ASSOCIATION DEPARTEMENTALE des OFFICIERS de RESERVE ET OFFICIERS ANCIENS COMBATTANTS du GARD Association déclarée le 8 Novembre 1912 et affiliée à l'U.N.O.R. Siège : 7 bd Etienne Saintenac 30000 Nîmes Courriel : [email protected]

Actualités et revue de Presse N¡16 du 15 /06/2015

SOMMAIRE

1/ Dans le Gard : La Fête nationale de Jeanne d’Arc à Nîmes et vandalisme aux Éparges …………………………………………………………………………..page 1

2/ Informations militaires……………………………………………………..page 4

3/ Les menaces : L’armée est-elle efficace contre le terrorisme sur le sol français ? / Les nouvelles conquêtes de Daech………………………………………………………..page 52

4/ Projet de loi Actualisation de la Programmation Militaire 2014-2019…………….page 54

5/ Libres Propos : Hadrien Desuin, Prise de Palmyre par l'État islamique - pourquoi une telle inaction de la coalition ? / Ivan Rioufol, L'esprit de résistance sonne creux / Lettre de l’ASAF, La fin des rustines / Général (2S) Bruno Dary, RCA, plus de questions que de certitudes………………………………………………………………………………………page 58

6/ Histoire: Éloge funèbre à ‘’Bob’’ Maloubier……………………………………page 68

Le mot du Président

Chers amis, Toujours une actualité aussi importante, les menaces de l’État islamique, pudiquement nommé Daech par la plupart des médias, s’étendent maintenant sur une grande partie de la Syrie. Quant à notre territoire national comme le dit si bien, le Général Jean-Pierre Bosser (CEMAT): ‘’Nous avons un ennemi sur notre sol. Nous n’avions pas connu cela depuis très longtemps’’.

Des scénarios extrêmes sont envisagés comme une série d’attentats provoquant des représailles et des violences entre communautés.

Bonne lecture…

Lieutenant-colonel (h) Alain Costa

Président de l’A.D.O.R.A.C. 1/ ACTUALITÉS DANS LE GARD ET AILLEURS….. ! ! FETE NATIONALE de JEANNE d'ARC Ë NëMES, LE 10 MAI 2015 Comme chaque année, depuis l'an de grâce 1921, c'est par une magnifique journée ensoleillée qu'un double hommage a été célébré en l'honneur de notre Sainte Héroïne.

La loi du 10 juillet 1920 établit la FETE NATIONALE de JEANNE d’ARC FETE DU PATRIOTISME au deuxième dimanche de mai, anniversaire de la libération d’Orléans

Dès 10 heures, face à la statue de Jeanne, place des Carmes, en présence d’une très nombreuse assemblée, a été rendu l'hommage officiel de la République Française. Sous la présidence de Mr J.P. FOURNIER Sénateur-Maire de Nîmes, représenté par Mme M. BOISSIERES, Conseillère Municipale, déléguée à l'armée et au monde combattant. Participaient à ces cérémonies de nombreux élus, invités, toutes sensibilités politiques confondues. Le message, porteur d’unité de Jeanne d’Arc, se doit de transparaître à-travers l’hommage rendu ce jour-là ! Député européen, sénateur, députés, conseillers régionaux et départementaux, Président d’agglomération, adjoints et conseillers municipaux, maires des communes gardoises, , nombreuses sont les personnalités qui ont accepté de rejoindre cette fête du patriotisme !

Honneurs militaires rendus par un détachement du 503e Régiment du TRAIN, avec la participation de son Chef de corps Mr le Colonel E. RENAUT ; 18 porte-drapeaux et nombreux militaires en tenue. Mr le Général P. GILLET Commandant de la 6e B.L.B, en mission extérieure était représenté par Mr le Colonel F.CHATELUS.

Participation également de Mr le CONSUL de MONACO, de Présidents et membres d'Associations d'anciens combattants et associations patriotiques, ainsi que d'une délégation du DOCTE COLLEGE DES CONSULS de Nîmes.

Allocution du Président M. BAPTISTE, chant traditionnel Ç Sainte Jeanne de France È interprété par les élèves d’une école nîmoise, dépôt de gerbes, Hymne National et Marche Lorraine, ont marqué ce début de matinée.

Une Grand Messe pour la France a été célébrée par le PERE LUC MELLET, en l’église Saint

! 1! Baudile, en présence des autorités. Les 18 porte-drapeaux présents dans le chÏur, ont ponctué le cérémonial de cette messe, animée par LA CHORALE NOTRE DAME ; la messe s’est terminée par une émouvante procession à la statue de Jeanne.

A la sortie de l'office religieux, sur le parvis, un apéritif offert par la ville de Nîmes, clôturait cette matinée. Un déjeuner amical, dans un sympathique restaurant du quartier, permettait à de nombreux convives, certains venus de loin pour l’occasion, de se retrouver dans la bonne humeur.

Notre Sainte Jeanne réussissait, pour la 95ème année consécutive, à réunir à Nîmes les amoureux de la France, dans une ferveur toujours renouvelée.

Association des Amis de Jeanne d’Arc de Nîmes et du Gard Michel Baptiste (Président) 04 66 21 33 43 06 88 14 45 91 mail : [email protected] Jean-Pierre Courdesse (vice-président) 04 66 67 83 26 Catherine André (secrétaire) 06 10 90 55 27 mail : [email protected]

PAR CONTRE AUX ÉPARGES :

L’Association “ les AMIS de JEANNE d’ARC de NëMES et du GARD ne peut que partager l’émotion et la colère des soldats du 160è R.I. et de la population de la Commune des ÉPARGES .

Ce nouvel acte de vandalismes , comme en divers autres lieux et domaines, porte atteinte à ce haut lieu de mémoire de la 1ère Guerre Mondiale, qui a été la région d’importantes batailles en 1914 et 1915 et dont la Commune de les EPARGES a été décorée de la Croix de Guerre en 1921.....

Reconnaissance au moment ou JEANNE d’ARC a été élevée au titre de FETE NATIONALE et du PATRIOTISME et portée au titre de 2è patronne de la FRANCE après sa canonisation en 1920.

Jeanne d'Arc soutenant un poilu : oeuvre de Real del Sarte, le monument du régiment de Genevoix aux Eparges vandalisé

Une honte, une infamie :

"Verdun. C’est un vrai symbole de la Grande Guerre que l’on a massacré en Meuse sur la commune des Éparges. Le monument du 160e RI, le régiment de Maurice Genevoix, a été délesté de son bas- relief réalisé sans doute en fonte. Inauguré en 1935, il aura résisté à la Seconde Guerre mondiale mais pas à la détermination des vandales. Il a été attaqué à la masse pour le décoller du monument de pierre.

L’Ïuvre est signée de Maxime Del Sarte, un sculpteur, ancien des Éparges où il a perdu son bras gauche en janvier 1916. Un Poilu revenu de l’enfer qui continua à sculpter le métal et la pierre avec un seul bras.

! 2! Jeanne d’Arc portant un soldat mort

Le monument est élevé Ç aux revenants È du 106e et du 132e R.I. Car Ç c’est ici qu’ont explosé les premières mines le 17 février 1915 È, confie Patricia Pierson, la présidente de L’Esparge accompagnée de membres de l’association de mise en valeur du patrimoine.

Une main squelettique de pierre sortant du monument, quelques crânes de l’autre côté. Un visage les yeux fermés et ces mots : Ç Je crois È. En plein centre, le bas-relief représentait une Jeanne d’Arc casquée tenant dans ses bras un poilu mort sur un drapeau. Par terre, le casque Adrian ceint des lauriers de la gloire et d’une couronne d’épines. Une pietà en quelque sorte.

Un vol qui intervient en pleine commémoration des combats des Éparges. Cent ans tout juste que la terrible bataille s’est déroulée.

! 3! 2/ INFORMATIONS MILITAIRES : ACTUALITÉS DES OPÉRATIONS au 11 juin 2015

Proche et Moyen Orient : Chammal :

La force Chammal poursuit ses missions de renseignement et de reconnaissance armées en étroite collaboration avec les autres pays de la coalition. L’activité aérienne hebdomadaire s’est traduite par 15 sorties aériennes et 8 frappes contre des objectifs au sol. Au cours de ces sorties, 9 objectifs ont été neutralisés dans les secteurs de Mossoul, Sinjar, Tall Afar et Baiji.

Un avion E-3F, déployé au Qatar depuis le 15 mars, a participé aux opérations aériennes jusqu’au 10 juin, date à laquelle il a été désengagé.

En parallèle, au sol, les militaires français dédiés au vo- let formation de l’opération Chammal poursuivent leur mission au profit de 300 militaires de l'ICTS, ainsi e que de la 6 division irakienne pour des formations en contre-IED.

Bande Sahélo-saharienne : Barkhane

Forte de 3 000 hommes, la force Barkhane agit de façon ciblée selon 2 modes d’action complémentaires : des actions conjointes et combinées avec les forces partenaires et des appuis opérationnels.

Dans le cadre de sa mission d’appui, Barkhane dispose de 5 Détachements de liaison et d’appui opérationnelle (DLAO) : 4 situés au Mali, et 1 au Niger.

Les militaires français engagés dans ces DLAO ont pour vocation première de travailler aux côtés des forces armées partenaires. La nature des appuis correspond à leurs besoins : conseil à la préparation et exécution des missions, observation, communication, lutte contre-IED, guidage aérien, er e santé. Du 1 au 6 juin, le DLAO 4, basé à Tombouctou et armé par le 93 régiment d’artillerie de montagne, a accompagné sur le terrain les FAMa dans une opération de reconnaissance et de contrôle de zone dans plusieurs villages situés au sud-ouest de la ville, dans la région de Goundam. Les sorties aériennes se poursuivent. 30 sorties chasse, 24 sorties de ravitaillement et de surveillance et reconnaissance (ISR), ainsi que 39 sorties de transport ont été menées, soit 93 sorties aériennes entre le 4 et le 10 juin. ! 4! L’avenir des drones navals

Alors que les patrouilleurs et les frégates dites intermédiaires constituent le véritable driver du marché naval à l’international, certains dronistes américains proposent non plus de les doter de drones tactiques mais bien de drones Male capables d’assurer des missions d’ordre stratégique.

Après avoir fait l’acquisition de plusieurs drones tactiques à voilure tournante, comme le Fire Scout, ou à voilure fixe, comme le ScanEagle tout temps, car récupérable dans un filet, la Darpa et l’Office of Naval Research viennent d’initier un programme de démonstrateur de drone volant à moyenne altitude et à longue endurance capable d’être opéré à partir de bâtiments de petit tonnage.

C’est cette année que le Pentagone décidera qui, entre Aerovironment et Northrop Grumann, aura la charge de réaliser le prototype final. Architecte du drone Hale Triton, version navale du Global Hawk, de l’Ucav naval X47B, Northrop bénéficie d’une expérience considérable et d’une popularité importante auprès de l’ US Navy.

Si, en Europe, les ambitions sont moindres, la question des drones embarqués redevient d’actualité, en raison des besoins en missions de surveillance qui ne peuvent plus être couverts par les hélicoptères, tant pour des raisons de coûts que de performances. Ainsi en France, pour parer à ces besoins, la flotte d’hélicoptères navals devrait être doublée, mais en cette période de disette budgétaire, la Marine redécouvre l’importance des drones tactiques.

Si le drone Tanan d’Airbus Defence & Space a été étudié, le ScanEagle, acquis par l’US Navy, qui, pour un coût unitaire de 100 000 euros, offre une capacité tout temps, puisque tirable par une catapulte et récupérable dans un filet, ainsi qu’une autonomie qui a pu être portée à 28 heures, suscite l’intérêt de l’EMM. Tout comme d’ailleurs le drone Fulmar de Thales.

Mais par delà les débats entre les nécessités opérationnelles et la préservation de la BITD, une révolution est en marche. Pour un coût sans commune mesure avec les plates-formes habitées, la Marine nationale, qui doit assurer la sécurité de la seconde ZEE au monde, pourrait décupler ses ressources capacitaires en termes d’ISR, y compris sur les bâtiments de type patrouilleurs, sans remettre en cause les arbitrages budgétaires.

Un tel choix à bord des bâtiments français permettrait à l’industrie navale nationale d’offrir à l’exportation des solutions innovantes, concurrentiellement critiques, car offrant à des pays aux ressources modestes un multiplicateur de force déterminant. Ainsi les drones navals pourraient bien être une partie de la réponse à la question posée aux industriels par le ministre de la Défense, la semaine dernière, dans le but de redevenir compétitifs à l’exportation.

! 5! Du LRM au LRU… U pour utile

L’ensemble LRU a pour but de mettre à disposition de l’armée de Terre, dès 2015 et pour une décennie au moins, une capacité de frappes de précision de théâtre avec des effets modulables à longue portée et par tout temps. Il remplace le LRM, une arme de la Guerre froide conservée en service en France et modernisée en 2001 — une opération qui n’a concerné que la conduite de tir — sans véritable option d’emploi alternatif.

Le LRU est basé sur un développement en coopération franco-italienne débuté au cours des années 2000. En 2009, après d’intenses délibérations entre la DGA, les industriels français et les partenaires européens, le programme d’artillerie LRU était lancé, afin de donner une nouvelle vie au système LRM. Le 8 septembre 2011, la DGA confiait à l’Agence d’armement du ministère allemand de la Défense (BWB) la commande du lance- roquettes unitaire, officiellement dénommé LRU.

Le programme, toujours en cours, consiste en une modernisation du parc LRM réduit à 13 véhicules en tout (sur les 57 du parc français actuel) ainsi qu’en l’acquisition d’une dotation de munitions à précision métrique, guidées par GPS et dotées d’une charge explosive unitaire. Il permet une mise en Ïuvre numérisée de la fonction feu avec un couplage au système de commandement de l’artillerie, afin d’en assurer un emploi optimum.

Le LRU permet ainsi des frappes d’artillerie longue distance par tout temps, précises et réactives, de 15 à 70 km. Il est notamment destiné à traiter des objectifs ponctuels avec des effets collatéraux réduits et nettement moindres que ceux des obus de 155 mm ou des bombes guidées d’aviation de 125 et 250 kg.

A l’heure actuelle, le 1er RA de Belfort dispose de sept lanceurs LRU sur les douze qui lui seront alloués en propre au camp de Bourogne d’ici la fin de l’année, sachant qu’un exemplaire reste, pour l’instant, en expérimentation complémentaire à la DGA, avant d’être confié à la SIMMT/STM de Gresswiller (Bas-Rhin). Plusieurs équipages du ÇRoyal ArtillerieÈ sont désormais opérationnels sur LRU au sein de ses trois batteries de tir, qui seront normalement dotées de quatre M270 LRU chacune.

Pour le colonel Raphaël Bernard, chef de corps du 1er RA, leur déploiement par Airbus A400M sur tout théâtre d’OPEX français peut désormais être envisagé, sachant qu’une première batterie a atteint sa capacité opérationnelle initiale. Son régiment est prêt et doit participer à l’opération

! 6! Barkhane dès la rentrée prochaine, en octobre, en fournissant vraisemblablement une section Proterre artillerie (normalement composée de deux lanceurs M270 LRU), qui sera déployée au Mali pour compléter l’action des canons Caesar et des chasseurs-bombardiers. Ces derniers opérant depuis N’Djaména au Tchad à grand renfort de ravitailleurs et n’ayant pas toujours des conditions météorologiques idéales au moment des tirs, l’emploi du LRU sur des cibles fixes, préalablement identifiées par les drones Reaper de l’armée de l’Air, devrait s’avérer beaucoup plus économique.

L’heure étant à la maîtrise des coûts, une roquette M31 bien employée remplacera parfois utilement une bombe GBU et l’utilisation d’un vecteur aérien, Mirage ou Rafale mis en l’air pour des heures avec un ravitailleur C-135FR.

Réalisé, sur le plan industriel, en coopération avec l’Allemagne et l’Italie et avec les Etats-Unis, il comporte pour la France l’acquisition d’un stock initial de 504 roquettes à charge explosive unitaire GMLRS-U M31 produites en collaboration par l’américain Lockheed Martin et le français Roxel pour le moteur. Les maîtrises d’ouvrage sont assurées par l’US Army, pour les munitions, et par le BWB allemand, pour la modernisation des lanceurs. Les maîtres d’Ïuvre sont Lockheed Martin, pour la roquette guidée GMLRS-U (Guided Multiple Launch Rocket System-Unitary), et KMW, maître d’Ïuvre d’un groupement industriel franco-allemand, pour la modernisation des lanceurs. Les sociétés Thales Communications Systems, Airbus Defence & Space et Sagem étant impliquées dans cette modernisation.

Pour la France, la modernisation des lance-roquettes s’effectue en deux étapes d’intégration. La première étape est effectuée sur la chaîne de production allemande, afin de les porter à un standard analogue à celui de la rénovation allemande. La seconde consiste, chez nous, en l’intégration de composants spécifiques au système français pour le système de communication et l’ensemble de dispositifs ergonomiques.

L’arme du LRU est la roquette M31 de 227 mm à guidage inertiel recalé par GPS dotée d’une charge militaire à éclats de 90 kg. Sa vitesse maximale est de Mach 3.3 et elle atteint sa cible sous un angle quasi vertical de 89¡ à environ Mach 1,5 après être montée à 25 000 m à son apogée pour un tir à 70 km, voire plus si l’aérologie est favorable. A la fin 2009, la DGA a commandé 264 roquettes M31, qui ont été livrées à partir de 2013, et une commande complémentaire est prévue cette année. L’acquisition d’un stock initial de 504 roquettes est envisagée par la DGA. Au contraire de la roquette M26 du LRM, qui visait à la dispersion la plus étendue, la roquette M31 du LRU est une arme de précision (CEP de 2 à 5 m) qui dispose de cinq modes de déclenchement adaptés aux cibles fixes visées.

La direction générale de l’armement (DGA) a qualifié le lance-roquettes unitaire le 16 mai 2014. Cette décision intervenait suite à des campagnes de tirs effectuées en août 2013 aux Etats-Unis et en novembre 2013 au centre DGA Essais de missiles à l’île du Levant (Var). Les essais réels réalisés durant l’été 2014 par la STAT et la DGA au Robotförsöksplats Norrland de Vidsel en Laponie suédoise ont démontré la létalité impressionnante de la roquette M31 contre divers types de cibles, durcies ou non.

! 7! Rafale : les contrats à l’export pèsent sur l’armée de l'air

Rafale : les contrats à l’export pèsent sur l’armée de l'air

Publié le mardi 09 juin à 11h49 - Mis à jour le mercredi 10 juin à 12h25

(Article précédemment paru dans l'Opinion)

Après les flonflons du succès du Rafale à l'exportation, les militaires français se réveillent avec une (petite) gueule de bois. Leurs grands chefs ne s'en sont pas cachés, lors de leurs auditions, fin mai, par les députés de la commission de la Défense. Si tous se réjouissent de ces contrats, ils n'en pointent pas moins les difficultés que ceux-ci leur occasionnent. A savoir : moins d'avions à court terme pour les aviateurs français, par ailleurs très sollicités pour former les clients étrangers. ÇCes contrats ont un coût financier pour les arméesÈ, résume ainsi le général , chef d'état- des armées.

Ces soucis ne doivent toutefois pas masquer l'essentiel. Car, sans les contrats récemment conclus avec l'Égypte (24), le Qatar (24) et sans doute l'Inde (36), la loi de programmation militaire (LPM) ne tenait pas la route. Votée en 2013, celle-ci reposait sur un pari audacieux : la France exporterait au moins 40 Rafale d'ici à 2015. Pari gagné.

L'idée était de faire tenir ensemble deux contraintes, l'une industrielle, l'autre budgétaire. Il s'agissait de maintenir en activité la chaîne de production du Rafale, à son minimum de 11 appareils par an. Entre 2014 et 2019, 66 appareils sortiraient de l'usine Dassault à Mérignac, mais le ministère de la Défense n'aurait les crédits que pour en acquérir 26. Que faire des 40 autres ? Les exporter. Ou, à défaut, les acheter pour la France. ÇLes contrats à l'exportation du Rafale permettent de lever une hypothèque de 4 milliards d'eurosÈ, se réjouit Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement. La viabilité de la loi de programmation s'en trouve ainsi garantie.

Ce gros soupir de soulagement cache de sérieuses préoccupations dans les états-majors. ÇUn des dangers des contrats à l'exportation serait de déséquiper l'armée française pour exporter nos matérielsÈ, lance le général Pierre de Villiers. ÇIl nous a fallu être vigilantsÈ, indique-t-il, en particulier face aux exigences de l'Égypte. Le maréchal-président Sissi voulait des Rafale tout de suite, pour la grande parade de l'inauguration des travaux du canal de Suez cet été. Comme il faut près de trois ans pour fabriquer un appareil, le gouvernement français a décidé de prélever six Rafale en cours de ! 8! livraison à l'armée de l'air. ÇIl a fallu repenser la manière dont nous conduirions nos opérationsÈ, explique son chef d'état-major, le général Denis Mercier. Ces six Rafale doivent être ÇrestituésÈ à l'armée de l'air entre 2016 et 2018, ajoute-t-il.

Même souci dans la Marine nationale, où la frégate Fremm vendue à l'Égypte était déjà entre les mains de son équipage français, comme l'avait été celle livrée au Maroc en 2014. A l'origine, les Égyptiens souhaitaient deux frégates immédiatement et les marins ont dû faire valoir qu'on ne pouvait pas complétement les dépouiller. Un autre récent contrat de défense avec le Liban, entièrement financé par l'Arabie saoudite, pose des problèmes semblables aux militaires français.

ÇAucun autre avion ne peut aujourd'hui nous être prélevé. Si un autre client à l'export demandait un avion plus tôt, ce serait au détriment de notre capacité opérationnelleÈ, avertit le général Mercier, qui ajoute : ÇLes clients suivants devront s'adapter à nos capacités d'absorptionÈ. Car, vendre un avion ne consiste pas seulement à le livrer clés en main. Le contrat comporte la maintenance et la formation des personnels, pilotes et mécaniciens. Avec le Qatar, par exemple, Çcela va entraîner énormément de tensions sur notre personnel pendant deux ansÈ. Ce soutien à l'exportation (Soutex en langage militaire) fait partie des missions des armées. L'armée de l'air y emploie Çdeux cents personnes à temps pleinÈ, indique son chef. Surtout, Çla formation du personnel égyptien nous a conduit à décaler des formations en France. C'est bon pour le pays, mais il ne faut pas faire n'importe quoiÈ, dit-il. Le général Mercier pointe également Çquelques difficultés de maintenance, des pièces étant prélevées au profit des contrats exportsÈ

Au delà de ces problèmes immédiats, liés aux exigences des clients, les aviateurs s'interrogent sur leur équipement à moyen terme. Le directeur général pour l'armement (DGA) reconnaît d'ailleurs Çdes inquiétudes du côté de l'armée de l'airÈ. Elle a devant elle des Çannées blanchesÈ, sans livraison de nouveaux Rafale. Rien avant 2021, au mieux. ÇQuand reprendrons les livraisons? Le sujet n'est pas tranchéÈ reconnaît le DGA.

L'armée de l'air aligne aujourd'hui 90 Rafale - au sein de six escadrons à Saint-Dizier, Mont-de- Marsan et Abu Dhabi - ainsi que 152 Mirage 2000 de la génération précédente. Faute de l'arrivée prochaine de Rafale, certains Ç2000È devront être maintenus en service - notamment les versions D pour l'attaque au sol et six 2000-5 pour la chasse. Ces prolongations vont nécessairement entraîner de nouvelles dépenses. L'un des sujets les plus délicats est celui de la fin de vie, programmée pour 2018, des Mirage 2000 N qui assurent encore la dissuasion nucléaire depuis Istres. C'est pour cela que le général Mercier attend qu'on lui ÇrestitueÈ rapidement les six Rafale vendus aux Égyptiens..

La coalition internationale anti-EI soutient le plan militaire et politique irakien visant à reconquérir la province d’Al-Anbar

Le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi a dénoncé, ce 2 juin, l’échec de la communauté internationale dans la lutte contre le groupe État islamique (EI ou Daesh), qui contrôle désormais une grande partie des territoires sunnites en Irak ainsi que près de la moitié de la Syrie après ses récentes conquêtes de Ramadi et de Palmyre.

! 9! Selon Fabrice Balanche, géographe et spécialiste de la Syrie, cité par l’AFP, l’EI aurait en effet conquis, au total, 300.000 km2, ce qui correspondrait au Ç 11e pays arabe par sa superficie, derrière Oman, sur les 22 que comptent la Ligue arabe È. Et cela alors qu’une coalition emmenée par les États-Unis et à laquelle la France participe (opération Chammal) a été mise sur pied pour contrer les jihadistes.

Ç Je pense que c’est un échec de la communauté internationale. Concernant le soutien à l’Irak, il y a beaucoup de mots mais peu d’actions sur le terrain È, a ainsi dénoncé M. al-Abadi, à , lors d’une conférence de presse donnée avant l’ouverture d’une réunion des représentants des pays membres de la coalition anti-EI.

Le chef du gouvernement irakien a affirmé que ses forces armées n’étaient pas suffisamment aidées, en particulier pour ce qui concerne les armes et les munitions. Ç Nous n’en avons pas reçu beaucoup, presque rien. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes È, a-t-il avancé. È

Ç En raison de problèmes fiscaux, nous ne sommes pas en mesure de conclure de nouveaux contrats de fourniture d’armes. La plupart des contrats avaient été conclus par le précédent gouvernement avec les Russes. Les Russes sont désormais soumis à des sanctions américaines et il est très difficile de payer pour avoir ces armes. L’argent est là à la banque mais nous ne pouvons les avoir È, a encore fait valoir M. al-Abadi. Ç Nous ne demandons pas des armes mais s’il vous plaît laissez-nous acheter des armes de manière plus facile È, a-t-il plaidé, sans aborder la conduite des forces irakiennes, lesquelles ont abandonné Ramadi aux jihadistes.

Par ailleurs, le Premier ministre irakien a souligné la présence toujours plus importantes d’étrangers dans les rangs des jihadistes. È Dans le passé, les combattants irakiens étaient estimés à 58% pour 42% d’étrangers. Aujourd’hui, la proportion s’est inversée avec 60% de combattants étrangers contre 40% d’Irakiens È, a-t-il assuré. Ç Il y a un problème international, il doit être résolu È, a-t-il continé, avant de demander Ç pourquoi il y a autant de terroristes viennent d’Arabie saoudite, du Golfe, d’Égypte, de Syrie, de Turquie et de pays européens È. Et d’ajouter : Ç Nous avons besoin d’un travail politique de nos partenaires au sein de la coalition à ce sujet È.

Ë l’évidence, la stratégie jusqu’à présent suivie ne donne pas les résultats espérées. La coalition internationale a effectué plus de 4.000 frappes contre les positions des jihadistes. Pour être totalement efficaces, elles doivent appuyer des troupes sol, comme cela a été le cas à Kobané, où les milices kurdes ont infligé un cuisant revers à l’EI.

Pour le chef du gouvernement irakien, Ç le soutien aérien n’est pas suffisant (…) Il y a trop peu de surveillance. Daech est mobile et se déplace en très petits groupes È.

Ë cela, il vient s’ajouter les tensions communautaires. Les milices chiites, appuyées par l’Iran, n’ont pas la réputation de faire dans la demi-mesure face aux sunnites. Ces derniers sont donc tentés de rejoindre l’EI, ce qui complique davantage la donne. En outre, la question de leur contrôle opérationnel reste posé étant donné que, visiblement, elles sont Ç conseillées È par des responsables de la force al-Qods, l’unité des Gardiens de la Révolution iranien, chargée des opérations à l’étranger.

Aussi, la marge est étroite pour la coalition internationale, pour qui il n’est pas question d’engager des troupes au sol, si ce n’est des conseillers militaires auprès des forces irakiennes. Du coup, la seule chose qu’elle peut faire en plus n’est que d’apporter son soutien au plan de reconquête des territoires contrôlés par l’EI que lui a soumis le Premier ministre irakien.

! 10! Ç C’est un bon plan militairement et politiquement pour reprendre la province d’al-Anbar È, a commenté Anthony Blinken, le secrétaire d’État américain adjoint. Ç En Irak, aujourd’hui, nous avons la bonne stratégie et elle sera gagnante si tous remplissent leurs obligations È, a-t-il ajouté.

On ignore les détails de ce plan présenté par M. al-Abadi. Mais, dans les grandes lignes, il prévoit de miser sur les tribus sunnites de la province d’al-Anbar afin de les convaincre de combattre aux côtés des forces irakiennes. Il est aussi question que toutes les troupes engagées Ð donc les milices chiites Ð soient placées sous le commandement et le contrôle du Premier ministre irakien.

Ç La détermination est totale dans la lutte internationale contre le groupe État islamique, un combat de long terme È, a assuré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères.

Mais ce combat passe aussi par la Syrie. Là, les membres de la coalition internationale ont noté, dans une déclaration commune, Ç l’incapacité et l’absence de volonté du régime de Bachar el-Assad à lutter contre Daech È. Et d’en appeler Ç au prompt lancement d’un véritable processus politique inclusif, sous l’auspice des Nations unies È afin de rétablir la paix, ce qui passerait par la création d’un gouvernement de transition incluant des représentants de l’opposition modérée syrienne. L’expérimentation du service militaire volontaire coûtera 35 millions d’euros au ministère de la Défense

Posté dans Politique de défense, Social par Laurent Lagneau Le 02-06-2015

En avril, lors d’un déplacement à Alençon, le président Hollande a confirmé une mesure qu’il avait annoncé lors d’une conférence de presse donnée deux mois plus tôt au sujet de l’expérimentation, en métropole, d’un dispositif inspiré du Service militaire adapté (SMA), qui, depuis 1961, permet l’insertion professionnelle des jeunes ultra-marins.

Cette disposition figure ainsi dans le projet d’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Ainsi, à compter du 1er septembre prochain, les premiers candidats pour ce Ç service militaire volontaire È (SMV), âgés de 17 à 25 ans et en situation d’échec professionnel, entameront leur formation, laquelle sera encadrée par des militaires de l’armée de Terre.

Ç Pendant la durée de leur engagement, les jeunes stagiaires volontaires bénéficieront d’une formation militaire élémentaire, d’une formation professionnelle, d’une éducation citoyenne et au savoir-être ainsi que d’une remise à niveau scolaire et sportive. Ils bénéficieront également d’une formation aux premiers secours et à la conduite. Leur statut militaire permettra à ces jeunes, en cas de besoin, de participer au renfort de missions simples sur le territoire national È, est-il précisé dans le dossier de présentation du projet d’actualisation de la LPM.

Il est prévu d’ouvrir 3 centres (Montigny-lès-Metz, Bretigny-sur-Orge et un troisième qui ouvrira ses portes en 2016) pour accueillir environ un millier de volontaires (ou de Ç stagiaires È) pendant deux ans.

Le coût de cette mesure n’avait pas été jusqu’ici précisé. Ni même sa prise en charge. Lors d’une audition devant la commission de la Défense et des Forces armées, à l’Assemblée nationale, Jean- Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a donné quelques éléments.

Ç Cela coûtera 35 millions d’euros au ministère de la Défense È, a précisé le ministre. Ç Mais nous n’irons pas au-delà », a-t-il prévenu. Ç Si le ministère de la Défense a été sollicité, c’est en raison de ! 11! l’urgence et parce qu’il est capable de mettre en Ïuvre cette expérimentation très rapidement, disposant, à Brétigny-sur-Orge et à Montigny-lès-Metz, du personnel compétent et de locaux pouvant accueillir les stagiaires, et étant en mesure de conclure des partenariats avec les entreprises présentes localement È, a-t-il expliqué.

Mais, a-t-il insisté, Ç après cette expérimentation (…), il faudra trouver un modèle de financement du dispositif différent, et c’est bien l’objet de l’expérimentation que de rechercher le ou les modèles économiques pérennes È.

Ç De la même manière, actuellement, le service militaire adapté n’est pas financé par le ministère de la Défense [ndlr, il l'est en partie par celui de l'outre-Mer], même si le personnel d’encadrement est militaire et que les stagiaires ont un statut militaire. D’autres initiatives pourront être prises, le cas échéant, en fonction de l’expérimentation que nous aurons menée È, a encore fait valoir M. Le Drian. L’actualisation de la Loi de programmation militaire reprend l’objectif de disposer de 40.000 réservistes

Posté dans Politique de défense, Réserves par Laurent Lagneau Le 02-06-2015

Ë peine entré dans ses fonctions de chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers avait émis le voeu de disposer d’un Ç vivier È plus important encore de réservistes ayant souscrit un engagement à servir au sein de la réserve opérationnelle (ESR).

Ç Nous n’avons pas mené une réforme suffisamment profonde des réserves. Il nous faut aller plus loin. De vrais professionnels à temps partiel nous sont indispensables pour certaines qualifications È, avait ainsi affirmé le CEMA lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

Avec l’opération intérieure Sentinelle, le besoin de réservistes ayant souscrit un ESR s’est fait ressentir afin de suppléer les militaires d’active. Aussi, le projet d’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) affiche l’objectif d’en recruter 12.000 de plus d’ici 2019 pour en porter les effectifs à 40.000 (hors gendarmerie).

Cette intention avait déjà été affichée auparavant… Sans être pour autant suivie d’effet car les moyens n’ont pas suivi, à cause d’un budget annuel insuffisant de seulement 70 millions d’euros et de l’apparition de déserts militaires, consécutive aux restructurations menées depuis 2008. Pire même : les effectifs de la réserve opérationnelle ont même diminué, passant de 32.484 volontaires au début de l’année 2010 à environ 28.000 actuellement.

Dans le dossier de présentation de l’actualisation de la LPM, la réserve opérationnelle est considérée comme une Ç composante à part entière des forces armées È, avec en moyenne Ç 1.800 réservistes opérationnels du ministère de la Défense en service chaque jour È. Aussi, il est précisé que Ç divers moyens seront mis en oeuvre È pour Ç conforter È le modèle de réserve opérationnelle défini en 1999.

Pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il s’agit d’ Èun effort sans précédent È au profit de la réserve opérationnelle. Ç Dans la même perspective, en cas de menace sur la sécurité nationale, il est prévu d’augmenter le nombre de jours d’activité des réservistes salariés, en passant de 5 à 10 jours, et de réduire le préavis d’information de leurs employeurs È, a-t-il expliqué devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, le 20 mai dernier. Pas sûr que lesdits

! 12! employeurs apprécient, surtout ceux qui gèrent une petite structure où l’absence d’un employé qualifié peut être préjudiciable…

Ç Outre une augmentation du budget dédié à la réserve de 75 millions d’euros répartis sur la période 2016-2019, qui viendront s’ajouter aux 70 millions d’euros par an, des partenariats avec les entreprises devront concourir à cet objectif. Nous avons entretenu, à cette fin, un dialogue nourri avec le MEDEF, qui a été consulté sur les principales dispositions du projet È, a encore indiqué le ministre.

Dans le dossier de présentation, il est précisé que l’objectif est Ç d’attirer des femmes et des hommes disposés à servir dans des postes opérationnels pendant au moins 3 ans, au minimum de 30 jours par an et, dans certains cas, jusqu’à 210 jours È. Pour cela, l’accent devra être mis sur Ç la recherche de partenariats avec les entreprises, notamment pour l’établissement de conventions È afin de Ç mieux valoriser le rôle des réservistes, les fidéliser et accroître l’adhésion des employeurs au principe de la réserve È. Le montant des exportations françaises d’armement en 2014 est légèrement supérieur aux estimations

Posté dans Industrie par Laurent Lagneau Le 02-06-2015

Dans son bilan de l’année passée [.pdf], publié en février, la Direction générale de l’armement (DGA) avait estimé le montant des exportations françaises d’armement à 8,06 milliards d’euros en 2014, soit une progression de 17,3% par rapport au dernier exercice.

Finalement, les industriels tricolores ont fait mieux encore mieux. Ainsi, selon les chiffres définitifs avancés dans un rapport transmis le 1er juin au Parlement, le niveau les prises de commandes d’équipements militaires français ont atteint 8,2 milliards d’euros, ce qui fait une hausse de 18% de hausse d’une année sur l’autre. Et cela, comme le souligne le ministère de la Défense dans un communiqué, Ç en dépit de l’accentuation de la concurrence internationale È.

Ç Cette réussite est le fruit de l’implication complète des services de l’État et du ministère de la Défense aux côtés de tous les acteurs industriels réunis au sein de l’équipe France È, est-il encore souligné dans le texte.

Ç La logique que je développe depuis que je suis en fonction n’est pas celle d’un vendeur, d’un agent commercial ou d’un petit représentant de telle ou telle entreprise française. La logique que je développe, c’est d’abord la confiance et le partenariat stratégique, l’appréciation commune des situations conflictuelles et des menaces È, avait expliqué, en février dernier, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, au sujet de son approche en matière de ventes d’armes.

L’affaire des Bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral, dont la livraison devrait être annulée, n’a donc pas pesé dans l’évolution des prises de commandes auprès des industriels français de l’armement.

Pourtant, plusieurs responsables politiques avaient fait le pari contraire, oubliant sans doute d’autres précédents qui n’eurent pas d’impact majeur sur les exportations de matériels militaires français, comme la non-livraison de Mirage 5 à Israël (décidée par le général de Gaulle) ou encore de deux Aviso de type A69 destinés à l’Afrique du Sud (les navires seront même rachetés par l’Argentine).

! 13! Ç Les excellents résultats 2014 contribuent à la préservation de la base industrielle et technologique de défense, tout en apportant une contribution décisive au commerce extérieur du pays È, souligne le ministère de la Défense, qui précise que ces exportations concernent 669 entreprises français (dont plus de la moitié sont des PME) et 37.000 emplois, soit 1/5 de l’ensemble des emplois de l’industrie française de l’armement.

La cru 2015 s’annonce encore meilleur, grâce notamment aux contrats signés avec l’Égypte et le Qatar concernant le Rafale. Un troisième devrait suivre avec l’Inde, qui entend commander 36 appareils. Le soutien en matière de maintenance à l’opération Barkhane

L'opération Barkhane intervient à travers tout la Bande Sahélo-Sahélienne (BSS).

Media Release — juin 2, 2015

L’opération Barkhane intervient à travers tout la Bande Sahélo- Sahélienne (BSS).

Le 17 avril 2015, dans le cadre du soutien logistique à l’opération Barkhane,les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) ont organisé depuis le camp de Port-Bouët, à Abidjan, un convoi de matériels régénérés.

La mission des Nations unies au Mali est l’une des plus périlleuses pour les casques bleus

Posté dans Afrique, Opérations, Terrorisme par Laurent Lagneau Le 01-06-2015

Selon l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar, al- Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué deux attaques commises récemment contre la Mission multidimentionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont celle ayant visé, le 28 mai, près de Tombouctou, le convoi dans lequel se trouvaient deux de ses reponsables, dont le général danois Michael Lollesgaard, le commandant de sa force militaire.

Outre AQMI, le groupe jihadiste al-Mourabitoune, né du rapprochement entre le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des Ç Signataires ! 14! par le sang È de Mokhtar Belmokhtar, a également revendiqué de nombreuses attaques contre la MINUSMA, en particulier dans la région de Gao (nord-est du Mali).

Même si la liberté de mouvement des groupes jihadistes qui occupèrent le nord du Mali avant d’en être chassés par l’opération Serval est entravée par les militaires français de la force Barkhane (et Sabre), il n’en reste pas moins qu’ils ont su conserver un pouvoir de nuisance. Ce dernier se traduit par des chiffres : depuis que la MINUSMA est opérationnelle, plus de 35 casques bleus ont été tués lors d’attaques.

Selon le bilan communiqué par la MINUSMA et arrêté en mars 2015, 35 casques bleus ont été tués au Mali lors de Ç 78 attaques hostiles È. Le contingent tchadien a payé le plus lourd tribut, avec 19 des siens tués. L’on compte également 249 blessés, dont 155 ont été Ð ou sont encore Ð dans un état grave.

Ë ce total, il faut ajouter les soldats victimes d’accidents, comme les deux aviateurs néerlandais tuès lors de la chute de leur hélicoptère d’attaque AH-64 Apache en mars dernier. En tout, 43 casques bleus ont perdu la vie au Mali.

Selon la MINUSMA, les pertes subies par les casques bleus au Mali représentent 1,06% du nombre total de Ç soldats de la paix È tombés au cours des 71 opérations menées par les Nations unies. Cette mission est en outre Ç la plus coûteuse en vies humaines È depuis la Somalie, dans les années 1990.

Ç Au regard du vaste territoire à couvrir, la Minusma ne peut être partout. Elle n’en a ni les ressources, ni les moyens È, a fait valoir Arnauld Akodjénou, le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU et actuel numéro deux de la MINUSMA, lors d’un discours prononcé à Bamako le 29 mai.

Déployée dans le cadre de la résolution 2.100 du Conseil de sécurité de l’ONU, la MINUSMA compte actuellement 9.145 militaires et 1.178 policiers, soit des effectifs en deçà du maximum autorisé (12.600 personnels).

Vert kaki et vert tout court: Coëtquidan expérimentera la mise en oeuvre du schéma régional de cohérence écologique

Dans l'Ouest, sur les 13 400 ha de terrains militaires, 3 000 sont déjà classés Natura 2000. Pour sa part, la Bretagne compte 7896 hectares de terrains militaires dédiés à l’entrainement des forces. 2 100 hectares sont actuellement concernés par un zonage réglementaire pour la biodiversité dont 702 font l’objet d’un classement Natura 2000.

! 15! D'autres actions sont en cours ou en projet en faveur de la biodiversité. Ainsi dès la prochaine adoption du schéma régional de cohérence écologique (SRCE), le camp de Coëtquidan et ses 5300 hectares d'espaces naturels ou semi-naturels seront utilisés pour expérimenter la mise en oeuvre, en local, de la trame verte et bleue issue du Grenelle de l'environnement.

Cette TVB prend en compte la nécessite de préserver les espèces, habitats et continuités écologiques.

Le site de Coëtquidan a été choisi pour la très grande richesse de la biodiversité qu’il abrite et sa dynamique partenariale jugée très positive. Le maintien à l’état originel du terrain (zones humides, tourbières, boisements exceptionnels, cavités et anciens blockhaus, landes, prairies) a permis de recenser 10 espèces protégées d’amphibiens, 15 espèces de chauve-souris sur les 22 inventoriées en Bretagne (dont 5 arboricoles) et la présence de l’Azuré des Mouillères, un papillon considéré dans le monde comme "quasi-menacé" et "en danger" en France. A terme, le camp pourrait servir de modèle au niveau régional.

Jeudi (4 juin), une journée dédiée à la préservation de la biodiversité sur les terrains militaires de Bretagne se déroulera aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Photo ci-dessus: ESCC avec le général Windeck commandant les écoles, Alexandra Baudart des ESCC, Sébastion Gautier de l’office national de la chasse et de la faune sauvage, Claire Bergerault (Naturaliste et créatrice des panneaux de sensibilisation à la biodiversité sur le camp, et le LCL Bruno Debacq des ESCC. Le grand flou de l'emploi des militaires dans la sécurité intérieure

Publié le lundi 01 juin à 18h24

C'est un jeune colonel qui va prendre, à l'été, le commandant d'un régiment d'infanterie. ÇPour la première fois depuis que je suis sorti de Saint-Cyr, dit-il, il y aura désormais plus de militaires en opération sur le territoire national que sur les théâtres extérieurs. C'est une évolution considérable de notre métier.È Décidé par l'Élysée au lendemain des attentats de janvier, ce ! 16! Çchangement stratégiqueÈ se traduit par l'implication permanente de l'armée dans les missions de sécurité intérieure contre le terrorisme. Les grands chefs militaires le reconnaissent à mi-voix : tout cela se fait dans une grande improvisation doctrinale et sans beaucoup de débats publics. Comme le dit un vieil adage militaire : ÇAllez-y et... faites au mieux !È

L'actualisation de la loi de programmation militaire, qui doit être examinée début juin par les députés, prévoit un Çrenforcement de la posture de protection terrestreÈ pour faire face à la Çla hausse de la menace terroriste et à sa continuitéÈ. L'armée de terre doit être capable de déployer Çdans la duréeÈ (en clair : tout le temps) 7000 hommes, avec la possibilité de Çmonter en quelques jours jusqu'à 10.000 hommes pour une durée d'un moisÈ. Les effectifs ont ainsi été revus à la hausse, avec le maintien de 18.750 postes qui devaient initialement être supprimés. Le coût de cette mesure est de plus d'un demi-milliard par an.

Cette nouvelle Çposture permanente de sûretéÈ terrestre doit, selon le ministère de la Défense, Çpermettre de contribuer, au profit de l'autorité civile et en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile, à la protection des points d'importance vitale, à celles des flux essentiels pour la vie du pays, au contrôle de l'accès au territoire et à la sauvegarde des populationsÈ. Voilà pour les grands principes.

Leur déclinaison concrète est le chantier des prochains mois. Actuellement, l'essentiel des missions de l'opération Sentinelle consiste à la surveillance de sites religieux, alors que le plan Cuirasse a renforcé la protection des installations de défense. Mais, sur le fond, Çil faut un concept, des moyens, des capacités, une organisation, une chaîne de commandementÈ reconnaît-on dans l'entourage du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le choix, politique, a été de refuser l'idée d'une armée à deux vitesses, avec des troupes dédiées aux missions de protection et d'autres, plus professionnelles, destinées aux opérations extérieures. Ce sont donc les mêmes fantassins qui sont à Bangui ou à Paris, à Gao ou à Bordeaux. Cette décision, peu contestée, pose toutefois un sérieux problème : comment maintenir l'entraînement de haut niveau d'une armée que l'on envoie désormais faire la guerre en Afrique ? ÇSans augmentation des effectifs, on aurait assisté à une perte de savoir- faire en deux ans. L'armée d'aujourd'hui vit sur ses acquis et n'a pas le temps de les renouvelerÈ confie-t-on à la Défense.

ÇDès lors que la menace est élevée, l'intervention des armées sur le territoire national se justifieÈ assure-t-on dans l'entourage de Jean-Yves Le Drian. ÇJe ne veux pas rester en dehors du matchÈ, reconnaît, pour sa part, le général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre. La lutte contre le terrorisme lui offre l'occasion de maintenir ses effectifs et de sauver ses garnisons et son budget. Même si les réflexions sur ce thème avaient débuté avant les attentats de janvier : en décembre, le général Bosser confiait à la presse son souhait de Çmaintenir les régiments accrochés à leur garnison, alors que la menace se rapproche du territoire nationalÈ.

Le chef d'état-major le souligne : les attentats ont bouleversé le tempo des réformes, et, en matière de doctrine d'emploi des forces dans la sécurité intérieure, il admet Çse retrouver à courir derrièreÈ les événements. Interrogé par l'Opinion, le général Bosser explique : ÇNous devons capitaliser nos expériences et les mettre en perspective en se posant des questions comme : qui fait quoi ? Face à quel ennemi ? Si l'on doit jouer un rôle dans la sécurité intérieure, jusqu'où veut-on aller ? Qu'est ce qui n'est pas notre métier ?È

Les mêmes questions se posent à l'état-major des armées, où l'on ne souhaite pas voir les militaire devenir des Ç variables d’ajustement des effectifs È de la police et de la gendarmerie: Ç Quelle est la menace d’un point de vue militaire"? Quels sont nos modes d’action"? Quels sont nos objectifs, l’effet

! 17! final recherché"? Qu’est ce que l’armée peut apporter de spécifique face à la menace terroriste È"? Pour l'instant, beaucoup de questions et bien peu de réponses claires.

Ce que l'on sait, c'est que l'armée de terre va se doter d'un Commandement de territoire national, lointain héritier de la Défense opérationnelle du territoire (DOT) de la guerre froide. L'armée de terre ne manque pas d'expériences en matière de sécurité intérieure. Créé en 1991, le plan Vigipirate est permanent depuis 1996. L'armée a été engagée dans des missions outre-mer, en Nouvelle- Calédonie dans les années 80, et en Guyane, avec la mission Harpie, toujours en cours, de lutte contre l'orpaillage clandestin. Elle est régulièrement sollicitée lors des catastrophes naturelles, comme elle serait en cas de crue centennale de la Seine ou d'accidents nucléaires ou chimiques.

Aujourd'hui, le choix est autre. C'est celui de la militarisation permanente de la sécurité intérieure. Une décision, prise dans l'urgence, qui mérite d'être examinée. Sérieusement et rapidement. VIDEO Ð La marine intercepte un Go-Fast au large de la Guadeloupe

Le 24 mai 2015 au matin, la frégate de surveillance Ventôse des forces armées aux Antilles (FAA) est intervenue au large du canal de la Dominique pour intercepter un Go Fast se dirigeant vers la Guadeloupe.

Video — juin 1, 2015

Le 24 mai 2015 au matin, la frégate de surveillance Ventôse des forces armées aux Antilles (FAA) est intervenue au large du canal de la Dominique pour intercepter un Go-Fast se dirigeant vers la Guadeloupe. Ce Go Fast, suspecté de trafic de stupéfiants, avait été reporté aux autorités françaises par l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) via la NCA (National Crime Agency). https://www.youtube.com/watch?v=JjNIv7RfVQ4

Actualité

FREMM : De 17 à 8 en moins de 10 ans...

Sans grande surprise, le volet français des frégates multi- missions sera donc finalement réduit à 8 unités seulement, soit moins de 50% du format prévu au départ. En effet, lorsque le programme franco-italien FREMM a été lancé en 2005, 17 frégates devaient être construites pour la Marine nationale et 10 autres pour la Marina militare. Seuls les Italiens se sont donc tenus aux objectifs initiaux, le gouvernement Renzi ! 18! ayant notifié les deux derniers exemplaires au mois d’avril. La France, elle, n’a cessé de sabrer ce programme, qui avait pour but de remplacer différents types de bâtiments (9 frégates anti-sous- marines des types F67 et F70, ainsi que 9 avisos du type A69) par une classe unique. Grâce à une grande série et une cadence de production très élevée (une FREMM livrée tous les 7 mois), la Marine nationale devait bénéficier à plein des économies d’échelle, mais aussi y gagner sur l’exploitation, la maintenance et la formation. Le tout en remplaçant rapidement ses unités vieillissantes et coûteuses en entretien, par des bateaux polyvalents et homogènes permettant de répondre à la montée en puissance des enjeux maritimes.

2008 : Première grosse coupe et abandon de la version AVT

Dès 2005, toutefois, la marine perdait de facto deux frégates, l’abandon des troisième et quatrième Horizon (prévues pour remplacer les Cassard et Jean Bart) allant être compensé, même si ce n’était pas encore officiellement acté, par une version antiaérienne de la FREMM. Sans pour autant que le nombre de frégates passe de 17 à 19. Mais la première coupe franche est intervenue avec le Livre Blanc de 2008. Ce dernier a en effet réduit le nombre de frégates de premier rang de 24 à 18, en y intégrant pour la première fois les 5 La Fayette, considérées jusque là comme des frégates légères et classées depuis leur mise en service entre 1996 et 2001 en unités de second rang. De là, le nombre de FREMM a été ramené de 17 à seulement 11, la version action vers la terre (AVT), qui devait être réalisées à 9 exemplaires pour succéder aux avisos, étant abandonnée. Le programme a alors été redimensionné, avec 11 FREMM seulement (les trois dernières étant commandées en 2009). A l’époque, le remplacement des avisos par des frégates lourdes avait été jugé dispendieux et, il faut aussi s’en rappeler, le programme FREMM rencontrait de grosses difficultés de financement, le concept de leasing imaginé en 2005 n’ayant pas abouti. Il a donc fallu lever les fonds de manière classique dans un environnement budgétaire extrêmement contraint.

La FREMM Aquitaine (© LE TELEGRAMME)

Nouvelle révision du programme avec la dernière LPM

Le dernier Livre Blanc (2013) a, pour sa part, entériné la réalisation sur cette série de 11 FREMM, de deux bâtiments dotés de capacités antiaériennes renforcées. Les FREMM DA (Défense Aérienne) remplaceront les Cassard et Jean Bart, dont la succession n’a pu être assurée avec les Horizon 3 et 4. Mais, dans le même temps, le nombre de frégates de premier rang a, une nouvelle fois, été revu à la baisse, pour tomber à seulement 15 unités. Avec en juin 2013 les premières annonces de Jean-Yves Le Drian concernant un nouveau projet, les frégates de taille intermédiaire (FTI), destinées à succéder aux La Fayette (FLF). Quant aux FREMM, dont la cadence de production était une nouvelle fois revue à la baisse (une unité tous les 12 mois), le sort des trois

! 19! dernières devait être officiellement tranché en 2016. Bien entendu, en coulisses, ils étaient bien peu à croire encore à la construction de ces frégates, les plus optimistes estimant que la neuvième, seulement, pourrait au mieux être confirmée. Car, pour que le projet FTI soit viable, il fallait un minimum d’effet de série. Cela sans dépasser le format fixé par le Livre Blanc. Or, pour bénéficier d’économies d’échelle, au moins quatre bateaux étaient nécessaires. Ce sera donc finalement cinq, Jean-Yves Le Drian décidant d’anticiper de deux ans la construction des FTI.

Encore six FREMM à produire

La première sortira dès 2023, au lieu de 2025, une anticipation de deux ans du programme obligatoire pour éviter une rupture de charge sur le site DCNS de Lorient, qui réalise les frégates françaises. Après la livraison de la tête de série du programme FREMM, l’Aquitaine, fin 2012, celle de la Provence interviendra ce mois-ci. Suivront ensuite la Languedoc en 2015, l’Auvergne en 2017 et la Bretagne en 2018. Un sixième exemplaire de cette classe est prévu en 2019. Il s’agit d’une nouvelle frégate, construite pour remplacer la Normandie, vendue cette année à l’Egypte. A priori, cette sixième FREMM française devrait reprendre ce nom. Dans la foulée, DCNS produira les deux FREMM DA, que la marine réceptionnera entre 2020 et 2022.

Mise à flot de la Languedoc en juillet 2014 (© DCNS)

Les FTI prennent la relève

Dans la chaine de production, les trois premières FTI vont se substituer aux FREMM 9 à 11. Le rythme de production n’est pas encore acté mais il sera probablement, à l’image des FREMM, d’environ une unité livrée tous les ans, ce qui signifierait une fin du programme FTI vers 2028. Toutefois, les programmes d’armement n’échappant que très rarement aux glissements de calendrier, il n’est pas impossible que le planning soit étalé. Sur le plan opérationnel, la marine française a de toute façon un peu de marge de manÏuvre - pour une fois -, puisque les La Fayette devaient naviguer 30 ans et que la plus ancienne n’en aura Ç que È 27 en 2023 et la cinquième le même âge en 2028. En attendant les FTI, les FLF vont d’ailleurs être modernisées et recevront notamment un sonar de coque et de nouveaux senseurs.

Soutenir les industriels sur le marché export

Le lancement si tôt du programme FTI découle avant tout d’une volonté politique destinée à soutenir l’industrie navale française. Malgré deux succès à l’export, avec une frégate vendue au Maroc et une autre à l’Égypte, ainsi que des compétitions en cours dans un certain nombre de pays (Arabie Saoudite, Canada, Brésil), la FREMM ne répondrait pas à l’ensemble des besoins en matière de frégates de premier rang sur le marché international. Certains pays souhaitent en effet des unités plus petites, bien qu'aussi équipées, avec dans certains cas un niveau d’automatisation moindre. Les

! 20! FTI serviront donc à proposer un nouveau produit dans la gamme de DCNS, entre la FREMM (6000 tonnes) et les corvettes très armées de la famille Gowind (1000 à 2500 tonnes). Un produit qui sera en outre labellisé par la marine française, ce qui rassure les clients potentiels, toujours réticents à acheter des bâtiments qui n’existent qu’à l’état virtuel. Une facture salée pour les finances publiques

Sur le plan industriel, cette décision est logique. Sur le plan économique, la gestion du programme FREMM depuis 10 ans est beaucoup plus contestable. Déjà, en ramenant la cible de 17 à 11 unités et en réduisant la cadence de production, le coût de la commande (annoncée à 6.5 milliards d’euros en 2005) a significativement augmenté. Il était ainsi estimé en 2011, dans un rapport du Sénat, à 8.2 milliards d’euros. S’il faut tenir compte des évolutions de prix au fil des années (notamment l’inflation), qui augmentent mécaniquement les coûts, la note s’avère tout de même très salée. Selon le chef d’Etat-major de la marine, auditionné au Sénat le 17 septembre, Ç l'ordre de grandeur est qu'en passant de 17 à 11, nous renchérissons le coût de la commande d'environ deux FREMM È. En clair, la France paye plus cher pour un nombre moins important de bateaux.

Et l'addition finale ne prend pas en compte la succession des 9 avisos du type A69. Car, si en 2008 il a été estimé dans les ministères, et notamment à Bercy, que la Marine nationale avait des goûts de luxe en voulant remplacer des bâtiments de 1000 tonnes par des frégates de 6000 tonnes, conduisant à la réduction de 17 à 11 du nombre de FREMM, il va bien falloir renouveler les avisos. Ce sera l’objet d’un nouveau programme, celui des bâtiments d’intervention et de surveillance maritime (BATSIMAR), qui doit voir le jour au début des années 2020 pour succéder aux A69 mais aussi à certains patrouilleurs, comme les P400 et l’Arago.

Le général André Lanata sera le prochain chef d’état-major de l’armée de l’Air Posté dans Forces aériennes par Laurent Lagneau Le 03-06-2015

Il est rare, voire même inédit, qu’une même famille puisse compter parmi ses membres deux chefs d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA). Et ce sera le cas pour les Lanata, dont le père, Vincent, occupa cette fonction entre 1991 et 1994, et le fils, André, qui vient d’y être nommé ce 3 juin, en Conseil des ministres, pour succéder, le 21 septembre prochain, au général Denis Mercier, attendu à Norfolk (États- Unis) pour prendre les rênes du Commandement Allié Transformation (ACT) de l’Otan.

! 21! Âgé de 51 ans, le général André Lanata est passé par l’École de l’Air au début des années 1980 avant d’être breveté pilote de chasse. Il participera à la plupart des interventions majeures menées par l’armée de l’Air au cours de la décennie suivante, dont les opérations Daguet et Aconit en Irak, Crécerelle en Bosnie-Herzégovine et Trident, au Kosovo. Au cours de cette dernière, il commandait un escadron de Mirage 2000D basé à Nancy.

Au tournant des années 2000, et après avoir accompli 146 missions de guerre, André Lanata a enchaîné les postes au sein de l’État-major des armées (EMA), en tant qu’officier-rédacteur à la division Ç Plans-Programmes-Évaluation È et qu’officier de Cohérence Opérationnelle (OCO) Ç Préparation È.

Après avoir assuré le commandement de la base aérienne 188 de Djibouti, entre 2004 et 2006, le général Lanata a occupé les fonctions de chef de bureau Ç Plans » à l’état-major de l’armée de l’Air puis celles de directeur adjoint affaires internationales et stratégiques au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, avant de rejoindre à nouveau l’EMA en tant que général adjoint au sous-chef Opérations et, à partir de 2013, en qualité de sous-chef d’état-major Ç plans È.

Le général André Lanata est officier de la Légion d’honneur, commandeur dans l’Ordre national du Mérite et titulaire de la Croix de guerre, de la Croix de la valeur militaire et de la Médaille de l’aéronautique.

Pour l’anecdote, alors qu’il était encore un jeune chef de patrouille, le général Lanata avait eu les honneurs du mensuel Air Fan à l’occasion de l’édition 1990 de l’exercice Red Flag. Et a priori, il a donné du fil à retordre à l’Agressor Squadron américain! (Photo).

Les deux gouvernements rivaux libyens mettent en garde contre l’avancée du groupe État islamique

Pendant longtemps, le gouvernement installé à Tripoli et soutenu par la milice islamiste Fajr Libya a nié l’implantation du groupe État islamique (EI) en Libye, parlant de Ç bandes criminelles È plutôt que de Ç jihadistes È. Seulement, avec des attentats commis à Tripoli, l’assassinat de coptes égyptiens et d’autres chrétiens originaires d’Éthiopie ainsi que les revers subis par ses troupes, notamment à Syrte, où ces dernières ont perdu le contrôle de l’aéroport, le ton n’est plus du tout le même.

Ainsi, le 31 mai, l’EI a revendiqué un attentat suicide commis par un certain Abou Wahib al-Tounsi dans les environs de Misrata. Cinq miliciens y ont laissé la vie. Dans sa revendication, l’organisation djihadiste a appelé les combattants de Fajr Libya à Ç se repentir de leur apostasie et à retourner à leur religion È.

Son territoire désormais menacé par l’EI, le gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, en a appelé une Ç mobilisation urgente È contre les jihadistes en s’adressant aux Ç officiers et soldats de l’état-major de l’armée libyenne, aux forces du ministère de l’Intérieur et à tous les services de sécurité ainsi qu’aux révolutionnaires du 17-Février dans toutes les villes È.

Le gouvernement rival emmené par Abdallah Al-Theni [ndlr, lequel vient d'échapper à une tentative d'assassinat] et installé dans la région de Tobrouk n’a pas attendu Fajr Libya pour décréter la mobilisation générale contre l’EI.

! 22! Soutenu par l’Égypte et les Émirats arabes unis tout en s’appuyant sur les forces du général Khalifa Haftar, qui a lancé l’opération Ç Dignité È il y a un an pour chasser les extrémistes de Benghazi, ce gouvernement, reconnu par la communauté internationale, combat à la fois les jihadistes et la milice Fajr Libya.

Et, lors d’une conférence de presse donnée le 31 mai, Abdallah Al-Theni, a dit craindre un scénario à l’irakienne pour son pays. Ç Les menaces de ce groupe ne cessent de peser sur les villes libyennes et il va devenir difficile de les combattre, l’Irak en est l’exemple È, a-t-il affirmé. Ç Nous sommes surpris que la communauté internationale n’ait pas pris une position ferme face à ce qui se passe en Libye È, a-t-il ajouté, avant de demander une nouvelle fois la levée de l’embargo sur les armes… Levée qui est pour le moment refusée par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui dit craindre voir ces matériels tomber entre de mauvaises mains ou alimenter les trafics.

Si les deux gouvernement rivaux ne sont pas d’accord sur grand chose, la lutte contre les jihadistes pourrait les unir. En écho aux propos de M. Al-Theni, celui établi à Tripoli a aussi demandé de l’aide face Ç à ce danger imminent È que représente l’EI et souhaité que les Ç Etats concernés par la lutte contre ce phénomène destructeur È puissent Ç coopérer È avec lui en fournissant du soutien Ç technique, logistique et en matière de renseignements È. La mission des Nations unies au Mali est l’une des plus périlleuses pour les casques bleus

Posté dans Afrique, Opérations, Terrorisme par Laurent Lagneau Le 01-06-2015

Selon l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar, al- Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué deux attaques commises récemment contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont celle ayant visé, le 28 mai, près de Tombouctou, le convoi dans lequel se trouvaient deux de ses responsables, dont le général danois Michael Lollesgaard, le commandant de sa force militaire.

Outre AQMI, le groupe djihadiste al-Mourabitoune, né du rapprochement entre le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des Ç Signataires par le sang È de Mokhtar Belmokhtar, a également revendiqué de nombreuses attaques contre la MINUSMA, en particulier dans la région de Gao (nord-est du Mali).

Même si la liberté de mouvement des groupes jihadistes qui occupèrent le nord du Mali avant d’en être chassés par l’opération Serval est entravée par les militaires français de la force Barkhane (et Sabre), il n’en reste pas moins qu’ils ont su conserver un pouvoir de nuisance. Ce dernier se traduit par des chiffres : depuis que la MINUSMA est opérationnelle, plus de 35 casques bleus ont été tués lors d’attaques.

Selon le bilan communiqué par la MINUSMA et arrêté en mars 2015, 35 casques bleus ont été tués au Mali lors de Ç 78 attaques hostiles È. Le contingent tchadien a payé le plus lourd tribut, avec 19 des siens tués. L’on compte également 249 blessés, dont 155 ont été Ð ou sont encore Ð dans un état grave. ! 23! Ë ce total, il faut ajouter les soldats victimes d’accidents, comme les deux aviateurs néerlandais tuès lors de la chute de leur hélicoptère d’attaque AH-64 Apache en mars dernier. En tout, 43 casques bleus ont perdu la vie au Mali.

Selon la MINUSMA, les pertes subies par les casques bleus au Mali représentent 1,06% du nombre total de Ç soldats de la paix È tombés au cours des 71 opérations menées par les Nations unies. Cette mission est en outre Ç la plus coûteuse en vies humaines È depuis la Somalie, dans les années 1990.

Ç Au regard du vaste territoire à couvrir, la Minusma ne peut être partout. Elle n’en a ni les ressources, ni les moyens È, a fait valoir Arnauld Akodjénou, le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU et actuel numéro deux de la MINUSMA, lors d’un discours prononcé à Bamako le 29 mai.

Déployée dans le cadre de la résolution 2.100 du Conseil de sécurité de l’ONU, la MINUSMA compte actuellement 9.145 militaires et 1.178 policiers, soit des effectifs en deçà du maximum autorisé (12.600 personnels). L’armée irakienne a perdu 2.300 véhicules lors de la chute de Mossoul Posté dans Moyen-Orient, Terrorisme par Laurent Lagneau Le 01-06-2015 inShare

Récemment, le magazine DSI se demandait, via un article publié sur son site Internet, si le groupe État islamique (EI ou Daesh) était la forme Ç la plus aboutie È de l’ennemi hybride. L’organisation jihadiste sait en effet combiner les tactiques classiques de la guérilla et du terrorisme avec des moyens conventionnels, le plus souvent pris à ses adversaires.

On savait que la débandade des forces irakiennes à Mossoul, en juin 2014, avait permis à l’EI de s’emparer de matériels militaires. L’automne dernier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estimait ses prises de guerre à 3.000 4×4 Hummer américains, 60.000 armes individuelles, 50 chars lourds et 150 blindés légers.

Ce bilan a été en partie confirmé par Haider al-Abadi, le Premier ministre irakien, au cours d’un entretien diffusé le 31 mai par la chaîne publique Iraqiya. Ç Lors de la chute de Mossoul, nous avons perdu de nombreuses armes (…) Nous avons perdu 2.300 Humvee [ndlr, High mobility multipurpose wheeled vehicle Ç , a-t-il affirmé. Ces véhicules faisaient partie d’un lot de 8.000 exemplaires fournis par l’armée américaine aux forces irakiennes à partir de 2009.

Étant donné que Washington a récemment approuvé la vente de 1.000 Humvee à l’Irak pour 579 millions de dollars, l’on peut estimer, même si le prix de ce type de véhicule varie en fonction des versions, que la perte financière dépasse le milliard de dollars. ! 24! L’EI, qui a utilisé des Humvees pour commettre des attentats suicides, a depuis conquis la majeure partie des territoires irakiens à majorité sunnite mais il s’est heurté aux combattants kurdes dans le nord du pays. Après avoir subi un revers à Tikrit, ville qu’il n’a pas vraiment défendue, il a pris le contrôle, en mai, de Ramadi, la capitale de la province d’al-Abar et lancé une offensive contre la stratégique raffinerie de Baïji.

Crash du A400M: ÇNous avons un sérieux problème de qualité dans l’assemblage finalÈ, admet Airbus par AFP

L’analyse des boîtes noires de l’avion militaire A400M qui s’est écrasé le 9 mai en Espagne et fait quatre morts confirme un sérieux problème dans l’assemblage final, a déclaré un haut responsable d’Airbus au journal allemand Handelsblatt à paraître vendredi.

Ç Les boîtes noires le confirment. Il n’y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l’assemblage final È, affirme Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe aéronautique européen, après avoir eu connaissance pour la première fois mercredi des analyses des boîtes noires de l’appareil.

Ç Le programme de contrôle des moteurs aurait été mal installé lors de l’assemblage final, ce qui aurait conduit à une panne de moteurs et au crash È, écrit le Handelsblatt dans son communiqué avant publication.

Ç Nous avons pris connaissance pour la première fois hier (mercredi) des résultats, ils confirment nos analyses internes È, a précisé M. Lahoud au quotidien des affaires allemand.

Le 19 mai, Airbus avait déjà ordonné à ses clients une inspection de leurs A400M en leur adressant une note d’alerte pour leur demander de contrôler le système de gestion électronique des moteurs.

Cette note demandait aux exploitants d’effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l’ECU (l’unité de contrôle électronique, ndlr) sur chaque moteur de l’avion avant le vol et d’effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l’ECU.

Mais dans son communiqué Airbus n’avait pas établi de lien entre ce problème potentiel et l’accident.

L’avion qui s’est écrasé effectuait un vol d’essai avant sa livraison à la Turquie, qui était prévue en juillet. Suite à cet accident, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie avaient suspendu les vols des appareils en service.

L’enquête est menée par les autorités militaires espagnoles, précisément par la Commission d’enquête technique des accidents des aéronefs militaires (CITAAM), qui devra présenter ses conclusions au juge d’instruction saisi du dossier.

Le crash de cet A400M a constitué un nouveau coup dur pour ce programme qui a accumulé retards et surcoûts.

! 25! Au total, 174 A400M ont été commandés par huit pays: Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie et Malaisie. Douze seulement sont en service à ce jour

Bacilles expédiés par erreur par l’armée US: l’affaire se complique, 18 laboratoires concernés par AFP

Dix-huit laboratoires américains sont susceptibles d’avoir reçu par erreur des bacilles actifs de la maladie du charbon (anthrax), expédiés par un laboratoire militaire, a-t-on appris jeudi auprès du Pentagone et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Pour l’instant, la présence de bacilles actifs n’a été identifiée formellement que dans un seul laboratoire du Maryland, ont indiqué les CDC et le Pentagone.

Une Ç colonie È de bacilles de la maladie du charbon [Bacillus anthracis)]. (CDC)Mais 17 autres laboratoires, dont l’un situé sur la base militaire américaine d’Osan en Corée du Sud, ont reçu des échantillons provenant du même lot, et sont donc susceptibles d’avoir reçu eux aussi des bacilles actifs, selon les CDC et le Pentagone.

Les échantillons en question Ç sont transférés avec précaution È au CDC d’Atlanta pour analyse, a indiqué à l’AFP Jason McDonald, un porte-parole des CDC.

Ç Ils ont commencé à arriver, mais il faudra 5 jours de mise en culture È pour déterminer avec certitude s’ils contiennent des bacilles vivants ou non, a-t-il indiqué.

Les 18 laboratoires avaient reçu leur échantillon du laboratoire militaire de Dugway (Utah). Les échantillons avaient été irradiés avant leur expédition pour rendre les bacilles inactifs, mais au moins un laboratoire, dans le Maryland, a reçu un échantillon contenant des bacilles actifs et a donné l’alerte.

Quatre employés de laboratoire dans le Texas, le Delaware et le Wisconsin ont été mis sous traitement antibiotique par précaution, a rappelé Jason McDonald.

Vingt-deux militaires et personnels civils ont également été mis sous traitement préventif sur la base aérienne d’Osan, selon le Pentagone.

L’irradiation du lot suspect avait eu lieu en mars 2014 au laboratoire de Dugway. Les échantillons ont ensuite été envoyés aux laboratoires privés jusqu’en avril 2015, selon le Pentagone.

Le laboratoire de Dugway participe actuellement à un programme de recherche militaire visant à fabriquer des tests de détection des menaces biologiques.

! 26! 90% des stocks mondiaux d’armes chimiques sont détruits selon l’OIAC par AFP

Environ 90 % des stocks mondiaux d’armes chimiques déclarés ont été détruits, a annoncé jeudi l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), évoquant une Çétape majeureÈ dans sa lutte contre ces armes.

ÇC’est une étape majeure qui prouve que nous sommes sur la bonne voie : débarrasser le monde des armes chimiquesÈ, a déclaré le directeur général de l’OIAC, l’ambassadeur Ahmet Üzümcü, cité dans un communiqué.

Les réserves d’armes chimiques comprenaient notamment du gaz moutarde et des précurseurs chimiques pour le gaz sarin, neurotoxique fatal même à très faible dose.

Environ 63 000 tonnes d’armes chimiques déclarées, notamment en provenance de Russie et des États-Unis, ont été détruites, a précisé à l’AFP un porte-parole de l’OIAC, Peter Sawzack.

Sont comprises dans ce chiffre les 1300 tonnes d’armes chimiques saisies en Syrie, dont la majorité avait été détruite à bord d’un navire de la marine américaine, le MV Cape Ray.

ÇLes processus d’élimination des stocks russes et américains issus de la Guerre froide sont en bonne voie et seront achevés, respectivement, avant la fin de l’année 2020 et de l’année 2023È, a souligné l’Organisation, dont le siège est à La Haye.

L’OIAC supervise la mise en oeuvre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), signée le 13 janvier 1993 à Paris et entrée en vigueur le 29 avril 1997.

Cet accord a été le premier accord de désarmement négocié dans un cadre multilatéral prévoyant l’éradication d’une catégorie d’armes de destruction massive : son objectif est l’interdiction complète des armes chimiques et la destruction des arsenaux existant dans le monde.

Ë ce jour, six pays n’ont pas rejoint la Convention : l’Égypte, la Corée du Nord, Israël et le Soudan du Sud, ainsi que l’Angola et la Birmanie où sa ratification n’est pas encore intervenue.

Les armes chimiques avaient été utilisées pour la première fois à grande échelle pendant la Première Guerre mondiale, à Ypres en Belgique.

Les attaques au gaz sarin d’août 2013 à Damas ont marqué un nouveau tournant dans le combat contre les armes chimiques. Accusé par un grand nombre de pays, le régime syrien avait finalement décidé de détruire son arsenal chimique.

! 27! A quoi ressemblera l'armée de terre en 2020 ? par Jean-Dominique Merchet

L'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM), qui sera soumise aux députés le 4 juin, fournit le détail des principaux équipements des armées à la fin de 2019. Ce texte permet donc de se faire une image assez précise de l'armée de terre d'alors. Voici le détail.

Blindés : il y aura 200 chars Leclerc, toujours Çà renoverÈ, contre 254 en 2013, soit une baisse de 20% du parc de chars lourds. Concernant les chars médians et légers, il y aura 236 AMX-10 RC contre 256 (en 2013), le tout étant complété par le maintien de 60 ERC 90 Sagaie. Soit un total de 496 blindés pour la cavalerie.

Les 110 AMX 10-P qui étaient encore en service en 2013 ont tous été mis à la retraite, et l'infanterie sera équipée de 630 VBCI. De 3200 VAB, on sera passé à 2190 VAB, auxquels s'ajouteront 92 VBMR, le nouveau Griffon.

Artillerie : 77 Caesar de 155 mm et 13 LRU - ce qui signifie que les 80 autres obusiers (AUF-1) en dotation au début de la LPM n'auront pas été remplacés. En comptant le LRU (qui tire une roquette à longue portée), l'artillerie ne disposera plus de 90 tubes - ce qui constitue sans aucun doute un minimum historique depuis le XVIème siècle.

Hélicoptères : 67 Tigre et 81 Gazelle formeront la flotte de 148 (186 en 2013) hélicoptères d'attaque et de reconnaissance. S'y ajouteront 44 NH-90 Caïman, 43 Puma, 26 Cougar et 8 Caracal - soit un total de 121 hélicoptères de manoeuvre. Hors appareils destinés à la formation, la force d'aérocombat comprendra donc 269 voilures tournantes - ce qui est en fait la première d'Europe.

Infanterie : 18552 équipements Félin, avec peut-être (la LPM ne le précise pas) les premiers exemplaires du successeur du Famas

La DGA soutient des recherches sur un robot résilient aux dommages par Laurent Lagneau

Même endommagé, il marche encore! Telle est la caractéristique d’un robot mis au point par les chercheurs de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique de l’université Pierre-et-Marie-Curie, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’Université du Wyoming. Parmi eux, Antoine Cully, un thésard de 26 ans, est soutenu par la Direction générale de l’armement (DGA).

Il s’agit d’une véritable rupture technologique : ce robot, qui compte 6 pattes dotées chacune de 3 articulations, peut ainsi continuer à avancer si l’une d’entre elles est endommagée grâce à un algorithme qui lui permet de mémoriser différentes façon de marcher parmi 10^47 combinaisons possibles.

Ç Par exemple, si marcher en s’appuyant essentiellement sur les pattes arrières ne fonctionne pas correctement, le robot essaiera alors de marcher en mettant son poids sur les pattes avant. Ce qui ! 28! est surprenant, c’est la rapidité avec laquelle le robot découvre une nouvelle manière de marcher : malgré une patte coupée en deux, il ne faut que deux minutes au robot pour trouver une manière efficace de boiter! È, a expliqué le jeune thésard.

En clair, il n’est plus besoin de pré-programmer des solutions ni même d’installer des capteurs pour établir un diagnostic d’éventuelles pannes : le robot saura trouver de lui même la meilleure façon de fonctionner avec un composant défaillant.

Pour la DGA, cette technologie, qui a fait l’objet d’une publication par la revue Nature, permettra aux robots de Ç s’adapter aux dommages en toutes circonstances È, ce qui va Ç décupler les scénarios È de leur utilisation. Opex! les dépassements ont atteint 665 millions d'euros en 2014 par Philippe Chapleau

Ce n'est pas une information inédite mais autant le redire dans le sillage de la Cour des comptes: le coût des OPEX, a dépassé de 665 millions d'euros les prévisions en 2014.

Alors que les députés avaient alloué 450 millions aux éventuels surcoûts liés aux Opex (primes, dépenses de carburant ou d'alimentation...), la facture a atteint 1,115 milliard d'euros, "soit un dépassement de 665 millions d'euros", le plus élevé depuis dix ans, selon la Cour dont la Note d’analyse de l’exécution budgétaire 2014 est à lire ici.

Certes le budget des Opex dérape régulièrement; il avait enregistré un dépassement de 620 millions d'euros en 2013. Mais la Cour des comptes estime que le surcoût des OPEX est "systématiquement sous-évalué" et que sa prévision peut être améliorée.

Certaines opérations lancées en cours d'année 2014 (lutte contre le virus Ebola en Guinée, opération Ambre en Ukraine et Chammal en Irak) n'étaient ainsi pas prévisibles, mais elles représentent un surcoût "relativement faible" (35 millions d'euros), relève la Cour (voir ci-dessous).

! 29!

Le surcoût de 1.115 millions d'euros est principalement dû aux opérations Barkhane (Tchad et Mali), pour 472 millions d'euros et Sangaris (République centrafricaine), à hauteur de 240 millions d'euros. S'y ajoutent les opérations en Afghanistan (151 M EUR), en Côte d'Ivoire (64 M EUR), au Kosovo (21 M EUR) ou la mission de lutte contre les pirates somaliens dans l'océan indien (16 M EUR).

La Cour, sans jouer aux devins, prédit un nouveau dépassement "important" en 2015, "d'environ un demi-milliard d'euros". Les armées généralisent le dépistage des blessures psychiques

Par Nathalie Guibert

La surprise causée par la rencontre avec la mort, la sienne ou celle des autres : tous les soldats peuvent connaître cette Ç effraction È qui, selon les termes des médecins, donne lieu à des blessures psychiques. La grande nouveauté est que, parmi les hommes du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) engagés dans la traque des frères Kouachi en janvier, comme chez les commandos déployés au Sahel, personne ne tait plus cette réalité dans le monde militaire. Les soignants réunis par le service de santé des armées lors d’un séminaire en ont témoigné, mercredi 27 mai, à l’école du Val-de-Grâce, à Paris.

De l’Afghanistan à la Centrafrique, les opérations récentes ont entraîné des blessures nombreuses. En moyenne, tous troubles confondus, 30 % des soldats seraient atteints. Le chef du service psychiatrie de l’hôpital Percy, Franck de Montleau, a été envoyé en Centrafrique après la mort de deux hommes du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, en décembre 2013. Ç Mon

! 30! premier constat a été celui d’un niveau élevé de stress opérationnel, les facteurs de risque étaient particulièrement nombreux. È

1 421 cas entre 2010 et 2014

Dans le chaos de l’époque, le médecin cite notamment Ç la difficulté à assurer, face à des bandes déchaînées, la protection des populations désarmées par la force È, qui a provoqué un Ç vacillement È et un sentiment de Ç culpabilité È chez les soldats. Mais aussi le fait d’assister à des lynchages, à des scènes de cannibalisme, ou d’avoir été Ç en contact...

Onze satellites militaires et un esprit spatial à répandre dans les armées pour le CIE, le commandement interarmées de l'espace

Peu médiatisé et seulement créé depuis 2009, le commandement interarmées de l'espace (CIE) entend marquer son territoire. Inversement proportionnel dans les armées à la taille du champ d'opérations. Au détour d'un lancement d'Ariane 5 mercredi 27 mai à Kourou, nous avons rencontré le général de brigade aérienne Jean-Daniel Testé, le CIE depuis l'été 2014. L'ancien utilisateur de la DRM est désormais le maître d'Ïuvre des satellites militaires français...

On considère au CIE consacrer environ 60 % de l'activité pour la préparation de l'avenir et les programmes futurs et 20 % pour les opérations (le reste en relations internationales et formations). Cela peut paraître peu mais c'est la Direction du renseignement militaire (DRM) qui se charge du gros du boulot, l'analyse des résultats. Le CIE apporte son soutien aux opérations par le biais d'un officier de liaison basé au CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations) et par le travail de coordination. Même si la DRM hiérarchise les demandes (voir en fin de note, la procédure).

Le général Testé (photo Mindéf) se bat encore parfois pour que le recours au spatial entre plus profondément dans les mÏurs militaires françaises. " Dans la foulée des Livres blancs de 2008 et 2013, le spatial est une priorité, comme la cyberdéfense, même si nous n'avons pas forcément créé un nouveau domaine de lutte. Notre préoccupation est d'introduire l'esprit spatial dans les armées. Que les officiers aient le réflexe : qu'est-ce que le spatial peut m'amener ? Au CPCO, ça fonctionne et si le général Castres restait quinze ans en poste, ça m'irait très bien... "

Conserver une capacité autonome d'analyse grâce à l'espace reste nécessaire. Malgré les coûts. Les politiques en sont convaincus depuis 2003... " Le tournant, c'est l'Irak en 2003, conte le général (2S) Henry de Roquefeuil, conseiller militaire au CNES. Et quand nous avons pu présenter au politique la preuve par des images satellites que les Américains racontaient des bobards aux Nations Unies sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Il y a eu le discours de Villepin à New York mais ne pas s'engager a aussi permis d'économiser 500 millions d'euros. Ce fut un levier extraordinaire pour le spatial... "

Onze satellites français

Actuellement, le CIE a la responsabilité de onze satellites d'observation (deux Hélios et deux Pléïades avec le CNES), d'écoutes (trois ELISA) et de télécommunications (deux Syracuse 3, un

! 31! Athena Fidus et un Sycral 2 avec l'Italie). Il possède aussi des partenariats avec l'Allemagne et l'Italie pour l'imagerie radar avec SAR-Lupe et Cosmos SkyMed.

" Ces échanges de capacités sont très intéressants car ils nous donnent une capacité tout temps, ce qui est très intéressant dans des pays nuageux comme l'Ukraine ou la Centrafrique ", indique le général Testé.

L'époque du renouvellement des capacités arrive : le programme européen optique et radar Musis (lancements entre 2018 et 2021) avec une meilleure précision qu'Hélios et l'agilité de Pléiades ; le programme CERES de renseignement électro-magnétique va s'élancer en 2020 (détection et analyse des signaux radars).

Le général Jean-Daniel Testé a piloté sur la base de Kourou cette semaine un confrère américain du Space Command de l'US Air Force. On imagine des solutions de rechange en cas de problèmes de lancements (même si on a du mal à imaginer un satellite militaire américain lancé depuis le Centre spatial guyanais...). Ils ont bien sûr comparé leurs effectifs : environ un millier de Français concernés par le spatial et 40 000 à l'USAF Space Command... Pas le même monde, y compris dans l'espace !

Comment demander (poliment) son image satellite ?

Toutes les opérations sont reliées à Creil en direct où travaille la DRM. Toutes les demandes satellites partent vers Creil et le CMOS (Centre militaire d'observation par satellite) via le poste Atos de communication. La DRM va alors hiérarchiser les priorités avant de communiquer le plan de programmation à Toulouse et aux équipes habilités Défense du CNES qui sont les opérateurs des satellites militaires français. " Quand les ordres sont transmis, le CNES programme. On est les chauffeurs des satellites ", précise le général (2S) de Roquefeuil.

En combien de temps, peut-on reprogrammer un satellite pour une demande jugée urgente, en provenance d'un officier perdu dans le désert sahélien pour le compte de l'opération Barkhane ? La réponse est variable mais dans la configuration la plus favorable (juste avant de passer au-dessus des relais et les grandes oreilles des îles Kerguelen, à Toulouse et à Kiruna en Laponie suédoise), on peut réorienter un satellite en 45 minutes. Sangaris : sécurisation du sud de Bangui par EMA

Dans le cadre du Forum de Bangui, qui a eu lieu du 4 au 11 mai 2015, le sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) réserve de théâtre, armé par le GTIA Vercors, s’est déployé au sud-est de la ville afin de maintenir une présence continue mais discrète dans cette zone.

En appui de la MINUSCA et des forces de sécurité centrafricaines, le SGTIA a patrouillé, de jour comme de nuit, dans les 6e et 7e arrondissements de Bangui. Pour cette opération de sécurisation, un poste de commandement provisoire (PCP) a été déployé à 15 km de la capitale, dans la commune de M'Boko. La compagnie véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) du 1errégiment de tirailleurs, avait pour mission d'occuper le secteur sud-ouest, du quartier de la Fatima jusqu'à PK 9. Parallèlement, les éléments du 7e bataillon de chasseurs alpins occupaient le secteur sud-est, entre les rives du L'Oubangui et M'Boko.

! 32! Ces patrouilles avaient pour objectif de prendre contact avec la population et de veiller au bon déroulement du Forum de Bangui en dissuadant d’éventuels fauteurs de troubles. Le SGTIA s’est désengagé le 12 mai 2015 pour revenir au camp de M’Poko.

Environ 1 700 militaires français sont actuellement déployés dans l’opération Sangaris, aux côtés des 9 500 hommes de la MINUSCA. Lancée le 5 décembre 2013 par le Président de la République, l’opération Sangaris vise à rétablir un niveau de sécurité minimale en République centrafricaine et à appuyer la mission de l’ONU, désormais pleinement opérationnelle.

Les soldats boliviens sont dans le… pétrin

Quand la conscription était en vigueur en France, il est arrivé de voir l’armée être sollicitée en cas de grève chez certaines professions assurant un service public. Et cela peut être encore le cas, comme en 2010, quand les militaires de l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC7), qui dépend de l’arme du Génie, furent mobilisés pour ramasser les poubelles à Marseille.

En Bolivie, afin d’éviter une pénurie de pain en raison d’une grève lancée à l’initiative de l’association des boulangers, qui proteste contre la suppression d’une subvention sur le prix de la farine, les militaires ont été appelés à mettre la main à la pâte.

En effet, le ministère bolivien de la Défense a annoncé, le 18 mai, que l’armée allait produire du pain en lieu et place des boulangers grévistes.

Ç Si nécessaire, nous augmenterons (la production) les jours à venir. Nous allons confectionner environ 70.000 unités, dont chacune coûtera 40 centimes (0,05 euro), le prix officiel È, a ainsi affirmé Reymi Ferreira, le ministre bolivien de la Défense.

Ce sont donc des soldats de 6 casernes de La Paz ainsi que ceux d’une autre implantée El Alto qui vont troquer leur fusil contre une pelle à enfourner et une brosse à four. Ç Le pain sera destiné principalement aux habitants des quartiers populaires È, a précisé le ministre. Le général Bosser annonce un recrutement massif et évoque la dissolution de la 3e Brigade légère blindée

Posté dans Forces terrestres par Laurent Lagneau Le 19-05-2015

Comme l’avait indiqué son chef d’état-major (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, lors d’une audition au Sénat au sujet du plan Ç Au Contact È, l’armée de terre aura à recruter 5.000 personnels supplémentaires d’ici la fin de l’année. Il s’agit en effet de porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre de 66.000 à 77.000 militaires afin d’assurer à la fois les opérations intérieures (Sentinelle) et extérieures.

Ç Ce chiffre est mon objectif. L’été va arriver, et ce n’est pas en deux mois que l’on va pouvoir recruter 5 000 hommes, alors qu’on en recrute environ 10.0000 sur une année entière. C’est une pression importante en matière de recrutement È, avait-il alors expliqué. Au passage, il s’agit de recruter essentiellement des militaires du rang, c’est à dire dans le cadre de contrats courts (3 à 5 ans, renouvelables le cas échéant). ! 33! Le CEMAT avait alors parlé de Ç vrai défi È et promis qu’il aurait recours, en plus du mode de recrutement classique, à Ç des leviers qui ont été jusqu’ici peu utilisés, mais imaginés au moment de l’armée professionnelle È, comme par exemple Ç le fait de déconcentrer le recrutement au niveau des régiments, en accordant aux chefs de corps un droit de recrutement de 30 personnes È.

Lors d’une rencontre avec l’Association des Journalistes de Défense (AJD), rapporte l’AFP, ce 19 mai, le général Bosser a confirmé cette mesure et en a avancé une autre. Ainsi, pour atteindre les objectifs en matière de recrutement, il a évoqué la possibilité de permettre à d’anciens engagés ayant quitté l’institution de reprendre du service Ç pour un an ou deux È. Il est aussi question d’inciter ceux qui arrivent en fin de contrat à prolonger leur engagement.

Ç L’armée de Terre sera ainsi le premier recruteur en France en 2015″, a souligné le général Bosser. Pour autant, il ne s’agit pas d’ouvrir les portes des régiments à n’importe qui. Ainsi, il n’est pas question, a-t-il averti, Ç de recruter des gens qui ont un passé douteux È et qui auraient l’intention de se Ç former gratuitement È pour ensuite rejoindre le jihad È. En clair, les candidatures seront soigneusement passées au crible par la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD) qu’il a d’ailleurs dirigée.

Quant au nouveau modèle Ç Au Contact! È, qui sera officiellement présenté le 28 mai prochain, le général Bosser a de nouveau indiqué que l’armée de Terre serait réorganisée autour de 8 piliers, dont les forces spéciales, le renseignement, l’aéromobilité, la défense du territoire national, la logistique et la maintenance. Ç C’est comme si vous gardez les fondations, les murs porteurs, les poutres maîtresses et le toit et si à l’intérieur vous cassez tout È, a-t-il expliqué.

Pour rappel, selon ce nouveau modèle, la Force opérationnelle terrestre comptera 6 brigades (2 blindées, 2 médianes et 2 légères) contre 7 actuellement. Ç La troisième Brigade légère blindée, dont l’état-major est à Clermont-Ferrand, pourrait être dissoute dans le pilier d’aérocombat È, a indiqué le général Bosser. En mars, il avait indiqué que les régiments de cette dernière seraient répartis dans les 6 autres brigades. ÇJ'ai obtenu ce que je souhaitaisÈ assure le chef d'état-major de l'armée de terre

(autre source) Le général Jean-Pierre Bosser est satisfait des arbitrages du dernier conseil de défense. Publié le mardi 19 mai à 16h56

C'est un chef d'état-major de l'armée de terre satisfait que les membres de l'Association des journalistes de défense (AJD) ont rencontrer aujourd'hui, quelques jours de la présentation publique, le 28 mai, du nouveau modèle de l'armée de terre, baptisé ÇAu contactÈ.

ÇJ'ai obtenu ce que je souhaitaisÈ, lors du conseil de défense du 29 avril, a-t-il reconnu, ajoutant : ÇJe suis le porte-parole de l'armée de terreÈ. Celle-ci s'en sort en effet plutôt bien, avec une augmentation des effectifs de la Force opérationnelle terrestre de 11.000 postes, pour un coût d'un demi-milliard par an.

Le général Bosser ne l'ignore pas, le nouveau modèle d'armée ou l'engagement de l'armée de terre dans des missions de sécurité intérieure ne font pas l'unanimité chez les terriens, même si tous se réjouissent d'un début de remontée en puissance. Le chef d'état-major entend bien Çles avis des vieux scrogneugneux sur les moquettes qui défendent un modèle un peu dépasséÈ. ! 34! Le Cemat a l'ambition de changer le modèle Çtrès verticalÈ de l'armée de terre, Çhérité de la guerre froide et du livre blanc de 1972È, explique-t-il. Cette référence peut surprendre : de très importants changements ont eu lieu depuis cette date, comme l'ont d'ailleurs régulièrement expliquer tous les prédécesseurs du général Bosser à son poste ! La professionnalisation de 1996 constitue sans doute le changement le plus notable, mais l'on se souvient des grandes réformes aboutissant à la création des bases de défense (qui seront conservées) ou la suppression de l'échelon divisionnaire en 1999. L'une des principales nouveautés de la réforme version 2015 est justement le retour de ces mêmes divisions, mais il n'y en aura plus que deux, la 1ère et la 3ème. On voit également resurgir, sous une forme un peu nouvelle baptisée Com Alat, l'ancienne 4ème DAM (division aéromobile)...

C'est là l'un des rares bonheurs de prendre de l'âge: on voit revenir ce qui avait été jugé obsolète hier. A quand la re-création d'un 1er régiment d'infanterie destiné au combat aéromobile ? Il pourrait d'ailleurs prendre la forme d'un nouveau Groupe d'appui aux opérations aéromobiles...

Selon le ministre de l’Intérieur, 213 jihadistes partis en Syrie sont revenus en France Posté dans Terrorisme par Laurent Lagneau Le 19-05-2015 inShare

Les mesures prises en avril 2014 (dont la mise en place d’un numéro vert pour signaler des radicalisations) et la loi adoptée en novembre de la même année pour renforcer les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme n’ont pas tari le flux des ressortissants français partis rejoindre l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak.

Il y a près d’un an, l’on comptait 285 jihadistes français en Syrie. Selon Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, qui a communiqué les derniers chiffres lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 19 mai, ils seraient désormais 457. Et c’est sans compter sur les 105 qui y ont été tués, dont 8 lors d’opérations suicides, et sur ceux qui sont… revenus en France.

Ainsi, sur les 278 jihadistes français, le M. Cazeneuve a indiqué que 213 seraient revenus en France. Ç Il y a des retours encadrés de Syrie toutes les semaines, parfois tous les jour È, a-t-il précisé. Ë ce sujet, le Premier ministre, Manuel Valls, avait annoncé, le 29 avril dernier, la création, d’ici la fin de cette année, d’une structure qui serait dédiée à une partie d’entre eux.

Ç Par un accompagnement individualisé, une prise en charge psychologique et un encadrement renforcé, ces jeunes devraient retrouver toute leur place dans notre société È, avait affirmé le chef du gouvernement. Ë condition, toutefois, qu’ils ne fassent pas l’objet de poursuites judiciaires. Ceux qui ont pris les armes et combattu dans les rangs de l’EI devraient donc être exclus de ce dispositifs.

Parmi ceux qui sont encore en Syrie ou en Irak, il y aurait, toujours selon M. Cazeneuve, 137 femmes, 80 mineurs, dont 45 jeunes filles. Le ministre a également indiqué que 380 candidats français au jihad se trouvent actuellement en transit vers le territoire syrien et que 521 autres ont Ç manifesté des velléités de départ È.

Au total, et depuis janvier 2014, les services du ministère de l’Intérieur ont établi à 1.683 le nombre de personnes impliquées dans les filières jihadistes irako-syriennes, ce qui représente une augmentation de 203%. Enfin, M. Cazeneuve a souligné que 6 régions sont principalement concernées par ce phénomène, à savoir l’ële-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Languedoc-Roussillon, le Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées. ! 35! La force Barkhane a saisi 1,5 tonne de drogue dans le nord du Niger Posté dans Afrique, Forces terrestres, Opérations par Laurent Lagneau Le 19-05-2015 inShare

En avril, des légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP) avaient été engagés dans un opération aéroportée vers la passe de Salvador, dans le nord du Niger. Par la suite, ils avaient été rejoints par un détachement du 1er Régiment de Hussards Parachutistes (RHP) et une trentaine de militaires nigériens, venus de Madama, où la force Barkhane a installé une base avancée. Le bilan de cette mission avait été relativement maigre, avec la découverte de 25 fûts d’essence vides et l’arrestation de 3 membres présumés d’un groupe armé terroriste.

Mais l’opération Kounama 3, effectuées dans les mêmes conditions, a été plus fructueuse. Ainsi, comme le mois précédent, une compagnie du 2e REP a été parachutée dans la nuit du 9 au 10 mai dans les environs de la passe de Salvador, afin de Ç privilégier la surprise È, explique l’État-major des armées (EMA). Les légionnaires ont ensuite été rejoints par une colonnes du 1er RHP et de soldats nigériens.

Quelques jours plus tard, à un point de contrôle établi au sud de la passe de Salvador par les militaires français et nigériens, deux pick-up roulant à vive allure ont tenté de forcer le passage avant d’ouvrir le feu. La riposte a été immédiate : 3 des occupants des véhicules ont été tués tandis que les trois autres ont été faits prisonniers.

La fouille des véhicules effectuée à l’issue de cet accrochage a permis de saisir 1,5 tonne de drogue (du cannabis), des armes de guerre, dont des fusils mitrailleurs de type PKM et des 2 AK-47 Kalachnikov, ainsi que des moyens de communication (lesquels devraient être bavards…).

La passe de Salvador est un carrefour stratégique situé à la frontière de la Libye et de l’Algérie. C’est pourquoi elle est empruntée par les groupes jihadistes qui, réfugiés dans le sud libyen, se rendent

! 36! dans le nord du Mali. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, le 1er août 2014, les forces françaises ont déjà intercepté et détruit plusieurs convois.

Un marin dénonce des manquements à la sécurité autour des sous-marins nucléaires de la Royal Navy Posté dans Dissuasion, Forces navales par Laurent Lagneau Le 19-05-2015 inShare3

Le matelot Willam McNeilly, 25 ans, est ce que l’on appelle un Ç lanceur d’alerte È. Il y a quelques jours, il a publié, via le service en ligne Scribd, un rapport de 18 pages intitulé Ç The Nuclear Secrets È dans lequel il dénonce des manquements graves à la sécurité concernant la dissuasion nucléaire britannique, qui repose exclusivement sur 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Vanguard, armés par des missiles Trident.

Depuis, ce technicien ayant notamment servi à bord du HMS Victorious, a pris la fuite Ð mais il a promis de se rendre à la police, faute de moyens pour financer sa cavale Ð et son rapport n’est plus disponible sur la plateforme Scribd.

Ç Mes informations proviennent de bonnes sources et je n’aucune raison de mentir. Si aucun changement ne se produit, une catastrophe nucléaire va certainement se passer È, a-t-il affirmé pour justifier sa démarche. Ç Désormais je n’ai plus de carrière, plus d’argent, plus de liberté et aucune chance de profiter de la vie en famille ou avec des amis. Mais je n’ai pas non plus de regrets È, a-t-il ajouté.

Dans le document qu’il a mis en ligne, Willam McNeilly a identifié une trentaine de failles dans la sécurité des 4 SNLE mis en oeuvre par la Royal Navy depuis la base navale de Clyde, à 40 km de Glasgow (Écosse).

D’après la presse britannique, ce désormais ancien marin a dénoncé des mesures de sécurité défaillantes, notamment pour l’accès à la base de Clyde. Ç Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on soit infiltrés par un psychopathe ou un terroriste È, a-t-il estimé.

En outre, il a fait état de systèmes d’alarmes débranchés Ç parce qu’ils se déclenchaient souvent È, de procédures Ç ignorées È dans le manipulation des missiles Trident et de risques de fuites et d’incendie. Ç Nous sommes tellement proches d’un accident nucléaire que c’en est effrayant et pourtant tout le monde a l’air d’accepter le risque È, a-t-il affirmé.

! 37! La Royal Navy, qui a confirmé l’identité de William McNeilly, a répondu qu’il s’agissait d’ Èopinions personnelles subjectives et non fondées, exprimées par un marin très jeune, et avec lesquelles elle est en total désaccord È.

Dans un communiqué, la marine britannique a indiqué prendre Ç la sécurité et la sûreté nucléaire très au sérieux È et se Ç pencher à la fois sur la publication non-autorisée de ce rapport et son contenu È.

Ce n’est pas la première fois que la sécurité concernant les sous-marins nucléaires de la Royal Navy est mise en cause. Et cela, de manière officielle. En 2013, le Defence Nuclear Safety Regulator (DNSR) avait publié un rapport dans lequel il avait mis en avant de graves lacunes en la matière, en allant jusqu’à évoquer de risques concernant à la fois pour les équipages et la population civile.

Deux ans plus tôt, un autre rapport rédigé par le commodore Andrew McFarlane, alors responsable de la sécurité nucléaire au ministère britannique de la Défense (MoD), avait été partiellement publié. L’officier y avait estimé que les Ç pratiques britanniques actuelles sont très loin des ‘bonnes pratiques’ couramment admises È ailleurs dans le domaine des sous-marins nucléaires.

Les policiers américains seront-il un peu moins militarisés?

C'est officiel: le Pentagone ne vendra/donnera plus de blindés chenillés aux forces de police locales. Finis aussi les dons en armes de calibre supérieur à 12,7mm, en tenues camouflées, en lance-grenades, en baïonnettes et en aéronefs armés! Le président Obama a tranché dans le sens d'une démilitarisation.

Pour le reste: MRAP et Hummer, fusils d'assaut et casques, explosifs et drones etc, le contrôle sera plus strict. Les forces de police devront disposer, par exemple, de l'accord du conseil municipal ou des autorités locales pour s'équiper dans les surplus des armées US (eh non, ce n'était pas le cas jusqu'à aujourd'hui, surtout quand c'était gratuit).

Il faut dire que pour certaines forces de police, c'était Noël tous les jours! 92 442 armes automatiques, 44 275 systèmes de vision nocturne, 5 235 Hummer, 617 MRAP et 617 avions leur ont été distribués ces dernières années. Les administrés de ces collectivités ne voyaient pas tous ça du même Ïil. Surtout ceux qui faisaient physiquement les frais de cette militarisation.

! 38!

L'équipement, c'est une chose. Encore faudrait-il aussi que la formation évolue. Pour l'heure, elle reste toujours aussi militarisée.

Il suffit de se rendre sur les sites des ESSD US spécialisées dans la formation pour voir que parmi leurs clients figurent de très nombreuses forces de police. Exemple avec Academi, Triple Canopy, Tactical Avenues etc. Et pour voir que la formation n'a rien à envier à celle des militaires, voire des SF (qui passent aussi par ces centres de formation d'ailleurs).

L'armée de terre est prête à reprendre ses anciens engagés

En 2015, l'armée de terre va embaucher 12.000 jeunes - elle sera le 1er recruteur du pays. Publié le mardi 19 mai à 10h58

L'armée de terre est prête à ÇreprendreÈ ses anciens engagés (Evat) qui l'ont quittée depuis peu et seraient au chômage ou dans une situation précaire. Déjà formés, possédant une véritable expérience militaire, ces ex-militaires seraient très vite opérationnels. Le général Jean- Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre (Cemat), qui l'a annoncé ce matin lors d'une rencontre avec l'association des journalistes de défense, a également présenté une autre mesure importante : pour la première fois depuis la professionnalisation, les chefs de corps des régiments seront autorisés à recruter directement entre 30 et 45 engagés chacun.

L'armée de terre fait face à un défi important : elle doit recruter 11.000 personnels supplémentaires (dont environ 8500 militaires du rang) au cours des deux prochaines années : 5000 d'ici la fin 2015, 5000 encore en 2016 et 1000 au début 2017. Ces chiffres s'ajoutent aux recrutements déja prévus pour le renouvellement habituel d'une armée qui doit impérativement rester jeune. Ainsi, en 2015, un total de 12.000 jeunes devront être recrutés, ce qui représente le volume le plus important depuis la professionnalisation décidée en 1996. Cette année, l'armée de terre sera le premier recruteur du pays. En moyenne, selon le Cemat, il y a trois candidats par postes ouverts.

Ce plan est délicat car l'armée de terre doit prouver rapidement quelle est capable de recruter les hommes et les femmes dont elle a expliqué avoir besoin dans le cadre de son début de remontée en puissance. ÇJ'ai obtenu ce que je voulaisÈ reconnait le général Bosser, bien conscient qu'il ne pourrait pas justifier une hausse de 11.000 postes au sein de la Force d'action terrestre, s'il ne parvenait pas à les recruter. Le coût de cette remontée en puissance est estimé à 500 millions d'euros.

Autre souci du Cemat, ancien patron de la DPSD, Çil n'a pas l'intention de recruter des gens avec un passé douteux qui viendraient passer trois mois dans l'armée de terre avant de partir en SyrieÈ. ! 39! Le site de recrutement de l'armée de terre est ici : http://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/

Le Charles de Gaulle rentre à Toulon © MARINE NATIONALE

Après quatre mois de déploiement, qui l’on conduit en Méditerranée, en mer Rouge, en océan Indien et dans le golfe Persique, le porte-avions français retrouve aujourd'hui sa base varoise.

Dans le cadre de cette mission, baptisée Arromanches, le Charles de Gaulle était accompagné de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, de la frégate anti-sous- marine Jean de Vienne (qui a relevé en cours de mission la frégate britannique HMS Kent) et d’un sous-marin nucléaire d’attaque.

! 40! La Russie redoute une contagion jihadiste en Asie centrale!

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Au moins 300 ressortissants tadjiks combattraient actuellement dans les rangs de l’État islamique et autres groupes jihadistes. D’où les mesures prises par ce pays à majorité musulmane pour contrer cette tendance : le port de la barbe est désormais interdit, de même que l’importation du hijab des voiles islamiques.!

Mais le plus inquiétant pour Douchanbé reste la situation dans le nord de l’Afghanistan, pays avec lequel il partage une frontière de 1.340 km de long. Et en particulier dans la province de Kunduz, où les taliban, très probablement renforcés par des éléments étrangers, dont des membres du Mouvement islamique d’Ouzbekistan, lequel a apporté son soutien à l’État islamique (EI).!

En outre, avec la porosité des frontières, il est à craindre des infiltrations jihadistes via la vallée de Ferghana qui chevauche le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Cette Ç zone grise È peut constituer Ð si ce n’est pas déjà le cas Ð un repaire pour les mouvements jihadistes et criminels, ce qui peut avoir pour conséquences la déstabilisation des États concernés ainsi qu’une hausse des trafics, en particulier de stupéfiants.!

En 2013, Nikolaï Bordiouja, le secrétaire général de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), avait estimé que, avec le retrait d’Afghanistan des forces de l’Otan et le retour probable des taliban, la Ç situation ne pourrait qu’empirer, avec une influence directe sur la Russie È.!

Aussi, le 30 avril, le ministère russe des Affaires étrangères s’est dit particulièrement préoccupé par la situation dans le nord afghan. Et cela d’autant plus que, par le passé, le Tadjikistan a déjà eu à faire avec des groupes jihadistes dans la vallée du Racht, et que les capacités militaires des pays concernés sont plutôt limitées. D’où le rôle de Ç garant pour la sécurité È prêté à la Russie.!

Ç Des informations alarmantes nous parviennent sur une dégradation sérieuse de la situation dans les provinces nord-est de l’Afghanistan, à proximité des frontières des Etats d’Asie centrale. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’offensive d’envergure menée à présent par les terroristes dans la province de Kunduz, limitrophe du Tadjikistan È, a-t-il fait affirmé.!

Cette inquiétude n’est pas nouvelle. En 2012, Moscou et Douchanbé s’étaient mis d’accord pour conserver sur le territoire tadjik, pour une durée de 49 ans, une base militaire abritant la 201e division

! 41! russe et environ 7.000 hommes, ce qui en faisait, à l’époque, la plus importante maintenue par la Russie à l’extérieur de ses frontières.!

Cette emprise militaire Ç relève de l’Organisation du traité de sécurité collective et est prête à repousser les menaces extérieures auxquelles nos Etats sont exposés È, avait alors expliqué Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.!

Et c’est justement dans le cadre de l’OTSC, qui réunit également la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, et le Kirghizistan qu’un important exercice militaire impliquant 2.500 soldats a commencé la semaine passée au Tadjikistan.!

Ç Les forces armées de ces États ont des faiblesses critiques, avec des structures de commandement corrompues, È a expliqué Vasily Kashin, un expert du Centre d’analyse des stratégies et des technologies de Moscou, dont les propos ont été rapportés par l’AFP. Ç Une incursion [jihadiste] modérée pourrait avoir un effet dévastateur. La Russie n’aurait pas d’autre choix qu’une intervention militaire rapide È, a-t-il ajouté.!

D’où l’importance de cet exercice militaire qui se tient actuellement au Tadjkistan. La participation russe comprend 500 commandos Ç d’Ivanov et d’Oulianovsk È, Ç 60 matériels de guerre È, 2 avions d’attaque Su-25, 2 chasseurs-bombardiers Su-24, ainsi que des hélicoptères Mi-8 et Mi-24″.!

!! !Les forces spéciales américaines ont tué un haut responsable de l’État islamique en Syrie! Posté dans Forces spéciales, Moyen-Orient, Opérations par Laurent Lagneau Le 16-05-2015 ! inShare1!

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Malgré l’appui de la coalition internationale emmenée par les États-Unis, les forces irakiennes sont à la peine face aux combattants de l’État islamique (EI ou Daesh) à Ramadi, dans la province d’Al-Anbar. Ces derniers ont récemment lancé une nouvelle offensive sur la stratégique raffinerie de Baïji, située à 200 km au nord de Bagdad. En Syrie, ils approchent de la cité antique de Palmyre. Le pouvoir syrien y a envoyé des renforts et son aviation (ou ce qu’il en reste) pour arrêter les colonnes jihadistes… Mais ce sursaut arrive sans doute trop tard.!

! 42! Ces avancées de l’EI sur le terrain viennent après la diffusion, cette semaine, d’un message de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, dont la rumeur indiquait qu’il avait été gravement blessé par un raid aérien américain.!

L’une des solutions pour contrer l’EI passe par l’identification et l’élimination de ses hommes clés, c’est à dire ceux qui sont indispensables à son financement et à la planification de ses opérations militaires tout en étant très discrets. C’est ainsi que les forces spéciales américaines ont mené un raid en Syrie afin de capturer un certain Abou Sayyaf, qui, connu également sous le nom de Mohammed Shalabi, aurait joué un rôle important dans le trafic de pétrole, par lequel l’organisation jihadiste tire la plus grande part de ses revenus.!

Seulement, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a indiqué, ce 16 mai, que cet Abou Sayyaf a été tué Ç lors d’échanges È de tirs avec les forces américaines, au cours d’une opération, menée à al-Amr, dans l’est de la Syrie. L’épouse de ce responsable de l’EI a été capturée et se trouve désormais en détention en Irak. En outre, une jeune femme yézidie, qui servait visiblement d’esclave au couple, a été libérée.!

L’opération Ç a eu lieu dès que nous avons obtenu suffisamment de renseignements et avons eu bon espoir qu’elle puisse réussir È, a, de son côté, expliqué Bernadette Meehan, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC). Et elle a été menée Ç avec l’entier consentement des autorités irakiennes È et Ç dans le respect du droit national et international È, a-t-elle assurée. En revanche, le régime syrien n’a pas été informé de cette intervention à al-Amr.!

Ce n’est pas la première fois que les forces spéciales américaines agissent en territoire syrien. L’an passé, des hélicoptères BlackHawk modifiés du 160th Special Operations Aviation Regiment de l’US Army, des commandos de la Delta Force et des Navy SEALs avaient tenté de libérer plusieurs otages retenus par l’EI, dont James Foley et Steven Sotloff. L’opération se solda par un échec et les deux hommes furent assassinés quelques semaines plus tard.!

! !Faut-il autoriser les militaires à adhérer à un parti politique?! Posté dans Social par Laurent Lagneau Le 16-05-2015 ! inShare16!

Ce n’est que le 17 août 1945 que les militaires ont obtenu le droit de vote. Jusqu’alors, il était considéré qu’ils ne devaient pas prendre parti dans le débat politique. Par la suite, ils ont été autorisés à exercer certaines Ç fonctions publiques électives È, sous réserve de se mettre en congé sans solde. Cette disposition a été toutefois assouplie en novembre 2014 par le Conseil constitutionnel, mais uniquement pour le mandat de conseiller municipal.!

Cependant, en temps normal, l’article L4121-3 du code de la Défense Ç interdit aux militaires en activité de service d’adhérer à des groupements ou associations à caractère politique È car l’état militaire Ç exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité È. Ainsi, il s’agit de préserver les armées de pressions politiques et de la tenir à l’écart des luttes partisanes.!

Les devoirs des militaires et Ç les sujétions È que leur statut implique Ç méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation È, est-il écrit dans le code de la Défense. Or, justement, ce manque de reconnaissance explique en partie l’une des propositions faites par le groupe de travail sur la citoyenneté des militaires du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM).! ! 43! Lors d’une audition devant la commission de la Défense nationale et des Forces armées, à l’Assemblée nationale, le médecin-chef Claudy Berthelot, membre du CSFM, a indiqué que ce groupe de travail avait, en septembre 2014, Ç commencé à amorcer un tournant en proposant de façon unanime la possibilité È, pour les militaires, Ç d’exercer un mandat électif local sans détachement systématique ainsi que la possibilité d’adhérer à un parti politique sans y exercer des reponsabilités È. Et d’ajouter : Ç Ces deux propositions (…) n’étaient pas l’expression d’une revendication de longue date mais le fruit d’une réflexion exhaustive qui conduisait au constat de la difficulté des militaires à se faire entendre dans la société d’aujourd’hui È.!

Plus tard, un autre membre de cette délégation du CSFM, le commissaire en chef de 1ère classe Alain Monnier, a expliqué cette proposition visant à permettre aux militaires d’adhérer à une formation politique.!

Ç En matière religieuse et philosophique, il y a une liberté pour le militaire. Et quand il va au temple, à l’église, à la mosquée ou à la synagogue, il est visible. Donc, pourquoi ce qui vaut pour les opinions religieuses et philosophiques ne vaudrait pas pour les opinions politiques? È, a-t-il demandé.!

Ç On a proposé un sérieux bornage È, a-t-il continué, avec l’interdiction de faire du prosélytisme et d’exercer des responsabilités politiques. Ç Il est une chose d’adhérer à un parti, d’en prendre la carte puis d’écouter ce qui se dit et participer aux débats internes mais on n’est pas allé jusqu’à autoriser les militaires à faire état d’opinions politiques en public È, a-t-il précisé.!

En clair, puisque les militaires ont le droit de voter, il est supposé qu’ils ont des convictions politiques. Ce qui signifie que la neutralité est toute relative. D’ailleurs, c’est ce qu’a souligné le député (PS) Philippe Nauche, qui présidait la séance. En tout cas, le débat est ouvert.!

Un nouveau type de porte-avions est à l’étude en Russie! Posté dans Forces navales, Russie par Laurent Lagneau Le 16-05-2015 ! inShare!

Comme la France, la Russie ne dispose que d’un seul porte-avions, avec l’Amiral Kouznetsov. D’une longueur d’environ 300 m pour un déplacement de plus de 67.000 tonnes en pleine charge, ce bâtiment, mis en service en 1995, peut emporter une quarantaine d’aéronefs, dont 12 chasseurs SU- 33.!

Cependant, et alors que, en France, le projet d’un second porte-avions a été renvoyé aux calendes grecques, la Russie entend développer les capacités aéronavales de ses forces navales, avec le lancement d’un nouveau programme appelé Ç Projet 23000E È ou Ç Shtorm È. Et il s’agit de rivaliser avec les bâtiments du même type mis en oeuvre par la marine américaine.!

Ainsi, rapporte le magazine spécialisé IHS Janes, le Centre de recherche de Kryvlov (KSRC) va présenter une nouvelle classe de porte-avions à l’occasion du ! 44! prochain salon international de la défense maritime qui se tiendra en juillet à Saint-Pétersbourg. Et visiblement, les ingénieurs russes ont donné dans la démesure par rapport aux projets précédemment présentés.!

En effet, il est question de construire un porte-avions d’un tonnage compris entre 90.000 et 100.000 tonnes (comme ceux de la classe Gerald R. Ford aux États-Unis), d’une longueur de 330 m pour 40 m de large et un tirant d’eau de 11 m. Ce navire devra être en mesure d’emporter entre 80 et 90 aéronefs, dont des MiG-29K et des avions navalisés dits de 5e génération de type Sukhoï FA T-50.!

Le Ç Shtorm È comptera deux îlots, un pont d’envol oblique et 4 positions de lancement, dont 2 utilisant des catapultes électromagnétiques (à l’image de la prochaine classe de porte-avions américains) et 2 par des rampes inclinées, comme c’est actuellement le cas pour l’Amiral Kouznetsov. Côté armement, il s’appuiera sur 4 systèmes anti-aériens. En outre, il disposera de dispositifs de guerre électronique et de capteurs intégrés.!

Quant aux performances, ce porte-avions devrait naviguer à la vitesse maximale de 30 noeuds (via une propulsion nucléaire ou classique, le choix n’est pas encore tranché) et avoir une autonomie de 120 jours. Alors que la tendance, chez les Occidentaux, est de réduire le format des équipages en misant sur une automatisation accrue, le bureau d’étude russe fait un choix opposé : le Shtorm comptera entre 4.000 et 5.000 marins.!

Ç Le projet de porte-avions polyvalent 23000E est conçu pour mener des opérations dans des zones éloignées, engager des cibles ennemies terrestres et maritimes, assurer la stabilité opérationnelle des forces navales ainsi que la défense aérienne et la protection de troupes de débarquement È, a expliqué Valery Polyakov, le directeur adjoint du KSC.!

Toutefois rien n’a été dit sur la capacité éventuelle de ce navire à embarquer des drones de combat. Et cela, alors que la marine américaine a fait de cette possibilité une priorité.!

! Pour 2014, les indemnités de sujétions pour service à l'étranger se sont élevées à 377 millions d'euros!

La mouche du coche? Connaissant un peu l'élu, il y a de ça... François Cornut-Gentille tire, non pas à boulets rouges, mais avec constance, des rafales de questions intéressantes.

En février dernier, il avait interrogé le ministre de la Défense sur l'indemnité de sujétions pour service à l'étranger. Il lui avait demandé de préciser, pour 2014, le montant total des indemnités versées au titre de sujétions pour service à l'étranger et leur répartition en effectif et en valeur par situation ouvrant droit à cette indemnité (Opex, diplomatie de défense, organisations internationales...) et par arme.!

Voici les éléments chiffrés de la réponse du ministre:!

! 45! !

A ces 377 millions s'ajoutent 31 millions pour le personnel militaire affecté aux missions de défense des représentations diplomatiques françaises à l'étranger. Ces militaires ne perçoivent pas l'indemnité de sujétions pour service à l'étranger, mais l'indemnité de résidence à l'étranger:!

! ! La Chine veut profiter de la position stratégique de Djibouti!

SHARE ON: Print ! Revue de Presse — mai 16, 2015 !

Vu sur le web (Les Échos) - La Chine pourrait ouvrir une base militaire à Djibouti!

Après la France, les États-Unis et récemment le Japon, la Chine pourrait déployer à Djibouti une base militaire. Sans confirmer ou démentir, indique le Ç China Daily È, le ministère des Affaires étrangères à Pékin a souligné Ç l’amitié traditionnelle, la coopération actuelle et les objectifs ! 46! partagées È des deux républiques. De plus, la Chine Ç souhaite et est obligée de contribuer plus à la paix et à la stabilité de la région È.

Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, avait confié à l’AFP que la Chine était en discussion avec Djibouti. Pour Pékin, il s’agirait d’un réel changement de cap. Ç Pendant des décennies, écrit le quotidien proche du Parti communiste chinois, on s’est habitué à une Chine qui mettait en avant le fait de n’avoir aucun soldat déployé en permanence sur un sol étranger pour souligner sa volonté d’un développement pacifique È. !

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La suite sur >> http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/02166410371-la-chine-pourrait-ouvrir-une- base-militaire-a-djibouti-1119500.php?5jC50MflUE7XJmZw.99! Du changement en vue pour la tenue des militaires de l’armée de Terre!

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Le 28 mai prochain, le général Jean- Pierre Bosser donnera le détail du plan Ç Au Contact È, qui sera le nouveau modèle de l’armée de Terre, dont il est le chef d’état-major (CEMAT). Lors d’une audition récente au Sénat, il en a déjà donné les grandes lignes, avec la création de nouveaux commandements spécialisés et l’organisation de la force opérationnelle terrestre (FOT) selon deux divisions composées chacune de 3 brigades Ç Scorpion È.!

Le numéro d’avril de Terre Information Magazine (TIM) consacre un dossier spécial sur ce nouveau modèle censé répondre aux besoins opérationnels de l’armée de Terre et apporter des améliorations dans la vie quotidienne de ses personnels.!

D’ores et déjà, des mesures Ç concrètes È ont été prises afin, précise TIM, Ç d’améliorer les conditions d’exercice du métier militaire et de vie en garnison È. Certaines sont déjà connues, comme l’acquisition de 1.000 Ç véhicules de soutien à la préparation opérationnelle È de type Ford Ranger et de 150 motos Yamaha XT660Z Ténéré ou encore la livraison de 98 Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) de 32 tonnes et de la livraison, à raison de un exemplaire par mois, de 55 hélicoptères de nouvelle génération (NH-90 TTH Caïman, Cougar rénové et Tigre HAD).!

L’arme du Génie recevra 40 compresseurs portés, 10 systèmes de 2 engins de déminage de zone et 4 bulldozer D7. De nouveaux explosifs sont attendus comme le Pain d’explosif malléable (PEM) et la Bande explosive autocollante (BEA).

! 47! Quant aux forces spéciales Terre, elles seront dotées, dés cette année, de 300 jumelles de vision nocturnes (JVN) acquise en urgence opérationnelle (UO). En outre, leurs opérateurs seront tous armés de fusils HK416 et du pistolet Glock 17.!

Pour en terminer avec cet inventaire à la Prévert, il est aussi question de la réception de 18 quad Polaris Sportsman 570 pour le 2e Régiment de Hussards et le 28e Groupement géographique, de 20 ensembles SPL porte- conteneurs pour la Brigade Logistique, de 4 Bulldozer D6K pour les opérations amphibies, de 78 fourgons Renault Master et de 200 tentes PC GTIA (Groupement tactique interarmes).!

Enfin, la Ç fiabilisation È de 1.000 Petits Véhicules Protégés (PVP), laquelle consiste à leur apporter des Ç améliorations techniques È a été amorcée. Entre 30 et 40 exemplaires seront livrés chaque mois à partir de cette année.

Une telle opération était prévue : il avait en effet été décidé, l’an passé, d’un retour en usine de ces véhicules pour corriger une quinzaine de défauts concernant les pédales, les bielles de direction, la tuyauterie ou bien encore les cardans.!

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! 48! 3/ LES MENACES L’armée est-elle efficace contre le terrorisme sur le sol français? !

Par Alain Barluet / LE FIGARO 08/06/2015

Les mesures décidées après les attentats du 11 janvier ont replacé l’armée parmi les acteurs majeurs de la lutte antiterroriste sur le territoire national. Le Président de la République, Chef des armées, a décidé que 7 000 militaires seraient déployés à cet effet en France sur la durée, avec la possibilité de monter à 11000 hommes en cas de besoin.

Un tournant stratégique et budgétaire qui témoigne d'une relance de l'effort de défense, et qui sous- tend la loi de programmation militaire (LPM) 2014- 2019 actualisée, en discussion ces jours-ci au Parlement. L’armée de terre, principale concernée, a entamé sa réorganisation pour prendre en compte ce rôle de protection, désormais au coeur des préoccupations des Français.

Cet engagement des forces terrestres sur le territoire national, sans débat préalable, a suscité des critiques et des questions. L'armée, conditionnée par des décennies d'opérations extérieures (Opex), est elle à sa place pour lutter efficacement contre la menace terroriste sur le sol français ? Ce rôle ne doit il pas être d’abord, sinon exclusivement, dévolu aux forces de sécurité intérieure, (police, gendarmerie...) ? Le soldat qui se bat à Gao peut-il être le même qui assure la protection d’un ‘’site sensible’’, à Marseille ou à Lyon, dans le cadre de l'opération ‘’Sentinelle’’ ? Ces interrogations sont prises extrêmement au sérieux par les États majors, et une réflexion de fond a été lancée. Sous l'autorité du premier ministre, un rapport doit être produit avant la fin de l'année par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) sur les conditions d'emploi des forces armées sur le territoire national. Depuis la fin de la conscription (1997) et avec la désertification militaire, l'armée de terre est quelque sorte ‘’orpheline’’ du territoire national. Ce n’est pas le cas pour la marine et l'armée de l'air, toujours assujetties à des missions de protection. Pour autant, l'ordonnance de 1959 demeure valide : " La défense à pour objet d'assurer en tout temps. en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression, la sécurité et l'intégrité du territoire, ainsi que la vie de la population’’. Celle ci comprendrait mal que compte tenu du niveau de menace et du besoin de protection, l'armée se détourne de ce qui reste son milieu naturel. D'ailleurs, en dépit de certains Incidents, la visibilité des militaires dans nos rues est bien accueillie et même souhaitée. Leur rôle, après tout, est aussi de rassurer.

Si les Français sont demandeurs, c'est aussi parce que, depuis janvier, ils ont plus clairement en tète l’idée d'une continuité entre sécurité extérieure et sécurité Intérieure. Et donc de la cohérence de l'action des armées, au plus loin comme au plus près. Cette polyvalence entre engagement en ‘’Opex’’ et en opération intérieure (‘’Opint’’) est au coeur des valeurs du soldat et de l'esprit de défense. Elle garantit aussi l'attractivité du métier des armes vis-à-vis de ceux qui hésiteraient à s'engager dans une armée ‘’à deux vitesses’’, type garde nationale.

Tout cela ne va pas de soi. Présence et visibilité ne riment pas forcément avec efficacité. Rassurer ! 49! ne peut être toute la mission. Une doctrine d'emploi doit maintenant être forgée dans un contexte où l’armée n'est ni seule ni primo-intervenante. Le sujet, ardu, de la coordination avec les autres forces de sécurité sera donc capital. Des pistes de réflexion s'imposent, une rigoureuse analyse des cibles potentielles du terrorisme est nécessaire. Il faut réfléchir à l’emploi optimal des forces, de même qu'au renforcement de l'utilisation des réservistes. Les conditions d'ouverture du feu devront être déterminées pour éviter des drames. Il s'agit aussi de protéger juridiquement les militaires, habitués à maîtriser la force, mais dont la difficile mission peut avoir à s'exercer dans la foule. Autre volet sensible, l'utilisation d'armement non létal (gaz paralysant, balles en caoutchouc...) doit être abordée. Au total, le nouveau contrat opérationnel devra préciser le rôle de l’armée aux côtés des autres acteurs de la lutte antiterroriste. C'est dans cette optique de complémentarité que ses capacités et ses savoir-faire spécifiques (renseignement, hélicoptères, génie mais aussi planification, soutien et logistique) devraient trouver toute leur utilité pour le long combat qui se poursuit.

Les nouvelles conquêtes de Daech

Le Parisien mardi 19 mai 2015

MOYEN-ORIENT. L’influence de l’EI en Irak et en Syrie ne faiblit pas, malgré les bombardements de la coalition. Au contraire, le groupe se renforce au fil des mois.

Ceux qui pensaient que le groupe État Islamique serait rayé de la carte du Moyen- Orient en quelques mois sont en train de cruellement déchanter.

Car malgré les bombardeme nts quasi quotidiens de

! 50! la coalition dirigée par les États-Unis et les assassinats ciblés de certains de ses chefs, Daech continue de s’en- raciner en Irak et en Syrie. Pour certains stratèges occidentaux, sans le concours de troupes au sol une victoire contre l’EI est désormais totalement illusoire.

Ramadi et Palmyre dans le collimateur des jihadistes

Après avoir subi une cuisante défaite il y a quelques mois à Kobané — cette petite ville kurde située à la frontière turque — les radicaux islamistes ont également perdu la localité de Tikrit, l’ex-fief irakien de Saddam Hussein. Des victoires pour les camps anti-Daech qui masquent toutefois une réalité moins glorieuse. Ç Dans le même temps, les jihadistes n’ont cessé de progresser dans la province d’Anbar, dans l’ouest de l’Irak. Ils se sont petit à petit implantés dans la ville de Ramadi qu’ils ont fini par conquérir ce week-end en infligeant de sérieux revers aux forces irakiennes È, explique Wassim Nasr, expert des mouvements islamistes à France 24. Même scénario en Syrie. Chassé de la ville d’Alep, l’EI a déployé ses forces au centre et à l’Est en s’emparant récemment de plusieurs champs gaziers (Al-Hél et Arak) aux abords de Palmyre. Les combattants encerclent toujours cette cité antique, merveille archéologique connue dans le monde entier. Ç Ce ne sont pas les vieilles pierres qui intéressent l’EI mais plutôt la situation stratégique de la ville, située sur la route de Homs. Et aussi la prison qui est une des plus importantes du régime. Des opposants de différentes nationalités y croupissent depuis des années È, précise Wassim Nasr.

De l’argent et des armes pour tenir des années

Au fil de ses conquêtes, le groupe État islamique continue de récupérer en grande quantité des véhicules blindés, des armes de toute na- ture, des munitions. Aucune pénurie à craindre de ce côté- là. Ses sources de financement semblent également illimitées. Ç Le groupe règne sur un territoire aussi vaste que la Grande-Bretagne à cheval entre l’Irak et la Syrie È, rappelle un spécialiste de la région. Un territoire qui comprend du gaz, du pétrole (dont le trafic passe principalement par la Turquie) mais aussi des ressources agricoles (en particulier des céréales).

Le soutien d’une partie de la population

Se livrant à des atrocités sur leurs adversaires (décapitations, crucifixions, lapidations, défenestra tions d’homosexuels) les jihadistes conservent malgré tout le soutien d’une partie de la population, notamment dans les zones peuplées de sunnites. Ç Bien souvent ces gens n’ont pas le choix. Ils pensent qu’ils seront mieux traités que par les gouvernements chiites en place.

Les jihadistes sont entre 30 000 et 50 000, dont beaucoup d’étrangers : ils ne pourraient jamais tenir un espace aussi grand sans cela È, note un diplomate français. Hier, les officiels américains ont admis que la chute de Ramadi constituait un recul. Quant à la reconquête de Mossoul — aux mains des jihadistes depuis 2014 — elle a été repoussée sine die, alors qu’elle devait initialement démarrer cet été. Bref, l’éradication des extrémistes de Daech n’est pas encore pour demain.

FRÉDÉRIC GERSCHEL

! 51! 4/ Projet de loi Actualisation de la Programmation Militaire 2014-2019

Une nécessaire réduction des déflations d’effectifs ?

Les réformes et restructurations engagées dans le domaine des ressources humaines visent à obtenir un modèle permettant au ministère de répondre aux besoins des armées et de s’adapter aux évolutions futures, attractif et maîtrisé en termes de masse salariale : elles seront poursuivies.

Toutefois, les attentats de janvier dernier ont accru le niveau de menace et sollicité la mobilisation des armées sur le territoire national dans un contexte d’engagement déjà exceptionnel de ces armées, notamment en opérations extérieures.

Ainsi, la diminution des effectifs de la mission Défense, initialement prévue à hauteur de 33 675 ETP, est atténuée de 18 750 ETP et s’établira sur la période 2014 Ð 2019 à 14 925 déflations, hors effectifs de volontaires liés à l’expérimentation du Service militaire volontaire (SMV). Cette réévaluation répond aux objectifs opérationnels et de gestion fixés dans le Livre blanc et à la nécessité de renforcer dans la durée la protection du territoire national, par la création de près de 15 000 postes. Les effectifs du ministère de la Défense atteindront ainsi 261 161 ETPE en 2019.

Sur la durée de la présente loi, la répartition des déflations devra veiller, en fonction de leurs missions respectives, à une réduction équitable entre personnel militaire et personnel civil et permettre à chaque catégorie de personnel, dans le cadre de la politique mise en Ïuvre par les gestionnaires, de disposer d’une visibilité réelle sur ses perspectives professionnelles.

S’appuyant sur un modèle de ressource humaine stabilisé, la déflation des effectifs militaires entre 2014 et 2019 sera de l’ordre de 9400. Si les effectifs du personnel civil seront réduits de l’ordre de 5 500 postes, une augmentation de la proportion de personnel de catégorie A et B sera dans le même temps autorisée, afin de mettre en Ïuvre les renforts décidés, notamment dans le domaine de la cyber-sécurité.

La réalisation des effectifs intégrera également un effort de rééquilibrage des compétences au profit des spécialités déficitaires.

L’évolution totale des 14 925 effectifs respectera le cadencement suivant, hors effectifs liés à

! 52! l’expérimentation du SMV :

(*) Créations d’emplois FOT, Soutien, PRODEF, RENS, CYBER

Une rénovation de la concertation par la création des associations professionnelles nationales de militaires

Ë la suite des deux arrêts prononcés le 2 octobre 2014 par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), le projet d’actualisation de la loi de programmation intègre le droit pour les militaires de créer et d’adhérer librement à des Associations professionnelles nationales de militaires (APNM).

L’objet de ces APNM sera de préserver et promouvoir les intérêts des militaires en ce qui concerne la condition militaire, dans le respect de leurs obligations statutaires. Les associations pourront notamment, et à ce titre, ester en justice, dès lors qu’elles entendraient y contester les actes réglementaires relatifs à la condition militaire ou des décisions portant atteinte aux intérêts collectifs de la profession. De même, comme la convention européenne des droits de l’homme le prévoit, la loi intègre, compte tenu de la spécificité des missions incombant aux forces armées, des restrictions légitimes à leur action. Sans priver les militaires de leur droit général d’association et, par conséquent de leur droit de participation, ces restrictions concernent principalement les droits de grève, de manifestation ou de retrait. Ainsi, les actions collectives ou initiatives individuelles visant à défendre des intérêts professionnels de la part des militaires engagés dans des opérations, notamment opérations extérieures, sont également interdites, afin de respecter les garanties constitutionnelles de disponibilité des armées.

La loi crée donc un droit nouveau, mais un droit encadré, voie moyenne et équilibrée entre le droit syndical qui serait incompatible avec les obligations constitutionnelles de libre disposition des armées et l’interdiction générale et absolue condamnée par la CEDH.

Les APNM seront exclusivement constituées des militaires Ç d’active È (militaires en activité, réservistes opérationnels sous contrat, fonctionnaires détachés dans un corps militaire).

Le projet de loi permet aux associations professionnelles nationales de militaires représentatives de participer au dialogue interne en leur réservant (dans la limite du tiers du total) des sièges au Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM).

Avec les nouveaux acteurs que seront les ANPM, le CSFM doit se professionnaliser, devenant plus réactif et travailler de façon plus permanente. Le projet de loi pose ainsi les bases de cette rénovation en recentrant, notamment, le CFM sur le dialogue interne à chaque armée. Il supprimera l’étude systématique de l’ordre du jour du CSFM par tous les CFM, qui alourdissait la procédure et allongeait anormalement les délais réglementaires souvent au détriment de l’intérêt de la communauté militaire et de la mise en Ïuvre rapide des textes statutaires.

Les compétences du CSFM seront également élargies : il sera systématiquement consulté sur les projets de loi modifiant le statut général des militaires et de ses textes d’application ayant une portée statutaire, indiciaire ou indemnitaire. Cette évolution contribuera au processus de rénovation de la ! 53! concertation au sein de la communauté militaire.

Un appel renforcé à la réserve militaire

La réserve opérationnelle est une composante à part entière des forces armées avec, en moyenne, en 2014, plus de 1 800 réservistes opérationnels du ministère de la Défense en service chaque jour. C’est une illustration du lien entre la Nation et son armée.

Le modèle de réserve opérationnelle défini en 1999, dans le cadre de la suspension du service national, doit être conforté pour répondre à des besoins croissants, notamment en matière de protection du territoire national. Pour atteindre cet objectif, divers moyens seront mis en Ïuvre, aux premiers rangs desquels :

¥ un dispositif permettant, en cas de menace sur la sécurité nationale, d’augmenter le nombre de jours d’activité des réservistes salariés et de réduire le préavis d’information de leurs employeurs,

¥ la fin de la lente érosion des effectifs avec une augmentation, de 28 000 à 40 000 réservistes, en favorisant un élargissement des recrutements vers les entreprises. L’objectif est d’attirer des femmes et des hommes disposés à servir dans des postes opérationnels pendant au moins trois ans, au minimum trente jours par an et, dans certains cas, jusqu’à deux cent dix jours,

¥ une augmentation du budget consacrée à la réserve de 75M€ sur la période 2016-2019.

Dans cette perspective, la recherche de partenariats avec les entreprises, notamment par l’établissement de conventions, sera poursuivie pour mieux valoriser le rôle des réservistes, les fidéliser et accroître l’adhésion des employeurs au principe de la réserve. Une communication adaptée vers la société civile sera mise en place.

Dans des domaines sensibles, tels que la cyberdéfense, le recours aux réservistes opérationnels sera développé.

Une amélioration de la gestion de la réserve opérationnelle doit également être conduite, afin notamment de disposer de ressources identifiées et rapidement mobilisables ; en particulier, le suivi de la réserve de disponibilité sera rénové et devra se concentrer sur les deux premières années de disponibilité des anciens militaires.

La réserve citoyenne, constituée de bénévoles, est un vecteur de cohésion entre la Nation et les armées et contribue à la diffusion de l’esprit de défense.

Ces collaborateurs bénévoles servent en faisant bénéficier la Défense de leur expertise et de leur connaissance du tissu socio-économique. Ainsi, pour faire face aux enjeux de la cybersécurité, un réseau de réservistes citoyens sera développé afin d’apporter son concours au ministère et plus généralement aux divers services de l’État. D’autre part, un réseau de réservistes citoyens dédié à la reconversion contribuera à une meilleure interaction des mondes civil et militaire afin d’accompagner l’action du ministère de la Défense dans le domaine de la transition professionnelle.

Dans le cadre du plan d’égalité des chances du ministère, le réseau des Réservistes locaux à la ! 54! jeunesse et à la citoyenneté (RLJC) sera encore développé afin d’améliorer la couverture des quartiers sensibles, en s’adaptant à la nouvelle géographie de la politique de la ville.

Enfin, la réserve citoyenne du ministère de la Défense apportera son concours au développement de la réserve citoyenne d’appui aux écoles et aux établissements.

5/ LIBRES PROPOS

Prise de Palmyre par l'État islamique : pourquoi une telle inaction de la coalition?

LE FIGARO Par Hadrien Desuin Publié le 21/05/2015 à 11:02 http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/05/21/31002-20150521ARTFIG00104-prise-de-palmyre-par-l-etat- islamique-pourquoi-une-telle-inaction-de-la-coalition.php

FIGAROVOX/TRIBUNE - L'État islamique s'est entièrement emparé de Palmyre ce jeudi. Hadrien Desuin, dénonce l'inaction de la coalition qui préfère sacrifier la cité antique plutôt que d'apporter son concours à Bachar al-Assad.

Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde.

Le 13 mai, l'offensive de l'État islamique débutait à Palmyre, carrefour névralgique du désert syrien et vestige antique d'une civilisation bel et bien disparue. Deux grosses larmes de crocodiles ont coulé sur les joues de Laurent Fabius et François Hollande. Une semaine plus tard, une contre-offensive djihadiste fait reculer l'armée syrienne fidèle à Bachar Al-Assad. Laquelle doit céder à nouveau le

! 55! nord de la ville après l'avoir repris quelques heures. Les combats continuent, pourtant la coalition anti-Daesh emmenée par les occidentaux détourne pudiquement le regard.

Les combats continuent, pourtant la coalition anti-Daesh emmenée par les occidentaux détourne pudiquement le regard.

Elle continue de bombarder avec succès les positions djihadistes face aux kurdes, hier à Kobané et aujourd'hui à Hassaké, mais Palmyre l'indiffère. Quelques raids aériens bien guidés auraient pu stopper net les colonnes du Djihad. Mais parce que ce sont des alaouites qui résistent à la barbarie, rien ne sera fait.

L'indignation de la communauté internationale est unanime, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova s'active pour sauver Palmyre. Jack Lang, président de l'institut du monde arabe, a pris les accents des soldats de l'an II sur Europe 1: Çil faut massacrer ces massacreurs et sauver Palmyre!È Décidément ses camarades font peu de cas de nos racines gréco-latines. La culture n'a pas d'importance quand les ÇméchantsÈ la défendent. Comme si l'Occident ne parvenait pas à sortir de son manichéisme pour prendre la moins mauvaise des solutions.

Cette indignation stérile s'explique aisément: la bataille de Palmyre remet en cause le dogme de l'alliance tacite entre Bachar et l'EI. C'est le conte que rabâche depuis quatre ans les chantres de Çl'opposition syrienneÈ: Bachar et l'EI sont alliés, ils sont les deux têtes d'un même hydre bicéphale. Tandis que des combats opposent depuis des années les troupes loyalistes aux soldats du califat à Der Ez Zor, à Damas et ailleurs; tout est fait pour minimiser sinon effacer la part que prend l'armée loyaliste dans la lutte contre Daesh.

Cette indignation stérile s'explique aisément: la bataille de Palmyre remet en cause le dogme de l'alliance tacite entre Bachar et l'EI.

Une fable qui cède le plus souvent à la facilité complotiste: l'EI est une créature de Bachar Al-Assad.

Conclusion imparable des derniers rêveurs du printemps arabe: pour vaincre Daesh, il faut renverser Bachar. Et si, après Palmyre, c'était l'État islamique qui renversait Bachar, le maître de Damas serait-il encore coupable?

Parce qu'on préfère sacrifier un pan entier de notre civilisation plutôt que de donner une victoire à Bachar, rien ne sera fait pour sauver Palmyre.

Soucieuse de se montrer réactive, la diplomatie française se hâte lentement. Elle a décidé de prendre une initiative bien de chez nous; Ses partenaires internationaux, dont John Kerry, sont invités le 2 juin à Paris, pour une réunion. Mais que sera Palmyre dans douze jours? Il suffit d'un ordre pour modifier la trajectoire de nos aéronefs qui bombardent l'EI de l'autre côté de la frontière syrienne. On voudrait enterrer Palmyre discrètement qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Parce qu'on préfère sacrifier un pan entier de notre civilisation plutôt que de donner une victoire à Bachar, rien ne sera fait pour sauver Palmyre. Dans une quinzaine de jours, quand nos diplomates

! 56! se réuniront au quai d'Orsay, les ruines fumantes de la ville porteront d'autres stigmates que celles du temps, celles de la furie et de l'indifférence des hommes, celles des duels d'artillerie. Une deuxième fois, et quelque soit le vainqueur, Palmyre sera détruite.

‘’L’esprit de résistance" sonne creux…

LE FIGARO Par Ivan Rioufol le 29 mai 2015 http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2015/05/lesprit-de-resistance-sonne-cr.html

Un sérieux doute est permis sur "l’esprit de résistance" que la gauche incarnerait, à en croire François Hollande. En faisant entrer au Panthéon, mercredi, quatre grandes figures de l’antinazisme (Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Pierre Brossolette, Jean Zay), le chef de l’État ne peut faire oublier les concessions des "progressistes" au totalitarisme islamiste, ce nouveau danger occulté. Outre qu’il est faux de laisser croire que le camp du Bien aurait, seul, fait front à l’hitlérisme (Honoré d’Estienne d’Orves, le colonel Rémy, Henri Frenay, Marie-Madeleine Fourcade, Hélie Denoix de Saint Marc, etc., furent parmi les nombreux héros venus de la droite), le pacifisme des belles âmes contemporaines a un air familier. Il ressemble, oui, à celui des années 1930, qui conduisit les Laval, Doriot, Déat, hommes issus du socialisme ou du communisme, à la Collaboration.

Certes, la gauche accommodante n’est pas seule à trouver des excuses à la montée de l’islamisme, y compris dans les cités françaises. Ils sont nombreux, à droite aussi, à minimiser l’idéologie djihadiste et ses tentatives d’embrigadement dans la communauté musulmane.

Alain Juppé est de ceux-là. Alors ministre des Affaires étrangères, il avait assuré, revenant d’Égypte en 2012, que les Frères musulmans au pouvoir y voulaient "un islam libéral et respectueux des règles démocratiques", avant que ces chérubins ne soient chassés pour leur sectarisme, leur violence, leur tyrannie. Bien que la France soit désormais en guerre, le chef de l’État est volontairement resté flou sur l’origine des "haines qui reviennent", notamment contre les Juifs et la démocratie. Ces aveuglements volontaires conduisent aux capitulations et aux soumissions.

Le choix de la France de ne pas participer à l’affrontement contre l’État islamique (EI) dans sa conquête de Palmyre, joyau de l’héritage occidental en Syrie, est une illustration parmi d’autres des erreurs d’analyse dans lesquelles le pouvoir socialiste, beau parleur à Paris, s’enferre.

En septembre 2014, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, appelait à Ç mener un combat Idéologique pour dire que Daech (l'autre dénomination de l'El) n'a rien à voir avec la religion musulmane, qui est une religion de paix È. Depuis, l'EI additionne les victoires au nom d'Allah, au prix d'invraisemblables barbaries il ne cache rien de son ambition de restaurer le califat, et de l'étendre à l’Europe. Pourtant, Hollande persiste à ne voir comme ennemi extérieur que le Syrien Bachar El Assad; il feint de croire en la loyauté de l’Armée syrienne En réalité, la résistance au ‘’nazislamisme’’ n'est pas assumée par l'Elysée, en dépit de son courageux engagement au Mali. Il faut se tourner vers le nouveau président égyptien. Abdel Fattah al- Sissl, pour l'entendre appeler, comme en janvier, à une Ç révolution religieuseÈ : ÇNous avons

! 57! atteint le stade où les musulmans se sont mis à dos le reste du monde. Est il concevable que 1,6 milliards de musulmans veuillent tuer le reste d’une population mondiale d'une de 7 milliards, pour permettre aux musulmans de prospérer ? Ce n'est pas possible. È.

Comme le rappelle Pierre-André Taguieff, Ç l'islamisme est devenu l'une des grandes menaces qu'il n'est plus possible de méconnaître ou de sous- estimer È. Les alertes, dont celles régulièrement lancées ici, commencent à être entendues. Mais les opposants à cette idéologie suprémaciste sont aussi ceux qui sont accusés d'Ç islamophobie È par les nouveaux Çcompagnons de route È.

Société artificielle Le vide des cercueils de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz dont les familles se sont opposées au transfert des dépouilles au Panthéon, est à l'image du creux du progressisme essoufflé.

Le voila réduit à bricoler la mise en scène de son défunt magistère. La frénésie de commémorations qui s’est emparée du chef de l’État, statufié pour ces occasions en «père de la nation È. est proportionnelle à ses incapacités renouvelées à réformer le pays et à habiter sa fonction. Sa communication émotionnelle en devient obscène. Ç Une société fondée sur des signes est une société artificielle È, avait prévenu Albert Camus. Alors que la mémoire française est évacuée des programmes scolaires au profil d'une Ç histoire au présent È (Benjamin Stora) ouverte aux minorités. l'État socialiste ne se montre préoccupé que par l'embellissement de son propre récit, au prix d'une appropriation des héros et des drames. C'est ainsi que la gauche avait également lancé son OPA sur le 11 janvier 2015, en tentant de transformer, en vain, la répulsion collective contre le terrorisme en un appel à l'union autour de son chef. La promotion de l’« esprit de résistance È est aussi trompeuse que le fut celle de Ç l’esprit du 11 janvier. C’est parce qu’ils avaient été considérés comme Ç islamophobes È que des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo furent assassinés par deux djihadistes.

Or, le Président n’a pas employé ce terme mercredi, nombreux sont les moralistes qui persistent à reprendre à leur compte cette arme du terrorisme intellectuel, qui interdit de critiquer l’islam radical, alors même que le mot est devenu aussi un permis de tuer.

En cela, l'accusation du sociologue Emmanuel Todd sur la prétendue Ç islamophobie È des manifestants du 11 janvier est une inexcusable bassesse Ç islamophile È. Il est vrai que sa lucidité est discutable : en 2007, là veille du premier tour des présidentielles, le Ç savant È soutenait que Nicolas Sarkozy avait assez peu de chance d'y faire un gros scoreÈ (il arriva premier); en 2009, il assurait que les Ç thématiques de l'immigration et de l’islam sont en chute fibre È, en prenant pour preuve Çl'effondrement du Front national È. Passons.

Nouvelle force La vraie résistance est au cÏur de la société civile, qui foisonne d'initiatives destinées à pallier l'impuissance et la cécité du monde politique sclérosé (voir mon Blog). Il y a dix ans, cette France frondeuse rejetait à 54,68% le référendum sur la constitution européenne, en dépit du matraquage du système : un vote qui allait être contourné par Sarkozy. Partout en Europe désormais, la caste est menacée par cette force qui enfle. Troquer le nom de l'UMP pour celui des Républicains, samedi, ne sera d'aucune utilité si l'opposition ne s'ouvre pas à ces citoyens oubliés.

! 58! Ivan Rioufol, né à Nantes en 1952, est un journaliste, un éditorialiste et un essayiste français.

Biographie

Ivan Rioufol suit sa scolarité lycée de l’Immaculée-Conception (Laval) et au lycée Saint-Stanislas (Nantes), puis il obtient un Diplôme d'études approfondies (DEA) de droit maritime et aérien à l'Université de Nantes. Il débute une carrière de journaliste en 1976, au quotidien nantais Presse- Océan1. Il rejoint Le Figaro en 1985 au service La vie des médias, responsable de la rubrique Confidentiel. Il devient rédacteur en chef du service des informations générales, puis éditorialiste et membre du comité éditorial du journal en 2000. Il a été également éditorialiste au Figaro Madame.

Depuis 2002, succédant à Max Clos, il tient dans Le Figaro un Bloc-notes publié chaque vendredi. Il est également chroniqueur à l'émission On refait le monde, sur RTL. Il se déclare catholique.

Lettre ASAF: la fin des rustines http://www.asafrance.fr/item/lettre-15-05-defense-la-fin-des-rustines.html

Que n’avons-nous pas lu ou entendu quand le président de la République a annoncé, le 29 avril, à la suite d’un Conseil de Défense, que 3,8 Mds € supplémentaires seraient alloués à la Défense entre 2016 et 2019 ! Certains commentateurs ont estimé que c’était un Ç cadeau fait aux armées È sans parler de ce journaliste expert du Ç secret défense È s’alimentant aux couloirs du ministère, qui a même parlé du retour aux Ç gros bataillons È ! La communication politique, qui devrait être d’abord pédagogique, devient intoxication grâce à quelques relais complices.

Retour en arrière et mise en perspective

Le Livre blanc rédigé en 2013 analysait de manière assez exacte la situation internationale et les menaces à venir. En revanche, il définissait, sur la foi de Ç stratèges È irresponsables, peu au fait des réalités opérationnelles, des capacités militaires très en dessous des besoins permettant de faire face, dans la durée, aux menaces.

La Loi de programmation militaire 2014 Ð 2019 fixait donc les ressources budgétaires pour atteindre ce nouveau modèle d’armée, considérablement réduit par rapport au précédent, alors que les menaces s’avéraient plus nombreuses, plus probables et plus rapprochées. C’est ainsi que le contrat opérationnel passait de 30 000 soldats projetables en 2007 à 15 000 en 2013 et le nombre d’avions de 70 à 45 ! 34 000 postes devaient être supprimés pendant cette période en plus des 47 000 qui l’avaient déjà été durant la loi précédente. Bref, l’armée perdait en 10 ans 80 000 hommes, soit ¼ de ses effectifs. Cette réduction intervenait après de nombreuses autres déflations antérieures transformant nos forces en armée d’échantillons. ! 59! Le sens de la déclaration du 29 avril

Ce Conseil de Défense est intervenu près de quatre mois après les attentats du 7 janvier à Paris et le déploiement de 10 000 soldats en 72h pour participer à la protection de points jugés sensibles que les forces de sécurité intérieure (les 250 000 personnels que comptent la Police et la Gendarmerie) ne pouvaient pas assurer seules. Le maintien pour une durée indéterminée de 7 000 d’entre eux sur le territoire métropolitain, va bien au-delà du contrat opérationnel tel qu’il était fixé dans le Livre blanc. Il a donc été décidé desauvegarder 18 500 postes sur les 34 000 qui devaient être supprimés pour permettre aux armées de remplir la mission Sentinelle. Sans ces effectifs, la mission ne pouvait pas être assurée, sauf à les prélever sur nos capacités d’action déjà insuffisantes. La déflation initialement prévue est donc ramenée à 15 500.

Le budget de 2015 est maintenuet garanti à son niveau initial de 31,4 Mds €. C'est-à-dire que les effectifs qui ne sont pas supprimés devront être financés sur ce budget Ç sanctuarisé È alors que l’on sait déjà que le surcoût lié aux Opex dépassera, comme l’an dernier, la somme prévue dans le budget.

Sur les 3,8 Mds € supplémentaires alloués à la Défense, 600 millions le seront en 2016 et 700 en 2017, le reste étant prévu au-delà des élections présidentielles. Autant dire que l’engagement réel du Président ne porte en fait que sur 1,3 Mds €… qui couvrent essentiellement les frais du personnel maintenu. Cette analyse montre que les décisions prises en Conseil de Défense, loin d’être un Ç cadeau È, étaient indispensables et urgentes, faute de quoi nos armées n’étaient plus en mesure de remplir toutes les missions qui leur sont confiées. Depuis plusieurs mois, tous les chefs d’état-major tiraient déjà le signal d’alarme. Le niveau d’entraînement baisse, le rythme de remise en état du matériel revenant d’Opex est insuffisant et les conditions de vie du personnel se dégradent. L’armée se paupérise. La part du PIB consacrée à la Défense, aujourd’hui inférieure à 1,5%, est insuffisante pour faire face au présent et préparer l’avenir..

Pour le futur

Dire que la France n’a plus les moyens pour financer sa Défense est faux. A la fin des années 70, la part de la Défense s’établissait à 3% du PIB. En fait, la Défense et le déficit budgétaire systématique ont financé depuis plus de 30 ans des dépenses sociales qui ont atteint aujourd’hui un niveau devenu insupportable. Le bilan est une Défense amoindrie qui ne cesse de décliner et une dette qui continue de croître.

Il est indispensable que les futurs candidats à l’élection présidentielle de 2017 s’attachent à définir d’abord un projet politique clair et une ambition pour la France, précisant sa place et son rôle dans le monde. Ce n’est qu’à partir de cette réflexion portant sur le long terme qu’ils devront définir des capacités d’action nécessaires pour nos armées et leur donner les moyens financiers adaptés.

! 60! Le temps des rustines est terminé, surtout dans les fonctions régaliennes de l’Etat, d’autant que la vision à court terme et l’amateurisme de beaux parleurs sont mortifères. Voici venir le temps de la clairvoyance et de l’effort, du courage et de la persévérance.

La REDACTION de L’ASAF (www.asafrance.fr)

La RCA ? Plus de questions que de certitudes !

Par le Général d’armée (2S) Bruno DARY

Dans les armées, on a l’habitude de dire que Ç la victoire a cent mères et que la défaite est orpheline ! È Aujourd’hui, avec les événements odieux qui sont reprochés à l’armée de Terre en Centrafrique, le silence qui entoure les multiples commentaires des médias laisse songeur. Et, pour paraphraser Saint-Exupéry, Ç puisque j’ai été l’un d’eux, je ne renierai jamais les miens quoiqu’ils fassent ! È

Et pourtant, les faits sont loin d’être avérés, car, à y regarder de plus près, l’affaire apporte plus d’interrogations que de certitudes !

La première interrogation concerne la gravité des faits : tous ceux qui connaissent nos soldats sont surpris, car ce genre d’écarts ne correspond vraiment pas à ce que l’on a vu, fait et connu ! En effet, ce qui fait l’une des fiertés de l’armée française et qui la différencie généralement d’autres armées de même rang est justement le comportement de ses soldats, fait de respect du pays où elle intervient, de retenue à l’égard des biens et des infrastructures et de considération vis-à-vis des personnes secourues et de la population ! Alors, l’armée de Terre ou plutôt quelques-uns de ses soldats auraient-ils tellement changé ?

La deuxième interrogation concerne l’action de la hiérarchie, qui a été informée de tels agissements dès juillet 2014 et qui, aussitôt, conformément à nos devoirs, à notre conscience et à la réglementation a lancé une double enquête : l’une, interne à la charge du commandement, l’autre judiciaire, dans la main de gendarmes, officiers de police judiciaire (OPJ), appelés des Ç prévôts È en opérations extérieures, et en charge, comme en France, de l’action judiciaire ! Or, si rien n’a débouché dix mois plus tard, il reste deux solutions : ou le commandement et la chaîne judiciaire sont complices, ce qui semble plus qu’étonnant ! Ou bien, les faits ne sont pas avérés !

La troisième interrogation concerne ce théâtre d’opération : tous ceux qui ont fréquenté la Centrafrique et Bangui, plus particulièrement depuis l’arrivée des Sélékas en mars 2013, savent que sur place, tout s’achète et se vend, tout s’échange ou se vole : voitures, scooters, vélos, nourriture, essence au litre, alcool de palme, armes et munitions, et bien sûr, drogue et sexe ! Dans ce grand marché ouvert du troc, du stupre, du vice et du crime, des humanitaires ont déjà été dépouillés, une Française a été enlevée, une photographe a été assassinée, le prix d’une vie humaine ne vaut pas plus que quelques rations et on ne compte pas le nombre d’innocents qui ont été brûlés ! Qui peut

! 61! alors dire avec certitude qui sont les bons et qui sont les méchants ? Qui est le bourreau et qui est la victime ?

La quatrième interrogation porte sur l’échange d’informations ; en effet, celui qui a été engagé sur un théâtre d’opérations extérieures, sait bien que la hiérarchie militaire a des contacts suivis, pour ne pas dire quotidiens, avec tous ceux qui interviennent aussi sur la même zone d’action : autorités locales, monde diplomatique, acteurs économiques, contingents étrangers, représentants de communautés laïques et religieuses, et bien sûr les représentants des organisations internationales et des ONG. Aussi, dès le moindre incident ou en cas de litige ou d’incompréhension, un contact est pris aussitôt par l’intermédiaire d’officiers de liaison. Pourquoi alors, devant la gravité des faits reprochés, ne rien dire et s’en référer à un rapport vers les plus hautes instances de l’ONU ?

La cinquième interrogation concerne les délais : pourquoi attendre plus d’un an, alors que les soldats ont été relevés plusieurs fois, que les contingents ont changé, que les responsables d’alors ne sont plus en poste ? Si les faits incriminés étaient si graves, pourquoi donc ne pas s’adresser au plus tôt et directement à la hiérarchie militaire, pour que les fautifs soient immédiatement confondus ?

Ceux qui ont été en Afrique, et peut-être même plus à Bangui qu’ailleurs, savent aussi l’importance prise par la Ç rumeur È. Quel crédit alors accorder à des enfants et même à des adultes, qui viennent témoigner un an plus tard ? Car, dans ce domaine aussi, l’information et le témoignage s’achètent ou se vendent, plus facilement peut-être qu’un acte sexuel, surtout un an après les faits et devant une caméra !

Et puis une dernière question : comme rien n’est neutre, ni innocent, pourquoi cette affaire sort- elle maintenant ? A qui peut profiter cette dénonciation ?

Qui voulait salir l’image de la France, au moment où s’ouvre le forum de Bangui ?

Qui voulait abaisser l’image du ministère, après ses succès commerciaux et sa réussite au sein de la Défense ?

Qui voulait dénigrer les armées, au moment où elles viennent de récupérer plusieurs milliards d’euros pour leur budget ?

Qui voulait rabaisser l’armée de Terre, qui vient de lancer sa campagne de recrutement et qui bénéficie de l’effort budgétaire actuel ?

Qui voulait affaiblir le contingent français de Sangaris, alors qu’il conduit actuellement l’opération délicate de transfert de pouvoir à la MINUSCA ?

Parmi toutes ces questions, la seule certitude qui demeure a été prononcée par l’archevêque de Bangui, Monseigneur Nzapalainga, connu pour son courage et reconnu pour son discernement par l’ensemble des communautés laïques et religieuses, lorsqu’il déclara récemment que le comportement de quelques soldats Ð dont il restait encore à prouver les méfaits Ð ne devait pas effacer l’action admirable de la France en Centrafrique !

! 62! Biographie Général Bruno Dary

Le général d'armée Bruno Dary, né le 21 décembre 1952 à Barcelonnette (Basses-Alpes), est un officier général de l'armée de terre française.

Il a été gouverneur militaire de Paris du 1er août 2007 jusqu'au 31 juillet 2012.

Il effectue une partie de ses études supérieures au Prytanée National Militaire et est admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1972, il appartient à la promotion Ç Général de Linarès È. Ë la fin de sa scolarité, il choisit de servir dans l’infanterie.

Nommé sous-lieutenant en 1973, il opte à la fin de l’École d'application de l'infanterie pour la Légion étrangère, où il sert tout d'abord au 2e régiment étranger de Corte entre 1975 et 1976, en qualité de chef de section d’élèves gradés.

Promu lieutenant en 1975, il sert ensuite au 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi de 1976 à 1979 en qualité de chef de section. Au cours de cette affectation, il participe à l’opération aéroportée Ç Bonite È sur Kolwezi au Zaïre, en mai 1978.

Capitaine en 1979, il rejoint le 5e régiment mixte du Pacifique (5e RMP) à Moruroa, où il sert en qualité de chef du détachement de Papeete et officier de sécurité.

Affecté en 1980 au 4e régiment étranger de Castelnaudary, il y commande, entre 1982 et 1984, la compagnie d’instruction des cadres, dont la mission est de former tous les cadres non officiers de la Légion étrangère.

Muté à l’état-major de la 11e division parachutiste à Toulouse en 1984 et nommé chef de bataillon cette même année. Il est chargé de l’entraînement aéroporté sous toutes ses formes. Parallèlement, il suit un DEA de sciences politiques et est admis en 1988 à l’École supérieure de guerre à Paris, en qualité de stagiaire de la 102e promotion.

Ë l’issue de sa scolarité de l’enseignement militaire supérieur, le chef de bataillon Dary prend les fonctions de chef du bureau opérations et instruction de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère à Djibouti, qu’il quitte en 1992 avec le grade de lieutenant-colonel. Au cours de cette période, il participe dans la Corne de l'Afrique aux opérations Godoria et Iskoutir.

Chef de corps du 2e régiment étranger de parachutistes entre 1994 et 1996, il est désigné pour commander, en opération, le détachement des éléments français d’assistance opérationnelle de Bouar (République centrafricaine), de décembre 1994 à mai 1995, puis le bataillon d’infanterie numéro 2 de l’IFOR à Mostar (ex-Yougoslavie), de novembre 1995 à avril 1996, avec la plus grande partie de son régiment.

Professeur au Collège interarmées de défense de Paris en 1996 durant 4 mois puis officier responsable de la cellule Ç Afrique È au centre opérationnel interarmées de l’état-major des armées

! 63! durant près de 3 ans, il est ensuite auditeur du centre des hautes études de la défense nationale et de l’Institut des hautes études de défense nationale en 1999, puis chef de la section Ç doctrine » à l’EMA.

Nommé général de brigade en 2002, il prend cette même année le commandement de la 6e brigade légère blindée dont l'état-major est stationné à Nîmes. Il sera engagé durant plus de 4 mois à la tête de sa brigade en République de Côte d’Ivoire.

En août 2004, il prend le commandement de la Légion étrangère.

En septembre 2006, il est nommé inspecteur de la fonction Ç mêlée È au sein de l’inspection de l’armée de terre.

Le général de corps d'armée Bruno Dary a été nommé aux fonctions de gouverneur militaire de Paris, commandant de la région Terre Ile-de-France et officier général de la Zone de défense de Paris à compter du 1er août 2007. Il est élevé aux rang et appellation de général de corps d'armée pour prendre rang à la même date.

Le 16 octobre 2007, il est nommé membre qualifié du conseil d'administration du musée de l'armée.

Il est élevé aux rang et appellation de général d'armée le 1er juin 2012.

Il quitte le service actif le 31 juillet 2012.

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! 64! 6/ HISTOIRE Éloge funèbre à M. Robert Maloubier, prononcé par M. Bernard Bajolet, directeur général de la Sécurité Extérieure, le 29 avril 2015 aux Invalides

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Sénateur,

Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers, officiers mariniers et militaires du rang, Mesdames, Messieurs

C’est avec une vive émotion que je prends la parole devant vous, à l’ombre des gloires de notre pays, pour rendre au nom de la DGSE, mais plus largement encore au nom de notre pays, un dernier hommage à un homme qui croyait à la France, qui a contribué à lui redonner l’honneur qu’elle avait perdu en juin 1940 et qui a pris part à sa reconstruction.

Car c’est bien la France et l’idée qu’il s’en faisait qui ont guidé les pas de Bob Maloubier dans tous ses combats... Il les a menés avec éclat, avec une force physique et de caractère hors du commun.

Aujourd’hui, la DGSE est en deuil, elle pleure Robert Maloubier, celui que nous appelions tous affectueusement Ç Bob È.

Bob, de là où vous êtes, vous devez nous observer avec votre inimitable regard amusé. En ce moment même, nous vous imaginons décrire ce que vous voyez sous vos yeux avec votre fine ironie, qui doit plaire aux camarades qui vous entourent.

J’ai eu le plaisir de vous recevoir une dernière fois, dans nos locaux, boulevard Mortier, à l’occasion de l’inauguration d’une exposition consacrée au SDECE en Indochine. C’était le 27 mars 2014. Vous aviez 91 ans.

Vous étiez venu au volant de votre propre voiture. Vous aviez cette prestance, cette élégance, cette vivacité d’esprit qui vous caractérisaient tant ! Je vois encore votre Ïil friser et vos moustaches frémir à chaque trait d’humour que vous décochiez au cours de cette manifestation.

Il faut dire que vous étiez surpris et presque embarrassé. Vous ne vous attendiez pas à être reçu en invité d’honneur, entouré de l’admiration et de l’affection de vos successeurs à la DGSE. Avec votre talent habituel de conteur, vous avez su improviser un discours formidable, extrêmement bien charpenté, vivant, agrémenté d’humour de bon aloi, d’émotion et de souvenirs d’un ancien du SDECE en Asie du Sud-Est. En quelques secondes, nous étions avec vous, transportés sur les plateaux du Laos !

Bob Maloubier, votre vie est digne d’un roman d’aventure. C’est la vie d’un homme qui a trompé la mort à de multiples reprises Ð et vous avez su la tromper jusqu’à la semaine dernière.

! 65! Votre parcours est exceptionnel, votre destin est hors du commun.

Vous vous êtes mis en danger à de multiples reprises. Combien de fois avez-vous été blessé, recousu, réparé ! Certains y verront une bonne fée, de la chance et surtout une condition physique exceptionnelle. Car dès le plus jeune âge, vous pratiquez le sport à haute dose.

Adolescent, vous vous rêviez pilote de chasse, certainement pas agent secret.

Pourtant vous en aviez déjà toutes les qualités : résistant, espiègle, ouvert au monde, patriote et polyglotte. Chez vous, l’on parlait six langues, dont l’anglais à la perfection.

Votre rêve de rejoindre l’armée de l’air se fracasse malheureusement en juin 1940. Comme Ulysse, votre odyssée connaît alors de nombreux rebondissements.

Vous rejoignez Bordeaux à bicyclette, où votre famille s’est repliée. Sous les bombardements des Stukas, vous assistez impuissant à la débâcle. Mais l’espoir renaît vite car vous entendez la voix du général de Gaulle qui appelle à continuer le combat depuis l’Angleterre.

C’est donc vers Londres que se tournent vos yeux !

Dans une France occupée, le jeune lycéen que vous êtes cherche par tous les moyens à rejoindre les rangs de la France Libre. A Saint-Jean-de-Luz, vous tentez d’embarquer sous l’uniforme d’un soldat polonais. Un camarade, déguisé comme vous, le remarque et trahit votre identité. Vous voyez partir, depuis le quai, votre dernier espoir de gagner l’Angleterre, et décidez de rejoindre Marseille. Vous accumulez alors les déceptions, les échecs et les passages en prison, pour avoir traversé une fois de trop la ligne de démarcation.

En 1942, le gouvernement de Vichy forme l’armée d’armistice. Vous vous engagez dans l’aviation. Vous espérez pouvoir filer vers Malte ou Gibraltar dès votre premier vol. Mais cette armée d’armistice est sans avion et vous êtes affecté à la garde de l’aérodrome de Bizerte en Tunisie.

Vous espérerez le débarquement allié sur les côtes tunisiennes, et pourtant c’est à Alger, le 8 novembre, que les Alliés débarquent, tandis que l’Afrika Korps encercle la base de Bizerte.

Après avoir dérobé le vélo du colonel commandant la base, vous prenez la direction d’Alger.

La fortune vous met rapidement au contact des services secrets britanniques. Vous êtes recruté par Jaques Vaillant de Guélisle dans le Special Detachment du SOE, à la section F. Vous y retrouvez un ami d’enfance, Fernand Bonnier de la Chapelle.

Lorsque ce dernier assassine l’amiral Darlan, le 24 décembre 1942, les membres de la section F sont traqués. Vous quittez Alger et rejoignez Londres.

Au mois de janvier 1943, vous êtes détaché comme sous-lieutenant de l’armée britannique.

Pendant huit mois, vous apprenez le métier d’agent au sein des nombreuses écoles du SOE.

De l’école de démolition de Wanborough Manor, à celle de filature à New Forest, vous développez un ! 66! savoir-faire remarquable : vous êtes formé au parachutisme, à la clandestinité et à toutes les techniques de sabotage. Vous êtes entraîné à la manipulation des armes, des explosifs et de la radio, au codage et à l’empoisonnement, aucune technique ne vous est étrangère.

Londres prépare le débarquement. Les agents du SOE ont pour mission d’affaiblir l’industrie de guerre de l’occupant et les fortifications du mur de l’Atlantique.

Dans la nuit du 15 au 16 août 1943, vous êtes parachuté pour la première fois comme saboteur au sein du réseau Salesman.

Du Havre jusqu’à Fécamp, vous formez et menez une équipe de volontaires avec laquelle vous réalisez les plus grands coups du réseau. Vous participez au sabotage d’un ravitailleur de sous- marins allemand à Rouen. Vous détruisez l’usine Française des Métaux de Déville, fabriquant les trains d’atterrissage des chasseurs allemands, et mettez hors service la centrale électrique de Dieppedalle, privant de courant une bonne partie des industries rouennaises.

Vous avez à peine vingt ans, votre courage et votre détermination forcent déjà l’admiration.

En décembre 1943, filant dans la nuit sur l’Oiseau Bleu, la moto d’urgence du SOE, pour réceptionner un parachutage près d’Elbeuf, vous êtes arrêté par des Feldgendarmes mais vous parvenez à tromper la vigilance des Allemands et vous vous échappez. Les balles sifflent.

Vous êtes touché. Traqué, dans un froid glacial, vous traversez un canal à la nage et parvenez à vous cacher. Au petit matin, enveloppé de givre, vous regagnez Rouen.

Récupéré par le SOE, qui voit en vous un agent d’exception, vous êtes à nouveau parachuté en France, au lendemain même du débarquement en Normandie.

L’Halifax, bombardier de la Royal Air Force qui vous transporte, survole le sillage des 7000 navires alliés de l’opération Overlord.

Votre groupe doit fédérer la résistance du Limousin et l’armer pour ralentir la progression de la division Das Reich vers la Normandie. Les hommes de Georges Guingouin manquent d’armes.

Le 25 juin 1944, vous coordonnez à Sussac, le plus important parachutage d’armes effectué en France. Le 21 août 1944, Limoges est libéré, la guerre se termine. Vous n’avez que 21 ans.

Vous rejoignez alors le BCRA à Londres au mois d’octobre 1944. Dès 1945, vous êtes affecté d’office à la DGER (direction générale des études et de la recherche), comme Ç capitaine, chargé de mission de 1ère classe È.

En Extrême-Orient pourtant, la guerre se poursuit. Vous êtes naturellement volontaire et reprenez les armes. Vous intégrez la Force 136 du SOE. Et en parallèle, la France vous nomme gouverneur provisoire de la province de Trans Hoa dans le sud du Tonkin. Parachuté au Laos comme chef de mission, commandant de région et de compagnies de guérillas, vous êtes blessé et fait prisonnier par les Japonais. Lorsque le Japon capitule, la Force 136 est dissoute, la guerre d’Indochine commence.

! 67! Pour vous et vos hommes, c’est le début d’une lutte éprouvante et d’une longue errance.

Encore une fois, vous échappez à la mort.

A votre retour à Saigon, vous êtes cité le 12 février 1946 à l’ordre du corps d’armée pour votre conduite exemplaire au cours des missions de renseignement périlleuses que vous avez effectuées.

Vous quittez alors l’armée britannique décoré du prestigieux Distinguish Service Order, avec le grade de capitaine. Par ailleurs, le 23 août 1947, vous êtes élevé par décret au grade de chevalier de la Légion d’honneur pour votre sang froid et votre remarquable dynamisme au Laos, où, bien que blessé, vous avez continué le combat.

Au terme de votre mandat dans la péninsule indochinoise, vous revenez en France le 18 août 1946.

Les conditions de votre retour sont bien différentes de celles qui vous avaient amenées en Extrême- Orient. Vous montez à bord d’un confortable DC4 d’Air France qui relie alors Saigon à l’aéroport du Bourget en moins de trois jours, en passant par Rangoon, Karachi, Bassorah, Le Caire et Tunis...

Le SDECE qui succède à la DGER vous apparaît également très confortable. Et pour cause, puisqu’il occupe à cette époque un somptueux ensemble d’immeubles au carrefour de la Muette, et dont les façades sont encore couvertes de peinture marron, verte et noire, un camouflage choisi par la Kriegsmarine qui occupait ces bâtiments pendant l’occupation.

Jacques Morlane, créateur du service action du SDECE vous recrute immédiatement. Avec votre expérience incomparable, vous aurez pour mission de former les nouvelles recrues destinées à constituer le 11ème bataillon parachutiste de choc.

A Arzew en Algérie, aux côtés de Claude Riffaud, vous créez l’école des nageurs de combat.

Pendant plusieurs années, vous travaillez au développement de cette section et vous vous attachez à la doter des capacités les plus modernes et les plus discrètes.

En 1953, l’école est transférée à Saint-Mandrier. En 1954, vous créez le groupement autonome des nageurs de combat du SDECE à Aspretto.

Après bien des aventures - vous êtes à l’origine d’opérations secrètes de premier plan et la Nation ignore encore aujourd’hui ce que vos nageurs ont fait pour elle - vous quittez le SDECE en 1960.

Les nageurs, partis de rien disposent alors d’équipements de pointe allant du scaphandre de grande autonomie, aux propulseurs sous-marins ou encore à la mythique Fifty Fathoms, montre étanche que vous avez vous-même dessinée, construite spécialement par l’horloger Blancpain et adoptée par les Navy Seals américains.

Vous devenez forestier au Gabon, où vous formez la garde personnelle du président Léon

M’Ba, tout en travaillant auprès de Jacques Foccart, conseiller aux affaires africaines du général de Gaulle.

! 68! Vous êtes ensuite recruté par la Shell puis par Elf pour prospecter au Nigéria. Vous assistez alors à la rébellion du Biafra. Vous achevez votre carrière professionnelle au Moyen Orient en tant que Représentant des Français de l’étranger et Conseiller du commerce extérieur.

Mais vous restez un familier du Service. Vous êtes un membre des Bagheera, l’association des anciens du 11ème choc et ne manquez pratiquement aucune fête de la Saint-Michel à Aspretto, puis à Quelern, au centre parachutiste d’entraînement aux opérations maritimes.

Vous considérez vos camarades du Service Action comme votre famille. Vous les entourez de vos précieux conseils et ne manquez jamais de relater une anecdote pour détendre ces hommes et ces femmes d’exception, souvent sous tension et aujourd’hui très sollicités, comme vous pouvez vous en douter.

Le 23 juillet dernier, vous étiez revenu à Saint Mandrier pour remettre à un jeune capitaine du CPEOM le 1000e brevet de nageur de combat.

Vous étiez heureux et fier de voir que la formidable aventure des nageurs se poursuit, de savoir que ces soldats d’élite continuent d’être aux avants postes de toutes les opérations clandestines du Service Action. Vous aviez vu dans le regard des huit nouveaux certifiés, marins et terriens, leur fierté d’inscrire leurs pas dans les vôtres, d’entrer dans une filiation de héros dont Claude Riffaud et vous êtes les pères fondateurs.

Aujourd’hui, Bob, collègue fidèle et compagnon des heures heureuses et moins heureuses de la DGSE, c’est vous qui nous quittez. Vous laissez à chacun d’entre nous une part de l’histoire de notre pays, que vous évoquez avec brio dans vos mémoires. A travers vos ouvrages, vous livrez en filigrane une histoire des services secrets français mais aussi une histoire du SOE, longtemps ignorée en France.

Vous nous quittez aussi avec quelques secrets, les secrets des services de renseignement pour lesquels vous avez Ïuvré : SOE, BCRA, DGER, SDECE, DGSE...

Sans jamais vous renier, sans jamais oublier, vous êtes toujours resté fidèle à vous- même, au Service et à la France.

Vous avez été un homme de devoir et de convictions, d’enthousiasme et d’ironie, de force de caractère et de traits d’humour fulgurants. Vous avez été un camarade exceptionnel et êtes un héros pour les plus jeunes générations.

En juin 2014, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire du débarquement, Sa Majesté la Reine d’ Angleterre, qui n’oublie pas ses soldats, vous remet l’ordre de l’Empire britannique.

La France vous rend aujourd’hui un dernier hommage.

Cher Bob, je veux rassurer les membres de votre famille et leur dire qu’à la DGSE, nous ne vous oublierons jamais !

! 69! Vive la République ! Vive la France !

Décédé le 21.04.2015 à l’âge de 92 ans

! 70!