L'ancien Comté Et L'ancien Concile De Hozemont
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UN COIN DE LA HESBAYE L'ANCIEN COMTE ET L'ANCIEN CONCILE DE HOZEMONT INTRODUCTION Pour qui connaît un peu l'histoire de notre pays, le nom de Hesbaye réveille l'idée d'une contrée, non seulement riche par sa fertilité extraordinaire, mais encore et surtout par les souvenirs historiques qu'elle rappelle à chaque pas. Sans parler de l'époque romaine, où ses anciens habitants, les Eburons, ont failli renverser la fortune de César dans le nord de la Gaule, nous savons que son titre le plus glorieux est d'avoir été le ber-ceau de la race carlovingienne. C'est la Hesbaye, en effet, qui a vu naître, grandir et prospérer Pepin de Landen et ses descendants, ces glorieux ancêtres de Charlemagne. Ce grand empereur lui-même prenait plaisir à séjourner parmi nous et y revenait passer les fêtes de Noël et de Pâques, quand les soins et les soucis de son vaste empire lui accordaient quelque temps de repos. Plus tard, une nombreuse et vaillante noblesse, la noblesse hesbignonne, comme on l'appelle, illustra cette contrée de ses exploits, et en porta la renommée au loin, au point que les rois confiaient aux chevaliers hesbignons, l'arbitrage de leurs destinées et de leurs droits. Au XIIIe siècle, la Hesbaye eut, en miniature, une seconde guerre de Troie. Comme celle-ci, elle dut son origine à l'amour pour une nouvelle Hélène, dont l'enlèvement fut protégé par le sire de Waroux contre celui d'Awans. Pendant trente-cinq ans, des ruisseaux de sang inondèrent le pays, et purent à peine éteindre les haines allumées entre les familles. Comme ressemblance encore avec son aînée, cette guerre des Awans et des Waroux eut aussi son chantre, Jacques de Hemricourt, l'un de nos vieux historiens, presque contemporain des faits qu'il raconte. Et, si nous continuons à travers le moyen âge, et jusque dans- les temps modernes, la Hesbaye, quoiqu'ayant perdu son lustre de chevalerie, voit encore néanmoins son nom figurer dans l'histoire. « Ses vastes plaines nues et légèrement inclinées sont aussi favorables à la croissance des moissons qu'au choc des armées. Trop souvent, en effet, ces champs couverts d'épis ont été arrosés du sang humain, et plus d'un village a eu le fatal honneur de donner son nom à l'une ou à l'autre de ces batailles où se vidaient nos querelles locales, et plus tard à l'une ou à l'autre de ces rencontres fameuses où se sont joués les destins des empires. Quel vaste et magnifique champ d'études pour celui qui voudrait retracer l'histoire de cette contrée si intéressante ! L'archéologue, l'historien, le savant, l'artiste trouveront tous à faire encore une ample moisson dans ce champ déjà si exploité, mais dont le fond est inépuisable. Personne encore n'a écrit une histoire spéciale et complète de la Hesbaye. Tout ce qui la concerne se trouve répandu dans un grand nombre d'ouvrages de tous genres, recueils historiques, archéologiques, artistiques et autres. Floriferis ut apes in montibus omnia libant, Sic nos. (LUCRETIUS). Ex libris www.chokier.com De même que l'abeille vigilante vole partout, butinant les fleurs des coteaux verdoyants, de même aussi j'ai lu et consulté les documents que j'ai pu trouver et j'ai fait une ample moisson de faits intéressants. Après les livres et manuscrits, j'ai interrogé des personnes éprises comme moi du passé, des fonctionnaires publics, des pasteurs de paroisses, et j'ai profité amplement de leur obligeance; je tiens à leur témoigner ici mes vifs remerciements. Habitant la Hesbaye, et aimant celte contrée, j'avais eu un instant l'idée de faire moi-même un essai de ce travail, mais cette tâche est au-dessus de mes forces. Cependant, si je ne peux pas l'entreprendre pour le tout, je veux néanmoins essayer de faire la description et l'histoire de la localité que j'habite: Hozemont et ses environs, Lexhy, Horion, Dommartin, Warfusée, Haultepenne, Aigremont, Chokier, etc., etc., forment une des parties de la Hesbaye, la plus riche en vieux souvenirs et l'une des plus intéressantes à étudier. Cet ouvrage sera subdivisé en trois parties: Dans une première partie, je donnerai un aperçu général de l'histoire de la Hesbaye, surtout dans les temps anciens et au moyen âge. Dans une seconde partie, qui sera la plus importante de l'ouvrage, je ferai la description et l'histoire d'un certain nombre de localités, ayant formé l'ancien comté de Hozémont, ou plutôt l'ancien concile de Hozémont. De même que l'ancien diocèse de Liège surpassait de beaucoup le territoire de la principauté, de même l'ancien concile de Hozémont comprenait beaucoup de paroisses qui n'avaient jamais fait partie du comté, et même quelques-unes situées sur la rive droite de la Meuse. Enfin, dans une troisième et dernière partie, je donnerai un aperçu général sur les institutions et les moeurs de la principauté, pour expliquer les termes employés dans cet ouvrage. Puisse le lecteur bienveillant excuser mon audace, ne prenant en considération que le but patriotique qui m'inspire ! - 2 - Ex libris www.chokier.com PREMIERE PARTIE LA HESBAYE DANS LES TEMPS ANCIENS ET AU MOYEN AGE. Article Ier. Description et Dénomination. La Hesbaye primitive était assez étendue. Elle comprenait tout le pays situé entre la Meuse, le Démer, la Dyle et la Méhaigne. Une fraction seulement de ce territoire a gardé le nom de Hesbaye, et on l'applique spécialement à ]a partie située dans la province de Liège. C'est un vaste plateau, d'une altitude variant de 120 à 180 mètres au-dessus du niveau de la mer, et recouvert d'une argile plus ou moins mêlée de sable, qui a reçu le nom de limon hesbayen dans les cartes et ouvrages géologiques de la Belgique. Sous ce point de vue, la région hesbayenne comprend même toute la contrée entre la Campine au nord, la frontière française au midi, les Flandres à l'ouest, la Sambre et la Meuse à l'est. Le sol de cette région est d'une richesse étonnante et d'une admirable fertilité. Aussi la Hesbaye mérita-t-elle les éloges du célèbre agronome anglais, John Sinclair, qui visita la Belgique en 1815, afin de rechercher pourquoi le prix des grains était moins élevé dans ce pays qu'en Angleterre. « Je n'oublierai jamais, » dit-il en parlant de cette contrée, « ce que j'ai vu ici, l'aspect le plus ravissant pour un ami de l'agriculture, un sol devenu superbe par la culture, et, par conséquent, par l'habileté d'un peuple industrieux, qui reçoit la juste récompense de ses plus belles entreprises, dans les produits qu'il obtient. » Le sol de la Hesbaye est surtout favorable à la culture du froment, et à celle de la betterave. De nombreuses fabriques de sucre y ont été élevées pour le travail de ce produit. M. Em. de Laveleye a consacré à l'étude agronomique de cette région, un article très intéressant: « On y voit partout, » écrit-il, « la nature venir en aide au travail de l'homme. Cette région comprend à peu près toute la partie naturellement fertile du territoire belge. Quoique les terrains qui s'y succèdent appartiennent à des époques géologiques différentes, et à des formations de plus en plus anciennes, à mesure qu'on avance vers l'est, le sol est néanmoins composé presque partout d'une argile plus ou moins mêlée de sable, qui est singulièrement favorable à la culture du froment... Remarquable pour ses forces productives, cette région est en général la moins pittoresque du royaume, caractère qui lui est commun avec la plupart des terres à froment... Dans la région hesbayenne, les grandes fermes n'ont pas la coquetterie rustique des habitations rurales des Flandres. Ce sont d'énormes bâtiments en briques, couverts d'ardoises, élevés autour d'une vaste cour qu'ils enferment de toutes parts. Les fenêtres qui s'ouvrent en dehors, sont rares et protégées par des barreaux de fer; une porte solide clôt l'unique entrée. Tout semble disposé pour repousser une attaque. » Quant à la dénomination de ce pays, il a été appelé en latin Hasbania ou Rasbanium, Haspinga, Hasbaniensis pagus; les flamands lui donnaient le nom de Haspangon, Hespingau; les wallons, celui de Hastagne, Heshaïe, Hastain ou Hesbaye. L'auteur des Délices du pays de liège fait dériver ce mot de Hespingau, pays de Hespen: gau, gan, pays, comté, et Hespen, nom d'un village, près de Landen, qui parait avoir été l'une des demeures des premiers chefs ou comtes de Hesbaye. - 3 - Ex libris www.chokier.com Si la tradition généralement admise fait demeurer Pepin de Landen, au hameau actuel de Sainte- Gertrude, près Landen, rien ne nous empêche de croire que Hespen, a été habité auparavant, par son père Carloman, ou même par ses ancêtres, et cette hypothèse semble se confirmer par la découverte de substructions nombreuses, qui y ont été mises au jour dans ces derniers temps. Le village de Hespen en forme deux actuellement: Neerhespen et Ovehespen. Article II. La Hesbaye dans les temps anciens. L'absence de documents écrits sur ces périodes éloignées est amplement compensée, par l'existence de documents d'une autre nature, qui ont persisté jusqu'à nos jours. Ce sont: l° Ce que l'on pourrait appeler les monuments, c'est-à-dire des amas de pierres brutes, se rapportant vraisemblablement à un culte. 2° Les nombreuses élévations de terre, appelées tombes romaines ou tumuli, éparpillées sur le sol, et dans les fouilles desquelles on a fait d'intéressantes et nombreuses découvertes.