Iii - Le Morcellement Du Pouvoir Central
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III - LE MORCELLEMENT DU POUVOIR CENTRAL DU PAGUS A LA PRINCIPAUTÉ Retracer l'histoire des institutions politiques au sein d'un ensemble politique unique, et et administratives de la Wallonie sous l'An cela jusqu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle. cien Régime peut paraître paradoxal à un De plus, les groupements territoriaux dont double titre. En raison d'un risque d'ana elles firent partie débordèrent longtemps chronisme d'abord: le territoire considéré, largement des limites méridionales et orien limité à la Belgique romane actuelle, n'a pris tales de la Belgique actuelle, sans tenir conscience de sa singularité qu'au cours des aucunement compte non plus de la frontière dernières décennies. Il n'existait pas comme linguistique. entité particulière à l'époque que nous nous C'est la réorganisation administrative de proposons de traiter ; bien plus, dans les l'Empire sous Dioclétien, qui entraîna leur domaines politique et institutionnel, il peut première division, entre trois provinces diffé être tenu pour un produit de l'Etat belge rentes: une ligne d'orientation générale contemporain. D'autre part, en ce qui con nord-sud, partant de l'embouchure de l'Es cerne le gouvernement des hommes, le régime caut, du Rupel et de la Dyle sépara désormais français de 1795-1815 a marqué une césure la Belgique seconde (capitale: Reims), de la d'une netteté brutale, qui a véritablement Germanie seconde (ou Germanie inférieure; gommé le passé, de sorte que l'étude de celui capitale: Cologne) au nord et de la Belgique ci ne peut servir à rendre compte du présent. première (capitale: Trèves) au sud. La pre Tout au plus sera-t-il possible de relever au mière de ces provinces comprenait la presque passage les rares éléments qui ont pu influer totalité de ce qui allait devenir le Hainaut, sur la formation progressive du pays wallon. tandis que la deuxième absorbait pratique ment le reste de notre territoire, à l'exclusion du sud de l'actuel Luxembourg belge, rat taché à la Belgique première. DES GRANDES INVASIONS (DÉBUT Il convient d'ouvrir ici une parenthèse pour DU Ve SIÈCLE) AU TRAITÉ DE attirer l'attention sur l'importance de cette VERDUN (843) : INSTABILITÉ frontière courant du nord au sud. Elle devait TERRITORIALE ET par la suite marquer la séparation entre la INSTITUTIONNELLE Neustrie à l'ouest et l'Austrasie à l'est, et, bien plus durablement, entre les provinces A partir du moment où, du fait de la con ecclésiastiques de Reims et de Cologne. quête romaine d'abord, des invasions ger Mais avant cela, et tandis que se mettaient en maniques ensuite, nos régions acquirent leur place les conditions qui déterminèrent la caractère de marche romane, elles n'allaient formation de leur limite septentrionale - la pratiquement jamais cohabiter tout entières frontière linguistique - les futures régions 63 wallonnes allaient une nouvelle fois se trou ver unies pendant quelques décennies au sein fuk'qm.tn, dl-·GJ,wrum 1"QC n-nAofndu(" t.deou.uJ.~ f 1 "b~ ' du royaume de Clovis (règne : 451-511 ), dont fpe-tnf1;.u;uf'tmt"·urftbt ttmur~pn:mur l'arrière-grand-père, Chlodion, s'était em paré vers 430 de Tournai et de Cambrai. ttrtr~·'Jlnfi4Til qtUXJ•..urtfÀ...ccnt.Am h.utâ Toutefois, à peine réunifiées par le Méro ..ûtttr.ur;ftufproumcW. .dh~ lAmAho vingien grâce à l'élimination de quelques dnttl(tttanoffuoft111iwu du:tontm ~ .' chefs rivaux qui se partageaient jusqu'alors ~ ~rfit:n ureh~~; L~blut-~ft" leur territoire, et en même temps qu'elles brtut Aqu..fp"m uLn ~comrcuuf erm--fti acquéraient leur caractère de marche de la """""~ ~4d~ ~ lecdu:hfewfquA: romanité, elles se virent réduites au rang de tnf~omntnc lfidtf~q_umponuf contrées excentriques, Clovis ayant entrepris ~Altquultndxuturufnttifdhtuta · la conquête de la Gaule tout entière et établi futffa;~~ Lm 1Pf'1"10t:u-dlttetf'l à Paris le siège de sa cour. Bien plus, sous les r.c:r ftiluf~ .trU!C'.t'étbdu..tfe-r~ fmi descendants de ce roi, le jeu des successions ~·~·~u.trrc;cpommfli allait entraîner de nouveau leur écartèlement mufper-Am'ID($LVltjo~tmmÂnntf~ entre deux royaumes parfois ennemis, la Neustrie et l'Austrasie dont il vient d'être mdtuerlif~~~ question. .lttf'fdacm-#~ .,u.Wuf~ ~ Elles furent encore une dernière fois rassem tf~~ptpputum~uquukm. blées pendant un siècle environ sous l'autorité ~~~~~~Ampla4urr-ur pentdupiumdlt~·-..un des Pippinides, connus par la suite sous le . l" eutnptrufnon.,. nom de 'Carolingiens', une famille de l'aristo ~'JUA.~~qu..u-uJtet tf>enu cratie austrasienne, qui était à la tête d'im ~ OCb&nUm 'fUtr~nw"e'~fACa"'. ' portants domaines dans une vaste région 6"pArl'~.trqu.ttmm-~ $dA. située entre la Meuse et la Moselle, princi ma~'J'~Auutum~uHUrm~· palement dans le Condroz et en Ardenne. L'historiographie a retenu le nom de Herstal, qui servit à qualifier Pépin Il. D'abord PASSAGE DE LA V/TA KAROLI D'EGINHARD OÙ IL EST FAIT ALLUSION AUX ACCROISSEMENTS maires du Palais, en fait véritables gouver TERRITORIAUX DU ROYAUME FRANC SOUS neurs des royaumes où se contentaient de CHARLEMAGNE. Le manuscrit, du milieu du !Xe siècle, est en minuscule dite 'caroline', type d'écriture utilisé pour régner nominalement les derniers Méro les livres, alors qu'à la même époque les actes officiels vingiens, les 'rois fainéants', les Pippinides étaient encore présentés en écriture dite 'mérovingienne' finirent par supplanter ceux-ci. Le pas décisif (Vienne, Bibliothèque Nationale, Cod. 510, folio 40, r0 ). fut accompli par Pépin III, dit le Bref, fils de Charles Martel et petit-fils de Pépin II. Maire du palais de Neustrie-Bourgogne depuis 741, d'Austrasie depuis 747, il déposa l'Ebre à l'Oder et au Danube. Son lustre lui en 751 le dernier Mérovingien, Childéric III, valut le rétablissement à son profit de l'Em et prit sa place. Les hasards successoraux pire romain d'Occident (Noël 800). allaient permettre à son royaume de rester Sous les Carolingiens, le futur pays wallon se un sous les règnes de son fils Charles, dit retrouva, si pas au centre géographique du Charlemagne, et de son petit-fils, Louis dit nouvel Empire, du moins au cœur d'une de le Pieux ou le Débonnaire. Grand conqué ses régions les plus dynamiques. Fortement rant, Charlemagne parvint à étendre dé implantée dans la contrée, la nouvelle dy mesurément l'héritage paternel, de la Frise nastie y tint souvent sa résidence. La présence centrale et des Pyrénées à l'Elbe, voire, en y de Charlemagne est attestée à Liège, mais comprenant certaines marches disputées, de c'est surtout au palais de Herstal qu'il ac- 64 complit de nombreux séjours avant de se Colonia Augusta Treverorum; comprenant le fixer à Aix-la-Chapelle, devenue la capitale sud du Luxembourg). Rappelons que, sous de fait de ses Etats. Louis le Pieux conserva le Bas-Empire, la première nommée, devenue cette dernière ville comme principale rési la Civitas Turnacensium, fut rattachée à la dence impériale et, tout comme son père, province de Belgique seconde, la deuxième, sillonna souvent l'Ardenne pour y chasser. devenue la Civitas Camaracensium, et la La grandeur de l'Empire, sa puissance ap troisième furent réunies à la Germanie se parente, ne doivent pas faire perdre de vue conde, tandis que la dernière le fut à la Bel que l'époque a vu s'opérer progressivement gique première. des transformations profondes, qui, au-delà Les 'cités' étaient elles-mêmes divisées en pagi des vicissitudes territoriales, allaient marquer (au singulier: pagus) ou 'pays' dont certains pour quelques siècles toute la société occi laissèrent une trace dans la toponymie (pagus dentale et préparer la naissance des princi Condrustensis : Condroz). pautés. Ces mutations peuvent se caractériser Les invasions marquèrent la ruine, sur le plan par une décentralisation progressive, le recul civil et administratif, de l'organisa6on ro du droit romain écrit au bénéfice d'un droit maine. Provinces et cités ne se perpétuèrent coutumier d'origine germanique et ce que que dans la géographie ecclésiastique, dont il nous oserons appeler la 'personnalisation' sera reparlé plus bas. et la 'privatisation' du pouvoir public. L'évo La notion d'Etat elle-même se détériora lution, commencée en certains de ses. aspects sérieusement et pour des siècles. Le royaume dès avant les invasions, s'accéléra à la suite n'était plus considéré comme un concept de celles-ci. D'autres ont, dans des études abstrait, une 'chose publique', mais comme magistrales, tenté d'expliquer ces phéno la propriété privée du Roi, ce qui, en per mènes, ou le tenteront encore. Il ne nous mettant son partage entre les héritiers d'un appartient que d'en suivre les effets dans ce souverain défunt, allait lui conférer un ca microcosme qui est le nôtre. ractère de grande précarité. La constante L'Empire romain avait été un Etat centralisé remise en cause des frontières qui en résulta et organisé d'une manière systématique. Le explique sans doute en grande partie la territoire de la Wallonie future, pour sa part, disparition des cadres territoriaux romains avait été réparti entre quatre 'cités' (civitates), les plus étendus. circonscriptions fort importantes dont les Seules se maintinrent les circonscriptions frontières respectaient plus ou moins les de moindre envergure, les pagi; mais on ne limites d'anciennes peuplades. D'ouest en sait si leurs limites coïncidaient avec éelles est se présentaient les cités des Ménapiens de leurs homologues du Bas-Empire. Al' épo (à l'ouest de l'Escaut; elle comprenait donc la que carolingienne, l' 'espace wallon' comp partie occidentale de notre Hainaut, mais tait de nombreuses