Vuk Stefanović Karadžić Le Patrimoine Oral Serbe
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Vuk Stefanovi ć Karadži ć Le patrimoine oral serbe Vuk Stefanovi ć Karadži ć Le patrimoine oral serbe Direction de Prof. Boško Suvajdži ć Traduction de Brigitte Mladenovi ć Traduction revue par Prof. Jelena Novakovi ć Réalisation éditoriale de Mina Đuri ć Rédaction de Miodrag Maticki Direction artistique Milijana Simonovi ć Recension Prof. Nada Miloševi ć-Đor đevi ć Ce livre est publié par la Fondation Vuk Karadži ć, grâce au soutien du Ministère de la Culture et de l’Information de la République de Serbie et du Ministère de la Justice de la République de Serbie (Département chargé des cultes) Vuk Stefanovi ć Karadži ć Le patrimoine oral serbe Direction de Prof. Boško Suvajdži ć Fondation Vuk Karadži ć Editions Čigoja Belgrade 2017 Table des matières Boško Suvajdži ć, VUK KARADŽI Ć ET LES FRANÇAIS CHRONOLOGIE DE LAVIE ET DE L’OEUVRE DE VUK STEFANOVI Ć KARADŽI Ć CHRONOLOGIE DES RECUEILS DE CHANTS POPULAIRES DE VUK KARADŽI Ć Recueils de chants Edition de Leipzig Edition de Vienne PRINCIPES ESSENTIELS DE LA POETIQUE DE VUK KARADŽI Ć Principe d’oralité Principe du bon chanteur Principe de sélection des textes Principe esthétique Principe national Principe de classification VUK KARADŽI Ć « REND COMPTE » DE SES CHANTS Les chanteurs de Vuk Karadži ć Précisions sur les chanteurs Nombre de chanteurs Les meilleurs chanteurs La créativité des chanteurs L’histoire et la poésie La nécessité de recueillir des chants anciens LES CHANTEURS DE VUK KARADŽI Ć Tešan Podrugovi ć Le Vieux Milija Filip Višnji ć Les chanteuses L’Aveugle Jeca L’Aveugle Živana Classification sociale des chanteurs Les aveugles L’Aveugle de Grgurevci L’Aveugle Stepanija Les marchands Grujo Mehandži ć Les vieillards Le Vieux Raško Les haïdouks Le Haïdouk Stojan Préceptes de Vuk sur la prose populaire Les recueils de contes populaires de Vuk Karadži ć « Un modèle de langue populaire en prose » « Réfléchir et choisir ses mots » Terminologie Classification Prédécesseurs Lettre circulaire Vuk imprime son style aux contes populaires Fidélité de la transcription DICTIONNAIRE SERBE ALA BOŽI Ć – Noël DE ČANI – Le monastère de De čani DOBRA MOLITVA – La bonne prière DODOLE – Les faiseuses de pluie ĐUR ĐEVDAN – La Saint-Georges HAJDUK – haïdouk, rebelle, hors-la-loi KLIN-ČORBA – La soupe aux clous KOLEDA – Chants de Noël KRSNO IME – Fête du saint patron de la famille MARKO KRALJEVI Ć MORA – Cauchemar OBIL – Opulence RASKOVNIK – Herbe miraculeuse TAMA – Obscurité UTVA –Tadorne casarca VILA – Nymphe, fée VEŠTICA – Sorcière VUK – Loup VUKODLAK – Vampire, loup-garou ZADUŽBINA – Fondation pieuse, bonne action Chants populaires Poésie épique La fondation de Scadar Le mariage de Lazare La fondation de l’église de Rawanitza Marco et les Turcs Le combat de Marco et de Mussa La mort de Marco, fils de roi Stojan Jankowitsch La bataille de Mischar Ballades Triste ballade de la noble épouse d’Asan-Aga Jélitza et ses frères Poésie lyrique Une jeune fille servienne Conseil Maternel Le veuve et la vierge La wila obligeante Le chasseur L’indécision de la jeune fille Soucis du cœur Le jeune cerf et la wila La jeune fille amoureuse Belgrade en flammes Contes populaires Le cheveu merveilleux Ero et le Kadi Une mauvaise belle-mère Un métier avant tout Vuk et ses contemporains Auguste Dozon – Madame Dozon, Belgrade, 10 Juin 1856 Auguste Dozon – Massien de Cheval, Belgrade, 10 Juin 1856 L'œuvre de Vuk Karadži ć : la réception Claude Fauriel, La poésie populaire serbe à l’étranger avant 1830 Claude Fauriel, Poésies serbes. – Introduction Auguste Dozon, « Introduction », L'Epopée serbe, chants populaires héroiques André Vaillant, Marko Kraljevi ć et la Vila. Golub Dobrašinovi ć, L’œuvre de Vuk Karadži ć Nikola Banaševi ć, Comment Vuk Karadži ć est devenu homme de lettres Pavle Ivi ć, Vuk Karadži ć et la langue littéraire des Serbes Živorad Stojkovi ć, L’insurrection de Karadži ć Dragan Nedeljkovi ć, Vuk Karadži ć et le problème de l’héritage médiéval serbe Bernard Lory, Le Dictionnaire de Vuk Karadži ć (1852) en tant que source historique Michel Aubin, La Réception de Vuk Karadži ć en France au XIXe siécle Milivoj Pavlovi ć, L'évolutivité et la différenciation du style de Vuk Karadži ć Nikola Banaševi ć, Le cycle de Marko Kraljevi ć Miodrag Maticki, Les contes populaires recueillis par Vuk Nada Miloševi ć Đor đevi ć, Le Coffret de Vuk Karadži ć Boško Suvajdži ć VUK KARADŽI Ć ET LES FRANÇAIS A une époque pas si lointaine, dans les premières décennies du XIX e siècle, les esprits les plus brillants d'Europe, J. W. Goethe, les frères Grimm, Adam Mickiewicz, Claude Fauriel et d'autres, consacraient des débats et des écrits aux œuvres de la tradition populaire orale serbe, surtout à la poésie populaire épique et lyrique. A une époque pas si lointaine, Mickiewicz et Fauriel donnaient des séries de conférences sur les chants épiques populaires serbes au Collège de France et à la Sorbonne (Fauriel à la Sorbonne de 1831 à 1832, Mickiewicz au Collège de France de 1841 à 1842). Toute une série de phénomènes sociaux, politiques, culturels et historiques créaient un climat favorable à une réception fructueuse de la tradition orale du peuple serbe, à commencer par la Révolution française, puis les guerres napoléoniennes, l'intérêt préromantique pour la « poésie naturelle du peuple » et enfin la conception que Vuk avait de la littérature et de la culture nationales. 1 En ce qui concerne la réception de la poésie orale serbe en Europe, la longue et abondante tradition de traduction de la littérature populaire serbe commence par la Chanson sur la mort de l’illustre épouse d’Asan-Aga figurant dans le récit de voyage de l’abbé Alberto Fortis ( Viaggio in Dalmazia , Venise, 1774) . Ce long chant sur la noble épouse d’Asan-aga (Hasanaginica ) qui, comme on le sait, était censé illustrer les mœurs des Morlaques, fut publié en version originale et dans sa traduction italienne. Il connut un profond et vaste écho à l’époque préromantique. Il fut traduit pour la première fois en allemand en 1775 par Friedrich A.C. Werthes, d’après la traduction italienne du texte de Fortis. Célèbre est l’adaptation qu’en fit J. W. Goethe, probablement la même année, en se servant de la traduction allemande, mais en consultant aussi le texte original, surtout pour ce qui était de l’organisation rythmique des vers. Elle fut incluse dans le recueil Volkslieder de Herder en 1778 et 1779. A partir de là, cette subtile ballade fut traduite dans les autres langues. Le Voyage de Fortis connut bientôt une édition française (Voyage en Dalmatie , Berne, 1778). Et le chant Hasanaginica fut traduit de nombreuses fois : par Charles Nodier ( Smarra , 1821), 1 Ce qui, dans la littérature et la culture serbes, peut être appelé le romantisme serbe est le fruit de nombreux phénomènes politico-historiques et historico-culturels en Europe et dans les régions peuplées de Serbes à la charnière des XVIII e et XIX e siècles. La Révolution française avec ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité entre les hommes et les peuples, les guerres napoléoniennes, les mouvements de libération nationale, les idées de libéralisme et de démocratie, la première et la seconde insurrections serbes, la création de l’état serbe sur les bases d’une révolution populaire paysanne, l’intérêt préromantique pour la « poésie naturelle du peuple » (Herder), l’esprit d’historicisme et de tradition nationale, le droit de chaque peuple à son existence et son développement spirituels nationaux, la conception de la langue et de la littérature comme expression de « l’esprit d’une nation » - tout cela créait un climat favorable à l’émergence du romantisme européen, et serbe également. (Dragiša Živkovi ć, Evropski okviri srpske književnosti III , ( La littérature serbe dans le cadre européen III), Beograd : Prosveta, 1982, pages 190-191) Prosper Mérimée ( La Guzla , 1827), G. Fulgence (un fragment dans Cent chants populaires des diverses nations du monde , 1830), par un traducteur anonyme dans la revue Magasin pittoresque (1840), puis par Xavier Marmier (dans la Revue contemporaine en 1853 et séparément en 1854), par Claude Fauriel. Il fut traduit en anglais par Walter Scott vers 1798 d’après la traduction de Goethe, en hongrois par Kazinczy Ferenc en 1789. 2 La deuxième vague d’intérêt de l’Europe romantique pour la littérature populaire serbe commence à partir du moment où, en 1814 et 1815, Vuk Stefanovi ć Karadži ć se met à publier les chants populaires serbes de façon systématique. Il s’écoule une cinquantaine d’années depuis la publication du premier recueil de chants (1814) jusqu’à sa mort, et pendant tout ce temps, Vuk ne cesse de réfléchir à la collecte et la publication des chants populaires. Il écrira un jour que la collecte des chants est « sa tâche la plus importante et la plus chère ». 3 D’une manière bien particulière, Vuk a présenté le peuple serbe comme un peuple « littéraire », et l’a introduit dans la littérature européenne, tout en sauvegardant son identité et en insistant toujours sur les concepts « populaire » et « serbe »4. Ce phénomène a été favorisé par les conditions de l’époque : Vuk est apparu au moment où le romantisme connaissait en Europe son plein épanouissement, prenant racine sur les diverses strates des courants littéraires antérieurs, des mouvements culturels et des époques culturelles, qui avaient conduit le romantisme à la symbiose qu’il représentait, et avaient permis son adoption en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en France et en Russie, dans chaque pays d’une manière qui lui était propre. 5 Dans les cercles littéraires allemands, le travail de collecte et de publication des chants populaires serbes fait par Vuk fut particulièrement bien accueilli.