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de la Flandre Florefrançaise

Benoît TOUSSAINT, David MERCIER, Franck BEDOUET, Frédéric HENDOUX et Françoise DUHAMEL

Centre régional de PhytosoCiologie agréé Conservatoire Botanique national de Bailleul Dunkerque Calais

BELGIQUE St-Omer Boulogne- sur-Mer Béthune

Avesnes-sur-Helpe

Amiens

Flandre Départements français Sources : Fonds cartographiques : GeoFLA © IGN-Paris - 2003

Référence bibliographique à citer : TOUSSAINT B., MERCIER D., BEDOUET F., HENDOUX F. & DUHAMEL F., 2008 – Flore de la Flandre française. Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 556 p. Bailleul.

© Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul, 2008 Hameau de Haendries. F-59270 Bailleul Tél. : 03.28.49.00.83 E-mail : [email protected] Site internet : www.cbnbl.org

Réalisation graphique de cet ouvrage : Studio Poulain 26 rue Bourjembois 59800 Lille – 03.20.33.01.01 / www.studiopoulain.fr de la Flandre Florefrançaise

Coordination générale : Benoît TOUSSAINT Direction scientifique : Frédéric HENDOUX et Françoise DUHAMEL Rédaction : Benoît TOUSSAINT, Frédéric HENDOUX, Françoise DUHAMEL (avec la collaboration d’Emmanuel CATTEAU) Prospections de terrain : Benoît TOUSSAINT, David MERCIER, Franck BEDOUET, Alexis DESSE, Frédéric HENDOUX et de nombreux collaborateurs bénévoles Gestion de l’iconographie : Franck BEDOUET, Benoît TOUSSAINT, David MERCIER, Benoît DESTINÉ et Virginie DEPIERRE Développements informatiques : David MARIEN Cartographie et gestion des données : Alexis DESSE, Mickaël DELAERE, Pierre TIMMERMAN, Antoine TRESCA, Guillaume BERTHO (sous la coordination de Renaud WARD) Secrétariat : Marielle GODET et Marjorie VERHILLE Information floristique : DIGITALE (Banque de données floristiques et phytosociologiques du CRP/CBNBL) Iconographie originale : Mélissa TOUSSAINT et Gérard DELENCLOS (chapitre “Plantes disparues”). Crédit photographique : Annabelle BANSE, Philippe BARDIN, Franck BEDOUET, Virginie BISSEY, Frédéric BLANCHARD, Christophe BLONDEL, Emmanuel CATTEAU, Thomas CHEYREZY, Guillaume CHOISNET, Vincent COHEZ, Thierry CORNIER, Annie CRESP, Bruno DE FOUCAULT, Hermine DELACHAPELLE, Christophe DELBECQUE, Alexandre DRIANCOURT, Gérard DUCERF, Frédéric DUPONT, Nicolas FARDEL, Caroline FARVACQUES, Sébastien FILOCHE, Benoît GALET, Hermann GUITTON, Jean-Christophe HAUGUEL, Frédéric HENDOUX, Philippe HOUSSET, Jean LE BAIL, Guillaume LEMOINE, Maxime LIONET, Jean-Patrice MATYSIAK, David MERCIER, François MULET (PNR-CMO) Olivier NAWROT, Samuel NEF, Thomas PATTYN, Julien SAISON, Franck SPINELLI-DHUICQ, Arnaud SZWAB, Florence THÉRÈSE, Tatiana THOUROUDE, Benoît TOUSSAINT, Bertille VALENTIN, Vincent VANBERKEL, Aymeric WATTERLOT

Ouvrage réalisé avec le soutien du Conseil régional - Pas de Calais, de la DIREN Nord – Pas de Calais, du Conseil général du Nord, du Conseil général du Pas-de-Calais, de la Ville de Bailleul Édition financée par le Conseil régional Nord - Pasde Calais, la DIREN Nord - Pas de Calais, le Conseil général du Nord, le Conseil général du Pas-de-Calais, l’Agence de l’eau Artois-Picardie et l’Office national des forêts

Centre régional de PhytosoCiologie agréé Conservatoire Botanique national de Bailleul Sommaire LEs PRINCIPAux sItEs NAtuRELs Et LEuR PAtRImOINE VÉgÉtAL 33 Le littoral et les polders PRÉfACE 8 Les dunes de Fort Mahon à Sangatte 33 Les plages vertes, dunes et anciennes digues LEs PARtENAIREs fINANCIERs 9 du Fort Vert 34 La réserve naturelle du Platier d’Oye et les vasières de Grand-Fort-Philippe 35 REmERCIEmENts 12 Le Clipon et les friches sableuses à l’ouest de Dunkerque 37 LIstE DEs COLLABORAtEuRs 13 Les dunes Dewulf, Marchand, du Perroquet et de 38 PRÉLImINAIRE : LE CONsERVAtOIRE Les zones saumâtres du Triangle de 39 BOtANIquE NAtIONAL DE BAILLEuL Et LEs mIssIONs DEs CBN 14 Les forêts et les landes Les forêts d’Eperlecques et de Watten et les sites avoisinants 40 L’INVENtAIRE PERmANENt DE LA fLORE Du NORD – PAs DE CALAIs Et L’AtLAs La forêt domaniale de Rihoult-Claimarais 41 DE LA fLORE DE LA fLANDRE fRANçAIsE 17 La forêt domaniale de (incluant le bois des Huit-Rues) 42 Origine du projet 17 Les petits bois de Flandre intérieure : Beauvoorde, Méthodologie générale de l’inventaire 17 Saint-Acaire,… 43 Les outils : les bordereaux de relevés, la base de Les Monts de Flandres 44 donnée DIGITALE, les herbiers, la documentation écrite 18 Le Plateau d’Helfaut, les Bruyères d’Ecques et le bois Pression d’échantillonnage sur le terrain 19 de Wisques 45 Les bois du Béthunois 46 PRÉsENtAtION gÉNÉRALE Du tERRItOIRE 21 Les marais Choix du périmètre 21 Le marais audomarois 47 Climat 22 Le marais de Guînes 49 Relief et hydrographie 23 Les marais du Béthunois 49 Géologie 25 La tourbière de 51 Occupation du sol et infrastructures 27 Le marais de la Briquetterie à Réseau d’espaces naturels 29 et l’étang de Téteghem 51 Les vallées La vallée de l’Yser 52 La vallée de la Lys 52 La vallée de la Deûle 53 La vallée de la Marque 54 Les terrils du Béthunois 55

uN PEu D’hIstOIRE DE LA BOtANIquE 56

LEs mENACEs suR LA fLORE 60

LEs PLANtEs DIsPARuEs DE LA fLANDRE fRANçAIsE 64

6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE AtLAs Présentation des fiches 76 Ordre de présentation des fiches et mentions 79 Ptéridophytes 80 Gymnospermes 94 Dicotylédones 97 Monocotylédones 376

BILAN DE LA fLORE DE LA fLANDRE fRANçAIsE 474 Richesse floristique totale du territoire 474 Richesse floristique par maille 474 Statut principal d’indigénat ou d’introduction 475 Rareté régionale et rareté locale 475 Flore menacée 476 Flore protégée 478 Analyse par grands types de milieux 480 Analyses phytosociologiques 480 Analyses autoécologiques 481 Affinités phytogéographiques 482

DE L’INVENtAIRE DE LA fLORE Aux POLItIquEs D’AmENAgEmENt Du tERRItOIRE Et DE PROtECtION DE LA NAtuRE 483 quELLEs PERsPECtIVEs POuR LA fLORE DE LA fLANDRE fRANçAIsE 485

Bibliographie 486 Lexique 500 Index des familles 505 Index des noms latins 506 Index des noms français 517 Index des noms néerlandais 525 Liste synsystématique provisoire des végétations du Nord - Pas de Calais 532 Carte communale 542 Listes communales des plantes protégées et menacées 544 Adresses utiles 552

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 7 Préface

oici maintenant plus de dix ans démarrait un programme ambitieux d’inventaire systématique de la flore Vvasculaire du Nord – Pas de Calais. Sous l’égide des collectivités locales et de l’État, le CRP/CBNBL avait alors pour ambition d’arpenter patiemment l’ensemble du territoire régional afin de se doter d’une source d’informations scientifiques modernes sur la flore. Ce programme sera bientôt achevé !

D’ici là, il nous a semblé judicieux de présenter, sur le territoire qui a vu naître le Centre régionale de phytoso- ciologie il y a 20 ans, les premiers résultats tangibles de ces années d’inventaires méthodiques.

On pourra s’étonner de tant d’ardeur pour un travail de fourmi dont bien peu perçoivent immédiatement l’intérêt. Des cartes de répartition de la flore sauvage… et alors, à quoi ça sert ? Ce serait pourtant négliger quelques aspects importants. Tout d’abord, les végétaux, et en particulier les plantes vasculaires auxquelles cet ouvrage est consacré, constituent la base de tous les écosystèmes terrestres où l’eau est suffisamment abondante. Ils sont responsables de la production d’oxygène, comme de toute matière organique consommée par la chaîne alimentaire au bout de laquelle se trouve l’espèce humaine. Ce rôle écologique ainsi que leur immobilité font des végétaux de formidables témoins de la qualité de notre environnement. Ils constituent le tissu vivant de la terre et embellissent sans aucun frais notre cadre de vie. À les regarder vivre et malheureuse- ment pour certaines espèces disparaître, les plantes nous renseignent sur le degré de pollution des sols ou des eaux, sur le caractère acide ou basique des sols, sur le climat et bien d’autres choses encore.

Un tel inventaire n’est donc pas un vain graal. Il s’agit bien là de doter notre société trop consommatrice d’un outil performant et moderne d’évaluation environnementale.

Remercions donc les collectivités et l’État qui, il y a dix ans déjà, avaient compris cet enjeu si actuel encore et nous ont accompagnés sans faillir sur ce projet de longue haleine.

Pascale PAVY Présidente du Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul Photo : B. Toussaint B. Photo :

8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Les partenaires financiers

Voici plus de 20 ans que la Région accompagne Il est aujourd’hui indéniable qu’il nous faut, coûte que le Centre Régional de Phytosociologie de Bailleul coûte, préserver notre patrimoine animal, mais aussi dans ses diverses et multiples actions en faveur de floral et végétal. Ce premier tome de l’atlas de la la connaissance et de la conservation de la biodiversité flore vasculaire de la région Nord - Pas de Calais régionale, et tout particulièrement sur la flore et les contribuera aussi à cette indispensable prise de habitats naturels. conscience collective.

Ce premier volet de “L’atlas de la flore vasculaire Notre patrimoine floristique est ici passé au crible du Nord - Pas de Calais : flore de la Flandre française”, sous la loupe et l’œil averti des scientifiques de que vous avez entre les mains, est la synthèse Bailleul, marchant dans les pas des frères JUSSIEU d’années de recherche sur les terrains de notre région ou de ceux de Jean-Emmanuel GILIBERT. mais aussi dans les herbiers et les études régionales. Depuis 1930, plus de 300 000 données ont été Ce souci de préservation représente un enjeu collectées par plus de 200 observateurs passionnés et considérable pour les sociétés. La disparition d’une compétents. espère nous prive de principes actifs nécessaires à la fabrication de médicaments et peut aussi provoquer Ce nouvel ouvrage sur la flore et les habitats régionaux certains déséquilibres dans nos écosystèmes. vous permettra de découvrir l’ensemble de la flore des Flandres françaises, mais aussi de mieux connaître ce Alors prenons garde et préservons notre précieux territoire aux multiples facettes phytogéographiques. capital !

Daniel PERCHERON Sénateur du Pas-de-Calais Président du Conseil Régional Nord - Pas de Calais

Le récent Grenelle de l’Environnement a permis Avec toute la rigueur scientifique, le Conservatoire de rappeler notre lourde responsabilité face au risque botanique national participe ainsi au partage de disparition de la biodiversité et l’urgence de définir d’une connaissance indispensable à la préservation. de nouveaux modes de gestion, permettant de retrouver un équilibre entre l’activité humaine et la En effet, l’analyse des données historiques permet préservation du patrimoine naturel. de mesurer aussi les atteintes importantes subies par la flore tout au long du XXe siècle. Par le recensement du patrimoine floristique qu’elle présente et grâce aux illustrations particulièrement C’est en approfondissant la connaissance de riches qui en sont données, cette Flore de la biodiversité et en la faisant reconnaître comme la Flandre française, rédigée par le Centre régional patrimoine collectif que pourront être développés de phytosociologie, permet de mesurer la très grande de nouveaux modes de gestion et des outils de richesse présente et peu connue sur ce territoire. protection, à la mise en place desquels l’État participe avec tous ses moyens. Le Centre régional de phytosociologie de Bailleul est agréé en tant que Conservatoire botanique national et L’appropriation de la richesse de la biodiversité bénéficie à ce titre d’un soutien de l’État. Le Ministère présente sur ce territoire par ceux qui l’habitent, est la de l’écologie du développement et de l’aménagement première étape de la mobilisation de tous pour sa durables a en outre apporté un concours particulier à préservation. la réalisation du travail que couronne la publication de cet ouvrage. Michel Pascal Directeur régional de l’environnement

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 9 Avec près de 3000 ha d’espaces naturels en En partenariat avec le Conservatoire de l’Espace gestion, dont 2200 ha en propriété, le Départe- Littoral et des Rivages Lacustres et la Commu- ment du Nord, mène depuis 1979 une politique nauté Urbaine de Dunkerque Grand Littoral, des ambitieuse de protection de la nature et de la opérations de restauration écologique innovantes biodiversité. ont été menées dans les dunes flamandes et la dune décalcifiée de Ghyvelde, considérées depuis L’acquisition de zones remarquables dans comme de “grands réservoirs de la biodiversité de les monts des Flandres ou le marais audomarois l’Union Européenne”. a permis de protéger une flore et une faune importante et diversifiée. Les espèces botaniques et leur habitat font l’objet d’un suivi écologique par le Centre Régional de Des espaces industriels tels les sites du lac bleu Phytosociologie, partenaire privilégié du Départe- de Watten et de l’argilière de l’Aa à et ment du Nord depuis sa création. Saint Momelin, anciennes carrières d’argiles ou de marnes, contribuent également à l’enrichisse- Conscient de ses responsabilités vis-à-vis des ment de notre patrimoine, restituant à la nature espèces “patrimoniales”, le Département du Nord de nouveaux foyers de développement de la s’impose aujourd’hui comme un acteur essentiel biodiversité. de la préservation de ce patrimoine.

Les espaces littoraux participent également Cet atlas de la Flore de Flandre vous permettra, je sur plus de 700 ha à la diversité de ce patrimoine. l’espère, d’en découvrir toute la richesse.

Bernard DEROSIER Président du Conseil Général du Nord

LE PAs-DE-CALAIs, tERREAu D’EsPèCEs VÉgÉtALEs RAREs…

Quel plaisir de découvrir dans ce guide si Sensibilisation des collégiens, sorties nature grand précis les espèces végétales incontournables et public, chemins de randonnée comme autant de exceptionnelles de notre territoire. De la réserve corridors biologiques… naturelle du Platier d’Oye aux terrils du Béthunois, Toutes les interventions sont encore à renfor- en passant par la forêt d’Éperlecques, le Marais de cer pour sauvegarder notre environnement. Guînes et celui de Saint-Omer, le Département C’est d’ailleurs le pari du Département qui, en œuvre au quotidien avec son gestionnaire Eden s’engageant dans une démarche Agenda 21, a 62 à protéger et à valoriser les essences locales la ferme volonté de renforcer son action pour de ses espaces naturels sensibles. la préservation et l’amélioration de notre patri- moine naturel. Et ce guide nous y aidera. Je suis convaincu qu’il est urgent et de notre devoir à tous de mettre le présent au profit de l’avenir.

Dominique DUPILET, Président du Conseil Général du Pas-de-Calais

1 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Les végétaux constituent un élément essentiel environnement) est donc essentielle pour que les des paysages et du fonctionnement des milieux. C’est mesures correctives proposées pour le maintien ou pourquoi, les végétaux et les végétaux aquatiques la restauration du bon état des masses d’eau soient en particulier occupent une place importante dans les plus pertinentes possibles. De fait, le neuvième le dispositif d’évaluation de la qualité des cours programme d’interventions de l’agence de l’eau a d’eau, plans d’eau et zones humides en général, et mis l’accent sur la connaissance, la protection et la font l’objet d’une attention toute particulière dans restauration des milieux et des zones humides. les programmes d’interventions de l’Agence de l’eau Artois-Picardie. La Flore de la Flandre française est un outil de première importance pour la connaissance des végétaux de Les végétaux sont essentiels à bien des égards. nos régions. Cet ouvrage doit contribuer à identifier Ils contribuent de façon importante à la biodiversité et et connaître les espèces présentes en Flandre sont un maillon indispensable au bon fonctionnement française et ainsi à parfaire le diagnostic d’évaluation des écosystèmes que soit au travers de la production de l’état des masses d’eau. Il doit aussi permettre de primaire ou de leur rôle d’habitat, notamment pour la cibler les actions de restauration et d’entretien des faune aquatique. En raison de leur caractère intégrateur milieux aquatiques étant entendu que la qualité, la vis-à-vis des nutriments et de l’habitat en général, diversité et l’abondance des végétaux sont le gage les végétaux sont un des indicateurs biologiques d’une bonne santé et d’un bon fonctionnement de mis en avant par la Directive cadre sur l’Eau pour ces milieux. On ne peut qu’espérer que cette flore, l’évaluation de l’état des masses d’eau de surface. pour l’instant circonscrite à la Flandre française, L’état des masses d’eau s’obtient en comparant les pourra être étendue aux autres unités géographiques peuplements observés aux peuplements de référence, du bassin Artois-Picardie et au nord de la en c’est-à-dire les peuplements naturellement présents général, et que ces documents seront régulièrement en l’absence de pressions anthropiques. Cette mis à jour pour évaluer les effets des mesures de connaissance de la flore des milieux aquatiques et protection et de restauration engagées par l’ensemble des conditions de référence (les végétaux et leur des partenaires.

Alain STREBELLE Directeur de l’Agence de l’eau Artois-Picardie

Les habitats naturels et leur flore sont par définition grâce aux aménagements forestiers, plans de gestion le “support” principal de l’action des forestiers à moyen terme (une quinzaine d’années) dont un des de l’Office national des forêts, qui s’y sont rôles est d’intégrer la conservation et l’amélioration depuis longtemps intéressés tant par sensibilité du patrimoine naturel dans l’ensemble des actes de personnelle que par mobilisation de l’établissement. gestion qui seront réalisés en forêt. Sur l’ensemble des forêts dites “publiques” (forêts relevant du Régime forestier, gérées par Cette Flore de la Flandre française constitue un l’Office national des forêts), la préservation de la nouveau support de connaissance qui rassemble de biodiversité relève en premier lieu d’une approche nombreux éléments nécessaires aux gestionnaires multifonctionnelle de la gestion. Fondement actuel pour appréhender pleinement la valeur patrimoniale de la politique forestière française, la gestion des milieux dont ils ont la responsabilité. C’est multifonctionnelle consiste à concilier autant pourquoi l’Office national des forêts a souhaité que possible au sein de chaque forêt les diverses soutenir son édition grâce à son fond environnement fonctions de la gestion forestière : fonctions et développement durable dédié au soutien des économiques, fonctions récréatives, fonctions de actions en faveur de la biodiversité en forêts protection contre les risques naturels, et bien sûr domaniales. conservation de la biodiversité, depuis le niveau de Dans une région où les forêts sont rares, donc la génétique des essences forestières jusqu’à celui précieuses, ce nouvel ouvrage nous aidera, aux des écosystèmes. Dans chaque forêt, ces grands côtés du Conservatoire botanique national de principes de gestion sont déclinés et mis en œuvre Bailleul, à mieux accomplir notre tache commune : la préservation de la biodiversité.

Jacques LE HÉRICY Directeur de l’environnement et du développement durable de l’Office national des forêts

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 1 1 Remerciements

Cet atlas de la flore sauvage de la Flandre française est le fruit d’un long travail collectif, impulsé en 1994 par Vincent BOULLET alors directeur scientifique du CRP/CBNBL. L’inventaire sur le terrain a été conduit majoritairement par le personnel du CRP/CBNBL mais la contribution des nombreux bénévoles du réseau de collaborateurs au programme d’inventaire permanent de la flore du Nord - Pas de Calais a été très précieuse dans certains secteurs géographiques, notamment sur le littoral.

Nous adressons tout particulièrement nos plus vifs remerciements à Fabrice TRUANT, Samuel NEF, Jean-Claude BRUNEEL, Édith DHAINNE, Serge CHARTREL, Bernard RINGOT, Filip VERLOOVE, Jean-Roger WATTEZ, Henri POHL, Pascal DESFOSSEZ, Gérard DELENCLOS, Guillaume LEMOINE, ainsi qu’aux écogardes du Parc de la Deûle pour leur collaboration enthousiaste. Que toutes les autres personnes qui nous ont fourni des données (voir la liste des collaborateurs page suivante) reçoivent également ici toute notre gratitude.

Avant eux, dans les années 60-80, les membres de l’Institut floristique franco-belge, en particulier pour le territoire concerné, Léon DELVOSALLE, B. LIBERT et Jean-Marie GÉHU, ont apporté une contribution très importante à la connaissance de la flore du territoire de cet atlas. La majorité des données dites anciennes reprises dans les cartes de distribution de cet ouvrage est le fruit de leurs prospections.

Nos remerciements vont aussi à tout le personnel, actuel ou passé, du CRP/CBNBL qui, chacun dans son métier et de façon parfois très discrète mais tout autant nécessaire, a concouru à l’élaboration de cet atlas : - les botanistes : David MERCIER, Benoît TOUSSAINT, Franck BEDOUET, Alexis DESSE et Frédéric HENDOUX qui ont consacré spécifiquement de nombreuses journées à l’inventaire du territoire, ainsi que Laurent SEYTRE, Florence THÉRÈSE, Francesca BASSO, Marie-Françoise BALIGA (✝), Françoise DUHAMEL, Guillaume CHOISNET, Olivier BECKER, Frédéric BLANCHARD, Christophe BLONDEL, Bertrand MULLIE, Bertille VALENTIN, Thierry CORNIER, Sylvain BELLENFANT, Emmanuel CATTEAU et Guillaume MORITEL qui, au travers de très nombreuses missions d’étude des sites de haut intérêt écologique, ont apporté une contribution importante à cet Atlas ; - les informaticiens : Vianney TREPS, Thierry VERGNE, David GUILBERT et surtout David MARIEN qui a développé les outils spécifiques à la publication de l’atlas ; - les techniciennes de saisie : Claudine JOURDAIN, Stéphanie RAGUENEZ, Murielle MORMENTYN, Audrey DEHONGHER, Karine MESSENCE et Corinne CARMIGNANI ; - les gestionnaires de données et les cartographes : Alexis DESSE, Anne-Sophie HEYMAN, Alexandre NOLLET, Agnès THÉVENOT, Sophie NOIR, Mickaël DELAERE, Pierre TIMMERMAN, Guillaume BERTHO, Antoine TRESCA ; - le personnel de la Bibliothèque botanique et phytosociologique de france : Renaud WARD, Virginie DEPIERRE et Séverine PECKEU ; - le secrétariat : Marielle GODET, Marjorie VERHILLE et Virginie DEPIERRE. La lourde tâche de recueil et de sélection de l’iconographie a été réalisée par Franck BEDOUET, Benoît TOUSSAINT, Benoît DESTINÉ et David MERCIER. Nous n’oublions pas les stagiaires qui ont travaillé sur ce projet : Christine BEUGIN, Virginie BISSEY, Aurélie PAINDAVOINE, Thomas PATTYN, Angélique RICHIR, Marion SAVAUX et Riquier THÉVENIN.

Nous voulons aussi exprimer toute notre gratitude au Professeur Jacques LAMBINON qui a accepté la lourde tâche de la relecture des fiches de cet ouvrage.

L’intégration des noms néerlandais à cet atlas a été grandement facilitée par la transmission de données de la “Florabank”, base de données botaniques en Flandre belge. Qu’Ivan HOSTE du Jardin botanique national de Meise et Wouter VAN LANDUYT de l’Instituut voor natuur en bosonderzoek reçoivent ici toute notre reconnaissance pour cette collaboration.

Enfin, nous remercions vivement tous les partenaires financiers de ce projet : le Conseil régional Nord - Pas de Calais et la DIREN Nord - Pas de Calais qui nous accompagnent depuis 1994 sur le programme régional d’inventaire de la flore, ainsi que les Conseils généraux du Nord et du Pas-de-Calais et la ville de Bailleul au travers de leur participation statutaire au fonctionnement du CRP/CBNBl. L’Union européenne a également soutenu plusieurs programmes utiles à la réalisation de cet ouvrage. L’Agence de l’Eau Artois-Picardie et l’Office national des forêts ont participé au financement de cette Flore de la Flandre française.

1 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Liste des collaborateurs

Cette liste reprend l’ensemble des personnes ayant contribué à l’inventaire de la flore du territoire couvert par cet ouvrage. Les personnes dont le nom est suivi d’un astérisque sont ou ont été salariées, directeurs bénévoles, objecteurs de conscience ou stagiaires au CRP/CBNBL (ou dans ses anciennes associations affiliées CREPIS et CREPIS Nature Environnement).

Fédération ADELFA de Dunkerque, Bureau d’étude ALFA, Pierre ALLOY, Bureau d’étude A.M.B.E., A. ARNOLD, René AURIOL*, Juliette BAILLEUL*, Marie-Françoise BALIGA (✝)*, Annabelle BANSE*, David BARBIER*, Luc BARBIER, Olivier BARDET, L. BARRERE, Francesca BASSO*, L. BAUDOT, Franck BEDOUET*, Olivier BECKER*, Isabelle BÉCUE*, Bureau d’étude B.E.E.A., P. BELLART, Sylvain BELLENFANT*, Karim BENKHELIFA*, Julie BERTRAND*, Christine BEUGIN*, Martine BEURAERT, J. BEYART, M. BIGNARD, Jean-Jacques BIGNON*, Bureau d’étude BIOTOPE, Virginie BISSEY*, Patrick BLANPAIN, Christophe BLONDEL*, P. BLONDIAUX, C. BOCKET, Christophe BOISSEAU*, Bart BOLLENGIER, Marcel BON, Cédric BONNET, Isabelle BONNIN, Éric BOUCART, Vincent BOULLET*, B. BOUTEMY, G. BOUTRY, Daniel BRAY, W. BROODTHUIS, Jean-Claude BRUNEEL, Aline BUÉ, Gabriel BUNS, Jean-Michel CALCOEN, Virginie CALLIPEL, J.-M. CAMBRA, François CARLIER, René CARTON, Bastien CATTEAU*, Emmanuel CATTEAU*, Laurent CHANTRE*, Serge CHARTREL, Marie-Loup CHEVRIER*, Thomas CHEYREZY, Guillaume CHOISNET*, Martine CLABAUX, Vincent COHEZ, Stéphane DECRIEM, François CONSTANT, Thierry CORNIER*, E. COSYNS, A. DALLERY, F. DANGUI, Bruno DEFIVE, Hermine DELACHAPELLE*, Jean DELAY, Annick DELELIS-DUSSOLIER, Gérard DELENCLOS, Philippe DELLA VALLE, Léon DELVOSALLE, Gérard DEMAGNY, P. DEMIÈRE, S. DEPOORTER, Peggy DE RIDDER*, Serge DEROO, Domini- que DEROUT, Pascal DESFOSSEZ, Olivier DESMARETZ*, Hugues DESREUMAUX, A. DESRUMEAUX, Alexis DESSE*, Benoît DESTINÉ*, R. DESWELLE, V. DETRAIT, S. DEVOS, D. DEWALLE, Xavier DEWALLE, Edith DHAINNE, Frédéric DHAINNE, Alexandre DRIANCOURT, D. DUANG, A. DUBOIS, Jean DUBOIS, Thérèse DUBOIS, Françoise DUHAMEL*, Pascale DUMOULIN, Frédéric DUPONT, Y. DUPONT, Lucien DURIN (✝), Jean-Luc ELLEBOODE, Nicolas FARDEL, Caroline FARVACQUES*, Laurent FAUCON, S. FIOLET, V. FLAHAUT, Stéphanie FLIPO*, Audrey FLIS, Guy FLOHART, A. FLORENT, Bruno de FOUCAULT, D. FOULON, André-Jean FRANCEZ*, Rémi FRANCOIS, David GAILLIEZ, M.-A. GANTOIS, Association G.D.E.A.M., Jean-Marie GÉHU*, Jeannette GÉHU-FRANCK*, Pierre GILLES, Yves GILLET, José GODIN, Gilles , René GUÉRY, Jean-Christophe HAUGUEL*, Jean-André HEYMAN*, Frédéric HENDOUX*, Christophe HENNEQUIN, Christophe HILDEBRAND, Philippe HOUSSET*, Cindy HUTT*, Pol INGELAERE, Raymond JEAN, Philippe JESTIN, Julie-Anne JORANT*, Philippe JULVE*, Edmond KOCISZEWSKI, Nicolas KOMEZA*, José LAGACHE, Jacques LAMBINON, J. LAMBLIN, Yannick LAMBRECHT*, Sébastien LAURENT, D. LAVOGIEZ, Bastien LEDIEU*, Émeline LEFIEF*, Ludovic LEMAIRE, Guillaume LEMOINE, Marie-Christine LE PEZENNEC, Olivier LESAGE, Marc LETEN, H. LETOM, Vincent LEVIVE*,Thierry LIEFOOGHE*, Magali LIETS, Maxime LIONET*, A. LOOTS, Nathalie MACHON, Gilles MARCOUX, F. MARTIN, S. MARTIN, Jean-Patrice MATYSIAK*, Frédéric MELKI, Benjamin MEUNIER, David MERCIER*, Jean-Luc MÉRIAUX, H. MICHAUD, R. MIKOLAJCZAK, P. MILLIOZ, J.-J. MONTEEL, Frédéric MORA*, Colette MORICE, Guillaume MORITEL*, B. MOUQUET, Jérome MOUTON, Bertrand MULLIE*, Olivier NAWROT, Samuel NEF, Alexandre NOLLET*, Hervé NOWARA, David OLLIVIER*,Thomas PATTYN*, Caroline PETIT, Daniel PETIT, Vincent PILON, Henri POHL, D. POTIER, René POULAIN, M. PRIEM, F. de RAEVE, Pascal RAEVEL*, Jean-Denis RATIER, Véronique RENARD, Angélique RICHIR*, Patricia RIFFLART*, Bernard RINGOT, Christian RINGOT, Cédric ROATTA, Serge ROTY, Mathilde RUBIN*,Thierry RYCKELYNCK, Vincent SANTUNE, Bruno SARRAZIN, Philippe SAUVAGE, Laurent SEYTRE*, Fabrice SOTY, Arnaud SZWAB*, Jeanne TALPAERT, Gilbert TERRASSE, Jacques TETART, Florence THÉRÈSE*, Tatiana THOUROUDE*, Yohan TISON, R. TULASNE, Fabrice TRUANT, Emmanuelle UHRES, Bertille VALENTIN*, Jean-Marc VALET, Bastien VANDENABEEL*, Chantal VAN HALUWYN, Wouter VAN LANDUYT, G. VANMERRIS, J. VAN STIEGEL, Filip VERLOOVE, Gérard VERMERSCH, J.-P. VINCENT, Annie WATTEZ, Jean-Roger WATTEZ, T. WILLAEY, Sophie WROBEL, Augusto ZANELLA.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 1 3 Préliminaire : le CBNBL et les missions des CBN

Préliminaire es Conservatoires botaniques nationaux (CBN) l’inventaire permanent de la flore sauvage régionale Lreprésentent à la fois un réseau d’observatoires de la et de ses habitats, la centralisation et l’informatisation flore sauvage en France et un acteur de la conservation des données floristiques (la flore) et phytosociologiques des espèces végétales menacées et de leurs habitats. (la végétation) et la conduite d’études de biologie et Ils sont agréés par l’État sur un territoire géographique d’écologie de la flore et des milieux naturels. L’inventaire déterminé pour une durée de 5 ans renouvelable. Le permanent de la floreest destiné à compléter et préciser Conservatoire botanique national de Bailleul (CBNBL) la connaissance de la répartition de l’ensemble des est agréé pour les régions Nord – Pas de Calais, Picardie plantes de la région et permet de localiser précisément et Haute-Normandie depuis 1991. l’emplacement des espèces d’intérêt patrimonial. Les L’agrément des CBN est subordonné au respect d’un données collectées sur le terrain et lors du dépouillement cahier des charges qui comprend quatre volets bibliographique sont ensuite informatisées dans la essentiels : la connaissance de la flore et des habitats base de données “DIgItALE”. Cette base de données naturels du territoire pour lequel ils sont agréés, la mise permet d’enregistrer, de traiter de façon homogène puis en œuvre de la conservation des espèces végétales de diffuser l’information floristique de base relative au sauvages par différents moyens, l’assistance scientifique territoire d’agrément. Elle compte actuellement plus aux collectivités et à l’État pour la mise en œuvre des d’un million de données pour le Nord – Pas de Calais. À politiques de conservation du patrimoine naturel et partir de ces inventaires et du traitement des données, d’aménagement du territoire ainsi que la diffusion des il est possible d’évaluer la rareté des différentes espèces savoirs et de l’information auprès de tous les publics. de la région et leur niveau de menace. Ces informations Neuf Conservatoires botaniques nationaux sont agréés sont essentielles pour établir les listes rouges et à ce jour et regroupés au sein de la Fédération des CBN ; proposer les mesures réglementaires de protection qui d’autres projets en cours visant à couvrir l’ensemble du s’imposent. Elles sont aussi exploitées quotidiennement territoire national. par différents acteurs privés ou institutionnels dans le Dans le Nord – Pas de Calais, la mise en œuvre des cadre d’études d’impact, de projets de protection de sites missions du Conservatoire botanique national de Bailleul naturels et même de réflexions plus prospectives à des se traduit par de nombreuses activités. La mission fins de gestion et d’aménagement du territoire régional de connaissance de la flore et des habitats naturels ou national. s’articule autour de trois axes essentiels que sont

Inventaire dans le marais audomarois Photo : D. Mercier

1 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Pour les espèces rares et menacées, des études plus de semences réfrigérée ou congelée des lots issus des fines peuvent être nécessaires avant d’envisager leur populations de plantes sauvages menacées, constitue conservation. Outre une connaissance actualisée des un apport spécifique des Conservatoires botaniques menaces et de l’état des stations, il est indispensable de nationaux dans le cadre des programmes de conservation bien connaître l’écologie et la biologie de l’espèce. Des des plantes menacées. expérimentations et des études scientifiques peuvent Toutefois, cette mesure alors être conduites, souvent en partenariat avec les ne peut être considérée universités régionales, pour étudier par exemple le mode comme une finalité en de reproduction ou la dynamique des populations soi, mais comme une Préliminaire de cette espèce. Parfois, bien que la flore de nos régions mesure de sécurité et un soit bien connue, il peut être nécessaire de comparer outil complémentaire les différentes populations entre elles pour déterminer de ces programmes. le degré de variabilité de ces populations. Ainsi, l’étude En effet, il est fréquent des populations de la Germandrée des marais (Teucrium de rencontrer des scordium) a montré un gradient de différenciation entre populations de plantes les populations de l’intérieur des terres (plaine de la Scarpe menacées d’extinction notamment) et les populations du littoral, du Nord vers dans des sites qui ne le Sud. Ces études sont particulièrement importantes bénéficient d’aucune pour la conservation de la diversité biologique. mesure de protection Bien que les Conservatoires botaniques nationaux ne ou de gestion adéquate. pratiquent pas eux-mêmes la gestion des sites et des C’est en particulier espaces où se maintiennent les plantes menacées, ils le cas des plantes interviennent en amont du processus de conservation messicoles (les plantes en définissant les mesures de gestion à mettre en sauvages commensales des cultures, telles que le Bleuet, La banque œuvre in situ, en partenariat avec les gestionnaires des les coquelicots…). Dans ces conditions, la conservation de graines sites concernés. Pour les espèces dont les populations ex situ se révèle être la seule mesure appropriée à court Photo : B. Valentin sont au bord de l’extinction, des mesures de gestion terme pour pallier l’extinction totale de la plante. spécifique de l’habitat sont en effet souvent nécessaires Un rôle important du Conservatoire botanique national (débroussaillages localisés, étrépages ciblés…). En outre, de Bailleul est aussi d’accompagner le gestionnaire et des programmes de renforcement de populations, ou de l’assister dans sa démarche de conservation des de réintroduction dans les cas les plus critiques, peuvent sites naturels où sont présentes des espèces menacées. s’avérer indispensables. Ces interventions, qui consistent Il réalise en particulier le suivi des espèces les plus à introduire des individus d’une espèce dans un site menacées et évalue les mesures de gestion mises en naturel, font appel à des protocoles et des techniques œuvre afin, éventuellement, de les réorienter si nécessaire. variées et très spécialisées. Dans tous les cas, ces En effet, la gestion des habitats et la conservation des opérations n’ont lieu qu’après la restauration adéquate espèces végétales dans leur milieu de vie nécessitent du milieu de vie et si les garanties de pérennité du site et d’être adaptées au contexte propre à chaque site naturel. de la gestion nécessaire sont suffisantes. Elles impliquent Des expérimentations de gestion sont parfois nécessaires toujours des études préalables pour déterminer la pour déterminer l’efficacité de la fauche ou du pâturage faisabilité de l’opération et requièrent des équipements sur telle ou telle espèce et son habitat. Le Conservatoire Le Jardin particuliers (couches de multiplication, serres voire botanique national de Bailleul peut ainsi proposer aux conservatoire chambres de cultures aseptiques). La conservation ex gestionnaires des protocoles expérimentaux. Photo : H. Delachapelle situ, qui consiste à maintenir en culture ou en banque

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 1 5 De par sa connaissance approfondie de la flore, de la Bailleul s’est donné l’ambition de toucher un public végétation et de l’écologie des habitats naturels de la le plus large possible, avec en particulier le souci région Nord – Pas de Calais, le Conservatoire botanique d’accueillir en priorité les jeunes, acteurs et décideurs national de Bailleul a aussi un rôle d’expert auprès de demain. C’est pour cette raison qu’il a créé en 2003, des collectivités locales et de l’État. En particulier, le “Jardin des plantes sauvages”, espace éducatif et il intervient dans les comités consultatifs de gestion de sensibilisation. Celui-ci permet de découvrir une des espaces protégés en tant que conseiller, ainsi que véritable “arche de Noé”, illustrant la diversité de la dans les instances départementales et régionales de flore sauvage du nord de la France et les milieux de Préliminaire concertation pour la préservation du patrimoine, en vie des plantes, et de comprendre l’importance de la particulier naturel (Commissions des sites, Conseil conservation de ce patrimoine, notamment à travers scientifique régional du patrimoine naturel…). Dans le l’histoire des plantes sauvages utiles. cadre de la mise en oeuvre de la politique européenne L’information et la sensibilisation de protection d’un réseau de sites représentatifs des passent aussi par la participation milieux naturels d’Europe appelé “réseau Natura à de nombreuses commissions Pour plus de détail 2000”, le Conservatoire botanique national de Bailleul consultatives pour lesquelles le sur nos activités, apporte ses compétences en matière de typologie et de Conservatoire botanique national de nous invitons cartographie phytosociologique des habitats naturels Bailleul est sollicité, par l’édition de le lecteur à consulter et, en particulier de la végétation, afin d’orienter documents de vulgarisation et par la notre site internet et de conseiller les opérateurs sur les mesures de présentation puis la publication des à l’adresse conservation et/ou de restauration les mieux adaptées résultats scientifiques obtenus au http://www.cbnbl.org à la préservation optimale de la diversité écologique cours des différents travaux réalisés. et du patrimoine végétal. Enfin, il constitue un outil d’aide à la décision pour l’aménagement du territoire, En 2005, le Conservatoire a publié le notamment en matière de hiérarchisation des enjeux “Guide des plantes protégées et menacées de la région pour la protection du patrimoine naturel et il intervient Nord – Pas de Calais” qui présente, par milieu naturel, également régulièrement pour les départements dans les 303 plantes plus ou moins rares ou fragiles que l’on le cadre de la politique “Espaces naturels sensibles” rencontre dans cette région. qu’ils ont développée. La mission des Conservatoires botaniques nationaux est aussi d’informer et d’éduquer le public à la connaissance et à la préservation de la diversité végétale. Elle a pour but essentiel une meilleure prise de conscience des problèmes de disparition du patrimoine végétal sauvage, des communautés végétales et des milieux naturels qui les hébergent. En effet, seule une bonne compréhension du phénomène Le Jardin des et de ses enjeux pour l’homme est garante d’un plantes sauvages changement des comportements individuels et Photo : H. Delachapelle collectifs. Le Conservatoire botanique national de

1 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE L’inventaire permanent de la flore du Nord - Pas de Calais et l’atlas de la flore de la Flandre française

ORIgINE Du PROJEt - le système géodésique français (longitudes référées au méridien de Paris) avec : et ouvrage intitulé “Flore de la Flandre française” . soit un carroyage en grades, Cest le premier document publié par le CRP/ . soit un quadrillage kilométrique Lambert 1 ou CBNBL valorisant pleinement le travail d’inventaire Lambert 2 étendu. systématique de la flore du territoire régional initié en - le système géodésique européen unifié ED50 L’inventaire permanent L’inventaire 1994 avec les partenaires régionaux (Conseil régional, (longitudes référées au méridien international) et le DIREN, Départements du Nord et du Pas-de-Calais et quadrillage kilométrique UTM (Universal Transverse Ville de Bailleul) sous l’impulsion de Vincent BOULLET, Mercator) fuseau 31U. alors directeur scientifique. L’objectif de ce programme d’inventaire permanent de Le carroyage I.F.F.B. est basé sur l’extension, hors des la flore sauvage du Nord – Pas de Calais était d’aboutir frontières belges et luxembourgeoises, du maillage en rapidement à la publication d’un atlas régional complet carrés de 4 km de côté établi par l’Institut floristique à horizon 2005 (“atlas éclair”). Mais l’ampleur de la belgo-luxembourgeois (I.F.B.L.) et correspondant à la tâche et les moyens mobilisables au regard des autres découpe des anciennes cartes topographiques belges. missions à accomplir par le CRP/CBNBL n’ont pas Ce carroyage a été utilisé dans le nord de la France par permis de tenir ce délai. l’Institut floristique franco-belge, comme trame de Néanmoins, la masse de données accumulées sur référence pour son atlas, sur la lancée de l’Atlas belgo- certains secteurs géographiques nous a incité à luxembourgeois. Il est de portée limitée à l’échelle réorienter le plan de prospections afin de terminer européenne (il reste néanmoins utilisé pour les projets l’inventaire sur les zones les mieux couvertes et de de cartographie floristique belges) et présente en publier un premier atlas partiel (géographiquement). outre le défaut d’une totale artificialité en France et Notre choix s’est porté sur le territoire de la Flandre de distorsions apparues dans le report vers l’ouest des française, dont le périmètre sera précisé plus loin. Cette lignes majeures du système. “Flore de la Flandre française”, dénommée plus loin “l’Atlas”, constitue donc un premier tome d’un “Atlas Le principal avantage du système géodésique français régional de la flore du Nord – Pas de Calais” dont la est d’avoir une projection régulière sur l’ensemble parution complète est envisageable d’ici à 3 ans. de la France, sans discontinuité. La distance entre les grades est constante en latitude, mais diminue en longitude de l’équateur aux pôles (elle passe de 100 mÉthODOLOgIE gÉNÉRALE à 0 km). Ce système géodésique, issu d’une projection DE L’INVENtAIRE conique, n’a malheureusement qu’une portée française L’originalité du programme d’inventaire de la flore du et complique les échanges et projets internationaux, Nord – Pas de Calais réside dans la prise en compte notamment européens. rigoureuse de quatre critères : - utilisation d’un maillage précis et très fin (quadrillage L’utilisation d’un carroyage en grades permet d’épouser UTM, maille de 1 x 1 km), la trame de découpage des feuilles de la carte de France - prise en compte des limites administratives à grande échelle et donc d’engendrer des mailles de communales, forme (approximativement) rectangulaire qui ne sont - prise en compte des biotopes (atlas “floristico- jamais à cheval sur les coupures régulières des cartes écologique”), IGN (1/25.000 et 1/50.000). Il a longtemps servi de - géolocalisation des relevés floristiques (sur carte au quadrillage de référence aux travaux cartographiques 1/25.000). réalisés sous l’égide du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et à divers atlas régionaux (par Le système de carroyage exemple : Atlas de répartition des plantes vasculaires Le choix du système géodésique de référence et du type de Basse-Normandie). L’utilisation de mailles de carroyage se pose en préalable à tout nouveau projet rectangulaires et inégales est néanmoins peu propice de cartographie en réseau. Quatre options principales à une évaluation homogène d’un territoire. Ce défaut étaient envisageables, compte tenu du contexte national peut être corrigé à une échelle régionale en utilisant et européen et des atlas déjà réalisés : un quadrillage kilométrique régulier de type Lambert - le carroyage de l’I.F.F.B. (Institut floristique franco- (pour le Nord - Pas de Calais : Lambert zone 1 ou belge) prolongeant vers le Sud et l’Ouest le découpage Lambert zone étendu). des anciennes cartes topographiques belges ;

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 1 7 Le système géodésique européen unifié ED50 présente réserves naturelles volontaires...) et les grands choix l’avantage d’être la référence qui prévaut au niveau d’aménagement du territoire (remembrements, international, et le quadrillage UTM est largement infrastructures routières ou ferroviaires...). utilisé et préconisé dans de nombreux projets chorologiques européens et mondiaux. L’inconvénient Les unités de biotopes majeur du quadrillage UTM est d’engendrer des “zones Afin de récolter un maximum d’informations de raccord”, tous les 400 km de longitude, au niveau de floristiques dans un cadre phytoécologique, il est apparu la jonction de deux fuseaux. Cependant, ce problème intéressant de prendre en compte la typologie des est considérablement minimisé à l’échelle de la maille habitats dans l’élaboration des relevés. La majorité des kilométrique. De plus, le Nord – Pas de Calais n’est pas relevés floristiques ont été réalisés sur un ou quelques concerné par ce problème de raccord. Côté pratique, le milieux, cochés sur une liste des biotopes du Nord – quadrillage kilométrique UTM figure désormais sur les Pas de Calais prévue à cet effet. Toute précision, d’ordre nouvelles éditions des cartes IGN au 1/50 000. phytosociologique par exemple, peut être ajoutée. Ces données sont donc exploitables en vue d’affiner notre Nous avons finalement opté pour le quadrillage connaissance de la distribution des différents habitats kilométrique utm, en raison de son emploi et des relations plantes/habitats dans la région. L’inventaire permanent L’inventaire généralisé en Europe et de son utilisation pratique désormais facilement accessible sur les cartes de La géolocalisation des relevés floristiques l’IgN. Tous les relevés floristiques réalisés dans le cadre de cet inventaire sont accompagnés d’une carte au 1/25 000, En réalité, il faut minimiser ici l’importance de ce choix, sur laquelle sont localisées les zones prospectées. Cette car la méthode d’inventaire chorologique utilisée géolocalisation facilitera et optimisera à terme le par unité de biotopes, unité administrative et unité transfert des données recueillies vers d’autres systèmes de maille maximale de 1 km² avec géolocalisation géographiques (grades ou I.F.F.B.) et leur exploitation obligatoire des données, confine de fait à un inventaire cartographique (S.I.G. ...). qui approche la ponctualité. Avec cette précision dans la collecte de l’information, l’intégration des données chorologiques de l’atlas projeté dans d’autres systèmes LEs OutILs : LEs BORDEREAux DE de carroyage est réalisable sans pertes majeures RELEVÉs, LA BAsE DE DONNÉEs DIgItALE, d’informations (tout au moins à un degré moindre ou LEs hERBIERs, LA DOCumENtAtION équivalent de finesse). ÉCRItE Un bordereau de terrain de format A3 (imprimé recto/ La prise en compte des limites administratives verso) a été spécialement mis au point pour l’atlas (2 Idéalement, tout inventaire des richesses naturelles versions se sont succédées au cours du programme d’une région doit pouvoir servir de support scientifique d’inventaire). en faveur de la protection du patrimoine naturel, dans Il est organisé de manière à éviter, au maximum, de le cadre de l’aménagement du territoire. Il est donc multiples changements de page lors du relevé sur le essentiel de prendre rigoureusement en compte les terrain. Ainsi, la première page de liste comporte les limites administratives à l’échelon communal, dans espèces fréquentes, c’est-à-dire de “très commun” à l’élaboration des relevés floristiques. C’est en effet “peu commun”, selon les classes de rareté des taxons au niveau administratif que se prennent la plupart dans le Nord – Pas de Calais établies par le CRP/CBNBL des mesures de protection de sites ou d’espèces (BOULLET et Coll., 1999. - Catalogue des raretés, (arrêtés préfectoraux de protection de biotope, protections, menaces et statuts de la flore du Nord – Pas de Calais, Bull. Soc. Bot. N. Fr. Vol.52, fasc. 1, 1999), alors que les deux autres regroupent toutes les espèces rares (de “assez rare” à “exceptionnel”, selon la même source). L’utilisation d’encadrements, de trames grisées, de caractère gras… renseigne l’utilisateur sur le statut régional des plantes (menaces, protections…). À chaque bordereau, l’utilisateur joint une carte au 1/25.000 comportant le report de la zone prospectée et les éventuels pointages d’espèces protégées et/ou menacées.

Une première étape de validation des données est réalisée, au niveau du remplissage des champs d’information et des listes floristiques (validation essentiellement axée sur les plantes d’intérêt patrimonial).

1 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE saisie au CRP/CBNBL), Maurice HOCQUETTE (herbier “BAIL” informatique du CRP/CBNBL), Jean-Marie GÉHU (idem). des bordereaux Photo : B. Toussaint En revanche, la très grande majorité des données publiées dans les anciens catalogues floristiques, les vieilles flores régionales, les thèses, les revues scientifiques anciennes ou récentes… gérées par la Bibliothèque botanique et phytosociologique de France (BBPF) du CRP/CBNBL ont été traitées et figurent sur les cartes de distribution de cet atlas. La volumineuse bibliographie présentée à la fin de l’ouvrage en témoigne !

PREssION D’ÉChANtILLONNAgE suR LE tERRAIN La saisie informatique de ce bordereau est réalisée au Un programme de cartographie de la faune ou de la CRP/CBNBL grâce à un masque de saisie développé flore correspond toujours à un compromis entre une permanent L’inventaire en interne sur le logiciel Microsoft Excel. Les données quête bien compréhensible mais toujours illusoire ainsi saisies et formatées peuvent ensuite être d’exhaustivité et des contraintes de temps et de versées dans la base de données floristiques et moyens financiers et humains disponibles pour ce phytosociologiques “DIgItALE” (développée sous le projet. Cet inventaire ne fait pas exception et ne saurait logiciel Microsoft Access). donc en aucun cas prétendre à l’exhaustivité. En parallèle, les polygones cartographiques sont saisis sur le logiciel Arcview (système d’information Le plan de prospection des inventaires floristiques géographique) couplé à DIGITALE. coordonnés par le CRP/CBNBL dans le Nord – Pas de Calais s’appuie sur un principe de base : visiter un C’est également DIGITALE qui constitue l’outil de maximum de milieux au sein d’une maille UTM de 2x2 recueil, de validation et de diffusion des données km en un minimum de temps, en levant les données sur anciennes ou récentes issues d’autres supports que le carroyage de 1x1 km. En moyenne, 3 à 4 mailles sont le bordereau atlas : bordereaux de l’Institut floristique prospectées par jour par un botaniste professionnel. En franco-belge, publications diverses, manuscrits, règle générale, une maille kilométrique est inventoriée planches d’herbier… “en totalité” et des compléments ponctuels sont effectués si besoin dans les 3 autres mailles si elles Les herbiers historiques régionaux n’ont pu être comportent d’autres biotopes. que partiellement exploités dans ce cadre : J. CUSSAC (propriété de la Faculté des Sciences de Lille 1, en dépôt

La Bibliothèque L’herbarium botanique et du CRP/CBNBL phytosocio- (acronyme BAIL) logique de france Photo : B. Toussaint Photo : F. Bedouet

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 1 9 La plupart des mailles ont été prospectées une seule Globalement, les milieux dunaires, les landes, la plupart fois sur la période d’inventaire, entre les mois de mai et des forêts et les zones marécageuses peuvent être d’octobre. Des prospections complémentaires, ciblées considérés comme très bien connus sur le territoire de sur les espèces vernales difficilement ou non visibles l’Atlas. plus tard en saison, ont été conduites. Lorsque, pour La flore aquatique, si diversifiée sur ce territoire, a une raison quelconque, une espèce est manifestement été particulièrement bien étudiée dans le marais sous-observée, nous le signalons en général dans le audomarois (voir le chapitre qui lui est consacré à la paragraphe “Distribution” des fiches de cet ouvrage. fin de cet ouvrage). Elle reste en revanche méconnue dans le marais de Guînes et, dans une moindre mesure, En plus de ce “balayage général” du territoire, les dans le reste du réseau hydrographique. Les mares sites d’importance écologique reconnue (ZNIEFF prairiales mériteraient aussi d’être inventoriées avec notamment) ont fait l’objet de compléments un plus grand soin. d’inventaires, notamment lors des missions d’expertises floristiques et phytosociologiques réalisées par le CRP/ La carte ci-dessous donne une image de la pression CBNBL dans le cadre de ses activités de conseil et d’inventaire par mailles UTM de 2x2 km. La très grande d’expertise. Divers travaux, ainsi que les prospections majorité des 304.536 données traitées concernent L’inventaire permanent L’inventaire des collaborateurs bénévoles du réseau ont également des observations postérieures à 1990 (voir graphiques apporté une contribution significative à la connaissance ci-dessous). de ces sites.

Légende Nombre de données 1 - 150 151 - 300 301 - 600 601 - 1500 1501 - 4059

Sources : DIGITALE SIG, BFP © CRP/CBNBL 2005

Répartition des données par périodes Répartition annuelle des données depuis 1990

4 864 3 992 45 000 (2%) (1%) 40 000 49 311 avant 1930 35 000 (16%) 1930 -1959 30 000 1960 - 1989 25 000 1990 - 2006 20 000 15 000 10 000 5 000 0 246 369 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 (81%)

2 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Présentation générale du territoire

ChOIx Du PÉRImètRE

omme il a été dit précédemment, le périmètre Délimitation des territoires phytogéographiques Cde l’atlas de la Flore de la Flandre française a été de la région Nord – Pas de Calais défini à l’origine sur la base de l’état d’avancement des prospections. Ses limites définitives ont été calées Légende sur une base phytogéographique (non administrative), issue du travail de délimitation des territoires phytogéographiques de la région Nord – Pas de Calais publié dans la revue belge Lejeunia en 2002 (TOUSSAINT, LAMBINON & HENDOUX 2002) dont la carte est reproduite ci-dessous. Présentation générale du territoire Présentation générale

© Digitale système d’information floristique et phytosociologique © CRP/CBNBL - octobre 2002

L’atlas de la flore sauvage de la Flandre française D’un point de vue administratif, une majorité du inclut les territoires du littoral flamand, de la plaine territoire concerne le département du Nord (67 %) maritime flamande, du marais de guînes (tous trois mais la frange sud-occidentale est située dans le Pas- relevant du district Maritime), le marais audomarois, de-Calais (33 %). Il est limité au nord par la frontière les collines de flandre intérieure (incluant les Weppes franco-belge (au-delà de laquelle se prolongent et le Ferrain), la plaine de la Lys et le mélantois les districts phytogéographiques concernés par cet rattachés au district Brabançon. ouvrage) et au nord-ouest par le littoral de la Mer du Les caractéristiques géomorphologiques, hydrogra- Nord. La limite sud, correspondant à la limite entre phiques, géologiques et écologiques de ces différents les districts phytogéographiques brabançon et picard, territoires seront détaillées plus loin. relie approximativement Calais, Saint-Omer, Béthune, et . Sa superficie couvre environ 3236 km², soit environ un quart du territoire régional. Au total, 370 communes (sur les 1547 que compte la région) sont concernées, en totalité ou partiellement, par l’Atlas.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 2 1 La spécificité du climat de la région Nord – Pas de Calais au sein des climats océaniques français est très liée à sa septentrionalité : ensoleillement réduit (1600 heures à Lille, 1800 heures à Paris), hivers assez froids (4,3°C en janvier à Dunkerque contre 6,3°C à Brest). Dans le département du Nord, 160 km séparent Dunkerque, sur le littoral, d’, en limite des Ardennes. L’influence maritime est donc très inégale, Chenal de l’Aa CLImAt avec des paysages climatiques régionaux contrastés. à grand-fort- On rencontre, sur le territoire de la Flore de la Flandre Près de la Mer du Nord, on peut parler de “climat Philippe française, les principaux traits des climats tempérés océanique pur”, l’automne étant généralement très Photo : D. Mercier océaniques : les amplitudes thermiques saisonnières pluvieux et l’amplitude thermique réduite (seulement sont faibles, les précipitations ne sont négligeables en 29 jours avec gel et 1 jour de forte chaleur en moyenne aucune saison. par an). Les vents soufflent en moyenne 100 jours par an (plus de 16 m/s en rafales). Par an également, il pleut en moyenne à peine plus à Dunkerque (676 Normale de températures et de précipitations mm) qu’à Toulouse (656 mm) mais cet écart devient à Lille- sur la période 1971/2000 (source Météo France) plus significatif si l’on parle de jours de pluie (120 à Températures mini et maxi Dunkerque contre 100 à Toulouse). 25° En s’éloignant du littoral, vers Lille, l’influence 20° océanique diminue légèrement ; on parle de “climat 15° océanique de transition”. On passe, de Dunkerque à 10° Lille, de respectivement 34 à 69 jours de brouillard, 11 5° à 19 jours d’orage comme de neige. À Lille, le vent n’est

Présentation générale du territoire Présentation générale 0° vraiment sensible (plus de 16 m/s en rafales) que 60 Précipitations en mm jours dans l’année. 70 60 50 Les variations locales de relief, aussi ténues soient-elles, 40 30 ont une incidence sur le climat. Ainsi, en hiver, il n’est 20 pas rare de voir la neige tenir au sol sur les monts de 10 0 Flandre alors qu’elle fond immédiatement en contrebas Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. dans les plaines alentours.

Jour de givre sur le Parc départemental marguerite Yourcenar du mont Noir. Photo : B. Toussaint

2 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE RELIEf Et hYDROgRAPhIE Le territoire de la Flore de la Flandre française est situé moyenne avoisine les 20 à 50 mètres, avec une en contrebas du plateau de l’Artois (qui “culmine” à amplitude comprise entre -2,5 mètres aux Moëres et l’est de Desvres à environ 210 mètres) ; son altitude 176 mètres au sommet du Mont Cassel. Présentation générale du territoire Présentation générale

© Région Nord - Pas de Calais, Atelier de cartographie 2000

Au nord-ouest du territoire, la plaine maritime territoire extrêmement plat dont l’altitude varie le plus flamande, correspondant à des terres progressivement souvent entre 2 et 5 mètres. Le secteur des moëres, conquises par l’homme sur la mer (polders), est un près de la frontière belge, est même situé sous le niveau de la mer (0 à -2,5 mètres). Les polders sont parcourus par un réseau hydrographique dense, en majeure partie artificiel (canaux, fossés), résultant de l’assèchement historique du delta de l’Aa (fleuve aujourd’hui canalisé). Les watergangs, au cours généralement sinueux, correspondent en général à d’anciens chenaux maritimes naturels non ou peu rectifiés.

Le littoral sablonneux et les aménagements humains (digues) protègent les polders des intrusions marines. Les dunes de l’est dunkerquois atteignent localement 25 mètres d’altitude. Les accumulations de sables dunaires du Fort Vert et du Platier d’Oye sont de dimensions plus modestes (une quinzaine de mètres au maximum). La partie sud-occidentale des polders est caractérisée Le secteur des moëres. par la densité de son réseau hydrographique (parcelles Photo : G. Lemoine

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 2 3 plus petites et plus marécageuses que dans les polders A l’est du marais audomarois et au sud-est des cultivés) et la présence de nombreux plans d’eau polders s’étend le territoire des collines de flandre artificiels : c’est le marais de guînes, dont l’altitude intérieure, offrant un paysage légèrement vallonné est nulle. Adossé aux premiers contreforts de l’Artois, dont l’altitude varie en général entre 20 et 40 mètres. il s’étend principalement sur les communes de Guînes, Ce secteur est drainé par une multitude de petites Andres, Brêmes et Ardres. Il est en partie alimenté par rivières appelées localement “becques”. La plupart de des résurgences de la nappe de la craie. ces becques confluent vers l’Yser au nord ou vers la Lys au sud (d’autres alimentent directement soit la La partie méridionale des polders est également plaine maritime, soit le marais audomarois). délimitée, plus à l’est, par le “Goulet de Watten” qui sépare, le long du cours de l’Aa, la Plaine maritime Les monts de flandre, émergeant au sein du territoire flamande du marais audomarois. Ces collines des collines de Flandre intérieure, constituent une d’Éperlecques (à l’ouest) et de Watten (à l’est) chaine de reliefs significatifs (à vrai dire les seuls dignes culminent à 70-80 mètres. Le cours inférieur de la Hem de ce nom dans le territoire de l’Atlas !). D’ouest en limite la colline d’Éperlecques vers l’ouest (la Hem est, on rencontre le Mont Cassel (177 mètres) et, juste devient le “Meulenstroom” en arrivant dans la plaine à l’est, le Mont des Récollets (160 mètres) ; entre maritime). et la frontière belge se succèdent ensuite le (162 mètres), le Mont de Boeschèpe En amont de ce “Goulet de Watten” s’étend une vaste (141 mètres), le Mont Kokereel (112 mètres) et le zone humide parcourue par d’innombrables canaux, Mont Noir (152 mètres). watergangs et fossés : le marais audomarois. De Notons encore, au sud de la ville de St-Omer, le relief grands plans d’eau en occupent la partie orientale constitué par le plateau d’helfaut qui avoisine les Photo : B. Toussaint (secteur du Romelaëre). L’altitude de ce marais varie 80 à 90 mètres et, plus Présentation général du territoire Présentation général entre 2 et 4 mètres. Il est principalement alimenté en à l’est, celui des collines eau par la rivière Aa et, dans sa partie occidentale, par de boisées du Béthunois nombreuses rivières et résurgences phréatiques (nappe (bois des Dames, bois de de la craie artésienne). Vers l’est et le nord-est, ce sont Lapugnoy) qui culminent les eaux de ruissellement des fossés et des becques des entre 75 et 85 mètres. collines argileuses avoisinantes qui s’y déversent.

Le réseau hydrographique de la région Nord – Pas de Calais

Légende Réseau principal Réseau secondaire

Sources : BD Carthage® ©IGN - Paris 2003

2 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Délimitée par un talus bien visible sur le terrain (voir la gÉOLOgIE photo page 53), la plaine de la Lys correspond à une Le territoire de l’Atlas constitue la partie sud- vaste zone très plane dont l’altitude est comprise entre occidentale du Bassin de Bruxelles. 18 et 20 mètres. Elle est parcourue d’ouest en est en Alors que la partie nord du Bassin parisien est son milieu par la rivière Lys, aujourd’hui entièrement caractérisée par la dominance des affleurements de canalisée (son ancien cours reste cependant perceptible terrains crayeux déposés à l’ère Secondaire (Crétacé au travers de méandres recoupés). La densité de fossés supérieur), la quasi totalité des terrains géologiques de et rivières (“becques”, “courants”) est importante. Vers la dition est de nature argileuse, limoneuse ou sableuse l’ouest, le canal de Neufossé réalise la jonction avec le et date du Tertiaire ou du Quaternaire. Seul le socle du marais audomarois, tandis qu’au sud, le canal d’Aire à Mélantois (au sud de Lille) est constitué de terrains du La Bassée relie les bassins hydrographiques de la Lys et Crétacé. de la Deûle. Sur le littoral, les dunes en front de mer sont constituées À l’est de la plaine de la Lys, les petites régions des de sables du Flandrien supérieur. Ces cordons littoraux Weppes, du mélantois et du ferrain sont parcourues récents (mzbD) sont, pour certains d’entre eux, encore par deux rivières : la Deûle (affluent de la Lys) et, à en voie d’édification, même si, localement, ils tendent l’est, la marque (qui conflue avec la Deûle en plein à régresser par érosion marine. Les dunes internes et cœur de l’agglomération lilloise). L’altitude de ces digues du Fort Vert à l’est de Calais sont au contraire territoires avoisine les 30 à 40 mètres sur les plateaux stabilisées et situées en retrait du littoral. Entre ces et une vingtaine de mètres dans les vallées (celles-ci dunes internes et ces digues se sont développés jadis sont à peine perceptibles sur le terrain). d’anciens estrans sablo-vaseux occupés par des prés salés, aujourd’hui disparus. Ce type d’estran subsiste néanmoins encore à l’ouest de l’Aa, en avant des Présentation générale du territoire Présentation générale

© Région Nord - Pas de Calais, Atelier de cartographie 2000

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 2 5 digues de front de mer (la sédimentation marine, ou Éperlecques, Clairmarais, partie supérieure du plateau plus localement fluviale, y est encore très active). d’Helfaut), à la base des monts de Flandre (sables glauconieux de l’Yprésien supérieur = e4b) et sur les À l’arrière de ces cordons récents, on rencontre petites buttes disséminées dans ce territoire. Elles sont localement des dunes fossiles plus anciennes parfois recouvertes de Limons à silex (Rs), comme en du Flandrien moyen (assise de Calais = mzas). forêt d’Éperlecques ou au sommet du plateau d’Helfaut L’exemple le plus remarquable est constitué par la par exemple. dune de Ghyvelde (qui se prolonge en Belgique jusqu’à Adinkerque). Ailleurs, ces affleurements sableux ont Ponctuellement, sur les reliefs des monts de Flandre, des été urbanisés (Loon-Plage, Grande-Synthe…). Ces terrains plus récents, de l’Éocène moyen (Lutétien = formations de “sables pissards” constituent l’essentiel e5 et e6 et Bartonien = e7) et du Pliocène supérieur du sous-bassement de la plaine maritime flamande. (pz), ont résisté à l’érosion. Ces couches géologiques, qui se succèdent rapidement sur les pentes des monts, La plaine maritime flamande est couverte d’une couche présentent une diversité lithologique importante. En de 1 à 3 mètres de sédiments sableux, limoneux ou simplifiant un peu, on observera de bas en haut une argileux déposés lors de la transgression marine du succession de sables (e5), de sables calcareux (e6), Flandrien supérieur (assise de Dunkerque = mzb), d’argiles (e7) puis, vers le sommet, de poudingues, datant de l’époque romaine et du Moyen-Âge. sables et grès ferrugineux (pz).

Des bancs de tourbe (t) d’épaisseur variable occupent La marge méridionale du territoire de l’Atlas présente différents niveaux de ces sédiments du Flandrien ; ils des affleurements plus anciens du Paléocène affleurent localement sur les marges de la plaine (Thanécien = e2) : les sables et grès d’ du maritime, tout particulièrement dans le marais de Landénien supérieur (e2b) et les Argiles de Guînes. Ces assises tourbeuses manquent aujourd’hui et tuffeaux de saint-Omer du Landénien inférieur Présentation générale du territoire Présentation générale au niveau des Moëres, zone située sous le niveau (e2a). Ces couches géologiques sont le plus souvent actuel de la mer. Selon les cas, ces secteurs étaient au contact avec les terrains crétacés sous-jacents constamment soumis à l’influence marine et la tourbe (c’est cette zone de contact qui constitue la limite n’a pu se former (Grandes Moëres) ou bien la tourbe du périmètre de l’Atlas). Dans la partie orientale du a été entièrement exploitée par l’homme (Petites territoire (agglomération lilloise et ses environs), les Moëres). terrains du Landénien sont totalement masqués par une couverture de limons de plateaux. Vers l’ouest, dans Sur les collines de Flandre intérieure, les argiles de les environs de Saint-Omer, on observe des placages de l’Yprésien (ou Argile des Flandres = e4 et e3-4) de limons à silex (bois de Wisques par exemple). l’Éocène inférieur sont souvent recouvertes d’une couche argilo-limoneuse d’origine éolienne (Limons de La plaine de la Lys est entièrement recouverte d’une plateau = LP). Ces limons ont une épaisseur moyenne couche de 2 à 4 mètres de limons argileux (Lpl). de 2 à 4 mètres ; ils constituent des terres de très bonne valeur agronomique. Les argiles yprésiennes, portant Par contre, le lit majeur de la Lys est occupé par des localement de nom de “clyte”, dont l’épaisseur atteint alluvions modernes (fz), souvent argileuses. On plusieurs dizaines de mètres, affleurent principalement retrouve ces alluvions au fond des vallées de la Deûle sur les collines boisées de l’Audomarois (Watten- et de la Marque et dans le marais audomarois (où des horizons tourbeux affleurent localement, notamment dans le secteur de Clairmarais). De manière plus Coupe géologique linéaire, les alluvions dessinent le réseau de becques sur le plateau d’helfaut des collines de Flandre intérieure. Photo : M. Lionet Le mélantois est constitué d’un socle crayeux (Sénonien = C4 et Turonien supérieur = C3c) ou plus localement marneux (Turonien moyen = C3b, affleurant dans la vallée de la Marque en amont de Chéreng). Ces terrains du Crétacé supérieur sont la plupart du temps recouverts par des limons de plateaux (LP).

2 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE an-mr Btue t retèe constituent Armentières et également despôlesurbainsmajeurs. Béthune Saint-Omer, d’habitants !Lesagglomérations deDunkerque, Calais, millions 1,2 seule elle à compte et Villeneuve-d’Ascq, , de villes les notamment incluant Légende est littoral dunaire. Dans ce cette contexte, le territoire de l’Atlas à échappent anthropiqueinfluence passée,ou actuelle le sur même d’espaces peu est et paysages habitant/ omniprésente les sur (326 l’homme de métropolitaine L’empreinte km²). France de densément peuplée plus la région la l’Ile-de-France, derrière est, Calais de Pas – Nord le km², 12 414 de superficie une pour d’habitants millions 4 de plus peu un Avec Et INfRAstRuCtuREs OCCuPAtION DusOL 9,67% Source : ©Région-SIGALE®Nord -Pas deCalais, 1991 Surfaces eneau Espaces littoraux etdunaires Espaces boisés Prairies Cultures Espaces artificialisés ,7 1,69% 4,37% particulièrement urbanisé particulièrement 0,52% 61,54% 22,21% . La Métropole lilloise, Métropole La . Surface eneau Littoral Espaces boisés Prairies Cultures Espaces artificialisés

Le réseau d’ nord, lesudetl’estdel’agglomération lilloise. le desservent l’A27 et l’A23 l’A1,l’A22, et Béthune et Lille, à Dunkerque Calais entre périmètre relie du sud limite la tangente l’A26 l’A25 littoral, le longe A16 l’autoroute territoire : le sur dense extrêmement est

Photo :F. Hendoux Photo

dunkerquois Complexe industriel industriel Complexe infrastructures routières et autoroutières E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F

Canal de Neufossé Photo : F. Hendoux

7 2

Présentation générale du territoire Ajoutons encore deux lignes tgV en site propre, un Paysage bocager réseau ferroviaire régional comportant au moins des monts 7 lignes, un réseau de canaux parmi les plus denses de flandre de France, deux zones portuaires majeures (Calais (mont des Cats) et Dunkerque), un grand aéroport régional, de Photo : B. Toussaint nombreuses usines classées Seveso… Entre ces villes et ces infrastructures, la matrice agricole des collines de Flandre intérieure, de la Plaine de la Lys et du Mélantois est dominée par la polyculture (blé, orge, betterave, pomme de terre, maïs, colza et, plus localement cultures maraîchères, chicorée et lin).

Oh, morne plaine maritime flamande ! Dans les polders de la plaine maritime, la quasi-totalité Photo : G. Lemoine du territoire est vouée à l’agriculture intensive. Les vastes parcelles drainées sont entourées par un réseau dense de fossés, watergangs et canaux.

Les espaces boisés sont remarquablement rares. Ils se limitent essentiellement à quatre massifs : les bois de Watten et d’Éperlecques au nord-ouest de Saint-Omer, la forêt domaniale de Rihoult-Clairmarais à l’est de cette même ville, la forêt domaniale de Nieppe au sud

Présentation générale du territoire Présentation générale d’ et les bois des Dames et de Lapugnoy à l’ouest de Béthune. Quelques autres bois de superficie Les prairies permanentes, reliques d’un bocage modeste parsèment le territoire, principalement sur les aujourd’hui presque totalement déstructuré par monts de Flandre et au niveau des petits reliefs des les vastes remembrements des années 80-90 (sauf collines de Flandre intérieure. localement sur les pentes des monts de Flandre), sont souvent situées à proximité des villages et des fermes. Paysage rural de Parmi ce paysage anthropisé subsistent toutefois des L’habitat rural est dispersé, avec une multitude de la flandre intérieure “îlots de nature” (dunes, plages vertes et prés salés, en contrebas fermes éparpillées dans la campagne. marais, forêts, landes, prairies humides…) qui seront du mont Cassel présentés en détail dans le chapitre suivant. Photo : D. Mercier

2 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE RÉsEAu D’EsPACEs NAtuRELs Bien qu’ayant subi de multiples destructions et l’environnement. Il recense, à l’échelle nationale, les dégradations de nature diverse que nous détaillerons sites d’intérêt écologique majeur (au minimum de brièvement dans le chapitre “Les menaces sur la flore”, niveau régional). Il constitue un outil de connaissance le territoire de l’Atlas comporte encore de nombreux du patrimoine naturel dépourvu en soi de portée sites hébergeant des habitats représentatifs des juridique. Deux types de zonages sont distingués : territoires phytogéographiques concernés, avec une - les ZNIEFF de type 1, de superficie généralement faune et une flore originales et diversifiées. limitée, caractérisées par la présence d’espèces, L’intérêt écologique de ces sites a été reconnu de communautés végétales ou de milieux rares, officiellement au travers d’inventaires, de zonages remarquables (c’est-à-dire d’intérêt patrimonial) ou écologiques, de protections réglementaires et/ou caractéristiques du patrimoine naturel national ou de partenariats visant à en assurer la gestion et la régional, conservation. - les ZNIEFF de type 2, constituées de grands ensembles Ce chapitre présente le réseau d’espaces naturels du naturels fonctionnels riches et peu modifiés ou qui territoire de l’Atlas. offrent des potentialités écologiques importantes.

L’inventaire des Zones naturelles d’intérêt écologique, On compte sur le territoire de l’Atlas une soixantaine faunistique et floristique (ZNIEff) a été réalisé de ZNIEFF de type 1 (concernant surtout le dans le Nord – Pas de Calais au début des années littoral, les forêts, les zones humides et les milieux 90 et est actuellement en cours d’actualisation aquatiques) et 6 ZNIEFF de type 2. sous la coordination de la Direction régionale de

Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) du territoire Présentation générale

Légende

ZNIEFF de type 1 (Secteur d’intérêt biologique remarquable) ZNIEFF de type 1 (Grand ensemble naturel) Littoral Milieux aquatiques Zones humides Milieux forestiers Pelouses acidiphiles et milieux dérivés Ensemble vallée-versants Terrils

Source : DIREN Nord - Pas de Calais - données 2006

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 2 9 Parcs naturels régionaux et forêts domaniales

Légende

Forêts domaniales PNR caps et marais d’Opale

Source : DIREN Nord - Pas de Calais - données 2006 Présentation générale du territoire Présentation générale

Deux autres types de zonages dépourvus de contraintes législatives spécifiques envers la flore et les milieux naturels sont cartographiés ci-dessus. une vocation forestière garantie par l’Office national La partie sud-occidentale du périmètre est incluse des forêts (ONF) qui en assure la gestion sylvicole tout dans le Parc naturel régional des caps et marais en veillant, dans la mesure de l’information naturaliste d’Opale qui s’étend au-delà des limites de l’Atlas dans dont il dispose, à la préservation des habitats et espèces le Boulonnais, le Pays de Licques et l’Audomarois. Il d’intérêt patrimonial majeur. comprend 152 communes engagées autour d’un projet commun de développement économique et social du Deux Réserves naturelles nationales (RN) sont territoire, basé sur la protection et la mise en valeur du présentes sur le littoral : le Platier d’Oye (arrêté du 9 patrimoine naturel, culturel et paysager. 36 communes juillet 1987) et la dune Marchand (arrêté du 1 octobre concernées (le plus souvent partiellement) par l’Atlas 1990). Des plans de gestion pluriannuels définissent les sont signataires de la charte du PNR CMO. orientations de gestion écologique sur ces deux sites d’importance majeure pour la faune et la flore, mais forêt domaniale de Rihoult- Les forêts domaniales de Nieppe (incluant le petit aussi pour les habitats et les communautés végétales Clairmarais bois satellite du Canton des Huits Rues), de Rihoult- qui les composent. Une troisième RN, des “Étangs Photo : B. Toussaint Clairmarais et du Bois des Dames près de Béthune ont du Romelaëre” (dans le marais audomarois) sera très prochainement instituée, à partir du périmètre d’une RNV et de terrains en ENS (voir ci-dessous).

Entre 1995 et 2001, 9 sites ont obtenu le statut de Réserve naturelle volontaire (RNV) : le bocage de Lostebarne-Woohay à Louches près de Guînes, deux sites du marais du Romelaëre dans le marais audomarois, trois sites sur le plateau d’Helfaut, le Vallon de la Petite Becque à et deux sites urbains : le Jardin écologique du Vieux Lille et le Parc du Héron à Villeneuve-d’Ascq. Ces sites bénéficient également de plans de gestion. Ces réserves sont aujourd’hui ou vont prochainement devenir des Réserves naturelles régionales (RNR), en application de la loi sur le développement des territoires ruraux votée en 2005.

3 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Sites protégés et sites gérés de la région Nord – Pas de Calais

Source : DIREN Nord - Pas de Calais - données 2002-2006 BD CARTHAGE® ©IGN-PARIS - 2002

Légende

Réserves naturelles nationales Réserves naturelles volontaires Arrêtés préfectoraux de protection de biotope Présentation générale du territoire Présentation générale Réserves biologiques domaniales Sites classés (sélection) Sites inscrits (sélection) Zones de protection spéciale Zones spéciales de conservation Sites d’intérêt communautaire Espaces naturels sensibles 59 Espaces naturels sensibles 62 Gestion par le Conservatoire des sites naturels Réseau hydrographique principal Villes principales

Quatre sites ont fait l’objet de la signature d’un Arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB) : le Fort Vert sur le littoral (315 ha), le marais de Guînes et d’Andres (255 ha), les landes de Blendecques et Heuringhem sur le plateau d’Helfaut (403 ha) et les prairies alluviales des Willemots à dans la plaine de la Lys (33 ha).

La forêt domaniale de Rihoult-Clairmarais héberge dans sa partie orientale une Réserve biologique domaniale de 9 ha (RBD du “Long chêne”).

Parmi les 19 sites classés que compte le territoire de l’Atlas, deux d’entre eux concernent des zones naturelles : les Dunes de Flandre maritime (927 ha) et le Mont de Watten (20 ha). Les autres sites (non et d’espèces végétales d’intérêt patrimonial : dunes de Les monts de cartographiés) assurent la préservation de patrimoine Flandre maritime, dune fossile de Ghyvelde, abords flandre : un bâti urbain ou rural (moulins, quais, parcs…). Les dunes des fortifications de , Mont Cassel, Mont des site inscrit... un de Flandre maritime ont d’ailleurs été retenues en 2006 Recollets, Monts de Flandre (Mont Noir, Mont de paysage protégé pour illustrer les sites classés du département du Nord et Mont des Cats), lac d’Ardres, le Galgberg de l’urbanisation Photo : F. Hendoux dans un ouvrage publié à l’occasion du centenaire de la à Merckeghem, le marais de Booneghem, le marais loi sur les sites classés. audomarois-marais du Romelaëre. 18 autres sites inscrits (non cartographiés) concernent principalement Une dizaine de sites inscrits contribuent également à des moulins et d’autres éléments du patrimoine bâti la préservation de paysages remarquables ou d’habitats historique flamand.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 3 1 Présentation générale du territoire Présentation générale

Relativement peu représenté dans le territoire de Sur le territoire de l’Atlas, les Espaces naturels Chantier de l’Atlas, le réseau européen de sites Natura 2000, sensibles (ENS) se répartissent en 12 sites sur le débroussaillement regroupe les Zones de protection spéciale (ZPS – en département du Nord (dunes, argilières et marais de d’une panne dunaire application de la “Directive Oiseaux”) et les Zones l’Audomarois, monts de Flandre, vallée de la Marque) Photo : G. Lemoine spéciales de conservation (ZSC – en application de et 22 sites dans le Pas-de-Calais (littoral, marais la “Directive Habitats”) dénommées sites d’intérêt de Guînes, forêt d’Éperlecques, marais audomarois, communautaire (SIC) avant leur désignation dans le plateau d’Helfaut, bois et marais du Béthunois). Dans droit national. 7 sites sont concernés : Platier d’Oye le Pas-de-Calais, c’est le syndicat mixte EDEN-62 (ZPS), marais audomarois (ZPS et SIC), Dunes de la qui met en œuvre, pour le Conseil général, la gestion plaine maritime flamande (ZSC), Dune flandrienne écologique des sites et les actions de communication décalcifiée de Ghyvelde (ZSC), Prairies et marais et d’accueil du public. Le Département du Nord assure tourbeux de Guînes (ZSC), Plateau d’Helfaut et la gestion des ENS en régie ou via des conventions avec système alluvial de la moyenne vallée de l’Aa (SIC) et d’autres organismes. Cuvette audomaroise et ses versants (SIC) Enfin, le Conservatoire des sites naturels du Nord Grâce à la Taxe départementale sur les espaces et du Pas-de-Calais (CSN) mène une politique naturels sensibles (TDENS), les Conseils généraux du d’acquisition ou de contractualisation des espaces Nord et du Pas-de-Calais mènent une politique active naturels et met en œuvre une gestion visant à d’acquisition d’espaces naturels, forestiers, agricoles, améliorer la qualité de ce patrimoine écologique et, voire d’origine anthropique (anciennes carrières souvent, paysager. Onze sites concernent le territoire et terrils par exemple). Sur le littoral, l’acquisition de l’Atlas : cavités à chauves-souris d’Ardres, bocage de foncière est réalisée en priorité par le Conservatoire Lostebarne-Woohay (classé en RNV), mares de , de l’espace littoral et des rivages lacustres (CELRL) prairies de l’Yser à Herzeele, vallon de la Petite Becque à qui confie la gestion des sites aux Départements. Herzeele (classé en RNV), Coq de Paille (Flêtre), prairies du Schoubrouck, près du Moulin Madame (Sailly-sur- la-Lys), marais de Cambrin, argilière d’Annequin.

3 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Le plages. La dune mobile à Oyat ( Oyat à mobile dune La plages. sporadiquesraisonen nettoyage l’érosiondu de et des et les végétations annuelles de laisses de mer sont très Euphorbe des dunes ( dunes des Euphorbe dunes Les végétale. dynamique embryonnaires à Chiendent des sables la ( perturbé et des très plantations (Lyciet, Oyat) ont considérablement (remodelage important du aménagementscordon dunaire bordier, pose de fascines) Des appauvries. relativement mais caractéristiques végétations flore des et une hébergent récentes calcarifères dunes Ces érosionune forte marine. cordon le actuellement subit littoral tronçonnent du portion plage Cette dunaire). (de la à importante accès particulièrement nombreux est y touristique (CELRL). Le site est géré par EDEN 62. La fréquentation Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres à la pression urbanistique grâce à son acquisition par le leur et mer de jardinattenant. Vers bord échappé a cordondunairel’est, le de “cabanons” des par occupé de hauteur. Le quart occidental du site est entièrement Les mètres de m.vingtaine une localement 300 atteignent dunes et 120 entre varie largeur Sa Calais). l’est de (à Blériot-Plage et Sangatte entre km 4 de plus sur s’étire ha 50 d’environ dunaire cordon étroit Cet à sANgAttE LEs DuNEsDEfORt mAhON et leur patrimoine végétal Les principaux sites naturels ue ( dunes littoral aytga soldanella Calystegia Euphorbia paralias Euphorbia et les e Pncu ds dunes des Panicaut et ) Ammophila arenaria Ammophila Elymus farctus ), Liseron des Liseron ), polders ), ) ( le sable. L’Élyme des sables ( de mer ; l’Oyat a été massivement planté pour stabiliser ( vlet oaeet es e plue moussues ( sables pelouses des des Phléole à vers localement évoluent ( en France, est présent. En arrière, la Fétuque des sables ( la Pensée des dunes ( oos noe ’bnac d lOci pyramidal l’Orchis de ( l’abondance encore Notons er ( fleurs e ’rbnh pupe ( pourpre l’Orobanche de ’rbnh d gilt ( gaillet du l’Orobanche a rsne e a aoe ( Samole la par de creusées présence la récemment Signalons site. le sur mares développées peu pannes sont l’homme de de hygrophiles ou végétations dunaires les et flore La dunaires. des endroits, Par rhamnoides ( de dunaire. d’argousiers rudéralisées cordon massifs peu du mésophiles l’intérieur prairies les dans ace tos evrs ( nervures trois à Laîche oc tpls bu ( obtus tépales à Jonc rne d lOci icra ( incarnat l’Orchis de France, t e ’yrctl cmu ( commun l’Hydrocotyle de et e al ds ue ( dunes des Saule Le d’atterrissement. voie en dépressions les coloniser à l’Argousiertendent Eryngium maritimum Eryngium ae arenaria Carex Festuca rubraFestuca Tortula ruralis ncmts pyramidalis Anacamptis hnnhs angustifolius Rhinanthus ) se développent aux dépens des pelouses des dépens aux développent se ) var. subsp. fret e plue ovre qui ouvertes pelouses des forment ) ruraliformis E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F Viola Viola curtisii ) est bien caractérisée sur le front arenaria Salix repens Salix ippa rhamnoides Hippophae hem arenarium Phleum , u hnnh à grandes à Rhinanthe du ), ucs subnodulosus Juncus ae trinervis Carex Orobanche purpurea Orobanche rbnh caryophyllacea Orobanche Leymus arenarius ) qui abritent notamment ) et la Laîche des sables des Laîche la et ) aou valerandi Samolus atlria incarnata Dactylorhiza subsp. yrctl vulgaris Hydrocotyle ), protégée en France. subsp. poéé en protégée ) grandiflorus dunensis e Tortule et ) ), protégé , e la de ), subsp. e de et ) , du ), et ) ), ). ) ) Photo : G. Lemoine (Bray-Dunes). embryonnaires Dunes

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Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal LEs PLAgEs VERtEs, DuNEs Et le Suéda maritime (Suaeda maritima), suivis de l’Aster ANCIENNEs DIguEs Du fORt VERt maritime (Aster tripolium) et de l’Atropis maritime (Puccinellia maritima). Quatre entités distinctes constituent ce site remarquable du littoral du Calaisis qui s’étire d’ouest Vers l’intérieur, sur les berges des mares et sur les en est sur plus de 5 km sur les communes de Calais et terrains interstitiels non remaniés s’observent de de Marck : nombreuses autres espèces halophiles intéressantes tels le Troscart maritime (Triglochin maritimum), la • Le secteur littoral et les plages vertes Laîche étirée (Carex extensa)… mais c’est bien l’Obione Il est constitué d’un vaste estran sablo-vaseux non pédonculée (Halimione pedunculata), exceptionnelle estuarien parsemé de petites dunes dites “insulaires” et protégée en France, qui constitue le joyau floristique (cette configuration géomorphologique est dénommée du site. Les mares de chasse accueillent également les “plage verte”), délimité par un étroit cordon dunaire plus importantes populations régionales de Ruppies adossé à la digue de front de mer (digue Taaf). La (Ruppia maritima et Ruppia cirrhosa). À proximité du quasi-totalité de ce territoire est occupée par une cordon dunaire, des végétations subhalophiles à Jonc de mosaïque de mares de chasse, de sentiers et de petites Gérard (Juncus gerardii), Glaux (Glaux maritima), Scirpe buttes sableuses ou sablo-vaseuses (dunes insulaires maritime (Bolboschoenus maritimus)… s’expriment sur et remblais résultant du creusement des mares ou de de petites surfaces. leurs curages). On observe un important phénomène mare de chasse de sédimentation, avec une extension rapide des zones • Les premiers cordons dunaires sur une plage végétalisées. La dune bordière est fortement embroussaillée (fourrés verte du plus ou moins évolués dominés par l’Argousier). Du côté fort Vert. Les stades pionniers de colonisation sont dominés maritime, on y rencontre localement l’Élyme des sables Photo : B. Toussaint par la Salicorne d’Europe (Salicornia europaea s.l.) et (protégé en France). Ici aussi, de nombreuses mares de chasse ont été creusées. Leurs berges sont souvent trop abruptes pour permettre aux végétations amphibies de bien s’exprimer mais les mares de quelques parcelles acquises par le Département du Pas-de-Calais et gérées par EDEN 62 (fauche et pâturage) recèlent plusieurs espèces aquatiques ou amphibies oligotrophiles de haute valeur patrimoniale telles la Littorelle des étangs (Littorella uniflora), l’Âche inondée (Apium inundatum) et le Potamot coloré (Potamogeton coloratus). Vers l’intérieur de ces dunes, notamment à l’ouest des Hemmes de Marck, les végétations se diversifient sensiblement et la topographie complexe des différents cordons a permis le développement de dépressions longuement inondables en partie colonisées par des Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux saulaies mésotrophes à Saule cendré (Salix cinerea) où subsistent parfois quelques plantes turficoles plus ou moins rares comme le Marisque (Cladium mariscus) ou le Groseillier noir (Ribes nigrum). Dans les multiples layons de chasse et les clairières qui ponctuent ces vastes dunes embroussaillées se maintiennent divers habitats herbacés mésophiles à hygrophiles pouvant receler des populations parfois importantes d’espèces menacées dans la région comme l’Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis) ou le Rhinanthe à grandes fleurs (Rhinanthus angustifolius subsp. grandiflorus). Il subsiste également une assez vaste zone inondable en situation arrière-dunaire, côté ouest du Fort Vert, qui abrite encore toute une mosaïque de végétations hygrophiles (prairies paratourbeuses, mégaphorbiaies, saulaies de recolonisation…).

Végétation halophile annuelle à salicorne d’Europe. Photo : B. Toussaint

3 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE • Les digues sableuses LA RÉsERVE NAtuRELLE NAtIONALE Pelouses La digue Taaf, édifiée en 1773 et la digue Royale, plus Du PLAtIER D’OYE Et LEs VAsIèREs DE et fourrés de interne et datant de 1630, sont deux larges digues gRAND-fORt-PhILIPPE la digue taaf. sableuses, pour partie propriétés du Département du Photo : B. Valentin Pas-de-Calais et gérées par EDEN 62. Différents types Créée en 1987, la Réserve naturelle nationale du Platier originaux de pelouses dunaires, de prairies mésotrophes, d’Oye se situe au nord-est de la commune de Oye- de prairies-ourlets et des fourrés s’y observent. Les Plage. D’une longueur de près de 3,5 km (391 hectares pelouses sableuses pionnières hébergent notamment dont 250 sur le Domaine public maritime), entre l’anse une des rares populations de Trèfle strié (Trifolium de l’Abri-côtier à l’ouest et l’embouchure de l’Aa à striatum) de la région. La Cuscute à petites fleurs Grand-Fort-Philippe à l’est, cette réserve est séparée (Cuscuta epithymum) est présente dans une pelouse en deux secteurs par le lotissement des Escardines fermée rase. Des prairies et ourlets herbeux originaux construit au début des années 1970, au détriment hébergent la Noix de terre (Bunium bulbocastanum) et d’une zone qui hébergeait jadis des végétations de prés l’Orobanche pourpre (Orobanche purpurea). Le Panicaut salés. La partie terrestre de la réserve est en grande champêtre (Eryngium campestre), tout proche de sa partie propriété du Conservatoire de l’espace littoral et limite nord de distribution, n’est pas rare sur ces digues des rivages lacustres. La gestion écologique du site est et dans quelque prairies poldériennes avoisinantes. assurée par EDEN 62. L’extension des fourrés d’argousiers constitue à court À l’est de la réserve naturelle, une zone de vasières ou moyen terme une menace pour la préservation des s’étend chaque année un peu plus grâce à la végétions herbacées originales du site, qui restent à sédimentation active de cette anse abritée, bordée à décrire dans le détail sur le plan phytosociologique. l’est par la digue du chenal maritime de l’Aa. De part et d’autres de la limite orientale de la réserve naturelle, • Les dunes internes du fort Vert des mares de chasses occupent les sables et vases Séparées des dunes de front de mer par une étroite consolidées. bande de polders, ces dunes privées qui s’étirent

d’ouest en est sur près de 3 km (sur environ 600 m À l’opposé, à l’ouest du site, l’Anse de l’Abri-côtier végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux de large) sont très mal connues des botanistes et des présente également un processus spectaculaire de phytosocioloques. Le massif semble très embroussaillé, sédimentation sablo-vaseuse (apparition de cordons parcouru d’une multitude de petits sentiers (layons de dunaires et végétalisation par les halophytes des chasse) ; un vaste étang a été creusé dans sa partie dépressions interstitielles), accentué au profit de occidentale. Ce site hébergeait jadis des espèces la sédimentation sableuses depuis la construction de pelouses acides (sables décalcifiés) tout-à-fait d’épis (alignements de pieux de bois sur la plage) remarquables pour notre littoral : Jonc rude (Juncus dits “expérimentaux” de protection du lotissement squarrosus), Nard raide (Nardus stricta), Ornithope des Escardines, menacé de submersion marine en délicat (Ornithopus perpusillus)… Il est probable que raison d’une érosion active de la dune bordière qui le ces espèces aient aujourd’hui disparu de ce site (du protège. moins les deux premières). Entre les deux, le trait de côte constitué de dunes peu élevées (maximum une quinzaine de mètre de hauteur) Prés salés subit une érosion massive que les ouvrages protecteurs à l’ouest de l’embouchure évoqués précédemment tentent de freiner. de l’Aa. Photo : A. Driencourt Ce site présente une très grande diversité d’habitats et (Eden 62) une flore exceptionnelle. Trois grandes entités géomorphologiques et écologiques peuvent être schématiquement distinguées :

• Les plages vertes et prés salés Les végétations de slikke à salicornes et à spartines sont limitées aux vases molles de l’estuaire de l’Aa, inondées à chaque marée et, pour une partie d’entre-elles, à la

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 3 5 plage de l’anse de l’Abri-côtier. Plus haut, au niveau des Les végétations annuelles de laisses de mer sur vases marines consolidées et sédiments sablo-vaseux sables à Arroche laciniée (Atriplex laciniata), Cakilier moins régulièrement inondés, on observe la succession (Cakile maritima), Betterave maritime (Beta vulgaris habituelle des végétations de schorre. Dans la partie subsp. maritima), ainsi que les dunes embryonnaires orientale du site, de nombreuses mares de chasse à Chiendent des sables (Elymus farctus subsp. perturbent la succession topographique habituelle boreoatlanticus) sont bien représentées au niveau des végétations halophiles (creusement, remblais, de l’Anse de l’Abri-côtier. C’est à ce niveau qu’une aménagement de sentiers…). Celles encore en eau plantule de Gesse maritime (Lathyrus japonicus subsp. abritent parfois la Ruppie spiralée (Ruppia cirrhosa). Les maritimus), ainsi que quelques individus de la Renouée zones non remaniées présentent un grand intérêt : c’est de Ray (Polygonum oxyspermum subsp. raii), toutes deux notamment à ce niveau qu’une importante population protégées en France ont été observées il y a quelques d’Obione pédonculée (Halimione pedunculata), années. Des populations viables de ces deux espèces espèce exceptionnelle et protégée en France est inféodées aux levées de galets ne semblent toutefois observée et suivie depuis quelques années. En 2007, pas susceptibles de s’établir sur cette plage sableuse. le gestionnaire du site, Alexandre Driancourt, a fait Les fourrés d’argousiers occupent des superficies une autre découverte floristique majeure : le Statice importantes à l’arrière du cordon bordier. Les pelouses occidental (Limonium binervosum) qui n’était connu sur sables fixés (dunes grises) sont bien souvent jusqu’alors dans la région que de quelques individus localisées dans les layons et clairières et fréquemment dans les falaises du Cap Gris-Nez dans le Boulonnais. rudéralisées mais elles hébergent ponctuellement la La dernière population connue sur le territoire de Pensée des dunes (Viola curtisii), protégée en France l’Atlas de Plantain maritime (Plantago maritima) est et diverses petites espèces moins spectaculaires mais située dans la zone est du site. On y rencontre aussi néanmoins typiques de ces milieux. la Cochléaire officinale (Cochlearia officinalis), dont les plus importantes populations régionales se situent non • Les polders loin de là, à , sur les berges de l’Aa. À l’ouest, La zone interne de la réserve, de part et d’autre du l’Anse de l’Abri-côtier héberge des communautés lotissement des Escardines, est un polder occupé par pionnières intéressantes (végétations à Salicorne plusieurs plans d’eau creusés par les gestionnaires de d’Europe et Suéda maritime, pelouses rases à Glaux la Réserve dans les années 1990, et par des prairies maritima…), extrêmement dynamiques. hygrophiles à mésohygrophiles pâturées par des bovins et des chevaux. Si l’intérêt écologique principal de ce Ancienne mare secteur concerne avant tout l’avifaune, les prairies de chasse. Photo : A. Driencourt humides, roselières et autres végétations subhalophiles (Eden 62) présentent aussi une réelle originalité phytocœnotique et restent méconnues. Ces végétations hébergent par ailleurs quelques espèces peu fréquentes dans le territoire de l’Atlas telles le Jonc de Gérard (Juncus gerardii) ou le Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus). Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux On peut également mentionner le maintien de clairières herbacées hygrophiles au sein de fourrés d’argousier où les végétations observées ne relèvent plus vraiment des bas-marais dunaires mais correspondent plutôt à des prairies psammophiles mésotrophes hygrophiles • Les dunes des premiers cordons également riches en Rhinanthe à grandes fleurs On y retrouve, du haut de plage vers l’intérieur du (Rhinanthus angustifolius subsp. grandiflorus), Écuelle Étangs et prairies cordon dunaire, la succession de végétations dunaires d’eau (Hydrocotyle vulgaris), Pulicaire dysentérique poldériennes. Photo : A. Driencourt xérophiles sur sables calcarifères déjà présentée. (Pulicaria dysenterica)… (Eden 62)

3 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE LE CLIPON Et LEs fRIChEs sABLEusEs Dunes à L’OuEst DE DuNkERquE rudéralisées de fort- Coincé entre le Port ouest de Dunkerque (dont la mardyck. Jetée du Clipon délimite le site à l’ouest) et les Photo : G. Lemoine usines pétrochimiques et sidérurgiques de l’est de l’agglomération dunkerquoise, le massif dunaire du Clipon (commune de Loon-Plage), ou du moins ce qu’il en subsiste, constitue un “îlot de nature” de près de 3 km² ayant échappé jusqu’à présent (mais pour combien de temps encore ?) aux aménagements portuaires, industriels et urbanistiques. Ce site a pourtant déjà subi de nombreuses altérations : nivellement d’une partie des dunes, creusement d’un canal portuaire, implantation d’un terrain de moto-cross, dépôts de boues de dragage… À l’avant de la digue bordant le canal et en marge des jetées portuaires, des dunes mobiles sont en cours d’édification. Quelques dépressions humides abritent plusieurs espèces intéressantes telles le Gnaphale jaunâtre (Gnaphalium luteoalbum) ou la Sagine noueuse (Sagina nodosa) protégés régionalement. Bien que très rudéralisées, les dunes sèches, peu élevées, conservent néanmoins un cortège floristique original et diversifié (citons notamment le Pigamon mineur – Thalictrum minus). Le site héberge également la dernière population connue sur le territoire de l’Atlas de l’Orchis bouffon (Orchis morio). Plusieurs espèces aussi échappé à une destruction totale. Il présente thermophiles sont naturalisées localement : Euphorbe une mosaïque de roselières, de végétations rases petit-cyprès (Euphorbia cyparissias), Vesce bigarrée amphibies et de dunes sèches rudéralisées. L’intérêt (Vicia villosa subsp. varia), Plantain des sables (Plantago écologique principal de ce site réside en la présence de arenaria). Quelques espèces halophiles d’intérêt quelques plantes (sub-) halophiles telles la Salicorne patrimonial ont été observées ces dernières années sur d’Europe (Salicornia europaea), très localisée, le Jonc les digues : Arroche littorale (Atriplex littoralis), Chou maritime (Juncus maritimus), le Jonc de Gérard (Juncus marin (Crambe maritima), Criste marine (Crithmum gerardii), le Glaux (Glaux maritima), le Scirpe maritime maritimum)… Notons encore l’abondance remarquable (Bolboschoenus maritimus) ou encore l’Oenanthe de d’une espèce rare dans la région : la Camomille des Lachenal (Oenanthe lachenalii). De nombreuses autres champs (Anthemis arvensis). espèces halophiles citées dans les années 1960-1970 Roselières De nombreuses autres espèces de haut intérêt n’ont pas été confirmées récemment sur le site. On des anciennes végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux patrimonial telles la Germandrée des marais (Teucrium est désormais bien loin de la description faite de ce salines de scordium), la Littorelle des étangs (Littorella uniflora), site par l’abbé LABEAU en 1907 “La mer, en se retirant, fort-mardyck. le Mouron délicat (Anagallis tenella) ou la Laîche étirée abandonne une couche de vase provenant du port de Photo : D. Mercier (Carex extensa) n’ont pas été revues sur le site depuis plus d’une quinzaine d’années. massif dunaire aplani du Clipon. Photo : J.-C. Bruneel

Enclavé entre les usines sidérurgiques, les raffineries et la zone urbanisée de Mardyck, le petit site des anciennes salines de fort-mardyck (45 hectares environ) a lui

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 3 7 Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal 8 3 Dunes mobiles Panicaut des

Photo : A. Banse à Oyat et E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F dunes. est enretrait delacôted’environ 3km. Ghyvelde de fossile dune zones la que alors profondeur) des de par séparés massifs,urbanisées, bordent le littoral (sur environ un kilomètre premiers trois Les Réserve de naturelle nationale. statut du bénéficient Marchand Dune la de hectares 83 sensibles”. naturels “Espaces politique de la de titre au Nord du Département le par Conservatoireassurée est du propriété gestion leur rivageset lacustresdes et littoral l’espace superficie, leur de de l’essentiel commune pour sont, dunaires ha, massifs CesGhyvelde). 200 (environ Ghyvelde de fossile Dune Bray-Dunes)la ha,(environde et 200 commune Perroquet du Dune la Bray-Dunes), de et de communes ha, (113 Marchand Dune la Ghyvelde), de et Zuydcoote de Leffrinckoucke, de communes ha, On protégés. collectivement distinguera aujourd’huid’ouest en est la Dune Dewulf (environ sont 250 appelés flamandes”, “Dunes souvent dunaires, massifs belge,quatrefrontière la jusqu’à Dunkerque de l’est À Du PERROquEt EtDEghYVELDE LEs DuNEsDEWuLf, mARChAND, hollandaise. l’échancrurede frontièreet Zwyn,la Belgique du à la de offrant végétation de grandes ressemblances une avec celle des développe schorres se laquelle sur Dunkerque, ” ! ( pimprenelle ( Dunes flamandes, de pelouses-ourlets des massifs originales les à dans l’existence,Rosier cependant Signalons le dans présentée des déjà paragraphe consacré au site succession des Dunes de Fort-Mahon. xérosère, la la sur de ici végétations pas reviendrons ne Nous inondables). dunaires plaines et pannes des végétations de (série aiihls néesne Mbr nie ( naine Mibore minima intéressantes : acidiphiles à de voie en acidiclines espèces dunes quelques hébergent décalcification arrières des relictuelles pelouses Les lapins. les par végétation la de d’abroutissement et de VHD ont induit une forte régression de la pression dynamiques depuis que les épidémies de myxomatose particulièrement sont l’Argousier par dominés fourrés végétations dunaires des milieux secs) et l’ et secs) milieux des dunaires végétations a ééain uar s rpri classiquement la systèmes: répartit grands se deux dunaire en végétation La ’fermn d l npe hétqe superficielle, appelée niveau“ phréatique nappe jusqu’au la de creusée d’affleurement inondable, longuement à internes présentant, à leur base, une dépression humide canescens Botryche lunaire ( lunaire Botryche e e, xe vr litrer Lclmn, l’érosion formationde la induit a éolienne Localement, l’intérieur. vers fixées mer, de front en mobiles récentes, dunes Pas de s’agit Il Calais. – de Nord région la de importants et précieux plus les naturels complexes des l’un et Nord du Mer la de remarquables plus les ensembles des un constituent géomorphologiquessimilarités fortes et de présentent Prêle panachée ( panachée Prêle la de cas le particulier en C’est régionale. population unique leur là trouvent espèces plusieurs et région la des dans disparition de par voie végétations en oligotrophiles hygrophiles des alimentée hébergent Celles-ci sables pluviales). eaux des phréatique (nappe dunaires, alimentées par une pannes eau non ou faiblement eutrophisée les dans réside sites des floristique et phytocénotique l’intérêt de importante partie Une niveau au national. importants plus les parmi effectifs des ici ( dunes Les einhmm nummularium Helianthemum ue Dewulf dunes , oyéhr bacâr ( blanchâtre Corynéphore ), il curtisii Viola panne ), Jasione des montagnes ( montagnes des Jasione), Rosa spinosissima ”. Equisetum variegatum Equisetum Botrychium lunaria Botrychium , rtge n rne présente France, en protégée ), , marchand subsp. ) et Hélianthème obscur dunes paraboliquesdunes t du et xérosère Jasione montana Jasione )… La Pensée des Pensée La )… obscurum ) dans la Dune la dans ) Corynephorus Corynephorus sre de (série hygrosère Perroquet Mibora . Les ). ),

Photo : G. Lemoine dune marchand. et pannedansla Dune parabolique fauchée dans sa partie fauchée danssapartie dune duPerroquet, débroussaillée et régulièrement Panne dansla Photo : Blondel C.

centrale.

Photo : G. Lemoine :G. Photo Pâturage équin sur la dune fossile de ghyvelde. ghyvelde. de fossile dune la sur équin Pâturage ( nigricans e mri ( marais des aas ( marais La pannes. certaines e oèe ( Bohème de Gagée la conteste sans est site du joyaubotanique Le patrimonial. intérêt haut de et originales nettement acidiphiles, dérivées végétations et pelouses des par colonisés décalcifiés, totalement sables des présente officinalis locale, liéeauxzones sableusesrudéralisées. ( ( à petits fruits ( Téesdalie à tige nue ( tigenue à Téesdalie la s’ajoutent abondantes, ici énumérées, déjà sèches pelouses de acidiphiles plantes Aux espèce. cette de France la de Nord du population l’unique de s’agit Il Mouron délicat ( délicat Mouron aas: ’rhs uc ( musc de Pas l’Orchis – Nord le Calais : dans rares très espèces plusieurs rencontrera l’on que pannes les dans également C’est Marchand). Dune la dans jadis (et Perroquet du Dune uliginosa ( fanges des Gentianelle la de ou Dewulf Euphrasia tetraquetra Euphrasia lsu compressus Blysmus Ornithopus Ornithopus perpusillus ue osl d ghyvelde de fossile Dune ppci palustris Epipactis – ou taxon voisin du groupe o ecr lEprie qar angles quatre à l’Euphraise encore ou ) subsp. ansi palustris Parnassia ae bohemica Gagea Aphanes australis Anagallis tenella Anagallis procera Teesdalianudicaulis , e hi niâr ( noirâtre Choin le ), . e flrios e a Parnassie la de floraisons Les ). ). La Buglosse allongée ( ) est une curiosité floristique curiosité une est ) emnu monorchis Herminium sn setclie dans spectaculaires sont ) , éovre n 1998. en découverte ), e d lÉiats des l’Épipactis de et ) ) et l’Ornithope délicat ), le Scirpe compriméScirpe ),le pu ancienne, plus , amarella ), l’Alchemille Gentianella Schoenus ) dans la Anchusa , le ), de récentesprospections. espèces halophiles n’ont cependant pas été revues lors rse ( grasses ( stipitée deux signalées été patrimonial :intérêt grandl’Arroche de espèces qu’ont autres là C’est présentes secteur. également ce dans sont ci-dessus citées espèces trois Les terres). des l’intérieur à régionale (seule population 2007 en d’eau plan un dans découverte été a ailleurs surlelittoral. malmenées bien souvent sables sur mer de laisse de végétations des l’expression favorise et côte, de trait dunes de embryonnaires, limitant ainsi le reconstitutionprocessus d’érosion du la années, quelques depuis aussi, permet secteurs certains sur plage de hauts des ratissage de L’absencehabitats. leurs de et menacées l’augmentation et rares ou d’espèces nombre grand d’un populations des retour le permis a fossile Ghyvelde) Dune de et Marchand (Dune équin pâturage souvent ou moins en fauche par moins réouvertes zones L’entretiendes inondées. de dépressions, les dans même commun,Troènede ampleur et d’Argousier fourrés grande des en de vu, extension ont une vers années, qui quelques dunaires orientée milieux principalement des réouverture donc sèches. la pelouses est les gestion et La pannes les l’occurrence en par menacés très l’embroussaillement, et l’ourlification l’eutrophisation, et patrimonial intérêt grand de plus milieux des écologique restauration de d’intérêt ambitieuse politique sites une œuvre ces en mis a Nord du Département majeur,le de l’ensemble Sur motne L Rpi mrtm ( maritime Ruppie La importante. résiduelle salinité d’une témoignant flore une héberge encore contigus), fossés (larges tourbière ancienne lachenalii DE BOuRBOuRg LEs ZONEssAumâtREs Du tRIANgLE ( quelques que rares espèces subhalophiles telles le Cornifle aujourd’hui submergé plus présente ne de dessalé, niveau le par distinguent salinité résiduelle du substrat. se L’un deux, très voisins largement sites Deux de environs des cultivés Bourbourg. polders vastes semi- des sein enclave au une d’hectares dizaines quelques constitue de discontinue naturelle humide zone Cette subsp. noe e oir fule tne ( ténues feuilles à Lotier le encore ou régionales, populations dernières toutes des d’une eaohlu submersum Ceratophyllum tenuis Atriplex longipes Atriplex . e eod ie crepnat une à correspondant site, second Le ). hnpdu chenopodioides Chenopodium e lOnnh d Lcea ( Lachenal de l’Oenanthe et ) E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F ) et le Chénopode à feuilles à Chénopode le et ) dn i puri s’agir pourrait il dont ) Ruppia maritima Ruppia Lotus corniculatus Lotus . e deux Ces ). Oenanthe y )

Photo : B. Toussaint de roseaux. mare bordée

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Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal Les forêts et les landes

LEs fORêts D’ÉPERLECquEs Et DE Dans la partie sud-occidentale de la forêt WAttEN Et LEs sItEs AVOIsINANts d’Éperlecques, le Département du Pas-de-Calais met en œuvre, avec ses partenaires EDEN 62 et l’Office Séparée en deux par le “Goulet de Watten” au fond national des forêts, des expérimentations de gestion duquel s’écoule la rivière canalisée de l’Aa, la colline visant à optimiser les potentialités écologiques des d’Éperlecques (à l’ouest) et de Watten (à l’est) marque milieux ouverts et semi-ouverts (clairières, mares, la frontière entre le marais audomarois et la plaine layons, landes fragmentaires, lisières). De nombreuses maritime flamande. Constituées d’argiles plus ou moins espèces acidiphiles telles la Callune (Calluna vulgaris), sablonneuses et couvertes en leur sommet par des le Jonc bulbeux (Juncus bulbosus), la Laîche déprimée formations résiduelles à silex, ces buttes dont l’altitude (Carex demissa), la Laîche à pilules (Carex pilulifera)… avoisine les 70 mètres sont en grande partie occupées devraient tirer profit de ces programmes de restauration par des forêts acidiphiles à neutrophiles hygroclines à d’habitats herbacés mésotrophiles. hygrophiles (vallons) et leurs milieux associés (layons, lisières, mares intraforestières correspondant à des Le Bois royal de Watten héberge plusieurs espèces trous de bombe, landes fragmentaires) dont le cortège très rares dans le territoire telles l’Osmonde (Osmunda floristique diversifié est teinté à la fois d’influences regalis), la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) ou atlantiques (présence de la Laîche à deux nervures encore la Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium – Carex binervis – et de la Primevère acaule – Primula oppositifolium). Le Bois du ham, juste au sud, présente vulgaris) et montagnardes (un des plus importants également une diversité et un intérêt floristique noyaux régional de population de Myrtille – Vaccinium certains. myrtillus). Une pluviosité avoisinant les 700 mm/an, des sols argileux très rétentifs en eau, le microclimat Les petits bois privés à l’ouest de la forêt d’Éperlecques forestier et probablement la présence toute proche des (bois de Recques, de la Druèze, du Rossignol…) sont mare forestière 3700 ha du marais audomarois expliquent le maintien méconnus mais semblent apparemment moins (ancien trou sur ces sites d’une humidité atmosphérique plus intéressants. La Primevère acaule (Primula vulgaris), de bombe). importante qu’ailleurs sur le territoire de l’Atlas. protégée dans la région, y est cependant présente. Photo : T. Cornier Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux

4 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE l’unique population régionale connue de Chénopode fétide (Chenopodium vulvaria), ainsi que l’Épilobe des marais (Epilobium palustre). LA fORêt DOmANIALE DE RIhOuLt-CLAIRmARAIs

Située à l’est de la ville de Saint-Omer et bordant la partie sud-orientale du marais audomarois, le massif forestier domanial de Rihoult-Clairmarais (souvent abrégé en forêt de Clairmarais) occupe une superficie de 1170 hectares. Quelques buttes dont l’altitude avoisine les 50-60 mètres surplombent un vallon le long duquel se succèdent 4 étangs (le plus connu est l’étang d’Harchelles, dont les abords sont aménagés pour la randonnée pédestre). Par ailleurs, la forêt présente un relief peu prononcé.

Occupant pour l’essentiel un substrat argileux assez riche en bases, les peuplements forestiers sont Ancienne Signalons encore dans ce secteur l’ancienne argilière majoritairement constitués de taillis de charmes sous argilière de de l’hoewel à Watten (aujourd’hui appelée le “Lac futaie de chênes (75 %) et plus localement de futaies l’hoewel à Bleu”), récemment acquise par le Département du Nord, de chênes (conversion récente). Une aulnaie linéaire Watten. qui héberge quelques espèces d’intérêt patrimonial occupe le fond du vallon principal de la forêt. Quelques Photo : D. Mercier régional telles l’Épipactis des marais (Epipactis parcelles ont été enrésinées après la guerre 40-45. palustris) ou encore la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola Certains layons des buttes présentent des végétations rotundifolia). Les pelouses pionnières sur argiles riches acidiclines à acidiphiles intéressantes à l’échelle en bases comportent des plantes peu abondantes sur régionale : pelouses et ourlets riches en Molinie le territoire de l’Atlas en dehors du littoral : Chlore bleue (Molinia caerulea), Succise des prés (Succisa perfoliée (Blackstonia perfoliata), Carline commune pratensis) ; parfois il s’agit de landes fragmentaires (Carlina vulgaris)… Signalons encore la présence à Callune (Calluna vulgaris) sur le sommet sableux inhabituelle de plusieurs taxons littoraux : l’Argousier des deux buttes principales. Signalons également (Hippophae rhamnoides subsp. rhamnoides), le Saule l’abondance de la Primevère acaule (Primula vulgaris), des dunes (Salix repens subsp. dunensis), le Plantain protégée et ici en limite d’aire régionale vers l’est et corne-de-cerf (Plantago coronopus) et la variété de l’Aigremoine odorante (Agrimonia procera). Le Sison littorale de la Bugrane rampante (Ononis repens var. (Sison amomum), en disjonction d’aire vers le nord, est repens). Non loin de là, sur les communes de Nieurlet fréquent au niveau de certaines lisières de la forêt. et Saint-Momelin, une autre ancienne argilière héberge On notera la quasi absence d’une espèce atlantique Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux

Étang d’harchelles. Photo : B. Toussaint

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 4 1 forestière par ailleurs généralement abondante : la Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta), probablement en raison de la nature du substrat et non pour des raisons chorologiques puisque cette espèce se retrouve vers l’Est jusque dans certaines forêts de l’Avesnois !

La flore des étangs est assez pauvre et relativement banale. Au total, une dizaine d’espèces protégées régionalement sont connues dans la forêt de Rihoult-Clairmarais ; de nombreuses autres sont rares dans le territoire de l’Atlas. Ce massif constitue incontestablement un pôle de biodiversité majeur pour la flore.

Au travers d’un plan d’aménagement forestier, l’Office national des forêts (en collaboration avec le Parc naturel régional des caps et marais d’Opale) s’efforce de concilier la production forestière, la préservation et la valorisation de la biodiversité, ainsi que la fréquentation touristique, très forte sur certaines parties du massif en raison du peu de forêts publiques dans la région audomaroise et la Flandre. Une Réserve biologique domaniale (la seule du territoire de l’Atlas) taillis de charmes a été créée dans la partie nord-est de la forêt en vue sous futaie de Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux de la préservation d’un échantillon représentatif de la chênes. “Chênaie-Charmaie à Primevère acaule”, association Photo : B. Toussaint forestière originale décrite en 1986 par J.-M. GÉHU de ce massif et des bois environnants des collines argileuses de Flandre intérieure (Forêt d’Éperlecques…).

LA fORêt DOmANIALE DE NIEPPE (INCLuANt LE BOIs DEs huIt-RuEs)

Avec ses 2600 hectares, la forêt domaniale de Nieppe (du patois flamand “niep” signifiant “orme”) est le plus grand massif forestier du territoire de l’Atlas. Située dans la plaine de la Lys juste au sud d’Hazebrouck, son altitude varie entre 15 et 19 mètres. Elle se compose de plusieurs bois situés sur les communes de (bois d’Amont, bois Moyen, …) et de Vieux Berquin (bois d’Aval). Ce massif forestier humide (sols argilo-limoneux) est drainé par d’innombrables fossés qui communiquent avec des rivières et larges fossés affluents de la Lys. Il abrite de très nombreuses mares

sous-bois à Primevère acaule (Primula vulgaris). Photo : F. Hendoux

4 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE mare forestière. Photo : N. Fardel

occupant d’anciens trous de bombes. (unique observation pour le territoire de l’Atlas). Le chêne pédonculé (Quercus robur) constitue En sous-bois, les floraisons vernales de Primevère l’essence dominante. Il côtoie le Frêne commun élevée (Primula elatior), de Ficaire (Ranunculus ficaria), (Fraxinus excelsior), le Merisier (Prunus avium), les de Cardamine des prés (Cardamine pratensis) et peupliers euraméricains (progressivement remplacés d’Anémone sylvie (Anemone nemorosa) enchantent les par des essences locales), parfois le Hêtre (Fagus promeneurs. Favorisée par le tassement du sol induit sylvatica) et, dans les parties les plus humides de la par l’utilisation d’engins de débardage de plus en plus forêt, l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa). L’intérêt lourds, la Laîche pendante (Carex pendula) marque de végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux floristique principal de la forêt réside dans sa flore plus en plus la physionomie des layons humides et des aquatique – l’Hottonie des marais (Hottonia palustris) sous-bois clairs. notamment – et surtout palustre (diverses laîches peu répandues telles Carex elongata et Carex vulpina). Il y a Rattaché à la forêt domaniale de Nieppe, le petit Bois quelques années, la Germandrée des marais (Teucrium des huit-Rues (ou Canton des huit Rues), ancien site scordium), en forte régression dans la région, a été de lancement de missiles V1, est situé au nord-ouest notée au bord d’une mare mais sa présence actuelle de Morbecque, sur une butte argileuse culminant à est à confirmer. Récemment, le Monotrope sucepin 67m d’altitude. Vers le sommet, les placages argileux (Monotropa hypopitys) vient d’être redécouvert à silex plus acides permettent localement l’expression d’une flore acidiphile intéressante : Callune (Calluna sous-bois à Laîche vulgaris), Blechne en épi (Blechnum spicatum), Laîche pendante (Carex à pilules (Carex pilulifera)… Le Châtaignier (Castanea pendula). sativa), le Hêtre (Fagus sylvatica) et le Chêne pédonculé Photo : anonyme (Quercus robur) sont abondants dans les peuplements forestiers.

LEs PEtIts BOIs DE fLANDRE INtÉRIEuRE : BEAuVOORDE, sAINt- ACAIRE…

Situés le long de la frontière belge respectivement à l’est et au nord de Steenvoorde, les petits bois privés de Beauvoorde (commune de Steenvoorde) et de Saint-

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 4 3 Acaire (commune d’Herzeele) constituent, au sein des paysages agricoles de la Flandre intérieure, deux îlots refuges pour la flore forestière. Signalons la présence dans le bois de Beauvoorde, hélas partiellement planté de peupliers euraméricains (Populus canadensis et autres cultivars), du Fromental bulbeux ou Avoine à chapelets (Arrhenatherum elatius subsp. bulbosum) et du Cerisier à grappes (Prunus padus) – ce dernier peut-être anciennement naturalisé. Le bois de Saint-Acaire présente, quant à lui, une flore acidiphile relictuelle intéressante (Blechnum spicant, Lythrum portula, Carex pilulifera, etc.). Récemment, deux espèces très rares dans le territoire de l’Atlas et très localisées dans toute la région, ont été retrouvées : la Renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus) et le Calamagrostide blanchâtre (Calamagrostis canescens).

LEs mONts DE fLANDRE

Alignés d’ouest en est depuis Cassel jusqu’à la frontière belge, les monts de Flandre constituent des éléments majeurs de structuration du paysage de la Flandre. Leurs particularités géologiques ont été précédemment décrites (affleurements sableux acides…). Le mont Cassel (176 m) est fortement urbanisé à son sommet (Cassel est une ancienne cité romaine). Ses flancs, en revanche, conservent une mosaïque bocagère caractéristique, constituée de petits bois, de (Blechnum spicant, Dryopteris dilatata). De nombreuses Lande fragmentaire haies vives, de prairies, de mares et de champs de taille espèces citées dans la littérature ancienne n’y ont pas à Callune modeste. Du point de vue floristique, une seule espèce été revues (Melampyrum pratense, Carex nigra, Neottia sur le mont Noir. de grande valeur patrimoniale mérite d’être citée ici : la nidus-avis…). Photo : M. Lionet Renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus), Le mont des Cats (162 m), au sommet duquel se récemment découverte dans un bourbier d’une pâture. font face une abbaye du début du XIXe siècle et une Localement, comme sur les autres monts, la Prêle gigantesque antenne relais (plus haute que le mont d’ivoire (Equisetum telmateia) forme des peuplements lui-même !), présente très localement des végétations hêtraie à spectaculaires. originales telles que des pelouses acidiphiles sur sables Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux Jacinthe des Juste à l’est, le mont des Récollets (160 m) est presque oligo-mésotrophes (on y relèvera ponctuellement des bois (mont entièrement boisé (hêtres et chênes). Son versant espèces pionnières intéressantes telles Aira praecox, Noir). nord présente quelques espèces liées aux ambiances Aira caryophyllea et Ornithopus perpusillus), des Photo : M. Lionet forestières fraîches et à humidité atmosphérique élevée ourlets acidiphiles à Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia) où la Digitale pourpre (Digitalis purpurea) s’observe parfois, ainsi que des fourrés arbustifs à Ajonc d’Europe (Ulex europaeus). Les bois se colorent en mai des floraisons de la Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta). Très ponctuellement, au fond d’un vallon, se développe une bétulaie tourbeuse acidiphile à sphaignes ! Plusieurs parcelles ont été acquises par le Département du Nord dans le cadre de la politique Espaces naturels sensibles et des actions de mise en valeur écologique sont entreprises.

Le mont de Boeschèpe (141 m) et le mont kokereel (112 m), d’intérêt floristique modeste, font la jonction avec le mont Noir (152 m). Si la partie belge de ce dernier est en grande partie urbanisée et vouée au tourisme de masse (nombreux commerces et tavernes !), sa partie occidentale, sur la commune française de Saint-Jans-Cappel, a conservé une plus grande naturalité. Le Parc départemental Marguerite

4 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Yourcenar et les bois avoisinants sont le refuge de le présent ouvrage. Les pentes douces du versant plusieurs espèces végétales par ailleurs rares en Flandre. nord du plateau à l’est d’Heuringhem sont cultivées Une pelouse sableuse du parc héberge notamment tandis que son sommet et son versant sud, au relief une petite population de Violette des chiens (Viola plus accusé et surplombant la petite vallée de la canina) et quelques pieds de Callune (Calluna Melde, présentent une mosaïque de bois, de pâtures vulgaris). Les sources qui prennent naissance sur ses et de champs cultivés. Dans sa partie orientale, sur les flancs révèlent ponctuellement la présence des deux communes de Wardrecques et de Racquinghem, le site espèces de dorines (Chrysosplenium oppositifolium est partiellement urbanisé (lotissements). et C. alterniflorum, cette dernière protégée dans la région) et de la Cardamine amère (Cardamine amara). Les terrains sableux plus ou moins secs, les dépressions La Digitale pourpre (Digitalis purpurea) s’observe çà et et étangs sur argiles ou formations résiduelles à silex et là en lisière des bois et au pied des vieilles haies. Les les prairies pâturées extensivement constituent autant paysages variés du Mont Noir et ses bois tapissés au de biotopes originaux favorables au développement printemps de Jacinthe des bois ont à jamais marqué de végétations acidiclines à acidiphiles très rares dans les souvenirs de Marguerite Yourcenar, qui n’a cessé, la région Nord – Pas de Calais. À ce titre, quatre sites jusqu’à sa mort, de soutenir la préservation de ces lieux correspondant à des terrains communaux bénéficient où elle passa son enfance. du statut de Réserve naturelle régionale (superficie totale de 182 hectares) et sont gérés par EDEN 62. Même si on est aujourd’hui loin des listes floristiques Cette gestion vise notamment à favoriser l’expression extraordinaires dressées par les botanistes du XIXe et du des landes mésophiles à Bruyère cendrée (Erica cinerea), début du XXe siècle, le Mont Noir n’en garde pas moins des landes hygrophiles à Bruyère à quatre angles (Erica un intérêt écologique indéniable que le Départemental tetralix), des pelouses maigres acidiphiles, végétations du Nord, propriétaire de nombreuses parcelles, tente de fortement colonisées par les bouleaux et l’Ajonc préserver par des opérations de gestion ciblées sur les d’Europe (Ulex europaeus), ainsi que des végétations habitats semi-naturels relictuels tels que les pelouses aquatiques ou amphibies. acidiphiles, les landes fragmentaires et les prairies hygrophiles (fauche exportatrice, expérimentations La liste des espèces végétales de grand intérêt Lande dans une d’étrépages…). patrimonial est longue sur cet ensemble de sites. Citons ancienne sablière pour les landes et pelouses acidiphiles, en plus des (helfaut). deux bruyères déjà mentionnées ci-dessus, le Genêt Photo : B. Toussaint LE PLAtEAu D’hELfAut, LEs BRuYèREs D’ECquEs Et LE BOIs DE WIsquEs

Le plateau argilo-siliceux d’helfaut s’étire d’ouest en est sur une dizaine de kilomètres au sud de la ville Lande à Bruyère de Saint-Omer. Sur les flancs de sa partie occidentale, cendrée et en surplomb de la vallée de l’Aa, affleurent des Canche flexueuse terrains crétacés, colonisés par des végétations et (Blendecques). une flore calcicoles très originales et d’une grande végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux Photo : F. Bedouet valeur patrimoniale mais non prises en compte dans

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 4 5 Étang de pêche sur le plateau d’helfaut. Photo : T. Thouroude

d’Angleterre (Genista anglica), le Nard raide (Nardus squarreux (Juncus squarrosus). Ces terrains privés ne stricta), le Trèfle à petites fleurs (Trifolium micranthum), font malheureusement pas aujourd’hui l’objet d’une la Violette des chiens (Viola canina), la Pédiculaire des gestion adaptée à leurs potentialités écologiques. bois (Pedicularis sylvatica)… LEs BOIs Du BÉthuNOIs Les mares et étangs hébergent localement deux espèces en localité unique dans la région : le Scirpe à tiges Bien que de superficie modeste, les bois situés sur des nombreuses (Eleocharis multicaulis) et le Gaillet chétif buttes tertiaires à l’est de Béthune (forêt domaniale du (Galium debile), espèce pour laquelle des opérations de Bois des Dames et les bois privés ou départementaux renforcement de population sont en cours. Bien d’autres alentours, bois de Roquelaure à Lapugnoy, bois du Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux espèces aquatiques, amphibies ou hygrophiles très rares Féru à Chocques…) constituent un refuge pour de dans la région sont recensées : Callitriche pédonculé nombreuses espèces forestières acidiphiles et des (Callitriche brutia), Radiole faux-lin (Radiola linoides), milieux ouverts associés (ourlet, landes, pelouses...). Scirpe flottant (Isolepis fluitans), Myriophylle à fleurs On rencontrera ainsi ponctuellement dans ces bois, alternes (Myriophyllum alterniflorum), Centenille naine encore imparfaitement inventoriés, des espèces très (Centunculus minimus), Potamot à feuilles de renouée rares sur le territoire de l’Atlas : Genêt d’Angleterre (Potamogeton polygonifolius), Ache inondée (Apium (Genista anglica), Poirier sauvage (Pyrus communis inundatum), Osmonde royale (Osmunda regalis), Jonc subsp. pyraster), Potamot à feuilles de renouée squarreux (Juncus squarrosus), ce dernier non revu (Potamogeton polygonifolius), Scirpe sétacé (Isolepis depuis près de 10 ans maintenant… setacea), Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), Ces différents espaces aujourd’hui protégés constituent Osmonde royale (Osmunda regalis), Fougère des ainsi un véritable musée naturel que les communes montagnes (Oreopteris limbosperma), Gnaphale des et EDEN 62 s’efforcent de restaurer depuis plusieurs bois (Gnaphalium sylvaticum), Polygala à feuilles de années. serpolet (Polygala serpyllifolia)…

Deux petits sites sont ici associés géomorphologique- Certaines parcelles du Bois des Dames font l’objet ment et écologiquement au plateau d’Helfaut : depuis quelques années d’une gestion écologique de la les Bruyères d’Ecques, de l’autre côté de la Melde part d’EDEN 62 en vue de la restauration de végétations présentant également des pelouses acidiphiles et des de landes et d’ourlets acidiphiles (la Bruyère cendrée landes encore relativement diversifiées malgré, là était jadis citée). Ces opérations commencent à porter aussi, un développement excessif des fourrés d’Ajonc leur fruit. d’Europe (Ulex europaeus), et le Bois de Wisques, sur la rive gauche de l’Aa où subsistent dans les layons Signalons encore la présence, le long de ruisselets et les clairières quelques espèces de haute valeur forestiers du Bois des Dames, de la Dorine à feuilles patrimoniale telles la Bruyère à quatre angles et le Jonc opposées (Chrysosplenium oppositifolium), très localisée en Flandre.

4 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Les marais

LE mARAIs AuDOmAROIs Martin-au-Laërt et Serques, alimentés par des eaux calcaires peu polluées, montrent une diversité en Avec ses 3710 hectares d’étangs, de marécages, de hydrophytes tout à fait remarquable. Quelques prairies, de peupleraies et de cultures (notamment espèces en voie de disparition dans la région et, pour maraîchères), le marais audomarois constitue une certaines en régression à l’échelle nationale, ont ainsi vaste zone humide d’importance européenne, héritage été observées : Potamot des Alpes (Potamogeton fragile de la nature et du travail des hommes depuis alpinus - seule localité régionale actuellement le VIIIe siècle. Traversé du Sud-est au Nord-est par le connue), Potamot à feuilles obtuses (Potamogeton fleuve Aa, il est sillonné par 700 km de canaux appelés obtusifolius), Potamot de Fries (Potamogeton friesii), localement “watergangs” et par d’innombrables petits Oenanthe fluviatile (Oenanthe fluviatilis), Scirpe fossés de parcelle. épingle (Eleocharis acicularis), Hottonie des marais (Hottonia palustris). La plante aquatique symbolique Le marais audomarois est situé au nord de Saint- du marais audomarois est le Stratiote (Stratiotes Omer, aux confins de la Flandre et de l’Artois. Sa partie sud-occidentale, au contact des terrains crayeux des collines de l’Artois, est alimentée en partie par des eaux de relativement bonne qualité physico-chimique en provenance de la nappe aquifère de la craie (les puits artésiens sont encore utilisés localement par quelques cressiculteurs). Les marges orientales du marais, adossées aux collines argileuses flamandes sont quant à elles alimentées par des eaux de ruissellement très chargées en particules fines et effluents d’origines agricole, industrielle et domestique. Ces différences dans la qualité des eaux influencent fortement la composition floristique des herbiers aquatiques. Les watergangs des zones occidentales entre Saint-

Paysage typique d’un watergang du marais audomarois. maraîchages et fossé dans la partie centrale du marais. Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux Photo : F. Mulet (PNR CMO) Photo : D. Mercier

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 4 7 La flore aquatique : un indicateur de la qualité des eaux. Le marais audomarois héberge les dernières populations régionales de stratiote. Photo : F. Hendoux

lutea, Potamogeton pectinatus…) et d’épais voiles de lentilles d’eau, auxquelles se mèlent parfois les Azolles (Azolla filiculoides), témoignent en été de cette dégradation trophique.

L’accumulation séculaire de tourbe alcaline dans cette cuvette dont le drainage est ralenti par le “Goulet de Watten”, permet localement l’expression de prairies, de mégaphorbiaies (abandon progressif du pastoralisme aloides), naturalisé depuis très longtemps et indicateur extensif) et de marécages tourbeux très intéressants du assez pertinent de la qualité physico-chimique des point de vue floristique et phytocœnotique. Ces marais eaux. On le retrouve aussi dans le secteur tourbeux tourbeux occupent des superficies importantes au du Romelaëre, dans la partie orientale du marais, où nord de Clairmarais (marais du Romelaëre, du Bagard il peut cotoyer le Nénuphar blanc (Nymphaea alba) et et du Schoubrouck) mais ils s’observent aussi plus l’Utriculaire commune (Utricularia vulgaris) eux aussi ponctuellement à l’ouest de l’Aa. Ces sites sont pour en régression. Ailleurs, les eaux polluées par les effluents la plupart protégés et gérés par le Parc naturel régional agricoles, domestiques et industriels n’hébergent plus des caps et marais d’Opale et par les Départements du qu’un nombre limité d’espèces polluo-résistantes Nord et du Pas-de-Calais (EDEN 62). Ils hébergent par (Ceratophyllum demersum, Elodea nuttallii, Nuphar exemple la Fougère des marais (Thelypteris palustris),

Étang tourbeux du Romelaëre. Photo : F. Mulet / PNR CMO Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux

4 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE le Peucédan des marais (Peucedanum palustre), la Gesse des marais (Lathyrus palustris), rare en France, la Grande douve (Ranunculus lingua – protégée en France), le Marisque (Cladium mariscus), l’Orchis de mai (Dactylorhiza majalis), la Grande berle (Sium latifolium), la Stellaire des marais (Stellaria palustris)… Une population relictuelle de Ciguë aquatique (Cicuta virosa), au bord de l’extinction dans la région, est encore connue au bord d’un watergang (site actuellement non protégé).

LE mARAIs DE guîNEs

Situé à la marge sud-occidentale de la plaine maritime flamande, le marais de Guînes s’étire sur environ 9 km selon un axe W-NW / E-SE correspondant à la bordure septentrionale du plateau artésien. Sa largeur n’excède que rarement le kilomètre. Il concerne, d’ouest en est, les communes d’Hames-Boucres, Guînes, Andres, Balinghem, Brêmes et Ardres. Si les zones périphériques de l’ouest, du nord et de l’est Parmi les espèces les plus remarquables des prairies, Bas-marais du marais, bien draînées par un réseau dense de canaux, mégaphorbiaies et roselières tourbeuses, citons la oligomésotrophe watergangs et fossés, sont essentiellement constituées Gesse des marais (Lathyrus palustris), la Fougère à Pédiculaire des de pâtures eutrophes fraîches ou localement humides des marais (Thelypteris palustris), le Peucédan des marais et Prêle et de champs cultivés, de vastes secteurs au cœur et marais (Peucedanum palustre), la Stellaire des marais des bourbiers. en marge sud du marais, entre Guînes et Balinghem, (Stellaria palustris), la Grande douve (Ranunculus Photo : A. Driencourt (EDEN 62) sont occupés par des marécages tourbeux alcalins qui lingua), le Troscart des marais (Triglochin palustre), demeurent d’un grand intérêt écologique, même si la Laîche distante (Carex distans var. distans), la les végétations oligotrophiles typiques des tourbières Laîche à fruits écailleux (Carex lepidocarpa) et la basses alcalines y sont très peu représentées. Vers l’est, Calamagrostide blanchâtre (Calamagrostis canescens). les étangs de Brêmes et d’Ardres présentent surtout Les étangs hébergent le Nénuphar blanc (Nymphaea un intérêt faunistique (et touristique pour le second !). alba). Ponctuellement, au niveau de tremblants ou De très nombreuses mares de chasse parsèment le site. de dépressions très inondées, le Comaret (Comarum Sur la commune de Guînes, la partie nord du marais palustre) et le Trèfle d’eau (Menyantes trifoliata) est urbanisée. trouvent là leur unique population du territoire de D’accès difficile (propriétés privées, terrains tourbeux l’Atlas. Il en est de même pour la Pédiculaire des dangereux), certains secteurs restent imparfaitement marais (Pedicularis palustris), limitée à quelques connus des botanistes. Une partie du marais de Guînes anciennes platières à bécassines au sein de l’espace végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux a été acquise par le Département du Pas-de-Calais et géré par EDEN 62. La flore aquatique de ce marais EDEN 62 en assure la gestion. reste imparfaitement connue et une étude spécifique pourrait, comme dans le cas du marais audomarois, apporter quelques bonnes surprises (le Potamot de Fries – Potamogeton friesii – pourrait notamment être retrouvé). Il semble pourtant que le Stratiote (Stratiotes aloides) et plusieurs espèces caractéristiques des marais tourbeux telles la Cicutaire vireuse (Cicuta virosa) aient totalement disparu du marais de Guînes depuis de nombreuses années.

Aujourd’hui, la dégradation de la qualité des eaux d’origine phréatique alimentant certaines parties du marais, jusque-là préservées de l’eutrophisation généralisée des eaux de ruissellement et du réseau hydrographique de surface, fait craindre à moyen terme une banalisation de la flore et la disparition des espèces mésotrophiles les plus sensibles.

LEs mARAIs Du BÉthuNOIs Prairie marécageuse à joncs. Photo : A. Driencourt (EDEN 62) Situés à l’est de la ville de Béthune, sur les communes de Beuvry, Festubert, Annequin, Cambrin et Cuinchy,

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 4 9 ces marais en bordure sud de la plaine de la Lys sont en alcalines de bonne qualité des mares et petits fossés contact avec la plaine crayeuse de la Gohelle. avoisinants hébergent le Potamot coloré (Potamogeton Bien que globalement très altérés par les drainages, coloratus). Le Marisque (Cladium mariscus) est présent les plantations de peupliers, l’urbanisation et en bordure d’une mare de chasse où plusieurs autres l’eutrophisation généralisée des eaux de surface, ces espèces de haute valeur patrimoniale ont été observées : marais alcalins méritent encore toute l’attention des la Laîche verdoyante (Carex viridula var. viridula), la botanistes, qui pourront toujours y chercher - en vain Laîche à fruits écailleux (Carex lepidocarpa), la Baldellie sans doute - les espèces “mythiques” signalées au XIXe (Baldellia ranunculoides) et surtout le Scirpe pauciflore siècle dans ce secteur (Utricularia intermedia, Drosera (Eleocharis quinqueflora) dont il s’agit de l’unique anglica, Liparis loeselii, Spiranthes aestivalis, Carex population régionale en dehors du littoral. Ce marais lasiocarpa…). présente encore d’autres richesses floristiques, souvent très localisées et menacées : Scirpe flottant (Isolepis Le marais du domaine de Bellenville à Beuvry, propriété fluitans), Sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), du Département du Pas-de-Calais, présente un étang l’Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), la tourbeux et des prairies humides paratourbeuses Grande douve (Ranunculus lingua) et le Choin noirâtre intéressantes. L’étang comporte un herbier aquatique (Schoenus nigricans) dont il s’agit également de la à Potamot coloré (Potamogeton coloratus) ; ses seule population régionale à l’intérieur des terres. rives hébergent une belle population de Fougère des Ce petit marais tourbeux alcalin tout à fait remarquable marais (Thelypteris palustris), ainsi que la Grande ne fait malheureusement pas encore l’objet de douve (Ranunculus lingua), le Marisque (Cladium maîtrise foncière, ni de gestion écologique de la part mariscus) et le Souchet brun (Cyperus fuscus). Les des gestionnaires d’espaces naturels. Il connaît de prairies hébergent encore quelques espèces d’intérêt graves problèmes d’assèchement du fait des pompages patrimonial pour le Nord – Pas de Calais comme le Sélin importants réalisés dans la nappe phréatique qui à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), l’Ophioglosse l’alimente. vulgaire (Ophioglossum vulgatum) et l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris). Signalons encore la présence, Enfin, au sud du précédent, s’étend sur environ un un peu surprenante dans ce type de milieu, du Grémil kilomètre carré le marais d’Annequin-Cambrin- officinal (Lithospermum officinale), rare dans la région Cuinchy. Il présente une mosaïque intéressante de et habituellement plutôt inféodé aux lisières calcicoles prairies humides, de roselières, d’étangs, de mares de thermophiles sèches, notamment au sein des fourrés chasse et de boisements plus ou moins hygrophiles. dunaires littoraux. On peut notamment y signaler la présence d’une population importante de Ricciocarpos natans Le marais de Festubert, presque entièrement planté (hépatique aquatique libre flottante très sensible à de peupliers et parsemé de mares de chasse, réserve l’eutrophisastion) et le maintien de diverses espèces ponctuellement quelques très bonnes surprises. Les eaux plus ou moins rares mais en régression comme le Jonc

Étang

Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux tourbeux de Bellenville. Photo : F. Hendoux

5 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE à tépales obtus (Juncus subnodulosus), le Souchet brun LE mARAIs DE LA BRIquEttERIE Aulnaie (Cyperus fuscus)… Les peupleraies et les nombreuses à LEffRINCkOuCkE Et L’ÉtANg DE tourbeuse constructions en bordure des routes dénaturent tÉtEghEm inondée dans cependant ce marais où la présence actuelle de la tourbière de l’Oenanthe à feuilles de silaüs (Oenanthe silaifolia) Coincés entre la RN1 et l’autoroute A16, juste à merckeghem. reste à confirmer (une station connue a été détruite l’est de l’agglomération dunkerquoise, ces deux sites Photo : C. Delbecque par des aménagements). Quelques parcelles sont occupent une zone basse, difficilement drainable, de végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux gérées par le Conservatoire des sites naturels du Nord la plaine maritime flamande, située juste en arrière du et du Pas-de-Calais. cordon dunaire (totalement urbanisé à ce niveau). D’origine artificielle (ancienne sablière), l’étang de LA tOuRBIèRE DE mERCkEghEm Téteghem (souvent appelé avec emphase “Lac” de Téteghem) présente des berges abruptes peu propices Ce petit site privé est situé sur la commune de à l’expression d’une végétation palustre diversifiée. Merckeghem, en limite de la plaine maritime flamande C’est cependant à ce niveau qu’a été découverte (à l’est du goulet de Watten). récemment une plante exceptionnelle dans la région Constituée d’une aulnaie très humide et d’un étang où elle est en limite septentrionale d’aire : le Souchet dont les abords sont aménagés pour les activités de long (Cyperus longus subsp. longus). Manifestement chasse et de pêche, cette ancienne tourbière héberge installée depuis peu (quelques jeunes touffes), cette l’unique population régionale connue de la Dryoptéride espèce semble spontanée sur ce site (elle est parfois à crêtes (Dryopteris cristata), fougère rare et protégée plantée dans les parcs en bordure des plans d’eau). en France, inféodée aux marécages tourbeux, souvent Le marais de la Briquetterie, situé juste à l’est, présente en voie d’acidification. Même si, en raison d’un niveau des prairies hygrophiles intéressantes pour la plaine d’eau exceptionnellement élevé, cette espèce n’a pu maritime flamande (qui en comporte si peu en dehors être retrouvée en 2007 lors d’une visite effectuée du marais de Guînes et ses alentours), ainsi que en présence du propriétaire, sous l’égide du Pays des quelques parcelles en voie de reboisement (saules). Moulins de Flandre, la présence relictuelle d’autres On y observe ponctuellement quelques plantes en espèces turficoles intéressantes telles que l’Osmonde forte régression dans le territoire de l’Atlas : Orchis royale (Osmunda regalis) et le Peucédan des marais négligé (Dactylorhiza praetermissa), Orchis incarnat (Peucedanum palustre) laisse augurer de la persistance (Dactylorhiza incarnata) et leur hybride, Baldellie de la Dryoptéride à crêtes sur ce site. Gageons que le (Baldellia ranunculoides), Laîche aiguë (Carex acuta)… propriétaire, sensibilisé à l’intérêt floristique majeur de son marais, sera le garant de sa bonne préservation.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 5 1 Les vallées

LA VALLÉE DE L’YsER

Fortement affecté par les remembrements agricoles, Régulièrement soumis aux crues hivernales de l’Yser, La Lys en crue l’étroit cordon alluvial de l’Yser et de ses principaux ces complexes de prés de fauche, pâturés en fin (sailly-sur-la-Lys). affluents (Ey becque et Peene becque) est aujourd’hui, de saison, ont partiellement conservé le réseau de Photo : F. Bedouet pour l’essentiel, occupé par des pâtures eutrophes haies originelles. Dans les parties les plus basses, on fraîches de faible intérêt botanique et par des cultures. relèvera la présence de quelques espèces prairiales très Ponctuellement néanmoins, quelques prairies humides hygrophiles en régression telles le Scirpe des marais non ou peu engraissées témoignent des potentialités (Eleocharis palustris), la Valériane dioïque (Valeriana écologiques de ce secteur de la Flandre intérieure. dioica) et l’Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa). Le Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas- Les zones moins longuement inondées hébergent deux orchidées, l’Orchis de mai (Dactylorhiza majalis) Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux de-Calais assure, par convention avec les propriétaires et les exploitants agricoles, la gestion de deux ensembles et l’Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), ainsi de parcelles sur la commune d’Herzeele (“Prairies de que d’autres espèces peu fréquentes dans le territoire l’Yser” et “Vallon de la Petite Becque”). de l’Atlas : Jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), Brome en grappe (Bromus racemosus), Lychnide fleur-de-coucou (Lychnis flos-cuculi), etc. Derniers témoins de la flore prairiale hygrophile de la partie amont de la vallée de l’Yser, ces deux sites méritent toute l’attention qui leur est portée localement. Les modalités de gestion entreprises depuis quelques années commencent à porter leur fruit (augmentation des populations d’orchidées notamment).

LA VALLÉE DE LA LYs

Si l’on excepte la forêt domaniale de Nieppe et les marais du Béthunois décrits précédemment, la Plaine de la Lys, très largement vouée à la polyculture

Prairie hygrophile à Lychnide fleur-de-coucou dans le vallon de la Petite becque (herzeele). Photo : B. Galet (CSN 59-62)

5 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE En amont de la ville d’Armentières, les sites des “boucles” de Sailly et d’Erquinghem-Lys, régulièrement inondés par les crues de la Lys, montrent également un grand intérêt floristique et phytocœnotique. Les prairies alluviales plus ou moins hygrophiles, fauchées avec pâturage des regains, hébergent de nombreuses espèces végétales en forte régression dans toute la région. Parmi les plus remarquables, nous citerons l’Oenanthe à feuilles de silaüs (Oenanthe silaifolia), le Colchique d’automne (Colchicum automnale), le Séneçon aquatique (Senecio aquaticus) et le Brome en grappe (Bromus racemosus). Pré de fauche mésotrophe à gesse des prés et centaurée (sailly-sur-la-Lys). Les secteurs prairiaux bocagers des environs de Saint- Photo : C. Blondel Venant et d’Aire-sur-la-Lys restent mal explorés et méconnus mais semblent présenter une flore moins intéressante. Signalons encore, à et à Armentières, l’apparition récente et l’extension très rapide et à l’élevage intensif, ne présente guère d’attrait de l’Hydrocotyle fausse-renoncule (Hydrocotyle particulier pour les botanistes. Tout au plus peut on y ranunculoides), plante invasive amphibie très vigoureu- relever ponctuellement, au niveau de mares de chasse se d’origine américaine dont le contrôle s’avère urgent notamment, quelques rares plantes très intéressantes mais bien difficile à mettre en œuvre. telles la Germandrée des marais (Teucrium scordium) à Lorgies ou l’Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), en forte régression en Flandre. Le Silaüs des prés (Silaum LA VALLÉE DE LA DEûLE silaus), l’Oenanthe aquatique (Oenanthe aquatica) et le Butome en ombelle (Butomus umbellatus), tous Si les marais tourbeux alcalins d’-, trois protégés dans le Nord – Pas de Calais, ne sont pas au sud de Lille hébergeaient jadis une richesse rares dans les fossés ou, dans le cas du Silaüs, sur les floristique qui laisse rêveur (Liparis loeselii, Utricularia accotements et dans les prairies fraîches. minor, U. intermedia, Orchis palustris, Carex dioica, Parnassia palustris, Carex lasiocarpa…), l’ensemble L’étroite bande alluviale bordant le cours de la Lys de la vallée de la Deûle ne présente plus aujourd’hui présente, très localement, un intérêt floristique et phytocœnotique bien supérieur, lié à la présence Étang peu relictuelle de prairies de fauche hygrophiles à méso- aménagé dans hygrophiles. la vallée de la Le site le plus remarquable est situé sur la commune Deûle. de Frelinghien. Il abrite la dernière population sauvage Photo : C. Blondel végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux connue dans la région de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris). Une parcelle communale dont l’exploitation pastorale extensive est garantie par une convention de gestion signée par la municipalité, l’exploitant et le CRP/CBNBL accueille à elle seule 92 % des talus bordant la effectifs de la Fritillaire ! Sur les parcelles voisines non plaine de la Lys conventionnées, l’espèce régresse ou a déjà disparu. Le (mont de Bailleul). site a fait l’objet d’un classement en Arrêté préfectoral Photo : M. Lionet de protection de biotope.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 5 3 L’Angélique officinale (Angelica archangelica) est naturalisée sur les berges de la Deûle en aval de Lille. Photo : C. Blondel

Une dernière curiosité botanique des bords de la Deûle en aval de Lille : l’Angélique officinale (Angelica archangelica), protégée dans la région où elle est naturalisée de longue date. On la retrouve aussi au bord de la Lys, en aval de la confluence entre ce fleuve et la Deûle.

LA VALLÉE DE LA mARquE

Comme ceux de la vallée de la Deûle, les marais de la vallée de la Marque ont subi de nombreuses dégradations : assèchement, mises en culture, intensification des pratiques pastorales, plantations massives de peupliers, urbanisation, pollution très importante des eaux, comblements... Ils n’ont semble- t-il cependant jamais abrité les joyaux floristiques mentionnés par les botanistes du XIXe siècle dans les marais de la Deûle. Globalement, il ne reste plus guère aujourd’hui, dans ces zones alluviales, qu’un cortège floristique peu diversifié d’espèces aquatiques, hygrophiles ou mésohygrophiles qu’un intérêt floristique et phytocœnotique limité, eutrophiles, plus ou moins communes dans la région. même si le rôle écologique de cette “coulée verte” est Ponctuellement, on notera cependant la présence loin d’être négligeable pour ce secteur du territoire de relictuelle de quelques plantes d’intérêt patrimonial l’Atlas qui abrite encore un ensemble de boisements, de rares dans le territoire de l’Atlas telles la Succise des mégaphorbiaies, de prairies et de friches, tous plus ou prés (Succisa pratensis), la Guimauve officinale (Althaea moins nitrophiles cependant. Il est malheureusement officinalis), le Silaüs des prés (Silaum silaus), le Séneçon évident que le niveau trophique actuel des milieux, aquatique (Senecio aquaticus) et l’Hottonie des marais les pollutions de nature diverse des eaux et d’une (Hottonia palustris). La Cardère poilue (Dipsacus partie des sols, le drainage de certains secteurs, les pilosus), très rare par ailleurs dans le territoire de l’Atlas, plantations de peupliers et les nombreux remblais ne est ici relativement abondante. laissent aucun espoir de restauration des tourbières et Récemment, une espèces invasive nouvelle pour la région bas-marais alcalins du début du XIXème siècle. a été découverte dans un plan d’eau artificiel : l’Orpin Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal et leur patrimoine sites naturels Les principaux des marais (Crassula helmsii). Des contacts sont en cours Végétations Cependant, des opérations de restauration et de pour éviter la propagation de cette plante amphibie à pionnières sur dépollution de plusieurs anciens marais ont été d’autres secteurs de la vallée (en aval, le site du lac du vases eutrophes entreprises ces dernières années par la Communauté Héron à Villeneuve-d’Ascq est déjà confronté depuis dans la vallée de urbaine Lille-Métropole (sites périurbains du Parc de la plusieurs années à la prolifération de l’Hydrocotyle la marque. Deûle). Des mares ont notamment été (re-)creusées fausse-renoncule - Hydrocotyle ranunculoides). Photo : C. Blondel et de nombreuses espèces végétales commencent à repeupler les berges tourbeuses ou limoneuses. La plus intéressante est sans aucun doute le Scirpe épingle (Eleocharis acicularis), découvert dans le marais de . On peut regretter qu’ici comme ailleurs, les opérations d’aménagement de ces sites périurbains aient été trop souvent accompagnées de semis et d’introductions volontaires de plantes “sauvages”, d’origine souvent douteuse, qui empêchent parfois l’expression spontanée de la flore locale. La gestion différenciée mise en œuvre localement a au moins le mérite de favoriser, dès à présent, la diversité faunistique des sites. Signalons encore la découverte récente d’une population d’Ache rampante (Apium repens), espèce protégée au niveau européen, dans le parc Vauban en plein cœur de Lille ! Des contacts ont été pris avec la municipalité afin de préserver cette station remarquable et inattendue.

5 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE annuelles acidiphiles en Les pelouses pionnières sont un refuge pour de nombreuses plantes sur schistes miniers Photo : D. Mercier régression. Les lancéolé ( bauhinii en ont également pâti : Épervière de Bauhin ( Certaines espèces très rares dans le territoire de l’Atlas travaux.les par détruites partiellement ou totalement été ont qui spontanés), boisements ourlets,(pelouses, évoluées plus originales, végétations nombreuses de espèce acidiphile pionnière, cette mais celle-ci s’est faite aux de dépens démographique explosion une induit véritable ont sécurité, en mise sa par justifiés site, du remaniements récents De région. la dans protégée terres de la Téesdalie à tige nue ( nue tige des à la Téesdalie de terres l’intérieur terril à du régionale population voisin l’unique site n°37, le avec notamment, héberge Il constituait sans Verquindoute le de site minier le plus n°56 intéressant. terril le l’Atlas, de territoire le Dans grande une diversité originalité. etuneforte également et présentent hépatiques) champignons et les (mousses les bryophytes ici, les étudiés lichens, non que Bien originaux. boisements ôoet e plue frés Éevèe piloselle ( Épervière à fermées pelouses des côtoyent erqex ( verruqueux minima très petite taille ( taille petite très de annuelles en riches acidiphiles, Des pionnières pelouses littoral). le sur elles d’entre certaines pour (sauf xérophiles et/ou thermophiles rares ou absentes ailleurs région hébergentflorelilloise) diversifiée,un (jusqu’en espèces en riche là et çà dispersés de houillers dépôts schistes les et Béthune de environs des terrils Les contribution une floristique originale. néanmoins apporte friches, ses et territoire de cet ouvrage, le bassin minier, avec du superficie faibleses très qu’une terrilsconstitue ne qu’il Bien ircu pilosella Hieracium terrils , , prir péoe ( précoce Épervière ), Cerastium Epilobium lanceolatum Betula pendula Betula Aira praecox Aira i. sp., div. , ie ooiés a l Bouleau le par colonisées vite ), du Béthunois qi om, tre des terme, à forme, qui ) , . glaucinum H. adrs maritimus Nardurus A. caryophyllea A. )… Signalons encore la Teesdalianudicaulis Hieracium , Épilobe ), , Filago …), ), e mie ( moines des Patience la de région, la pour originale naturalisation, sensibles. Àsuivre… naturels Espaces être politique la de cadre pourrait le dans trouvée alternative solution une mais grès) de rouges, (schistes blocs matériaux ses de d’exploitation menacé de disparition, totale ou partielle, par un projet × graminée méconnue, l’Agrostide de Fouillade( méconnue,de graminéel’Agrostide fouilladeana abnn t eloe. e erl est terril Ce Verloove). et Lambinon ue patientia Rumex E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F e l péec d’une présence la et ) Agrostis

Photo : F. Bedouet Verquin. le terril n°56de naturalisée sur patientia) moines La Patience des (Rumex (Rumex

est 5 5

Les principaux sites naturels et leur patrimoine végétal Un peu d’histoire de la botanique

“Le premier devoir d’un auteur qui veut écrire sur une partie quelconque des sciences est de connaître à fond les travaux des savants qui l’ont précédé dans cette carrière” PICOT de LAPEYROUSE, XVIIIe siècle.

n effet, l’appréciation de l’évolution de la cultive dans les provinces septentrionales de la Vieille boîte Eflore d’un territoire au fil du temps repose France”. Une seconde édition corrigée, augmentée d’herborisation et inévitablement sur l’analyse des travaux des et divisée en trois parties paraît en 1799. “guide du botaniste anciens botanistes qui l’ont sillonné en consignant herborisant” de B. VERLOt (1865) leurs découvertes et leurs observations dans des LEstIBOuDOIs gaspard thémistocle (1797-1876) : (prêtés par Daniel PETIT) livres, des revues naturalistes, des manuscrits, dans Docteur en médecine et Professeur d’anatomie et de leurs herbiers… physiologie à la faculté des Sciences de Paris ; homme politique (député du Nord), il devient Docteur en Bien entendu, certains de ces documents ont botanique et Professeur de botanique à la faculté

Un peu d’histoire de la botanique Un peu d’histoire disparu (lors des guerres notamment) et leur des sciences de Lille. Il améliore et réédite en 1827 existence ne nous est relatée qu’à travers la les travaux de son père sous le titre : “Botanographie plume d’autres botanistes, mais nombre d’entre Belgique ou Flore du Nord de la France et de la eux nous sont parvenus et sont conservés dans la Belgique proprement dite”, ouvrage en deux volumes Bibliothèque botanique et phytosociologique de contenant les tableaux analytiques de François-Joseph France du CRP/CBNBL ou ailleurs. Lestiboudois, la description des plantes indigènes et couramment cultivées, leurs localités (assez vagues), Tout en restant sans doute loin de l’exhaustivité, leurs propriétés, leurs périodes de floraison, etc. À nous citerons ici par périodes les botanistes qui ont l’époque, cet ouvrage est considéré comme la flore la consacré tout ou partie de leurs prospections et plus complète et la plus satisfaisante pour l’ensemble compilations de données floristiques au territoire du territoire du Nord de la France. de la Flandre française et ses alentours. LA fIN Du xVIIIE Et LE xIxE : DÉBut DE LA mOIssON BOtANIquE Dr. DEsChAmPs Louis Auguste (1766-1842) Ce nom est familier des botanistes car PALISOT DE En France, l’étude de la botanique prend son BEAUVOIS lui a dédié en 1810 le genre essor au XIXe siècle. L’apparition de flores Deschampsia. de référence facilement disponibles et de DESCHAMPS fit partie, comme sociétés d’échanges de planches d’herbier naturaliste, de l’expédition marine font naître des passions. partie, à la demande de Louis XVI, à Comme partout en France, de nombreux la recherche de l’officier de marine botanistes commencent à sillonner la et explorateur Jean-François de LA campagne flamande. Ils observent, se PÉROUSE dont on était sans nouvelle. Il penchent, cueillent, déterminent, classifient, navigua entre 1791 et 1793 avec deux notent et parfois publient. bateaux La Recherche et L’Espérance La consultation de leurs écrits et de leurs mais l’expédition resta bloquée à Java herbiers confirme qu’une diversité végétale et le gouverneur local l’invita à rester aujourd’hui insoupçonnable a existé jusqu’à sur l’île pour faire des inventaires il y a peu en Flandre. naturalistes. DESCHAMPS accepta et fut le premier à faire des collections LEstIBOuDOIs françois-Joseph (décédé botaniques sur les montagnes et dans en 1815) : fils de Jean-Baptiste Lestiboudois de nombreuses localités de Java. Il (ardent promoteur de la culture de la pomme reviendra finir sa vie à Saint-Omer. de terre dans le nord de la France !) et père Sa contribution botanique en Flandre se de Gaspard Thémistocle Lestiboudois, il exerce limite à sa collaboration à l’oeuvre de en tant que médecin et Professeur de botanique à DOVERGNE, en y apportant les découvertes issues de ses Lille. Il publie en 1781 la “Botanographie Belgique, prospections dans les environs de Saint-Omer. ou méthode pour connaître facilement toutes les plantes qui croissent naturellement ou que l’on

5 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Gaspard Thémistocle LESTIBOUDOIS a surtout et dans les fiches illustrées de l’Atlas les mentions herborisé autour de Lille, sur le littoral du Nord et remarquables associées à cet auteur. du Pas-de-Calais et aux environs de Vimy. DOVERgNE Célestin-Joseph (1781-1851) : pharmacien né à Hesdin. Il laisse, à sa mort en DEBONNINguE Antoine-Apollinaire (1771- 1851, un manuscrit de 150 pages, le “Catalogue 1841) : Docteur en médecine, il travaille sur une raisonné des plantes vasculaires du département Flore médicale de Guînes, achevée en 1821. Cette du Pas-de-Calais” considéré par l’abbé MASCLEF œuvre n’a pu être publiée mais a été utilisée par – qui en reprendra d’ailleurs le titre - comme un l’abbé MASCLEF. document de forte valeur scientifique. Hélas, ce manuscrit n’a pas encore été retrouvé mais DEsmYttèRE : il publie en 1828 une “Topographie les données intéressantes ont été reprises dans de la ville et des environs de Cassel” où il présente l’ouvrage de MASCLEF. entre autres la flore des environs de Cassel. L’auteur DOVERGNE avait exploré à fond les vallées de cite de très nombreuses espèces remarquables la Canche et de l’Authie, la portion de littoral (certaines fort surprenantes voire douteuses !) comprise entre ces rivières, le Marquenterre, une qui seront pour la plupart reprises dans la flore de partie des collines d’Artois et les environs de VANDAMME. Saint-Omer, Clairmarais en particulier. Ses autres indications pour le Pas-de-Calais sont dues à de Baron de LAfONs DE mÉLICOCq Al. : publia en nombreux correspondants qui furent eux aussi de 1848-1849 “Plantes croissant spontanément zélés explorateurs ; citons pour la Flandre DELARUE dans les environs de Béthune et observées par M. (environs de Béthune, Annezin), le Dr DESCHAMPS Al. de la Fons de Melicocq, propriétaire à Douvrin”. (environs de Saint-Omer – voir l’encart consacré Dans cette œuvre, il cite les localités des espèces à cet auteur) et DOVERGNE Fils (environs de les plus rares des marais. On y trouve notamment Béthune, Hesdigneul, Labuissière, etc ..). de la botanique Un peu d’histoire de nombreuses données témoignant de la richesse floristique des marais situés sur les communes VAN tIEghEm Philippe (né à Bailleul en 1839 de Beuvry, Cuinchy, Annequin (Drosera longifolia, et décédé à Paris en 1914), Docteur ès-sciences Utricularia intermedia, Spiranthes aestivalis, physiques en 1864. Il devient Maître de conférence Euphorbia palustris…). de botanique à l’École normale supérieure (1864 à 1878). En 1866, il devient docteur ès-sciences VANDAmmE henri, pharmacien à Hazebrouck. naturelles et membre de la section botanique de Il publie en 1850 la “Flore complète de l’Académie des sciences de Paris. En 1899, il est l’arrondissement d’Hazebrouck”. Cette flore est élu président de l’Académie des sciences. De 1873 suivie d’un appendice (datant de 1854) complétant à 1876, il publie 3 mémoires sur les Ucorinées le premier ouvrage et considérant un territoire plus (moisissures non pathogènes saprophytes). En large, puis de deux suppléments (1860 et 1864). 1884 paraît un traité de botanique et en 1898 il Pour chaque taxon, il indique un descriptif publie les “Eléments de botanique”. morphologique sommaire, l’époque de floraison, le Malgré l’importance de ses travaux scientifiques, il nom français et le nom local flamand, l’écologie, les ne semble pas que ce botaniste ait apporté une éventuels usages médicinaux, alimentaires.... Outre contribution à la connaissance de la flore sauvage les espèces indigènes, il cite aussi quelques plantes, de sa Flandre natale ! arbres et arbustes ornementaux. Il reprend dans sa flore les données de DESMYTTERE, complétées par ses observations personnelles. Le lecteur trouvera dans le chapitre sur les plantes disparues

CussAC Jules. On ne sait quasi rien de ce botaniste lillois ayant herborisé dans le Nord - Pas de Calais et ailleurs en France (Val de Loire notamment) vers le milieu du XIXe siècle. Seul son important herbier est arrivé jusqu’à nous. Propriété de l’Université de Lille 1 (U.S.T.L.), il est en dépôt au Conservatoire botanique national de Bailleul. Il a été entièrement révisé (et modestement complété) par André BERTON vers le milieu du XXe siècle. Un premier inventaire de cet herbier a été réalisé en 2001 mais l’exploitation complète des données et la vérification de certaines déterminations restent à réaliser.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 5 7 Abbé BOuLAY Nicolas, Docteur ès-sciences. la Société Botanique de France. Il prend la suite du Il publie en trois fascicules successifs (1878, 1879 travail floristique commencé par l’abbé BOULAY sur et 1880) la “Révision de la Flore des départements le Nord – Pas de Calais mais choisit de se limiter au du Nord de la France”. Pas-de-Calais afin de pouvoir mener à terme son D’après MASCLEF, “C’est le meilleur travail de œuvre. Il publie en 1886 le “Catalogue raisonné géographie botanique que nous possédions sur les des plantes vasculaires du département du Pas- départements du nord de la France (...) Il divise sa de-Calais”, avec l’aide de nombreux botanistes de circonscription en cinq zones, le littoral, les terrains la région (citons pour le territoire de l’Atlas Léon arénacés siliceux, les collines crayeuses du Pas- GÉNEAU DE LAMARLIÈRE pour les environs de de-Calais, les plaines de la Flandre et la région Guînes et A. GÉRARD pour les environs de Lumbres ardennaise.”. Hélas, l’Abbé BOULAY laisse peu à peu près de Saint-Omer). de côté ce projet considérable qu’est la publication Dans cet ouvrage remarquable, il est un des d’une flore régionale, surtout qu’il s’intéresse de plus premiers botanistes régionaux à s’inquiéter de la en plus aux études sur les mousses, les ronces et les régression de la diversité floristique, en particulier végétaux fossiles. Il laisse le soin à l’Abbé MASCLEF dans les grands marais tourbeux qui font déjà l’objet de continuer son œuvre sur la flore régionale… depuis un demi-siècle de travaux de dessèchement. Il constate ainsi amèrement les disparitions de COPINEAu Charles : publie en 1884 dans le Bulletin “Drosera rotundifolia, Liparis loeselii, Eriophorum de la Société Linnéenne du Nord de la France ses gracile des marais d’Emmerin, près de Lille, où “Contributions à la flore du Nord de la France”. On elles avaient été recueillies par Th. Lestiboudois et peut y retenir quelques trouvailles remarquables : J. Cussac. Le Menyanthes trifoliata encore récolté Orobanche du genêt (Orobanche rapum-genistae) dans ces mêmes marais, il y a une dizaine d’années, et Cuscute à petites fleurs (Cuscuta epithymum) au par l’abbé BOULAY, est aujourd’hui complètement

Un peu d’histoire de la botanique Un peu d’histoire Mont des Cats, Lycopode en massue (Lycopodium détruit”. clavatum) au Mont Noir. La description des taxons comprend : nom latin, nom français, période de floraison, écologie et Abbé mAsCLEf Amédée : Professeur de Sciences rareté. Il indique de nombreuses localités précises naturelles au Petit-séminaire d’Arras et Membre de (en citant les inventeurs de ces données).

LE DÉBut Du xxE sIèCLE : la végétation du littoral aux environs de Dunkerque. Il DEs tRAVAux CIBLÉs suR DEs décrit, à l’est puis à l’ouest de cette ville les principaux tERRItOIREs REstREINts types de milieux et précise la flore associée. On y notera l’intéressante description des dépressions fOCkEu henri, Docteur, chargé de cours à la faculté humides (pannes) des dunes à l’est de Dunkerque, de Médecine de Lille, publie en 1901, dans le Bulletin alors constituées de fourrés de 2m à 2,5 m de hauteur, de l’Université de Lille et de l’Académie de Lille, la “Flore dominés par l’Argousier, parsemés de Sureau noir, de lilloise limitée au périmètre extérieur des glacis”. Cet saules et de peupliers (blanc, tremble et noir) au pied inventaire est remarquablement complet ; on y trouve desquels il relève une flore herbacée comprenant les des listes d’espèces pour les mousses, les hépatiques, plantes caractéristiques de ces milieux (Parnassia les algues, les diatomées, les champignons et les lichens. palustris, Schoenus nigricans, Hydrocotyle vulgaris, Pour la flore vasculaire, on relèvera quelques espèces Sagina nodosa…). L’Argousier était en ce temps des marais tourbeux alcalins observées par l’auteur apparemment rare dans les dunes sèches : “Cà et là, et disparues de la vallée de on remarque quelques pieds d’Hippophaë rhamnoïdes la Deûle depuis plusieurs L. rabougris, (…).”. décennies : Ranunculus lingua, “Utricularia vulgaris”, Abbé gODON Joseph (1858-1932) : son œuvre Pedicularis palustris, Eriopho- la plus remarquable fut la “Flore du Cambrésis” rum angustifolium… (1888), son secteur privilégié d’herborisation. Il rédigea également une flore de référence de Abbé LABEAu Arthur, l’Avesnois : “Promenades dans l’Avesnois” (1910). né en 1879, professeur Toutes ses herborisations débouchèrent sur un de Sciences naturelles à ouvrage de synthèse, “Caractéristiques de la flore du l’Institution Notre-Dame département du Nord” publié en 1909 et dont sont des Dunes à Dunkerque, extraites les rares données concernant le territoire de publie en 1905 et en l’Atlas (observations d’Apium repens et de Menyanthes 1907 une “Note sur la trifoliata dans les Marais d’Emmerin-Haubourdin…). flore maritime du littoral français de la mer du Docteur BOuLY de , Docteur ès-sciences : il Nord”. Ce travail donne publie en 1934 “Graminées indigènes et adventices une vue d’ensemble de des environs de Dunkerque”. Il décrit successivement

5 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE les dunes littorales et les dunes pleistocènes de figurent dans la biblio- Ghyvelde / la plaine maritime / le Pays au bois ou graphie du présent . On y remarquera la liste impressionnante de ouvrage. Son herbier, taxons exogènes, en provenance du monde entier, liée partiellement exploité aux activités portuaires. Les tas de débris d’arachides de ici, comporte un peu l’ancienne usine Lesieur de Capelle-la-Grande lui livrent plus de 4000 planches de nombreuses trouvailles botaniques plus étonnantes conservées au Conserva- les unes que les autres (pour la plupart non reprises toire botanique national dans cet Atlas). de Bailleul.

hOCquEttE maurice (1902-1984), Docteur ès Commandant BERtON Sciences naturelles : en 1943, il est nommé professeur André : médecin de titulaire de la chaire de Botanique générale et appli- l’armée, fut un floristicien quée de la Faculté des sciences de Lille et directeur de très actif dans le Nord de l’Institut botanique de Lille. En 1947, il fonde et préside la France. Dans les années jusqu’en 1969 la Société de botanique du Nord de la 50-60, il publie dans le France. bulletin de la Société de Publié en 1927, son mémoire pour l’obtention du botanique du Nord de grade de Docteur “La végétation et la flore du littoral la France de nombreuses de la Mer du Nord, de Nieuport à Sangatte” fait notes floristiques (voir bibliographie). Son herbier reste Botaniste à du professeur HOCQUETTE l’un des pionniers de la à localiser. Il a déposé aux Archives départementales de l’assaut des monts phytosociologie en France. Ses travaux permirent la un manuscrit où il consignait ses observations de flandre... ? description de plusieurs communautés végétales littora- botaniques. BERTON a révisé l’herbier de J. CUSSAC et Source : “Guide du botaniste herborisant” les et apportent de précieuses informations concernant y a inséré quelques récoltes personnelles. de B. VERLOT (1865) de la botanique Un peu d’histoire l’état des sites littoraux flamands de l’époque. D’autres publications de cet auteur concernant la flore régionale

LEs ANNÉEs 1970-1980 : actifs seront Léon DELVOSALLE, Jean-Marie GÉHU, LEs INVENtAIREs DE L’INstItut Lucien DURIN (dans l’Est de la région) et Jean-Roger fLORIstIquE fRANCO-BELgE WATTEZ (Montreuillois surtout). Leur travail, ainsi que celui de nombreux autres botanistes, a permis Stimulés par le dynamisme des botanistes belges à l’IFFB d’éditer, entre 1977 et 2001 dans sa revue et luxembourgeois, réunis autour du programme “Documents floristiques”, 932 cartes de distribution. d’atlas de la flore vasculaire de ces deux pays sous Un atlas complet devrait prochainement être publié. la forme d’une association, l’Institut floristique La très grande majorité des données “historiques” Belgo-Luxembourgeois (IfBL), quelques botanistes traitées dans notre Atlas provient des innombrables du Nord-Ouest de la France s’associent à Léon bordereaux de relevés de l’IFFB. Que l’enthousiasme DELVOSALLE, pilier de l’IFBL, pour créer en 1973 une et la compétence de ses membres soient encore une nouvelle association – l’Institut Floristique Franco- fois salués ici. Belge (IFFB) – et initier le programme de cartographie floristique “Normandie-Rhin”. Ce programme très ambitieux vise à cartographier, en maille de 4 km x LA sOCIÉtÉ DE BOtANIquE Du NORD 4 km, toutes les plantes vasculaires d’un territoire DE LA fRANCE s’étendant du Cotentin au Rhin, au nord d’une ligne Depuis 1947, date de sa création par Maurice passant un peu au sud de Paris, et incluant toute la HOCQUETTE et ses confrères, la Société de botanique Belgique et le Luxembourg ainsi que le Sud des Pays- du Nord de la France (SBNF) fédère les énergies et Bas et l’extrême Ouest de l’Allemagne. les projets des botanistes nordistes. Son bulletin Dans le Nord – Pas de Calais, les botanistes les plus est le lieu privilégié de publication des découvertes floristiques pour notre région. Pour la période 1980-

Source : 2007, nous citerons, parmi ses membres les plus actifs Documents floristiques Jean-Marie GÉHU, Bruno DE FOUCAULT, Frédéric Tome 3 fasc. 4 (1985) DUPONT, Daniel PETIT, Jean-Roger WATTEZ, Jean- Pierre GAVÉRIAUX, Raymond JEAN, Jean DELAY, les époux DUBOIS et la majorité des botanistes qui travaillent ou ont travaillé au CRP/CBNBL. Par les sorties et les conférences qu’elle organise tout au long de l’année, la SBNF continue inlassablement de faire vivre la botanique et la phytosociologie dans notre région. N’hésitez-pas à lui apporter votre soutien en devenant adhérent ! (voir rubrique “Adresses utiles” à la fin de cet ouvrage)

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 5 9 Les menaces sur la flore

En raison notamment de la richesse de ses terres Les prairies permanentes, jadis si diversifiées et agricoles, de son relief quasi inexistant, de son attrait colorées, ne sont plus en général qu’un tapis graminéen pour les activités industrielles (ports, réseaux fluviaux, monochrome, dominé par quelques espèces de ferrroviaires et routiers développés) et de l’essor de bonne valeur fourragère où la moindre dicotylédone l’urbanisation, le territoire de la Flandre française indésirable (renoncule, chardon, ortie) est aussitôt subit, depuis de nombreuses décennies, de multiples traitée chimiquement… Les apports réguliers d’engrais altérations qui réduisent considérablement la diversité (et parfois d’amendements calciques) finissent

et l’originalité de la flore sauvage et de la végétation. d’éliminer les espèces sensibles qui contribuent à la Photo : diversité et à l’intérêt floristique de ces milieux. B. Toussaint Dans les champs cultivés, qui constituent 61 % du territoire, l’utilisation massive, depuis les années 1950- Les menaces sur la flore 1960, d’engrais et de désherbants chimiques a détruit presque totalement la flore commensale si originale. Aujourd’hui, trouver un bleuet en bordure d’un champ en Flandre relève de l’exploit mais nos grands-parents ont connu des champs bleus et rouges de bleuets et de coquelicots. Même les milieux avoisinants Photo : (haies, accotements routiers…) sont affectés par ces F. Hendoux traitements phytosanitaires.

Dans ces conditions, les accotements routiers jouent souvent un rôle de refuge pour de nombreuses espèces prairiales repoussées du système pastoral intensif actuel. Autrefois, ces espaces étaient fauchés et le foin était ramassé ; aujourd’hui, la matière végétale est gyrobroyée et laissée sur place où, en se décomposant, elle eutrophise le milieu et concourt à sa banalisation floristique. C’est ainsi que les marguerites, normalement répandues et abondantes le long des routes, y sont désormais en nette régression.

Photo : D. Mercier

Photo : C. Blondel Les amendements calciques et les drainages des parcelles trop humides finissent d’homogénéiser L’utilisation massive des sels de déneigement a la flore des champs cultivés, en faisant disparaître également un impact significatif sur la flore des bords les rares espèces caractéristiques des sols acides ou de route, en permettant certes l’apparition d’espèces humides qui auraient pu y persister. halophiles jusqu’il y a peu cantonnées au bord de mer

6 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE (Puccinellia distans, Cochlearia danica, Spergularia Si les bois et forêts restent globalement moins affectés marina), mais en causant aussi sans doute la régression que le reste de la trame paysagère agricole avoisinante, ou la disparition de nombreuses espèces sensibles. certaines pratiques sont néanmoins dommageables telles l’utilisation d’engins de débardages trop lourds Les haies, support de biodiversité faunistique et pour les sols argileux, la création trop systématique floristique, ont été pour l’essentiel arrachées, excepté au de vastes coupes “à blanc”, les traitements visant à niveau des monts où subsistent quelques îlots bocagers, éliminer les ronces et les Fougères aigles ou encore lors des derniers grands remembrements qu’a connus la la plantations d’essences non indigènes telles que les Flandre dans les années 1980-1990. Aujourd’hui, pour conifères, rarement utilisés il est vrai sur le territoire limiter notamment les phénomènes d’érosion des terres de l’Atlas, ou, plus régulièrement, les peupliers agricoles accélérés par ces arrachages, on commence euraméricains. Certains aménagements (création de à replanter des haies, parfois malheureusement avec nouveaux layons et de parkings, creusement de fossés, des plants d’origine géographique peu adaptée. Si ces remblaiement de chemins inondables…) peuvent haies récentes peuvent, en quelques années, contribuer également nuire aux équilibres écologiques du milieu à la restructuration bocagère d’un territoire, elles sont forestier. Cependant, le maintien de pratiques variées cependant (et pour longtemps) beaucoup plus pauvres de gestion au niveau des peuplements forestiers

floristiquement que les anciennes haies détruites. permet, globalement, le maintien de la diversité de la Les menaces sur la flore flore et des forestières et préforestières. Si l’on peut considérer que les forêts de Flandre n’ont subi qu’une érosion limitée de leur biodiversité (du moins depuis l’après-guerre), la flore de leurs lisières externes a été en grande partie détruite par l’intensification des pratiques agricoles sur les parcelles attenantes.

Les zones humides de la Flandre ont payé un lourd tribut à l’évolution des pratiques agricoles, industrielles et urbaines. La pollution des eaux (eutrophisation, pollution par les métaux lourds, hydrocarbures ou autres substances chimiques nocives) est un phénomène généralisé dont les origines sont Photo : multiples : intrants agricoles, effluents domestiques, D. Mercier rejets industriels… Même l’eau des nappes phréatiques, jusque là relativement épargnée, montre des signes Dans les villes et villages, les herbicides sont alarmants de dégradation physico-chimique (nitrates massivement employés sur les trottoirs, sur les et phosphates notamment) qui, outre les problèmes vieux murs, dans les friches, éliminant un peu de de santé publique, menacent les communautés et cette “biodiversité ordinaire” partout malmenée. espèces végétales aquatiques et palustres sensibles qui Des techniques alternatives (destruction thermique notamment) commencent à être timidement utilisées, Photo : présentant au moins l’avantage de ne pas laisser dans B. Toussaint les sols de résidus chimiques mais ne changeant guère le sort des plantes visées !

La réalisation de nouvelles infrastructures (routes, autoroutes, zones industrielles ou artisanales…) et l’extension de l’urbanisation observée dans quasi Photo : chaque village du territoire portent également atteinte B. Toussaint au patrimoine naturel végétal.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 6 1 avaient trouvé refuge dans les eaux des résurgeances phréatiques. L’accroissement continu de la population de la Flandre, territoire dépourvu de nappe phréatique et donc dépendant des pompages effectués sur ses marges sud-ouest, est un facteur agravant risquant de mettre en péril, à moyen terme, ses dernières zones humides de haute valeur écologique (marais de Guînes, marais audomarois, marais du Béthunois en particulier). génie écologique. Il ne faut pas oublier ici les nombreux Photo : sites dunaires ou estuariens détruits par les travaux G. Lemoine Si le drainage planifié, voire le comblement des zones d’aménagements portuaires (destruction de massifs humides fait en principe partie du passé grâce aux dunaires, construction de digues…), industriels (par évolutions récentes de la Politique agricole commune exemple au Clipon) ou par l’urbanisation (extension et à la Loi sur l’eau, des actions individuelles ou des villes, construction de lotissements, “cabanisation” collectives portent encore régulièrement préjudice à des plages…). des végétations hygrophiles parfois intéressantes du

Les menaces sur la flore point de vue patrimonial. La cueillette ou l’arrachage de certaines espèces attrayantes telles le Lilas de mer (Limonium vulgare) et le Panicaut des dunes (Eryngium maritimum) constituent un autre type de menace, plus ponctuel mais néanmoins significatif pour les espèces concernées. Le nettoyage des plages affecte également la flore très spécialisée inféodée aux laisses de mer. La surfréquentation touristique a aussi un impact important sur le milieu dunaire (rudéralisation, piétinement excessif…).

Plantation d’oyats et pose de ganivelles et de filets pour tenter de cicatriser Photo : les impacts de la T. Cornier surfréquentation La régression, au profit de plantations de peupliers, touristique sur la des prairies hygrophiles, jugées trop peu rentables dune bordière. économiquement, constitue encore une menace Photo : G. Lemoine active dans les zones alluviales. L’extraction de tourbe, à l’origine de l’existence de nombreux plans d’eau, est aujourd’hui abandonnée mais les activités de loisirs nautiques constituent localement une menace active sur des espèces ou des communautés végétales aquatiques ou amphibies sensibles.

Si l’on peut considérer aujourd’hui que la majeure partie des sites hébergeant des landes et des pelouses acidiphiles bénéficie, d’une manière ou d’une autre, d’une protection à moyen ou long terme, celle-ci est En outre, les pompages et l’exploitation des nappes cependant soumise à la pérennisation des actions de d’eau superficielles pour différents usages agricoles, restauration et de gestion entreprises, opérations sans industriels ou de loisirs (étangs de pêche et de chasse…) lesquelles la dynamique naturelle d’embroussaillement ont profondément perturbé le fonctionnement puis de boisement spontané de ces milieux semi- hydrologique des pannes de ces milieux dunaires dont naturels ouverts de très haute valeur patrimoniale les végétations herbacées oligotrophiles ont bien du conduira tôt ou tard à leur disparition. L’urbanisation mal à se maintenir, malgré les efforts des gestionnaires et la construction de nouvelles infrastructures ont actuels. cependant encore assez récemment concourru à la destruction directe de milieux fragiles et même à la Les plantes invasives exotiques, introduites disparition d’une des deux seules stations régionales volontairement ou non par l’homme dans les milieux connues du Millepertuis des marais (Hypericum naturels et semi-naturels, constituent une nouvelle elodes). menace, particulièrement préoccupante pour l’avenir des milieux aquatiques et des zones humides. Les La situation est assez comparable pour les espaces jussies (Ludwigia grandiflora et L. peploides) sont littoraux, pour la plupart protégés mais dont le de plus en plus régulièrement signalées et ont déjà maintien de la biodiversité actuelle passe également largement colonisé certains sites (canal de la Haute- par des opérations souvent lourdes et coûteuses de Colme, canal de Roubaix), l’Hydrocotyle fausse-

6 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE grandes fleurs. haute-Colme Photo : B. Toussaint Canal dela envahi par la Jussie à aqe ea glmn à uvilr Ls renouées Les surveiller… asiatiques à également sera Marque helmsii) marais des années l’Orpin Lys, la dernières de vallée la toutes dans ces remarquée apparition e ééaiain tnn cmt ds considérations des compte tenant végétalisation, de de plantes indigènes régionaux et la définition d’écotypes de cahiers des charges production de filière d’une des (cas certain vulneraria Anthyllis écologique et patrimonial intérêt un présentent certains dont spontanés infrataxons les s’agir régionale, peut ce qui présente un risque il d’introgression avec flore notre à étrangers et d’infrataxons voire d’écotypes, inconnue géographique Les d’origine adaptées général mal en invasives.sont récepteur, milieu souvent au écologiquement , non potentiellement indigènes espèces espèces voire habituellement des utilisés indigènes, malheureusement plantes de comportent mélanges les peut végétales paraîtrenaturaliste,séduisante,du yeux aux compris y d’espèces l’introduction depuis malmenée longtemps, si été nos a dans biodiversité la que où régions vrai est S’il territoriales. des collectivités et particuliers des auprès vantées sont insectes) les pour nourriture (biodiversité, environnementales et esthétiques qualités les dont fleuries” “prairiesdes travers au aussi mais minières, friches de et terrils de dans le bassin minier, dans le cadre des requalifications notamment important, développement un connu peu Les de encore beaux jours devant malheureusement ellesenFlandre… ont qu’elles Gageons récepteurs.écosystèmes des prononcée moins ou plus ces de l’extension espèces invasives et sont, en général, l’apparition liées à une altération que ici Rappelons spectaculairement. u Cap du Séneçon rudéralisées,le moins ou plus dunes les Dans patrimonial. d’intérêt espèces des et parfois végétations concurrencent des elles où humides à frais lieux les dans spectaculaire parfois développement un avec renoncule

prtos e re(végétalisation) de opérations éemn dcuet as a ale e la de vallée la dans découvert récemment Snco inaequidens) (Senecio (Fallopia japonica…) Hdooye ranunculoides) (Hydrocotyle a eepe. e développement Le exemple). par sont présentes partout, e éeop parfois développe se fi une fait a n depuis ont (Crassula nn le Enfin, mises enœuvre parlesgestionnaires d’espaces. aujourd’huipréservation de mesures des dépit en ceci peut conduire qui à moyen ce ou long terme génétiquement, à leur disparition, et géographiquement isolées l’extrême aujourd’hui de valeursont patrimoniale haute de espèces raison en global, fragmentation vue des habitats naturels de point D’un vivement souhaitables. seraient chorologiques, et écologiques taxonomiques, énon idrceet mats a ls activités environnantes. les par impactés indirectement mais néanmoins préservés espaces quelques sur concentrera se biodiversité la apauvrie,extrêmementoù globalement perceptible déjà aujourd’hui, d’une tendance,évolution vers un territoire à la flore la encore accentuera on ne ordinaire” “nature de espaces redevient pas plus des respectueuse de la diversité gestion végétale, la Si (gyrobroyage, herbicides…). aujourd’hui abondantes relativement encore espèces nombreuses de défavorablesà pratiques de l’usage de poursuite la de et sols hydrogéologiques,des et eaux modifications des pollutions des des terme long moyen et à l’impact de s’inquiéter néanmoins peut on le française, Flandre la de et territoire sur du floristique phytocœnotique diversité la permet de optimiste terme gérés court à relativement maintien et protégés d’être d’espaces aujourd’hui réseau le Si consacré auxplantesdisparues, enestlereflet. suivant,chapitre du pages de nombre Le précédé. ont par rapport à celle qu’ont connu les botanistes qui apauvrie nous considérablement déjà est française Flandre en aujourd’hui observons ces nous que de flore multitude la menaces, la de tenu compte conclusion, En des l’abondance espèces, des populations… distribution la flore dans La végétation. profondes la modifications des à probablement connaîtra défi nouveau un apporte hneet lmtqe global climatique changement aux dépensd’uneflore etd’unevégétation originales etdiversifiées, adaptéesàces conditions écologiques contraignantes. E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F terril massivement revégétalisé, , de nombreuses Photo : B. Toussaint annoncé

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Les menaces sur la flore Plantes indigènes ou naturalisées Plantes disparues à grande échelle de la Flandre française (archéophytes inclus) Adonis aestivalis L. (RENONCULACÉES) - Adonide d’été, Zomeradonis - Rares L’analyse des données historiques montre combien la flore sauvage a mentions historiques sur le territoire subi de plein fouet, sur le territoire de l’Atlas comme ailleurs dans la de l’Atlas : Cysoing [GODON 1909] et e près de Lille [HOCQUETTE région, les mutations agricoles, industrielles et urbaines du XX siècle, 1925]. Probablement adventice fugace

Plantes disparues ainsi que les diverses autres atteintes à l’environnement brièvement dans ces localités. Cette messicole était évoquées dans les pages précédentes. à cette époque assez répandue sur les terrains crayeux de la plaine de la Gohelle (au sud de Béthune, en dehors Ce chapitre détaille, pour le territoire de l’Atlas (avec cependant une du territoire de l’Atlas). imprécision parfois importante sur la localisation des stations historiques) Adonis annua L. (RENONCULACÉES) les informations relatives à : - Adonide d’automme, Goutte-de- • 122 taxons indigènes ou naturalisés à grande échelle (archéophytes sang, Herfstadonis - Cité jadis dans inclus) ; un champ à Morbecque [VANDAMME • 71 taxons adventices, échappés de culture ou naturalisés localement. 1850]. Plante messicole calciphile assez Cette liste n’est pas exhaustive (par exemple, les très nombreuses répandue au XIXe siècle dans la plaine graminées adventices observées aux environs de Dunkerque par B. DE crayeuse de la Gohelle. LESDAIN [1934] n’ont pas été systématiquement reprises) ; Agrostemma githago L. (CARYOPHYL- • 18 taxons cités par erreur ou de présence historique douteuse dans LACÉES) - Nielle des blés, Bolderik - Jadis le territoire (un dépouillement exhaustif des herbiers pourrait permettre répandue dans les cultures. Quelques de trancher certains cas difficiles à apprécier en l’état des informations citations en milieu urbain, notamment à disponibles). Lille [FOCKEU 1901]. La dernière obser- vation dans le territoire, à Dunkerque, Le diagramme ci-dessous indique la répartition relative des disparitions par remonte à 1961 (par L. DELVOSALLE). grands types de milieux (nous avons repris ici la typologie simplifiée utilisée L’espèce est aujourd’hui de plus en plus utilisée dans les “mélanges fleuris” dans le “ Guide des plantes protégées et menacées de la région Nord/Pas- pour les espaces publics de nos villes et de-Calais ”). villages. On y constate la part prédominante des cultures, des pelouses, landes et forêts acidiphiles, des bas-marais et tourbières, et des zones humides Anemone ranunculoides L. (RENON- alluviales (incluant les milieux aquatiques non tourbeux). CULACÉES) -Anémone fausse-renoncule, Gele anemoon - Une unique mention aux environs de Saint-Omer [MASCLEF 1886], peut-être en dehors du périmè- Répartition par grands types de milieu des taxons indigènes ou naturalisés disparus tre de l’Atlas. Cette station était assez isolée de l’aire principale de distribution de cette espèce à affinités continenta- les (limite d’aire 2% 12% 6% occidentale dans Dunes l’Avesnois). 3% Prés salés et milieux saumâtres 19% Bas-marais et tourbières Zones humides alluviales 25% et milieux aquatiques non tourbeux Pelouses, landes et forêts acidiphiles Bocage 19% Cultures 4% Friches et terrils Autre ou indéfini 23%

Adonis annua L. Photo : B. Toussaint

Anemone ranunculoides L. Photo : B. Toussaint

6 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Antennaria dioica (L.) gaertn. était apparemment cultivée jadis dans (ASTERACÉES) - Antennaire dioïque, les parcs et jardins [VANDAMME Pied-de-chat, Rozenkransje - Cité 1850]. Cette espèce est aujourd’hui historiquement dans plusieurs localités disparue de toute la région Nord - Pas des environs de St-Omer et de Béthune : de Calais. plateau d’Helfaut [BOULAY 1880 et MASCLEF 1886], Mazinghen [MASCLEF Asparagus officinalis L. subsp. pros- 1886], Hesdigneul-lès-Béthune [MAS- tratus (Dum.) Corb. (LILIACÉES) - CLEF 1886] et Beuvry [LAFONS de Asperge prostrée, Liggende asperge Campanula glomerata L. MÉLICOCQ 1849]. Cette espèce - Aurait été observée jadis par l’Abbé Photo : B. Toussaint aujourd’hui totalement disparue du A. QUEULAIN dans les dunes des Nord - Pas de Calais (et de nombreuses environs de Dunkerque [MASCLEF régions de plaine françaises) devait être 1886]. N’a pas été retrouvée par M. à l’époque essentiellement inféodée à HOCQUETTE dans les années 1920. Campanula rapunculus L. (CAMPANU- des pelouses sèches siliceuses, acides L’Asperge prostrée est encore présente, LACÉES) - Campanule raiponce, Plantes disparues et oligotrophes et, peut-être, à de rares mais très menacée, sur la côte belge Rapunzelklokje - Jadis mentionnée à landes subcontinentales sur substrat [VAN LANDUYT & al. 2006] ; elle Beuvry et Lapugnoy [MASCLEF 1886]. non ou peu acide. semble en revanche disparue des dunes Observée en 2002 par D. MERCIER de la côte d’Opale où elle était citée sur la commune d’Éperlecques, peut- Armeria maritima Willd. subsp. historiquement de Boulogne-sur-Mer à être en dehors du périmètre de l’Atlas maritima (PLUMBAGINACÉES) - Armé- la Baie de Somme. Ce taxon mériterait (localisation à préciser). rie maritime, Engels gras - Signalée au d’être spécifiquement recherché sur XIXe siècle dans les prairies halophiles les côtes du Nord de la France. Carex appropinquata C.f. schumach. du Dunkerquois [VANDAMME 1854] et (CYPÉRACÉES) - Laîche paradoxale, du Calaisis [BOULAY 1878 et MASCLEF Bromus arvensis L. (POACÉES) - Brome Paardehaarzegge - Disparue depuis 1886], l’Armérie maritime a été observée des champs, Akkerdravik - Probablement longtemps des marais tourbeux jusqu’en 1987 sur une digue de la jetée assez répandu jadis dans les moissons. alcalins de Beuvry/Annequin [LAFONS est du port de Calais [BRUNEEL 1988]. Les mentions historiques précises sont, de MÉLICOCQ 1849] et d’Emmerin/ Elle n’a pas été confirmée récemment par conséquent, plutôt rares : Lille Haubourdin [BOULAY 1880 ; GODON sur le territoire de l’Atlas mais reste [FOCKEU 1901]. Aurait été observé 1909]. abondante sur les falaises jurassiques jusque dans les années 1960-1970 dans du Boulonnais juste au sud. les environs d’Éperlecques [DURIN & Carex brizoides L. (CYPÉRACÉES) GÉHU 1986] et en 1978 à Labuissière - Laîche fausse-brize, Trilgraszegge - Arnoseris minima (L.) schweigg. et près de Béthune (par L. DELVOSALLE). Signalée dans les années 1920 dans körte (ASTERACÉES) - Arnoséride naine, L’espèce est aujourd’hui en voie de le bois de Saint-Acaire à Korensla - Espèce des moissons maigres disparition dans la région. [DURIN & GÉHU 1986]. Cette laîche sur sols sableux acides, signalée jadis d’indigénat douteux dans la région sur les pentes du Mont Noir [GODON Bupleurum rotundifolium L. (APIACÉES) y a probablement été introduite 1909] et dans les dunes décalcifiées de - Buplèvre à feuillles rondes, Doorwas fortuitement par les troupes allemandes Ghyvelde [BOULY de LESDAIN 1934]. - Signalé historiquement dans les lors de la première guerre mondiale. Une mention plus récente à Roubaix champs “en bas d’Hazebrouck” par H. (L. DELVOSALLE en 1965), sans doute VANDAMME [1850], aux environs de Carex diandra schrank (CYPÉRACÉES) adventice fugace. La Bassée [MASCLEF 1886], à Roubaix - Laîche arrondie, Ronde zegge - Jadis [GODON 1901] et à Marcq-en-Barœul où localisée dans les marais tourbeux Artemisia maritima L. (ASTERACÉES) - il a été observé par l’Abbé A. QUEULAIN alcalins de Beuvry et d’Annequin Armoise maritime, Zeealsem - Citée par [MASCLEF 1886]. Il est difficile de définir [LAFONS de MÉLICOCQ 1849]. la plupart des auteurs historiques sur le le statut de la plante dans le territoire de littoral entre Calais et la frontière belge l’Atlas (archéophyte bien implanté ou Carex dioica L. (CYPÉRACÉES) - Laîche (Calais, Grand-Fort-Philippe, Mardyck, adventice sporadique ?). dioïque, Tweehuizige zegge - Disparu Dunkerque…). Les dernières observations depuis longtemps des marais tourbeux remontent à HOCQUETTE [1927], à Bupleurum tenuissimum L. (APIACÉES) alcalins d’Emmerin et d’Haubourdin l’est de Calais et à Grand-Fort-Philippe. - Buplèvre menu, Fijn goudscherm - [GODON 1909]. C’est la seule mention Une recolonisation des habitats de Signalé jadis à Calais [MASCLEF 1886]. de cette espèce boréale dans le Nord - haut de prés salés qu’affectionne cette Cette espèce était apparemment assez Pas de Calais. espèce halophile n’est pas à exclure répandue à cette époque sur la côte mais les effectifs régionaux très faibles belge [VAN LANDUYT & al. 2006], sur Carex ericetorum Pollich (CYPÉRACÉES) de cette espèce rendent cet événement le littoral du Boulonnais et sur le littoral - Laîche des bruyères, Heidezegge - bien aléatoire... Picard mais elle en a totalement disparu Une mention historique vague de F.-J. depuis longtemps. LESTIBOUDOIS à St-Omer [MASCLEF Asarum europaeum L. (ARISTOLO- 1886]. Cette localité est très éloignée du CHIACÉES) - Asaret d’Europe, Campanula glomerata L. (CAMPANU- reste de l’aire de cette espèce aujourd’hui Mansoor - Signalé historiquement LACÉES) - Campanule agglomérée, quasi éteinte dans le Nord de la France. dans les bois du Mont des Récollets à Kluwenklokje - Signalée historiquement Cassel [BOULAY 1878], “sur calcaire” de manière vague à Béthune [MASCLEF Carex laevigata smith (CYPÉRACÉES) (comprendre plutôt sables calcareux 1886]. S’agissant d’une espèce calcicole, - Laîche lisse, Gladde zegge - Jadis du Lutétien supérieur). L’indigénat de il est probable qu’elle était alors localisée dans les landes de Wisques [MASCLEF cette population est douteux. La plante au sud du territoire de l’Atlas. 1886]. Signalée au début du XXe siècle

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 6 5 par J. GOFFART dans les environs Cuscuta epilinum Weihe (CUSCU- Drosera intermedia hayne (DROSÉ- d’Hazebrouck [LERICQ 1964]. TACÉES) - Cuscute du lin, Vlaswarkruid - RACÉES) - Rossolis intermédiaire, Citée à Cambrin (et Douvrin) par LAFONS Kleine zonnedauw - Deux citations très Carex lasiocarpa Ehrh. (CYPÉRACÉES) de MÉLICOCQ [MASCLEF 1886]. Il s’agit anciennes : dans les environs de Saint- - Laîche filiforme, Draadzegge - Quelques des deux seules localités précisées dans Omer [MASCLEF 1886] et à Hesdigneul- mentions très anciennes dans les tourbiè- les flores anciennes du Nord - Pas de lès-Béthune [MASCLEF 1886]. res alcalines du Béthunois (Beuvry, Cam- Calais pour cette plante parasite du lin brin, Cuinchy [LAFONS de MÉLICOCQ cultivé. Elle semble avoir toujours été Drosera rotundifolia L. (DROSÉRACÉES) 1865]) et de la vallée de la Deûle (Emme- très rare (citée comme telle par GODON - Rossolis à feuilles rondes, Ronde rin et Lille [MASCLEF 1886]). pour le département du Nord) mais des zonnedauw - Semble avoir toujours mentions telles celle de VANDAMME été très rare sur le plateau d’Helfaut. Carex pulicaris L. (CYPÉRACÉES) “Cuscuta europaea... parasite sur les Observé apparemment pour la dernière - Laîche puce, Vlozegge - Signalée fève, le lin, etc.” laissent penser que C. fois dans ce secteur sur le communal de historiquement dans les landes de epilinum n’était pas toujours distinguée Racquinghem en 1972 par J.-R. WATTEZ Wisques par A. GÉRARD [MASCLEF jadis par les botanistes. [WATTEZ 1977]. Cité jadis à Hesdigneul- Plantes disparues 1886] et dans le “marais au bas de la lès-Béthune [MASCLEF 1886] et dans le montagne de Beuvry” [LAFONS de Cuscuta europaea L. (CUSCUTACÉES) marais d’Emmerin [VANDAMME 1854 MÉLICOCQ 1849]. La mention de C.-J. - Cuscute d’Europe, Grande cuscute, et VANDAMME 1860]. DOVERGNE à Hesdigneul-lès-Béthune Groot warkruid - Mentionnée par E. était probablement aussi dans le FLAHAUT sur le Mont Noir [BOULAY Epipactis purpurata smith (ORCHIDA- territoire de l’Atlas. 1879]. La citation de VANDAMME CÉES) - Épipactis pourpré, Paarse [1850] “parasite sur les fèves, le lin, wespeorchis - Observé en 1986 par Carex tomentosa L. (CYPÉRACÉES) - etc.” concerne probablement d’autres les époux DUBOIS près de l’étang Laîche tomenteuse, Viltzegge - Signalée espèces de cuscutes (notamment C. d’Harchelles en forêt de Rihoult- en 1955 par J.-M. GÉHU et A. LAWALRÉE epilinum Weihe pour le lin). Clairmarais [DUBOIS & DUBOIS- à Helfaut (peut-être sur craie ?). Citée TYLSKY 1987]. Peut-être encore présent jadis dans les environs de Cassel Daphne mezereum L. (THYMÉLÉACÉES) dans cette localité. [VANDAMME 1850] et dans les bruyères – Bois-joli, Bois-gentil, Rood de Beuvry [LAFONS de MÉLICOCQ peperboompje - Une citation historique Equisetum hyemale L. (ÉQUISÉTACÉES) 1849]. Cette espèce est extrêmement vague aux environs de St-Omer - Prêle d’hiver, Schaafstro - Jadis à localisée dans la région. [MASCLEF 1886], peut-être en dehors [VANDAMME 1850] et à Lille du territoire de l’Atlas. (introduit ?) [MASCLEF 1886]. Caucalis platycarpos L. (APIACÉES) - Caucalide à fruits plats, Caucalis - Deschampsia setacea (huds.) hack. Equisetum sylvaticum L. (ÉQUISÉ- Messicole des terrains calcaires signalée (POACÉES) - Canche des marais, TACÉES) - Prêle des forêts, Bospaar- historiquement à Calais [MASCLEF Moerassmele - Espèce atlantique denstaart - Cité à Éperlecques et Watten 1886], à Beuvry [MASCLEF 1886] et signalée historiquement à Clairmarais [DURIN & GÉHU 1986] (pas de mentions dans plusieurs stations à Lille et [MASCLEF 1886], aujourd’hui considérée originelles pour ces localités). Jadis sur les [FOCKEU 1901]. comme disparue de la région (dernières pentes du Mont Noir à Bailleul [MASCLEF mentions en 1958 en forêt de St- 1886 et GODON 1909]. Chenopodium bonus-henricus L. Amand-les-Eaux). (CHENOPODIACÉES) - Chénopode Eriophorum angustifolium honck. bon-Henri, Bon-Henri, Brave hendrik Drosera anglica huds. (DROSÉRACÉES) (CYPÉRACÉES) - Linaigrette à feuilles - Très rarement signalé : environs de - Rossolis à feuilles longues, Lange étroites, Veenpluis - Observée dans les Béthune [LAFONS de MÉLICOCQ 1849], zonnedauw - Cité autrefois à années 1950 sur le plateau d’Helfaut Hazebrouck [VANDAMME 1850], Mont et Clairmarais [VANDAMME 1860], ainsi (par J.-M. GÉHU et F. ROSE). La présence Noir [GODON 1901 ; DURIN et GÉHU que dans les marais de Beuvry à Cuinchy sur ce site postérieurement à 1970 1986 - date d’observation non précisée], [LAFONS de MÉLICOCQ 1849 et (documentation IFFB) est incertaine. Ennetières-en-Weppes (A. DELELIS en LAFONS de MÉLICOCQ 1865]. L’espèce Signalée historiquement à Beuvry et 1974), Tourcoing [LACHMANN 1948]. est depuis longtemps disparue du Nord dans le marais de Cuinchy [LAFONS de Cette espèce plutôt montagnarde était - Pas de Calais. MÉLICOCQ 1849] et à Lille [FOCKEU couramment cultivée autrefois comme 1901]. légume et les mentions historiques correspondent probablement à Eriophorum gracile koch ex Roth d’anciennes naturalisations. (CYPÉRACÉES) - Linaigrette grêle, Slank wollegras - Jadis dans le marais d’Emmerin Coeloglossum viride (L.) hartm. (ORCHIDACÉES) - Coeloglosse vert, Orchis grenouille, Groene nachtorchis - Quelques mentions historiques : Calais et Béthune [MASCLEF 1886], secteur du Clipon (documentation IFFB, pas de donnée source recensée) et prairies tourbeuses de la vallée de la Marque aux environs de et Péronne [GODON Drosera intermedia Hayne 1909]. En voie de disparition dans la Photo : B. Toussaint région (Avesnois, Boulonnais). Honck. Eriophorum angustifolium Photo : V. Cohez

6 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE [MASCLEF 1886 et GODON 1909]. limite orientale du territoire de l’Atlas, Klokjesgentiaan - Une mention très L’espèce est aujourd’hui probablement sur la commune de (peut- ancienne dans les environs de Cassel éteinte dans le Nord - Pas de Calais. être en dehors du territoire, en Pévèle), [VANDAMME 1854]. Cette plante des en bordure d’une prairie humide en prairies tourbeuses très sensible à Eriophorum latifolium hoppe (CYPÉ- hiver [DUBOIS & DUBOIS-TILSKY 1982]. l’eutrophisation a disparu depuis une RACÉES) - Linaigrette à larges feuilles, La station était alors menacée par la cinquantaine d’années de toute la région Breed wollegras - Présence historique construction d’un lotissement ; elle n’a Nord - Pas de Calais. dans les marais de Beuvry et de Cuinchy pas été confirmée depuis. [LAFONS de MÉLICOCQ 1849]. Au bord Hordeum marinum huds. (POACÉES) de l’extinction dans la région. Galeopsis angustifolia Ehrh. ex - Orge maritime, Zeegerst - Cité histori- hoffmann (LAMIACÉES) - Galéopse à quement dans les prairies halophiles du Euphorbia dulcis L. (EUPHORBIACÉES) feuilles étroites, Smalle raai - Cité sur le Calaisis [BOULAY 1878 et MASCLEF - Euphorbe douce, Zoete wolfsmelk - terril n°56 de Verquin (G. CHOISNET en 1886]. Noté plus récemment dans le Signalée historiquement sur le Mont des 1994) où il n’a pas été confirmé malgré Dunkerquois au nord-est de Dunkerque Récollets à Cassel, où elle a été récoltée plusieurs inventaires récents sur ce site. (par L. DELVOSALLE en 1960) et à Fort- en 1850 par J. CUSSAC [Herbier CUSSAC]. Mardyck [GÉHU 1988b] ainsi qu’au Plantes disparues L’Abbé BOULAY semble avoir également Galium pumilum murray (RUBIACÉES) Fort-Vert [BRUNEEL 1988]. Espèce à observé cette plante dans cette localité - Gaillet couché, Kalkwalstro - Une rechercherHypericum sur le elodes littoral L. Photo (actuellement : B. Toussaint [BOULAY 1878]. Citée aussi de manière mention historique sur le Mont des Cats présumée disparue de la région). vague à Béthune [MASCLEF 1886]. [COPINEAU 1884]. Espèce calcicole assez présente juste au sud du territoire Hypericum elodes L. (HYPÉRICACÉES) - Euphorbia palustris L. (EUPHORBIA- de l’Atlas, sur les terrains crayeux Millepertuis des marais, Moerashertshooi CÉES) - Euphorbe des marais, Moeras- (notamment sur les flancs nord et - Disparu depuis la fin des années 1970 du wolfsmelk - Jadis dans le marais audo- ouest du plateau d’Helfaut). A noter une plateau d’Helfaut. Dernière observation marois [MASCLEF 1886] et dans le ma- mention dans une pelouse acidicline sur par J.-M. GÉHU et J.-R. WATTEZ en rais de Cuinchy [LAFONS de MÉLICOCQ ce site qui pourrait être incluse dans le 1977 sur le Communal de Beaumont 1849]. L’espèce est depuis très longtemps périmètre de l’Atlas [BELLENFANT & à Racquinghem, secteur aujourd’hui disparue du Nord - Pas de Calais. coll. 2000b]. Une mention récente sur le occupé par un lotissement. On peut Fort des Dunes à Leffrinckoucke près de encore espérer que la restauration en Filago arvensis L. (ASTERACÉES) - Dunkerque serait à confirmer. cours de mares oligotrophes acides sur le Cotonnière des champs, Akkerviltkruid plateau permette un jour la réapparition - Signalée par LAFONS de MÉLICOCQ Galium tricornutum Dandy (RUBIA- de cette espèce au bord de l’extinction [1849] à Beuvry et par BOULAY [1878] CÉES) - Gaillet à trois cornes, Driehoornig dans le Nord - Pas de Calais. sur les pentes d’une digue à l’ouest de walstro - Plante messicole récoltée par J. Dunkerque. Il s’agit des deux seules CUSSAC en 1850 à Santes et en 1853 à Hypericum montanum L. (HYPÉRICA- mentions dans le Nord - Pas de Calais de Dunkerque [herbier CUSSAC]. CÉES) - Millepertuis des montagnes, cette espèce thermophile des moissons Berghertshooi - Jadis sur le Mont des et pelouses ouvertes sur sols sablonneux Genista tinctoria L. (FABACÉES) - Genêt Cats et le Mont de Boeschèpe [GODON acides. En ce qui concerne la mention des teinturiers, Verfbrem - Deux citations 1909] et dans les environs de Béthune dans le Béthunois, une confusion avec historiques, à St-Omer et à Bruay- [VANDAMME 1860 et MASCLEF 1886]. Filago minima (Smith) Pers., voisin Labuissière [MASCLEF 1886]. On ne Espèce de lisière thermophile au bord morphologiquement, n’est peut-être peut être sûr que ces mentions étaient de l’extinction dans la région (une seule pas à exclure... relatives au strict périmètre de l’Atlas. population actuellement connue).

Fumaria parviflora Lam. (FUMARIA- Genistella sagittalis (L.) gams Impatiens noli-tangere L. (BALSA- CÉES) - Fumeterre à petites fleurs, Kleine (FABACÉES) - Génistelle ailée, Lacet, MINACÉES) - Balsamine n’y-touchez- duivekervel - Une unique mention, à Lille Pijlbrem - Signalée jadis dans les bois pas, Balsamine sauvage, Groot [FOCKEU 1901]. Cette plante messicole acidiphiles du Béthunois : “bois de springzaad - Citée de manière vague à en régression existe encore au sud du Labuissière” [LAFONS de MÉLICOCQ Béthune et Fouquereuil [DURIN & GÉHU territoire de l’Atlas, sur terrains crayeux 1849] et Hesdigneul [MASCLEF 1886]. 1986]. Non confirmée récemment mais (entre Béthune et Arras notamment). à rechercher dans les vallons frais des Gentiana pneumonanthe L. (GENTIA- bois du Béthunois. Citée par FOCKEU Fumaria vaillantii Loisel. (FUMARIA- NACÉES) - Gentiane pneumonanthe, [1901] à Lille dans un ancien jardin CÉES) - Fumeterre de Vaillant, Roze botanique (subspontanée ou plus ou duivekervel - Signalé dans la vallée de moins naturalisée). la Deûle à Santes [DURIN & LERICQ 1956] et à Emmerin (par L. DELVOSALLE Lathyrus linifolius (Reichard) Bässler en 1965). Une observation plus récente, var. montanus (Bernh.) Bässler en 1990, dans le Calaisis à Polincove (FABACÉES) - Gesse des montagnes, [de FOUCAULT 1991]. Cette espèce Knollathyrus - Observée dans le secteur des moissons sur sols riches en bases d’Helfaut en 1955 par J.-M. GÉHU et pourrait être redécouverte dans ces A. LAWALRÉE et au début des années secteurs géographiques. 1960 par J.-M. GÉHU et L. DELVOSALLE. Il s’agit d’une des deux seules localités Gagea lutea (L.) ker-gawl. (LILIACÉES) régionales citées pour ce taxon, en dehors - Gagée des bois, Bosgeelster - Observée de l’Avesnois (à l’est de la région). Gentiana pneumonanthe L. en 1981 par les époux DUBOIS à la Photo : B. Toussaint

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 6 7 Legousia hybrida (L.) Delarbre (CAMPA- Lycopodiella inundata (L.) holub M. GÉHU en 1958). Deux mentions NULACÉES) - Spéculaire hybride, Petite (LYCOPODIACÉES) - Lycopode inondé, historiques : dans les landes de Wisques spéculaire, Klein spiegelklokje - Une seule Moeraswolfsklauw - Signalé de manière [MASCLEF 1886] et à Hesdigneul-lès- observation sur le territoire de l’Atlas, sur vague dans les environs de Saint- Béthune [MASCLEF 1886]. La poursuite une voie ferrée à Lille [FOCKEU 1901]. Omer, probablement dans les landes de travaux de génie écologique sur le L’espèce est présente (mais en forte hygrophiles du plateau d’Helfaut, et plateau d’Helfaut permettra peut-être régression) au sud, dans les moissons sur à Hesdigneul-lès-Béthune [MASCLEF la réapparition de cette espèce discrète craie. 1886 et GÉNEAU DE LAMARLIÈRE 1896]. et pionnière sur ce site. Espèce pionnière hygrophile sur sols Lepidium densiflorum schrad. (BRASSI- acides oligotrophes qui ne subsiste plus, Myosotis stricta Link ex Roem. et CACÉES) - Passerage à fleurs denses, dans la région, que dans une ancienne schult. (BORAGINACÉES) - Myosotis Dichtbloemige kruidkers - Nombreuses sablière en forêt domaniale de - raide, Stijf vergeet-mij-nietje - Quelques mentions sur le territoire, surtout Saint-Amand. mentions historiques sur le plateau en région lilloise mais aussi près d’Helfaut [BOULAY 1880 et MASCLEF de Gravelines, à St-Pierre-Brouck, à Lycopodium clavatum L. (LYCOPO- 1886] et sur le littoral : dunes entre Plantes disparues Calonne-sur-la-Lys et Gonnehem. Cette DIACÉES) - Lycopode en massue, Grote Calais et Sangatte [BOULAY 1879], espèce est souvent confondue avec wolfsklauw - Jadis dans les environs Oye-Plage (L. DELVOSALLE en 1967) et Lepidium virginicum L., apparemment de Saint-Omer (plateau d’Helfaut ?), à Gravelines [DURIN & GÉHU 1986]. Sur plus répandue dans la région, et certaines Labuissière et à Beuvry [MASCLEF 1886], le littoral, des confusions avec Myosotis mentions sont donc douteuses. Lepidium ainsi que sur le Mont noir [COPINEAU ramosissima Rochel ex Schult., très voisin densiflorum est peut-être encore présent 1884 et GODON 1909]. morphologiquement, ne sont pas à sur le territoire de l’Atlas. exclure. Melampyrum cristatum L. (SCROPHU- Lolium temulentum L. (POACÉES) - LARIACÉES) - Mélampyre à crêtes, Kamz- Myosurus minimus L. (RENONCU- Ivraie enivrante, Dolik - Graminée wartkoren - Une mention historique LACÉES) - Ratoncule naine, Muizenstaart commensale des cultures jadis signalée à imprécise à Béthune, peut-être en dehors - Une mention à [MASCLEF Gravelines (var. arvense Liljebl.), à Emmerin du périmètre de l’Atlas [MASCLEF 1886]. 1886]. Deux autres pointages histo- et Faches (var. temulentum [BOULAY Espèce disparue depuis longtemps du riques figurent sur la carte de l’IFFB 1879], ainsi que sur les voies ferrées de Lille Nord - Pas de Calais. près d’Armentières et de Lille mais nous [FOCKEU 1901]. Cité de manière vague n’avons pas trouvé la source originelle dans les environs de Béthune [LAFONS de ces données. de MÉLICOCQ 1849] et d’Hazebrouck [VANDAMME 1850]. On peut imaginer Myrica gale L. (MYRICACÉES) - Piment que cette espèce aujourd’hui disparue de royal, Wilde gagel - Présence historique la région était encore assez répandue dans à Clairmarais [MASCLEF 1886]. Cet les moissons au début du XXe siècle. arbrisseau des marais tourbeux est disparu depuis plus d’un siècle dans la région (une Ludwigia palustris (L.) s. Elliott (ONA- unique autre mention, dans le marais de GRACÉES) - Ludwigie des marais, Condette au sud de Boulogne). Waterlepeltje - Observée jadis à Racquinghem sur le plateau d’Helfaut Narthecium ossifragum (L.) huds. [MASCLEF 1886]. Il s’agit d’une des deux (LILIACÉES) - Narthécie des marais, seules mentions régionales de cette (L.) Rafin Beenbreek - Une unique mention espèce (également citée historiquement Misopates orontium historique régionale dans les environs sur le plateau de Sorrus - Saint-Josse Photo : B. Toussaint de St-Omer [MASCLEF 1886]. On peut dans le Montreuillois). imaginer que cette citation, rapportée Misopates orontium (L.) Rafin. (SCRO- par A. MASCLEF à T. LESTIBOUDOIS, Luronium natans (L.) Rafin. (ALISMA- PHULARIACÉES) - Tête-de-mort, Muflier concernait les landes hygrophiles du TACÉES) - Flûteau nageant, Drijvende des champs, Akkerleeuwenbek - Signalé plateau d’Helfaut. waterweegbree - Observé en fruits en en 1965 dans le secteur d’Ardres par 1952 par André BERTON dans le canal de L. DELVOSALLE. Quelques mentions Nymphoides peltata (s.g. gmel.) O. Seclin [BERTON 1952a ; DURIN & GÉHU historiques : bois du Canton des 8 rues à kuntze (MÉNYANTHACÉES) - Faux- 1986]. L’auteur de cette découverte Morbecque [VANDAMME 1864], nénuphar pelté, Watergentiaan - Plante est repassé sur le site en 1964 et n’y [BOULAY 1879], bois de Lapugnoy aquatique jadis apparemment assez a pas retrouvé la plante [BERTON près de Béthune [MASCLEF 1886] et répandue : Calais, Bergues, marais 1967]. On peut dès lors douter que la Lille [VANDAMME 1854]. Plante des audomarois, la Lys à , marais du mention de 1965 sur un bordereau de moissons sur sols siliceux maigres, en l’IFFB corresponde à une observation voie de disparition dans la région Nord in situ. Luronium natans se développe - Pas de Calais. habituellement dans des eaux acides de haute qualité physico-chimique ; la Moenchia erecta (L.) P. gaertn., B. mey. présence de cette espèce dans un canal et scherb. (CARYOPHYLLACÉES) - aux eaux eutrophes et neutro-alcalines Moenchie dressée, Kruismuur - Signalée pose question quant à sa spontanéité. jusqu’au début des années 1960 dans Cette espèce est totalement disparue les landes du plateau d’Helfaut (dernière de la Région Nord - Pas de Calais. observation datée précisément à Blendecques par L. DELVOSALLE et J.- Myrica gale L. Photo : B. Toussaint

6 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Platanthera bifolia (L.) L.C.m. Rich. (ORCHIDACÉES) - Platanthère à deux feuilles, Welriekende nachtorchis - Signalée jadis en forêt de Clairmarais [MASCLEF 1886], au Mont des Récollets Nymphoides peltata (S.G. Gmel.) O. Kuntze Photo : B. Toussaint à Cassel [VANDAMME 1854 et BOULAY 1878], au Mont des Cats [VANDAMME

Orlaya grandiflora (L.) Hoffmann 1850 et GODON 1909], ainsi que dans Béthunois… On trouve dans l’herbier Photo : B. Toussaint les marais tourbeux d’Emmerin [BOULAY CUSSAC des récoltes effectuées dans les 1878 et GODON 1909]. fossés entre Éperlecques et Watten (en 1849) et dans le canal d’Aire à La Bassée A. GÉRARD [MASCLEF 1886]. L’espèce, Potamogeton acutifolius Link entre Béthune et Gorre (en 1848). aujourd’hui totalement disparue de (POTAMOGÉTONACÉES) - Potamot Sensible à la pollution des eaux, cette la région, était à cette époque assez à feuilles aiguës, Spits fonteinkruid - espèce a disparu de la région depuis régulièrement signalée dans le Boulonnais Signalé jadis à Saint-Omer [WARION Plantes disparues quelques décennies à l’état sauvage. On et l’Artois. S’agissant d’une plante 1871], à Lille [WARION 1871] et à peut néanmoins parfois la rencontrer calcicole, il est peu probable qu’elle ait Emmerin [MASCLEF 1886]. On trouve dans des plans d’eau où elle a été été présente dans les limites strictes du dans l’herbier CUSSAC plusieurs récoltes récemment introduite (pas de mention périmètre de l’Atlas de Flandre. de cette espèce, aujourd’hui au bord de de ce type sur le territoire de l’Atlas). l’extinction dans la région : marais de Orobanche alba steph. ex Willd. Santes (en 1850 et 1851), de Lambersart Ophrys fuciflora (f.W. schmidt) (OROBANCHACÉES) - Orobanche (en 1850) et d’Emmerin (en 1851). moench (ORCHIDACÉES) - Ophrys du thym, Tijmbremraap - Signalée frelon, Ophrys bourdon, Hommelorchis historiquement à Téteghem près de Potamogeton compressus L. (POTA- - Une mention étonnante pour cette Dunkerque [VANDAMME 1854] dans MOGÉTONACÉES) - Potamot com- orchidée calcicole thermophile sur le les pelouses sèches en lisière des dunes primé, Plat fonteinkruid - Disparu depuis Mont Cassel [GODON 1909]. Également (sur Thymus “serpyllum” = T. pulegioides longtemps des marais d’Emmerin signalé à St-Omer, sans doute sur les L.) et dans les environs de Bailleul par [GODON 1909] et des environs de Lille terrains crayeux au sud du territoire de E. FLAHAUT [BOULAY 1879]. Il s’agit [MASCLEF 1886]. L’herbier CUSSAC l’Atlas [MASCLEF 1886]. des deux seules mentions de cette recèle des échantillons récoltés en 1851 orobanche thermophile dans le Nord dans les marais de Santes et de . Ophrys insectifera L. (ORCHIDACÉES) - Pas de Calais (elle est assez répandue L’espèce semble aujourd’hui disparue de - Ophrys mouche, Vliegeorchis - Récolté dans le sud-est de la Picardie, en la région. en 1856 par J. CUSSAC dans un taillis Champagne et en Lorraine. dans le marais de Santes [herbier Potentilla montana Brot. (ROSACÉES) - CUSSAC]. Orobanche ramosa L. (OROBAN- Potentille des montagnes, Bergganzerik CHACÉES) - Orobanche rameuse, - Espèce atlantique en limite septen- Orchis coriophora L. (ORCHIDACÉES) Hennepvreter - Une mention historique trionale d’aire et en station disjointe à - Orchis punaise, Wantseorchis - Signalé vague de DOVERGNE [MASCLEF 1886] Helfaut où elle a été observée jusqu’en historiquement de manière vague à aux environs de Béthune (peut-être hors 1981 (par D. PETIT). Déjà citée en cette Saint-Omer [MASCLEF 1886]. Il s’agit du territoire de l’Atlas). Cette orobanche unique localité régionale au XIXe siècle d’une des deux uniques mentions parasite le chanvre et le tabac. [MASCLEF 1886]. En dépit des travaux régionales de cette espèce disparue de restauration de plusieurs espaces de depuis très longtemps. Orobanche rapum-genistae thuill. pelouses acidiphiles et de landes sur le (OROBANCHACÉES) - Orobanche du plateau d’ Helfaut, travaux entrepris par Orchis laxiflora Lam. (ORCHIDACÉES) genêt, Grote bremraap - Jadis au Mont des EDEN62 pour le compte du Département - Orchis à fleurs lâches, Ijle orchis - Cats [BOULAY 1879 ; COPINEAU 1884 et du Pas-de-Calais, cette espèce n’est pas L’Orchis à fleurs lâches n’était jadis pas GODON 1909] et au Mont de Boeschèpe réapparue. toujours distingué de l’Orchis des marais [GODON 1909], ainsi qu’à Labuissière (Orchis palustris Jacq.) par les anciens près de Béthune [MASCLEF 1886]. Puccinellia rupestris (With.) fernald auteurs. Certaines mentions historiques et Weath. (POACÉES) - Atropis couché, d’Orchis palustris peuvent correspondre Persicaria bistorta (L.) samp. Dichtbloemig kweldergras - Signalé jadis en réalité à Orchis laxiflora. (POLYGONACÉES) - Renouée bistorte, à Calais [BOULAY 1878]. Il s’agit d’une Bistorte, Adderwortel - Citée autrefois des très rares mentions de cette espèce Orchis palustris Jacq. (ORCHIDACÉES) au Mont Cassel [VANDAMME 1850] et sur le littoral du Nord - Pas de Calais. - Orchis des marais, Moerasorchis - en région lilloise, à Marcq-en-Barœul Rares mentions historiques dans les [MASCLEF 1886] et à Loos [GODON Pulicaria vulgaris gaertn. (ASTERA- marais tourbeux alcalins du marais 1909]. CÉES) - Pulicaire annuelle, Klein audomarois [MASCLEF 1886] et du vlooiekruid - Plante protégée au niveau marais d’Emmerin [VANDAMME 1860 Pinguicula vulgaris L. (LENTIBU- national, aujourd’hui disparue du Nord et GODON 1909]. Des confusions avec LARIACÉES) - Grassette commune, - Pas de Calais, observée jusqu’en 1963 l’Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora Vetblad - Les seules mentions régionales en forêt de Rihoult-Clairmarais [GÉHU Lam.) ne sont pas à exclure. pour cette plante depuis longtemps 1963b], sur plusieurs centaines de mètres disparue du Nord - Pas de Calais le long d’un layon humide. Plusieurs Orlaya grandiflora (L.) hoffmann concernent le territoire de l’Atlas : mentions historiques doivent sans (APIACÉES) - Orlaya à grandes fleurs, Clairmarais et Hesdigneul-lès-Béthune doute être rattachées à ce site. Ailleurs, Straalscherm - Signalé à Wisques par [MASCLEF 1886]. signalée historiquement dans les collines

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 6 9 le marais d’Emmerin, où il a été observé pour la dernière fois en 1958 [J.-M. GÉHU 1959]. Cité historiquement dans le marais de Cambrin près de Béthune [LAFONS de MÉLICOCQ 1849]. L’espèce Rhynchospora alba (L.) Vahl est encore relativement bien présente Photo : B. Toussaint à l’est du territoire de l’Atlas, dans la plaine de la Scarpe (où elle régresse Lille (chemin des postes) en 1848 et cependant). entre et en 1845. À rechercher dans des sites rudéralisés Serratula tinctoria L. (ASTERACÉES) Pulicaria vulgaris Gaertn. (gares notamment). - Serratule des teinturiers, Zaagblad - Photo : B. Toussaint Observée jusqu’en 1991 dans la partie Scandix pecten-veneris L. (APIACÉES) occidentale du plateau d’Helfaut (par B. de - Scandix peigne-de-Vénus, Peigne FOUCAULT) où cette espèce atlantique Plantes disparues de Nielles-lès-Ardres [MASCLEF 1888], à de Vénus, Naaldenkervel - Quelques en limite d’aire était déjà signalée dès la Morbecque [VANDAMME 1864], Bailleul rares mentions historiques en région moitié du XIXe siècle. Malgré plusieurs [BOULAY 1879] et dans les marais lilloise : Lille [FOCKEU 1901] et marais campagnes de recherche, la plante n’a pas tourbeux d’Emmerin [GODON 1909]. d’Emmerin [BOULAY 1878]. Cette été revue récemment et il faut donc pour espèce affectionnant les moissons l’instant la considérer comme disparue du Ranunculus arvensis L. (RENONCU- sur sols basiques n’était peut-être pas Nord - Pas de Calais (trois autres noyaux LACÉES) - Renoncule des champs, rare jadis dans le reste du Mélantois. de populations seulement étaient connus Akkerboterbloem - Cité jadis à Haze- Quelques observations éparses dans historiquement, dont un à Labuissière près brouck [VANDAMME 1850], dans les les années 1960 dans les environs de de Béthune [MASCLEF 1886], peut-être marais d’Emmerin [BOULAY 1878] Bergues [documentation IFFB] et à dans le territoire de l’Atlas). Sur le plateau et à Lille [FOCKEU 1901]. Sans doute [DURIN & GÉHU 1986]. d’Helfaut, des opérations de grande relativement répandue à cette époque envergure de restauration de landes et dans les champs. Schoenoplectus mucronatus (L.) Palla d’ourlets sur le secteur où la plante était (CYPÉRACÉES) - Scirpe mucroné - signalée naguère permettront peut-être Rhynchospora alba (L.) Vahl (CYPÉ- Aurait été observé jadis par HUISSEN sa réapparition (à condition, bien entendu, RACÉES) - Rhynchospore blanc, Witte dans un fossé d’eau stagnante, à que l’espèce développe une banque de snavelbies - Cité dans le Béthunois à Morbecque [VANDAMME 1850]. Il s’agit semences). Hesdigneul-lès-Béthune [MASCLEF apparemment de la seule mention de 1886] et à Clairmarais [MASCLEF 1886]. cette espèce dans le Nord-Ouest de la Silene gallica L. (CARYOPHYLLACÉES) Une unique population actuellement France. - Silène de France, Franse silene - Cité connue dans le Nord - Pas de Calais, sur historiquement à Calais [MASCLEF 1886] le plateau de Sorrus - Saint-Josse près de Scleranthus annuus L. (CARYOPHY- et sur les dépôts d’arachides de l’ancienne Montreuil. LLACÉES) - Gnavelle annuelle, Eenjarige usine Lesieur de Cappelle-la-Grande hardbloem - Jadis présente sur le plateau [BOULY de LESDAIN 1934]. L’espèce Rhynchospora fusca (L.) Ait. f. (CYPÉ- d’Helfaut, le secteur du Mont Noir et du était à cette époque assez répandue RACÉES) - Rhynchospore brun, Bruine Mont des Cats (dernière observation en dans les champs et les décombres sur la snavelbies - Signalé par DOVERGNE Fils 1956 par L. DELVOSALLE) et à proximité façade littorale au sud de cette ville. Elle à Hesdigneul-lès-Béthune [MASCLEF du littoral (Loon-Plage, Ghyvelde, Ardres). est aujourd’hui totalement éteinte dans 1886] et, assez curieusement, à Lille L’espèce a été plus récemment repérée la région. [MASCLEF 1886]. Une unique population dans une moisson sablonneuse voisine de actuellement connue dans le Nord - Pas la carrière d’Ecques par B. de FOUCAULT Silene noctiflora L. (CARYOPHYL- de Calais, sur le plateau de Sorrus - (date imprécise ; aux alentours de 1990). LACÉES) - Silène de nuit, Nachtkoe- Saint-Josse près de Montreuil. Une prospection ciblée sur ses sites et koeksbloem - Signalé jadis à Dunkerque habitats potentiels permettrait peut- [BOULAY 1878], dans un champ à Saxifraga granulata L. (SAXIFRAGA- être de retrouver cette espèce en forte Morbecque [VANDAMME 1850] et dans CÉES) - Saxifrage granulé, Knolsteenbreek régression dans toute la région. les moissons “près du bois de Beuvry” - Signalé de manière vague au Clipon [LAFONS de MÉLICOCQ 1849]. Un pied [DURIN & GÉHU 1986]. Observé en Scleranthus perennis L. (CARYOPHY- de cette espèce a été découvert sur un 1965 à près de Lille (par L. LLACÉES) - Gnavelle vivace, Overblij- DELVOSALLE) et à Tourcoing le long vende hardbloem - Citée jusque dans d’une voie ferrée [LACHMANN & les années 60 dans le secteur des dunes VIRIEUX 1952]. Quelques mentions décalcifiées de Ghyvelde. Une mention historiques à Lille [FOCKEU 1901 ; historique sur le plateau d’Helfaut, à BOULAY 1878, VANDAMME 1860]. Blendecques [MASCLEF 1886]. L’espèce est encore présente dans les dunes Scabiosa columbaria L. (DIPSACACÉES) décalcifiées d’Adinkerke, de l’autre côté – Scabieuse colombaire, Duifkruid de la frontière, à l’est de Ghyvelde [VAN – Plante calcicole fréquente sur les LANDUYT & al. 2006]. terrains crayeux au sud du territoire de l’Atlas mais semble aujourd’hui manquer Senecio paludosus L. (ASTERACÉES) totalement dans celui-ci. On trouve - Séneçon des marais, Moeraskruiskruid dans l’herbier Cussac deux récoltes : - Noté à de nombreuses reprises dans Senecio paludosus L. Photo : B. Toussaint

7 0 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE terril à Labourse, juste au sud du territoire Spiranthes spiralis (L.) Chevall. (OR- artificiels). Elle est susceptible d’être de l’Atlas (D. MERCIER en 2003), sans CHIDACÉES) - Spiranthe d’automne, redécouverte dans le territoire de l’Atlas. doute adventice dans les mélanges de Herfstschroeforchis – Signalé jadis dans graines utilisés pour la requalification les dunes plus ou moins décalcifiées de Tetragonolobus maritimus (L.) Roth paysagère des friches minières (cinq Loon-Plage [HOCQUETTE 1932] et du (FABACÉES) – Lotier à gousses carrées, autres observations récentes de ce type Fort Vert [BRUNEEL & PRUDHOMME Hauwklaver - Noté à deux reprises dans dans le bassin minier du Nord - Pas de 1973]. les années 1950-1960 à la base du Mont Calais). Cassel ([GÉHU 1959], dernière mention Stachys germanica L. (LAMIACÉES) en 1965 par L. DELVOSALLE). Silene vulgaris (moench) garcke subsp. - Épiaire d’Allemagne, Duitse andoorn - maritima (With.) Á. et D. Löve (CARYO- Une mention historique dans les environs Trichophorum cespitosum (L.) PHYLLACÉES) - Silène maritime - Signalé de Guînes (probablement sur les terrains hartm. subsp. germanicum (Palla) à Calais par C.-J. DOVERGNE [MASCLEF crayeux au sud du territoire de l’Atlas) hegi (CYPÉRACÉES) - Scirpe d’Alle- 1886]. Il s’agissait probablement [MASCLEF 1886]. Aujourd’hui plus ou magne, Gewone veenbies - Jadis d’individus isolés, peut-être localisés sur moins naturalisée dans un bosquet mentionné à Hesdigneul-lès-Béthune des digues artificielles, provenant d’une du jardin botanique de la Faculté de [MASCLEF 1886]. Espèce des landes Plantes disparues dissémination naturelle à partir des Pharmacie de Lille [DUPONT 2001]. tourbeuses au bord de l’extinction dans populations des falaises du Boulonnais. Il la région. n’est pas impossible que ce type d’obser- Stachys officinalis (L.) trev. (LAMIA- vation se reproduise de nos jours. CÉES) - Épiaire officinale, Bétoine, Betonie Trientalis europaea L. (PRIMULACÉES) - Signalée à Renescure près de St-Omer - Trientale d’Europe, Zevenster - Présen- Sonchus palustris L. (ASTERACÉES) - dans les années 60 (par L. DELVOSALLE) ce très ancienne dans les landes aux Laiteron des marais, Moerasmelkdistel et à Clairmarais [DURIN & GÉHU 1986]. environs de Saint-Omer et de Béthune - Signalé historiquement dans le marais Présence actuelle à confirmer dans ces [MASCLEF 1886]. Ces populations de Gorre près de Béthune [LAFONS de sites. constituaient des noyaux isolés en MÉLICOCQ 1849]. Juste au sud du terri- marge de l’aire de cette espèce boréale. toire de l’Atlas, un pied a été signalé dans le Stellaria nemorum L. (CARYOPHYL- marais de Douvrin [ANRYS & al. 1988], non LACÉES) - Stellaire des bois, Bosmuur Utricularia australis R. Brown (LENTI- loin sans doute des stations historiques du - Signalée jadis dans les marais tourbeux BULARIACÉES) - Utriculaire citrine, Loos marais de [ibid]. Cette espèce assez d’Emmerin [BOULAY 1878 ; GODON blaasjeskruid – Observée en 1958 par L. résistante à la dégradation trophique des 1909]. Peut-être douteux pour cette DELVOSALLE dans les marais de Cuinchy zones humides tourbeuses est susceptible espèce montagnarde facilement confon- [GÉHU 1959 et DURIN & GÉHU 1986]. d’être retrouvée un jour dans les marais du due avec Myosoton aquaticum. Béthunois ou de la Deûle. Utricularia intermedia hayne (LENTIBU- Taraxacum sect. Palustria (Lindb. f.) LARIACÉES) - Utriculaire intermédiaire, Sparganium natans L. (SPARGANIA- Dahlst. (ASTERACÉES) - Pissenlits de la Plat blaasjeskruid - Présence historique CÉES) - Rubanier nain, Kleinste egelskop section Palustria, Moeraspaardebloem dans les marais de Beuvry et de Cuinchy - Plante des dépressions inondées sur sols - Signalé par LAFONS de MÉLICOCQ [LAFONS de MÉLICOCQ 1849 et tourbeux (gouilles) citée jadis à Clairma- [1849] dans les marais tourbeux du MASCLEF 1886]. Récoltée par J. CUSSAC rais et à Blendecques [MASCLEF 1886], secteur de La Bassée. dans les marais d’Emmerin et de Santes ainsi que dans les marais de Beuvry et de en 1846 [herbier CUSSAC]. Aujourd’hui Cuinchy [MASCLEF 1886] et dans ceux Tephroseris helenitis (L.) Nordenstam probablement disparue dans la région (à d’Emmerin et Haubourdin [BOULAY subsp. helenitis (ASTERACÉES) - Séne- rechercher dans les tourbières alcalines 1878 et GODON 1909]. çon à feuilles spatulées, Spatelkruiskruid de la plaine maritime picarde). - Cité historiquement dans les marais de Spergula pentandra L. (CARYOPHYL- la Marque à Cysoing [VANDAMME 1860] Utricularia minor L. (LENTIBULARIA- LACÉES) - Spargoute à cinq étamines, et dans les environs de Fretin et Enneve- CÉES) - Utriculaire naine, Klein blaas- Vijfhelmige spurrie - Cette espèce des lin [GODON 1909]. L’espèce ne subsiste jeskruid - Citée jadis dans les marais de moissons et pelouses pionnières sur plus dans la région que dans le Boulon- Beuvry et de Cuinchy [MASCLEF 1886] sables était signalée jadis sur le Mont nais et à Merlimont. et dans le marais d’Emmerin [herbier des Cats et sur le Mont de Boeschèpe CUSSAC (récolté en 1846) ; BOULAY [VANDAMME 1850 ; MASCLEF 1886 et Tephroseris palustris (L.) fourr. (ASTE- 1878]. Également récoltée par J. CUSSAC GODON 1901]. La seule autre mention RACÉES) - Séneçon ramassé, Cinéraire dans les marais d’Ancoisne (1846) et de de cette espèce totalement disparue de des marais, Moerasandijvie - Signalé Santes (1848) [herbier CUSSAC]. N’exis- la région depuis très longtemps concer- dans la seconde moitié du XXe siècle dans te plus aujourd’hui dans la région que nait le secteur de Boulogne-sur-Mer des bassins de décantation à Watten dans les tourbières alcalines de la plaine [RIGAUX 1877]. [WATTEZ & al. 1983]. Noté sur un borde- maritime picarde. reau de relevés de l’IFFB près de Santes Spiranthes aestivalis (Poiret) L.C.m. (par B. LIBERT entre 1975 et 1978). Cité Veronica acinifolia L. (SCROPHULARIA- Rich. (ORCHIDACÉES) - Spiranthe d’été, de manière vague à St-Omer [VANDAM- CÉES) - Véronique à feuilles d’acinos, Zomerschroeforchis - Jadis à Saint-Omer ME 1860 et MASCLEF 1886]. Cette plante Steentijmereprijs - Plante messicole acidi- (Marais audomarois très probablement) hygrophile pionnière protégée en France, phile disparue depuis longtemps du [MASCLEF 1886] et dans les marais que l’on croyait disparue de la région, a Nord - Pas de Calais, citée jadis à Bailleul tourbeux du Béthunois [LAFONS de fait récemment sa réapparition, parfois [BOULAY 1879], dans les environs de MÉLICOCQ 1849 et MASCLEF 1886]. en masse, en plusieurs localités situées Béthune [MASCLEF 1886]. Aujourd’hui disparu de la région. entre Arras et (bassins de décantation, bords de canaux, étangs

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 7 1 Veronica teucrium L. (SCROPHULARIA- Signalée par C. FLAHAUT en 1877 dans Bifora radians Bieb. (APIACÉES) - Bifore CÉES) - Véronique germandrée, Brede les environs de Dunkerque [BOULAY rayonnante, Holzaad - Signalée en 1922 ereprijs - Une mention historique entre 1879]. Sans doute adventice (ou dans des champs cultivés à Lambersart et [VANDAMME subspontané). près de Lille [HOCQUETTE 1925]. 1860]. Egalement citée de manière vague à St-Omer [MASCLEF 1886], peut-être en Anthoxanthum aristatum Boiss. Bupleurum lancifolium hornem. dehors du territoire de l’Atlas. (POACÉES) - Flouve aristée, Slofhak - (APIACÉES) - Buplèvre à feuilles lancéo- Adventice historique à Lambersart, dans lées - Cité en 1960 à Emmerin [LERICQ Veronica triphyllos L. (SCROPHULA- une prairie [HOCQUETTE 1925]. 1964]. RIACÉES) - Véronique à trois lobes, Handjesereprijs - Plante des moissons Arabis glabra (L.) Bernh. (BRASSICA- Bupleurum virgatum Cav. (APIACÉES) sablonneuses citée historiquement par CÉES) - Arabette glabre, Torenkruid - Jadis - Buplèvre effilé - Récolté par LLOYD DOVERGNE (fils) à Béthune [MASCLEF signalée (adventice) dans les dunes des à Calais en 1858 [herbier TOUSSAINT 1886]. Cette espèce est aujourd’hui environs de Dunkerque [BOULAY 1878 conservé au Muséum national d’histoire probablement éteinte dans la région et MASCLEF 1886]. naturelle de Paris]. Détermination de cet Plantes disparues Nord - Pas de Calais (dernière observa- échantillon réalisée par J.-P. REDURON tion en 1995 - un pied ! - dans la région Asperugo procumbens L. (BORAGINA- qui nous a aimablement communiqué de St-Amand-les-Eaux). CÉES) - Râpette couchée, Scherpkruid cette information apparemment inédite. - Jadis adventice dans les environs de Viola palustris L. (VIOLACÉES) - Violette Dunkerque, notamment à Téteghem Camelina sativa (L.) Crantz (BRASSICA- des marais, Moerasviooltje - Récoltée par [VANDAMME 1854 et MASCLEF 1886]. CÉES) - Caméline cultivée, Zaadhuttentut J. CUSSAC en 1848 à la base du Mont Noir - Autrefois cultivée, notamment dans le parmi des sphaignes [herbier CUSSAC ; Asperula arvensis L. (RUBIACÉES) Béthunois [LAFONS de MÉLICOCQ 1849] VANDAMME 1854]. Signalé jadis dans les - Aspérule des champs, Akkerbedstro - et parfois subspontanée ou adventice. bruyères de Saint-Omer, probablement Citée jadis dans les champs à Hazebrouck, Citée à Lille [BOULAY 1879 ; HOCQUET- sur le plateau d’Helfaut [MASCLEF 1886] à Bailleul et à [VANDAMME TE 1925]. et sur le Mont Cassel [de FOUCAULT & al. 1850]. Un unique pied trouvé à Lille a été 2000] (donnée source non identifiée). récolté en 1855 par J. CUSSAC [herbier Centaurea calcitrapa L. (ASTERACÉES) CUSSAC] ! Il s’agit des seules mentions - Centaurée chausse-trape, Kalketrip - régionales de cette espèce d’origine Signalée (données historiques) dans deux méditerranéenne, dispersée par les activi- mailles IFFB [précarte 99] aux environs de Plantes adventices, tés agricoles, disparue depuis longtemps Dunkerque et de Lille. Les données sources échappées de culture du Nord de la France. n’ont pas été trouvées. Une récolte datée de 1851 à Calais dans l’herbier CUSSAC ou naturalisées Avena sterilis L. (POACÉES) - Avoine (autour du Fort Nieulay). Il s’agit sans localement stérile, Wilde haver - Une mention vague doute d’apparitions fugaces (introduction dans les friches du Dunkerquois [GÉHU & avec des transports de laines ?). Aegilops ventricosa tausch (POACÉES) BOULLET 1989] ; sans doute adventice. - Égilope ventru - Adventice historique à Également citée historiquement dans Centaurea solstitialis L. (ASTERACÉES) Lambersart [HOCQUETTE 1925]. les environs de Dunkerque [BOULY de - Centaurée du solstice, Zomercentau- LESDAIN 1934] et dans l’arrondissement rie - Espèce méridionale jadis signalée Allium sphaerocephalon L. (ALLIACÉES) d’Hazebrouck [VANDAMME 1850]. (adventice) à Calais [MASCLEF 1886] et - Ail à tête ronde, Kogellook - Noté en St-Omer [MASCLEF 1886]. 1988 par J.-M. GÉHU dans les anciennes Avenula pratensis (L.) Dum. (POACÉES) salines de Fort-Mardyck [GÉHU 1988b - Avenule des prés, Beemdhaver - Citée Chenopodium ambrosioides L. (CHE- et GÉHU 1989]. Présence sans doute historiquement à Lille [MASCLEF 1886 NOPODIACÉES) - Chénopode fausse- accidentelle dans cette localité. et FOCKEU 1901], sur les pelouses des ambroisie, Thé du Mexique, Welrie- fortifications (indigénat douteux). Les kende ganzenvoet - Une unique Althaea hirsuta L. (MALVACÉES) données anciennes relatives à Saint- mention en région lilloise, à Mouvaux - Guimauve hérissée, Ruige heemst Omer et Béthune [MASCLEF 1886] [HOCQUETTE & SULMON 1953]. Adven- - Signalée historiquement dans les concernent probablement les territoires tice originaire d’Amérique tropicale. environs de Cassel [VANDAMME 1850 et au sud du périmètre de l’Atlas (terrains MASCLEF 1886]. Deux mentions dans la crayeux). Chenopodium opulifolium schrad. précarte n°807 des “Documents Floristi- ex koch et Ziz (CHENOPODIACÉES) ques” de l’IFFB ont été écartées (pas de - Chénopode à feuilles d’obier, Sneeuw- donnée source). Espèce thermophile très balganzenvoet - Une mention historique à instable dans la région, où elle est consi- Lille [FOCKEU 1901]. Signalé à dérée comme simple adventice. par L. DELVOSALLE en 1965 (un lapsus ou une erreur de cochage sur le bordereau de Ambrosia trifida L. (ASTERACÉES) - relevé de l’IFFB n’est peut-être pas à exclu- Ambroisie géante, Drielobbige ambrosia re…). Il s’agit des seules mentions pour la - Citée comme adventice au pied du région de cette espèce thermophile. mur d’enceinte d’un lycée de Tourcoing [LERICQ 1957]. Chenopodium urbicum L. (CHENO- PODIACÉES) - Chénopode des villages, Anchusa azurea mill. (BORAGINACÉES) Trosganzenvoet - Signalé jadis à Lille sur - Buglosse d’Italie, Blauwe ossentong - Althaea hirsuta L. d’anciens dépôts de boue [BOULAY 1880]. Photo : B. Toussaint

7 2 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Probablement simple adventice dans le floristique régional de DURIN et GÉHU secteur, voire dans l’ensemble de la région [1986]. Signalée historiquement dans les où les mentions sont peu nombreuses et environs d’Aire-sur-la-Lys (d’après les très anciennes. précartes IFFB n°222 et 222bis ; donnée source non renseignée). Chondrilla juncea L. (ASTERACÉES) - Chondrille effilée, Biesknikbloem - Festuca heterophylla Lam. (POACÉES) Signalée jadis par E. FLAHAUT comme - Fétuque hétérophylle, Draadzwenkgras Helleborus foetidus L. adventice dans les environs de Bailleul - Adventice historique à Croix en région Photo : B. Toussaint [BOULAY 1879 et GODON 1909]. Il lilloise, dans les terrains d’une usine de s’agit apparemment de la seule mention peignage de laines [HOCQUETTE 1925]. régionale de cette plante thermophile Signalée (peut-être par erreur) dans les Inula britannica L. (ASTERACÉES) - Inule encore présente localement en Picardie. bois de la ville de Lille [FOCKEU 1901]. des fleuves, Engelse alant - Adventice histo- rique dans une gare à Lille [HOCQUETTE Conringia orientalis (L.) Dum. Fragaria viridis Weston (ROSACÉES) 1925]. Cette mention est peut-être (BRASSICACÉES) - Conringie d’Orient, - Fraisier vert, Heuvelaardbei - Cité douteuse. Plantes disparues Witte steenraket - Adventice historique historiquement en forêt de Nieppe à Calais [HOCQUETTE 1925]. [VANDAMME 1854 ; MASCLEF 1886 Isatis tinctoria L. (BRASSICACÉES) - Pastel et GODON 1909]. L’indigénat de cette des teinturiers, Wede - Jadis dans des Consolida regalis s.f. gray (RENONCU- espèce dans cette localité est bien décombres à Cassel [VANDAMME 1850] LACÉES) - Pied-d’alouette des champs, improbable. Une erreur de détermination et sur du fumier à Lille [FOCKEU 1901]. Il Dauphinelle consoude, Pied-d’alouette, initiale, perpétuée d’auteur en auteur ne semble pas que le Pastel des teinturiers Wilde ridderspoor - Noté dans les n’est peut-être pas à exclure… ait été cultivé en masse dans le territoire années 80 sur des détritus dans une de l’Atlas. friche sableuse du Dunkerquois à Fort- Galeopsis segetum Neck. (LAMIACÉES) Mardyck [GÉHU 1988], sans doute - Galéopse des moissons, Bleekgele Lactuca saligna L. (ASTERACÉES) - adventice (une confusion avec Consolida hennepnetel - Une unique mention Laitue à feuilles de saule, Wilgsla - Espèce ajacis (L.) Schur n’est pas à exclure) et en historique à Wallon-Cappel près d’Haze- thermophile signalée abondante sur une 1966 à Téteghem (par L. DELVOSALLE). brouck [VANDAMME 1860]. Noté à cette dizaine de kilomètres d’accotement routier Jadis dans les moissons du Béthunois époque sur le tracé d’une voie ferrée le long de la RN42 entre Hazebrouck et [LAFONS de MÉLICOCQ 1849], proba- (simple adventice ?). Arques [GÉHU 1962a], sur des matériaux blement au sud du territoire de l’Atlas. grossiers liés à la réfection de cette route. Gaudinia fragilis (L.) Beauv. (POACÉES) - Également observée, à la même époque, à Coronilla scorpioides (L.) koch (FABA- Gaudinie fragile, Gaudinia - Une mention Steenwerck (L. DELVOSALLE en 1963) et à CÉES) - Coronille faux-scorpion - Adven- ancienne, comme adventice ferroviaire, à Lille [GÉHU 1962b]. A considérer comme tice historique dans un terrain vague à Tourcoing [LACHMANN 1951b]. Cette adventice sur le territoire de l’Atlas (comme Lille [BOULAY 1880 ; GODON 1901]. espèce thermophile présente un noyau dans le reste du territoire régional). régional de populations indigènes dans Cynosurus echinatus L. (POACÉES) le Boulonnais. Lappula squarrosa (Retz.) Dum. (BORA- - Cynosure hérissée, Stekelkamgras GINACÉES) - Bardanette, Stekelzaad - Quelques pieds observés en 1989 Geranium phaeum L. (GÉRANIACÉES) - Citée jadis dans deux lieux-dits de la ville dans une friche du Dunkerquois à - Géranium livide, Donkere ooievaarsbek de Lille [FOCKEU 1901]. Fort-Mardyck [GÉHU 1989]. Espèce - Jadis cité (naturalisé ?) dans les marais méridionale adventice dans la région de Guînes et à Annezin près de Béthune Leucojum aestivum L. (AMARYLLIDA- (seule mention connue). [MASCLEF 1886]. CÉES) - Nivéole d’été, Zomerklokje - Une mention historique dans les fossés près Dianthus caryophyllus L. (CARYO- Geranium pratense L. (GÉRANIACÉES) d’Hazebrouck [VANDAMME 1850]. Indigé- PHYLLACÉES) - Œillet girofle, Œillet - Géranium des prés, Beemdooievaars- nat bien improbable dans cette localité. des fleuristes - Cité historiquement à bek - Naturalisé jusque dans les années Bergues (naturalisé sur les remparts ?) 70 dans les dunes du Clipon [BRUNEEL Lonicera caprifolium L. (CAPRIFOLIA- [BONNIER & LAYENS 1921]. 1978 ; DURIN & GÉHU 1986]. Semble CÉES) - Chèvrefeuille des jardins, Tuinkam- avoir disparu de cette localité. perfoelie - Cité jadis par FOCKEU [1901] à Erucastrum gallicum (Willd.) O.E. schulz la citadelle de Lille (naturalisé ?). (BRASSICACÉES) - Érucastre de Pollich, Geranium sanguineum L. (GÉRANIA- Schijnraket - Observé par plusieurs CÉES) - Géranium sanguin, Bloedo- Malva parviflora L. (MALVACÉES) - auteurs en région lilloise dans les années oievaarsbek - Signalé de manière vague dans Mauve à petites fleurs, Kleinbloemig 60 (naturalisation). Semble aujourd’hui les environs de Béthune (probablement en kaasjeskruid - Une observation déjà disparu de ce secteur, comme de celui dehors du territoire de l’Atlas) [MASCLEF ancienne (non datée) à Croix, comme du Douaisis où la plante a été signalée 1886]. Indigénat très peu probable. adventice dans un jardin [DURIN & GÉHU plusieurs fois à la même époque. 1986]. Cette espèce est très rare et insta- Helleborus foetidus L. (RENONCULA- ble dans la région. Falcaria vulgaris Bernh. (APIACÉES) - CÉES) - Hellébore fétide, Stinkend nieskruid Falcaire des champs, Sikkelkruid - Trouvée - Signalée par A. BERTON dans un petit Matthiola incana (L.) R. Brown en 1966 par L. DELVOSALLE à Coudeker- bois à Petite-Synthe près de Dunkerque (BRASSICACÉES) - Matthiole blanchâtre que. C’est peut-être également à cette [DUBOIS & DUBOIS 1963 ; WATTEZ & - Citée jadis comme naturalisée non loin station qu’il faut rattacher la donnée WATTEZ-FRANGER 1992]. Indigénat peu d’une habitation entre Calais et Sangatte “environs de Bergues” du Catalogue probable dans cette localité. [BOULAY 1879].

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 7 3 Cette espèce thermophile, voisine morpho- Sempervivum tectorum L. (CRASSULA- logiquement de Polygonum aviculare L., CÉES) - Joubarbe des toits, Donderblad serait à rechercher dans ces secteurs. - Citée historiquement à Guînes, Watten et Annezin par MASCLEF [1886] et à Lille, Polypogon monspeliensis (L.) Desf. sur les murs et toits des vieilles maisons Leucojum aestivum L. (POACÉES) - Polypogon de Montpel- [FOCKEU 1901]. A été notée récemment Photo : B. Toussaint lier, Baardgras - Observé sur le littoral au sur le faîte d’une chaumière à Noord- nord-ouest de Dunkerque (par L. DELVO- peene (F. DUPONT en 2000) et à (F. SALLE en 1960) et à Bray-Dunes [DURIN HENDOUX en 2006), sans doute planteé Melilotus indicus (L.) All. (FABACÉES) & GÉHU 1986]. Nous considèrerons cette volontairement par le propriétaire. L’espè- - Mélilot à petites fleurs, Kleine honingkla- espèce thermophile comme adventice ce n’est pas indigène dans la région. ver - Adventice historique près de Calais, fugace dans ces localités (elle est en limite dans les dunes de Sangatte [HOCQUETTE nord d’indigénat dans la vallée de la Seine). Sisymbrium austriacum Jacq. (BRASSI- 1925]. L’espèce est encore présente de nos Son extension prochaine le long du littoral CACÉES) - Sisymbre d’Autriche, jours dans l’estuaire de la Slack, dans le ne serait pas à exclure du fait du réchauf- Oostenrijkse en Pyreneese raket - Une Plantes disparues Boulonnais. fement climatique. Adventice historique à unique mention sur le littoral dunker- Lille [GODON 1901]. quois, à Mardyck (L. DELVOSALLE en Melilotus sulcatus Desf. (FABACÉES) - 1960). C’est la seule observation régio- Mélilot sillonné - Adventice historique à Reseda phyteuma L. (RÉSÉDACÉES) - nale de cette plante rudérale pourtant Calais [HOCQUETTE 1925]. Réséda raiponce, Kleine reseda - Signalé abondamment naturalisée en Belgique. à Roubaix en 1953 par M. HOCQUETTE Neslia paniculata (L.) Desv. (BRASSICA- [DURIN & GÉHU 1986]. Espèce thermo- Sisymbrium irio L. (BRASSICACÉES) - Si- CÉES) - Neslie paniculée, Vinkenzaad phile à considérer comme une adventice symbre irio, Vélaret - Adventice historique - Adventice historique à Roubaix [GODON fugace dans le Nord - Pas de Calais. à Lille [HOCQUETTE 1925]. 1901]. Roemeria hybrida (L.) DC. (PAPAVÉRACÉES) Symphytum tuberosum L. (BORAGI- Parentucellia viscosa (L.) Caruel - Roemérie hybride - Adventice historique à NACÉES) - Consoude tubéreuse - Une (SCROPHULARIACÉES) - Eufragie vis- Lille, sur un quai [GODON 1909]. mention historique à Annezin près de queuse, Kleverige ogentroost - Une Béthune [MASCLEF 1886]. C’est la seule unique mention au Clipon, dans une friche Rumex pulcher L. (POLYGONACÉES) - citation pour la région Nord - Pas de sableuse [GÉHU & BOULLET 1989] ; non Patience élégante, Fraaie zuring - Indiquée Calais (l’espèce est encore présente, confirmée depuis (adventice fugace ?). de manière vague aux environs de Béthune naturalisée, dans le bois de Cise à Ault, sur Espèce méridionale également présente [MASCLEF 1886], probablement à l’état la côte picarde). plus au sud dans les dunes de Berck et de d’adventice (plante thermophile jadis Merlimont (naturalisée). C’est à partir de en limite d’aire dans le Boulonnais mais Teucrium chamaedrys L. (LAMIACÉES) ce noyau de population que la plante a aujourd’hui considérée comme disparue - Germandrée petit-chêne, Echte gaman- été introduite fortuitement et de manière de la région). der - Curieusement citée sur les pentes fugace à Eecke par des botanistes de retour du Mont Noir [BOULAY 1879 et GODON de mission ! Salvia verbenaca L. (LAMIACÉES) - Sauge 1909], sur terrains siliceux arénacés… verveine, Kleinbloemige salie – Signalée Cette espèce thermophile calcicole Phalaris brachystachys Link (POACÉES) (naturalisation ?) au début du XXe siècle à dépasse à peine, vers le Nord, le fleuve - Alpiste à épis courts - Adventice portuai- Calais et à Croix (près de Lille) [HOCQUET- Somme. Sa présence, à l’état indigène sur re historique à Dunkerque [BOULY de TE 1925]. le Mont Noir paraît bien improbable ! Une LESDAIN 1934]. seconde mention régionale historique, Scirpoides holoschoenus (L.) soják (CYPÉRA- dans le secteur d’Arras, semble d’indigé- Phalaris coerulescens Desf. (POACÉES) CÉES) - Scirpe jonc, Kogelbies - Plusieurs pieds nat plus plausible. - Alpiste bleuté - Adventice portuaire histo- observés par F. HENDOUX en 1991 et 1992 rique à Dunkerque [BOULY de LESDAIN dans l’ancienne carrière du Trieu de Carihem Trifolium patens schreb. (FABACÉES) 1934]. à (près de Roubaix). Le site a depuis - Trèfle étalé, Uitstaande klaver - Cité à été réaménagé et la station de cette plante Dunkerque dans la “Petite flore du Nord Poa chaixii Vill. (POACÉES) - Pâturin thermophile a été détruite. Son origine sur le de la France et de la Belgique” [BONNIER de Chaix, Bergbeemdgras - Signalé au site reste indéterminée (implantation naturel- & LAYENS 1921]. Nous n’avons pas Mont des Récollets à Cassel [BOULAY le par les oiseaux migrateurs ?). Il subsiste retrouvé la mention originelle correspon- 1878]. L’indigénat dans cette localité de aujourd’hui une touffe de cette espèce dans la dant à cette citation. Adventice ? cette graminée à affinités montagnardes, région, dans les dunes du Mont Saint-Frieux à en limite occidentale d’aire dans l’Avesnois, Dannes (où son apparition spontanée ne fait là Tulipa sylvestris L. (LILIACÉES) - Tulipe est fort douteux. Une situation compa- guère de doute). sauvage, Bostulp - Jadis naturalisée très rable d’éloignement géographique par localement : prairies en bas d’Hazebrouck rapport à l’aire du taxon a été observée Scorpiurus muricatus L. subsp. subvillo- [VANDAMME 1860], champs entre par L. DELVOSALLE en 1980 à Bierville en sus (L.) thell. (FABACÉES) - Scorpiure velu Hellemmes et Flers [MASCLEF 1886] et Haute-Normandie, sur les fortifications de - Adventice historique à Lambersart près prés à Tourcoing [MASCLEF 1886]. Une ce village. de Lille [HOCQUETTE 1925]. population importante de tulipe sauvage subsiste de nos jours juste au sud-ouest Polygonum bellardii All. (POLYGONA- Scrophularia vernalis L. (SCROPHU- du territoire de l’Atlas dans la région de CÉES) - Renouée de Bellardi - Signalée jadis LARIACÉES) - Scrofulaire printanière, St-Omer, sur la commune d’Esquerdes à Calais [MASCLEF 1886] et à Dunkerque Voorjaarshelmkruid - Adventice historique (prairies). [BOULAY 1879], probablement adventice. à Lille [VANDAMME 1864] .

7 4 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Vaccaria hispanica (mill.) Rauschert var. flore de BONNIER & LAYENS [1921] à Lille. 1901]. Cité de manière vague aux environs hispanica (CARYOPHYLLACÉES) - Vaccaire Nous n’avons pas trouvé de donnée origi- de Saint-Omer par DESCHAMPS [MASCLEF d’Espagne, Saponaire des vaches, Koekruid nelle pour cette mention douteuse (taxon 1886], très certainement en dehors du - Adventice historique dans la gare Saint- à affinités boréo-continentales connu dans territoire couvert par l’Atlas. Sauveur à Lille [HOCQUETTE 1925]. la région uniquement dans l’Avesnois où il est extrêmement localisé). Polygonatum odoratum (mill.) Druce Vulpia geniculata (L.) Link (POACÉES) (LILIACÉES) - Sceau-de-Salomon odorant, - Vulpie genouillée - Adventice historique Mimulus moschatus Dougl. ex Lindl. Welriekende salomonszegel - Une mention dans les décombres du port de Dunkerque (SCROPHULARIACÉES) - Mimule musqué, très douteuse de C. FLAHAULT en forêt de [BOULY de LESDAIN 1934]. Muskusplantje - Une citation douteuse Nieppe [MASCLEF 1886]. Dans le Nord à Zutkerque dans les années 70. Il s’agit – Pas de Calais, cette espèce thermophile Xanthium spinosum L. (ASTÉRACÉES) probablement d’une confusion avec est limitée aux dunes picardes (au sud du - Lampourde épineuse, Stekende stekel- Mimulus guttatus DC. présent dans ce Boulonnais) et à la marge sud de l’Artois noot - Adventice citée en 1957 à Tourcoing secteur. (où elle est en voie de disparition). [LERICQ 1964] et historiquement dans les environs de Tourcoing [BOULAY 1880], Muscari atlanticum Boiss. et Reut. (LILIA- Rosa villosa L. (ROSACÉES) - Rosier Plantes disparues de Lille [FOCKEU 1901] et Dunkerque CÉES) - Muscari à grappe, Troshyacint pomifère, Bottelroos - Une citation histo- [BONNIER & LAYENS 1921]. - Quelques mentions historiques douteu- rique douteuse à Gorre près de Béthune ses en région lilloise [GODON 1909 et [MASCLEF 1886]. Xanthium strumarium L. (ASTÉRACÉES) MASCLEF 1886]. Il pourrait s’agir d’autres - Lampourde glouteron, Late stekelnoot taxons de ce groupe complexe, échappés Rumex aquaticus L. (POLYGONACÉES) - - Adventice historique à Lille [MASCLEF de jardin. Patience aquatique, Parelle, Paardezuring 1886]. - C’est à Rumex hydrolapathum Huds. qu’il Muscari botryoides (L.) mill. (LILIACÉES) faut rapporter la mention de ce taxon aux - Muscari faux-botryde, Blauwe druifjes environs d’Hazebrouck par H. VANDAMME - Signalé, à l’instar de Muscari atlanti- [1850]. cum Boiss. et Reut., dans la région lilloise Taxons cités par à Annapes et Ascq [GODON 1909]. Ces Scrophularia umbrosa Dum. (SCROPHU- erreur ou de présence données sont douteuses (en tout cas en ce LARIACÉES) - Scrofulaire ailée (s.l.), qui concerne l’indigénat de la plante dans Gevleugeld helmkruid - Une citation douteuse sur le ces localités). douteuse à Haverskerque près d’Haze- territoire brouck [JULVE 1987]. Cette plante n’est Oenanthe peucedanifolia Pollich connue dans la région qu’à l’est de Lille Anemone sylvestris L. (RENONCULA- (APIACÉES) - Oenanthe à feuilles de Peucé- (Pévèle et Avesnois). CÉES) - Anémone sauvage, Grote anemoon dan, Varkenskerveltorkruid - Signalée, sans - Signalée au Mont Cassel par DESMYT- doute par confusion avec Oenanthe silai- Sedum telephium L. subsp. fabaria (koch) TERE [VANDAMME 1850 ; GIARD 1874]. folia Bieb., dans les marais des environs de syme (CRASSULACÉES) - Orpin fêvier, Cette localité est très éloignée de l’aire de Béthune [LAFONS de MÉLICOCQ 1849]. Gesteelde hemelsleutel - Signalé jadis au distribution de cette espèce thermo-conti- Mont des Cats [BOULAY 1878]. La présen- nentale (stations les plus proches près Orobanche lutea Baumg. (OROBAN- ce dans le Nord - Pas de Calais de cette d’Amiens dans la Somme). Un lapsus avec CHACÉES) - Orobanche rougeâtre, Rode sous-espèce, difficile à distinguer parfois de Anemone nemorosa semble être à l’origine bremraap - Une unique mention régionale, la sous-espèce type, reste à confirmer. de cette mention et a donné lieu à de vifs assez vague, à Béthune [MASCLEF 1886]. échanges de critiques entre les botanistes Une erreur de détermination au sein de Seseli montanum L. (APIACÉES) - Séséli de l’époque ! ce genre très difficile n’est pas à exclure des montagnes, Bergseselie - Une mention (récemment, une population d’O. minor historique sans doute erronée de DECON- Crepis tectorum L. (ASTÉRACÉES) - Crépi- Smith dont les individus présentent une TES reprise dans [MASCLEF 1886], aux de des toits, Smal streepzaad - Cité histo- morphologie assez proche de celle d’O. environs de St-Omer. Cette espèce calcicole riquement par VANDAMME [1864] dans lutea a été découverte à Ourton, non loin thermophile est en limite nord de réparti- les environs d’Hazebrouck. Ces mentions, de Béthune...). tion dans le département de la Somme, où partiellement reprises par BONNIER & elle est présente essentiellement au sud LAYENS [1921], sont douteuses compte Parapholis incurva (L.) C.E. hubbard de ce fleuve, aussi son existence ancienne tenu de la description du taxon faite par (POACÉES) - Lepture courbé, Kromstaart dans le Nord - Pas de Calais paraît très VANDAMME (“n’en diffère (de “ C. virens ” - Une mention douteuse au Platier d’Oye surprenante. = C. capillaris L.) que par sa tige plus grêle [JULVE 1989]. La présence de cette espèce et sa fleur, parfois plus petite”). halophile méridionale dans le Nord – Pas Viola lactea smith (VIOLACÉES) - Violette de Calais reste à démontrer (les citations laiteuse, Echt melkviooltje - La mention Euphrasia stricta J.P. Wolff ex Lehm. correspondent probablement à une de H. VANDAMME [1854] de cette espèce (SCROPHULARIACÉES) - Euphraise raide, confusion avec des formes plus ou moins dans les dunes de Dunkerque fait référence Stijve ogentroost - Plusieurs citations sur falciformes de Parapholis strigosa (Dum.) à un exsiccata de l’herbier CUSSAC. L’ana- le littoral, dans la seconde moitié du XXè C.E. Hubbard). lyse de cette planche d’herbier montre qu’il siècle, à confirmer (le genre Euphrasia est s’agit d’un échantillon un peu atypique de complexe et les traitements taxonomiques Polygala calcarea f.W. schultz (POLY- Viola canina L. subsp. canina var. dunen- ont évolué au cours du temps). GALACÉES) - Polygala du calcaire, sis W. Beck (récolté en 1853) sur lequel Kalkvkeugeltjesbloem - Des mentions CUSSAC avait émis des doutes quant à son Melica nutans L. (POACÉES) - Mélique historiques douteuses en région lilloise : identité “Viola canina L. ? vel Viola lancifolia penchée, Knikkend parelgras - Citée dans la Cysoing [GODON 1909] et Lille [FOCKEU Thore ?”.

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 7 5 2 Présentation des fiches 3 famille : d’après LAMBINON & al. 2004 1 (la nouvelle classification phylogénétique 4 n’a pas été appliquée dans cet ouvrage) 5 8 Nom latin : d’après TOUSSAINT (coord.) 2 2005 (nomenclature basée presque en 9 7 totalité sur LAMBINON & al. 2004) 6 10 Nom(s) français : d’après TOUSSAINT 3 (coord.) 2005 modifié 11 13 Nom néerlandais : d’après la base de 4 14 données flamande belge “Flora Databank”.

statut principal d’indigénat/ 5 introduction dans la région Nord - Pas de Calais :

15 = indigène (inclut les archéophytes) = naturalisé (sténo- ou eury-)

= échappé de culture (subspontané) 12 = adventice

= cultivé 1 Pour la définition précise de ces termes, le lecteur se réfèrera au texte introductif des “Catalogues floristiques régionaux” consultables et téléchargeables sur le site internet du CRP/ CBNBL. Rareté dans la région 6 Nord - Pas de Calais :

= très commun

= commun

= assez commun

= peu commun

= assez rare

= rare

= très rare

= exceptionnel

Le mode de calcul de ces coefficients de rareté régionale est détaillé dans les “Catalogues floristiques régionaux”

7 6 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE Espaces anthropisés 7 menace dans la région Nord 13 Biotopes : indique les principaux - Pas de Calais : types de biotopes (milieux naturels, accotements routiers selon les catégories de l’Union semi-naturels ou fortements anthro- friches internationale pour la conservation pisés) dans lesquels on rencontre le terrils voies ferrées et abords de la nature (U.I.C.N.) adaptées au plus souvent le taxon au sein du carrières niveau régional territoire de l’Atlas. vieux murs Notons que dans certains cas la liste parcs et jardins = gravement peut être restrictive ou originale par trottoirs menacé d’extinc- rapport aux biotopes colonisés par cimetières tion (CR) le taxon à l’échelle régionale ou plus = menacé d’extinction large encore. Quelquefois, des indications écolo- (EN) Une typologie assez simple a été giques supplémentaires complètent = vulnérable (VU) utilisée : cette typologie. milieux littoraux Phytosociologie : = quasi menacé (NT) digues de front de mer 14 présente, dans l’ordre décroissant, Présentation des fiches laisses de mer sur sables les syntaxons (unités de végétations dunes embryonnaires = insuffisamment documenté selon le Prodrome des végétations de dunes mobiles France de BARDAT & al. 2004) envers (DD) car rareté incertaine pelouses dunaires fourrés dunaires lesquelles le taxon présente le plus Aucun symbole = non menacé (LC) dunes boisées d’affinités dans le territoire d’agré- ou critères U.I.C.N. non applicables dunes rudéralisées et friches ment du Conservatoire botanique (taxons adventices, cultivés, sableuses national de Bailleul (Nord-ouest de subspontanés ou sténo-naturalisés) pannes dunaires la France). prés salés L’ordre retenu correspond à une Protections plages vertes fidélité décroissante du taxon vis- 8 mares de chasse et plans d’eau à-vis des différents syntaxons = Protection européenne saumâtres énumérés, quelle qu’en soit la rareté (Annexes 2 et 4 de la Zones humides (sauf littoral) dans le territoire d’agrément. Directive 92/43 CEE étangs Par convention, nous avons limité “Habitats, Faune, Flore”) mares et abreuvoirs à 5 le nombre d’habitats par taxon = Protection nationale (Arrêté canaux et watergangs (dans de rares cas, certains types de du 20 janvier 1982 modifié rivières et becques végétation dans lesquels le taxon est fossés régulièrement observé n’ont pu être par l’arrêté du 31 août roselières et cariçaies (excl. bords 1995) listés). des eaux) Les cas de présence accidentelle dans = Protection Nord-Pas de prairies hygrophiles un ou plusieurs types de végétation Calais (Arrêté du 1er avril mégaphorbiaies n’ont pas été pris en compte. 1991) bas-marais acides tourbières alcalines Le lecteur trouvera en annexe le bas-marais alcalins tableau hiérarchisé et commenté des 9 forme biologique : typolo- landes hygrophiles unités phytosociologiques reconnues gie dérivée de celle de Raunkiaer, saulaies arbustives dans le Nord – Pas-de-Calais (tableau d’après LAMBINON & al. 2004 forêts alluviales ou sur sol provisoire, réalisé par F. DUHAMEL et E. (avec quelques modifications). Pour hydromorphe CATTEAU dans le cadre de la révision la signification des termes, voir le bords des eaux des ZNIEFF de cette région – la présence lexique page 500 et suivantes. sources effective de quelques unités doit encore forêts marécageuses être confirmée). période habituelle 10 Phénologie : milieux prairiaux et pelousaires de floraison dans le Nord de la France Distribution : commentaire sur prairies eutrophes 15 et en Belgique (d’après LAMBINON pâtures mésotrophes la distribution actuelle, et parfois & al. 2004) prés de fauche mésotrophes historique, du taxon dans le territoire pelouses acidiphiles de l’Atlas. Les mentions bibliogra- Affinités phytogéographiques : 11 phiques figurent entre crochets ; d’après OBERDORFER 1998 (avec milieux boisés, landes, haies celles entre parenthèses concernent quelques compléments). Pour la layons forestiers des données pour la plupart inédi- signification des termes, voir le lexique lisières forestières tes issues de la base de données page 500 et suivantes) fourrés mésophiles “DIGITALE”, avec citation de l’auteur forêts et de la date d’observation. Illustration photographique peupleraies 12 coupes forestières du taxon, avec indication de landes sur sol sec à frais l’auteur du cliché haies

Espaces cultivés champs cultivés jachères

FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 7 7 Oligotrophile à méso-oligotrophile. 15 16 Diagramme écologique : pré- sente, pour 7 paramètres écologiques 3. Plantes des sols modérément pauvres majeurs, les affinités du taxon à à riches en substances nutritives. Indicatrices de sols ni maigres, ni l’échelle du territoire d’agrément du fertilisés (fumés). mésotrophile à méso- Conservatoire botanique national de eutrophile. Bailleul. 4. Plantes des sols riches en substances Une échelle relative à 5 valeurs a été nutritives. Eutrophile. retenue pour chaque paramètre (voir 5. Plantes des sols à teneur excessive en ci-dessous). substances nutritives (notamment en Contrairement aux coefficients de azote et en phosphore). Indicatrices 15 LANDOLT (1977), qui affichent par un de sols fertilisés (surfumés). hyper- chiffre unique la valeur “moyenne” de eutrophile ou polytrophile. chaque paramètre écologique, nous mat. org. : richesse du sol en matière avons préféré illustrer ici graphique- organique. Cet indicateur a été modifié ment l’amplitude écologique du taxon par rapport aux coefficients initiaux de pour chaque paramètre selon cette LANDOLT (1977). Nous proposons de symbolique : retenir essentiellement deux critères : la Vert foncé = amplitude écologique quantité et la “qualité” de l’humus et la prise en compte de l’espace et des horizons principale du taxon, explorés par les racines. Vert clair = amplitude écologique 1. Plantes des sols bruts (ou absence secondaire (valeurs extrêmes, de sol) : sans couche d’humus ou sans occasionnelles, notamment liées à matière organique. la rareté de ces conditions écologi- 2. Plantes des sols assez pauvres en ques dans le N-O. de la France). matière organique. Indicatrices de sols Eau : humidité moyenne du sol pendant la minéraux. période de végétation. 3. Plantes des sols bien constitués avec 1. Plantes fréquentes sur des sols très humus de type mull ou à teneur secs. Indicatrices nettes de sécheresse. moyenne en matière organique (peu xérophile. à moyennement envasé). Les horizons 2. Plantes fréquentes sur des sols secs. organo-minéraux sont largement Indicatrices de sécheresse modérée. explorés par les racines. mésoxérophile. 4. Plantes des sols riches en humus 3. Plantes des sols modérément secs (moder ou mor) ou riches en matière à humides. Indicatrices d’humidité organique, mais dont une partie des moyenne. mésophile. racines atteint les horizons organo- 4. Plantes principalement réparties sur des minéraux. sols humides à très humides. Indicatrices 5. Plantes des sols constitués uniquement d’humidité prononcée. mésohygrophile. d’horizons d’humus ou de matière 5. Plantes des sols mouillés et détrempés ou organique. Les racines n’atteignent pas aquatiques. Indicatrices d’engorgement d’horizon organo-minéral. prolongé à permanent. hygrophile à aquatique. granulo. : valeur de compacité du substrat, de granulométrie, de “dispersité” ph : valeur de réaction, teneur en ions H+, et d’asphyxie ou d’anoxie. Indique les acidité, richesse en bases. possibilités d’oxygénation d’un sol compte 1. Plantes des sols très acides, indicatrices tenu de sa composition granulométrique d’acidité prononcée. hyperacidiphile à et notamment de sa teneur en éléments acidiphile. grossiers. Attention, l’échelle de valeur 2. Plantes des sols acides, indicatrices est inversée (du substrat le plus grossier d’acidité moyenne. méso-acidiphile à au plus fin). 16 acidicline. 3. Plantes des sols peu acides à neutres. 1. Plantes des rochers, rocailles et murs. Neutro-acidicline à neutrophile. Plantes rupestres. 4. Plantes des sols neutres à alcalins. 2. Plantes des éboulis, pierriers et graviers 18 Neutrophile à calcicole. moyens à grossiers (Ø > 2 mm). 5. Plantes quasi exclusives des sols riches 3. Plantes des sols perméables, sableux à en bases, en général calcaires. Calcicole graveleux, très bien aérés (0,05 mm < à calcaricole. Ø < 2 mm). 17 4. Plantes des sols globalement limoneux Nutriments : valeur de substances pauvres en éléments grossiers nutritives, trophie. Indique la richesse en (0,002 mm < Ø < 0,05 mm), plus ou éléments nutritifs, notamment l’azote et le moins bien aérés. phosphore. 5. Plantes des sols argileux (Ø > 0,002 mm) 1. Plantes des sols très pauvres en substances ou tourbeux ; sols asphyxiants. nutritives. Indicatrices prononcées de sols maigres. hyper-oligotrophile. 2. Plantes des sols pauvres en substances nutritives. Indicatrices de sols maigres.

7 8 FLORE DE LA FLANDRE FRANÇAISE 18 17 5. Plantes ’cel d rsiuin s l maille UTM de2xkm. la est restitution de L’échelle territoire del’Atlas dedistribution surle Carte 4. Plantes lumière, pleine de stations 4. des Plantes moyennement stations des 3. Plantes 2. Plantes 1. Plantes plantes à se développer sur des sols salins. sel pleine qu’en développant 5. se ne Plantes . lne ds ttos ombragées. stations des 2. Plantes ombragées. très stations des 1. Plantes période devégétation. la pendant plante la par perçue lumineuse Lumière du district Picard, justeausud. très fréquentes sur les terrains crayeux devenant mais l’Atlas de territoire le dans rares très calcicoles espèces pour des rareté particulièrement (6), de régionale l’indice avec rareté importants de coefficient parfois écarts des notera On régional. le pour que le l’Atlas : calcul de mode même le dans utilisé avons de taxon territoire du Rareté 3. Plantes

fortement saumâtre de mer l’eau de celle à équivalente substrat exposé aux embruns salés légèrement saumâtre ou régulièrement salés. minéraux), sels en occasionnellement exposées riches aux embruns très sols de Indicatrices delumière. mais supportant temporairement l’ombre. pénombre. sciaphile de ou ombragées hyper-héliophile lumière. de nettes Indicatrices lumière. Indicatrices d’ombre. d’ombre. sciaphile nettes Indicatrices a ale ( dans maille certaines la et précision avec géolocalisées exceptionnellement 1990. à antérieure donnée rouge :Point desdonnéesoriginelles).à partir Système d’information géographique le par automatique (géolocalisation maille la dans incertaine manière Carré bleu : signalé depuis 1990 de manière danslamaille certaine Carré noir : signalé depuis 1990 de reste imparfait. et subjectivité de importante part correspondant mais ce travail présente toujours une supprimé, manifestement à été la même population “doublons” a de important nombre :valeur de salinité. Indique l’aptitude des : aer e uir, intensité lumière, de valeur : Ces données ne sont que très que sont ne Cesdonnées . non halophiles nettement nettement halophiles nettement rs halophiles très abeet halophiles faiblement on oag) Un orange). Point

halophiles sciaphile . . héliophile . . aiié du salinité . Substrat . . Substrat . hyper- méso- (ou nous e utr) u auaiés très naturalisées localement. ou culture) (échappées de subspontanées tices, adven- plantes général,s’agit,de en Il bref respective. famille au leur de début groupées d’un sont commentaire) l’objet simplement et mentions des fiches présentation Ordre de par grande divisionsystématique: Les taxons sont tout d’abord classés Les des ou variétés). enfin et espèces genres des puis l’ ces dans présentés sont complète fiche de une par chacun traités taxons les groupes, de l’intérieur À facilement. couleur repérer de se de permettent différente latéraux onglets Des ordre alphabétique des familles des alphabétique ordre - Ptéridophytes - Dicotylédones - gymnospermes - monocotylédones plantes alliéestelleslesprêles) “traditionnel”) “mentions” o pros sous-espèces parfois (ou txn faisant (taxons (fougères et (ausens (conifères)

E S I A Ç N A R F E R D N A L F A L E D E R O L F

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Monocotylédones Dicotylédones Gymnospermes Ptéridophytes