bignon dont il était intendant, famille en provenance de Lhotellerie (environs de Lisieux). La terre de la Ramée restait dans cette famille Vattier jusqu’à sa vente en 1832 à maître Victor Lepetit (1785-1881), avocat - conseiller de sa majesté à la Cour royale de Rouen, chavalier de la Légion d’honneur. N’ayant pas eu d’enfants, madame Lepetit, par son testatament de janvier 1881, procédait au partage de ses biens entre ses trois nièces... La terre de la Ramée revenant à Marie-Anne Chardine, veuve de Nicolas Leguillon (1796-1865). La Ramée passa de père en fils jusqu’à Henri Léguillon (1884-1939), qui, sans alliance, laissait ses biens à sa nièce Elisabeth Lefèvre de Plinval. Décédée en 1992, mademoiselle Elisabeth Lefevre de Plinval laissait la Ramée à ses cousins le vicomte et la vicomtesse Raymond Lefévre de Plinval. La sœur d’Henri Léguillon, Elisa Léguillon (1803-1990), avait épousé le vicomte Gontran-Paul Henri Lefèvre de Plinval (1883-1968), secrétaire général de la société des automobiles La Licorne. Elle résidait à la Ramée, propriété de son frère qui échoit à sa nièce à la mort de celui-ci en 1939. Elle attaqua donc en justice le testament de son frère, souhaitant conserver la jouissance du manoir, mais perda son procès, ce qui fait naître en elle une rancune vis-à-vis des hommes de loi ; elle était surnommée la « guestapiste » du fait de sa collaboration avec l’occupant allemand. Traduite devant la cour de justice de la Manche, réunie à Cherbourg, en octobre 1945, elle est condamnée à mort. Sa peine sera commuée en travaux forcés à perpétuité par le général de Gaulle. C’est à Georges Le Roux (né en 1662) que revient la construction de la ferme telle qu’elle est aujourd’hui. De corps de ferme, la Ramée deviendra progressivement résidentielle dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, et l’on différenciera dans les actes : maison de maître et maison de fermier. Par contre, c’est à François Vattier, que l’on doit la structure des pièces composant encore aujourd’hui le manoir. Quant à la terre de la Ramée, les difficultés financières de Christophe Le Roux vont le contraindre à aliéner plusieurs pièces de terre du domaine entre 1664 et 1670, mais vingt ans plus tard, sieur Georges Le Roux reconstitue la totalité du domaine. Ainsi, de cette époque jusqu’au début du XIXe siècle, la Ramée ne subira aucune modification. Ce logis édifié au XVe et remanié dans le quatrième quart du XVIe siècle, est inscrit à l’inventaire général du patrimoine culturel. Il appartient toujours à la famille Lefèvre de Plinval.  Le Coisel (du XVe au XIXe) Cet ancien manoir, dit ferme du Coisel, a appartenu à la famille Coisel. Edifié à partir de la seconde moitié du XVe siècle, il fit l'objet de nombreux réaménagements et modifications jusqu'au XIXe siècle. La façade actuelle du logis semble être le produit d'une reprise datant de la première moitié du XVIIIe siècle. La partie attenante, avec logis secon- daire à l'étage et cellier en rez-de-chaussée, ainsi que les parties à usage agricole datent pour la plupart de la seconde moitié du XVIe siècle. La construction d'une partie du grand corps de bâtiment abritant les parties agricoles pourrait remonter à la seconde moitié du XVe siècle ou au début du XVIe siècle.

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 Manoir dit de la Tourelle (XVIe) Le manoir de la Tourelle, situé place des Buttes, est une maison édifiée durant la première moitié du XVIe siècle. Elle sert de logis aux cha- noines desservant la chapelle cas- trale jusqu'à la Révolution et abrite une école administrée par les cha- noines à la fin du XVIIIe siècle. D’importantes restaurations ont été réalisées vers 1930…

 Le Piqueret (XVIe) Situé au-dessous de son voisin le manoir du Quesnay, au bout du long chemin partant de la rue Bitouze-d’Auxemesnil (staion de lavage), le Pique- ret est un long bâtiment possédant de beaux éléments d’architecture qui le situent au milieu du XVIe siècle. La porte d’entrée, surmontée d’un linteau portant un écu d’une dimension exceptionnelle, présente des jambages aux chanfreins moulurés. Deux grandes baies ouvrant sur chacune des façades, et une plus petite sur le pignon, sont de même facture qu’une des croisées du Bigard ayant appartenu à la même famille. La famille Coller (ou Collet) était propriétaire dans la dernière partie du XVIe siècle. Annette Coller (ou Col- let), devenue veuve entre 1654 et 1656, de François Pinel, sieur de la Roque-Valjouais, écuyer, avocat, procureur fiscal de la baronnie de Bricquebec, assura la gestion des terres héritées de son père, et la suc- cession, en 1669, entre ses deux fils François Pinel ( ?-1691), l’aîné, sieur du Valjouais et Philippe Pinel ( ?-1682), le cadet, sieur du Danois et de Darnétal. Ce dernier devenait, bien qu’ayant porté le nom de sieurie du Danois toute sa vie, propriétaire des terres du Piqueret et autres biens. La propriété resta dans cette famille Pinel jusqu’à sa vente en 1739 par Vincent Pinel au profit de François-Alexandre Guillebert, de Vasteville. Le domaine était constitué de trois corps de bâtiments : d’un logis, d’un pressoir et grange, le troisième à usage d’étable. Il y avait aussi une petite boulangerie avec jardin potager, et 52 vergées de terres… L’étude d’inventaire révèle le riche passé de Bricquebec, commune au label Pays d’Art et d’Histoire, au travers des différents édifices étudiés : châteaux, maisons, places, manoirs mais aussi fermes-manoir ou fermes. Au fil d’une promenade dans la campagne, on peut découvrir de nombreuses fermes, répertoriées également à l’Inventaire général du patrimoine culturel, dont celles-ci :  Ferme-Manoir de Durécu (XVIIe) La ferme de Durécu se compose de quatre bâtiments principaux : l’ancienne grange, le pressoir, un bâtiment d’étables et le logis. Un terrain semble correspondre à l’ancien jardin potager et, derrière la grange, le coursier (emplacement de la roue) d’un moulin disparu. La grange, bien qu’accolée sur l’arrière d’un appentis, a conservé ses élévations du premier tiers du XVIIe siècle. Le pressoir à cidre, récemment transformé en gîte, con- serve également certaines de ses dispositions originales, en particulier le petit corps en saillie sur l’arrière du bâti- ment, qui servait à loger la longue étreinte du « pon- ceux ». Le logis est un édifice de petites dimensions, comptant un seul étage sous un niveau de combles et abritant deux pièces par niveaux. En rez-de-chaussée, l’accès à la salle et au cellier se faisait initialement par deux portes distinctes. Tandis que la porte donnant sur la salle se signale par son linteau droit à larmier orné d’un blason buché, la porte du cellier est abritée sous un arc en plein cintre. Toutes les baies du rez-de chaussée, côté façade, sont maçonnées en pierre de taille calcaire et équipées d’arcs de décharge en brique rouge, induisant un effet de polychromie assez original. La division des fenêtres de l’étage par des traverses et meneaux de section carrée rattache également cette construction à l’extrême fin du XVIe siècle ou au premier tiers du XVIIe siècle. Au niveau des sablières, la façade s’agrémente des trous de boulins d’une ancienne volière à pigeon et l’on remarque aussi, auprès de deux des fenêtres de l’étage,

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / novembre 2019) A la découverte de BRICQUEBEC version (2) remplace la version précédente 25/35 d’énigmatiques plaquettes de pierre manifestement destinées à supporter ou exposer quelque chose. On relè- vera aussi que l’escalier en vis, au lieu de prendre place dans une tour hors-œuvre reportée en façade posté- rieure, venait s’inscrire dans un retrait échancré dans l’épaisseur même du mur. Désormais supprimé cet esca- lier a été récemment remplacé par un escalier droit et une fenêtre a été percée à son emplacement. En dépit de modifications intervenues sur certaines ouvertures (fenêtres agran- dies ou ouvertes) Durécu constitue encore un bel exemple de logis traditionnel cotentinais édifié dans les toutes premières décennies du XVIIe siècle. Portant titre de « sieurie », il est caractéristique d’un habitat de statut moyen, occupant une sorte d’échelon intermédiaire entre la demeure noble et la simple maison paysanne. Par le rang de ses bâtisseurs (bourgeois détenteurs d’offices), Duré- cu apparait représentatif de toute une série d’édifices, bâtis à la Renaissance par les représentants de ces nouvelles classes sociales alors en pleine expan- sion. Jean Estricard, membre d’une famille de bourgeois implantés à Bricquebec depuis au moins le XVIe siècle, portait en 1621 le titre de « sieur de Durécu », du nom de la propriété qu’il avait lui même constitué dans la mouvance de la baronnie de Bricquebec et de la seigneurie des Perques. En 1635, il détenait l’office de « greffier ordinaire de la maitrise » de Bricquebec. De 1639 à 1663, cette terre était tenue par son héritier et homonyme, maître Jean Estricard, sieur de Durécu, avocat, contrôleur au domaine de Bricquebec, lieutenant particulier du bailli de la haute justice. Durécu resta dans cette famille jusqu’à François Guillaume Lefol, écuyer, sieur de la Lande, capitaine de vaisseau de la compagnie des Indes, qui reçu la propriété en héritage. C’est ce dernier qui, en 1772, vendit la propriété à Georges Ambroise Lepoittevin, meunier du moulin de Gon- neville (moulin du manoir de Gonneville à Saint-Jacques-de- Néhou). Décédé en 1780, Ambroise Lepoittevin laissa un fils, Paul Lepoittevin, et une veuve, Jeanne Desperques, qui se remaria alors avec François De- quesnes et mourut elle aussi sur sa propriété de Durécu, en 1810. Paul Poitevin meurt en 1850, laissant son domaine à sa veuve et à ses deux filles. L’une d’entre elles, Laure- Marie-Geneviève Lepoittevin, est la maman du célèbre écrivain Guy de Maupassant. Lors de la succession de 1850 sont mentionnés « la ferme et les moulins de Durécu » ainsi que les quarante parcelles constituant cette propriété. Les héritiers de Paul Lepoittevin revendirent en 1860 l’ensemble du domaine de Durécu-Gonneville, qui fut ensuite démembré en plusieurs lots. Durécu appartient aujourd’hui à M. et Mme Halley Desfontaines.  Le Bigard (XVe-XIXe) Dominant à flanc de coteaux les vallées de l’Aisy et de la Scye, à l’ouest du Bois du Long Bosq, le Bigard présente deux longs corps de bâtiments dont l’un se termine par une maison de maître. Reconstruit au cours du XIXe siècle, ses murailles conservent encore des éléments d’architecture qui trahissent son ancienne- té, telle cette fenêtre aux chanfreins moulurés ou encore ce linteau en accolade chargé d’un écu. En 1543, Françoise, veuve de Thomas Morel, remariée à Jehan Bernard d’une famille de la bourgeoisie de l’Etang, faisait procéder au partage des biens issus de son premier mari, héritages situés au Bigard, qui se composaient notamment de maisons à usage d’habitation. Au cours des deux siècles suivants, plusieurs propriétés sont assises au Bigard et nommées indifféremment le Bigard ou le Bigard Morel. L’une d’elles appartenait, à la fin du XVIIe siècle, par moitié à maître Louis Bonnis- sent, époux de damoiselle Marie de Saussey, la seconde moitié à damoi- selle Suzanne de Saussey, devenue en 1690 l’épouse de maître François Letellier. La terre du Bigard appartenait ensuite à maître Philippe Coller (ou Collet), avocat et maître des eaux et forêts de la baronnie de Bricquebec. Annette Coller (ou Collet), seule héritière, transmettait par son mariage avec Fran- çois Pinel, sieur de la Roque, constructeur du manoir du Danois où il réside- ra, les terres de Bigard et autres biens à cette famille qui en sera proprié- taire jusqu’à sa vente en 1744, au profit de maître Jacques Surcouf, bourgeois de Cherbourg. A sa mort, la terre de Bigard revenait à sa sœur Anne Surcouf. Devenue veuve en 1723 de Guillaume Cartel (1675-1723), elle faisait procéder à l’inventaire des biens de son défunt mari, et à son décès, son fils Antoine Cartel (1712-1763) est devenu propriétaire du Bigard. En 1772, son fils Adrien-Charles Cartel, écuyer, garde-du-corps de monseigneur le comte d’Artois et résidant à Paris, vendait la terre et ferme de Bigard à maître Louis Agnés, sieur de la Roque. Décédé en 1817, il avait pour héritiers Louis Le laidier, cultivateur à Saint-Martin-le-Hébert, Bernard et Charles Desquesnes, cultivateurs à Bricquebec.

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 Les Petits-Prés (fin XVe) Au sud de l’ermitage Sainte-Anne, dans cet endroit que l’on nommait sous l’Ancien régime « le triage des Noiremares », en contrebas de la route qui mène du Val Hue à Magneville, appelée « la chasse Thoville », se trouve un petit manoir, qui arbore une jolie tour, appelé les petits preys. Le premier document relatant l’existence de cette propriété date de 1508 et appartenant à la famille Le Verrier, ne résidant pas forcément dans leur terre de Bricquebec. En 1724, la terre des petits preys était vendue par François Le Verrier à messire Jean-Pierre Loir, chevalier, seigneur du Lude, baron de Néhou, habitant Saint-Sauveur-le- Vicomte. Héritier de son frère Jean-Pierre, Daniel-Raoul Loir revendait, en 1759, la terre des petits preys (composée d’une maison et dépendances avec 123 vergées de terre en prairies et labours) aux frères Jean et Joseph Deschateaux, famille implantée à Bricquebec dès le XVIIe siècle. Jean Deschateaux, fils de Joseph, qui, à 65 ans épousait Anne Davenel, était encore propriétaire de la terre des preys (prés)

 Ferme du Long Bosq (XIXe)  Ferme de la Corbière (XVIe) A compter de 1870, le mou- Les parties agricoles de ce vement de modernisation logis ont été construites touche aussi les exploita- dans la seconde moitié du tions de la communes et l’on XVIe siècle. Les étables assiste à la création de ont été transformées dans fermes modèles, du type de le 3ème quart du XVIIe celle-ci. Cette propriété se siècle, avec date portée de situe sur le chemin communal du Long-Bosq après la 1662 et signature du nommé Guillaume Postel cor- traversée du lieu-dit La Vente aux Saulniers. respondant à ces remaniements. Le logis a été par- e tiellement transformé dans la première moitié du  « Ferme » de la Source (XIX ) XIXe siècle. Il se situe sur le CD.902, en bordure du Bois de la Corbière.

Cette maison a été édifiée après 1870 par une famille alsacienne exilée en Normandie Elle se situe sur le CD.90, route de Carteret, à la sortie de la ville.

 Ferme dite La Pouchinerie (XVIe)  Ferme de la Rouvillerie (début XVIe) Cette ancienne ferme est divi- er Vestiges d'un 1 sée aujourd'hui en plusieurs logis datable de la habitations séparées. Les par- première moitié du ties anciennes du logis ont été e D419 XVI siècle. édifiées dans le 1er quart et la Le Village seconde moitié du XVIe siècle. e Dans la seconde moitié du XVI siècle, les Le corps de logis principal et les remises attenantes ont été parties agricoles ont été ajoutées. L'ancien augmentés et remaniés dans la seconde moitié du XVIIIe logis est remplacé par une nouvelle habitation siècle. e dans la première moitié du XIX siècle. On Ensemble de bâtiments regroupés autour d'une cour centrale remploie alors certains éléments de l'ancien fermée côté rue par un portail monumental à porte charretière logis dans la construction du nouvel escalier. et porte piétonne. L'accès depuis la rue est protégé par un Une sirène sculptée en ronde-bosse est trou de fusil. réemployée à l'intérieur de la cage d'escalier Malgré les modifications du XVIIIe siècle, cette ferme conserve du logis. des éléments du XVIe siècle et en particulier une porte à lin- Cette propriété se situe sur le CD.66. teau décoré d'un arc en accolade et une fenêtre à meneau.

Depuis 1999, la commune, avec son patrimoine remarquable, partage avec Saint-Sauveur-le- Vicomte et Valognes, le label Pays d’Art et d’Histoire Quelques exemples de bâtiments à architecture ancienne:

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 Ancien Hôtel (XVIIIe) Cet ancien hôtel particulier, 20 rue de la République, a été édifié dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, probablement après la sup- pression ou par transformation d'un édifice plus ancien. Il constitue le plus remarquable exemple des grandes demeures de la fin de ce siècle.

L’Hôtel en 2013

 Villa des Roses ( )  Ancienne Poste (XIXe) L’ancien bureau de poste édifié dans la seconde moitié du XIXe siècle par modification d'un bâtiment plus ancien, a été trans- formé en immeuble à logements dans la se- conde moitié du XXe siècle. Sur la façade, on

remarque une superbe partie romane qui provient de l’ancienne église.

 Forêt de Bricquebec Primitivement, la forêt de Bricquebec s’étendait sur une superficie considérable. D’un périmètre de plus de six lieues de tour, elle englobait les communes des Perques, de Quettetot, du Vrétot, de Sénoville, de Pierreville, de Surtainville. Elle était une des plus étendues et des plus importantes de Normandie. On évaluait sa contenance à plus de 10 000 vergées, soit 2 000 hectares. Elle se trouvait plus au sud de celle de Brix, d’une superficie plus grande (7 000 hectares. Les Seigneurs de Bricquebec en étaient propriétaires. Désirant se procurer des vassaux qui vinssent se grouper autour d’eux, des cen- sitaires (personne payant un droit seigneurial) pour peupler le chef-lieu de leur résidence, leur prêter aide et secours contre les ennemis intérieurs, comme les seigneurs voisins, et contre l’étranger, il concédèrent à un certain nombre d’habitants, des parcelles de terrain à titre de cens (utilité pécuniaire uniquement). Bois du Longbosc Les seigneurs pour rendre à ceux qu’ils appelaient ainsi facile et agréable l’habitation, leur permirent de prendre dans la forêt tous les bois de charpente qui seraient nécessaires pour la construction et l’entretien de leurs de- meures, et d’autres bois, en quantité déterminée pour leur chauffage particulier. Les droits accordés par le Seigneur rendaient le bénéficiaire usufruitier mais non propriétaire. Mais, l’usage sans autre contrôle que celui d’être enregistré dans la coutume, l’empiétement progressif, le laisser faire ou la tolérance excessive des employés des seigneurs, eurent pour résultat de tendre à changer la nature des con- cessions, et à en faire des titres de propriété. De 1300 à 1627, la forêt était exploitée en commun par le seigneur (propriétaire) et les habitants (usagers) des quinze communes voisines, dont les droits étaient plus ou moins étendus selon les concessions. En 1627, une convention définissait le principe des réglementations, le quart de la forêt fut attribué en propriété absolue au seigneur, et les trois autres abandonnés aux usagers qui devaient en jouir suivant leurs droits res- pectifs. Jusqu’à la Révolution, les choses allèrent ainsi tant bien que mal. La Révolution survint et les droits des sei- gneurs étaient tout simplement supprimés, et confisqua leurs biens comme appartenant à des émigrés. Quant à la forêt elle-même, un décret fut rendu le 16 mars 1805, qui déclara les ayants-droit à la forêt de Bric- quebec, propriétaires libres et incommunicables de cette forêt. Cette nouvelle législation changeait la nature des droits qui avaient existé jusqu’alors les usagers primitifs qui n’avaient jamais été considérés comme pro- priétaires, le devenaient ou plutôt étaient constitués ensemble copropriétaires, et substitués au seigneur qui l’avait été jusqu’à ce moment. La tempête passée, Madame de Montmorency, héritière des Matignon, rentra en possession d’une partie de ses domaines, de ceux là qui n’avaient pas été aliénés. Elle tenta en vain de récupérer ses droits et privilèges qu’elle tenait de ses ancêtres et qu’elle avait sur la forêt avant le décret révolutionnaire. Quant au partage entre les ayants-droit, il suscita une forte animosité. Il existait trois catégories d’usagers : les cordiers (jouissaient de droits de bois plus étendus que les autres…), les amazurés (recevaient bois à la cons- truction et bois de chauffage) et les menus usagers (seulement droit de passage, de pacage, de broutage, droit de menu chauffage du bois mort…).

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Une réglementation survint et fut imposée en 1839. Par ailleurs, pour donner un semblant de satisfaction aux revendications des « dépossédés », on réserva une petite partie de la forêt, qui leur fut attribuée comme dé- dommagement... Ainsi, l’animosité diminua peu à peu. La délimitation de la propriété a eu comme conséquence inévitable et immédiate, le défrichement partiel de la forêt qui a été mise en culture. Aujourd'hui, la Manche est le département français au plus faible taux de boisement : 4,4 % du territoire en 1996, soit 26 000 hectares. Il possède cependant une multitude de petits bois. En revanche, les 56 000 km de haies représentent un volume supérieur aux forêts. Parmi les Monuments citons : la statue du Maréchal Le Marois, celui des frères Frémines, la pyramide de mé- moire, le monument aux morts, le mémorial B17 et celui de l’accident de train du 4 aout 1914.  Statue du Maréchal Le Marois (1837) Soucieux de perpétuer l’éclat des conquêtes napoléoniennes, le roi Louis-Philippe, par ordonnance du 19 juin 1837, autorisa « la construction d’une fontaine monumentale surmontée de la statue du général en vue de la maison où était né Le Marois ». c’est finalement une statue colossale en bronze du comte Le Marois qui fut inaugurée le 22 octobre 1837. Signée sur la plinthe « Picchi, sculpteur, Dumouli, fondeur » et réalisée d’après un buste exécuté en 1808 par Louis Dupaty (1771-1825), elle repose sur un haut piédestal en granit de Réville exécuté par Aillet, architecte à Bricquebec. L’inauguration fut l’occasion de festivités qui se sont poursuivies toute la journée, et achevées par un grand banquet de 850 personnes … symbole de l’attachement d’une commune toute entière à l’une de ses plus glorieuses figures.

 Monument des frères Frémine Dès 1911 l'idée d'un monument en l'honneur des Frémine est évoquée avant d'être rejetée par le conseil municipal. Après la Première Guerre Mondiale le projet est réactualisé, sous l'impul- sion du maire Marcel Grillard : aux Frémine on propose d'associer le sculpteur Armand Le Véel autre célèbre enfant de Bricquebec. Le 9 aout 1928 le conseil municipal approuve ce projet et verse une subvention de 1000 francs. Approché, le sculpteur manchois Marcel Jacques n'est pas retenu, son devis étant jugé trop élevé. C'est finalement le sculpteur Robert Delandre qui réa- lise, pour la somme de 30 000 francs, l'œuvre inaugurée le 13 octobre 1929. L'œuvre, en ciment, est ornée, sur la face principale, d'un relief en bronze réunissant les deux frères, tandis qu'au revers figurent deux autres reliefs en bronze : un portrait d'Armand Le Véel (médaillon) et la représenta- tion d'une de ses œuvres les plus célèbres, la statue équestre de Napoléon 1er installée à Cherbourg. Au sommet du monument des attributs, en ciment, viennent compléter le portrait des artistes. Une lyre, des pommes et des feuilles de papier rappellent le talent des Frémine pour chanter les beautés de la Normandie, tandis que le ciseau, le compas et le marteau symbolisent la taille de pierre  La Pyramide de mémoire La Pyramide de mémoire, création de Pascal Morabito, est installée dans l'enceinte du château, pour célébrer l'an 2000. « Pyramide » parce qu’elle est la référence du passage d’une civilisation à une autre, d’un millénaire à un autre. « de mémoire » parce qu’elle contient en son sein la mémoire, représentée par 2 000 objets du sou- venir (douilles, briquets, casques, éclats d'obus...). Ces objets sont des dons des Bricquebétais. Tous ces souvenirs ont été coulés dans la pyramide, qui est composée de sable des plages du débarquement de la Seconde Guerre mondiale. L'érosion laissera réap- paraître sa mémoire au fil des lustres pour les générations futures…s’ils se décro- chent, prière de les déposer en mairie.

 Monuments aux morts Ce monument aux Morts, édifié en 1925, est une œuvre très originale de Charles Desvergnes, fondue en bronze par Antoine Durenne. Elle montre la douleur de la guerre ; une femme casquée symbolisant la France, qui embrasse un poilu mou- rant. Après des difficultés administratives et financières, ce groupe est inauguré le 19 novembre 1925. Il commémore les Bricquebétais morts durant la Première

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Guerre mondiale puis lors de la Seconde Guerre mondiale ainsi que ceux de la guerre d'Indochine et de celle d’Algérie. Il y a eu 440 morts dans le canton...  Mémorial B17 Ce monument commémore le sacrifice consenti par les équipages de bombardiers en présentant deux B-17 abattus par la DCA (ou Flak) Allemande en 1944. Ils sont tombés l'un sur Rocheville, l'autre sur Bric- quebec. Le 27 avril 1944, trois cent sept B-17 survolent le Cotentin et le Pas-de- Calais pour y larguer 1 261 tonnes de bombes. Parmi eux, les seize équipages du 384e Bomber Group sont chargés de bombarder un site en construction de lancement de V2 à Sottevast. A 10 heures 51, ils larguent 63 tonnes de bombes sur l'instal- lation allemande et sur le quartier de la gare. Mais au même moment, les canons de la DCA visent la formation des bombardiers depuis les hauteurs de Saint-Joseph à Breuville. L'aile gauche du B-17 n° 42-97136, admis au service le 12 mars sans camouflage, est atteinte par un obus de 88 mm. Le cockpit s'enflamme, immédiatement suivi du fuselage. Avant que son équi- page puisse s'éjecter, l'avion part en vrille et explose en vol au-dessus du bourg de Rocheville, dispersant ses débris sur plus de 3 kilomètres. Les corps des dix aviateurs sont retrouvés près de l'église. Ils sont inhumés au cimetière de Cherbourg le 29 avril 1944, puis quatre d'entre eux sont ensuite transférés au cimetière américain de Saint-Laurent-sur-Mer. Le 8 mai 1944, le 384e Bomber Group est chargé de détruire un chantier à Sottevast. Partis de la base de Grafton Underwood entre 16 h et 16 h 14, dix-huit B-17 Flying Fortress issus des quatre escadrons du groupe, se joignent en formation à 9 000 pieds (2 740 mètres). Ils survolent la côte anglaise à Portland Bill à 18 h 03, à 21 000 pieds (6 400 mètres), puis passent au large des îles Anglo-Normandes. En atteignant la côte bretonne, les bombardiers font demi-tour et abordent le ciel du nord Cotentin à Gouville-sur-Mer, avec une visibilité totale. Alors que la formation prend position pour le largage à 26 000pieds (7 920 mètres), la DCA allemande actionne avec intensité ses canons de 88 mm. À 19 h 01, une minute avant qu'il ne lâche ses bombes, le B-17 n° 42- 31495 « Wabbit Twacks » du 544th Bomber Squadron est touché à l'arrière. À son bord, il y a les dix hommes d'équipage (les noms sont gravés dans la plaque), plus le major Russell San- ders qui a également pris place à bord comme observateur. Le pilote, le navigateur et le mitrailleur de la tourelle dorsale effectuent leur dernière mission. Quant au mitrailleur de la tourelle ventrale, il dépasse son nombre de missions. L'avion tombe en flammes et s'écrase entre les maisons du Foyer à Bricquebec. Seul le copilote (Clifford L. Johnson) en réchappe. Capturé, il reviendra aux États-Unis après sa libération. Tandis que les dix autres dé- pouilles, brûlées dans la carlingue, ont été enterrées le 12 mai 1944, au cimetière de Cherbourg. Cinq d'entre elles sont par la suite transférées au le cimetière américain de Saint-Laurent-sur-Mer (Calvados).  Monument aux soldats morts lors de l’accident de train du 4 aout 1914 Dans la nuit du 3 au 4 août 1914, à 0h39, près du passage à niveau du Pont d’Aisy, un train comprenant 24 wagons, transport de troupes venu de Bretagne est entré en collision frontale avec un train de marchandises parti de la gare de Bricquebec. 9 morts et 71 blessés, dont 3 vont mourir les jours suivants à l’hospice de la commune, et cinq autres à l’hôpital des armées de Cherbourg … En temps normal, ce train ne roule pas à cette heure. Le conducteur et le mécani- cien n’ont jamais circulé sur cette ligne qu’ils ne connaissent pas. De plus, leur visibilité est fortement réduite en raison d’un violent orage, de la nuit et de la courbe de la voie à cet endroit. Enfin, ils apprécient mal les distances qui les sé- parent de la gare de Bricquebec. Le con- ducteur décide de faire ralentir son train. Il se penche en dehors de sa machine et aperçoit soudain à environ 60 m un train venant de Bricquebec et qui se dirige vers eux. Immédiatement, il fait renverser la vapeur, mais il est trop tard. Il ne peut éviter la collision avec un train de matériel vide de 26 wagons provenant de Cherbourg. Normalement, du fait de la voie unique, les trains auraient dû se croiser devant la gare de Bricquebec mais le

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3433 a du retard, ayant dû charger des réservistes dans plus de gares que prévu, et les employés de Bricque- bec croient comprendre qu'il a été annulé. Trois mois plus tard, le Conseil de guerre siégeant à Rennes (Ille-et-Vilaine) condamne le chef de gare de Bric- quebec et le facteur enregistrant à respectivement 1 000 F et 500 F d'amende pour avoir, par négligence, im- prudence ou inobservation du règlement, causé involontairement la mort de plusieurs personnes. La commune de Bricquebec a réalisé, depuis longtemps, une stèle au cimetière à la mémoire des neuf premiers morts. A l’initiative des Amis du donjon, il fut décidé de réaliser un monument, financé par la municipalité, sur le lieu de l'acci- dent, qui est maintenant la voie verte, avec des photos, les noms des 17 morts et quelques détails. L'inauguration eu lieu le 11 novembre 2014 en présence de familles de soldats bretons décédés lors de la collision. Deux musées se situent à l’intérieur du château, l’un dans la tour Horloge et l’autre dans le Chartrier.  Le musée de l’Horloge est installé dans les premier et second étages de la tour, belles pièces qui étaient destinées à la garnison avec leurs fenêtres à meneaux repercées au XVe siècle. Dans cet intérieur normand, on découvre, poteries, costumes, vestiges de l’ancienne église romane, parche- mins, sceaux, fossiles, minéraux, plan cadastral de 1782, etc.  Quant au Chartrier, il accueille des expositions de peinture, de sculpture… Près d’une vingtaine d’artistes investissent les lieux et ils se succèdent tout au long de l’année. Des expositions sont également présentées par les élèves des écoles primaires. De tout temps, Bricquebec est un centre actif et relativement important de commerce, avec sa traditionnelle foire Sainte-Anne, et son marché. Au XIXe siècle, Bricquebec était réputé pour sa fabrique de dentelles et ses clouteries.  Fête & foire Sainte-Anne La Sainte-Anne était une foire d’été dont l’origine remonte loin dans le passé, au XIVe siècle. De tout temps, elle fut suivie. Sur le champ de foire étaient traditionnellement présentés des bovins, des ovins, des chevaux des porcins. Tout comme encore aujourd’hui à la foire de Les- say et Brix, on y trouvait les habituels « tentiers », rôtisseurs qui avaient installé leur commerce de bouche à proximité des consommateurs. Il y avait les marchands de cidre dont les tonneaux étaient allongés sur des charrettes sans ridelles, qui vendaient à la « moque » ou au litre et Le champ de foire qu’on rendait visite tout en mangeant. Il y avait les boulangers, les quincaillers, les marchands de vannerie ou d’objets de toutes sortes, et aussi des marchands de crustacés qui proposaient des homards, des « clos-pouengs », des araignées, etc. C’était une très grande foire aux chevaux. On y vendait particulièrement les petits chevaux et des poneys de la Hague. Au XIXe siècle, il n’était pas rare d’y voir de quatre mille à six mille chevaux … en 1939, environ deux mille chevaux étaient encore présents sur le champ de foire. A côté étaient installés les forains, les saltimbanques avec leurs attrac- tions. On y présentait des animaux savants ou féroces ou curieux, des personnages étranges ou des infirmes comme la femme colosse ou le nain Hu-Lulu. Il y avait les stands des lutteurs, de tir et les loteries aux lots mirobolants… Son défilé, qui a lieu le dimanche, attire chaque année, encore de nos jours, une foule importante. Il réunissait, des chars, des groupes folklo- riques, fanfares, etc. ; elle a pris des aspects divers au cours de Les rôtisseurs l'histoire. Jusqu'en 1913, la foire était une assemblée,dite conséquente, où on voyait des défilés de Normands, comparables aux spectacles de groupes folkloriques. Après 1913, elle devient une reconstitution histo- rique et une cavalcade remarquable avec de nombreux chars. Après la Seconde Guerre, elle devient un spectacle avec, en particulier, la Garde Républicaine de Paris qui présente gymnastes et fanfare, puis avec d'autres formations militaires réputées et internationales, etc. On venait de toute la région et la foule était considérable. Aujourd’hui encore, la fête foraine, cœur de cette foire Sainte-Anne, rassemble des milliers de personnes. La foire s’étant transformée en grand marché qui dure toute la journée du lundi.

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La Sainte-Anne a été, pendant en temps, connue comme la plus grande fête foraine de la Manche, avant que la foire de Lessay ne la détrône dans les années 70.  Les marchés Avant la Révolution le commerce se faisait à peu près exclusive- ment par les foires et marchés. Il est vraisemblable que pour les marchés, la zone de leur influence était plus étendue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Dans un aveu de 1787, le Maréchal de Matignon demandait d’échanger le marché, à l’époque le samedi, au jour de lundi, car celui de Montebourg ayant lieu également le samedi provoquait une « diminution de fréquentations de marchands, et de com- merce… ». C’est la cause de l’établissement du marché de Bric- quebec du lundi ! Il y eut, outre les marchés ordinaires, six forts marchés, aussi considérables que les foires ; ils se tenaient les lundis pendant le Carême. Ils sont devenus ensuite des foires proprement dites, connues sous le nom de Pre- mier Lundi de Carême, Mi-carême, Rameaux ; on y a ajouté un marché franc de bestiaux, le deuxième lundi de chaque mois. Le marché de Bricquebec est l'un des plus importants marchés du département. En période estivale, il s’étend de l'immense place Sainte-Anne, rue Armand Levéel, place Marois jusqu’à la rue de la République. Déballeurs en tout genre, fruits et légumes, etc. en font un rendez-vous très apprécié des locaux, des enfants et des tou- ristes l’été. Le marché aux bestiaux se tenait sur la place Sainte-Anne (Bovins, moutons, cochons) et aussi, encore dans les années 1960, sur la petite place de la mairie (veaux). Le marché aux bestiaux, ce qui en restait sur la place Ste-Anne, a été supprimé en décembre 2012, les normes sanitaires imposées devenant beaucoup trop coû- teuses. Cependant, un collectif du marché aux ovins s'est créé l’été 2015 et l'autorisation provisoire pour six mois a été acceptée, redonnant ainsi un peu plus de dynamisme au marché…  Fabrique de dentelles (XIXe) En 1833, il existait à Bricquebec une fabrique de dentelles, d’un ren- dement assez rémunérateur. M. le Maréchal de Matignon l’avait fon- dée en 1763 pour en faire un atelier où les jeunes filles de Bricque- bec trouveraient du travail, grâce à la capacité de la maîtresse qui était chargée de leur instruction. A cette industrie qui a disparu fata- lement avec la concurrence des machines faisant le même travail et à meilleur compte, se joignait celles des grosses toiles, des draps, et des droguets, qui se vendaient dans les foires et marchés, et qui avaient été confectionnés dans le bourg. La dentelle est née à Venise au XVIe siècle. Les importations des points vénitiens se monnayent en or. Colbert, fronçant du sourcil, crée une manufacture royale. L’implantation d’ateliers est subventionnée, comme par exemple, ceux d’Alençon, Argentan, Caen, Bayeux, Courseulles, etc., dont certains inventeront leur propre point. La manufacture de dentelles de Cherbourg, une annexe de l’hôpital montée par actions, faisait vivre 300 ou- vrières au-dedans et au-dehors.  Les cloutiers de Bricquebec En 1848, L’industrie du département reste discrète mais les fabriques demeurent encore nombreuses. Une foule de petites industries emploient hommes, femmes et enfants : fabrique d’hameçons à Granville et Agon, de chapeau de paille à Gouville et au Mont-Saint-Michel, de boutons en nacre à St-Hilaire-du-Harcouët, huileries de Périers, de Lolif, de Martinvast, maisons de cheveux de Sourdeval, clouteries de Bricquebec et de Brouains, corderies de Granville et Donville, fabriques de soufflet du Mortainais, fabrique de noir animal et de colle de La Haye-du-Puits, usines chi- miques de Granville et de Cherbourg qui traitent le varech… Bricquebec fut longtemps célèbre par sa clouterie. On comptait au XVIIIe siècle au moins une trentaine de cloutiers. Les cloutiers de Bricquebec auraient livré au Comte Rémond, qui commandait la place de Cherbourg lors du raid anglais en août 1758, des clous pour enclouer deux canons à Nacqueville. Au Moyen Âge, les clous étaient fabriqués à la main par les cloutiers qui étiraient des tiges de fer dans diffé- rents orifices de diamètre décroissant. À l'époque, les clous étaient des objets onéreux, c'est pourquoi les char- pentiers notamment leur préféraient les chevilles. A Bricquebec coule un ruisseau que les Vikings nommèrent le Brekkubekk (le « ruisseau de la pente »). Ce nom est bien approprié : la pente du plateau (brekka) domine le ruisseau (bekk), qu'on nomme maintenant l'Ai- sy, un affluent de la Scye, lui-même affluent de la Douve…

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 Les cours d’eau, Ponts, Moulins à eau o La Douve, fleuve côtier, prend sa source à Tollevast. L’Ouve est considéré comme son ancien nom (Unva dans les anciens textes) : « rivière d'Ouve » semble avoir glissé en « rivière Douve » par agglutina- tion, puis « rivière de la Douve ». Depuis Tollevast, elle serpente les collines du Cotentin par Sottevast, L’Etang-Bertrand et Magneville (limite administrative avec Bricquebec), pour border ensuite Néhou, traverser et border Saint-Sauveur-le- Vicomte Le Pont Rault (limite administrative avec Rauville-la-Place, Sainte-Colombe). Une fois dans le pays de Bauptois, elle en parcourt le marais jusqu’à la mer en se dirigeant vers l’est et en af- fleurant les murs de Carentan La longueur de son cours d'eau est de 78,6 km. C'est un fleuve navigable, notamment par les gabarres à fond plat. La Douve sort de son lit chaque hiver lorsque les inondations du marais font d'elle une petite mer inté- rieure éphémère, comme Jules Barbey d’Aurilly l'a si bien écrit. o La Scye prend sa source à la limite de Saint- Germain-le- Gaillard et Pierreville. Elle a six affluents dont cinq tra- versant Bricquebec : ruisseau de Vénourie, rivière L’Aizy, ruisseau du Renon, ruisseau de la Fontaine aux Fées, ruisseau du Moulin Chuquet. Tous actionnaient de nombreux moulins, dont celui du manoir de Gonne- ville, où est né le grand-père de Guy de Maupassant.. La Scye en contrebas des Petits Près Elle se jette dans la Douve, sur la rive droite, près de Négreville. o L’Aizy prend sa source au niveau de la Trappe. Cette rivière, formée par les ruisseaux du Vaulot et du Pont ès Cadet aux Ânes, est longue de 5,7 km. Elle traverse la commune avant de se jeter dans la Scye sur sa rive gauche, entre le Petit Bigard et Le Bigard (Est du L’Aizy au Pont Saint Rocq Bois du Long Bosq)

 Lavoirs & Fontaines & Sources Longtemps, la lessive s’est faite au bord de la rivière sur une pierre inclinée ou une simple planche et sans abri. A la fin du XVIIIe siècle, un besoin d’hygiène croissant se fait tenir à cause de la pollution et des épidémies. On construit alors des lavoirs, soit alimentés par un ruisseau, soit par une source (fontaine). Témoins des grands et petits moments de nos villages, les lavoirs évoquent le souve- Lavoir du Beau Fourré (rue des frères Frémines nir d’une époque révolue et rappellent le dur labeur de nos mères et grand-mères. Le lavoir est un lieu éminemment social dans chaque village. C’est l’endroit où les femmes se retrouvaient une fois par semaine et où elles échangeaient les der- nières nouvelles du village, voire de la région… Sur le site « Lavoirs de France », quatre lavoirs sont repertoriés dans la commune de Bricquebec, ceux de rue des frères Frémine (lavoir du Beau Fourré, de la rue du Puits, du hameau Loyer, et du hameau ès Mières.

Lavoir du hameau Foyer Lavoir de la rue du puits Lavoir du hameau ès Mieres

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Contrairement à d’autre communes du Cotentin, le petit patrimoine religieux est pratiquement insignifiant à Bricquebec, pas d’oratoires et aucune croix de chemin, ormis celle de la Trappe.  Croix de chemin & calvaires, oratoires…

Les croix de chemin se sont développées depuis le Moyen-âge et sont destinées à christianiser un lieu. De formes, de tailles et de matières variées (bois, granite, au- jourd'hui en fonte, fer forgé ou en ciment), elles agrémentent aussi bien les bourgs et les hameaux que les routes de campagne et symbolisent l’acte de foi de la commu- nauté. Elles se multiplient à partir de 1095, date à laquelle le droit d’asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide et de protection. Certaines croix de chemins servaient aussi aux processions, et notamment aux Roga- tions, pour que la récolte soit bonne, fête aujourd’hui disparu qui existait essentiel- lement en milieu rural. Croix blanche au bout de la rue Croix de cimetière (ruines ancienne Les croix servaient également de limite menant à la Trappe église) administrative, par exemple pour délimiter les zones habitables d’un bourg devant payer certaines taxes… Localisation

 Communes limitrophes & Plans

un endroit où Bricquebec, la il fait bon Cité du Donjon, vivre !

une ville d’Art et d’Histoire,

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Randonner à Bricquebec  Balades autour de Bricquebec (topoguide) L’ancienne Communauté de Communes Cœur du Cotentin regroupait les deux CDC, Bric- quebec et Valognes, regroupant ainsi 24 communes. Ce large territoire dispose d’un patri- moine naturel, d’une histoire et d’une architecture de qualité. Il compte plusieurs châteaux, manoirs, fermes-manoir, églises et bâtisses de caractères. Ainsi, au détour d’un chemin, d’un cours d’eau, au fond du vallon, sur une colline ou un mont, le bocage verdoyant nous invite au parcours pour découvrir ce patrimoine et nous raconter toute l’histoire d’un village et de ses hameaux… Plus d’une vingtaine de circuits de randonnée sont proposées autour de Bricquebec… Topoguide

 Ou tout autre circuit à la discrétion de nos guides

Sources Divers sites internet, notamment Wikimanche, Wikipédia, Généanet, DDay Overlord, 1944 la bataille de Normandie - la mémoire, notes de la société d’Archéologie et d’histoire de la Manche (le50enlignebis), Notes du Pays d’art et d’histoires du Clos du Cotentin (Julien Deshayes), Commune de Bricquebec, Office de Tourisme Intercommunal du Bocage Valognais, Patrimoine Normand, Le Petit Manchot, Châteaux de France, Château Saint-Blaise (maison d’hôtes), Les Amis de Flaubert et de Maupassant, « l’ancienne prison de Bricque- bec » d’Aurore Cerdan (notes), Inventaire général du patrimoine culturel (culture.gouv.fr), Ouest-France, Lavoirs de France, … Ouvrages : ‘’601 communes et lieux de vie de la Manche’’ de René Gautier (2014), « Bricquebec et ses environs » de l’abbé P. Lebreton, « Demeures de Bricquebec et de ses environs » de Jack Lepetit-Vattier, … Remerciements à :

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