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MASARYKOVA UNIVERZITA V BRNĚ

FILOZOFICKÁ FAKULTA

Ústav románských jazyků a literatur

La conception de l´amour dans la prose de Raymond Radiguet

Bakalářská práce

Autor práce : Vedoucí bakalářské práce : Ivana Zemanová PhDr. Petr Dytrt, Ph. D.

Brno 2011

Tímto prohlašuji, že jsem bakalářskou práci vypracovala sama a že jsem čerpala pouze z uvedených pramenů.

V Brně dne 30. 4. 2011......

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Na tomto místě bych ráda poděkovala panu doktorovi Petru Dytrtovi za vedení a cenné rady, jež mi při psaní bakalářské práce poskytl.

I. Z.

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Table des matières

I. INTRODUCTION ...... 5

II. ÉCRITURE ET PERSONALITÉ DE RAYMOND RADIGUET ...... 8

III. ANALYSE ...... 12

III. 1. Métodologie ...... 12

III. 2. Vision de l´amour chez Radiguet ...... 14

III. 3. Partie analytique ...... 15

III. 3. 1. Amour permis ...... 15

III. 3. 2.a Amour maternel ...... 15

III. 3. 2.b Amour paternel ...... 18

III. 3. 2.c Amour conjugal ...... 20

III. 3. 2.d Amitié ...... 23

III. 3. 2. Amour interdit ...... 26

III. 3. 2.a Amour adultère ...... 26

III. 3. 2.b Amour de l´enfant illégitime ...... 31

III. 4. Question de l´âge et de l´amour...... 33

III. 5. Analyse des sentiments choisis accompagnant l´amour ...... 34

IV. CONCLUSION ...... 36

V. BIBLIOGRAPHIE ...... 38

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I. Introduction

Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Mais les jeunes gens sont si impatients d´atteindre les moins accessibles, et d´être des hommes, qu´ils négligent ceux qui s´offrent.

Raymond, Radiguet. (BCO, p. 18)

Robert Sternberg, psychologue américain, professeur à l´université de Yale, a élaboré en 1986 une intéressante théorie de l´amour. Il a proposé un modèle intéressant pour l´analyse de ce sentiment fragile et délicat. Sternberg considère l´amour profond comme le résultat d´un équilibre idéal entre trois éléments : il s´agit de la passion, de l´intimité et de l´engagement. L´absence de l´un ou de plusieurs de ces éléments change le sens de l´expression « l´amour profond » ; il n´est plus possible d´en parler de la même façon.

Pour bien comprendre ce que ces expressions signifient nous essayons de les brièvement définir. La passion est un attrait conscient pour une autre personne. Elle est souvent intensive au début de la relation, ensuite elle se stabilise tour à tour et enfin elle peut disparaître à la suite d´une rupture amoureuse pendant une période plus au moins longue. L´intimité est souvent définie comme un besoin de proximité avec une autre personne (pas toujours au sens sexuel). Son évolution peut changer durant la vie du couple en raison des circonstances. En suivant la passion dans les relations entre deux êtres, elle précède le dernier élément Ŕ l´engagement. Ce dernier est le sentiment qui a besoin du temps pour se créer. Nous parlons alors de la reconnaissance par quelqu´un qui éprouve de l´attachement pour le second du couple.

Sternberg montre et qualifie des cas spécifiques qui peuvent se produire par leurs combinaisons. La passion seule est appelée le désir, l´engagement seul est présenté comme le partenariat ou bien l´amour vide et l´intimité seule représente la complaisance. L´absence de la passion signifie l´amitié, le manque de l´engagement Ŕ le romantisme et dans l´amour fatal, il y manque de l´intimité. Dans le cas de présence de tous les trois éléments, il est possible de parler de l´amour idéal.

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Nous appliquons cette théorie dans notre mémoire d´une façon d´essayer de trouver ces états de l´amour dans les œuvres analysées et nous affirmerons ou réfuterons sa validité générale.

Nous voudrons répondre à la question de savoir pourquoi Radiguet s´intéresse aux problèmes de l´amour dans ses œuvres. Quels types de l´amour figurent dans ses romans. De quelle manière l´âge peut influencer la manière d´agir dans l´amour. Quel rôle jouent des sentiments considérés comme accompagnant l´amour dans les relations entre deux personnes.

En ce qui concerne la méthodologie, nous allons commencer par décrire la courte vie de l´auteur en mentionnant ses œuvres et les circonstances de leurs éditions. Dans la partie principale, notre méthode consistera à décrire plusieurs types de l´amour en montrant de différents exemples de la lecture de ses romans. Nous diviserons l´amour en deux groupes. Le premier s´occupera des cas de l´amour permis où nous pouvons compter l´amour maternel, paternel, conjugal et l‘amitié et le deuxième groupe montre des exemples de celui interdit: l´amour adultère ou bien l´amour de l´enfant illégitime. Ensuite, nous réfléchirons au rapport de l´âge et de l´amour. Enfin, nous étudierons les changements dans l´amour qui y apportent d´autres sentiments.

Pour cette analyse nous avons choisi deux œuvres de Raymond Radiguet. Il s´agit des romans Le Diable au corps et Le Bal du comte d´Orgel. Ces romans comptent parmi les plus intéressantes œuvres avec la thématique psychologique du XXe siècle. Pourquoi avoir choisi d´examiner ces deux romans dans une même étude?

En effet, ils s´opposent à première vue. Dans Le Diable au corps, le narrateur est intérieur au récit, il s´identifie au personnage principal. Dans Le Bal au comte d´Orgel, au contraire, il est extérieur. Dans les deux œuvres, il s´y agit de l´amour de la femme mariée; mais dans Le Bal du comte d´Orgel, cette femme est capable d´affronter l´amour adultère, à la différence du Diable au corps où l´héroïne s´y abandonne. Cependant, outre les différences entre ces deux œuvres, beaucoup d´éléments similaires les lient. L´amour représente le thème

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principal des deux romans. Le personnage du mari est à l'arrière-plan. La personnification de la rivière de Marne figure dans les deux récits. La psychologie joue son rôle essentiel. 1

La raison qui a vraiment influencé notre choix du thème de ce mémoire est surtout notre intérêt de la lecture psychologique et amoureuse en même temps. La problématique de l´amour et des relations sentimentales ne cesseront jamais d´attirer l´intention d´un lecteur. Cette problématique ne se concentre pas seulement à la conception fondamentale de ces expressions mais elle les conçoit beaucoup plus complètement. Toute l‘histoire est en plus située au milieu aristocrate (dans le cas du Bal du comte d´Orgel) ce qui illustre encore mieux ces actes d´amour.

1 Quelques idées de ce paragraphe viennent de l´étude de Calogero Giardina: GIARDINA, Calogero. L´imaginaire dans les romans de Raymond Radiguet: Le diable au corps et Le bal du comte d´Orgel. . Didier Érudition, 1991, p. 5.

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II. Écriture et personnalité de Raymond Radiguet

Raymond Radiguet, l´aîné de Maurice Radiguet, dessinateur humoriste qui avait collaboré à la revue du Chat noir, et de Jeanne Marie Louise Tournier, avait encore 6 frères et soeurs. Il est né le 18 juin 1903 à Saint-Maur, dans le Val-de-Marne, dans la petite maison du Parc Saint-Maur, au numéro 4 de l´avenue Charles VII.

A l´âge de 6 ans, il commence à suivre des cours à l´école communale de Saint-Maur- des-Fossés, où il se présente tour à tour comme un élève excellent et le premier de la classe. En 1913, quittant cette école, il entre au lycée Charlemagne à Paris. Ses résultats ne sont pas du tout satisfaisants, il est un élève médiocre. Mais surtout, bien plus que les exercices scolaires, le passionne la lecture des oeuvres de la bibliothèque de son père. Il s´intéresse surtout à la littérature du XVIIe et du XVIIIe siècle, notamment La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette ou bien des poèmes de Paul Verlaine, Arthur Rimbaud ou Stéphane Mallarmé. Lui-même, il écrit de petits poèmes. Ni l´effort de son père de l´instruire seul en le retirant du lycée n´apporte de fruits. Son père force à le convertir aux disciplines classiques. Le jeune Raymond passe beaucoup de temps au bord de la Marne en flânant

A l´âge de 11 ans, il est présenté par son père au poète André Salomon qui le connaît d´abord comme le dessinateur. Des dessins de Radiguet pouvaient servir sur la première page de l´oeuvre de Salomon l´Intrasigeant. Pendant la première rencontre, Salomon l´apprécie par des mots suivants : « Vraiment un petit garçon en culottes courtes; un gentil petit garçon au regard vif d´adulte encore naïf, mais bon candidat à la cruauté; oui, un étrange regard ombré d´une mèche coquine, en plis lourds, en dure visière de casque. » 2 Radiguet a publié quelques-uns de ses dessins sous le pseudonyme de Rajki. A partir de cette date, les événements changent pour lui à une vitesse vertigineuse et il commence à écrire de la poésie. Tous les poèmes du premier recueil sont écrits entre 1917 et 1921, de quatorze à dix-huit ans. C´était même André Salomon qui introduit Radiguet dans le monde du journalisme. Il travaille pour L´Heure, Le Rire et L´Éveil où il réalise des reportages.

2 BORGAL, Clément. Radiguet. Paris. Editions universitaires, 1969, p. 12.

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En avril 1917, Radiguet fait connaissance avec Alice dans le train Paris - Saint-Maur. Alice est une jeune femme mariée âgée de vingt-quatre ans. Elle devient le modèle pour le personnage de Marthe dans Le Diable au corps.

En fréquentant des personnages importants du monde littéraire et artistique de Montparnasse et Montmartre, il a l´occasion de connaître qui l´amène chez Cocteau vers 1918 ou 1919. Cocteau affirme à l´adresse de Radiguet: « Dès ma rencontre avec Radiguet je peux dire que j´ai deviné son étoile. A quoi? Je me le demande. [...] Il tirait de ses poches les petites feuilles de cahier d´écolier qu´il y enfonçait en boule. Il les déchiffonnait du plat de la main et, gêné par une des cigarettes qu´il roulait lui-même, essayait de lire un poème très court. Il le collait contre son oeil. » 3 l´aide notablement. Grâce à lui, Radiguet publie ses vers dans les revues Dada et Littérature qui sont considérées comme revues d´avant-garde. Radiguet entre à côté de Cocteau dans les cercles parisiens où il fait connaissance aussi bien avec Pierre Reverdy, Eric Satie, Marie Laurencin, que de Jean et Valentine Hugo ou Jacques Lipschitz. Radiguet commence à mener la vie de bohème.

En mai 1920, Radiguet participe avec Jean Cocteau à la fondation de la revue Le Coq et L´Arlequin. A partir de cette date, ces deux noms sont toujours associés. Il aide Erik Satie et Jean Cocteau dans la composition de l´opéra-comique intitulé Paul et Virginie. Radiguet, lui-même, écrit la seule pièce de théâtre Les Pelicans. L´un de ses recueils de poèmes Les Joues en feu est illustré par . Durant son séjour chez Cocteau à Carqueyranne qui avait lieu en mars-avril 1920, Radiguet travaille beaucoup et écrit de nombreuses oeuvres (par exemple la nouvelle Denise). Il cherche un équilibre entre la bohème parisienne et la paix dans la nature au Midi, au bord de la mer. Cette période précède la rédaction de son premier roman Le Diable au corps.

Pendant les vacances au Piquey près d´Arcachon en 1921 où il séjourne avec Jean Cocteau, Radiguet commence à écrire Le Diable au corps. En mars 1923, l´oeuvre est publiée par Grasset qui lui a préparé une publicité somptueuse. Le succès est énorme et scandaleux en même temps. La critique est surprise et dégoûtée. Elle tient dans les mains le premier livre d´un romancier qui n´a que 17 ans. Radiguet reçoit de splendides félicitations des écrivains

3 BORGAL, Clément. op.cit., p. 18.

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tels que Max Jacob, Paul Valéry, etc. D´autres écrivains sont irrités d´une attention disproportionnée qui est reservée à un auteur encore si peu connu. Clémence Camon exprime son avis : « On y voit la liberté, le désœuvrement, dus à la guerre, façonner un jeune garçon et tuer une jeune femme. Ce petit roman d'amour n'est pas une confession, et surtout au moment où il semble davantage en être une. C'est un travers trop humain de ne croire qu'à la sincérité de celui qui s'accuse ; or, le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse autobiographie qui semble la plus vraie. »4 Le roman est apprécié du prix du Nouveau Monde. Ensuite, Radiguet passe l´été au Piquey en compagnie des amis, bien sûr, parmi d´autres de Jean Cocteau. Radiguet réussit à terminer le manuscrit du Bal du comte d´Orgel.

En terminant un manuscrit de son deuxième et en même temps dernier roman Le Bal du comte d´Orgel, Raymond Radiguet le remet à Grasset pour l´éditer. Jean Cocteau doit encore le parachever. Pour la première fois, Le Bal du Comte d´Orgel paraît en juillet 1924. Il s´agit donc d´une œuvre posthume. La forme définitive du roman est donc imprimée par Grasset et Cocteau. Cela ne se passait pas de conséquences bien sûr. Beaucoup de passages étaient supprimés du manuscrit original, ce qui a abouti à une incohérence de plusieurs personnages et à une manque d´admision sur le plan des personnages. Le roman a connu plusieurs versions. La première, le manuscrit de Radiguet, comptait plus de quatre cents pages, avant de passer chez l´imprimeur. L´autre était déjà corrigée par Cocteau et Grasset et elle était déjà sous la forme contemporaine. Le 12 décembre 1923, Raymond Radiguet meurt d´une fièvre typhoïde. Ses derniers mots avant la mort sont enrengistrés par Jean Cocteau dans la préface du Bal du comte d´Orgel : « Voici, ses dernières paroles : “Écoutez, me dit-il le 9 décembre, écoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu.” Comme j’étouffais de larmes, que j’inventais des renseignements contradictoires : “Vos renseignements, continua-t- il, sont moins bons que les miens. L’ordre est donné. J’ai entendu l’ordre.” Plus tard, il dit encore : “ Il y a une couleur qui se promène et des gens cachés dans cette couleur.” Je lui demandai s’il fallait les chasser. Il répondit : “Vous ne pouvez pas les chasser, puisque vous ne voyez pas la couleur.” Ensuite, il sombra. Il remuait la bouche, il nous nommait, il posait

4 CAMON, Clémence. Raymond Radiguet (Intro) – aLaLettre.com, consulté le: 21/11/2010, disponible sur: http://alalettre.com/radiguet.php.

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ses regards avec surprise sur sa mère, sur son père, sur ses mains. Raymond Radiguet commence.» (BCO, p. 6).

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III. Analyse

III. 1. Métodologie

Dans notre mémoire, nous travaillons avec deux œuvres que Radiguet a écrites durant sa courte vie. Puisque les deux œuvres traitent le sujet où l´amour occupe la position clée, nous pouvons considérer que c´est juste le thème de l´amour qui jouait un grand rôle dans la vie de l´écrivain. Néanmoins, dans les œuvres, nous n´y rencontrons pas uniquement un type de ce sentiment, mais nous le découvrons sous plusieurs formes. Radiguet révèle dans ses œuvres une gamme étendue de différents types d´amour. Ce sont soit des relations avec les parents et, au contraire, aux enfants, soit des rapports amoureux ou bien des discours amicaux. Le sentiment de l´amour se manifeste dans toutes les pages.

Nous divisons ces types d´amour en deux groupes en fonction de l´influence morale générale de la part de la société. Le premier groupe, intitulé l´amour toléré, compte l´amour maternel, paternel, conjugal et l´amitié.5 Cette catégorie signifie un fait où l´amour est en accord avec des règles étiques généralles et où le dévoilement de ces liens ne produit aucun désavantage à la tierce personne qui figure dans un triangle amoureux ainsi que les deux acteurs. Le premier type, l´amour maternel, relève tantôt de la relation de la mère à son enfant, tantôt du rapport de l´enfant à sa mère. De même que dans la seconde expression où l´objet de l´amour est formé par un père et un enfant. Ces deux rapports sont innés. Dans le troisième cas, celui de l´amour conjugal, nous parlons du rapport entre deux époux qui sont liés par l´hyménée et par conséquent ils sont autorisés à exprimer l´amour en public. L´amitié représente le dernier type de ce groupe. Il s´agit du sentiment qui est créé durant la vie, sa profondeur dépend de la volonté des deux facteurs présents et il est possible d´y entrer avec quiconque.

Le deuxième groupe travaille avec des relations où figure un certain obstacle. Les conventions sociales nous empêchent d´éprouver des sentiments au public puisque quelqu´un en souffre toujours. Nous parlons de l´amour interdit. Radiguet décrit des cas où la relation des deux êtres doit être cachée, vu qu´elle rendrait difficile l´accueil de ces individus dans la

5 Nous divisons l´amour en deux groupes Ŕ l´amour toléré (permis) et l´amour non-toléré (interdit). Il s´agit de la classification d´une part selon nous-meme et d´autre part selon Radiguet qui a utilisé le terme de l´amour interdit dans son roman Le Bal du comte d´Orgel. Nous avons rangé de différents types d´amour apparus dans les oeuvres sous ses groupes.

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société de ce temps-là. Il s´agit d´une part de l´amour adultère où figure une infidélité au moins d´un du couple. De l´autre part, souvent une conséquence de cet adultère, l´amour de l´enfant illégitime se naît entre un parent et son enfant qui est sorti de ce lien. Cet exemple tombe sous la qualification de l´amour interdit tantôt pour la raison que l´enfant vit dans des conditions difficiles juste à partir de la naissance à cause de l´absence d´un père biologique et tantôt parce que la société considère ces enfants comme les bâtards et elle les souvent discrimine. Nécessaire de tenir compte de la situation dans notre époque, n´oublions pas que celle où Radiguet a vécu avait été différente. Des désordonnées dans notre point de vue avec celui d’il y a quatre-vingt-dix ans (en 1920), peuvent produire de cette différence temporelle. Dans cette partie du mémoire, nous essayons d´appliquer la théorie triangulaire de Robert Steinberg 6 en combinant ses états de différents éléments de l´amour avec notre division. Nous essaierons de trouver des principes identiques avec sa théorie ou à la réfuter.

Ensuite, dans la partie suivante où nous réfléchissons sur la problématique de l´âge par rapport à l´amour, nous essayons de démontrer que c´est l´expérience propre de l´écrivain qui l´inspire dans la création littéraire. Nous supposons que l´auteur s´intéresse le plus à l´amour adultère parce que ce sentiment occupe la position la plus forte dans sa vie personnelle à l´époque où il rédige ses romans.

Finalement, nous allons analyser plusieurs sentiments qui peuvent se produire en même temps que l´amour. Un mensonge, comme le problème primaire qui oblige à mentir l´un ou les deux parties dans le cas de l´amour toléré ou bien interdit, représente un moyen pour atteindre ses propres buts coûte que coûte. Nous démontrons que l´infidélité, action négative des êtres qui ne savent pas apprécier leur relation, peut figurer même dans les liens amoureux. Une tromperie et la haine peuvent jouer un grand rôle dans les relations basées sur l´amour. Outre les sentiments déjà mentionnés, c´est la jalousie qui détruit les rapports fragiles. Pourquoi l´amour, émotion tellement pure et profonde, est-il accompagné des sentiments si négatifs!

Le présent travail se donne pour le but de trouver les raisons qui ont poussé l´auteur à choisir des types concrets des personnages principaux. Pour atteindre ce but, nous travaillons

6 STERNBERG, Robert. A triangular theory of love. Psychological Review 93 (2), 1986, p. 119-135.

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avec des textes dans le contexte d´amour. Ensuite, nous polémiquons avec certaines opinions des critiques de Radiguet concernant des interprétations de ses oeuvres.

III. 2. Vision de l´amour chez Radiguet

Raymond Radiguet montre sa vision de l´amour plus clairement dans Le Diable au corps qui est beaucoup plus autobiographique que l´autre roman. Néanmoins, les idées principales de l´écrivain sont pareilles dans les deux œuvres. Il y admet l´existence de plusieurs types d´amour. Radiguet n´est pas conservateur qui ne lutterait que pour l´amour conjugal.

Il joint de l´amour avec de la mort. Ces deux sentiments sont pour lui assez proches. Il tient compte de la grandeur de l´amour qui ne connaît pas de limites entre la vie et la mort. « Lorsque un amour est notre vie, quelle différence y a-t-il entre vivre ensemble ou mourir ensemble? » (DC, p. 68).

C’est à cause de la jeunesse de l’auteur pour qu’il considère l’amour comme le problème majeur et il le privilégie aux autres tâches de vie. « Il faut admettre qui si le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas, c´est que celle-ci est moins raisonnable que notre coeur. » (DC, p. 101). L’homme commence à tenir compte plus tard qu’il existe d’autres cas à résoudre que l’amour.

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III. 3. Partie analytique

III. 3. 1. Amour permis

Dans cette partie de notre mémoire, nous allons traiter le groupe intitulé l’amour toléré où nous comptons des sentiments qui ne sont pas contrairement aux règles reconnues généralement. Même Radiguet utilise dans Le Bal du comte d´Orgel la division des sentiments en deux groupes. Il parle des « sentiments interdits » (BCO, p. 127). Nous devinons que des sentiments tolérés représentent l’autre groupe, dans notre cas c’est l’amour.

Dans les paragraphes suivants nous allons nous occuper de quelques exemples de ce groupe qui figurent dans l´oeuvre de Radiguet. L´écrivain les met en relief plus ou moins. Il y traite de la problématique de l´amour qui est en harmonie avec la conduite morale qui ne nuit pas et qui ne trouble pas de fonctionnement de la société.

III. 3. 2.a Amour maternel L’amour maternel figure dans les deux romans de Radiguet. Dans la première œuvre Le Diable au corps, il s’agit de la relation entre le narrateur sous lequel la personnalité de l’auteur se cache et sa mère. Les deux personnages ne portent pas de nom propre, ils ne sont indiqués que du titre « mère » et « moi » et puisque l’histoire est racontée à la 1ère personne, il s’agit donc de l’ « ich-forme ». Nous savons toujours que la personne avec un rapport de parenté au narrateur se cache sous le terme la « mère ».

Dans les paragraphes suivants nous allons analyser l’évolution de l’amour maternel entre le narrateur et sa mère du début de l’œuvre jusqu’à sa fin. Ce type d’amour ne joue pas un rôle phare, seulement celui de marginal.

L’amour maternel est différent du paternel. Sa spécificité vient surtout de la vue de mère à son enfant qui représente à ses yeux toujours encore un enfant et la mère n’est pas capable de voir un adulte en lui ou presque un adulte qui a même d’autres besoins que l’amour maternel. L’idée de l’amour pour une autre femme est complètement inimaginable. « Ma mère, elle, ne voyait pas notre liaison d´un aussi bon oeil. Elle était jalouse. Elle

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regardait Marthe avec des yeux de rivale. Elle trouvait Marthe antipathique, ne se rendant pas compte que toute femme, du fait de mon amour, le lui serait devenue. » (DC, p. 76).

La citation suivante conffirme la précédente. Mais aucune femme qui entre dans la vie de son fils n’est pas la cause de l’incompréhension de la mère. La mère a déjà admis cet état. Dans ce cas, il s’agit d’un nouveau rôle que son fils a préparé pour elle, le rôle de grand-mère. La jeune femme qui a encore de petits enfants ne se sent pas être grand-mère à son âge. Elle cherche des détours pour expliquer cette erreur de son fils. « Ma mère me considérait trop encore comme un bébé, pour me devoir raisonnablement un petit-fils ou une petite-fille. Il lui apparaissait impossible d´être grand-mère à son âge. Au fond, c´était pour elle la meilleure preuve que cet enfant n´était pas le mien. » (DC, p. 125-126) . L’amour maternel est tellement fort qu’elle s’efforce de protéger son fils en le libérant de la responsabilité et des soucis postérieurs.

L’écrivain ne s’occupe plus de ce type d’amour et il ne l’analyse plus. Le narrateur ne déclare pas de sentiments pour sa mère probablement pour la raison de préférence momentanée de l’autre type d’amour. L’amour maternel s’efface.

Si nous voulons appliquer la théorie psychologique de Sternberg sur cette problématique, cela serait difficile parce qu’il travaillait plutôt avec l’amour de partenaire. Mais si nous tentons quand même d´analyser un rapport entre deux individus (une mère et son enfant), nous pouvons observer la seule présence de l’intimité des trois éléments fondamentaux, néanmoins elle est présentée dans autre signification que Sternberg la définie, l’intimité est le besoin de quelqu’un proche. Toute signification sexuelle est impossible. Et même ce besoin s’esquive tour à tour en fonction de l’âge d’un enfant qui commence au fur et à mesure à chercher l’intimité dans le rapport avec quelqu’un d’autre. L’engagement y figure en quelque sorte. La reconnaissance par l´enfant pour sa mère est en tout cas prise comme évidente pour tout ce que la mère a fait pour ces enfants. Cependant, dans cette oeuvre-là, ce sentiment n’est pas infirmé ni confirmé. Le narrateur résout des problèmes d’un autre type sur lesquels il met l´accent. Puisque nous avons constaté la présence de deux de trois éléments Ŕ de l’intimité et de l’engagement Ŕ nous devrions parler de l’amitié selon la théorie de Sternberg, mais dont il ne s’agit pas dans la relation entre la mère et son enfant en premier lieu. Nous pensons donc que la théorie triangulaire du psychologue Sternberg ne peut pas être complètement appliquée sur toutes les relations où l’amour joue son rôle. Nous essaierons de mettre en pratique cette affirmation dans d’autres analyses d’amour.

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Dans la seconde œuvre analysée, nous allons traiter deux rapports ou figure l’amour maternel. L’auteur y analyse cette relation plus minutieusement que dans le premier roman, mais il ne le priorise guère Ŕ ce rapport joue un rôle secondaire.

Au début du roman où Radiguet mentionne l’origine de Mahaut Grimoard de la Verberie, il y a même décrit la liaison entre Mahaut et sa mère. « Son coeur de mère ne pouvant plus espérer de fils, ne semble-t-il pas que son amour pour Mahaut aurait du s´accroître? Mais cette petite fille, si pleine de vie, si turbulente, lui semblait presque une offense à ses espoirs brisés. » (BCO, p.14-15). Depuis son enfance, Mahaut n’était pas aimée de sa mère comme elle mériterait. Leur relation ne peut par être considérée comme affectueuse. Mme Grimoard n’a pas appris à l’aimer parce qu’elle désirait avoir un fils et Mahaut était une fille.

Plus tard, dans le contexte de l’amour maternel, Radiguet analyse seulement le rapport dans la famille de Séryeuse entre François et sa jeune mère. « Mme de Séryeuse adorait son fils, mais veuve à vingt ans, dans sa crainte de donner à François une éducation féminine, elle avait refoulé ses élans. » (BCO, p.42). L’auteur présente Mme de Séryeuse comme une femme assez prudente qui agit dans l’amour avec la vigilance. Elle ne veut pas gâter son fils en se rendant compte de la situation qu‘elle est absolument seule à son éducation. Même l’écart d’âge entre la mère et son fils démontre leur proximité réciproque que la mère veut maintenir consciemment. Son amour est donc souvent caché et appuyé.

Le fait que l’œuvre Le Bal du comte d’Orgel est située au milieu aristocrate et à l’époque de la fin du XIXe siècle affirme que la conduite et les actes sentimentaux des personnages sont complètement différents que dans la première œuvre analysée Le Diable au corps. Nous pourrions confirmer cette affirmation encore dans plusieurs situations.

D’autres évolutions de l’amour maternel sont associées dans l’œuvre à l’autre type d’amour que nous allons traiter plus tard. François voile ses sentiments pour la femme adorée devant sa mère. Il a peur de la discordance de la mère avec ce sentiment puisqu’il s’agit de l’amour adultère, l’amour pour la comtesse d’Orgel. Un certain respect que François éprouve pour sa mère le force à dissimuler ses vrais sentiments. Les craintes que la mère n’approuve pas l’objet de son amour sont évidemment justifiées. Cependant, François ne tient pas compte pas de la force d’amour maternel qui surmonterait sans aucun doute ce problème. « Depuis que Mme de Séryeuse avait dit, au sujet de Mahaut: ‘Je ne souhaiterais pas d´autre bru’,

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François éprouvait quelque gêne en face de sa mère. Il craignait qu´elle ne devinât son amour. Aussi évitait-il de réunir les deux femmes. » (BCO, p.95).

Bienque Mme de Séryeuse dévoile plus tard l’amour de son fils pour Mahaut d’Orgel, les inquiétudes de Françoise ne sont pas remplies et sa mère cherche à l’aider le plus possible. L’écrivain montre la puissance et la solidité du sentiment maternel qui ne peut pas détruit ni des faits immoraux. « Il parla aussi de Mahaut, et assez souvent pour que Mme de Séryeuse devinât les sentiments qu´il lui portait. Elle lui recommanda encore plus de ne manquer en aucune circonstance aux devoirs de l´amitié. » (BCO, p. 112). Sous son amour infini, quand elle relève l’amour de François pour Mahaut; elle informe François que son amour est mutuel aussi.

En appliquant la théorie triangulaire de l´amour de Sternberg, nous confirmons le schéma déjà montré en analysant des relations dans Le Diable au corps. L’absence de passion ne signifie pas également qu’il s’agirait de l’amitié en parlant de l’amour maternel.

III. 3. 2.b Amour paternel La vue d’amour paternel ne figure que dans le Diable au corps. L’auteur ne l’explore pas trop minutieusement.

Le lien du narrateur du roman et de son père est en quelque sorte étrange. « Certes, je ne cherchais pas à faire de la peine à mon père; pourtant, je souhaitais la chose qui pourra lui en faire le plus. » (DC, p. 44). Nous raisonnons que c’est à cause de l’immaturité du narrateur où il ne connaît pas la vie à tel point d’être capable de distinguer des affaires importantes de ces banals.

Dans les pages suivantes, le lecteur apprend que le père est déçu de la conduite de son fils, mais son amour perdure bien sûr dorénavant. Le père lui donne une nouvelle chance de corriger ses peccadilles. La situation s'empresse autour de l’exclusion du narrateur du lycée à cause de son absentéisme. La réaction du père n’est pas dans ce moment-là autoritaire qu’on attendrait à cette époque-là et dans leur société. Même le narrateur a attendu l’autre déroulement de la situation. Surpris de la réponse de son père, il décida d’obéir. Il ment qu’il voulait dessiner au lieu d’étudier au lycée. Ce qui est vraiment remarquable c’est le fait que Radiguet a vécu la même situation dans sa vie où il avait été exclu du lycée à la fin de la

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quatrième pour l’absentéisme et de mauvais résultats d’études. Dans le livre, le personnage de narrateur y figure comme un excellent élève. Nous y voyons une différence. Nous nous posons la question de savoir pourquoi l’écrivain pose ce personnage de narrateur dans l´œuvre qui représente sans aucun doute Radiguet lui-même dans le meilleur côté. Il idéalise évidemment le personnage parce qu´il veut lui égaler et de trouver un modèle en lui.

Un principe du lien entre le narrateur et son père était bien saisi par Daniel Leuwers: « Les rapports du narrateur avec son père ne sont pas en tout cas pas aussi idylliques qu´on pourrait le supposer de prime abord. »7 L’accès du père qui tolérait sans protester le rapport du fils de la femme mariée peut être évalué au moins comme étrange ou bizarre. « N´est-ce pas par l´entremise de son père que le narrateur a connu Marthe? »8 Et Radiguet affirme dans son roman: « Mon père, d´ailleurs, était inconsciemment complice de mon premier amour. Il l´encourageait plutôt, ravi que ma précocité s´affirmât d´une façon ou d´une autre. [...] Il était content de me savoir aimé d´une brave fille. » (DC, p. 76).

L’amour paternel a été transformé en faiblesse. L’incapacité du père d’être l’autorité pour son fils porte des résultats négatifs à la conduite de fils. « [...] son père ne cesse de lui donner en exemple. Le héros s´interroge évidemment sur les mobiles de l´étrange conduite de son père: ‘Il me laissait agir à ma guise. Puis, il en avait honte. Il menaçait, plus furieux contre lui que contre moi. Ensuite, la honte de s´être mis en colère le poussait à lâcher les brides.’ [...] Lui (le narrateur) qui n´a pas de père capable de symboliser l´instance punitive Ŕ ce régulateur de la vie inconsciente - il n´a à sa disposition aucune échelle de valeurs sécurisante. »9

La relation du narrateur pour son père évolue peu à peu. Quoique le père ne veuille que du bon pour son fils, celui-ci ne comprend pas. Il tient à voler de ses propres ailes, à s'installer à son compte, à décider de soi-même et à ne pas se laisser diriger par d’autres personnes. Néanmoins, l’auteur même caractérise le comportement du personnage de narrateur plutôt des mots négatifs. Il se rend compte de sa conduite déraisonnable en ce qui concerne le rapport d’Alice et il voit ce personnage, qui au fait symbolise lui-même, de l’extérieur, quasi d’une façon indépendante et il voit son inconséquence. « L´amour

7 LEUWERS, Daniel. Préface, commentaires et notes. IN : RADIGUET, Raymond. Le diable au corps. Paris. Grasset., 1987, p. 158.

8 Idem., p. 158.

9 Idem., p. 158-159.

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anesthésiait en moi tout ce qui n´était pas Marthe. Je ne pensais pas que mon père pût souffrir. Je jugeais de tout si faussement et si petitement que je finissais par croire la guerre déclarée entre lui et moi. Aussi, n´était-ce plus seulement par amour pour Marthe que je piétinais mes devoirs filiaux, mais parfois, oserai-je l´avouer, par esprit de représailles! » (DC, p. 132).

Au moment où il devient père il trouve un lien avec ses parents. Il tient compte de leur rôle dans la vie également comme le sien nouveau. Il s’unit aux eux. La période de la bouderie est passée et il commence à connaître des choses importantes dans la vie comme la solidarité familiale et l’amour des proches. « Je me croyais meilleur fils parce que j´en avais un. Or, ma tendresse me rapprochait de mon père, de ma mère parce que quelque chose savait en moi que j´aurais, sous peu, besoin de la leur. » (DC, p. 149).

La théorie triangulaire de l´amour selon le psychologue Sternberg n´est pas différente de celle dans le cas de l’amour maternel. Pourtant, il y existe une différence. Nous voyons un élément d’amour - l’intimité Ŕ de différente façon dont dans le cas de l’amour maternel. L’intimité, la proximité de quelqu’un d’autre Ŕ dans notre cas d’un père ou d’une mère Ŕ évolue durant la vie d’un enfant. Dans les premières années, c’est la mère à qui l’enfant se fixe, mais plus tard il demande l’intérêt au père. Un fait qu’il s’agit d’un fils et pas de fille cela encore souligne.

III. 3. 2.c Amour conjugal Ce chapitre se donne pour le but d´ analyser deux relations maritales. La première est formée du lien entre Marthe et Jacques dans Le Diable au corps et la deuxième est créée par le mariage de Mahaut d’Orgel et d’Anne d’Orgel dans Le Bal du comte d’Orgel.

Le ménage de Marthe et de Jacques est étrange depuis sa création. Même au moment des fiançailles où le mariage se prépare, le comportement de Marthe n´est pas courant. Elle préfère l’avis du narrateur au celui de son fiancé en ce qui concerne le choix du meuble dans leur futur maison. Déjà avant le mariage, Marthe sait que son amour pour Jacques n’est pas idéal comme attendu dans ces jours-là. Cependant, elle croit que cela changera après le mariage. Leur amour aurais dû être sauvé par l’alliance, mais celle-ci l’a fait taire pour toujours. « Elle n´aimait déjà plus Jacques quand elle l´épousa. Elle espérait que ces quinze jours de permission accordés à Jacques transformeraient peut-être ses sentiments. [...] Et

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Jacques l´aimait toujours davantage. Ses lettres étaient de quelqu´un qui souffre, mais plaçant trop haut sa Marthe pour la croire capable de trahison. » (DC, p. 57-58). Le rôle du juge qui évalue l’histoire du roman et les sentiments de tous les personnages est remarquable. C’est l’auteur qui le fait. Il est au fait omniscient et il s’agit du récit hétérodiégétique. Nous pouvons donc observer la problématique d’un point de vue ce qui rend facile la compréhension de l’œuvre au lecteur, mais au contraire il lui ne permet pas d’apprécier les conduites des personnages selon sa propre mesure.

L’amour entre Jacques et Marthe passe par une crise de plusieurs raisons. D’une part, c’est à cause de l’absence de Jacques où Marthe se sent très solitaire et elle trouve la solution dans le nouveau rapport adultère. La deuxième cause vient sans doute de l’absence de loyauté de Marthe qui devrait l´empêcher d’agir contre son mari en dépit des circonstances désavantageuses. Jacques perçoit un changement dans la conduite de Marthe et il commence à menacer de suicide. La situation est relativement grave, mais Marthe ne dispose pas de force pour terminer son adultère. L’amour conjugal dans ce cas-là est donc inégal: Jacques aime Marthe, mais Marthe ne partage pas son amour. Dans son cas, nous parlons de l’habitude ou de l’inertie au couple.

Dans le deuxième roman analysé, il est possible d’y voir la différence apparente entre la conception de l’amour d’Anne et de Mahaut d’Orgel. Quoique Mahaut aime son mari, sa conception de leur relation est différente. Mais comment préciser la limite où il s´agit de l’amour et où pas encore? « Elle s´éprit follement de son mari qui, en retour, lui en témoigna une grande reconnaissance et l´amitié la plus vive, que lui-même prenait pour l´amour. » (BCO, p. 15). Il n’existe aucune définition de l´amour. Tout le monde aime d’une autre façon qui est proche à lui. Néanmoins, nous avons l’impression qu’il s’agit aussi de l’amour inégal où Mahaut adore son mari, mais il ne l’aime pas la même façon. « [...] la comtesse avait assez d´amour pour tous les deux. Son amour était si fort qu´il déteignait sur Anne et faisait croire à la réciprocité. » (BCO, p. 31).

La liaison d’Anne avec sa femme évolue quand il remarque la conduite de François pour elle. « Non seulement l´amour de François était la raison mystérieuse de la préférence du comte d´Orgel, mais encore cet amour décida son amour pour sa femme. Il commençait à l´aimer, comme s´il avait fallu une convoitise pour lui en apprendre le prix. » (BCO, p. 66). Il existe des relations où il faut retrouver la raison pour continuer après un certain temps. C´est évidemment le cas de ce couple. Pour qu’Anne tienne compte de la valeur de la femme, il a

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besoin de voir cette évaluation. Cependant, la conception des relations à cette époque-là où le roman se déroule, c´est-à-dire à la fin du XIXe siècle, est surtout différente de la conception des rapports dans Le Diable au corps, par exemple. Intérioriser l’amour et ne pas le manifester au public, cela se relie sûrement à l’époque et à la société. Même le vouvoiement entre les époux signifie une distance et un respect réciproque.

C’est juste grâce à ce respect que Mahaut ne cède pas à la tentation sous forme de l’amour pour François. Il existe des règles que Mahaut, femme de hautes qualités, respecte et elle s’interdit de songer à l’autre relation que celle de légitime. Elle soutient son mari à la fin de l’histoire où Anne joue une scène drôle avec un chapeau de prince Naroumof pour que son mari ne soit pas persiflé. L´amour pour son mari est tellement enraciné qu’elle n’hésite pas à risquer sa réputation. « Elle calcula qu´il ne lui restait plus qu´une ressource. [...] Il s´agissait de s´associer au geste d´Anne, de devenir sa complice; en un mot, de répondre silencieusement à François qu´elle n´avait pas trouvé odieux le rôle de son mari. » (BCO, p. 154).

La situation devient insupportable pour Mahaut et elle se confie à son mari à propos de François. Pourquoi elle le fait? Pourquoi elle s’ouvert à celui devant qui elle devrait cacher ce problème le plus? C’est peut-être pour la raison de demander un conseil ou plutôt l’interdiction de continuer à aimer François à son mari. Elle sait qu’il ne lui donnera jamais la réponse d’suivre son nouveau amour. C’est pour cette raison qu’elle cherche l’aide chez son mari. Elle se tourne vers la certitude qui la protégera contre l’amour adultère. Son attitude qu’il adopte après la confession de Mahaut est bizarre. Il ne se fâche pas que sa femme aime un autre homme, il est furax à cause de la fuite des informations au public sous les yeux de Mme de Séryeuse. Il ne vit pas avec sa femme, mais avec la société qui symbolise l’instance la plus importante dans sa vie. Nous pouvons juger de sa réaction que son amour pour Mahaut n’est pas du tout vertigineux. Il veut masquer cette affaire devant le public.

Nous avons donc l’occasion de vérifier la validité de la théorie triangulaire de l´amour de Sternberg. Est-elle vraiment applicable sur les relations partenaires comme nous l´avons esquissé dans les chapitres précédents? Dans le cas de Marthe et Jacques dans Le Diable au corps, l’élément de la passion y est présent, mais seulement du côté de Jacques, il n’est pas réciproque. Dans le cas de Marthe, il s’est effacé déjà avant le mariage. L’élément de l’intimité est aussi présent, mais c’est plutôt chez Jacques qui sollicite Marthe. Marthe éprouve de l’intimité d’autre part. L’élément de l’engagement figure dans les deux côtés.

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Nous pensons qu’il s’agit de l’amour idéal seulement en matière de Jacques, Marthe a enterré tous les espoirs de leur rapport harmonique avant le mariage où elle a constaté une désaffection entre eux. Nous parlons du partenariat chez Marthe où il n’y a que l’engagement. La théorie de Sternberg est affirmée d’une part, mais elle n’est valable que dans le cas de l´amour réciproque ce qui n’était pas accompli dans le roman. Dans Le Bal du comte d’Orgel, l’analyse est semblable. La passion a figuré au début de la relation de Mahaut pour Anne, nous ne pouvons pas affirmer la même chose dans le cas contraire. L’intimité ne semble pas évidente ni du côté du comte ni de celui de la comtesse, le roman est situé dans le milieu aristocratique ce qui ne résout pas ce problème. Probablement, il y avait un certain besoin en d’autre personne autrefois. L’engagement représente le membre le plus fort dans le couple. Il s’agirait donc de l’amour idéal s’il était mutuel dans tous les éléments.

III. 3. 2.d Amitié Il y a plusieurs relations amicales dans cette partie du mémoire dont nous allons nous occuper. D’abord, nous allons analyser des rapports dans Le Diable au corps où nous allons observer le lien entreRené, le narrateur et la fille Carmen, ensuite entre Marthe et sa copine, la jeune Suédoise. La deuxième partie sera consacrée à l’analyse de l’amitié entre Anne d’Orgel et François de Séryeuse, et puis entre François et son ami Paul Robin dans Le Bal du comte d’Orgel.

Le personnage de René dans Le Diable au corps est une figure réelle comme Clément Borgal écrit dans l’œuvre consacrée à Radiguet. « Quant à l´ami René, malgré l´existence réelle d´un René Dautré parmi les camarades de Radiguet, il faut sans aucun doute l´identifier à Yves Krier, aujourd´hui écrivain et journaliste, [...]. »10 Leur amitié dans le livre a subi un certain développement. Dans l’enfance du narrateur, qui durait jusqu’à la rencontre avec Marthe, René était pour lui très important. Leur amitié n’était pas de longue durée que trois années. Le narrateur ne s’intéressait pas à rien d’autre. Mais depuis le jour qui rencontra Marthe, quelque chose a changé. René ne lui semble plus tellement exceptionnel face aux autres. Il n’a plus besoin de lui avouer son nouvel amour.

10 BORGAL, Clément. op.cit., p. 68.

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Le personnage de Carmen qui avait apparu au début de l’œuvre est issue de la personne réelle de la vie d’auteur. « La petite Carmen avait une institutrice, Mlle Alice, qui devait devenir plus tard Marthe du Diable au corps. Un jour de 1912, Raymond Ŕ alors âgé de neuf ans! Ŕ la chargea de porter un mot écrit au crayon, sous enveloppe, à cette maîtresse d´école. »11 Nous pouvons parler de l’amitié sans durée longue au lieu de l’amour pour Carmen.

Dans la citation suivante, nous y montrerons l’effet extérieur qui peut influencer l’amitié. « C´est ainsi que pour avoir une maîtresse, dont le mari était soldat, je vis peu à peu, et sur l´injonction de leurs parents, s´éloigner mes camarades. » (DC, p. 76, 77). Les parents d’anciens amis du narrateur ne souhaitent plus que leurs enfants se lient d’amitié avec quelqu’un qui vit de cette façon scandaleuse. Ils brisent les liens amicaux de différentes manières pour atteindre le détachement total et les enfants ne permettent pas à ses parents de protester et ils obéissent. « J´appris que le correspondant de cette jeune fille (la Suédoise, une amie de Marthe) nous ayant un jour aperçus dans le train, enlacés, il lui avait conseillé de ne pas revoir Marthe. » (DC, p. 79). La crainte du mauvais exemple force agir ces personnes de cette façon.

Encore une fois, nous retournons vers le rapport entre le narrateur et René où nous trouvons la conduite bizarre du narrateur qui nie son amour pour Marthe devant René. « René, pour qui l´amour, dans l´amour, semblait un bagage encombrant, me plaisantait sur ma passion pour Marthe. Ne pouvant supporter ses pointes, je lui dis lâchement que je n´avais pas de véritable amour. Son admiration pour moi, qui, ces derniers temps, avait faibli, s´en accrut séance tenante. » (DC, p. 81-82). Le narrateur est serviable pour nier ses sentiments aux yeux de l’ami. Son immaturité sentimentale lui fait obstacle à défendre son amour en tout cas. Le narrateur ne sait pas, lui-même, ce qu’il veut et ce qui est plus important pour lui. Il ne tient pas à montrer sa vulnérabilité dans ce domaine. René se moque de lui et le narrateur ne sait pas se protéger.

Dans le deuxième roman Le Bal du comte d’Orgel nous allons observer premièrement l’amitié entre Anne d’Orgel et François de Séryeuse. Leur lien est né par la comtesse d’Orgel. « Il (François) savait que Mme d´Orgel aimait Anne, et, loin de le considérer comme un rival heureux, trouvait en lui un ami. » (BCO, p. 65). « Pour Anne d´Orgel, rien que de fort

11 BORGAL, Clément. op. cit., p. 66, 67.

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explicable dans sa toquade. François lui devint vite un ami comme un autre. Il ne considéra pas ce qu´avant d´anormal que Séryeuse prît si vite rang parmi ses anciens amis. [...] Orgel préférait François à tous parce que François aimait sa femme. [...] En retour, Orgel éprouvait sans le savoir, pour François, un peu de cette reconnaissance que l´on éprouve envers qui nous porte envie. » (BCO, p. 66). Radiguet montre le rapport amical extraordinaire entre deux hommes qui est basé sur le respect mutuel.

Des raisonnements de François où il réfléchit sur les origines de l’amitié pour le comte d’Orgel aboutit à l’analyse intérieure suivante du personnage. « Il se répéta qu´il aimait Anne en marge de son amour pour Mahaut, que même sans Mahaut il eut été attiré vers Anne. » (BCO, p. 117). Néanmoins, son opinion d’Anne évolue tour à tour selon les changements des sentiments pour Mahaut de François. De plus il tient compte de l’amour pour Mahaut, en plus il est gêné par le comportement d’Anne. Son amitié pour Anne dépend de la relation d’Anne pour sa femme. « [...] qu´il résolut d´user de toute son influence sur Anne pour le pousser à aimer mieux. Car il sentait encore que si Anne rendait Mahaut malheureuse, il ne pourrait avoir d´amitié pour lui. » (BCO, p. 129).

La cohérence des liaisons par Mahaut d’Orgel est évidente même à la fin de l’œuvre où l’opinion de François pour Anne a changé après que François savait de l’amour de Mahaut pour sa personne. « [...] il (Anne) dit à François: Je ne sais pas ce qu´à Mahaut. Ce soir, c´est le comble. François se détourna. Pour la première fois, il ne vit plus en Anne cette espèce de supériorité qu´il lui accordait d´office. Il le jugea. Il le trouvait puéril. Il le regardait se charger d´écharpes, de turbans. » (BCO, p. 151-152). Leur amitié subit un coup. François avait du respect envers Anne, il l’a considéré comme un bon homme. Cependant, la situation a changé.

Nous pouvons constater que la théorie de Sternberg correspond à la réalité où dans l’amitié entre les personnages dans les rapports analysés dans les deux œuvres, il y a l’élément de l’intimité, le besoin de la proximité réciproque de ces personnages, l’élément de l’engagement, et leur respect mutuel. L’absence de l’élément de la passion signifie que ce type d’amour peut être considéré comme l’amitié.

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III. 3. 2. Amour interdit

Dans cette partie du mémoire nous allons explorer des liens que nous avons classés dans le groupe d’amour interdit qui n´est pas toléré puisque quelque chose empêche toujours d’éprouver ces relations au public. Dans le passé, il y a un obstacle placé qui défend aux acteurs de manifester leurs sentiments sans réserve. Nous rencontrons les deux exemples dans l’œuvre de Raymond Radiguet que nous pouvons ranger dans ce groupe. Il s’agit de l’amour adultère, concrètement de l’amour d’une femme mariée, et ensuite de l’amour d’un enfant illégitime.

III. 3. 2.a Amour adultère

Dans les deux œuvres de Radiguet, nous trouvons la problématique de l’amour adultère. Nous raisonnons que Radiguet s’intéresse surtout à ce sentiment dans ses analyses. Nous allons chercher les raisons pour lesquelles il le fait. En nous concentrons sur le développement successif des rapports, nous allons observer sa discordance. Premièrement, nous allons analyser la liaison entre le narrateur et Marthe dans Le Diable au corps et deuxièmement, la relation entre François de Séryeuse et Mahaut d’Orgel dans Le Bal du comte d’Orgel sera l’objet de notre étude.

Dans Le Diable au corps, nous connaissons le personnage du narrateur qui ressemble à l’écrivain par sa relation d’une femme mariée qui avait une connaissance semblable aussi dans sa propre vie. « En 1917, dans le train Paris-Saint-Maur, Radiguet fait, en avril, la connaissance d´Alice, une jeune fille de vingt-quatre ans, qui voyage souvent en compagnie du père du futur romancier. Alice est depuis peu mariée à Gaston S. qui combat sur le front et dont les permissions sont rares. Une liaison s´engage entre Alice et Raymond Radiguet qui a tout juste quatorze ans. »12 La vie de l’auteur lui avait servi comme un modèle et lui-même se cache sous le personnage du narrateur. La ressemblance totale entre l’auteur et ce roman prend source d’ici.

La première rencontre de Marthe s’est passée dans la gare où le père du narrateur avait invité la famille Grangier à la promenade. En fait, la situation se déroulait d’une autre façon selon Clément Borgal. « Si l´on en croit les confidents de l´auteur, Alice aurait d´abord flirté avec le père de Radiguet. Raymond les aurait vus un jour l´un près de l´autre dans l´omnibus à

12 LEUWERS, Daniel. op.cit., p. 179-180.

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impériale Saint-Maur-Bastille, et serait tombé amoureux de la jeune fille. »13 Mais nous ne savons pas si cela répond à la réalité. Néanmoins, Radiguet a changé le déroulement de l’histoire dans son roman. Il ne veut pas peut-être que la fille de rêve soit présentée de cette façon. Dans le roman, il n´y a aucune mention du flirt. Le moyen de transport est transformé en train. Et c´est le père du narrateur qui a eu l´idée de rencontrer la famille Grangier un jour l´après-midi.

Du début du lien entre le narrateur et Marthe, nous y observons la tentative du narrateur de provoquer. Il joue un jeu où il tient à influencer ses décisions et il la ramène à son côté. Au début, il n’est pas possible de parler de l’amour. Il ne s’agit pas d’amour au premier coup d'œil. Le narrateur a besoin de vérifier son pouvoir sur la jeune fille et il rêve de vaincre. De petites tricheries et des mensonges auxquels il la force présentent la plus grande récompense que Marthe peut lui donner. L’auteur y mentionne des éléments de son propre caractère comme celle de l’admiration pour des poètes maudits lesquels Marthe aime aussi.

Au fur et à mesure, le narrateur tombe amoureux de Marthe. « Je commençais à respecter Marthe, parce que je commençais à l´aimer. » (DC, p. 51). Le narrateur s’empêche d’entrer dans cette relation, il tient compte du mariage de Marthe, mais il abdique plus tard. Leur lien se transforme en adultère. Le narrateur est si jeune qu’il n’a aucune expérience précédente aux relations amoureuses et c’est pourquoi il ne sait pas comment agir. Dans ces moments, l’auteur a puisé évidemment dans sa vie réelle et il s’agit donc des descriptions autobiographiques. « Elle secouait la tête: ‘Avant toi, j´étais heureuse, je croyais aimer mon fiancé. Je lui pardonnais de ne pas bien me comprendre. C´est toi qui m´as montré que je ne l´aimais pas. Mon devoir n´est pas celui que tu penses. Ce n´est pas de ne pas mentir à mon mari, mais de ne pas te mentir. Va-t´en et ne me crois pas méchante; bientôt tu m´auras oubliée. Mais je ne veux pas causer le malheur de ta vie. Je pleure, parce que je suis trop vieille pour toi.’ » (DC, p. 54). Marthe argumente contre leur amour. Mais ce n’est peut-être qu’un prétexte pour se justifier devant soi-même qu’elle agit contre l’amour toléré. L’écrivain écrit ce type d’amour comme une circonstance non-influençable par l’esprit. Ils sont tous les deux captivés par cet amour même en s’efforçant de l’éviter. Ils ne ménagent pas de personnes autour d’eux (de Jacques, des parents etc.).

13 BORGAL, Clément. op. cit., p. 69.

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Ils commencent à tenir compte de la situation et des occurrences. « Couché auprès d´elle, l´envie qui me prenait, d´une seconde à l´autre d´être couché seul, chez mes parents, me faisait augurer l´insupportable d´une vie commune. D´autre part, je me pouvais imaginer de vivre sans Marthe. Je commençais à connaître le châtiment de l´adultère. » (DC, p. 96). Tous les deux doutent de temps en temps de la pertinence de leur action.

La relation subit de petites fissures où des amants ne tiennent pas compte de leurs positions. Le narrateur ne souhaite pas que Marthe vive avec son mari, mais il l’a déjà trompée deux fois avec une autre femme. Ils constatent le fait que même l’amour adultère fonctionne selon certains règles et qu’elle a ses limites qu’il faut respecter. « Cette alerte me fit maudire l´amour qui nous force à rendre compte de nos actes [...] Il faut pourtant, me disais-je, que l´amour offre de grands avantages puisque tous les hommes remettent leur liberté entre ses mains. » (DC, p. 115).

Ils trouvent la seconde cassure dans leur relation où ils aperçoivent une fugacité de leur amour. « Je me reconnaissais bien là. L´envie de jouir pendant deux mois, et le fait de choisir Mandres m´apportait encore une preuve de la nature éphémère de notre amour. » (DC, p. 119). L’entêtement du narrateur et son étourderie enfantine a grièvement compromis la santé de Marthe qui avait pu être l’une des causes de sa mort. La citation suivante présente la preuve de l’impossibilité et de l’évanescence de leur amour. « Cette nuit des hôtels fut décisive, ce dont je me rendis mal compte après tant d´autres extravagances. Mais si je croyais que toute une vie peut boiter de la sorte, Marthe, elle, dans le coin du wagon de retour, épuisée, atterrée, claquant des dents, comprit tout. Peut-être même vit-elle qu´au bout de cette course d´une année, dans une voiture, follement conduite, il ne pouvait y avoir d´autre issue que la mort. » (DC, p. 138).

Le narrateur analyse ses sentiments pour Marthe après sa mort. « Marthe! Ma jalousie la suivant jusque dans la tombe, je souhaitais qu´il n´y eut rien, après la mort. Ainsi, est-il insupportable que la personne que nous aimons se trouve en nombreuse compagnie dans une fête où nous ne sommes pas. Mon cœur était à l´âge où l´on ne pense pas encore à l´avenir. Oui, c´est bien le néant que je désirais pour Marthe, plutôt qu´un monde nouveau, ou la rejoindre un jour. » (DC, p. 150). Des mots du narrateur, il est apparent qu’il tient compte de son immaturité et même l’immaturité de son amour pour Marthe. Elle n’était pas de centre de sa vie, il pense plutôt à soi-même en question d’amour qu’à Marthe.

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Malheureusement, il n’est pas possible de parler de l’amour idéal même si l’un se dévoue pour l’autre. En appliquant la théorie de Stenberg, nous pouvons constater la présence de l’élément de la passion qui présent l’élément le plus fort entre les amants, ensuite nous voyons l’élément de l’intimité qui occupe des postes principaux. L’absence du dernier élément Ŕ de l’engagement Ŕ qui n’a pas encore été créé, signifie qu’il s’agit du romantisme selon Sternberg. Nous sommes d’accord.

Dans la seconde œuvre analysée, nous allons explorer la relation entre François de Séryeuse et la comtesse d’Orgel. Dans ce cas-là, nous ne pouvons pas chercher d’inspiration dans la vie de l’auteur puisque l’œuvre n’est pas généralement autobiographique. Leur relation est mise à un niveau complètement différent que celui dans l’œuvre précédente. Des caractères des personnages et leurs positions dans la société dont ils sont issus leur ne permet pas d’éprouver des sentiments au public.

François est tombé amoureux de Mahaut tour à tour, ainsi que Mahaut de François. Ni l’un ni l’autre ne sait pas si leur émotion est réciproque. Ils ne permettent pas d’y croire. Ils n’ont pas besoin d’éprouver son amour au public. « Ni elle (Mahaut) ni Séryeuse n´avaient plus envie de s´embrasser que d´entrer vifs dans le feu, mais chacun pensa qu´il fallait n´en rien révéler à l´autre. C´est pourquoi ils s´exécutèrent en riant. » (BCO, p. 82).

François est conscient de son amour pour Mahaut, mais il n’est pas capable d’en parler à haute voix. Sa mère lui affirme la justesse de son choix inconsciemment. « ‘Quelle personne charmante’, dit-elle, ’que Mme d´Orgel. Je n´en souhaiterais pas d´autre pour bru’. ‘Et moi, pas d´autre pour femme’, pensa-t-il tristement. Mais il ne répondit rien. Il voyait dans les paroles de sa mère la certitude de son destin, la preuve que son cœur ne se trompait pas. » (BCO, p. 85). François s’empêche de croire qu’il pourrait aimer Mahaut comme une femme. Il sait bien qu’elle est mariée et il n’admet qu´une certaine sympathie pour sa personne Ŕ comme la femme de son ami le comte d’Orgel. « François dut s´avouer qu´il aimait comme on aime une femme, et non comme un ange ou une sœur. » (BCO, p. 117).

Ce rapport est accompagné d’un niveau moral plus haut que dans Le Diable au corps. Les personnages ne permettent ni imaginer la réalisation de la relation. Il s’agit plutôt de la liaison platonique où l’autre s´idéalise dans ses imaginations. Mais la réalité est souvent complètement différente. « Tous deux enfermés seuls, ce qui ne leur était jamais arrivé, ils ne savaient quoi se dire. Il semblait à chacun qu´il fallait jouer un rôle et qu´ils avaient négligé

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de l´apprendre. L´insouciance ne s´improvise pas. A ce moment, Séryeuse comprit ce que son amour avait d´impossible. » (BCO, p. 124-125).

L’auteur analyse plutôt des impressions de François, mais à la fin de l’œuvre il se concentre sur ceux de Mahaut. Elle admet qu’elle aime François. Dans cette partie de l’histoire, l’écrivain utilise le terme des « sentiments interdits » en décrivant leur relation et il les trouve « sans douceur ». Mahaut réprime ce sentiment pour François depuis longtemps. Elle est assurée de l’amour pour son mari et elle n’admet pas d’autres possibilités. Mais elle ne peut pas continuer de vivre de cette façon et elle se confie à Mme de Séryeuse en lui demander l’aide sous forme de bloquer d’autres contacts de François avec des Orgel. Néanmoins, Mahaut demande l’une chose, mais son cœur veut l’autre chose. « Il faut admettre qui si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, c´est que celle-ci est moins raisonnable que notre cœur. » (DC, p. 101).

La présence de François au dîner qu’elle a demandé inconsciemment ne lui a pas fait plaisir. Dans cette relation, il y a probablement un obstacle moral qui détruit leur lien. La chance ne les accompagne pas. Cette relation est condamnée à la disparition d’avance même si elle est basée sur l’amour. Cependant, Mahaut aime toujours François et à la fin de l’œuvre, nous devenons témoins de la situation où Mahaut a honte de son mari qui se conduit d'une manière embarrassante. « Elle était d´autant plus atteinte qu´il se diminuait juste au moment où elle avait besoin de le grandir. Qu´Anne se diminuait devant Séryeuse, il était au-dessus de ses forces de le supporter. Que pourrait-elle répondre, si François lui reprochait de sacrifier son amour à un homme aussi puéril ? » (BCO, p. 153). Mahaut a décidé. Elle cède le pas à la raison devant le désir du cœur. La raison a vaincu contre l’amour.

Du point de vue de Sternberg, l’élément de la passion y est présente, mais il est assez étouffé à cause des caractères des personnages. La présence de l’intimité est égale à zéro. Le dernier élément Ŕ l’engagement Ŕ y figure à mesure que sa manifestation est très faible et nous parlons plutôt du respect que de la reconnaissance. Nous parlons donc du désir ou de l’amour fatal. Dans ce cas, la situation semble un peu vague parce que tous les éléments sont exprimés par sous-entendus. Aucune relation n’était réalisée en fait. Ils ont caché leur amour dans son cœur.

Si nous voulons comparer les deux œuvres analysées du point de vue de l’amour adultère, nous voyons que dans Le Diable au corps, la relation était réalisée, mais dans le cas

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du Bal du conte d’Orgel, leur amour n’était pas manifesté au public. L’écrivain a montré une opposition intéressante à l’accès de l’amour en racontant deux histoires différentes. C’était surtout le milieu où l’histoire se déroule et les caractères spécifiques des personnages qui ont décidé du déroulement de l’action.

III. 3. 2.b Amour de l´enfant illégitime Dans ce chapitre, nous nous concentrons sur la relation analysée dans Le Diable au corps, sur l’amour entre le narrateur et son enfant que Marthe attend. Marthe est obligée de dissimuler le rapport avec le narrateur en raison de son rôle d’une femme du soldat dans le front et leur enfant est considéré comme celui de Marthe et Jacques. Le narrateur se trouve dans la situation difficile, il ne peut pas avouer son enfant. Néanmoins, les sentiments que le narrateur éprouve pour son enfant sont tièdes du début où il constate son existence. Il ne sait pas quelle attitude adopter. « Aimant déjà cet enfant, c´est par amour que je le repoussais. [...] Moi, hier, repoussant cet enfant, je commençais aujourd´hui à l´aimer et j’ôtais de l´amour à Marthe. » (DC, p. 103-104).

« D´avoir abîmé la grâce de Marthe, de voir son ventre saillir, je me considérais comme un vandale. Au début de notre amour, quand je la mordais, ne me disait-elle pas : ‘Marque-moi’? Ne l´avais-je pas marquée de la pire façon ? » (DC, p. 123). Le narrateur a des problèmes de s’acquitter d’une nouvelle situation difficile pour son âge. Il ne sait pas résoudre son problème, il en a honte. « Je croyais la grossesse de Marthe ridicule, et je marchais les yeux baissés. J´étais bien loin de l´orgueil paternel. » (DC, p. 135). Il tient compte de son immaturité pour le rôle parental, il se voit plutôt d’un enfant qu’à occuper un post de parent. « Je pensais à mon enfant, mais j´étais triste. Il me semblait impossible d´avoir pour lui une tendresse plus forte. Étais-je mûr pour qu´un bébé me fut autre chose que frère ou sœur. » (DC, p. 141).

L’auteur est conscient du changement qui est arrivé dans leur vie. Il n’est plus que Marthe et lui, il y a encore un enfant qui forme malheureusement un obstacle dans leur relation avec Marthe. Le narrateur ne sait pas s’identifier aux nouveaux sentiments, il jalouse de son enfant inné avec lequel il doit partage l’amour de Marthe qui était jusqu’à présent uniquement pour lui. « Serait-il vrai que l´amour est la forme la plus violente de l´égoïsme, car, cherchant une raison à mon trouble, je me dis que j´étais jaloux de notre enfant, dont

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Marthe aujourd´hui m´entretenait plus que de moi-même. » (DC, p. 144) Il éprouve un vrai amour pour son enfant au moment où il pensait que l’enfant n’était pas le sien. « [...] il me fallait bien avouer [...] bercé pendant des mois par la certitude de ma paternité, j´aimais cet enfant, cet enfant qui n´était pas le mien. Pourquoi fallait-il que je ne me sentisse le cœur d´un père, qu´au moment où j´apprenais que je ne l´étais pas! » (DC, p. 146). Bien qu’il s’agisse de l’amour paternel, nous ne pouvons pas classer ce sentiment dans un groupe de l’amour toléré puisque l’enfant est illégitime.

La théorie de l’amour ne peut pas être appliquée puisqu’il ne s’agit pas de relation de partenaire et aucun rapport entre l’enfant et le narrateur ne pouvait pas être encore créé en raison de l’absence réelle de l’enfant.

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III. 4. Question de l´âge et de l´amour

L’écrivain n’avait pas d’occasion de vivre la vie de longue durée. Pour cette raison il traite la problématique concernant son âge Ŕ la thématique d’amour. Il retravaille des expériences de sa propre vie. Dans Le Diable au corps, il décrit presque d´une façon autobiographique son expérience amoureuse d’une femme plus âgée et dans Le Bal du comte d’Orgel, l’âge joue aussi son rôle où le personnage de François est de dix ans moins âgé que la femme mariée qu’il aime. La problématique fondamentale que Radiguet analyse est représentée d’un problème de l’amour de la femme mariée et la question de l’âge.

Il est évident que des personnages dans les deux œuvres (particulièrement dans Le Diable au corps) sont plus mûrs que leurs contemporains. Pourtant, ils cherchent de l’amour dans les bras des femmes plus âgées. Mais qu’est-ce que ces femmes cherchent chez des amants si jeunes? Sont-elles vraiment heureuses avec eux? Pourquoi risquent-elles leurs relations existantes?

Dans Le Diable au corps, la situation est absolument absurde. Marthe se semble trop vieille à son âge de 19 ans. Elle réfléchit ce qui se passera dans quelques années. Elle va vieillir et son amant Ŕ le narrateur Ŕ se commencera à s’intéresser aux jeunes filles. « Marthe m´explique pourquoi elle se trouvait trop vieille. Dans quinze ans, la vie ne fera encore que commencer pour moi, des femmes m´aimeront, qui auront l´âge qu´elle a. [...] Hélas! j´étais trop sensible à la jeunesse pour ne pas envisager que je me détacherais de Marthe, le jour où sa jeunesse se fanerait, et que s´épanouirait la mienne. » (DC, p. 66). L’auteur montre leur amour du point de vue de quelqu’un de cette expérience. Il apprécie sa liaison précédente d’Alice avec la distance et il voit déjà plusieurs problèmes et mortifications. Il connaît déjà le fonctionnement de la vie. Dans la jeunesse, un homme est aveuglé et il lui manque la vue de vie et des expériences.

Même dans le cas du deuxième roman, nous retrouvons des préjugés liés à l’âge. Anne est de 12 ans plus âgé que Mahaut. Quelques personnes en ont le problème, par exemple la vieille négresse Marie, qui est contre cette alliance.

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III. 5. Analyse des sentiments choisis accompagnant l´amour

Il est évident que le thème majeur analysé par l’auteur est l’amour. Ce sentiment est souvent accompagné par d’autres impressions qui ne doivent pas être toujours positives comme l’amour seul. Les personnages agissent au nom de l’amour et ils commettent des erreures. Dans notre mémoire, nous allons analyser des sentiments négatifs que l’auteur décrit dans ses œuvres. Il s’agira du mensonge, de la jalousie, de l’égoïsme et d’une infidélité.

Le mensonge, moyen à atteindre quelque chose ce que nous désirons, est utilisé plusieurs fois dans les œuvres. Les personnages imaginent de différentes histoires et des prétextes pour pouvoir passer le temps avec leurs objets d’intérêt. Ils mentent donc au nom de l’amour. Or, apportent leur ces mensonges effectivement l’effet attendu ou par contre, sont-il puniés de leur manquement. Dans Le Diable au corps, nous rencontrons le premier mensonge dans la situation où Marthe cherche un prétexte pour sa belle-mère future pour ne pas devoir déjeuner chez elle. Son mensonge n’était pas dévoilé. Mais, quelques pages plus tard, le narrateur a utilisé son ami René comme complice quand il veut passer le jour avec Marthe. « A dîner, j´annonçai à mes parents que j´entreprendrais le lendemain avec René une longue promenade dans la forêt de Sénart. » (DC, p. 60). Malheureusement, ce mensonge n’était pas payant. « Je revins à la maison à neuf heures et demie du soir. Mes parents m´interrogèrent sur ma promenade. Je leur décrivis avec enthousiasme la forêt de Sénart [...] Tout à coup, ma mère, moqueuse, m´interrompant: ‘A propos, René est venu cet après-midi à quatre heures, très étonné en apprenant qu´il faisait une grande promenade avec toi.’ » (DC, p. 75). Même dans Le Bal du comte d’Orgel, nous reconnaissons le mensonge au nom de l’amour. François de Séryeuse invente une petite triche et il invite des Orgel sous le nom de sa mère. « Comme d´autre part il craignait que ses amis ne voulussent point venir se ce n´était pour Mme de Séryeuse, il inventa que sa mère serait contente de les voir et de fixer le jour. » (BCO, p. 95). Même ce mensonge était démasqué où Mme de Séryeuse a passé le long de leur pavillon dans sa voiture inopinément.

Le second sentiment négatif analysé sera la jalousie. L’écrivain ouvre ce problème dans Le Diable au corps où le narrateur jalouse le mari de Marthe. Il ne tient pas compte de la situation où il joue le rôle de l’amant et Jacques est le mari de Marthe. La jalousie est le sentiment très proche de l’amour. Il dépend de la mise au point des valeurs dans la relation et

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des positions mutuelles. « En attendant, le faux plaisir m´apportait une vraie douleur d´homme : la jalousie. [...] Je maudissais l´homme qui avait avant moi veillé son corps. » (DC, p. 65).

L’auteur même joint beaucoup de sentiments négatifs avec l’amour. Il est conscient même des côtés négatifs de l’amour, il sait que l’amour peut blesser. Elle est égoïste; elle veut toujours plus qu’on ne puisse lui donner. « Maintenant qu´il ne me restait plus rien à désirer, je me sentais devenir injuste. Je m´affectais de ce que Marthe put mentir sans scrupules à sa mère, et ma mauvaise foi lui reprochait de pouvoir mentir. Pourtant, l´amour, qui est l´égoïsme à deux, sacrifie tout à soi, et vit des mensonges. » (DC, p. 70).

Le cocuage, triche contre l’autre personne dans la relation amoureuse, peut être lié de l’amour, parfois illogiquement. Bien que le narrateur aime Marthe dans Le Diable au corps, il n’hésite pas à la tromper avec la fille de René à tout bout de champ. Il s’excuse de différents prétextes, néanmoins, il admet qu’il ne tolérerait pas de triche de ce caractère de Marthe. Le narrateur ne distingue pas peut-être le vrai sens de l’expression « l’amour ». Il ne tient pas compte que la triche et l’amour ne sont pas liés, ils ne peuvent pas s’accompagner. Il a le manquement des expériences. Même dans Le Bal du comte d’Orgel, le lecteur rencontre l’infidélité. Il est absurde de parler de l’immaturité en matière du comte d’Orgel. Cependant, Radiguet n’analyse pas ce détail les causes de son comportement, il le constate comme le fait. Il est évident qu’une certaine brisure dans le lien entre Anne et Mahaut produit cette conduite.

Dans cette analyse, nous voyons que des sentiments croisent les uns les autres. L’égoïsme est accompagné par la triche etc. Il faut noter que même l’amour, sentiment si beau et tendre, porte ses côtés ombreux.

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IV. Conclusion

Raymond Radiguet, auteur de deux romans, qui n’avait pas vécu de longue vie, a montré des histoires extraordinaires dans ses deux œuvres. L’œuvre Le Diable au corps ressemble à sa propre vie de façon frappante bien que nous y trouvions de petites dérogations à la réalité. Mais nous pouvons souvent déduire le raisonnement de l’auteur et comprendre les idées principales du personnage de narrateur grâce à la similitude de l’expérience propre de Radiguet. Le second roman qui était légèrement modifié par des collègues de Radiguet ne copie pas sa vie. Néanmoins, même dans cette œuvre, nous pouvons y trouver des éléments autobiographiques, par exemple la rivière de Marne ou la relation de la femme mariée. Raymond Radiguet a mis dans ses œuvres cette étincelle de jeune génie qui les rend accessibles pour toutes les générations.

L’amour représente sans aucun doute le thème principal dans les deux livres. Si nous voulons comparer la conception de l’amour dans les romans, nous pouvons proposer le résumé suivant. Dans Le Bal du comte d’Orgel, l’amour est exprimé de manière beaucoup plus fragille et dans une certaine mesure à un niveau plus élevé que dans Le Diable au corps où la conception est plus naturaliste. Ce fait est influencé par le milieu où les histoires se déroulent. Le milieu aristocratique et l’époque de la fin du XIXe siècle exige un autre lexique, d’autres expressions et un différent niveau de communication que l’époque venue vingt ans plus tard dans l’atmosphère dans la famille ordinaire.

Nous avons aussi analysé plusieurs types d’amour que l’écrivain mentionnait dans ses œuvres. Nous nous permettons d’exprimer l’avis qu’il consacre le plus d’attention juste à l’amour adultère puisque ce sentiment joue le rôle majeur dans sa vie personnelle dans les moments où il a rédigé ses œuvres. Cependant, il existe des différences entre les deux romans en ce qui concerne la conception de ce type d’amour. Pouvons- nous parler de l’amour adultère dans le cas du Bal du comte d’Orgel quand aucun adultère n’était jamais commis? Les relations entre les acteurs restent toujours sur le plan platonique, François ne permet pas d’imaginer une réalisation de la liaison entre la comtesse d’Orgel et lui. François ménage des personnes autour de lui, il n’agit pas avec étourderie, il se dirige par la raison et il ne veut pas blesser son ami le comte d’Orgel. Par contre, dans Le Diable au corps, le narrateur ne ménage personne en éprouvant son amour avec Marthe.

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En appliquant la théorie triangulaire du psychologue américain Robert Sternberg dans de différents types d’amour, nous pouvons affirmer qu’elle n’est pas valable dans toutes les occasions. Deux conditions doivent être réalisées. D’une part, c’est dans le cas des relations de partenaire, les relations parentales ou amicales ne répondent pas aux résultats de la théorie de Sternberg. D’autre part, l’amour doit être réciproque dans tous les éléments. Elle ne fonctionne pas dans le cas où l’un du couple ne partage pas d’amour de son partenaire.

La problématique de l’âge liée avec l’amour représente le sujet préféré de l’auteur. Radiguet puise dans sa vie réelle, des expériences du jeune homme qui vit surtout ses caprices dans cet âge. Pourtant, il a inclus ses choses actuellement vécues dans son œuvre. Il serait bizarre si ce jeune écrivain s’intéressait aux questions politiques. « Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Mais les jeunes gens sont si impatients d´atteindre les moins accessibles, et d´être des hommes, qu´ils négligent ceux qui s´offrent. » (BCO, p. 18). Radiguet affirme que l’âge n’est pas déterminant ni en création littéraire ni en possibilités d’amour. Il ne faut que trouver sa propre manière d’aimer. Le but n’est pas rêver à la situation dans quelques années où l´individu est généralement considéré comme capable d’aimer.

L’auteur reconnaît en rédigeant l’œuvre que l’amour n’est pas composé seulement de beaux sentiments. Les acteurs doivent franchir même des sentiments négatif qui l´accompagnent pour atteindre l´amour idéal.

Raymond Radiguet est un écrivain qui propose deux histoires complètement différentes d’une manière extraordinaire au lecteur, deux œuvres placées dans différentes époques et avec de différents personnages qui sont liées de la foi dans la force d’amour sans limites en ce qui concerne des conventions et des préjugés.

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V. Bibliographie

Œuvres de Raymond Radiguet RADIGUET, Raymond. Le Bal du comte d´Orgel. Paris. Bernard Grasset, 1924. RADIGUET, Raymond. Le Diable au corps. Paris. Grasset, 1987.

Œuvres consacrées à Raymond Radiguet BORGAL, Clément. Radiguet. Paris. Éditions universitaires, 1969. CAMON, Clémence. Raymond Radiguet (Intro) – aLaLettre.com. 21. 4. 2011, disponible sur: http://alalettre.com/radiguet.php, consulté le 30 avril 2010. COCTEAU, Jean. Préface. IN: RADIGUET, Raymond. Le Bal du comte d´Orgel. Paris. Bernard Grasset, 1924. DORČIAK, Ivan. Doslov. IN: RADIGUET, Raymond. Ďábel v těle. Ples u hraběte d´Orgel. Praha. Tichá Byzanc, 1995. EVENE. Raymond Radiguet, écrivain français – EVENE, disponible sur: http://www.evene.fr/celebre/biographie/raymond-radiguet-264.php, consulté le 30 avril 2011. GALICHON-BRASART, Marion. Commentaires et notes. IN: RADIGUET, Raymond. Le Bal du comte d´Orgel. Paris. Bernard Grasset, 1924. GIARDINA, Calogero. L´imaginaire dans les romans de Raymond Radiguet: Le diable au corps et Le bal du Comte d´Orgel. Paris. Didier Érudition, 1991. LEUWERS, Daniel. Préface, commentaires et notes. IN: RADIGUET, Raymond. Le diable au corps. Paris. Grasset, 1987.

D´autres œuvres BOISDEFFRE, Pierre de. ALBÉRES, René Marill. Dictionnaire de littérature contemporaine. VIème éd. Paris. Éditions universitaires, 1963. MOURGUE, Gérard. Cocteau. Paris. Éditions universitaires, 1990. STENRNBERG, Robert. A triangular theory of love. Psychological Review 93 (2), 1986. VIART, Dominique. VERCIER, Bruno. ÉVRARD, Franck. La littérature française au présent: héritage, modernité, mutations. IIème éd. Paris. Bordas, 2008.

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