Courts Métrages 2017-2018
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Parties de Lycéenscampagne et apprentis au cinéma 2017-2018 Courts métrages une édition Parties de campagne Édition Sommaire Directeur de la publication : Philippe Germain / Propriété : Le programme a été constitué par un comité de sélection Tous les états sont dans la nature 3 réunissant des enseignants et les partenaires de Lycéens et Ciclic, agence régionale du Centre-Val de Loire pour le livre, apprentis au cinéma en région Centre-Val de Loire. Il est diffusé en l’image et la culture numérique, 24 rue Renan, CS 70 031, 37110 Le vert paradis des amours juvéniles 5 collaboration avec L’Agence du court métrage. Château-Renault, tél. 02 47 56 08 08, www.ciclic.fr / Rédaction en chef : Christophe Chauville / Conception éditoriale : Christophe Partie de campagne 7 Chauville et Julien Hairault / Conception graphique : Dominique Lycéens et apprentis au cinéma Bastien / Conception des rubriques en ligne sur www.ciclic.fr : Au premier dimanche d’août 10 Julien Sénélas / Recherches documentaires : Coline Anxionnaz / Lycéens et apprentis au cinéma en région Centre-Val de Loire est Les Amoureuses 12 Remerciements : L’Agence du court métrage (Cécile Horreau), coordonné par Ciclic avec le soutien du Centre national du cinéma Clair Obscur (Jacques Froger). et de l’image animée, de la Région Centre-Val de Loire, de la Drac Une leçon particulière 14 Sources iconographiques : tous droits réservés (Solaris Distribution, et du rectorat de l’académie Orléans-Tours, la Draaf et le concours SND, Les Films de l’Arlequin, La Mer à Boire Productions, Raphaël Tous les chemins mènent à Renoir 16 des salles de cinéma participant à l’opération. Chevènement). Les droits de reproduction des illustrations sont réservés pour les auteurs ou ayants droit dont nous n’avons pas Avant / Après la séance 17 trouvé les coordonnées malgré nos recherches et dans les cas Sélection vidéo et bibliographique 18 Auteurs du livret éventuels où des mentions n’auraient pas été spécifiées. Thomas Anquetin : enseignant de lettres et de cinéma. Publication : septembre 2017. Compléments de programme 19 Christophe Chauville : journaliste cinéma, rédacteur à Bref, la revue du court métrage. Amélie Dubois : enseignante, programmatrice et critique de cinéma. Autrice de plusieurs livrets Lycéens et apprentis au cinéma. Suzanne de Lacotte : responsable de la programmation Hors les murs pour le festival du Cinéma du réel et intervenante auprès des dispositifs d’éducation à l’image. Raphaëlle Pireyre : journaliste cinéma (Critikat, Bref…), et intervenante auprès des dispositifs d’éducation à l’image. David Ridet : enseignant d’anglais, missionné auprès de Lycéens et apprentis au cinéma. Xavier Orain : enseignant de lettres, dessinateur. 2 de Werner Herzog que sont Fitzcarraldo [3] et Aguirre, la colère de Dieu ou dans le chef- d’œuvre de Francis Ford Coppola Apocalypse Now [2], dans les tréfonds de de la jungle viet- namienne. Tous les états sont Sur une tonalité différente, Akira Kurosawa touchait à des considérations existentielles, sinon métaphysiques, en plongeant ses héros dans la taïga touffue de Dersou Ouzala (1975). Dans le désert californien de Gerry [7], Gus Van Sant faisait en 2002 marcher sans fin, ou plu- tôt jusqu’à un tragique dénouement, deux amis portant le même prénom en une métaphore dans la nature dépouillée de la destinée humaine plaçant l’homme face au monde, sans rien autour de Dans son film de montage Lumière ! L’aventure inspireront, d’un Pagnol filmant sa Provence lui, sinon ses propres pensées. commence (2016), dont il assure de surcroît – du moins par intermittences – à quelques La frontière entre la réalité et le fantastique, la narration, Thierry Frémaux évoque l’un des audacieux s’affranchissant des artifices des sinon les visions fantasmatiques, est alors té- premiers films réalisés par les frères Lumière, studios – comme, ce qui est plutôt inattendu nue et le territoire des fantômes dépasse aisé- qui fit partie de la séance publique originelle du en regard de son image future, Marcel Carné ment la perception ordinaire. Une tendance du 28 décembre 1895 à Paris, dans le Salon indien posant, avec Nogent, eldorado du dimanche, sa cinéma d’animation, par exemple celui d’Hayao du Grand Café : Le Repas de bébé. Il rappelle caméra sur les bords de la Marne en 1928. Jean Miyazaki, ou les réflexions philosophiques d’un alors que ce qui fascina avant tout les specta- Renoir s’installait à son tour au bord de l’eau Apichatpong Weerasethakul – d’Oncle Boonmee teurs de la saynète, au-delà de sa charmante huit ans plus tard avec sa Partie de campagne, à Cemetery of Splendour – consacrent l’action cocasserie, figurait à l’arrière-plan de la ter- dont il ignorait alors qu’il ne finirait pas le film d’un cadre dense et luxuriant sur l’esprit de rasse où était installé son trio de protagonistes, lui-même et que le résultat deviendrait l’un de ceux qui s’y enfoncent. à savoir ces branchages agités par le vent. La ses films les plus admirés et dont l’influence Enfer ou Eden ? nature en mouvement, déjà, impressionnait la serait la plus forte. 1 pellicule comme le regard de ceux qui décou- Avec le cinéma moderne d’après-guerre, l’ex- La nature offre éventuellement aussi un havre vraient les premières images animées. plosion du néo-réalisme italien ou la révélation de répit, une pureté originelle encore non À la suite des Lumière, l’art cinématographique de Bergman, d’Antonioni ou des grands maîtres souillée par l’activité humaine, notamment la naissant mit régulièrement à contribution dans japonais, filmer en pleine nature et explorer guerre. Terrence Malick l’illustre pleinement ses prises de vues les différents visages de la éventuellement les répercutions intimes du dans La Ligne rouge [5], où la vie dans des îlots nature, à la fois pour ce qui devenait le ciné- cadre sur l’évolution des personnages devint paradisiaques du Pacifique contraste pour un ma de fiction ou dans des registres se définis- une évidence. Toutes les dimensions de ces ef- déserteur avec l’horreur des combats de la Se- conde Guerre mondiale. De quoi respirer, vivre sant comme plus directement documentaires. fets de reflets furent explorées, de l’inquiétude sans entrave, jouir, aimer... La beauté et la grandeur de paysages naturels suscitée par un univers vaste et inconnu, rece- pouvaient aussi bien servir de cadre que direc- lant quantité d’éventuelles menaces, à l’ivresse Car de tous les sentiments humains, l’amour tement de sujet, mais aussi conditionner et in- provoquée par l’air pur, la verdure et le mystère 2 est celui qui est, sans surprise, le plus direc- fluencer l’itinéraire des personnages amenés de la création, quelle que puisse être son ori- tement touché, bouleversé, amplifié ou même à y évoluer. Les exemples sont innombrables, gine. trahi dans un cadre naturel plus grand que la même si le cinéma fut bientôt d’abord une af- Le cinéma d’aventures ne fut pas le seul vie. C’est le point d’ancrage du programme Par- faire de studio(s) et de tournages en intérieurs, concerné, bien loin de là, mais poussa à son ties de campagne et les grandes sagas épiques mobilisant des cohortes de décorateurs et de paroxysme la confusion des sens perturbés abondent en ce sens, des étendues enneigées collaborateurs artistiques. Mais le Tabou de ou enivrés. Alors qu’un John Boorman faisait ou parsemées de jonquilles éclatantes de jaune Murnau, le Nanouk de Flaherty ou La Femme basculer dans Délivrance [4], en 1972, un week- dans Le Docteur Jivago, de David Lean, au petit au corbeau [1] de Frank Borzage portent au end entre amis dans un cauchemar des plus bois où le héros des Fraises sauvages d’Ingmar plus haut point l’interaction entre l’humain et traumatisants, la folie naissait en pleine forêt Bergman revit ses émois de jeunesse alors qu’il la nature qui l’entoure. En France, certains s’en amazonienne dans les grands films de l’époque 3 atteint, sans l’avoir venu venir, l’hiver de sa vie. 3 Le maître de Faro aura établi également avec avaient jusqu’alors toujours mis en présence. presque, finalement, à sa non réalisation avec Monika une sorte de valeur-étalon du lien entre La séduction, dans le plus récent L’Inconnu le passage du temps. D’où l’importance de sa- l’éveil de la sensualité et la nature intrinsèque- du lac d’Alain Guiraudie, profite idéalement voir profiter de ce qui peut s’offrir, de satisfaire ment enivrante. L’un des titres alternatif du film de ce site fascinant, au bord du lac et dans le l’envie de vivre et de faire la fête induites par Au est d’ailleurs « Monika et le désir » et l’écho est sous-bois tout proche, abritant les amours du premier dimanche d’août avec force musique, direct entre les envies naissantes de la jeune jeune homosexuel incarné par Pierre Deladon- danses et couleurs. Cette nuit d’été est propice Henriette de Partie de campagne lors de son champs avec un séducteur parfois inquiétant, aux rencontres, aux sensations diverses, à tous escapade sur les rives du Loing et ceux de la qui évoque la figure du grand méchant loup des les possibles. Comme dans les carnavals où les masques, ici celui du vacancier en pleine dispo- petite ouvrière Monika sur son île sauvage, où 4 contes. nibilité, permettent toutes les audaces (voir le elle noue une idylle estivale avec le garçon li- Une dimension exceptionnelle est induite par Karnaval de Thomas Vincent, 1999, en l’occur- vreur qu’elle a rencontré. ce qui est plus qu’un simple cadre, mais un rence celui, urbain, de Dunkerque où autour de La vacance du temps, laissant libre cours aux élément déclencheur, précipitant les destinées la figure de l’héroïne, un couple se défait et un rêveries et à la naissance d’affinités physiques, même sur une temporalité qui n’est pas aussi autre se cristallise).