Henniez : de la source guérisseure à la mise en bouteilles industrielle

Autor(en): Auberson, Laurent

Objekttyp: Article

Zeitschrift: Kunst + Architektur in der Schweiz = Art + architecture en Suisse = Arte + architettura in Svizzera

Band (Jahr): 49 (1998)

Heft 1: Thermen = Thermes = Terme

PDF erstellt am: 26.09.2021

Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-650301

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http://www.e-periodica.ch Laurent Auberson

Henniez. De la source guérisseuse à la mise en bouteilles industrielle

Au consommateur moyen que nous sommes, somptueuse majesré des paysages que peuvent Henniez est toujours apparu comme une sorte offrir certaines stations alpines et même si les de paradoxe dû à la disproportion entre le bains d'Henniez n'ont jamais été le lieu d'une nom figurant sur l'étiquette d'une eau minérale vie mondaine intense, avec tout son cortège de table exportée dans le monde entier et d'amusements et d'intrigues, comme l'ont été un modeste village de la Broyé vaudoise, dont Baden, Lavey, Loèche pour la Suisse, ou à plus les buveurs du salutaire breuvage n'ont dans le forte raison les grandes stations d'Allemagne des meilleur cas qu'une idée fort vague. Que et de France. Notre recherche se limitera ici à ce petit village, à qui l'heureuse initiative du l'origine des bains d'Henniez jusqu'à la détournement de la route cantonale commercialisation de l'eau en bouteilles1. Lausanne-Berne a récemmenr rendu sa / Carte des établissements de tranquillité, ait autrefois abrité une station bains d'eau de source minérale Les balnéaire lointaines origines de la Bonne Fontaine dans le Pays de , connus au rayonnemenr non négligeable, il n'est au XIX siècle: (1) Yverdon, aujourd'hui plus guère que le dessin de En 1818, dans son fameux Essai statistique sur (2) Henniez, Rolle, des (3) l'étiquette bouteilles pour nous le rappeler. le Canton de Vaud, sorte de prototype de (4) L'Etivaz, (5) Saint-Cergue La parution de ce cahier consacré à la XEncyclopédie vaudoise dans lequel le patriotisme (Bonne Fontaine), (6) diluire balnéaire et thermale nous a donné les couleurs d'un attachement nostalgique Lausanne-Poudrière, (7) Alliaz prend l'occasion de (Blonay), (8) Saint-Loup, nous pencher sur l'hisroire mal à l'Ancien Régime bernois, le pasteur (9) Lavey, (10) Villeneuve, connue de ce site assurément privilégié par la Philippe-Sirice Bridel, dont la postérité ne (11) Montreux, (12) Bex nature, même si son cadre naturel n'a pas la retiendra guère que le titre et le patronyme - le doyen Bridel - nous donne une des plus anciennes descriptions des bains d'Henniez qui ne soit pas limitée à une simple mention: «...connus depuis cinq siècles, employés avec succès par les gens du pays pour les mêmes maladies que les précédens [c'esr-à-dire les bains de l'Erivaz, au Pays d'Enhaut, où l'on traitait les maladies de la peau et les affections * rhumatismales] et ayant à-peu-près les mêmes I vertus; ils attendent au reste qu'on en fasse une bonne analyse et qu'on en répare les vieux w bâtiments.»2 I La source - si l'on peut dire - des informations ï du vénérable doyen nous restera sans doute à jamais inconnue. D'où tenait-il que les bains d'Henniez étaient «connus depuis *? cinq siècles», ce qui nous ramènerait au début w du XIVe siècle? En soi, cela n'aurait rien ''db-, I n * d'invraisemblable, puisque l'on sait que les bains x I d'Yverdon, 15 11.*V connus depuis l'Antiquité, sont en ÎJ activité à l'époque savoyarde3. Mais rien ne de le tradition / Bt permet vérifier bien-fondé d'une que le doyen Bridel semble erre le premier à consigner, s'il n'en est pas carrément l'inventeur. s 4p Bridel n'avait manifestement pas connaissance 12\* X d'un document conservé aux archives 9 ._, cantonales et qui constitue le vétitable acte erie" de fondation des bains d'Henniez, en 1688.

30 Mais nous y reviendrons, nous attachant pour nous permet de croire à l'existence de l'instant aux origines de l'exploiration de la ou bâtiments de bains sur place. Ce sont plutôt les des sources, origines auréolées d'un certain bienfaits de l'eau minérale prise comme boisson flou. qui ont dû fonder sa solide réputation de Il faut pour cela s'arrêter sur le nom donné «bonne fontaine». Henniez est du reste la seule à l'endroit avant la consttuction des bains. source minérale de la vallée de la Broyé, si L'emplacement de l'une des sources, près du l'on fait abstraction d'une source sulfureuse à vallon de la Trémaule et à proximité immédiate , dont l'importance semble avoir été de des bains, a été en effet appelé depuis des tout temps insignifiante12. temps immémoriaux «La Bonne Fontaine»4. Pour le Moyen Age, nous ne sommes pas La plus ancienne mention que nous en ayons mieux renseignés. Le village même d'Henniez trouvée est un plan cadastral de 1674-1675, a des origines bien modestes et ne fait son sur lequel la parcelle au «Praz de la Bonne apparition dans les textes qu'en 133413. Sa Fontannaz» est propriété d'un certain Jehan population n'a jamais été jugée suffisante pour Poraz5. Eugène Olivier avait bien vu dans ce motiver la construction d'une chapelle. Le toponyme, fort fréquent, on s'en doute6, hameau se situe dans un territoire soumis à la l'expression d'une médecine populaire, non juridiction temporelle de l'évêque de Lausanne, dénuée de fondements, qui attribuait de qui vient souvent y résider en été, mais on n'a nombreux bienfaits aux eaux jaillissant du soL. pas d'indice que cela ait eu une quelconque Cette valeur thérapeutique est toujouts, à influence sur l'exploitation de la source. l'origine, chargée d'une connotation reli- Pourtant, ce Moyen Age finissant a vu gieuse: les sources deviennent souvent aussi l'éclosion ou la remise en vigueur de bien des des sanctuaires. Nous n'avons pas de vestiges installations de bains, dont on ne recherche matériels d'une telle religiosité païenne à plus seulement les qualités thérapeutiques ou Henniez, mais elle a dû déployer ses effets, hygiéniques. Les bains sont redevenus ce pour autant que la source fur déjà connue qu'ils étaient dans l'Antiquité, un lieu de dans l'Antiquité. C'est donc cette question sociabilité. Toutefois, la cohabitation des sexes qu'il convient d'aborder maintenant. dans les étuves est propice à des équivoques Se fondant probablement sur les indications auxquelles un certain courant rigoriste tente floues du doyen Bridel, Eugène Mottaz, de mettre fin, sans pouvoir faire disparaître la l'auteur du Dictionnaire historique, géographique fréquentation des bains. Un peu plus tard, et et statistique du Canton de Vaud malgré aussi la syphilis, dont on croit alors la (1914-1921) semble être le premier à supposer propagation favorisée par la promiscuité une origine romaine aux bains d'Henniez8. qu'entretiennent les établissements de bains, On esr ici dans le domaine de la pure conjecture, le XVIIe siècle marque une nouvelle renaissance le seul témoin matériel d'une occupation pour les bains14. du territoire de la commune d'Henniez dans l'Antiquité étant constitué par quelques monnaies Le docteur Pierre François Chauvet, romaines signalées au XIXe siècle9. Mais initiateur des bains d'Henniez il ne faut pas aller bien loin d'Henniez pour rencontrer des vestiges importants de la Entre les premiers jalons de la science balnéo- civilisation gallo-romaine, dont on sait à quel logique, posés par la Renaissance, et point elle maîtrisait les techniques hydrauliques l'approfondissement systématique opéré par les naturalistes et appréciait le confort qu'elle en pouvait du siècle des Lumières, le contexte est tirer. Il se trouvait en effet à Granges- donc favorable à la création de nouveaux près-, soit à 2 km de la source d'Henniez, établissements de bains. Henniez, dont la source un importante villa dont une partie des était bien connue et fréquentée, nous le bâtiments a été recouverte par l'église actuelle10. verrons, en a profité. Dans l'Antiquité, la villa est le centre C'est à la monumentale étude d'Eugène d'exploitation d'un domaine rural qui peut Olivier sur l'histoire de la médecine et de la s'étendre sur plusieurs kilomètres à la ronde. santé dans le Pays de Vaud que l'on doit la Henniez peut donc très bien avoir fait partie révélation d'un document qui constitue, à n'en d'un domaine exploité depuis Granges, er cela pas douter, le véritable acte de fondation des d'autant plus que cette dépendance supposée bains d'Henniez. Au vu de son importance, il est devenue plus tard bien réelle dans le nous paraît judicieux de publier les extraits les réseau paroissial, Henniez ayant toujours été plus significatifs de ce texte. Il s'agit d'un tattaché à l'église de Granges. A cela s'ajoute contrat, ou d'une concession en quelque sorte, un toponyme dont l'origine probable - au terme de laquelle LL. EE. de Berne, en Enniacum — renvoie à un patronyme romain date du 23 avril 1688, octroient au médecin (Ennius)11. Dans tous les cas, si la source a été Pierre François Chauvet le droit de construire connue et exploitée dans l'Antiquité, rien ne à ses frais des bâtiments de bains au lieu-dit «la

31 Bonne Fontaine». Pourtant, l'acte est d'abord par rareté et non autrement, bien entendu un arbitrage de conflit au sujet de l'utilisation cependant, que ledit Chauvet n'empêchera, à de la source: «Arrêt de Conseil entre Pierre qui que ce soit, d'en prendre par bouteilles et François Chauvet, le médecin, & sr. De Ros- barils, ni d'en aller boire là Quant à la sens avec la Commune d'Henniez/Nous source sur le territoire de , environ l'avoyer et conseil de la Ville de Berne savoir vingt pas de la possession dudit Chauvet, de faisons, que Pierre François Chauvet le médecin, laquelle il nous avait requis se pouvoir servir comme possesseur d'un mas de terre rière pour l'usage de son bain, nous ne l'avons pas le village d'Enniez au bailliage de , où pu accorder en absence desdits de Cerniaz, se trouve une fontaine, appelée la Bonne ains [= mais] arrivant opposition, renvoyons Fontaine, d'une, et notre cher et féal Bourgeois les parties par devant notre bailli de Moudon, Anthoine Rechender, sieur de Rossens, assisté pour être entendus, et ensuite ordonné ce, qui de spectable Jean Baillif, ministre à Granges, sera juste En vigueur des présentes, munies au nom de la commune dudit Enniez, d'autre de notre sceau accoutumé, et données ce part Premièrement, nous permettons audit 23 d'Avril l'année mil six cent, quatre vingt et Chauvet de faire construire à ses dépens huit. 1688.»15 des bâtiments nécessaires pour l'usage et Plusieurs éléments du texte méritent attention maintien des bains qu'il entend établir Et pour notre propos. C'est tout d'abord la puis que par l'acte d'acquis, que ledit Chauvet preuve explicite qu'il n'existait pas de a, il est expressément réservé, qu'il ne pourra construction auparavant. Le plan cadastral de en aucune façon empêcher les advenues et 1674—167516 le confirme aussi, qui ne montre passages ordinaires de ladite fontaine, pour en effet aucun bâtiment sur la parcelle de la qui que ce soit, et afin qu'à l'avenit petsonne «Bonne Fontaine». L'accord nous révèle aussi n'en abuse, et qu'on ne puisse étendre cette que la source est bien connue et très fréquentée, réserve plus loin, qu'il ne faut, considéré aussi, puisque c'est son accès et son utilisation que la pièce et la fontaine sont provenues du qui font l'objet du litige. On remarque encore commun, ladite réserve se restreindra en telle l'intérêt de la République de Berne pour le sorte, qu'elle ne sera, que pour le propre usage développement de ce genre d'industrie: si LL. desdits d'Enniez, sans abus, ni pour en faire EE. n'en ont pas été les instigateurs, ils ne lui métier, soit en fournir pour baigner des étrangers, ont du moins pas fair obstacle17. Tous les frais et gagner par là de l'argent, à ce que les de l'entreprise sont laissés au médecin fondateur, bains, que ledit Chauvet en prérend établit, mais on le protège contre la concurrence n'en soient incommodés, ni aucunement déloyale que pourrait engendrer l'utilisation empêchés ou retardés, et à cette fin il sera permis traditionnelle de la source par les habitants du audit sieur de Rossens et ministre de Granges voisinage18. et à leurs successeurs seulement, de faire L'entreprise du médecin n'avait toutefois prendre de ladite eau pour baigner chez eux pas été facile. Il avait acquis la parcelle, autrefois leurs parents qui leur viendront rendre visite propriété de Jehan Poraz, quelques années auparavant déjà, puisqu'une première tentative IJc/fcw lancée en 1685 avait échoué. Les «mas et bâtiment de la bonne fontaine d'Ingny», grevés d'une hypothèque dont Chauvet n'arrivait / pas à s'acquitter, furent adjugés au créancier, François Baillif, ministre à Granges. C'est grâce à un apport de 5000 écus de son épouse, Saft J Marie Landvogt, que Chauvet peut remettre W» son entreprise sur pied19. iìtì <îl Le médecin initiateur des bains d'Henniez iH de ¦//'¦W : pouvair s'inspirer plusieurs entreprises S Q récemment réalisées en Suisse occidentale et - »y-...,. /' -,•;;• O témoignant de la médicalisation progressive du thermalisme. L'exemple le plus intéressant est r^à V sans doute celui des bains de Bonn, sur le fc - vj territoire de la commune fribourgeoise de Dü- dingen, mais enfouis sous le lac de Schiffenen

j,W'A-W=ffi'ï depuis l'hiver 1963-1964. Ces bains ont fait h - en effet l'objer d'une étude scientifique i/i.A-..i--V publiée en 1662 Franz Prosper Dugo20. Plus ;l;U.,. à-. ;:,-¦-'"•.'- par 2 Henniez. Plan cadastral V'i près d'Henniez, la ville d'Yverdon, en 1682, de 1817. Archives cantonales avair remis ses bains en état pour les louer à un vaudoises, Gb311a V n '- concessionnaire, mais sans grand succès2

32 Une réputation vite établie - Quelques 3 Henniez. Plan cadastral aspects de la vie aux bains à la fin du XVIIe laiiiiie/FtH de 1879. Archives cantonales et au XVIIIe siècle vaudoises, Gb311b

D'envergure modeste, ne pouvant assurément ' rivaliser avec une station telle que Baden, l c te/i èiaà Henniez n'en parvient pas moins à se créer une réputation régionale, malgré les fréquents changements de propriéraires er d'amodiataires exploitants22. On voit dès 1689 la commune de Villette accorder 5 florins pour conduire aux bains d'«Enny» une fille «qui doit estre possédée des malins Esprits». Un peu plus tard, en 1713, c'esr la ville de Vevey ' e qui, à propos d'une de ses habitantes qui Ut continue à être «extravaguée», se demande si «les bains d'Eigny lui pourroyenr estre '¦-. ¦ m avantageux»2-1. Notons que l'on vient d'assez loin " pour fréquenter les bains d'Henniez, mais à cette époque n'existent encore ni les bains de Villeneuve, ni ceux de Bex, ni ceux de Lavey, ni ceux de Lausanne. Seuls ceux de LAlliaz, au-dessus de Blonay, pouvaient rivaliser de proximité avec la station btoyarde (ill. 1). Et remarquons surtour que les vertus que l'on aux bonnes mœurs dénoncés devant l'instance prêtait aux eaux de la source ne sont pas compétente en la matière, le consistoire, nécessairement celles qui ont fait sa réputation présidé par le pasteur, qui en réfère parfois jusqu'à nos jours... Quant à l'efficacité des plus loin, à l'autorité baillivale. Ce n'est donc thérapies préconisées, elle ne nous est connue pas une image de la vie ordinaire des bains, par aucun document et toutes les hypothèses mais c'est pour ainsi dire la seule dont nous sont permises. disposions. En outre, il nous semble parfois Malgré le caractère assez plaisant de ces difficile, dans les textes qui suivent, de distinguer anecdotes, on se gardera d'en déduire que les ce qui concerne les bains eux-mêmes de bains d'Henniez avaient développé une la maison de leurs propriétaire. spécialité dans ce genre de rraitement des maladies Citons d'abord, en date du 20 décembre mentales. En effet, si ces événements 1709, le compte rendu d'une délibération qui nous sont connus, cela tient essentiellement à témoigne du souci non seulement de la piété du la nature des documente qui les ont consignés, médecin traitant, mais tout autant de ses qualités à savoir des archives communales. Il est tout professionnelles, ici mises en doute: «Jonas naturel que l'on soit mieux renseigné, à cette Robert, admod. [= amodiataire] de la Bonne époque, sur la prise en charge par la communauté Fontaine d'Ingny - cité ici: 1° pour ne (car c'est bien de cela qu'il s'agit) d'une fréquenter pas les saintes assemblées Et après personne souffrant de troubles psychiques, il s'émancipe de faire profession de médecine des des que sur la fréquentation bains par et chirurgie çà et là, sans avoir donné des preuves individus plus équilibrés mais qui, de ce fait, de sa capaciré par de bonnes attestations, nous sont restés anonymes. On n'en est pas ce qui est contre les mandats de LL. EE.» encore à ^appropriation» de la culture Au mois de mai 1742, les bains d'Henniez, balnéaire par la littérature: ce phénomène de propriété de Jean Steiner, sont le théâtre d'un société qui nous offre une image beaucoup plus malheureux accouchement, événement alors large et vivante de l'utilisation des bains ne beaucoup plus courant à l'époque que de nos commence que dans la seconde moitié du jours. D'après la relation qui est faite de XIXe siècle. l'événement, il n'est pas possible de dire précisément Pour ce qui concerne les rapports de la ce qui a amené aux bains d'Henniez la communauté locale - en l'occurrence la pauvte Jacqueline Favre, servante au château paroisse de Granges - avec le nouvel établisse- de Marnand: peut-être simplemenr le hasard ment de bains, nous pouvons glaner quelques et la proximité d'un infrastructure médicale renseignements dans les actes du consistoire, minimale. 4mai 1742: «Le Sr. David Troillet qui couvrent une bonne partie du XVIIIe assesseur consisrorial d'Ingny a relaré que le à les siècle24. Là aussi, une réserve importante est 22 avril dernier il a été appelé par possesseurs émettre quant à la portée des documents qui de la Bonnefonraine d'y aller pour voir nous sont resrés. Il s'agir de cas d'infractions une fille qui y est, paraissant d'êrre enceinte

:->:-> même près d'accoucher et qu'y étant allé proprement emmailloté près de sa mère sans d'ordre accompagné d'honorable Jacques avoir reconnu sur icelui [= celui-ci] aucune Mortet l'aîné dudit Ingni, ils y ont trouvé une marque ou meurtrissure. Sur quel rapport a fille se nommant Jacqueline fille de François été connu que dite fille doit être citée à Favre demeutant à Morges, paraissant paraître demain ici avec lesdits possesseurs de dite être grosse et près d'accoucher, et l'ayant Bonnefontaine pour voir ce qu'il écherra.» interrogée d'où elle venait et de qui elle était Ce qu'elle fera, avouant sa faute mais se enceinte, elle a répondu qu'elle servait au voyant reconnaître «des marques dignes d'une château de Marnand où elle avait passé ces trois mère envers un enfant, en le soignant comme derniers mois, et qu'auparavant elle a servi à elle a fait». Genève où elle a connu un nommé Jeannoz Comme si l'endroit avait une vocation 4 Henniez. Landen hôtel des Masson Berjon dudit Genève étant servante prédestinée pour l'obstétrique, on enregistre un bains, côté garage, vers 1910 chez sa sœur duquel elle a eu copulation char- nouvel accouchemenr aux bains d'Henniez l'année suivante. Cette fois-ci, le rapport avec m* les la W ,./: HENNIEZ-LEé-BAINS. Grand Hôtel des Bains bains est plus explicite, puisque mère est V Gafage at entrée dB l'Hôtel la servante de Madame l'avoyer Tavel de , venue prendre les eaux à Henniez. 5 août 1746: «Mtre Jean Steiner demeurant à la Bonnefontaine d'Ingni a été selon le rapport fait à Mr le Juge cité céans pour rendre raison de l'accusation faite chez lui pat une fille ou femme qui y était, sans avoir averti qui •NPgpra que ce soit. Icelui [= celui-ci] comparu a dit wum être vrai que la fille que Madame l'avoyer Tavel de Payerne avait amenée avec elle pour la servir pendant qu'elle prenait les Bains chez K 9 lui s'est accouchée d'un enfant le lendemain du départ de dite dame, laquelle on est venu dès Payerne, ne s'étant pas informé d'où elle est, puisque, servante de dite dame, croyant qu'elle était dudit Payerne Après quoi Mr le Ministre de ce lieu a dit que dite fille a paru pour cela en consistoire à Payerne, iè et suivant dite déclaration les sieurs assesseurs ont trouvé que ce fait doit être par Mr le Juge communiqué à sa noble, magnifique et généreuse Seigneurie Baillivale de Moudon, pour décharge et être ensuite suivi selon sa prudence.» S! ^t j En 1748, c'est le pasteur de Granges lui- HPI il : même, Samuel Pillard, qui vient se rétablit aux bains. 23 août 1748: «Ladite chambre 'Il [= le consistoire] s'est assemblée sous la présidence de Monsr. le Juge, Mr le Ministre étant sgm. :..,¦ à la Bonne Fontaine pour ses incommodités 41 absent (...)» Une autre utilisation thérapeutique i-o-K «normale» des bains est citée E. Olivier. En s»s par 1747, médecin de A.-D. Melet, -*\V. \-H un Moudon, propose à un client perclus de rhumatismes 5 Henniez. L'ancien hôtel des nelle au commencement du mois de une cure à Henniez. Le document fait clairement bains, côté cour, vers 1910 septembre dernier audit Genève et en étant sortie état de la capacité de logement disponible elle est entrée dans les services du château de sur place25. Marnand comme dit ci-dessus. Et le lendemain Enfin, le consistoire se devair de condamner 23 avril les susnommés sont retournés à certaines distractions qui se donnaient aux dite Bonnefontaine où ils ont trouvé dite créature bains, dont les exploitants avaient patfois qui avait enfanté mais l'enfant était mort principalement vocation d'aubergistes. elle a dit que l'enfant est venu vif au monde leraoût 1745: [Jacques Mottet comparaît mais que peu de temps après il est mort, pout avoir offert sa grange] «pour y danser» et sans meurtrissures de sa part lesdits avoir «vendu du vin» un dimanche à Ingni. Troiller et Mottet ont visité dit enfant qui était «Ledit Jean Pierre [un des fils de Jacques Mot-

34 tet] dit qu'on ne faisait pas plus de mal à Ingni Nous sommes moins bien renseignés sur qu'à la Bonnefontaine où il y avait des leur fréquentation au XIXe qu'au siècle précédent. violons...» En 1824, un médecin, le docteur Louis En certaines occasions cependant, l'utilisation Levade, auteur du premier dictionnaire historique des lieux à des fins de pur diverrissemenr du canton de Vaud, leur consacre une semble licite, ainsi à la Saint-Jacques, petite notice: «Il y a des bains d'eau sulfureuse, commémoration de la bataille de Villmeigen (1712). fréquentés par les habitants du voisinage, En ce jour de l'année 1772, Daniel-Amédée pour les maladies de la peau, les maux de Fornallaz relate dans ses mémoires qu'il passe poitrine et les sciatiques, connus par leurs aux bains d'Henniez, où il trouve beaucoup propriétés depuis cinq siècles, et qui mériteraient de monde et où il danse jusqu'au soir26. d'être analysés avec soin pour en constater mieux les vertus médicales.»33 Peu après, une publiciré est donnée pour «Fons bituminosus Minnidunensis» 6 Henniez. La mise en - les bains d'Henniez dans un guide scientifique Henniez vu par les naturalistes du siècle bouteilles aux premiers temps reprend les termes des descriprions de des des Lumières qui la Société Bains et Eaux précédenres, en y ajoutant cependant, à la d'Henniez A l'aube du XVIIIe siècle en Suisse, le thermalisme commence à accéder au rang de discipline scientifique. Quelques précurseurs au XVIe siècle avaient certes amorcé des études dans ce sens, mais c'est au siècle des Lumières que l'on s'y intéresse selon la même démarche rigoureuse que celle qui préside à l'établissement aie gifi de systèmes de classification des naturalistes, pat exemple. L'existence scientifique d'Henniez commence ainsi en 1717, avec sa 3îr-^ mention dans l'ouvrage Hydrographia helvetica de Johann Jakob Scheuchzer27. Mais, imparfaitement informé, l'auteur ne mentionne pas les bains, qu'assurément on ne venait pas fréquentet depuis Zurich. Pour lui, Henniez est une source sulfureuse froide présentant une consistance oléagineuse et cireuse: «Schweffel-Brunn bey Milden Fons bituminosus Minnidunensis. D'Enni genannt, führet etwas ölisches oder Berg-wächsisches mit sich.»28 Il faut attendre l'œuvre du savant pasteur et naturaliste Elie Bertrand29, publiée en 1766, suite de Bridel, une remarque sur la vétusté pour avoir une appréciation scientifique des des bâtiments: «Das Bad zu Henniez wird bains d'Henniez et non point seulement de la schon seit fünf Jahrhunderten, gegenwärtig source: «Egni, bailliage de Moudon. Bains un aber seiner Baufälligkeit wegen nur noch von peu sulphureux & marneux.»30 Landleuten gebraucht.»34 Cette reconnaissance scientifique ne suffit Aucune amélioration ne sera apportée dans l'établissement les pas à accroître le rayonnement de décennies suivantes, puisque le même de bains, dont les installations, dans la constat est établi par Martignier et de Crou- faible mesure où nous pouvons nous en faire saz, les auteurs d'un dictionnaire historique une idée, restent très simples. Le plus ancien paru en 1867: «Au-dessus de ce village, dans témoignage sur la forme des bâtiments est le une petite vallée et un site romantique, on plan cadastral de la commune d'Henniez trouve des bains d'eau sulfureuse très fréquentés, dressé en 1817 (ill. 2)31. Le domaine est alors depuis cinq siècles, par les habitants de la propriéré de Jean Abraham Joliquin. Les bains contrée. Mais leur installation modeste, qui eux-mêmes n'occupent que la petite bâtisse ne répond plus aux besoins nouveaux, les a allongée bordant le talus. Il semble qu'une fait abandonner par la classe riche. Ces eaux transformation ou une réparation avait eu lieu passent pour guérir les maladies de la peau, les en 1760, à en juger par la décision de la sciatiques, etc. Peut-être qu'une installation le commune de Moudon de souscrire à ces travaux, meilleure y rappellerait concours des dont nous ignorons tout par ailleurs, à raison baigneurs d'autrefois.»35 de 15 florins32. C'est en tout cas un signe de Simultanément au dictionnaire de Martignier l'attachement de la collectivité envers un et de Crousaz est parue la seconde établissement thérapeutique régional. édition d'un inventaire des sources et des lieux de

35 cure en Suisse et dans les régions environnantes. Le docteur Borei et la Belle Epoque Cet ouvrage, dont la patution même des bains d'Henniez est un signe du développement de la mode balnéaire, ne fait guère de cas des bains Si la part du docteur Borei dans la transformation d'Henniez, et même de la source: «Schwefelhaltige de l'enveloppe extérieure des Quelle zu Moudon. Von keiner bâtiments n'a peut-être pas été décisive, elle l'a été Bedeutung. Einst d'Enni genannt, sollte sie en revanche pour tout ce qui concerne le nach Scheuchzer (1717) erwas Biruminöses fonctionnement des bains, leur disposirion enthalten.»36 intérieure et la publicité qui leur est donnée39. Encore un signe d'une activité économique Les techniques nouvelles apportées par ralentie, les bains d'Henniez, contrairement à l'industrialisation n'ont pas seulement contribué plusieurs établissements vaudois et de la au renouvellement de l'équipement des région lémanique, ne font pas de publicité dans bains, elles ont également facilité leur accès. la Feuille d'avis de Lausanne pendant la On est en effet à l'époque des chemins de fer, première moitié du XIXe siècle37. dont le développement a été un puissant levier Le renouveau des bains d'Henniez est dû pour la popularité de nombreuses stations pour l'essentiel à la petsonnalité du docteur thermales40. Tout comme Yverdon, qui a Virgile Borei, qui en fir l'acquisition en 1881. peut-être bénéficié, directement ou indirectement, Mais l'examen des plans cadastraux successifs de son raccordement précoce (dès nous monrre qu'en ce qui concerne les 1855) à une ligne ferroviaire, il est possible bâtiments, des transformations avaient été opérées qu'Henniez ait vu son renouveau favorisé par un peu plus tôt déjà. En effet, le plan la construction de la ligne de la Broyé, décidée cadastral de 187938 (ill. 3) révèle une situation en 1872 et achevée en 187641. tout à fait différente de ce qu'elle était au Venu de Neuchâtel, le docteur Virgile Borei début du siècle. Manifestement, on a procédé à s'érablit à Granges et est porté au registre une certaine «professionnalisation» de des médecins du canton en 1880. L'année l'exploitation, ainsi qu'en témoigne la présence suivante, il fait l'acquisition des bains d'Henniez d'une auberge, d'un hangar avec pont de danse et en devient le médecin. Il développe les et d'un couvert jeu de quilles. Le tout installations, introduisant notamment les 7 Etiquette d'eau minérale pour est alors des filles de feu Jacob-François douches. Le bâtiment comprend vers 1930. Depuis, la croix propriété principal les bains. suisse afaitplace à une étoile à Bettex, qui ne tarderont pas à s'en défaire l'hôtel et, au sous-sol, On propose cinq branches a profit du docteur Borei de Neuchâtel. des cures complètes comprenant les bains, l'eau de boisson, la pension, le transport depuis la gare... et la cure d'air. L'eau fait enfin l'objet d'analyses scientifiques modernes, entreprises noramment par le professeur Marc Jaccard et Ernest Chuard, le futur présidenr de la Confédération. Les résultats en sont RFWSl diffusés au moyen de diverses brochures qui MBU fournissenr ainsi la caution médicale nécessaire ALCA m RELLE à la publicité de l'établissement. SOURCES EN BOU A HENNIEZ Pour résister à la rude concurrence que leur font des stations plus presrigieuses et habituées

':-:/}¦: - de la clientèle mondaine, les exploitants des bains d'Henniez retournent cet inconvénient en avantage, utilisant habilement l'argument de la tranquilliré et de la proximité des M lieux. Aucune description ne pourra remplacer 3SPBS=lHitiljiN|iJÄ1 celles de l'époque, ainsi par exemple ce texte emprunté à un brochure publiée vers la ^^ unii fin du XIXe siècle, après le départ du Dr. Borei: «L'air y esr pur, tonique et fortifiant et 41 convient surtout aux constitutions surmenées et affaiblies, ainsi qu'aux estomacs délabrés. li':, Ici, le calme, la sérénité et la simplicité de la ,\:, ¦ ¦ ¦f CLIMATERIQUE INTERMEDIAIRE ALTITUDE 600 M ¦ GRAND PARC- MAGNIFIQUES vie champêtre remplacent les formules ETABLIS SEMENT OUVE RT DE P. OCTOBRE PîINS DOUCHES MASSAGES CURES DIVERSES MEOECIN ATTACHÉ n LÉT/1BLISSEM1 d'étiquette et les plaisirs mondains que l'on rencontre dans d'autres stations et cela bien souvent au détriment de la liberté et du repos indispensables au rétablissement des malades. LITHINEE Henniez-les-Bains, par contre, offre de nom-

36 breuses et saines distractions. L'immense vallée de la Broyé, avec ses plantations de toutes sottes présente un coup d'œil charmant, et constitue un vaste champ d'observation, qui ne lasse jamais l'admirateur de la belle nature. De superbes forêts de sapins et de hêtres où la flore s'épanouit sous ses formes les plus variées avoisinent l'hôtel et sont le but de délicieuses promenades à l'ombre er au grand air, lorsque le soleil au zénirh vous conrraint BENNIK d'abandonner les verres pelouses et les sentiers PAVILLON DES ÎOOHOS si bien entretenus des jardins qui entourenr les bains d'Henniez.»42 Virgile Borei met fin à son activité en 1895. Ses successeurs poursuivent dans la ligne tracée, en développant encore la publicité43. Il semble contrairement à ce s'est passé que, qui '..¦- -.- ¦ Mffm* :.,-¦ dans les grandes stations françaises et jjiMHMl :.%.-;-*:• allemandes, la Première Guerre mondiale n'a pas ¦¦¦-,rr,--'-,y .r,j..y>r s,~*m porté un rude à l'exploitation des ÄrfV.'VsV.. i' .,.-" coup trop •-¦, '¦ yw? bains, qui continuent à miser sur une clientèle j de classe moyenne et de recrutement régional. Point de casino, point de théâtre, pas même à de de kiosque musique, encore moins ces -.: .: rencontres mystérieuses de la diplomatie thermale. L'ambiance de cette station estivale est avec la fondation de la Société des Bains et 8 Henniez. Le pavillon résolument champêtre. Dans un guide publi- Eaux d'Henniez. L'eau est mise en bouteilles des sources, construit vers 1950. Clin d'œil à un passé antique ciraire édité vers 1928, on fait état des au cœur du village, dans un bâtiment qui a installations techniques (douches de massage, aujourd'hui perdu sa fonction au profit d'une appareils électriques «permettant d'employer les installation moderne implantée à Treize-Cantons. courants galvaniques, faradiques et de haute fréquence», bains de lumière avec rayons C'est ainsi que les bouteilles d'eau minéra- ultra-violets, massages électriques, etc.), mais le-alcaline-lirhinée vont propager les bienfaits aussi des distractions modérées qui sont de leur contenu. L'illustration des étiquettes offertes aux curisres: tennis, pavillon de dégustation (ill. 8) aide à diffuser cette image de santé. des eaux, jeu de quilles semi-couvert, Avec la disparition des bains au début de la jeu de billard. Seconde Guerre mondiale, c'est, au terme d'une Dans la publiciré, l'image des bains est le mutation parfaitement réussie, une autre ère plus souvent diffusée au moyen de gravures qui commence. L'étiquette présente dès lors légèrement idéalisées, créant l'illusion d'un vaste en des millions d'exemplaires une gravure des parc s'étendant devant les bâtiments. Le «anciens bains d'Henniez». Dans un monde procédé est bien connu dans d'autres sites de mobilité et de consommation, l'atmosphère balnéaires: on préfère la gravure, habilement d'oisiveté luxueuse quoique provinciale des enjolivée, à une époque où l'usage de la bains de la Belle Epoque n'a plus sa place que 46 photographie est pourtant largement répandu44. comme image nostalgiqtte

La cure à domicile: la commercialisation Résumé de l'eau minérale en bouteilles Des anciens bains d'Henniez, petit village de Parallèlement à l'essor mondain des srations la Broyé vaudoise, le public ne connaît guère balnéaires, l'esprit industrieux de la seconde que la gravure passablement idéalisée, dans le moitié du XIXe siècle avait vu les débuts de la goût Belle Epoque, figurant sur les étiquettes commercialisation à grande échelle de l'eau d'eau minérale. Une tradition locale veut que minérale de table. Bien qu'elle soit encore les bains aient été connus dès l'Antiquité largement considérée comme un médicament, romaine. Ce n'est très cerrainement pas le cas, l'eau minérale va devenir grâce à quelques mais la légende a peut-être son origine dans la pionniers - tels Arthur Callou (1822-1873) à proximité de la villa gallo-romaine de Granges- Vichy ou Louis Bouloumié (1812-1869) à près-Marnand. La source, appelée la Bonne Vitrei45 - un produit de consommation de Fonraine, est connue et appréciée pour son masse, exigeant une mise en bouteilles industrielle. eau de boisson. La consrruction des bâtiments A Henniez, c'est chose faite dès 1905, de bains n'intervint qu'en 1688, selon les

37 termes d'une concession accordée par LL.EE. scheinlich dank ihrem Trinkwasser bekannt de Berne à un médecin. Les archives jettent und geschätzt. Der Wortlaut einer Konzession, un éclairage sur la fréquentation, au XVIIIe die einem Arzr durch MeGH von Bern siècle, d'un établissement de bains dont la gewährt wurde, belegt die Erstellung von Bädern 1688. Aus den Archiven geht hervor, clientèle est essentiellement régionale. La erst dass die Besucher im 18. Jahrhundert vorwiegend rénovation des équipements dès 1881 donne aus der Region srammten. Die Renovation une nouvelle vigueur à l'exploitation. Loin de der Einrichtungen seit 1881 trug zu einer l'agitation mondaine des stations les plus optimalen Nutzung bei. Abseits vom Getriebe alors de faire prestigieuses, Henniez tente der mondänen Badeorte setzt Henniez auf valoir la de tranquillité son site. La mise en die Ruhe seiner Lage. 1905 begann man mit bouteilles industrielle de l'eau minérale commence der industriellen Abfüllung von Mineralwasser en 1905. La conversion s'avère réussie, car in Flaschen. Die Umorientierung erwies alors que les bains sont fermés à la fin de la sich als erfolgreich, denn während die Bäder Seconde Guerre mondiale, le commerce des am Ende des Zweiten Weltkrieges geschlossen florierte der Handel den Henniez- bouteilles d'eau d'Henniez prend peu à peu waren, mit Flaschen der Schweiz zunehmend. une place prépondérante en Suisse. in

Riassunto Notes

Degli antichi bagni d'Henniez, piccolo villaggio 1 II nous est agréable de remercier ici les Sources della regione vodese della , il pubblico minérales Henniez S.A., et en particulier MM. Edgar conosce a mala pena l'incisione idealizzata et Nicolas Rouge, dont l'intérêt et surtout le soutien secondo il gusto della Belle Epoque, riprodotta financier nous ont permis de mener à bien recherche. leur devons l'accès sulle etichette di acqua minerale. Secondo cette Nous également la tradizione locale i bagni sarebbero già stati à de précieux documents inédits. 2 Philippe-Sirice Essai le noti durante l'antichità romana. Sicuramente Bridel, statistique sur Canton de Vaud, Zurich 1818 (réimpr. Genève non è così ma la leggenda trae probabilmente 1978), p. 38. dalla della villa gallo-romana origine prossimità 3 Eugène Olivier, Médecine et santé dans le Pays de di Granges-près-Marnand. La sorgente, Vaud. Tome 2: Au XVIII' siècle. 1675-1798 verosimilmente denominata Bonne Fontaine era (Bibliothèque historique vaudoise 31-32), Lausanne conosciuta e apprezzata per la sua 1962, 2vol., p. 818-822. 4 acqua potabile. La costruzione dello stabilimento Les coordonnées sont les suivantes: Carte nationale termale avviene soltanto nel 1688 secondo 1204 (Romont), 558.300/176.350. Altitude i termini di una concessione accordata dai 580m. 5 Archives cantonales vaudoises, GB 195a des patrizi di Berna a un medico. Nel Settecento i (plan territoires de la châtellenie de Lucens). bagni erano frequentati perlopiù dalla clientela villages et La parcelle ne présente aucune construction. regionale, documentano le notizie come 6 Dans le le de Saint- d'archivio. I lavori di ristrutturazione avviati canton, on trouve encore près Cergue, où il existait aussi des bains. nel 1881 sfruttamento consentono un migliore 7 EUGÈNE Olivier, Médecine et santé dans le Pays de degli impianti. Lontano dall'agitazione Vaud. Tome 1: Des origines à la fin du XVIT siècle mondana delle stazioni più prestigiose, Henniez (Bibliothèque historique vaudoise 29-30), tenta di far valere la tranquillità della sua Lausanne 1962, 2vol., p. 720-722. posizione. L'imbottigliamento di acqua minerale 8 Eugène Mottaz, Dictionnaire historique, su scala indusrriale prende avvio nel géographique et statistique du Canton de Vaud, 2 vol., 1905. La conversione si rivela riuscita: mentre Lausanne 1914-1921. 9 David Viollier, Carte archéologique du Canton de i bagni vengono chiusi alla fine della Seconda Vaud, des origines à l'époque de Charlemagne, Guerra mondiale, il commercio di acqua Lausanne 1927, p. 186 (d'après Louis Troyon, minerale Henniez acquisra progressivamente Monuments de l'Antiquité dans l'Europe barbare, suivis nel una posizione preponderante mercaro d'une statistique des antiquités de la Suisse occidentale svizzero. et d'une notice sur les antiquités du Canton de Vaud, Lausanne 1868). Zusammenfassung 10 Werner Stöckli, Recherches archéologiques dans l'église de Granges-près-Marnand, in: Helvetia ar- Von den alten Bädern von Henniez, einem chacologica, 1973, p. 92-105. kleinen Dorf der Broye im Waadtland, ist 1 ' Louis Junod, Henniez. Historique, in: Rie BERGER kaum mehr als der idealisierte Stich in Belle- et Louis Junod, Henniez. Aux sources de Epoque-Manier bekannt, welcher auf den l'histoire, Henniez 1966, p. 2. Notre travail doit beaucoup à étude, fournit les Flaschenetiketten abgebildet ist. Einer cette qui principaux jalons de l'histoire de l'exploitation des eaux d'Henniez einheimischen Überlieferung zufolge, sollen die Bäder début du XIXe siècle. L'ouvrage a bereits im römischen Altertum bekannt jusqu'au malheureusement connu un tirage confidentiel. sein. Dies war sicher nicht der Fall, 12 gewesen Bridel, op. cit. note 2, p. 42; Conrad Meyer- die Legende bildete sich aber wohl aufgrund Ahrens, Die Heilquellen und Kurorte der Schweiz der geografischen Nähe zu der gallorömi- und einiger der Schweiz zunächst angrenzenden schen Villa von Granges-près-Marnand. Die Gegenden der Nachbarstaaten, Zürich, 2. Ausg. 1867, Quelle namens Bonne Fonraine war wahr- p. 92 («unbekannt»).

38 13 II s'agit d'un document émis par le chanoine 52 Olivier, op. cit. note3, p. 809. Guillaume de Lucens et le chapitre de Lausanne. 33 Louis Levade, Dictionnaire géographique, statis¬ C'est le plus ancien parchemin concernant Henniez tique et historique du Canton de Vaud, Lausanne conservé aux Archives cantonales vaudoises 1824, p. 147-148. (cote C Va, 636). 34 Gabriel ROsch, Anleitung zu dem richtigen 14 QuiRlNUS REICHEN, article sur les bains à paraître Gebrauch der Bade- und Trinkcuren überhaupt, mit dans le Dictionnaire historique de la Suisse. besonderer Betrachtung der schiveizerischen 15 Archives cantonales vaudoises, Ba 33-5, Mineralwasser und Badeanstalten, Ebnat 1825—1826, p. 289-292 (Webch Spruch-Buch der Statt Bern). vol. 2, p. 216. Orthographe modernisée. 35 David Martignier et Aymon de Crousaz, 16 Archives cantonales vaudoises, GB 195a, folio Dictionnaire historique, géographique et statistique du 223. Voir plus haut et la note5. Canton de Vaud, Lausanne 1867. 17 Un siècle plus tard, on voit LL. EE. faire commerce 36 Conrad Meyer-Ahrens, Die Heilquellen und des eaux minérales de Gumigel: Anne Radeff, Kurorte der Schweiz und einiger der Schweiz Du café dans le chaudron. Economie globale d'Ancien zunächst angrenzenden Gegenden der Nachbarstaaten, Régime. Suisse occidentale, Franche-Comté et Zürich, 2. Ausg. 1867, p. 92. Savoie (Mémoires et documents publiés par la 37 Paul-Louis Pelet, La Feuille d'avis, miroir de Société d'histoire de la Suisse romande, 4e série, t. 4), l'économie vaudoise, in: Deux cents ans de vie et Lausanne 1996, p. 105. d'histoire vaudoises. La Feuille d'avis de Lausanne 18 L'aspect légal de l'usage des eaux de sources a été 1762—1962 (Bibliothèque historique vaudoise, présenté par Armand Wallon, La vie quotidienne 33), Lausanne 1962, p. 109-114. dans les villes d'eaux 1850-1914, Paris 1981, 38 Archives cantonales vaudoises, GB 311/b 1. Sans p. 100-104. retouches apparentes pour une mise à jour. 19 Olivier, op. cit. note3, p. 1076, qui ne cite 39 Virgile Borei Notice sur les eaux alcalines de malheureusement pas la source de ses informations. Henniez-les-Bains, Lausanne 1882. 40 La somme avancée par l'épouse est considérable. Wallon, op. cit. note 18, p. 32-34. Paul Perrin, Pour donner un équivalent actuel, on peut l'évaluer Les luttes pour le chemin defer et la navigation à à un ordre de grandeur de 100 000 francs. vapeur, in: Les Artisans de laprospérité (Encyclopédie 20 Franciscus Prosper Dugo, Fons Aquae Bonae, illustrée du Pays de Vaud 3), dir. Henri Rieben, Friburgi Helvetiorum 1662. (Nachdruck der Lausanne 1972, p. 97-111. Originalausgabe mit einem Kommentar von Urs 41 Cent ans de chemin defer dans la Broyé 1876—1976, Böschung und Hermann Schöpfer, Freiburg 1993). Moudon 1976. La halte d'Henniez existe dès les 21 Geneviève Paschoud, Centre thermal Yverdon- débuts. Il y a trois à quatre trains par jour, qui mettent les-Bains. Etude historique, Yverdon-les-Bains plus de deux heures pour parcourir la distance 1977. de Lausanne à Henniez. 42 22 Relatés par Junod, op. cit. note 11, p. 12-14. Henniez-les-Bains. Station climatérique et balnéaire, 23 Documents cités par Olivier, op. cit. note3, brochure publiée vers 1895-1899. 43 p. 727. Ch. Arragon, Henniez-les-Bains. Son hôtel et ses 24 Conservés aux Archives cantonales vaudoises, sous eaux lithinées, s.l. 1914. 44 la cote Bda 65- Wallon, op. cit. note 18, p. 168-172. 25 Olivier, op. cit. note3, p. 809. « Wallon, op. cit. note 18, p. 40-45, 99. Un autre 26 DanIEL-AmÉDÉE FORNALLAZ, Mémoires inédits, exemple intéressant est Saint-Yorre. Trop proche éd. Louis Junod (Etudes et documents pour servir (7 km) de Vichy pour pouvoir rivaliser avec sa à l'histoire de l'Université de Lausanne, 10), voisine, cette station s'est consacrée dès les origines, Lausanne 1976, p. 66. vers 1855, sous l'impulsion de Nicolas Larbaud, 27 Eminent savant et naturaliste zurichois au seul commerce de l'eau provenant de ses (1672-1733). Auteur de nombreux ouvrages de quarante-cinq sources minérales. sciences naturelles, fondateur de la paléontologie. 46 Les bâtiments les plus importants ont été conservés 28 Johann Jacob Scheuchzer, Hydrographia helvetica. jusqu'à nos jours. L'ancien hôtel a été amputé Beschreibung der Seen, Flüssen, Brünnen, warmen d'une partie de sa longueur. und kalten Bäderen und andere Mineral-

Wasseren des Schweizerlands (Der Natur-Histori des Schweizerlands zweyter Theil), Zürich 1717, Sources des illustrations p. 140 et 314. 1 : Dessin Franz Wadsack, Atelier d'archéologie 29 Elie Bertrand (1713-1797), longtemps pasteur de médiévale, Moudon. 2, 3: Photo Rémy Gindroz, l'église française de Berne, fut un encyclopédiste à - Lausanne. 4, 6, 7: Archives des Sources minérales Henniez la pointe des connaissances de son temps, - S.A. 5: Collection Musée de l'Elysée, Lausanne. correspondant de Voltaire et collaborateur occasionnel - 8: Photo de l'auteur. de {'Encyclopedic de Diderot et d'Alembert. Voir - Jean-Daniel Candaux, Le mouvement littéraire du 18" siècle, in: Les Arts. Architecture, peinture, Adresse de l'auteur littérature, musique, t. I (Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud 6), dir. Claude Reymond, Lausanne Laurent Auberson, archéologue, Atelier d'archéologie 1976, p. 116-135, en part. 130-131. médiévale, Place du 14-Avril 1, 1510 Moudon 30 Elie Bertrand, Essai de la micrographie et de l'hydrographie du canton de Berne, in: Recueil de divers traités sur l'histoire naturelle de la terre et des fossiles, Avignon 1766, p. 454. 3 ' Archives cantonales vaudoises, GB 311 /a 2, folio 3. Voir aussi le cadastre correspondant, GD 311/4, folio 10 et le Cadastre de l'Helvétique, GD 311/1, folio 35.

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