Forets De Chatel-Gerard Et De Saint-Jean
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43?Ç9+ 1 b544 (Exliiiii de J.-j,,uua/rc de 1 Yonwe, année 1861). FORÊTS DE CHATEL-GERAIÔ ET DE SAINT-JEAN. j - Les chSnes nt aussi leurs aïeux; ils se rliit au pasé par une suite non interrompue de générations: - Les forêts ont donc aussi leur histoire comme les hommes et les monuments, lustoiremodeste sans doute, mais qui pour être complète demanderait encore un grand développement. Pour nous, qui ne saurions nous piquer dérudition, nous ne prendrons la question que par son côté facile et léger, heu- -roux de pouvoir parfois découvrir quelques détails intéres- sants. - A des âges antérieurs à toute histoire, les forêts et les déserts qui devaient un jour fûrnner la Fiance étaient occupés par les Gaulois, uo premiers ancêtres, race illustre, issue de VArie primitive et qui, après avoir laissé partout les traces de son passage, fit plus dune fois pâlir le génie naissant de la ville éternelle. Une branche de cette grande famille, les Celtes •(l) Paraissent , avoir occupé nos pays et malgré de nombreuses invasions, malgré les mélanges, successifs, malgré les luttes incessantes de peuplades barbares, ils surent sy maintenir ou y gardant leur indépendance et leur indestructible person milité. Sous l'influence comnerciale des Phocéens et dés Phéniciens, ils apprirent à cultiver la terre, à construire des vaisseaux, à bâtir des cités jusquà ce que, conquis par ces terribles Romains quils avaient jadis tant effrayés, ils fussent à leur tour obligés de céder et de déposer ces moeurs féroces, empreintes de la liberté de leurs sombres forêts. Si nous voulons jeter un regard rétrospectif de deux mille ans sur lhumble coin de terre qui nous occupe, nous verrons (I) KeIÉs, hommes de forêts, du Gaêtique; Coelte (forêt). e Ç(MJBLiOTHEQUE, - ..... Document r II Il U Il li III 11H III 11111 liii! Ii II II (I II III 1111111 11111111 II - , une immense étendue de terrains boisés ait appàraîlra de distance en distance un petit groupe dhabita- tions. Nousy reconnaîtrons clairement le noyau des villages dAisy, Bieriy (I), Sauligny, Marmeaux, Annoux, Sarry, Soulangv, Châtel-Gérard....cest-à-dire que nos contrées étaient Mors occupées à peu de chose près comme elles le sont aujourdhui. Les vestiges romains et même celtiques que lon y rencontre partout sont pour nous la preuve la plus certaine de cette assertion et quelques-unes de' ces trouvailles ornent -encore maintenant quelques musées et collections particulières (2). - Les territoires habités et cultivés nétaient alors, il est vrai, que dune trèspetite.étendue et lès familles nensemençaient que ce quil fallait-pour subvenir à leurs besoins; elles avaient soin de sétablir le pins souvent auprès de fontaines et de sources abondantes comme h Bierry, Marmeaux, Aisy, Elivey, Sanvigne, etc.; dautres se trouvaient séduites par la richesse dun sol qui promettait dêtre fertile ; ce nest que Petit à petit-que ,le sol lut défriché, cultivé, ensemencé. Il nous importe dabord dc voir comment ces vastes forêts se réduisirent par des (lélrichenionts et des concessions succes- sives à létat 0111 nous.les trouvons aujourdhui. il. t) Ù V ItICIIE M EN TS ,Les premiers colons que lhistoire nous signale,appaiais- L sent avec les établissements monastiques. - Quand saint Jean, fis du sénateur Marins et de sainte Quiète vint avec cieux de ses disciples, en lan 25, fonder dans le lieu appelé Réôme la- première et - lune des plus illustres abbayes de Bourgogne, !es . chênes séculaires de la forêt tombèrent sous la cognée des religieux. ;Les moines de iIoustier-Saiut-Jean. senrichirent bientôt par les donations de rios premiers rois qui depuis dons leur firent dimmenses -(1) .Aujourdhui Anstrude. Nous citerons entre autres trouvailles lamphore découverte à - Aisy -lors de la construction du chemin de fer do Lyon cette am- phore a été déposée au musée dé Semur. - MM. de Louvois et de Tanlay possèdent de belles -médailles trouvées sur,lOE territoire de châtel-Cérard, etc. - concessions (1); Ils possédaient déjà antérieurement à lépo- que féodale les bois des Granges que les plus anciens litres désignent sous le nom de Granges OIatdes. Or les Ohaies ou Ovales (2) formaient sous les Celtes une classe de Druides chargée des principaux sacrifices de la religion ; de plus, les Druides possédaient de grands domaines dans Avallonnais, comme le dit lauteur de lhistoire du Morvand. Il est possible quaprès la fondation de labba ye de Mousiier-St-Jean ou ait donné aux nouveaux religieux les propriétés des anciens mi-. nistres de la religion déchue cette conjecture peut expliquer la possession des bois des Granges (3) et même des bois Saint-Jean pour labbaye. Ces granges ou établissements agricoles furent établies par les moines qui les faisaient cultiver par des frères convers; mais quand les bras nécessaires à cette exploitation devinrent Plus rares, on transforma de nouveau ces terrains labourables en terrains boisés. Quoique nous nayons aucune date posi- tive, nous pensons que cette transformation eut lieu vers le dixième siècle. Les ruines et les fléaux dont les Normands furent les avant-coureurs virent disparaître une nombreuse population rurale. Lapproche de lan 1000, en frappant les peuples de terreur, leur fit négliger toute espèce de travaux agricoles: le sol devint inculte et les forêts envahirent les terres. Cest à cette époque que, selon toute apparence, les Granges Obatees cessèrent détre habitées et mises en cul- ture; il estprouvé que le reboisement était déjà effectué en lan 1100 (4.). Il était temps que les disciples de saint Benoît arrivassent avec la ferveur du douzième siècle pour faire changer ce triste état de choses et cest à eux surtout que lon dut alors la colonisation des campagnes. Le hameau des Souillais (5) ne date guère que de cette époque; on le désignait -sous le nom de Grange des Souillats (1) La première charte donnée par Clovis à Moustier-Saint-Jean date de 497. (2) Le changement du b en s est fréquent dans les langues celti- ques. Nous avons remarqué la même dénomination obatées dans un climat du Morvand, près labbaye de cure. (3) Aujourdhui bois des dix-sept communes. (4) On peut encore voir dans certains endroits des amas informes de ruines provenant danciennes constructions. (5) Rameau de la commune dAnstrude. il ie se composait encore que de quelques fcrme il y a trois siècles. Si quelques seignmirs laïcs se prêtèrent dassez mauvaise Fâce à celte colonisauoii tiâns la crainte de voir diminuer létendue de leurs chases, il en est qui favorisèrent au con- traite cet heureux niouvèiitent; lc sires de Moniréal sont de ce nombre dans les chartes qui Curent délivrées aux religieux (le Vausse, on trouve les concessions de terrains (lui leur futent. fai tes soit au-tour de leur monastère, soit près (lela fetdie dès llanneanN. Le même fait se vérifie iour dautres lochlités et pour dautres maisons féodales. iXèus voulons bien accorder aux moines du dozième siècle là meilleure part de linfluence colonisatrice, mais il ne faudrait pas être injuste à légard dés seigneurs laïcs. Si les tràvhilleurs hbônient, si le recrûtenienides moines devenait de plis on pins facile, cétait grâce à la libéralité des sei- gneùis qui leur donnaient Lde quoi subvenir à leurs besoins: par le fait, le ftiôine était le colon, niais le seigneur doit aussi avoir sa part dans lhonnéur de lentreprise. Aux qïiatorzième etqûinzièmc siècles deux causés majeures hmènent la décadence çlé lagriculture. Dfhùrd là société qui tedd à se séculariser lui- ehlèsè un grand nombre de bras; puis, les-guerres t1ésastiduseet cônui:nuelles (les Anglais, les incendiés, les pillages, les fléaux • de toutes sorik -réduisent les asans à un tel état dé pauvreté quil leur est presque impossible densemencer les terres dont la récolte est le plus sèùveni laprbie de lennemi (I). ,Mais àussitôt ajrès leslu ites entre la France et lÂnleterre, après les -guerres civiles des Bourguignons et des Armagnacs et surtout après la réunion de la Bourgogne -à la France, laccroissement de la population fut rapide dans nos pays lagriculture saméliora dune façon étonnante. Les champs eu partie incultes depuis près dun siècle, envahis auparavant (t) Lhistoire de lagriculture comme celle de la statistique est, on le conçoit, Intimement liée â lhistoire proprement dit3 : la connais- sance des périodes de paix ou de guerres, du système administratif, est dans tous les ea dun grand secours. Il y n généralement un point darrêt dans lagriculture après une période de guerres ou une suite de fléaux, de màEùé quo la statistique accuse une diminution notable de population. par les ronces et les épines, sont mis en façon et ensemncés dimmenses défrichements sont entrepris de toutes parts pour suffire à la tonsommation croissante. A aucune époque lagriculture ne reçut une plus rapide, une plus vive impulsion (4) nous regrettons de ne pouvoir franchir les limites que nous nous sommes imposées dans ce travail, mais, sans sortir de ce cadre restreint, nous pourrons encore Constater cet élan et cette ardeur qui ne précédèrent la Renaissance que de quelques années. - Lagriculture eut, elle aussi, so it de renaissance. Etivoy, Sanvigne, Fierry, Marmeaux, Châtel-Gérard, J , Soulangy, etc... nous-voyons les habilants deuianïer aux seigneurs des concessions de territoire pour les niecfre en culture. En 1485 Guyot de la Lande, Clande de Ragny et Jean de Chargere, co-seigneuis de Bierr y, considérant létat de pauvreté des habitants du lieu, le peu de facilité quils avaient de nourrir leurs bestiaux dans un pays sec, stérile et dun territoire restreint, leur accordèrent géréreu sein ent une par- iicipation dans la jouissance des droits dusage des forêts dépendant de la justice de Biery avec réserve dans ceux (le Cliassenet cule la Fori elle (2). Il fut permis à mus les habitants tenant feu de défricher, moyennant dix deniers tournois, la quantité de terre quils voudraient dans ces bois dusage.