MAURITANIE Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire Juin 2007

Dans toutes les zones rurales, bénéficiaires des Graphique 1. Zones d’économie alimentaire en Mauritanie. programmes d’assistance exécutés par le gouvernement, le PAM et les Donateurs, la dégradation de niveaux de la sécurité alimentaire s’est ralentie avec le réapprovisionnement des Stocks Alimentaires Villageois de Sécurité (SAVS) et les distributions gratuites réalisées par le gouvernement. Dans les zones où elles sont couplées aux Centres d’Alimentation Communautaires (CACs), la situation tend à se rapprocher de la normale pour la saison. Il existe, cependant, de nombreuses poches de haute et d’extrême insécurité alimentaire où, aux difficultés d’accès aux céréales sont venues, se greffer celles de la disponibilité et de l’accès à l’eau. Alors que les importations mauritaniennes de céréales traditionnelles maliennes continuent de ravitailler les centres urbains, les exportations maliennes aussi améliorent de plus en plus les disponibilités dans les marchés frontaliers, où les prix commencent à baisser. Dans un tel contexte, la hausse du prix des petits ruminants devrait faire évoluer les termes d’échange au profit des ménages agropastoraux et pastoraux. Source: FEWS NET La chute des pluies dans le sud et le sud‐est n’a pas encore entraîné les grandes vagues de retour au terroir d’antan et les campagnes sont encore dépeuplées. En plus, la pénurie de semences actuelle, causée par la mauvaise productivité de 2006/07 et par la faiblesse des importations frontalières, pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’évolution de la prochaine campagne agricole.

A l’exception des grands éleveurs, qui ont, pour la plupart, assez de ressources pour assurer leur propre sécurité alimentaire, tous les autres groupes socio‐économiques du pays ont réaménagé leurs systèmes d’accès alimentaires.

Situation agricole et phytosanitaire

La chute des pluies n’a pas encore donne lieu à des semis. La grande majorité de la main d’œuvre en exode n’a pas encore rejoint les zones de production. L’absence de la main d’œuvre est un problème plus grave que l’insuffisance des semences mentionnée ci‐dessus, car les ménages peuvent se débrouiller avec les céréales vendues aux marchés pour pailler aux insuffisances des semences, mais lorsque la main d’œuvre agricole n’est pas là, il y a forcement baisse des superficies exploitées.

La situation phytosanitaire est encore calme dans toutes les wilayas.

FEWS NET Mauritanie FEWS NET Washington Nouakchott 1717 H St NW Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine est une activité financée par l’USAID. Les idées et opinions que ce document exprime ne Tel: (222) 525 39 18 Washington DC 20006 sont pas forcement ceux d’USAID ni du Gouvernement des États Unis. [email protected] [email protected]

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Situation pastorale

Les transhumances se sont ralenties avec la chute des pluies, mais il est encore tôt de parler de mouvement de retour de bétail qui dépend totalement de l’évolution des pâturages. Le schéma pastoral, ne s’est pas encore modifié et les petits éleveurs des zones où les conditions pastorales se sont fortement dégradées (7, 4 et ouest de 5, Graphique 1), délestent leurs troupeaux en multipliant leurs ventes afin d’acheter de l’aliment de bétail pour sauver le reste du troupeau. Les prix de l’aliment de bétail (souvent importé du Mali et du Sénégal) continuent de grimper en raison de la forte demande et la faible offre des moulins de Mauritanie.

A l’exception des cas de cécité nocturne (liés à des avitaminoses) sur les bovins en transhumance, la santé animale est encore considérée comme bonne, dans toutes les zones pastorales.

Situation aux marchés

Malgré le bon approvisionnement des marches, les Tableau 1. Poches de haute et d’extrême insécurité prix des denrées alimentaires importées – à alimentaire. l’exception des importations maliennes – sont en hausse. En raison de l’augmentation des importations maliennes, l’offre en céréales traditionnelles • Au Hodh Ec Chargui (dans les communes de s’améliore dans les marchés frontaliers, entraînant , Ferreni et Mabrouk une baisse des prix de ces denrées traditionnelles de 15 pour cent par rapport à juin 2006 et 25 pour cent • Au Hodh El Gharbi (dans les communes de Leghlig et par rapport à la moyenne des cinq dernières années à Voulanya) la même période. • En Assaba (dans cellles de , Al Kabra et Comparativement au mois de mai, les éleveurs, ).. rassurés par l’existence de poches de pâturages et le • Au Gorgol (dans les communes de Melzem Teichett, de ravitaillement des SAVS, ont limité leurs ventes. Il s’en Azgueilem, de Bokhol, Moit, , , Soufi, est suivi une hausse des prix des petits ruminants Tokhomadji, Toufounde Civé, Neré Walo et Kaedi). (entre 14 pour cent dans les marchés de collecte et 57

pour cent dans les marchés urbains) dans l’est et au • Au Brakna (dans les communes de Djionaba, Ouad centre des zones agropastorale (5) et de culture Amour, Male, Djelewar, Fora, Bababé, Aéré M’Bar, pluviale (6). Ces prix améliorent le pouvoir d’achat des Debaye Hezaz, M’Bagne, Boghé et Dar el Avia) ménages agropastoraux, malgré la hausse constante du prix des denrées alimentaires. Aujourd’hui, la • Au Trarza (dans les communes de Tekane, Lexeiba, vente d’un mouton permet d’acheter 115 Kg de Keur Macene, N’Diago). sorgho dans les marchés frontaliers du Hodh Ec Chargui, contre 73 Kg en mai. • Dans Dakhlet c’est surtout dans les quartiers périphériques (généralement peuplées de gens Par contre, dans les zones de transhumance (4), tout venues des zones agricoles de l’intérieur) que nous comme dans la vallée du fleuve Sénégal (7) et dans le avons observés des ménages en situation d’insécurité nord (2), la baisse des prix de bétail, liée à la forte alimentaire (1 repas par jour). dégradation des pâturages et aux difficultés d’accès à l’eau, fait évoluer les termes d’échanges au détriment • Au Tagant : Toute la moughataa de . des éleveurs et agropasteurs. • En Adrar ou n’avons visité que la moughataa d’Aoujeft Tout laisse croire que la dégradation des termes (dans les communes de Medhah, Maeden et Aoujeft). Les services régionaux du Commissariat à la Protection d’échanges pourrait s’élargir aux marchés des centres Sociale citent les communes d’ dans la administratifs intérieurs, où les pouvoirs d’achat sont moughataa de Chinguitti et d’ plus élevés. On sait que d’habitude les éleveurs préfèrent vendre dans les centres administratifs, où il existe une classe de nantis formée de fonctionnaires Source : FEWS NET Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine 2

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et de commerçants. Par ailleurs, les céréaliers mauritaniens, qui avaient reconstitué leurs stocks à partir du Mali en prévision d’éventuels achats locaux du gouvernement et des donateurs, sont maintenant obligés de procéder à des déstockages partiels, faute d’acquéreurs.

Situation de la sécurité alimentaire

En raison de l’extension des SAVs, de leur réapprovisionnement et des distributions gratuites en cours, la Mauritanie ne vit pas de situation de crise alimentaire et nutritionnelle alarmante. Toutefois, il existe de nombreuses poches de haute voire extrême insécurité alimentaire (Tableau 1). Ce sont les difficultés d’accès à l’eau et l’impact des retombées de l’exode qui différencient les niveaux de l’insécurité alimentaire entre les communes d’une même zone d’économie alimentaire.

L’exploitation des données tirées des mesures anthropométriques réalisées dans les communes du Brakna, du Gorgol et du Guidimakha par le Programme Alimentaire Mondiale, l’UNICEF et le Ministre de la Sante en février et juin, ne montre que de légères hausses des taux de malnutrition aigues globales (2 à 3 pour cent, en moyenne), ce qui, en cette période de soudure, est habituelle. Cette croissance des taux de malnutrition aigue est due, en partie, à l’impact des stratégies des ménages. Les effets des programmes développés ont permis de ralentir la progression des niveaux de malnutrition, mais il serait illusoire de considérer qu’on peut contenir, durablement, cette progression pendant que les niveaux de pauvreté restent élevés.

Les ménages des zones identifiées à risque continuent de modifier leurs stratégies traditionnelles de vies (Graphique 2A et 2B), dont les plus courantes sont maintenant les emprunts et les retombées de l’exode. Avec l’approche de l’hivernage, les ménages ont de plus en plus tendance à réduire la vente des petits ruminants en attendant de voir comment se présente la saison des pluies avant de la continuer.

Graphique 2A. Modification des systèmes d’accès Graphique 2B. Modification des systèmes d’accès alimentaire dans la vallée du fleuve Sénégal. alimentaire dans les zones agropastorales.

Source : FEWS NET

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