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L’histoire de Pont-Hébert de 1940 à 1944

« Village qui a joué un rôle important au cours des combats de la libération. A été détruit presque aux trois/quarts. A supporté ses deuils et ses ruines avec courage et s'est remis au travail avec ardeur ».

Paris le 11 novembre 1948, Max LEJEUNE - Secrétaire d'État aux armées à l’ordre de la Division Sa vie pendant l'occupation

Pont Hébert, fut occupé par les troupes et sur la gare de Lison, jetaient quelques allemandes, dès le 18 juin 1940. La troubles parmi les habitants, mais commune n'eut pas à trop souffrir de jusqu'au 6 juin 1944 aucune perte ne fut cette occupation, mais les pontois avaient à déplorer dans la commune. Un jeune parfois des problèmes avec les soldats. homme de Pont-Hébert, le caporal-chef Une pontoise, Mme Gautier, fût Adrien Lalouelle fut tué au cours des convoquée par la Kommandantur opérations militaires le 11 juin 1940 aux allemande pour avoir été vue en train de environs dEvreux, son corps a été se moquer dune caricature dHitler ramené et inhumé à Pont-Hébert au accrochée au mur. cours de l'année 1948.

À différents reprises les hommes de la Plusieurs jeunes gens de la commune commune furent contraints de garder les furent requis par le service du travail Le bourg et l’église avant sa destruction voies ferrées, les fils téléphoniques et de obligatoire et envoyés en Allemagne, travailler pour les troupes d'occupation. quelques uns réussirent au cours de La Bataille de juillet 1944 Certains durent accompagner des trains permissions à se dissimuler afin de ne de permissionnaires allemands les pas repartir en Allemagne. Un seul parmi À compter du 6 juin 1944, la commune se exposant ainsi au feu de l'aviation alliée. ces jeunes gens n'est pas rentré trouve sous le feu de l'aviation et de Toutes ces mesures, la population les d'Allemagne, porté disparu au début l'artillerie américaine. Dans la nuit du 5 supportait tant bien que mal sans perdre 1944, dont les parents n'ont jamais pu au 6 juin le grondement lointain mais son calme. Au cours de l'occupation, des obtenir de renseignements depuis sa intense avertit la population que le bombardements fréquents sur les côtes disparition. débarquement a commencé et que la situation devient de plus en plus sérieuse pour les habitants de notre département.

Dans l'après-midi du 6 juin, des bombes sont jetées d'avions à proximité du Pont de la , détruisant la maison appartenant à Madame Blondel, rue aux juifs, sans provoquer trop de dégâts et sans faire de victimes. Ces bombes, envoyées sans doute à titre davertissement, annoncent que le pont sera probablement visé par l'aviation américaine. Le Bourg est désert, la plupart des habitants de Pont-Hébert se Le pont en pierre sont réfugiés depuis la veille dans la A N°12 – Juin 2014 campagne environnante.

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Dans la nuit du 7 juin, des centaines ayant préféré chercher asile dans les des habitants pour achever le pillage davions bombardent la région. A 6 fermes de la campagne environnante. Le systématique des maisons, pillage heures du matin, une patrouille de temps sest mis à la pluie, lartillerie est commencé depuis le 10 juin. plusieurs avions américains pique sur muette et laviation ne vole quasiment Une grande partie des habitants cherche « le pont » en le bombardant mais ce ne pas. On se croirait presque à létat de asile dans les quelques fermes de Mesnil- fut quen milieu de matinée que paix ! Durand, non comprises dans l'ordre laviation réussit à le détruire Le 27 juin, la bataille reprend de lautre d'évacuation allemand, bien que se définitivement en larguant 6 bombes en côté de la Vire, à la hauteur de léglise trouvant sur le territoire de la commune plein milieu. Toutes les toitures des de et les soldats se plaignent de Pont-Hébert. Les allemands ne maisons du bourg et particulièrement davoir eu beaucoup de perte par le cachent pas quils sont complètement celles de la rue aux Juifs, sont bombardement. encerclés et quune grande bataille va se endommagées. Quant aux vitres des Contrairement au droit international, les déclencher. Les habitants sont dans fenêtres elles jonchent le sol. Dans la lincertitude la plus complète et cette allemands réquisitionnent des hommes soirée, le bombardement de Saint-Lô triste situation rappelle lexode de 1940. commence, une quantité de morts est à pour abattre des haies le long de la déplorer et la ville est détruite au trois- rivière. Le 5 juillet, à 9h00, les obus commencent à tomber sur Pont-Hébert. Un incendie quarts. Le 28 juin, nous avons confirmation de la très important se déclare dans le bourg La fin de la semaine est plutôt calme, prise de Cherbourg, avant sa libération abandonné par ordre des allemands et le malgré le largage de quelques bombes et définitive le 30 juin, donnant ainsi aux presbytère brûle comme une torche. obus. On apprend que depuis le mardi, alliés le 1er port en eau profonde. Malgré l'interdiction de ces derniers, les environ 200 parachutistes américains, Le 30 juin 1944, de mauvaises nouvelles pompiers de la commune aidés de déportés par le vent, ont atterri à circulent et les allemands donnent quelques courageux habitants Graignes. Malgré tout, les personnes, du l'ordre aux habitants du haut du Bourg et réussissent, sous le feu de l'artillerie fait du mitraillage des colonnes aux habitants du village dEsglandes, américaine, à enrayer le sinistre, qui, allemandes sur les routes, se réfugient d'évacuer leurs fermes et leurs sans leur intervention aurait sans doute dans les chemins creux, de jour comme habitations. détruit toutes les maisons du bourg. de nuit. Le 2 juillet, les habitants du bourg À compter du 6 juillet les bombardements Le mardi 13 juin, le pillage organisé par reçoivent pareil ordre, jusquau deviennent de plus en plus violents, les les allemands, commence et les presbytère du Mesnil-Durand inclus, communications entre les fermes de habitations ainsi que les commerces de chacun emportant ce qu'il a de plus Mesnil-Durand où se trouvent les Pont-Hébert néchappent pas à la règle. précieux. Chaque famille est dans réfugiés et le Bourg sont impossibles, du Jusquen milieu de semaine, les nuits lobligation de quitter son foyer devant reste, les allemands interdisent sont plutôt calmes. les S.S arrogants qui attendent le départ sévèrement toute circulation. Dans la nuit du jeudi 15 juin, vers 2 heures du matin, tout le monde est dehors pour observer le passage considérable davions larguant des grappes de fusées au dessus de Saint-Lô. Ce véritable feu dartifice éclaire le sol comme en plein jour.

Les bombardements deviennent de plus en plus intensifs, comme les pillages allemands dailleurs. Larmée allemande donne limpression dêtre en débandade. La nuit du 17 juin est épouvantable, lartillerie tonne sans arrêt et bons nombres dhabitants de la commune pensent que leur dernière heure est venue. La tour de lobservatoire des Hauts-Vents dune vingtaine de mètres en hauteur, installée par les allemands, est détruite.

Jusqu'au 26 juin, la vie continue au ralenti dans le village où les habitants Pont en Bois avant sa destruction sont peu nombreux, presque tous,

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Peu à peu, le tir de l'artillerie américaine que les hommes rampaient avec ténacité sétend vers Mesnil-Durand et déclenche et rampaient encore pour attaquer le un tir sur le clocher de léglise, utilisé long de chaque cheminement d'approche. comme observatoire par les allemands, Nos tanks pouvaient aider mais peu. qui malgré tout reste intacte. Toutes les Chaque fois quun deux tentait de personnes refugiées chez Mr Lemazurier pénétrer une rangée de haies, il était évacuent chez Mr Viard et dans dautres forcé de s'élever presque verticalement, fermes environnantes. exposant de ce fait le ventre protégé du

Le vendredi matin 7 juillet, vers 2h00 du char en le transformant en proie facile pour n'importe quel type dobus matin, avant que les américains ne tentent de franchir la Vire, un perforant le blindage. Etait également bombardement infernal se déchaine au Char M4A4 Sherman exaspérant le fait que, avec le nez du dessus de la tête des habitants. "Hedge cutter" Rhinoceros * char dressé vers le ciel, il était impossible de permettre à ses canons de Le 8 juillet, la vie des habitants devient La bataille des haies est un des moments tirer sur l'ennemi; les équipages étaient de plus en plus intenable et les deux de la tragique avancée américaine vers désarmés aussi bien pour se défendre que premières victimes, Mr Gardie et son Saint-Lô. Le général Eisenhower la pour détruire l'allemand. » épouse, tombent sous lexplosion dun exprimé dans son livre "Les opérations obus à peu de distance de la ferme de Mr en Europe" : Hervieu. Leur fille est grièvement A 13h00, le poste de commandement touchée, leurs fils indemne. Il semblerait «Ce qui compliquait le problème de la du colonel Birks reçoit la visite des que la bataille pour Pont-Hébert soit percée sur le front américain, cétait la généraux Patton, Eddy et Watson. Après commencée ! prédominance des rangées de haies une fausse alerte concernant la montée formidables dans le pays du bocage. du sud des chars allemands, la bataille Le 9 juillet, la 30ème Division Dans cette région, les champs depuis des éclate vers 14h30. La compagnie du dInfanterie américaine peut donc siècles avaient été divisés en très petites 743ème bataillon de tanks américain perd reprendre sa marche en avant et un surfaces, parfois à peine plus grande que en quinze minutes une partie de ses chars véritable déluge de feu sabat de part et la taille dun bâtiment agricole, chacune et abandonne les autres. Le 2ème bataillon dautre sur la commune. Lattaque entourée par une haie dense et épaisse du 120ème régiment subit de lourdes débute à 7h00 et se développe lentement. qui, ordinairement, poussait sur une pertes et, démoralisé par ce combat, le La confusion ne fait que croître et la bande de terre à trois ou quatre pieds de plus dur de toute la guerre, recule de 400 pluie persistante, exténue les soldats haut. Parfois ces haies et les bandes de mètres. En réalité, il sagit dune action mouillés et boueux des leggins au casque. terre qui les portent sont doubles, purement locale et non pas, comme le Lobjectif immédiat est maintenant le formant entre elles un fossé prêt à supposent un moment les américains, secteur autour des Hauts-Vents, à 4 km l'emploi, et offrant naturellement plutôt surpris par la violence du choc, dune au-delà des positions avancées de la une ultime protection dans le champ de large offensive appuyée par linfanterie. 30ème Division dInfanterie. Là bataille et un camouflage naturel. Dans Le point critique est atteint entre 16h00 commence une arête courant vers le sud, presque chaque rangée étaient cachées et 17h00 et la situation ne se rétablit que entre la Vire et la Terrette où se des mitrailleuses ou des petites équipes vers 18h30 grâce, en particulier, à découvre un large horizon. Les Hauts- de combat qui étaient en position parfaite lintervention de lartillerie divisionnaire Vents se situent à lextrémité nord d'une pour décimer notre infanterie pendant du général Mc Lain. pente étroite menant directement à la route Périers-Saint-Lô et abritent le C.C.B (Combat Command B) et son unité la 3ème division blindée américaine.

C'est une sorte de phare attaqué de tous côtés au milieu d'un océan déchaîné. Les tanks avancent difficilement ; sils suivent la route allant à Pont-Hébert, ils sont freinés par la présence de linfanterie ; sils se risquent à travers champs, ils doivent souvrir des passages dans les haies et glissent sur le terrain trop humide

* Cette invention du sergent américain CULIN consistait simplement à souder à l'avant du char deux lames solides en acier qui, agissant un peu comme des faux, coupaient Quelque part sur la commune de Pont-Hébert le 18 juillet 1944, des chars Sherman B travers la bande de terre et de haies. sont entretenus par des mécaniciens à l'arrière du front.

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Pont-Hébert juillet 1944 . Le pont sur bateaux en caoutchouc (steel treadway, pontoon bridge M2) Les éléments de la 2ème division panzer S.S nont en fait obtenu Les arbres, les pommiers, tout vole. Mme Chevalier est que de médiocres résultats et les allemands constatent avec grièvement blessée en trayant une vache. est retrouvée regret léchec de leur tentative et laffaiblissement chaque jour morte dans un petit chemin menant à la Vire, un bras coupé et plus grand du groupe de bataille Heintz. Ce jour là, une une partie de la tête arrachée !

quantité importante de bombes incendiaires tombent sur la Certaines personnes sont restées blotties pendant plusieurs ferme de la Huchardière. Mr Moulin et les enfants Gautier, jours dans une haie, dun petit chemin allant vers la Vire, sans réfugiés dans la grange, sont portés disparus. Tout brûle, mais manger ou très peu, les blessés et les morts camouflés à côté Michel Gautier réussi à sortir de la grange emmenant sa sœur sous des branchages. Ce fut des heures et des jours terribles, avec lui. Trois autres personnes sont blessées, dont le fils bloqués entre les américains et les allemands, les tanks et les Gardie déjà atteint dans ses affections de la veille. Bernard obus faisant trembler le sol. Deux sapeurs-pompiers en tenue, Gautier, 13 ans, et Mr Fauvel, ingénieur à la lusine Claudel, Albert Dufour et Albert Dossier patrouillaient dans le secteur ; brulent dans la cave ! ils allaient dans les fermes voisines, la ferme de Beaupré et la Après une nuit calme, la lutte reprend le 10 juillet, mais les ferme Hervieu aux cinq cheminées.

américains ne parviennent pas au sommet des Hauts-Vents. Les La bataille est acharnée sur le territoire de la commune, les routes étroites sont encombrées de véhicules endommagés et les allemands, dans leur communiqué officiel signalent que les tanks qui préfèrent sengager dans les champs se heurtent à anglo-américains ont obtenu de légers progrès en direction de leurs deux grands ennemis : les haies et les « 88 » (Canons de , que dans le secteur de Saint-Lô, ils ont atteint Pont- 88 mm remarquables par leur puissance de feu, leur cadence de Hébert, et que 150 blindés ont été détruits dans la journée du tir élevée, la grande capacité de pénétration de leurs obus et 10 juillet. par leur précision remarquable pour l'époque).

Le « village Belle-Lande » (rue de la Rairie aujourdhui), que les américains croient abandonné, est solidement tenu et les batteries allemandes à lest de la Vire gênent lavance du 119ème régiment, le long de la rive gauche. Pourtant, au cours dune conférence qui réunit les généraux Hobbs et Watson, les colonels Ednie et Roysdon, un plan audacieux est imaginé. Le 119ème régiment est chargé de lexécution : tandis que le 1er et le 2ème bataillon protégeant le flanc gauche du régiment, passeront vers « la Bessinière », le 3ème bataillon se saisira de « la Fautelaie », sur le rebord sud de la colline 91 (position Canon allemand 88 pack 1943 américaine pour nommé les Hauts-Vents), débordant ainsi les défenses des « Hauts-Vents ». Cest sans compter sur La semaine est mouvementée, l'artillerie américaine arrose lopiniâtreté des allemands. Rien naboutit mais cependant, à presque sans arrêt toute la région de Mesnil-Durand et chaque louest des « Hauts-Vents », des succès importants sont jour des noms nouveaux s'ajoutent à la liste des victimes. obtenus. Le mercredi 12 juillet est clair et chaud. A la ferme Hervieu, Le 11 juillet, la 30ème Division dInfanterie, dans sa dure pas de blessés sérieux, par contre dans une autre ferme quatre journée de lutte a repoussé une contre-attaque désespérée. Les personnes sont grièvement blessées. La fille de Mme Lecorche unités ennemies sont clairement identifiées et figurent est tuée et sa mère gravement blessée. La bataille à travers la désormais des éléments de la de la Panzergrenadier-Lehr- Vire retient l'infanterie et les blindés. Le pont a été démoli, Regiment 902 (Régiment de grenadiers), la 2.SS Panzer- mais pourrait encore être utilisé par des fantassins, dou le Division "Das Reich", ainsi que le 3.Fallschirmjäger-Division désir allemand de conserver la traversée de Pont- Hébert, voie (bataillon de reconnaissance parachutiste). Beaucoup dobus de communication entre 84ème Corps et 2ème corps de sont largués et Mr Gautier décédera plus tard suite à une grave parachutistes. Les hommes du général Hobbs connurent lun blessure au poumon causé par un éclat dobus. des jours le plus dur de l'offensive. C N°12 – Juin 2014

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Le jeudi 13 juillet, la ferme de Mr Au cinquième jour de la bataille, la 30ème Lemazurier est brûlée et léglise du Division dInfanterie comptait 1.300 Mesnil-Durand rasée. Mme Lechevalier, blessés. Des tankistes, qui ont combattu le mariée du 28 mai, est tuée. La survie du jour et entretiennent leurs véhicules clocher de léglise de Pont-Hébert est pendant la nuit soulignent que «les chars plutôt inhabituel, et est probablement du ont besoin de maintenance, et les hommes au fait, que situé dans la vallée de la Vire, de repos». Une victoire au goût amer les allemands navaient aucun intérêt à alors que la bruine incessante interdit lutiliser comme observatoire. l'intervention des chasseurs bombardiers

américains. Pour la première fois de la semaine, la 30ème Division n'a publié aucun ordre d'attaque. La libération

Le 14 juillet, jour de la fête nationale, Enfin le dimanche 16 juillet, les premiers l'action a été limitée à quelques éléments américains prennent contact mouvements mineurs, comme le avec les réfugiés d'une ferme, les

rajustement des lignes, mais le bruit reste allemands se défendent pied à pied, les infernal. La 30ème Division dInfanterie troupes américaines mettent près de 48 américaine commandée par le général heures à franchir un espace de 500 m Leland S.Hobbs, positionnée près de entre deux fermes. Mesnil-Durand, s'empare du bourg de Dès le lundi matin 17 juillet, on nous Pont-Hébert. Les allemands creusent des signale lapproche des troupes abris et la situation devient mauvaise. américaines et les premiers soldats Le 15 juillet, dans la matinée, le américains font apparition, dans la bombardement est extrêmement violent soirée, par le chemin conduisant à la dans un petit herbage de 500 m² situé ferme de Mr Viard. Joie intense, bien que entre la route et une maison où se les obus continuent à tomber autour des trouvaient des réfugiés. Cent huit trous refugiés.

dobus sont comptés après la bataille. La Au fur et à mesure, les américains ferme reçut elle-même quatre obus sans envoient vers l'arrière les civils libérés et faire de victimes et le bombardement est le 18 juillet tous les habitants de Pont- aussi violent sur toute l'étendue du Hébert, qui étaient restés sur le territoire secteur où se trouvent les réfugiés. de la commune sont conduits à Sur la Vire, le 119ème régiment a enfin Montmartin-en-Graignes. Les américains repoussé l'ennemi après la route de Pont- les comblent de cadeaux : biscuits, Hébert et obtient le contrôle définitif du cigarettes mais le centre daccueil des pont ruiné, pendant que 35ème Division réfugiés est un véritable camp de combat sur l'autre rive. bohémiens.

19 juillet 1944 : les pilotes de P-471st Lt Henry W. Collins, 1st Lt Bayard B. Taylor et 1st Lt Joe F. Richmond du 366th Fighter Group inspectent l'effet de leurs attaques sur une colonne de blindés

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Les autorités américaines font ce quelles Membres d’une unité de matériel réparant des armes avant leur retour sur le front. Pont-Hébert 1944. peuvent pour soulager la misère des réfugiés, le ravitaillement est bon et la viande ne manque pas !

Le 19 juillet, Albert Dufour et Albert Dossier réussissent à traverser la première ligne de feu et signalent aux américains la présence de civils dans les fermes du Mesnil-Durand. Ils reviendront dire aux réfugiés de partir rapidement vers les lignes américaines car lartillerie alliée ne tirerait pas de 6h à 9h du matin. Tous sont emmenés à pied à travers champs. En passant prés de léglise du Mesnil-Durand, où se depuis quelques jours. Un spectacle enterrer ; ce travail consiste à faire des trouvent des ambulances, des soldats impressionnant soffre à lui, un grand trous, y déposer de la dynamite pour américains se reposent dans les fossés. nombre de maisons n'étant plus qu'un provoquer une cavité où les bêtes seront Un tank allemand brûle avec ses soldats amas fumant, toutes sont très déposées. Cest pendant ce travail que dedans endommagées, les débris de toutes sortes lopération Cobra commencera.

Les civils, se trouvant devant le front qui recouvrent le sol et les mines laissées par les allemands en retraite témoignent Lopération Cobra américain, continuent leur route vers le de l'acharnement de la lutte. nord, traversant la Vannerie, la Rairie Le général Omar Bradley, commandant pour se rendre à la ferme du Clos Bessin. Dans la campagne le spectacle de de la 1ère armée, la conçoit ainsi : un Parmi eux, certains sont blessés désolation est le même, à la place de la bombardement aérien de saturation grièvement depuis plusieurs jours et n'ont belle campagne normande verdoyante on (tactique du « tapis de bombes ») sur un reçus que des soins sommaires. Les ne voit que des champs bouleversés par périmètre restreint doit anéantir toute américains prodiguent des secours et les lartillerie et les chars, arbres et haies défense et créer la brèche dans laquelle hospitalisent dans leurs formations abattus, une poussière épaisse couvre devraient s'engouffrer ses unités. Son sanitaires de campagne dont lune est tout et on se demande si un jour la choix s'est porté entre les villages de La basée dans la cour de la ferme Legoupil. végétation reprendra, des cadavres de Chapelle-Enjuger et Hébécrevon, à Le soir, un camion U.S. les transportera bestiaux tués au cours des quelques kilomètres au nord de la grande au lieu dit Les Fresnes à Montmartin-en- bombardements et de la bataille, route joignant Saint-Lô à Périers, Graignes. couvrent les herbages et leur odeur rend jouxtant Mesnil-Durand. en certains endroits lair irrespirable. Le 20 juillet, la pluie fait son apparition, Décidé initialement pour le 20 juillet, le au grand dam de certains réfugiés qui Des volontaires commencent à bombardement est repoussé de quelques couchent dans les étables. Le Maire de rechercher les soldats tués. Ils sont très jours pour cause de mauvais temps. Une Pont-Hébert est autorisé par les bien payés pour ce travail dangereux première tentative, le 24 juillet, tourne au américains à revenir quelques heures dans les champs, les bois et les chemins. désastre à cause d'une gaffe dans les dans le bourg même, libéré seulement Puis il y aura les vaches quil faudra communications.

De nombreux avions alliés La rue aux Juifs et le bas de la rue de la Fautelaie bombardent une partie des premières lignes américaines, tuant 25 soldats américains et blessant 131 hommes. « Certaines unités américaines, folles de rage, ouvrirent le feu sur leur propre aviation ».

Le lendemain, 25 juillet, à partir de 9 h 40 et durant une heure, 1.500 bombardiers, B-17 et B-24, labourent leurs cibles, appuyés de 1.000 autres bombardiers moyens et chasseurs bombardiers : le plus grand bombardement en tapis de la Seconde Guerre mondiale est B en cours.

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Ce jour-là, 4.000 tonnes de bombes seront Le 28 juillet, les autorités américaines lâchées, 60.000 bombes pour 12 km2 de autorisent le retour dans la commune des bocage, soit 5.000 bombes incendiaires au habitants regroupés à Montmartin-en- km². Un pilonnage de la zone sera suivi par Graignes, chacun sempresse de rentrer, 1.100 pièces d'artillerie, transformant le les privilégiés peu nombreux qui trouvent bocage en paysage lunaire. Le front leur maison à peu près intacte reçoivent américain reculera secrètement de leurs voisins avec des moyens de fortune, plusieurs kilomètres afin de ne pas risquer ceux beaucoup plus nombreux dont la de le voir pilonner une seconde fois. maison a été détruite ou inhabitable Malheureusement ce ne fut pas assez. Il y cherchent asile de droite et de gauche. On eut 111 tués dans les rangs américains dont voit des être humains s'abriter dans des le Lieutenant Général Lesley McNair le étables à bestiaux à demi-démolie ! plus haut gradé américain mort au combat L'hiver 1944-1945, est très pénible. Les sur le théâtre des opérations européen et logements ne sont pas habitables, leau y 490 blessés. Des hommes furent tombe abondamment et malgré toutes les déchiquetés, des chars projetés en l'air bonnes volontés des services de la comme des jouets, des soldats perdirent la reconstitution et des ouvriers, il est raison. Après ce désastre le général impossible de se procurer des matériaux, le Bradley se souvient, que le général service ferroviaire de la étant Eisenhower, complètement abattu, décida uniquement réservé aux transports des de ne plus appuyer les offensives au sol par troupes et du matériel américain débarqué des bombardements lourds. à Cherbourg.

En revanche, la Panzer Lehr Division du Après plus de quatre ans d'une humiliante lieutenant-général Fritz Bayerlein est occupation, Pont-Hébert a recouvré la pulvérisée. Des chars Panther de 45 tonnes liberté mais a payé cher sa libération. Au sont détruits par le souffle des cours des durs combats qui se sont déflagrations, des fantassins sont enterrés déroulés sur son territoire : vivants dans leurs abris. En quelques -17 civils furent tués, 20 autres blessés et 2 d'entre heures, 1.500 hommes sont hors de combat, eux devaient succomber à leurs blessures peu de tués, blessés, et la plupart des chars temps après la libération ; détruits. En tant qu'unité opérationnelle, la -26 habitations furent entièrement détruites une Panzer Lehr n'existe plus. L'après-midi, les cinquantaine d'autres grièvement endommagées ; ème ème 9 et 30 divisions américaines attaquent -22 fermes ont été détruites et 30 autres la zone et se heurtent, malgré tout, à des partiellement sinistrées ; petits îlots de résistance, des groupes de -les 3 églises mutilées étaient rendues combat, un canon et quelques fantassins, inutilisables ; constituent les principaux noyaux -l'école des filles comprenant deux classes était allemands de résistance. Mais dès le également entièrement détruite ; lendemain, les troupes américaines -la presque totalité de la population était sinistrée. occupent les objectifs désignés et le Général Collins lance trois colonnes de blindés dans un étroit goulot au travers du Daprès les statistiques officielles la front allemand : première colonne vers commune présente Coutances, deuxième et troisième colonnes un pourcentage de 74 % de destruction ! dans une mission de flanc-garde ou protection.

Pont-Hébert. 8 août 1944. En attendant la construction d’un nouveau pont, 3 ambulances Ford traversent la Vire à gué.

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EEn images…

Des réfugiés dans la ferme « des Fresnes » à MMontmartin-en-Graignes Des réfugiés aau château de la Mare (Cavigny)

Le retour de réfugifugiés

John est né le 12 Juin 1923 à Philadelphie et avait des origorigines Irlandaises. Le 15 Février 1943 il est enrôlé à Philadelphie où il rejointre alors la 30ème Division d’Infanterie Américaine. Le 11 Février 194419 il embarque pour l’Europe au port de Boston et débarque à Liververpool. Entre le 10 et 14 Juin 1944, John débarque en Normandie.. LeL 17 Juillet 1944 John est porté disparu. Le lendemain, le 18 Juillett 1944,1 John est déclaré mort au combat. Il est probable que John soit décédédé suite à une blessure à la poitrine causée par un tir de fusil dandans le secteur de Pont Hebert. Le soldat John M Carroll fût d’abord enenterré provisoirement au cimetière de la Cambe (Bloc K ; Allée 2 ; N°3°37). Il fût par la suite transféré définitivement au cimetière de Saint-Laureurent. L’église de Mesnil-DuDurand en ruine Sources : « notes sur la bataille de 1944 » de monsieur LEMASSSSON ; « Pont-Hébert – Saint-Lô / juin – juillet 1944 » de madame GAUTIERIER ; Photos d’archives de l’armée américaines