CONSEIL GENERAL FINISTERE

Perin-ar-Bed

RAPPORT DE FOUILLE

SÉPULTURE MÉGALITHIQUE DE TI AR BOUDIGED EN BRENNILIS (FINISTÈRE)

Michel LE GOFFIC Archéologue Départemental

AOÛT 1990 CONSEIL GENERAL FINISTERE

Penn-ar-Bed

RAPPORT DE FOUILLE

SÉPULTURE MÉGALITHIQUE DE TI AR BOUDIGED EN BRENNILIS (FINISTÈRE)

Michel LE GOFFIC Archéologue Départemental

AOÛT 1990 /RAPPORT DE FOUILLE/

SEPULTURE MEGALITHIQUE DE :

TI AR BOUDIGED (BRENNILIS - FINISTERE).

AUTORISATION N 90-03 AP

NUMERO DE SITE 29.018.022. AP

RESPONSABLE MICHEL LE GOFFIC

ARCHEOLOGUE DEPARTEMENTAL DU FINISTERE.

AOUT 1990.

Cendre et Horizon Horizon rubéfié lié à charbon de bois remanié la confection du talus.

Couche organique peu Argile (avec oxyde de fer absorbé) décomposée (Ao) Horizon humifère particulaire Cendre et charbons de bois peu actif Alumine libre Horizon lessivé, limoneux

R.M. : arène granitique Horizon cendreux (pédo.)

Accumulation de fer ferrique hydraté Terrier (ocre vif ou rouille). /S 0 M M A I R E7 PAGE

I - HISTORIQUE 1.

II - LOCALISATION ET RAISONS DE L'INTERVENTION 2.

III - EQUIPE DE FOUILLE ET MOYENS LOGISTIQUES

IV - CONDUITE DES OPERATIONS 4.

V - DESCRIPTION DES STRUCTURES 6. 1, LA STRUCTURE INTERNE 6.

2, LE TERTRE AVANT LA FOUILLE 7.

3, FOUILLE DU TERTRE, 8. CARRES L M N 0, Il À 14.

4, DECAPAGE DU TERTRE, 9. CARRES L À Q, 2 À 6.

5, DESCRIPTION DE LA COUPE REALISEE 10. DANS LE CAIRN.

VI - MOBILIER 12.

VII - CONCLUSION 13.

VI 11 - ANNEXES

. PHOTOS , PLANS, COUPES ET ELEVATIONS . DESSIN, - 1 -

/ 1 - HISTORIQUE /

Une légende se rattache à ce monument : Ti ar Boudiged signifie, en fran-

çais, la maison des fées.

La première description que l'on ait de ce monument est due à Paul du Chatel-

lier dans "Les Epoques Préhistoriques et Gauloises dans le Département du Fi-

nistère" .

En 1910, G. Toscer en fit une nouvelle description accompagnée d'un plan de

la structure interne et d'un croquis daté de 1907. Sur ce croquis se remarque

le hêtre qui se trouve près de l'entrée et qui, à l'époque, atteignait une hau-

teur de 3-4 m. Cet arbre doit donc dater du début du siècle.

En 1929, dans son ouvrage "Le Finistère Préhistorique", le Commandant Bénard

reprend les plans et coupe de P. du Chatellier et G. Toscer en mentionnant

que toute la partie supérieure du tertre a été ajoutée dans les temps modernes

pour l'érection de la pierre P qui n'a rien de mégalithique". Il s'agit de la bor-

ne en granité, sur laquelle est gravé "Propriété de la Société Archéologique

du Finistère", borne qui fut placée sur le sommet du monument après que Mon-

sieur René de Kerret en eût fait don à la Société Archéologique en 1878. C'est

de cette époque que devait également dater le talus qui circonscrivait le monu-

ment et matérialisait la propriété de la Société Archéologique.

En 1956, une demande de classement avec autorisation de la S.A.F. fut trans-

mise par P.-R. Giot à la Direction Générale de l'Architecture mais pour des

raisons inconnues le classement ne fut pas prononcé.

En 1968, P.-R. Giot, Directeur des Antiquités préhistoriques de Bretagne, re-

demande à la S.A.F. une délibération demandant le classement au nombre des

Monuments Historiques. Une nouvelle fois les démarches ne furent pas suivies

d'effet.

Il semble que le dossier ait des difficultés à aboutir en raison de l'impossibilité

de la S.A.F. a fournir un titre de propriété. - 2 -

En 1989, le 18 Novembre, le Conseil d'Administration de la S.A.F. a, de nou- veau, délibéré favorablement pour l'inscription ou le classement par les Monu- ments Historiques, à la demande de M. C.-T. Le Roux, Directeur des Antiqui- tés de Bretagne.

/Il - LOCALISATION ET RAISONS DE L'INTERVENTION/

Le dolmen est situé sur un replat des Monts d'Arrée, au lieu-dit Bellevue, au nord du bourg et à 80 m au sud de la route partant du carrefour de Belle- vue en direction de Ploenez.

Les références cadastrales sont les suivantes :

- Parcelle n° 626, section C, feuille n° 1.

- Cadastre de 1936, 2eme édition, à jour pour 1982.

Il s'agit d'une toute petite parcelle de 1,8 are créée lors du don de M. de

Kerret à la Société Archéologique du Finistère, limitée par un talus qui se greffe sur celui séparant la parcelle 1447 des parcelles 591 et 592. Ce talus semble, quant à lui, dater du milieu du XIXeme siècle car il ne figure pas sur le cadastre napoléonien de 1813. Notons qu'autrefois les parcelles 591,

592, 626, 1447 et 1446 ne faisaient qu'une (ancienne parcelle 144) appelée

Coarem ar Bodiget.

Les coordonnées Lambert sont les suivantes :

x = 142, 175 y = 1 092,270 Altitude : 247 m.

Le sous-sol est constitué par le granité de (Monzogranite porphy- rofde à biotite et cordiérite).

Connu depuis toujours ce monument a été malheureusement "vidé" à une épo- que inconnue. Des tables de couverture (au moins 2 ou 3) ont disparu près de - 3 -

l'entrée, sans doute victimes de carriers. Il en est vraisemblablement de mê- me pour certaines dalles du péristalithe. Sur le premier pilier de l'entrée, côté nord-est, se remarquent encore des encoches caractéristiques du débi- tage de la pierre à l'aide de coins.

Ce monument est suffisamment bien conservé pour en faire l'exemple d'une petite série de dolmens appelée par J. L'Helgouach "Sépultures en V". Il figure dans de nombreux guides touristiques et comme curiosité sur les topo- guides.

Après avoir formulé en 1985 un avis défavorable à une demande de certificat d'urbanisme de la parcelle 1447, puis à un projet de lotir les parcelles 587,

590, 591, 592, 1447 et 1446, à ma demande, une révision du plan cadre a per- mis de placer les parcelles 591, 592, 626 et 1447 en zone tJD.

J'ai ensuite proposé qu'une étude de Zone de Protection du Patrimoine Archi- tectural et Urbain Thématique Archéologique, soit entreprise sur le territoire de cette commune, ce qui eut pour effet, après publication du document d'ur- banisme, de protéger le monument et ses abords tant au plan scientifique que paysager.

En 1987, suite à une proposition de ma part, le Département du Finistère, s'est rendu propriétaire de la parcelle 1447, dans le double but de la protec- tion patrimoniale et de sa mise en valeur pour présentation au public.

Cette mise en valeur étant conditionnée par un redressement de certains or- thostates du péristalithe, une fouille de contrôle était nécessaire. - 4 -

/III - EQUIPE DE FOUILLE ET MOYENS LOGISTIQUES/

Ont participé à ia fouille :

- Michel LE GOFFIC, responsable du chantier.

- Bertrand GRALL, technicien territorial.

- Jean-Yves PAUL.

- Isabelle GUYOMARC'H.

- Anne GUYOMARC'H.

- Joël LOZAC'H.

- Pierre COSME.

- Christian BOURDIE.

Outre le petit matériel habituel sur tous les chantiers de fouilles, la manu- tention des dalles du péristalithe a nécessité l'emploi de crics (5 T.) et de deux tire-forts avec élingues nylon.

Le chantier s'est déroulé du 06 au 30 Août, a coûté, achat de petit matériel compris, 2 317 francs, et a été financé par provision A.F.A.N. affectée.

/IV—CONDUITE DES OPERATIONS/

Le premier travail a consisté à défaire sur une longueur de 12 m, le talus séparant les parcelles 626 et 1447, au nord du monument, de façon à pou- voir accéder au péristalithe, après quoi, avant la mise en place du carroyage , la borne indiquant la propriété de la Société Archéologique a été déplacée du sommet du tertre en limite de propriété, contre le talus séparant les parcelles

1447 et 592.

Les branches basses des arbres ont été élaguées, le site débroussaillé et une percée a été réalisée dans le talus, devant l'entrée du dolmen de façon à permettre l'accès du monument aux nombreux visiteurs. En effet(notre éton- nement a été grand de constater la fréquentation de Ti ar Boudiged Les vi- siteurs ont été journellement comptés pendant la deuxième semaine du mois d'Août et il apparaît que la fréquentation moyenne est voisine de 250 per- sonnes par jour.

Une première zone de fouille de 30 m2 a été implantée, au nord,sur le tertre et le péristalithe de façon à reconnaître la structure du cairn, le calage des orthostates et à redresser ces derniers.

Symétriquement par rapport à l'axe du monument la deuxième zone de fouille implantée eut pour objet de vérifier qu'une pierre émergeant du tertre appar- tenait au péristalithe et que d'autres pouvaient exister, mais couchées.

Certains orthostates sont apparus gisants à plat, dont 2 cassés, sous une faible épaisseur de terre. Pour la remise en place de l'un d'eux, il a fallu procéder à la mise en place de goujons et bloquer l'embase à l'aide de béton.

Deux orthostates n'ont pu être redressés, l'un étant pris sous les racines d'un chêne, l'autre sous le talus qui passe sur le monument.

Le pilier de maçonnerie édifié à l'intérieur de la chambre vers 1938 à la de- mande de la commune pour des raisons de sécurité a été démonté. En effet il était parfaitement inopérant ; un jour existait entre le sommet du pilier et la dalle de couverture fêlée (mais dont la fissure ne travaille pas) et ce pilier

était dépourvu de fondations. De plus il nuisait à l'esthétique du monument et nombre de visiteurs se posaient des questions quant à sa signification -de mê- me en ce qui concerne la borne qui se trouvait sur le sommet du tertre et le talus périphérique-. - 6 -

/V - DESCRIPTION DES STRUCTURES/

Le monument se compose d'un tertre piriforme, de grand axe orienté ouest-

nord-ouest - est-sud-est, limité par un péristalithe ; à l'intérieur se trou-

ve une chambre mégalithique assez bien conservée.

1) La structure interne

Plusieurs fois décrite, en particulier par J. L'Helgouac h, qui

en fait le type des sépultures mégalithiques en V, sans aucune séparation en-

tre couloir et chambre. Nous n'ajouterons pas grand-chose à ce qui a déjà été dit. Le plan de la chambre et les élévations ont été dessinés (Cf. en annexe).

Quelques précisions méritent cependant d'être apportées. Les piliers de cham-

bre étant inclinés vers l'intérieur les dimensions au sol sont différentes de cel-

les prises au sommet.

L'entrée est larqe de 1,20 m au sol, 0,80 m à 1 m de hauteur. La paroi nord

est presque rectiligne, constituée de 7 piliers et longue de 13,70 m.

On notera que trois piliers de cette paroi se chevauchent. Il s'agit d'une par-

ticularité architecturale connue sur d'autres mégalithes armoricains. La hau-

teur des piliers de cette paroi ne dépasse pas 1,50 m par rapport au sol ac-

tuel. Le dernier pilier, touchant la dalle de chevet ne mesure que 1,20 m. A

cet endroit la dalle de couverture présente une cassure. C'est sans doute par

cet orifice que les premiers chercheurs de trésors pénétrèrent dans la sépul-

ture.

Le surplomb des piliers peut atteindre 0,35 m. La dalle de chevet est subtra-

pézoidale, d'une hauteur de 1,70 m et d'une largeur de 2,75 à la base et 2,00

m au sommet.

La paroi sud est constituée de 6 piliers dont l'alignement est moins régulier.

Deux angles sont assez bien marqués, après le 1er et le 3eme pilier en par-

tant de l'entrée. La longueur de cette paroi est de 13,00 m.

Les piliers ont une hauteur régulièrement croissante de l'entrée vers le fond

(de 1,10 m à 1,75 m).- - 7 -

Un orthostate est situé au milieu de la chambre, à 3,20 m de la dalle de che-

vet. Il est placé obliquement par rapport à l'axe de la chambre et ne touche

pas la dalle de couverture. Il semble improbable qu'il ait jamais servi de pi-

lier, mais peut plutôt être comparé à certaines stèles situées dans des cham-

bres de dolmens à couloir (Gaignog par exemple) à moins qu'il ne s'agisse d'un

élément de cloison.

Avant d'en terminer avec la structure interne, notons qu'il manque 2 ou 3

dalles de couverture près de l'entrée, que, toujours dans la même partie du

monument, des orthostates du péristalithe font défaut et que le premier pilier

nord de l'entrée montre 3 encoches de débitage dues à une exploitation ancien-

ne du monument comme carrière de pierres.

2) Le tertre avant la fouille

Dans sa partie ouest il est tronqué obliquement et dégradé par

les pratiques culturales effectuées dans la parcelle 592.

Il est bon de noter que sur le cadastre napoléonien le dolmen se trouvait au

milieu d'une grande parcelle et que le talus qui passe actuellement sur le mo-

nument ne doit dater que du milieu du XIXeme siècle.

Un débroussaillage et des observations effectuées dans cette parcelle 592 ont

montré l'existence de deux orthostates du péristalithe, l'un bien vertical et

pris dans le talus, l'autre fortement incliné vers l'extérieur et à la suite du pré- cédent. Dans l'axe du monument, parallèlement à la dalle de chevet et à quatre

mètres de celle-ci, se trouve, fichée verticalement en terre, une dalle longue de

2,35 m et épaisse de 0,20 m émergeant à peine du sol actuel ; la face supérieu-

re est régulièrement plate, ne montre pas de traces de facture, d'éclats, de

soc de charrue.

Les deux branches du péristalithe convergent vers cette pierre qui viendrait

refermer le péristalithe. Cependant sa hauteur est trop faible pour pouvoir en faire partie. On peut donc formuler deux hypothèses à propos de cette dalle : A - Il s'agit d'un orthostate du péristalithe fracturé anciennement, dont la facture, patinée, usée n'est plus discernable.

B - Cette pierre a ses dimensions d'origine et il s'agirait alors d'une sorte de seuil ayant pour double but de limiter le domaine des morts de celui des vivants et de permettre l'accès à une cella qui serait située derrière la dalle de chevet.

Cette deuxième hypothèse est d'autant plus plausible que l'espace est large- ment suffisant entre cette pierre et la dalle de chevet pour contenir une cel- la, que d'autres monuments de ce type possèdent une cella (Liscuis à Lanis- cat), que la dalle de couverture du fond de la chambre vient à peine jusqu'à la dalle de chevet et que le pilier latéral nord du fond de la chambre semble se prolonger au-delà de la dalle de chevet.

Seule une fouille dans cette partie du monument permettrait de trouver une réponse à cette question.

Dans la partie centrale le tertre recouvre les 3 dalles de couverture existan- tes et au nord, vient s'arrêter au sommet des orthostates du péristalithe

-lorsque ceux-ci sont sur chant- ou bien mourir doucement au pied du talus périphérique lorsque les orthostates sont couchés ou disparus.

Au sud il vient se terminer près du talus périphérique et seul émerge un or- thostate penché vers l'extérieur.

3) Fouille du tertre, carrés L M N O, 11 à 14.

Le décapage superficiel a montré une surface bouleversée, par-* semée de cratères témoignant, à n'en pas douter, de prélèvements de matériaux, sans doute pour la construction du talus. En effet, plus on s'éloigne du talus et moins la surface du tertre est perturbée. En L 13 est apparu un orthostate pratiquement à plat et pris sous les racines d'un chêne.

De façon à redresser l'orthostate incliné une tranchée a été réalisée pour en rechercher la base et son calage. Cette tranchée a permis la découverte, plus à l'ouest, d'un autre orthostate brisé, la partie supérieure gisant à plat et sous - 9 -

le talus, la base n'ayant pratiquement pas bougé de son emplacement d'ori- gine.

La fouille de contrôle a révélé que le tertre est constitué d'une masse de pier- res de granité, les espaces entre ces pierres étant remplis par une terre limo- neuse de couleur jaune au sein de laquelle des grains de charbons de bois ont

été prélevés par tamisage pour analyses (anthracologie, 14 C).

Aucun mobilier n'a été mis au jour dans cette partie de la fouille.

Le calage interne de l'orthostate redressé était très sommaire et constitué de

4 pierres sur chant.

Après redressement le tertre a été reconstitué en aménageant deux petits mu- rets de soutènement en pierre sèches de façon à assurer la bonne tenue de l'en- semble et à pouvoir redresser, ultérieurement, les orthostates voisins.

4) Décapage du tertre, carrés L à Q, 2 à 6.

Le décapage superficiel a fait apparaître, comme cela est bien visible sur les photographies, un cairn de pierres dont le pendage général est vers l'extérieur. Cette disposition voulue et systématique des pierres du cairn a fait qu'une poussée de la masse du tertre s'est exercée sur les orthos- tates du péristalithe en inclinant certains, en brisant d'autres. Ce décapage a aussi montré que les pierres du cairn, notamment dans les carrés N 6 et

O 6 (là où le tertre est le mieux conservé), viennent recouvrir les dalles de couverture.

Dans son ouvrage "Le Finistère Préhistorique", le Commandant Bénard, indi- quait que la partie supérieure du tertre avait été rajoutée dans les temps mo- dernes. L'observation minutieuse des horizons pédologiques permet de contre- dire cette affirmation. En effet toutes les pierres dégagées en surface étaient prises dans l'horizon Al - A2 du sol podzolique, horizons très acides qui ont induit une altération très homogène de cette couche de pierres. Une telle al- tération ainsi qu'une différenciation pédogénétique des horizons du sol ne peut se réaliser en moins d'un siècle. En effet les pierres situées dans l'ho- rizon B actuel du sol montrent des arêtes vives et des surfaces bien moins altérées. - 10 -

On remarquera également que dans la partie sud-orientale du tertre, vers l'entrée, au niveau de la première dalle de couverture encore en place, les pierres du cairn s'arrêtent brusquement. La dégradation est ancienne et date très vraisemblablement de l'époque où le monument servait de carrière de pier- res.

Deux tessons de céramique post-médiévale ont été mis au jour pendant ce décapage de surface : l'un en P 5, l'autre en Q 3.

Au niveau du péristalithe, après avoir arasé le talus séparant les parcelles

626 et 1447 sous la première assise de ce talus est apparu un orthostate gi- sant à plat. Ceci prouve que cet orthostate était couché et vraisemblablement non visible lors de la construction du talus. Son dégagement a montré qu'il

était fracturé au tiers de sa hauteur et que le chicot en place présentait une inclinaison voisine de 45° vers l'extérieur. A la cassure, sur la face interne de cet orthostate brisé était une couche cendreuse et charbonneuse. Cette couche se retrouve devant l'orthostate suivant, en Q 3. Elle est donc posté- rieure à la chute de cette pierre. Cette couche charbonneuse était surmontée d'une couche jaune, limoneuse, qui a livré deux tessons de poterie néolithique et une pointe de flèche tranchante. Il s'agit d'une couche de déblais provenant du vidage de la chambre. Cette même couche se retrouve derrière l'orthostate situé en R 4 (voir infra, description de la coupe du cairn).

La fouille derrrière les orthostates, en O 4, P 4, Q 4 a révélé un calage très sommaire, formé de deux ou trois pierres placées verticalement contre les dalles. Après relevage, il est apparu que le calage externe n'est guère plus conséquent, le volume des pierres utilisées étant toutefois plus important. Il n'est pas étonnant que ces orthostates d'un poids variant entre 1 et 2 tonnes aient basculés sous la poussée de la masse du tertre, peut-être très précoce- ment d'ailleurs car petit à petit une stabilisation du tertre s'est effectuée par tassement.

5) Description de la coupe réalisée dans le cairn

On peut distinguer, de bas en haut :

1 - Arène en place. Teinte jaunâtre. L'altération est assez fortement poussée

• • / « • - 11 -

et le matériau sableux comprend une bonne proportion de limon et argile de dégradation. Présence de terriers.

2 - Entre les nombreux cailloux et blocs de granité du cairn, couche limoneuse montrant une sorte de litage subhorizontal formé d'une alternance de niveaux de couleur ocre jaune et de niveaux de couleur ocre rouge. L'épaisseur de ces niveaux est voisine de 1 cm. Il ne s'agit pas d'une marmorisation due à une pseudogleyification mais du résultat d'un dépôt anthropique de différentes couches pour l'accrétion du monument. Certains lits sont bordés d'un liséré ferrique. Présence de terriers.

3 - Masse importante de pierres et blocs du cairn, à arêtes vives et surfaces peu altérées. Entre ces éléments s'est développé un horizon spodique, jaune, limoneux et pulvérulent. Présence de terriers.

4 - Couche moins riche en cailloux et petites pierres, fraction fine plus impor- tante de couleur jaune ; consistance meuble mais non pulvérulente.

5 - Horizon du sol : les accumulations humique et ferrique ne sont pas encore nettement différenciées. La couleur de cet horizon est brun-rougeâtre.

Son épaisseur est variable, de 2 à 10, voire même 15-20 cm, montrant des in- dexations. La limite avec l'horizon sous-jacent est nette.

6 - Horizon A2 gris presque cendreux épais de 5 à 15 cm selon les endroits.

7 - Horizon A^ gris foncé. Les pierres contenues dans les horizons A1 et A montrent une altération assez poussée : les surfaces présentent de petits vi- des, résultat de la dégradation de certains minéraux, la cordiérite en parti- culier.

8 - Horizon L F H (litière, fermentation, humus) du sol.

9 - Terre jaune provenant en partie d'horizons B remaniés. C'est dans cette couche que furent mis au jour les 2 tessons de céramique néolithique et la pointe de flèche tranchante. Il s'agit de déblais provenant d'une fouille ancienne du monument. - 12 -

Cette coupe est tronquée horizontalement dans sa partie su- périeure méridionale et remblayée dans sa partie septentrionale, en raison d'une fouille ancienne, réalisée vraisemblablement après que la dalle de cou- verture ait été fracturée pour aménager un passage. Plus à l'est, là où le pé- ristalithe n'était pas trop basculé (en M5 et M6) le cairn et les horizons du sol sont presque parfaitement conservés.

/VI - LE MOBILIER/

Il se résume à peu de choses :

- 1 flèche tranchante réalisée à partir d'un éclat ou d'une lame en quartzite calcédonieux par deux troncatures abruptes, conférant à l'objet une forme subtrapézoidale. On connaissait dans la région des Monts d'Arrée des outils réalisés dans cette roche, essentiellement dans des sta- tions de surface d'époque mésolithique. Il apparaît que l'usage de cette ro- che pour produire des artefacts a perduré au Néolithique.

- 1 éclat de décorticage en silex gris clair.

- 2 tessons se rapportant à une écuelle carénée à fond rond type Kerugou. do = 128 d car = 132.

La paroi est épaisse de 4 à 5 mm. Le dégraissant est quartzomicacé. Les sur- faces sont de couleur brun-rougeâtre ; la partie médiane de la paroi est de teinte noire.

- 1 percuteur en quartz de filon blanc trouvé en Q 2 sous le talus. Il peut être néolithique ou postérieur.

- 2 tessons de céramique post médiévale mis au jour dans le décapage de surface du cairn. - 13 -

/VII - CONCLUSION/

L'opération menée sur le monument de Ti ar Boudiget aura permis une mise en valeur intéressante grâce au dégagement et à la restau- ration du péristalithe septentrional, le déplacement de la borne, sommitale, la destruction du pilier de maçonnerie interne et utile.

Cette mise en valeur sera complétée par la création d'un sen- tier piétonnier, une aire de pique-nique, un parking et la pose d'un panneau explicatif.

Cependant la partie sud-orientale et orientale du monument sera à fouiller et à restaurer ultérieurement, lorsque l'acquisition d'une por- tion de terrain permettant le dégagement complet du dolmen aura été réalisée, une fouille de contrôle de la partie arrière de la sépulture sera nécessaire.

Elle devra être menée de façon synchrone avec la restauration du péristalithe occidental. On sait en effet qu'un des orthostatejdu péristalithe gît, brisé , sous le talus de séparation qui coupe le dolmen en deux.

Au plan archéologique, la fouille de contrôle aura montré que le cairn est bien en place/ est d'époque néolithique et venait recouvrir les dalles de couverture de la chambre sépulcrale. /BIBLIOGRAPHIE/

- BENARD Ch. dit LE PONTOIS, 1929 "Le Finistère préhistorique"

Paris - p. 138 et 141.

- BURL A. 1987 "Guide des dolmens et menhirs bretons" - p. 79-80.

- DU CHATELLIER P., 1907, "Les époques préhistoriques et gauloises

dans le département du Finistère" - Rennes - p. 227 et pl. XXV.

- GIOT R.-R., L'HELGOUACH J., MONNIER J.-L., 1979 - "Préhistoire

de la Bretagne" - Rennes - p. 271-272.

- L'HELGOUACH J. - 1965 "Les sépultures mégalithiques en Armorique".

p. 189 à 199. 'M»;dsG'u,

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Extrait de la carte taéven?«; au 1/25000. HUELCOAT 1 - 2. ÎM'5-de-Mardoul

Plan, élévations internes du dolmen de Ti ar BoudigecJ, et emplacement des zones fouillées. Plan du dolmen de Ti ar Boudigecl élévation nord-est après restauration et coupe transversale. Décapage du cairn (partie nord orientale). AL

/CT /Ö*

o Im y/. Profil du cairn nord dans sa zone médiane. Cendre et Horizon Horizon rubéfié lié à charbon de bois remanié la confection du talus.

gx^v^ô Couche organique peu Argile (avec oxyde de fer absorbé) décomposée (Ao) H » I| I| Horizon humifère particulaire Cendre et charbons de bois peu actif

Horizon lessive, limoneux 2FI£ Alumine libre

Horizon cendreux (pédo.) R.M. : arène granitique

Terrier Accumulation de fer ferrique hydraté 1m (ocre vif ou rouille).

Coupe réalisée dans la partie septentrionale du tertre. o N M +

+

Plan des orthostates avant redressement. On notera le calage interne très sommaire. o p + + +

3

Plan du calage de l'orthostate PQ4.

1m

Plan du péristalithe au niveau de la fosse de calage, avant redressement de I'orthostate M12 MOBILIER

1. Pointe de flèche tranchante en quartzite calcédonieux. 2. Tessons de jatte carénée néolithique. 3. Percuteur. 0 3cr 4 et 5. Tessons de céramique post-médiévale. " Carte postale de l'allée couverte dans les annees 1930. PHOTO 1 : Décapage du cairn, vu du nord et mise en évidence du péristalithe basculé vers l'extérieur. PHOTO 2 : Vue de dessus du décapage de surface du cairn. On remarquera (en bas à gauche) que le talus recouvrait l'orthostate couché. PHOTO 3 : Vue latérale montrant les pierres du cairn allant recouvrir les dalles de couverture. On notera le pendage vers l'extérieur de ces pierres.

PHOTO 4 : Vue de la fouille après le décapage de surface. PHOTO 6 : Vue du dégagement réalisé derrière les orthos- tates et de la tranchée effectuée dans le cairn. PHOTO 7 : Vue des orthostates basculés et brisés avant restauration.

PHOTO 8 : Vue du calage interne des orthostates du peris- tal ithe nord. PHOTO 10 : Vue de la coupe transversale réalisée dans le cairn. PHOTO H : Vue du décapage de surface du cairn sud. Cli- ché pris du nord. On remarquera, en arrière de l'orthostate incliné une zone d'emprunt de matériaux pour la confection du talus.

PHOTO 12 : Vue du décapage du cairn sud. Cliché pris de l'est. * • '^Tâmm

SPBSppsîjfeii '-m, ^T^W^ES^H

99

PHOTO 13 : Vue latérale du cairn sud. On remarque, à droite, un orthostate couché ; cliché pris du sud-ouest.

PHOTO 14 : Vue de dessus du décapage du cairn sud, très perturbé par un épierrage à proximité du talus. PHOTO 15 : Vue de la fouille du calage interne de l'orthos- jlgjgr tate incliné du péristalithe sud. Au premier plan, l'angle de l'orthostate brisé pris sous le talus.

PHOTO 16 : Vue du cairn sud après redressement de l'orthostate et réfection partielle du tertre. PHOTO 17 : Vue du péristalithe nord après restauration, en fin de chantier. Cliché pris de l'est.

PHOTO 18 : Vue du péristalithe nord après restauration et réfection partielle du tertre. Cliché pris du nord à droite, la borne déplacée en limite de propriété. Sous-Direction de l'Archéologie MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION CIRCONSCRIPTION ES ANTIQUITES HISTORIQUES

°E BRETAGNE

AUTORISATION TEMPORAIRE DE SAUVETAGE n°90-03 AP- valable du 15 janvier au 31 décembre 1990

prénom : Le Directeur des Antiquités (je Bretagne confie à M. GOFFIC Michel

demeurant à Centre Départemental d'Archéologie - 1, rue du Général de Gaulle 29142 la réalisation d'une fouille de sauvetage archéologique a :

Département : Finistère Commune : BRENNILIS

Lieu-dit : Bellevue-Ty-ar-Boutiquet N° de site : 29 018 002 AP

Cadastre année : 1936 Section, parcelles : Cl (626)

Coordonnées Lambert Zone : I Ax: 142,175 Ay : 1092,275 Altitude : 255 Bx : By : sur un terrain appartenant à Département du demeurant à Finistère

NATURE DU GISEMENT ET PERIODES :

Sépulture mégalithique (Néolithique)

Centre Départemental Lieu de dépôt pour étude ^'Archéologie du Finistèrlrieu de conservation

RAISONS DE L'URGENCE (très explicite)

Projet de restauration du monument

ORIGINE ET MONTANT DES CREDITS EVENTUELLEMENT ATTRIBUES :

Fonctionnement du chantier sur subvention départementale

En fin de travaux, un rapport en deux exemplaires devra être remis à la Direction, comprenant plan de situation, photos, etc.

DESTINATAIRES : Fait à RFNNFS , le 1? janvier 1990 Intéressé Le Directeur, Sous direction de l'Archéologie Préfecture Mairie Gendarmerie Directeur Régional des Affaires Culturelles IN 7 021 123 L Archives de la circonscription. SOCIETE ARCHÉOLOGIQUE DU FINISTÈRE

Je, soussigné, Tanguy DANIEL, Président de la Société Archéologique du Finistère, propriétaire du terrain cadastré section C n° 626, dit Ti Ar Boudiguet en la commune de Brennilis et contenant une sépulture mégalithique, après délibération du Conseil d'Administra- tion de la Société en date du .lAACVJMIvIm. 1989,

déclare consentir à ce que :

- des sondages archéologiques soient entrepris sous le contrôle de la Direction des Antiquités de Bretagne, dans le terrain ci-dessus désigné, durant l'année 1990, en vue de la restauration du monument.

- la borne en granité indiquant la propriété du monument et placée au sommet du tertre soit transplantée en limite de propriété.

- le petit talus séparant les parcelles 626 et 1447, soit arasé de façon à faire apparaître le péristalithe de la sépulture.

Les objets et échantillons éventuellement mis au jour lors des travaux seront déposés dans une collection publique du Département, en accord avec la Direction des Antiquités.

Les droits du propriétaire sur les objets en métaux précieux, éventuellement découverts, seront préservés conformément à la législation en vigueur.

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Société Archéologique Ti ar Boudiged ' > BRENN1LIS du Finistère Liscuis I .NISCAT

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Carte de répartition des monuments de même type

Ce dolmen néolithique construit vers A remarquer, au milieu de la "chambre" 3 B00 av. J.C. appartient à une série (partie couverte de 3 grandes dalles), faiblement représentée, qui fait la un pilier, qui peut être l'équivalent transition entre les dolmens à cou- des stèles observées dans les chambres loir et les allées couvertes. des dolmens à couloir plus anciens, à moins qu'il ne s'agisse d'un élément de Cette sépulture est incluse dans cloison. un tertre piriforme (17 x 3,5 m) ceinturé par des dalles fichées On ne connaît pratiquement rien du ma- verticalement en terre. La par- tériel que pouvait contenir cette sépul- tie arrière est partiellement ture dont la fouille est très ancienne. détruite. 3m La fouille de contrôle, liée à la restau L'édifice interne (L - 13,10 m) ration du monument, a livré quelques s'ouvre vers le Sud-Est par une tessons de céramique néolithique et entrée de 1 m de large, puis s'é- une pointe de flèche tranchante. vase (largeur du fond = 2,g0 m) La hauteur augmente également de l'entrée (1,20 m) vers le fond ( 1, 75 m). O