Réalisé avec le soutien de la Communauté Française (direction générale de la Culture, Service de la Musique)

Avec le soutien de Wallonie Bruxelles International

Scherzi Musicali tient à remercier toutes les personnes qui ont soutenu ce projet, et tout particulièrement Dominique et Olivier de Spoelberch, Jan Boon, Catherine Janssens, Frédérick Haas, Mira Glodeanu, Jérôme Lejeune, Johan Grondel et Grégory Van Aelbrouck.

Illustration ORAZIO GENTILESCHI Pise / Pisa 1563 – Londres/London 1639 Joseph et la femme de Putiphar [Potiphar] Joseph and Potiphar’s Wife, c. 1626 – 30 Huile sur toile / Oil on canvas, 204, 9 x 261, 9 cm Windsor, Collection royale / Windsor, Royal Collection

2 DOMENICO MAZZOCCHI (1592 - 1665) La Catena d’Adone Favola boschereccia di Domenico Mazzocchi (1626)

CD 1 Prologo 01 Sinfonia 16 (Kapsberger) 02’14 02 Prologo – De puri campi o Regnator lucente (Apollo) 03’04 03 Prologo – Le Saette sovr’i Rei (Ciclopi) – Ritornello 01’39

Atto 1 04 Scena I – E qual dolce novella (Falsirena, Idonia) 08’27 05 Scena II – Rapido à par de venti (Adone, Echo) 04’13 06 Scena II – Dunque piagge ridenti (Adone) 01’53 07 Scena III – Tanto basti a l’incanto (Falsirena, Idonia, Adone) 06’15 08 Scena III – Rida l’auretta amante (Falsirena) 01’11 09 Scena III – Mira, mira gioioso (Choro di Ninfe e di Pastori) 06’19

Atto 2 10 Sinfonia 12 (Kapsberger) 01’56 11 Scena I – Dunque Oraspe fedel nuntio ne sei (Idonia, Oraspe, Arsete) 05’52 12 Scena II – O nel volto non meno (Falsirena, Oraspe, Idonia, Arsete) 09’07 13 Scena II – Quà trà gioie gradite (Flasirena) 00’58 14 Scena III – O meraviglie altissime d’Amore (Choro di Ninfe e di Pastori) 04’38

3 CD 2 Atto 3 01 Sinfonia 8 (Kapsberger) 01’41 02 Scena I – Qual indurato scoglio (Arsete) 04’18 03 Scena II – Son deste le mie luci (Adone) 02’11 04 Scena III – Dove, dove ne vai (Falsirena, Adone) 07’56 05 Scena IV – L’alme pure degli Dei (Falsirena, Idonia, Oraspe, Choro di Ninfe e di Pastori) 08’48 06 Scena IV – Sù sù dunque pastori (Choro di Ninfe e di Pastori) 01’30

Atto 4 07 Sinfonia 9 (Kapsberger) 04’49 08 Scena I – O con dubbio stupore (Idonia) 02’36 09 Scena II – Dubbiosa e vacillante (Idonia) 01’47 10 Scena III – Per cosi lieve brama (Falsirena, Plutone) 04’32 11 Scena III – De la Maga il grave accento (Choro di Ninfe e di Pastori) 03:15

Atto 5 12 Sinfonia 11 (Kapsberger) 03’34 13 Scena I – Amor non sia che speri (Adone solo) 03’11 14 Scena II – D’acque magiche sparsa (Falsirena, Adone) 04’34 15 Scena II – Dunque liete e ridenti (Falsirena) 00’50 16 Scena III – Florido nembo dal suo grembo (Venere, Adone, Amore, Falsirena) 10’44 17 Scena III – Si, si, cara mia speme (Venere, Amore, Adone) 03’57 18 Scena III – La selva con bei canti (Primo e secondo Choro) 02’07 19 Scena III – Lieto dopo l’errore (Tutto il Choro) 01’42

4 FALSIRENA Luciana Mancini mezzo-soprano ADONE Reinoud Van Mechelen ténor VENERE & NINFA Merel Elishevah Kriegsman soprano AMORE & NINFA Catherine Lybaert soprano IDONIA & NINFA Marie de Roy soprano APOLLO & PASORE Dávid Szigetvári ténor ORASPE & PASTORE Olivier Berten baryton ARESTE, PLUTONE & PASTORE Nicolas Achten baryton

SCHERZI MUSICALI Nicolas Achten archiluth, harpe triple, clavecin, spinettina & direction artistique

Justin Glorieux violon Varoujan Doneyan violon & alto Lambert Colson cornet à bouquin, cornet muet & fl ûte à bec Eriko Semba viole de gambe & lirone Simon Linné théorbe & tiorbino Solmund Nystabakk théorbe & guitare baroque Korneel Bernolet orgue & clavecin à cordes en boyau

Reinoud Van Mechelen et Korneel Bernolet Lauréats Dexia Classics

5 Harpe triple (Anonyme, , 17ème siècle) Rainer Th urau, Wiesbaden, 2006 (NA) Clavecin (Boni, 1619) Alan Gotto, Norwich, 2008 (NA) Spinettina (Franciscus Patavinus, Venezia, 1527) Jan Boon, Mechelen, 2006 (NA) Clavecin cordé en boyau (Anonyme, Napoli, 16ème siècle) Augusto Bonza, 1999 (KB) Organo di legno (D’après modèles italiens 17ème siècle) Luc Meurice, Spa, 2003 (KB) Th éorbe Klaus T. Jacobsen, London, 2002 (SN) Guitare baroque (Voboam, Paris, 17ème siècle) Hendrik Hasenfuss, Eitorf, 2009 (SN) Th éorbe (Buechenberg, Roma 1610) Lars Jönsson, Dalarö, 2001 (SL) Tiorbino Renzo Salvador, Liège, 2005 (SL) Achiluth (Hartz, Roma 1665) Hendrik Hasenfuss, Eitorf, 2008 (NA) Basse de viole Sergio Marcello Gregorat, Roma, 2009 (ES) Lirone Marco Salerno, Roma, 2001 (ES) Violon attribué à Hendrick Willems, Gent, 17ème siècle (JG) Violon Anonyme italien, 18ème siècle (VD) Alto Catherine Janssens, 2008 (VD) Cornet a bouquin Serge Delmas, Sainte-Geneviève-des-Bois, 2010 (LC) Cornet muet Henri Gohin, Boissy-l’Aillerie, 2009 (LC) Flûte à bec alto en sol Philippe Bolton, Villes-sur-Auzon, 1994 (LC)

Archets à hausse coincée (Anonyme, Autriche, 17ème siècle) Hans Salger, Bremen, 1998 (JG, VD) Archet à hausse coincée (Modèle italien du 17ème siècle) Jérôme Gestaldo, Bruxelles, 2010 (ES)

Enregistré du 13 au 15 puis du 18 au 21 octobre 2010 au Trifolion – Centre Culturel, Touristique et de Congrès de Echternach (Luxembourg) Prise de son & direction artistique : Rainer Arndt Montage : Nicolas Achten – Responsable de production : Julien Dubois Graphisme : mpointproduction. be – Photographies : Robin Davies

6 Orazio Gentileschi Pise 1563 – Londres 1639 Joseph et la femme de Potiphar, vers 1626 – 30 Huile sur toile, 204, 9 x 261, 9 cm Windsor, Collection royale

On ne compte plus les intrigues amoureuses dont les épisodes, parfois osés, jalonnent l’histoire et la fable. En inversant les sexes, les situations mettant ici en présence Vénus et Adonis pour la musique, et Joseph et la femme de Putiphar pour l’image, comportent, malgré dans ce dernier cas la résistance du serviteur fi dèle à l’invite libidineuse, des similitudes qui rapprochent ces deux versions d’un modèle promis à une grande fécondité. L’opéra de Mazzocchi comprend même une troisième aff aire ressortissant au même thème alors qu’après sa liaison avec elle, le jeune amant d’Aphrodite se voit être l’objet du désir eff réné et non solli- cité de la magicienne Falsirena, entre les chaînes de laquelle l’éphèbe est malencontreusement tombé en voulant fuir la vindicte de Mars, époux outragé de la déesse. La convoitise féminine illustre à nouveau un archétype dont on peut multiplier les exemples, quoiqu’il ne manque pas non plus de cas impliquant l’initiative masculine. Peinture, musique, etc. : le « paradigme » s’avère omniprésent dans l’ensemble des arts, tous genres confondus.

La situation décrite par le peintre d’origine pisane est on ne peut plus claire. Dans un contexte biblique, elle met en présence l’épouse de l’eunuque chargé de l’administration de la maison du pharaon et son serviteur Joseph, fi ls de Jacob vendu par ses frères jaloux à un chamelier rencontré au désert, et pour le- quel celle-ci ressent une passion irrépressible. À moitié étendue sur la couche encore chaude où règne un désordre consécutif à une nuit agitée, qu’elle a sans doute passée seule, dépitée, l’air hagard, les yeux fi xés sur l’objet de son désir, Zolaykha tend au jeune homme le manteau qu’elle lui a enlevé par la ruse en espérant le forcer à succomber, à défaut de pouvoir circonvenir sa résistance. L’air décidé, résolu à mettre un terme défi nitif à une supplique réitérée, devenue insistante, le domestique loyal en qui Putiphar a

7 mis toute sa confi ance tire le grand rideau qui isole la pièce qu’il s’apprête à quitter, sans se préoccuper de récupérer son vêtement. Aperçu de dos dans la pénombre, de taille héroïque, le jeune homme habillé avec élégance, tel un personnage de Raphaël, selon l’étiquette en vigueur à la Renaissance, se montre pressé de s’extraire d’une situation embarrassante qui perdure depuis un certain temps, alors qu’il ne s’est jamais montré disposé à accepter l’off re illicite qui lui est faite. Injustement accusé par cette femme perfi de, déçue d’avoir cherché en vain à le séduire, il sera jeté en prison jusqu’à ce que la vérité éclate et que son maître lui rende justice et le rétablisse dans ses droits et dans ses fonctions.

Réglant la mise en scène du drame de façon à obtenir une compréhension maximale de la part du spec- tateur, l’artiste toscan place les protagonistes dans un espace restreint, espèce de proscenium hérité du théâtre grec, et a recours à une composition en frise utilisée par les sculpteurs de sarcophages romains, ce qui a pour eff et de les projeter vers l’avant, de les rendre plus immédiats au regard, plus convaincants. Ainsi le contraste établi entre le désordre régnant dans la pièce, la tenue de la femme, et les draps dépliés aux lignes orthogonales courant dans tous les sens à gauche, et le calme régnant à droite, est-il accentué par l’horizontalité des deux matelas recouverts de satin et le sommier massif richement sculpté, supporté par des pattes zoomorphes, qui entrent en consonance avec la maîtrise manifestée par Joseph, également mise en relief par les motifs rectilignes que rythme la géométrie régulière des losanges décoratifs du sol. Sur fond de vice, dénoncé dans la plupart des cultures, et de vertu, illustrée par l’exemple à suivre, la peinture se prête à une entreprise de moralisation bienvenue dans la puritaine Albion de Charles Ier, dont l’épouse française Henriette Marie, fi lle d’Henri IV et de Marie de Médicis, et sœur de Louis XIII, aurait reçu le tableau en cadeau de la part de son époux commanditaire. De formation classique, Genti- leschi dessine en nombre limité des fi gures monumentales qu’il dispose un peu à la manière du Caravage dont il a été le proche et à l’art duquel il fut attentif, tout en conservant les habitudes acquises en Italie centrale lors de son apprentissage à auprès d’un oncle orfèvre. Aussi a-t-il tendance à ciseler ces personnages aux carnations marmoréennes, par le moyen d’une ligne incisive, aspect illustré « côté du roi » ou « côté jardin » du tableau, tout en recourant « coté de la reine » ou « côté cour » au chiaroscuro de son célèbre collègue et ami, voire à une forme de sfumato, littéralement « enfumé », fl ou générateur

8 d’un certain mystère, et de vaghezza, issu de Léonard. « Contrepoint » ou « manichéisme » venu de la Contre-Réforme romaine dans un pays se livrant à la chasse aux papistes !

Cette clarté d’exposition « scénique » peut-elle être mise en rapport avec l’évolution de l’opéra romain au XVIIe siècle dont le premier de la série, et exact contemporain de l’œuvre, brise la monotonie fl orentine du récitatif, ce qui donne à l’argument un impact nouveau ? Ce caravagisme « didactique », Orazio l’aura porté à Gênes, à Paris, et en Angleterre, pays peu en phase avec sa latinité native, et que seule la mort l’empêchera de quitter pour s’établir en Espagne.

© Denis Grenier

ut pictura musica la musique est peinture, la peinture est musique

9 LA CATENA D’ADONE

RECITAR CANTANDO

L’histoire de la musique prend en 1600 un virage fondamental avec la naissance de l’opéra. C’est à Florence qu’émerge ce genre nouveau au sein de la Camerata Bardi, société savante regroupant les plus éminents humanistes de la ville : artistes, philosophes et théoriciens. On voit grandir leur intérêt pour l’Antiquité, et la lecture des sources, jusque-là inédites, renouvelle leurs connaissances de la tragédie et de la poésie grecques. Ainsi, ces intellectuels appréhendent les modes de représentation de la tragédie et la diction de la poésie antique, à mi-chemin entre une voix parlée et chantée, accompagnée d’un instrument (lira, kithara, arpa, etc).

Ces découvertes révèlent une dimension insoupçonnée — et neuve pour l’époque — de la musique telle que la concevaient les Grecs : d’abord verbe, celle-ci n’est que secondairement rythme, puis son. L’émo- tion, pour être communiquée au public, devait découler selon ce schéma, pensaient les Hellènes. Or, à l’époque de ces redécouvertes, les pratiques musicales de la Renaissance sont l’antithèse des principes édictés par les Grecs : polyphonique, même quand le texte est l’expression du sentiment d’une seule personne, la musique comprend des imitations entre les voix qui désynchronisent le texte, le rendent confus et inintelligible. On comprend pourquoi ces relectures seront déterminantes pour la nouvelle génération de compositeurs tels que Giulio Caccini, Jacopo Peri et Emilio de’ Cavalieri qui, en 1600, écriront chacun une œuvre en stile rappresentativo, calquée sur le modèle de la tragédie grecque.

Par ces découvertes, une nouvelle musique naît : le recitar cantando. Son fonctionnement et sa notation sont théorisés et mis en application : désormais, chaque personnage chantera, à voix seule, une partie qui imite la déclamation, tant du point de vue du rythme que de l’intonation. Pour accompagner cette voix seule, la basse continue voit le jour (le compositeur n’écrit que la basse, sous-entend les accords à jouer par des chiff res), de même qu’un tout nouvel instrumentarium destiné à accompagner les voix.

10 Là encore, la nomenclature des anciens a laissé des traces : le chitarrone (grand luth basse auquel on a rajouté un long manche pour y tendre les basses), le lirone (grande viole de gambe au chevalet très plat qui permet de jouer des accords de 4 sons), et la harpe (alors à deux ou trois rangées de cordes) rejoindront d’autres instruments tels que le clavecin ou l’orgue. Le genre connaîtra d’abord un succès certain dans le nord de la péninsule. Très vite, Monteverdi emboîte le pas avec son Orfeo ; d’une certaine manière, il libère l’opéra des dogmes fl orentins pour y renforcer le sens du drame.

Rome est davantage conservatrice, peu encline aux nouveautés. La religion y possède sans aucun doute une empreinte plus importante qu’ailleurs. Par conséquent, l’opéra met du temps à s’imposer. Près de vingt ans, en vérité. En 1626, Domenico Mazzocchi inaugure le genre dans le centre de la chrétienté avec sa Catena d’Adone.

DOMENICO MAZZOCCHI (1592-1665)

Comme nombre de compositeurs actifs à Rome, Domenico Mazzocchi naît à quelques kilomètres de la ville, à Civita Castellana, au nord, en novembre 1592. Sa vie et celle se son frère, Virgilio, de cinq ans son cadet, sont intimement liées. Tout au long de leur carrière, les deux frères, même s’ils ne com- posent ensemble, ne cessent de se côtoyer, travaillant en tandem et gravitant dans les mêmes sphères ecclésiastiques.

Domenico, après avoir été au séminaire local, prend les ordres en 1606. Docteur en droit en 1619, il est ordonné prêtre le 30 mars de la même année. La double cérémonie se déroule dans la chapelle de l’évêché de sa ville natale.

À défaut de sources complémentaires, il faut s’en remettre à des hypothèses pour combler ces lacunes biographiques. Les rudiments de la formation musicale des deux frères leurs sont sans doute dispensés au séminaire, avant de se perfectionner, chacun de leur côté, à Rome, entre 1614 et 1619 environ.

11 Car c’est là-bas que nous retrouvons la trace de Domenico. L’aîné obtient la citoyenneté romaine par le sénat, dès 1614. Un an à peine après avoir été ordonné prêtre et promu docteur en droit, il entre, comme secrétaire, au service du cardinal Ippolito Aldobrandini, neveu du pape Clément VIII († 1605). Ce poste, réservé aux hommes de lettres (il est juriste), a longtemps fait percevoir Domenico comme dilettante. En réalité, il n’en est rien : occuper les fonctions de secrétaire lui a laissé la liberté d’écrire de la musique pour de nombreuses occasions, qu’il s’agisse de festivités organisées par la famille Aldobrandini ou par d’autres notables romains. C’est le cas de La Catena d’Adone qui, comme nous le verrons, est composée pour la famille Conti, présente à Rome.

Les rentes que perçoit Domenico témoignent des liens qui l’unissent à Aldobrandini : en plus d’un salaire et de son bénéfi ce ecclésiastique, le cardinal va jusqu’à lui léguer une pension dans son testament. Toutefois, plus encore que de ces rentes fi nancières, c’est du soutien indéfectible dont lui témoigne toute la famille Aldobrandini que Domenico tire profi t, pour son frère et lui-même. L’infl uence du cardinal permet à Virgilio d’entrer au service des Barberini et des Pamphili, appelés à devenir papes au même moment (respectivement, Urbain VIII et Innocent X) ; il terminera sa carrière de tout premier plan à Rome comme maître de la chapelle Sixtine. Domenico, quant à lui, après avoir servi le cardinal, reçoit le soutien d’une des nièces de ce dernier, Olimpia Aldobrandini, mariée à un Borghese, puis à un neveu d’Innocent X, Camillo Pamphili. Urbain VIII va jusqu’à lui demander de mettre en musique des textes latins qu’il avait composés (Poemata). Cette période est la plus abondante dans l’œuvre musicale de Domenico Mazzocchi (Coro di profeti ; Dialoghi e sonetti ; Musiche sacre, e morali).

Durant les années 1640-1650, Domenico met sa carrière musicale – si tant est qu’elle soit son activité prin- cipale – entre parenthèses, pour se consacrer à l’étude du site archéologique étrusque découvert à Civita Castellana, sa ville natale. Lorsqu’il revient à la musique, il publie son recueil Sacrae concertationes (1664), collection d’œuvres sacrées écrites trente ans auparavant. On y trouve notamment sept de ses oratorios latins.

Domenico Mazzocchi meurt le 21 janvier 1665, dans un de ses appartements du Palazzo Aldobrandini- Pamphili, laissant sa fortune à un enfant qu’il avait recueilli vers 1640.

12 LA CATENA D’ADONE (1626)

C’est en 1600 qu’Emilio de’ Cavalieri jette, avec La Rappresentatione di Anima, et di Corpo, ce qu’on peut qualifi er de « bases » de l’opéra romain. Les pastorales fl orentines servent toujours de modèles, mais on leur adjoint généralement un instrumentarium plus étoff é et une certaine inventivité : par exemple, diff érents registres du genre se côtoient (comique, sérieux, moraliste et sacré), autant que les person- nages qui en sont issus (historiques, allégoriques, mythologiques ou comiques populaires). Parfois, on va même jusqu’à y introduire des dialectes.

Pourtant, en dépit des sujets variés, une constante domine : toutes ces œuvres revêtent un caractère mora- lisateur, sinon sacré. On n’en attendrait pas moins d’une œuvre commandée par un homme d’église, qui plus est au centre de la chrétienté ! Le comique pour lui-même n’aura donc que rarement sa place avant les années 1630-1640. Parmi les chefs-d’œuvre du genre, mais aussi l’aboutissement de cette première période de créations romaines, citons le célèbre drame historico-hagiographique de Landi, Sant’Alessio.

La Catena d’Adone est représentée la première fois le 12 février 1626. L’œuvre possède les caracté- ristiques du genre : fable pastorale en un prologue et cinq actes, elle relate les amours tumultueuses d’Adonis, Apollon, Vénus et Falsirena… Au ton frivole et sensuel voire érotique de l’œuvre répond une morale chrétienne, publiée à la fi n du livret :

« Falsirena, conseillée par Arsete dans le bien mais persuadée du mal par Idonia, est l’Âme conseillée par la Raison mais persuadée de la Concupiscence. Et comme Falsirena croit facilement Idonia, elle montre ainsi que chaque Émotion est facilement dépassée par le Sentiment. Et si fi nalement, la mauvaise Falsirena est attachée à un dur Rocher, elle doit encore entendre que, pour fi nir, la Peine est disciple de la Culpabilité. Ensuite, Adone qui, éloigné de la Déesse Venus, souff re de divers tourments, est l’Homme qui loin de Dieu, encourt de nombreuses errances. Mais, tout comme Vénus qui, en retournant vers lui, le libère de toute douleur et ne lui apporte que la Félicité, Dieu, après qu’il ne se soit retourné vers nous pour nous porter une aide effi cace, nous fait surpasser les préjudices terrestres et nous fait accéder aux plaisirs célestes. » 13 Nous sommes à présent en droit de nous interroger sur le choix de l’œuvre. Pour répondre à cette ques- tion, commençons par en déterminer le commanditaire. La partition imprimée à Venise nous le révèle : il s’agit de Giovanni Giorgio Aldobrandini, frère du cardinal. Même s’il est probable que Giovanni soit lui-même le commanditaire de l’œuvre, les indices laissent à penser que c’est le cardinal qui a passé com- mande sous couvert de son frère. Le choix du livret nous conforte dans cette idée. Celui-ci a été écrit par Ottavio Tronsarelli d’après les chants XII et XIII de l’œuvre du poète Giambattista Marino, La Prigione d’Adone, mise à l’Index en 1624. Le Cavalier Marino, malheureusement décédé en 1623, est le poète protégé d’Ippolito Aldobrandini. Peut-être le cardinal lui rend-il hommage de la sorte. Le choix de ce livret se justifi e d’autant plus qu’il connaît un véritable succès, puisqu’il sera imprimé trois fois à Venise et trois fois à Rome en 1626 et 1627. Le choix de Domenico Mazzocchi pour écrire la musique prend également tout son sens : le musicien a été au service du cardinal jusqu’à la mort de ce dernier. Lors du déplacement du cardinal à Parme, en 1627, nous savons qu’une représentation de La Catena d’Adone a eu lieu, en présence du duc, à qui Mazzocchi avait dédié son opéra (publié à Venise en 1626). Une autre représentation au Teatro Malvezzi à Bologne en 1648 semble témoigner du succès qu’a connu l’œuvre. Enfi n, un dernier élément, justifi ant par la même occasion le choix de l’œuvre, est le lieu de création : le palazzo du marquis Evandro Conti, un proche de la famille Aldobrandini.

Nous avons quelques informations sur les circonstances de la première représentation. Les décors sont de la main de Francesco de Cuppis, qui n’hésita pas à les réutiliser dans certaines comédies, en raison des scènes « passe-partout » qu’elles représentent. Ainsi, sait-on que trois periaktoi triangulaires étaient dressés de chaque côté de la scène, en plus de décors peints en fond. Ces periaktoi tournaient sur eux- mêmes, ce qui facilitait le changement de scènes. La scène du prologue, qui représentait la grotte de Vulcain, se changeait en sinistre forêt, puis, en jardins idylliques. Un palais d’or, avec des pièces en enfi lade et Adonis enchaîné sur un lit tenait lieu d’ouverture. L’acte IV représente l’antre de Pluton avec, en avant-scène, des blasons aux armes des Conti sur tout le pourtour. Quant aux musiciens, ils n’étaient pas moins de trente, dont deux clavecins, situés hors de la vue des spectateurs.

Enfi n, notre description serait incomplète si nous n’évoquions pas les chanteurs : nous connaissons l’identité des deux protagonistes, qui nous viennent de la chapelle pontifi cale. La magicienne Falsirena 14 est incarnée par Loreto Vittori, un jeune castrat de vingt-six ans fraichement arrivé à Rome, qui vient par ailleurs de chanter aux côtés de Francesca Caccini : il sera l’un des chanteurs favoris du pape Urbain VIII. Lorenzo Sances, ténor aigu âgé de vingt-deux ans, endosse le rôle d’Adonis ; il n’est autre que le frère de Giovanni Felice Sances, compositeur prolifi que qui sera maître de chapelle à Vienne. Proches des papes Barberini, les deux chanteurs voient leurs services proposés dans diff érents spectacles montés par la puissante famille. Ainsi, se verront-ils respectivement incarner les rôles d’Angelica et d’Atlante dans l’un des opéras majeurs donnés à Rome au XVIIe siècle, Il Palazzo incantato de Luigi Rossi (1642).

La Catena d’Adone de Domenico Mazzocchi est le seul opéra qui nous soit parvenu. Son statut d’ecclé- siastique peut l’en avoir empêché, préférant écrire des oratorios et des pièces sacrées. Aux côtés de ses fonctions de secrétaire et de son intérêt pour l’archéologie étrusque, la musique n’a jamais été son acti- vité principale. Aussi, doit-on voir cette Catena comme une brillante incursion du compositeur dans le genre alors en pleine mutation.

LA PARTITION

L’œuvre est d’une beauté saisissante, tant par la qualité de la musique que par la richesse du livret. Elle est un bel exemple de l’art du baroque naissant, où la technique du clair-obscur fait preuve d’une grande effi cacité dramatique. En eff et, les nombreux oxymores qui parsèment le livret traduisent parfaitement le tiraillement émotionnel de la Magicienne : elle brûle d’amour, mais la peur la gèle. Mazzocchi poursuit certes le travail initié par la Camerata Bardi sur le recitar cantando, mais il y ouvre des voies nouvelles et audacieuses au nom de l’expression. La pertinence rhétorique de son langage frappe par plus d’un aspect : harmonies et tonalités inattendues, chromatisme, dissonances et intervalles étranges soulignent les aff etti du texte, nourrissent la tension dramatique et la dimension expressive des personnages.

C’est probablement dans l’expression de la douleur que l’art de Mazzocchi excelle. Ses pérégrinations

15 harmoniques traduisent on ne peut mieux l’angoisse d’Adone ou encore les facettes infi nies du tempéra- ment imprévisible de Falsirena ; dans son long monologue de l’acte III (scène 3), le texte et la musique traversent une très grande palette d’émotions : panique, désespoir, douleur, haine, colère, culpabilité, amour, résignation. Parmi les moments forts, citons quelques juxtapositions d’accords pour le moins abruptes : le passage de si mineur à mi bémol majeur quand Idonia décrit l’altération de la lune lors de l’incantation de Falsirena (acte IV, scène 1), ou dans les scènes de lamentation (acte II, scène 2, ou acte III, scène 4), le fossé entre Falsirena qui chante en mi mineur, et son entourage qui gravite autour de fa majeur.

Si La Catena d’Adone nous captive de bout en bout, c’est probablement aussi dû à la dynamique qui découle de la variété des formes. Bien que le récitatif – au demeurant plutôt lyrique – prédomine, Mazzocchi cherche à éviter la monotonie qui guette le recitar cantando, parsemant son œuvre de mezz’arie. Ces airs miniatures, avec leur walking bass, leur mélodie inattendue et l’asymétrie de leur rythme harmonique, sont uniques en leur genre. Le premier air d’Adone – qui vient juste après l’amu- sant quiproquo du chasseur avec son propre écho – est le seul d’entre eux à avoir trois strophes bien identifi ées mais écrites sur la même ligne de basse, entrecoupées de ritournelles à deux voix.

Chaque acte est ponctué par une scène sylvestre, donnant au chœur un rôle essentiel dans l’œuvre : tantôt à six voix et d’une densité polyphonique certaine, tantôt dans un dialogue entre les trois voix de femmes opposées aux trois voix d’hommes, ou encore dans une villanelle aux accents rustiques. Le chœur de nymphes et bergers va petit à petit s’intégrer à l’univers de Falsirena et assumer pleinement son rôle antique dans la tragédie : il commente les propos des protagonistes et exprime sa réaction émotionnelle. Mazzocchi nous surprendra jusqu’au bout, gardant pour la fi n de La Catena trois types d’écritures complètement diff érents : le trio entre Vénus, Adonis et Amour – où la mélodie écrite pour les paroles « Il sol del ciel e de la terra » est plutôt étrange – semble déjà annoncer Corelli, alors que les trios qui suivent, spatialisés en deux chœurs, sonnent on ne peut plus populaires. C’est fi nalement un double chœur – technique d’écriture généralement réservée à la musique sacrée — qui conclut l’œuvre avec éclat, et laisse entendre au public la morale chrétienne de l’histoire.

16 NOTRE EXÉCUTION DE LA CATENA

À l’instar des opéras écrits depuis 1600, La Catena d’Adone me semble conçu pour une « troupe », tout comme l’étaient les tragédies antiques. Chaque membre du chœur des nymphes et bergers endosse tour à tour un rôle dans la tragédie (un dieu, ou un conseiller de la magicienne), exception faite de Falsirena et Adonis, qui pour des raisons dramatiques évidentes, ne peuvent commenter la tragédie dont ils sont l’enjeu. L’écriture à huit voix du chœur fi nal paraît confi rmer cette idée.

Les instruments de basse continue sont ceux en usage à Rome dans les années 1620. Les divers choix quant à leur réglage (type de cordes, de tension, etc. ), de même que l’utilisation du tempérament mésotonique, ont été opérés en parfaite fi délité avec les pratiques historiques. Aussi, nous avons recours à quelques instruments peu habituels aujourd’hui : pour permettre d’assumer le mésotonique dans les nombreuses pérégrinations harmoniques de Mazzocchi, nous utilisons un clavecin à feintes bri- sées — dont par ailleurs l’un des registres, pour un son plus doux, a des becs en cuir —, un clavecin cordé en boyau, un orgue à registre « principal » à tuyaux ouverts, ou encore la spinettina et le tiorbino (version « à l’octave » du clavecin et du théorbe). La recherche de la couleur instrumentale la plus juste pour dépeindre le caractère de chaque personnage, mais aussi pour traduire la riche palette d’émotions exprimées dans le récitatif, a été au centre de notre démarche. Aussi, chaque personnage est associé à l’instrument qui me semble le mieux illustrer son caractère. J’ai choisi la harpe pour traduire la féminité et la magie de Falsirena, le clavecin cordé en laiton pour la vaillance d’Adonis, l’archiluth pour le ton rassurant d’Oraspe, le théorbe pour l’autorité d’Idonia, l’orgue pour le stoïsme d’Arsete, le son aigu de la spinettina et du tiorbino pour traduire la jeunesse d’Amour, et enfi n le clavecin cordé en boyau comme attribut sonore de Venus, qui se mêle au son de la harpe lorsque Falsirena prend son apparence. Quant aux aff etti, le lirone est l’instrument de la douleur et de la lamentation, l’orgue celui de la magie, le clavecin celui des émotions plus fortes, etc.

Fidèles aux principes décrits par le théoricien Agazzari, nous avons organisé les instruments du continuo selon que leur rôle est harmonique (fondamento) — le théorbe, le clavecin et la harpe joués harmonique-

17 ment, la viole, le lirone, etc. — ou mélodique (ornamento) — l’archiluth, la harpe et le clavecin utilisés de façon mélodique, le violon, etc. —. C’est dans cet esprit que les instruments mélodiques s’intègrent dans le continuo de certains petits airs. Pour les pièces instrumentales qui structurent les actes, nous avons puisé dans les Sinfonie de Kapsperger, tant pour l’adéquation temporelle et géographique avec La Catena d’Adone, que pour leur théâtralité en parfaite cohérence avec l’œuvre. Kapsperger ne précise pas complè- tement l’instrumentation de ces Sinfonie, qui vont jusqu’à quatre voix (deux instruments mélodiques, deux instruments de basse), mais il joue sur le dialogue entre les instruments, et sur le contraste entre des passages tutti et des soli. Certaines sections sont même destinées à une basse continue seule, laquelle peut improviser à sa guise sur le schéma harmonique donné.

Explorer cette partition d’une richesse infi nie a pour nous été un réel plaisir, plaisir que nous désirons partager par le biais de cet enregistrement. Nous espérons également contribuer à redonner à Mazzocchi et sa Catena la reconnaissance qu’ils méritent.

NICOLAS ACHTEN Bruxelles, avril 2011

18 SYNOPSIS

Apollon descend de son nuage et déplore que Vénus, délaissant Vulcain, accorde ses faveurs au jeune et bel Adonis. Ce dernier a séduit Vénus dans son palais situé au cœur de l’île de Chypre. Mais la colère de Mars, époux légitime de la déesse, le force à s’enfuir. Il arrive dans le territoire de la magicienne Falsirena qui s’éprend aussitôt de lui. Bien qu’elle le retienne dans son royaume par une chaîne magique invisible, elle ne parvient pas à recueillir les faveurs du berger qui lui reste insensible. Falsirena devine qu’elle a une rivale et se fait aider par Pluton pour la découvrir. Falsirena apparaît alors en Vénus ; Adonis est abusé quelque temps, mais la vraie Vénus vient mettre fi n à la mystifi cation, enchaînant la magicienne à un rocher avec sa propre entrave.

In the prologue, Apollo descends from the clouds and laments Venus’s desertion of her husband, the god Vulcan, for the beautiful young Adonis. In the opera proper (drawn from cantos XII and XIII of Giambattista Marino’s poem La Prigione d’Adone, ) Adonis has to fl ee from Venus’s former lover, the god Mars, and takes refuge in the land of the enchantress Falsirena, who falls in love with him. Falsirena keeps him captive in her realm by means of an invisible magic chain. Suspecting that he is in love with another, whence his rejection of her, she asks Pluto, ruler of the underworld, to fi nd out who Adonis’s love is. On learning that her rival is Venus, she decides to take on the appearance of the goddess of love. But the real goddess arrives, frees Adonis and has her son Cupid chain Falsirena to a rock, using the chain with which she herself had bound Adonis.

19 Orazio Gentileschi (Pisa, 1563–London, 1639) Joseph and Potiphar’s Wife (c. 1626–30) Oil on canvas, 204. 9 x 261. 9 cm Windsor, Royal Collection

Impossible to count the number of amorous intrigues that punctuate History and the fable, some of which include rather daring episodes. By inverting the sexes, we fi nd similarities between the situations bringing together Venus and Adonis for the music and Joseph and Potiphar’s wife for the image, both versions of a model destined to prove quite fertile. And this despite, in the latter case, the resistance of the faithful servant to the libidinous advances of his master’s wife. Mazzocchi’s opera even includes a third aff air pertaining from the same theme, whereas after his liaison with her, Aphrodite’s young lover fi nds himself the object of the unbridled, unsolicited desire of the enchantress Falsirena, into whose chains the beautiful young man has inadvertently fallen, trying to fl ee the vindictiveness of Mars, the goddess’s gravely off ended husband. Th e female lust again illustrates an archetype of which one can provide multiple examples, even though cases involving male initiative are hardly lacking. Painting, music, etc. : the ‘paradigm’ turns out to be omnipresent in all the arts, regardless of genre.

Th e situation described by the Pisan painter could not be clearer. In a Biblical context, it brings together the spouse of the eunuch in charge of running Pharaoh’s household and his servant Joseph, son of Jacob, sold by his jealous brothers to a camel driver encountered in the desert. In the throes of an irrepressible passion, she is half sprawled on her bed, still warm, the disorder attesting to a restless night that she has doubtless spent alone to her great vexation. Looking frantic, her eyes riveted to the object of her desire, Zuleikha holds out to the young man the cloak that she took off him by trickery, hoping to force him to succumb, for want of being able to overcome his resistance. But, with a determined look, resolved to put a defi nitive end to her insistent, reiterated petition, the loyal servant in whom Potiphar has

20 placed his trust, draws the large curtain that isolates the room that he is preparing to leave, unconcer- ned about retrieving his garment. Seen from the back in the half-light, the elegantly dressed young man is of heroic size like a character out of Raphael. In keeping with the etiquette in force during the Renaissance, he is in a hurry to extricate himself from an embarrassing situation that has gone on for some time, even though he has never shown himself disposed to take her up on her illicit off er. Unjustly accused of rape by this treacherous woman, furious that her attempts to seduce him are in vain, he will be thrown into prison until the truth comes out, whereupon his master renders him justice, restoring his rights and duties.

Adjusting his staging of the drama so as to obtain maximal comprehension for the viewer, the Tuscan artist sets the scene in a limited space, a sort of proscenium inherited from Greek theatre. Resorting to a frieze-like composition used by the sculptors of Roman sarcophagi, he projects the protagonists to the forefront, making them more immediate and more convincing to our eyes. Th us the contrast between, on the left, the prevailing disorder in the room, the woman’s dress, and the rumpled sheets with ortho- gonal lines running in every direction, and the calm on the right, is accentuated by the horizontality of the two mattresses covered in satin and the massive, richly carved bedstead, supported by zoomorphic feet, which echo the self-control shown by Joseph. Th is is also brought out by the rectilinear motifs, punctuated by the regular geometry of the decorative lozenges of the fl oor. Against a background of vice, denounced in most cultures, and virtue, illustrated by the example to follow, the painting lends itself to a raising of moral standards, a welcome venture in the puritanical Albion of Charles I. Th e king allegedly commissioned the painting as a gift for his French wife, Henriette Marie, daughter of Henri IV and Marie de Médicis and sister of Louis XIII. Th e classically trained Gentileschi portrays a limited number of monumental fi gures, arranging them somewhat in the style of Caravaggio, of whom he was a close friend and to whose art he was attentive, whilst preserving habits acquired in central Italy during his apprenticeship in Rome with an uncle who was a goldsmith. He thus tends to chisel these fi gures with their marmoreal complexions, by means of an incisive line in the illustrated ‘stage left’ aspect of the painting, whilst having recourse, on ‘stage right’, to the chiaroscuro of his famous colleague and friend, or even to a form of sfumato (literally, ‘smoky’), a blur generating a certain mystery, and vaghezza,

21 derived from Leonardo. ‘Counterpoint’ or ‘Manichaeism’ coming from the Roman Counter-Reforma- tion in a country carrying out papist hunts!

Can this clarity of ‘stage’ exhibition be compared to the evolution of Roman opera in the 17th century of which the fi rst of the series and exact contemporary of the work breaks the Florentine monotony of the recitativo, giving the story a new impact ? Orazio will have taken this ‘didactic’ Caravaggism to Genoa, Paris, and England, a country hardly in phase with his native latinità. Only death would prevent him from leaving there to settle in Spain.

© DENIS GRENIER Translated by John Tyler Tuttle

ut pictura musica la musique est peinture, la peinture est musique

22 LA CATENA D’ADONE

RECITAR CANTANDO

Th e history of music took a signifi cant turn in 1600 with the birth of opera. Th e new genre emerged in Florence within the Camerata of Count Giovanni de’ Bardi, a learned society bringing together the city’s most eminent humanists : artists, philosophers and theorists. Th ey showed a growing interest in antiquity, and being able to read the recently published sources gave them new insight into Greek tragedy and poetry. Th ose intellectuals thus apprehended the modes of performance of tragedy and the diction of ancient poetry, between speech and song, accompanied by a musical instrument such as the lira, kithara or arpa.

Th ose discoveries revealed an unexpected dimension, new for its time, of music as conceived by the Greeks : fi rst of all the word, and only secondarily rhythm, then sound. Th e communication of emotion to the au- dience should, the Greeks believed, follow that pattern. But at the time of those rediscoveries the musical practices of the Renaissance were the antithesis of the principles laid down by the Greeks : polyphonic, even when the text was expressed the feelings of just one person, the music included imitation between voices, which desynchronised the text, causing it to be confused and unintelligible. It is easy to understand why those reinterpretations were to be decisive for the new generation of composers such as Giulio Caccini, Jacopo Peri and Emilio de’ Cavalieri who, in 1600, were each to write a work in stile rappresentativo1 based on the model of Greek tragedy.

Th us a new type of music came into being : recitar cantando. Its functioning and notation were theorised and implemented : henceforth each character was to sing, solo, one part, imitating declamation in both rhythm and intonation. To accompany that solo voice, the basso continuo came into being (the composer wrote only the bass, implying the chords to be played by means of fi gures – hence the alternative term ‘fi gured bass’), as well as a new instrumentarium intended to accompany the voices. Th ere again, the nomenclature used by the ancient Greeks left its mark : the chitarrone (a large bass lute with a neck extension to accommodate

23 open – unfretted – bass strings), the lirone (a large bass viol with a fl attened bridge allowing for the playing of four-note chords ) and the harp (then with two or three rows of strings) joined other instruments such as the harpsichord or the organ. Th e genre was to experience considerable success, in northern Italy fi rst of all. Very soon, Monteverdi followed suit with his Orfeo, with which he released opera from the Florentine dogmas and thus heightened the sense of drama.

Rome was more conservative, somewhat averse to novelty. Religion undoubtedly had a larger imprint there than elsewhere. Consequently, opera was slow in taking hold. Almost twenty years, in fact. In 1626 Domenico Mazzocchi inaugurated the genre there with La Catena d’Adone.

DOMENICO MAZZOCCHI (1592-1665)

Active in Rome, Domenico Mazzocchi was born in Civita Castellana, sixty or so kilometres to the north, in November 1592. His life was closely associated with that of his younger brother, Virgilio Mazzocchi (1597- 1646). Although they did not compose together, the two brothers, working in tandem and moving in the same ecclesiastical spheres, came together constantly throughout their careers.

After attending the local seminary, Domenico took holy orders in 1606. He was ordained on 30 March 1619, and was made a Doctor of Laws the same year ; the double ceremony took place in Civita Castellana, in the chapel of his local diocese. In the absence of additional sources, we have to rely on assumptions to fi ll the gaps in the biography. Th e two brothers probably received a basic musical training at the seminary, before going on to further their studies separately in Rome between about 1614 and 1619. For it is there that we next fi nd Domenico. He was granted citizenship of Rome by the senate in 1614. Probably in 1621 he entered the ser- vice of Cardinal Ippolito Aldobrandini (a nephew of Pope Clement VIII, d. 1605) as secretary. Th is position, reserved for men of letters, has long caused Domenico to be regarded as a dilettante. But in fact holding the position of secretary left him the freedom to write music for many occasions, whether festivities organised by members of the Aldobrandini family or by other Roman notables. His opera La Catena d’Adone, for example, was composed for the Conti family, which was present in Rome. 24 Domenico Mazzocchi’s fi nancial means show his ties with Aldobrandini : in addition to a salary and his lifelong ecclesiastical benefi ce, he received the bequest of an income for life on the Cardinal’s death in 1638. Furthermore, he took advantage for his brother and himself of the unwavering support of the whole of the Aldobrandini family. Th e Cardinal’s infl uence enabled Virgilio to enter the service of Maff eo Barberini and Giambattista Pamphili, each of whom became pope (as Urban VIII and Innocent X, respectively), and he went on in his brilliant career to serve the Cappella Giulia (Sistine Chapel) of St Peter’s as maestro di cappella. Meanwhile, after Ippolito Aldobrandini’s death, Domenico received the support of his niece, Olimpia Aldo- brandini, who was married fi rst of all to Paolo Borghese, then to Camillo Pamphili, a nephew of Innocent X. He also set Latin texts composed by Urban VIII (Poemata). Th at was the most prolifi c period in Domenico Mazzocchi’s career, when he produced his Coro di Profeti, the Dialoghi e sonetti and Musiche sacre, e morali.

During the years 1640-1650, Domenico put his musical career – assuming that it was his main activity – in parentheses, and devoted his main energies to studying the Etruscan archaeological site discovered in Civita Castellana, which he believed to be the site of the Etruscan town of Veii. Eventually he returned to music and in 1664 published his Sacrae concertationes, a collection of sacred works including, notably, seven of his Latin ora- torios, and dating, at least in part, from much earlier ; some of the works it contains were apparently composed some thirty years previously.

Domenico Mazzocchi died on 21 January 1665, in the apartment he occupied in the Palazzo Aldobrandini- Pamphili, leaving his fortune to the young Roman boy he had adopted in about 1640.

LA CATENA D’ADONE (1626)

In 1600, with La Rappresentatione di Anima, et di Corpo, Emilio de’ Cavalieri (c. 1550–1602) laid what may be regarded as the foundations of Roman opera. Th e Florentine pastorales still served as models, but generally speaking a larger instrumentarium and more inventiveness were brought into play : for example, diff erent registers coexisted (comic, serious, moral, sacred) and the characters could be historical, allegorical, mytholo- gical, or borrowed from popular comedy. Sometimes dialects were even introduced. 25 Yet, despite the variety of subjects, one permanent feature predominated : all of these works were of a mora- lising, if not religious, character. Which is hardly surprising for ones commissioned by a man of the church living in Rome, the centre of Christianity! Comedy for its own sake therefore rarely had its place until the years 1630-1640. Among the masterpieces of the genre, and also the culmination of that fi rst period of Roman opera, let us mention the famous historical and hagiographical drama by Stefano Landi, Sant’Alessio.

La Catena d’Adone, fi rst performed on 12 February 1626, presents the characteristics of the genre. A pastoral tale in a prologue and fi ve acts, it relates the tumultuous love aff airs of Adonis, Apollo, Venus and the enchan- tress Falsirena. Th e frivolous and sensual, even erotic, tone of the work has its response in the Christian moral, with the Allegoria della favola, the allegory of the fable, printed at the end of the score, explaining the moral meaning of the plot :

‘ Since Falsirena, counselled by Arsete to the good, but persuaded by Idonia to the bad, is the Soul counselled by Reason, but persuaded by Concupiscence. And how Falsirena yields easily to Idonia, shows thus, that every Feeling is easily overcome by Sense. And if the wicked Falsirena is eventually tied to an unyielding Rock, one must likewise understand, that Punishment in the end is the follower of Guilt. Adonis then, who far from the Deity of Venus goes through encounters of various labours, is the Man, who far from God makes many mistakes. But how Venus, retur- ning to him, frees him from every trouble, and brings to him every happiness, thus God, after he returns to us with his effi cacious help, makes [the Soul] advance over worldly harms, and renders it participant of celestial pleasures. ’

We we may wonder about the choice of this work. But let us begin by determining who commissioned it. Th e score printed in tells us that it was Giovanni Giorgio Aldobrandini, the Cardinal’s brother. Although it is likely that the latter did indeed commission the work, evidence suggests that the Cardinal was behind his

26 action. And the choice of libretto lends credence to that. It was written by Ottavio Tronsarelli, who drew on Cantos XII and XIII of La Prigione d’Adone by the Neapolitan poet Giambattista Marino, which was put on the Index, i. e. prohibited, in 1624. Marino, who was a protégé of Ippolito Aldobrandini, had died in 1623. Th is was possibly the Cardinal’s way of paying tribute to him. As proof that the libretto was a good choice, it was a great success : it was printed three times in Venice and three times in Rome in 1626 and 1627. Th e choice of Domenico Mazzocchi for the music is also signifi cant : the musician had been in the Cardinal’s service since 1621 and was to remain with him until the latter’s death in 1638. When the Cardinal travelled to Parma in 1627, we know that a performance of La Catena d’Adone given there was attended by the Duke of Parma, to whom Mazzocchi had dedicated his opera (published in Venice in 1626). Another performance at the Teatro Malvezzi in Bologna in 1648 also appears to have been very successful. Finally, the opera had been fi rst performed in 1626 at the Palazzo Conti, home of Marquis Evandro Conti, who was close to the Aldobrandini family.

We have some information about the circumstances of the fi rst performance. Th e sets were the work of Francesco de Cuppis, and since they were ‘all-purpose’, more or less, representing scenes that occurred quite frequently, he did not hesitate to use them again for a number of other works. We know that, as well as painted backcloths, there were three triangular periaktoi positioned on either side of the stage. Th e periaktoi, which revolved, made scene changing much easier. Th e setting of the prologue, the cavern of Vulcan, changed into a sinister forest, then into an idyllic garden. A golden palace, with a suite of rooms and with Adonis chained to a bed, served as an overture. Act IV represented Pluto’s cavern, and all around the edge of the proscenium were escutcheons displaying the Conti coat of arms. Th e orchestra numbered no fewer than thirty musicians, including two harpsichordists, who played out of sight of the audience.

Finally, we must no forget to mention the singers. We know that the parts of Falsirena and Adonis were taken by two members of the papal chapel. Th e sorceress Falsirena was played by Loreto Vittori, a twenty-six year- old castrato who had recently arrived in Rome and had sung not long ago with Francesca Caccini : he was to be one of the favourite singers of Pope Urban VIII. Lorenzo Sances, a twenty-two-year-old high tenor, took the part of Adonis ; he was the brother of the prolifi c composer Giovanni Felice Sances, who later became

27 Kapellmeister in . Both singers were close to the Barberini popes and took part in various spectacles staged for that powerful family, including the roles of Angelica and Atlante, respectively, in one of the major operas given in Rome in the seventeenth century, Luigi Rossi’s Il Palazzo incantato (1642).

La Catena d’Adone is Domenico Mazzocchi’s only surviving opera. As an ecclesiastic, he may have preferred to write oratorios and sacred works. What with his duties as secretary to Cardinal Aldobrandini and his interest in Etruscan archaeology, music was never his sole activity. La Catena d’Adone must therefore be seen as the composer’s brilliant foray into a then fast-changing genre.

THE SCORE

Th is opera is strikingly beautiful, both in the quality of its music and in the richness of the libretto. It is a fi ne example of early Baroque art, making very eff ective use dramatically of the chiaroscuro technique. Th e oxymo- rons scattered throughout the libretto convey perfectly the emotional confl ict experienced by the enchantress Falsirena, as she burns with love, yet is frozen by fear.

Mazzocchi continued the work on recitar cantando begun by the Florentine Camerata de’ Bardi, while ope- ning up bold new paths in terms of expression. Th e rhetorical pertinence of his language is striking on more than one account, with unexpected harmonies and keys, chromaticism, dissonance and strange intervals hi- ghlighting the aff etti of the text, nourishing the dramatic tension and bringing out the expressive dimension of the characters.

It is probably in the expression of pain that Mazzocchi truly excels. His harmonic peregrinations convey per- fectly the anxiety of Adonis, and the many facets of Falsirena’s unpredictable temperament ; in her long mono- logue in Act III, Scene 3, both text and music go through a wide range of emotions : panic, despair, pain, hatred, anger, guilt, love, resignation. Among the highlights let us mention some juxtapositions of chords that are abrupt, to say the least : the shift from B minor to E fl at major when Idonia describes the change in the

28 moon as Falsirena prepares to invoke Pluto (Act IV, Scene 1) ; the gulf between Falsirena, singing in E minor, and her entourage, closer to F major, in the scenes of lamentation (Act II, Scene 2, Act III, Scene 4).

If we fi nd La Catena d’Adone captivating from beginning to end, it is probably also because of the dynamics arising from the sheer variety of the forms employed. Although recitative (nevertheless rather lyrical) pre- dominates, Mazzocchi avoids the monotony that is the risk of recitar cantando by including a sprinkling of mezz’arie. Th ese miniature arias, with their walking bass, unexpected melody and asymmetrical harmonic rhythm, are unique. Th e fi rst aria for Adonis (just after the episode with his echo) is the only one with three strophes that are well identifi ed but written on the same bass line, interspersed with ritornellos for two voices.

Each act is punctuated by a sylvan scene, giving the chorus an essential role in the work : sometimes for six voices, with a clear polyphonic density, sometimes in dialogue, with the three women’s voices contrasting with the three male voices, or in a villanella with rustic accents. Th e chorus of nymphs and shepherds is gradually integrated into the world of Falsirena, fully assuming its role as in ancient tragedy, commenting on and reac- ting emotionally to the words of the protagonists. Mazzocchi surprises us throughout, and at the very end of the opera he employs three completely diff erent types of writing. Th e trio for Venus, Adonis and Cupid (with a somewhat strange melody for the words ‘Il sol del ciel e de la terra’) seems to herald Corelli. Th e trios that follow, on the other hand, spatialised by the use of two choirs, could not sound more popular. Finally, the work is brought to a brilliant conclusion by the use of a double choir – generally reserved for sacred music – to present the Christian moral of the story.

OUR PERFORMANCE OF LA CATENA D’ADONE

In common with other operas written after 1600, La Catena d’Adone seems to me to have been intended, like the ancient Greek tragedies, for a ‘troupe’. Each of the members of the chorus of nymphs and shepherds takes in turn a role in the drama (as a god or an advisor to the enchantress) ; only Falsirena and Adonis do not also sing in the chorus : for obvious dramatic reasons, they cannot comment on a tragedy to which they themselves

29 are central. Th e writing of the fi nal chorus, for eight voices, seems to confi rm this idea.

Th e instruments of the basso continuo are those that were used in Rome in the 1620s. Th e various options for their adjustment (type of strings, tension, etc. ), as well as the use of meantone temperament, are perfectly true to historic practices. So some of the instruments used are unusual nowadays : to assume the mean- tone in Mazzocchi’s many harmonic peregrinations, we use a harpsichord employing the split sharps scheme (and for a softer sound, leather plectra on one of its registers), a harpsichord with gut strings, an organ with the main Principal stop consisting of open pipes, the spinettina (an ottavino spinet harpsichord) and the tiorbino (a small instrument of the lute family, pitched an octave higher than the theorbo). Th e search for the truest instrumental colour to depict each of the characters, but also to translate the rich palette of emotions expressed in the recitative, was central to our approach. Each personage is associated with the instrument that seems to me to provide the best illustration of his or her character. I chose the harp for the femininity and magic of Falsirena, the brass-strung harpsichord for the courage of Adonis, the archlute for the reassuring tone of Oraspe, the theorbo for the authority of Idonia, the organ for the stoicism of Arsete, the high spinettina and tiorbino for the youthfulness of Cupid, and fi nally, as an attribute of Venus, the harpsichord with gut strings, which mingles with the sound of the harp when Falsirena takes on Venus’s appearance. As for the aff etti, the lirone is the instrument of grief and lamentation, the organ that of magic, the harpsichord that of stronger emotions, and so on.

Faithful to the principles described by the theorist Agostino Agazzari (Del sonare sopra il basso, 1607), we organised the continuo instruments into two types, depending to whether their role is harmonic (fondamento) – the theorbo, harpsichord and harp played harmonically, viol, lirone, etc. – or melodic (ornamento) – ar- chlute, harp and harpsichord used melodically, violin, etc. In that spirit the melodic instruments are integrated into the continuo in some of the short arias.

For the instrumental pieces that structure the acts, we have drawn on the Sinfonie of Kapsberger (c. 1580- 1651), for their temporal and geographical appropriateness, and also for their theatricality, which is perfectly

30 consistent with La Catena d’Adone. Kapsberger does not fully specify the instrumentation of his Sinfonie, which are for up to four voices (two melodic instruments, two bass instruments), but he plays on the dialogue between the instruments, and on the contrast between the tutti and soli passages. Some sections are even intended for basso continuo only, which is allowed to improvise freely within the given harmonic scheme.

Exploring this infi nitely rich score has been a real pleasure for us. A pleasure we wish to share through this recording. We also hope to play a part in bringing Mazzocchi and his opera, La Catena d’Adone, the recognition they both deserve.

NICOLAS ACHTEN Brussels, April 2011 – Translation : Mary Pardoe

31 CD 1 LA CATENA D’ADONE LA CATENA D’ADONE THE CHAIN OF ADONIS

02. Prologo 02. Prologue 02. Prologue

Apollo Apollon Apollo De puri campi, Regnator lucente, Brillant souverain Bright Sovereign of pure fi elds, Abbandono del Ciel la via serena. des champs purs, I leave the peaceful path of Heaven, E scendo à l’altrui danno, J’abandonne la voie sereine And descend to the pains and à l’altrui pena, du Ciel, griefs of others, Nume più d’odii che di Pour descendre vers les peines A God burning more with hatred raggi ardente. et les tourments d’autrui, than with radiance. Dieu plus ardent de haine Già scopersi à Vulcan l’occulte frodi que de rayons. Already to Vulcan I have revealed De l’impura d’Amor the secret betrayals madre fallace ; Déjà j’ai révélé à Vulcain Of Cupid’s false and lustful E con lei vidi entro prigion tenace la tromperie mother ; Il Dio del ferro avvinto De la mère de Cupidon impure And with her I saw, in ferrei nodi et fausse ; in a miserable prison, Et avec elle j’ai vu, dans une Th e God of iron enchained Ond’io che disvelai la colpa antica lugubre prison, in irons. Prov’ ogn’ hor contro Le Dieu du fer enchaîné me folgori d’ira ; dans les fers. Th erefore I, who revealed Ed’ ella intanto per Adon sospira, the ancient sin, Ad ogn’ altro gioconda, Et moi qui ai révélé Still feel her fl ashes of anger ; à menemica. l’ancienne faute, And she meanwhile sighs J’éprouve toujours envers moi for Adonis, Hor che fugge il Garzon des foudres d’ire, Smiling upon everyone else, gli altrui furori Et elle, entretemps, soupire hostile towards me. Ver l’antro di Vulcan drizzo pour Adonis, le piante. Agréable envers tous, haineuse Now that the youth fl ees E d’odii vago, e di vendette amante envers moi. another’s fury, Se balenai splendor Towards Vulcan’s cavern I turn

32 fulmino horrori. Maintenant que le jeune homme my steps ; Vuò che con tempre sovr’humane fuit la fureur d’autrui, And, keen for hatred, and full of e nuove Vers l’antre de Vulcain vengeance, Vulcan’ in aurei nodi Adon ravvolga, je dirige mes pas ; If I was once resplendent, now I E da l’amor di Venere il ritolga Et plein de vengeance et avide fulminate horror. Laccio famoso d’incantate prove. de haine, Si j’ai rayonné de splendeur, I want Vulcan, by new and Cessi per me con miserabil gioco, je fulmine d’horreur. superhuman means, Ogni cara trà lor gioia gradita, To enwrap Adonis in golden Poiche giusto mi par che porga aita Je veux que par un travail chains, Il Dio de lo splendor al Dio nouveau et surhumain, A glorious bond of magic qualities, del foco. Vulcain enlace Adonis And thus remove him from de chaînes dorées, Venus’s love. Et le ravisse à l’amour de Vénus, Liens fameux pour leur eff et May my base trick put an end to magique. All the joys that are their pleasure, For to me it seems just for the Que cessent grâce à moi par un God of Light jeu misérable To come to the aid of the God Toutes les joies qui leur sont of Fire. agréables, Car il me paraît juste que vienne en aide Le Dieu de la splendeur au Dieu du feu.

03. Choro di Ciclopi 03. Choeur des Cyclopes 03. Chorus of Cyclops Le saette Les fl èches Th underbolts Sovr’ i rei Sur les coupables Are the Gods’ way Son vendette Sont la vengeance Of taking revenge De gli Dei. Des Dieux. On the guilty. Ma trà noi Mais entre nous But amongst us

33 Più n’accende, Il en brûle plus Wicked Cupid Più n’off ende Il en blesse plus, With his arrows L’empio Amor coi dardi suoi. Le méchant Amour avec ses traits. Brings more burning, brings more pain. Le facelle Les fl ambeaux Son’ ardenti, Sont ardents, His little brands Le fi ammelle Les fl ammes Are ardent, Son’ cocenti, Sont brûlantes, His little fl ames Ma ne’ cori Mais dans les cœurs Are scorching, Più sfavilla, Il étincelle plus But in men’s hearts Più scintilla Il scintille plus, Th e furies L’aspro Amor co i suoi furori. L’âpre Amour avec ses fureurs. Of cruel Cupid Have more sparkle, have more glitter.

ATTO I ACTE I ACT I 04. Scena una 04. Scene une 04. Scene 1

Falsirena Falsirena Falsirena E qual dolce novella Quelle douce nouvelle, What sweet news, O cara Idonia i’ sento J’entends, ô chère Idonia : O dear Idonia, do I hear? Ch’erri tra questi campi Il erre dans ces bois une âme Th at in these fi elds roams a Soul Alma si bella si belle so fair, Del gran regno d’Amor Qui est le bonheur suprême Th e supreme happiness of Cupid’s sommo contento ? du grand royaume d’Amour ? great realm.

Idonia Idonia Idonia Hor hor che facea segno Tandis que l’aube riante At the fi rst signs of happy dawn, Sù’l mattin ruggiadoso Au matin couvert de rosée, Silvering the sky D’inargentare il ciel l’Alba ridente Faisait signe d’argenter le ciel, Upon this dewy morn, Vidi aspetto sì degno J’ai vu dans ces bois ombragés I saw in these shady woods Trà questo bosco ombroso Une divine apparition A divine apparition Far de la sua beltà mostra lucente Faire étalage Showing his splendid beauty,

34 E parve il sol che precorresse l’Alba de sa lumineuse beauté, And it was as if the Sun had Se non ch’il suo splendore Et il semblait que le soleil avait preceded the Dawn, Avanza l’Alba ed è précédé l’aurore Except that his splendour del Sol maggiore. À moins que son éclat Surpasses the Dawn and ne surpasse l’aurore outshines the Sun. Falsirena Et soit plus grand que celui Forse trà queste selve du Soleil. Falsirena Mirasti il biondo Apollo Perhaps amidst these forests Incurvar l’arco e saettar le belve ? Falsirena You saw the blond Apollo Peut-être dans cette forêt Bend his bow to shoot wild beasts? Idonia As-tu vu le blond Apollon Ah ch’egli hà di costui Bander son arc et chasser Idonia Pregi tanto minori les fauves ? Ah, his qualities Are inferior by far : Quanto egli i corpi Idonia He wounds the body, this one e quest’impiaga i cori. Ah ! Celui-ci n’a, par égard wounds the heart. à celui-là, Falsirena De biens minces vertus : Falsirena Dimmi dunque qual Nume Celui-ci blesse les corps et celui-là Tell me then which God, Raccolto in mortal velo les cœurs. Appearing in mortal guise, Quì spande eterno lume Here shines forth eternal light E lieto cangia queste piagge Falsirena And joyously makes these in cielo. Dis-moi donc quel Dieu shores heavenly? Enveloppé dans un voile mortel Idonia Répand ici une lumière éternelle Idonia Questo novello Amore Et joyeux change ces rivages Th is new God of Love De’ crini il bel tesoro en paradis ? Has beautiful hair Torce in anella d’oro ; In intertwining locks of gold ; Ne la fronte ha’l candore Idonia His brow has the whiteness De l’argentato giglio Ce nouvel amour Of the silvered lily ; Distinto in vivo ardore Tord en boucles d’or With their burning ardency Di geminata stella è il Le beau trésor de ces cheveux, His eyes are twin stars ; doppio ciglio ; Au front il a la candeur His brow is a diamond,

35 La fronte hà di diamante Du lys argenté, Among pearls and rubies ; Trà perle e trà rubini Ses yeux d’une vive ardeur His face colours Colorisce il sembiante Sont semblables à deux étoiles ; With the diff erent hues Qual con vario color mostrar Son front est comme un diamant, Th at appear as morning comes : si suole Son visage prend les couleurs He imitates the rose at dawn, Sù i matutin confi ni De la perle et du rubis, and he is like the Sun. La Rosa emula à l’Alba è pari Seule la rose se montre ainsi And he resembles the God al Sole. De couleur variable aux confi ns of Love, but for the fact E rassomiglia Amor se non du matin Th at he is not blindfolded che solo Emule de l’aube et semblable and has no wings. Gli è tolto il velo e gli è au soleil. negato il volo. Et il ressemble à l’amour si ce n’est Falsirena Que le bandeau lui est ôté Ah, do not increase Falsirena et le vol interdit. My keen desire, Deh più non spirar voglie For my delighted heart A l’avido desio Falsirena Is melting with tenderness. Che soave si scioglie Ah, n’inspire plus l’envie In dolcezza il cor mio. A mon désir avide, Idonia Car mon cœur ravi For her own glory, Idonia Se fond en tendresse. From her admirable breast, Per pompa di se stessa Nature did not beget Più leggiadra fattura Idonia More delightful a creature. Dal suo mirabil seno Pour sa propre gloire Girded at his waist Non partorì Natura ; La nature n’a pas engendré He has his resounding horn Hà cinto al fi anco intorno De son sein admirable And, carrying a golden bow Il risonante corno De créature plus charmante. on his shoulder, E su l’homer portando arco dorato Il a attaché à sa ceinture He holds an arrow and has the Lo strale hà in mano Son cor sonore, quiver at his side. e la faretra à lato. Et portant sur son épaule un arc doré, Falsirena Falsirena Il a la fl èche à la main At the sight of so rare an object Per aspetto sì raro et le carquois sur le côté. My heart is burned to ashes, Il sen cener diviene My veins are ardent with love,

36 Ardon d’amor le vene Falsirena And before blazing, I feel myself E pria ch’avvampi À la vue d’un si rare objet burning to ashes à incenerir’ imparo. Mon cœur devient cendre, Mes veines s’embrasent d’amour, Idonia Idonia Et avant de brûler je me sens Intertwoven with golden fl owers, A fi ori d’or contesta tomber en cendres. His precious clothes, Di fi n vermiglio tinge Are of a fi ne vermilion, La pretiosa vesta Idonia And a band of pearls encircles E di zona di perle il seno cinge ; Entrelacé de fl eurs d’or, his breast ; Desta ne’ campi ogni suo Son précieux vêtement With each smile he wakes riso i fi ori Est d’une belle couleur vermeille, the fl owers in the fi elds, Apre ne’ corpi ogni suo Et un ruban de perles entoure With each step he awakens hearts. passo i cori. sa poitrine ; Son sourire éveille les fl eurs Falsirena Falsirena dans les prés, Ah, vanquished, I give in, Deh che vinta mi rendo Ses pas ouvrent les cœurs And with an unknown fi re E d’incognito foco il seno accendo ; dans les corps. I kindle my heart ; Amante in me la fede : Faith in me is loving : Ciò che l’occhio non scorge Falsirena What my eye cannot glimpse my il pensier vede Ah, vaincue je me rends, thought sees, O meraviglie al mondo altere e sole Et d’un feu inconnu mon cœur O lofty and unique wonders of Son lontana ed avampo, s’enfl amme ; the world, Mi struggo à i raggi e non hò Ma foi m’ouvre à l’amour : I am far away and I am on fi re, visto il Sole. Ce que mon œil ne voit pas, I melt at his rays, and have not ma pensée le voit, yet seen this Sun. Idonia Ô merveille sublime et unique Ove il guardo raggira au monde, Idonia A quell’ aspetto adorno Je suis loin et je m’enfl amme, So fair is he L’aer chiaro si mira Je fonds sous tes rayons Th at wherever his gaze wanders, Si rasserena il giorno. et n’ai point vu mon soleil. Th e air turns clear, Th e day becomes fi ne. Falsirena Ah che beltà sì rara

37 Ben che à le luci ignota Idonia Falsirena M’ha reso amante il core Là où tombe son regard, Ah such rare beauty, Ch’anco il bello del cielo Orné par cette apparence, Th ough my eyes see it not, Bench’invisibil sia L’air paraît clair, Has made my heart fall in love ; Con occulta virtù l’alme Le jour s’apaise. Th us the beauty of the sky, innamora ; Th ough invisible, Dunque lunge da me Falsirena Charms the soul with its magici accenti Ah une beauté si rare, hidden virtue ; Poi ch’Amor più di voi Bien qu’inconnue à mes yeux, Th erefore, begone from me, Hà degne l’opre ed hà famosi A rendu mon cœur amoureux, magic words! i vanti. Ainsi la beauté du ciel, For Cupid’s works are worthier Bien qu’invisible, than you Idonia Par une force secrète séduit And his glories are renowned. O Stolta pria ch’amante les âmes ; Anzi sol la Magia Eloignez-vous de moi, Idonia A l’impresa d’amor scorta ti sia. paroles magiques, O fool more than lover! Puisque les œuvres de l’amour On the contrary, only magic can Falsirena sont plus chères Escort you in your loving Avanza l’arti Amore. Que les vôtres et ses mérites endeavour. plus fameux. Idonia Falsirena Amor senz’ arti more. Idonia Love surpasses magic. Ô sotte plus qu’amoureuse, Falsirena Seule la Magie, au contraire, Idonia Amor sdegna fi erezza. pourra But without magic love dies. Porter secours à l’entreprise Idonia de ton amour. Falsirena Ma non odia vaghezza. Love despises pride. Vorrei che questi campi Falsirena Al suon de’ maghi accenti Amour surpasse la magie. Idonia Rendessi à lui d’ogni beltà ridenti Yet has no aversion to charm. Ond’ allettato dalla ricca pompa Idonia I wish that your magic words De la superba sede Mais sans la magie l’Amour se meurt. Could make these fi elds,

38 Quà il cor volgesse e quì Falsirena Full of beauty to him, fermasse il piede. L’amour méprise l’orgueil. So that, charmed by the rich splendour Falsirena Idonia Of this superb place, Piace l’amico avviso Mais ne hait pas le charme. His heart could love it and his Forse vista sì degna Je voudrais que ces lieux steps linger here. Quì sia che’l piè ritegna Au son de tes accents magiques, A la nuova beltà di Paradiso. Lui soient rendus tout riants Falsirena de beauté, Th is friendly advice is to my Idonia De sorte que, séduit liking ; Indi trà pompe altere par le riche apparat Perhaps so remarkable a sight, A la brama del core De ce superbe endroit, With its new, heavenly beauty, L’alletterai con lusinghieri accenti Son cœur s’y installe et ses pas Will keep him here. Poichè s’avanza trà le s’y attardent. pompe Amore. Idonia Falsirena And then, amidst great Falsirena Ce conseil ami me plaît, magnifi cence, A Tempo ò lieta Idonia Sans doute une vision To your heart’s desire D’allettamenti accorti si remarquable You will entice him with Saggia maestra sei, Retiendra-t-elle ici ses pas charming words, Onde per te riporti Par la beauté nouvelle d’un paradis. For magnifi cence increases love. D’ogni sua guerra il cor dolci trofei. Idonia Falsirena Ma più non si ritardi Donc au milieu d’un grand Happy Idonia, you are a timely Al mio mago valore : apparat, And wise teacher Spiri il campo vaghezza Tu vas le séduire par des propos Of cunning enticements, e l’aria amore. charmeurs, And thanks to you from all its wars Et amener le désir dans son cœur, Th e heart will win sweet trophies. Car l’apparat augmente l’amour. But let my magic power Delay no more : Falsirena Let this fi eld breathe beauty, A temps, ô heureuse Idonia, and the air, love. Tu te révèles une maîtresse avisée

39 Dans l’art de bien séduire, Et grâce à toi le cœur rapporte De toutes ses guerres de doux trophées. Mais il est temps de faire valoir Mon pouvoir de magicienne : Que cette contrée respire le charme et l’air l’amour.

05. Scena seconda 05. Scène deux 05. Scene 2

Adone Adonis Adonis Rapido à par de venti Rapides comme le vent, Let my feet run far away, Lunge fugga il mio piede Mes pas, fuyez au loin, As fast as the wind, E di Marte crudel l’ire paventi. Craignez la colère du cruel Mars. In fear of cruel Mars’s ire. Per Venere la bella À cause de la belle Vénus, Because of fair Venus, Contro me fi ero spira Furieux contre moi Cruelly the bellicose god Il bellicoso Dio Le dieu belliqueux Hurls at me whirlwinds of terror Turbini di terror folgori d’ira. Tempête et fulmine de rage. And angry thunderbolts. Mà più che’l crudo Marte Mais plus que le cruel Mars But more than cruel Mars, A la vendetta intento Bien décidé à se venger, Intent on revenge, Me medesmo pavento C’est moi-même que je crains, I fear myself, Poichè fuggo i furori Car si je fuis ses fureurs For as I fl ee his anger E mi cingon trà boschi ombre Les ombres de ces bois Horrible shadows surround me d’horrori. me terrifi ent. in the woods. Deh (lasso) che vegg’io Hélas ! Que vois-je, Alas, what do I see? E qual’ ombra spirante Quelle est cette ombre haletante What breathing shadow Segue il mio piè tremante ? Qui suit mes pas tremblants ? Follows my trembling step? O mio spirito insano Ô mon esprit malade, O mad spirit of mine, Dubbioso di me tremo Doutant de moi-même je tremble, I tremble as I doubt myself, E fatto ombra d’orror l’ombra Et je crains mon ombre que je And weakened with horror I fear mia temo trouve eff rayante. my own shadow.

40 Segui segui il camino Suis, suis ton chemin car souvent Follow, follow the path, Che spesso à pronto cor fausto le destin For often fate favours a ready è il destino ; Est propice à un cœur préparé ; heart ; Ma qual spina o qual sasso Mais quelle épine, quelle pierre But what thornbush or what stone Mi tronca il calle e mi sospende Fait obstacle à mon chemin Obstructs my path and stops me il passo ? et entrave mes pas ? in my tracks ? O mia vista schernita, Ô ma vue abusée, O my deluded eyes, Ombra d’horror mentita Ombre d’horreur fallacieuse Th ey are false shadow, born Se non che forse (ahi cieco) À moins que peut-être of horror, Trà così duro errore (oh aveugle que je suis) Unless perhaps (alas, how blind!) Spine mi son le cure e sasso il core. Dans une errance si cruelle, By some cruel mistake, Mes soucis sont des épines, My cares are the thorns, my heart Ma dove il piè rivolgo ? mon cœur une pierre. the stone. Arresta il passo, arresta, Ch’odo di fl ebil voce Mais où dois-je aller ? But whither should I turn? Risonar la foresta ; Arrête-toi, arrête-toi donc, But stop, stop, Folle : l’aura mi scherme Car j’entends la forêt For I hear the forest Anzi pietoso il vento Qui résonne d’une voix plaintive ; Resounding with a feeble voice ; In sì mesti susurri, Fou que je suis, c’est le vent qui I am mad : the air mocks me. Forse parla con me del mio de moi se rit, Or maybe, on the contrary, tormento ; Ou alors le vent plein de pitié Th e merciful wind, E per fuggir la tema À travers de tristes murmures, with sad murmurs, In vano i passi scioglio Me parle-t-il de mes tourments ; Speaks to me of my torments ; Che se temo l’horror Et pour fuir ma peur And to escape my fear nel sen l’accoglio C’est en vain que je m’arrête I run in vain, Ma chi fra tanto fi a en ces lieux, For in fearing horror I take it Ch’in sì remoti boschi Car l’horreur que je crains into my heart ; M’additi il giusto fi n de je l’accueille en mon sein, But who in these remote woods l’error mio ? Mais qui pourra enfi n Will be able at last Dans ces bois retirés to point out to me Me montrer la juste fi n Th e just end of my error ? de mon errance ?

41 Echo Echo Echo Io. Moi. I.

Adone Adonis Adonis E chi sei tù che meco Et qui es-tu toi qui parles avec moi Who are you, who speak to me Parli da cavo sen d’ignoto speco ? Du fond de cette grotte inconnue ? From the hollow of an unknown cave? Echo Echo Eco. Echo. Echo Echo… Adone Adonis Quella ch’à l’altrui voglie Celle qui par ses prédictions Adonis Con presaghe risposte Révèle la vérité à qui la souhaite ? She whose foreboding answers il ver discioglie ? Can to the wishful disclose the Echo truth? Echo Révèle. Scioglie. Echo Adonis Disclose… Adone Ah pourquoi au milieu de tant Ah perch’ in tanti aff anni de tourments Adonis Di trovar il suo ben l’alma dispera ? Mon âme désespère-t-elle Ah, why in such grief has my de trouver sa bien-aimée ? soul Echo Lost every hope of fi nding its Spera. Echo beloved? Espère. Adone Echo E sia che lieto il core Adonis Hope… Trà sì folt’ ombre il suo Mon cœur apaisé pourra-t-il bel sole ammiri. admirer Adonis Au milieu de ces bois épais Can it be that, among these deep Echo son beau soleil ? shadows, Miri. My happy heart shall admire its fair Sun ?

42 Adone Echo Echo Ma quando avvenir dee Admire. Admire… Che per Venere in sen gioia m’alloggi ? Adonis Adonis Mais quand est-ce que mon cœur But will my heart, through Echo Grâce à Vénus éprouvera Venus, Hoggi. de la joie ? One day feel joy?

Echo Echo Aujourd’hui. Today…

06. Adone 06. Adonis 06. Adonis Dunque piagge ridenti Donc, riantes contrées Well, then, charming shores, Più che de’ vostri fi ori Plus égayées par vos fl eurs Gladdened more by your fl owers Liete de miei contenti, Que par mon bonheur, Th an by my contentments, Sol fi a che per voi spiri Je ne veux soupirer et rester Let me breathe only for you, e in voi dimori. qu’auprès de vous. and remain with you.

E sotto il vel frondoso Et sous le voile ombragé And beneath the leafy shelter Di quest’ Elce gradita De ce chêne agréable, Of this sweet oak Avido di riposo, Avide de repos, Desirous of rest, Lusinghi la mia speme Je fl atte mon espoir et ma vie. Let me nurse my hope and my life. e la mia vita. Épuisé par la fuite, Tired already of running, Per la fuga già stanco, Accablé d’amère douleur, Oppressed by bitter sorrow, Carco d’acerbo duolo Laissez-moi m’étendre Languishing let me lie down Giaccia languido il fi anco L’herbe me servant d’oreiller With grass for a pillow and earth E gli sia piuma l’herba et le sol de lit. for a bed. e letto il suolo.

43 07. Scena Terza 07. Scène trois 07. Scene 3

Falsirena Falsirena Falsirena Tanto basti à l’incanto Cela suffi t pour l’enchantement, Th is will do for the spell, Poichè sì vago è il loco Car l’endroit est si charmant For this place is so charming Che può con sommo vanto Qu’il peut tout à fait prétendre Th at it can perfectly claim Ogni anima di giel render di foco. Transformer les âmes de glace To set every frozen soul on fi re. en âmes de feu. Idonia Idonia Ed io qui resto intanto Idonia Meanwhile I shall stay Tra quest’ ombre selvagge Et moi en attendant je reste Amidst these wild shades A goder l’aure e custodir le piagge. Parmi ces ombres sauvages To enjoy the breeze and watch À jouir de la brise et à surveiller the shores. Falsirena les lieux. Già di vaghezza intorno Falsirena Hò’l piano e’l colle ornato, Falsirena Already I have encompassed E pronto à un cenno solo Déjà j’ai orné de charmes Plain and the hill with my charms, Ha per me dispiegato La plaine et la colline à l’entour, And at just a sign from me Fra bei nembi di fi or Zefi ro il volo. Et sur un simple signal, Zephyr has taken fl ight Ma che veggio ? ove sono Zéphyr a pris pour moi son vol Among the lovely clusters E qual per gli occhi al core Parmi de jolis nuages de fl eurs. of fl owers. Meraviglia mi scende ? Mais que vois-je ? Où suis-je, But what do I see ? Where am I? Giace Amor senza bende Et quelle merveille descend And what wonder passes Il Sol le luci serra De mes yeux vers mon cœur ? From my eyes to my heart? E’l cielo è sceso in terra ; Amour sans bandeau est étendu, Here lies Cupid without Ah ch’hò presenti i rai Le soleil ferme les yeux his blindfold ; Di chi lontan bramai : Et le ciel est descendu sur terre ; Th e Sun has closed his eyes Questo è il sembiante stesso Ah, j’ai là présents les yeux And Heaven has come down Ch’Idonia à me descrisse, De celui que j’ai désiré au loin : to Earth. A l’arco, al volto Ce sont là les traits mêmes Ah, these are the eyes il riconosco è desso Qu’Idonia m’a décrits, Of the one I desired from afar : Ch’in terra beltà degna À son arc, à son visage, Th ese are the same features E somma leggiadria je le reconnais, c’est lui, Th at Idonia described to me,

44 Non può mirarsi che di lui non sia. Car sur terre une beauté I recognise him from his bow, Falsirena che miri ? si remarquable his face : it is he, A che più dubbia stai ? Une grâce si suprême For on earth such Come in sì vago sole il guardo giri Ne peuvent que lui appartenir. remarkable beauty, Ne ti struggi à l’ardor di sì bei rai ? Falsirena que regardes-tu ? Such supreme grace Avvampo à un tempo e gelo, Comment peux-tu encore douter ? Can only be his. Et in sì dubbie tempre Comment peux-tu regarder Falsirena, what are you looking at? Non discopro i sospiri un si beau soleil How can you still be in doubt? e non gli celo. Et ne pas brûler à l’ardeur How can you look at so fair a Sun de si beaux yeux ? And not burn in the heat of` Adone Je brûle et je suis glacée such fair radiance ? E chi dal mio riposo tout à la fois, I burn and at the same time Desta à suon di lamenti Et dans une humeur si incertaine, I freeze, il cor doglioso ? Je ne révèle pas mes soupirs And in such an uncertain mood, et ne les cache pas. I reveal not my sighs, nor do Falsirena I conceal them. Una che in lieto seno Adonis D’ombre più vaghe e chete Et qui réveille mon cœur affl igé Adonis Tra mirabili pompe Au son de lamentations ? Who wakes my sorry heart from Dolce t’invita a più gentil quiete. its repose Falsirena With the sound of lamenting? Adone Une femme, Donna (se pur del ciel Diva qui dans le sein heureux Falsirena non sei) D’ombres plus charmantes One who, in the happy bosom Le gratie io non disdegno, et paisibles, Of more charming, Mà per ira de Dei T’invite doucement aux plus more peaceful shades, Son trà me pene d’ogni pompa doux repos Amidst wondrous splendours, indegno. Au milieu de fastes admirables. gently invites you To the sweetest repose. Falsirena Adonis A Bellezza celeste Madame (si tu n’es pas Adonis Nemico il ciel non fi a ; une déesse céleste) Lady (if you are not a heavenly Deh vieni anima bella Je ne dédaigne pas tes faveurs, Goddess),

45 (Poco men ch’io non dissi Mais à cause de la colère I do not spurn your favours ; anima mia) des dieux, je suis, However, because of the anger Che in sì ricche foreste Dans mes épreuves, indigne of the Gods, Mirerai di stupor opra novella de tout faste. I, with my sorrows, am unworthy Che ne’ selvaggi spirti of any splendour. Regna ancor gentilezza : Falsirena Aman le palme e i mirti Le ciel ne peut être hostile Falsirena E sanno i boschi ancor À une beauté céleste ; Heaven cannot be hostile ciò ch’è bellezza. Ah, viens, belle âme To heavenly Beauty ; (j’ai failli dire mon âme !) Ah, come, sweet soul Adone Car dans de si magnifi ques forêts (I almost said sweet heart!) A cacciator silvestre tu verras For in these magnifi cent forests Più che vista leggiadra Une œuvre d’une stupéfi ante You will see a wondrous new Piace rigido bosco nouveauté, deed : e rupe alpestre. Car dans les esprits sauvages For in wild spirits Règne aussi la délicatesse : Gentleness still reigns. Falsirena Ils aiment les palmes et les myrtes Palms and myrtles know love Di quest’ ombrosa Sede Et les bois aussi savent And the woods too know what È vaga ogni pendice ce qu’est la beauté. beauty is. Anzi v’è fera in essa Ch’ogni gran preda eccede, Adonis Adonis E chi prender la può rende felice. Un chasseur des forêts A forest hunter Quà quà volgi il desio : Plus qu’une vue agréable, Prefers dense woods Ah che fera è il mio cor preda Aime un bois austère and highrocks, son’ Io. et un rocher abrupt. To a pleasant view.

Adone Falsirena Falsirena Forse tra tante gioie in questa selva Dans cette contrée ombragée In this shady abode (Se l’Echo il ver predisse) Chaque pente est belle, Every bank is pretty, Hoggi trovar potrei Il y a même une bête sauvage And there is even a wild beast La soave cagion degli error miei, Qui surpasse toutes les grandes Th at surpasses all great prey, Che s’indovina è l’alma proies ; And he who can catch Qui sol presago il core Et qui rend heureux celui it is made happy.

46 Spera d’impetrar posa qui peut la prendre. Turn hither your desire : al grave errore. Dirige par là ton désir : Th at beast is my heart, Mon cœur est la bête et la proie I am the prey. Falsirena c’est moi. Deh vieni alma gradita Adonis E prenda homai ristoro Adonis In this forest, maybe, Da i travagli la vita Dans cette forêt, sans doute, among many joys (Vita per cui mi moro) parmi tant de joies (If Echo’s predictions were right), Che trà l’adorne piante (Si Echo a dit la vérité), I could fi nd today Ti chiama à dolci scherzi Aujourd’hui je pourrais trouver Th e sweet cause of my errors, il cielo amante. La douce raison de mon errance, If the soul is a diviner, Car si mon âme est bien inspirée, Only here my foreboding heart Adone Ici seulement, je le pressens, Hopes to fi nd an end Da la brama invaghito mon cœur to its grievous straying. Di cangiar il tenor del mio destino Espère trouver un répit Ecco movendo il piè seguo l’invito. à sa pénible errance. Falsirena Ah, come, sweet soul, Falsirena And let your life Ah, viens âme charmante, (A life for which I long), Et vient te reposer Now rest awhile from its sorrows, Des tracas de la vie For among these fi ne trees (Une vie pour laquelle Loving heaven invites you je me meurs), to sweet sports. Car parmi ces beaux arbres Le ciel amoureux t’appelle Adonis à de doux jeux. Carried away by the ardent desire To change the course Adonis of my destiny Transporté par l’ardent désir I accept your invitation De changer le cours de mon destin and I follow you. Je te suis et accepte ton invitation.

47 08. Falsirena 08. Falsirena 08. Falsirena Rida l’auretta amante Que la petite brise Let the loving breeze smile Al bel seren del tuo divin amoureuse sourie Upon the beauty sembiante, À la beauté de ton divin visage, of your divine face, E trà balli e tra canti Et qu’au milieu des danses And amidst dances and singing Ti si scopra giocondo et des chants May a new sky, a new earth, Novo ciel nova terra Se révèlent à toi avec joie a new world e novo mondo. Un ciel, une terre Joyfully be revealed to you. et un monde nouveaux.

09. Choro di Ninfe 09. Chœur de Nymphes 09. Chorus of Nymphs e Pastori et de bergers and Shepherds Mira, mira gioioso Regarde, regarde joyeux Gaze, O gaze with joy De la fonte l’aspetto L’aspect de la source, Upon this delightful fountain ; Godi godi festoso Jouis, jouis, heureux Enjoy, enjoy with delight De la Selva il diletto. Du plaisir de la forêt. Th e pleasures of the forest.

Qui fonte sorge Ici jaillit une source Here a fountain springs up Al lieto seren Vers le ciel serein Towards the clear sky, Che nembo piove Qui retombe en un nuage And it rains back Di scherzi ripien. Plein de jeux. A cloudful of pleasures, Sonoro muove Elle s’écoule sonore Th en trickles Trà vago terren, À travers un sol charmant ; Th rough the fair earth. V’è lusinsinghiera Là se tient fl atteuse A charming host L’alata schiera La troupe ailée Of wingèd beings Che scioglie a’ venti Qui livre aux vents Scatter to the winds I suoi concenti, Ses accords harmonieux, Th eir harmonious songs ; L’antro risponde L’antre répond Th e cave replies Dal concavo sen. Du fond de sa voûte. From its hollow vault.

Qui l’aria spande Ici l’air étend Here the air spreads Adorno il suo vel Son beau voile Its beautiful veil

48 E spiega amante Et déploie avec amour And lovingly unfolds Le gioie del Ciel. Les joyaux du ciel. Th e delights of Heaven. L’auretta errante La petite brise errante Th e little wandering breeze Avviva ogni stel Anime chaque tige, Livens every stem, Produce il suolo Le sol produit Th e soil produces Gemmato stuolo Une foule de bourgeons, A whole host of gems, E suoi tesori Et ses trésors And its treasures Son lieti fi ori Sont de joyeuses fl eurs Are happy fl owers Che sprezzan l’ire Qui bravent la colère Th at brave the anger Del rigido giel. De la dure gelée. Of the cruel frost.

Quì d’or la Rosa Ici d’or la rose Here the Rose colours Colora il suo crin, Colore sa chevelure, Its hair with gold, E cinge spoglie Et ceint une robe And wears raiment Di vivo rubin. De vif rubis ; Of bright ruby ; Diamanti accoglie Le beau jasmin Th e handsome Jasmine Il bel Gelsomin, Reçoit des diamants, Receives diamonds ; Porporeggianti Empourprées Bright purple Son gli Amaranti, Sont les amarantes, Are the Amaranths ; Avorio è’l viso D’ironie est le visage Of ivory is the face Del bel Narciso, Du beau narcisse, Of the sweet Narcissus ; Son de l’argento Les lys sont Of fi nest silver I Gigli più fi n. De l’argent le plus fi n. Are the Lilies.

Qui ricca brina Ici une riche rosée Here a rich dew Imperla ogni fi or Emperle chaque fl eur Beads each fl ower E smalta il prato Et émaille le pré And scatters the meadow Di puro tesor. D’un pur trésor, With pure treasure. Il Poggio ornato La colline ornée Th e hill bedecked with beauty Hà pregi d’Amor ; À les accents de l’amour ; Receives Love’s rewards ; A tal bellezza, D’une telle beauté, Such loveliness, A tal vaghezza D’un tel charme Such sweetness Sfavilla il giorno Étincelle le jour ; Spangles the day ;

49 Di raggi adorno, Paré de rayons, Adorned with brightness, Zefi ro versa Le zéphyr répand Zephyr breathes Sospiri d’odor. Des soupirs parfumés. Perfumed sighs.

ATTO II ACTE II ACT II 11. Scena prima 11. Scène première 11. Scene 1

Idonia Idonia Idonia Dunque Oraspe fedel nuntio ne sei Ainsi fi dèle Oraspe tu apportes So, faithful Oraspe, Che son di Falsirena la nouvelle you bring us news à i vaghi amori Que le ciel est favorable, Th at Heaven is favourable, Favorevole il ciel, servi gli Dei? les dieux propices the Gods propitious Aux amours charmantes To Falsirena’s sweet love ? Oraspe de Falsirena ? Sovra poggio elevato Oraspe A cui fan manto colorito i fi ori Oraspe Upon a high hill E con Arabo fi ato Sur une colline élevée, Bedecked with colourful fl owers, Gli son zeffi ri eterni aure d’odori, À laquelle les fl eurs font And scented by Arabian perfumes Sedeami in guardia assiso un manteau coloré, Borne on the steady breezes Di questa ch’à me diede Et pour qui les zéphyrs éternels from the west, Falsirena gentil superba fede. ont des brises I was sitting, keeping watch Quando fuori del seno Odorantes au parfum arabe, (A fi ne task entrusted to me Di lucido baleno, Je me tenais assis, surveillant By kind Falsirena), Veglio m’apparve inante Cette superbe contrée When all of a sudden, from amidst Non sò se per l’etade Que m’a confi ée la charmante A bright fl ash of lightning, O più per l’ire sue tutto tremante Falsirena. An old man appeared before me, Caliginose scote Quand sortant du sein Trembling, whether from age, Le sue rigide gote D’un vif éclair, Or from anger I know not, Qual’ accesa facella Un vieillard apparut à mes yeux, Shaking his rough cheeks Avampa insieme e fuma Tremblant du fait de son âge, Covered in soot, Et il petto fl agella Ou alors de sa colère, je ne sais, Burning and smoking Con lunga barba di canuta bruma. Secouant ses joues rudes at the same time

50 Arsete Et couvertes de suie, Like a blazing torch, O mirabili segni Fulminant et fumant And lashing his breast De sommi spirti Comme une torche brûlante, With the long wisps e de’ sovrani sdegni. Et fouettant sa poitrine of his hoary beard. De sa longue barbe Idonia de brume chenue. Arsete L’infi ammato sembiante Oh, wondrous signs Par che vulcan dimostri Arsete Of the highest spirits and of Ma qual’ hor punto da geloso Ô signes merveilleux divine anger. amore Des esprits supérieurs Spira fuor da suoi chiostri et des colères divines. Idonia Contro Venere bella aspro furore. Th e fi ery appearance Idonia Seems to point to Vulcan, Oraspe L’apparition enfl ammée But when with jealous love Indi ver me si volse, Semble indiquer Vulcain, He vents his bitter fury E raddolcendo l’ira Mais au moment où, animé On fair Venus. Il labro ardente in questi detti d’un amour jaloux, sciolse : Il exhale hors de sa demeure Oraspe “Sù queste piagge amene Contre la belle Vénus Th en he turned towards me, La bella Falsirena une âpre fureur. And, subduing his anger, Fuggitivo d’amor Garzon ritiene, Parted his burning lips to say : Mà tra sì lieto Regno Oraspe ‘On these pleasant shores Sia quest’ aurea Catena Alors il se tourna vers moi, Fair Falsirena holds Più caro a l’amor suo fi do ritegno Et réprimant sa colère, A young man, a fugitive of love ; Che s’ella intorno al vago sen Il ouvrit ses lèvres ardentes But in such a happy kingdom s’aggira et déclara : Th is golden chain will be Di fuggitivo amante « En ces contrées agréables A surer restraint for her dear love. Frena il piè di chi fugge e non La belle Falsirena For if she winds it around si mira”. Retient un jeune homme Th e runaway lover’s Sì disse e porto il dono qui fuit l’amour, handsome breast, Co’i detti in aria sparve Mais dans un si charmant royaume Invisibly she will halt the steps E si viddero a un punto Cette chaine d’or sera of a fugitive. ’ Partir’ i lampi e dileguar le larve. Une retenue plus sûre Th ose were his words ; and

51 Idonia pour son cher amour, having Queste ch’à noi disveli Car si elle s’enroule autour Presented the gift Son’ opre occulte de’ benigni cieli de la belle poitrine While he spoke, he then Che con pietà gradita De l’amant qui veut fuir, vanished into the air, Sempre à gli amori altrui Elle retient, invisible, And in an instant the lighting porsero aita. les pas du fugitif. » And the apparitions disappeared. Ainsi parla-t-il et après avoir Arsete remis le présent, Idonia Dunque ama Falsirena À ces mots s’évanouit dans les airs, What you are revealing E di fi amma cocente Et l’on vit en un instant Are the secret workings Trà le gelide selve Disparaître les éclairs of the benign heavens, Ha’l seno ardente ? et s’eff acer l’apparition. Which with kind mercy, Mà ciò stupor non sia : Have always aided others Amor con più gran prove Idonia in their loves. E trà bosco sonante Ce que tu nous révèles Saettator possente Est l’œuvre secrète des cieux Arsete Ch’ivi può più ch’altrove favorables, So Falsirena is in love, Scieglier ramose piante Qui avec une pitié attendrie, And in these frozen forests Per armar di quadrel l’arco nocente Toujours à l’amour d’autrui Her heart is burning a apporté son aide. With a fi erce fl ame? Oraspe But that is no wonder : E qual beltà pomposa Arsete For Cupid it is easier A Maga si famosa Ainsi Falsirena aime, To be a good archer Muove con dolce amor Et, dans cette froide forêt In an echoing wood, soave guerra? À le cœur embrasé For there more than elsewhere D’une fl amme brûlante ? He can select branchy trees Idonia Mais cela n’est guère étonnant : To arm his noxious bow Beltà di cielo non più vista in Amour se révèle plus facilement with arrows. terra Un puissant archer Ed essa à punto hor hora Dans un bois plein d’écho, Oraspe S’è co’l Garzone amato Car là plus qu’ailleurs il peut And what splendid beauty Da le caccie ritratta Choisir des arbres rameux With sweet love tenderly Entro palagio d’auree pompe Pour armer de fl èches makes war

52 ornato son arc funeste. On so famous a enchantress? Mà dubbia e sospirosa Ch’egli da lei non parta Oraspe Idonia Rimira e non si scopre, Et quelle fastueuse beauté A heavenly beauty never seen ama e non osa Livre la tendre guerre on earth, Che per grave martire d’un doux amour And at this moment, she has just Spesso in alma amorosa À une si fameuse magicienne ? left the hunt Ov’ avvampa il desio gela l’ardire. With the young man she loves Idonia And is making her way Oraspe Une beauté céleste jamais vue To a palace splendidly adorned Dunque perch’egli altrove sur la terre, with gold ; il piè non giri Et justement Falsirena But sighing and fearing that he Con questa ad arte ordita Vient de quitter la chasse will leave her, Invisibil Catena Avec le jeune homme aimé She gazes at him without letting Al timoroso cor porghiamo aita. Pour gagner un palais the truth be known : tout orné de fastes d’or ; She loves, yet dares not say so ; Arsete Mais soupirant et craignant For often when desire burns Ah che lieve la Donna Qu’il ne la quitte, In an amorous soul, In vece degli amori Elle le contemple, ne se dévoile Cruelly courage freezes. Con incauto consiglio pas, aime et n’ose rien, A se fabrica errori. Car par un cruel tourment, Oraspe A pena scorge il guardo Souvent dans une âme amoureuse, Th erefore, that he may not turn Ch’innamorata al petto Là où brûle le désir, his steps elsewhere, Si lente acuto dardo le courage se fi ge. With this invisible chain, Pon se stessa in oblio Artfully forged, E per l’amato ogetto Oraspe Let us off er this fearful heart Cangia il cor in pensier Alors, afi n qu’il ne parte our assistance. l’alma in desio. pas ailleurs, Avec cette chaine invisible, Arsete Idonia Forgée à dessein, Ah, how blithely our mistress, Andiam che spesso il cielo Portons secours à ce cœur timoré. Carelessly advised, A chi dolente scorge Creates for herself Con interna virtù d’occulto zelo Errors instead of love.

53 Contento reca e refrigerio porge. Arsete No sooner does she notice a glance Ah, comme notre maîtresse, Th an, enamoured, she feels avec légèreté, A sharp arrow silently pierce Sur un conseil imprudent, her breast, Tombe dans l’errance Making her forget herself Plutôt que dans l’amour. And turn her heart into thought, À peine aperçoit-elle un regard Her soul into desire Qu’éprise elle sent for the object of her love. Un trait percer sa poitrine, S’oublie elle-même Idonia Et change son cœur en pensée, Let us go, for often the heavens, Son âme en désir When they see someone in grief, pour l’objet aimé. Bring contentment and off er relief With the inward strength Idonia of hidden zeal. Allons, car souvent le ciel À celui qu’il voit dans les tourments, Apporte joie et réconfort Avec la force intérieure d’un zèle caché.

12. Scena seconda 12. Scène deux 12. Scene 2

Falsirena Falsirena Falsirena O nel volto non meno Ô âme toute en soupirs O my soul, full of sighs, Che ne l’amante core Dont la pâleur est sur mon visage Whose pallour is upon my face Pallida à prova e sospirosa à Autant que dans mon cœur épris, As much as in my loving heart, pieno Tu es sans courage mais non You are without courage Alma priva d’ardir ma non sans fl amme : but not without ardour, d’ardore Car tu es irrésolue, et tu espères, For you are irresolute, Che non hai spirto e speri Et craignant tes espoirs, and you hope,

54 E per temer le brame odij tu hais tes pensées. And fearing your desires, you i pensieri. hate your thoughts. Idonia Idonia Ah, qu’aperçois-je ! Idonia Ah che scorgo, ah che miro ? Ah, que vois-je ! Ah, what do I perceive, what Falsirena discioglie Accablée d’un âpre martyre, do I see? Carca d’aspro martiro Falsirena livre Overcome by bitter suff ering La favella in lamenti e l’alma Sa parole aux plaintes et son âme Falsirena in her speech in doglie. au chagrin. breaks down Into laments, and her soul gives Falsirena Falsirena way to sorrow. Deh come amor m’avampi Hélas, pourquoi Amour Se tù timor m’aggeli m’enfl ammes-tu, Falsirena E con fugaci lampi Si toi, Crainte, tu me laisses Alas, why, Love, do you set me Il ben mi mostri ed il piacer de glace, on fi re, mi celi ? Et en de fugaces éclairs, While you, Fear, freeze me, Fatta amante di danni Tu me montres l’amour And in brief fl ashes Ho’l sen, l’anima e’l cor pien et le plaisir me caches ? Show me love and hide from me di tormento Devenue amante de douleurs, my pleasure? Et in sì duri aff anni J’ai le sein, l’âme et le cœur I am now enamoured Non ardisco e pur spero emplis de peines, of my own destruction amo e non tento. Et dans de si dures épreuves, My breast, soul and heart are full Mesto sen fl ebil alma e lasso core Je suis sans courage, mais of torment, Folle ardir vana speme j’espère, j’aime et ne tente rien. And amidst such harsh anxieties e cieco amore. Triste sein, âme faible et cœur las, I have no nerve Folle audace, vain espoir And yet I hope, I love, Arsete et amour aveugle. but venture not. A che tardiam si lenti ? Sad breast, feeble soul Tempriam, tempriamo amici Arsete and weary heart, Del sospiroso cor l’aure dolenti. Pourquoi tarder encore ? Mad courage, vain hope Réprimons, réprimons, amis, and blind love. Oraspe Le souffl e douloureux du cœur E come ò Falsirena qui soupire.

55 In tanti mali immota Oraspe Arsete Giaci grave di pena Et comment, ô Falsirena, Why do we still tarry? A le tue forze te trouves-tu, Let us soothe, lovingly e à te medesima ignota ? Immobile au milieu de tant let us soothe de maux, Th e affl ictions of this sighing heart. Falsirena Accablée d’une souff rance Fanno lor prova estrema Inconnue de tes forces Oraspe Nel mio cor nel mio seno et de toi-même ? Oh why, Falsirena, do you lie Amore e Tema Prostrate in such suff ering, Tema ch’Amor divide Falsirena Heavy with sorrow, abandoned E le mie Fiamme co’l suo Dans mon cœur, dans mon sein, By your courage and even ghiaccio ancide Amour et crainte exercent by yourself? Mà come ò fi do Oraspe leur pouvoir absolu, Quà volgendo il tuo piede Crainte qui brise l’amour, Falsirena Hoggi’l ciel mi t’invia Et qui éteint ma fl amme In my heart, in my breast, Perch’ altrui facci fede de sa froideur de glace. Love and Fear are at war ; De la mia pena e de la doglia mia ? Mais comment, ô fi dèle Oraspe, Fear parts me from Love, Qui diriges ici tes pas, And puts out my fl ames with ice. Oraspe Le ciel t’envoie-t-il vers moi But, loyal Oraspe, Ben mi t’invian le stelle en ce jour ? Turning hither your steps, Ma sol perchè di pace Est-ce pour témoigner à autrui Has Heaven sent you Ti sia nuntio fedel scorta verace. De ma peine et de ma douleur ? to me today To bear witness for others Falsirena Oraspe To my sorrow and my pain? Quegli che là rimiri Ce sont bien les astres qui Entro dorata soglia m’envoient vers toi, Oraspe Posar’ in regio letto Mais seulement pour être Indeed the stars have sent me, E’l mio vago d’amor dolce desio ; un messager But only as a messenger of peace Mà per grave sospetto De paix, pour te porter secours. And to support you faithfully. Ch’in fuga il piè non scioglia Temo di palesargli il dolor mio Falsirena Falsirena E per tema d’amore Vers celui que tu vois là-bas He whom you see yonder, Di foco hò ‘l seno ed hò di gielo Dans un palais doré, Th rough that golden doorway,

56 il core. Reposant sur un lit royal, Resting upon a royal bed, Va mon doux désir d’amour ; Is my love’s sweet desire ; Oraspe Mais à cause du fort soupçon But because I seriously suspect Deh saggia Falsirena Qu’il ne s’enfuie, Th at he might take fl ight, Ogni timore oblia Je crains de lui révéler I am afraid to reveal my pain Che quest’ aurea Catena ma douleur, to him, Hoggi per tuo ristoro Et par crainte de l’amour And for fear of love, my breast il ciel t’invia. J’ai la poitrine en feu Is on fi re and my heart is frozen. et le cœur glacé. Falsirena Oraspe E quali à le mie pene Oraspe Come, wise Falsirena, Spero amiche Catene Allons, sage Falsirena, Abandon all fear : Se catena maggiore Oublie toute crainte, For your solace today Heaven M’è l’aspro Amor e m’è’l crudel Car pour ton réconfort le Ciel Sends you this golden chain. Timore. T’envoie aujourd’hui cette chaîne d’or. Falsirena Idonia And what friendly chains O tema de l’amore ombra Falsirena Can I hope to have for my pains, seguace. Quelles chaines amies When yet a stronger chain for me Puis-je espérer pour mes peines, Are harsh Love and cruel Fear? Arsete Si l’âpre amour et une O Amor de le nostr’ alme`ardor cruelle crainte Idonia vorace. Sont pour moi une chaine O Fear, Love’s loyal shadow. . . plus forte ? Oraspe Arsete S’al tuo bel sole adorno Idonia O Love, voracious passion Avvolgerai trà questi nod il seno Ô crainte, ombre fi dèle of our souls. . . Dal lieto campo intorno de l’amour. Non fi a che per tua doglia Oraspe Fuggitivo d’Amore il piè discoglia. Arsete If around your fair beloved’s chest Anzi s’avinto porga Ô amour, ardeur You place these bonds, A questi lacci il corpo qui dévore notre âme. He shall not fl ee from love Fia che porti i legami Nor leave this happy abode,

57 e non li scorga. Oraspe Causing you pain. Così mentr’ hora intento Si tu entoures de ces liens Indeed, if he yields A la cura i fedea de’ Regni tuoi La poitrine de ton beau soleil, His body to these bonds, Disse gran veglio e poi Il n’arrivera pas que He will not notice he is Fuggì dal guardo e sì meschiò pour ta douleur wearing them. trà ‘l vento ; Le fugitif amour s’éloigne A great old man told me this, Onde stimo ch’a te per lui si sveli De ce charmant séjour. As I was sitting watching over De’ fati il cenno ed il voler de cieli. Au contraire, s’il off re your realm. Son corps à ces liens, il adviendra Th en he fl ed from my sight Falsirena Qu’il les portera et ne les verra pas. And disappeared into thin air. Mi narri gran stupore Ainsi, alors que j’étais assis I consider that through him Ch’à l’ardire m’invita Pour veiller sur ton royaume, are revealed to you Mà con l’ardir mi chiama anco Parla le grand vieillard, et puis A sign of Destiny and the will al timore. il disparut of Heaven. De mon regard et se fondit Oraspe dans le vent ; Falsirena Ardisci anima ardisci You are telling me of Ch’Amor che ne’ cor nostri` Ainsi j’estime que par lui a great wonder, avido nasce se révèlent à toi Which invites me to be brave, Di speranza e d’ardir cresce Un signe du destin But at the same time e si pasce. et la volonté du ciel. bids me fear.

Arsete Falsirena Oraspe La speme è de’ cor folli Tu me racontes une chose Be bold, spirit, be bold, aura nocente. bien stupéfi ante, For eager love, which Qui m’invite au courage, in our hearts is born, Idonia Mais qui, avec le courage, Grows and feeds on hope Erge la speme à i gran m’appelle aussi à la crainte. and audacity. desir la mente. Oraspe Arsete Arsete Courage, âme, courage, Hope is a noxious air Spesso à pronto desir Car l’amour qui naît avide for unwise hearts. danno succede. dans notre cœur,

58 Idonia D’espoir et d’audace croît Idonia E pur in pronto ardire Amor et se nourrit. Hope raises the mind risiede. to great desires. Arsete Arsete L’espoir est la brise nuisible Arsete Amor ne’ suoi desir privo è di des cœurs fous. Often sudden desire lume. is followed by hurt. Idonia Idonia L’espoir élève l’esprit Idonia Anzi sol per ardir spande le piume. à un grand désir. And yet love resides Deh Falsirena accorta in ready boldness. Non sdegnar’ il voler de’ Arsete sommi regni Souvent à un désir prompt Arsete Dal dono aita attendi succède un malheur. Love in its desire is unwise. Ch’anco’l ciel gli amor suoi cangia in disdegni. Idonia Idonia Pourtant l’amour réside No, only through boldness Falsirena en une prompte ardeur. can it spread its wings. Dubbia che far debb’ io ? Ah, cautious Falsirena, È l’ardir periglioso Arsete do not scorn Et è ‘l duolo homicida. L’amour dans son désir Th e will of the highest realms : Nò nò temi cor mio est privé de lucidité. Expect help from this gift, Sì sì spera e confi da For Heaven too may change Forza, ò mio cor, riprendi, Idonia its love into disdain. Ricevi il dono altero Au contraire, seule l’audace E di desir più vago lui fait se déployer ses ailes, Falsirena il seno accendi. Ah, sage Falsirena ne méprise pas I am uncertain, what must I do? la volonté des To be bold is dangerous, Arsete Royaumes suprêmes : attends And to suff er is deadly. O di mal cauto ardir de ce don une aide, No, fear not, my heart ; folle pensiero. Car le ciel peut aussi changer Yes, be hopeful and confi dent ; son amour en dédain. Regain your strength, my heart, Accept this illustrious gift

59 Falsirena And set my breast afi re Incertaine, que dois-je faire ? with sweeter desire. L’audace est dangereuse, Et la douleur mortelle. Arsete Non, non, crains, mon cœur, Oh, unwise thought, Oui, oui, espère et aie confi ance, born of imprudent audacity. Reprends force, ô mon cœur, Reçois le présent suprême Et enfl amme mon sein d’un désir plus charmant.

Arsete Ô pensée folle d’une audace imprudente.

13. Falsirena 13. Falsirena 13. Falsirena Quà trà gioie gradite Ici, dans un divertissement agréable Here, among sweet pleasures, Voi Ninfe e voi Pastori Vous, nymphes et vous, bergers, Ye nymphs and shepherds, Al mio cenno venite, À mon signal accourez, Come at my bidding, and extol E del possente amor dite Et faites honneur Th e virtues of the powerful gli honori au puissant amour, God of Love. Che per Amore intanto Car entre-temps, par amour, Meanwhile, out of love, A voi bellezze rare Vers toi, rare beauté, I turn my steps Il mio piede s’invia, Je dirige mes pas, Towards you, rare beauty, Sol per incatenare Seulement pour enchaîner Only to enchain the one Chi dolce incatenò l’anima mia. Celui qui doucement Who sweetly enchained my soul. a enchaîné mon âme. Arsete Arsete Ed io seguir la voglio Arsete And I will follow her Per tentar s’i consigli Et moi je veux la suivre To see whether, through San dar legge à l’amor, Pour voir si, par mes conseils, my advice, scampo à perigli. elle pourra maîtriser son amour, She will be able to master échapper au danger. her love and avoid danger.

60 14. Scena terza 14. Scène trois 14. Scene 3

Idonia Idonia Idonia O meraviglie altissime d’Amore Ô très grandes merveilles O highest wonders of the God Che ministra piacer, de l’amour of Love, porge conforto, Qui procure plaisir Who dispenses pleasure, off ers Ardendo un’ alma et off re réconfort, solace, e saettando un core. En embrasant une âme By incensing a soul and et en blessant un cœur. wounding a heart. Choro di Ninfe Avampando Chœur de Nymphes Chorus of Nymphs Fiammeggiando Brûlant, Burning, Entro il petto Flamboyant Flaming, Hà ricetto, Dans le cœur Within our breast Ma s’accende Il a son siège, He fi nds shelter ; Non off ende Mais s’il enfl amme But though he infl ames Poiche vaga Il ne blesse pas, He does not hurt, Hà la piaga. Puisqu’agréable For sweet Est sa blessure. Is his wound. Choro di Pastori Generoso Chœur de Bergers Chorus of Shepherds Animoso Généreux, Generous, Fuor del guardo Courageux, Valiant, Scocca il dardo, Hors du regard Without seeing Ma dolc’ira Il décoche son trait, He shoots his arrow, Lieta spira Mais il exhale avec joie But he arouses ire Poiché vita Une douce colère Th at is but sweet and happy, La ferita. Puisque la vie For that wound Est une blessure. Is life itself. Oraspe Se l’occhio in bel oggetto Oraspe Oraspe erra converso, Si l’œil erre à la recherche If the eye strays towards Ivi solo d’Amor l’opre vagheggia d’un bel objet, a fair object,

61 Ch’Amor è la beltà de l’universo. Là il ne contemple It is seeking only the works que les œuvres de l’amour of Love, Choro di Ninfe Car la beauté de l’univers For love is the beauty Sol per Amor est amour. of the universe. La piaggia varia Hà vaghi fi or Chœur de Nymphes Chorus of Nymphs E nel bel sen Ce n’est que par amour Love alone brings Hà pura l’aria Que cette contrée bariolée To this colourful shore Gentil seren. À de charmantes fl eurs, Such charming fl owers, Et que dans son beau sein And causes the pure air Choro di Pastori L’air pur exhale To breathe within its fair bosom Dispiega il ciel Une aimable sérénité. A delightful serenity. D’Amor vaghissimo Azzurro il vel Chœur de Bergers Chorus of Shepherds E di rubin Fou d’amour Mad with love Al Sol purissimo Le ciel déploie Th e sky spreads Ingemma il crin. Son voile d’azur, Its azure veil, Et pare de pourpre And with ruby Idonia Oraspe (a due) La chevelure Bejewels the hair Choro di Ninfe e di Pastori Du soleil le plus pur. Of the purest Sun. Su dunque andiam ridenti Per la Selva d’intorno Idonia et Oraspe Idonia and Oraspe (duet) E spiri à i nostri accenti Chœur de Nymphes Chorus of Nymphs Amica l’aura ed amoroso et de Bergers and Shepherds il giorno Allons donc, partons souriants Th en smiling let us go Ch’in questa ombrosa seggia À travers la forêt, Th rough the forest, Tien’ Amore il suo Scettro Et que soupirent à nos accents And let the friendly breeze e la sua Reggia. La brise amie et le jour amoureux : And loving day accompany Car en cette contrée ombragée our words : Amour a son sceptre et son palais. For in this shady place Love has his sceptre and his palace.

62 CD 2 Atto III Acte III Act III 02. Scena prima 02. Scène première 02. Scene 1

Arsete Arsete Arsete Qual’ indurato scoglio Dure tel un rocher As hard as a rock, Contro’l suon de’ miei detti Contre le son de mes paroles, Th e enchantress shows Mostra la Maga pertinace La magicienne montre unyielding pride orgoglio. un orgueil infl exible. At the sound of my words. Mossa da strani aff etti Animée d’étranges sentiments, Driven by strange feelings, Mira i suoi propri danni Elle voit ses propres malheurs She sees her own woes and yet E pur cerca i tormenti, et pourtant Seeks out torments and delights ama gl’aff anni. Elle recherche ses tourments in her pains. Fuggitiva dal bene et aime ses peines. Fleeing what is good, Và rapida à le pene Fuyant le bien She rushes headlong E’l suo cieco desio folle seconda. Elle se précipite vers sa souff rance, into suff ering La Ragion perde dov’il Et suit follement son désir aveugle. And unwisely follows Senso abonda. La raison est perdante her blind desire. là où règnent les sens. Reason is the loser Più de l’empia Catena when the senses prevail. Ch’al bel Garzon prepara Plus forte que la chaîne infâme Prova in se Falsirena Qu’elle prépare au beau More strongly than L’aspra de’ suoi martiri jeune homme, the loathsome chain, Catena amara. Falsirena éprouve Which she is preparing Già del vicino errore pour elle-même for that fair young man, E fatto il volto suo Scena spirante La chaine âpre et amère Falsirena feels the harsh Ov’appresenta Amore de ses martyres. And bitter chain of her own agony. La miseria fatal de l’alma amante. Déjà de l’errance toute proche Already very close to error, Langue vinta dal male, Son visage est devenu Her face has become Ne risanarla può cura mortale. l’image vivante, the living image Fanno i dardi d’Amore Où l’amour représente In which Love represents piaga profonda. La détresse fatale de l’âme aimante. Th e fatal misery of a loving soul. La Ragion perde dov’il Elle languit, vaincue par le mal, She languishes, overcome by evil,

63 Senso abonda. Et aucun remède humain Nor can she be healed Amor trà noi fallace, ne peut la guérir. by any human cure. Non per mostrare il vero, Les traits de l’amour font une Cupid’s arrows leave Ma per incenerir tratta la face. blessure profonde. a deep wound. E la sua speme un volo La raison est perdante Reason is the loser Cangia il dolce in amaro. là où règnent les sens. when the senses prevail. S’hà lampo di piacere, L’amour trompeur ombre ha di duolo. porte parmi nous Th e false God of Love amongst us Chiusi tiene i suoi giri Son fl ambeau non Uses his fl ame not to show Perch’il giusto non miri pour montrer la vérité, the truth, E di benda d’error gli Mais pour la réduire en cendres. But to burn it to ashes. occhi circonda. L’espoir en lui est un mirage His hope is fl eeting, turning La Ragion perde dov’il Qui change la douceur sweet into sour. Senso abonda. en amertume, If there is a brief, bright moment S’il a l’éclair du plaisir, of pleasure, O vaga, ombrosa Scena il a l’ombre de la douleur. Th ere is also the long gloom Già gl’honor tuoi vegg’io, Il garde ses tours secrets of sorrow. Per la folle dispersi in vano oblio. Et pour qu’il ne voie pas He keeps his ways hidden E nocente à se stessa, ce qui est juste, To avoid seeing what is just, Con meritata pena Il entoure ses yeux And he blindfolds his eyes L’empia languir da l’arti d’un bandeau trompeur. with delusion. proprie oppressa. La raison est perdante Reason is the loser when Non più fi a ch’io qui giri, là où règnent les sens. the senses prevail. Non più fi a ch’io qui spiri Bramo à dolente core Ô belle, ombreuse scène, O fair, shadowy scene, aura gioconda. Je vois déjà ta grâce Already I see your virtues La Ragion perde dov’il Dispersée par cette folle dispersed Senso abonda. dans un vain oubli, By that mad one into Et cette infâme, se faisant tort vain oblivion, à elle-même And, being harmful to herself, Languir d’un châtiment mérité, that wicked woman Accablé par ses propres artifi ces. Languishing with a well deserved Je ne vivrai plus dans ces lieux punishment,

64 Je ne respirerai plus dans ces lieux, Overcome by her own wiles. Mon cœur affl igé réclame un air Let me stay here no longer plus serein. Let me no longer breathe La raison est perdante in this place : là où règnent les sens. My affl icted heart requires air that is more cheerful. Reason is the loser when the senses prevail.

Scena Seconda Scène Deux Scene 2

03. Adone 03. Adonis 03. Adonis Son deste le mie luci Mes yeux sont-ils éveillés Are my eyes awake O pur in sonno avvolto Ou bien mes sens sont-ils Or are my wits, with my eyes, Ho’l senso con le luci anco sepolto? avec mes yeux Still buried in deep sleep? Ah che mi sciolsi à pena Enfouis dans un profond Ah, I have just freed myself Da le braccia impudiche sommeil ? From the unchaste arms De l’empia Falsirena. Ah, c’est avec peine que Of godless Falsirena. Et hor anco mi par ch’à je me suis arraché And yet still it seems to me that me nemiche Des bras impudiques I hear Le sue voci distingua De l’infâme Falsirena. Her voice, hostile towards me, E co’ nodi de’ bracci il sen Et encore maintenant il me semble And that with her arms mi stringa. Que je distingue sa voix hostile she clasps my breast. à mon égard, Flebil, ma forte Adone, Et qu’avec ses bras elle enlace Adonis, weak, yet strong, Serba, serba costante ma poitrine. Preserve, constantly preserve A la Diva d’Amor la fede amante. Your loving fi delity E per lontane vie Faible, mais aussi fort Adonis, to the Goddess of Love. Fuggi, fuggi l’infi do Garde, garde constante And fl ee, fl ee far away D’amor furtivo ingiurioso nido. Ta fi délité amoureuse à la déesse From the treacherous Mà ch’il passo travia de l’amour. And reviling nest Ma ch’il piè mi raff rena Et par des chemins éloignés of clandestine love.

65 Quasi cinto io mi sia Fuis, fuis le nid infi dèle But what hinders my step, Da fi eri lacci di crudel Catena ? Et injurieux de l’amour clandestin. What prevents my feet Forse il ciel mi ritiene Mais qu’est-ce qui entrave from moving, E la piaggia m’invita mon chemin, As if I were encircled, A gioiosa di pace aura gradita. Qu’est-ce qui retient mes pas Viciously ensnared Comme si je m’étais enlacé by a cruel chain? Ma qual gioia è la mia Des liens féroces d’une chaine Perhaps Heaven is detaining me Ove lunge da me Venere sia? cruelle ? And this shore inviting me Con più saggi consigli Peut-être le ciel me retient-il To enjoy its peaceful Fuggi l’iniquo albergo Et la contrée m’invite-t-elle and pleasant breeze. Che se non de’ tuoi falli À jouir de sa brise agréable È testimonio almen et paisible ? But what joy is mine de tuoi perigli. If Venus is far away from me? Mà dove andrò trà’l bosco Mais quelle joie est la mienne Follow wiser advice : Ch’ivi al mio piè non sia, Si Vénus est loin de moi ? Flee from this iniquitous place Senza la Dea d’Amore, Suis de plus sages conseils : Which bears witness, Ombra ogni pianta Fuis cet endroit inique if not to your mistakes, ed ogni strada errore? Qui, si ce n’est de tes fautes, At least to the dangers you face. Est témoin du moins But whither shall I go de tes dangers. in these woods, Mais où irai-je dans ce bois For without the Goddess Sans que sois pour mes pas, of Love, Sans la déesse de l’amour, Every tree would be a shadow, Chaque arbre une ombre, Every path would lead chaque chemin une errance ? my feet astray?

Scena terza Scène trois Scene 3

04. Falsirena 04. Falsirena 04. Falsirena Dove, dove ne vai Où, où donc vas-tu Whither are you going, Mio fuggitivo Amore, Mon fugitif amour, My fugitive love, Che la gioia gradita Qui d’un cœur cruel Who with a cruel heart

66 Nieghi con aspro core, Refuse l’agréable bonheur Deny sweet joy A chi più t’ama assai À celle qui t’aime plus To one who loves you de la sua vita? que sa propre vie ? more than her very life?

Adone Adonis Adonis O strano, acerbo fato Ô étrange cruel destin : O strange, cruel fate : Fuggir m’è d’huopo, Il me faut fuir et je ne peux partir. I must fl ee, and yet I cannot leave. e m’e’l partir negato. Falsirena Falsirena Falsirena Je te demande seulement I ask only of you, Io da te chieggio solo Non que tu me cèdes déjà, Not that you yield to me now, Ch’à me già non ti pieghi Mais que, voyant ma douleur But that, having seen Ma scorgendo il mio duol Et mes larmes, tu écoutes my grief, my tears, Se miri i pianti ch’anco ascolti mes prières. You listen to my entreaties. i prieghi. Si tu ne veux pas de mon amour, If you do not desire my love, Se l’amor mio non brami Si tu ne m’aimes pas, If you do not love me, Se Amante mio non sei Ah, laisse-moi au moins t’aimer, Ah, at least let me love you ; Deh lascia almen ch’io t’ami Que sur un noble signe de toi, At your noble command, Ch’al tuo gran cenno altero Ce cœur devienne ton royaume, Let this heart of mine become Fia questo core il regno, Ce lieu ton empire. your kingdom, Questo campo l’impero. Mon bien-aimé, Th is place your empire. Mio diletto, mio preggio, mon trésor et mon âme, My beloved, my treasure, e spirto mio. Bien précieux, doux amour, and my soul, Caro ben, dolce amor, beau désir. My precious, sweet love, vago desio. and fair desire. Adonis Adone Ah ! C’est donc retenu ici Adonis Ahi! che da lacci duri Par de durs liens Alas! kept here A prova qui legato Que je dois, contre mon gré, By vicious snares, Forza è ben ch’io non voglia Dans mon sein glacé I must, against my will, Ch’entro il mio sen gelato Recevoir tes prières In my frozen breast, Riceva i prieghi ed i lamenti et accueillir tes plaintes. Receive your entreaties accoglia. and accept your laments.

67 Falsirena Falsirena Falsirena Deh! Rigido mio core Oh cœur infl exible Oh, unyielding heart, A dubbioso stai? Pourquoi es-tu hésitant ? Why are you hesitant? Volgi i guardi d’amore Tourne tes regards pleins d’amour, Turn your loving gaze E spiegando i tuoi rai Et de tes yeux rayonnants And, manifesting your fi re, Mostra de’ lumi ond’ ardo qui m’embrasent, Show with those eyes Men crudo almen, Laisse se répandre un regard that incense me se non pietoso, un guardo. Sinon de pitié, en tout cas A look, if not merciful, moins cruel. at least less cruel. Adone Tra pietà, tra stupore Adonis Adonis Dubbio si desti il core, Hésitant entre pitié et stupeur Hesitating between pity Tempri le fi amme accese, Que mon cœur se ressaisisse, and amazement, E sia, se non pietoso, Adoucisse la vigueur de sa fl amme, Let my uncertain heart recover, almen cortese. Et soit, sinon compatissant, Temper the vigour of its fl ame, Dunque, o Donna divina, du moins courtois. And be, if not merciful, Contr’ Amor, che t’off enda, Donc, ô femme divine, at least courteous. Non saprai di te stessa Contre l’amour qui te blesse, So, divine Lady, esser Regina? Ne sauras-tu pas rester maîtresse With this love that wounds you, Deh sdegna Amante ignoto, de toi-même ? Can you not control your feelings? Ne peregrina fi amma Méprise donc un amant inconnu, Despise a lover you know not, il cor t’accenda. et qu’une Let not your heart be fi red Forza d’honor mi move, Etrange fl amme n’embrase by a strange fl ame. E ‘l Ciel mi chiama altrove. pas ton cœur. I am moved by the force of honour Consenti ch’io mi parta, La force de l’honneur m’anime And Heaven calls me elsewhere. E se brami ch’io t’ami, Et le ciel m’appelle ailleurs. Allow me to leave, Prendi l’ultimo à Dio, Accorde-moi de partir, And if my love is your desire, Et ama le mie brame, e’l partir mio. Et si tu désires que je t’aime, Accept my last farewell Ah che dal bosco fuori Accepte mon ultime adieu, And grant my wish to depart. Vorrei torcere il piede Et accède à mon désir de partir. Ah, how I wish I could Ma forza è pur ch’io torni Ah, comme hors de ce bois Leave this wood, A mio mal grado entro Je voudrais diriger mes pas, But against my will I am forced l’ombrosa sede. To return to this shady abode.

68 Lo torno à miei desiri Mais je suis contraint de retourner Falsirena Lieta co’i raggi suoi Venere spiri. Malgré moi dans ce séjour Alas, the fair one I love ombragé. Has taken his leave of me, Falsirena And here am I (oh, God!) Oimè, ch’il mio bel Sole, Falsirena with no hope Fatto ha da me partita, Pauvre de moi, mon beau soleil In my breast of receiving succour ; Et io qui resto (oh Dio) S’est éloigné de moi, For I am (ah, cruel Fate) Senza nudrir nel sen speme d’aita ; Et je reste ici (oh dieu !) the prisoner Che sono (ah destin crudo) Sans nourrir dans mon sein Of him whom I myself Prigioniera di lui, ch’in l’espoir d’un secours. hold captive ; carcer chiudo, Car je suis (ah cruel destin) Th ough he is confi ned to a gaol, Se pur’ entro prigion giace ristretto, Prisonnière de celui He has turned my heart into Chi carcere di duol fatto que je garde en prison, a prison of pain. ha il mio petto. Même si le cachot est étroit pour celui In these places all around Per questi campi intorno Qui a fait de mon cœur I sell to my servant freedom Vendo al mio servo liberta d’amore, une prison de douleur. of love. Compro co i suoi diletti I buy his pleasures i miei martiri, Dans ces lieux, tout alentour, with my suff ering, E pago à prezzo d’anima e di core, Je cède à mon esclave And with my heart and soul, Per fede, e per amor pianti, e sospiri. la liberté de l’amour. My tears and sighs, I pay J’acquitte son bonheur for my loyalty and love. Ma che mi giova (ahi lassa) de mon martyre, S’egli di senso privo, Et je paie, au prix de mon âme But of what avail is it to me (alas!) S’errante, e fuggitivo et de mon cœur, If he is insensitive, Le mie Reggie non brama, Larmes et soupirs pour ma foi If errant and fugitive, I miei tesor non prezza, et mon amour. He desires not my palaces, Gli amori miei non ama, Values not my treasures, E spirto à me rubello Mais à quoi cela me sert-il (hélas !) Responds not to my love Con repulse importune S’il n’éprouve aucun sentiment, And, a spirit rebellious to me, Odia ne’ doni miei le sue fortune? Si errant et fugitif, With scornful defi ance Il ne désire pas mon royaume, Rejects the chance I off er him? Il n’apprécie pas mes trésors,

69 Ma superbo, ma fi ero, Il ne répond pas à mon amour, But lofty, but haughty, A che giaci, o mio spirto ? Et, esprit rebelle à mon égard, Why, my spirit, are you downcast? Sorgi, deh sorgi di tue forze altero : D’un refus méprisant Come, recover, be proud Desta l’antico ardire, Il repousse la chance of your strength : E fulminando i carmi, que je lui off re ? Revive your former courage Avvampa d’odii, e folgoreggia d’ire. And, uttering imprecations, Mais orgueilleux, mais fi er, Burn with hatred, Ma folle, che dich’io? Pourquoi es-tu abattu, mon esprit ? and fume with anger! Non parte, e non mi sdegna, Allons, relève-toi, fi er de ta force : Chi seco ha i pensier miei, Réveille ton ancienne audace, But I am insane, what am I saying? seco ha’l cor mio. Et lançant des imprécations, He who holds my heart, E quali fi a ch’à l’opra Brûle de haine et fulmine my thoughts, Magici Numi appelli, de colère. Is not leaving ; Se sol Magie mi son gli he does not despise me. occhi suoi belli? Mais folle, que dis-je ? And which divine magicians Ah vaneggio, ove sono? Il ne part pas et ne me méprise pas, Can I call on for help, if nothing Voi partiste, o mie luci, Celui qui détient mes pensées Is magic to me except Et io dogliosa intanto et mon cœur. his beautiful eyes? Qui resto à versar fuora Et quels magiciens pourrais-je Ah, I am delirious ; where are they? Miserabil sospiri, acerbo pianto. Appeler à la rescousse, You have gone, eyes of mine, s’il n’est de magie And I, meanwhile, remain here Parto misera anch’io, Pour moi que celle In pain, breathing A voi degli amor miei de ces beaux yeux ? Unhappy sighs, shedding cedo la palma ; Ah, je délire, où suis-je ? bitter tears. Seguo l’idolo mio, Vous êtes partis, ô mes yeux, Ne potendo co ‘l piè, parto Et moi, entre-temps affl igée, Miserable, I leave as well, con l’alma. Je reste ici à répandre I give you the honour of my De misérables soupirs, love ; d’amères larmes. I shall follow my idol, and since I cannot do so on foot, I leave in Malheureuse, je pars moi aussi, spirit. À vous je cède la palme de mes amours ;

70 Je vais suivre mon idole, Et ne le pouvant avec mes pas, je pars en esprit.

05. Scena quarta 05. Scène quatre 05. Scene 4

Choro di Ninfe Chœur de Nymphes Chorus of Nymphs e di Pastori et de Bergers and Shepherds L’alme pure de gli Dei Les âmes pures des dieux Th e pure souls of the Gods Sù nel Cielo son trofei Là-haut dans le ciel sont In Heaven on high De l’ardore des trophées Are trophies of passion, E con vampa di splendore De la passion And with their bright fl ame Le facelle Et avec leur fl amme éclatante Th e little torches De le Stelle Les petits fl ambeaux Of the Stars Son scintille de l’amore. Des étoiles Are sparks of love. Sont des étincelles de l’amour. Idonia Idonia Lieti habbiam del Giardino Idonia Joyfully we have been to Scorso il confi ne adorno Joyeux nous avons parcouru Th e bounds of this fair Garden, Ma par ch’al nostro accento Les confi ns du beau jardin, But it seems that the response Non habbia arriso intorno Mais il semble qu’à nos accents To our strains was not a happy air Placida l’aria e dilettoso il vento. N’aient souri alentour And delightful breezes all around. Ni le vent apaisé, ni le vent réjoui. Oraspe Oraspe Deh sgombrisi dal petto Oraspe Ah, let the cold of sick fear De l’egra tema il gielo Ah, que se retire du cœur Be gone from your breast ; Che bene spira à chi Le froid de l’angoisse maladive, ben spera il cielo. Car le ciel est propice à qui espère. Heaven bodes well for those who hope. Idonia Idonia Oraspe e che vegg’ io ? Oraspe, que vois-je ? Idonia Falsirena se n’ giace Falsirena est là étendue, Oraspe, what do I see?

71 Misera preda di mortale oblio. Proie misérable de l’oubli mortel. Falsirena lying here, An unhappy prey to deadly oblivion. Oraspe Oraspe O lassi spirti miei ; Ô mon malheureux esprit ; Oraspe Forse cadde da l’empio al pian ferita. Peut-être est-elle tombée, O my unhappy spirits ; Falsirena ove sei frappée par l’infâme. Perhaps, wounded by E dove ò Falsirena e la tua vita ? Falsirena, où es-tu, that cruel man, she fell. Et où es ta vie, ô Falsirena ? Falsirena, where are you, Falsirena And where, O Falsirena, La mia vita è partita. Falsirena is the love of your life? Ma vie s’en est allée. Choro di Ninfe e Pastori Falsirena Riprendiamo gli spirti Chœur de Nymphes Th e love of my life has gone away. Che quì dal duolo vinta et de Bergers Giace languida sì ma non estinta. Ressaisissons-nous, Chorus of Nymphs Car vaincue par la douleur, and Shepherds Idonia Elle gît ici languissante Let us recover our courage ; Al nostro amico aiuto mais non pas morte. For overcome by grief, Ergi da cure oppressa Here she lies languishing, Falsirena te stessa Idonia but not dead. E di speme ripiena Avec notre aide amicale, Solleva in un co ‘l corpo Arrache-toi toi même, Falsirena Idonia anco la pena. Au souci qui t’accable, With our friendly help, Et, remplie d’espoir, Tear yourself away, Falsirena, Falsirena From the woes that oppress you, Sorgo a i raggi del giorno Soulage ta peine en même temps And fi lled with hope, Ma più ch’à raggi à miei que ton corps. martir ritorno. Relieve your sorrow as well Falsirena as your body. Oraspe Je renais aux rayons du jour, E come ò saggia Donna mais plus Falsirena Già volta à tuoi contenti Qu’à ces rayons je retourne I come alive again to daylight’s rays, Hora al pian qui giacesti à mon martyre. But more than to those rays

72 Flebil spirto di doglie e di Oraspe I return to my torture. tormenti ? Comment, ô sage femme, Jusqu’alors dévouée à tes plaisirs, Oraspe Falsirena Te retrouves-tu étendue à terre, How come, O wise woman, Incatenai l’Amante L’esprit aff aibli par la douleur Th at you, once dedicated E l’alte voglie del mio cor gli sciolsi et les tourments ? to your joys, Ma’l superbo Garzone Now lie upon the ground, Volse in fuga le piante Falsirena Your spirit weakened by pain E donde amor credei J’ai enchaîné mon amant and torment ? sdegno raccolsi. Et lui ai livré les puissants désirs Pur avida il seguii de mon cœur, Falsirena Che dal laccio tenace Mais l’orgueilleux jeune homme I enchained my lover Di quell’ aurea Catena A pris la fuite, et là And revealed to him my heart’s à forza tratto, Où j’imaginais l’amour, strong desires. Oltre scior non sapeva il piè fugace J’ai récolté le mépris. But he, proud young man, Mà poichè non potei Pourtant je l’ai suivi avec avidité, Took fl ight, and where I thought Moverlo à i martir miei Car retenu de force par le lien To fi nd love, I reaped disdain. Qui con vano desio tenace Yet eagerly I followed him, Preda languida al suolo De cette chaine d’or, For, forcefully detained Giacqui del suo rigore Il ne pouvait libérer plus By the strong tie of that e del mio duolo. avant son pied fugace : golden chain, Mais puisque je n’ai pas pu His feet were hampered Choro di Ninfe L’émouvoir par mon martyre, in their fl ight ; O nel rigor costante Ici, par un vain désir, But since I was unable Sol di brame nemiche anima Je suis restée étendue au sol, To move him by my misery, amante. Proie languide de sa rigueur et de Here, with vain desire, ma douleur. Upon the ground I lay, languidly Falsirena suff ering Deh ch’à quei raggi ond’ ardo Chœur de Nymphes From his harshness and my grief. Volsi in mal punto sfortunata il Ô âme amoureuse vouée à la guardo rigueur, Chorus of Nymphs Ch’egli è tanto rubello Désirs faits seulement pour Oh, loving, constant soul, Quanto fi da son’ io l’hostilité. Th e cruelty of receiving

73 Et in grave duello Falsirena but hostility! Guerreggia l’odio suo con l’amor Ah, malheureuse, mio. vers ces yeux dont je brûle Falsirena Mossi i monti à miei versi J’ai tourné mon regard Ah, alas, unwisely I looked upon E indietro i fi umi a i fonti lor imprudemment, Th at radiance, which burn me, conversi Car il est aussi rebelle For he is as defi ant Nè vaglio (ò cor mio lasso) Que je suis fi dèle, As I am true, and his hatred fi ghts Piegar’ un tronco e intenerire un Et dans un douloureux duel A serious duel against my love. sasso. Sa haine combat avec mon amour. My enchantments Ah che per altra in seno Mes incantations ont déplacé have moved mountains, (Se’l ver mi si dischiude) des montagnes, And returned rivers Prova l’aspro Garzon soave arsura Et j’ai rendu les rivières to their springs, Et alma in se rinchiude à leurs sources, But I have not the strength Quanto placida altrui tanto à me Et je n’ai pas la force (oh, my weary heart!) dura. (ô pauvre cœur !) To bend one who is unyielding De ployer un tronc et d’attendrir And move a stone to pity. Choro di Pastori une pierre. Ah, in his heart O d’amoroso core Ah, pour une autre dans son cœur (if I guess the truth) Miserabile aff etto aspro dolore. (Si j’apprends la vérité) Th e cruel youth longs for another, Le cruel jeune homme éprouve And he has within him a soul Falsirena un tendre feu, Th at towards others is as sweet Ma lieta in parte fi a Et renferme en lui une âme As it is harsh towards me. Se pur almeno intenda Aussi douce pour autrui O dolce Idonia mia que cruelle pour moi. Chorus of Shepherds Ch’il cor gli avampi e chi’l desio Oh, to a loving heart, gli accenda. Chœur de Bergers What a wretched feeling is bitter Ô d’un cœur amoureux grief! Idonia Sentiment misérable, âpre douleur. Et à chi meglio è dato Falsirena Spiar’ il nome altero Falsirena Yet would I be happy in part, Ch’à te che puoi del fato Mais je serais en partie heureuse O my sweet Idonia, Tentar gli arcani Si au moins j’apprenais, If at least I could know, e penetrare il vero ? Ô ma douce Idonia, Who kindles his desire

74 A l’arte usata accinti Qui enfl amme son cœur and infl ames his heart. Desta gli spirti desta et allume son désir. Idonia Troppo da l’amor vinti And who better than you E i tuoi desiri a nuove Idonia Can discover the hidden name, glorie appresta. Et à qui mieux qu’à toi est-il donné You, who are able Spiega Magici carmi De découvrir le nom caché, to probe the secrets E del destino à scherno Toi qui peux du destin Of destiny and uncover the truth? Tenta le forze del profondo Sonder les arcanes et pénétrer Averno. la vérité ? Awaken, awaken your spirit, À ton ancienne pratique Too overcome by love, Falsirena de la magie To your former art, Lodo ogni tuo consiglio Réveille, réveille ton esprit And for new glories prepare E poi che par che Giove Trop soumis à l’amour, your desires. Sdegni porger’ aita à gli amor Et prépare tes désirs Speak the magic words miei à une nouvelle gloire. And, scorning destiny, Movrò con aspre prove Enonce des formules magiques, call upon the forces Il crudo Rè de’ tenebrosi Dei Et méprisant le destin, Of the deep infernal regions. Che puon mover gli amanti Appelles-en aux forces Avvezzi à i pianti la Magion du profond Averne. Falsirena de’ pianti. I commend all your advice, Falsirena And since it appears that Jupiter Je loue tes moindres conseils, Refuses to lend assistance Et puisqu’il semble que Jupiter to my love, Refuse de porter secours By terrible means I shall move à mon amour, Th e cruel King of the Gods Je faire appel, of Darkness ; par des moyens terribles, For lovers used to tears Au roi cruel des dieux Have the power to move des ténèbres ; grief’s abode. Car les amants habitués aux larmes Peuvent émouvoir le séjour des larmes.

75 06. Choro di Ninfe 06. Chœur de Nymphes 06. Chorus of Nymphs Sù sù dunque Pastori Allons, allons donc, bergers, Come, come then, shepherds, De la Maga adirata De la magicienne en colère Imitate the fury Imitate i furori Imitez la fureur, Of the angered enchantress, E in gare trà voi liete trà voi liete Et dans des concours animés And in joyful contests among you, Agitando la man di ferro armata entre vous, Waving your hands armed Sollecitando il piè danze movete. Agitant votre bras armé d’une épée, with swords Da rio martir Sollicitant vos pas, And moving your feet, Scossa rimirasi mettez-vous à danser. begin to dance. Da fi er desir D’un cruel martyr She wakes, shaking, Desta raggirasi. Elle se montre agitée, From cruel torment, Sì può l’amor Animée d’un désir sauvage, She turns, animated Ch’aspro n’invidia Elle tourne sur elle-même. By strong desire. Sì può’l dolor Tant peut l’amour Such is the power of cruel love, Ch’empio n’insidia. Qui, cruel, nous menace, Which threatens us ; Tant peut la douleur Such is the power of cruel grief Qui, âpre, nous veut du mal. Which sets traps for us.

ATTO IV ACTE IV ACT IV 08. Scena prima 08. Scène première 08. Scene 1

Idonia Idonia Idonia O con dubbio stupore Interdite et incertaine, Bewildered and uncertain, Memorabili prove Je ne saurais dire si ce sont là I could not say whether those Non sò se de l’amor ò del furore Des preuves mémorables d’amour unforgettable outbursts are Poichè da questo campo ou de fureur. Evidence of love or of anger. La Maga il passo sciolse Après avoir quitté ces lieux Having left this place, E sù nel ciel felici Et observé du ciel And having seen favourable omens Osservando gli auspici Les auspices favorables, In the heavens on high, A la grand’ opra il pronto cor La magicienne s’est vite résolue Th e enchantress resolved rivolse ; À accomplir sa grande action ; To accomplish a great feat ; Rapida mosse il piede Puis a rapidement gagné Swiftly she entered

76 Trà ‘l bosco più confuso Le bois le plus touff u, Th e thickest of the woods, Ove un altare siede Où se trouve un autel Where there is an altar surrounded Di pini cinto e di Cipressi chiuso Entouré de pins et clos de cyprès. By pine trees and hidden Ivi di negre spoglie il seno cinse Là elle s’est enveloppée by cypresses ; E d’horride ceraste d’un vêtement noir Th ere she dressed herself in black Pendente crine à le sue Et a fi xé à ses tempes une crinière And around her temples tempie avvinse D’où pendent d’horribles tied a band E variossi in volto serpents ; From which horrible vipers Qual sù l’eterna mole Elle a changé son visage were suspended. Se da la terra lo splendor l’è tolto Tout comme sous la voûte céleste And her face she altered, L’istessa Luna variar si suole. Lorsque de la terre l’éclat As happens in the sky when, lui est ravi, Th e Earth having Poi trà vampe d’incenso La lune elle-même se change. taken away its light, Colma d’interno ardore Th e Moon itself appears changed. Meschiò fumante e denso Puis, au milieu de bouff ées Di mille accese frondi d’encens, Th en, amidst clouds of incense, ampio vapore. Animée d’un feu intérieur, Burning inside with fi re, Ne la destra prendendo Elle a mêlé la vapeur épaisse She mixed the thick, smoking Verga d’ebano altera et fumante vapour Scosse con suono horrendo Provenant de mille plantes Of a thousand burning plants. L’aria torbida e nera fumantes. Taking in her right hand E con moto tremante Prenant dans sa main droite A handsome ebony stick, Crollò la terra e vacillar le piante Une très belle baguette d’ébène, She shook the dense, black air Et in tanta à lo sdegno Elle a ébranlé d’un son With a horrible sound Del sembiante turbato de voix horrible And the earth quaked and Cangiossi l’aria e impallidissi il L’air trouble et noir trembled, prato Et la terre a tremblé, And the trees shook ; Et les arbres ont vacillé ; And in response to the fury In tal guisa la Maga fi eri Et en même temps Of her troubled countenance carmi prepara À son air irrité et troublé Th e breeze changed and the Per invocar con piu solenne rito La brise s’est changée, meadow turned pale. L’ombroso Rè del pallido Cocito. la prairie a pâli.

77 Ma che quì tardo ? ahi stolta Ainsi la magicienne prépare Th us the enchantress prepared evil Già già’l suolo si scuote, d’horribles incantations charms, Già già sento gli accenti Pour invoquer dans le rite In order to invoke, with a most Et odo à le sue note le plus solennel solemn rite, Lagnarsi l’aria e querelarsi i venti. Le sombre roi du pâle Cocyte. Th e sombre King of pale Cocytus.

Mais pourquoi tarder encore, But why, fool that I am, do I linger sotte que je suis ? here ? Déjà la terre tremble, Already the earth is quaking, Déjà, déjà j’entends ses accents, Already I hear her words, Et aux mots qu’elle prononce And with each one she utters L’air se plaint et le vent se lamente. I hear the air moan and the winds lament.

09. Scena seconda 09. Scène deux 09. Scene 2

Falsirena Falsirena Falsirena Dubbiosa e vacillante Incertaine et vacillante, Dangerous and trembling, Senta la terra il moto Que la terre tremble Let the earth quake E di sangue stillante Et que, suintant de sang, And, streaming with blood, Spiri l’aria vermiglia horrido L’air vermeil exhale Let the ruddy air breathe forth Noto ; un vent eff rayant ; a horrid wind ; Ecco ò Rettor superbo Voici, ô maître glorieux Behold, O proud Master De la notte profonda De la nuit profonde Of the deep night : Trè volte intenta miro Que par trois fois j’observe Th rice carefully I observe Ove’l sol che tramonta avec attention Where the setting sun plunges in mare aff onda Là où le soleil qui décline into the sea, E segno il campo d’incantato giro s’enfonce dans la mer And with a magic circle Scorranno i tuoni e i lampi Et que je marque ce lieu I mark the spot. E s’oda à le mie scosse d’un cercle magique. Let the thunder and lighting rage, Risonar l’aria ed ondeggiar i campi. Que fusent éclairs et tonnerre, Let the air resound Ch’à te fi ero Signor Et qu’on entende au son and the countryside quiver

78 de l’ombre ardenti de mes secousses As I cause the earth to quake. E splorator de’ fati Résonner l’air et frémir For, cruel Master Volgo in un co ‘l terrore anco la campagne. of the burning shades, gli accenti. Car à toi, farouche seigneur Explorer of destinies, O de’ campi d’horror funesto Dio des ombres ardentes With terrible words Del fosco Regno tenebroso Giove À toi qui explores les destinées, I call upon you. Al cui gran cenno al cui divin desio J’adresse mes paroles O deadly God of the fi elds L’oscuro fato l’ombre sue rimove les plus terribles. of horror, Sù sù da gli antri de l’eterno oblio Ô dieu funeste de l’horrible séjour, Dark Jupiter of the Altero sorgi à memorabil prove Jupiter ténébreux shady kingdom, E del mio crudo Peregrino errante du sombre royaume, At whose command Dispiegami l’amor scopri l’amante. Sur l’ordre et selon le vœu and heavenly desire duquel Dark destiny clears away L’obscure destinée dissipe its shadows, les ombres, Come, rise from the caverns Allons, sors de l’antre of eternal oblivion, de l’éternel oubli, Show your memorable feats Montre ton mémorable pouvoir And reveal to me the love, Et de mon hôte cruel et vagabond show me the lover, Explique-moi l’amour, Of my cruel and erring beloved. révèle-moi l’amante.

10. Plutone 10. Pluton 10. Pluto Per così lieve brama Pour un désir si léger For so trifl ing a wish Temerario è il tuo suono Ton appel est bien téméraire, Your summons is rash, Alma folle e dolente Ame folle et affl igée, O mad, affl icted soul, Se da l’ombroso trono Si tu veux faire passer le dieu If you call the God of Darkness De le tenebre il Dio des ténèbres From his shady throne Chiami al puro splendor Du royaume des ombres Into the pure splendour del sol lucente Au pur éclat du soleil brillant ; of the shining sun, Ch’inutile è’l tuo amor vano Car inutile est ton amour, For to no avail is your love, il desio. vain ton désir. vain is your desire.

79 Falsirena Falsirena Falsirena Dunque nel cieco Regno Ainsi au royaume aveugle So in the blind kingdom, Sprezzi d’amor le voci, Tu méprises la voix de l’amour, Used as you are to the hostile fi re Uso à nemico ardor Habitué que tu es à l’ardeur hostile of jealousy, d’invido sdegno ? d’un emportement jaloux ? You despise the voice of love? E che pensi e che tardi ? À quoi songes-tu ? What are you thinking, A l’altere mie note À quoi penses-tu ? and why do you delay? Movrò l’eterne Rote Avec mes paroles les plus profondes With my proud words E farò che’l gran Dio Je mettrai en mouvement I will set the eternal wheels del sommo impero la roue de l’éternité, in motion, M’apra gli arcani e mi palesi Et j’obtiendrai que le grand dieu And make the great God of the il vero. Du suprême Empire m’ouvre Highest Empire Che sì, che sì ! ses secrets et me dise la vérité. Reveal to me the secrets Est-ce là, oui, ce que tu veux ? and tell me the truth. Plutone Yes, that I shall do! Da l’horrido soggiorno Pluton Sorge Rè de la notte a i rai del Du séjour eff rayant Pluto giorno ; Je surgis, roi de la nuit, From the fearsome abode E nel rigido petto vers les rayons du jour ; Th e King of Darkness rises Trà spirti di furore Car dans mon cœur infl exible, to the light of day ; Anch’ io serbo d’amor Noyé dans des transports furieux, And in my infl exible heart, cocente aff etto ; Je garde aussi un sentiment Among bursts of fury, Che per la Dea de l’ombre d’amour brûlant ; I too harbour a feeling Tutto fi amma è il mio core Pour la déesse des ombres of burning love ; E s’apro altrui l’Averno Mon cœur n’est que fl amme, Th e whole of my heart is afl ame Io per lei nel mio sen Et si j’ouvre à autrui les portes For the Goddess of the shadows, chiudo l’Inferno. de l’Averne And if I open [the gates of] J’enferme par sa faute l’enfer Avernus to others Falsirena dans mon sein. I enclose Hell in my breast for her. Goda il mio cor superbo Che nel Regno profondo Falsirena Falsirena Tema di me chi fa temere il Que mon cœur orgueilleux Let my proud heart rejoice, mondo. se réjouisse, For in the kingdom of the deep

80 Plutone Puisque dans le royaume He whom the world fears Ecco pronto à te cedo des ténèbres is afraid of me. Ecco amico à te vegno Me craint celui qui se fait E del gran nome altero craindre du monde. Pluto Paleso i pregi e manifesto il vero. Lo, readily I give in to you, Pluton Lo, I come to you as a friend, Falsirena Voici que promptement To show the qualities Al suon de le tue voci je te cède, of the great, proud name, intenta pendo Voici qu’en ami je viens à toi, And to reveal the truth. E dal Nume de l’ombre Pour te révéler d’un grand nom Chiarissimo del vero Les mérites et te dire la vérité. Falsirena il lume attendo. I listen attentively to the sound Falsirena of your voice, Plutone Attentive, je suis suspendue And from the God of Shadows Da Rè c’hebbe di Cipro au son de ta voix, I expect the brightest light of truth. il nobil freno Et du dieu des ombres Nacque il vago Garzon che J’attends sur la vérité Pluto t’arse il core ; la plus claire lumière. Of the king who formerly ruled Nè fi a che l’amor tuo Cyprus was born gli accenda il seno Pluton Th e handsome youth who Che son gli amori suoi Du roi qui reçut de Chypre has burned your heart. la Dea d’Amore. les nobles rênes, Your love cannot infl ame his heart, Da lei lontano in questo Naquit le beau jeune homme For he loves the Goddess of Love. campo ameno qui embrasa ton cœur ; A cruel fear inspired by Mars Il sospinse di Marte aspro terrore Ton amour ne pourra enfl ammer drove him Mà tornando per lui la Diva à volo sa poitrine, Far away from her Te priverà d’amore e lui di duolo. Car c’est la déesse to this delightful spot ; de l’amour qu’il aime. But when the Goddess fl ies Falsirena Loin d’elle en ce lieu agréable, back to him, O voci di rigore L’a poussé une terrible frayeur She will put an end to your love O d’acerba novella amari accenti inspirée par Mars, and his sorrow. Mà cari onde il mio core Mais quand la déesse le rejoindra Tenti prova famosa opre possenti à tire-d’aile,

81 Hor che l’amor di Citherea Elle fera cesser pour toi l’amour Falsirena m’è noto et pour lui la souff rance. Oh, harsh words! Con i magin furtiva Oh bitterness of cruel news! Con magico sembiante Falsirena But yet they are dear to me, Fingerò ‘l volto de la bella Diva Ô paroles rigoureuses, for thus my heart De la rivale imiterò l’aspetto, Ô d’une cruelle nouvelle, Will attempt a great feat, Et usa à l’arti ingannerò l’amante. accents amers a bold deed. Molto pon, molto sanno Mais chers pourtant, grâce Now that Venus’s love Nel gran regno d’amore arte auxquelles mon cœur is known to me, ed inganno. Tentera une épreuve fameuse, Using a stolen image une action forte, And a magic semblance, Maintenant que l’amour I shall simulate the countenace de Vénus m’est connu, of that fair Goddess, Grâce à une image dérobée, I shall take on the looks Grâce à des traits magiques, of my rival, Je vais simuler le visage And by my wiles I shall de la belle déesse, deceive the lover. De ma rivale je vais In Love’s great kingdom, prendre l’apparence ; art and deceit Rompue aux artifi ces, Have great power and skill. je vais tromper l’amant. Dans le grand royaume de l’amour, beaucoup Savent et peuvent artifi ce et tromperie.

11. Scena terza 11. Scène trois 11. Scene 3

De la Maga il grave accento Les terribles accents Th e enchantress’s terrible voice Scosso ha ‘l piano mosso il monte de la magicienne Shook the plain, E con horrido spavento Ont secoué la plaine, moved the mountain, Secca hà l’herba ed arso il fonte. agité la montagne, And with horrible fright

82 Due pastori Et par une horrible épouvante, Th e grass dried up, Di terror facelle erranti L’herbe s’est desséchée, the spring ran dry. Hann’ accesa l’aria intorno la source s’est tarie. E baleni scintillanti Two shepherds Han turbato il volto al giorno. Deux bergers Some errant sparks of terror Des torches errantes de terreur Set afl ame the air round about, Ninfa sola Ont embrasé l’air alentour, And dazzling fl ashes of lightning Lieti in grembo a queste herbette Et des éclairs scintillants Troubled the face of day. Non più scherzano gli amori, Ont troublé l’apparence du jour. Nè più al suono de l’aurette A nymph Muovon danze a i vaghi fi ori. Une nymphe Cupids no longer play Joyeux au sein de ces herbettes Happily among the grasses, Pastore solo Les amours ne jouent plus, Nor dance to the sound of breezes Qui ’l terror dal centro interno Et au son des petites brises Among the delightful fl owers. Mosso à l’aure folgoreggia Ne dansent plus autour Et il Rè del crudo Averno des jolies fl eurs. A shepherd Desta à l’ire la sua Reggia. From the depths of the earth, Un berger Terror bursts forth Due Ninfe Venue des profondeurs de la terre with lighting in the air, Deh fuggiam trà foschi lampi L’épouvante éclate ici à l’air libre, And the King of cruel Avernus Del Giardin le pompe spente Et le roi du cruel Averne Rouses his kingdom to rage. Et in sen de più bei campi Incite son royaume à la colère. Attendiam seren lucente. Two nymphs Deux nymphes Amongst these grim fl ashes, Ah fuyons, à travers let us fl ee ces lugubres éclairs From the Garden’s spent beauty, Ce jardin qui a perdu ses fastes, And amidst fairer fi elds Et au sein d’une campagne plus Await a bright moment of calm. belle, Attendons une radieuse accalmie.

83 ATTO V ACTE V ACT V 13. Scena prima 13. Scène première 13. Scene 1

Adone Adonis Adonis Amor non sia chi speri Amour, que nul n’espère O God of Love, in frail human joy In gioia humana e frale En la joie humaine et fragile, Th ere is no hope, Se de tuoi van piaceri Puisque le mouvement If your vain pleasures E lieve il moto e son fugaci l’ale ? de tes vains plaisirs Move so lightly, fl ee so quickly ; Nè più Fortuna infi da Est léger et que leurs ailes Let faithless Fortune no longer be Sia de’ nostri desiri acerba guida sont fugaces ; Th e cruel guide of our desires. Se trà miei gravi aff anni Que la Fortune infi dèle If in my deep sorrows, Men aspri e men spietati Ne soit plus le guide cruel I see neither the Heavens Non miro i Cieli de nos désirs, nor the Fates, e non conosco i Fati. Puisque parmi mes lourdes Perhaps they will be peines, less cruel and merciless. Forse era poco (ahi stelle) Je ne vois ni le ciel, ni le destin Che nato d’empio incesto Moins cruels et moins implacables. No doubt it was not enough al mondo sono (ah, stars!) S’anco da voi rubelle Sans doute était-ce peu For me to be born of impious A me tolto non era il Regio trono ? (ah, étoiles !) incest, Dunque ò rigidi Cieli Que je sois né d’un inceste infâme, If, ever hostile, you had to take Vostri doni saran danno Si toujours hostiles, away e tormento ? Vous ne me ravissiez en plus My royal throne as well? Sì che spesso dal duol nasce le trône royal ? So, cruel Heavens, will your gifts il contento. Vos présents, ô cieux infl exibles, Be but detriment and torment? Ne seront donc que peines Yet often happiness is born Ama dunque le doglie et tourments ? of affl iction. O stolto ahi che Et pourtant le plaisir naît souvent dal duol pianto s’accoglie. de la douleur. So love your sorrows ; Deh che nato à i martiri Oh, it is a fool who weeps Aura di vita havrò sol ne’ sospiri Aime alors ton chagrin, out of grief : Ma che penso e che parlo ? Ô stupide, malheur à celui Having been born to suff er, Già di Venere privo que la souff rance fait pleurer, I will breathe only to sigh.

84 Hor de’ miei sensi manco Car né pour souff rir, But what I am thinking, io più non vivo Je n’aurai de souffl e de vie what am I saying? que dans les soupirs. Now without Venus Troppo ahi troppo ria sorte Mais à quoi je pense et que dis-je ? I have lost my reason, A che più saettar chi langue Désormais privé de Vénus I am no longer alive. ` à morte ? Je perds la raison, je ne vis plus. O mio grave martiro Alas, too wicked fate, Languente vissi ed infelice spiro Ah sort bien trop cruel, pourquoi Why go on wounding Aspro e fi ero destino Blesser encore celui (qui ?) one who is pining to death? E qual’ à miser’ alma souff re et qui meurt ? Oh, my cruel torment, Speme di pace doni Ô mon cruel martyre, Languishing I lived Se nè pur anco a i Languissant j’ai vécu and unhappy I die. Rè crudo perdoni ? et malheureux je meurs. Harsh and cruel Fate, Âpre et cruel destin, What hope of peace can you give E pur con grati accenti Quel espoir de paix peux-tu donner To a wretched soul, A le mie dure pene À une âme misérable, If, infl exible, you cannot A i miei gravi lamenti Si infl exible tu ne pardonnes pas even forgive kings? Prometteste di pace aure serene. même aux rois ? E chi fi a più ch’in terra And yet, with pleasant words, Fede à mortali presti Et pourtant avec des mots agréables, You promised my harsh sorrows, Se mentiscon la fede anco i celesti ? À mes terribles peines, My deep laments, À mes plaintes amères Th e sweet serenity of peace. Tu as promis l’air serein de la paix. Who can there be on earth Et qui pourra encore sur terre To trust mortals, Faire confi ance aux mortels, If even the gods belie their faith? Si les dieux eux-mêmes trahissent leur foi ?

85 14. Scena seconda 14. Scène deux 14. Scene 2

Falsirena Falsirena Falsirena D’acque magiche sparsa En m’aspergeant d’eau magique By sprinkling myself Vagamente hò rivolto J’ai bellement donné à mon visage with magic waters, Nel sembiante di Venere il mio volto, L’apparence de Vénus, Exquisitely I have changed my face Nè per compir gli inganni Et pour achever le subterfuge, To resemble that of Venus ; Altro mi resta homai Il ne me reste plus And to complete the deception, Che rimirar del mio bel sole i rai. Qu’à admirer les rayons All I have to do now de mon beau soleil. Is admire the beauty of fair Adone Adonis. O Cieli e che vegg’ io ? Adonis Amante a me ritorna Ô ciel, que vois-je ? Adonis La bella Madre del vezzoso Dio. Pleine d’amour revient vers moi O Heavens, what do I see? La mère si belle du dieu Lovingly the fair Mother Falsirena si charmant. Of a charming God returns to me! Deh come à tempo giunsi Ecco il mio crudo Amore Falsirena Falsirena Contro me contro altrui Ah, j’arrive à temps : Ah, I have come in good time : Arte spiri il mio sen fraude Voici mon cruel amour ; Here is my cruel beloved ; il mio core. Contre moi, contre lui, Against myself, against others, Que l’artifi ce anime mon sein, Let art inspire my breast, Adone la ruse mon cœur. and deceit my heart. Ond’ è che il tuo ritorno Sì tardi, ò Dea, per Adonis Adonis mio conforto rieda ? Pourquoi tardais-tu tant, Why were you so long, Sì che Vener ti miro Ô déesse, à venir me réconforter ? O Goddess, Nè sia ch’à l’opre tue Vener ti creda. C’est bien Vénus que je vois, In coming to comfort me? Mais à tes actes j’ai peine à le croire. It is Venus I see, but from your acts Falsirena I cannot believe that you are Venus. Quà tardo mossi il piede Falsirena Per prender del tuo amor più Je suis venue ici tardivement Falsirena degna fede Pour m’assurer de la fi délité I delayed in coming here

86 E lieta godo in tanto de ton amour, To be sure of the fi delity Ch’intrepido hai schernito Et maintenant je suis heureuse, of your love, De l’empia Falsirena Puisque, intrépide, tu as repoussé And I am happy now, il grave incanto. Le puissant sortilège de l’infâme Since fearlessly you spurned Ah che da brame oppressa Falsirena. Th e powerful enchantment of Sol per amar altrui biasmo Ah, comme écrasée du seul désir wicked Falsirena. me stessa. D’aimer autrui, je me blâme Ah, oppressed only by desires moi-même. To love another being, Adone I blame myself. Per te per te, mia Dea Adonis Schernii l’arte e gli amori Pour toi, pour toi, ma déesse, Adonis De l’empia Donna e rea J’ai repoussé l’artifi ce et l’amour For you, my Goddess, E pur (ahi dura sorte) De la femme cruelle et infâme, I rejected the wiles and the love Hora presso il mio bene Et pourtant (ah sort pénible) Of that cruel, impious woman, Anco fi ere nel sen provo le pene. À présent auprès de ma And yet (ah, cruel fate!) bien-aimée, Now I am close to my beloved, Falsirena J’éprouve encore I feel within me L’empia accorto fuggisti en moi les mêmes peines. the same fi erce pains. Ch’ella con gravi inganni E maestra d’error fabra de danni. Falsirena Falsirena Però di me t’accendi Avec raison tu as fui You were wise to fl ee from that Riconosci te stesso cette femme cruelle, cruel woman, E al mio ritorno l’amor tuo riprendi. Car elle ne peut, For she, with terrible deceits, avec ses terribles impostures Is a mistress of error, a doer of evil. Adone Être que la ministre de l’erreur, Now burn again with love for me, Io t’amo ò caro ben Venere bella l’artisan du mal. Become yourself once more, Ma che (lasso) prov’ io ? Maintenant brûle de And on my return receive again Par che l’alma rubella nouveau pour moi, your love. Sdegni che d’amor parli Redeviens-toi toi-même, à l’amor mio. Et à mon retour retrouve Adonis tout ton amour. I love you, O my dear heart, Falsirena fair Venus. Ah che in lui la Natura But (alas!) what is it that I feel?

87 Quasi scorga gl’inganni Adonis It is as if my rebellious soul were Con odio occulto contro Je t’aime, ô bien-aimée, belle Vénus, indignant me congiura. Mais (hélas) qu’est-ce que At my speaking to my beloved j’éprouve ? of love. Adone Il me semble que mon âme rebelle O stelle e chi mi porge S’indigne que je parle d’amour Falsirena In tanto mal conforto ? à mon amour. Ah, how Nature in him, Ah che Adone io non sono Almost perceiving the deception, O pur’ Adone in tanta gioia Falsirena Conspires against me with secret è morto. Ah, comme en lui la nature hatred! Distingue presque la tromperie, Falsirena Conspire contre moi avec une Adonis L’ingiusta Falsirena haine secrète. O stars, who gives me comfort La disleal Tiranna In such great trouble? T’ingombra il sen di pena Adonis Ah, I am not Adonis then, Sù l’alma al ver si desti Ô étoiles, et qui me cause Or else Adonis died of Nè fede à l’empia dia Un si grand trouble ? such great joy. Poichè è tutt’ arte in lei Ah, je ne suis donc pas Adonis, quanto scorgesti ; Ou bien Adonis est mort Falsirena Anzi da te non s’oda d’une si grande joie. It is false-hearted Falsirena, S’hoggi quì forse inante Th at disloyal tyrant, Altra Donna t’appaia Falsirena Who fi lls your breast with sorrow ; à me sembiante C’est l’horrible Falsirena, Come, let your soul awaken Sotto i magin furtiva La despote déloyale to the truth, Sarà la Maga e sembrerà la Diva. Qui te remplit le cœur de douleur ; And distrust that cruel sorceress, Allons, que ton âme s’éveille For everything you saw in Adone à la vérité, her is but artifi ce ; A così degno aviso Et ne se fi e pas à la scélérate, Above all, do not listen to her ; Hor sì ch’io ti conosco, Car en elle, comme tu l’as vu, Should another woman, Vero Nume immortal di Paradiso. tout n’est qu’artifi ce ; looking like me, Hor sì che per te spiro Et surtout ne l’écoute pas, Appear before you today, E più che nel sen mio Si aujourd’hui ici peut-être It will be the Enchantress Nel tuo cor, nel tuo à tes yeux Disguised as the Goddess.

88 amor vivo son’ io. Une autre femme apparaît Adonis sous mes traits, From such worthy advice Sous l’image empruntée ce sera Now, yes, I do recognise you, La magicienne qui ressemblera True immortal Goddess à la déesse. from Paradise. Now I do live and breathe for you, Adonis And more than in my own breast À un conseil si précieux It is in your heart, in your love À présent oui, je te reconnais, that I live. Vraie déesse immortelle du Paradis. Maintenant oui, je respire pour toi, Et plus que dans mon sein C’est dans ton cœur, dans ton amour que je vis.

15. Falsirena 15. Falsirena 15. Falsirena Dunque liete e ridenti Alors que nos âmes et nos esprits Now let our souls and minds Spirin l’alme e le menti Expriment joie et bonheur, Show joy and happiness, A te sù questi prati Que pour toi sur ces prés And for you upon these meadows Versin nembi di fi or Zeffi ri alati Les zéphyrs ailés May wingèd zephyrs scatter Per te Goda il mio core versent des nuages de fl eurs, countless fl owers, E trionfi d’amor la Dea d’Amore. Que pour toi se réjouisse mon May my heart rejoice for you, cœur, And the Goddess of Love exult Et que la déesse de l’amour in Love’s triumph. chante le triomphe de l’amour.

89 16. Scena terza 16. Scène trois 16. Scene 3

Venere, Amore (A due) Vénus et Amour (à 2) Venus and Cupid (duet) Florido nembo Que le ciel serein May the happy skies Dal suo grembo Répande de son sein Shed from within their breast Lieto sparga il Cielo intorno Un nuage fl euri, A multitude of fl owers ; Chiaro giorno Qu’un jour limpide May a clear day Spieghi lampi di fi n’ oro. Diff use des rayons d’or fi n. Display rays of fi ne gold. Gli sdegni cedono La colère d’un cœur Th e anger of a cruel heart Di crudo cor Cruel s’apaise, Is assuaged, Le gioie riedono Le bonheur d’un amour Th e joys of happy love Di vago Amor. Charmant revient. Are returning. Veggio Adon che lieta honoro Je vois Adonis qu’avec joie j’honore, I see Adonis, whom joyfully Miro Adon che dolce adoro. J’aperçois Adonis qu’avec I honour, douceur j’adore. I perceive Adonis, whom sweetly Adone I adore. E che rimiro ? (ahi stelle) Adonis Co ‘l suo sembiante vago Que vois-je (ah, étoiles !) Adonis Splende chiara trà noi Vener sì Avec ses traits charmants, What do I see ? (Ah, stars!) bella Vénus si belle resplendit With her delightful countenance, Che rifl ette la vista emola imago clairement parmi nous, Venus is so radiantly beautiful E partorisce in Ciel Vener Que sa vision refl ète among us novella. une image semblable Th at her semblance refl ects Et fait naître dans le ciel a rival image Amore une nouvelle Vénus. And begets a new Venus in the sky. O meraviglie rare Ond’ incerto il cor’ erra Amour Cupid Doppia Madre m’appare : Ô rare prodige O rare wonder, L’una in aria soggiorna e l’altra Qui fait errer mon cœur incertain, Leading my uncertain heart astray! in terra. Deux mères se présentent à mes yeux : Two Mothers appear to me : L’une dans les airs, l’autre sur terre. One on high, the other on earth.

90 Falsirena Falsirena Falsirena Deh che l’inganno mio Hélas ! mon subterfuge Alas, my deception Già già veggio svelato Vient d’être découvert : Has been discovered! O Cielo ò sorte ò fato. Ô ciel, ô sort, ô destin. O Heaven, O fate, O destiny!

Venere Vénus Venus E come al mio cospetto Comment, alors que j’apparais, Why, Adonis, as I appear, Adon gli occhi non giri Adonis ne tournes-tu pas Do you not turn your eyes E te medesmo espresso ton regard vers moi towards me in me non miri ? Et ne te contemples-tu And behold yourself in me? pas toi-même en moi ? Adone Adonis E dove sono (ahi lasso?) Adonis And where am I, alas? Doppia Venere miro Et où suis-je (hélas !) I see two Venuses, and know not Nè sò dov’ io rivolga il guardo Je vois deux Vénus, Where to direct my gaze, ò ‘l passo Et je ne sais où diriger my steps. Forse furori spiro mon regard ou mes pas. Perhaps I am going mad, E qual priva di senno anima suole Sans doute suis-je devenu fou and as a soul Miro gemino il raggio e doppio Et, ainsi qu’une âme folle Out of its wits tends to do, il Sole. en a l’habitude, I perceive two radiant Suns. Je vois doublement le soleil Falsirena et ses rayons. Falsirena Dunque ancor non comprendi So still you do not see through I fallaci sembianti ? Falsirena Th e pretence? Deh saggio al ver t’apprendi Ainsi tu ne distingues pas encore Be wise, turn to the truth : E scorgi in me gli amori Les traits fallacieux ? Recognise me as Love, in lei gl’incanti. Avec discernement accroches-toi her as Enchantment. à la vérité, Adone Et vois en moi l’amour, Adonis Posto trà pari aspetto en elle le sortilège. Between two like appearances, Dal falso il ver non scerno I cannot distinguish the true E per volto conforme hò dubbio from the false, aff etto ; And since they are identical,

91 Ah che languido vissi Adonis I am in doubt. D’una Venere privo Face à deux semblables apparences, Ah, deprived of one Venus, Hor due (lasso) ne miro Je ne peux discerner la fausse I lived in languor ; E ne la copia lor misero io vivo. de la vraie, Now (alas!) I see two Étant vraiment identiques, And know not which way to turn. Falsirena je suis dans le doute. L’altra schernir tu dei Ah, privé de Vénus, Falsirena E me solo pregiar dolce mia vita J’ai vécu dans le malheur, You must spurn the other, Che se folle non sei Maintenant (hélas) j’en vois deux, Prize only me, my sweet love, Chi pria ti porse aita Et dans cette abondance For if you are not mad, T’è più vera d’amor Vener je vis misérable. She who helped you fi rst gradita. Must to your eyes be the true Falsirena Venus of Love. Venere C’est l’autre que tu dois mépriser, Taci Donna fallace Et ne regarder que moi, Venus Ceda à più degna forza ma douce vie, Be silent, false woman! anima audace. Car si tu n’es pas fou, Submit your rash soul Contro la Maga infame Celle qui la première to a worthier force! Vanne Figlio soave t’a porté secours Go, my sweet son, E sciogli Adon dal magico legame Doit être à tes yeux la vraie And free Adonis from Onde in pena sì grave Vénus d’amour. the magic chain Salvo da servitù dolce respiri Th at binds him Libero da gl’incanti il ver rimiri Vénus to this villainous Enchantress, Che à me son note à pieno Tais-toi, femme fausse, So that, saved from the cruel L’arti furtive de l’ardir terreno. que ton âme audacieuse suff ering of bondage, Cède devant une force He may breathe sweetly Amore plus respectable. once more ; Eccomi ò Madre mia À l’encontre de l’infâme magici- Released from the spell, Pronto à gl’imperi tuoi enne let him see the truth, Et ogni cenno tuo legge mi sia. Va, mon doux fi ls, For all too well I know Et délivre Adonis Th e covert arts of earthly boldness. Falsirena de son lien magique, O d’ogni mia possanza Afi n que dans une peine si cruelle,

92 Abbattuta virtù morta speranza. Délivré de sa captivité, Cupid avec douceur il respire, Here I am, O Mother mine, Venere Libéré du sortilège, il voie la vérité ; Ready to follow your orders ; Vanne Figlio e co’i lacci Car les pratiques occultes A beck from you La rubella incatena : du courage terrestre is my command. Sovra lei che l’oprò cada la pena, Me sont entièrement connues. E avvinta à duro scoglio Falsirena Freni le voglie sue, tempri Amour Oh, strength of all my powers l’orgoglio. Me voici, ô mère, Cast down! Dashed hopes! Prêt à suivre tes ordres, Adone Et que chaque signe de toi Venus O ne le gioie ancora soit pour moi une loi. Go, my son, and with these bonds Aspra mia vita e dura Enchain that rebel : S’amaro ogni diletto in me dimora. Falsirena Let sorrow fall upon Ô force anéantie, espoir perdu the one who caused it ; Amore De toute ma puissance ! And chained to Dal laccio e dal cordoglio an unyielding rock, Io che l’alme incateno Vénus Let her restrain her desires, il sen ti scioglio. Va, mon fi ls, et avec ces liens moderate her pride. Riconosci te stesso Attache la rebelle : E lieve del tuo pondo Que tombe la peine sur Adonis A i contenti d’amor spira celle qui l’a causée ; Oh, even in joy giocondo. Et qu’attachée à un solide rocher My life is harsh and cruel, Te, te con nodo acerbo Elle réprime ses désirs If every pleasure remains Cinga l’aspra Catena et tempère son orgueil. bitter within me. Et in scoglio superbo Provi il tuo grave ardir rigida Adonis Cupid pena. Ô ma vie est âpre et cruelle I, who enchain souls, Même dans la joie, Free you from these bonds Falsirena Si tout plaisir demeure amer en and from your sorrow. O miei folli desiri moi. Recognise yourself Ecco ò stelle vi cedo And relieved of your burden, Ecco vado à i martiri Happily look forward

93 Alma d’ardir languente Amour to the joys of love. Tal nel fallir qual ne l’amor dolente De son lien et de son chagrin Let this harsh chain Vinta ò Cieli m’accuso Moi qui enchaîne les âmes, Girt you about with Dal proprio inganno mio je délivre ton sein. a cruel fi rmness Et al tormento parto incanti à Dio. Reconnais-toi toi-même And on this mighty rock may Et allégé de ton fardeau, you suff er Venere Aspire avec joie aux plaisirs Severe affl iction for Parti rubella parti de l’amour. your great temerity. E al tuo partir’ intanto Et toi, que d’un nœud sévère Si discioglia ogni error La terrible chaine t’enlace, Falsirena parta ogni incanto. Et que sur ce puissant rocher Oh, my mad desires! Ta téméraire audace éprouve Now, O stars, I give in to you ; Adone un cruel tourment. Now I go to suff er my ordeals, O come a questa selva A spirit in which courage fails, Riede il nativo aspetto Falsirena As sorrowful in defeat as in love. E libera da forze Ô mes désirs fous ! O Heaven, I declare Dolce ogni gioia mia torna Voici, ô étoiles, que je vous cède ; myself vanquished nel petto. Voici que je vais à mon martyre, By my own deceit, and I go Âme languissante d’audace, To suff er agony. Magic, farewell! Venere Aussi dolente dans l’échec Tempra à la vista mia que dans l’amour. Venus O sospirato Adon l’aspro tormento Je me déclare vaincue, ô ciel, Go, rebel, go! Scaccia ogni doglia ria Par ma propre tromperie, And with you, let all error, Ch’ove Vener dimora ivi Et je pars pour mon tourment. All magic spells be at an end. è ‘l contento. Magie, adieu. Adonis Adone Vénus Oh, how this forest Hor sì ch’intendo à pieno Pars, rebelle, pars donc ; Recovers its original appearance Qual forza al passo errante Et qu’en même temps que toi, And, free from all constraint, Ponea Per mio martir rigido freno. Disparaisse toute égarement, All sweet joy returns to my heart! Onde ben co ‘l tuo volo tout sortilège. Accorresti ò gran Diva Venus Al mio d’aff anni lagrimevol duolo At my sight, O beloved Adonis,

94 Ch’anco la stella tua sù l’alta Mole Adonis Let your bitter torment be Al lagrimar del l’Alba apparir suole. Ô comme cette forêt relieved ; Son per te scinto è vero Reprend son aspect d’origine, Dispel all cruel sorrow : Ma di quelle ritorte Et comme libérée For wherever Venus dwells, Più tenace e più forte de toute contrainte, there is happiness. Hor laccio trà noi sia La joie doucement revient L’amor tuo l’altrui sdegno dans mon cœur. Adonis e la fè mia. Now I fully understand Vénus What force, causing me to suff er, Venere Adoucis à ma vue, Cruelly impeded my wandering Anzi per far d’amor prove veraci Ô Adonis ardemment désiré, steps. Ecco il cinto mi scingo ton âpre tourment, O great Goddess, you did well Catenato mi piaci Chasse toute cruelle douleur To alleviate by your intervention E co ‘l legame de gli Amor Car là où Vénus demeure, My sad and tearful sorrow. ti stringo. là est le bonheur. Th us, alone, high in the sky, Your star appears to the tearful Adone Adonis dawn. Godo ò mia Dea d’Amore Maintenant je comprends I am unchained by you, it is true, Che la tuo man gradita pleinement But henceforth, your love, M’avvinca il corpo Quelle force, pour mon tourment, Another’s anger and my se mi vinseil core ; Entravait cruellement faithfulness Nè gia per te che m’ami mes pas errants. Must be stronger Pavento altri legami, C’est bien à propos qu’à tire-d’aile and more tenacious Che paventar non Tu es accourue, ô grand déesse, Th an were those bonds. può maggior catene Vers ma souff rance pénible Ch’il possente d’amor et pleine de larmes, Venus laccio sostiene. Ainsi ton étoile apparaît To prove that our love is true, dans le ciel Behold, I untie my belt ; Venere Au larmoiement de l’aube. I like you enchained, Già placati i furori Je suis délivré par toi, il est vrai, And with this bond of love De l’adirato Marte Mais plus tenace et plus fort I bind you. Che geloso fremea de’ Que cette entrave, nostri amori, Sera désormais entre nous le lien

95 Amante à te ritorno De ton amour, de la colère Adonis E à scherno de le stelle ’autrui et de ma foi. I rejoice, O my Goddess of Love, Veggio nel volto tuo più Th at your welcome hand vago giorno Vénus Captivates my body Miro ne gli occhi tuoi faci Pour mieux prouver que notre as it won my heart ; più belle. amour est vrai, Nor from you, who love me, Voici que je dénoue ma ceinture, Do I fear other ties, Adone Tu me plais enchaîné, For he who bears Ed io lieto ne’ danni Et je t’enlace avec le lien Love’s powerful bond La tua bellezza rara de l’amour. Need fear no stronger yoke. Scorgo avampar qual Rosa arder qual stella, Adonis Venus Se pur hà stella il chiaro ciel Je me réjouis, ô ma déesse Now that the fury sì chiara d’amour, of enraged Mars, Se pur è rosa in bel Giardin Que ta main agréable attache Who quivered with jealousy sì bella. Mon corps puisqu’elle a vaincu at our love, mon cœur ; At last is calmed, Amore Désormais de toi qui m’aimes, Lovingly I return to you, A duro Scoglio affi ssa Je ne crains pas d’autres liens, And despite the stars, Stà la Maga confusa Car celui que retient le puissant I see in your face Ne l’arti sue ne l’ardir suo delusa ; lien de l’amour a more delightful day, Noi dunque lieti intanto Ne peut craindre une chaine I see in your eyes lovelier fl ames. Trà soavi concenti plus forte. De la vittoria celebriamo il vanto. Adonis Vénus And I, happy in my misfortunes, À présent que la fureur de Mars, See your rare beauty Frémissant de jalousie à cause de Blush like a rose, shine like a star – notre amour, If the clear sky can have Est enfi n apaisée, so bright a star, Je reviens vers toi, pleine d’amour, If a beautiful garden can have so Et en dépit du ciel, fair a rose. Je vois sur ton visage un jour plus charmant,

96 Je vois dans tes yeux Cupid des astres plus beaux. Chained to an unyielding rock, Th e enchantress is thwarted Adonis In her wiles, foiled in her audacity ; Et moi heureux We, happy meanwhile, dans mes malheurs, Amidst sweet sounds, Je vois ta rare beauté fl amboyer Celebrate the virtue of victory. Comme une rose, brûler comme une étoile, Si le ciel clair a une étoile aussi éclatante, Si un beau jardin peut avoir une rose si belle.

Amour Attachée à un puissant rocher, La magicienne demeure troublée Dans ses artifi ces, abusée Dans son audace ; Alors nous joyeux pendant ce temps, Par de doux concerts, Célébrons le mérite de la victoire.

17. Venere 17. Vénus 17. Venus Sì, si, cara mia spene, Oui, oui, mon cher espoir, Yes, my dear hope, Gradito tesor, vago mio bene. Charmant trésor, mon bien aimé. Beloved treasure, sweetheart of mine. Adone Adonis Sì, sì, mia vera aita, Oui, oui, mon vrai secours, Adonis Bramata beltà, dolce mia vita. Beauté désirée, ma douce vie. Yes, my true aid, Desired beauty, my sweet life.

97 Venere, Amore, Adone (a tre) Vénus, Amour, Adonis (à 3) Venus, Cupid, Adonis (trio) Sì, sì, bramata beltà, dolce mia vita. Oui, oui, beauté désirée, Yes, desired beauty, my sweet life. Quà canora ma douce vie. Harmonious here, Là sonora Qu’ici mélodieux, Resounding there, L’aria giri Là éclatant, Let the air circulate, L’aura spiri L’air circule, Th e breeze blow, Dilettosa Que la brise souffl e Delightful, Amorosa Délicieuse, Loving, Ch’entro una nube si riserra Amoureuse For within a single cloud is enclosed Il sol del cielo e de la terra. Car en une seule nuée Th e Sun of heaven and of earth. se resserrent Al concento Le soleil du ciel et celui With this concert, Al contento, de la terre. With this gladness, Ogni fonte Let each spring Ogni monte Par ce concert, Each mountain Sia dolcezza Par cette réjouissance Be sweetness, Sia vaghezza Que toute source Be charm, Ch’entro una nube si riserra Que toute montagne For within a single cloud is enclosed Il sol del cielo e de la terra. Soient rendues douces Th e Sun of heaven and of earth. Et agréables, Amore Car en une seule nuée Cupid Dunque in tanto frà boschi se resserrent So let the breeze murmur sweetly Vaga l’aura ragioni Le soleil du ciel et celui Th rough the woods, E fuor de gli antri foschi de la terre. Th e echo softly resound Dolce l’Echo risuoni. Outside dark caverns. Lieto dopo l’errore Amour Happy after the error of his ways, Giunge Adone à goder Ainsi à travers les bois At last Adonis rejoices la Dea d’Amore Que la brise murmure in the Goddess of Love, Ch’arde di lieto zelo aimablement, For he burns with happy zeal Chi dopò i falli fa ritorno al cielo. Et hors des sombres cavernes Who after going astray Que l’écho résonne doucement. returns to Heaven. Joyeux après son égarement

98 Adonis vient jouir de la déesse de l’amour, Car il est animé d’un zèle joyeux Celui qui après ses fautes revient au ciel.

18. Primo Choro 18. Premier chœur 18. First chorus La Selva con bei canti Que la forêt se réjouisse Let the forest rejoice Gioisca al nostro suon Au son de nos beaux chants, At the sound of our Sempre lodar si vanti Que toujours l’on s’applique beautiful songs ; Di Vener gli amori, à louer Let Venus’s loves, Adonis’s errors gli errori d’Adon. Les amours de Vénus, Forever be praised. les erreurs d’Adonis. Secondo Choro Second chorus Gioconda al vol de’ venti Second chœur Happily as the winds blow Risuoni l’aria ogn’hor Que sans cesse au gré du vent Let the air constantly resound, Spieghi con dolci accenti Résonne l’air joyeux, Proclaiming with sweet sounds Di Vener l’amore d’Adone l’error. Qu’il proclame par de doux Venus’s love, Adonis’s errors. accents L’amour de Vénus, les erreurs d’Adonis.

19. Tutto il Choro 19. Tout le chœur 19. Full chorus Lieto dopò l’errore Joyeux après son égarement Happy after the error of his ways, Giunge Adone à goder Adonis vient jouir de la déesse At last Adonis rejoices in the la Dea d’Amore de l’amour, Goddess of Love, Ch’arde di lieto zelo Car il est animé d’un zèle joyeux For he burns with happy zeal Chi dopò i falli fa ritorno al cielo. Celui qui après ses fautes revient Who after going astray returns au ciel. to Heaven.

Ottavio Tronsarelli Traduction : Jean-François Lattarico Translation: Mary Pardoe

99 100 portfolio

www. quodlibet. fr 102 103 104 105 106 107 108 109 Le TRIFOLION Echternach – Centre Culturel, Touristique et de Congrès, est le nouveau centre dédié à la culture, à la société et aux conférences de la Ville d’Echternach, mais aussi des régions de l’Est du Luxembourg et transfrontalières. Ce bâtiment de cinq étages comprend une salle de concert pouvant accueillir jusqu’à 700 spectateurs avec une acoustique qui se prête merveilleusement aux manifestations live de toutes sortes. L’audi- torium de la salle dispose, dans sa nef centrale, de sièges confortables fi xes et, dans les galeries latérales, de sièges mobiles, ce qui rend la salle compatible aux utilisations les plus diverses y compris dans l’événementiel. Par ailleurs, la maison comprend une autre salle dotée d’une galerie circulaire d’environ 300 places. A côté des salles mentionnées ci-dessus, le centre dispose encore d’autres salles de tailles diff érentes pour des séminaires ou des workshops. Le TRIFOLION Echternach est le lieu principal du célèbre Festival International d’Echternach, résidence du European Union Baroque Orchestra (EUBO) et siège de l’École de musique d’Echternach et de l’Harmonie municipale d’Echternach.

Th e Trifolion – Centre Culturel, Touristique et de Congrès Echternach is the new centre for culture, society and conventions of the town of Echternach, the eastern part of Luxemburg as well as the cross- borderregion. Th e fi ve-storey Trifolion houses a concert hall with a capacity for 700 and superb acous- tics for live performances of all kinds. Th e auditorium has comfortable fi xed seating in the main nave, as well as fl exible seating in the side galleries, thus making the hall perfectly suited to all kinds of events. Th e building also houses a further hall with an impressive round gallery, which has a capacity for an audience of around 300. In addition to the premises mentioned above the Convention Centre off ers additional rooms of varying sizes for seminars and workshops. Th e Trifolion is the main venue for the renowned Festival Inter- national Echternach and is also home of the European Union Baroque Orchestra (EUBO), the regional music school and the Echternach brass orchestra.

110 © Roland Wehking, Pfadfi nder

111 This is an

Production The labels of the Outhere Group:

Outhere is an independent musical production and publishing company whose discs are publi- shed under the catalogues Æon, Alpha, Fuga Full catalogue Full catalogue Libera, Outnote, Phi, Ramée, Ricercar and Zig-Zag available here available here Territoires. Each catalogue has its own well defi- At the cutting edge The most acclaimed ned identity. Our discs and our digital products of contemporary and elegant Baroque label cover a repertoire ranging from ancient and clas- and medieval music sical to contemporary, jazz and world music. Our aim is to serve the music by a relentless pursuit of the highest artistic standards for each single pro- duction, not only for the recording, but also in the editorial work, texts and graphical presentation. We Full catalogue Full catalogue like to uncover new repertoire or to bring a strong available here available here personal touch to each performance of known 30 years of discovery A new look at modern jazz works. We work with established artists but also of ancient and baroque invest in the development of young talent. The repertoires with star performers acclaim of our labels with the public and the press is based on our relentless commitment to quality. Outhere produces more than 100 CDs per year, distributed in over 40 countries. Outhere is located Full catalogue in Brussels and Paris. available here Gems, simply gems Philippe Herreweghe’s own label

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