Les Mawri Zarmaphones
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/s/1 G- ER Mahamane KARIMOU M 3 LES MAWRI ZARMAPHONES ETUDES NIGERIENNES N°39 Mahamane KARIMOU LES MAWRI ZARMAPHONES ETUDES NIGERIENNES N° 39 ïliSii v:.v. :í«:''S'.-í;:i":-'r' ETUDES NIGERIENNES N° 39 LES MAWRI ZARMAPHONES par Mahamane KARIMOU Institut de Recherche en Sciences Humaines NIAMEY - 1977 Notables Mawri de l'Issa-me (Niamey) La transcription adoptée est celle qui a été établie à la suite de la réunion du groupe d'experts pour l'unification des alphabets des langues nationales, sous l'égide de l'UNESCO, à Bamako en 1966. Depuis cette date, les textes établis en langue nationale et publiés par les différents services nigériens (Université, Service Alphabétisation des Adultes, CRDTO) ou chercheurs étrangers (CNRS, ORSTOM, etc.) ont cherché à se confor¬ mer à cette règle. La transcription obéit aux principales conventions suivantes, valables pour le Haoussa comme pour le Zarma : u prononcé ou comme dans loup c prononcé tch comme l'anglais choice sh prononcé ch comme le français chat g prononcé toujours dur, comme gâteau, même devant les voyelles i et e (gida) w prononcé comme dans l'anglais water. Les voyelles longues sont marquées par le redoublement. Toutefois les noms de lieux et la plupart des noms de personnes vivantes ont conservé la transcription habituelle dérivée de l'orthographe française. 1 i r îi ! AVANT-PROPOS i t ( I i Nous tenons à remercier tous ceux qui de loin ou de près nous ont aidé dans le choix de notre sujet et qui ont facilité nos recherches. I Qu'on nous excuse de ne pouvoir faire tenir ici la liste de toutes les personnes à qui nous devons pour l'élaboration de ce travail. Néanmoins l'intitulé définitif du sujet nous amène à parler de certaines d'entre elles. » En 1968-69, J.-L. Triaud assurait, à l'Université d'Abidjan, les cours d'histoire d'Afrique, en classe de DUEL (2°). Il attira notre attention sur la nécessité de recueillir les traditions orales de nos différents groupes ethniques. Il fit organiser par Claude Perrot trois séminaires. Ces derniers avaient un objectif double : nous fournir les éléments indispensables à la collecte, mais aussi à l'interprétation des traditions orales. Dès les vacances 1969, nous avons pu grâce à ces séminaires, réaliser deux études : le rôle des griots dans la société sonraà'-zarma et les cultes religieux en pays zarma. En 1970 Mlle Claude Perrot, qui nous avait chargé de faire un exposé sur notre première étude, nous encouragea à continuer cet effort d'investigation. A la fin de la même année, le professeur Brunschwig nous orienta vers une collecte plus rationnelle de la documentation pouvant servir de base à la rédaction d'un mémoire de Maîtrise. Mais ce fut surtout notre entretien avec Dioulde Laya, Directeur du Centre Nigérien de Recherches en Sciences Humaines, qui nous guida définitivement vers l'étude des Mawri. Le sujet choisi et délimité : "La société mawri précoloniale", il fallut le meubler. L'aide matérielle du Centre Nigérien de la Recherche en Sciences Humaines (CNRSH) nous permit de parcourir toutes les zones d'occupation mawri. Nous avons pu ainsi collecter, avec le maximum d'aisance, les traditions orales et recenser les principaux lieux de culte. A aucun moment de cette phase préparatoire de notre travail, le soutien moral du Directeur du CNRSH, Dioulde Laya, ne nous a fait défaut. Toujours à ce niveau de notre étude, le concours de MM. Abdou Hassane et Insa Garba, respectivement Inspecteur primaire à Dosso et Régisseur du CNRSH, fut capital. A Paris, notre Directeur de recherche, le professeur Yves Person, nous conseilla de restreindre notre sujet. C'est de cette entrevue que sortit le titre définitif de notre mémoire de Maîtrise : "Les Mawri de Sokorbé. Introduction à l'étude des 2 Mawri zarmaphones". Au fur et à mesure que nous creusions notre sujet, que nous avancions dans l'analyse des traditions orales, l'idée nous vint de tenter, pour la rédaction d'une thèse de troisième cycle, de faire l'étude des trois communautés mawri du Zigi (Sokorbé), du Issa-mé et du Tondi Kandje. Il s'agissait pour nous de suivre ces différents éléments depuis leur départ de la patrie d'origine, l'Arewa, jusqu'à leurs nouvelles zones d'implantation, d'en comparer les structures sociales et politiques en rapport avec l'environnement et la conjoncture. Un tel travail, en plus de l'étude des réactions des populations autochtones face à l'arrivée des Mawri, nécessite la collecte et l'interprétation des différentes traditions orales, mais aussi leur confrontation avec celles des populations voisines. Cela explique les inégalités au niveau du développement de notre sujet, les traditions étant obligatoirement plus ou moins nombreuses d'une région à une autre et plus bavardes sur certains faits que sur d'autres. A mesure que nous avancions dans l'élaboration du travail, nous avons été frappé par la variation de l'importance des traditions orales en fonction des caractéristiques propres à chacune de ces communautés. Ainsi nous avons pu constater que ces traditions étaient plus abondantes et mieux conservées dans le Zigi et le Issa-mé où se sont développés des systèmes politiques centraux avec une hiérarchisation bien marquée de la société, alors que dans le Tondi Kandje où l'assimilation à la société zarma a été presqu'immédiate, nous notons une dé¬ perdition de l'intérêt accordé à la tradition. Notre intention en entreprenant ce travail n'était pas de faire une étude académique avec tout ce que cela comporte de rigueur, d'équilibre entre les différentes parties de notre sujet, ni d'effectuer une étude historique au sens classique du terme, mais plutôt, à partir des traditions que nous avons pu recueillir, donner notre interprétation des faits et réinjecter le fruit de nos réflexions dans le milieu d'où nous avons tiré la matière qui a servi à ce travail. De ce fait des aspects particulièrement importants de l'histoire des popu¬ lations que nous nous efforçons d'étudier apparaîtront à certains égards comme peu ou mal approfondis. Nous avons accepté ce risque dans le souci majeur de ne pas déformer les traditions et de les étudier en fonction de ce qu'elles représentent par rapport à ceux à qui elles sont destinées. Pour atteindre cet objectif, nous avons volontairement écarté de notre vocabulaire toutes expressions qui pourraient paraître ésotériques au commun des lecteurs. Notre intention étant de nous adresser aux populations concernées, nous avons opté pour un style simple, parfois banal, mais offrant l'avantage de nous faire mieux comprendre et donc de susciter des critiques et, nous l'espérons, d'amener nos compatriotes à compléter ce travail en apportant leurs connaissances, pour qu'ensemble nous entreprenions d'écrire les merveilleuses pages de notre histoire, en étroite collaboration avec les détenteurs de la connais¬ sance africaine, les anciens : ceux-là qui ont vu, entendu et senti le monde et qui disent par expérience : Hanga zeenu kaayi l'oreille est plus âgée que l'ancêtre. 3 INTRODUCTION LES MAWRI EN QUESTION Actuellement, Mawri est le terme employé par les Zarma pour désigner les populations caractérisées par deux cicatrices parallèles, allant de la commissure des lèvres à l'oreille, sur chaque joue. Mais ce groupe ethnique lui-même s'appelle Arawa, c'est-à-dire les gens de Ari. Cette désignation double, d'origine linguistique différente, pour nommer le même peuple, pose quelques problèmes que nous devons éclaircir. En effet, au départ, les Zarma donnaient le nom Mawri aux Arawa installés dans le Zarmatareï (1). Par extension, la dénomination finit par s'appliquer à l'en¬ semble des Arawa. Dans le but de bien établir la distinction et de situer dans son aire géographique et linguistique la fraction qui nous intéresse, nous avons choisi de l'appeler Mawri Zarmaphone bien que, au sens étymologique, cela soit une tautologie. Au cours de cette étude nous nous efforcerons de dégager les faits historiques marquants de la période allant de cette implantation au début de la pénétration française : formation et organisation des communautés mawri, difficultés dues aux guerres extérieures et aux querelles intestines, réaction mawri face aux diverses menaces, etc. Cette analyse sera précédée d'une rapide présentation géographique du pays dans lequel évoluent les Mawri. Mais auparavant examinons les matériaux qui ont permis la réalisation de cette étude. EXPOSE DES SOURCES LA TRADITION ORALE Nous savons que toute étude historique doit tenir compte de ce que pense le peuple étudié de son passé. Or la communauté que nous étudions n'a, pour parler (1) Zarmatareï : pays zarma. 4 de son histoire, que sa mémoire, ses lieux de cultes, ses tombeaux ancestraux et les vestiges de ses anciennes cités. Mais nous savons que la tradition orale ne peut constituer en soi une histoire, parce que basée sur la seule capacité de l'homme de recevoir et de conserver par sa mémoire des récits centenaires. Mais nous savons aussi que, lorsqu'elle est reçue avec prudence, puis soumise à une critique rigou¬ reuse et objective, et enfin manipulée avec soin, la tradition orale rend d'énormes services à l'historien d'Afrique. On comprend donc aisément la place que nous lui avons accordée. Comment avons-nous recueilli ces traditions orales ? Les techniques de collecte des traditions orales varient bien souvent avec les chercheurs. Nous avons utilisé quant à nous la méthode la plus commode pour un inexpérimenté, à savoir l'interrogation individuelle avec enregistrement sur bande magnétique. Ce procédé offre l'avantage de localiser avec plus de précision les points obscurs, mais il permet également de recueillir toutes les extrapolations du narra¬ teur, ainsi que les oublis volontaires qui, dans bien des cas, sont riches d'enseignements.