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DEPUIS CENT ANS... LA VÉNERIE EN SAONE-ET-LOIRE ET L'ÉQUIPAGE DE SAINT-ROMAIN

L'église de Chapaize, d'après Karl Reille.

En Bourgogne, il y a la Saône-et-Loire, L'Évêque en Saône-et-Loire. Cpt équipa- — Saison 1902/1903 quatorze lièvres mais surtout en Saône-et-Loire, il y a ge chassait principalement en Nivernais, avec un piqueux à pied, Laverdure ; Chapaize, qui devrait être le lieu de en forêt de Briffaut. — Saison 1903/1904 trente-neuf liè- pèlerinage privilégié de tout veneur. En 1902, le Rallye Là-Haut, fondé en vres en soixante sorties, avec un piqueux Chacun de nous a entendu parler de 1899, vient remplacer le Rallye Clessy- à cheval, La Ramée, et vingt à vingt- son « pauvre défunt: », le Curé de Cha- à Clessy et Rigny-sur-Arroux. cinq Beagles-Harriers ; paize, et de son cheval Ragotin, dont Le maître d'équipage est alors le Baron — Saison 1904-1905 : quarante-huit nous gardons le souvenir bien vivant de Ponnat. Le Rallye chasse toujours le lièvres et un chevreuil en soixante-dix grâce au Marquis de Foudras. chevreuil et le Comte Amaury de Villette sorties, entre le 1Q2 septembre et le 31 Ce bon prêtre était un veneur célèbre en fut le dernier maître d'équipage en mars. Il y avait toujours un piqueux à qui a eu de nombreux apôtres en Saône- Saône-et-Loire, au début de la dernière cheval, La Ramée, et un valet de chiens et-Loire, terre de chiens courants en gé- guerre. De 1924 à 1927, le Rallye Là- à pied, Claude Martinet. néral et de vénerie en particulier. Haut s'était associé avec l'équipage du En 1983, le Rallye Clessy-Ozolles avait Je note au passage, sur les cahiers de Comte de Roualle, et le Rallye Morvan, l'équipage, tenus. avec une extrême pour maître d'équipage Pavin de Lafar- au Marquis de Pracortal pour chasser ge, précision, que le 3 décembre 1904, et, son associé, le Baron Henri de en Saône-et-Loire. Mais dès 1927, il Ponnat, grand-père du Comte Henri de deux lièvres étaient pris après une heure continuait à chasser seul en Charollais Monspey, qui fut maître d'équipage du et demie et une heure cinquante de et Bourbonnais. Rallye Chapeau de 1960 à 1983. Le chasse. Les Honneurs à Monsieur Emile Rallye Clessy-Ozolles chassait le che- En 1902, le Comte de Maigret fonde de Vaugelas, le grand-oncle de Claude vreuil et se composait en 1897 de trente l'équipage de Saint-Romain, dont le Frachon, épouse d'Emmanuel. Ces bâtards Saintongeois-Poitevins. « Il chas- chenil est à Saint-Roinain-sous-Versigny sympathiques maîtres d'équipage du se dans les trois forêts contingues de à côté de Toulon-sur-Arroux. Il corn- « Rallye sans le sou » connaissent bien Clessy, Lamotte et Beaumont et fait un mença par chasser le fièvre en Morvan la région pour y venir tous les ans. déplacement d'un mois chez le Marquis et Charollais, à l'exclusion de tout autre Quatre chevaux assuraient le service de de en forêt d'Avaize ». (Réf. animal. Cet équipage vient donc s'ajou- l'équipage. annuaire de la Vénerie de 1897). ter à la liste intéressante des équipages — Saison 1905/1906 : Un piqueux En 1897, le Rallye Lamenay-Montarn- de lièvre servis par des veneurs à cheval, monté et deux valets de chiens indiffé- bert, société composée de Messieurs avant 1914, établie par mon Oncle, remment à cheval ou à pied, Martial Georges Clément, Henry Cornu-Langy, Louis de Laporte, parue dans le numé- Froidefond et Claude Martinet. Cinq Marquis de Certaines, chasse dans la ré- ro 66 de « Vénerie ». chevaux, L'équipage prend vingt-huit gion, mais surtout dans la Nièvre. Le A l'origine, l'équipage se composait lièvres en soixante-six sorties. Le moral chenil d'été se trouve chez Monsieur d'une vingtaine de Beagles-Harriers n'est pas au beau ! La neige et un froid Clément, à « Pont de Vaux », Issy d'environ 0,48 in et prenait ainsi : trop vif semblent avoir contribué large-

28 Vénerie n 0 76 En effet, dès le 26 février 1913, mon Grand-Père envoyait à Ernest Colladant un certificat mentionnant « La Branche est honnête et actif ; il aime, connaît la chasse, est bon cavalier et bonne trom- pe. Il est très soigneux de son chenil et de ses chiens qui sont toujours parfaite- ment tenus Morale de l'histoire : les éclats à la chasse, ne sont que des incidents de parcours qui ne doivent, en aucun cas, avoir des retombées, si ce n'est pour souder une amitié, car dans bien des cas, ils sont dus à la même passion ; la fin justifiant des moyens qui ne sont pas nécessairement les mêmes, mais malheureusement parfois à l'origine de heurts entre personnalités marquées. Au cours de cette saison 1906/ 1907, l'équipage fit cinquante-cinq sorties entre le 4 septembre et le 18 mars, prit vingt-sept lièvres avec trente chiens en état de chasser dont une douzaine de Harriers Blancs du Somersetshire. — Saison 1907/1908 : Un piqueux à cheval, Ernest Colladant, dit La Bran- che, et deux valets de chien à cheval, Claude Martinet et La Jeunesse, neveu d'Ernest Colladant. Six chevaux et quarante-trois chiens à découpler. Mon Grand-Père avait aug- rnenté le nombre de chiens, en en achetant 3 chiens et 3 chiennes bâtardes Le Comte Christian de Maigret en 1905. Saintongeois à Monsieur de Céris-Mon- temboeuf. Ceci devait se révéler un essai malheureux qu'il arrêta rapide- ment à ce résultat moins encourageant être houleuse ; le compte-rendu du ment. Il se procura également quatre que celui de la précédente saison. jour note que La Branche a chassé un chiennes et trois chiens fox-hounds et — Saison 1906/1907 : Un piqueux change, sonné l'hallali courant sans quelques griffons. monté, Labranche, Ernest Colladant, le prendre, et cela à dix kilomètres de la Au cours de cette saison, les chiens fu- Père d'Hubert, qu'il est inutile de pré- « vraie » chasse que suivait mon Grand- rent divisés en deux lots. Le premier fut senter plus amplement après tant d'an- Père. maintenu dans la voie du lièvre dans nées passées auprès de Monsieur de Les nuages annonçaient l'orage qui dut laquelle une vingtaine de chiens étaient Rouille. Ernest Colladant est resté à éclater au retour, car La Branche est généralement découplés, prenant trente- Saint-Romain de 1906 au 17 février revenu avec une trompe « tellement huit lièvres en cinquante-six sorties entre 1913, comme premier piqueux. Mon chiffonnée » qu'il sera difficile de la re- le 1»' septembre 1907 et le 12 janvier Grand-Père et Ernest Colladant se quit- mettre en état ». 1908, date de fermeture du lièvre cette tèrent à la suite d'une fâcheuse algarade, Les deux hommes se quittèrent le len- année-là. comme il s'en produit parfois à la chas- demain de cette chasse. C'est certaine- Le second lot, formé pour les besoins se, mais qui heureusement restent la ment regrettable, car ils partagaient de la louveterie, ne devait plus chasser plupart du temps sans conséquences... une passion commune et ne se gardaient le lièvre sur lequel les chiens étaient tou- Mais le 16 février était un mauvais jour certainement aucune rancune. jours arrêtés dès que cela était possible. pour les deux veneurs. Il est noté sur le cahier « quelques nuages au ciel, ciel brouillé que le soleil perce néanmoins. Vent Est-Nord-Est assez fort et assez froid ». Ce temps était peut-être peu encoura- geant pour mon Grand-Père dont la qualité principale n'était certainement pas l'exactitude, c'est le moins que l'on puisse dire... !!! Le rendez-vous, ce jour-là, était à Saint- Romain, le chenil est à cent mètres de la maison. Mon Grand-Père, pas plus ponctuel qu'à l'habitude, — il faut avouer qu'il était d'un retard légendai- re — entendit soudain le « départ pour la chasse ». Entrebaillant une fenêtre, il reconnaît la trompe de La Branche. Son sang ne fait évidemment qu'un tour ; il prend sa trompe et répond à Labranche par « la rentrée au che- nil ». Le « nouveau » départ pour la chasse fut sonné un peu plus tard, mais effecti- vement il y avait des nuages qui de- vaient être bien bas... La chasse dut La meute de l'Équipage de Saint-Romain en 1906, comprenant 12 Harriers du Sommerset.

Vénerie n° 76 29 L Équipage de Saint-Romain en 1908. De gauche à droite : La Branche (Ernest Colladant), La Jeunesse, le Comte de Maigret, Martial Froidefond.

Il comprenait une proportion importante une quarantaine de cochons en Loir-et- — Saison 1911/1912 : Cinquante-trois de jeunes chiens qu'il était nécessaire de Cher. Il était composé de fox-hounds chiens au chenil — Deux piqueux à laisser chasser. On ne chercha donc pas et de quelques métis de loup. Je détiens cheval dont Ernest Colladant. Deux va- à créancer ce lot d'environ quinze toute une correspondance sur cartes lets de chiens dont un monté occasion- chiens, au cours de cette saison. Devant postales de vénerie (évidemment) entre nellement. le manque de sangliers, les chevreuils mon Grand-Père et La Rosée, premier L'équipage chasse de moins en moins le firent l'appoint jusqu'au 31 mars, date piqueux du Vautrait de Mesnes, ainsi lièvre et n'en prend que dix-huit, mais de fermeture de cet animal, la chasse au qu'entre ce dernier et Ernest Colladant, chasse de plus en plus renards et san- renard et au sanglier restant ouverte jus- ,dit La Branche, premier piqueux à gliers (Louveterie) en les faisant tirer. qu'au 30 avril. Saint-Romain. — Saison 1912/1913 : Deux piqueux Ce lot sortit trente-cinq fois et il chassa La Rosée y propos cinq jeunes chiens, à cheval ; deux valets de chiens dont un — quatre lièvres, contre tout désir, et pour deux cent cinquante francs. Mon occasionnellement à cheval, huit che- en prit trois dont les deux premiers Grand-Père en acheta cinq et La Rosée vaux et cinquante-six chiens. attaqués (sixième et septième sorties). factura muselières, colliers et chaînes Ce sera le 6 mars que chassera pour la — six sangliers et en prit un (le cin- pour quatre francs, en donnant quel- première fois à l'équipage, Clément quième attaqué, à la vingt-troisième sor- ques précisions sur les chiens (carte du Fuscy dit La Rosée, qui mourra la mê- tie, en deux heures cinq). 16 octobre 1908) : me année que mon Grand-Père, en — onze chevreuils, sans en prendre « Vengeur : vaut l'argent à lui seul..., 1950, et toujours à sa place de premier — huit renards, sans en prendre, mais sans marque. piqueux à Saint-Romain, tandis que plusieurs terrés. Tartare : une marque à l'oreille gauche. son épouse, Céline, veillait à la grille Il fit Une fois attaqué, celui s'en va et il d'entrée. — six buissons creux (en majorité après maintient bien sa voie. C'est un fils de La Rosée venait du Rallye Sudais en le 30 mars, après la fermeture du che- loup au deuxième croisement. Loir-et-Cher, à Monsieur Froger des vreuil). Prophète : deux marques oreille gauche. Chesnes et au Prince A. de Broglie. Cet — trente-cinq sorties. Pas très vite, ne fera pas change. équipage chassait le cerf et le chevreuil. Il est bien précisé que tous les chiens Cottadja : trois marques oreille gauche, La Rosée resta donc trente-huit ans qui avaient déjà chassé étaient très diffi- même genre que Vengeur. comme premier piqueux à Saint-Romain ciles à arrêter sur les lièvres qui posèrent Ce sont tous des jeunes chiens et pro- (1913 à 1950). Il est resté légendaire de nombreux problèmes d'attaques, la pres ». dans la région où il a usé quelques difficulté étant de les éviter. Le 11 janvier 1909 : La Rosée avait ferrures 1 Il était connu de tous pour son — Saison 1908/1909 : Nous avons les bien reçu les colliers et muselières qui humour, son empressement à accepter mêmes hommes montés, cinq chevaux, revenaient de Saint-Romain et en accu- le petit coup de blanc, ce qui n'a jamais cinquante-et-un chiens. sait réception. altéré son goût du travail soigné (chenil, Quarante-et-un lièvres sont pris en soi- Le 24 février 1910 : Il renvoyait une chiens et chevaux étaient toujours xante-six sorties. série de cartes à mon Grand-Père, lui impeccables), ni sa parfaite correction. — Saison 1909/1910 : Vingt-huit lièvres proposant des chiens et ajoutant : Sur le tard, il ne pouvait plus sonner, et pris ; soixante-quatre sorties ; deux « Nous chassons actuellement en forêt s'en excusait : « J'ai pu qu'une dent... hommes à cheval et quarante-deux de Châteauroux, cinq mille hectares, qu'est pu en face des autres »... Se sen- chiens au chenil. bien percée, très agréable par tout autre tant partir, il remit à Céline, son épouse, — Saison 1910/1911 : Vingt-cinq liè- temps qu'il ne fait actuellement. Les al- à mon intention, son aiguille et son re- vres pris en soixante-sept sorties ; deux lées, les futaies deviennent impossibles cueil de fanfares. J'avais alors douze hommes à cheval et quarante chiens au aux chevaux. Nous sommes à notre ans ; il avait décelé en moi un amour chenil. vingt-neuvième prise de la saison, le prononcé des chiens, et je pense que ce L'équipage acquiert au engins quatre temps nous a été assez favorable; aussi cadeau est celui qui me fit le plus plai- chiens du Vautrait de Mesnes à Mon- j'espère bien approcher la quarantième sir. L'aiguille courbe -r e me quitte pas sieur Ch. Barton et au Comte de la pour notre fin de saison ». et continue à arpenter les mêmes che- Roche Aymon. Cet équipage prenait Signé : La Rosée, au Painconnat (Indre). mins me rappelant un homme et une

30 Vénerie n° 76 femme dont l'attachement à la famille s'est révélé sûr et sans faille au cours ~lF,l74 /,/.3 . des vicissitudes dé cette période. r La grande Guerre éclata ; les chiens restèrent à Saint-Romain, mais la véne- rie y cessa ; les chiens ne furent plus utilisés que pour faire des battues à l'amiable ou de louveterie. Par la suite, l'équipage ne chassa plus régulièrement à courre, mais de loin en loin seulement, entre les chasses où l'on « raccourcis- sait » l'animal au fusil, tout en chassant à cheval. Ceci dura jusqu'en 1950, mais n'ayant des récits très précis que jusqu'à la fin de la saison 1925/1926, je m'arrêterai là, n'ayant pas le temps de classer 1926 à 1950... Quel passe-temps de choix pour mon troisième âge, sachant que l'ensemble représente vingt-cinq saisons de soixante-dix sorties chacune, à la- quelle correspond à chaque fois une feuille manuscrite ! Le tout est enfoui dans « le placard de chasse » de mon Grand-Père, où l'odeur de cuir se con- fond avec celle des armes ou des cui- vres. L'ensemble, pour le moins patiné, contraste curieusement avec « le placard religieux » de ma Grand-Mère où l'odeur — Cent vingt-trois sangliers du canal, lorsque la porte à glissière fer- des reliures des livres pieux, presque — Trois cent quarante-quatre renards rnant la cage intérieure s'ouvrit. Le lion centenaires, mais neufs, et l'éclat de leur — Trois cent quatre-vingt-onze lièvres. Romulus qui l'habitait avec trois lion- tranche dorée rutilante, paraît provo- Soit un total de neuf cent trente-trois nes, d'un bond sauta sur un mulet de quer le placard d'en face... Dans toutes animaux, chiffre que je pense supérieur l'équipage, l'égorgea et se mit à le dévo- ces biographies de Saints, il ne semble à celui des livres du placard d'en face. rer pendant que les trois lionnes s'en- pas que celle de Saint Hubert soit en Vive Saint Hubert !... fuyaient dans la campagne ». odeur de sainteté ! Mon Grand-Père, Et quelle avance va-t-il avoir s'il m'arrive La nouvelle se répandit aussitôt et de aussi bon père de famille que bon de pouvoir extraire le souvenir des sai- nombreux chasseurs armés se rendirent époux, soucieux de ne pas décevoir sons 1926 à 1950 ! sur les lieux de l'accident. Saint Hubert, et d'éviter toute rivalité Je m'écarterai un peu du sujet en rap- Le premier arrivé, M. Vautrin, percep- avec ma Grand-Mère, réussit tout de pelant un safari auquel l'équipage de teur, monté sur le tracteur du convoi se même en vingt-cinq ans, à meubler e le Saint-Romain ne put participer, mon mit à la poursuite des fauves. placard de chasse » du souvenir de Grand-Père, Lieutenant de Louveterie Les deux premiers n'étaient pas loin ; il — Une loutre ayant été pris de court par la rapidité les abattit presque à bout portant. Le — Un chat sauvage d'un percepteur : troisième fuyant devant le tracteur se ré- — Une fouine « Vendredi ler août 1924, dans la ma- fugia dans une haie, M. Vautrin l'en dé- — Deux putois tinée, la ménagerie Lambert quittait pai- logea et l'abattit encore, ayant ainsi tué — Quatre martres siblement Paray à destination de Mont ses trois lions en l'espace d'une demi- — Trente chevreuils ceau-les-Mines. Elle venait d'arriver à heure. — Trente-six blaireaux hauteur de , suivant la levée Restait le lion Romulus, le plus féroce, qui s'était réfugié dans des roseaux. Traqué par une ligne de fusils, il tenta de traverser à la nage la rivière La Bourbince, mais il coula à pic percé d'une vingtaine de balles ». La Saône-et-Loire reçut maintes fois la visite d'autres équipages, entre les deux guerres. Le Rallye Bourbonnais, célèbre vautrait, vint régulièrement découpler dans les massifs de Clessy et de La Motte. Son chenil était dans l'Allier ; le dernier fut aux Bordes, chez mon Beau-Père, Monsieur Armand de Montlivault, qui en fut le dernier maître. Le Rallye Mondragon venait régulière- ment découpler, avant la guerre de 1914. Cet équipage fondé en 1901 par les officiers du 8e Régiment de Chas- seurs, en garnison à Auxonne, pour chasser le renard, fut décimé par la rage en 1903. En 1907, il fut reconsti- tué et transformé en équipage de che- vreuil, puis en vautrait après 1910. Son territoire comprenait la forêt de La Ferté, près de Chalon-sur-Saône chez le Baron Thenard et le Comte de Fleurieu. Certains membres de l'équipage, for- M. Armand de Montlivault. mèrent en 1928 le « Rallye La Ferté »,

Vénerie n ° 76 31 dont le maître d'équipage était le Comte Hervé d'Arrnaillé ; il chassait encore en forêt de La Ferté en 1931. Ses trente Anglo-Saintongeois y chassaient le che- vreuil. La guerre survint et les trompes• se tu- rent en Saône-et-Loire ; les chenils se vidèrent, sans exception. Entre 1950 et 1960 la vénerie y était morte, mais le Curé de Chapaize avait dû bien prêcher, sa parole avait dû être bien entendue, car peu à peu elle « res- suscita ». Dès 1962, . le Rallye Chapeau y reve- nait régulièrement, et depuis cette date y chassa le sanglier chaque année, sans interruption. Henri de Monspey était à sa tête. Il aimait particulièrement revenir chasser près de ses origines maternelles auxquelles il était très attaché. Chaque passage à Clessy, derrière un sanglier, le comblait de joie et c'est en forêt de La Motte qu'il chassa pour l'avant-der- nière fois, à trois kilomètres de-là, avant de nous quitter, pour l'Au-delà. Je pro- fite de cet instant pour lui dire un re- merciement personnel ainsi qu'au nom Le Comte Henri de Monspey, maître d'équipage du Rallye Chapeau. de tous ceux auxquels il a fait partager les joies de la vénerie en Saône-et-Loire. lui serait néfaste et que le lièvre exploi- Ayant chassé avec lui pendant près de accompagnés de nombreux sympathi- terait à son avantage. vingt ans, comme bouton du Rallye sants. Chapeau, dans l'amitié la plus profonde, Pendant ce temps-là, la vénerie repre- — L'équipage « Les Trois Communes » je sais, par les témoignages reçus, corn- nait ses positions dans notre départe- est dans la voie des mêmes animaux, bien il est regretté ici. ; C'est la raison ment, différents équipages se remontant ruais chasse dans l'Ouest du départe- pour laquelle je me permets de me faire les uns après les autres ; ment, sur les bords de la Loire, sous les le porte-parole de tous auprès de Mo- Le premier à prendre cette initiative fut directives de ses maîtres, Messieurs nique, son épouse, et de leur jeune Monsieur Antoine Bouchard qui monta Pierre Cochet et Maurice Houssin. fils Tobby, passionnés de vénerie, eux le Rallye « La Feuillade » en 1964, par- Leurs fox à poil dur sont bien connus aussi. rainé par Monsieur Michel Beauchamp. dans la région de Bourbon-Lancy, et Le chenil est à Rigny-sur-Arroux, et sont fidèles à leur devise qui est celle Le Rallye Les Amognes, derrière Mon- l'équipage peut découpler dans la voie de l'Equipage : « Tiens bon ». sieur Bernard Pignot, son maître, venait du lièvre. L'équipage comprend vingt- — Le Rallye « Marnand » et ses Beagles- aussi réveiller notre région. Il cornrnen- huit Ariégeois, très homogènes, rnagni- Harrieres, et petits Anglo-Français, sous ça par quelques apparitions en forêt fiquernent gorgés. Son territoire est le le fouet d'Etienne Richard, chasse le liè- d'Avaize, puis, avec l'aide de Gilles La- Massif de La Motte où il invite régulière- vre dans la région de et en forêt virotte, un bouton fervent, revint très ment le Rallye Chapeau. domaniale de Planoise, près d'. régulièrement chasser le chevreuil dans L'équipage souffre des difficultés d'atta- La vénerie, qu'elle soit grande, petite le massif de , à Toulon-sur- que, le lièvre étant rare sur son territoi- ou sous terre, et sa cousine proche, la Arroux. Les chasses y étaient très belles re. chasse à tir aux chiens courants, ont dans cette région sauvage, escarpée et — Le Rallye « Val d'Arroux » chasse le leurs adeptes, mais ici, tous cohabitent, gaie. La région revivait et certains ma- chevreuil en forêt de La Motte ; son se retrouvant avec plaisir, et il suffit de tins, les vans se croisaient sur les rou- maître est Hervé de Boisset. La quaran- voir un rendez-vous de chasse pour s'en tes : petit bonjours sans s'arrêter !... Les taine de français blancs et noirs provient persuader. Moins spectaculaire, mais uns allaient voir chasser le Rallye Les principalement du Rallye Araize et de plus « parlant », est le nombre de per- Arnognes, les autres le Rallye Chapeau, l'équipage du Prince de Mérode. Il sonnes qui font le bois pour le Rallye mais tous souhaitaient pouvoir aller re- chasse aussi sur invitation dans l'Allier Chapeau lorsque l'équipage se déplace joindre l'un ou l'autre en fin de jour- ou dans la Nièvre. ici. née... Au cas où il y aurait encore une — L'Equipage de « Saint-Romain », situé petite minute de chasse à grapiller après C'est donc dans ce grand amour de la dans le chenil qui était celui de mon un hallali sonné de bonne heure... !!! chasse et de la vénerie que se sont re- Grand-Père, dont j'ai repris la tenue : Notre Charollais reçut plusieurs fois les trouvés le 31 juillet 1983 de nombreux gris bleu, col, parements et retroussis visites de quelques grands voyageurs : passionnés de chiens courants et de bleu gris, gilet écarlate, culotte bleue. — Le Rallye Monplaisir, vautrait de la vénerie sous toutes ses formes à Marly- Aux seize grands. anglo-français n'ayant Somme que Bernard Pointier acherni- sur-Auroux, alors qu'il faisait quarante-et- aucune origine commune avec ceux nait à bon port, avec l'autorité nécessai- un degrés ! qu'il y eut autrefois ici, j'ai ajouté sept re. Si les chiens étaient bien gorgés, les Tous les équipages du département qui chiens que m'a aimablement remis Jac- veneurs l'étaient moins en fin de dépla- ont un certificat de vénerie étaient ques Bizard, et provenant de l'Equipage cernent, en Bourgogne ! présents, et, avec eux, quelques pas- de Charnpchevrier. Au cours de la sai- — Le Rallye des Grands Loups, avec sionnés de chiens courants, qui n'ont son dernière, j'ai régulièrement décou- Olivier de la Bouillerie, fit une percée pas besoin de certificat pour les aimer. plé : jusgUé chez nous, avec ses succès habi- A cette réunion étaient présents, en plus — sept anglo-français de quatre ans en tuels sur le lièvre. du Rallye La Feuillade : début de saison, que j'ai réussi à créan- — Le Rallye sans le Sou d'Emmanuel — L'Equipage « Le Deter-Rage » qui cer avec beaucoup de difficultés, n'ayant Frachon est un habitué de notre dé- avec ses teckels à poil dur, prend sous pas de vieux chiens pour m'aider à les partement ; les barbelés du Brionnais, terre renards et blaireaux dans la ré- former ; de l'Autunois, du Charollais, régions gion Charollaise, sous les directives de — cinq anglo-français de deux ans qui se d'élevage par excellence, le contrai- Monsieur Guy Fenéon, Monsieur Joël sont bien assagis en cours de saison, gnent à ne pas prendre une obésité qui Larnboeuf et Monsieur Jean Bonnot, créancés maintenant pour la plupart ;

32 Vénerie n ° 76 — trois Poitevins provenant de Champ- pourtour soit en résineux non dégagés Après le passage de la rage qui nous chevrier, qui ont tout à apprendre du avec ronces et épines noires de cinq à guette, que seront devenus les renards ? renard. dix ans, que l'enceinte fasse de quaran- Il nous restera peut-être les fouines ou Au cours de la prochaine saison, je te à cent hectares, tout est complet, il les martres... ces renards du pauvre ! pourrai ajouter huit jeunes chiens de ne manque que le coup de neige ou de L'essentiel est de toujours entendre les mon élevage et une chienne de Champ- pluie ! chiens et de pouvoir continuer à décou- chevriers ce qui devrait porter l'ensem- Si, par le biais de « Vénerie », quel- pler de temps à autre avec Didier Beau- ble à un effectif de vingt-quatre chiens, qu'un pouvait me donner des conseils champ qui affronte des déceptions sauf avarie. efficaces pour intervenir de façon vala- identiques, avec une patience et un cal- Il m'est maintenant possible de faire to- ble devant cette difficulté, je lui en serais me très admirables ! tale confiance à une dizaine de chiens et fort reconnaissant. Pour les besoins de la louveterie, cer- je ne perds pas l'espoir d'en avoir trois tains chiens sont mis dans la voie du ou quatre de plus sur lesquels tabler en Autre difficulté du même type : le sanglier, s'ajoutant à un lot d'une dou- cours de saison. Mes jeunes chiens se- terré dans des rochers ou éboulis de zaine de fox à poil dur qui coiffent bon ront encadrés, je pense, et je vis donc pierres, très nombreux dans certains an mal an une dizaine de sangliers, tous d'espoir... tout en me désolant de voir endroits, où il ne peut être question de servis à la dague. la plupart des renards terminer au trou, mettre des fox sans risquer de les perdre. A cette présentation de Marly-sur- parfois très vite après l'attaque, parfois Je me souviens avec nostalgie des beaux Arroux, se trouvaient aussi : après avoir été relancés. A la lecture des parcours en Sologne Bourbonnaise, — Le Groupe des Sonneurs de Mont- cahiers de mon Grand-Père, je constate avec mon Beau-Père, 'orù nous n'avions cenis, avec la tenue bleue à parements qu'il existait déjà à l'époque le même plus de soucis après avoir bouché lés amarante des Schneider. inconvénient, maintenant augmenté par trois ou quatre terriers de service, avant — Monsieur Crochet, lieutenant de les « andains » de défrichage pour en- la chasse. Les terrés étaient très rares, Louveterie à Boyer, près de , et résinement. et, des trous ou acqueducs de secours, son très joli lot de Beagles, fruit de Nous avons dans la région de. grandes il n'y avait en général pas de problème trente ans d'élevage et de sélection, surfaces qui ont été défrichées au bull- pour sortir notre animal qui faisait ainsi chassant dans le Val-de-Saône. dozer, taillis, petites grumes, souches une chasse plus régulière. — Messieurs Jean Vache et Alain Du- et terre étant entassés en « cordons » Tout ceci a cependant l'avantage de doux, avec leurs Poitevins et anglo- ou andains de cinq à six mètres de large pouvoir faire méditer. Une fois les côtes français. et deux à quatre mètres de haut, sur bien coincées dans les rochers ou les Et ceux qui étaient là sans chien, qui parfois mille mètres de long. Les renards troncs, les bottes de vénerie ayant bien auraient pu en présenter et qui aiment exploitent ces amas en s'y coulant par- rempli leur office d'entonnoir et soigneu- la chasse autant que nous. fois cent mètres ou plus, avant d'en sement remplies de terre, vous pouvez : Cette petite réjouissance communale de ressortir, ce qui est un plaisir pour nous... — soit tempêter, en attendant le premier Marly-sur-Arroux prouve que la chasse ou avant d'y rester, ce qui est plus déli- venu qui sera évidernrnent responsable aux chiens courants vit bien en Saône- cat. Généralement, si ces andains ne de tous les maux, et incapable d'appro- et-Loire, que cela dure.., avec la béné- sont pas trop vieux, le bois n'y est pas visionner en fox ou outils assez rapide- diction de « pauvre défunt Monsieur le pourri, et il est impossible de les délo- ment... Curé de Chapaize »! ger, même à grand renfort de fox, tron- — soit repenser à vingt ans écoulés çonneuses, barres à mines, pétards ou dans un vautrait, le Rallye Chapeau où Yves de Maigret autres inventions. Pour peu que le les abois valaient bien.., le terré !

L Équipage de Saint-Romain en 1984. (Photo: Baron Guy de Vil outreys)

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