PRÉSENCES 2015 FESTIVAL DE CRÉATION MUSICALE DE RADIO FRANCE – 25e ÉDITION LES DEUX AMERIQUES DU 6 AU 21 FÉVRIER 2015

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DOSSIER DE PRESSE

FESTIVAL PRÉSENCES 2015 FESTIVAL DE CRÉATION MUSICALE DE RADIO FRANCE – 25e ÉDITION

DU 6 AU 21 FÉVRIER 2015

LES DEUX AMERIQUES

14 CONCERTS 17 CRÉATIONS MONDIALES 11 CRÉATIONS FRANÇAISES

CONTACT PRESSE Opus 64 / Valérie Samuel & Sophie Nicoly 52, rue de l’Arbre Sec - 75001 T 01 40 26 77 94 @ [email protected]

SOMMAIRE

ÉDITORIAUX p.6

CALENDRIER DES CONCERTS p.8

PROGRAMMATION DÉTAILLÉE p.10

ENTRETIENS AVEC 4 COMPOSITEURS

ESTEBAN BENZECRY UNE SCÉNOGRAPHIE SONORE p.16

BENJAMIN DE LA FUENTE COMPOSITION ET IMPROVISATION p.18

CHRISTOPHER TRAPANI COMME UN DÉSIR DE LÉGÈRETÉ p.20

LUIS NAON UN PUBLIC INSUBORDONNÉ ! p.22

BIOGRAPHIES DES COMPOSITEURS p.24

INFORMATIONS PRATIQUES p.36

5 ÉDITORIAUX

TRANSATLANTIQUE

Pour sa vingt-cinquième édition, le festival Présences nous fait traverser l’océan et partir à la découverte des musiques américaines. Au sens large du terme : il s’agira en effet des Amériques musicales, de l’Alaska jusqu’à la Terre de feu, du Rio de la Plata jusqu’au Labrador. Ce grand voyage musical, je suis heureux qu’il ait lieu à la Maison de la radio qui depuis le mois de novembre dernier, avec l’inauguration de notre Auditorium et la réouverture du Studio 104 entièrement rénové, est l’un des lieux qui fait vivre la musique en France.

Je me réjouis d’autant plus que notre Maison, munie de ces deux salles magnifiques et d’un équipement qui met à profit l’évolution constante des technologies, accueille avec Présences un festival consacré à la création musicale. Nouveauté, invention, audace : tels sont les maîtres-mots de cet ensemble de concerts qui prouvent que la musique de notre temps aime prendre le parfum du grand large et particulièrement, cette année, celui des Amériques.

Radio France, au fil de ces quatorze rendez-vous, se transforme en vaisseau transatlantique. N’hésitez pas à vous embarquer avec nous. Nos quatre formations – l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le Chœur et la Maîtrise de Radio France –, les nombreux artistes que nous invitons, et bien sûr nos antennes avec France Musique au premier chef, sont prêts à vous emmener dans la plus étonnante des aventures.

Mathieu Gallet, Président-directeur général de Radio France

6 UN NOUVEAU MONDE

« Il y a une Amérique musicale, dont Beethoven a été le Colomb, je serai Pizarre ou Cortez. » Berlioz

En 1991, à l’occasion de sa première édition, le festival Présences prenait le pouls de l’Amérique du Nord et faisait entendre bien des compositeurs, de George Antheil à Conlon Nancarrow, dont le nom était à peine connu en France. Vingt-quatre ans plus tard, Présences traverse de nouveau l’Atlantique mais se propose d’explorer les musiques du continent américain tout entier. Un continent qui ne se résume pas aux seuls États-Unis, et où les écoles nationales, comme partout dans le monde, s’effacent au profit des talents individuels les plus affirmés. Talents qui désormais viennent de tous les pays. Si l’on connaît bien désormais la musique d’un (dont nous entendrons plusieurs partitions imposantes, dont Doctor Atomic Symphony et Son of Chamber Symphony ) ou d’un Steve Reich, si le prestige de Paris attire depuis longtemps les compositeurs argentins (de Ricardo Nillni à Martin Matalon), des figures comme Victor Ibarra (d’origine mexicaine), Januibe Tejera (qui a vu le jour au Brésil) ou Luis Fernando Rizo-Salom (né à Bogota) sont typiques de notre époque : une époque où le style de chacun se forge au contact des sons du monde entier et à l’écoute des musiques de tous les siècles passés. S’étonnera-t-on qu’ fasse entendre dans Nazareno les polyphonies Yoruba réinventées pour les pianos des sœurs Labèque, que Luis Naon chante les paysages de toutes les Amériques dans Quebrada/Horizonte, qu’Esteban Benzecry fasse entendre un triptyque précolombien intitulé Rituales amerindios ?

Bien des compositeurs de notre programmation ont choisi délibérément de faire se télescoper en eux les cultures : José Evangelista est un musicien canadien d’origine espagnole, Juan Pablo Carreno s’est formé en Colombie, aux États-Unis et en France. Tous éprouvent cependant le besoin d’exprimer quelque chose (une nostalgie, un sentiment de la danse, une impatience de l’avenir) et ne se contentent pas d’illustrer des formes pures et parfaites. Beaucoup d’entre eux également aiment l’orchestre, et on se réjouira que la moitié des concerts de cette édition de Présences fasse appel à ce type de formation, ce qui permettra à l’Orchestre National de France et à l’Orchestre Philharmonique de Radio France de donner toute la mesure de leur talent, avec peut-être, côté Philharmonique, une attirance pour l’Amérique du Sud et, côté National, un tropisme boréal. Joshua Dos Santos, James Gaffigan, Domingo Hindoyan, pour n’en citer que quelques uns, illustreront la vitalité de la direction d’orchestre américaine, ce qui n’empêche pas notre festival, évidemment, d’inviter de nombreux ensembles et solistes qui font de la création leur pain quotidien et leur oxygène indispensable. Et au Chœur et à la Maîtrise de Radio France de participer à la Transmigration of the Soul selon Adams.

Présences est un moment essentiel dans la saison musicale de Radio France, mais la musique de notre temps s’affiche de manière régulière au programme de nos concerts. Cette saison, les cartes blanches à Peter Eötvös et à Bruno Mantovani, ou la création d’œuvres nouvelles de Philippe Hurel ou d’Edith Canat de Chizy, entre autres exemples, prouvent le désir qui est le nôtre d’accompagner cet élan toujours imprévu, toujours indompté qui a nom création.

Jean-Pierre Rousseau, Directeur de la musique de Radio France

7 CALENDRIER DES CONCERTS CRF COMMANDE DE RADIO FRANCE CM CRÉATION MONDIALE CF CRÉATION FRANÇAISE CE COMMANDE D’ETAT

VENDREDI 6 FÉVRIER 20H NANCARROW - DUBUGNON CRF-CM - BENZECRY CRF-CM AUDITORIUM - CONCERT N°1 AQUINO - CASTELLANOS

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Manuel Lopez-Gomez, direction Gautier Capuçon, violoncelle Olivier Doise, hautbois Diffusion en direct sur France Musique et en UER

SAMEDI 7 FÉVRIER 20H GORDON - DE LA FUENTE CRF-CM - CARTER - RIZO SALOM STUDIO 104 - CONCERT N°2 ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Joshua Dos Santos, direction Claire Booth, soprano Wilhem Latchoumia, piano Piera Formenti, récitante

LUNDI 9 FÉVRIER 20H TORRES MALDONADO CM - IBARRA CM - NAON CF STUDIO 105 - CONCERT N°3 NILLNI CRF-CM - MATALON CRF-CM

ENSEMBLE ACCROCHE-NOTE Philippe Dao, électronique Diffusion en direct sur France Musique

MERCREDI 11 FÉVRIER 20H DERBEZ ROQUE CF - DESENNE - PECOU - CAGE - ELLISON CRF - CM STUDIO 104 - CONCERT N°4 ENSEMBLE VARIANCES Thierry Pécou, piano et direction Noa Frenkel, contralto

JEUDI 12 FÉVRIER 20H ROUSE CF - NORMAN CF - SHEPHERD CF - ADAMS AUDITORIUM - CONCERT N°5 ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE James Gaffigan, direction Inon Barnatan, piano Diffusion en direct sur France Musique

VENDREDI 13 FÉVRIER 20H MALDONADO CRF-CM CORIGLIANO- CHEUNG CF - NAON CRF-CM AUDITORIUM - CONCERT N°6 ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Domingo Hindoyan, direction Paul Meyer, clarinette

Diffusion en direct sur France Musique

SAMEDI 14 FÉVRIER 11H CONCERT FAMILLE AUDITORIUM - CONCERT N°7 NAON

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Domingo Hindoyan, direction Luis Naon, présentation

8 SAMEDI 14 FÉVRIER 20H « CRI SELON CRI » STUDIO 105 - CONCERT N°8 Spectacle mis en espace et en lumière

BIELAWA - PECOU - ORTIZ - VIVIER

ENSEMBLE VARIANCES Thierry Pécou, piano et direction Lisa Bielawa, voix Stephan Grögler, mise en espace et création lumière

LUNDI 16 FÉVRIER 20H ALVAREZ CF - MUHLY CF - REICH STUDIO 104 - CONCERT N°9 PERCUSSIONS DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE Diffusion en direct sur France Musique

MARDI 17 FÉVRIER 20H CARRENO CRF-CM - PERRETEN CRF-CM - ZINSSTAG CM-CE AUDITORIUM - CONCERT N°10 ENSEMBLE MUSICATREIZE Roland Hayrabedian, direction

MERCREDI 18 FÉVRIER 20H MARKEAS - GRIFFIN - TEJERA CRF-CM - ALVAREZ STUDIO 104 - CONCERT N°11 ENSEMBLE TM+ ET ENSEMBLE TAMBUCO Laurent Cuniot, direction

JEUDI 19 FÉVRIER 20H BENZECRY CRF-CM - LIEBERSON - IVES - ADAMS AUDITORIUM - CONCERT N°12 CHŒUR DE RADIO FRANCE Marc Korovitch, chef de chœur MAÎTRISE DE RADIO FRANCE Sofi Jeannin, chef de chœur ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE Giancarlo Guerrero, direction Kelley O’Connor, mezzo-soprano Diffusion en direct sur France Musique

VENDREDI 20 FÉVRIER 20H VAZQUEZ CM- RIZO SALOM - EVANGELISTA - ADAMS STUDIO 104 - CONCERT N°13 ENSEMBLE ORCHESTRAL CONTEMPORAIN Daniel Kawka, direction Christophe Desjardins, alto

SAMEDI 21FÉVRIER 20H TRAPANI CRF-CM - GOLIJOV CF - BENZECRY CF AUDITORIUM - CONCERT N°14 ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Diego Matheuz, direction Katia et Marielle Labèque, piano Raphaël Seguinier, Gonzalo Grau, percussions Grégory Beller, réalisateur informatique musicale Ircam* Coproduction Radio France / Ircam

Tous ces concerts sont enregistrés par France Musique

9 PROGRAMMATION DÉTAILLÉE

VENDREDI 6 FÉVRIER 20H CONLON NANCARROW - Pièce n° 2 pour petit orchestre AUDITORIUM - CONCERT N°1 RICHARD DUBUGNON - Concerto sacra pour hautbois et orchestre, op. 67* COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

ESTEBAN BENZECRY - Concerto pour violoncelle** COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

DARWIN AQUINO - Espacio ritual

EVENCIO CASTELLANOS - Santa Cruz de Pacairigua

Olivier Doise, hautbois* Gautier Capuçon, violoncelle**

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Manuel Lopez-Gomez, direction

Concert d’ouverture du festival dans le nouvel Auditorium de Radio France : l’Orchestre Philharmonique propose deux concertos donnés en vis-à-vis et en création mondiale (il s’agit dans les deux cas d’une commande de Radio France) : l’un de Richard Dubugnon qui engage un dialogue entre l’ et l’Amérique latine avec le Concerto sacra pour hautbois inspiré notamment du chant grégorien, Olivier Doise jouant la partie soliste ; l’autre d’Esteban Benzecry, Argentin installé à Paris dont Gauthier Capuçon créera le Concerto pour violoncelle. Avec en début de programme, une pièce de Conlon Nancarrow, afin de rendre hommage à un créateur solitaire qui fut dans son genre un pionnier, et pour terminer l’Amérique latine, représentée par Evencio Castellanos, mort en 1984, l’une des grandes figures de la musique du Venezuela.

Diffusion en direct sur France Musique et en UER

SAMEDI 7 FÉVRIER 20H MICHAEL GORDON - Cold STUDIO 104 - CONCERT N°2 BENJAMIN DE LA FUENTE - On Fire * COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

ELLIOTT CARTER - What Are Years **

LUIS-FERNANDO RIZO SALOM - Fábulas sobre Fábrica de Fábulas

Piera Formenti, récitante * Claire Booth, soprano ** Wilhem Latchoumia, piano *

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Joshua Dos Santos, direction

Un grand classique de la musique nord-américaine du XXe siècle (Elliott Carter), une figure typique des États-Unis d’aujourd’hui, qui se réclame aussi bien du rock que du minimalisme (Michael Gordon), une œuvre marquante d’un espoir de la musique colombienne mort accidentellement en 2013 (Luis-Fernando Rizo- Salom), la création d’une œuvre rageuse écrite sur des textes de Malcolm X par un compositeur qui pratique aussi l’improvisation (Benjamin de La Fuente). L’Orchestre Philharmonique de Radio France voyage ici dans une frange située entre présent et passé récent.

10 LUNDI 9 FÉVRIER 20H JAVIER TORRES MALDONADO - Destellos, abismo STUDIO 105 -CONCERT N°3 CRÉATION MONDIALE

VICTOR IBARRA - Du bleu du ciel ou la construction de l’impossible CRÉATION MONDIALE

LUIS NAON - Ultimos movimientos CRÉATION FRANCAISE

RICARDO NILLNI - Angst COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

MARTIN MATALON - Nouvelle œuvre COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

ENSEMBLE ACCROCHE-NOTE Philippe Dao, électronique (GRM)

Un programme entièrement latino-américain, quand bien même Luis Naon et Martin Matalon seraient des Argentins de Paris, fait de cinq œuvres dont quatre données en création mondiale. Avec l’ensemble Accroche-Note, spécialiste entre tous de la musique de notre temps.

Diffusion en direct sur France Musique

MERCREDI 11 FÉVRIER 20H GEORGINA DERBEZ ROQUE - Sus une fontaine STUDIO 104 - CONCERT N°4 CRÉATION FRANCAISE

PAUL DESENNE - Jaguar Songs, extraits

THIERRY PECOU - Danzon - Soleil Tigre – Manoa

JOHN CAGE - Aria

MICHAEL ELLISON - Chant of the Soul COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

Noa Frenkel, contralto

ENSEMBLE VARIANCES Thierry Pécou, piano et direction

Toutes les Amériques : celle de John Cage avec une aria pour contralto comme vous n’en avez jamais entendu. Celle de Thierry Pécou qui célèbre l’univers caraïbe. Celle de Georgina Derbez qui se souvient de l’Europe. Celle de Paul Desenne qui habite New York mais nous parle de jaguars. Avec, pour finir, la création de Chant of the Soul de Michael Ellison (commande de Radio France).

11 JEUDI 12 FÉVRIER 20H CHRISTOPHER ROUSE - Prospero’s room AUDITORIUM - CONCERT N°5 CRÉATION FRANCAISE

ANDREW NORMAN - Suspend, concerto pour piano et orchestre* CRÉATION FRANCAISE

SEAN SHEPHERD - Wanderlust CRÉATION FRANCAISE

JOHN ADAMS - Doctor Atomic Symphony

Inon Barnatan, piano*

ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE James Gaffigan, direction

L’Orchestre National de France entre en scène à son tour avec un programme entièrement nord-américain reprenant, en création française, trois pièces récentes commandées et créées par de grandes formations elles aussi nord-américaines : Prospero’s Room de Christopher Rouse (commande du New York Philharmonic), Suspend d’Andrew Norman (commande du ), Wanderlust de Sean Shepherd (commande du Cleveland Orchestra). Avec, en apothéose, la Doctor Atomic Symphony de John Adams.

Diffusion en direct sur France Musique

VENDREDI 13 FÉVRIER 20H CÉSAR MALDONADO - Dimensiones intemporales AUDITORIUM - CONCERT N°6 COMMANDE DE RADIO FRANCE - CRÉATION MONDIALE Lauréat du concours Radio France- El Sistema

JOHN CORIGLIANO - Concerto pour clarinette*

ANTHONY CHEUNG - Lyra CRÉATION FRANCAISE

LUIS NAON - Quebrada/Horizonte COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

Paul Meyer, clarinette*

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Domingo Hindoyan, direction

« El Sistema » est ce système, comme son nom l’indique, qui a permis à bien des enfants et adolescents vénézuéliens de connaître un tout autre destin grâce à la musique. Radio France a eu la bonne idée de commander une œuvre nouvelle au lauréat du concours Radio France El Sistema. Autre création mondiale : celle de Quebrada/Horizonte de Luis Naon, hommage aux vastes paysages de toutes les Amériques. Le Concerto pour clarinette de , joué par Paul Meyer, et la création française d’une œuvre d’Anthony Cheung, dédiée à la mémoire d’Henri Dutilleux étoffent ce programme.

Diffusion en direct sur France Musique

12 SAMEDI 14 FÉVRIER 11H CONCERT FAMILLE AUDITORIUM - CONCERT N°7 LUIS NAON - Quebrada/Horizonte

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Domingo Hindoyan, direction Luis Naon, présentation

Présentation par Luis Naon en personne, pour un public familial, de Quebrada/ Horizonte, hommage aux paysages de l’Amérique.

SAMEDI 14 FÉVRIER 20H « CRI SELON CRI » STUDIO 105 - CONCERT N°8 Spectacle mis en espace et en lumière

LISA BIELAWA - Gargoyles

THIERRY PECOU - Soleil Feu - Les Machines désirantes

LISA BIELAWA - Incessabili Voci COMMANDE DE RADIO FRANCE

GABRIELA ORTIZ - Estudio Tongolele

CLAUDE VIVIER - Hymnen an die Nacht (nouvelle version de Walter Boudreau)

Lisa Bielawa, voix

ENSEMBLE VARIANCES Thierry Pécou, piano et direction Stephan Grögler, mise en espace et création lumière

Ce concert-spectacle célèbre le cri comme force vitale transcendée par le geste musical, exprimée de façon explicite et consciente – dans les œuvres de Bielawa et Pécou notamment – ou par allusion comme dans Birimbao/Jaguar de Paul Desenne. Le compositeur canadien Walter Boudreau a réalisé pour l’Ensemble Variances une nouvelle instrumentation des Hymnen an die Nacht de Claude Vivier : le programme s’achève par ce grand cri dans la nuit, hommage à un compositeur trop tôt disparu (en 1983) dont l’œuvre entière est traversée par le cri.

LUNDI 16 FÉVRIER 20H JAVIER ALVAREZ - Nocturno STUDIO 104 - CONCERT N°9 CRÉATION FRANCAISE Toque CRÉATION FRANCAISE

NICO MUHLY - Ta and Clap CRÉATION FRANCAISE

STEVE REICH - Sextet

PERCUSSIONS DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE

Un concert spectacle fait uniquement de percussions et conçu par les percussionnistes de l’Orchestre National de France : obsédantes chez Steve Reich, miroitantes chez Javier Alvarez, messagères d’un ailleurs dans Ta and Clap de Nico Muhly donné ici en création française.

Diffusion en direct sur France Musique

13 MARDI 17 FÉVRIER 20H « MARDI DE LA VOIX » AUDITORIUM - CONCERT N°10 JUAN PABLO CARRENO -Naturalis historia COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

FREDERIC PERRETEN - Œuvre nouvelle COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

GERARD ZINSSTAG - Eskatos CRÉATION MONDIALE - COMMANDE D’ETAT

ENSEMBLE MUSICATREIZE Roland Hayrabedian, direction

Trois créations mondiales, trois œuvres inouïes par définition, écrites pour les voix de l’Ensemble Musicatreize.

MERCREDI 18 FÉVRIER 20H ALEXANDROS MARKEAS - Conlon’s Dream STUDIO 104 - CONCERT N°11 CHARLES B. GRIFFIN - The Persistence of Past Chemistries

JANUIBE TEJERA - Flashforward II COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

JAVIER ALVAREZ - Metal de Corazones

ENSEMBLE TM+ ET ENSEMBLE TAMBUCO Laurent Cuniot, direction

Qu’y a-t-il de commun entre les musiques contemporaines et traditionnelles ? Réponse durant ce concert tissé par les membres de TM+ et les quatre percussionnistes de l’ensemble mexicain Tambuco. Les deux pièces où fusionnent les deux ensembles sont signées de deux compositeurs qui ont réussi à traduire leurs généalogies musicales dans un langage neuf. Le Mexicain Javier Alvarez est un féru de nouvelles technologies dont l’univers poudroie d’inventions, d’atmosphères étranges, d’influences latines et caraïbes. Alexandros Markeas lui ressemble : passionné de multimédia et d’improvisation, il sait également user des matériaux sonores de sa Grèce natale. Une autre Amérique du Sud se fait jour avec le compositeur Januibe Tejera qui puise dans les rythmes des dialectes ancestraux des Indiens brésiliens pour inventer un langage. Tandis que le New Yorkais Charles Griffin aborde la rémanence des alchimies passées qui résonnent dans les percussions, toutes de bois, de Tambuco.

JEUDI 19 FÉVRIER 20H ESTEBAN BENZECRY - Madre Tierra AUDITORIUM - CONCERT N°12 COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

Peter Lieberson - Neruda Songs

CHARLES IVES - The Unanswered Question

JOHN ADAMS - On the Transmigration of the Soul

Kelley O’Connor, mezzo-soprano

CHŒUR DE RADIO FRANCE Marc Korovitch, chef de chœur MAÎTRISE DE RADIO FRANCE Sofi Jeannin, chef de chœur ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE Giancarlo Guerrero, direction

14 Le Chœur et la Maîtrise de Radio France, l’Orchestre National de France au grand complet : un programme spectaculaire qu’ouvre la création mondiale de Madre Tierra d’Esteban Benzecry, écho des mythologies pré-colombiennes. On passe ensuite du Sud au Nord avec les Neruda Songs de Lieberson puis la fameuse Unanswered Question de Charles Ives, avant de partir dans cet étrange voyage qu’est On the Transmigration of the Soul de John Adams.

Diffusion en direct sur France Musique

VENDREDI 20 FÉVRIER 20H HEBERT VAZQUEZ - Des jardins/Des Près, concerto pour alto* STUDIO 104 - CONCERT N°13 CRÉATION MONDIALE

LUIS FERNANDO RIZO SALOM - El Juego

JOSE EVANGELISTA - Alap et Gat

JOHN ADAMS - Son of Chamber Symphony

Christophe Desjardins, alto*

ENSEMBLE ORCHESTRAL CONTEMPORAIN Daniel Kawka, direction

Le programme de l’Ensemble Orchestral Contemporain propose deux pièces ludiques, El juego et Alap et Gat, encadrées par un concerto et une symphonie. Le concerto est signé Hebert Vazquez, qui eu la bonne idée de l’écrire pour l’altiste Christophe Desjardins. La symphonie n’est autre que la célèbre Son of Chamber Symphony de John Adams.

SAMEDI 21FÉVRIER 20H CHRISTOPHER TRAPANI - Spinning in Infinity* AUDITORIUM - CONCERT N°14 COMMANDE DE RADIO FRANCE CRÉATION MONDIALE

OSVALDO GOLIJOV - Nazareno, concerto pour deux pianos, percussions et ensemble (nouvelle version) CRÉATION FRANCAISE

ESTEBAN BENZECRY - Rituales amerindios, triptyque précolombien pour or- chestre CRÉATION FRANCAISE

Katia et Marielle Labèque, piano Raphaël Seguinier, Gonzalo Grau, percussions

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE Diego Matheuz, direction Grégory Beller, réalisateur informatique musicale, Ircam*

Coproduction Radio France / Ircam

Afin de conclure en beauté, trois grandes partitions pour orchestre pour conclure en beauté l’édition 2015 du festival Présences avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. La création de Spinning in Infinity de Christopher Trapani (commande de Radio France) pour commencer : une œuvre tournoyante écrite par un musicien de La Nouvelle-Orléans qui se partage entre New York et Paris. Puis l’étonnant Nazareno d’Osvaldo Golijov, qui fait entendre des percussions Yoruba réinventées pour les pianos des sœurs Labèque. Enfin, un grand triptyque orchestral d’Esteban Benzecry en forme d’hommage à l’écho perdu des civilisations précolombiennes.

15 ENTRETIENS AVEC 4 COMPOSITEURS

ESTEBAN BENZECRY UNE SCÉNOGRAPHIE SONORE

Esteban Benzecry, comment a commencé qu’on trouve dans peu de pays. Une autre raison de pour vous l’aventure de la musique ? ma venue à Paris est le fait que je sois très attaché aux couleurs de la palette orchestrale française : Ravel, Même si je viens d’une famille de musiciens (mon Debussy, Messiaen… Dès mon arrivée en France, la père est chef d’orchestre), j’ai commencé la musique connaissance de la musique de Dutilleux ou de la tardivement, quand j’étais âgé de quinze ans. Vers musique spectrale m’a beaucoup apporté, ainsi que l’âge de dix ans, j’avais commencé le piano pendant mon bref passage dans une classe d’électroacoustique, plusieurs mois, mais je n’avais pas voulu continuer, même si je suis plus « symphonique ». Il y a un « avant certainement par manque de maturité. J’étais plutôt » et un « après » mon arrivée en France. attiré par les arts visuels, et je suis d’ailleurs diplômé de l’École Supérieure des Beaux-arts de Buenos Aires Avez-vous des références ? De grandes en pédagogie de la peinture. Mais vers quinze ans, partitions par exemple, des modèles, des j’ai commencé à apprendre des chansons à la guitare, maîtres ? j’ai assisté aux cours de l’Institut José de Labardén à Ginastera, Revueltas, Stravinsky, Grisey, Messiaen, Buenos Aires, où il y avait des cours de théâtre, d’arts Dutilleux, l’intuition, etc. visuels, d’expression corporelle, de danses folkloriques et d’instruments autochtones. J’aimais improviser avec la guitare et je voulais apprendre à écrire ce que je Vous servez-vous d’éléments venus d’autres composais de manière intuitive sans même avoir musiques (jazz, chanson, rock, musiques étudié la musique. Ce premier contact avec la musique traditionnelles…) ? classique et les racines folkloriques, en plus de ma Oui, des tournures mélodiques et des rythmes formation en tant que peintre, a laissé une marque folkloriques, ou des légendes de la mythologie de profonde sur mon langage musical qui est très visuel et l’Amérique latine. Je n’ai pas la prétention de faire plein d’éléments de la musique traditionnelle de mon de l’ethnomusicologie, mais d’utiliser ces éléments pays. de façon très intuitive comme source d’inspiration me permettant d’enrichir mon propre langage qui se nourrit Peu à peu, le besoin de vous exprimer à de ces deux mondes. Cette fusion des racines et des travers la musique a pris le pas sur le reste... procédures de la musique occidentale contemporaine pourrait peut-être définir ma musique dans la ligne d’un J’ai commencé à écrire pour orchestre sans avoir « folklore imaginaire » comme l’ont fait des étudié l’orchestration ! Écouter des enregistrements compositeurs tels que Bela Bartok, l’Argentin Alberto symphoniques en lisant les partitions fut mon plus Ginastera, le Brésilien Heitor Villa-Lobos ou les grand apprentissage. J’avais vingt ans quand ont eu Mexicains Carlos Chavez et Silvestre Revueltas, parmi lieu mes débuts professionnels au Théâtre Colon de beaucoup d’autres. Mais bien que nous ayons des Buenos Aires grâce à l’encouragement du violoniste sources d’inspiration communes, le contexte et mes (qui a été le directeur de l’académie influences esthétiques sont différents. Menuhin en Suisse), qui a créé une de mes premières œuvres. J’ai ensuite écrit mes premières symphonies, et en 1997 je me suis installé à Paris afin de poursuive Faites-vous dialoguer votre musique avec ma formation. C’est en France seulement que j’ai suivi d’autres disciplines ? des cours dans un conservatoire. J’ai composé de nombreuses œuvres inspirées par la littérature, notamment pour chœur et orchestre, Au fait, pourquoi avez-vous choisi Paris ? et un cycle de mélodies pour soprano et piano, et également avec orchestre. Certaines de mes pièces Pour qui vient de Buenos Aires, il est très facile de pour ensemble sont inspirées par des citations de s’adapter à Paris. Les deux villes se ressemblent. Je poèmes, et ma musique est très picturale. Je me voyais la France comme la Mecque de la musique considère comme un scénographe sonore. Dans ma contemporaine, j’avais conscience que je pourrais première symphonie, que j’ai écrite en 1993 et qui m’exprimer tout en restant fidèle à mes racines. Et les a été créée par l’Orchestre National d’Argentine, études y sont gratuites ! En Argentine il est impossible chaque mouvement est inspiré par des tableaux que de vivre de la composition, il n’y a ni commandes ni j’ai faits ; ce fut ma seule expérience d’intégration de subventions. C’est possible en revanche à Paris, bien ma peinture avec ma musique ! que très difficile ; il y a un vrai respect pour les arts,

16 Vous rapprochez volontiers les arts, mais votre avenir pour la musique contemporaine, il y aura toujours démarche est-elle uniquement esthétique ? aussi des gens qui vont se plaindre que nous ne disposions pas de la même diffusion que le divertissement éphémère. Elle est spontanée. Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ce que je fais aujourd’hui. Quand je parle de ma musique, je risque de me sentir trop encadré, du reste je n’aime pas Alors, pourquoi le public mélomane passionné les « ismes ». J’ignore ce que je vais écrire dans les dix par le répertoire n’est-il pas le même que celui ou trente ans à venir, mais je vais essayer d’être toujours de la musique contemporaine ? fidèle à ma voix intérieure. Personne ne peut avoir la réponse à cette question. Certains pensent que c’est en raison d’un manque de Peut-on encore distinguer des écoles nationales diffusion et d’éducation musicale. D’autres estiment qu’il de composition, ou s’agit-il d’une vue de l’esprit s’agit d’un phénomène naturel, que le public a tendance qui n’a plus cours ? à se sentir plus attiré par la musique tonale, que l’extrême intellectualisation de la musique contemporaine a aliéné La musique n’est rien qu’une somme de vibrations le public. A contrario, le football bénéficie d’une grande qui pénètrent dans notre cerveau, quelle que soit son diffusion, et cependant il ne m’a jamais fasciné ! Être esthétique, mais nous avons tendance à l’intellectualiser, un compositeur est un acte de foi et de passion, comme à la cataloguer. Chaque compositeur doit se représenter pratiquer une religion. Il n’y a pas de formule pour savoir si soi-même dans sa musique. La musique est un langage notre musique transcendera ou non le temps et le public. universel, pourtant chacun est libre de composer dans ▪ l’esthétique qu’il veut, et je ne suis pas fanatique des doctrines musicales. Dans mes œuvres les plus récentes, je me nourris de mes racines, de mon continent, un continent musical qui, contrairement à la vieille Europe, a encore un folklore vivant et fertile à partir duquel il est possible de se nourrir. Je sais qu’aujourd’hui certains sont prêts à me considérer comme américaniste parce que je m’inspire de mes propres racines, prêts aussi à n’y voir que de l’exotisme. C’est notre faute si, au lieu d’être fiers de notre riche patrimoine musical, nous en avons honte et le considérons comme anachronique. Beaucoup de compositeurs sud- américains sont découragés par l’intégration des deux mondes et imitent les Européens, peut-être par crainte de ne pas être acceptés dans l’écosystème de la musique, dans les petits réseaux commerciaux de la musique contemporaine. C’est la raison pour laquelle, en Europe, on connaît très peu de musiques avec une identité sud- américaine. Heureusement, il y a plus de liberté pour la création aujourd’hui, et beaucoup de compositeurs osent désormais intégrer les cultures non-européennes à leurs œuvres, peut-être aussi parce qu’ils veulent renouveler le langage.

Pensez-vous que la musique qu’on appelle « savante » a un avenir face au déferlement des musiques commerciales ? Je vais essayer de pratiquer la pensée positive ! Autrefois, le compositeur ne pouvait entendre sa musique que lorsqu’elle était jouée. Aujourd’hui, ce que nous composons peut être enregistré, écouté, réécouté un nombre incalculable de fois, diffusé en ligne, à la radio, dans les réseaux sociaux, les concerts, les vidéos, etc., et c’est bien sûr une très grande chance Il y aura toujours un

17 BENJAMIN DE LA FUENTE COMPOSITION ET IMPROVISATION

Benjamin de La Fuente, il semble que tout ait faire vivre l’expérience de l’écoute et de la magie du son, commencé pour vous par l’écoute… utiliser l’électro-acoustique comme un Orient, comme un ailleurs, pour sortir du cadre. Avec Gérard Grisey, j’avais Oui, mon père nous réveillait avec de l’opéra. Il y travaillé sur les seuils, ce qui m’a servi avec Sphota : quand avait aussi chez nous, sous l’escalier, une chaîne je joue, je ne peux pas m’empêcher d’être compositeur, hi-fi munie d’un casque. J’écoutais tout ce que je trouvais, d’exercer un contrôle formel. Inversement, quand je des Platters aux concertos de Paganini par Menuhin, compose, j’aime faire intervenir l’objet trouvé, l’élément de Puccini à Dvorak et Ray Charles. Je découvrais avec imprévu. naïveté, sans faire de hiérarchie, je fermais les yeux et je rêvais, je m’imaginais sur scène, j’écoutais les septièmes de dominante que j’ai par la suite apprises au Quand vous dites « je joue », il faut toujours Conservatoire. J’avais aussi une curiosité pour les sons de entendre « je joue du violon »… la nature et ceux de la ville. Jusqu’au jour où j’ai demandé Oui. J’ai un violon avec une pédale d’effets. à mes parents de faire du violon. Au Conservatoire de Bordeaux, j’ai eu un professeur très dur qui m’a brisé les Et après Sphota ? pattes. J’aimais mieux aller écouter la classe de jazz à J’ai fondé Caravaggio, groupe de rock et de jazz l’étage du dessus ! Quelques années plus tard, j’ai intégré expérimental. Le nom est un souvenir de mon séjour en un département pilote de l’Université de Toulouse, où on 2001 à la Villa Médicis, qui est peut-être la plus belle pratiquait l’improvisation, le jazz, l’électro-acoustique, etc. période de ma vie. J’ai fondé ce groupe avec Samuel Il fallait inventer d’une semaine sur l’autre, j’étais dans Sighicelli qui entrait à la Villa alors que j’allais la quitter, l’urgence du faire. Simultanément, je découvrais Roussel, et qui d’ailleurs faisait déjà partie de Sphota. Nous avons Stravinsky, Debussy, j’entendais des timbres et des systèmes mixé notre premier disque là-bas. Caravaggio, c’est harmoniques différents, j’écrivais des chansons pour mon bien sûr le rapport avec le clair-obscur, avec l’image et groupe de rock. Et je suivais au Conservatoire de Toulouse désormais le cinéma. Éric Échampard à la batterie et Bruno les matières que j’étudiais à l’université. C’est ainsi que j’ai Chevillon à la contrebasse viennent du jazz contemporain, étudié l’analyse avec Bertrand Dubedout. C’est là que j’ai Samuel Sighicelli est claviériste et compositeur. C’est un découvert que je pouvais être musicien. groupe assez électrique, qui joue sur les grandes formes et propose des pièces assez longues. Vous êtes ensuite venu à Paris…

Je m’y suis retrouvé presque malgré moi, car on est très bien On Fire, la pièce que vous avez composée pour le dans le Sud-Ouest ! Il faut savoir que le concours d’entrée festival Présences, est-elle en partie improvisée dans la classe de composition du Conservatoire est très ? difficile, avec par exemple une épreuve d’orchestration de douze heures. Beaucoup de candidats s’arrêtent parce Non, c’est une œuvre entièrement écrite. Je ne peux pas qu’ils sont tout simplement épuisés. Au Conservatoire de faire improviser des musiciens si je n’ai pas le temps de Paris, j’ai travaillé dans la classe de Gérard Grisey, j’ai travailler avec eux. Je profite de la composition pour aussi découvert Alain Savouret et sa classe d’improvisation écrire des choses qui ne pourront jamais s’improviser. Ce générative, libre, non idiomatique, appuyée sur le traité de qu’il faut, c’est désapprendre, ne pas se répéter. J’avais Pierre Schaeffer. Une discipline nouvelle qu’il a plus tard l’intention d’écrire un double concerto pour comédien et formalisée dans son Introduction à un solfège de l’audible. piano, et je cherchais des textes qui puissent illustrer le J’ai aussi redécouvert le violon, je m’y suis remis avec une thème des Amériques, quand je suis tombé sur ceux de nouvelle ardeur. Et j’ai compris que mon désir de créer Malcolm X. devait me servir à inventer mon propre style instrumental. Avez-vous fait avec On Fire œuvre d’art ou Comment passe-t-on de l’improvisation à la action politique ? composition écrite ? Je peux comprendre les revendications de Malcolm X, mort Je ne suis pas passé d’une discipline à l’autre, j’ai pratiqué à quarante ans de quinze balles dans le corps, mais ce ne les deux en parallèle. Simplement, dans l’improvisation, le sont pas les miennes. Il y avait à cette époque un contexte texte est remplacé par le contexte. J’ai toujours eu envie de violent et foisonnant, qui m’a fait réfléchir sur la violence. rester dans la pratique instrumentale, de sentir le bois et les Tout ce qui est funk, jazz, soul a été enfanté à cette époque cordes, de jouer sur scène comme je le fais depuis que j’ai dans la douleur. J’ai mis dans On Fire quelques citations, treize ou quatorze ans. Rester seul chez moi pour composer j’ai pensé à un certain moment à Charlie Mingus, mais je ne me convient pas. J’ai alors fondé la compagnie Sphota n’ai fait aucun pastiche. avec des anciens de la classe de Savouret pour mettre à profit nos qualités de compositeurs, d’instrumentistes et d’improvisateurs, d’amateurs de scène et de théâtre, et nous avons fini par monter des spectacles. Sphota a bien tourné jusqu’aux alentours de 2010-2011. Nous voulions 18 Craignez-vous, comme d’autres, que la musique dite savante se perde dans le grand bain du divertissement ? Personnellement, je ne pratique pas le divertissement, il y en a largement assez. Je ne crois pas non plus au métissage pour le métissage, qui comporte le risque d’annuler les différences, de se satisfaire de ce qui dérange le moins l’un et l’autre. Mélanger le flamenco et la variété aboutit aux Gipsy King ! Un projet artistique ne peut pas se suffire de la convivialité, du plaisir de jouer ensemble. Moi, ce qui m’intéresse, c’est l’entre-deux, la collision entre deux langages, deux antagonismes. A Royaumont, il y a quelque temps, Caravaggio s’est produit avec des musiciens indiens : un joueur de tabla, un joueur de sarod. Nous avons joué la carte de l’altérité, mais chacun a étudié et approfondi la musique de l’autre. D’une manière générale, la musique contemporaine n’a pas fait sa révolution, contrairement au théâtre ou à la danse contemporaine, qui touchent un public beaucoup plus large. Beaucoup de compositeurs ont renoncé parce qu’il y avait Mozart et Beethoven avant eux. Moi, j’ai continué, j’ai persévéré. On donne aujourd’hui la parole à tous les compositeurs, aussi bien à ceux qui préfèrent se rapprocher de Beethoven qu’à ceux qui se réclament de Lachenmann, on essaye de les représenter au ministère, mais tout cela manque de folie, de puissance. On reste dans le savoir-faire, dans le démonstratif, on distingue celui qui écrit bien de celui qui écrit mal. Le compositeur a le profil d’un premier de la classe…

N’est-ce pas toujours le cas, quelles que soient les époques ? Est-ce que Beethoven n’était pas un élève doué ? Est-ce que les meilleurs ne cherchent pas à être reconnus par les institutions ? Après tout, la bataille d’Hernani a eu lieu à la Comédie Française… Oui mais comparez Musica et Avignon : ces deux festivals n’ont rien à voir entre eux, et pourtant il s’agit d’institutions dans les deux cas.

La musique dite baroque, il y a trente ou quarante ans, n’a-t-elle pas apporté le neuf ou l’inouï que vous évoquez ? Le problème de la musique contemporaine n’a pas été résolu pour autant. C’est d’ailleurs aussi pourquoi je persévère. Si tout allait bien dans la musique, je ne continuerais peut-être pas. Avec Caravaggio, nous essayons de proposer des modes d’écoute différents. Le compositeur a des idées, l’instrumentiste exécute ? Non, ce n’est pas ça. Le compositeur vu comme une personnalité élue, comme le créateur, est une image qui m’agace un peu. Le compositeur est celui qui a décidé de l’être. On a des idées parce que tous les jours on travaille. ▪

19 CHRISTOPHER TRAPANI COMME UN DÉSIR DE LÉGÈRETÉ

Christopher Trapani, vous êtes né à La Nouvelle- Utilisez-vous des souvenirs de vos voyages dans Orléans, ville considérée généralement comme vos compositions ? le berceau du jazz… Oui, je me sers de tout, j’aime penser ma musique comme Oui, j’ai commencé un peu tard, vers l’âge de douze ans, une musique de synthèse. Je fais des listes d’éléments à en prenant une trompette. Je ne viens pas d’un milieu combiner dans un seul frisson. Pour la pièce qui sera créée musical, il n’y avait pas d’instrument à la maison, mais à Lille, j’utilise des textes de blues et de country music des très vite j’ai joué dans les clubs, les bars, la rue, et à dix- années 20. Dans Spinning in infinity, vous entendrez un sept ans j’étais pianiste dans une église. banjo et un canun turc, mais dans la bande.

Parle-t-on encore français en Louisiane ? En quoi consiste Spinning in infinity ? On ne parlait pas français autour de moi, mais il reste une C’est une pièce pour orchestre et électronique, culture française vivante pour ce qui concerne la musique l’électronique représentant un second orchestre très et la cuisine. Grâce au consulat de La Nouvelle-Orléans, intégré. Au départ, comme on ne savait pas trop où aurait les liens avec la France sont importants. Personnellement, lieu la création, on a décidé de mettre des enceintes je suis arrivé à Paris à l’âge de vingt-trois ans, après avoir sur scène, parmi l’orchestre. Les musiciens ont accepté, été admis en résidence à la Cité internationale des arts. sachant que l’électronique n’irait jamais contre eux. Au Pendant deux ans, j’ai étudié la musique avec Philippe bout du compte, c’est comme si on avait six ou sept flûtes, Leroux, puis j’ai décidé de rester à Paris et j’y ai vécu en avec des passages micro-tonaux qui seraient impossibles tout sept ans, jusqu’à mes trente ans. Paris m’a permis à jouer par l’orchestre. Au moment où je vous parle, je de faire de grandes découvertes, notamment celle de la m’apprête à entamer une période de travail de sept musique de Gérard Grisey. Tristan Murail était un peu plus semaines, à l’Ircam, avec quatre ou cinq musiciens de connu outre-Atlantique grâce à son poste de professeur l’orchestre. Cette démarche est assez européenne : aux à New York. En France, j’ai commencé à réfléchir sur États-Unis, je n’aurais pas la possibilité de travailler avec mes origines, sur la musique américaine, sur les liens un partenaire, je ferais tout moi-même. Nous avons qui existent entre les musiques populaires du Sud (blues, d’excellents orchestres, mais il n’est pas sûr qu’on en musiques traditionnelles) et la musique spectrale. Cette trouve un qui soit prêt à travailler avec l’électronique. Il n’y réflexion a nourri mes œuvres suivantes. J’ai aussi suivi le a rien qui ressemble à l’Ircam ici. cursus de l’Ircam. La plupart de mes pièces ont quelque chose à voir avec l’électronique. Quel sens donnez-vous à to spin dans Spinning in Infinity, tournoyer ou filer ? Appartenez-vous à une école esthétique ? Le premier de ces deux sens, car le second est archaïque Il n’existe pas d’école qui voudrait de moi. Par défaut, je en anglais. Ce titre vient des paroles d’une chanson de suis un compositeur libre. Paul Simon, You Can Call Me Al: “ He looks around, around / He sees angels in the architecture / Spinning in infinity Sur la page d’accueil de votre site internet, vous / He says Amen ! and Hallelujah ! ” Graceland, l’album affichez les noms de Paris et de New York, avec qui contient cette chanson, est tout entier un chef-d’œuvre sous le nom de chacune des deux villes un petit de métissage entre musiques sud-africaines, bluegrass, dessin : un rond et un trait vertical… musique cajun et folk américain. Il y a là une atmosphère carnavalesque qui marche à contresens des paroles, Les symboles évoquent à la fois le contour des villes (Paris lesquelles parlent souvent de catastrophe, de rupture, de a une forme plutôt ronde, Manhattan est une île toute en divorce, de la sensation de perdre ou d’être perdu. hauteur) et le code binaire (0,1). Aujourd’hui, je fais des allers-retours fréquents entre les deux villes. La plupart de Et quant à la forme ? mes commandes viennent de France : j’ai des projets à Lille (un pièce en avril à l’Opéra, avec l’ensemble Ictus), à C’est sur le plan formel que les compositeurs ont le plus Grenoble, à Nice, etc. Mais j’ai aussi passé sept mois en de difficultés aujourd’hui. On est habitué à entendre des 2014 à Stuttgart, et je me rends souvent en Turquie. sons ou des harmonies inouïs, mais la forme ne se laisse pas apprivoiser. Pour appréhender Spinning in Infinity, il faut garder à l’esprit la forme du tourbillon. Imaginez une L’attirance de l’Orient ? spirale qui commence avec des événements survenant Istanbul n’est pas une ville très orientale. La première fois trop vite pour être perçus avec précision, puis qui se que j’y suis allé, en 2007, c’était pour étudier la musique déplie progressivement. Tout est superposé dans un noyau micro-tonale. J’y ai vécu ensuite un an et demi, j’ai appris dur au départ, avec des éléments au-delà du seuil de la la langue, j’ai voyagé dans le pays. Ma façon de vivre perception. Peu à peu la toupie perd son énergie. Une consiste à chercher ce qui m’intéresse, ce qui m’inspire. autre métaphore importante de la pièce pourrait être la roue colorée, qui propose un changement progressif et répétitif en forme de roue. Cette roue est évoquée par des

20 orchestrations fluides, kaléidoscopiques même, avec des couleurs superposées qui basculent entre électronique et orchestre. Je pourrais aussi mentionner une autre source d’inspiration, littéraire cette fois : Infinite Jest de David Foster Wallace, où les multiples narrations entrelacées défient le lecteur d’en tirer un fil conducteur ou narratif principal.

Ne craignez-vous pas que la musique appelée savante se noie dans le grand bain du divertissement ? Aux États-Unis, il existe un grand mouvement qui essaye de mélanger la musique savante et la musique commerciale. On l’appelle « Contemporary Classical » ou « Indie Classical », sachant qu’« indie » signifie indépendant, mot employé depuis longtemps dans le domaine du rock. Moi je cherche une profondeur derrière la légèreté. Dans les Leçons américaines, Italo Calvino parle de la légèreté comme une vertu de l’art contemporain. Arriver à exprimer sans ironie la balance entre la gravité et l’insouciance, c’est le parangon de la légèreté. Pour moi, il s’agit d’un enjeu esthétique : je veux une musique légère, fluide, attirante, mais avec une construction et de nombreux détails sous la surface. Ligeti, Ravel, Debussy, Berlioz, Monteverdi allient le raffinement du détail et la légèreté. Parmi nos contemporains, Leroux, Matalon, Hersant ont le même souci de la légèreté. ▪

21 LUIS NAON UN PUBLIC INSUBORDONNÉ !

Luis Naon, est-ce que pour vous devenir autre instrument. La connotation expressive de l’instrument, compositeur allait de soi ? la nostalgie de la distance et la poésie des paroles du tango m’ont conduit à l’explorer et à me l’approprier. Mais L’aventure a commencé dès mon plus jeune âge sans que le son de la guitare électrique, le phrasé de Jimi Hendrix je m’en rende compte vraiment. Ma mère était chanteuse ou la vocalité de l’opéra sont des influences beaucoup plus lyrique et s’était spécialisée dans la mélodie française : présentes dans mon style que le tango. outre des œuvres nouvelles de Ginastera et Guastavino, elle chantait Fauré, Duparc, Ravel et Debussy. Rapidement j’ai chanté et joué de la guitare (toujours électrique) dès Y a-t-il des liens entre votre musique et d’autres l’âge de sept ans. Parallèlement, j’étudiais le piano au arts (la poésie, les arts plastiques, le cinéma…) ? conservatoire et je chantais dans les chœurs d’enfant de J’ai mis en musique un certain nombre de textes et j’ai assez l’opéra. Inventer et improviser m’a toujours davantage travaillé pour le théâtre. J’y ai appris beaucoup de choses intéressé que bien jouer les morceaux que j’étudiais. Je me qui se sont révélées fondamentales dans la dramaturgie suis rendu compte assez vite que je n’avais pas un esprit de mes pièces purement musicales. Ma collaboration avec d’interprète. un plasticien (Abel Robino) a donné quelques œuvres où des pièces musicales sont mises en regard. Les analogies Puis vous êtes venu en France… entre art plastique et musique sont passionnantes mais compliquées du fait de la différence de l’appréhension du J’ai migré assez jeune, j’avais dix-neuf ans. Le choix temps. Mes expériences avec le cinéma sont plus limitées, de la France a été dicté par mon admiration pour la mais la danse compte beaucoup pour moi. L’architecture culture française en général et non pas par la musique et l’urbanisme ont eu aussi beaucoup d’importance dans en particulier, mis à part l’enseignement des techniques mon travail. Mon cycle Urbana (vingt-cinq œuvres pour électroacoustiques et la possibilité de découvrir de nouvelles diverses formations) en témoigne largement. Le rapport à façons de faire de la musique, rarissimes au début des la ville et surtout le rapport poétique aux lieux de vie et à années 80. Il a été conforté par l’ambiance délétère qui l’espace des relations humaines, et forcément musicales, régnait dans l’Argentine de l’époque, gouvernée par la est présent dans chacune des œuvres de ce cycle. dictature la plus sanglante de son histoire (de 1976 à 1983). J’ai intégré la classe de composition de Guy Reibel Votre démarche est-elle uniquement esthétique ou au Conservatoire de Paris, qui chaque semaine invitait des bien est-elle également morale, voire politique ? personnalités comme Ligeti ou Xenakis. J’ai travaillé avec l’ensemble L’Itinéraire qui m’a fait connaître de l’intérieur La fin de la réponse à la question précédente annonce un le courant spectral, puis j’ai rencontré Murail, Grisey et peu celle-ci. Mon chemin de compositeur commence à être je suis devenu dix ans plus tard assistant de la classe de assez long, et mon activité a connu bien des évolutions en composition où j’avais étudié. Aujourd’hui, j’enseigne plus de trente ans de pratique. J’ai toujours été préoccupé toujours au Conservatoire de Paris, ainsi qu’à la Haute par le dialogue de la musique que je produis avec le école de musique de Genève. monde. De ce point de vue, je n’ai pas beaucoup changé. Morale et politique sont des mots qui ont des sens à tiroir Avez-vous des références : de grandes partitions, et il est difficile d’y souscrire sans éclaircissement. Toute par exemple, des modèles, des maîtres ? la démarche du cycle Urbana est politique, presque par définition, et dans le sens premier et littéral du mot. C’est Oui, bien sûr, les modèles sont toujours pour moi présents aussi une revendication, dans la mesure où j’aspire pour mais je dirais qu’ils sont multiples. Je n’appartiens pas à cette musique à une réappropriation de l’espace urbain, une « école » ou à un courant musical précis. Plutôt que de donc d’une existence de la musique (pas seulement la me référer à tel compositeur ou à telle œuvre, je parlerais mienne, évidemment) en relation directe avec le réseau de de « lecteurs » comme Stravinsky et Ligeti, qui regardent la ville qui comprend son tissu social, politique et urbain. Je mon travail. Ils demeurent pour moi des modèles de viens d’une ville nouvelle, La Plata, qui a été bâtie à la fin liberté, au delà de mon admiration ou de mes goûts. du XIXe siècle sur les plans d’un architecte français, Pierre Benoit. Les rues y sont perpendiculaires et numérotées, Utilisez-vous d’autres musiques dans vos avec des diagonales reliant des points essentiels comme compositions ? celle qui conduit du fleuve au cimetière. J’ai ainsi été Des sources autres que celles de la musique savante ont amené à réfléchir à l’imbrication des lieux et des nombres, très souvent été présentes dans mon travail. De manière et ce mélange d’abstrait et de symbolique m’a poussé à plus ou moins forte et sous des formes assez diverses. penser l’organisation de la musique et la disposition des Pour ne citer qu’un exemple, mon regard sur le tango ne musiciens. Par ailleurs, en réfléchissant à la construction des m’est pas venu en Argentine même, où je pratiquais plutôt villes, je suis parti de la notion de cloître et je me suis rendu le rock et la musique classique. Je connaissais le tango compte que l’idée précède la construction. On se demande « d’oreille » presque malgré moi. Mon retour au tango s’est comment dialoguer avec Dieu, puis on fait un cloître. opéré lorsque mes professeurs de musique électronique ont Toutes les villes, mêmes les plus monstrueuses comme Sao attiré mon attention sur les particularités dynamiques du Paulo, sont des constructions humaines. Dans un autre bandonéon, d’une puissance inégalée par n’importe quel registre, une œuvre comme Ex-Lex, plus récente, traite de

22 la loi, au sens large mais aussi au sens musical. Il s’agit de d’élèves-compositeurs. Ils sont au courant de ce qui se fait la relation entre l’acte créateur et le savoir, le patrimoine dans le monde entier. La complexité résiste à la facilité. au sens large, et la morale. L’importance du métier et la particularité de l’écriture musicale (l’électroacoustique fait Le public mélomane passionné par le répertoire aussi partie de l’écriture, ce n’est donc pas simplement du n’est pourtant pas le même que celui qui crayon et du papier qu’il s’agit ici) m’ont conduit a toujours s’intéresse à la musique contemporaine… étudier davantage. Je ne suis pas sûr que l’on puisse raisonner de cette manière. Je me souviens que, étant enfant, j’assistais aux Croyez-vous qu’il existe encore des styles concerts donnés par l’orchestre à cordes de ma ville et que nationaux (un style français, un style allemand, je préférais Bartok ou Hindemith à Haydn ou Mozart. Je me un style nord-américain, sud-américain, etc.), rappelle aussi avoir été fasciné par Pierrot lunaire à six ans. voire des écoles nationales ? Les enfants n’ont pas de préjugé, c’est en grandissant qu’on Le nationalisme, de manière générale, est une notion se croit intelligent parce qu’on peut distinguer Schumann qui m’est étrangère. J’ai tendance à l’associer avec de Mendelssohn ! Il faut sortir de ce savoir encyclopédique, les fondamentalismes idéologiques et religieux, que je pour ma part je me méfie de ces « passionnés » qui ne combats farouchement. En ce qui concerne l’expression cherchent qu’à écouter au concert les disques qu’ils ont musicale, il y a des particularismes qui se trouvent associés chez eux. Si j’écoute une symphonie de Mozart et que je parfois à des pays ou à des régions. Certaines démarches peux transcrire le parcours tonal de l’œuvre, l’ai-je mieux sont associées à la langue, au son de la langue, mais entendue et mieux comprise que si je me laisse aller à une également à sa structure et à sa grammaire. J’ai fait écoute libre ? Si je sais que Crime et châtiment est en 3 mienne, parce que je la trouve juste, cette phrase de Borgès parties et 48 chapitres, est-ce que je connais Raskolnikov ? : « Heureusement, nous ne sommes pas voués à une seule Les gens pensent qu’ils comprennent la musique tonale. Il culture, nous pouvons aspirer à toutes les cultures ». n’en est rien, car il n’y a rien à comprendre. Les éléments semblent à leur place, d’après un canon connu ou que Croyez-vous que la musique qu’on appelle l’on croit connaître, voilà tout. Il faut absolument, avec des « savante » ou « contemporaine » a un avenir ? dosages savants, faire écouter de nouvelles œuvres dans Ou tout n’est-il pas appelé à se fondre dans le les programmes de concert. grand bain du divertissement ? Au fait, trouvez-vous que l’expression D’abord, la musique, l’art en général, ne sert à rien… « musique contemporaine » a un sens ? Au fond, non. Sauf qu’elle désigne bien encore la musique Raison de plus pour la défendre ! « savante écrite aujourd’hui ». Un autre type de création Oui. La musique véhicule des choses plus profondes musicale est en train de se frayer un chemin : c’est tout encore que la philosophie, sans besoin d’explication un courant qui semble bifurquer et ne plus répondre à la rationnelle ou savante. Ignorer le danger qui la guette serait composition comme on l’entendait par le passé, et met suicidaire de notre part. Transiger avec le divertissement en cause la notion même d’œuvre. Un peu comme la serait une trahison impardonnable. Nous vivons une distinction entre peinture et arts visuels, opérée déjà depuis période de résistance, comparable à la résistance quelques décennies. La musique a souvent du retard dans politique. La comparaison s’arrête là, l’ennemi n’est ni les révolutions et malgré les très diverses expériences très clair ni très visible. J’ai vécu sous une dictature, et se des années 70-80 on voit aujourd’hui réapparaître battre contre la désinformation contrôlée est quelquefois des démarches qui semblaient oubliées. Beaucoup de plus simple que se battre contre la surabondance jeunes créateurs ne semblent pas s’intéresser à ce qu’on d’information sans discrimination ni armes pour en entend communément par composition : il n’y a plus de faire une synthèse. Le « grand bain du divertissement » note, peu ou pas de discours musical, encore moins de est une sorte de drogue subtile qui ramollit peu à peu langage, mais plutôt une sorte d’ « art sonore » parfois les élans, tend à supprimer la différence, gomme les éphémère. Très souvent ces modes d’expression lancent aspérités, etc. Nous le savons, c’est ainsi. En revanche, des passerelles avec le monde visuel, un symptôme qui un art exigeant ou une musique exigeante peut être ne trompe pas (à l’image du selfie). Le temps nous dira aussi divertissant. Si nous opposons l’un à l’autre, nous si cette scission devient réelle ou reste passagère, en tout sommes morts. Il faut sortir de ces catalogages binaires et cas j’espère qu’il en naîtra une proposition qui trouvera sa réducteurs, il faut penser que l’autre, celui qui voit, écoute, vraie forme d’expression. Pour ma part, je reste attaché lit et découvre, n’est pas un idiot à manipuler. Il faut à poursuivre un travail qui revendique un vrai métier, un absolument un public insubordonné, et non pas un public savoir et une connaissance profonde pour continuer à conformiste ! L’enjeu participe de la liberté de penser. produire des œuvres qui ne se délestent pas à la légère de Heureusement, en Argentine et dans toute l’Amérique l’histoire mais qui, en questionnant le langage lui-même, latine, même si les subventions publiques manquent, il y questionnent également mon époque.▪ a un foisonnement de compositeurs, une envie de créer. Au Chili, dans deux universités, on compte une centaine Entretiens réalisés par Christian Wasselin

23 BIOGRAPHIES DES COMPOSITEURS

à l’Académie de musique de Malmö en Suède, ainsi JOHN ADAMS qu’au Royal College of Music, à l’École Guildhall et à l’Université de Londres. Il devient membre fondateur de Compositeur et chef d’orchestre né en 1947, Sonic Arts Network et, en 1993, il est le directeur artistique John Adams a écrit des œuvres lyriques et symphoniques de la Société pour la promotion de la musique nouvelle. qui comptent parmi les partitions classiques de la fin du XXe Après avoir vécu vingt-cinq ans en Angleterre, il retourne et du début du XXIe siècle. On citera notamment, parmi à Mexico pour prendre en charge le département des arts les œuvres de concert : Harmonielehre, Shaker Loops, musicaux de l’Ecole supérieure des arts du Yucatán. Il vit Chamber Symphony, Doctor Atomic Symphony, Short Ride aujourd’hui à Morelia (Mexique) et dirige le Conservatoire in a Fast Machine, et le Concerto pour violon. Parmi les de las Rosas. Il travaille actuellement avec l’ensemble de œuvres scéniques, toutes imaginées en collaboration avec musique contemporaine sequenzaSUR et est le directeur le metteur en scène Peter Sellars : Nixon in China (1987), artistique du Forum international de musique nouvelle The Death of Klinghoffer (1991), El Niño (2000), Doctor Manuel Enriquez. Il est également le conseiller artistique Atomic (2005), A Flowering Tree (2006), et l’oratorio- du festival de musique contemporain de Morelia. passion The Gospel According to the Other Mary (2012). Parmi ses œuvres récentes figurent le Concerto pour Source : Ircam. saxophone écrit pour Timothy McAllister, City Noir pour le Los Angeles Philharmonic, Absolute Jest pour quatuor à cordes et orchestre, sur des fragments des derniers DARWIN AQUINO quatuors de Beethoven, commandé par le San Francisco Symphony pour son centième anniversaire. Né en 1979 en République dominicaine, Darwin Aquino Adams est docteur honoris causa des Universités de est compositeur, violoniste et chef d’orchestre. Il est devenu Harvard, de Cambridge, de la Northwestern University, et membre de l’Orchestre Symphonique National de son de la Juilliard School. Il est l’auteur d’une autobiographie, pays natal à l’âge de seize ans. Il a participé à nombre Hallelujah Junction, et collabore régulièrement à la New de festivals en Espagne et en Amérique latine et a fondé le York Times Book Review. Trio Dominicano pour lequel il a transcrit de nombreuses Chef d’orchestre, Adams dirige un vaste répertoire allant pièces de musique classique dominicaine. Dans son pays de Beethoven et Mozart à Ives, Carter, Zappa, Glass, natal, il a fondé et dirige l’Orquesta Sinfónica Nacional Ellington, et ce à la tête des plus prestigieux orchestres. Juvenil qui a donné sous sa direction des concerts en Allemagne et à New York. Violoniste, il a joué sous la baguette de chefs tels que JAVIER ALVAREZ Leonard Slatkin, Valery Gergiev et . Compositeur, il a travaillé au Conservatoire de Strasbourg Né à Mexico en 1956, Javier Alvarez commence sa avec Ivan Fedele. Il a remporté le prix de composition carrière musicale comme clarinettiste puis étudie la du 4e Festival de la République dominicaine dirigé par composition au Conservatoire national de musique de Philippe Entremont. Ses œuvres ont été jouées dans de Mexico avec Mario Lavista. Il se perfectionne à l’Université nombreux festivals. du Wisconsin (États-Unis) où il obtient un diplôme de composition. Grâce au concours du British Council, il part ensuite étudier en Angleterre avec John Mambert au ESTEBAN BENZECRY Royal College of Music ainsi qu’à l’Université de Londres. Ses premières œuvres électroacoustiques datent de cette Né en 1970, le compositeur argentin Esteban Benzecry est période (Temazcal pour maracas et bande, 1984). joué par les plus grands orchestres. Ses dernières œuvres Javier Alvarez revendique une écriture personnelle opèrent la fusion entre divers courants esthétiques de la et indépendante, et se consacre à la musique musique contemporaine européenne et les rythmes et électroacoustique mixte, plus particulièrement à la folklores traditionnels d’Amérique latine. Il a reçu diverses composition et à la recherche musicale sur ordinateur. Sa récompenses, notamment de l’Association des Critiques musique se caractérise par une énergie inépuisable et par Musicaux d’Argentine et de l’Académie des Beaux-Arts de un élan soutenu qui, tout en atteignant un haut niveau de l’Institut de France. Compositeur en résidence de l’Académie complexité, ne cesse jamais d’être clair et logique. Son Internationale Yehudi Menuhin en Suisse (1995), il a écriture est déterminée à la fois par sa pratique intensive également été lauréat de la Fondation d’entreprise Groupe de la musique électronique, son intérêt pour l’harmonie Banque Populaire (2004), compositeur en résidence à la spectrale et son utilisation de motifs rythmiques hérités des Casa de Velázquez à Madrid (2004-2006) et boursier de la musiques populaires du monde entier. Ainsi, en 1992, Fondation John Simon Guggenheim de New York (2008). Il il compose Mannam – qui utilise le kayagum (ancienne est diplômé de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Buenos cithare coréenne) et des sons de l’instrument traités Aires en pédagogie de la peinture. Esteban Benzecry a numériquement – et, en 2001, Offrande – qui marie les étudié la composition avec Haydée Gerardi et Sergio steelpans caribéens à des motifs rythmiques électroniques. Hualpa en Argentine, puis avec Jacques Charpentier au Dans Mambo à la Braque (1991), le compositeur crée un CNR de Paris où il a obtenu son premier prix à l’unanimité collage électroacoustique de segments musicaux extraits en 1999. Il a étoffé ses études au CNSM de Paris avec Paul du mambo Caballo Negro de Dámaso Perez Prado. Mefano (composition) ainsi qu’avec Luis Naon et Laurent Javier Alvarez enseigne à l’Université du Hertfordshire, Cuniot (musique électro-acoustique).

24 écrit son manifeste sur la musique The Future of Music : LISA BIELAWA Credo, invente le water gong et le piano préparé, et enfin compose Imaginary Landscape No.1 (1939), une des Née en 1968, Lisa Bielawa, chanteuse-compositrice, a premières œuvres utilisant les moyens électroniques. obtenu le Prix de Rome de composition musicale en 2009. Il fait la connaissance du musicien hindou Geeta Sarabhai Pour son travail, elle puise son inspiration dans diverses et entame la lecture des écrits d’Ananda K.Coomaraswamy sources littéraires et d’étroites collaborations artistiques. et de Maître Eckhart. En 1948, il termine les Sonatas and Née à San Francisco dans une famille de musiciens, Lisa interludes, fruit de plusieurs années d’exploration du Bielawa joue du violon et du piano, chante et compose dès piano préparé. En 1949, à Paris, il travaille sur la musique la petite enfance. Elle commence à voyager avec le Philip de Satie et rencontre notamment Messiaen, Schaeffer Glass Ensemble en 1992, et devient en 1997 co-fondatrice et Boulez. Il échangera avec ce dernier une longue du Festival MATA, qui se consacre à la promotion des correspondance jusqu’en 1954. œuvres de jeunes compositeurs. De retour à New York, Cage se lie à ceux qui formeront Parmi les faits saillants de ces dernières années, on peut l’école dite « de New-York », Morton Feldman et Christian noter la première mondiale de Graffiti dell’amante, Wolff, rejoints en 1952 par Earle Brown. Son amitié exécutée par Lisa Bielawa avec le quatuor à cordes Brooklyn avec les peintres de ce même cercle, notamment Robert Rider à Rome et à Harrisburg, Emerald Waltz à Boston, Rauschenberg, est tout aussi importante, comme le Portrait-Elegy (écrit pour le pianiste Bruce Levingston) à montre la pièce silencieuse 4’33’’ (1952). Avec Music New York, The Project of Collecting Clouds (exécuté à la of Changes (1951) et Untitled Event (1952) naissent les mairie de Seattle par le violoncelliste Joshua Roman et un premiers happenings. La fondation de la compagnie ensemble de musique de chambre), la première mondiale de danse Merce Cunningham en 1953, dont devient le de In medias res, concerto pour orchestre commandé par directeur musical jusqu’à sa mort, inaugure une longue le Boston Modern Orchestra Project (BMOP), qui constitue collaboration avec le chorégraphe dans laquelle musique le point culminant d’une résidence Music Alive de trois et danse coexistent sans rapport de subordination de l’une années effectuée par Lisa Bielawa avec cet orchestre, la à l’autre. première de The Right Weather par l’American Composers Sa conception de la musique comme théâtre prend Orchestra et le pianiste Andrew Armstrong au Carnegie forme en 1962 avec la première de 0’00’’ (4’33’’ nº 2). Hall, ainsi que la première de The Lay of the Love and Les Variations V et VII, Musicircus (1967), HPSCHD avec Death à l’Alice Tully Hall, au Lincoln Center. Son œuvre Lejaren Hiller, le concert de musique électronique/échecs intitulée Chance Encounter comprend des mélodies et des Reunion (1968) avec Marcel Duchamp et Teeny Duchamp, airs composés à partir de paroles entendues dans des lieux sont autant d’étapes importante dans la gestation de l’art de passage publics. multimédia et environnemental. Dans la discographie de Lisa Bielawa, on compte L’activité plastique de John Cage débute avec l’exposition notamment A Handful of World (Tzadik), The Trojan de ses partitions en 1958 dans la Stable Gallery et, malgré Women (TROY), Hildegurls: Electric Ordo Virtutum (Innova), des incursions régulières dans le champ des arts visuels, The Trojan Women dans une version pour quatuor à cordes c’est avec les « gravats » réalisés à Crown Point Press à exécutée par le quatuor Miami dans La Collection NYFA l’instigation de Kathan Brown que cette activité devient (Innova), In medias res (BMOP/sound), coffret de deux essentielle. De 1987 à 1991, il compose les Europeras disques consacré à ses œuvres en solo et orchestrales, I-V, et de 1987 à 1992, le cycle Number Pieces, où il fait et l’enregistrement de la première mondiale de Chance usage de ce qu’il appelle des « parenthèses de temps ». Encounter (Orange Mountain Music). Un autre album, The Dans cette dernière période, apparaissent des processus Lay of the Love, paraîtra prochainement et constituera le d’automatisation de l’écriture, basée sur des programmes disque inaugural de Premiere Commission Recordings, un informatiques réalisés par son assistant Andrew Culver. nouveau label new-yorkais. Lisa Bielawa a participé à des interprétations de ses propres œuvres dans le monde entier. Outre son travail en tant que chanteuse avec le Philip Glass Ensemble, elle a participé JUAN PABLO CARREÑO à des tournées et à des enregistrements avec John Zorn Né en 1983, Juan Pablo Carreño, formé en Colombie, et a créé et enregistré des œuvres de nombreux autres aux États-Unis et en France, fait ses études de composition compositeurs. à l’Université Javeriana de Bogotá avec Guillermo Gaviria et Harold Vásquez. Il y obtient son diplôme en 2003. La même année, il reçoit une bourse de l’Université JOHN CAGE Internationale de Floride où il étudie avec Orlando Jacinto García, et travaille comme professeur de théorie et de Né à Los Angeles en 1912 et décédé à New York en composition. A Paris, il intègre la classe de composition de 1992, John Cage est à la fois musicien, écrivain, peintre, Jean-Luc Hervé au Conservatoire de Nanterre. Diplômé mycologue, penseur, artisan d’une vie considérée comme du Conservatoire de Paris en 2010, il y poursuit ses études processus continu, au-delà de toute catégorie. de composition dans la classe de Gérard Pesson, et y reçoit Son premier contact avec la musique se fait par l’enseignement notamment de Claude Ledoux, Michaël l’apprentissage, enfant, du piano. De 1934 à 1936 il étude Levinas, Tom Mays et Luis Naón. l’analyse, la composition, l’harmonie et le contrepoint Il fonde en 2008 l’ensemble Le Balcon avec le chef avec Schoenberg, et comprend à cette occasion son d’orchestre Maxime Pascal, l’ingénieur du son Florent peu d’inclination pour la pensée harmonique. De Derex, les compositeurs Mathieu Costecalde et Pedro 1938 à 1940, il travaille à la Cornish School de Seattle García, et le pianiste Alphonse Cemin. Il développe avec et y rencontre Merce Cunningham – qui devient son Le Balcon ce qu’il appelle une « musique disjonctive », en compagnon et collaborateur. Dans cette période, il relation au dédoublement du phénomène sonore à partir 25 de la sonorisation, à l’idée d’un ensemble hybride et à University (1967-1968) –, la production d’articles la transmutation des contextes en abstractions musicales, critiques et théoriques et la composition. Il voyage à la recherche des nouvelles formes de fonction pour sa beaucoup notamment comme compositeur en résidence : musique. Académie américaine de Rome (1963 et 1968), Berlin Pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa (1964), Getty-Center de Los Angeles (1992 et 1995). Médicis) dans les années 2011-2013, il a également été À partir des années 80, la composition prend le pas sur le sélectionné à New York pour travailler en 2012 comme reste. L’exceptionnelle carrière de Carter a été couronnée compositeur en résidence de l’International Contemporary par des distinctions parmi lesquelles : le Prix Pulitzer, à Ensemble dans le programme ICELab. deux reprises, en 1960 et 1973, pour son Deuxième et son En 2006, il gagne le prix du programme des résidences Troisième Quatuor, la Médaille d’or du National Institute artistiques du Ministère de la Culture de Colombie et le of Arts and Letters pour la musique, en 1971. Il est un des Fonca du Mexique. Il participe au cours de composition rares compositeurs à avoir obtenu le Ernst Von Siemens de Salvatore Sciarrino au centre Acanthes en 2008, où Music Prize (Allemagne). il rencontre également Philippe Hurel, Oscar Strasnoy et Unsuk Chin en 2011. En 2010, il est invité comme compositeur en résidence du Festival Musique sur ciel, dans EVENCIO CASTELLANOS le Tarn, festival qui lui commande Golpe en el diafragma. En 2011, il est invité comme artiste en résidence au Centre Le compositeur vénézuélien Evencio Castellanos (1915- Intermondes à La Rochelle. 1984) fait partie des musiciens qui ont fait émerger un style Sa musique a été jouée dans le monde entier par les national dans la première moitié du vingtième siècle. De meilleurs interprètes. 1938 à 1944 il a étudié à l’Ecole Supérieure de Musique de Caracas, puis est venu à New York en 1947 travailler le piano avec Carlos Buhler. Il a enseigné la musique à ELLIOTT CARTER Caracas et fondé un ensemble, le Collegium Musicum de Caracas. L’une de ses œuvres les plus connues, Santa Cruz Né à New York en 1908 et décédé en 2012, Elliott Carter de Pacairigua, rend hommage à la construction de l’église grandit dans un milieu peu attiré par les arts. Il apprend le de Guatire près de Caracas, et fait entendre entre autres piano dès l’âge de dix ans et joue, sans plaisir particulier, des rythmes et mélodies populaires. le répertoire classique et romantique. Carter s’intéresse davantage à toutes les autres formes de culture dont il se nourrit avec avidité dans Greenwich Village. De 1920 à ANTHONY CHEUNG 1926, il étudie à la Horace Mann Hight School de New York. En 1924, il rencontre Charles Ives. En sa compagnie, il Né en 1982, Le compositeur et pianiste Anthony Cheung découvre l’avant-garde musicale : Ruggles, Varèse, Bartók, est né à San Francisco. Interprète et avocat de la musique les Viennois et Stravinsky. En 1925, son père l’emmène en d’aujourd’hui, il est directeur artistique de l’ensemble Europe où il prend conscience des ravages causés par la Talea, qu’il a cofondé en 2007. Ses partitions lui ont été Grande Guerre. Il entre en 1926 à l’Université d’Harvard commandées par de nombreuses formations (Ensemble dont le conservatisme musical le déçoit. Il se tourne alors Modern, Ensemble Intercontemporain, New York vers la littérature, les mathématiques et la philosophie. Philharmonic…) et jouées dans le monde entier (Festival Parallèlement, il poursuit ses études musicales à la Longy Ultraschall, Wittener Tage, Musica, etc.). Il a été couronné School of Music où il apprend le hautbois tout en chantant par l’American Academy of Arts and Letters et la sixième dans un chœur, le Harvard Glee Club, et en se produisant International Dutilleux Competition (2008), et a remporté occasionnellement en public en tant que pianiste. C’est un prix qui lui a permis de séjourner à l’American Academy seulement en 1930 qu’il étudie la musique à Harvard. de Rome (2012). Il a publié de nombreux articles (dont Walter Piston (harmonie, contrepoint) et Gustav Holst une analyse du Hamburg Concerto de Ligeti). (composition) comptent parmi ses professeurs. En 1932, Ses intérêts de musicien le portent vers l’improvisation et Carter part travailler trois ans à Paris auprès de Nadia la transcription, la microtonalité, la polyphonie rythmique Boulanger. et la perception temporelle. Sa musique fait appel à A New York, il devient directeur musical du Ballet Caravan l’imagerie poétique, les phénomènes naturels et les arts (1936-1940). Les œuvres qu’il compose sont marquées visuels. Il est diplômé de l’Université de Harvard et de la par la double influence du néoclassicisme et du populisme Columbia University, où il enseigne et est chef-assistant dont il se détachera progressivement. À partir de 1937, du Columbia University Orchestra. Il enseigne aussi à il publie de nombreux articles dans la revue Modern l’Université de Chicago. Music. De 1939 à 1941, il enseigne la musique, les mathématiques et le grec ancien au St-John’s College d’Annapolis (Maryland). De 1943 à 1945, il est consultant JOHN CORIGLIANO musical à l’Office of War Information. En 1945 (puis en 1950), il obtient la Bourse de la Fondation Guggenheim. Né en 1938, le compositeur américain John Corigliano a Après la guerre, il enseigne la composition au Peabody écrit plus d’une centaine d’oeuvres et reçu le Prix Pulitzer. Conservatory de Baltimore (1946-1948). Il a utilise les avant-gardes européennes et ses propres L’année 1950 est marquée par son retrait à Tucson racines américaines pour redonner un sens à des genres (Arizona) où il compose son Premier Quatuor. Sa vie comme la symphonie ou le concerto. Il a ainsi composé trouve un équilibre harmonieux entre l’enseignement trois symphonies dont la troisième, Circus Maximus (2004), de la composition dans diverses institutions – Queens a été commandée par l’Université du Texas pour l’Austin College de New York (1955-1956), Yale University Wind Ensemble, qui en a assuré la creation au Carnegie (1960-1962), Juilliard School of Music (1964), Cornell Hall de New York en 2005 avant que la pièce fasse le 26 tour du monde. La Symphonie n° 2 (2001) est une version au Festival de violoncelle de Beauvais. Toujours en 2001, nouvelle du Quatuor à cordes (1995), la Symphonie n° 1 Paul Desenne dirige l’Orchestre Symphonique Simón (1991) a été commandée par la chaîne radiophonique Bolivar qui lui a commandé Three Orchestral Studies. « Meet the Composer » pour le Chicago Symphony Les titres de ses œuvres sont parfois facétieux : Les deux Orchestra qui à cette époque avait invité Corigliano en saisons (il n’y en a qu’une sèche et une humide au résidence. Vénézuéla), dont la première française eu lieu en avril Un sens particulier du théâtre habite ses huit concertos, 2014 par la violoniste Virginie Robilliard et l’Orchestre dont le plus récent est Conjurer (2008), pour percussions de Chambre de Toulouse, la Sinfonia burocratica et orchestres à cordes, commande de six orchestres du ed’Amazzonica (dirigée par Gustavo Dudamel à la tête du monde entier pour Evelyn Glennie. Corigliano a composé Los Angeles Philharmonic), les Jaguar Songs (2002) pour pour Joshua Bell son concerto pour violon et orchestre, violoncelle seul. The Red Violin (2005). Sylvia McNair et Kurt Masur ont Selon l’humeur des chroniqueurs, sa musique est créé Vocalise (2000), écrit pour l’anniversaire du New considérée comme avant-gardiste, contemporaine, néo- York Philharmonic. Le guitariste Sharon Isbin et le St. Paul folklorique ou inclassable. Chamber Orchestra dirigé par Hugh Wolff ont pour leur part créé Troubadours en 1994, enfin le flûtiste James Galway et le Los Angeles Philharmonic dirigé par Myung- RICHARD DUBUGNON Whun Chung ont assuré la première de Pied Piper Fantasy en 1982. Né en 1968 à Lausanne, Richard Dubugnon effectue Dans le domaine de l’opéra, Corigliano n’a écrit pour des études d’histoire puis se consacre à la musique à l’instant qu’une partition, The Ghosts of Versailles (1991), l’âge de vingt ans (contrebasse, écriture). Il est reçu au qui juxtapose Mozart et Beaumarchais à l’époque de la Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris Terreur et permet une meditation sur le temps, l’histoire et où il obtient des premiers prix en contrepoint (1993) et le changement. Le Metropolitan Opera de New York en a contrebasse (1995) et un 2e Prix en fugue (1994). Il part assuré la création. ensuite pour le Royaume-Uni où il obtient un master de Parmi les autres oeuvres de Corigliano, on citera Mr. composition à la Royal Academy of Music à Londres Tambourine Man : Seven Poems of Bob Dylan (2000), le (1997), ville où il vit et enseigne pendant sept ans. De cycle The Cloisters (1965), et des oeuvres de musique de retour en France en 2003, il reçoit différents prix dont, en chambre dont la Sonate pour violon et piano (1964). 2006, le Prix Hervé Dugardin de la Sacem. Corigliano vit à New York depuis toujours. Après avoir créé son concerto pour violon en 2008 à la Salle Pleyel avec l’Orchestre de Paris dirigé par Esa-Pekka Salonen, Janine Jansen lui a commandé trois GEORGINA DERBEZ ROQUE pièces pour son album Beau Soir avec Itamar Golan (piano). Georgina Derbez Roque est née à Mexico en 1968. C’est récemment que Richard Dubugnon a commencé à Elle y a étudié le piano avec Lea Levine et Marta García être connu dans son pays natal, avec deux commandes du Renart. Elle a travaillé ensuite, à l’Escuela Superior de Festival de Verbier (2011, 2013), ses débuts à la Tonhalle Música, avec Ana María Tradatti (piano) et Arturo Márquez de Zurich avec le chef français Lionel Bringuier (2012) et (composition). Elle a participé à des ateliers de composition une résidence avec l’Orchestre de chambre de Lausanne avec Franco Donatoni, Theo Loevendie, , (2013-2014). Il est également invité régulièrement par Javier Alvarez, Hebert Vázquez, Mario Lavista, Cristóbal l’Orchestre de la Suisse romande, qui à l’occasion de son Halffter, Mauricio Sotelo, etc. Sa musique a été jouée par centenaire lui offrira une résidence en 2018. les institutions les plus prestigieuses, notamment le Manuel Son concerto pour deux pianos et double orchestre Enríquez Forum pour la nouvelle musique à Mexico et le Battlefield, écrit pour Katia & Marielle Labèque, a été Festival de musique contemporaine de León (Mexique). Le créé en 2011 avec le Los Angeles Philharmonic avec Quatuor Arditti a enregistré son Premier Quatuor, et sa Semyon Bychkov et fut joué par l’Orchestre de Paris avec musique a aussi été enregistrée par le Trio Neos, la soprano Paavo Järvi, puis par l’Orchestre de la Suisse romande, Encarnación Vázquez et le pianiste Alberto Cruzprieto. Elle le Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestre de la NHK de enseigne la composition à l’Escuela Superior de Música Tokyo. de Mexico. En 2008, en résidence à l’Orchestre National de Montpellier, Richard Dubugnon a terminé ses Arcanes Symphoniques qui furent enregistrés par Universal et PAUL DESENNE remportèrent le Grand Prix Lycéen en avril 2009, qui suscita de nombreux projets éducatifs. Paul Desenne est né en 1959 à Caracas d’un père Richard a également plusieurs années d’expérience dans français et d’une mère américaine. Il a commencé ses le domaine de l’enseignement en France, au Royaume- études de composition à l’âge de quatorze ans. En tant Uni et aux États-Unis. que violoncelliste, il est l’un des fondateurs de l’Orchestre Comme contrebassiste, il s’est souvent produit en tant que des jeunes Simon Bolivar (constitué en 1977). Il est venu chambriste et en tant que tuttiste avec l’Opéra de Paris et étudier à Paris le violoncelle à l’École Normale Supérieure l’Orchestre de la Suisse romande. Ses éditeurs principaux (avec Michel Strauss et Philippe Muller) puis la composition sont Peters et Alphonse Leduc. Il dirige une collection au Conservatoire National Supérieur (avec Marc-Olivier « Contrebasse » aux éditions Gérard Billaudot (Paris). Dupin), où il a obtenu un premier prix en 1985. En 1999, ses Three Tropical Moves, commande du New Juilliard Ensemble, sont créés à New York. Deux ans plus tard a lieu la création de The Glass Bamboo Frog Concert

27 MICHAEL ELLISON OSVALDO GOLIJOV

La musique de Michael Ellison défie les catégories Golijov est né en 1960 en Argentine, d’une mère habituelles en mêlant sensibilité classique, langage roumaine et d’un père ukrainien. Il a émigré en Israël, où contemporain et influences traditionnelles. il a vécu trois ans. Il vit désormais aux États-Unis, près de Michael Ellison passe une partie de son temps à Istanbul Boston. Son œuvre est influencée par la musique klezmer. depuis plus d’une dizaine d’années et travaille sur la Il a enregistré plusieurs fois avec le Quatuor Kronos et le rencontre entre les cultures. Il est directeur artistique de clarinettiste David Krakauer. l’Ensemble Hezarfen. Après avoir composé la bande-originale du film The Man Parmi ses œuvres marquantes : le Troisième Quatuor Who Cried en 2000, il collabore avec Francis Ford Coppola à cordes « Fiddlin », l’opéra de chambre Say I Am You- pour L’Homme sans âge en 2007 et Tetro en 2009. Mevlana créé en 2012 à Rotterdam et dans le cadre du 40e Festival de musique d’Istanbul, le Concerto K 219 « Turc » (d’après Mozart) pour instruments turcs, violoncelle MICHAEL GORDON et orchestre, créé en 2008 sous la direction de Pascal Rophé par Gemma Rosefield et l’Ensemble Ali Tüfekçi Né en 1956, Michael Gordon a grandi au sein d’une Ensemble, Kubla Khan d’après Coleridge (2011), pour communauté originaire d’Europe centrale, installée dans soprano et mezzo soprano. la jungle du Nicaragua aux environs de Managua. Il fait Michael Ellison a enseigné à Istanbul de 2002 à 2010. ses études musicales à l’Université Yale (auprès de Martin Depuis septembre 2010, il est professeur de composition Bresnick) et fréquente des groupes de rock underground de à l’Université de Bristol. New York. Sa musique, rythmique et « épurée », emprunte des éléments répétitifs issus du minimalisme et de la culture populaire. Il crée le Michael Gordon Philharmonic JOSÉ EVANGELISTA pour pouvoir jouer ses œuvres avec lequel il réalise des tournées en Amérique et en Europe. Compositeur canadien d’origine espagnole né en 1943 Michael Gordon a travaillé longtemps avec l’ensemble à Valence, José Evangelista a commencé ses études Icebreaker de Londres. Son Yo Shakespeare fut enregistré musicales dans sa ville natale avec Vicente Asencio. Après par Icebreaker sur son premier album Icebreaker. Michael des études en physique et des travaux en informatique, il Gordon a écrit Trance pour Icebreaker, augmenté de huit s’installe à Montréal en 1970 où il étudie la composition cuivres et de voix samplées. Depuis 1991, il travaille avec avec André Prévost et Bruce Mather. Elliot Caplan sur une nouvelle forme de théâtre musical Membre fondateur des Événements du Neuf (musique nommée opéra vidéo. La création de leur pièce Van Gogh nouvelle) et Traditions musicales du monde, et conseiller Video Opera à New York en 1991 a précédé Weather, écrit à la société de Musique Contemporaine du Québec, pour l’ensemble de cordes de Francfort Resonanz. il enseigne à la Faculté de musique de l’Université de En juillet 1997, Michael Gordon a reçu une commande Montréal. En 1986, il a été compositeur invité à la des BBC Proms pour écrire Love Bead (pour Ensemble Ferienkurse für Neue Musik à Darmstadt. Il a reçu plusieurs Modern et dirigé par John Adams). prix et distinctions, dont celui du Ministère de la Culture de Michael Gordon est l’un des fondateurs et directeurs l’Espagne en 1982. artistiques du Festival Bang on a Can de New York. Son œuvre Clos de vie a été recommandée par la Tribune internationale de compositeurs de l’Unesco en 1985. Il a également reçu de nombreuses commandes, entre CHARLES B. GRIFFIN autres de l’Itinéraire (Paris), de la Société de musique contemporaine du Québec et de Radio-Canada, de l’Esprit Charles B. Griffin est né en 1968 à New York. Il a fait ses Orchestra (Toronto) et du Kronos Quartet (San Francisco) études au Queens College et à l’Université du Minnesota. et ses œuvres ont été jouées au Canada, aux États-Unis et Il a été en résidence au sein de nombreuses institutions, en Europe par des ensembles tels que l’Ensemble Modern dont la Frank Sinatra High School for the Arts et le Festival (Francfort), le Nieuw Ensemble (Amsterdam), Music international des jeunes musiciens lettons. Projets (Londres), l’Orchestre philharmonique de Radio- En 2005, il a décidé de s’installer en Lettonie où il travaille France, l’Orchestre de chambre de Lausanne, l’Ensemble pour son propre octuor, pour l’ensemble vocal Putni et pour Borealis (Oslo), New Music Concerts (Toronto) et le Nouvel le Festival d’orgue de Riga. Il s’intéresse depuis quelques Ensemble Moderne (Montréal). années à la musique électro-acoustique et a fait entendre José Evangelista poursuit une démarche personnelle une pièce dans cette esthétique en 2009 au Festival de en marge des courants dominants de la musique musique électronique de Norberg. Il prépare une oeuvre contemporaine. Il explore des façons de faire une musique nouvelle pour la pianiste mexicaine Ana Cervantes. Il a été fondée exclusivement sur la mélodie. Il a ainsi développé, élu au sein de l’Union des compositeurs lettons en 2006. autant pour des petits ensembles que pour l’orchestre ou Il est aussi orchestrateur et arrangeur et a mis ses talents le clavier, une écriture hétérogène où la ligne mélodique, au service de personnalités aussi diverses que Jessye engendrant des échos d’elle-même, crée une illusion de Norman, Yo-Yo Ma et Bill Clinton, à l’occasion de son polyphonie. Sa musique prend ses racines d’une vision investiture. très large de la tradition : à ses origines espagnoles se sont greffées l’influence du gamelan indonésien, de l’avant- garde occidentale et des théories du Moyen Âge.

28 sonate pour piano intitulée Concord-Sonata, dédiée aux VICTOR IBARRA philosophes transcendantalistes qui vécurent à Concord (Thoreau, Hawthorne…). Son art du collage, de la Né en 1978, d’origine mexicaine, Victor Ibarra a bénéficié citation et de la réminiscence témoigne plus d’une volonté d’une formation très riche, tant dans son propre pays optimiste de rendre hommage à la Création que d’une qu’en France et en Suisse, avec des musiciens de renom tendance à la critique culturelle ou au cynisme. tels que Hebert Vázquez, José Luis Castillo, Edith Lejet, Daniel D’Adamo ou Michael Jarrell. Il a notamment reçu les reconnaissances internationales suivantes : le premier prix du concours Alea III aux États-Unis, le premier prix BENJAMIN DE LA FUENTE du concours Auditorio Nacional de Música en Espagne, Compositeur et improvisateur né en 1969, Benjamin de le premier prix du concours Mauricio Kagel ou le Prix du La Fuente étudie la composition au CNSM de Paris avec concours Zeitklang en Autriche. Lauréat du 7e Forum Gérard Grisey et l’improvisation avec Alain Savouret. Il international des jeunes compositeurs de l’Ensemble obtient une maîtrise de Musicologie à l’université de Paris Aleph, Victor Ibarra a également été nommé pensionnaire VIII et suit le cursus de composition à l’Ircam. En 2001, de la casa de Vélazquez-Académie de France à Madrid il est pensionnaire à la Villa Medicis. En 2000, il est co- pour l’année 2014-2015. fondateur avec Samuel Sighicelli et Benjamin Dupé, de Victor Ibarra a achevé sa maîtrise en composition au la compagnie d’invention musicale Sphota qui cherche à CNSM de Lyon, en remportant le premier prix à l’unanimité inventer de nouveaux rapports entre la musique, la scène et la distinction de la Fondation Salabert. Depuis 2014, et les publics. Les spectacles sont Kaléidoptères (2001), il est membre du Sistema nacional de creadores de arte Épisode résonant (2002), Lendemains qui chantent (2004), (Système national de créateurs d’art) du Fonds National Silence et péripéties (2005), Antigone Orchestra (2006), pour la Culture et les Arts du Mexique. La Terre (2008). Le style de Victor Ibarra s’appuie sur les ressources les plus En 2004, il décide avec Samuel Sighicelli, de créer le variées. Chacune de ses partitions est immergée dans la groupe de rock/électro expérimental Caravaggio. micro-tonalité, avec une structure harmonique précise qui Il continue de mener une activité de compositeur, se développe de manière imbriquée et obsessionnelle. d’improvisateur et de concepteur de spectacle L’énergie rythmique devient un élément essentiel de son musical. Il mêle souvent instruments et électronique. discours ; l’utilisation de la virtuosité instrumentale sert aussi Il est régulièrement invité pour des masterclasses sur chez lui d’outil de création des espaces et des dimensions. l’improvisation et la composition. L’influence du spectralisme français permet à Victor Ibarra Il collabore avec de nombreux ensembles, orchestres et de travailler avec une intention coloriste et timbrale, mais festivals européens comme l’ensemble Ictus, l’Ensemble pas exclusivement. Un dialogue interdisciplinaire, souvent Intercontemporain, Court Circuit, les Percussions de avec les arts plastiques, imprime une marque personnelle Strasbourg, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, à son travail qu’il aborde avec clarté, selon ses instincts et le Grame, la Muse en Circuit, l’Ina-GRM, l’Ircam, le ses idéaux de composition. Théâtre du Châtelet, l’Opéra de Paris, etc. Distinctions : Grand prix lycéen des compositeurs 2010 et Paloma Benito Fernández Grand prix du disque Charles Cros 2010 pour le disque La longue marche, Prix André Caplet de l’Académie des Beaux-arts de l’Institut de France (2009), Bourse de CHARLES IVES l’Académie des Beaux-arts de l’Institut de France (2005), Prix Hervé Dugardin de la Sacem (2002). L’enfance de Charles Ives (1874-1954) fut marquée par Benjamin de La Fuente est titulaire du CA de composition la campagne de la Nouvelle-Angleterre et les chorales électroacoustique (2001), finaliste du concours et les fanfares que dirigeait son père en les faisant se International de Composition électroacoustique de Noroit croiser et se superposer pour produire des sons et des (1996), lauréat du Concours International de Composition rythmes inouïs. Organiste dès l’âge de quatorze ans, d’Aquitaine (ADAMA) (1990). élève d’Horatio Parker à l’Université Yale, Ives fut un compositeur innovateur qui ne voulut jamais fonder un système ni intégrer une école de pensée ou une chapelle stylistique, et resta paradoxalement attaché à ses origines PETER LIEBERSON géographiques et religieuses. Sa carrière d’assureur le mit Peter Lieberson est né en 1946 à New York. Son père, à l’abri du besoin et lui laissa le loisir de composer, mais Goddard Lieberson, est le président de la maison de dès 1918 une faiblesse cardiaque l’obligea à de longs disques Columbia. Il étudie avec Milton Babbitt, Charles repos forcés. Il connut lors de ses dernières années un Wuorinen, Donald Martino et Martin Boykan. Après avoir début de reconnaissance et reçut le prix Pulitzer en 1947 achevé ses études musicales à l’université de Columbia, il pour sa Troisième Symphonie. quitte New York en 1976 pour Boulder (Colorado) afin de Ives utilisa abondamment les cantiques entendus au poursuivre ses études avec Chogyam Trungpa, un maître cours de son enfance. Il reprit les fantaisies de son père bouddhiste tibétain. Lieberson se rend ensuite à Boston. et fit de nombreuses expériences dans le domaine de la A partir de 1994, Lieberson se consacre entièrement à la polytonalité, de la superposition de rythmes, etc., avec composition. Il écrit un cycle de mélodies sur des poèmes une affection particulière pour les effets de plein air. Sa de Rilke et de Pablo Neruda pour sa seconde femme, Quatrième Symphonie, ainsi, utilise trois orchestres. Parmi la mezzo-soprano Lorraine Hunt. Les mélodies sur des ses œuvres, les plus célèbres figurent Central Park in poèmes de Neruda ont été commandées conjointement the Dark, The Unanswered Question, les Three Places in par le Los Angeles Philharmonic et le Boston Symphony. New England, les deux Quatuors à cordes, la deuxième L’œuvre a été créée le 20 mai 2005 à Los Angeles par 29 Lorraine Hunt Lieberson sous la direction d’Esa-Pekka et reste son directeur jusqu’à 1996. Il reçoit le prix de la Salonen ; puis par le Boston Symphony avec James Levine. Fondation Guggenheim de New York, le prix F. Schmitt Un enregistrement a paru chez Nonesuch en 2006. En de l’Institut de France, le prix de la Ville de Barcelone, décembre 2007, Lieberson a remporté le Grawemeyer le Charles Ives Scholarship de l’American Academy and Award for Music Composition pour ses mélodies sur des Institute of Arts and Letters, le Grand prix des lycéens... poèmes de Neruda. En 1993, définitivement installé à Paris, il se voit Peter Lieberson vivait à Santa Fe (Nouveau Mexique). Il commander par l’Ircam une nouvelle partition pour s’est éteint en 2011 à 64 ans des suites d’un cancer. la version restaurée du film de Fritz Lang Metropolis. Puis il se plonge dans l’univers de Luis Buñuel en écrivant consécutivement trois nouvelles partitions ALEXANDROS MARKÉAS pour les trois films surréalistes du cinéaste espagnol : Un Chien andalou (1927), L’Age d’or (1931) et Las Hurdes, Né en 1965 à Athènes, Alexandros Markeas étudie le terre sans pain (1932). piano et l’écriture musicale au Conservatoire National de Son catalogue couvre un large spectre de genres : théâtre Grèce. Il continue ses études au Conservatoire National musical, musique mixte, contes musicaux, musique Supérieur de Musique de Paris, et obtient les Premiers Prix vocale, installations, musique + texte, hörspiel, œuvres de piano et de musique de chambre. Il se spécialise dans chorégraphiques, ciné-concerts, opéra… la musique improvisée et il donne de nombreux concerts Inaugurés en 1997, la série des Trames, œuvres a la en soliste ou en formation. Parallèlement, il se consacre à lisière de l’écriture soliste du concerto et de la musique la composition. Il suit les classes d’écriture, d’analyse et de de chambre, et le cycle des Traces, qui constitue pour le composition du CNSM de Paris avec Guy Reibel, Michael compositeur une sorte de journal intime destiné à des Levinas, et Marc-André Dalbavie et obtient les Premiers Prix instruments solistes avec électronique en temps réel, de contrepoint, fugue et composition, discipline dont il suit forment un pan important de son catalogue. le cycle de perfectionnement. Il est aussi sélectionné pour Depuis 2010 il est professeur de composition au CRR suivre le cursus annuel de composition et d’informatique d’Aubervilliers / La Courneuve et a créé au sein du cet musicale de l’Ircam ainsi que l’Académie de Composition établissement l’Atelier, ensemble consacré à la Musique du Festival d’Aix-en-Provence. des XXe et XXIe siècles. Ses œuvres sont jouées en France et à l’étranger Parallèlement il mène une activité de chef d’orchestre. par différentes formations comme l’Ensemble Il a dirigé l’Ensemble Modern, MusikFabrik, Barcelona intercontemporain, Court- Circuit, l’Itinéraire, TM+, 216, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Ars Nova, les Jeunes Solistes, le Quatuor Habanera, Court-circuit, Les percussions de Strasbourg, l’Ensemble l’Orchestre Philharmonique de Radio France, Alter ego, Intercontemporain... l’Ensemble Modern, le Quatuor Arditti, les Percussions de Il a été compositeur en résidence à l’Arsenal de Metz à Strasbourg... Il reçoit des commandes d’État, de Radio l’invitation de l’Orchestre National de Lorraine (2003- France, de la Fondation Royaumont, du musée du Louvre, 2004), à La Muse en Circuit (2005-2010), au Festival de du festival Manca, du festival Couperin ainsi que des aides Stavanger 2011, au CRR d’Aubervilliers / La Courneuve à la création pour ses projets multimédia (Drac Île-de- (2012), au Festival des Arcs (2014). France, Mairie de Paris, festival Romaeuropa). Il compose également beaucoup d’œuvres pédagogiques, destinées aux enfants et aux formations d’amateurs. NICO MUHLY En 1999, Alexandros Markeas est nommé pensionnaire de l’Académie de France à Rome à la Villa Médicis et en Né en 1981, Nico Muhly est le fils de Bunny Harvey, 2001, il reçoit le prix Hervé Dugardin de la Sacem. En peintre et professeur au Wellesley College, et de Franck 2006, il reçoit le prix du syndicat des critiques. En 2009, il Muhly réalisateur de films documentaires. Il a grandi reçoit le prix du nouveau talent musique de la SACD pour à Providence où il chante dans le chœur de l’église son opéra de chambre Outsider. Depuis 2003, il enseigne épiscopale et commence le piano à l’âge de 10 ans. Il l’improvisation au CNSM de Paris. part ensuite à New York étudier la littérature anglaise à Le travail d’Alexandros Markeas est marqué par sa volonté l’Université Columbia en 2003 et obtient son master de de décoder et de modifier les mécanismes de la perception musique de la Juilliard School où il étudie la composition musicale. Les musiques traditionnelles méditerranéennes avec John Corigliano et Christopher Rouse. Il réside depuis sont pour lui une source d’inspiration essentielle. Il lors à Chinatown. s’inspire également de différents domaines d’expression Il travaille comme éditeur, chef d’ensemble, et soliste avec artistique, tels que l’architecture, le théâtre, et les arts Philip Glass ainsi qu’avec la chanteuse Björk sur Oceania plastiques (installations, événements, vidéo, internet) pour en 2004. Il collabore également avec le chorégraphe chercher des alternatives au concert traditionnel et créer Benjamin Millepied pour la musique du Ballet From Here des situations d’écoute musicale particulières. Ses pièces on Out pour l’American Ballet Theater en 2007, ainsi que sont marquées par un esprit théâtral et par l’utilisation des pour Two Hearts en 2012 pour le New York City Ballet. En techniques multimédia. 2009, il travaille avec le groupe new-yorkais Grizzly Bear sur son album Veckatimest et Antony and the Johnsons sur l’album The Crying Light. Il publie son premier album solo MARTIN MATALON en 2006 puis un second, Mothertongue, en 2008. En 2007, les Boston Pop’s et l’Orchestre symphonique de Né en 1958 à Buenos Aires, Martin Matalon étudie à la Chicago donnent la première de Wish You Were Here et Juilliard School de New York où il obtient son Master de Step Team. En juin 2011, son opéra Two Boys, composé composition. En 1989, il fonde Music Mobile, ensemble sur un livret de Craig Lucas, a été créé à l’English National basé à New York et consacré au répertoire contemporain, Opera. 30 de Musique de Catalogne) de 2004 à 2009, et enseigne CONLON NANCARROW la composition électroacosutique à la haute école de musique de Genève depuis 2006. Membre de Futurs Fils d’un businessman par ailleurs maire de sa ville natale Composés, réseau national de la création musicale, il est Texarkana (Arkansas), Conlon Nancarrow (1912-1997) co-directeur artistique de l’ensemble Diagonal. étudie la trompette de jazz et la composition, d’abord Depuis sa première œuvre, Final del juego, sur trois contes au Conservatoire de Cincinnati (1929-1932), puis à de Julio Cortázar, pour septuor et bande magnétique Boston en privé, avec Nicolas Slominsky, Walter Piston, (créée au Studio 105 de Radio France en 1983), il cherche et Roger Sessions (1933-1936). Il prend part à la Guerre à entretenir cette relation duale, née de son expérience de d’Espagne en 1937 (contre Franco, dans la brigade la musique réalisée en studio et de sa double appartenance Abraham Lincoln) puis, de retour aux États-Unis, émigre culturelle. à Mexico pour raisons politiques (il est socialiste). Il est Ses œuvres ont reçu des distinctions comme le Prix de la alors déchu de sa nationalité étatsunienne et attend 1956 ville de Buenos Aires. pour obtenir la nationalité mexicaine. Presque totalement Le cycle de 24 œuvres Urbana, inauguré il y a quelques inconnue jusqu’en 1982 (année de sa première tournée en années, se cristallise sous ce titre générique à partir Europe avec concerts de ses pièces enregistrées sur bande, d’Urbana pour accordéon, percussion et dispositif en faute d’instrument disponible), sa musique est encensée temps réel (1998) et comporte des partitions pour diverses par Ligeti. Elle a été aussi récupérée par le mouvement formations (de l’opéra de chambre à l’orchestre). En punk. Selon Nancarrow lui-même, s’il était né plus tard, 2007 et 2008, Luis Naon a écrit la musique du spectacle il se serait adonné à la musique électronique (mais il a Les Princesses avec la chorégraphe Odile Azagury, qui approché cette forme par le magnétophone, avec une comporte divers volets pour des formations diverses, du seule bande disponible, et sa dernière pièce connue est solo à 15 instruments et électronique. destinée au piano mécanique préparé par ordinateur, de Parmis ses pièces les plus récentes on peut citer Around 1993). the Bell, Ex Lex, Ultimos Movimientos, Paréntesis et Inclassable et isolé, Nancarrow a consacré sa vie et Quebrada/Horizonte, commande de Radio France pour quasiment tout son travail de compositeur au pianola son Orchestre Philharmonique (création le 13 février lors (piano pneumatique ou piano mécanique, instrument du festival Présences 2015). conçu dès 1897, donc déjà désuet à son époque) et s’est Ses œuvres sont éditées par Henry Lemoine, Gérard exclusivement intéressé à l’étude du rythme, sous tous ses Billaudot et BabelScores. aspects et dans toutes ses conséquences, avec une forte touche jazzy, sous l’influence de Stravinsky, Henry Cowell et John Cage (dont il a écouté des pièces pour piano préparé en 1939). Son œuvre pianistique, injouable sur RICARDO NILLNI un instrument normal par un seul interprète, se caractérise Ricardo Nillni est né à Buenos Aires en 1960 et réside par l’usage de nombreux mètres, leur superposition dans à Paris depuis 1987. En 1999 il obtient la nationalité toutes les voix et leurs changements rapides (contrepoint), française. Il a étudié la composition à la Faculté des arts des changements graduels et continus du tempo (ou et sciences musicales de Buenos Aires où il a obtenu en des tempos superposés) et des agrégats horizontaux et 1985 la licence et le diplôme de professeur supérieur verticaux (parfois nombreux); son écriture est comprimée de composition. Parallèlement, il a suivi des études de (non étirée), à un point tel que l’écoute paraît difficilement composition et techniques contemporaines avec Francisco tenable dans la durée (+ de 30 minutes) et qu’en pratique Kropflet travaille au Centre de Musique électro-acoustique elle ne s’étend qu’en jets brefs (de quelques dizaines de de Buenos Aires (LIPM). secondes à quelques minutes). Boursier de l’Académie Rubin en 1986, il étudie les Parmi ses pièces emblématiques (son assistant Carlos techniques électroacoustiques et la sémiologie musicale Sandoval a découvert depuis 1990 de nombreuses pièces à l’université de Tel-Aviv sous la direction d’Itzjak Sadaï. inachevées ou non assemblées, léguées à la Fondation A Paris il a travaillé avec Guy Reibel, Gérard Grisey et Paul Sacher de Bâle) : Toccata (1938, pour violon et piano), Paul Méfano au CNSM de Paris et obtenu son Prix de Sonatina (1941, pour piano, vertigineuse) toutes deux sur composition. Entre-temps, il a suivi les séminaires de Brian instruments standard, mais déjà très difficiles d’exécution, Ferneyhough, Helmut Lachenmann, Klaus Huber, etc. Sa Quatuors à cordes n° 1 (1945) et n° 3 (1988), et bien formation s’est étoffée auprès de Franco Donatoni à Sienne sûr les « 51 Studies for Player Piano » (tout au long de sa et à l’Ircam, où il a effectué des études en informatique vie, depuis 1949, dont le nombre exact n’est pas finalisé, musicale. sachant que 68 rouleaux sans étiquette ont été découverts En 1991 il reçoit le prix Trinac du Conseil International de après sa mort). la Musique pour Zoom per camera et, en 1994, le prix Trime pour Gaps. En 1995, il est lauréat du Prix de Boswil pour son œuvre Granula. En 1999 il obtient le prix de LUIS NAON composition de la ville de Wiesbaden pour son œuvre Habillage du vide. Né à La Plata (Argentine) en 1961, Luis Naon effectue des Sa musique a été interprétée par les plus grandes études musicales à l’Universidad Nacional de La Plata, à formations dans les plus grands festivals. De septembre l’Universidad Católica Argentina à Buenos Aires puis au 2000 à juillet 2002, il a été compositeur en résidence Conservatoire national supérieur de Paris avec Guy Reibel, auprès de l’Orchestre de Picardie. En avril 2003 est sorti Laurent Cuniot, Daniel Teruggi, Sergio Ortega et Horacio un enregistrement monographique contenant quatre Vaggione. Depuis 1991 il est professeur de composition pièces pour orchestre composées pendant cette résidence. et nouvelles technologies du CNSM de Paris. Il a été En octobre 2003 son œuvre Plongements pour orchestre a professeur de composition à la ESMuC (École Supérieure été créée par l’Orchestre Philharmonique de Radio France 31 au 81e Festival de Donaueschingen. En 2010, les solistes pour piano (Tremendum Concerto-carnaval et L’Oiseau de l’Opéra de Paris ont joué sa musique de chambre lors innumérable). Il a créé en 2009 l’Ensemble Variances, une d’un concert monographique à l’Opéra Bastille. plate-forme entre création contemporaine et musiques de Depuis 1996, il élabore parallèlement une œuvre l’oralité. multimédia en collaboration avec la plasticienne Laura Thierry Pécou s’est engagé très tôt dans un itinéraire singulier, Nillni sous le nom Araoz. à l’écart des notions d’avant-garde, et de post-modernité centrées de manières univoques sur l’histoire esthétique de l’occident. Au fil de ses créations, le compositeur est ANDREW NORMAN allé à la rencontre de cultures éloignées dans l’espace et dans le temps: les langues et l’imaginaire de l’Amérique Né en 1979, Andrew Norman compose de la précolombienne et des sociétés amérindiennes dans la musique de chambre, de la musique symphonique Symphonie du Jaguar et la cantate Passeurs d’eau, les et de la musique vocale. Né dans le Midwest mythes grecs qui ont inspiré Les filles du feu, les traces américain et installé en Californie, il étudie le piano de l’Afrique et de l’Amérique dans Tremendum - concerto et l’alto avant d’étudier à l’Université de Californie carnaval, Outre-Mémoire et l’Oiseau innumérable, mais du sud et à l’Université Yale. Parmi ses professeurs : aussi la Chine ancienne, la spiritualité tibétaine… En Martha Ashleigh, Donald Crockett, Stephen Hartke, rencontrant ces traditions, Thierry Pécou, « rêve de faire Stewart Gordon, Aaron Kernis, Ingram Marshall, Martin résonner le monde entier », et cherche à redonner à la Bresnick. musique sa dimension de rituel. Ainsi conçue, la musique La musique d’Andrew Norman est jouée par les meilleurs invite, absorbe l’auditeur. interprètes. Elle n’est pas sans lien avec le monde visuel. Sa musique s’inscrit dans le souffle épique du Tout-Monde Le Los Angeles Times for a parlé à cet égard de démarche tel que le prédit poète martiniquais Edouard Glissant “chaplinesque”. et qui n’est pas une totalité uniforme mais la multiplicité Il a reçu l’Ascap Nissim Prize en 2005, le Prix de Rome imprévisible de toutes nos singularités. La forme musicale en 2006 et le Prix de Berlin en 2009. Il a été “Komponist est alors indissociable du geste corporel. La forme, le geste für Heidelberg” en 2010-2011 et par ailleurs compositeur de l’instrumentiste et éventuellement, la danse, s’inscrivent en résidence pendant deux ans dans le cadre du Boston dans un échange d’énergie qui caractérise les cultes Modern Orchestra Project. Il est actuellement compositeur afro-américains – tel le candomblé brésilien ou les rituels en résidence au Los Angeles Chamber Orchestra et à chamaniques amérindiens. l’Opéra de Philadelphie. Thierry Pécou sait également sculpter le son vers le Andrew Norman termine actuellement une vaste symphonie, silence pour dévoiler et dépasser un autre silence: celui Play, ainsi qu’un concerto pour piano pour Emanuel Ax. auquel ont été réduits les peuples et les cultures victimes Il a d’autres projets avec le Quatuor Calder Quartet, de l’expansion coloniale de l’Occident. C’est par la Jeremy Denk, Jeffrey Kahane, Colin Currie et Jennifer Koh. métaphore et par l’invocation que Ñawpa oppose sa résistance à la destruction dont a été l’objet la musique rituelle de l’ancienne civilisation andine de Tawantinsuyu. GABRIELA ORTIZ C’est par la force de l’intention poétique et l’adresse de l’écriture qu’Outre-Mémoire ressuscite la mémoire interdite Gabriela Ortiz est née à Mexico en 1964 de parents des victimes de la traite négrière. pratiquant la musique traditionnelle. Elle a d’abord Dernières œuvres : Orquoy pour grand orchestre (avril étudié avec eux puis à l’École Normale de Musique de 2013 et mai 2014, co-commande de Arsenal-Metz en Paris, puis de nouveau au Mexique avec Mario Lavista. Scène, de l’Orchestre National de Lorraine et la Deutsche Elle enseigne aujourd’hui à l’Université de Mexico et à Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern), Le l’Université d’Indiana (États-Unis). Son langage musical Visage, le Cœur, concerto pour piano et chœur (juillet combine de manière expressive musique savante, folk 2013, Festival de le Roque d’Anthéron et Festival de et jazz contemporain. Ses compositions sont reconnues Lanaudière, Canada, Chœur de chambre « Les Élements », pour être accessibles autant que profondes, elles réalisent Alexandre Tharaud, piano), Un rêve de carnaval en mode un équilibre entre la structure hautement organisée et la andalou, postlude à La Verbena de la Paloma de Tomás spontanéité d’improvisation. Sa musique fait l’objet de Breton, mise en scène Christine Mananzar (7 décembre commandes et est interprétée dans le monde entier. 2013, Opéra de Reims), Les liaisons magnétiques pour Parmi ses œuvres : Altar de muertos pour quintette à grand ensemble (février 2014, Arsenal de Metz et Festival cordes, Patios pour orchestre, Unicamente la verdad Présences de Radio France, octobre 2014, NDR Radio (opéra sur un livret de Ruben Ortiz), etc. Allemande de Hambourg, Ensemble Resonanz et Ensemble Variances, dir. Jonathan Stockhammer), Spinoza in Cuzco, pour quatuor à cordes et orchestre (avril 2014, Quatuor THIERRY PÉCOU Debussy, Orchestre Lamoureux, Théâtre du Châtelet Paris, Dir. Fayçal Karoui). Né à Boulogne-Billancourt en 1965, Thierry Pécou a étudié l’orchestration et la composition au CNSM de Paris. Il a été pensionnaire à la Casa de Velazquez à Madrid, lauréat du FRÉDÉRIC PERRETEN Prix Villa-Médicis hors-les-murs, et a reçu de nombreux prix pour ses compositions. Suisse mais originaire du Pérou, Frédéric Perreten, né en Ce compositeur est l’un des rares musiciens à réunir le 1978, effectue des études universitaires et obtient une geste de la composition et son incarnation sur la scène. Il licence en sciences sociales et un diplôme postgrade en interprète fréquemment ses propres œuvres au piano, en sociologie. Durant ses études, il suit en classe préparatoire musique de chambre ou avec orchestre pour ses concertos des cours de composition au conservatoire de Genève. Il 32 fréquente les séminaires de Michael Jarrell et de prestigieux minimalisme. Son inclination pour la musique ancienne invités tels que Klaus Huber, Emmanuel Nunes et Henri (Pérotin) lui inspire Proverb (1995). Avec The Cave, conçu Dutilleux. Il a terminé en juin 2009 son Bachelor à la Haute autour d’Abraham, père des trois religions monothéistes, École des arts de Berne dans la classe de composition de et composé pour un ensemble instrumental accompagnant Xavier Dayer et Éric Gaudibert. En 2011, il a également la projection d’une vidéo réalisée par Beryl Korot, Reich se obtenu son diplôme de spécialisation en composition au lance dans la création multimédia. Son opéra vidéo Three conservatoire de Strasbourg dans la classe de Mark Andre. Tales traite de la domination technologique au XXe siècle. De part sa première formation de sociologue, il mène une Il a obtenu en 2009 le Pulitzer Prize de la musique pour réflexion sur le métier de compositeur. Ses pièces vont de Double Sextet. la pièce solo, à l’opéra de chambre, en passant par des pièces pour ensemble ou des pièces de théâtre musical. Il a été joué entre autre à la Biennale de Berne, à Strasbourg, LUIS-FERNANDO RIZO SALOM à Genève, et au festival Randspiel, Berlin. Né à Bogota, où il a fait ses études de composition à l’Université Javeriana dont il est sorti diplômé en 1998, STEVE REICH Luis-Fernando Rizo-Salom (1971-2013) s’est installé en France en 2000 pour y poursuivre sa formation auprès Né en 1936 à New York, Steve Reich partage son enfance d’Emmanuel Nunes au Conservatoire de Paris. Attiré par entre sa ville natale et la Californie. Il étudie le piano l’informatique musicale et les nouvelles technologies, il a puis se tourne vers la percussion après avoir entendu le suivi le cursus de composition et d’informatique musicale de batteur Kenny Clarke accompagner Milles Davis. Il obtient l’Ircam en 2005. Dans ce cadre, il a composé Big Bang pour une licence de philosophie en 1957 et approfondit sa alto et électronique en temps réel. De 2005 à 2007, il est connaissance de l’histoire de la musique en assistant compositeur en résidence à la Casa de Velázquez à Madrid, aux cours de William Austin. A New York, il étudie la et reçoit le soutien d’institutions telles que la fondation composition avec le jazzman Hall Overton, puis avec Nadia et Lili Boulanger, le gouvernement colombien, William Bergsma et Vincent Persichetti à la Juilliard School l’Académie Villecroze, les fondations Meyer, Tarrazi et (1958-1961) où il fait la connaissance de Philip Glass. Legs Saint-Paul et se voit remettre le prix Georges Il retourne en Californie au Mills College où il étudie la Wildenstein de l’Académie des Beaux-Arts. composition avec Milhaud et Berio, rejette le sérialisme Son œuvre embrasse tous les genres, de la musique mais s’imprègne du jazz modal de Coltrane. En 1964, il de chambre à l’orchestre, avec ou sans électronique. participe à la création de la pièce répétitive In C de Terry Elle est jouée dans le monde entier. En 2013 a paru un Riley qui influence fortement son approche de la musique premier disque monographique consacré à sa musique répétitive. de chambre. Il fréquente le San Francisco Tape Music Center et compose La dernière œuvre de Luis-Fernando Rizo-Salom donnée ses premières œuvres pour bandes magnétiques dont It’s en création a été les Quatre pantomimes pour six par Gonna Rain (1965) fondé sur le principe du déphasage l’Ensemble Court-Circuit dans le cadre du Festival graduel qu’il adaptera ensuite aux pièces instrumentales. ManiFeste de l’Ircam, le 19 juin 2013. Rythmes syncopés Il fonde en 1966 son propre ensemble, le Steve Reich and et énergie vitale caractérisent cette pièce, dans laquelle Musicians, découvre la musique indonésienne, fréquente le violoncelle utilise tous les modes de jeux possibles, les plasticiens de sa génération tels que Sol LeWitt et avec des glissandos de cor qui lui donnent sa dimension Robert Smithson, et se produit à la Park Place Gallery en ludique. 1966 et 1967. Il incarne alors la branche musicale du Luis-Fernando Rizo-Salom est mort d’un accident de deltaplane. minimal art dont la pièce emblématique, Pendulum Music, à mi-chemin entre sculpture sonore et performance, sera créée en 1968 par lui-même et le peintre William CHRISTOPHER ROUSE Wylie. En 1969, Steve Reich et Philip Glass travaillent quelque temps avec Moondog qu’ils proclament alors Né en 1949 à Baltimore, Christopher Rouse s’intéresse à « fondateur du minimalisme ». Drumming, pour diverses la fois à la musique populaire et à la musique savante. percussions et voix, est le stade ultime de raffinement de Il est diplômé du Conservatoire Oberlin et de la Cornell la technique de déphasage et la première apparition de la University, et a notamment travaillé avec George Crumb substitution des battements aux silences. et Karel Husa. Il a lui-même enseigné l’histoire du rock à Il collabore avec la danseuse et chorégraphe Laura Dean, l’Eastman School of Music, où il a aussi été professeur de puis travaille la technique des gamelans balinais. De cette composition, et enseigne cette dernière discipline à Juilliard période datent Six Pianos (1973) puis Music for Eighteen School. Depuis 2012, il est compositeur en résidence au Musicians (1976). En 1974, il rencontre sa future épouse New York Philharmonic. Beryl Korot grâce à qui il redécouvre le judaïsme, apprend Ses œuvres ont été interprétées par les meilleurs l’hébreu et étudie à New York et à Jérusalem les formes orchestres. La Première Symphonie (1986) lui fut traditionnelles de cantillation des textes sacrés hébraïques commandée par le Baltimore Symphony Orchestra. dont Tehillim (1981) sera l’écho. L’œuvre, composée sur La Deuxième est issue d’une commande de Christoph des psaumes bibliques – tout comme Desert Music (1984) Eschenbach pour le Houston Symphony. Son Concerto sur des écrits de William Carlos Williams –, témoigne d’un pour flûte (1993) est riche d’inspirations celtiques, son nouveau désir de Reich de travailler sur des textes. À la Concerto pour trombone est l’une des rares partitions fin des années quatre-vingt, Reich emploie à nouveau les écrites pour ce type d’instrument. Christopher Rouse bandes magnétiques notamment dans Different Trains, aime d’ailleurs beaucoup écrire des concertos. On pour quatuor et bande. lui doit aussi un Concerto pour violon (1991) créé par Sa musique s’est progressivement éloignée du Cho-Liang Lin, un Concerto pour violoncelle (1994) créé 33 par Yo-Yo Ma et David Zinman à la tête du Los Angeles Philharmonic, et le concerto pour guitare Concert de Gaudi JAVIER TORRES MALDONADO composé pour Sharon Isbin. Un enregistrement de quatre Javier Torres Maldonado est né à Chetumal (Mexique) en de œuvres (Concerto per Corde, Rotae Passionis, Ku-Ka- 1968. Son travail montre clairement l’idée d’intégration Ilimoku et Ogoun Badagris) permet de se faire une idée totale entre les techniques de composition strictes de l’art d’un compositeur à qui on doit aussi un cycle de et les possibilités offertes par les nouveaux moyens mélodies intitulé Kabir Padavali, composé pour la soprano technologiques. Il a étudié le contrepoint, la fugue et la Dawn Upshaw sur des textes du poète indien du XVe siècle composition au Conservatoire national du Mexique avec Kabir. José Suárez (lui-même élève de Domenico Bertolucci, Maître perpétuel de la Chapelle Sixtine à Rome, ainsi que du grand organiste italien Fernando Germani), et SEAN SHEPHERD au Conservatoire de Milan, avec Alessandro Solbiati et Sandro Gorli. Né à Reno (Nevada) en 1979, Sean Shepherd a étudié Élève de Franco Donatoni, il s’est perfectionné aussi la composition et le basson à l’Indiana University, avec avec Ivan Fedele (Premier Prix, Conservatoire national notamment Claude Baker, David Dzubay et Kim Walker. de Strasbourg) et Azio Corghi (Académie nationale Il s’est perfectionné à la Juilliard School avec Robert de Santa Cecilia de Rome). Il a étudié la musique Beaser. Il a récemment été compositeur en résidence du électroacoustique au Conservatoire de Milan et à l’Ircam Cleveland Orchestra, formation qui a créé son Tuolumne (stage d’informatique musicale). en avril 2013, sous la direction de Franz Welser-Möst. Auteur de plus de cinquante œuvres écrites pour Parmi ses œuvres récentes, on citera aussi Magiya et, les meilleurs interprètes spécialisés dans la musique écrit pour le New York Philharmonic et Alan Gilbert, contemporaine (Quatuor Arditti, Quatuor Danel, Ensemble These Particular Circumstances. Sans oublier Blue Blazes, 2e2m, Ensemble Orchestral Contemporain, Nouvel commande de Christoph Eschenbach pour le National Ensemble Moderne, Ensemble Aleph, Mario Caroli, Pascal Symphony Orchestra, Blur (2012), pour l’Ensemble Contet, Armand Angster, Carlo Chiarappa), le seul genre Intercontemporain et Susanna Mälkki, le Quatuor pour musical qu’il n’a pas encore abordé reste l’opéra. hautbois et cordes (écrit pour Liang Wang, hautboïste du Ses œuvres ont reçu des prestigieux prix internationaux. New York Philharmonic). Par ailleurs, Sean Shepherd a Très actif comme professeur dans le domaine de la été de 2010 à 2012 compositeur en résidence du Reno composition et les nouvelles technologies, il a été Philharmonic, ce qui lui a permis de composer Silvery Rills titulaire de la classe de composition électroacoustique au et Desert Garden. Conservatoire de Milan et occupe actuellement le même Il a tenu des masterclasses à Tanglewood (2005) et Aspen poste au Conservatoire d’Alexandrie en Italie. (2006), et fut en 2007 invité pour une residence par la Fondation Camargo à Cassis (France). Sean Shepherd vit à New York. CHRISTOPHER TRAPANI

Christopher Trapani est né à la Nouvelle-Orléans en 1980. JANUIBE TEJERA Il est diplômé de Harvard University et du Royal College of Music de Londres, où il a obtenu un Master sous la Né en 1978, issu d’une famille de gens de théâtre il direction de Julian Anderson. En 2003 il s’installe à Paris, commence la composition en autodidacte avec la musique où il passe quatre ans dans la classe de Philippe Leroux et de scène puis peu à peu formalise son travail en devenant dans le cadre d’une résidence à la Cité Internationale des élève de Flávio Oliveira et Celso Loureiro Chaves (Brésil) et Arts. Après un séjour d’un an à Istanbul, où il bénéficie de Gérard Pesson (France) au Conservatoire National de d’une bourse Fulbright pour étudier la microtonalité dans Paris, dont il sortira avec un Premier Prix de composition la musique classique ottomane, il retourne à Paris en en 2011. Dans son parcours, son travail a été reconnu en septembre 2008 pour intégrer le cursus d’informatique diverses occasions par des bourses, prix et commandes. Il musicale à l’IRCAM. Depuis 2010 Christopher poursuit un a suivi en 2013-2014 le cursus de l’Ircam. doctorat à Columbia University à New York. Hors son activité de compositeur, Januibe Tejera a été En 2012 Christopher rentre à Paris pour travailler à l’Ircam directeur artistique du Festival Contemporanea-RS de dans le cadre d’une résidence en recherche musicale. 2003 à 2010, et organisateur de divers événements au Christopher a reçu de nombreux prix: le Gaudeamus Brésil. Actuellement, il enseigne la composition musicale Prize pour Sparrow Episodes (2007), Leo Kaplan Award électroacoustique dans le cadre du Master musique et de ASCAP pour Üsküdar (2009), le Bearns Prize de la informatique de l’Université Paris-Est de Marne-La-Valle. Columbia University (2006), ainsi que des prix des jeunes En 2014 ont lieu à Paris les créations de Je t’ai parlé en compositeurs (Ascap, BMI). Ses œuvres sont interprétées songe (Ircam) et de Paysage sous surveillance (Ensemble par des ensembles tels que le Nouvel Ensemble Moderne, SoundInitiative). Octobre a vu la création, par l’Ensemble l’Ensemble L’Itinéraire, le Nieuw Ensemble, l’Asko Ictus, du spectacle Genesi au festival Milano Musica. Ensemble, l’Argento Ensemble, l’Ensemble Dal Niente, Des enregistrements de sa musique sont disponibles sur etc. En mars 2011, sa musique figure dans un concert les labels Blue Note, Petrobras et sur les disques de la monographique au Royal Festival Hall de Londres sur la fondation Meyer. série Music of Today du Philharmonia Orchestra. Parmi ses projets à venir se trouvent une création pour Atlas Ensemble plus électronique (en collaboration avec Experimentalstudio des SWR) qui sera créée à Amsterdam (Atlas Festival) et Helsinki (Musica Nova), une nouvelle

34 œuvre pour deux pianos et deux percussions pour Yarn/ rires, larmes de crocodile), Pulau Dewata (pour ensemble, Wire à New York (dans le cadre du Julius F. Ježek Prize), un 1977), Shiraz (pour piano, 1977), Paramirabo (pour quatuor à cordes pour JACK Quartet, commandé par le 4 instruments, 1978), Zipangu (1980, pour orchestre Wigmore Hall à Londres, ainsi qu’une résidence au Grame à cordes), et 4 œuvres majeures pour voix et orchestre en tant que lauréat de New Forum Jeune Creation, où se : Lonely Child (1980, pour soprano et orchestre de prépare une nouvelle œuvre pour l’Ensemble Orchestral chambre), Kopernikus (1980, opéra, non écouté), Prologue Contemporain et électronique qui sera créée à Berlin pour un Marco Polo (1981, non écouté au concert), Wo (Festival Ultraschall), Anvers et Lyon (Biennale Musiques bist du Licht ? (1981, pour mezzo-soprano, percussion, 20 en Scène) en 2014. cordes et bande magnétique).

HEBERT VÁZQUEZ GÉRARD ZINSSTAG

Né à Mexico en 1963, Hebert Vázquez fut l’élève de Mario Né en 1941 à Genève, le compositeur suisse Gérard Lavista au Conservatoire national de sa ville natale. Il a Zinsstag a successivement étudié à Genève, Paris, Sienne, étudié la composition avec Leonardo Balada et Lukas Foss, Zurich et Hanovre. et la musique électronique avec Reza Vali à la Carnegie Après une vie itinérante à travers l’Europe, il est engagé Mellon University (Pittsburgh), puis a étoffé sa formation comme flûtiste en 1967 à l’Orchestre de la Tonhalle de à l’Université de Colombie britannique (Canada). Il a Zurich dont il démissionne en 1975 pour se consacrer reçu plusieurs récompenses et est membre du Sistema exclusivement à la composition, d’abord auprès de Hans Nacional de Creadores de Arte. Depuis 2000, il enseigne Ulrich Lehmann, ensuite comme élève privé d’Helmut à l’Université de Morelia. Ses œuvres ont été enregistrées Lachenmann à Stuttgart puis à Hanovre. En 1976-1978, par le Quatuor Arditti, Norio Sato, Juan Carlos Laguna, il participe activement aux cours d’été de Darmstadt, et l’Ensemble Onix ensemble, l’Ensemble 3, Gonzalo Salazar, séjourne quelque temps à San Francisco en 1979 chez le etc. Il a écrit plusieurs articles sur la musique atonale et a compositeur Richard Felciano à New York. publié les livres Fundamentos teóricos de la música atonal La même année a lieu la création de Foris pour deux (2006) et Cuaderno de viaje: un posible itinerario analítico orchestres, au Festival de Donaueschingen. En 1981, il est en torno a Simurg y Ficciones de Mario Lavista (2009). invité à séjourner à Berlin dans le cadre du DAAD, où il rencontre Gérard Grisey qui bénéficie de la même bourse. De retour de Berlin, il suit un stage en 1982 à Paris (Ircam). CLAUDE VIVIER Pour lutter contre la morosité de la vie musicale contemporaine en Suisse, il fonde en 1986, avec Thomas Claude Vivier est né en 1948 à Montréal, et décédé en Kessler, les Tage für Neue Musik, le premier festival du 1983 à Paris, sauvagement assassiné à trente-cinq ans, genre en Suisse. En 1990 il est l’un des invités d’honneur sur le parvis d’une église, dans des circonstances dignes (avec Zygmunt Krauze) du Printemps de Léningrad. La de Pasolini. ville de Zurich lui accorde en 1991 la bourse annuelle de Il vit une enfance chaotique (de parents inconnus, il est compositeur (Werkjahr). Edison Denisov l’invite en 1994 adopté à trois ans par une famille modeste, il passe de à présenter ses œuvres à Moscou auprès des étudiants nombreuses années au séminaire avant d’en être expulsé) ; du célèbre Conservatoire Tchaïkovski, où il retournera il étudie la composition avec Gilles Tremblay et le piano avec plusieurs fois pour des concerts et des conférences. Il se Irving Heller au Conservatoire de Montréal (1967-1970), lie d’amitié avec Vladimir Tarnopolsky qui anime la scène puis travaille en Allemagne avec Karlheinz Stockhausen musicale moscovite avec une inlassable ardeur et qui lui (et aussi avec Gottfried-Michael Koenig et Hans Ulrich offre, grâce à son ensemble, la possibilité d’exécuter ses Humpert dans le domaine de l’électroacoustique), et en œuvres. France avec Paul Méfano (1974). Il pratique l’orgue et le On lui doit notamment : trois quatuors à cordes, un piano. opéra (Ubu cocu), une épopée (Gilgamesh), des pièces En 1976-1977, il effectue un séjour en Asie (Japon, pour orchestre avec ou sans solistes, des pièces pour Iran, Java et surtout Bali), ce qui enrichit son imaginaire ensemble de formations très différentes (avec ou sans (compositions titrées de nom de villes à l’orthographe électronique) et pour instruments. Ses œuvres ont été incertaine)... Premières œuvres significatives (plutôt post- jouées par des orchestres symphoniques renommés sérielles) : Chants (1973, pour 7 voix de femmes, non (Hambourg, Stuttgart, Berlin, Mannheim, Baden-Baden, écoutée au concert), Lettura di Dante (1974, pour soprano Paris, Moscou, Vienne, Genève, Zurich, Bâle) et par et ensemble). Instrument pratiqué : piano, orgue. des ensembles européens (InterContemporain, 2e2m, Claude Vivier est un compositeur de l’urgence créatrice l’Itinéraire, Ex Novo, Collegium Novum, Court-Circuit, (plus de 40 œuvres en 15 ans) ; son intérêt pour la musique Athelas Sinfonietta, Klangforum, Divertimento Ensemble, vocale et pour les thèmes de l’enfance, de la mort, de Ensemble ASM de Moscou) l’immortalité mystique sont des clés de sa personnalité, en Gérard Zinsstag vit en alternance à Zurich et à Villeneuve- même temps qu’une obsession maladive pour la mort et lès-Avignon. pour le rêve (comme échappement). Sa musique, à la fois complexe et accessible, est claire et tourmentée (interrogations), et d’une troublante émotion (romantique, hédoniste), portée par une synthèse sériel- spectral et l’amalgame de sons extra-occidentaux, avec une belle alchimie de timbres… Pièces emblématiques (sur un total de 48) : Love Songs (1977, pour un chœur de 12 enfants théâtralisé, avec sifflements, multilinguisme, 35 INFORMATIONS PRATIQUES

TARIFS DES CONCERTS

Vendredi 6 février 20 h 15 € Samedi 7 février, 20 h 15 € Lundi 9 février, 20 h gratuit Mercredi 11 février, 20 h 5 € Jeudi 12 février, 20 h 15 € Vendredi 13 février, 20 h 15 € Samedi 14 février, 11h de 7 € à 12 € Samedi 14 février, 20 h 5 € Lundi 16 février, 20 h 15 € Mardi 17 février, 20 h 10 € Mercredi 18 février, 20 h 5 € Jeudi 19 février, 20 h 15 € Vendredi 20 février, 20 h 10 € Samedi 21 février, 20 h 15 €

GRATUIT POUR LES - DE 28 ANS

INFORMATIONS & RÉSERVATIONS

Par internet www.maisondelaradio.fr

Par téléphone 01 56 40 15 16 du lundi au samedi de 10h à 18h

Au guichet Maison de Radio France 116, avenue du Président Kennedy Paris 16e

CONTACT PRESSE Opus 64 / Valérie Samuel & Sophie Nicoly 52, rue de l’Arbre Sec - 75001 Paris T 01 40 26 77 94 @ [email protected]

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91.7 FM

Musiques d’aujourd’hui Alla Breve, du lundi au vendredi, à 11h55, 15h55, minuit et le dimanche à 23h30 Les Lundis de la contemporaine, le lundi à 20h Label Pop, lundi à 22h30 Aventures sonores, le mardi à 22h30 Le Cri du patchwork, le samedi à 16h A l’Improviste, dimanche à 23h © Christophe Abramowitz/Radio France

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