Joe Dassin. Inconnu Et Fascinant
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JOE DASSIN inconnu et fascinant DLE-20101008-51404 2010-242021 Remerciements à Jean Davoust, éditeur de Musique en ligne, pour son aimable collaboration. Photo de couverture : Juin 1970, sur la plage de Cork (Irlande) © Bernard Leloup Edition révisée et augmentée du livre Cher Joe Dassin (1987, Editions Carrère) Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. © Editions Aug. Zurfluh, 2010 ISBN : 978-2-87750-165-1 N° d'éditeur : AZ 1856 Dépôt légal : 876 III 2010 Maryse Grimaldi Jacques Plait JOE DASSIN inconnu et fascinant ZurfluH • éditeur Michel Drucker et Joe à la Défense, Pentecôte 1980 (dernière émission radio de Joe) Préface Quand on le voyait sur scène, on avait l'impression que tout était facile pour lui. Son élégance naturelle, sa silhouette d'éternel étudiant, sa voix unique, tout dégageait chez Joe Dassin ce qui s'appelle tout simple- ment le charme. Mais cette facilité était trompeuse. De tous les artistes que j'ai ren- contrés, dans ma déjà longue carrière, il fait partie de cette catégorie de perfectionnistes, qui mettaient beaucoup de temps avant de choisir un texte et la mélodie qui va avec. Ses auteurs, Pierre Delanoë, et bien sûr Claude Lemesle, ont souvent « remis vingt fois l'ouvrage sur le métier ». Mais une carrière ne se fait pas seul. Dans « la Fleur aux dents », l'une de ses plus grandes chansons, Joe Dassin chante : « Il y a les filles dont on rêve et celles avec qui l'on dort. Il y a les filles qu'on regrette et celles qui lais- sent des remords. Il y a les filles que l'on aime et celles qu'on aurait pu aimer. Puis un jour il y a la femme qu'on attendait ». La femme que Joe attendait s'appelle Maryse. Elle fut Mme Joe Dassin pendant treize ans, les treize années les plus importantes de sa carrière, au cours desquelles il a créé ses plus grands succès. En 1987, sept ans après sa mort, Maryse Grimaldi, a écrit ce livre avec Jacques Plait, qui fut son « directeur de carrière ». Dans cette réédition, vous découvrirez toute l'histoire de ses débuts, qui ne furent pas si faciles, jusqu'à la fin tragique d'une vie trop courte. Rappelons que Joe Dassin est mort à 42 ans... Ce livre est un document, parce qu'il est écrit par les deux personnes les plus légitimes pour parler de cet artiste hors normes. Joe Dassin ne mourra jamais, parce que ses chansons sont éternelles. Michel Drucker (Maryse) LA SAUVAGEONNE Je suis née Maryse Massiéra ; je suis Niçoise. J'ai passé toute mon enfance à Nice, d'abord à l'école communale Pauliani jusqu'à la 6e, puis au lycée Foch, A l'époque, Nice était une charmante petite ville de province : très peu de circulation, des fleurs partout, le calme absolu et la tiédeur provençale. Nous, les enfants, vivions librement dans la rue. Nous habitions devant le Paillon (un petit ruisseau, maintenant recouvert d'immeubles et de parkings) au pied de la colline de Cimiez, quartier résidentiel où il n'y avait que des villas et des jardins, dans lesquels je cueillais des roses et des mimosas. J'ai eu une enfance merveilleuse. A douze ans, ma première bicyclette a changé ma vie. Grâce à elle, j'ai commencé à faire du basket à l'autre bout de la ville. Et, à partir du mois de mal, je partais me baigner et faire du pédalo à 7 heures du matin, avec mes copines avant d'entrer au lycée à 8 h 30, les cheveux trempés, dans une joyeuse bousculade. Quelle vie de rêve ! J'étais la dernière d'une famille de cinq enfants : deux frères et deux sœurs. Je suis arrivée huit ans après le dernier-né. J'étais la petite gâtée. Mes parents étaient très unis ; ils m'ont toujours donné l'image d'un couple heureux sans problèmes. Toutes nos vacances se passaient dans l'arrière-pays niçois, à Luceram, un adorable petit village provençal. Mes grands-parents étaient paysans. Ils avaient une maison dans le village avec des « campagnes » où ils cultivaient le blé et les oliviers. Dans une de ces campagnes, il y avait un vieux mas en ruine où on se réfugia pendant la guerre. On y vécut trois ans en autarcie totale. C'était la vie rêvée. On vivait au rythme des saisons. Je jouais à Manon des Sources : je courais les collines et ramassais des herbes et des plantes, que j'appris à connaître par coeur. Je me lavais et me baignais dans le ruisseau du vallon. Il n'y avait ni électricité, ni radio, ni télé. Nous faisions notre pain dans un four à bois avec notre blé. Cette belle vie ne dura hélas que jusqu'à quinze ans. « Chat », ma soeur aînée qui s'était mariée et vivait à Paris, estima que je ne pouvais rester une sauvageonne toute ma vie. Elle décida mes parents de me laisser « monter » à Paris et, « pour mon bien », elle me mit en pension dans un établissement très renommé de bonnes soeurs. Ce fut l'horreur. J'avais perdu d'un coup le soleil, la liberté, le confort, la chaleur de la famille, la bonne chère, pour me retrouver en « prison ». J'étais dans un ancien couvent avec d'immenses salles sinistres, des couloirs sans fin, le tout d'une grande tristesse. Un superbe parc entou- rait ces bâtiments, mais nous n'avions pas le droit d'y aller. Du lever au coucher, on nous surveillait et on nous disait tout ce que nous avions à faire. Quel réveil ! Je devais y passer un an et demi : la pire époque de ma vie... J'en sortis traumatisée... J'attrapais angine sur angine. J'avais tellement froid que je gardais tout le temps mon petit calot sur la tête et je croulais sous les pull-overs. Mais rien n'y faisait. Je claquais des dents en permanence. Le soir, je m'endormais gelée entre deux blocs de glace. Le matin, je me réveillais toujours frigorifiée... Dieu que j'ai eu froid ! Quand j'y pense, je le sens encore... A Paris les hivers n'en finissent plus. Ou étais-tu passé mon cher soleil ? Dans ce couvent régnait une atmosphère très XIX siècle. Tout était tabou. Nous devions nous habiller et nous déshabiller à quatre pattes derrière nos lits et recouvertes de nos robes de chambre. Essayez ! Vous verrez comme c'est facile ! L' hygiène : idem. Notre salle de bains était réduite à un robinet d'eau froide qui coulait dans une mangeoire. Tous les matins on se lavait, habillées, uniquement la figure et les mains. Une fois par semaine, les pensionnaires avaient droit à une douche. Je vous laisse à penser dans quel état de saleté se trouvaient toutes ces jeunes filles de bonne famille ! Tout cela devait mal finir ; c'est ce qui arriva. Comme beaucoup de jeunes filles, je tenais un journal. Un soir, une bonne sœur voulut me le prendre. Ce fut la bagarre : je m'y agrippais... elle tirait de son côté... mais j'étais la plus forte. Elle me donna des gifles... je les lui rendis... devant les regards effarés des élèves ! Le lendemain, j'étais convoquée chez la Mère supérieure qui me fit comprendre qu'après un tel acte de rébellion j'étais mise à la porte. Je pris un air contrit... mais, au fond de moi, j'étais ravie ! J'atterris dans une autre pension de bonnes soeurs, mais celles-là très tolérantes, près du jardin du Luxembourg. Je retrouvais la joie de vivre. Je n'étais plus dans un dortoir mais, luxe suprême, dans « ma » chambre, dans l'école, où le soir je pouvais lire, écouter la radio, avec un chauffage qui marchait nuit et jour. Après le bac, je passais mes vacances à Nice ou je retrouvais avec joie tous mes amis. En octobre, je me retrouvais de nouveau à Paris ; je décidais d'aban- donner mes études (qui d'ailleurs n'avaient pas commencé !) Je m'installais avec une copine dans un petit appartement. Je commençais ma vie d'adulte, en Niçoise « cool », sans faire grand-chose, mais en pensant que je rattraperais plus tard le temps perdu (je ne croyais pas si bien dire). Je passais deux mois aux sports d'hiver avec ma soeur, puis quatre mois d'été sur la Côte avec mes parents... la belle vie, quoi ! J'étais très courtisée. J'avais un tas de « chevaliers servants ». On n'avait pas encore découvert l'égalité des sexes, ni les droits de la femme. Aussi des jeunes gens très bien m'emmenaient dîner dans de grands restau- rants et m'envoyaient des bouquets de fleurs le lendemain. Je dois dire que j'ai toujours adoré la bonne cuisine. Je sortais tous les soirs dans les boîtes à la mode : chez Castel, Régine, François Patrice. Je rencontrais beaucoup de jeunes gens charmants, mais je n'avais envie d'en épouser aucun. Juin 1965, Bois de Boulogne, à l'occasion de la sortie du 2 disque (Maryse) JEANNE ET LE PIRATE Eddie Barclay ne le sait pas, mais c'est grâce à lui que j'ai rencontré Joe la première fois ! C'était le vendredi 13 décembre 1963, à l'occasion de la sortie d'un film Un Monde fou fou fou. Barclay donnait une soirée costumée au Pavillon d'Armenonville, un grand restaurant du bois de Boulogne. J'étais invitée, mais je n'avais pas envie d'y aller. A 8 heures du soir mon amie Aïda m'apporte un costume de Jeanne d'Arc en me disant : « Maryse, tu m'accompagnes que tu le veuilles ou non ! » Je me laisse faire et je passe le costume que je vais essayer de vous dé- crire : imaginez un collant-justaucorps de couleur chair et une cotte de maille argent, avec sur les épaules des espèces de piques qui se dressaient vers le ciel.