UNIVERSITE DE TOAMASINA °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION ************************************** DEPARTEMENT D’ECONOMIE ********************

MEMOIRE DE MAITRISE ES SCIENCES ECONOMIQUES

ETUDE DE L’ADAPTATION DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI) DANS LA REGION DU SITUATION ET PERSPECTIVE (Cas de la plaine de )

Présenté et soutenu par : Noëlson Guy RAZAFINDRALIMBY

Promotion : 2004-2005

Sous la direction de : Date de soutenance : 15 Octobre 2006

Monsieur Seth RATOVOSON Monsieur RATSIMBAZAFY Maître de conférences, Ingénieur Agronome auprès du Enseignant à l’Université de Toamasina Catholic Relief Service (CRS) Enseignant encadreur Enseignant-Chercheur à l’Université de Professionnel encadreur

Année : 2006 UNIVERSITE DE TOAMASINA °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION ************************************** DEPARTEMENT D’ECONOMIE ********************

MEMOIRE DE MAITRISE ES SCIENCES ECONOMIQUES

ETUDE DE L’ADAPTATION DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI) DANS LA REGION DU BOENY SITUATION ET PERSPECTIVE (Cas de la plaine de Marovoay)

Présenté et soutenu par : Noëlson Guy RAZAFINDRALIMBY

Promotion : 2004-2005

Sous la direction de :

Monsieur Seth RATOVOSON Monsieur RATSIMBAZAFY Maître de conférences, Ingénieur Agronome auprès du Enseignant à l’Université de Toamasina Catholic Relief Service (CRS) Enseignant encadreur Enseignant-Chercheur à l’Université de Mahajanga Professionnel encadreur

Année : 2006

2 SOMMAIRE

SOMMAIRE ...... 2 REMERCIEMENTS ...... 4 LES SIGLES ET LES ABREVIATIONS ...... 6 INTRODUCTION ...... 8 PARTIE I : SITUATION ET COMPORTEMENT ECONOMIQUE DE LA PLAINE ...... 10 Chapitre1 : L’UTILITE ET L’IMPORTANCE DU RIZ ...... 11 Section1 : LES GENERALITES SUR LE RIZ ...... 11 Section2 : L’IMPORTANCE DU RIZ DANS LA VIE DE L’HOMME ...... 16 Section3 : L’ECOLOGIE DU RIZ ...... 21 Chapitre 2 : LA SITUAION DE A PRODUCTION RIZICOLE DE LA PLAINE………….25 Section1 : LA PRESENTATION GENERALE DE LA PLAINE ...... 25 Section2 : LA RIZICULTURE DANS LA PLAINE ...... 36 Section 3 : LES ACTIVITES ECONOMIQUES ...... 39 Chapitre 3 : LES INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES ...... 44 Section 1 : LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES ET LES PISTES RURALES ...... 44 Section 2 : LE MARCHE ET QUELQUES INFRASTRUCTURES DE BASE ...... 45 Section 3 : LES INSTITUTIONS FINANCIERES ...... 46 Section 4 : LES INFRASTRUCTURES SCOLAIRES ET SANITAIRES ...... 47 Chapitre 4 : LES BIENFAITS DE LA RIZICULTURE INTENSIVE ...... 49 Section 1 : LE SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI) ...... 49 Section 2 : LES RESULTATS ...... 51 PARTIE II : ETUDE DES RESULTATS ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DANS LA PLAINE ...... 55 Chapitre 1 : LA SITUATION ECONOMIQUE DE L’EXPLOITATION RIZICOLE DE LA PLAINE ...... 56 Section 1 : LES FACTEURS DE PRODUCTION ...... 56 Section 2 : LE MODE DE FAIRE VALOIR ...... 62 Chapitre 2 : LES CONDITIONS TECHNIQUES DU SYSTEME ...... 64 Section 1 : LA METHODOLOGIE ...... 64 Section 2 : LE CONCEPT DYNAMIQUE DU SRI ...... 67 Chapitre 3 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT ET LES PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DE LA PLAINE ...... 82 Section 1 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT DU SYSTEME ...... 82 Section 2 : L’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE DANS LA PLAINE...... 88 CONCLUSION ...... 93 ANNEXES ...... 95 LISTE DES TABLEAUX ...... 97 LISTE DES CARTES ET DES PHOTOS ...... 98 BIBLIOGRAPHIE ...... 99 TABLE DES MATIERES ...... 101

3 REMERCIEMENTS

La confection du présent ouvrage est une œuvre de longue haleine. Des difficultés ont été rencontrées lors de sa réalisation, mais grâce à la contribution de nombreuses personnes, nous avons atteint notre objectif. Nous tenons alors à adresser nos vifs et sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’exécution de ce travail, notamment nous adressons notre profonde gratitude à : - Monsieur Seth RATOVOSON, maître de conférences à l’université de Toamasina, pour avoir accepté d’encadrer ce travail. Sa compréhension et son soutien nous ont été d’une aide considérable ; - Monsieur RATSIMBAZAFY, notre professionnel encadreur, Ingénieur Agronome, auprès du Catholic Relief Service (CRS) et enseignant-chercheur à la faculté des sciences naturelles à Mahajanga qui, malgré ses lourdes responsabilités, a accepté de nous encadrer d’une manière convenable ; votre confiance et vos expériences ont constitué un apport indéniable tout au long de l’élaboration de ce mémoire ; - tous les enseignants du Département d’Economie, de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Toamasina, qui nous ont formé ; - Monsieur André BIZAHANA, Chef du service de la Planification Régionale et de Suivi- Evaluation auprès de la DRDR Mahajanga, de nous avoir aidé au moment de la recherche ; - notre famille toute entière et nos amis pour leur soutien aussi bien moral que matériel.

Noëlson Guy RAZAFINDRALIMBY

4 Carte1 : La Province autonome de Mahajanga et la Région du Boeny

#Y #Y Bealanana Analalava #Y Antsohihy

#Y Befandriana Avaratra

#Y Boriziny MAHAJANGA Y [ #Y Mandritsara #Y #Y #Y #Y Marov oay Mampikony

#Y Ambato-Boeni

#Y #Y Besalampy Tsaratanana #Y Maevatanana

#Y Kandreho #Y #Y Ambatomainty

Morafeno be

#Y Y Maintirano

#Y Antsalova

Source : PRD Région du Boeny

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LES SIGLES ET LES ABREVIATIONS

ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées AUE: Association des Usagers de l’Eau Ar : Ariary (unité monétaire Malgache) BTM/BOA : Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra / Banque Of Africa Ca : Calcium CAIM: Compagnie Agricole et Industrielle Marovoay CHD II: Centre Hospitalier du District niveau II CIIFAD: Cornell International Institute for Food, Agriculture and Development. CIRAD: Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement CMS: Centre de Multiplication de Semences COMEMA: Comité Mixte d’Expansion de Marovoay CRS: Catholic Relief Service. CSB I: Centre de Santé de base niveau I DRDR: Direction Régionale pour le Développement Rural DRR: Direction de la Recherche du Riz FAO: Food, Agricultural and Organisation FIFABE: Fikambanana Fampandrosoana ny lemak’i Betsiboka Fmg : Franc Malgache de Garantie FOFIFA: Foibe Fikarohana Momban'ny Fambolena GTDR: Groupe de Travail pour le Développement Rural IFM: Institution Financière Mutualiste INSTAT: Institut National de la STATistique IPNR: Institut de Promotion de Nouvelle Riziculture JIRAMA: JIro sy RAno MAlagsy K : Phosphore Kg : Kilogramme m² : Mètre carré MINAGRI: Ministère de l’Agriculture (actuellement MAEL Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage)

6 N : Azote P : Potassium PADR: Plan d’Action pour le Développement Rural PDR: Politique de Développement Rizicole PIB: Produit Intérieur Brut PNVA: Programme National de Vulgarisation Agricole PRD : Plan Régional de Développement PRD: Programme Régional Pour le Développement PSDR: Projet de soutien au Développement Rural SINPA: Société d’Intérêt National des Produits Agricoles SiO2 : Dioxyde de Silicium SRA: Système de Riziculture Améliorée SRI: Système de Riziculture Intensive T : tonne TAFATSAKA: TAhiry FAmpitrosana TSAra-KAjy TELMA: TELécom MAlagasy UPDR: Unité de Politique pour le Développement Rural

7 INTRODUCTION

En réalité, est un pays à vocation agricole. Les agriculteurs représentent 80% de la population. Le riz constitue en outre, la base de la nourriture des malgaches et tient la première place de leurs activités agricoles avec plus de 40% de la population. Pourtant, la production de riz n’arrive plus à satisfaire la demande intérieure face au rythme de l’évolution démographique. Cette faiblesse de l’offre en riz est due à la combinaison de plusieurs contraintes agissantes sur la filière, malgré les mesures économiques et politiques entreprises par l’Etat depuis l’indépendance. A l’issue de l’étude de la filière riz faite en 2000 par l’Unité des Politiques du Développement Rural (UPDR) du Ministère de l’agriculture, appuyée techniquement par le centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et financée par le Food and Agricultural Organisation (FAO), l’Institut de Promotion de Nouvelle Riziculture (IPNR) a dispensé des formations aux riziculteurs de la plaine de Marovoay, afin que ceux-ci changent de techniques culturales et qu’ils adoptent le système malgache de riziculture intensive (SRI, « Riziculture à beaucoup de tiges » ou « plants de 8jours »). Comme tous les systèmes de riziculture qui existent à Madagascar, le SRI a pour objectif d’augmenter le rendement dans toute la plaine. Comment peut-on trouver le moyen d’adapter cette méthode culturale à tous les types de rizières? Alors cette étude a été menée par rapport à la plaine de Marovoay pour tester l’adaptation du système malgache de riziculture intensive aux diverses conditions des rizières (irrigation, drainage et salinité). Sur le plan pratique, ce fait ouvre d’importantes perspectives pour la vulgarisation. Dans le cours de l’action auprès de l’agriculteur, le SRI se révèle un fer de lance efficace pour l’intensification de la riziculture à Marovoay. C’est pourquoi nous avons choisi d’intituler notre mémoire : « ETUDE DE L’ADAPTATION DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI) DANS LA REGION DU BOENY, SITUATION ET PERSPECTIVE » (Cas de la plaine de Marovoay).

8 Notre objectif est la vulgarisation des techniques modernes de cultures pour augmenter la production et un appui aux organisations du monde rural. Le présent mémoire compte deux parties : La première partie montre la situation et comportement économique de la plaine. La deuxième partie est consacrée à l’étude des résultats et perspectives d’avenir du système de riziculture intensive dans la plaine.

Quant à la méthode de travail, nous avons d’abord choisi le thème, ensuite dégagé le plan directeur. Ceci était, nous avons amorcé l’étude par la recherche des informations, pour conclure avec l’analyse et l’interprétation des données recueillies. La plupart du temps, ces informations sont de nature très variées, selon qu’il s’agit des informations théoriques ou pratiques. La consultation d’un certain nombre d’ouvrages constituera donc ensuite une des nos principales préoccupations en vue bien-sûr d’obtenir des informations théoriques nécessaires, en même temps que le recueil des données pratiques dont l’insuffisance dans les documents de Direction Régionale du Développement Rural dans la région du Boeny nous a conduit obligatoirement à faire des enquêtes sur terrain, auprès des paysans ou des villages. Entre Temps, l’approche fréquente de quelques organismes publics ou privés a survenu également d’une façon obligatoire, notamment pour les compléments d’informations. Des difficultés surviennent à chaque stade de l’étude, et en particulier, d’une part au niveau de la documentation dont l’insuffisance limite quelquefois notre vision et d’autre part, au niveau de la recherche des informations chiffrées, beaucoup d’informations nécessaires restent localement non disponibles. Par ailleurs les moyens de déplacement au moment de la recherche et de la réalisation de ce mémoire étaient très coûteux.

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PARTIE I :

SITUATION ET COMPORTEMENT ECONOMIQUE DE LA PLAINE

De tout temps, l’importance du riz n’a cessé de croître. Devenu pratiquement l’aliment de base principal des malgaches, la production du riz est toujours restée au centre des préoccupations des malgaches. Le riz est très bien connu des habitants dans la région du Boeny, en général et de ceux de la plaine de Marovoay, en particulier. Il est même considéré comme étant la culture de référence en matière de production agricole. Actuellement, malgré une tendance à l’urbanisation qui s’incruste dans le paysage de la province de Mahajanga, l’activité rizicole reste la plus importante, tant en surface de culture, qu’en volume de production, grâce à l’application de technique culturale moderne.

10 Chapitre1 : L’UTILITE ET L’IMPORTANCE DU RIZ

Ce chapitre a comme objectif d’expliquer : « en quoi le riz nous rend service ou bien en quoi il nous est utile ? » Nous ne restons pas seulement sur son utilité, mais on va essayer de voir le riz dans son importance en général. C’est pour ces raisons que nous devons mettre en évidence, en premier lieu à titre introductif, une généralité sur le riz décrivant la région du Boeny, l’historique du riz et sa biologie et enfin les ennemis du riz. Et en second lieu, nous allons voir l’importance du riz dans la vie de l’homme.

Section1 : LES GENERALITES SUR LE RIZ

§1- La Région du Boeny

A- La localisation de la Région

La Région du Boeny est située sur la partie Nord-Ouest de l'île, elle est composée de six Districts dont Mahajanga I comme Chef lieu de Région, Mahajanga II au Nord, Soalala à l'extrême Sud-Ouest, Mitsinjo à l'Ouest, Marovoay au centre–sud et Ambato-Boeni à l'Est. La Région occupe une superficie totale de quelques 29.830 Km². Elle est délimitée :  au Nord par la région de Sofia ;  à l’Est par la région de Betsiboka ;  au Sud par la région de Melaky. Donnant sur la mer, du côté du Canal de Mozambique, la Région du Boeny possède un relief varié : - sur la région littorale, de vastes plaines fertiles qui longent les grands fleuves et la côte maritime (plaines de , d', d'Ambato-Boeni, grande plaine rizicole de Marovoay, plaines de Mitsinjo, …) ; - des zones sablo-grésieuses : transition entre plateau et « baiboho ».

B- L’hydrographie

Par ailleurs, la région est largement drainée par un réseau hydrographique particulièrement dense qui met à sa disposition un capital estimable d’eau, susceptible de dynamiser les activités liées au transport fluvial et maritime, à l'alimentation en eau et à l'énergie

11 hydroélectrique. Les principaux fleuves sont : la Betsiboka, la Mahavavy et la Mahajamba. Ce réseau est complété par la présence de grands lacs, tarissables ou permanents, avec des plans d'eau favorable à la pêche continentale et au transport fluvial, dont le lac Kinkony, le deuxième de l'île en superficie après l'Alaotra.

C- La pédologie

En matière de pédologie, les sols de la région sont composés par trois grands types de sols, d'origine ferrugineux tropicaux : - les sols des « tanety » latéritiques rouges, qui dominent en petite partie sur Ambato- Boeni, Soalala, Mitsinjo, Marovoay et Mahajanga II ; - les sols hydromorphes des bas-fonds ou de plaines, qui occupent en général les parties amonts où commencent les mangroves, c'est-à-dire quelques kilomètres des embouchures des grands fleuves : Mahavavy, Betsiboka et Mahajamba ; - les « baiboho », qui se trouvent sur les bourrelets de chaque berge des grands fleuves précédents.

D- Les formations végétales

Les formations végétales, quant à elles, sont diversifiées grâce aux conditions naturelles de la région : des mangroves, des forêts denses sèches réputées pour leurs essences nobles, des forêts ombrophiles, des savanes, des formations marécageuses qui constituent autant de ressources en matière de potentialités.

E- Le climat et la pluviométrie

Le climat de la région est de type tropical sec, chaud pendant 7 mois, et pluvieux pendant 5 mois. Il est rythmé par l'alternance d'une saison pluvieuse qui s'étale généralement d'octobre à avril avec une moyenne annuelle de 1 000 à 1 500 mm d'eau, et d'une saison sèche d'avril à octobre. La température moyenne annuelle est de 27,64°C. Par ailleurs, la région est régulièrement visitée par les cyclones.

12 §2- La description et l’historique du Riz

A- La description du Riz

Le riz est une graminée, de grande taille, qui croît plus facilement sous les climats tropicaux. A l'origine, le riz était probablement une plante cultivée sans submersion, mais on pense qu'elle est devenue semi-aquatique avec les mutations. Il pousse cependant dans des environnements fort divers. Cette plante émet de nombreuses tiges à partir du sol et peut mesurer environ 80 cm de hauteur/longueur. Ces dernières se terminent en une panicule ramifiée longue de 20 à 30 cm. Chaque panicule est composée de 50 à 300 fleurs ou "épillets", à partir desquels la photo ci- dessous montre les différentes parties du riz.

Photo 1 : Le RIZ

Source : IPNR

13 B- L’historique du Riz

Tous les riz cultivés proviennent essentiellement de deux espèces : ORYZA SATIVA et ORYZA GLABERYMA. (1) En ce qui concerne Madagascar et en particulier la région du Boeny les variétés plantées appartiennent généralement à la première espèce ORYZA SATIVA. Quant à la culture de l’ORYZA SATIVA, elle est beaucoup plus importante en Extrême- Orient, probablement au Sud-est de l’Asie, où elle a pris naissance. Plus précisément, il a été domestiqué à une époque très ancienne, vraisemblablement dans le Sud de l’Inde, peut être même en Indonésie, notamment autour des grands lacs du Cambodge. De là, la culture du riz se propage très rapidement vers la Chine, puis se dissémina avec des rythmes forts différents presque dans toutes les régions du continent asiatique. Et ce n’est que tardivement qu’il apparaît à Madagascar notamment dans la région du Boeny, à la suite de la conquête du monde méditerranéen et du pourtour africaine de l’Océan Indien.

§3- La biologie du Riz

Le processus biologique de la plantation du riz se présente généralement de la manière suivante :

A- La germination

C’est la phase première de la végétation où la semence du riz, physiologiquement mûre et placée dans des conditions favorables aussi bien au point de vue température qu’humidité, d’où la possibilité de germination.

B- Le tallage

C’est la phase où la plantule aboutit à la constitution d’une touffe qui se produit normalement à partir du 18ème jour après le semis.

C- La montaison

L’initiation des ébauches de la panicule se produit ensuite en un certain temps après la germination : c’est la phase de la montaison.

(1) A. ANGLADETTE : « Le Riz », GP Maisonnette et La Rose, Paris 1966, Page 9.

14 D- L’épiaison – floraison

La floraison commence avec l’épointement des étamines, la panicule se développe complètement ; le temps séparant l’épiaison proprement dite et la floraison est très court.

E- La maturité

Après la fécondation (floraison), la panicule mûrît en 30 à 40 jours selon les variétés, c'est-à-dire, le grain du stade pâteux passe au stade mûr. Le riz est donc prêt à être récolté. Par ailleurs, il faut signaler que des facteurs peuvent intervenir au cours de ce processus biologique pour empêcher la végétation de la plante : ce sont les ennemis du riz.

§4- Les ennemis du Riz

A- Quels sont ces ennemis ?

Ils sont nombreux et se présentent sous des aspects très divers. Alors, la riziculture peut rencontrer des obstacles ayant entraîné une diminution remarquable des productions et des superficies mises en culture, tels que :  l’attaque des acridiens ;  la sécheresse ;  les dégâts des cyclones. Mais les insectes (poux de riz et autres), les oiseaux, les mammifères et autres constituent en prémier lieu les ennemis du riz. Viennent ensuite les maladies courantes comme les maladies parasitaires occasionnées par le milieu environnant et les maladies physiologiques dues essentiellement aux carences de certains éléments nutritifs du sol (Azote, phosphore, potasse, et autres). Enfin, il y a les plantes adventices. Ce sont les mauvaises herbes pouvant concurrencer le riz au cours de sa croissance et en conséquence entraîner la mauvaise végétation de la plante.

B- Les moyens de lutte

Ils sont nombreux mais nous n’en retiendrons ici que quelques uns, à savoir : - la lutte chimique : apport en engrais, emploi d’herbicides et d’insecticides, désinfection de semences,…

15 - la lutte culturale : semis à densité moyenne, repiquage à espacement, sarclage, adoption de rotation culturale, meilleure conduite de l’eau,… - la lutte biologique : emploi de variétés résistantes,… Dans l’ensemble, pour bien protéger des végétaux, il faut lutter contre les parasites, les maladies des cultures et faire la sensibilisation des paysans à la lutte mécanique contre les ennemis.

Section2 : L’IMPORTANCE DU RIZ DANS LA VIE DE L’HOMME

Le riz constitue la seconde céréale mondiale après le blé, il forme la base alimentaire de près de la moitié du globe. C’est une céréale composée essentiellement d’Amidon (près de 80%) de protéines et de vitamines A et E. Il s’agit donc d’un aliment de bonne diététique très digeste ; peu coûteux. C’est pour ces raisons que nous allons analyser le riz sur ces points :  la valeur énergétique du riz ;  les constituants minéraux ;  les vitamines.

§1- La valeur énergétique du Riz

Compte tenu de l’humidité du grain, la valeur énergétique du riz blanchi qui a une valeur calorifique d’environ 330 calories pour 100g a une valeur légèrement inférieure à celui qui est décortiqué. C’est-à-dire que la valeur énergétique du riz est approximativement équivalent à celle du blé. Alors, les besoins en riz blanc sont à raison de 700g par jour pour un adulte. Mais il y a un problème dans le décorticage qui fait perdre 65% du volume de paddy. Ainsi, l’apport énergétique de chacun des éléments existants, doit représenter :  les protides ;  les lipides ;  les glucides.

16 Tableau 1 : La composition du Riz (1) Paddy Riz décortique Protides 7,70 9,15 Lipides 2,40 2,35 Amidon+Sucres 73,60 86,50 Cellulose 10,15 0,65 cendres 6,15 1,35

Ce tableau nous montre le pourcentage de la composition du riz en matières sèches aux stades d’usinage. Alors, dans le riz, cette proportion varie avec le degré d’usinage. Tableau 2 : Le degré d’usinage (2) Protides Lipides Glucide Riz cargo 8,7% 4,9% 86,4% (décortiqué) Riz blanchi 8,1% 1,4% 90,5%

Ainsi, l’existence du glucide est très dominante dans le riz selon le degré d’usinage. Par contre, les qualités de protéines du riz sont meilleures par rapport à celles des autres céréales. Cette qualité est fonction de l’acido-basique des protéines du riz, en comparaison avec le besoin journalier de l’homme, besoin d’ailleurs encore mal connu et dont l’évaluation varie très largement. Normalement, pour couvrir les besoins minimums quotidiens de 750g du riz Cargo (décortiqué), ou 250g de riz blanchi, la teneur en protéine doit correspondre à une valeur énergétique de 2600 calories pour le riz Cargo et de 3350 calories pour le riz blanchi.

§2- Les constituants minéraux du Riz

Les constituants minéraux du riz dont le poids total est relativement considérable dans le paddy du fait de la proportion très élevée de silice, ne représentent plus après décorticage, qu’une masse assez comparable en poids à celle que l’on trouve dans les autres céréales (environ 1,5% de la matière sèche). Alors, 600g de riz décortiqué apportent suffisamment de magnésium, une même quantité de riz blanchi n’emporte que le tiers des besoins de l’homme.

(1) BESSIS Sophia : « L’arme Alimentaire », Ed. La découverte, Paris 1985, Page 11 .

(2) Morgan FUYARD : « Les Géants du Grain », PUF, Paris 1980, Page 36.

17 La composition potassique et phosphorée des cendres reste à peu près identique au cours du blanchiment. Puisque la teneur totale du caryopse en cendre diminue de moitié ou des deux tiers selon les variétés et le degré d’usinage. Alors, au cours du blanchiment, la constitution des cendres varie pour certains éléments,Les plus effectués de ces éléments sont essentiellement SiO2 dont la teneur diminue de près de 60%, puis à un degré moindre, ça augmente de près de 50%, Mg qui diminue de 20%. En tout état de cause, le calcium n’existe qu’en quantité très insuffisante (0,010 à 0,014g/100g de riz) au lieu de 0,30. Le rapport, la Ca/P s’établit entre 0,04 et 0,07 alors qu’il devrait être compris entre 1 et 1,5. Tableau 3 : Les constitutions minéraux du Balilla (% des cendres) (1) Cendres SiO2 Ca Mg K P Riz Cargo 1,69 8,88 0,95 7,69 18,9 19,6

Après 1 er Cône 1,23 8,83 0,97 8,13 18,7 18,7 2è Cône 1,15 6,00 0,96 6,08 18,3 19,1 3è Cône 0,96 5,21 1,15 6,25 18,7 18,7 4è Cône 0,80 3,75 1,25 6,25 17,1 17,1 Il en résulte au cours du blanchiment des variations considérables de la teneur en caryopse dans ces éléments minéraux : - l’élimination importante de la silice qui s’explique facilement par la présence dans le riz décortiqué d’un reste de pellicule encore adhérente et visible ; - la diminution à peine sensible de CaO, le taux de Calcium restant cependant extrêmement faible ; - la diminution beaucoup plus importante de MgO ; il en résulte des dégradations considérables du rapport Mg/Ca à plus de 10, qui peut descendre à moins de 3 ; - enfin, la diminution de la teneur en phosphore est à peu près parallèle à la teneur en potassium ; mais il en résulte une amélioration du rapport Ca/P, encore très inférieur à 1 dans le riz complément blanchi, mais cependant moins défavorable que dans le riz cargo où ce rapport atteint une valeur voisine de1/20. En outre, il est important de connaître la composition existante du phosphore dans un grain de riz (tableau ci-dessous).

(1) Morgan FUYARD : « Les Géants du Grains », PUF, Paris 1980, Page 36.

18 Le blanchiment n’exerce d’influence vraiment très élevée (diminution de poids de plus de trois quart au cours du blanchiment) du phosphore. Tableau 4 : La répartition des composés phosphates dans le caryopse (1) Total Phytinique Minéral Phosphate Nucléique Types Riz Cargo 3,41 2,30 0,19 0,15 0,56 0,21

Après 1 er Cône 2,42 1,47 0,13 0,14 0,42 0,25 2è Cône 2,23 1,07 0,13 0,12 0,70 0,21 3è Cône 1,85 0,91 0,12 0,12 0,54 0,16 4è Cône 1,40 0,54 0,09 0,13 0,43 0,21

Les phosphores assimilables, essentiellement constitués par les phosphates minéraux, sont relativement mieux représentés en fin d’usinage que dans le riz seulement décortiqué où la meilleure partie du phosphore se trouve sous forme phytinique. Tableau 5 : Le Phosphore Assimilable (2) Phosphore Phosphore Phosphore

Assimilable Phytinique Totale

Riz cargo 30,4 70,6 100

Après 4ème cône 41,4 58,6 100

Pour conclure, le riz décortiqué est plus riche en fer (0,042 d’oxyde de fer au lieu de 0,002%) que le riz blanchi (2è cône) ou semi blanchi (1er cône), et en alumine (0,08% d’alumine au lieu de 0,0042).

§3- Les vitamines

Le grain du riz comporte une large gamme de vitamines appartenant tant au groupe des liposolubles, qu’au groupe des hydrosolubles. Alors les vitamines se rencontrent essentiellement dans les couches périphériques du caryopse, ce qui explique une perte importante de Vitamine pendant le blanchiment.

(1) (2) Morgan FUYARD : « Les Géants du Grains », PUF, Paris 1980, Page 38.

19 A- Les vitamines liposolubles

La vitamine C, ou acide ascorbique (antiscorbutique), est absente dans le caryopse. Par contre le complexe vitaminique B est plus ou moins représenté dans le grain de riz, on suit que ce complexe emporte, d’une part une vitamine B1 détruite par autoclave, et d’autre part une vitamine B2, Vitamine PP, Vitamine B6, Acide pantothénique, etroline biotique, acide para aminobenzoique, acide folique, Vitamine B12.

B- Les vitamines hydrosolubles

En ce qui concerne les vitamines hydrosolubles, elles s’éliminent en grande partie pendant l’usinage et également lors du lavage et la cuisson à l’eau. Dans une alimentation rationnelle, ces vitamines doivent répondre aux conditions suivantes :

Thiamine = Vitamine B1 = 0,30 Calorie en lipide

Riboflavine = Vit B2 ≠ 2 Glucide

Ces rapports s’établissent comme suit dans le riz selon le degré d’usinage.

Tableau 6 : Les vitamines hydrosolubles (1) Thiamine Riboflavine Riz cargo 0, 95 à 1,55 0,80 à 1,35 Riz blanchi total 0,18 à 0,30 0,25 Après lavage et cuisson 0,10 0,20

Ainsi, pour l’alimentation humaine, le riz complètement blanchi peut être utilisé sans inconvénient lorsque la ration journalière est variée et qu’une quantité importante de matières protidiques, de matières grasses, de vitamines et d’éléments minéraux vient compléter la part fournie par le riz. L’enrichissement du riz consiste à mélanger intimement du riz blanchi, des grains de riz

(1) Morgan FUYARD : « Les Géant du Grain », PUF, Paris 1980, Page 40.

20 ayant été soit recouvert d’une couche de vitamines (thiamine, riboflavine,) et de Sel de fer protégé par un filon de zéine, soit imprégné d’une solution aqueuse de thiamine et de phosphate de sodium.

Section3 : L’ECOLOGIE DU RIZ

Nous devons présenter sur double niveau les différentes conditions écologiques qui semblent favorables à une riziculture.

§1- Les conditions climatiques

Parmi les conditions climatiques, on distingue la chaleur, la lumière, les pluies, l’humidité et le vent.

A- La température

Pour se végéter, le riz exige de la chaleur ou de la température normale, dont la quantité varie : - d’une part, selon le cycle végétatif de la plante : 3000°C à 3500°C par an pour les variétés précoces ; 4400°C à 6600°C par an pour les variétés tardives ; - et d’autre part, à chaque stade de la végétation de plante, par exemple, à la germination la température normale doit varier entre 13°C à 40°C. Au tallage, le minimum est de 15°C et le maximum ne dépasse pas 34°C, et ainsi de suite.

B- La lumière

Un équilibre a été souhaité aussi bien au niveau de l’intensité de la lumière (insolation) qu’au niveau du photopériodisme.

C- La pluviomètre

Pour assurer l’évapotranspiration, les pertes par percolation et ruissellement, des pluies de 180 à 200mm/ha/mois de végétation sont nécessaires, soit un pluviomètre annuel moyen de 2000 à 2400 mm.

21 D- L’humidité

L’humidité atmosphérique est aussi nécessaire au cours de la végétation de la plante et en particulier pendant la floraison.

E- Le vent

En général, le vent constitue un facteur important de la transpiration des plantes. Par ailleurs, le riz est une plante très exigeante en conditions climatiques.

§2- Les conditions pédologiques

S’appuyant sur la classification établie par le Ministère de l’Agriculture, nous pouvons distinguer deux types des sols de rizières :  les bons sols des rizières, comportant généralement les terres alluviales et les sols hydromorphes ;  les sols à faible aptitude rizicole, qui sont en général les sols salés, les sols podzoliques et les sols ferrallitiques. Ces sols, considérés comme des terres naturellement infertiles, ne sont pas par définition stériles ; mais ils réclament avant une mise en culture éventuelle de coûteux travaux d’aménagement. Se pose ainsi donc la question de savoir si les conditions naturelles de la région peuvent répondre à ces écologies idéales Sur le plan climatologique, le pluviomètre paraît localement comme facteur limitant la riziculture, et en particulier pour la riziculture de la deuxième saison. Pourtant, on peut la maîtriser par l’amélioration des infrastructures hydro agricoles locales. Sur le plan pédologique, les zones basses ont des aptitudes rizicoles réelles tandis qu’elles en sont moins sur les hautes terres dont la mise en valeur nécessite toujours de la fertilisation. En somme, une aptitude conditionnelle a été attribuée à cette région en matière de riziculture. Le riz peut y être cultivé. Mais quelles sont ses variétés ?

22 §3- Les variétés du Riz

En général, les consommateurs recherchent les variétés à grains longs et donnant du riz où, après cuisson chaque grain se sépare bien l’un à l’autre. Les qualités nutritives de riz varient avec les variétés, mais dépendent surtout du mode de traitement du paddy (étuvage) et du degré d’usinage. Alors les variétés manifestent un comportement culturel spécial et elles sont plus ou moins adaptées aux conditions écologiques et à de types de cultures. Au niveau de la vulgarisation, les variétés qui doivent être choisies sont les suivantes :  la variété qui résiste à l’averse, liée souvent au raccourcissement des pailles et à une meilleure utilisation des engrais,  la variété qui résiste aux maladies,  la variété qui résiste à la sécheresse (surtout pour le riz pluvial). De plus, suivant le type de culture et l’environnement, on peut rechercher des variétés à cycle plus ou moins court, une variété convenable pour un milieu donné doit, dans les conditions de ce milieu, présenter un cycle végétatif dont la durée correspond, en particulier, à la saison de pluie, il s’agit du riz irrigué. On cherche les variétés plus semblables au photopériodisme, afin d’alléger la contrainte du calendrier cultural (récolte), les variétés sont généralement à cycle court et moyen. En outre, le grain du riz, ou paddy est donc constitué par les enveloppes (glumes et glumelles) et le caryopse ou albumen. Nous allons voir quelques définitions qui permettent de mieux comprendre : Le riz cargo : est le grain débarrassé de ses enveloppes externes, après le décorticage.

Le riz blanchi : est le grain débarrassé de ses téguments, après blanchissage. C’est-à-dire les téguments qui donnent le son et la farine. Lorsqu’on prend 100Kg de paddy, on obtient après usinage :  65Kg de riz et brisures,  15Kg de son et farine,  20Kg de balles. Sur la partie externe du caryopse, on trouve le tégument, ou péricarpe. Ce tégument, sur certaines variétés, est coloré en rouge et donne la variété dite «de riz rouge ». Cette couleur disparaît plus ou moins pendant l’opération de blanchiment, mais laisse

23 cependant subsister des sites rouges. Le blanchiment des riz rouges se fait au détriment du rendement en riz blanchi, car il augmente notablement la quantité de la farine. Une grande diversité de variété des semences a été utilisée dans la plaine : Ambaniravina, Jasmin, Kirimine, Mahavonjy, Tsipala malandy, Tsipala mena, Voanio, 1283, 1811, 3309, IR11, IR20, MDR80, X307, X360, X372, X415, Zamany. Par contre, deux seulement sont à cycle court de 90 jours (MDR 80, Mahavonjy) Mais les autres à cycle de 120jours à 140jours. Historiquement sur l’économie rizicole malgache, il y a une variété très nommée dans le monde qui s’appelle « Ali combo ». Elle est placée au premier rang en qualité de riz de luxe à Madagascar. C’est une variété très connue en Europe. Le riz long américain n’a pas pu le défier dans ses temps ; mais actuellement, cette variété est en voie de disparition. Ainsi, étant donné ces différents comportements économiques, le riz prend une grande place dans la vie de l’homme, une analyse économique de la situation de la production rizicole de la plaine nous permettra de mieux saisir le problème.

24 Chapitre2 : LA SITUATION DE LA PRODUCTION RIZICOLE DE LA PLAINE

A Madagascar, la riziculture reste toujours confrontée à des problèmes politico- économiques. Puisque la production rizicole ne suffit pas pour nourrir la population malgache, alors notre gouvernement est obligé d’importer du riz. En conséquence, la balance commerciale du pays reste déficitaire. Pour bien mener la production, les paysans malgaches doivent affronter ce problème. Donc, notre étude doit examiner les paramètres du système rizicole au niveau de la présentation générale de la plaine, les pratiques culturales et les activités économiques.

Section1 : LA PRESENTATION GENERALE DE LA PLAINE

§1- L’historique de la Plaine de Marovoay

La première véritable colonisation de Marovoay semble remonter à 1824, au cours de laquelle, le roi RADAMA I a envahi la région du BOENY. Cette invasion a permis l’installation d’une garnison « Merina » dans la région. Ce sont les soldats « merina » qui étaient les premiers à aménager une partie de la plaine en rizière. (1) Mais en 1912 fut une date décisive pour la vocation rizicole de Marovoay. Ce fut l’année où l’Administration coloniale avait fait entreprendre, par le service de travaux publics, les travaux de drainage et d’assainissement de la zone. Cette période de grands travaux coïncidait avec l’arrivée des français dans la région. Ainsi, la Compagnie Agricole et Industrielle Marovoay (CAIM), la succession de la compagnie FRANCO-MALGACHE d’entreprise, se sont lancées dans de véritables travaux d’aménagement pour rendre ces terrains à la riziculture. Le patriotisme se répand, lorsque les colons perdent leur faveur, ensuite la naissance du COMEMA (Comité Mixte d’Expansion de Marovoay) vient en vigueur, d’où les français n’ont plus de Terre, mais ils ont juste les capitaux et la gérance du comité. Vers les années 80, c’est l’étatisation de la zone, alors la COMEMA est transformée en FIFABE (Fikambanana Fampandrosoana ny lemak’i Betsiboka). Par conséquent, les français disparaissent. L’Etat gère l’économie rizicole dans la plaine et les terres appartiennent aux

(1) MINAGRI : « Essais de riziculture irriguée de Marovoay », PNVA, Antananarivo1972, Page 21.

25 riziculteurs de Marovoay. Dix ans après, c'est-à-dire vers les années 1990, l’Etat s’est désengagé de toutes responsabilités sur l’économie rizicole. C’est à ce moment là que la crise a commencé sur la plaine. Par conséquent, la structure de l’économie rizicole va s’effondrer. Donc, pour augmenter la production tout en la protégeant contre les ennemis, on demandera encore l’intervention des bailleurs de fonds pour financer des projets dans toute la région d’une part et d’autre part la participation effective des bénéficiaires par la mise en place des diverses associations des usagers afin de pérenniser les activités de développement rizicoles. C’est ce qui nous a amené à voir de plus près cette étude.

§2- La situation géographique

La plaine de Marovoay est située dans sa totalité dans le district de Marovoay, Province de Mahajanga, plus précisément dans la Région du Boeny. Elle se trouve autour du fleuve de Betsiboka ; c’est pour cela que la plaine de Marovoay est aussi appelée « la plaine de la basse Betsiboka » Elle est parmi les greniers à riz de Madagascar. Elle est située entre les méridiens 46°26’ et 46°50’ de longitude EST, comprise entre les parallèles 16°00’ et de 16°13’ de latitude SUD, d’après le Service de la Météorologie. La carte ci-dessous nous représente l’emplacement géographique du milieu étudié.

26 Carte2 : Le District de Marovoay

Source : PRD Région du Boeny

27 A- Le climat

Le climat, est l’ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’état de l’atmosphère d’un lieu donné. D’une manière générale, le climat dans la côte Ouest de Madagascar est chaud et semi-humide. Ainsi pour bien expliquer, nous allons voir les phénomènes climatiques suivants :  la température,  le pluviomètre,  l’humidité atmosphérique.

1- La température

La température annuelle moyenne dans la plaine est de 27°C, le maxima moyen pour la station météorologique est de 29°C. On observe qu’il y a deux saisons bien distinctes :  la saison chaude qui débute au mois d’octobre jusqu’au mois d’avril. Elle est caractérisée par la température élevée.  La saison froide débute à partir du mois de mai jusqu’ au septembre, c’est le mois de juillet qui est le plus frais. Ainsi le tableau ci-dessous nous représente la variation mensuelle de la température au niveau de la région de l’année 2005 Tableau 7 : La température (en °C) MOIS Maximum Moyenne Minimum JANVIER 32,7 27,7 22,7 FEVRIER 32,9 27,9 22,9 MARS 33,4 28,0 22,6 AVRIL 34,0 27,9 21,7 MAI 33,8 26,5 19,3 JUIN 32,5 24,7 16,9 JUILLET 32,3 24,3 16,4 AOUT 33,0 24,9 16,9 SEPTEMBRE 34,6 26,5 18,3 OCTOBRE 36,2 28,3 20,4 NOVEMBRE 36 ,2 29,3 22,3 DECEMBRE 34,3 28,5 22,7 Source : Service de la Météorologie

28 2- Le pluviomètre et l’hydraulique

a- Le pluviomètre

La région bénéficie d’un pluviomètre moyen de 1500mm par an, réparti de décembre jusqu’ à fin avril. La pluie est abondante entre le mois de décembre et le mois de mars. Tableau 8 : Le pluviomètre (année 2005) Mois J F M A M J J A S O N D mm 139,6 120,8 191,2 1,0 2,0 0,0 19,4 0,5 4,2 0 38,8 308,7

Jours 14 9 9 1 1 0 3 1 2 0 7 20 Source : Service de la Météorologie J : Janvier, F : Février, M : Mars, A : Avril, M : Mai, J : Juin J : Juillet, A : Août, S : Septembre, O : Octobre, N : Novembre, D : Décembre

b- L’hydraulique

Au cours du premier semestre, l’unité infrastructure hydraulique et sociale du projet est chargée du contrôle et de la surveillance des travaux lot 1 et lot 2 à Marovoay. Lot 1 : - d’appuyer le comité de gestion de l’eau dans le but de coordonner l’avancement des travaux (pluviomètre, mise en eau des canaux, organisation des cours d’eau). Lot 2 : - du recensement des superficies irriguées. Ainsi, le pluviomètre installé à nous donne les résultats suivants : Tableau 9 : L’hydraulique Mois 2003-2004 Jours

Novembre 47mm 6j Décembre 156,7mm 11j Janvier 992,7mm 25j Février 624,5mm 25j Mars 185mm 14j Avril 21mm 2j

Total 2026,9mm 83j Source : Service Hydraulique

29 3- L’humidité atmosphérique

Le vent asséchant « VARATRAZA » souffle sur la plaine de Marovoay pendant la période de Juillet à Août. Alors, l’humidité atmosphérique est l’une des conditions nécessaires pour le développement des plantes vertes et en particulier pour sa floraison. Donc, trop faible ou trop fort de degré hygrométrique peut inhiber le processus d’évolution des plantes utiles pour les êtres vivants. En toute saison, le taux hygrométrique reste élevé à 81%, le matin avant le lever du soleil, il s’abaisse jusqu’à midi, et à partir de là, il va reprendre l’essor. Ainsi, le tableau suivant nous montre l’humidité normalement (en %) durant l’année 2005. Tableau 10 : L’humidité atmosphérique Mois Pourcentage

Janvier 77 Février 81 Mars 77 Avril 73 Mai 67 Juin 63 Juillet 60 Août 56 Septembre 52 Octobre 52 Novembre 59 Décembre 72

Source : Service de la Météorologie

§3- Les aspects démographiques

Les aspects démographiques sont l’acteur principal pour le développement de l’économie en particulier l’économie rizicole.

30 Alors à ce propos, dans le district de Marovoay, le nombre de la population estimée à 144730 en 2006, se répartit dans 12 communes et 130 fokontany.

Tableau 11 : Le nombre de Fokontany par Commune Commune Fokontany 10 Ankaraobato 14 Ankazomborona 16 6 Antanambao Andranolava 6 Antanimasaka 6 Kandrano 10 20 15 Marovoay 12 9 Tsararano 6 Source : Recensement sur les communes (2001), par Cornell University et INSTAT

A- Le profil ethnique

Tout genre d’ethnie qui existe à Madagascar est perceptible à la vue. Alors, le tableau suivant montre les différentes propositions de groupes ethniques dans le district de Marovoay.

31 Tableau 12 : Le profil ethnique ème ème 1ère Groupe ethnique 2 Groupe ethnique 3 Groupe ethnique Commune Ethnie Estimation Ethnie Estimation Ethnie Estimation (%) (%) (%) Ambolomonty Betsileo 68 Antesaka 20 Merina 10 Ankaraobato Sakalava 50 Antesaka 25 Tsimihety 10 Ankazomborona Sakalava 45 Tsimihety 30 Betsileo 12 Anosinalainolona Sakalava 30 Merina 20 Antandroy 20 Antanambao Andranolava Betsileo 40 Antandroy 15 Tsimihety 10 Antanimasaka Betsileo 40 Sakalava 20 Antandroy 15 Bemaharivo Kandrano Sakalava 50 Antesaka 15 Tsimihety 10 Manaratsandry Sakalava 40 Betsileo 30 Merina 25 Marosakoa Sakalava 50 Betsileo 30 Antandroy 12 Marovoay Merina 38 Betsileo 30 Sakalava 19 Marovoay Banlieue Betsileo 40 Sakalava 25 Merina 15 Tsararano Antesaka 40 Betsileo 30 Antandroy 20 Source : Recensement sur les communes (2001), par Cornell University et INSTAT

Ce tableau indique que les groupements ethniques les plus présents sont Sakalava et Betsileo. Cependant, la structure au niveau de la répartition ethnique à Marovoay est équilibrée, les plus grandes proportions ne dépassent pas 70%, les plus petites étant au tour de 10%. Ceci s’explique par le nombre élevé de groupements ethniques présents dans le district : Betsileo, Sakalava, Antesaka, Merina, Tsimihety

B- La population urbaine

L’analyse pragmatique liée à la concentration géographique de la population dans la région nous a permis de conclure qu’il y a une distorsion entre l’effectif de la population dans le monde urbain et celui dans le monde rural. Bien évidemment, même s’il y a un flux migratoire périodique vers le centre urbain, l’effectif de la population dans les milieux ruraux excède largement celui du monde urbain, car la principale source de revenu pour le plus grand nombre de population est le secteur primaire localisé dans le domaine rural. Ci-joint un tableau qui met en exergue la proportion de la population urbaine et rurale dans le district de Marovoay.

32 Tableau 13 : Le pourcentage de la population en milieu urbain et rural

Population Population urbaine Population rurale

Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage Totale

144 730 30 823 21 113 907 79

Source : Service INSTAT- Projection 2006

C- La tranche d’âge par sexe

La mise en exergue des tranches d’âges de la population permet d’évaluer la potentialité en matière des ressources humaines. Ces dernières peuvent être considérées comme facteur de production non négligeable pour la dynamisation de l’économie rizicole. On va voir ci-dessous un tableau synoptique de la composition par tranche d’âge de la population du district.

33

Tableau 14 : La tranche d’âge par sexe année 2006 Groupe LIEU DE RESIDENCE d'âges Ensemble Urbain Rural Total Masculin Féminin Total Masculin Féminin Total Masculin Féminin 00 -04 26 512 12 923 13 589 5 031 2 446 2 585 21 481 10 477 11 004 05 -09 19 791 9 650 10 141 4 203 2 022 2 180 15 589 7 628 7 961 10 -14 16 200 7 963 8 238 3 741 1 757 1 984 12 459 6 205 6 254 15 -19 15 384 7 298 8 085 3 6 09 1 726 1 883 11 775 5 573 6 203 20 -24 12 595 5 925 6 670 2 748 1 357 1 391 9 847 4 569 5 278 25 -29 10 356 4 893 5 463 2 190 980 1 210 8 165 3 913 4 252 30 -34 9 636 4 658 4 978 2 186 1 058 1 128 7 450 3 601 3 850 35 -39 8 068 4 076 3 992 1 744 840 904 6 324 3 236 3 088 40 -44 6 458 3 273 3 185 1 375 681 694 5 083 2 593 2 490 45 -49 4 265 2 039 2 225 911 412 499 3 354 1 627 1 726 50 -54 4 269 2 092 2 177 825 394 432 3 444 1 700 1 743 55 -59 3 197 1 488 1 709 609 253 355 2 589 1 235 1 354 60 -64 3 130 1 560 1 570 596 282 314 2 534 1 278 1 256 65 -69 1 981 1 028 954 407 175 232 1 574 851 723 70 -74 1 495 753 742 352 150 202 1 142 601 541 75 -79 718 351 367 165 72 94 553 279 274 80 & + 677 308 369 133 50 83 544 258 286 Ensemble 144 730 70 277 74 453 30 823 14 656 16 167 113 907 55 622 58 285 Source : Service INSTAT- Projection 2006

Ce tableau représente l’importance des ressources humaines dont la majorité se trouvent à l’âge actif. Cette situation indique une perspective d’abondance de main d’œuvre agricole. La faiblesse de l’effectif de la population à l’âge de plus de soixante ans est le reflet de la faible espérance de vie, tant que le groupe d’âge augmente, les effectifs de la population diminuent. On observe également, d’après ce tableau, qu’il y a une large domination de l’effectif des femmes par rapport à celui des hommes. En effet, la composante féminine atteint environ les 55%.

34 D- L’évolution de l’effectif de la population

L’évolution de l’effectif de la population est déterminée par le taux d’accroissement et le mouvement migratoire. Le tableau suivant va nous afficher l’évolution de cet effectif au cours des quatre années consécutives dans le district de Marovoay. Tableau 15 : L’évolution de l’effectif de la population Année Effectif de la population 2003 132 204 2004 136 385 2005 140 485 2006 144 730 Source : Service de l’INSTAT- Projection 2006.

Ce tableau nous permet de constater que l’effectif de la population évolue d’une manière irrégulière. Le taux de croissance moyenne de l’effectif de la population est de 3% dans le district.

E- La natalité et la mortalité

On observe que la fécondité est trop élevée puisqu’en moyenne une femme met au monde cinq enfants au cours de sa vie féconde. On constate toutefois qu’il y a une différence très marquée entre le milieu urbain et le milieu rural, puisque dans le premier il n’y a que quatre enfants par femme tandis que dans le second une femme peut avoir 6 à 8 enfants. Ainsi, selon l’enquête nationale démographique et sanitaire en 2001 dans la région du Boeny, les taux moyens de fécondité et de natalité s’établissent respectivement à 13,37 % et 3,25%. En outre, le taux de mortalité est de 1,53%. Un chiffre qui parait assez irréaliste dû à la non déclaration des décès. Alors le taux de mortalité au niveau de la région du Boeny évolue à cause de la persistance de la crise économique qui a conditionné la vie socio-économique de la population.

35 Section2 : LA RIZICULTURE DANS LA PLAINE

§1- Les pratiques culturales

La culture rizicole tient la première place dans l’économie régionale en terme de surface cultivée et d’adhésion des ménages. Elle couvre une superficie totale de 54140 ha en 1999 contre 54050ha en 2004. La totalité des périmètres irrigués est de 24050ha dont 72,76% se trouvent dans la plaine rizicole de Marovoay avec 17 500 ha de superficie. Le reste se trouve à Madirovalo (3000ha), à Mahajamba (1 800ha) et dans la partie sud de la région de Mitsinjo. Le rendement à l’hectare est plutôt faible, oscillant entre 2,5t/ha et 4t/ha (1) malgré la différenciation des saisons de cultures du riz. ( Réf carte de la superficie rizicole et du périmètre irrigué ).

(1) DRDR-Boeny : « Rapport d’activité annuel 2005 », IPNR, Mahajanga 2005, Page27.

36 Carte 3 : La Superficie Rizicole et le Périmètre Irrigué

Source : PRD Région du Boeny

37 Pour les calendriers culturaux, les cycles de culture de la région, plus précisément, de la plaine rizicole de Marovoay ont lieu trois fois dans l’année, qui se repartissent comme suit :  vary asara,  vary atriatry,  vary jeby.

A- Le « Vary Asara »

Le « vary asara » est un mode de riziculture qui titre uniquement ses ressources aquatiques de l’eau de pluies, appelé aussi riz de saison de pluies ou de saison humide durant la période entre janvier et mai.

B- Le « Vary « Jeby »

C’est un mode de riziculture aménagée qui utilise en dehors de l’eau de pluies (une autre ressource en eau maîtrisée issue des rivières ou barrages), appelé aussi riz de saison sèche. La pratique culturale du « vary jeby » s’effectue entre le mois d’avril et d’octobre.

C- Le « Vary Atriatry »

Le vary « Atriatry » est appelé aussi vary « jeby précoce », on peut pratiquer entre les deux saisons, c'est-à-dire entre le mois de mars et août. Ces trois saisons de culture peuvent être effectuées pour éviter l’exode rural, le chômage et la pénurie du riz. En outre, la pratique de cette culture repose en grande partie sur les méthodes traditionnelles, avec un faible ensemencement et une faible mécanisation. Toutefois, dans certains périmètres, la situation a beaucoup évolué notamment à : – Marovoay et Atongomena-Bevary (district de Mitsinjo), avec l’utilisation des engrais et des semences améliorées ;

– Marovoay et à Ambato-Boeni avec l’utilisation des équipements non traditionnels (exemple : charrue).

Les différences entre le rendement en « vary asara » et en « vary jeby » pour le même thème d’amélioration s’expliquent par le fait que le « vary jeby » bénéficie plus de maîtrise en eau.

38 §2- L’évolution de la production et des superficies cultivées.

Selon les statistiques agricoles de 2002, la région a produit 135965 tonnes de paddy, or en 2000 la production était de 138295 tonnes. Ainsi le tableau suivant nous présente l’évolution de production dans le district de Marovoay. Tableau 16 : L’évolution de production rizicole : Année 1999 2000 2001 2002 District Marovoay 51545 51 680 51 800 51940 Source : DRDR-BOENY Les rendements sont généralement très bas dans l’ensemble en cas de dégradation des infrastructures hydro-agricoles, de la technique inadéquate, de l’emploi d’intrant limité et de l’encadrement insuffisant. C’est pour cela que la production rizicole dans la plaine a diminué avec un rendement moyen de 2,75 t/ha en 2005. Cette année, on a une superficie non cultivée de 550ha ; d’où la production ne présente que 42625 tonnes dans la plaine avec la surface récoltée environ 15500 ha. (1) Les causes de blocage de production et rendement sont :  le retard des travaux d’entretien et de réhabilitation des réseaux hydrauliques ;  le retard de calendrier cultural de certaines zones ;  le non fonctionnement des stations de pompage. Selon le tableau suivant, la superficie rizicole cultivée dans le district, diminue relativement dont les principales causes sont l’ensablement des rizières et les défaillances techniques des réseaux hydro-agricoles. Tableau 17 : La superficie rizicole cultivée District 2001 2002 2003 2004 Marovoay 18900 18850 18800 18700 Source : DRDR-BOENY

Section 3 : LES ACTIVITES ECONOMIQUES

Lorsque la majorité de la population sont des paysans, les activités agricoles et extra agricoles tiennent ainsi une place importante dans l’économie de la région. Nous avons présenté ici les caractéristiques locales de ces deux types d’activités aussi bien au niveau de l’activité agricole qu’au niveau de l’activité extra-agricole.

(1) DRDR-Boeny : « Rapport d’Activité annuel 2005 », IPNR, Mahajanga 2005, Page 6.

39 §1- Les activités agricoles

Selon le degré de la participation de l’agriculteur dans leurs activités, on peut distinguer les cultures renouvelables avec celles dites permanentes.

A- Les cultures renouvelables

Ces cultures peuvent être renouvelées une fois chaque année au terme de la campagne, parfois ce renouvellement peut s’opérer deux fois dans une année. Le cultivateur est amené ainsi à la disposition quasi-permanente de sa culture, depuis la plantation jusqu’à la récolte, par des travaux durs et fatigants. Quant à leur objectif, d’abord les cultures vivrières (cultures du riz, du manioc, du maïs, de patates,…), sont la plupart du temps destinées à la consommation familiale des villageois, c'est-à-dire le riz pour l’alimentation de base et les autres produits pour l’alimentation complémentaire. Mais cela n’empêche qu’en période de soudure du riz, les aliments complémentaires peuvent devenir une alimentation de base. Et par ailleurs, la pratique veut que ces cultures visent quelquefois l’objectif commercial. Ensuite, pour les cultures maraîchères, la production est faible, elles visent simplement l’autoconsommation.

B- Les cultures permanentes

Ce type de culture ne nécessite qu’un faible engagement de cultivateur. En outre, une fois que la récolte donne sa première campagne on ne l’occupe plus qu’à la prochaine récolte. Ce type de culture va donc libérer les paysans dans la plaine. En réalité, pour les cultures fruitières, notamment des fruits exotiques tels que les manguiers, les bananiers, les cocotiers, les tamariniers, les anacardiers et les jujubiers sont cultivés de manière sauvage. De plus d’autres cultures viennent s’ajouter à cette catégorie, telles que les cultures forestières (production de satrana, de raphia). Ce sont de cultures naturelles, que les paysans essayent d’abattre en vue de satisfaire leurs besoins en bois et monétaires sachant que le raphia constitue un produit d’exportation non négligeable. Par conséquent, compte tenu de différentes caractéristiques que présente chaque culture, nous pouvons donner les principales productions agricoles suivant le classement par superficies cultivées dans le district, plus précisément dans la plaine de Marovoay.

40 C- Les principales productions agricoles

Les conditions climatiques, géologiques et pédologies ont conféré à la région une vocation agricole, avec une forte potentialité en culture vivrière, de rente et fruitière. Dans 12 communes du district de Marovoay, la culture rizicole tient la première place. Si la majorité de la production sont essentiellement destinées à la consommation domestique, alors, la production est écoulée sur le marché régional et national. Généralement, la culture de manioc et de maïs suit de près la riziculture. Tableau 18 : Principales productions agricoles, classement par superficie cultivée ème ème ème Commune 1ère culture 2 Culture 3 Culture 4 Culture Ambolomonty Riz Manioc Maïs - Ankaraobato Riz Banane Maïs Manioc Ankazomborona Riz Mais Manioc Canne à sucre Anosinalainolona Riz Arachide Maïs Manioc Antanambao Andranolava Riz Manioc Maïs Arachide Antanimasaka Riz Arachide Patate douce Manioc Bemaharivo Kandrano Riz Raphia Noix de cajou - Manaratsandry Riz Arachide Maïs Patate douce Marosakoa Riz Manioc Canne à sucre Citron Marovoay Riz Arachide Patate douce Arachide Marovoay Banlieue Riz Manioc Maïs Patate douce Tsararano Riz Manioc Maïs Canne à sucre Source : Recensement sur les communes (2001), par Cornell University et INSTAT.

Le riz tient la première place dans toutes les communes de Marovoay en terme de superficies cultivées. Depuis la fin du projet FIFABE, la culture de riz rencontre cependant des problèmes d’irrigation ; cela est dû au manque d’entretien des pompes. Plusieurs pompes, qui assuraient auparavant des centaines d’hectares, sont tombées en panne actuellement. Cette situation tendrait à diminuer les superficies effectivement mises en culture.

§2- Les activités extra-agricoles

Nous considérons comme activités extra-agricoles l’élevage, la pêche et la chasse.

41 A- L’élevage

En général, il n’y a vraiment de paysans se vouant uniquement à ce genre d’activité. Cette activité est menée parallèlement avec des activités agricoles de base. Presque tous les paysans enquêtés dans chaque village s’adonnent largement dans l’élevage de volailles, de porcs, plus de la moitié en possèdent des bœufs. En effet, de telle activité n’a pas localement d’objectif économique réel mais plutôt un facteur important de prestige et de rang social, la possession de bœufs s’avère également nécessaire étant considérée comme facteur de production rizicole important. Pour les volailles, l’autoconsommation constitue un objectif primordial. Et pour les porcs, l’activité d’élevage prend localement une place très accessoire.

B- La pêche et la chasse

La pêche et la chasse contribuent également à l’obtention d’un revenu monétaire supplémentaire pour le paysan de la plaine. C’est pour cette raison qu’elles constituent un élément substantiel pour l’économie des ménages à l’intérieur du district de Marovoay. Ainsi, cette plaine remplit les conditions pour être une zone de prédilection de la pêche. Pourtant, le manque de savoir-faire et les moyens matériels rudimentaires entravent la dynamique vers un sens positif de ce secteur. On observe deux types de pêche :  la pêche traditionnelle,  la pêche artisanale. Sur ce, le volume de la production capturée n’arrive pas à satisfaire la demande intérieure, ce qui explique la hausse du prix des poissons sur le marché. Par ailleurs, la hausse vertigineuse de ce prix peut s’expliquer aussi par la loi de l’offre et de la demande, c'est-à-dire l’élasticité du prix est conditionnée par la distorsion entre ces deux (02) variables économiques. Le cas présent montre que l’offre est inférieure à la demande, d’où l’augmentation du prix.

§3- Le développement de la production agricole

L’augmentation de la production, la diversification des sources, l’augmentation des revenus des producteurs et des exportateurs seront opérées par le développement, l’intensification et la diversification des productions dans les filières porteuses ou productives, telles que l’élevage , la forêt, la pêche, le fruit et les légumes, etc.…. Afin de parvenir à un développement efficace, l’appui à l’organisation et à la

42 professionnalisation de producteur est important par l’incitation à la constitution de groupement pour en faire de partenaire, de la dynamique, de développement rural, ainsi pour créer le « Tranoben’ny Tantsaha ». Pour professionnaliser les producteurs, on doit trouver des marchés (locaux ou nationaux ou internationaux), élargir son exploitation ; c’est-à-dire on va multiplier le nombre de têtes des vaches, des porcs, des volailles ; faciliter l’accès à des matériels de production et l’accès au financement. Par ailleurs, le système d’enseignement et de formation agricole sera restructuré par rapport à l’instauration d’objectif principal, qui constitue un appui aux autorités régionales et communales pour la promotion et le développement de l’emploi par la mise en place de structure d’insertion à des groupes vulnérables notamment les jeunes et les femmes sans emploi ou sous employés dans la vie active.

43 Chapitre 3 : LES INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES

L’analyse des infrastructures économiques nous permet de connaître l’échange dans le district de Marovoay. Ainsi, les institutions financières vont augmenter les taux de pénétration d’une manière très significative grâce à l’intensification de la participation des paysans producteurs dans le cadre du financement du monde rural.

Section 1 : LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES ET LES PISTES RURALES

§1- Les routes

Dans le cadre de l’économie rizicole, les routes tiennent un rôle très prépondérant car elles favorisent l’économie d’un district à l’autre. Donc, l’absence de route inhibe sérieusement la prospérité de l’économie. En effet, sans infrastructures routières, l’évacuation des produits agricoles sera impossible. Les produits deviennent alors non valorisés. C’est la raison pour laquelle, l’économiste Kipling affirme que « la route est la pierre angulaire de développement de l’économie agricole ». (1) A titre de corroboration de l’affirmation ci-dessus, il est clair que la défectuosité de la route dans une région entrave le développement des échanges faute de moyen de transport.

A- Les routes nationales

Parlons d’une part de la route reliant Marovoay et Mahajanga, il mesure 85Km jusqu’au croisement, plus 12Km. A Marovoay, Chef lieu du District, elle est goudronnée et en bon état. On peut même y circuler durant la période pluvieuse.

B- Les routes internes

La plaine de Marovoay connaît une difficulté en matière d’infrastructure routière reliant le chef lieu de district avec les 12 Communes constitutives, ainsi que celles qui relient les chefs lieux de la commune avec leurs Fokontany constitutifs. On observe que l’enclavement de certains Fokontany renforcer la persistance du système de troc, c’est-à-dire l’échange direct d’un bien contre un autre bien. Quelques villages se situant aux alentours du chef lieu du district sont bénéficiaires

(1) Bourrières P : « L’économie des transports dans le programme de développement », PUF, Paris 1964, Page13

44 des infrastructures routières rudimentaires. Pour le transport terrestre, les déplacements coûtent cher pendant la saison de pluie. Donc pour développer l’économie agricole, il serait nécessaire pour l’ensemble de la population de perfectionner ces infrastructures routières afin que l’écoulement des produits agricoles soit sans danger.

§2- Les voies fluviales

Les voies fluviales offrent des opportunités non négligeables pour l’économie agricole ; car elles permettent d’articuler l’économie d’un lieu à l’autre. Alors dans la plaine de Marovoay, les réseaux hydrographiques s’effectuent dans les fleuves de Bemaharivo et de Betsiboka. Les moyens de transport sur ces réseaux sont très rudimentaires. La plupart des pirogues sont construites en bois avec le tonnage maximal d’une tonne et demie par voyage. Le coût de transport est évalué selon un contrat, de façon forfaitaire.

Section 2 : LE MARCHE ET QUELQUES INFRASTRUCTURES DE BASE

§1- Le marché

Le chef lieu de district de Marovoay possède deux marchés couverts et mal équipés. Certaines communes rurales disposent d’un endroit réservé. La place de marché est dénuée d’infrastructures bien appropriées. Donc les producteurs se contentent d’étaler leurs produits à ciel ouvert au moment du jour de marché. Par ailleurs, grand nombre d’agriculteurs ne peuvent même pas rejoindre le lieu où il y a le marché faute de routes vicinales permettant d’acheminer leurs produits. A noter que, durant la période de récolte, les riziculteurs se fient à l’échange commercial qui s’intensifie. Ainsi, leur pouvoir d’achat s’améliore.

§2- Quelques infrastructures de base.

Dans le district, les infrastructures de base prennent une place importante, surtout au niveau de communication et d’échange entre les communes.

45 Tableau 19 : Quelques infrastructures de base par commune Commune Bureau Eau Télévision Télévision Radio de poste Electricité Nationale Régionale Régionale JIRAMA Ambolomoty oui oui oui oui Ankaraobato oui oui oui Ankazomborona oui oui Anosinalainolona oui Antanambao Andranolava oui Antanimasaka oui Bemaharivo Kandrano oui Manaratsandry oui oui oui Marosakoa oui oui Marovoay oui oui oui oui oui Marovoay Banlieue oui oui Trararano oui Source : Recensement sur les communes (2001), par Cormelle University et INSTAT Les indications « oui »dans ce tableau montrent un profil moyen, quoi que cela soit légèrement mieux dans certains lieux de district de Marovoay. Cela est sans doute dû à la proximité avec Mahajanga I. Par exemple, 6 Communes sur 12 peuvent capter la télévision nationale, et 2 autres communes, la télévision régionale. Une radio régionale très puissante émet à partir de Marovoay, permettant de toucher toutes les communes, et qui se capte bien au-delà des limites du district (jusqu’à Maevatanana). Un bureau de poste dessert en moyenne 3 communes, ce qui est tout de même une bonne moyenne, compte tenu de l’éloignement moindre entre les communes.

Section 3 : LES INSTITUTIONS FINANCIERES

Les institutions financières occupent une place très importante dans l’optique de développement de l’économie en particulier l’économie rizicole car elles favorisent la dynamisation de l’investissement privé.

§1- La banque

Le district de Marovoay dispose d’une banque en l’occurrence la BTM/BOA. Cette banque assure l’octroi de crédit aux agents économiques, à condition qu’il n’y ait pas une faille, mais une garantie est exigée à titre d’engagement. Mais à l’heure actuelle, lorsqu’on adopte la politique de la privatisation de l’économie à Madagascar, cette banque est privatisée. Alors, toutes les formalités administratives, la modalité d’octroi de crédit sont notablement changées.

46 Malheureusement, les banques d’aujourd’hui ne sont pas des banques de développement mais ce sont des banques commerciales, c’est-à-dire, elles cherchent leur profit, avec de garantie très exigeante. Et en plus, leur taux d’intérêt est trop élevé. C’est pour cette raison que les paysans n’arrivent plus à obtenir des crédits auprès des banques commerciales.

§2- La structure mutualiste

Le TAhiry FAmpitrosana TSAra-KAjy (TAFATSAKA) est une structure financière retombée à la fois dans le monde urbain et rural dont le but serait d’intervenir en faveur des agents économiques pour l’octroi de crédit. L’action entreprise par une telle structure financière est bénéfique non seulement dans le cadre de l’attribution de crédit comme on l’a déjà souligné ci-dessus, mais aussi dans le but de mettre l’épargne à l’abri de tout danger. Malheureusement, cette structure financière n’a pas lieu dans toutes les contrées de districts, mais elle touche celles qui sont situées sur les axes routiers accessibles par les moyens de transport disposés par cet organisme.

Section 4 : LES INFRASTRUCTURES SCOLAIRES ET SANITAIRES

§1- Les infrastructures scolaires

La région du Boeny, plus particulièrement, le district de Marovoay est doté d’un Lycée public, situé au chef lieu. 4 collèges publics et 2 collèges privés alimentent ce lycée, ce qui semble nettement insuffisant par rapport aux 12 communes qui composent le district. Cependant, ces 6 collèges sont concentrés en 4 communes seulement : Marovoay, Ankazomborona, Ambolomoty, et Maharatsandry. Le non fonctionnement de certains établissements est dû à l’insuffisance de l’effectif scolaire, au non remplacement des corps enseignants mutés et surtout à l’insuffisance notable des instituteurs dans les milieux ruraux, d’où la faiblesse inquiétante du taux de scolarisation. En outre, les écoles privées sont à caractères confessionnels ou laïcs. Pour celles qui sont confessionnelles, elles bénéficient des appuis logistiques et didactiques venant des organismes nationaux ou internationaux. Du point de vue des infrastructures et personnel, l’enseignement privé est mieux nanti que l’enseignement public, c’est-à-dire que la qualité de l’enseignement privé est plus judicieuse ce qui donne infailliblement un résultat spectaculaire.

47 §2- Les infrastructures sanitaires

Le district de Marovoay connaît une faiblesse notable en matière d’infrastructure relative aux soins médicaux. Il possède un Centre Hospitalier de District niveau deux (CHD2) public. Ensuite, il y a treize (13) Centres de Santé de Base, deux (CSB2) répartis dans les milieux urbains et ruraux. Le ratio nombre de CSB2 sur nombre de communes est de 1,08 ce qui est plus que la moyenne. On a observé également que ces centres de soins médicaux sont dotés d’équipements vétustes et rudimentaires. Par ailleurs, grand nombre de Fokontany sont privés de centre de soin médical ; alors pour faire un traitement médical, il faut rejoindre un centre voisin qui se situe souvent à une distance non moindre. C’est la raison pour laquelle le taux de fréquentation de l’hôpital est encore très faible. Ainsi, pour perfectionner le bien être de la population du point de vue sanitaire, il faut multiplier les centres de soins médicaux dotés d’équipements personnels adéquats. Alors, compte tenu de l’effectif de la population locale, les personnels médicaux n’arrivent pas à satisfaire la demande en soins médicaux. Au fond, cela signifie que la consultation médicale n’est pas pour tout le monde mais pour la minorité. A côté de la faiblesse en matière d’effectif de personnels médicaux, leur répartition géographique est toujours au préjudice des ruraux, car ils se concentrent généralement dans le milieu urbain.

48 Chapitre 4 : LES BIENFAITS DE LA RIZICULTURE INTENSIVE

Notre objectif est d'intensifier la culture sur toutes les rizières, ainsi que la nette augmentation du rendement dans toute la plaine. On doit donc disposer d'une méthode culturale générale et simple, que tout riziculteur puisse comprendre, appliquer et adapter à la diversité des situations de terrain.

Section 1 : LE SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI)

La nouvelle méthode malgache consiste en quelques principes de bonne riziculture, connue depuis longtemps, mais qu'ils ont été systématisés et qui génèrent une remarquable augmentation de la production par l'obtention de beaucoup de tiges.

§1- Le système cultural

« Système de Riziculture Intensive » (SRI) est l'appellation donnée par Henri de Laulanié à ces pratiques, dans le cadre d'une présentation théorique qui visait le meilleur : le dépassement de la barre des 8T/ha. (1) Sa représentation était exigeante, mais les mises en pratique confirment qu'on peut effectivement dépasser ce seuil en suivant ces principes :

– pratiquer les plantes extrêmement jeunes (à deux feuilles moins de 12jours après semis à Marovoay, contre 21jours pour le standard international de la riziculture améliorée), les plants étant obtenus par des semis très clairs sur des pépinières non inondées ; – repiquer les plants individuellement (et non en touffe de 2 ou 3 brins) en carrés très espacés (de25x25cm à 50x50cm), afin d'abord de faciliter le sarclage, et ensuite de laisser à chaque plant un espace vital maximum ; – sarcler à la houe rotative, très tôt pour tuer les herbes juste après leur germination (10 à 15 jours après repiquage) et renouveler le sarclage une 2ème fois, voir une 3ème fois (et même parfois une 4ème), car le sarclage mécanique tue les herbes et oxygène les racines ; – parfois pour oxygéner les racines et réchauffer davantage le sol, la nappe d'eau réverbère une grande partie du rayonnement solaire.

(1) Henri De LAULANIE : « Présentation Technique du Système de Riziculture Intensive », Méthode de Tallage de Kata yama, Antananarivo 1992, Page 21.

49 Cependant, cette méthode trouve son origine dans des pratiques culturales qui ont émergé en milieu rural, à partir de 1984 à Antsirabe. Techniquement, elle se fonde sur le rajeunissement drastique de l'âge des plants lors du repiquage et sur l'oxygénation systématique des racines. Conjoncturellement, ces pratiques proviennent de l'impossibilité qu'il y avait à continuer à privilégier les intrants, devenus inaccessibles du fait de la pauvreté. Pour parvenir à augmenter significativement les rendements en dépit de la faiblesse des moyens matériels, une issue fut cherchée dans la physiologie de la plante et dans la seule modification des techniques culturales.

§2- Une adaptation nécessaire

Ce système a de bons effets (économie de semence et tallage exceptionnel) et a acquis une popularité nationale et une renommée internationale. Mais pour parvenir à une extension sur des milliers d'hectares, comme il est nécessaire dans le cadre d'une plaine comme celle de Marovoay, l'approche doit évoluer. Quant à l'extension des surfaces d'essai, une première tentative significative avait été faite par la société Madrigal (Groupe Marbour) dans la plaine d'Ambatondrazaka. En 1994; un essai avait couvert trois hectares et a été ensuite étendu. Mais ce n'était pas en milieu paysan. Des dizaines d’hectares ont également été passés au SRI au cours des années de 1997 dans le cadre d'un projet environnemental à Ranomafana (sous l'égide de CIIFAD). Mais la surface d'essai est encore faible. La percée à cet égard paraît surtout imputable aux riziculteurs de Marovoay durant la saison « jeby 1997 ». Dans l'expérience mentionnée, les recommandations des plus strictes du SRI ont été appliquées d'emblée sur des surfaces allant individuellement jusqu'à un hectare métrique. On pouvait alors estimer l’acquisition prouvée de l’appliquer du SRI à des surfaces conséquentes. Mais on se limitait toujours à des rizières bénéfiques de bonnes possibilités de drainages. L'objet de la présente étude est de montrer qu'on peut dépasser cette surface sans limitation. D'un point de vue général, l'objectif est de trouver le moyen de faire passer les principes d'une bonne riziculture dans les conditions de la plaine et à grande échelle. Cette étude a rendu nécessaire, d'une part le besoin particulier des riziculteurs de la saison « asara » qui sont placés dans des conditions défavorables, et d'autre part les principes du SRI comme bases d'une augmentation systématique du rendement sur toutes les rizières de la plaine de Marovoay.

50 Section 2 : LES RESULTATS

En dépit de très mauvaises conditions climatiques qui ont dissuadé beaucoup de riziculteurs ou forcé de pratiquer sur des surfaces réduites, 37 riziculteurs ont participé à l'expérience dans 19 villages, et 55 essais ont été mis en culture sur 398 parcelles mesurant 11ha ont été analysées. Chaque riziculteur a conduit ses essais sur une surface proche de 30ares en moyenne. Ainsi, le tableau suivant donne une vue synoptique des résultats d’essai au moment de la vulgarisation du système riziculture. Tableau 20 : Les résultats d’essai Nombre Surface Riziculteurs 37 dont femmes 3 8% ont des rizières « Jeby » 17 46% 8,3 ha 74% sans rizière «jeby » 14 38% 225 ares 20% indéterminés 6 16% 63 ares 6% villages 19 dont zone FIFABE 12 63% 6,5 ha 58% Parcelles 398 nombre d'essais 55 11,2 ha dont SRI strict 15 16% 1,8 ha 16% dont repiqués 14-17j 5 14% 1,6 ha 14% dont repiqués > 19j 30 65% 7,2 ha 65% dont semis directs 5 5% 51 ares 5% surface moyenne/riziculteur 30 ares surface moyenne/essai 20 ares riziculteurs < 10 ares 17 46% 0,8 ha 7% riziculteurs > 30 ares 12 32% 8,3 ha 75% cultures sinistrées 41 75% 5,9 ha 52%

Source : DRDR-BOENY On note que les 74% des surfaces sur lesquelles on fait l’essai de culture « jeby » appartiennent aux riziculteurs eux-mêmes, (6 sont indéterminés) et que près de deux tiers des villages se trouvent dans la zone FIFABE. La moyenne des essais par riziculteur est de 30ares, mais 46% des riziculteurs ont essayé sur des surfaces inférieures à 10 ares. Les riziculteurs qui avaient des rizières de saison « jeby » ont essayé sur des surfaces plus grandes (49 ares en moyenne).

§1- La classification des rizières

Du point de vue de la nature des sols, les rizières présentent la même diversité que

51 celles de la saison « jeby ». Les cas de salinité paraissent cependant moins fréquents. Quant à la maîtrise de l'eau, la diversité est beaucoup plus importante. On rencontre les cas les plus extrêmes :

A- La bonne maîtrise d'eau

Quelques rizières bénéficient de la présence de source d'eau. Elles sont rares.

B- La maîtrise d'eau passable

Mais d’autres rizières ne bénéficient pas de ces atouts supplémentaires, souvent par le fait d'être situées sur une légère dénivellation de terrain, en contrebas. Elles peuvent porter une récolte quand les suivantes ne donnent rien.

C- La maîtrise d'eau élémentaire

La culture dépend des pluies, cependant quelques canaux sommaires ont été aménagés. Ce sont les rizières les plus nombreuses.

D- La maîtrise d'eau nulle.

Ce sont des rizières où la culture dépend directement et exclusivement de la pluie.

§2- La classification des méthodes culturales

Quatre techniques culturales ont été proposées et mises en pratique, toutes présentées comme dérivant des principes du SRI.

A- Le SRI Strict

L'écartement de 40 x 40cm ou 33 x 33 cm recommandé en saison « jeby » avait été réduit à 30 x 30 cm. Cette méthode était conseillée sur les meilleures rizières (cas A ci-dessus), mais elle a aussi été appliquée sur des rizières du cas de la maîtrise d’eau passable et même maîtrise d’eau élémentaire. Le repiquage effectif moyen fut de 10 jours après semis.

B- L’adaptation n°1

Repiquage de plants de 3 ou 4 feuilles (14 à 17 jours), en carrées de 30 x 30 cm, au nombre de 2 brins pour chaque touffe. Cette méthode a principalement été appliquée sur des rizières à bonne maîtrise d'eau.

52 Le retard des pluies a empêché de l'appliquer aussi souvent qu'elle devait l'être : les plants vieillissaient sur la pépinière en attendant le temps favorable à la mise en boue et au repiquage. C'est une adaptation pour la rizière salée, par exemple : o la rizière mal drainée au moment du repiquage ; c'est-à-dire il est difficile d'y avoir une boue collante non liquide ; o la rizière à la culture pluviale ou à l'irrigation irrégulière où la maîtrise d'eau est incertaine.

C- L’adaptation n°2

A la différence de la précédente, les jeunes plants à repiquer doivent avoir normalement 4 à 5 feuilles. Le repiquage a donc lieu du 18ème au 20ème jours après le semis, c'est-à-dire moins de trois semaines. Il se fait toujours par touffe de 2 brins suivant l'espacement correspondant à 30 x 30cm ou 30 x 15cm (ce qui revient à la riziculture améliorée). Cette méthode a été finalement la plus utilisée à cause du vieillissement des plants dû au retard de l'arrivée des pluies. Pour la même raison, on a constaté de fréquents dépassements de 20 jours (présente comme une limite maximale). Cependant, les plants étaient souvent plus « jeunes » que ne laisse pas paraître le nombre de jours après semis, car le retard des pluies entraînait souvent un délai pour la germination. Il n'y a pas eu de dépassement de 30 jours. C'est une adaptation pour la salinité d'une rizière qui est très élevée. La rizière est inondée au moment du repiquage et la profondeur en eau dépasse 10 cm, c'est-à-dire le drainage est difficile ou inadéquat (comme le cas d'une culture pluviale, saison « asara »).

D- Les semis directs

Les Semis directs sont en ligne pour pouvoir sarcler, à faible densité (15 à 20Kg/ha) soit en sillons espacés de 30cm, soit en poquets avec 2 ou 3 graines à 20 x 30cm ou à 30 x 30cm. Cette méthode était assez demandée. Mais les mauvaises conditions climatiques ont dissuadé beaucoup de riziculteurs. Insistons sur le fait que l'adaptation n°2 est définie par des plants de moins de trois semaines, c'est une limite de parler de« riziculture à beaucoup de tiges » au regard de ce que le SRI strict. Le dépassement de 20 jours est en principe rejeté. Il n'est tolérable qu'à titre circonstanciel, et à la condition que le riziculteur ait bien compris l'avantage de repiquer des plants de dix jours. Cette remarque est importante, et il a déjà été constaté que le concept d'adaptation, que

53 nous avons défini, rencontre de l'écho (notamment dans la vulgarisation et c'est un résultat important de cette étude action). Mais la tendance a dépassé la limite de 20 jours est très fréquente.

L’étude économique a ouvert un chapitre sur les particularités du monde rural de la plaine. Les difficultés que les paysans endurent exigent une action de la part de chaque entité, afin d’apporter des solutions. L’objectif est d’atteindre une autosuffisance alimentaire dans la région, et d’assurer une amélioration du revenu des paysans, et ce, en vue d’une meilleure lutte contre la pauvreté en milieu rural. Les paysans opèrent dans un environnement de contraintes (terre, équipements, moyens financiers …). De plus, ils ne bénéficient pas de conditions favorables sur le marché. Même s’ils ont la volonté de développer leur activité, ils sont « emprisonnés » dans ce contexte. Par conséquent, ils adoptent un mode de production tourné davantage vers l’autosuffisance. En comparant les différentes méthodes de culture (traditionnelle, améliorée ou intensive), des avantages peuvent être attribués au SRI. Toutefois, ils ne pourront être atteints qu’avec une parfaite maîtrise des techniques y afférentes. Actuellement, plusieurs études ont été menées sur les mécanismes aboutissant aux résultats « spectaculaires » obtenus avec le SRI. Ainsi dans la partie suivante, nous allons étudier les résultats et perspectives d’avenir de la riziculture intensive.

54

PARTIE II :

ETUDE DES RESULTATS ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DANS LA PLAINE

L’objet de cette partie est d’apporter une justification économique au choix du paysan qui décidera d’adopter le SRI. Elle pourra aussi servir à évaluer les performances de ce système d’intensification afin de mieux le situer dans le contexte agro-économique global des paysans de la région. Trois axes principaux vont intéresser cette étude : - la situation économique qui forme l’ensemble de l’exploitation agricole dans la plaine. - les conditions techniques du « système » dans lequel des considérations plus générales vont être intégrées dans l’analyse. - les tentatives du développement et perspectives d’avenir du système de riziculture intensive dans la région.

55 Chapitre 1 : LA SITUATION ECONOMIQUE DE L’EXPLOITATION RIZICOLE DE LA PLAINE

L’analyse de la situation économique de l’exploitation rizicole devra avant tout se faire par l’étude des différents facteurs de production employés dans le système de production, leur caractéristique,leur mode de faire valoir ainsi que les résultats obtenus.

Section 1 : LES FACTEURS DE PRODUCTION

Les facteurs de production sont l’ensemble des moyens mis en œuvre pour l’exécution d’une activité d’entreprise. Agissant dans le cadre d’une économie agricole, on retiendra ici les trois facteurs de production :  la terre,  le travail,  le capital.

§1- Le facteur nature : la terre

La terre constitue le principal facteur de production agricole et en particulier la rizicole. En terme d’occupation des sols, les statistiques sont incomplètes ; mais nous pouvons montrer ci-après quelques différentes surfaces dans la région du Boeny en 2004. La surface agricole utilisée, qui comprend l’ensemble des terres cultivées telles que la culture pâturage, la plantation, la terre en jachère, est environ de 64135 ha dont 32,27%, se trouve dans le district de Marovoay avec 20695 ha de superficie. La surface agricole totale, qui comprend en plus des terres cultivées, des bois, des terrains bâtis et autres terrains non encore utilisés, couvre une superficie de 73430ha dont 29,35%, se trouve à Marovoay avec 21550 ha de superficie. La surface cultivée dans l’année, c’est une somme des surfaces cultivées et récoltées ou entretenues durant l’année culturale en cours. En 2004, elle est estimée à 58744 ha dans la région. En matière de sol de rizière, la plaine possède un potentiel appréciable, évaluée environ à 17500 ha parmi la superficie cultivable du district de Marovoay (de 18950 ha). Ce chiffre prouve bien que la rizière n’est pas un bien rare pour l’exploitation rizicole de la plaine, mais il se peut qu’elle masque localement des réalités très diverses.

56 Au niveau de la région, les paysans possèdent de 2ha en moyenne ; mais 1,5ha sont consacré à la riziculture et les restes occupent à la culture de maïs, de manioc, de patate,…d’où l’adoption de SRI est favorable dans la plaine.

§2- Le facteur humain : le travail

Le travail constitue le deuxième facteur principal de la production. En réalité, l’exploitation rizicole de la plaine exige des disponibilités énormes aussi bien en travail permanent qu’en travail temporaire. Alors ce travail s’effectue par des aspects physiques et intellectuels que le capital foncier et le capital d’exploitation ont mis en valeur.

A- Le travail disponible

Cette disponibilité en facteur humain sera perçue à travers l’étude de diverses catégories de travail intervenant dans le processus de production.

1- Le travailleur permanent

C’est un travailleur familial ou salarié employé toute l’année sur l’exploitation rizicole. Alors le travail du chef de famille en tant qu’exploitant est primordialement mis en avant. En effet, il doit fournir un travail physique lors du processus de production. L’exploitant assure également les responsabilités d’un entrepreneur. La prise de décision concernant toute la production et la commercialisation supporte aussi d’éventuels risques. Il doit ainsi organiser un programme cultural pour améliorer les produits vendus lors de la récolte, et éventuellement modifier son système de production. L’exploitant est donc polyvalent, il est presque toujours présent à chaque stade de production. Cependant, cette responsabilité du chef d’exploitation doit être exercée en collaboration totale ou partielle avec des membres de la famille selon la division sociologique des tâches. Dans le cas de Marovoay, on a trouvé que parmi les exploitants enquêtés, plus de 40% sont des travailleurs permanents.

2- Le travailleur temporaire (ou saisonnier)

C’est un travailleur non employé de façon permanente sur l’exploitation rizicole mais il indique le temps consacré de travailler. Ainsi, dans la plaine de Marovoay, l’idée fondamentale de la main d’œuvre saisonnière est la vente de la force de travail. A la fin de campagne, une enquête par questionnaire a été menée auprès des

57 riziculteurs et la moitié des exploitants représentent les travailleurs saisonniers. La disposition de paiement se distingue le plus souvent en deux à savoir:  le paiement en nature ;  le paiement en espèce. Dans le cas où l’acheteur de force de travail (employeur) connaît une difficulté en matière de liquidité monétaire, il recourt au paiement en nature, par exemple, à l’aide d’une fraction de la récolte. Le procédé de paiement de la main d’œuvre varie selon la clause de contrat qui a été préalablement définie. Mais d’une manière générale le paiement journalier se fait en fonction de la qualité du travail fourni par la main d’œuvre. Le prix de la force de travail est conditionné non seulement par l’habilité de la main d’œuvre mais aussi par la loi de l’offre et de la demande. Du moment où il y a une forte demande, généralement durant la période de soudure, le prix de cette force de travail devient dérisoire, c’est-à-dire presque minime, de l’ordre de Ar 2000 par jour. Par contre, dans le cas où l’offre de travail agricole est supérieure à la demande, ce prix devient cinq fois plus grand, c'est-à-dire de l’ordre de Ar 10000 par personne par jour. Tout cela témoigne que l’abondance de la main d’œuvre sur le marché du travail rizicole favorise une grande exploitation.

B- L’entraide

Soumise à une longue tradition ancestrale, l’entraide est d’abord considérée comme un important facteur de cohésion sociale que l’on peut observer dans les divers domaines d’activités socio-économiques de la plaine. De plus, elle est un principe consistant à effectuer mutuellement les travaux rizicoles. Les exploitants qui exécutent mutuellement leurs travaux ne sont pas forcément de même lignage mais peuvent être des voisins des alentours qui préconisent la solidarité. Le participant de l’entraide se munit chacun d’un attirail nécessaire pour l’accomplissement de travail. Ce n’est que les ratios aux jours de travail qui sont assumées par le bénéficiaire. En matière de la riziculture, elle se fait sentir généralement par le travail de piétinage qui est nécessaire dans la plaine. Selon notre enquête, 65% des exploitants enquêtés ont pratiqué l’entraide qui est un certain type d’opération de durée assez courte.

C- Le travail effectué ou nécessaire

C’est le temps de travail qui aurait du être normalement utilisé, c’est-à-dire le temps pour pouvoir reproduire. Théoriquement, le temps nécessaire est environ 8heures, mais dans

58 la réalité les paysans consacrent 3 à 4 heures seulement à la production. Alors au niveau de l’organisation du travail en riziculture, il y a un triple objectif :  augmenter la productivité ;  rechercher le plein emploi ;  améliorer la condition de travail.

1- Augmenter la production

C’est l’augmentation de quantité des produits en fonction de travail nécessaire pour accroître le revenu de travailleur. Grâce à l’existence du SRI, on peut atteindre cet objectif.

2- Rechercher le plein emploi

La recherche de plein emploi tout au long de l’année est essentielle pour éviter le chômage partiel à certaines périodes. Ainsi, le plein emploi est rentable pour remplacer les activités économiques. Dans la région, les temps perdus aux investissements agricoles sont récupérés à la riziculture. En effet, la filière riz à Marovoay contribue à la réduction de chômage.

3- Améliorer la production

On doit rendre compte le travail moins fatiguant, moins long, ce qui implique l’utilisation de la mécanisation. Par exemple, le motoculteur, la moissonneuse-batteuse, pour faciliter le drainage, le sarclage,…c'est-à-dire au moment de la récolte on met tout de suite les produits dans les sacs ; d’où il y a une économie de temps. Dans la région, les paysans ont une petite surface en moyenne 2ha dont 1,5ha a consacré à la riziculture, c’est pour cela que l’adoption du SRI est favorable dans la plaine de Marovoay.

§3- Les capitaux d’exploitation

C’est le troisième facteur de production agricole. Les capitaux d’exploitation comportent généralement des capitaux morts, les capitaux vifs et les capitaux circulants.

A- Les capitaux morts

Appelés généralement capitaux fixes, ils sont localement constitués par des instruments très rudimentaires. Ainsi, les capitaux morts, c’est l’ensemble des biens d’équipement permettant d’exécuter l’exploitation agricole. L’acquisition de ces biens occasionne une dépense substantielle pour les exploitants. C’est pourquoi dans cette plaine, le

59 niveau d’équipement est très faible et n’arrive guère à peaufiner le travail relatif à l’activité agricole. On observe trois catégories d’équipements agricoles

1- L’équipement à basse valeur

Ce type d’équipement n’occasionne pas une dépense d’investissement considérable. En effet, la quasi-totalité des paysans en disposent. (Par exemple : la bêche, la hache, le couteau,…).

2- L’équipement à moyenne valeur

Celui-ci exige une dépense d’investissement assez importante, par conséquent grand nombre d’exploitants ne le possèdent pas. Effectivement, la moitié dont la proportion est environ de 10% de la population agricole, dispose d’un tel bien d’équipement. Cette situation est l’une des facteurs qui freinent le processus de développement du secteur agricole.

3- L’équipement lourd et motorisé

L’acquisition d’un tel équipement semble utopique pour la plupart des agriculteurs. Il est hors porté du pouvoir d’achat des petits exploitants car il nécessite un coût d’investissement exorbitant. Ensuite, les revenus rapportés au bout de l’année d’exploitation n’arrivent point à couvrir les changes relatifs et inhérents à l’utilisation de l’équipement lourd et motorisé. Il demande donc une taille d’exploitation à grande envergue. C’est pourquoi, seuls les grands exploitants environs 2 à 5% qui en disposent, tels le motoculteur, le moissonneuse-batteuse, le tracteur,... Ainsi, ces grands exploitants pourront alors dégager un profil spectaculaire puisqu’il y a la nature de l’économie d’échelle dans l’optique de l’activité agricole, c'est-à- dire, au fur et à mesure que la quantité de production augmente, le coût unitaire s’abaisse.

B- Les capitaux vifs

Dans le cadre de l’économie agricole, les capitaux vifs sont constitués par l’ensemble des animaux qui entrent dans le circuit d’exploitation, à titre d’exemple :  bétail de trait (ou la traction) ;  bétail de rente (monnaie), c'est-à-dire idée de monnaie pas de consommation. On observe que du point de vue de cheptel vif, il y a un sous équipement de l’exploitation pour l’ensemble de la population agricole. Ces capitaux vifs occupent une place très prépondérante à l’instar des autres capitaux d’exploitation, par exemple, les bœufs assurent non seulement le piétinage ou la traction de la

60 charrue mais aussi la transaction ou plutôt l’acheminement de la production du champ d’exploitation vers l’appartement de l’exploitant. Ainsi, les données de 2005 font état de 121000 têtes de zébu. Ce chiffre montre l’importance de cette activité pour la population de 144730 personnes de district. Pas moins de 5 communes disposent de marchés hebdomadaires de bovins : Ankaraobato, Ankazomborona, Bemaharivo, Manaratsandry et Marovoay. Le suivi de cheptel y est aussi plus conséquent, avec 4 communes qui ont des couloirs de vaccination : Ankaraobato, Manaratsandry, Marovoay et Marovoay Banlieue.

C- Les capitaux circulants

Les capitaux circulants sont des capitaux susceptibles d’être consommés au cours d’un cycle de production, ils sont généralement composés de :  capital monétaire,  intrants agricoles.

1- Le capital monétaire

Le capital monétaire est le synonyme de la liquidité monétaire destinée à entreprendre le bon fonctionnement du système d’exploitation. A l’heure actuelle, les paysans connaissent une véritable difficulté en matière de capital monétaire car leur capacité d’épargner étant très faible. Selon les exploitants enquêtés, l’accès au petit crédit agricole à court terme ou à long terme est environ 10%, et il est mene difficile de l’obtenir. Cela fait partie donc des facteurs de blocage à l’épanouissement du secteur agricole.

2- Les intrants agricoles

Les intrants agricoles englobent l’ensemble des fertilisants et des variétés utilisées par les agriculteurs pour la valorisation de leurs capitaux fonciers, comme par exemple, le fumier, la composte, le NPK,... Le trait caractéristique des variétés qu’ils utilisent, est encore celles traditionnelles dont le taux de productivité parait très faible. A propos des intrants fertilisants, le point de distribution ne s’irradie pas partout dans le monde rural, mais il se concentre dans le milieu urbain ce qui rend alors difficile l’accès intrants. Par ailleurs, la difficulté foncière des paysans ne leur permet pas d’effectuer l’achat des intrants en quantité suffisante pour leurs exploitations ; c’est pourquoi la norme de dosage en matière des intrants fertilisant et insecticides est non respectée, c'est-à-dire inférieure à la

61 norme requise. Tout cela, limite l’augmentation de la productivité et entrave l’amélioration du rendement agricole de la région. Parmi les exploitants enquêtés, près de 5% sont d’accord avec l’emploi de ces produits de traitement, car ils ont confiance en la fertilité de leur sol, selon eux-mêmes.

Section 2 : LE MODE DE FAIRE VALOIR

Le mode de faire valoir caractérise le lien contractuel qui existe entre l’exploitant et le propriétaire foncier, c’est-à-dire il est la nature des liens contractuels qui existent entre l’exploitant d’une terre et le détenteur de droit foncier traditionnel ou le propriétaire. On peut distinguer deux types de mode de faire valoir :  Le mode de faire valoir direct,  Le mode de faire valoir indirect.

§1- Le mode de faire valoir direct

Il est caractérisé par, seul le propriétaire foncier assure l’exploitation de sa propre terre tout en fournissant les matériels, les équipements, la semence ainsi que les autres intrants relatifs à son exploitation. C’est lui-même d’ailleurs qui, à la fois recueille le gain de son travail et subit la perte susceptible de surgir au bout de l’année de l’exploitation. Ce mode de faire valoir touche 25% des paysans à l’intérieur de cette plaine. Cela veut dire qu’une épaisse couche de paysans de l’ordre de 75% s’enlisent dans le mode de faire valoir indirect qui évidemment défavorise la situation socio-économique des messages concernés.

§2- Le mode de faire valoir indirect

Il s’agit d’une exploitation de terre par un individu non détenteur juridique d’un bien foncier, c'est-à-dire le propriétaire foncier laisse son terrain à une autre personne pour assurer son exploitation. Pour cela, il y a un contrat qu’on doit préalablement définir. La modalité d’exploitation varie selon la clause du contrat établi. L’exploitation s’effectue le plus souvent, soit par fermage soit par métayage.

A- Le fermage

Il s’agit d’une exploitation de terre dans laquelle l’exploitant verse au propriétaire foncier une redevance annuelle ou trimestrielle selon la modalité du contrat qui était

62 préalablement défini. Ce système concerne 20% de l’ensemble des exploitants rizicoles. A noter que le fermier assume seul la fourniture en équipements, en intrants nécessaires, toutes les charges relatives et inhérentes à son exploitation.

B- Le métayage

Il s’agit d’une exploitation de terre par un individu appelé métayer moyennant une redevance en numéraire ou en nature et au prorata de l’importance de la récolte. La redevance s’élève le plus souvent à 50% de la quantité de récolte. Environ 30% des riziculteurs suiventla location de métayage. Ainsi, il y a une fausse déclaration des produits récoltés surtout dans le cas ou le propriétaire foncier n’arrive plus à contrôler les productions à cause de l’éloignement de leur siège local et du champ d’exploitation. Alors, on demande quelles sont les conditions techniques du système pour améliorer une augmentation de production au niveau de la région, plus précisément dans la plaine de Marovoay ?

63 Chapitre 2 : LES CONDITIONS TECHNIQUES DU SYSTEME

Notre objectif est d’intensifier la culture sur toutes les rizières. Quelle que soit leur situation celles-ci bénéficient une excellente maîtrise de drainage. Ainsi, le but est la nette augmentation du rendement dans toute la plaine. On doit donc disposer d’une méthode culturale générale et simple, que tout riziculteur puisse comprendre, appliquer et adapter à la diversité des situations de terrain.

Section 1 : LA METHODOLOGIE

Le principe de cette méthodologie est d’évaluer la raison de choix de riziculteurs et d’étudier l’application de la méthode culturale moderne (SRI).

§1- Une étude action

Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une action menée sur le terrain pour déclencher une modification radicale des méthodes culturales traditionnelles. Depuis le lancement du SRI, l’Institut de Promotion de Nouvelle Riziculture (IPNR) parcourt les villages, en appellent les agriculteurs à pratiquer une riziculture moderne dès la saison de pluie. Un grand nombre de riziculteurs se portent demandeurs. Alors, la réceptivité des riziculteurs au changement se confirmait ; les succès obtenus durant la saison « jeby » au groupement-réseau de riziculteurs pilotes étaient proposés. La présente étude décrit la suite de cette action et dégage les enseignements. Ainsi, la saison de pluie se prêtait particulièrement à l’étude de l’adaptation du SRI. Elle est en effet caractérisée par des conditions difficiles :  les plus souvent, défauts de bons canaux d’alimentation en eau et de drainage ;  grande dépendance des pluies ;  irrégularité du début de la saison ;  fréquentes attaques par les poux du riz. Ces conditions difficiles excluaient de recommander une seule technique culturale, obligeaient à une présentation souple du « système de la riziculture intensive ». Elle interdit aussi de réaliser une étude abstraite. La grande diversité des conditions des rizières force à rester proche des situations de terrain. D’où le choix de la méthodologie retenue : • d’abord convaincre le plus grand nombre possible d’agriculteurs de pratiquer une forme de SRI dès la saison de pluie ;

64 • ensuite, assurer un suivi concomitant aux formations ; • enfin, procéder à l’analyse de toutes les parcelles.

§2- Le choix des riziculteurs et des parcelles

Ainsi, pour la plupart de ceux qui avaient pratiqué le SRI antérieurement lorsqu’ils avaient des rizières de saison « asara », aucun engagement n’était exigé. Sur cette base de volontariat, seuls ceux qui ont confirmé leur motivation en « passant à l’acte », malgré les conditions climatiques défavorables, qui ont été retenus. Les villages sont souvent situés sur la périphérie des secteurs FIFABE. Mais on verra que l’impact sur la saison « jeby » est appréciable. Quant aux parcelles, il avait été vivement conseillé de les choisir assez grandes. Leur choix s’effectuait en présence d’un formateur, qui recommandait celles où le repiquage des plants le plus jeune possible est le plus favorable. En outre, l’assistance de IPNR ne comportait pas de stimulation matérielle, mais quelquefois l’aide d’une repiqueuse expérimentée lors des premiers repiquages, le prêt d’une sarcleuse et parfois une pulvérisation phytosanitaire en cas d’attaque de poux existe. Une pompe a été prêtée une fois pour tenter de sauver la récolte. Souvent le riziculteur étudiait la surface après un premier repiquage, éventuellement avec un niveau semis ou d’autres variétés du riz. L’extension donnait toujours lieu à une nouvelle fiche de suivi quand elle s’accompagnait d’un changement de méthode culturale. Chaque fiche ne correspond qu’à une seule méthode culturale (SRI strict, adaptation 1, adaptation 2 et semis directs) pour chaque essai. Le représentant de IPNR est intervenu sur le terrain tout au long de la campagne, pour suivre le déroulement et l’orienter. Il a visité presque toutes les rizières, en tout cas plus de 80% des surfaces, au moins une fois, souvent deux, parfois davantage. La détermination de ce rendement relatif a été simplifiée pour les parcelles non sinistrées. Elle s’est donc fondée sur les déclarations du riziculteur pour l’année antérieure et pour les récoltes sur l’évacuation de visu par un riziculteur expérimenté ainsi que sur des pesées : soit la pesée des sacs par le riziculteur, soit le prélèvement par carrés de rendement de 4m². Sans que ces évaluations relatives puissent prétendre à l’exactitude mathématique, suffisamment d’éléments et de contrôles ont été réunis pour pouvoir assurer que l’ensemble ne comporte pas de distorsions majeures. Les évolutions sont assez précises pour une classification en trois strates : très bien, bien et rendement identique à l’année précédente, équivalente à une nette amélioration du fait de la sécheresse.

65 §3- Les semences

Peu de conseils ont été donnés pour les semences. On utilise beaucoup moins de semence qu'en culture traditionnelle. On ne pratique plus la pépinière immergée. On repique de plants très jeunes (de 6 à 15 jours seulement) : à un seul brin (un par un) et largement espacés (de 25 cm en tous sens au minimum). Ce repiquage favorise le développement de nombreuses panicules par plant : 20, 40, 80 et même plus selon la fertilité de la rizière. Alors, la photo ci-dessous nous montre l’utilisation de la pépinière des semences. Photo 2 : La pépinière des semences

Source : FOFIFA-Mahajanga La pépinière SRI est semée à faible densité et sur planche de semis (non inondée). Il importe de la choisir très proche de la rizière, afin de réduire le transport après arrachage et la durée du transport. Cette technique est plus commode, elle facilite l’arrachage à la séparation des plants. Pour semer une terre légère, voire modérément sableuse, la solution est de réduire les graves dommages occasionnés aux racines par l’arrachage de plants dépassant 17 jours. L’arrachage SRI recommande la plus grande douceur (ne pas frapper les plants, ni dénuder les racines par lavage), et un repiquage instantané (ne pas laisser les plants au soleil, ni les garder une nuit et plus avant repiquage). Pourtant, la qualité de semence a une influence sur le développement et l’état de la plantule. Les jeunes plants issus des bonnes semences sont effectivement en bonne croissance, plus sains et plus vigoureux ; alors ils poussent plus rapidement que des plants chétifs issus des mauvaises semences. Du point de vue sanitaire, on choisit des semences en bonne santé ; c'est-à-dire des

66 grains bien remplis et sains : exempts d’attaque d’insectes ou maladie et bien entendu qui ne présentent aucune détérioration (parasitaire, pathologique ou physique). Cependant, dans le domaine de riziculture intensive, la préparation des semences, ce n’est que la germination qui consiste en trempage et incubation afin d’en accélérer la germination et d’avoir un semis plus régulier et une croissance de plants uniformes. Le trempage a pour but de séparer d’abord les grains normaux des grains vides ou légers qui flottent à la surface de l’eau, et après d’imbiber d’eau les bons grains, mis en sac ou non durant une période de 24 heures. Ensuite, pendant l’incubation, les grains trempés doivent être mis en sac, après ou lors du trempage. Et on va placer à l’ombre dans un endroit chaud (par exemple, bidon ou « lavaka »,…), ou à l’air libre quant au climat chaud. Après une incubation de 40heures, les grains sont tous prégermés et devraient être immédiatement semés. Plutôt, la mise en sac des semences à prégermer doit être effectuée lors du trempage, en laissant un espace vide permettant aux semences de se gonfler. Pour ne pas les endommager il vaut mieux utiliser le « gony paka ».

Section 2 : LE CONCEPT DYNAMIQUE DU SRI

L’expérience de la saison de pluie a démontré que l’adaptation du SRI ne présente pas de difficulté et qu’elle se fait naturellement sur le terrain. Nous montrons ici, pourquoi loin d’être une méthode figée et dogmatique, le SRI repose au contraire sur un principe fondamentalement dynamique.

§1- Le principe d’adaptation

Pour fonder l’adaptabilité du SRI, on doit rechercher dans ses principes une règle qui puisse servir dans tous les cas concrets. On y parvient en remarquant que cette technique consiste en quatre (4) principes, qui se fondent tous sur la recherche de minimum possible. - Pépinière : minimum possible de jours pour l’âge des plantes à repiquer ; - Repiquage : minimum possible de densité au mètre carré lors du repiquage ; - Sarclage : minimum possible de mauvaises herbes ; - Irrigation : minimum possible d’eau. Cependant, sur cette base ci-dessus, le système de riziculture pourrait être facile à adapter : - Pour les plants à repiquer, ils doivent avoir entre 14 à 17 jours mais non pas 10 jours (3 à 4 feuilles et non pas 2 feuilles) quand la salinité du sol risque de tuer les trop

67 jeunes plants, ou quand il est difficile de ressuyer la rizière afin d’obtenir une boue ferme. Donc, cela peut aller jusqu’à 20 jours si le drainage est encore insuffisant lors du repiquage. - Pour l’espacement, en climat très chaud et humide est de 1x30x30 cm mais n’ont pas 1x40x40 cm, en cas des conditions aléatoires comme en saison « asara ». Voir 2x30x30 cm ou 1x15x30 cm quand on doit repiquer des plants de 20 jours. - Pour les sarclages, il faut veiller à maintenir le premier sarclage précoce (10 à 15 jours au plus après repiquage), sinon les herbes peuvent recouvrir les plants. Mais on peut admettre le sarclage à la main, quoiqu’il ait le défaut de ne pas oxygéner la terre et les racines. Alors, la photo ci-dessous nous montre le sarclage précoce pour arracher les mauvaises herbes. Photo 3 : Le sarclage

Source : FOFIFA-Mahajanga Quant au nombre de sarclages, deux peuvent suffire s’il n’y a pas trop d’herbes, le troisième et même le quatrième sarclage permettent d’augmenter le rendement par l’effet d’oxygénation. - Pour les assecs (1) , on peut se résoudre à ne les pratiquer que lorsque le temps le permet, à condition de ne pas hésiter (durant la période de végétation, et sauf sur sol sableux) à les pousser pendant cinq jours et plus. Cette règle du minimum possible a été suivie pour adapter le SRI aux diverses

(1) « L’oxygène c’est l’énergie, la force. Nous respirons avec le nez, le riz respire avec les racines : il faut aérer la terre en profondeur » (l’oxygénation des racines en profondeur).

68 situations. Elle se révèle efficace. Quelle que soit la rizière, cette règle donne le pouvoir de déduire une forme de SRI qui convient (sauf forte submersion par défaut de drainage).

§2-Le principe de généralisation

En combinant les principes stricts du SRI avec la règle du minimum possible, on atteint une définition de la riziculture qui a une portée générale. En effet, elle inclut les autres méthodes comme des cas particuliers : - quand un drainage insuffisant oblige à laisser les plants jusqu’à vingt (20) jours en pépinière ; donc on obtient la riziculture améliorée classique ; - à l’inverse, si l’on réduit à l’extrême l’âge des plantes, on parvient au semis direct. Cependant, cette possibilité de généralisation est ouverte par les adaptations. Elle plaide pour la validité conceptuelle du SRI, c'est-à-dire la règle est plus puissante si elle est plus générale et inclut les autres comme cas particuliers. Donc elle souligne surtout qu’il s’agit d’une méthode et non d’un « paquet », ce qui la rend plus compréhensible aux agriculteurs et plus facile à vulgariser. En outre, on pourra obtenir une confirmation concrète de cette généralité, et de sa validité, de la façon suivante : - soit une bonne riziculture, dont la méthode est comparée à celle du SRI, lorsqu’il a la possibilité d’y systématiser l’un des principes du SRI (SRI strict, adaptation 1, adaptation 2, semis directs) ; - soit la pratique culturale, dont il est probable d’accroître la production au moment de la récolte. Par exemple : L’Egypte a été réputée pour ses records de 7t/ha à l’échelle nationale. Mais on n’y repique, sans doute, pas à 10jours. Lorsqu’on essaie de réduire l’âge des plants au repiquage, à deux feuilles comme font les malgaches, la production augmente. Au Mali, on obtient de belles récoltes ; mais le sarclage se fait à la main. Qu’on y introduise la houe rotative et les sarclages répétés pour aérer le sol ; d’où le rendement sera amélioré. La Californie pratique la riziculture la plus moderne. La régulation du niveau de l’eau est conduite électroniquement. Chaque après-midi, la surface de la rizière est laissée sans eau afin de réchauffer la terre. Qu’on aille plus moins avec l’argument de l’oxygénation des racines en profondeur, et qu’on y introduise l’irrigation retardée, d’où on économisera davantage d’eau et les récoltes seront sans doute meilleures.

69 De telles expériences consisteraient en cette autre forme d’adaptation, que nous suggérons pour les rizières trop inondées : l’application d’un des quatre principes seulement. Quand elles seraient conduites positivement à l’extérieur de Madagascar, on aurait une forte preuve de cette validité générale des principes du SRI que nous soulignons. On tendrait alors vers la définition de ce qui pourrait être la meilleur riziculture possible. Ces remarques sur la généralité du SRI et la façon d’étendre son champ d’application, constituent un rapport important. Ainsi que sur le plan théorique, c’est le fruit principal de cette étude.

§3- Les limites de l’adaptation

D’après les limites pratiquées mentionnées ci-dessus, qui concernent les rizières de la saison de pluie et non la saison « JEBY », on ajoutera quelques remarques très importantes.

A- Le danger de la facilité

L’expérience a démontré que l’adaptation des principes du SRI est aisée et ne présente pas de difficulté. Les agriculteurs adaptent facilement. On sentait même qu’ils y étaient naturellement conduits. Le point positif est qu’à partir des thèmes du SRI, il a été facile de faire repiquer en ligne, selon les normes de riziculture améliorée, alors que jusqu’ici sa vulgarisation avait le plus souvent échoué dans la plaine. Mais le danger est le suivant : - Les agriculteurs sont tellement aptes à l’adaptation, et s’y emploient si bien qu’il y a risque de voir les principes de base se diluer. La facilité est généralement préférée aux règles rigoureuses. Mais on risque d’aboutir à des pratiques médiocres et peu convaincantes par leurs résultats. La question se pose : « Comment profiter du courant porteur que représente le SRI, et adapter ses principes, sans toutefois le trahir ? » - Ce point est crucial, pour généraliser et consolider une forte augmentation du rendement, on ne saurait trop recommander de maintenir intangibles les stricts principes du SRI chaque fois que les conditions le permettent. Ce qui est un cas très fréquent en saison « JEBY » dans la plaine de Marovoay. Il faut y veiller, d’une part à cause du poids des habitudes et du laxisme ; d’autre part parce que les vulgarisateurs dominent peu encore la pratique, et peuvent avoir tendance à s’en remettre à une prudence excessive, au-delà même de celle des agriculteurs. Il faudra particulièrement être strict sur l’âge du repiquage. L’expérience de la saison de pluie montre de trop fréquents dépassements de 20 jours. Ce fut certes à cause du retard de

70 l’arrivée des pluies, qui a forcé à repousser la mise en boue. Mais le poids des habitudes a joué aussi. On peut s’en accommoder quand on ne peut pas faire autrement. Mais on aura intérêt à répéter que repiquer au-delà de 20 jours est très mauvais. On peut recommander de refuser toute aide à un riziculteur intelligent qui, par facilité, voudrait repiquer à 17 jours quand il le peut à dix, et de dire toujours non aux repiquages à plus de vingt jours.

B- La terminologie

Il est difficile de prévoir que le laxisme, qui est un danger sérieux, affectera l’emploi des mots. Jusqu’où peut on parler de SRI ? Si la possibilité d’adapter ouvre considérablement le champ d’application de cette méthode culturale, il importe aussi d’éviter les confusions préjudiciables. En langue malgache, on ne doit pas parler de SRI mais de « Riziculture à beaucoup de tiges ». C’est cette expression beaucoup de tiges qui est populaire, et qui correspond à l’effet de toute réduction sérieuse à l’âge du repiquage, beaucoup plus net quand on repique à deux feuilles. Les adaptations reposées répondent à cette définition le repiquage s’effectuant entre 35 et 45 jours sur la plupart des rizières de la plaine. Le riziculteur voit manifestement que plus il repique jeune, plus il a de tiges et de récolte. La cohérence entre les mots et les faits va de soi. Elle est même trop facile ; on le voit en langage français, où l’on reprend l’appellation de Henri de Laulanié. On dit SRI, c'est-à-dire système le plus intensif possible. De ce point de vue« SRI adapté » équivalent à riziculture améliorée classique devient presque griçant. Si l’on ne veut pas perdre le meilleur de SRI, il faudra veiller aux mots que l’on emploie (d’autant qu’on n’a pas encore trouvé la meilleure expression malgache pour rendre « adaptation »). Il y a lieu en tout cas de rejeter tout interprétation risquant d’amoindrir la rigueur due à de Laulanié. La pratique de terrain est loin de convaincre mais on a besoin d’assouplir son concept. Elle prouve au contraire l’utilité de la maintenir conceptuel, c'est-à-dire intangible, exigeante et si possible de plus en plus ferme (1) Ainsi, on recommande de n’enseigner que le SRI strict et de n’introduire les adaptations qu’en soulignant qu’elles ne sont qu’un pis aller. Cela d’ailleurs signifie l’enseignement. Tout vulgarisateur pourra vérifier qu’il fait mieux passer le message essentiel s’il oppose « maroanaka be » (SRI strict) à « maroanaka kely » (adaptation).

(1) Patrick VALLOIS : « Discours de la Méthodologie du Riz », IPNR, Antananarivo 1996, Page 5.

71 C- Les rizières trop inondées

Cette prudence dans l’emploi des mots s’applique particulièrement au cas des différentes rizières qui, par manque total de drainage, sont submergées par vingt centimètres (20 cm) d’eau et plus, en permanence ou lors du repiquage. Ces rizières nécessitent des plants de 30 à 40 jours, et l’arrachage cause de dommages considérables au système racinnaire. Les plants n’ont plus la même vigueur pour bien supporter le repiquage. Trop de talles seront perdues et l’effet « beaucoup de tiges » disparaît largement. Ce n’est plus du SRI. Ainsi, l’introduction des semis clairs sur pépinière jardiné, l’arrachage aussi délicat que possible (sans frapper ni laver les racines), et surtout le repiquage sans délai et le sarclage, augmente beaucoup la production. Mais c’est là une transposition de quelques principes et non une adaptation de toute la méthode. Il faut toujours de retenir qu’au de là de 20 jours après semis, les plants perdent les qualités requises pour continuer à parler de SRI.

D- L’engrais

Le problème de la fertilisation des rizières révèle un autre caractère dynamique du SRI, mais qui est périlleux. Cette méthode est issue du contrat que l’emploi des engrais chimiques est de toute façon de venu inabordable à la plupart des agriculteurs dans le contexte économique actuel. Aussi, à cet égard, le SRI s’articule sur deux propositions, qui sont un double pari : - il est possible de doubler les petits rendements tout de suite en modification seulement la technique culturale ; - il sera alors possible de financer le coût des engrais quand ils seront nécessaires. Ce pari est jouable, et peut être désormais le seul possible à Madagascar. Et comme davantage de minéraux sont exportés avec des récoltes de 5t/ha, cet aspect est crucial, surtout à Marovoay, où la fertilité est déjà devenue incertaine. Il est certain que cette limite est plus sérieuse. Comment ne pas prendre le second pari essentiel à la durabilité ? Le changement de mentalité, généralement engendré par l’enseignement du SRI et sa pratique sera l’atout le plus positif. Il y a lieu d’en profiter pour introduire la fertilisation. L’essentiel est de se souvenir que la promotion des engrais chimiques échoue depuis 30 ans à Madagascar et qu’elle a le plus souvent secrété un facteur de blocage sérieux. Donc, il ne faut pas en faire une condition préalable, mais on doit agir prudemment et progressivement.

72 §4- La comparaison avec les autres méthodes de culture

Après avoir défini les conditions réelles de production des riziculteurs malgaches, les principaux traits sur les difficultés qu’ils rencontrent deviennent plus faciles à appréhender. La prochaine étape consiste à essayer de proposer des solutions alternatives répondant aux multiples contraintes du secteur. A juste titre, la comparaison intervient ici comme un instrument de prise de connaissance des possibilités de gains et de pertes par chacune des méthodes susceptibles d’être adoptées. On procédera dans ce cas à l’analyse des coûts de production et des bénéfices.

A- La comparaison entre la méthode traditionnelle et le SRI

La délimitation précise de l’agriculture traditionnelle est difficile. Toutefois, dans l’esprit d’apporter le maximum de concision par rapport à l’approche, nous convenons d’adopter la définition suivante : « C’est une méthode de riziculture essentiellement manuelle, pratiquant le repiquage de plants âgés de deux (02) à trois (03) mois, avec une disposition en foule et un renouvellement de la fertilité du sol par amendement organique. Au cours de son développement, le riz évolue sous des conditions de submersion continue jusqu’à la récolte».(1) Cette définition n’est certes pas parfaite, étant donné l’extrême variété des pratiques et les différentes conditions de culture. Seulement, elle permet d’évoquer les principales caractéristiques qui vont servir à catégoriser les pratiques aux fins de comparaison.

1- Les besoins en main d’œuvre

L’opinion publique reproche souvent au SRI de demander des efforts « surhumains » pour la réalisation de la culture. Toutefois, cette affirmation devra être relativisée dans le contexte de la mise en œuvre de la méthode. En effet, certains travaux requièrent davantage d’efforts physiques de la part du paysan, alors que d’autres se trouvent simplifiés. Il faut alors déterminer la résultante de l’ensemble. Une première certitude vient de la situation générale des campagnes malgaches. La main d’œuvre est toujours le principal facteur disponible et à coût relativement faible. Une autre réalité doit être intégrée dans cette notion. Le fait de recourir à une main d’œuvre abondante n’est pas forcément un paradoxe mais tout dépend de la part de bénéfice qu’on dégage de chaque unité supplémentaire de travail.

(1) Patrick VALLOIS : « Discours de la Méthodologie du Riz », IPNR, Antananarivo 1996, Page 5.

73 Autrement dit, il revient au paysan de juger de l’opportunité qui lui est offerte tout en sachant la part de « sacrifice » qu’il lui faut fournir à un moment déterminé. Les opérations culturales diffèrent à plusieurs niveaux. Le SRI, comme toute forme d’intensification, est mis sur l’optimisation de l’utilisation d’un facteur jugé limitant. Dans le contexte malgache, il s’agit principalement du facteur sol. Le système traditionnel ne mise pas sur cette option. Au contraire, il opte pour une réduction des risques (minimum d’investissement). Alors, il y a quelques indications au niveau de ces deux systèmes :  vitesse de récolte à raison de 25 kg/h/personne ;  vitesse de battage à raison de 100 kg/j/personne ;  rendement du système traditionnel est de 2 t/ha ;  rendement du SRI est de 8 t/ha . A partir de ces données, deux différences notables peuvent être décelées : - La quantité de travail fourni est différente : pour le SRI un surplus de travail commence dès la préparation du sol. A ce stade, la principale différence est due à plusieurs hersages recommandés pour le SRI afin d’avoir une boue liquide apte à recevoir les jeunes plants de riz. Ensuite, lors du repiquage, il faut davantage de gens car la manipulation de la jeune plantule nécessite beaucoup plus de précautions. Puis, les trois passages à la houe sarcleuse recommandée par le SRI nécessitent plusieurs jours de travail supplémentaires. - L’importance accordée à chaque poste traduit des différences de stratégie : avec le SRI, la préparation du sol est une condition première de réussite. En plus, il faut veiller à un planage plus ou moins parfait. Ceci n’est pas obligatoirement vrai avec la méthode traditionnelle qui utilise des plants suffisamment longs pour mieux résister dans un milieu mal aplani. De plus, l’importance de la densité de plantation appliquée avec la méthode traditionnelle compense les pertes au repiquage. Pour les autres postes, la variation est moins marquée et, de plus elle est due, soit à la différence de pratique (sarclage par exemple), soit à la différence de quantité traitée (récolte et battage, notamment) Il faut surtout remarquer que cette répartition par poste de travail ne suffit pas pour comparer les deux méthodes. Il faut pouvoir estimer la répartition réelle, dans le temps, des travaux de culture et d’entretien. Pour cela, il faut se baser sur le calendrier cultural, et considérer ensuite la période optimale de réalisation de l’opération avec la quantité de travail nécessaire.

74 2- Les coûts de production

Etant donné qu’il s’agit d’une comparaison, il faut définir des bases de comparaison communes afin de ne pas biaiser la réflexion. Ainsi, nous allons adopter les références suivantes : - la journée de travail dure environ 6 heures par jour et est rémunérée à Ar 2000 ; - le prix des intrants est évalué au prix actuel du marché ; seulement, comme il n’existe pas un véritable marché de compost en milieu rural, il a fallu calculer le coût de fabrication du compost ; - les frais de transport n’ont pas été intégrés du fait de la grande variabilité de la distance entre les rizières et les lieux d’habitation.

a- La main d’œuvre

La quantité de main d’œuvre nécessaire pour l’exécution des travaux a été déterminée en terme d’investissement financier afin de l’intégrer dans le calcul des coûts. Dans la région du Boeny, pour 1ha de rizière, les coûts de main d’œuvre sont évalués en fonction du temps de travail nécessaire d’après le tableau ci-dessous. Tableau 21 : Comparaison du coût de la main d’œuvre (Traditionnel-SRI) Traditionnel (1) SRI (2) Différence (2) - (1) Temps de travail 213,2 366,1 152,9 (jour/an)* Coût (Ar) 426 400 732 200 305 800 Source : DRDR-Boeny (2001) * : journée de travail rizicole par an (voire annexe 1)

La valeur du surplus de main d’œuvre demandé par le SRI est presque équivalente à celle de du système traditionnel. Autrement dit, si le paysan dispose d’une telle quantité supplémentaire de travail, il est pratiquement capable de valoriser deux (02) hectares. Malheureusement, le principal résultat qu’il tire de cet investissement est tout simplement limité au doublement de sa production. C’est-à-dire, la quantité totale de riz produit par le système traditionnel donne 4 tonnes et le SRI est de 8tonnes.

b- Les autres intrants

Bien que d’importance quasiment négligeable, les intrants doivent être considérés dans la structure des coûts d’après le tableau suivant. Les principaux natures des intrants sont ceux des amendements organiques (SRI : Compost, Traditionnel : Fumier).

75 Tableau 22 : Comparaison du coût des intrants (Traditionnel-SRI) Traditionnel (1) SRI (2) Différence (2) – (1) Nature des intrants Fumier Compost Quantité 10 charretées/ha 5 t/ha Prix unitaire (Ar) 10 000 24 200 Coût total (Ar) 100 000 121 000 21 000 Source : DRDR-Boeny (2001)

La lecture de ce tableau permet d’évoquer deux réflexions : - Par rapport au SRI, le système traditionnel n’impose pas la fabrication d’un compost. Aussi, l’approvisionnement en fumier est-il plus aisé du fait qu’il peut être, soit obtenu à partir de l’étable de l’exploitation, soit acheté auprès d’autres éleveurs. De plus, cette dernière option ne nécessite pas une dépense supplémentaire en temps de travail (constitution de litière dans les étables, entre autres). - Pour les deux systèmes, la quantité d’intrants reste pratiquement la même. Seulement, leur coût respectif ne peut pas être considéré comme élément de référence. Pour cela, il faudrait comparer le coût de l’unité fertilisante, ce qui dépasse largement le cadre de cette étude.

c- Le coût de production par unité de surface et par unité de production

Notre objectif est de déterminer l’importance relative des dépenses en leur équivalent monétaire. Ce coût se limitera aux dépenses en main d’œuvre et en intrants. Les autres dépenses (location de terrain, renouvellement des matériels …) ne sont pas prises en considération du fait qu’ils entrent également dans le cadre des autres activités de culture, et que la détermination de la part de la riziculture obligerait à une étude des systèmes de culture formant l’ensemble de l’exploitation. Ainsi, pour un même prix au producteur et pour une même quantité vendue, le paysan qui adopte le SRI pourra épargner davantage que celui qui valorise ses terres suivant la méthode traditionnelle. De plus, si la surface exploitée est la même, celui qui adopte le SRI va disposer d’une quantité plus importante de production à commercialiser. Une première possibilité peut être adoptée avec cette notion : l’introduction d’un assolement avec le riz. Vu les conditions d’accès à la terre, et le prix modeste du riz dans certaines régions, le paysan pourra essayer de mettre en culture chaque année une surface correspondant tout juste nécessaire à la production des besoins de la famille. Les autres étendues disponibles pourront alors être reconverties en culture maraîchère, pour dégager de revenus complémentaires.

76 B- La comparaison entre la Riziculture Améliorée (SRA) et le SRI

La riziculture améliorée a été lancée avec l’Opération Productivité Rizicole des années 60. Elle correspond principalement à l’introduction du repiquage en ligne et de la fertilisation chimique. Les principaux aspects qui distinguent le SRA du SRI se résument aux quelques points suivants : - les plants repiqués sont assez jeunes (20 à 30 jours) mais pas suffisamment pour répondre au critère recommandé par le SRI ; - le nombre de brins par touffe au repiquage varie de 3 à 5 environ ; - les plants sont repiqués avec un écartement régulier mais souvent suivant une seule direction ; - le mode de fertilisation est basé principalement sur la fumure minérale ; - la conduite de l’eau est toujours à la submersion totale de la rizière. Toutefois, le même problème se pose avec cette méthode de riziculture. Bien que les résultats acquis au moment de vulgarisation de cette technique vantaient un rendement de 4,5 t/ha.(1) Actuellement, il a tendance à se ramener au niveau du rendement des années 50, tout juste supérieur à celui de la méthode traditionnelle. Plusieurs raisons sont évoquées pour cela. - En premier lieu, la faiblesse d’utilisation des intrants, entre autres les engrais chimiques qui sont soit « hors de portée » des paysans, soit de disponibilité limitée ayant pour effet de réduire la quantité apportée dans les rizières. Il faut ajouter la mauvaise réputation des engrais chimiques auprès des paysans qui a dû certainement porter préjudice à leur utilisation. En effet, d’après les dires de ces mêmes paysans ces engrais, appliqués dans les rizières, semblent durcir la terre et au bout de quelques années d’application, les rizières sont difficiles à travailler et par conséquent à mettre en culture. - Ensuite, l’absence d’encadrement pendant presque deux décennies maintenant doit avoir eu de lourdes conséquences sur ces mêmes paysans. Au lieu de profiter des conseils de techniciens spécialisés, les paysans ont dû se contenter de reproduire les mêmes pratiques ou les innovations qui ont porté des fruits auprès d’autres paysans. Toutefois, cette autre dimension du SRA ne correspond pas à l’objet de cette étude. Ces faits sont tout simplement évoqués afin de déterminer les solutions que pourrait apporter le SRI aux paysans par son adoption. Cependant, pour bien figurer les avantages et inconvénient du SRI, il faut aboutir à une comparaison valable des deux systèmes.

(1) Patrick VALLOIS : « Discours de la Méthodologie du Riz », IPNR, Antananarivo 1996, Page 7.

77 1- Les besoins en main d’œuvre

L’objectif est de pouvoir identifier les différences d’allocation des ressources «travail» par les deux techniques et de déterminer ensuite les logiques stratégiques qui en découlent. Pour cela, deux références vont être considérées : - le SRA et le SRI semblent proches l’un de l’autre par rapport à leur principe de base ; cette similitude devrait même se retrouver dans l’utilisation de la main d’œuvre ; - les différences les plus notables se situent au niveau de la préparation du sol où le planage demande toujours un surplus de travail. Ainsi, le SRA semble être une variante intermédiaire entre la riziculture traditionnelle et le SRI. Cette même caractéristique est décelable au niveau du rendement. A partir de ces constatations, certains aspects des stratégies de production se dévoilent clairement. - L’économie de semence est une priorité pour les deux systèmes. En effet, l’utilisation d’un plus grand écartement entre les plants favorise un meilleur tallage. Cela permet de réduire le nombre de plants nécessaire au repiquage. Il s’ensuit une diminution de la taille des pépinières, et une économie de travail. - L’intensification se traduit toujours par une plus importante utilisation de main d’œuvre (en ne supposant aucune forme de mécanisation). Ainsi, il y a quelques indications au niveau de ces deux systèmes :  vitesse de récolte à raison de 25 kg/h/personne ;  vitesse de battage à raison de 100 kg/j/personne ;  rendement moyen de SRA est de 4 t/ha ;  rendement moyen de SRI est de 8 t/ha.

2- Les coûts de production

a- La main d’œuvre

La quantité de main d’œuvre requise est définie précédemment. Le SRI engage davantage de dépense en main d’œuvre d’après le tableau ci-dessous. Tableau 23 : Comparaison du coût de la main d’œuvre SRA (1) SRI (2) Différence (2) – (1) Temps de travail 251,2 366,1 (jour/an)* Coût (Ar) 502 400 732 200 229 800 Source : DRDR-Boeny (2001) * : journée de travail rizicole par an.

78 Cette différence est presque équivalente à la moitié du besoin en main d’œuvre du SRI. Autrement dit, pour la quantité de main d’œuvre requis pour 1 ha de rizière en SRI, il est possible de mettre en culture 1,5 ha de rizières, en adoptant le SRA. Toutefois, cette différence ne peut être rapportée à la quantité totale de riz produite car le SRA ne donnera que 6 tonnes sur l’ensemble alors que le SRI reste à 8 tonnes

b- Les autres intrants

Les principaux intrants utilisés par les deux systèmes sont limités à la fumure. Le tableau suivant récapitule le coût respectif des intrants pour chaque système. Tableau 24: Comparaison du coût des intrants (SRA et SRI) SRA (1) SRI (2) Différence (1) – (2) Nature des intrants NPK Compost Quantité 300 kg/ha 5 t/ha Prix unitaire Ar 520 Ar 24 200 Coût total Ar 156 000 Ar 121 000 Ar 35 000 Source : DRDR-Boeny (2001) La différence de coût des intrants donne un avantage pour le SRI. Le paysan qui décide d’adopter le SRA devra se préparer à cette dépense monétaire. En conséquence, il doit avoir, soit épargné suffisamment au cours de la précédente campagne, soit emprunté auprès des établissements de crédits.

c- Le coût de production par unité de surface et par unité de production

A partir des coûts par unité de surface, le SRI peut ne pas être intéressant. Mais en analysant la répartition de ces dépenses, on trouve que c’est la main d’œuvre qui engage le plus de frais. Or, on sait que dans les conditions actuelles des paysans, cette ressource est plus facile à mobiliser. A partir des coûts par unité de production obtenue, il ressort toujours que le SRI non seulement coûte moins cher à l’unité de production mais surtout apporte davantage de production. Pour chaque tonne de riz produit, le paysan qui pratique le SRI gagne déjà l’équivalent de 600 kg de paddy, en différence de coût de production. (1)

C- Les opportunités offertes par le SRI

1- La Justification du choix

Le SRI permettra essentiellement aux paysans d’accroître le rendement de leur culture.

(1) Patrick VALLOIS : « Discours de la Méthodologie du Riz », IPNR, Antananarivo 1996, Page 5.

79 D’autres raisons peuvent également amener le paysan à adopter le SRI. Parmi ces raisons, il faut noter plus particulièrement : la contribution à la stratégie anti-risque mis en œuvre par les paysans. Le paysan adopte cette stratégie pour limiter les impacts d’une mauvaise saison. Toutefois, il y a un moyen sûr de passer ces périodes critiques sans s’attacher à cette inertie : c’est la constitution d’une épargne pendant les périodes « favorables ». Lorsque les difficultés surviennent, il est possible de les juguler par la mobilisation de ces ressources. Pour sa part, le SRI peut apporter un soulagement aux paysans en leur offrant la possibilité de constituer une réserve monétaire soit directement (par la commercialisation du surplus rizicole), soit indirectement (par le revenu des cultures en rotation avec le riz).

2- L’optimisation de l’utilisation des ressources

Optimiser l’utilisation des ressources ne suffit pas seulement d’essayer d’atteindre un niveau maximum de rendement possible, mais il est aussi question de les renouveler dans une perspective à long terme. Cette approche s’avère valable pour un pays comme Madagascar où la richesse biologique n’est plus un secret. Toutefois, les menaces qui pèsent sur ces ressources sont de nature à déstabiliser en permanence cet ensemble. C’est dans ce vaste ensemble d’inquiétudes que le SRI essaie d’apporter une part de contribution.

a- L’optimisation des ressources « terre »:

La terre est non seulement un élément majeur dans la production végétale, mais de plus, elle l’est à plusieurs titres : d’abord, c’est une surface de culture qu’il convient de valoriser pour assurer les besoins alimentaires d’une population, d’une communauté ou d’une famille ; ensuite, c’est un ensemble biologique qui fonctionne selon un mécanisme déterminé par la loi de l’action et de la réaction. L’action se résume aux interventions faites sur elle, alors que la réaction englobe tous les phénomènes résultant des modifications apportées par les soins de l’exploitant agricole (par exemple, baisse de la fertilité du sol, détérioration des propriétés physiques …). Le SRI répond à un grand nombre des soucis des producteurs dans ce domaine. En effet, lorsque la technique de production est bien maîtrisée, il permet d’obtenir des rendements élevés, mais qui sont toutefois à relativiser suivant la nature et la richesse du sol. A ce niveau, la fonction principale de la terre est assumée, elle-même de fournir de l’alimentation à la population. Par ailleurs, au vu des résultats acquis, il s’agit non seulement d’alimentation, mais également de surplus commercialisable. Par rapport aux propriétés du sol, la première préoccupation du milieu scientifique est le renouvellement de sa fertilité. En effet, une production végétale aussi importante que le SRI

80 doit être très épuisante pour le sol. D’après les théories, les années qui suivent la première culture ne donneront plus d’excellents résultats. Pourtant, les observations enregistrées autour du centre régional de recherche du Mahajanga confirment une continuité de progression du niveau de rendement, pendant les années à la suite de l’adoption du SRI.

b- L’optimisation des ressources « travail »

Il serait ridicule de minimiser l’importance de la quantité de travail requis par le SRI, d’autant plus ridicule de vouloir l’ignorer alors que paysans et chercheurs en sont conscients. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est la valorisation réelle de ce surplus de travail. En effet, si au prix d’un plus grand effort, le résultat obtenu reste le même, n’y a-t-il pas lieu de se révolter contre le SRI ? Il va sans dire que le premier caractère du travail est sa productivité ; c’est-à-dire la production par unité. Au stade actuel de la connaissance du SRI, il est possible de déterminer de manière symbolique la productivité du travail dans les trois systèmes. Tableau 25 : Productivité du travail entre les trois systèmes Traditionnel SRA SRI Productivité (kg) 9,38 15,92 21,85 Productivité (Ar)(*) 1876 3184 4370 Source : DRDR-Boeny (2001) (*) : Prix du paddy aux producteurs environ Ar 200 (1000 Fmg).

Le niveau de rendement utile pour l’ensemble des exploitations est d’environ 4,5t/ha. En comparant celui-ci avec les rendements obtenus par le SRI, il est pratiquement sûr de l’atteindre. Seulement, étant donné que tous les producteurs n’ont pas la même motivation quant aux exigences du SRI, seule la catégorie de producteurs correspondant à certains critères pourra l’adopter : petite surface, disponibilité de main d’œuvre, faible épargne … Ainsi, on demande quelles sont les tentatives du développement et les perspectives d’avenir du système de riziculture intensive de la plaine ?

81 Chapitre 3 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT ET LES PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DE LA PLAINE

Bien que le paysan soit considéré comme le principal animateur de l’activité, une vue perspective plus réaliste du système rizicole de la région ne peut s’effectuer dans la seule analyse du comportement économique de la production lui-même. La prise en compte des actions de la structure étatique s’impose également. En effet, sur le plan économique, l’enclavement, l’insuffisance du système de financement à la dimension du monde rural, le manque d’infrastructures agricoles et le manque d’encadrement technique constituent un handicap sérieux au développement de ce secteur. Ainsi, dans le cadre de la politique de développement économique agricole, le redressement de cet handicap s’avère indispensable. Nous allons donc voir au cours de ce chapitre, dans un premier temps, les tentatives de la puissance publique en vue du développement du système de riziculture intensive ; et dans un deuxième temps, l’avenir de ce système dans la plaine.

Section 1 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT DU SYSTEME

Ces tentatives se matérialisent la plupart du temps dans les orientations politiques de l’Etat aussi bien au niveau socio-économique qu’à d’autres niveaux. En général, elles peuvent être perçues sur le développement de la production et de la commercialisation, et au niveau de la création de Groupement des Paysans Semenciers (GPS).

§1- Le développement de la production et de la commercialisation

A- La production

Du point de vue de la réalisation du système de riziculture intensive dans la région, on doit tenir compte du comportement socio-économique du paysan, principalement de l’animateur de la production et de celui de l’agent public, qui est le premier responsable du développement national. Une vision de tentative de la production rizicole de la région sera ainsi adoptée et nous permettra d’avancer à ce propos les deux grandes idées énoncées par la suite.

82 1- Une augmentation future de la production

D’abord, compte tenu que le riz constitue la nourriture de base des malgaches, la politique actuelle de l’Etat doit être axée à l’autosuffisance alimentaire en riz. Cette politique suppose en général de l’autonomie à chaque échelon administratif, de la collectivité de base, du fokontany, jusqu’au niveau du faritany et en conséquence, de l’ensemble de la nation. En ce qui concerne particulièrement le district de Marovoay, une des régions productrices, ce problème peut se poser de la manière suivante: - si on maintient le taux de croissance moyenne de l’ordre de 3% (cf. partie1, section1, paragrahe3, D) face à une production rizicole prévisionnelle de 42625tonnes des paddy durant l’année 2005, d’après la DRDR-Boeny ; - si les conditions techniques d’exploitation de la production constituent donc un des objectifs visés particulièrement du district. De plus, dans le cadre du redressement économique actuel à Madagascar, notamment de la politique de la libéralisation économique visant essentiellement la croissance économique du pays, un accroissement du nombre d’agents locaux de la production rizicole, en particulier, est escomptable. Puisque le prix du paddy sera fixé par le jeu du marché, le retard de la production sur la consommation apparaît donc localement comme un sérieux facteur de la flambée de prix. Etant donné, le rôle tenu par le facteur travail dans l’exploitation rizicole de la région, on espérera donc une amélioration du volume d’activité rizicole. Et si les conditions climatiques s’avèrent favorables, une augmentation future de la production rizicole sera localement très envisageable. L’autosuffisance alimentaire en riz sera sûrement atteinte par le district de Marovoay.

2- La limite de l’augmentation de la production

Bien que la production augmente, elle présente par ailleurs sa limite dans des conditions locales d’exploitation au niveau du rendement et de la concurrence culturale. Au niveau des conditions locales de production, Mahajanga avec ses plaines (de Marovoay, d’Ambato-Boeni, de Mitsinjo,…) reste un des centres urbains ayant le plus d’activités rizicoles. Toutes les plaines aux alentours accueillent des rizières et apportent chaque année aux propriétaires respectifs une quantité de riz qui leur permet de couvrir, au moins partiellement, leurs besoins. Avec l’évolution du contexte économique, de nouvelles activités se sont développées sur cette zone (industrie, commerce,…) et l’urbanisation continuant, la configuration subit une certaine mutation.

83 B- Le développement de la commercialisation

Au niveau de la structure de commercialisation, le marché joue un rôle très important dans le développement d’un système de production. En effet, les conditions du marché semblent profitables pour les agents. Comme notre étude porte sur les conditions d’évacuation, l’opération de collecte et la politique du prix en matière du paddy, la structure de la commercialisation nous permettra de confronter ce problème.

1- Les conditions d’évacuation

L’évacuation est l’une des phases essentielles de la commercialisation d’un produit. Elle englobe toutes les opérations de transmission des produits du producteur vers le marché. En ce qui concerne la région du Boeny, plus particulièrement dans la plaine de Marovoay, ce problème se présente de la manière suivante : • au niveau des voies de communication, aucune route goudronnée n’a été observée, seuls quelques villages proches de la capitale du district ont bénéficié des routes secondaires. • au niveau du transport, l’accès aux villages voisins sera pour bon nombre effectué par des marches à pieds ou par des pirogues au niveau du fleuve Betsiboka, qui reste un moyen de transport essentiel. Il y a aussi l’utilisation de charrette pour transporter les produits. • au niveau du circuit d’évacuation des paddy, le centre de production se trouve la plupart du temps dans la communauté villageoise, on peut exister ou non. Selon les villages, il existe des petits collecteurs ou collecteurs primaires, qui sont assez souvent les commerçants de brousse. Tandis que le collecteur secondaire, quant a lui, il s’installe dans le chef lieu du district. Le problème de circuit d’évacuation présente donc deux aspects, compte tenu des conditions de transport et des voies de communication de la plaine. D’abord, soit il existe du collecteur primaire au niveau du village qui prend directement le paddy; dans ce cas, il est évident que le coût d’évacuation vers le collecteur secondaire est élevé. Ensuite, soit au contraire, il n’existe aucun collecteur au niveau du village du paysan ; c’est bien sûr le cas de certains villages avoisinant le chef lieu du district. Ainsi le paysan producteur doit assumer également le coût de l’écoulement, ce qui fait gonfler réellement leur charge d’exploitation. De la part du producteur, cette situation ne leur semble pas avantageuse

84 dans la mesure où le coût de production seulement ne peut être couvert par le prix du marché. Du côté collecteur, il ne peut pas accepter au paysans un prix aussi élevé coiffant à la fois le coût de la production et le coût d’évacuation, ce qui coupe ainsi, encore une fois, le circuit jusqu’au niveau du petit collecteur. En conséquence, compte tenu de condition de voie de communication locale ainsi que les moyens de transport, le circuit d’évacuation des paddy trouve son terme au niveau de la communauté villageoise elle-même. En ce sens même que les conditions d’évacuation se révèlent avant tout comme le premier point faible de la structure de la commercialisation du paddy de la région.

2- Les collectes de paddy

C’est une phase importante dans la commercialisation des produits des paysans en ce qu’elle contribue au développement de la vente paysanne sur le marché « étranger ». Nous devons donc étudier à ce niveau là les deux points suivants : la collecteur et les modalités de collecte.

a- Le collecteur

Selon leur nature juridique, on peut distinguer deux groupes : le collecteur public ou parapublic et le collecteur privé. Mais leur intervention dans l’opération varie dans le temps suivant les modalités.

b- Les modalités de collecte

Particulièrement, dans la région du Boeny l’opération était assurée par les syndicats de commune et les coopératives agricoles, mais le circuit n’atteint que de petits nombres de village seulement.

C- Le prix du Riz et la stabilité socio-économique

Au fil du temps et avec l’importance grandissante de la problématique du riz, les dirigeants se sont efforcés de garder une certaine stabilité du prix du riz. En effet, cette denrée figure parmi les produits stratégiques de la société malgache. Aussi, pour atteindre les objectifs de stabilité, différentes stratégies ont été adoptées :

1-.La promotion de la production par le développement de grands périmètres rizicoles

En effet, par application des théories économiques sur les échanges, il est possible de maîtriser le prix du riz par le volume écoulé sur le marché. Les responsables ont donc lancé la

85 mise en valeur de ces vastes espaces agricoles pour dégager un surplus agricole capable de répondre aux besoins du marché. S’agissant de marché « libre », le mécanisme de l’offre et de la demande détermine le prix. Cette politique a eu un effet incitateur sur les producteurs.

2-.L’intervention directe de l’Etat sur le prix (Politiques de fixation de prix)

Stratégie courante dans les pays à économie dirigée, cette pratique influe artificiellement sur le marché. Elle nuit aux producteurs car les prix sont fixés unilatéralement par les autorités supérieures, sans tenir compte des charges de production. Par contre, lorsque l’Etat intervient en subventionnant les producteurs, les impacts pour les consommateurs ne sont pas toujours significatifs pour le cas de Madagascar. D’ailleurs, les formes de subvention dont bénéficiaient les paysans touchaient essentiellement les intrants.

3- L’intervention indirecte de l’Etat sur la filière (importation et subvention à la consommation)

Le consommateur malgache reste très sensible aux évolutions du prix du riz. A défaut d’avoir des concepts économiques de manière académique, il évalue son pouvoir d’achat en fonction du prix du riz. Au temps de la colonisation, maintenir le prix du riz au niveau le plus bas permettait de garder le salaire des ouvriers à un niveau tel qu’ils pouvaient s’acheter du riz à hauteur de leur besoin. Plus tard, la pauvreté accompagnant, maintenir ce prix à un niveau accessible à la bourse de la population, urbaine en particulier, devenait un impératif économique de stabilité. Pour ce faire, les responsables ont eu, à maintes reprises, recours aux subventions du prix à la consommation et aux importations de riz. Toutefois, les seuls véritables effets d’une telle politique se résument en dépense budgétaire et en une démotivation des producteurs locaux. Bien que des effets positifs puissent résulter de telles initiatives, le sort des producteurs eux-mêmes qui voient, au fil du temps, leur revenu s’effriter de manière dramatique, a été quelque peu oublié.

§2- La création de Groupement des Paysans Semenciers (GPS)

La région dispose d’un centre multiplicateur de semences dans la commune rurale de Tsararano, district de Marovoay géré par une coopérative dénommée « LOVASOA », sur une superficie de 152ha (1). La production des paysans semenciers leur permet à la fois de : - se constituer un stock de semence pour la prochaine campagne (4% de production) ;

(1),(2)) DRDR-Boeny : « Rapport d’activité annuel 2005 », IPNR, Mahajanga 2005, Page 27.

86 - de dégager une quantité de semences destinée aux ventes (42% de production) ; - de dégager après épuration, une certaine quantité de riz de qualité très moyenne qu’ils appellent « tout venant », pouvant leur servir de stocks communs de sécurité (54% de production). A Mahajanga ville se trouve également le centre Nord-Ouest de la FOFIFA. Ensemble, ces deux entités sous le pilotage du Ministère de l’Agriculture, produisent des semences améliorées. De nombreuses structures d’appuis interviennent dans la région, ainsi que des projets et des organismes intervenant dans l’agriculture. A savoir : les GTDR, le « Tranoben’ny tantsaha », le PSDR, le FID, l’ANGAP,… D’une manière générale, compte tenu des divers facteurs techniques et environnementaux, la superficie cultivée représente une tendance à la baisse. Or, les zones aménageables sont encore très étendues dans la région. A titre d’exemple : - pour Ambato-Boeni (32535ha) ; - et à Marovoay (18560ha). Ensuite, l’exploitation du paysan semencier, bénéficiant à la fois d’énorme subvention en intrants agricoles (matériels et produits de traitement) et de l’appui technique de la part du Ministère de l’Agriculture, se présente dans les périmètres concernés comme des exploitations-types, promoteurs locaux de la culture améliorée. Du point de vue de la vulgarisation agricole, ce groupement des paysans semenciers constitue de champ de démonstration très efficaces dans la mesure où un certain nombre de thèmes devront être mis en application tels que le respect du calendrier cultural, l’emploi de matériels modernes(charrue, sarcleuse, houe et autres) et de produits chimiques de traitement(engrais, insecticide et autres) la mise en application de nouvelles techniques culturales (SRI , SRA,…) et la meilleur conduction de l’eau.

87 Section 2 : L’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE DANS LA PLAINE

§1- Les infrastructures

A- Les contraintes relatives au secteur agricole

Avec l’existence de vastes superficies aménageables, ainsi que l’intervention de plusieurs organismes et projet d’appui, l’agriculture pourrait connaître une plus grande extension. Plusieurs facteurs freinent cependant le développement de ce secteur : - la faible capacité de maintenance et l’entretien des réseaux hydro-agricoles engendrent la dégradation de ces derniers (quasi-existence des drains dans certains périmètres) ; - le mauvais était des infrastructures routières et des pistes rurales de dessert, dont très peu sont praticables toute l’année, réduit les possibilités d’écoulement et d’acheminement des produits ; - le problème de fonctionnalité des stations de pompages entraîne l’abandon des activités agricoles et partant, la diminution des superficies rizicoles ; - l’absence d’aménagement terminale (planage des parcelles et des canaux tertiaire), implique une différence de côtes des rizières ; d’où une difficulté de gestion et de maîtrise de l’eau ; - les zones d’extension aménageables ne sont pas valorisées ; - certains grands périmètres sont inexploités faute de réhabilitation périodique (cas du réseau d’Anosikely, district d’Ambato-Boeni).

B- Les efforts d’amélioration des infrastructures de communication

Ce rôle des infrastructures de communication dans le développement d’un pays ou d’une région ne peut être en aucun cas aussi moindre. Pour ce faire, l’Etat Malgache ne laisse pas de côté ce domaine stratégique ; des efforts ont été déjà entamés un peu partout, notamment dans les zones rurales. Plus spécialement dans la région du Boeny, la construction de la voie terrestre reliant ce district avec celui d’Ambato-Boeni et de Mahajanga révèle donc la première tentative de se développer dans le domaine de communication. Cette route fait communiquer non seulement les capitales des districts mais aussi et surtout des villages depuis longtemps enclavés.

88 Face à une telle situation, toute perspective économique ressemble à une vue de l’esprit car les rouages de l’économie ne sont pas tous là. On observe que dans les zones enclavées, le troc persiste toujours et tout un chacun cherche à satisfaire son propre besoin sans avoir l’esprit de dégager l’économie de marché. Voilà pourquoi, l’acheminement des produits agricoles vers le marché demeure absolument impossible. Alors, le développement du secteur agricole dans cette région exige inexorablement le désenclavement des milieux enclavés afin de faciliter la circulation des produits, des capitaux matériels, des intrants agricoles et la communication en générale. Dans le cadre de la stratégie de développement de l’économie agricole, plus précisément au niveau de rizicole à Marovoay, on a besoin d’améliorer les infrastructures routières existantes (route vicinales, intercommunales, nationales) pour la même raison que les techniques culturales, le financement et micro crédit et la commercialisation.

C- Le changement de la stratégie dans l’aménagement hydro-agricole

Cette nouvelle stratégie présente bien un double aspect très ingénieux. D’une part, elle pousse les membres de la communauté villageoise à évoquer eux-mêmes la façon indirecte. Leur problème prioritaire, est ici la faible maîtrise des conditions hydriques de l’exploitation, se présentant comme un sérieux facteur limitant le développement de leur production. Et d’autre part, conscients de ce problème qui leur paraît insupportable, l’aide de l’Etat, par l’implantation des infrastructures hydro-agricoles, contribuera résolument à lever leur difficulté. La participation du paysan aux travaux d’entretien et d’amélioration de ces infrastructures sera certainement envisageable, ce qui constitue une condition essentielle de la réussite de l’opération d’aménagement. De ce fait, cette mesure offrira donc une part importante de la responsabilité des paysans dans le développement de leur production rizicole ; ses effets seront très escomptables compte tenu de la mauvaise situation hydrique de la riziculture dans la plaine.

§2- Le financement et le micro-crédit

Le principal problème des paysans dans cette région est constitué par la faiblesse du capital d’exploitation. Ils n’ont d’autres alternatives que de recourir aux usuriers pour demander l’emprunt nécessaire encourageant mais toujours au détriment des paysans. Donc l’intensification du système de financement bien structuré à la dimension du monde rural devrait faire partie de l’action de développement de cette région.

89 A- La mise en place d’un organe de crédit agricole

Le manque de crédit est un obstacle le plus sérieux à la croissance économique que ce soit en agriculture ou dans d’autres secteurs. L’accroissement de la production par tête suppose plus de capital par tête et ce n’est que l’épargne qui conditionne la capacité d’acquisition de capital. Dans la mesure où cette épargne n’est pas préalable, on doit recourir à l’emprunt. C’est ce qui fait l’importance du crédit agricole. Donc la mise en place d’un organe de crédit agricole s’avère indispensable pour, d’une part, échapper au recours aux usuriers et d’autre part pour : - favoriser l’acquisition des équipements utiles à l’exploitation ; - financer l’activité d’exploitation agraire ; - étendre la surface cultivable. Tout cela entraîne infailliblement l’augmentation de la productivité et pourrait créer des emplois nécessaires à un bon nombre de main d’œuvre agricole. Par conséquent l’exode rural sera atténué. La filière riz de la plaine de Marovoay rencontre des difficultés majeures en matière d’accès au crédit. En fait, 2% seulement des ménages ruraux affirment avoir obtenu de l’emprunt bancaire avec un taux d’intérêt de 15 à 25%. En bref, d’une manière générale, la seule banque BOA, qui existe, ne s’adresse guère aux petits paysans mais leur rôle se limite le plus souvent à attribuer des crédits privilégiant les gens riches, tandis que les petits paysans sont assujettis à des crédits agricoles assurés par des usuriers du village qui exigent un taux d’intérêt exorbitant. C’est la raison pour laquelle, l’institution d’un organe de crédit agricole favorise l’exploitation des petits paysans, tout en évitant la prééminence des considérations politiques, les critères d’octroi de crédit sont vivement nécessaires.

B- La promotion de mutuelle d’épargne

Presque le problème majeur des paysans dans la région du Boeny est le manque de source de financement pour dynamiser l’investissement agricole. Donc la promotion de mutuelle d’épargne sera cruciale d’une part, pour que les paysans ne soient pas confus dans un secteur financier traditionnel et informel (usurier) et d’autre part pour faciliter l’intégration dans une structure financière. Par conséquent, le réseau mutualiste « TAFATSAKA » permet d’accroître les revenus monétaires des paysans dans les zones rurales grâce à la création d’autres activités

90 complémentaires et à l’extension de l’exploitation avec un taux d’intérêt de 3,5% par mois.

§3- La vulgarisation rizicole

Il est incontestable que la vulgarisation rizicole peut améliorer la productivité, car l’un des problèmes des paysans est le manque de savoir-faire bien approprié et adéquat à la technique d’exploitation agraire. La vulgarisation est une action qui consiste à diffuser les connaissances techniques modernes aux paysans. Ce sera donc à travers une telle action que les paysans peuvent acquérir des connaissances techniques modernes et rationnelles leur permettant de promouvoir le secteur agricole, plus précisément au niveau de la riziculture. D’où, l’esprit de la vulgarisation est de canaliser les paysans à appliquer des méthodes culturales modernes et rationnelles, comme nous avons étudié, par exemple, le SRI strict, adaptation1, adaptation2 et semis direct. Ainsi pour la vulgarisation du SRI et ses adaptations dans la plaine de Marovoay connaîtrent un grand succès auprès des riziculteurs ; car ce système peut s’adapter à toutes les rizières. Cette adaptation est aisée, tant du point de vue conceptuel que dans la pratique. Du fait, une nette augmentation du rendement a été constatée dès la première année d’application, et désigne le SRI comme le meilleur moyen pour déclencher une véritable augmentation de la production. C’est pour cela que l’application de ce système cultural moderne est un moyen de sortir de l’économie de subsistance et de s’orienter vers l’économie de marché.

§4- La protection de l’environnement

Les principales causes de la dégradation de l’environnement peuvent être synthétisées comme suit : - la méthode culturale préconisée depuis toujours entraîne l’érosion, qui à elle seule, représente un fléau non négligeable de la région ; Ça fait partie de la culture itinérante sur brûlis qui occasionne une déforestation massive chaque année ; - l’utilisation désordonnée sans souci de renouvellement des ressources naturelles ; - la cupidité de certains exploitants forestiers qui ne pensent qu’à satisfaire leurs besoins de tout détruire sans se soucier de l’incidence négative qui va surgir à l’avenir. Ainsi les effets de la dégradation environnementale sur l’économie agricole peuvent être formulés comme suit : - appauvrissement voir disparition du sol fertile, de la superficie cultivée et récoltée ; ce qui va diminuer la productivité ;

91 - perturbation de l’hydrologie, ensablement des bas-fonds cultivables ; - raréfaction des ressources halieutiques. Donc pour développer l’économie agricole, il faut enrayer la spirale de dégradation de l’environnement tout en réconciliant la population avec son environnement ; comme si on a besoin de : - prendre des mesures conséquentes quant à la disparition progressive des forêts naturelles ; - promouvoir l’éducation, la formation sur l’environnement et l’utilisation à grande échelle de l’énergie alternative produite localement ; - intensifier davantage les recherches sur les interactions entre la population, les ressources naturelles et l’environnement ; - prendre une mesure incitative pour intensifier le reboisement et gère le patrimoine en biodiversité ; - intégrer l’environnement dans le processus de planification de projet de développement. Enfin, il faut inculquer à la population que la protection de l’environnement est l’affaire de tout un chacun. Car la dégradation incessante de l’environnement risque de perturber la vie socio-économique de la population. D’une manière générale, compte tenu des opportunités et contraintes liées au développement de l’économie rizicole dans la région, plus particulièrement dans la plaine de Marovoay, l’introduction de méthode plus intensive de riziculture, telle que le SRI, engendre immanquablement des demandes plus importantes sur la fertilité des sols. Il est nécessaire de bien connaître les caractéristiques pédologies des sols avant de procéder à une extension de terres irriguées. Ceci est particulièrement important vu les perspectives d’avenir du système riziculture intensive.

92 CONCLUSION

Actuellement, des bruits circulent, rependant l’idée que la culture du riz ne nous donne plus une survie. Souvent on pense que la participation en riziculture ne nous rapporte pas ; ainsi le système de production rizicole reste localement médiocre. En effet les capitaux circulant paraissent traditionnels. Ainsi l’espoir dans l’amélioration du niveau de la production est en dépendance réelle des facteurs humains et ses sols, lesquels apparaissent abondamment disponibles. Mais il y a par ailleurs de traits négatifs au développement de la production, tels que le sous-emploi permanent, la faible qualité de la main d‘œuvre, et l’émiettement de l’exploitation. Il en est de même pour la précarité des structures environnantes du système aussi bien en amont qu’en aval de la production. D’où la production dépendant fortement des conditions naturelles de son exploitation ne peut dépasser le niveau très faible de la subsistance familiale. Par ailleurs, le système de riziculture intensive (SRI) reste localement insuffisant, les infrastructures hydro-agricoles nécessaires permettant particulièrement la double campagne apparaissent très rares, l’action en matière de la vulgarisation est très faible. Le crédit bancaire ne profite pas du tout à la région. Et en plus, les incitations à produire davantage semble très peu observées, surtout lorsqu’il s’agit d’actions commerciales. Au niveau de la consommation des intrants et de la recherche agronomique, le système de riziculture marginalise la production techniquement parlant. De la part des paysans, cette situation va renforcer de temps en temps dans le cadre de leur économie de subsistance,l’objectif traditionnel de la production rizicole, celui de l’autosubsistance familiale, et qui provoque une situation de crise profonde aux différents opérateurs. Cependant, du fait de sa nature de « grenier à riz »nationale, la plaine de Marovoay est une des victimes de la crise qui touche l’économie rizicole nationale. Alors notre objectif est exercé en vue essentiellement de l’obtention de revenu monétaire. Quoiqu’il en soit, en prenant en considération que certaines actions semblent localement meilleures pour développer la production en fonction d’une adaptation de système de riziculture intensive. Le district de Marovoay pourra sûrement atteindre son autosuffisance alimentaire en riz, avec l’espoir que la région deviendra « exportatrice ». Les problèmes et obstacles à la diffusion de cette technique peuvent avoir différentes

93 origines. Pour le cas de la région du Boeny, ils sont surtout liés à la maîtrise de l’eau. La quantité de pluie annuelle est suffisante pour satisfaire aux conditions exigées par la pratique du SRI ; seulement, les rizières n’ont pas été conçues pour drainer l’excès d’eau. Cela semble plus facile à réaliser dans la « Basse Betsiboka », les aménagements nécessitent une plus forte mobilisation. Malgré tout, en se basant sur les résultats obtenus à partir de ces essais, il sera peut- être possible d’envisager un jour une variante encore plus efficace du SRI sur ces plaines où la maîtrise de l’eau prête souvent à difficulté. Sur le plan économique, une nouvelle perspective s’ouvre. Les premiers résultats sur l’adaptation avec le SRI confirment l’hypothèse de départ. Il est clair que la présence de vulgarisation répond à des conditions techniques du système. Pour terminer, nous pensons que le SRI peut aider certains paysans qui veulent capitaliser leurs efforts. Les surplus de main d’œuvre, et la peine requise dans l’aération du sol par les sarcleuses mécaniques seront récompensés de l’obtention d’un surplus de riz. Ce qui n’est pas toujours évident aux yeux des grands exploitants. Il appartient à tout un chacun de trouver la solution appropriée à ses problèmes. Au point de vue paquet technique et scientifique, le SRI peut être considéré comme une alternative à l’augmentation de la production rizicole.

94 ANNEXES

ANNEXE 1

Itinéraire technique et besoin en main d’œuvre des deux systèmes de riziculture : SRA et SRI pour 1 ha de rizière

Opérations culturales SRA (jour/an) SRI (jour/an) Surplus de travail demandé par le SRI Préparation de la 5 1 pépinière - 2 - Labour 0,2 0,1 - Arrosage - Semis SOUS TOTAL 5,2 3,1 0 Préparation du sol 60 60 - Labour 3 6 - Epandage fumure 40 60 - Emottage - 10 - Planage SOUS TOTAL 102 136 34 Transplantation 3 1 - Arrachage des plants 30 40 - Repiquage

SOUS TOTAL 39 41 2 Sarclage (à la houe) 40 (2 passages) 60 (3 passages) - Epandage fumure 2 SOUS TOTAL 42 60 18 Récolte (*) 23 (**) 46 (***) 23 Battage (****) 40 80 40 TOTAL GENERAL 251,2 366,1 115,9

(*) Vitesse de récolte à raison de 25 kg/h/personne (**) Rendement moyen de 4 t/ha (***) Rendement moyen de 8 t/ha (****) Vitesse de battage à raison de 100 kg/j/personne

95 ANNEXE II

Itinéraire technique et besoin en main d’œuvre des deux systèmes de riziculture Traditionnel et SRI pour 1 ha de rizière

Opérations culturales Traditionnel (jour/an) SRI (jour/an) Surplus de travail demandé par le SRI (jour/an) Préparation de la 10 1 pépinière - 2 - Labour 0,2 0,1 - Arrosage - Semis SOUS TOTAL 7,2 3,1 0 Préparation du sol 60 60 - Labour 2 6 - Epandage fumure 30 60 - Emottage - 10 - Planage SOUS TOTAL 92 136 44 Transplantation 2 1 - Arrachage des plants 40 40 - Repiquage SOUS TOTAL 42 41 0 Sarclage 40 60 • Manuel (1 passage) • A la houe (3 passages) SOUS TOTAL 40 60 20 Récolte (a) 12 (b) 46 (c) 34 Battage (d) 20 80 60 TOTAL GENERAL 213,2 366,1 152,9

(a) vitesse de récolte à raison de 25 kg/h/personne (b) rendement de 2 t/ha (c) rendement de 8 t/ha (d) vitesse de battage à raison de 100 kg/j/personne

96

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : La composition du Riz ...... 17 Tableau 2 : Le degré d’usinage ...... 17 Tableau 3 : Les constitutions minéraux du Balilla (% des cendres) ...... 18 Tableau 4 : La répartition des composes phosphates dans le caryopse ...... 19 Tableau 5 : Le phosphore assimilable (2) ...... 19 Tableau 6 : Les vitamines hydrosolubles ...... 20 Tableau 7 : La température (en °C) ...... 28 Tableau 8 : Le pluviomètre (année 2005) ...... 29 Tableau 9 : L’hydraulique ...... 29 Tableau 10 : L’humidité atmosphérique ...... 30 Tableau 11 : Le nombre de fokontany par commune ...... 31 Tableau 12 : Le profil Ethnique ...... 32 Tableau 13 : Le pourcentage de la population en milieu urbain et rural ...... 33 Tableau 14 : La tranche d’âge par sexe année 2006 ...... 34 Tableau 15 : L’évolution de l’effectif de la population ...... 35 Tableau 16 : L’évolution de production rizicole : ...... 39 Tableau 17 : La superficie rizicole cultivée ...... 39 Tableau 18 : Principales productions agricoles, classement par superficie cultivée ...... 41 Tableau 19 : Quelques infrastructures de base par commune ...... 46 Tableau 20 : Les résultats d’essai ...... 51 Tableau 21 : Comparaison du coût de la main d’œuvre (Traditionnel-SRI) ...... 75 Tableau 22 : Comparaison du coût des intrants (Traditionnel-SRI) ...... 76 Tableau 23 : Comparaison du coût de la main d’œuvre ...... 78 Tableau 24: Comparaison du coût des intrants (SRA et SRI) ...... 79 Tableau 25 : Productivité du travail entre les trois systèmes ...... 81

97 LISTE DES CARTES ET DES PHOTOS

Cartes : Carte1 : La Province Autonome de Mahajanga et la Région du Boeny...... 5 Carte2 : Le District de Marovoay ...... 27 Carte 3 : La Superficie Rizicole et le Périmètre Irrigué ...... 37

Photo : Photo 1 : Le RIZ ...... 13 Photo 2 : La pépinière des semences ...... 66 Photo 3 : Le sarclage ...... 68

98 BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES :

- A Dandouau. : « Contes Populaires des Sakalava et des Tsimihety », CIIFAD, Alger 1922. - ANGLA DETTE André : « Le Riz », GP Maisonnette et La Rose, Paris 1966 - B Champion : « Note sur l’Ame du Mil », Journal des Africanistes, t. 61, fasc 2, Paris 1991 - BREMOND.J : « Initiation économique et sociale », Hatier, Paris 1991. - BESSIS Sophia : « L’arme Alimentaire », Ed. La découverte, Paris 1985. - DOBELMANN P : « Riz irrigué », Agence de Coopération culturel et Technique, Paris 1980. - FUYARD Morgan : « Les Géants du Grain », PUF, Paris 1980. - GAIN : « Sur des variétés de blés pharaoniques », Compte rendu du Congrès international d’archéologie, Athènes 1905 - HENRI DE LAULANIE : « Présentation Technique du Système de Riziculture Intensive », Méthode de Tallage de Katayama, Antananarivo 1992. - HUBERT Paul : « Recueil de Fiches Techniques de l'Agriculture spéciale », BDPA Agence Madagascar, Tome 1. - N Uphoff ., E Fernandes ., Y Longping : « Assessments of the System of Rice Intensification », Actes du colloque de Sanya,Chine, Cornell International Institutes for Food, Agriculture and Development. , Chine 2002. - VALLOIS Patrick : « Discours de la Méthode du Riz », Institution de Promotion de la Nouvelle Riziculture, Tananarive 1996. -P Bourrières : « L’économie des transports dans le programme de développement », PUF, Paris 1964.

DOCUMENTATION ET SUPPORTS DES COURS :

- FAO : « Diagnostic et perspectives de développement de la filière riz à Madagascar» , UPDR, Antananarivo 2000 - FAO, « Le riz, c’est la vie. » Année internationale du riz, ROME, Février 2004 - GATIEN Horace : « Politiques économiques », Cours de 4 ème Année Economie, Université de Toamasina 2005. - MINAGRI : « : Essais du riziculture irriguée de Marovoay », PNVA, Antananarivo 1971.

99 - MINAGRI : « L’impact des nouvelles variétés du riz dans la plaine de Marovoay », FOFIFA, Antananarivo 1985. - MINISTERE DE L’ETAT AU DEVELOPPEMENT RURAL ET A LA REFORME FONCIERE : « Voly Vary Maroanaka », PNVA, Antananarivo 1988 - MINISTERE DE LA COOPERATION FRANÇAISE : « Mémento de l'Agronome », PUF, Paris 1974 - MINISTERE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DE LA REFORME AGRAIRES : « Généralités et Méthodologie », Projet Recensement National de l’Agriculture et Système Permanent des Statistiques Agricoles, Antananarivo Avril 1988, Tom 1. - MODONGY Roland : « Economie de développement », Cours de 3 ème Année Economie, Université de Toamasina 2004. - RATOVOSON Seth : « Economie Rurale », Cours de 3 ème Année Economie, Université de Toamasina 2004.

100 TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ...... 2 REMERCIEMENTS ...... 4 LES SIGLES ET LES ABREVIATIONS ...... 6 INTRODUCTION ...... 8 PARTIE I : SITUATION ET COMPORTEMENT ECONOMIQUE DE LA PLAINE ...... 10 Chapitre1 : L’UTILITE ET L’IMPORTANCE DU RIZ ...... 11 Section1 : LES GENERALITES SUR LE RIZ ...... 11 §1- La Région du Boeny ...... 11 A- La localisation de la Région ...... 11 B- L’hydrographie ...... 11 C- La pédologie ...... 12 D- Les formations végétales ...... 12 E- Le climat et la pluviométrie ...... 12 §2- La description et l’historique du Riz ...... 13 A- La description du Riz ...... 13 B- L’historique du Riz ...... 14 §3- La biologie du Riz ...... 14 A- La germination ...... 14 B- Le tallage ...... 14 C- La montaison ...... 14 D- L’épiaison – floraison ...... 15 E- La maturité ...... 15 §4- Les ennemis du Riz ...... 15 A- Quels sont ces ennemis ? ...... 15 B- Les moyens de lutte ...... 15 Section2 : L’IMPORTANCE DU RIZ DANS LA VIE DE L’HOMME ...... 16 §1- La valeur énergétique du Riz ...... 16 §2- Les constituants minéraux du Riz ...... 17 §3- Les vitamines ...... 19 A- Les vitamines liposolubles ...... 20 B- Les vitamines hydrosolubles ...... 20 Section3 : L’ECOLOGIE DU RIZ ...... 21 §1- Les conditions climatiques ...... 21 A- La température ...... 21 B- La lumière ...... 21 C- La pluviomètre ...... 21 D- L’humidité ...... 22 E- Le vent ...... 22 §2- Les conditions pédologiques ...... 22 §3- Les variétés du Riz ...... 23 Chapitre 2 : LA SITUATION DE LA PRODUCTION RIZICOLE DE LA PLAINE…….25 Section1 : LA PRESENTATION GENERALE DE LA PLAINE ...... 25 §1- L’historique de la Plaine de Marovoay ...... 25 §2- La situation géographique ...... 26 A- Le climat ...... 28 1- La température ...... 28 2- Le pluviomètre et l’hydraulique ...... 29

101 a- Le pluviomètre ...... 29 b- L’hydraulique ...... 29 3- L’humidité atmosphérique ...... 30 §3- Les aspects démographiques ...... 30 A- Le profil ethnique ...... 31 B- La population urbaine ...... 32 C- La tranche d’âge par sexe ...... 33 D- L’évolution de l’effectif de la population ...... 35 E- La natalité et la mortalité ...... 35 Section2 : LA RIZICULTURE DANS LA PLAINE ...... 36 §1- Les pratiques culturales ...... 36 A- Le « Vary Asara » ...... 38 B- Le « Vary « Jeby » ...... 38 C- Le « Vary Atriatry » ...... 38 §2- L’évolution de la production et des superficies cultivées...... 39 Section 3 : LES ACTIVITES ECONOMIQUES ...... 39 §1- Les activités agricoles ...... 40 A- Les cultures renouvelables ...... 40 B- Les cultures permanentes ...... 40 C- Les principales productions agricoles ...... 41 §2- Les activités extra-agricoles ...... 41 A- L’élevage ...... 42 B- La pêche et la chasse ...... 42 §3- Le développement de la production agricole ...... 42 Chapitre 3 : LES INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES ...... 44 Section 1 : LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES ET LES PISTES RURALES .... 44 §1- Les routes ...... 44 A- Les routes nationales ...... 44 B- Les routes internes ...... 44 §2- Les voies fluviales ...... 45 Section 2 : LE MARCHE ET QUELQUES INFRASTRUCTURES DE BASE ...... 45 §1- Le marché ...... 45 §2- Quelques infrastructures de base...... 45 Section 3 : LES INSTITUTIONS FINANCIERES ...... 46 §1- La banque ...... 46 §2- La structure mutualiste ...... 47 Section 4 : LES INFRASTRUCTURES SCOLAIRES ET SANITAIRES ...... 47 §1- Les infrastructures scolaires ...... 47 §2- Les infrastructures sanitaires ...... 48 Chapitre 4 : LES BIENFAITS DE LA RIZICULTURE INTENSIVE ...... 49 Section 1 : LE SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI) ...... 49 §1- Le système cultural ...... 49 §2- Une adaptation nécessaire ...... 50 Section 2 : LES RESULTATS ...... 51 §1- La classification des rizières ...... 51 A- La bonne maîtrise d'eau ...... 52 B- La maîtrise d'eau passable ...... 52 C- La maîtrise d'eau élémentaire ...... 52 D- La maîtrise d'eau nulle...... 52 §2- La classification des méthodes culturales ...... 52

102 A- Le SRI Strict ...... 52 B- L’adaptation n°1 ...... 52 C- L’adaptation n°2 ...... 53 D- Les semis directs ...... 53 PARTIE II : ETUDE DES RESULTATS ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DANS LA PLAINE ...... 55 Chapitre 1 : LA SITUATION ECONOMIQUE DE L’EXPLOITATION RIZICOLE DE LA PLAINE ...... 56 Section 1 : LES FACTEURS DE PRODUCTION ...... 56 §1- Le facteur nature : la terre ...... 56 §2- Le facteur humain : le travail ...... 57 A- Le travail disponible ...... 57 1- Le travailleur permanent ...... 57 2- Le travailleur temporaire (ou saisonnier) ...... 57 B- L’entraide ...... 58 C- Le travail effectué ou nécessaire ...... 58 1- Augmenter la production ...... 59 2- Rechercher le plein emploi ...... 59 3- Améliorer la production ...... 59 §3- Les capitaux d’exploitation ...... 59 A- Les capitaux morts ...... 59 1- L’équipement à basse valeur ...... 60 2- L’équipement à moyenne valeur ...... 60 3- L’équipement lourd et motorisé ...... 60 B- Les capitaux vifs ...... 60 C- Les capitaux circulants ...... 61 1- Le capital monétaire ...... 61 2- Les intrants agricoles ...... 61 Section 2 : LE MODE DE FAIRE VALOIR ...... 62 §1- Le mode de faire valoir direct ...... 62 §2- Le mode de faire valoir indirect ...... 62 A- Le fermage ...... 62 B- Le métayage ...... 63 Chapitre 2 : LES CONDITIONS TECHNIQUES DU SYSTEME ...... 64 Section 1 : LA METHODOLOGIE ...... 64 §1- Une étude action ...... 64 §2- Le choix des riziculteurs et des parcelles ...... 65 §3- Les semences ...... 66 Section 2 : LE CONCEPT DYNAMIQUE DU SRI ...... 67 §1- Le principe d’adaptation ...... 67 §2-Le principe de généralisation ...... 69 §3- Les limites de l’adaptation ...... 70 A- Le danger de la facilité ...... 70 B- La terminologie ...... 71 C- Les rizières trop inondées ...... 72 D- L’engrais ...... 72 §4- La comparaison avec les autres méthodes de culture ...... 73 A- La comparaison entre la méthode traditionnelle et le SRI ...... 73 1- Les besoins en main d’œuvre ...... 73 2- Les coûts de production ...... 75

103 a- La main d’œuvre ...... 75 b- Les autres intrants ...... 75 c- Le coût de production par unité de surface et par unité de production ...... 76 B- La comparaison entre la Riziculture Améliorée (SRA) et le SRI ...... 77 1- Les besoins en main d’œuvre ...... 78 2- Les coûts de production ...... 78 a- La main d’œuvre ...... 78 b- Les autres intrants ...... 79 c- Le coût de production par unité de surface et par unité de production ...... 79 C- Les opportunités offertes par le SRI ...... 79 1- La Justification du choix ...... 79 2- L’optimisation de l’utilisation des ressources ...... 80 a- L’optimisation des ressources « terre »: ...... 80 b- L’optimisation des ressources « travail » ...... 81 Chapitre 3 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT ET LES PERSPECTIVES D’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE DE LA PLAINE ...... 82 Section 1 : LES TENTATIVES DU DEVELOPPEMENT DU SYSTEME ...... 82 §1- Le développement de la production et de la commercialisation ...... 82 A- La production ...... 82 1- Une augmentation future de la production ...... 83 2- La limite de l’augmentation de la production ...... 83 B- Le développement de la commercialisation ...... 84 1- Les conditions d’évacuation ...... 84 2- Les collectes de paddy ...... 85 a- Le collecteur ...... 85 b- Les modalités de collecte ...... 85 C- Le prix du Riz et la stabilité socio-économique ...... 85 1-.La promotion de la production par le développement de grands périmètres rizicoles ...... 85 2-.L’intervention directe de l’Etat sur le prix (Politiques de fixation de prix) ..... 86 3- L’intervention indirecte de l’Etat sur la filière (importation et subvention à la consommation) ...... 86 §2- La création de Groupement des Paysans Semenciers (GPS) ...... 86 Section 2 : L’AVENIR DU SYSTEME DE RIZICULTURE DANS LA PLAINE ...... 88 §1- Les infrastructures ...... 88 A- Les contraintes relatives au secteur agricole ...... 88 B- Les efforts d’amélioration des infrastructures de communication ...... 88 C- Le changement de la stratégie dans l’aménagement hydro-agricole ...... 89 §2- Le financement et le micro-crédit ...... 89 A- La mise en place d’un organe de crédit agricole ...... 90 B- La promotion de mutuelle d’épargne ...... 90 §3- La vulgarisation rizicole ...... 91 §4- La protection de l’environnement ...... 91 CONCLUSION ...... 93 ANNEXES ...... 95 LISTE DES TABLEAUX ...... 97 LISTE DES CARTES ET DES PHOTOS ...... 98 BIBLIOGRAPHIE ...... 99 TABLE DES MATIERES ...... 101

104