Utopie & Combat
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Les Dissonances David Grimal Utopie & combat Entretien Paul Audi / David Grimal Les Dissonances, collectif d’ar- Un espace où compositeurs et tistes : on a pris l’habitude de interprètes renouent un dia- voir les musiciens dirigés à la logue nécessaire. baguette. Jouer sans chef, c’est Les Dissonances poussent tou- prendre la liberté de se réunir jours plus loin le niveau artis- lors de sessions de travail, dans tique des défis qu’elles relèvent, un espace décloisonné où cha- des Sympho nies de Beethoven cun crée sa place. Solistes, cham- à celles de Brahms, en passant bristes, musiciens d’orchestre par des programmes mettant à et brillants étudiants en devenir l’honneur des œuvres trop peu se re trouvent afin de s’enrichir connues du public. David Grimal, mutuellement. violoniste et directeur artistique Voilà presque dix ans, une aventure musicale inédite a réuni les Créées en 2004, Les Dissonances sont en résidence à l’Opéra de plus grands musiciens solistes et chambristes de France et d’Eu- Dijon depuis 2008, et se produisent régulièrement à la Cité de la rope avant de s’étendre jusqu’au Japon. Premier orchestre sym- Musique et au Volcan – Scène Nationale du Havre. Les Dissonances phonique sans chef d’orchestre, Les Dissonances réinventent la organisent également L’Autre Saison, une série de concerts en l’Eglise pratique musicale à travers une organisation participative où les St Leu à Paris, en faveur des Sans Abris. L’ensemble donne carte talents et les idées de chacun sont valorisées. L’orchestre se pro- blanche à ses musiciens qui proposent ainsi un concert par mois. duit sur de nombreuses scènes européennes et a obtenu la recon- Le premier enregistrement sous le label Ambroisie-Naïve naissance immédiate de la Critique internationale. Métamorphoses consacré aux Métamorphoses de Richard Strauss Liberté des musiciens, dans leur choix de travailler ensemble, et à la Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg a reçu un accueil liberté de choix des compositeurs, des oeuvres et des programmes, enthousiaste de la critique : ffff de Telerama, BBC Music Choice, et libre association avec les salles et festivals qui partagent ce Arte Sélection. Les Dissonances confient ensuite leurs enregis- même souci d’exigence, d’excellence et d’innovation artistique. trements au Label Aparté : Le disque Beethoven (7e Symphonie Car cette exigence en tout est la contrepartie à cette liberté en et Concerto pour violon) sorti en octobre 2010, a reçu les ffff de tout revendiquée par Les Dissonances. Il faut y ajouter d’autres Telerama et été choisi dans la sélection 2010 du Monde. valeurs : Les Dissonances ont un inspirateur et un leader, mais elles n’ont pas de Chef ! Les musiciens sont tous égaux et unis Les disques Quatre Saisons de Vivaldi et Piazzolla (2010) et par le partage fraternel de la musique. Liberté, égalité, frater- Beethoven#5 (2011, également salué par les ffff de Telerama) nité, générosité, voilà les valeurs qui animent et inspirent Les voient l’intégralité de leurs bénéfices reversés à l’association Dissonances... et bien sûr leurs partenaires. Les Margéniaux (association de soutien de projets de personnes Éric Garandeau, Président en situation de précarité). En décembre 2013, Les Dissonances lancent leur propre label Dissonances records, sous lequel paraî- tront : Brahms – Concerto pour violon et 4o Symphonie (décembre 2013) ; Mozart – L’Intégrale des Concertos pour violon, flûte et hautbois (printemps 2014). Une collaboration de longue haleine avec Heliox Films et Frédéric Delesques permet de mener une politique de captations audiovisuelles. Elles sont régulièrement diffusées sur Mezzo et diverses chaînes à travers le Monde, draî- nant ainsi des millions de téléspectateurs. L’Ensemble Les Dissonances est en résidence à l’Opéra de Dijon. Il est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication. Il reçoit le soutien ponctuel de la Spedidam. Il est membre de la Fevis et du Bureau Export. L’Autre Saison reçoit le soutien de la Caisse d’Épargne Île-de-France. 4 5 Un hymne à la joie Distribution et orchestre de créer ensemble pour Soliste Alto Hautbois David Grimal Natasha Tchitch Alexandre Gattet Tomoko Akasaka Gildas Prado les bonnes raisons ! Les Inrockuptibles Violon 1 Arnaud Thorette Hans Peter Adrien Boisseau Clarinette Hofmann Christophe Gaugué Vicent Alberola Jouer sans chef, ce n’est pas Nicolas Gourbeix Vincent Debruyne Michel Raison Sullimann Claudine Legras le problème, c’est la solution ! Altmayer Alain Martinez Basson Télérama Doriane Gable Julien Hardy Hugues Borsarello Violoncelle Frédéric Durand Mariko Umae Jérôme Fruchart Les Dissonances sont une bulle Manon Phillippe Victor Julien Cor d’oxygène, un espace Hugues Girard Laferrière Antoine Dreyfuss Pablo Schatzman Maja Bogdanovic Hugues Viallon de liberté. Frédéric Peyrat Pierre Burnet Le Monde 2 Violon 2 Hermine Horiot Marianne Tilquin Jin-Hi Paik Héloïse Luzzati Agathe Girard Trompette Une lecture organique des Maud Grundmann Contrebasse Joseph Sadilek Ghislaine Laurène Durantel Karel Mnuk œuvres, saluée par la critique Benabdallah Anita Mazzantini Mathilde Pasquier Thomas Garoche Timbales partout en Europe. Mattia Sanguinetti Julien Bourgeois Le Figaro Joseph André Flûte Julia Gallego Les Dissonances… Fleur Gruneissen an extraordinary ensemble in terms of musical sensitivity and emotional power. 7 BBC Music Magazine David Grimal mène une carrière internationale de violoniste soliste qui le conduit depuis vingt ans à jouer régulièrement sur les plus grandes scènes de musique classique du monde. Ses enregistrements ont été salués par la critique internationale. De nombreux compositeurs lui ont écrit des œuvres et il est un partenaire musical recherché par ses pairs. En parallèle à cette carrière classique, il a choisi de développer des projets plus per- sonnels. Les Dissonances sont au cœur de ces territoires de liberté et de création. Dans ce laboratoire d’idées, conçu plus comme un collectif de musiciens, qu’un simple orchestre, David Grimal et ses amis vivent la musique comme une joie retrouvée. Comme un prolongement naturel à ce désir de partage, David Grimal enseigne le violon à la Musikhochshule de Saarbrucken. Il a éga- lement fondé le quatuor Dissonances en compagnie de Hans Peter Hofmann, David Gaillard et Xavier Phillips et créé « L’autre saison », une saison de concerts pour les sans-abris à Paris. David Grimal a été fait chevalier dans l’ordre des arts et lettres en 2008 par le Ministère de la culture français. Paul Audi est né en 1963 ; il est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie et docteur en philosophie. Après avoir soutenu une thèse sur Jean-Jacques Rousseau (Rousseau, éthique et passion, PUF, 1997) et enseigné à l’université de Paris XII, il a travaillé en tant qu’éditeur aux Presses Universitaires de France tout en poursuivant parallèlement ses recherches philosophiques. Il est à ce jour l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont la plupart sont consacrés aux relations entre l’éthique et l’esthétique en Occident, au cours des Temps Modernes. Il est notamment l’auteur de Supériorité de l’éthique (Champs-Flammarion, 2007), de Créer. Introduction à l’esth/ éthique (Verdier, 2010). Derniers ouvrages publiés : Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même et L’Affaire Nietzsche (Verdier, 2013). 8 Entretien PA Paul Audi David Grimal DG PA Cher David, qu’est-ce qui fait te penser, comme je t’ai souvent entendu le dire, que le concert symphonique hérité des formes de création musicale du XIXe siècle a fini de nous intéresser ? En quoi cette forme qui préside au fonctionnement de toutes les philhar- monies du monde serait-elle devenue caduque ? DG Le rituel, Paul, la disparition ou la transformation du rituel… Je pense, pour tout dire, que c’est l’aventure humaine qui est en train de changer complètement. Ce n’est pas seulement une histoire de génération, la musique classique n’est pas un truc de vieux — cela n’est pas vrai. Mais le fait est que cette musique ne correspond plus à l’aventure collective de notre monde. J’ai assisté à ce changement dans les anciens pays de l’Est ces quinze dernières années. Je devais avoir à peine 25 ans lorsque j’ai eu la chance de jouer pour la première fois dans la salle de l’Aka- demie Franz Liszt à Budapest. J’y avais interprété la fameuse sonate pour violon seul de Béla Bartók. La qualité du public m’avait porté ; grâce à lui, j’avais mieux joué. C’est un sentiment étrange que j’ai rarement vécu. Dix ans plus tard, on n’osait même 10 11 10 plus programmer cette œuvre. L’organisateur de concerts avait qu’on assimile la musique savante à l’image sage et ennuyeuse changé, c’était désormais une structure privée qui avait peur du classicisme, tant il est vrai que la musique savante est en réalité que Bartok vide la salle. C’est un peu comme si on n’osait plus plus rock’n roll que le rock lui-même !… En fait, le rock est beau- programmer du Ravel à Paris ! Pendant des siècles, la musique coup plus classique. Et si l’on oppose le baroque et le classique a été le fait de la religion, puis a répondu aux désirs des rois et en disant, par exemple, que le baroque est « fou » contrairement enfin est devenue l’émanation des nations. Il y a toujours eu un au classique qui, lui, est « raisonnable », alors la musique savante substrat idéologique, une volonté d’habiller le pouvoir. Ce pou- se révèlera être bien plus baroque que le rock ou n’importe quelle voir est aujourd’hui dépassé. Le monde actuel ne se définit plus musique qui emploie des formes de composition extrêmement au travers des nations ; il mue selon de nouveaux espaces. Les simples. La musique savante peut-être schématiquement catégori- nouveaux pouvoirs préfèrent d’autres valeurs plus fédératrices sée ainsi : la musique de répertoire, la musique de patri moine et la sur une base planétaire dont les noyaux sont formés de villes- musique contemporaine.