Cahiers François Viete

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Cahiers François Viete CAHIERS FRANÇOIS VIETE Série II – N°1 2009 Varia ANDRÉ CAUTY - Promenade en arithmétique maya DIANE DOSSO - Les scientifiques français en exil aux États-unis pendant la seconde Guerre Mondiale FRANÇOIS LOGET - Viète sur l'angle de contact ou la postérité d'un isolé SYLVÈNE RENOUD - Les images dans les ouvrages de sciences de la vie du XVIe au XIXe siècle PIERRE SAVATON - Les cartes géologiques départementales : entre savants et ingénieurs des mines Centre François Viète Épistémologie, histoire des sciences et des techniques Université de Nantes Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie centrale de l'université de Nantes, juillet 2011 Mise en ligne en juin 2016 sur www.cfv.univ-nantes.fr SOMMAIRE ANDRÉ CAUTY ....................................................................................................... 5 Promenade en arithmétique maya DIANE DOSSO ......................................................................................................... 31 Les scientifiques français en exil aux États-unis pendant la seconde Guerre Mondiale FRANCOIS LOGET ................................................................................................. 61 Viète sur l'angle de contact ou la postérité d'un isolé SYLVÈNE RENOUD ............................................................................................... 79 Les images dans les ouvrages de sciences de la vie du XVIe au XIXe siècle PIERRE SAVATON ................................................................................................. 103 Les cartes géologiques départementales : entre savants et ingénieurs des mines Cahiers François Viète, Série II, 1,2009,31-59 LES SCIENTIFIQUES FRANÇAIS EN EXIL AUX ETATS-UNIS PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE* Diane DOSSO Résumé Après la signature de l'armistice franco-allemand en juin 1940, une poignée de scientifiques français se préparèrent à l'exil. Qui sont ces scientifiques? Pourquoi quittèrent-ils leur pays? Comment organisèrent-ils leur départ? Après avoir exami• né ces différentes questions, nous suivrons l'itinéraire de certains scientifiques au départ de France, nous enquêterons sur leur emploi et leurs ressources en Amérique, jusqu'à la création du Bureau Scientifique au sein de la Délégation de la France libre aux États-Unis. Le relatif échec de leur participation à l'effort de guerre allié dans les laboratoires américains sera finalement compensé par le succès de la Mission Scien• tifique Française en Grande-Bretagne, première étape vers leur retour en France en 1945. Introduction Au début du mois de mai 1940, l'offensive allemande sur les Pays• Bas, le Luxembourg et la Belgique rompt l'immobilisme de la période de « la drôle de guerre». À la défaite militaire, succèdent la débâcle puis l'exode de la population vers le sud. Près de huit millions de Français, civils et mili• taires, deux millions de Belges réfugiés en France, fuient dans la terreur et la panique l'avancée des chars allemands, sous la menace des avions bom• bardiers. Le plus grand désordre règne. L'atmosphère est apocalyptique, aucune sphère de la société n'est épargnée. Les Allemands entrent dans Paris déserté par le gouvernement et la majorité de ses habitants le 14 juin 1940. Le 22 juin est signé l'armistice franco-allemand. Il entre en vigueur le 25 juin. Les soldats sont démobilisés. Les programmes de recherches inté• ressant la Défense nationale sont annulés1. La France est désormais coupée en deux par une ligne de démarca• tian: « zone occupée» au nord; « zone libre» ou, plus exactement, « zone non occupée» au sud. Son tracé part de la frontière espagnole à l'est * Conférence donnée le 20 avril 2004 au Centre François Viète. 1 Picard Jean-François, « La création du CNRS », La Revue pour l'histoire du CNRS, n"}, Novembre 1999, p. 61. 32 DIANE Dosso d'Hendaye, remonte à l'est de Bordeaux, Angoulême et Poitiers, s'infléchit vers l'est au sud de Tours, passe par Moulins et Chalon-sur-Saône pour atteindre la Suisse au nord de Genève. De juillet 1940 à mars 1943, il faut pour franchir cette nouvelle frontière légalement, en plus d'une carte d'iden• tité en règle, se munir d'un laissez-passer (ausweis) délivré par les oc• cupants. En août 1940, le recteur de l'université de Paris Jérôme Carcopino, qui souhaite se rendre à Vichy, doit patienter dix-sept jours avant de l'obte• nir. À partir d' avril 1941, le Reich renforcera sa surveillance sur la ligne de démarcation, ce qui aura des conséquences fâcheuses pour maints scientifi• ques préparant leur départ vers l'Amérique. D'autant plus que jusqu'en juin 1941, le voyage aller et retour de zone non occupée à zone occupée est rarement autorisé. Le l" juillet 1940, après un séjour de 48h à Clermont-Ferrand succé• dant au repli en Touraine (le 11 juin) puis à Bordeaux (le 14 juin), le gou• vernement français s'installe définitivement à Vichy, en zone non occupée. À la suite des évènements dramatiques de Mers el-Kébir, les relations di• plomatiques franco-britanniques sont rompues le 8 juillet 1940. Le projet de collaboration renforcée entre scientifiques français et anglais participant à l'effort de guerre est définitivement réduit à néant. Par un vote de l' Assemblée Nationale réunie à huis clos le 10 juillet 1940 dans la salle de théâtre du Grand Casino de Vichy, par 569 voix contre 80, la IIIè Républi• que prend fin, donnant naissance à l'Etat français. Avec l'adoption le 11 juillet 1940 des trois premiers actes constitutionnels, le maréchal Pétain détient non seulement le pouvoir constituant, mais également les pleins pouvoirs législatif et exécutif. Il propose rapidement aux Français de se rassembler contre la France laïque et républicaine, la France des juifs et des francs-maçons. Les premiers visés par le régime de Vichy sont les Français ayant obtenu la nationalité française par voie de naturalisation. La loi du 10 août 1927 leur avait facilité l'accès à la nationalité française, il est désor• mais procédé à la « révision de toutes les acquisitions de nationalité fran• çaise » intervenues depuis cette date (loi du 22 juillet 1940, J.O. du 23 juil• let 1940). L'éviction des naturalisés ne se limite pas aux cabinets ministé• riels et à la fonction publique. Elle touche successivement les vétérinaires, les médecins, dentistes et pharmaciens, les avocats et enfin les architectes. De nombreux scientifiques, en majorité universitaires, perdent automati• quement leur emploi en étant déchu de leur nationalité. Durant les années trente, la France a accueilli de très nombreux réfu• giés, victimes des politiques menées aussi bien par Staline, Hitler, Mussoli• ni, Salazar ou Franco. Au cours de ces mêmes années, la question de l'or• ganisation de la recherche scientifique a été très fréquemment discutée au LES SCIENTIFIQUES FRANÇAIS EN EXIL AUX ETATS-UNIS 33 Parlement. Au cœur de ce débat, se trouvait précisément la question de l' accueil des scientifiques et savants étrangers. La science est par essence internationale, lieu d'échanges, de dialogues, de collaborations. Pour se développer, la science, par exemple française, a besoin d'apports extérieurs. Paradoxalement, c'est au moment où les menaces fascistes étaient les plus lourdes, que les forces politiques de gauche au pouvoir en France ont réussi à inscrire au budget de I'Etat des sommes tout spécialement destinées aux étrangers. L'artisan de ces mesures est un biochimiste, lui-même étranger, Louis Rapkine-. Profitant des circonstances favorables créées par la victoire électorale du Front populaire, il est parvenu à mettre en place à Paris le Comité français pour l'accueil et l'organisation du travail des savants étrangers? en liaison avec son homologue anglais, la Societyfor the Protec• tion of Science and Learning (société pour la protection de la science et du savoir). Ce Comité vient en aide aux victimes de tous les totalitarismes, qu'elles soient ou non juives. La guerre réduit considérablement son activi• té. 1. Accepter ou refuser l'exil ? Il semble que les nombreuses personnes menacées par la nouvelle si• tuation politique soient contraintes à l'exil, pour assurer leur survie même. Quelle autre solution pour des individus privés du jour au lendemain d'em• ploi, et redevenus dans le même temps des étrangers dans le pays qu'ils avaient choisi comme lieu d'asile? Repartir, émigrer une seconde, voire une troisième fois. La France n'aura finalement été pour eux qu'un pays de transit. Sont particulièrement visés les signataires en 1934 du manifeste du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes (CVIA) tels le physi• cien Pierre Auger, directeur du Service de Documentation créé pendant la « drôle de guerre », le 16 novembre 1939, le mathématicien Jacques Hada• mard, le directeur du CNRS et physiologiste Henri Laugier (de plus franc• maçon); les personnes engagées à gauche, figures du Front Populaire comme les physiciens Jean Perrin et son fils Francis doivent impérative• ment quitter la France pour se soustraire à une arrestation prévisible. 2 Dosso Diane, « Louis Rapkine, biochimiste (Tchichenitch, près de Minsk, Russie, 14juillet 1904 - Paris, 13 décembre 1948) », Archives Juives, Revue d'his• toire des Juifs de France, n032/2, 2è semestre 1999, pp. 130-133. 3 Le Populaire, organe central du Parti socialiste (S.F.I.O.), 12juillet 1936, p.5. 34 DIANEDosso Comment ces personnes menacées pourraient-elles dès lors refuser l'exil? Elles ne semblent déjà plus avoir le choix en juillet 1940. Cepen• dant, ce serait oublier la diversité, la complexité des situations, la multitude des motivations d'ordre privé, difficilement
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