Une commune des

ILLATS

André Ducos Directeur d'école honoraire

Ouv rage numérisé par GEN-ROSSI pour le site .fr le site d’ILLATS et des Illadais av ec l’aimable autorisation de l’auteur INTRODUCTION

Cette simple monographie de ma commune ne veut ni ne peut être un ouvrage d'érudition, les documents historiques qui la concernent étant par-trop insuffisants. Mais, au cours de mes promenades et de mes lectures, j'ai observé la nature dans sa diversité ti glané des renseignements de toutes sortes qui, placés dans le cadre familier de nos bois et de nos vignes, pourront intéresser mes compatriotes. Parfois, j'ai utilisé dans mon texte des mots patois, des expressions de cette langue si verte, si sonore, si expressive, si chargée de vieux souvenirs et pourtant si près de disparaître.

J'essaie de montrer les conditions somme toute heureuses de sa situation géographique et climatique, l'exploitation plus ou moins bien réussie de ses ressources naturelles et agricoles, la part importante et progressive de l'industrie humaine dans l'amé- nagement de son habitat et l'amélioration de son mode de vie.

Je veux faire revivre le long et patient labeur de nos ancêtres, rappeler les dures souffrances parfois traversées d'espoirs fous et de joies précaires, de ceux qui sont là, sous nos pieds, autour de la vieille église ou dans l'humble cimetière. J'offre à la méditation de tous cette belle page de Renan : "Parmi tous ces simples qui sont là... pas un, pas un seul ne vivra dans l'avenir. Pas un seul n'a inséré son action dans le grand mouvement des choses, pas un seul ne comptera dans la statistique définitive de ceux qui ont poussé à l'éternelle roue...

Depuis, j'ai transporté ma tente et je m'explique autrement cette grande nuit. Ils ne sont pas morts, ces obscurs enfants du hameau ; car... la vit encore et quand la France ne sera plus, l'humanité sera encore... et ce jour-là, le plus humble paysan qui n'aeu que deux pas à faire de sa cabane au tombeau, vivra comme nous dans ce grand nom immortel; il aura fourni sa petite part à cette grande résultante".

Oui, je voudrais que chacun de nous sente combien sont indispensables cet enchaînement, cette interdépendance des générations, qu'il sache que la meilleure manière de remercier et d'honorer nos prédécesseurs, c'est de donner à nos enfants, par notre conduite et notre travail, les moyens d'une vie plus facile, plus belle, plus pleine et plus humaine. PLAN DE L’OUVRAGE

ASPECT PHYSIQUE

I – Généralités II - Sol et sous sol III - Climat IV - Hydrographie V - Flore naturelle VI - Faune sauvage

ASPECT ECONOMIQUE

I - Evolution de la propriété et des cultures II - Elevage et petites cultures III - La forêt IV - La vigne

ASPECT SOCIAL ET CULTUREL

I - Population II - Commerce et communications III - Habitat IV -Mode de vie V- Loisirs VI - L'église, la vie religieuse VII - La maison noble de Cages VIII - Municipalité, école Première partie Aspect physique

I - Généralités

Situation - L'ancienne paroisse - La commune moderne "Le coin perdu".

Mon village natal, Illats - Illatz. llatz, lias - est situé au cœur de l'ancienne province d'Aquitaine (Guyenne par altération du langage) qui couvre tout le sud-ouest de la France. La , avant de s'unir à la Dordogne pour former la , arrose la région du Bordelais et en particulier l'étroite bande des Graves qui, sur sa rive gauche, la sépare dela grande plaine des Landes.

Ce terroir, bien que petit, jouit d'une renommée quasi mondiale grâce à l'excellence de ses vins.

Voici les coordonnées géographiques du bourg Latitude nord : 44° 35' ou 49,55 grades Longitude ouest : 2° 43' ou 3,02gr (Paris) Longitude ouest : 0° 23' ou 0,43gr (Greenwich) II se trouve donc presque à égale distance du Pôle Nord et de l'Equateur.

Saint-Laurent-d'Illats était autrefois une des quarante neuf paroisses de l'archiprêtré de Cernés qui avait pour chef-lieu . Cette importante division de l'évêché de Bor- deaux comportait, avec deux paroisses de la métropole même (Lodors et Saint-Nicolas de Graves) celles de , , , , , Saint-Magne, , , Saint-Symphorien, , Léogeats, , Fargues, , et bien entendu toutes les paroisses situées à l'intérieur de ce périmètre jusqu'à la Garonne.

Sous l'ancien régime, Illats dépendait de la juridiction de , sauf la partie située au nord de la Gargalle qui était attribuée à . Elle se trouvait dans la sénéchaussée de qui, avec 5 autres (, Castelmoron d'Albret, Agen, Nérac, ) formait la généralité de Guyenne, province nominalement dirigée par un gouverneur noble, mais en fait par un intendant.

La Révolution de 1789 a supprimé les provinces par trop inégales et particularistes et créé les départements. Celui de la Gironde, (il s'appela plusieurs années département du Bec d'Ambès, sans doute pour effacer le souvenir des députés girondins farouchement exterminés par les Montagnards de la Convention) comptait sept districts : Bordeaux, Bourg, Libourne, Cadillac, la Réole, Bazas et Lesparre. Le nôtre groupait dix cantons : Cadillac, , Créon, , Arbis, Saint- Macaire, Landiras, Barsac, Podensac et Castres ; nous étions rattachés à Barsac.

Actuellement, nous vivons en Gironde, le plus vaste département français, dans l'arrondissement de Bordeaux. Notre canton de Podensac groupe treize communes. La superficie d'Illats, 2923 hectares en fait la deuxième du canton, loin après Landiras, avant . Mais sa population,1009 habitants en 1975, ne la place qu'au septième rang par le nombre et au dixième par la densité : 34.5 habitants au kilomètre carré. Ce chiffre comparé à celui de la France, 95, et à celui de la Gironde, 100, indique un peuplement assez clairsemé. Limitée au nord par et Podensac, à l'est par Gérons, Barsac et Pujols sur Ciron, au sud par Landiras et à l'ouest par Saint-Michel-de-Rieufret, notre commune affecte la forme approximative d'un carré dont les diagonales nord-sud et est-ouest mesurent chacune sept kilomètres environ. La Garonne coule à cinq kilomètres à l'est ; l'Océan Atlantique roule ses vagues à soixante kilomètres à l'ouest.

Dans un opuscule "Communes et Cantons de France", certain chroniqueur pense que "l'origine du mot Illats vient du supin ilatum du verbe latin perdere. Cela voudrait dire un coin perdu où venaient se réfugier les populations voisines du fleuve lorsque les invasions suivant la vallée, détruisaient tout sur leur passage". Si la référence latine paraît plus que douteuse, il est vrai que certains documents anciens (1650 et 1675) ont fait état de l'arrivée de Barsacais réfugiés dans notre paroisse. Autrefois, on utilisait le chemin gallien, "lou camin gallian", qui conduisait de Bordeaux à Toulouse par Bazas, Nérac, Condom et Auch et qui traversait le nord-est de la commune sur une longueur de cinq kilomètres.

Beaucoup de centres commerciaux sont à notre portée : Cadillac, petite ville au riche passé historique, avec son marché bien achalandé du samedi matin, se trouve à sept kilomètres ; Langon, jolie sous-préfecture en expansion, avec ses nombreux magasins et son célèbre marché du vendredi, n'est qu'à quinze kilomètres ; enfin Bordeaux, la grande métropole commerciale et culturelle du Sud-Ouest, située à trente cinq kilomètres au nord, est très facilement accessible par la route nationale n° 113, mieux encore par l'autoroute des Deux-mers A 61 (nous avons un échangeur à Illats même) ou par la voie ferrée Bordeaux-Sète-Marseille (la gare de Cérons est à cinq kilomètres).

Notre village bénéficie, d'une part de la proximité de bons centres commerciaux et de voies de communication importantes, d'autre part du calme d'une localité légèrement en dehors des grands itinéraires modernes. Cette situation explique sans doute la cinquantaine de maisons édifiées ces dernières années par des jeunes ménages - pas tous d'Illats - qui vivent ici et travaillent ailleurs. Les étrangers, des Bordelais surtout, connaissent bien ce coin tranquille, car ils ne manquent pas de venir savourer, à la belle saison, notre air pur et balsamique et la douce quiétude de nos bois. Le Canton de Podensac II – Sol et Sous-sol

L'ère tertiaire et les mouvements tectoniques - L'ère quaternaire et les nappes alluviales -Le sable des Landes -L'alios - Les secousses sismiques - Le sol arable - Utilisation dusous-sol - Le faible relief.

A l'ère tertiaire qui fut l'époque de grands mouvements créateurs du relief actuel de notre planète, le bassin aquitain était un golfe marin soumis à des transgressions de la mer, suivies d'équilibres puis de régressions. On compte environ une trentaine de ces oscillations dont la formidable amplitude ne fut que peu sensible car elles s'étendent sur une durée de soixante millions d'années. Au début de cette ère, alors que s'annonce le plissement alpin, le massif pyrénéen achève de se former. Son anticlinal le plus éloigné, à base de roches crétacées appartenant à l'étage maestrichtien, s'élève dans la région Landiras-Villagrains.A la fin du tertiaire inférieur (éocène), ce bombement n'est pas recouvert par la mer qui englobe presque tout le bassin aquitain ; même à l'étage stampien, quand l'océan atteint son maximum, la région landiranaise forme un ilôt au dessus des flots. Les forages d'Elf- Aquitaine effectués en 1959 révèlent que notre sous-sol immédiat est formé de calcaires roux à alvéolines datant de l'éocène. Les sédiments de l'époque oligocène, pourtant si épais vers Bordeaux, centre du synclinal, ne se retrouvent pas ici. Cette couche calcaire, épaisse d'une cinquantaine de mètres, affleure presque dans la partie la plus basse de la commune, aux Assimats (au sud du Merle). Cela explique les carrières exploitées autrefois et récemment au nord-est d'Illats.

L'ère quaternaire, bien que très courte - un million d'années, c'est peu, eu égard aux 3300 millions d'années attribués à la formation de la Terre - revêt pour Illats une importance capitale. Si le relief est à peu près stabilisé, le climat ne l'est guère.

Cette ère a connu au moins quatre glaciations : Gùnz, Mindel, Riss, Wùrm, durant lesquelles les régions polaires et les massifs montagneux se sont couverts d'immenses glaciers. Des périodes interglaciaires de réchauffement ont fait fondre ces glaces accumulées, donnant naissance à des fleuves puissants et impétueux, qui emportaient tout sur leur passage et créaient vers l'aval un alluvionne-ment intense. Ainsi sont nées les nappes diluviennes successives formées de galets, de cailloux, d'argile et de sable plus ou moins mêlés qui sont la base de notre sol. Ces immenses terrasses qui s'inclinent en gradins ou en pente douce vers le fleuve ont été ensuite entamées par des rivières secondaires, le Ciron, le Gua-mort, pour former les célèbres terroirs de Sauternes, d'Illats et de Léognan.

Le sable des Landes, dont l'origine a paru longtemps incertaine, semble être tout simplement le produit de l'érosion des terrasses formées au début de l'ère par les eaux de ruissellement. C'est, en beaucoup plus grand, le phénomène que nous observons après un gros orage, quand des bancs de sable viennent s'amasser au bas de la pente. Les eaux délivrées par le réchauffement succédant à la dernière glaciation ont étendu ce sable sur une superficie considérable (triangle Océan-Adour-Garonne). L'épaisseur de cette couche peut atteindre une cinquantaine de mètres dans la Grande Lande, mais elle diminue progressivement vers l'est et le nord. Une bonne partie de la commune dépend de cette formation géologique. Les ondulations de la plaine landaise - car la pignada n'est pas uniformément plate comme on l'a cru longtemps - sont dues aux vents froids et violents qui ont sévi à cette époque (environ 8000 ans avant J.C.) sur ce terrain encore dépourvu de végétation. Avec le réchauffement, les plantes ont poussé et ont fixé le sol comme nous le voyons actuellement.

On ne peut quitter les Landes sans parler de l'alios. C'est un horizon d'accumulation formé de grains de sable très fin soudés entre eux par des oxydes de fer et par des colloï- des humiques provenant surtout de la décomposition des éricacées (bruyères). Les sels ferreux qui lui donnent sa couleur rougeâtre peuvent aussi provenir par migration ascen- dante, de la nappe phréatique sous-jacente. Tantôt friable, tantôt dur (autrefois, dans les Landes, la "garluche" a remplacé la pierre qui y était très rare) l'alios est assez imperméable et surtout réfractaire au cheminement des racines. Lorsqu'il est près de la surface, il ne supporte que la lande, voire un maigre taillis ; plus profond, il permet la culture du pin et même de la vigne ; s'il est moyennement enfoncé, il tolère les arbres, mais les racines restent étalées en surface et ne peuvent solidement fixer les fûts que les grosses tempêtes arrachent par milliers.

Notre région ne connaît pas les terreurs suscitées par les secousses sismiques. Toutefois, le tremblement de terre de 580 a fait de la côte gasconne profondé- ment échancrée, la plage rectiligne que nous connaissons. Celui de 1437 a causé quelques dégâts à la cathédrale de Bordeaux, de même que la commune de Vayres a été secouée le 1er août 1759. D'autres, moins violents ont été ressentis le 29 juin 1660, le 24 mai 1750, le 12 janvier 1752. Mais ni le terrible séisme qui détruisit Lisbonne le 1er novembre 1755, ni celui qui endommagea fort Arette dans les Pyrénées le 13 août 1967, n'ont pas été ressentis chez nous.

Les alluvions quaternaires plus ou moins récentes qui forment notre terre arable ont en gros la même texture ; mais la proportion des éléments constitutifs varie au point de donner en divers endroits des aspects différents. On trouve à l'ouest le sable blanc des Landes, noirci par des apports d'humus naturel et propre à la formation d'alios ; au centre, une bande plus ou moins caillouteuse due à la proximité d'une nappe de gravier entamée par les labours profonds : Archambeau, Ténicouta, Bourdieu, Bel air, Prouzet, Gougeon, Cabiro, Boutoc, le Hillot, le Mayne du Roy, le Merle et tout le nord de la Gargalle de Brouquet au Caméou ; à l'est, une couche de sable plus ou moins épaisse, aux lieux-dits significatifs : Toutblanc, Sabla près Mounic, autre Sabla près Lionne, le Sable. Des veines d'argile apparaissent dans la Grande Lande, près de Mougniart, au Mourlet. Des boulbènes sablo-argileuses forment la terre d'Escales, du Callac, du Bourdac.

Le sous-sol d'Illats ne recèle aucun gisement métallifère. La société Elf-Aquitaine a procédé à quelques sondages à Illats et à Landiras ; elle n'a sans doute rien trouvé car aucune suite n'a été donnée à ces forages. Les cimenteries Lafarge avaient pensé exploiter les énormes ressources de l'anticlinal calcaire datant du crétacé supérieur. De nombreux achats et échanges de terrain ont été négociés en vue de l'implantation de l'usine. Mais les vives protestations des vignerons voisins (Sauternes, Barsac, Illats) qui craignaient la fumée et les poussières ont fait échouer ce projet.

Dans les Assimats, l'entreprise Sattanino a fait extraire beaucoup de pierre pour les chemins. Mais c'est au 19e siècle que les carrières ont connu une belle vogue. Des excava- tions encore visibles, bien que garnies d'arbres et de ronces, témoignent de cette ancienne activité autour de Condrine, du Peyrey et à Peyragué. Certes, les procédés d'extraction n'étaient pas aussi rapides que maintenant ; un ou deux hommes seulement exploitaient une carrière durant des années. Que de temps en effet pour creuser à la barre à mine un trou profond de deux mètres dans le rocher ! De la poudre, une mèche de sûreté, une bourre calcaire, un coup de corne pour alerter les riverains et bientôt des blocs de pierrede toute grosseur volaient en éclats ; les plus volumineux étaient débités grâce à une lourde masse emmanchée d'une fine tige de chêne ou de coudrier. Des tombereaux emportaient les moellons vers les ports de la Garonne, Barsac, Cérons ou Podensac.

Puis est venu le temps des gravières. D'abord réservées à un usage local (Bouley, Moulin à vent, Ducasse, Barbediou, la Téchoueyre, Caze, la Roudère, le Ténicouta) elles ont pris une grande extension pour la construction de l'autoroute, les graviers du fleuve ne suffisant pas à satisfaire l'énorme demande. Mais la sauvegarde du vignoble limite leur prolifération et les grandes excavations du Hiou, de Barbédiou, de Barret, de Menautère ont dû être aménagées pour une utilisation ultérieure

L'argile n'est plus exploitée alors qu'autrefois c'était un matériau très important. Elle servait à lier les moellons des murs dans la plupart des maisons. Elle alimentait deux tui- leries, celle de ]eanty, la plus ancienne et celle de Chalup qui a dû fonctionner jusqu'au début de ce siècle. De nombreux trous parsemés dans la Grande Lande et aux Tuileries attestent de cette activité. Notre glaise était d'ailleurs d'excellente qualité : M. Foll, taillandier à Béguey, venait en chercher pour fabriquer les briques réfractaires de ses fours. .

Autrefois, on utilisait couramment le sable pour récurer les cuivres et pour de petits travaux nécessitant un peu de mortier. Cela ne se fait plus guère. Mais MM. Trénit et Sattanino, entrepreneurs de travaux publics, ont tiré de grosses quantités de sable à l'estdu Tauzin.

Comme dans toutes les plaines alluviales, le relief est peu marqué. Une table à peu près plate, légèrement inclinée vers le nord-est, reçoit les premiers rayons du soleil, avantage incontestable pour la vigne. Des ondulations à

peine perceptibles coupent sa monotonie; à l'ouest et au nord se dessine le vallon creusé par la Gargalle ; il rejoint à l'est une dépression large et peu profonde qui va vers la Garonne par le Basque et Saint-Cricq. On note aussi au centre et dirigées vers l'orient, trois endentures drainées par des ruisselets temporaires.

Le point culminant se situe au sud-ouest de la commune aux Tuileries (61 mètres) ; le plus bas, 6 mètres, se trouve après le Merle, vers la fontaine de Saint-Cricq. Les principaux villages sont à une altitude moyenne, sauf Archambeau qui domine à 49 mètres. Viennent ensuite Goujeon et Maingeon 38 mètres ; Choupiat, 34 mètres ; Baraille et le Hillot, 32 mètres ; le Bourg (mairie) 29 mètres ; la Sableyre, 26 mètres ; Escales, la Fontaine, Condrine, le Caméou, 22 mètres ; Barrouil et Brouquet, 21 mètres ; le Roy, 20 mètres ; Mounic et le Tauzin, 19 mètres ; Bouriet 18 mètres ; Jaussans, 16 mètres ; le Merle, 14 mètres ; le Basque, 13 mètres.

Les piétons et les cyclistes qui vont d'un village à l'autre ou qui traversent la commune de bout en bout n'ont pas à craindre une trop grande fatigue. Les côtes à pourcentage élevé ou d'une longueur éprouvante y font complètement défaut. Citons cependant quelques légères "grimpettes" : celle de Gougeon, 3 à 6% sur 600 mètres, fleuron du circuit cycliste annuel ; celles, très courtes d'Archam-beau, de part et d'autre du Mourlet, 4,5% ; celle de Cages, 4% sur 400 mètres ; celles de Cantau, de Bouley, de Condrine, du Caméou qui escaladent le versant nord de la Gargalle, 4% ; celle du Peyrey, très courte ; traversée du Merle et une autre, légère aussi sur la route de après le Tauzin. III – Climat

La température - Les vents - La pluviométrie -La météorologie - Dictons d'autrefois Nous jouissons d'un climat tempéré océanique idéal qu'expliquent aisément notre position médiane dans l'hémisphère boréal et le voisinage de l'Océan Atlantique réchauffé par le Gulf Stream, à l'ouest.

On ne note pas de grandes variations de température : les minima de —20° et les maxima de + 40° sont extrêmement rares, une ou deux fois par siècle peut-être. Voici les températures moyennes relevées dans le Sauternais durant une décennie

Décembre 6,16 Mars 8,26 Juin 19,31 Septembre 19,43 janvier 6,15 Avril 12,60 Juillet 21,61 Octobre 14,49 Février 7,28 Mai 15,23 Août 21,68 Novembre 9,07

Hiver 6,53 Printemps 12,03 Eté 20,87 Automne 14,33

Les périodes les plus froides se situent généralement début décembre, début janvier, fin février. On constate souvent un léger réchauffement à la Chandeleur mais ce "redoux" agréable pour les bêtes et les gens risque d'être néfaste aux plantes qu'un départ végétatif précoce expose aux gelées d'avril.

En automne, nous avons le court été de la Saint-Martin qui favorise les vendanges tardives, habituelles dans le Sauternais et les Graves. On connaît la touchante légende de Martin qui fut légionnaire romain avant de devenir évêque de Tours : voyant un pauvre grelottant au bord du chemin, il partagea son manteau d'un coup d'épée et en donna la moitié au malheureux ; aussitôt le soleil se montra, réchauffant le soldat et le mendiant.

On compte 30 à 60 jours de gelée par an. Mais l'hiver n'est guère rigoureux chez nous. Il ne maltraite pas les plantes, encore moins les bêtes et les gens, exception faite de quelques froids excessifs (1709,1789,1956...) où les ceps de vigne furent en grande partie détruits. Par contre, les gelées printanières tardives sont assez fréquentes et redoutables pour le vignoble. Depuis toujours, les cultivateurs se méfient de la lune rousse (celle qui commence en avril et finit en mai) bien que celle-ci n'ait scientifiquement aucune action pernicieuse. Ils redoutent aussi les saints de glace, Mamert, Pancrace, Servais, dont la fête, les 11, 12 et 13 mai coïnciderait avec une recrudescence du froid.

Si les grosses chaleurs de juillet et d'Août n'ont laissé que de fugaces souvenirs : (1577-1605-1719-1729-1731-1744-1755-1803-1811-1851-1869-1888-1893-1898 1900-1922-1949), certains hivers particulièrement rigoureux sont entrés dans la légende :

581-82 : Saint-Grégoire de Tours raconte que, poussés par le froid, les loups entrèrent dans Bordeaux et y dévoraient les chiens. 1442-43 : Charles VII, enfermé dans la Réole, dut quitter la place, car la Garonne gelée permettait le passage des Anglo-Gascons. 1481-82 : Un grand froid dura six semaines après Noël • le blé et la vigne furent perdus 1572-73 : La marée passa sur les glaces de la Garonne et engloutit beaucoup de monde ; la vigne souffrit beaucoup 1607-08 : Le fleuve fut gelé deux mois sans arrêt 1615-16 : Le 17 décembre, Louis XIII enfant quitta Bordeaux pour Créon ; des gens de sa suite périrent de froid. Des charrettes traversaient le fleuve à Langon 1623-24 : La rivière fut gelée jusqu'à Agen ; à Saint-Macaire, des compagnons allumèrent du feu et dînèrent sur la glace de la "mer"; la vigne fut perdue. 1631-32 : Un froid très vif détruisit le blé, ce qui provoqua une épouvantable famine. 1708-09 : Un des plus terribles froids connus dans la région ; le thermomètre oscillait entre —17° et —23° ; la Garonne fut gelée durant deux mois et la neige tomba abondamment, il fallait chauffer le pain pour le couper, le vin gelait dans les barriques, les oiseaux, le bétail dans les étables, les vieillards périrent en grand nombre, le vignoble fut détruit, les arbres même éclataient sous l'emprise du froid. 1728-29 : Le froid persista longtemps, de fortes chutes de neige, le verglas ensuite paralysèrent le pays. 1765-66 : Un froid rigoureux dura deux mois, le vignoble fut perdu. 1788-89 : Le froid intense (—15°) se prolongea, des charrettes chargées de farine traversèrent le fleuve à Bordeaux. 1822-23 : Cet hiver sans soleil fut des plus rudes, un froid intense (—22°) régna deux mois, les loups envahirent les villages, les corbeaux entrèrent dans les volières ; on priait dans les églises pour mettre fin à cette calamité. 1846-47 : Un froid continu sévit du 16 décembre au 14 mars. 1870-71 : Cet hiver de guerre fut précoce et long, il y eut de fortes chutes de neige et des lames de glace sur le bassin d'. 1875-76 : Beaucoup de neige et deux périodes de grand froid en décembre et en janvier. 1887-88 : II y eut 65 jours de gelée et de la neige en février. 1890-91 : La neige tomba, les gelées furent très fortes.

Il semble que le 20e siècle ait été plus clément ; quelques hivers un peu rudes en 1904-05, en 1917-18, 1931-32, en 1939-40 (durant la "drôle de guerre") en 1940-41 (début de l'occupation allemande) et en 1963-64 (froid très vif, mais bref).

Cependant il faut mettre à part celui de 1955-56 : le 21 février on se réveilla sous une couche de 80cm de neige ; les voitures en stationnement ne paraissaient plus. Cet épais manteau blanc que personne, même les vieillards, n'avait jamais vu, suscita l'émerveille- ment et la joie ; mais le froid (—15°) s'installe et la neige tient bon, paralysant la circulation pendant une bonne semaine ; le printemps venu, on s'apercevra que des pieds de vigne ne repoussent pas.

Les vents soufflent de façon modérée. Ils atteignent rarement la force de la tempête, provoquant alors quelques dégâts dans les pignadas où l'alios est peu profond ; les pins déracinés, appelés chablis, jonchent la forêt et la soudaine abondance de bois provoque la baisse des cours. Le plus souvent, le vent du sud-ouest venant du golfe de Gascogne, apporte des pluies abondantes ou des orages. Quand il arrive du nord-ouest, il est accompagné de bruine froide. Le vent du sud ("pluge sou mus") ne dure guère et tourne à l'ouest et à la pluie. Celui du nord-est, assez fréquent en hiver et en été, amène le beau temps et un sensible refroidissement. Les ouragans dévastateurs, les tourbillons sont très rares. Il m'est pourtant arrivé, une fois de voir un de ces minuscules typhons enlever en quelques instants, le foin sec prêt à rentrer. On trouve aussi parfois, sur une très petite surface, une dizaine d'acacias arrachés ou brisés par un vent brutal.

La pluviométrie de la région est très moyenne, 75 à 80cm par an. Ces précipitations sont réparties sur 200 jours environ, soit plus d'un jour sur deux. Par ailleurs, si on considère que la moitié au moins de cette eau tombe en une trentaine de jours seulement, on doit conclure que le reste est plus humide que mouillé. En année pluvieuse, la hauteur d'eau tombée avoisine 1 mètre ; par contre, les années sèches peuvent ne recevoir que 30cm. Les pluies violentes, les gros orages sont assez rares et comme le sol perméableles absorbe facilement, les eaux pluviales ne gênent guère les travaux agricoles.

Néanmoins, les vendanges exigent un temps bien ensoleillé. Nous avons parlé de la neige des hivers d'autrefois ; en fait, elle est assez rare et bien des saisons froides ne voient pas un seul flocon ; quand il en tombe quelques uns, ils fondent en arrivant au sol. La grêle n'a pas souvent dévasté la commune, heureusement. Les orages, sans doute attirés par la vallée du Ciron au sud ou celle du Gua-mort au nord, n'éclatent guère sur Illats. Toutefois le 29 août 1727, "il tomba des grêlons dont certains pesaient un kilo,- ils saccagèrent, hachèrent 30 lieues de pays ; les postillons et les chevaux de poste surpris par la rafale arri- vèrent au relais de Villandraut ensanglantés et mourants". Illats a connu la grêle le 25 août 1732 et en 1774 ; enfin le 8 septembre 1933, un violent orage a ravagé le centre et le sud de la commune ; les raisins presque mûrs, meurtris, hachés gisaient sous les ceps ou étaient emportés au bout des rangs.

Le brouillard, assez fréquent en novembre et décembre - le mois de brumaire du calendrier républicain mérite bien son nom - et au printemps, n'est jamais assez dense pour paralyser complètement la circulation ; en octobre, une brume légère, vite dissipée, favorise la maturation des raisins et l'action bienfaisante de la pourriture noble.

La prévision du temps nous est communiquée tous les jours par les journaux, la radio et la télévision. Cela aide beaucoup les vignerons pour l'ordonnancement de leurs travaux et surtout pour la prévention des maladies cryptogamiques; des bulletins spéciaux sont même diffusés à cet effet.

Autrefois, les paysans qui ne possédaient pas ces moyens commodes étudiaient attentivement les phénomènes atmosphériques et, comme les vieux loups de mer, ils "sentaient" le temps. Leurs observations répétées les aidaient pour leurs prévisions. De nombreux dictons mi-précis, mi-poétiques mettaient leurs trouvailles à la portée de tous.On peut sourire de la naïveté et de la crédibilité de ces proverbes, mais reconnaissons qu'ils témoignent du souci d'aider les voisins et les successeurs.

En voici quelques uns parmi les plus courants, certains en patois gascon suivi de la traduction.

— Noël au balcon, Pâques aux tisons — Quand à Noël on voit les moucherons, à Pâques on voit les tisons. — A la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur. — Le soleil de la Chandeleur annonce hiver et malheur — A la St Vincent (22-1 ), le vin monte au sarment, et quand il gèle, il en descend. — Pluie de février vaut un fumier. — Février le plus court des mois et de tous le pire à la fois. Mai froid n'enrichit, mai mou est signe d'une bonne année. Jamais pluie de printemps ne passe pour un mauvais temps. — Année de foin, année de rien. — A la Madeleine (22-7) les noix sont pleines. — A la Sainte-Luce (13-12) les jours croissent d'un saut de puce. — Ciel pommelé, femme fardée ne sont pas de longue durée. — Petite pluie abat grand vent. — Entre Toussaint et Noël, ne peut trop pleuvoir ni venter. — Se Nadaou s'arrage, Pasques que s'arraille. Si Noël se réchauffe, Pâques se refroidit. — Se per Nadaou sourcille, per Pasques que tourreille. Si pour Noël il fait soleil, pour Pâques il gèle. — Couan Matines es à l'escurade, qu'es annade de millade. Quand Noël est clair, c'est une année de millet. — La bugade de Nadaou que damore naou jouns aou claou. La lessive de Noël reste neuf jours à l'étendoir. — ]amey Nadaou n'es chen agnéts, ni Pasques chen merlats. Jamais Noël n'est sans agneaux, ni Pâques sans jeunes merles. — Per sen Bincent, que bâchent les tourrades, qu'aoumentent lous grands béns. Pour St Vincent, les gelées diminuent, les grands vents augmentent. — Toune de héourey, les cubes aou graney ; toune de marts, pan et bin de toutes parts ; toune d'abriou, les cubes aou riou ; toune de may, plante so que te play. Tonnerre de février, les cuves au grenier ; tonnerre de mars, pain et vin de tous cotés ; tonnerre d'avril, les cuves au ruisseau ; tonnerre de mai, plante ce qui te plaît. — La flou de hérouey es per lou curé ; la de marts, per lous richarts ; la d'abriou, per tous lous bious. La fleur de février est pour le curé ; celle de mars pour les riches ; celle d'avril pour tous les vivants. — Se plaou per Sen Médart, que plaoura crante jouns pus tart ; se hey bet per Sen Bernabé, li cope l'erbe su lou pé. S'il pleut pour St-Médard (8-6) il pleuvra quarante jours plus tard ; s'il fait beau pour St-Barnabé (11-6), ça lui coupe l'herbe sous le pied. —Tan de jouns lou coucut cante après Sen Jian, tan de liou-res aoumente lou pan. Tant de jours le coucou chante après St-Jean, tant de francs augmente le pain. — Couan la gruoue ba en Espagne, samie lou blat den la campagne; couan la gruoue ba en Abignoun, arestére coumpagnoun. Quand la grue va en Espagne, sème le blé dans la campagne ; quand la grue va en Avignon, ratisse, compagnon (proverbe catalan). — Couan la gruoue passe bas, débat l'aie porte glas ; couan la gruoue passe haout, débat l'aie porte caout. Quand la grue passe bas, sous l'aile elle porte la glace ; quand la grue passe haut, sous l'aile elle porte la chaleur. — Sent Arouman lou plouricous, Sente Catrine la hagnouse. St Romain (24-11) le pleureur, Ste Catherine (25-11) la boueuse. — Couan abriou martsège, lou porge carnège. Quand avril est comme mars, le cimetière se remplit. — En abriou, ne quitte pas un hiou ; en may, quitte so que te play. En avril, ne quitte pas un fil, en mai quitte ce qui te plait. — Aoube rouge, bén ou piouje. Aube rouge, vent ou pluie. — Brume après sourcil liouat, pluje aouan sourcil couchiat. Brume après soleil levé, pluie avant soleil couché. — Piouje dou matin n'arreste pas l'oubrey en camin. La pluie du matin n'arrête pas l'ouvrier en chemin. Piouje dou mijoun dure tout lou joun. La pluie de midi dure toute la journée (on dit indifféremment piouje ou pluje : pluie). IV – Hydrographie

Des ruisseaux temporaires : Gargalle, Arec, Escourre, Mourlet, Ponticots. Les sources. Les mares. Les puits et les nappes phréatiques.

Une pluviosité moyenne répartie sur presque toute l'année, un sol très perméable réduisent à peu de chose le système hydrographique de la commune.

On note seulement quelques ruisseaux temporaires dont le plus important est la Gargalle dénommée aussi la Riou.

Née d'une source proche du vieux château de Landiras dont elle remplissait les fossés, elle a un cours de 12 kilomètres. Prenant la direction du nord, elle creuse un lit assez étroit, profond de près d'un mètre, dans le sable des Landes jusqu'à la couche d'alios ; elle pénètre dans Illats et reçoit un petit affluent venu de Lègue et de Brach. Quelques trous assez profonds au pied des vergnes rompent la monotonie de son cours sur lequel tournaient autrefois deux moulins.

A Brouquet, où on avait aménagé un superbe lavoir avec pierres taillées et pelle de retenue, elle s'oriente vers l'est et ses berges sont moins escarpées. Après Condrine, elle côtoie d'anciennes carrières qui sont sans doute la cause des pertes (nous disions des abîmes) qui assèchent son lit. Aussi celui-ci est-il à peine visible lorsqu'elle rejoint le ruis- seau de Saint-Cricq au « clôt de Tachon », après avoir suivi le remblai du chemin de fer ; autrefois elle tirait tout droit vers le Ciron, actuellement ruisseau du Saugenan.

D'une altitude de 60m à la source, elle n'est plus qu'à 38m au pont de la Grande Lande, 20m à Brouquet, 12m à la traversée de l'aqueduc -Bordeaux et 5m au pont de Couteleyre sous la voie ferrée, soit une légère pente de 5mm par mètre. Son débit très faible, nul même en été vers l'aval, peut gonfler rapidement à la suite d'un gros orage. Alors, elle inonde les prés et les bois voisins, puis rentre bien vite dans son lit, laissant quelques flaques dans les creux proches. Pendant mon enfance, nous construisions des batardeaux pour assécher le ruisseau durant ses maigres eaux; puis, armés de fourchettes, nous piquions des anguilles, des gardons, des vairons ; quelques brochets séjournaient dans les trous d'eau du côté de Brouquet. On ne trouve plus rien maintenant, le débit étant devenu trop faible et irrégulier.

L'Arec, né à la fontaine de la Hountasse, est encore plus intermittent. Passant au Haurat, puis sous l'autoroute, puis à Jaussans, il finit dans la dépression des Hountettes après un cours de 4 kilomètres qui ne paraît qu'en temps très pluvieux.

L'Escourre qui draine les eaux pluviales depuis Caze est surtout alimentée par la source de la Fontaine, au débit abondant et régulier. Cependant, elle se perd quelques cen- taines de mètres plus loin après avoir irrigué quelques jardins ; aussi les constructeurs de l'autoroute n'ont pas songé à lui ménager le moindre écoulement.

Le Mourlet qui vient des prés du Barrail et qui alimentait autrefois la fontaine d'Ardennes a creusé dans le sol argileux une petite rigole que le travail des hommes a pour- suivi jusqu'au delà de Bouriet. Lui aussi est le plus souvent à sec.

Nous n'avons pas à redouter les terribles inondations de la Garonne ; cependant, en 1930, l'eau boueuse du fleuve avait remonté jusqu'au bas du Caméou par la Gargalle et jusqu'au Basque par Saint-Cricq et les Hountettes.

Il semble que nous allons vers un assèchement progressif car ces ruisseaux me paraissaient plus actifs dans mon enfance. L'observation des cartes de Cassini ou de Bellayme, dressées vers 1780, montre que l'Arec rejoignait l'Escourre au sud de Jeandot pour poursuivre un cours commun vers Saint-Cricq et le Ciron. De tout cela, il n'est resté que le maigre fossé des Ponticots qui marque la limite avec Barsac. La Gargalle

L'antique, belle et limpide fontaine d'Illats qui décida probablement de la position du bourg et de l'église a été, de tous temps, fort remarquée. Dans ses statistiques de 1874, M. Féret assure qu'elle débitait 100 hectolitres à la minute ; nous sommes actuellement loin du compte. Très bien installée avec ses trois compartiments bâtis en pierres de taille et en moellons, elle sert successivement au puisage de l'eau potable, à l'abreuvage du bétail et au lavage du linge. Mais cela n'a plus guère d'utilité. Le lavoir même, recouvert à neuf, ne reçoit plus que quelques rares ménagères.

La source de la Hountasse eut autrefois beaucoup d'importance. En 1646, le seigneur de Cages y avait fait construire un réservoir et un abreuvoir, puis un fossé avec des tuyaux de pin pour amener le surplus à Cages. En 1694, le nouveau propriétaire, trouvant cette installation abandonnée et ruinée, commanda Pierre Déjean, maître maçon à Landiras pour l'aménager. Bon nombre de vieilles femmes se souviennent d'y avoir lavé leur linge, mais le confort ménager a voué cette fontaine à l'abandon. A peine peut-on la retrouver, complètement tarie et démolie, au milieu des saules et des ronces.

Celle de la Hountette existe toujours, mais son débit est extrêmement faible. Autrefois, il y en avait deux, dont parlait Léo Drouyn vers 1860 : « A quelques centaines de mètres des allées couvertes druidiques, sont deux fontaines appelées les Hountettes qui ont la propriété de guérir les maux de nez ; mais la personne qui veut obtenir guérison doit aller aux sources en secret et, sans même être soupçonnée de s'y rendre, doit se coucher à plat ventre sur le bord de l'eau et en aspirer avec le nez ».

Par ailleurs, de petites mares comme celle du Bue, près de Lionne, et celle du Basque ont disparu. Abstraction faite de la zone humide assez importante des Hountettes, il ne reste que quelques coins marécageux à la Grande Lande, aux Juncardes, aux Trilles, aux Bâches, aux Couraous, c'est-à-dire à l'ouest de la commune. Ils sont dus à la proximité de l'alios imperméable et se dessèchent chaque été.

Les courbes hypsométriques de la région révèlent une longue dépression inférieure à 15m d'altitude et qui, partant des sources de Fonbanne à Budos, s'écarte progressivement du Ciron ; elle passe à l'est des villages de Pinguet, de Pelotte, de Bouriet, du Tauzin, frôle celui du Basque et va rejoindre le creux des Hountettes. Humide, marécageux même en quelques endroits, le sol est formé de sable très pur comme on en voit au fond des ruisseaux, avec par-ci, par-là, des joncs et des roseaux qui croissent encore parmi les pins et les chênes.

Le cheminement des ruisseaux le Tursan et la Mouliasse parait anormal, en ce sens qu'un petit affluent s'infléchit toujours vers l'aval avant de rejoindre le lit principal : voyez le Tarn, le Lot, la Baïse, le Dropt ; le Ciron même ne se jette perpendiculairement à la Garonne que depuis 1750, date où d'importants travaux ont détourné son cours pour alimenter le moulin du Pont. Auparavant, il passait près de l'église de Barsac, traversait les palus (ruisseau de l'Or) et allait se jeter dans le fleuve au port de Cérons, commune qui se nomma autrefois Sirione, puis Séron.

Il se peut donc que le Ciron, rivière vagabonde des sables, formant encore de nombreux bras, ait eu depuis Fonbanne, une de ses branches filant tout droit vers le nord, recueillant au passage le Tursan, la Mouliasse, l'Arec et la Gargalle avant de rejoindre le cours principal au Saugenan. En 1685, l'abbé Baurein parle bien d'un pont des Chartreux ou des Moines jeté sur le Ciron et reliant les paroisses de Cérons et de Barsac ; cela semble prouver l'existence d'une belle rivière, perpendiculaire à la grand'route.

Chaque hameau possède un, deux ou même trois puits dont la profondeur varie selon l'altitude du lieu. Le plus profond se trouve à Archambeau, 20m ; ceux du Bourdiou, Brouquet, le Hiou mesurent 17m ; puis viennent ceux de Goujeon, Condrine, le Cameou, Navarrot avec 13m, d'Escales 8,5m, du Tauzin 8m, du Roy 5,5m.... Ces quelques mesures laissent supposer une nappe phréatique située à un niveau correspondant à celui de la Garonne. Mais d'autres puits ont une profondeur très différente : 2,5m à Mangeon, 3m à Caze et au Pesquey, 1,5m à Barrouil ; ils ressemblent à ceux de Saint-Michel et, comme eux, voient leur niveau monter en hiver ; cette deuxième nappe plus haute correspond à la couche aliotique imperméable, caractéristique des Landes. Mais depuis que la plupart des ménages sont desservis par le réseau d'adduction d'eau Budos-Pujols-Landiras-lllats, tous ces puits sont à peu près inutilisés ; quelques-uns (Goujeon, Caze, le Hiou, le Cameou,...) sont déjà taris.