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BIGORRE ET HAUTES-PYRÉNÉES Copyright Editions Horvath 15, chemin du Saquin 69130 ECULLY ISBN 2.7171.0585.9 André LASSERRE

BIGORRE ET HAUTES-PYRÉNÉES

HORVATH ' PITT'©RTE S OXJTE INTRODUCTION

« La Bigorre est une petite province assise à l'extrémité du royaume, sur la frontière d'Espagne. Elle confronte au midi la vallée d'Aure (en réalité, au levant), qui est de France, et l', qui est un des royaumes qui compo- sent l'Espagne ; au septentrion, le Bas-Armagnac et le pays de Rivière-Basse (en fait, la Rivière-Basse faisait partie de l'Armagnac) ; au levant, les pays de Nébouzan, Fittes et Reffites, Pardiac, Astarac et Rivière ; et au couchant, le Béarn ». Ainsi s'exprimait Louis de Froidour, commissaire général pour la réforme des forêts, vers 1680 (Mémoire du Pays et des Etats de Bigorre). La Bigorre constitue un bloc allongé du nord au sud, le long des hautes vallées de l'Adour et du gave de Pau, perpendiculaires à la chaîne des Pyré- nées. Elle correspond aux deux tiers environ du département des Hautes- Pyrénées qui s'étend sur 4520 km2, soit sa partie occidentale. La Rivière- Basse, au nord, et les Quatre-Vallées, à l'est, échappaient au comté.

Pic du Midi de Bigorre. (Pro Photo 4 - Tarbes) La Bigorre - et les Hautes-Pyrénées - ne forment pas un ensemble géo- graphique homogène : la plaine de l'Adour, fertile, lieu privilégié d'occupa- tion, et les plateaux s'opposent à la zone montagneuse. L'influence océanique de douceur et d'humidité tempère heureusement les rigueurs qu'engendrent les proches hauteurs, avec un bel automne qui ne s'alanguit qu'en novembre. La montagne est constituée de granités, schistes, calcaires - parfois transfor- més en marbres sous l'effet de colossales compressions -, marquée de rudes- se et de neiges. La forêt (hêtres et sapins) reste importante bien qu'elle ait subi d'insoucieuses dégradations depuis le XVIIe siècle surtout. Les deux zones se joignent brutalement donnant le "front pyrénéen" de calcaire avec , monumental seuil du , et Bagnères, porte de la vallée de Campan dominée par les 2 865 mètres du Pic du Midi de Bigorre, longtemps considéré comme le point culminant des Pyrénées.

Mer de nuages sur Estaubé. (Collection privée). (Photo prise par Ludovic Gaurier en 1908) CHAPITRE PREMIER OROGÉNÈSE ET PAYSAGES LA FORMATION DES PYRÉNÉES

Les Pyrénées ont été formées en deux étapes. A l'ère primaire, une chaî- ne a surgi, soulevant des roches jusque-là sous-marines. Les sédiments pri- maires se retrouvent dans la zone axiale comme les schistes de la vallée d'Ar- gelès ou du Pic de Midi de Bigorre. En même temps, des blocs granitiques sont apparus dans les massifs du Néouvielle et d'Ardiden-Balaïtous. L'érosion aplanit ces montagnes recouvertes, en partie, au secondaire, par la mer qui déposa d'épais sédiments calcaires. Le plissement alpin constitue la seconde étape avec le soulèvement de la zone axiale, accompagné de grandes failles est-ouest. Cette dernière phase a déterminé la topographie actuelle des Pyrénées : d'une part, le bâti central soulevé fortement et qui porte les sommets les plus élevés de la chaîne, dont le Pic d' (3 404 m), point culminant, dans les Pyrénées espagnoles, mais également le Vignemale, le Balaïtous, la Grande Fache, le Marboré, le Troumouse, le Batoua, le Lustou..., tous au-dessus de 3 000 m ; d'autre part, flanquant la zone axiale, la zone nord-pyrénéenne avec le Pic du Ger, le Casque du Lhéris, les Baronnies. La zone sous-pyrénéenne, recouverte de sédiments provenant de la chaîne, borde le Bassin Aquitain. Au quartenaire, les glaciers ont modelé les paysages, plus ou moins for- tement selon les lieux. Par exemple, le glacier né au cirque de Gavarnie - débordait sur la plaine, au nord de Lourdes. Les glaciations, avec des avan- cées et des reculs, s'étendent sur des centaines de milliers d'années, et la der- nière période glaciaire ne s'est achevée que depuis quelque douze mille ans. Les cirques, les lacs, les larges vallées en auge, mais aussi les moraines et les blocs erratiques témoignent de l'intense activité des glaciers.

LES PAYSAGES L'activité orogénique explique l'extrême diversité des terrains consti- tuant la chaîne. La zone axiale, d'une cinquantaine de kilomètres de large, comprend les roches les plus anciennes, granites surtout, mais aussi schistes, calcaires - et Ramond de Carbonnières recommandait déjà qu'après avoir admiré le Mont- Blanc, « la première des montagnes granitiques », il fallait voir le Mont Perdu, le voisin espagnol, « la première des montagnes calcaires » -. Ces ter- rains épais, résistants, ne se laissent que peu pénétrer par les vallées. La chaî- ne reste toujours élevée et les rares cols sont à haute altitude. Ce fait explique l'aspect de muraille massive de la chaîne.

Cirque de Troumouse. (Pro Photo 4 - Tarbes) Le lac d'Aumar et le massif de Néouvielle. (Pro Photo 4 - Tarbes) Les contrastes de roches séduisent par leur harmonie : les hautes parois de schistes, tendues pratiquement au-dessus de la plaine, du Pic du Midi de Bigorre, mais aussi, plus profondément, en frontière avec l'Espagne, du Pic Schrader (3 174 m), du Batoua (3 036 m) ; le granite constitue les rudes mas- sifs du Néouvielle (3 182 m), de l'Ardiden (2 988 m), du Balaïtous (3 144 m), sévèrement travaillés par l'érosion glaciaire et hardiment dressés en pyra- mides. Les lacs se nichent dans les cuvettes avec, entre autres, les splendides joyaux d'Aumar, d'Aubert et d'Orédon au pied du Néouvielle. Les hautes montagnes calcaires, Vignemale (3 298 m, point culminant des Pyrénées françaises), Taillon (3 144 m), Marboré (3 246 m), offrent des formes plus pures, des couleurs plus variées. Mais, ici, dans les calcaires, la magie de l'eau n'est plus, les lacs sont rares. En revanche, les glaciers ont creusé des cirques somptueux : Gavarnie, bien sûr, mais également Estaubé ou Trou- mouse. Le piedmont, d'une dizaine de kilomètres de large, est constitué de chaî- nons calcaires, souvent orientés sud-est/nord-ouest. Les sommets ne dépas- sent pas 2 000 mètres : Pène de Lhéris (1 590 m), le Monné (1 259 m), le Pic du Ger (950 m), belvédère sur Lourdes. Cette zone subpyrénéenne est parti- culièrement pittoresque avec la Barousse et surtout les Baronnies, bocagères et riantes d'herbages et de forêts de châtaigniers et de hêtres. Par ailleurs, les vallées se resserrent dans la traversée de cette zone calcaire, en amont de Lourdes pour le gave de Pau, vers Beaudéan pour l'Adour, en aval de Sarran- colin pour la Neste.

Lac de Gaube et massif du Vignemale. (Pro Photo 4 - Tarbes) ' Le Vignemale (point culminant des Pyrénées françaises), face Nord. (Pro Photo 4 - Tarbes) Marmotte. (Pro Photo 4 - Tarbes) TABLE DES MATIÈRES Introduction 5

Chapitre 1 : Orogenèse et paysages 7 La formation des Pyrénées 7 Les paysages 8

Chapitre II : Préhistoire et Haut Moyen Age 21 Le peuplement préhistorique 21 L'Aquitaine romaine 26 Les invasions 27 La vie au Haut Moyen Age 29 Les débuts du christianisme 29

Chapitre III : Le Moyen Age à partir du Xe siècle ...... 31 Histoire événementielle 31 Les institutions médiévales 38 Histoire socio-économique 50 Chapitre IV : Les guerres de religion 59

Chapitre V : La Bigorre sous l'Ancien Régime 65 Institutions et originalité 65 La vie de la province 70

Chapitre VI : La Révolution et l'Empire 77 Les Hautes-Pyrénées 77 La population 79 L'agriculture ...t.. ':à. 80 L'industrie et l'artisanat 84 Le commerce ...... 85