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Henri Nicolaï Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008

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Référence électronique Henri Nicolaï, « Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 », Belgeo [En ligne], 3-4 | 2009, mis en ligne le 12 mars 2013, consulté le 21 mars 2013. URL : http://belgeo.revues.org/7306

Éditeur : Société Royale Belge de Géographie / Belgische Vereniging voor Aardrijksundige Studies http://belgeo.revues.org http://www.revues.org

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Henri Nicolaï Université Libre de Bruxelles

RÉSUMÉ Cette chronique, la vingt et unième d’une série qui a commencé avec l’année 1949, couvre la période 1993-2008 et a pour objectif de faire le point sur les progrès réalisés sur la connaissance du Congo (République démocratique du Congo), du Rwanda et du Burundi, dans le domaine de la géographie mais aussi dans les domaines des sciences naturelles et des sciences humaines qui peuvent fournir des données utiles ou indis- pensables aux géographes. Chaque référence bibliographique, livre ou article, est accompagnée d’un bref commentaire qui en retient les éléments principaux et surtout les faits ou les idées qui intéressent particulièrement les géographes. L’article compor- te onze chapitres dont les plus importants concernent le milieu naturel, la géographie de la santé, la démographie, l’histoire (y compris l’histoire récente), la vie sociale et éco- nomique des campagnes traditionnelles et modernes, le secteur informel, les aspects de la vie urbaine. Les événements dramatiques qui se sont produits dans ces territoires africains au cours des quinze dernières années ont rendu la recherche sur le terrain par- ticulièrement difficile tant pour les chercheurs nationaux que pour les chercheurs étran- gers, ce qui se traduit notamment par une part de plus en plus importante des recherches menées en milieu urbain.

MOTS-CLÉS: Congo, Zaïre, Rwanda, Burundi, bibliographie commentée

ABSTRACT This paper, the 21st issue of an edition of books and paper reviews on the knowledge of three countries of former Belgian Africa (DR Congo, Rwanda, and Burundi), covers the period 1993-2008. A short text for each reference points out the facts or ideas that are useful for geographers. The paper is composed of eleven sections. The most important are coping with the natural environment, health geography, population geography, his- tory (including recent events), social and economic life in traditional and modern rural areas, informal economy, and urban geography. During the last sixteen years, condi- tions for field researches have become particularly difficult because of the warfare in the eastern part of the region and because of the economic collapse.

KEY WORDS: Congo, Zaire, Rwanda, Burundi, commented bibliography

BELGEO • 2009 • 3-4 247 INTRODUCTION

es derniers Progrès de la connaissan- nières années n’ont guère été propices Lce géographique du Congo, du aux études de terrain étant donné les évé- Rwanda et du Burundi s’arrêtent à l’année nements tragiques qui se sont produits 1992 (Nicolaï H., 1993). Nous avons com- depuis le début des années 1990. Ceux- pilé, dans un volume publié en 1996 ci ont gêné ou empêché la poursuite de (Nicolaï H., Gourou P., Mashini Dhi Mbita recherches ailleurs que dans les villes Mulenghe), les références concernant le tant pour les chercheurs autochtones que Congo contenues dans les vingt articles pour les chercheurs étrangers. Un ouvra- publiés depuis l’année 1949. Depuis lors, ge consacré à la méthodologie des si nous avons continué à nous occuper recherches qui ont été menées au Congo des rubriques Congo/Zaïre, Burundi et depuis 1990 (c’est-à-dire depuis le début Rwanda dans la Bibliographie Géogra- de la «transition politique»), l’explique phique Internationale, pour des matières aussi par le fait que la population urbaine relevant explicitement de la géographie, est devenue de plus en plus importante et nous n’avons plus fait le point général des que les bailleurs de fonds ont privilégié connaissances. Il nous a semblé utile de l’étude des problèmes aigus que connais- le faire maintenant. sent les grandes villes, accentuant ainsi Nous rappelons au lecteur que notre la perception négative du milieu rural en démarche n’est pas d’établir un dépouille- matière de développement (Trefon Th. et ment exhaustif mais de présenter l’état Petit P., 2006, pp. 19-31). d’avancement de la recherche géogra- D’autre part, au sein du monde congolais phique dans ces pays en informant en de la recherche et au sein de l’Université même temps les géographes des progrès en particulier, les conditions matérielles réalisés dans des domaines qui peuvent ont été moins favorables encore que pen- leur fournir des données utiles ou indis- dant les périodes précédentes. Le pensables à leurs propres travaux et à nombre des jeunes géographes ne s’est leurs réflexions. Des domaines entiers pas réduit mais les moyens dont ils ont pu n’ont donc pas été explorés comme celui disposer ont été loin de croître. La vie des de la linguistique où la recherche est universités est difficile. Le cursus acadé- importante mais dont nous ne retiendrons mique de l’étudiant est un parcours semé éventuellement que ce qui est susceptible d’embûches et très long. De 1990 à 2001, d’éclairer des questions historiques ou il y a eu, à l’Université de Kinshasa, cinq d’identité ethnique. années «blanches», comme on les appel- Le lecteur aura donc toujours à l’esprit le là-bas, c’est-à-dire des années qui que notre bibliographie est lacunaire, n’ont pas pu être clôturées par un exa- qu’elle ne comporte que les ouvrages men, donc qui ont été perdues pour l’étu- dont nous avons eu connaissance et que, diant. Il y a eu aussi des années «plas- parmi ceux-ci, nous avons procédé à un tiques» c’est-à-dire s’étendant sur 15 choix qui n’est pas nécessairement fondé mois. Par conséquent, un étudiant qui a sur la qualité intrinsèque de l’ouvrage ou commencé ses études à l’âge de 20 ans de l’article mais sur l’intérêt qu’il peut pré- et qui n’a redoublé aucune année ni senter pour un géographe. changé de programme d’études est Certaines rubriques paraîtront plus four- devenu licencié à 31 ans, alors que le nies que dans les chroniques précé- cursus ne compte normalement que cinq dentes, d’autres au contraire beaucoup années d’études (Ngub’usim Mpeg Nka plus pauvres. C’est que les quinze der- R., 2002).

248 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 En ce qui concerne les géographes afri- aujourd’hui un désintérêt apparent pour cains en particulier, pas plus aujourd’hui les recherches menées par les Belges en qu’il y a quinze ans, ils ne disposent d’ins- Afrique centrale. Il s’exprime parfois de truments suffisants pour faire connaître façon curieuse. C’est par exemple le leurs travaux. L’absence de revues faible pourcentage des recherches et des propres ayant une diffusion suffisante ou publications consacrées à l’Afrique cen- internationale et surtout régulière, y est trale dans les rapports annuels du pour beaucoup. Certains supports ont Département de Géologie et de même disparu comme le Bulletin du Minéralogie du Musée royal de l’Afrique CERUKI, dans le Kivu, qui avait été parti- Centrale qui pourtant, par définition ou culièrement actif dans les années 80. Ou par tradition, devrait s’en occuper priori- bien ce sympathique Bulletin géogra- tairement. Dans le rapport des années phique de Kinshasa-Géokin mis en 1999-2000, sur les trente-deux publica- oeuvre par quelques Congolais basés en tions du département, une seule se réfère Belgique. Les publications facultaires spécifiquement, dans son titre, à l’Afrique éprouvent les plus grandes difficultés à centrale. Sur les 31 notes indiquées subsister. Pour la diffusion des informa- comme en cours d’édition, 7 seulement, tions, le recours à l’Internet est encore soit moins d’un quart, et 14 sur les 86 balbutiant. communications présentées à des col- Les articles publiés dans des revues loques. Des trois notes originales figurant européennes ou américaines sont dus le dans le même rapport, une seule concer- plus souvent à des chercheurs qui ont fré- ne cette partie de l’Afrique (elle discute quenté des universités occidentales pour les caractéristiques morphologiques d’un obtenir un certificat, une maîtrise ou un poisson téléostéen du Jurassique doctorat et y séjournent parfois encore. Ils moyen), une autre est marginale ne donnent donc qu’une idée très partielle (Tanzanie occidentale), la troisième se de ce qui se fait dans l’université africaine rapporte au Ghana. Cela donne l’impres- même et des débats qui l’animent. Le sion que les chercheurs ont dû se rabattre nombre de mémoires de licence présentés sur d’autres territoires. Le cas du fossé du chaque année est considérable. Si nous lac Tanganyika est abordé mais à titre de prenons un thème géographique précis, comparaison avec celui du lac Baïkal; l’é- comme la menace et les conséquences de tude commune des deux fossés faisant l’érosion dans les différents quartiers de l’objet d’un projet international où semble- Kinshasa, nous trouvons dans la bibliogra- t-il, jusqu’à présent, le fossé asiatique a phie d’un livre récent sur les problèmes été privilégié. d’environnement (Lelo Nzuzi, 2008) au Les projets des chercheurs belges se moins douze mémoires depuis la fin des sont diversifiés géographiquement et années 1990 et davantage encore pour les couvrent aussi d’autres pays d’Afrique, problèmes liés à l’abandon des déchets d’Amérique latine et d’Asie. Par consé- solides sur la voie publique et dans les quent, le nombre des projets sur l’Afrique ravines. Mais aucun n’a été publié. Par centrale a diminué d’un point de vue rela- contre, dans le domaine des sciences his- tif mais aussi en valeur absolue. Ainsi la toriques, politiques ou sociales au sens revue GEO-ECO-TROP (Revue de large, de nombreux travaux ont été Géographie, d’Ecologie et de Géologie accueillis par des maisons d’édition tropicales), au cours de ces dernières françaises (L’Harmattan et Karthala) qui années, a publié autant sinon davantage offrent de larges possibilités aux auteurs d’articles sur l’Afrique du Nord que sur africains et qui publient aussi très souvent l’Afrique tropicale. les actes de colloques organisés généra- Nous n’avons pas cherché à combler les lement en Europe ou en Afrique auxquels lacunes de nos bibliographies précé- ceux-ci ont pu participer. dentes. Aucune référence ne sera donc L’arrêt de la coopération belge, du moins antérieure à 1993 sauf dans le cas où une sous la forme qui était la sienne avant publication était nécessaire pour com- 1990, a été un autre facteur négatif. Il y a prendre les publications qui l’ont suivie.

BELGEO • 2009 • 3-4 249 On remarquera sans doute qu’un nombre des témoignages (des victimes comme non négligeable de publications peuvent des assassins), des récits documen- apparaître comme des doublons, surtout taires, souvent de violents réquisitoires pour celles qui traitent directement ou qui ciblent des hommes, des groupes, indirectement de faits politiques. C’est des pays. Les cinéastes ont puisé des que les auteurs ont été sollicités à publier thèmes dans les guerres civiles africaines des articles sur les mêmes thèmes dans et même dans celui des épidémies des revues différentes. Ils les ont publiés virales. Ces thèmes ont succédé ainsi aux aussi dans d’autres versions linguis- anciens mythes véhiculés par le cinéma tiques. La rapidité des évolutions les a occidental sur l’Afrique tropicale et qui contraints souvent à compléter ou à révi- mettaient surtout en scène des person- ser des articles antérieurs. nages européens: Tarzan, les aventuriers Une autre remarque générale: nous chercheurs d’or ou d’ivoire, les chasseurs n’avons pu passer sous silence les évé- capturant les grands animaux sauvages nements politiques et tout particulière- (ou dans leurs derniers avatars, les scien- ment les événements sanglants du tifiques étudiant ces animaux, vivant Rwanda, du Burundi et du Kivu. Leurs parmi eux et victimes parfois des bracon- conséquences ont été énormes pour la niers). De ce foisonnement, nous essaie- géographie humaine de ces pays. Le rons de retenir surtout les publications qui génocide rwandais a ébranlé la conscien- analysent soit certains facteurs explicatifs ce du Monde. Des scientifiques mais de type géographique soit les consé- aussi des journalistes, des écrivains, des quences des événements pour la démo- hommes politiques, des moralistes, des graphie, la géographie humaine et éco- cinéastes ont décrit et cherché à expli- nomique ou l’environnement. quer la tragédie. Ce sont des reportages,

GÉNÉRALITÉS

LE DÉBAT SUR LA RECHERCHE AFRICA- les péripéties qui ont conduit à la création NISTE EN BELGIQUE de l’Institut Africain, qui s’est inscrit un moment dans les préoccupations de cer- La pertinence de recherches africanistes tains hommes politiques s’occupant de la en Belgique, surtout dans le domaine des coopération au développement (de Villers sciences humaines, nourrit depuis long- G., 1995). Cet Institut est devenu finale- temps des débats. Certains les justifient ment une section du Musée Royal de par le sentiment d’un devoir à remplir, l’Afrique Centrale sous la dénomination celui de conserver et de diffuser un patri- «Histoire du temps présent». C’est cette moine scientifique constitué pendant toute section qui poursuit la publication de la la période coloniale. Cette question doit très riche série des Cahiers africains, évidemment tenir compte des sentiments édités en collaboration avec L’Harmattan. et même des revendications légitimes de Signalons, par les milieux universitaires la partie congolaise. Elle a été rendue plus d’Anvers, la publication d’un Annuaire de complexe encore par les tensions qui se la Région des Grands Lacs. La revue sont manifestées dans les relations entre Zaïre-Afrique a repris son ancienne déno- les Etats. Un très gros volume des Cahiers mination (Congo-Afrique). La revue de Africains lui a été consacré au moment où l’université de Gand Afrika Focus qui rem- ces tensions atteignaient un de leurs place, depuis 1985, l’AVRUG-Bulletin, est points culminants (de Villers G., 1994). On copubliée par la GAP (Gents Afrika y trouvera notamment des réflexions sur Platform) et Afrika Brug. Elle peut être les ressources scientifiques, culturelles et consultée maintenant en version électro- humaines de l’africanisme en Belgique nique. On signalera l’existence, depuis dans les communications de J.-L. Vellut et 1997, d’une nouvelle revue, Congo- de Ndaywel è Nziem. G. de Villers a décrit Meuse, du Centre d’Etude des Littératures

250 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Belge et Congolaise de Langue tifique du Musée et de scientifiques Française (CELIBECO), qui a publié les congolais, il traite aussi quelques points actes de colloques traitant de questions particuliers comme par exemple les solu- culturelles, certains organisés à tions à envisager pour lutter contre le bra- Kinshasa. connage dans les Parcs nationaux (Nature et Culture en R.D.C., 2004). LES OUVRAGES GÉNÉRAUX ET ENCY- Des aspects physiques et humains des CLOPÉDIQUES trois pays qui nous concernent trouvent leur place dans un ouvrage qui reprend On trouvera dans la deuxième partie de les actes d’un colloque sur le Grand Rift l’Histoire des sciences en Belgique 1815- Africain, organisé à Bruxelles en sep- 2000 dirigée par R.Halleux et al., un bref tembre 2005 (De Dapper M. & de Lame aperçu historique des recherches D., 2006). menées par les Belges outre-mer dans les domaines des sciences sociales LA CONNAISSANCE CARTOGRA- (Poncelet M., 2001), de la géographie PHIQUE DU PAYS (Nicolaï H., 2001), des sciences de la Terre (Delhal J., 2001) et de la botanique Un bref historique de la représentation et de la zoologie (Symoens J.-J., 2001). cartographique du Congo de 1885 à Signalons, dans une collection, qui a 1960, comporte une dizaine d’exemples l’ambition de couvrir tous les pays du de cartes topographiques et de cartes monde, une bibliographie du Zaïre. Elle thématiques (Nicolaï H., 2005). Voici un compte 829 références, avec trois ou article sur l’historique du réseau triangulé. quatre lignes de résumé, regroupées en Les premiers travaux de triangulation ont une grosse trentaine de rubriques. Elle a été effectués pour la délimitation des fron- été préparée à la Northwestern University tières (1897-1924). Des canevas régio- Library (Evanston, Illinois) à partir des col- naux furent établis de 1921 à 1942, par lections de la Bibliothèque d’Etudes afri- exemple à Kilo-Moto. Ils ont été prolongés caines Melville J. Herkovits. Elle est des- vers le parc de la Garamba, dans les ter- tinée à des lecteurs anglophones mais ritoires administrés sous mandat et dans elle n’a pu ignorer quelques publications la zone contiguë du Kivu (cela représente en français (et même quelques-unes en finalement une grande bande méridienne néerlandais). Le contenu est assez hété- orientale, si on y ajoute les travaux menés roclite. Bien qu’une chronique d’une page par le Comité Spécial du Katanga), enfin concerne en principe la géographie, les dans le Bas-Congo. Il y eut par la suite géographes belges en sont totalement des travaux de raccordement des diffé- absents (William D.B., Lesh R.W. et rents réseaux et des travaux d’ajustement Stamm A.L., 1995). général. Mais ils n’ont pas été terminés. A Un précieux inventaire des recherches l’occasion de ces opérations d’ajustement africaines en Belgique concerne essen- (et de raccord avec le réseau anglais), on tiellement les sciences humaines (Simons notera que l’on avait pu constater que les E., 1993). repères situés entre les lacs Tanganyika et Un livre comptant de nombreuses cartes Kivu avaient subi, en une trentaine thématiques a accompagné une exposi- d’années, un déplacement horizontal rela- tion présentée au siège de l’UNESCO à tif de l’ordre du mètre, en relation sans Paris, en septembre 2004, puis au Musée doute avec l’ouverture du fossé tectonique de Tervuren sur Nature et Culture en Rien n’a été fait dans toute la partie fores- République démocratique du Congo. Il tière du nord-ouest et de la cuvette (Meex insiste sur la biodiversité, sur la nature P., 1997). Les méthodes traditionnelles de comme source de matières premières triangulation étant devenues désuètes, en (mines anciennes et mines redécou- collaboration avec des firmes privées, vertes), d’aliments et de produits pharma- l’IGN (Belgique) a effectué en 2005 une ceutiques, sur la diversité culturelle, etc. révision de la partie australe du réseau Oeuvre de membres du personnel scien- géodésique du Congo en utilisant les

BELGEO • 2009 • 3-4 251 techniques GPS: 35 nouveaux points ont carte de l’utilisation du sol (2008), une été implantés, levés et calculés entre carte géologique de l’arc cuprifère (2007), Kinshasa et Lubumbashi et, pour la pre- de la ceinture kibarienne du N-E, (2007), mière fois, intégrés dans un système mon- des cartes géologiques à plus grande dial de référence terrestre (ITRS), avec échelle de différentes parties du Katanga, trois stations de référence à Kinshasa, etc. ainsi qu’une carte satellitaire du Kivu Tshikapa et Lubumbashi. Il a été difficile de sur CD-ROM (2002) et diverses cartes comparer les coordonnées mesurées pour satellitaires. ces nouveaux points avec celles des Exécuté en vue de l’organisation du réfé- points relevés auparavant car beaucoup rendum de 2005 et des élections législa- de repères ont été détruits et de plus on tives et présidentielles de 2006, à l’inten- ignore souvent dans quel système de pro- tion de la Commission Electorale Indé- jection, ces coordonnées avaient été cal- pendante, un Atlas de l’organisation admi- culées (Van den Herrewegen M., De nistrative de la RDC donne à des échelles Doncker F., Voet, P. and Vanden Berghe I., proches de 1/1 000 000 (dans quelques 2006). cas, le 1/50 000 ou une échelle plus gran- Le Musée Royal de l’Afrique Centrale, à de pour des circonscriptions urbaines), Tervuren, publie des cartes générales et pour chaque territoire ou ville, les limites des cartes thématiques du Congo, qui ont des groupements (subdivisions tradition- été mises à jour notamment par le recours nelles des secteurs, eux-mêmes subdivi- aux images satellitaires. On notera une sions des territoires), 5397 au total. très récente carte administrative et routiè- Certaines délimitations se fondent sur des re au 1/2 500 000 qui donne les limites recherches ou des cartes exécutées au des 26 provinces dont la nouvelle cours des décennies 1950-1960 par le Constitution prévoit bientôt le fonctionne- Cemubac. L’atlas comporte également ment ainsi que l’état actuel du réseau rou- une carte administrative générale, une tier (Africa-Tervuren, 2008), une carte carte des villes et centres en 2004, une administrative et routière (2008), une carte carte des groupes linguistiques, la liste des ressources minières (2006), une réé- des ethnies par territoire et un index géné- dition de la carte géologique (2006), une ral (de Saint Moulin L., 2005).

LE MILIEU NATUREL

LA CLIMATOLOGIE sèches à Lubumbashi, de 1921 à 1989, entreprise pour vérifier s’il existe une peti- Deux colloques internationaux ont été te saison sèche au milieu de la saison des organisés à Bruxelles, dont l’un, en 1996, pluies, montre que la persistance de l’ab- en mémoire du climatologue Franz Bultot sence de pluie n’est que 2 à 3 jours en (Demarée G., Alexandre J., De Dapper décembre, janvier et février. La probabi- M., 1998 et 2004). Il sera rendu compte lité d’avoir un jour sec de plus par temps ci-dessous des communications intéres- de sécheresse est un peu plus élevée en sant l’Afrique centrale. janvier que pendant les deux autres mois mais cela ne suffit pas pour que l’on puis- Les séries chronologiques se, à ce moment, parler d’une «petite sai- son sèche» (Assani A.A., 1993). La varia- On retrouve dans les publications clima- bilité des précipitations est mise en rela- tologiques des géographes après 1990 tion avec certains mécanismes de la cir- les tendances de la période antérieure culation atmosphérique (oscillation aus- avec un accent particulier sur le Katanga. trale) et océanique (El Niño, La Niña) Les données sont fournies par les séries (Assani A.A., 1999). Signalons aussi diachroniques d’avant 1960 dont l’analyse statistique des maxima annuels quelques-unes ont pu être prolongées. de pluie journalière à Kolwezi. En 22 ans, Ainsi l’analyse statistique des périodes on a enregistré 19 pluies atteignant ou

252 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 dépassant 60 mm. Elles se répartissent la décennie 1970, une phase excédentai- sur tous les mois de la saison des pluies re pendant la seconde moitié et une avec la moitié en octobre et février soit au période déficitaire pendant toute la début et à la fin de cette saison. La lame décennie 1980 (à Kolwezi, uniquement d’eau journalière la plus élevée qui a été pendant la première moitié de celle- ci) constatée, soit 143,6 mm, a une période (Assani A., 2001). Cette anomalie plu- de retour estimée à 50 ans (Assani A. et viométrique négative aurait été cepen- Kalombo K, 1995). Une analyse du même dant de faible intensité comme dans les type, à Lubumbashi, a utilisé les données autres régions de l’Afrique australe et, au de 73 saisons pluvieuses de 1921-22 à Congo, aurait concerné principalement la 1995-96 (Demarée G. et al., 1998). Un bordure nord du plateau du Katanga article examine, dans la même région, (Kalombo K., 1995, Kalombo K., Erpicum l’effet des pluies sur l’environnement en M. et Assani A. A., 1996).Un autre article fonction de leur intensité horaire, de leur envisage l’évolution des trente dernières position dans la saison pluvieuse et aussi années pour l’ensemble du bassin du du degré de fragilisation de cet environ- Congo (Sanga Ngoie K. et Fukuyama K., nement lié à l’activité humaine (Kalombo 1996). K., 2001). Une des dernières publications de Franz L’utilisation des données de Yangambi a Bultot cherchait à déterminer si le fourni des courbes (IDF) donnant la fré- Rwanda était menacé par une diminution quence des précipitations en fonction de continue des précipitations. Cette étude leur intensité et de leur durée (Demarée faite dans le cadre d’un projet de l’AGCD, G.R., 2004, Mohymont B. et Demarée dont l’initiateur avait été J.-P. Harroy, a G.R., 2004). analysé un ensemble de 31 séries de L’évolution récente des précipitations a totaux pluviométriques annuels et men- été étudiée dans le sud-est du Congo et suels couvrant, selon les cas, de 30 à 75 comparée avec celle des pays voisins. années d’observations. Elle conclut que Mais les résultats peuvent prêter à contro- les précipitations n’ont pas connu de verse. Ainsi pour la seconde moitié du diminution progressive depuis le début XXe siècle, l’analyse des séries pluviomé- du siècle. Il y a eu des variations triques fournies par le réseau de la cycliques pluriannuelles dont les effets Gécamines (c’est-à-dire Kolwezi, Likasi et cumulés ont pu atteindre près de 10 % du Lubumbashi) n’a pas permis de déceler, total pluviométrique moyen. Les variables contrairement à ce que certains caractéristiques de la saison sèche croyaient, un assèchement du climat (début, fin et durée) n’ont pas subi d’évo- depuis 1960. On n’a trouvé aucune corré- lution au cours du temps (Bultot F. et lation entre le volume des pluies et la Gellens D., 1994). valeur de l’indice d’oscillation australe. On remarque aussi, ce qui est fréquent La définition des saisons et les études dans les régions tropicales où les pluies régionales peuvent être très localisées, que les évo- lutions, d’une année à l’autre ou d’une Une nouvelle classification des régimes décennie à l’autre, peuvent être diffé- pluviométriques du Congo et de l’Angola rentes dans les trois stations. Ainsi, avant (à partir des données de 95 stations 1970, à Kolwezi, la décennie 1950 a été météorologiques) n’apporte aucune déficitaire et la décennie suivante, excé- modification essentielle aux classifica- dentaire, alors qu’à Likasi, les deux tions habituelles (Moliba Bankanza J.C., décennies ont été globalement excéden- 2004). Notons aussi une tentative d’iden- taires et que Lubumbashi a connu une tification des saisons et de leurs caracté- alternance d’épisodes déficitaires et d’é- ristiques «objectives» pour 6 stations pisodes excédentaires. Par contre, après représentatives chacune d’une grande 1970, les évolutions ont été semblables région. Une analyse en composantes dans les trois stations avec une phase principales traite les moyennes men- déficitaire pendant la première moitié de suelles de 9 variables (rayonnement glo-

BELGEO • 2009 • 3-4 253 bal solaire, bilan de rayonnement total, Mayumbe, et un voile de stratus à basse précipitations, humidité relative, tempéra- et moyenne altitude qui s’étend jusqu’à ture, évaporation, déficit de saturation, 380 km vers l’est, donc un peu au-delà de vitesse du vent, insolation) et veut Kinshasa. Contrairement à ce qui a sou- contourner l’absence de consensus sur la vent été dit, le courant froid de Benguela définition d’un mois sec ou d’un mois plu- ne serait pas responsable de ces vieux. Elle n’apporte cependant pas de caractères car il n’arriverait pas jusqu’à grandes différences par rapport à ce que cette latitude et qu’il est difficile d’imagi- fournit la simple lecture directe de ces ner qu’il puisse faire sentir son effet si loin variables. Elle conduit aussi à d’étranges à l’intérieur des terres. Un phénomène regroupements. L’auteur reconnaît ainsi d’upwelling (remontée d’eaux froides une quatrième saison à Kinshasa qui près de la côte) ne serait pas non plus à comprend les mois de novembre à janvier prendre en considération. L’explication se auxquels s’ajoute le mois d’avril qui en est trouverait dans l’existence d’une disconti- pourtant éloigné. L’absence de consen- nuité, pendant la saison sèche, entre une sus sur la définition du mois pluvieux strate inférieure où souffle un alizé humide risque ainsi de se transformer en une et frais à composante ouest (alizé de controverse sur la notion de saison! Sainte-Hélène) et un flux supérieur consti- (Assani A. A., 1994). tué par un alizé sec venant de l’est (alizé Malgré sa position quasi équatoriale, le des Mascareignes et alizé issu de l’anti- Rwanda connaît une période sèche de cyclone thermique d’Afrique du Sud). trois mois (juin, juillet, août) et même de Cette discontinuité ne permet pas à la quatre mois sur les plateaux orientaux, vapeur d’eau de gagner les strates supé- mais d’un mois seulement sur la crête rieures. Elle disparaît pendant la saison Congo-Nil. Une décroissance des pluies des pluies par retrait de l’alizé des d’ouest en est, surtout en octobre et en Mascareignes en dessous de 2000 m ce février, traduirait l’action d’une « mousson qui permet le développement vertical des atlantique» tandis qu’une distribution nuages sous l’effet de l’Equateur météo- homogène des pluies serait en relation rologique. Les pluies seraient alors beau- avec la présence du «front intertropical» coup plus intenses que dans d’autres (Ilunga L., Muhire I. et Mbaragijimana C., parties du Congo. Le raisonnement s’ap- 2004). Pour le Kivu oriental, l’analyse des puie principalement sur l’analyse des saisons sèches a permis de préciser la sondages aérologiques effectués à date à retenir pour les semailles (Ilunga L. Kinshasa et qui sont repris d’un article de et Mwininyinkondo K. B., 1993). Dans la M. Leroux. L’absence de sondages aéro- région de Kigali (Rwanda), une méthode logiques pour le Bas-Congo proprement de même type, qui a étudié les caracté- dit affaiblit sans doute le raisonnement. ristiques du début de la saison des pluies Les auteurs ne parlent pas non plus de la (fréquence mensuelle d’un jour humide forte amplitude thermique annuelle des sur cinq, un accroissement pluviomé- stations côtières, la plus élevée du Congo trique constant et une faible probabilité et qui est due essentiellement aux valeurs d’une séquence sèche de cinq jours), très basses de la saison sèche, ce qui aboutit à proposer le 26 septembre pourrait impliquer l’effet d’eaux froides comme date idéale des semailles (Ilunga (Assani A. A. et Kalombo K., 1997). L. et Mugiraneza A., 2006). Notons que, dans un article postérieur, les Les particularités du climat du Bas- mêmes auteurs expliquent par la présen- Congo font l’objet d’une nouvelle tentative ce de ces eaux froides, l’augmentation d’explication. On sait que, quoique située habituelles des pluies de la côte vers à 5° sud seulement, cette région a une l’intérieur sauf quand, au moment où l’an- saison sèche très marquée et très longue, ticyclone de Sainte Hélène occupe sa de durée plus grande et d’intensité plus position la plus australe, en février-mars, forte près de la côte qu’à l’intérieur, avec sous l’effet de la proximité de la mousson des brouillards au niveau du sol surtout atlantique, les pluies diminuent d’ouest en dans la région côtière, y compris le est (Kalombo K. et Assani A., 1999-2000).

254 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Les dates de début et de fin de saison auraient connu un grand nombre de des pluies dans le Bas-Congo présentent cycles de sécheresse dont le dernier une grande variété interannuelle qui a serait la sécheresse actuelle du Sahara. Il des conséquences importantes pour les est fâcheux que les auteurs s’écartent de activités agricoles. Elles ont été définies leur analyse des observations scienti- dans les régions voisines des plateaux fiques pour terminer leur article par une Téké et le plateau des Cataractes au réflexion à la Toynbee sur l’effet créateur Congo- (Samba G. et al., 1999- des épisodes arides: «Droughts rather 2000), à partir de la notion de «pluie than Pluvials in the Equatorial Belt of potentiellement utile» (20 mm de pluie Africa provided Ancient Man with the cumulés sur deux jours non suivis d’une necessary courage and force of the fittest période de sept jours sans pluie pendant to cope with this challenge in his daily vingt jours). struggle for life» (Van Overloop E. & Quelle est la connaissance empirique que Paepe R., 1998). les agriculteurs du Bas-Congo ont des Des événements climatiques ont aggravé mécanismes météorologiques? Il apparaît les effets de la crise politique au Rwanda qu’ils sont sensibles aux phénomènes qui si l’expression peut encore avoir un sens annoncent par exemple l’arrivée de la sai- devant les morts innombrables causées son des pluies. Cela se traduit dans la par celle-ci. L’insuffisance des pluies pen- façon dont ils organisent les feux de défri- dant la première partie de la saison des chement. Cette sensibilité s’exprime aussi pluies à la fin de 1993 avait réduit forte- dans les rites associés à la pluie ainsi que ment les premières récoltes de 1994 (de dans de nombreux dictons populaires et 27 % au total). Le génocide d’avril et les proverbes qui font référence, parfois avec déplacements de populations, qui ont une certaine justesse, à des événements suivi, ont empêché la deuxième récolte météorologiques. Il y a une terminologie puis les plantations dans les fonds de paysanne très poussée des différents vallée en saison sèche et enfin les planta- types de pluie (Mpasi Ziwa Mambu, 1995). tions de la première partie de la saison des pluies 94-95 (Gommes R., 1998). La paléoclimatologie et les changements Les sédiments du lac Tanganyika ont enre- de climat gistré les variations climatiques. Leur étude fait l’objet d’un grand programme Climlake La paléoclimatologie et les changements auquel participe activement le Musée royal climatiques futurs sont abordés dans plu- d’Afrique centrale (voir plus loin le para- sieurs publications. Un gros article fait la graphe Hydrologie et limnologie). synthèse de recherches menées sur ces questions, depuis 1980, dans la région LA GÉOLOGIE des Grands Lacs, plus exactement dans la branche occidentale du Rift africain et On ne s’étonnera pas que le Katanga dans l’ouest de l’Uganda. Les études continue à être le champ privilégié de la stratigraphiques des formations quater- recherche géologique. Parmi les publica- naires, les séquences de géosols et les tions qui intéresseront directement le géo- corrélations établies avec les données graphe, signalons d’abord les actes d’un isotopiques des fonds océaniques sem- colloque sur la géologie du Katanga et blent confirmer que les phases chaudes plus spécialement sur ses gisements et humides des Tropiques correspondent miniers. Ce colloque s’est tenu à Mons à aux phases chaudes humides des l’occasion du centenaire des premières régions tempérées et boréales, donc observations de Jules Cornet (Colloque avec les interglaciaires. La phase de froid international Cornet, 1997). On y trouvera maximal il y a 20 000 ans et l’épisode froid notamment une mise au point très com- du Dryas correspondent à une aridifica- mode sur la stratigraphie de l’arc cuprifè- tion du monde entier avec expansion du re qui tient compte des travaux réalisés Sahara et sécheresse dans les régions entre 1950 et 1980 par le Département tropicales. Les 10 000 dernières années Géologique de l’Union Minière puis de la

BELGEO • 2009 • 3-4 255 Gécamines. Elle propose quelques modi- de cobalt en 2006. On prévoit même fications à la terminologie. Rappelons 600 000 t de cuivre en 2010. Le Congo qu’en raison de l’absence de fossiles aurait alors dépassé le pic atteint en 1982 caractéristiques, la stratigraphie du et retrouvé son rang de deuxième produc- Katanguien, dans lequel se trouvent les teur mondial pour le cuivre et de premier gisements de cuivre, a été établie essen- producteur pour le cobalt. L’article passe tiellement sur une base lithologique et en revue les gisements (une soixantaine) sédimentologique. Le système Katan - et en donne les carac téristiques (les res- guien, bien encadré par les phases sources en cuivre, cobalt, argent et zinc, ultimes de l’orogenèse kibarienne (1 100 souvent l’historique, la production de Ma) d’une part et de l’orogenèse katan- 2006 et la société actuelle exploitante), y guienne (620 Ma) d’autre part, est subdi- compris celles de Big Hill, le grand cras- visé en trois supergroupes, soit, du plus sier de Lubumbashi où l’on récupère ancien au plus récent, le Roan, le 3 500 t de cuivre, 5 000 t de cobalt et Kundelungu inférieur (l’auteur propose de 15 000 t d’oxyde de zinc par an. La pro- ne plus utiliser le terme Kundelungu pour duction artisanale, illégale ou légale, cet ensemble mais le terme Guba) et le serait de 150 000 t de concentrés de Kundelungu supérieur, dont la base est cuivre (50 000 t de cuivre métal) et de constituée par le Petit Conglomérat. La 100 000 t de cobalt métal par an. Elle plupart des gisements se trouvent dans le serait assurée par environ 100 000 «creu- groupe des Mines qui fait partie du Roan seurs». Après un passage dans de petits (groupe R2 que l’auteur propose d’appe- fourneaux électriques locaux, les produits ler groupe de Kolwezi) (François A., sont achetés par des négociants pour 1997). On trouvera dans le même ouvra- être raffinés en partie en Zambie et de là ge des mises au point sur l’origine des évacués vers la Chine. A noter que l’ar- minéralisations et sur la récupération des ticle a été écrit avant la signature des masses considérables de minerai qui se grands accords entre les gouvernements trouvent dans les anciens rejets d’exploi- congolais et chinois. De grands espoirs tation, qui résultent des techniques uti- sont fondés sur l’utilisation de nouvelles lisées naguère pour traiter le minerai. techniques (comme la technique SX/EW) L’article d’A. François, qui vient d’être cité, qui permettraient d’assurer la transforma- signale que, sur les 45 mines exploitées tion totale du minerai dans le pays même au Katanga, 25 étaient épuisées ou inex- (Goossens P., 2007). Sur la probléma- ploitables en profondeur et que, dans les tique des ressources minières, voir aussi 20 autres, les minerais les plus rentables, l’article de Minani Bihuzo R., 2007. donc surtout les minerais peu profonds, La région du Copperbelt est une des plus avaient déjà été extraits. Une mise au riches provinces métallogéniques du point récente rappelle que, jusqu’en 2003, monde. La précipitation des métaux dans on a produit 18 millions de tonnes de les sédiments d’âge néoprotérozoïque a cuivre-métal, 500 000 t de cobalt, 3,6 mil- commencé dès le début de la sédimenta- lions de tonnes de zinc et 280 000 t de tion et a continué lors de l’enfouissement germanium. Il resterait 60 M de t de du bassin. Des minéralisations se sont cuivre, 5,1 M de t de cobalt, 100 000 t de produites aussi pendant les phases germanium ce qui placerait le Katanga en orogéniques et post-orogéniques, phases deuxième position dans le Monde pour les qui ont connu en outre des migrations de ressources en cuivre et en première posi- différents types de fluides. Il y a donc une tion pour le cobalt. Plus que jamais l’in- grande diversité de processus. Une dustrie minière devrait être la source prin- controverse porte sur leurs importances cipale de revenus de la RDC. On sait que respectives (Muchez Ph. et Dewaele St., la production de cuivre s’est effondrée 2006). Un article fait la synthèse des après 1990 pour passer à moins de caractéristiques des gisements d’uranium 50 000 t (30 000 t pour la Gécamines) en des provinces cuprifères du Katanga et 2001. La production reprend. Elle aurait de Zambie. Les roches très métamor- été de 263 000 t de cuivre et de 22 750 t phisées de la région des «dômes»

256 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 seraient la source primaire de l’uranium LA GÉOMORPHOLOGIE qui s’est reconcentré dans les terrains sédimentaires néoprotérozoïques du L’utilisation du satellite radar ERS-1 SAR système du Katanga pour être mobilisé à apparaît très utile pour les recherches nouveau pendant l’orogenèse pan-africai- géomorphologiques dans les régions de ne. Les gisements correspondent ainsi à forêts humides. Des exemples sont plusieurs groupes d’âge (notamment 625 donnés pour le Kivu (Runge J., 2001). On et 530 Ma) (Charlet Ch. et Loris H., 2005). trouvera aussi, dans une revue de vulgari- Etant donné que les gisements uranifères sation de la coopération belge au déve- émettent des gaz rares, particulièrement loppement, d’autres exemples d’utilisation du radon, la mesure de l’émission de ce d’images satellites, mais cette fois surtout gaz à la surface su sol peut constituer une dans des régions rendues peu acces- méthode de prospection si elle est asso- sibles par la guerre et portant davantage ciée à la mesure d’autres anomalies géo- sur des faits humains (Vansteenvoort L., chimiques de surface. Elle a l’avantage 2001). d’être peu coûteuse. Elle a été expéri- mentée au Katanga (Charlet J.-M. & Les processus d’érosion et l’évolution des Makabu G., 2000). versants Si le «Graben de l’Upemba», au Katanga, n’est en fait qu’une dépression morpholo- Les processus d’érosion continuent d’être gique entre les inselbergs des Monts étudiés mais de façon moins systéma- Hakansson et une grande faille au sud- tique que dans les périodes précédentes. est, le plateau du Kundelungu correspon- Depuis mai 1997, plusieurs glissements drait à un paléograben anté-Karroo qui de terrain, qui se sont produits à Bukavu aurait conservé les terrains du katanguien et dans ses environs, ont pu être liés à une (plissés ou tabulaires) (Dumont P. et activité sismique dans la partie sud du Hanon M., 1997). bassin du lac Kivu. Des mouvements sis- On a exagéré l’importance des res- miques ont été enregistrés au Centre de sources minérales des régions bordières Lwiro et perçus par la population avant le du Rift occidental, notamment au Kivu- glissement. L’ampleur de ces glissements Maniema. Certes, il y a de nombreux est favorisée par l’action de l’érosion petits gisements dans les terrains pré- régressive, qui fragilise les versants, par cambriens (or, coltan associé à l’étain et la présence d’une nappe aquifère et par au wolfram, chrome, nickel, etc.), et un l’action anthropique (déboisement et peu d’hydrocarbures dans les sédiments construction) (Munyololo Y. et al., 1999). du fond des fossés, ainsi qu’un peu de Non loin de là, la ville d’Uvira (150 000 méthane (en partie renouvelable) dans le habitants), aménagée sur des terrasses lac Kivu. Mais l’exploitation de la plupart fluviales ou lacustres au nord du lac de ces gisements n’est pas économique- Tanganyika, au pied de l’escarpement ment rentable (Tack L. et al., 2006). Il est occidental du fossé tectonique, est curieux que la présence de minerais de ravagée régulièrement par des coulées platine dans la région de Lubero, dans le de débris et par l’action érosive des Nord-Kivu n’ait suscité que peu d’intérêt rivières descendant de cet escarpement dans la communauté géologique bien surtout aux mois de mars et d’avril. Des que le type de minéralisation auro-plati- mesures sont proposées pour protéger nifère dans lequel on les a trouvés soit les quartiers habités et la voirie (Ilunga L., très rare (lié à des phénomènes hydro- 2006). thermaux sans filiation directe avec des Voici une nouvelle étude sur les cirques roches ultrabasiques comme dans la d’érosion. Elle concerne ceux qui échan- grande majorité des gisements écono- crent les versants des hauts plateaux du miques de platine). Curieux aussi que Kwango-Kwilu et la ville de Kikwit. Dans le cette présence n’ait pas intéressé davan- territoire de Gungu, le groupe impression- tage les sociétés minières (Jedwab J., nant des cirques des sources de la 1999). Lukwila, affluent de la Loange (le bord de

BELGEO • 2009 • 3-4 257 certains d’entre eux pourrait reculer d’une Il y aurait eu ensuite une période de stabi- dizaine de mètres en une année), lité des versants mais la déforestation et marque incontestablement une rupture l’extension des surfaces agricoles ont pro- d’équilibre car ils déchirent des versants voqué, à l’époque actuelle, une remobilisa- aux pentes convexes. Faut-il expliquer ce tion de ces mouvements de masse et une déséquilibre, c’est-à-dire cette violente érosion par ravines (Moeyersons J. et al., reprise d’érosion par un abaissement du 2004). niveau de base de l’ensemble du bassin L’article de J.N. Salomon (1998) cité plus qui résulterait de la vidange d’un lac qui haut a étudié les dépôts d’une terrasse aurait occupé le centre de la cuvette du Kwilu à Kikwit. Ils contiennent des congolaise? L’hypothèse ne nous paraît galets de grosses dimensions dont l’ori- pas convaincante étant donné que l’on gine serait lointaine. Il faut donc songer à n’a pas découvert de traces de ce lac un type d’écoulement différent de l’écou- dont le niveau aurait dû être bien au-des- lement actuel, vraisemblablement au sus de celui du Pool Malebo. Nous pen- cours du dernier interpluvial africain serions plutôt à l’action de mécanismes (20 000 à 12 000 B.P.) pendant lequel le locaux qui attaqueraient une topographie mode de fonctionnement de la rivière héritée d’un système climatique différent, aurait été plus spasmodique (avec et par conséquent aujourd’hui instable, cependant une saison des pluies certains de ces mécanismes pouvant capable de fournir de gros écoulements). être d’ailleurs d’origine anthropique. Au Katanga, une terrasse de la Kavubu, Cette dernière origine est bien percep- à une douzaine de kilomètres au sud-est tible en tout cas pour les cirques qui de Lubumbashi, a pu être étudiée sur déchirent la ville de Kikwit. Ils n’existaient plus de 100m de longueur, dans la tran- pas voici une cinquantaine d’années et chée d’un canal d’irrigation. Elle est ont pris parfois des proportions catastro- associée à un seuil rocheux attaqué par phiques. Nous en constations seulement l’érosion régressive. Une très mince les premiers déclenchements dans notre couche d’alluvions caillouteuses a été propre étude sur le Kwilu au milieu des déposée pendant une phase climatique années 1950 (Salomon J. N., 1998). humide. Une phase sèche ultérieure a L’érosion menace aussi la ville de Kigali entraîné l’envahissement du lit par des (on lira, en fin de ce chapitre, les pro- grenailles latéritiques provenant de l’éro- blèmes d’environnement qu’elle pose à sion du versant. L’action des termites a Kinshasa). Or, à Kigali, l’analyse de la contribué à transformer les sédiments en répartition des pluies (total annuel une stone-line ondulée (Dibanga B. et 996 mm: 4 mois secs, 1°1 C d’amplitude Alexandre J., 1996). annuelle), le calcul du bilan hydrique et les caractéristiques des bassins versants La charge des rivières découpant une surface d’aplanissement avec d’épaisses couches d’altérites La charge solide du fleuve Congo est dérivés de roches granitoïdes indiquent considérée généralement comme peu qu’il ne faut pas s’attendre à un fort ruis- importante. Cependant, dans le canal de sellement ni par conséquent à une forte dérivation de 9 km de longueur qui érosion des sols. Mais l’extension urbaine amène une partie des eaux du fleuve à a entraîné l’imperméabilisation de sur- l’usine d’Inga, la charge solide peut faces importantes les rendant vulné- atteindre 50 mg/l. Après 16 ans de fonc- rables à l’érosion (Ilunga L. et Tshenda tionnement des deux bassins successifs A., 2004). aménagés pour la décantation des eaux Les collines convexes du plateau de avant l’arrivée à l’usine, le premier, pour Butare-Ngozi dans le sud du Rwanda et le les particules grossières, et le second, nord du Burundi montrent de nombreuses pour les «vases», le premier est forte- traces de cicatrices de décollement et de ment ensablé et ne joue plus son rôle et loupes de glissement qui auraient affecté le second est menacé d’ensablement le manteau de ces collines avant 3000 BP. (Bizimana B. et al., 1993).

258 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 L’érosion des sols agricoles tion conservatrice de l’eau et du sol (Rishirumuhirwa T., 1994). Une étude faite L’érosion des sols, dans les régions acci- dans la région de Ruhengeri, où les pay- dentées de l’Afrique tropicale, a préoc- sans sont loin de détenir la maîtrise de cupé depuis longtemps les autorités et leurs eaux, montre les dégâts occa- les agronomes. Une bonne partie du sionnés aux cultures et aux infrastruc- numéro 185 des Cahiers d’Outre-Mer tures. Un autre problème se pose aussi, (1994) lui est consacrée. Ce qu’on peut celui de l’approvisionnement en eau lire, dans ce numéro et dans la bibliogra- potable pour les familles vivant sur la par- phie des dix dernières années, ne renou- tie haute des collines (Nzamwita D., velle pas vraiment la question. Et pourtant 1993). Même problème d’approvisionne- celle-ci préoccupe aussi les paysans ment pour les habitants des planèzes au parce qu’elle entraîne une incertitude sur pied des volcans malgré l’abondance des l’avenir de leur patrimoine foncier et sus- pluies mais en raison de la rareté des cite leur interrogation sur la rentabilité des sources et des eaux courantes (Kabanda aménagements anti-érosifs qu’on leur T., 1993). propose ou qu’on leur impose (Charlery de la Masselière C., 1994). Sur les fortes Quelques données pédologiques pentes, l’érosion peut emporter 100 t de terres à l’ha chaque année (König D., Les procédés utilisés jusqu’à présent 1994). pour reconstituer la fertilité des sols Dans ce pays très peuplé qu’est le dégradés du Rwanda n’ont pas donné de Rwanda, les pentes supérieures à 30 % résultats satisfaisants. On propose d’utili- concernent plus de la moitié des terres ser un engrais qui serait fait d’un mélange cultivées. Les méthodes utilisées par les de cendres volcaniques et de bouse de autorités belges depuis 1938 pour lutter vache (Stache N. et Wirthmann A., 1998) contre l’érosion ont été abandonnées avec Dans le Bas-Congo, les sols sont très l’accès à l’indépendance car elles ont été altérés avec une fraction colloïdale où considérées comme l’expression d’une prédominent la kaolinite et les sesqui- contrainte coloniale. Elles ont cependant oxydes. Sauf là où la densité de la popu- été reprises et généralisées après 1973 lation est faible et les jachères peuvent pour s’interrompre en 1990 avec le début donc être de longue durée, l’agriculture de la guerre civile. Il faut mettre en balan- traditionnelle ne permet pas de conserver ce les avantages et les inconvénients des la matière organique et la capacité d’é- principales méthodes utilisées: fossés changes ioniques des profils supérieurs. anti-érosifs, rangées d’herbes (le procédé L’érosion des sols en outre est forte au le plus répandu) bordant ou non des début de la saison des pluies (Baert G. et fossés, terrasses. Aujourd’hui on préconi- Van Ranst E., 1998). se les terrasses, sans mur et sans fossé Sur l’utilisation des données pédolo- mais avec une contre-pente. Le procédé giques pour déterminer la capacité des rencontre peu de succès. Il se heurte à terroirs des régions orientales et du des difficultés socio-culturelles et exigerait Rwanda, voir les références fournies à la un remodelage foncier (Sibamana C. et page 320 de cette chronique. Moeyersons J., 1996). Sur la valeur de la pente qu’on peut considérer comme seuil Les formations superficielles et les cui- pour l’érosion par ravinement, voir aussi rasses Moeyer sons (2003). Un agronome préco- nise des méthodes biologiques comme la On attendait depuis longtemps, du grand culture en couloirs entre des haies de spécialiste des formations latéritiques et légumineuses (voir article de König, cité de leurs surfaces d’aplanissement corréla- plus haut, 1994). L’homme peut aggraver tives au Katanga, un livre de synthèse sur l’érosion ou la réduire par le choix des les résultats de ses recherches. Le voilà systèmes culturaux. Les champs de bana- publié, d’une grande richesse et sous un niers jouent un grand rôle dans une ges- format commode. Après une présentation

BELGEO • 2009 • 3-4 259 de la région et un lexique des différents Sciences d’Outre-Mer sur les change- horizons d’un profil latéritique, le livre étu- ments climatiques et la géomorphologie die les stone-lines ferrugineuses et les cui- dans les environnements tropicaux, décrit rasses (y compris les carapaces), décrit l’état de nos connaissances sur cette les processus de formation des enduits question pour le Quaternaire de l’Afrique ferrugineux, des nodulations et concré- centrale. Il s’appuie sur les éléments tions et des cuirasses proprement dites énumérés ci-après. ainsi que l’action des termites et expose ensuite les procédés de datation des cui- • Les données fournies par les glaciers et rasses et des dépôts corrélatifs utilisés les traces glaciaires. Le Ruwenzori a four- pour reconstituer l’histoire géomorpholo- ni jusqu’à présent peu d’informations. Le gique du Haut-Katanga austral. La genèse Mont en a donné davantage. Trois des cuirasses et des formations ferrugi- glaciations au moins y ont été identifiées neuses est décryptée à partir de l’analyse et datées. Elles correspondent aux der- d’échantillons prélevés d’une part sur un nières glaciations des régions extra-tropi- substratum précambrien de siltites à cales. Ces périodes froides seraient aussi aspect schisteux et d’autre part sur un des périodes plus sèches. substratum sableux cénozoïque (Alexan- dre J., 2002). • Les données fournies par le milieu Si l’on n’observe pratiquement pas de for- lacustre. Les rivages des lacs sans exu- mations bauxitiques au Katanga, il en toire du Rift oriental conservent des traces existe par contre, dans la partie orientale de niveaux plus élevés mais pas les lacs du Mayumbe. Elles se sont développées avec exutoire, comme le Victoria et le à partir du manteau d’altération de roches Tanganyika. Pour ce dernier, l’analyse des doléritiques précambriennes. Voici cin- sédiments loin des côtes apparaît pro- quante ans, on envisageait même de les metteuse. faire traiter dans une usine d’aluminium qui aurait trouvé sa place dans les projets • Les données de la morphologie fluviale. industriels liés au barrage d’Inga. Ces Les nappes alluviales sont associées à profils bauxitiques correspondent à deux des épisodes secs ou à des épisodes surfaces d’aplanissement datées mi- humides, les phases d’érosion à des cli- Tertiaire et Pliocène-début Pléistocène mats intermédiaires proches de l’actuel. (Kaseba M. K. et al., 1997). Les archéologues éprouvent de grosses • Les données de la morphologie des ver- difficultés à définir la position stratigra- sants. Les phases sèches donnent des phique des gisements paléolithiques qu’ils glacis d’érosion, des épandages sédi- trouvent dans les stone-lines. Des études mentaires, le pavage résiduel des stone- faites dans le sud du Congo-Brazzaville, le lines et le remblaiement des ravins Gabon, le sud du Cameroun mais aussi au creusés pendant les phases humides. Katanga ont trouvé de nombreuses stone- lines contenant des outils paléolithiques • Les données fournies par le milieu kars- attribués au Sangoen (70 000- 40 000 BP). tique, c’est-à-dire les concrétions carbo- Ces stone-lines correspondraient à une natées dont certaines sont datées de plus surface d’érosion avec pavage datant du de 150 000 ans. Maluekien qui aurait été recouverte par des matériaux meubles remontés par les • Les données fournies par les milieux termites et par des épandages latéraux au côtiers, c’est-à-dire les sondages de sédi- bas des versants (Schwartz D., 1996). ments proches des rivages.

Changements climatiques et géomorpho- • Les formes d’origine éolienne. On les logie rencontre par exemple dans des régions recevant aujourd’hui de 1000 à 1400 mm Une grosse communication à un colloque de pluie (plateau du Katanga et de la organisé par l’Académie Royale des Zambie voisine). Elles sont encore mal

260 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 datées. Les formes révélées par les anthropique. Regain forestier après le XIIe images Landsat sous les forêts de la siècle. A partir du XVIIe siècle, secondari- région de Lusambo sont sans doute très sation définitive de la forêt primaire. Sur anciennes (antérieures au Quaternaire?) les rives du lac, cette secondarisation, qui et continuent à poser des problèmes d’in- va jusqu’à la savanisation, serait liée à terprétation (Alexandre, J., Aloni K., De l’installation de populations plus actives Dapper M., 1994). dans le domaine agricole que les précé- dentes (Kabonyi Nzanbandora C., 2007). LES PALÉOENVIRONNEMENTS L’analyse palynologique d’une tourbière rwandaise, au pied des champs de lave Les stalagmites des grottes du Mont du volcan Muhabura a confirmé les résul- Hoyo apportent des précisions sur les tats d’études antérieures: de 12000 à paléoenvironnements. Il y a corrélation 7000 BP, passage progressif du climat entre la formation de trois niveaux de froid du Tardiglaciaire à un stade plus planchers stalagmitiques de calcite et chaud et plus humide avec encore une l’existence de forêts denses, entre la for- oscillation froide vers 9000, un optimum mation de concrétions d’aragonite et une vers 6000 BP avec expansion maximum phase d’assèchement propice à une de la forêt dense montagnarde, un pic végétation de savane arbustive, entre le d’aridité vers 4000 BP puis une évolution dépôt de cailloutis concrétionnés par du vers un climat à nouveau humide sem- gypse et un climat froid de type africo- blable à l’actuel (depuis 2000 BP) avec montagnard. La température aurait été de un bref épisode sec vers 500 A.D. C’est 2° supérieure à l’actuelle (23° C) pendant surtout à partir du Xe siècle que les acti- l’optimum holocène et de 4° inférieure lors vités humaines se marquent par des de l’hypothermal du Pléistocène (Michel effets irréversibles sur le milieu (Roche E. R., 1998). et Ntaganda Ch., 1998). Résultats iden- L’analyse palynologique des tourbières tiques dans un autre article de l’auteur de l’est du Congo et du Rwanda a fourni principal des deux articles précédents de nombreuses données sur les paléoen- (Roche E., 1998). Mêmes conclusions vironnements holocènes. Le sondage dans des articles d’auteurs français ou d’une série sédimentaire de 4,8 m dans allemands. Plusieurs étudient l’évolution un marais de montagne à 2200 m d’altitu- de la forêt ombrophile de la Kibira (40 000 de dans le Parc National Kahuzi-Bienga, ha, parc national du Burundi, aux limites à l’ouest du lac Kivu, a reconnu ainsi un du Rwanda sur la crête Congo-Nil) épisode forestier chaud et humide vers (Peyrot B., 1997) ou celle des paysages 6000 BP, une péjoration climatique vers végétaux du sud du Rwanda à partir du 4000 BP, une recolonisation forestière dernier maximum glaciaire, c’est-à-dire à après cette phase et des effets très tardifs un moment où cette région de la crête de l’anthropisation (avec expansion des Congo-Nil était, avec le Cameroun et les Hagenia dans les clairières) à partir de reliefs du Libéria, un refuge de la forêt 360 BP (à moins qu’il ne s’agisse dans ce équatoriale. La conclusion de l’auteur cas d’un effet du Petit Age Glaciaire) n’est pas surprenante: les paysages (Moscol-Oliveira M. et Roche R., 1997). actuels du Rwanda sont des Une étude abondamment illustrée sur une Kulturlandschafte (Kersting P., 2006). séquence de 2,2 m du même marais a été D’autres études élargissent la question à publiée dix ans plus tard. Elle concerne l’évolution de la végétation de l’ensemble l’évolution qui s’est produite au cours des de l’Afrique centrale (Bonnefille R., deux derniers millénaires. Il y a deux mille Schwartz D. et GDR Ecofit, 2002). Les ans, extension de la forêt ombrophile données phytodynamiques confirment les entre 1600 et 2600 m d’altitude. Vers 500 actions anthropiques sur le milieu monta- A.D., pulsation climatique froide avec pro- gnard du graben centrafricain (Habiya- gression de Hagenia. Au IXe siècle, remye F. X. et Roche E., 2003). Il a fallu régression de ce dernier de faible attendre l’avènement de la technique du ampleur et qui serait surtout d’origine fer dans le sud du Rwanda pour que l’ef-

BELGEO • 2009 • 3-4 261 fet anthropique sur l’environnement se ce qu’elle était avant la première guerre manifeste dans les analyses palynolo- mondiale. C’est pire encore pour l’obser- giques, c’est-à-dire les premiers siècles vation des débits. Depuis 30 ans (la com- de l’ère chrétienne. Cet effet s’accentue à munication a été présentée en 1996), il partir du VIIIe siècle (Age du Fer récent). n’y a plus d’observations régulières sauf L’arrivée de nouvelles populations au pour le bief maritime. On connaît ainsi très Xe siècle et le développement de l’agri- mal la valeur des crues maximales du culture et de l’élevage ont entraîné des fleuve Congo en décembre 1961 et mai changements importants. Il faut tenir 1962. De plus les archives des anciennes compte aussi des deux petites phases observations sont dans un état déplo- climatiques sèches, dont il a été parlé rable. Il faudrait sauver ces données et plus haut, au VIe et au XVIe siècle, qui ont améliorer la situation par un effort interna- accéléré la dégradation du couvert fores- tional, sous le patronage de grands orga- tier ou de la savane boisée (Roche E., nismes (Charlier J., 1998). 1996). L’étude géomorphologique de Le lac Tanganyika est étudié dans des sites choisis dans la grande forêt de l’est projets internationaux qui comportent du Congo confirme sa dégradation dans notamment une comparaison avec le lac les parties qui avaient été des zones- Baïkal. Citons d’abord deux articles qui refuges pendant la période glaciaire auraient pu s’inscrire dans le paragraphe (Runge J., 1996). «Climatologie» puisqu’ils concernent les La vitesse d’accumulation de la tourbe et effets des variations du climat ou des du carbone a été mesurée dans les tour- changements climatiques sur le fonction- bières de l’Akanyaru du Rwanda et du nement du lac. On a pu mettre en corré- Burundi. Pendant la dernière période gla- lation le brassage des eaux avec les ciaire, il n’y aurait eu qu’une faible accu- variations du Niño. La tendance à la dimi- mulation de tourbe car le climat était nution de la force du vent favorise la stra- plutôt sec. A l’époque actuelle, les inter- tification des eaux. En effet les vents du ventions humaines ont plus d’effet sur la sud-est entraînent un upwelling dans la vitesse d’accumulation que les variations partie méridionale. Une diminution d’in- climatiques (Pajuen H., 1998). tensité de ces upwellings provoque une Les phénomènes géomorphologiques diminution des poissons cupléides aux dont le creep sont étudiés dans leurs rela- deux extrémités du lac. Il y aurait ainsi tions avec les conditions environnemen- des variations cycliques (période de 3 à 7 tales de la fin du Pléistocène et de ans) dans l’abondance des poissons l’Holocène dans la région de Butare pélagiques. La tendance au réchauffe- (Rwanda) (Moeyersons J., 2001). ment récent en Afrique de l’Est se traduit Des phytolithes ont été recueillis et ana- par une augmentation de 0,7 à 0,9 °C en lysés dans trois sites archéologiques de 27 ans pour la température de l’air au- la forêt de l’Ituri. Les plus anciens, datés dessus du lac. Un grand projet de la poli- de 19 000 à 10 000 B.P. indiquent que la tique scientifique belge va recueillir les région nord-est du bassin congolais était signaux paléoclimatiques enregistrés couverte de forêts à la fin du Pléistocène dans les sédiments (Plisnier P.-D., 1998). quand elle a été occupée par l’homme. Les relations entre les variations du Niño Depuis lors, l’occupation humaine semble et le niveau du lac ont été étudiées par avoir été continue (Mercader J. et al., Bergonzini L. et Richard Y. (2004). On a 2000). établi un modèle des oscillations de la thermocline induites par le vent (Naithani L’HYDROLOGIE ET LA LIMNOLOGIE J. et al., 2004). La fluctuation du niveau et le déversement des eaux à l’exutoire sont Un grave problème se pose aux cher- évidemment liés aux faits climatiques. cheurs qui s’occupent de l’hydrologie du L’exutoire ne fonctionnait pas entre 1846 bassin congolais. La situation du réseau et 1878, lors de l’arrivée des premiers hydrologique actuel, en ce qui concerne explorateurs arabes et européens. En l’observation des niveaux, est inférieure à 1878, le niveau était à 783,6 m, l’article

262 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 n’expliquant pourquoi l’exutoire de la duction de chlorophylle et sur la production Lukuga ne fonctionnait pas alors que les primaire, les sources externes de nutri- niveaux ultérieurs seront plus bas: 772,5 m ments (la Ruzizi apporte près du double de en 1894, 776,82 m en 1964 (maximum ce qu’apportent ensemble la Malagarasi et récent), 773 m en 1994. Les dernières fluc- la Lufubu). En utilisant les sources dispo- tuations sont semblables à celles des lacs nibles jusqu’à présent, on n’a pas observé Victoria, Kyoga, Albert et Malawi, ce qui de corrélation entre une hausse tendanciel- confirme que le régime du lac dépend prin- le de la température de surface et une fluc- cipalement des conditions météorolo- tuation des captures totales (Langenberg V. giques de l’Afrique orientale où s’étend la T., 2008). Le lac Tanganyika et le lac Malawi plus grande partie de son bassin. Il y aurait représentent respectivement 16 et 8 % des des cycles de 5, 9 et 10-11 ans dans le réserves mondiales d’eau libre de surface. bilan hydrique. Les estimations du débit à Ils connaissent une eutrophisation progres- l’exutoire ont été faites depuis 1932. Le sive d’origine anthropique surtout dans les module interannuel est de 200 m³/sec (le baies proches des grandes villes. Une deuxième article donne 380 m³ pour la grosse étude essentiellement géochimique période 1932-1995), avec un débit maxi- des structures thermiques et chimiques de mum en avril-mai et un minimum en leurs eaux et de l’enregistrement sédimen- octobre-novembre. Depuis 1965, il y aurait taire superficiel de leurs fonds, est tendance à la hausse des écoulements. Il précédée d’une présentation générale, en suffirait cependant que la pluviosité baisse une trentaine de pages, du cadre général de 9% (11% par rapport aux précipitations de la branche occidentale du rift africain au moyennes de 1010 mm/an pour la période point de vue géologique, climatique, géo- 1932-1980, dans le deuxième article) pour morphologique, hydrologique et biogéo- que l’exutoire cesse de fonctionner graphique (Branchu P., 2001). (Bergonzini L., 1995). Dans un ouvrage A partir de données du Congo-Brazza - important, l’auteur de ces deux articles a vile, une comparaison de deux systèmes élargi ces questions en traitant également hydrologiques différents peut être appli- le cas des lacs Kivu, Rukwa et Nyassa. A quée aux territoires voisins du Congo- partir d’une banque de données rassem- Kinshasa. Elle oppose la Cuvette et les blant et compilant des données éparses, il Plateaux Téké. Dans la Cuvette, le coeffi- calcule le bilan hydrique de chaque lac par cient d’écoulement est de 20-30%; dans une équation qui met en relation les les plateaux Téké, 45-60%. La variabilité échelles mensuelles, annuelles ou plurian- saisonnière des débits est de 2,5-5,5 pour nuelles, les variations de stock, les précipi- le premier cas, 1,1-1,5 pour le second. tations sur le lac même, les écoulements L’aquifère gréseux des plateaux a donc provenant du bassin-versant, les pertes par un effet régulateur. Il fournit des eaux évaporation, les sorties par l’exutoire. Il «blanches», peu minéralisées mais donne les bilans mensuels et annuels et les hypersiliceuses. Dans la cuvette, les ter- variations interannuelles dont il recherche rains sont moins perméables, l’évapora- les causes. Il analyse la sensibilité des tion est forte dans les zones inondables, niveaux lacustres à la variabilité des préci- les eaux, très chargées en acides fores- pitations et reconstitue les niveaux depuis tiers fulviques et humiques, sont «noires» le dernier maximum glaciaire (18 000 ans (Laraque A. et Olivy J.-C., 1998). B.P.). Il estime enfin les paléoprécipitations sur l’Afrique de l’Est (Bergonzini L., 1998). LA BIOGÉOGRAPHIE Pour le lac Tanga nyika, une thèse de doc- torat défendue récemment à Wageningen Le couvert végétal apporte quelques précisions complémen- taires sur les points suivants: la distribution Voici d’abord quelques précisions sur la verticale et horizontale du phytoplancton, végétation du Katanga. Les îlots de forêt l’effet des mouvements de l’eau induits par dense sèche que l’on rencontre dans le le vent sur les nutriments et les structures sud du Katanga correspondent vraisem- de la communauté planctonique, sur la pro- blablement à un stade de reconquête

BELGEO • 2009 • 3-4 263 après le dernier épisode aride de 3000- champs de bananiers. Après une quaran- 4000 B.P. pendant lequel s’était déve- taine d’années, les résultats obtenus loppée le forêt claire zambézienne. Ces dans un espace situé à 28 km au nord de îlots sont aujourd’hui très vulnérables à Boma, permettent de tirer des enseigne- l’action anthropique (Dikumbwa N. et ments pour une politique nouvelle de Mbenza M., 1999). reboisement. Le Limba a donné de bons La flore associée aux gisements de cuivre résultats. Le Bilinga, expérimenté lui ne cesse pas de susciter l’intérêt. Les aussi, serait peut-être mieux à sa place progrès accomplis de 1977 à 1994, c’est- dans le climat plus humide de la cuvette à-dire depuis les travaux de P. (Pendje G., 1993). Duvigneaud, ont fait l’objet d’une synthè- se qui comporte une grosse bibliographie Le déboisement de 76 références sur la phytogénétique, la phytochimie ainsi que sur les consé- Les besoins en terres agricoles, en terres quences de la pollution minière (Malaisse à bâtir et en produits divers entraînent un F., 1994). Cette flore présente une grande recul du couvert végétal qui est étudié de diversité. De nombreuses familles de différentes manières. La comparaison de végétaux évolués sont représentées photos aériennes des années 50-60 et (Leteinturier B. et Malaisse F., 1999). Avec des années 80 essaie de mesurer le phé- leurs corolles chatoyantes, leur aspect de nomène au Congo-Brazzzaville dans la «bouquets tout faits» et la longue durée région du Pool. Elle constate la disparition de leur floraison, les Buchnera signalent quasi-totale des forêts-galeries (Samba de façon très visible les gisements cupro- Kimbata M. J., 1995). Pour une superficie cobaltifères (Malaisse F., Baker A. J. M et de 1243 km² autour de Kinshasa, c’est la Leteinturier B., 1997). comparaison, après numérisation, d’un Cette végétation a évidemment disparu document cartographique de 1960 et de de la plupart des sites exploités. Mais deux images satellitaires de 1982 et 1987, l’exploitation minière a pollué de nom- qui est utilisée. On a identifié chaque fois breux sites situés en dehors des excava- 5 unités: zone urbaine, forêt, mosaïque tions elles-mêmes: sites de lavage, bal- forêt-savane, savane et steppe, végéta- lasts de voies ferrées et accotements de tion aquatique (et marais). En 27 ans, rap- routes rechargés avec des minerais, portée à la superficie totale, l’évolution a accumulations de déblais, etc. La diffu- été de + 6 % pour la zone urbaine, - 31 % sion de la pollution a encore augmenté pour les forêts, + 23 % pour la mosaïque avec la privatisation des exploitations. Il forêt-savane, + 3 % pour les savanes et devient donc nécessaire d’envisager une les steppes (y compris les espaces cul- politique de réhabilitation des sites pol- tivés enclavés) et de - 1 % pour la végé- lués par les métaux lourds. Des tech- tation aquatique et les marais (Tshibangu niques de phytoremédiation pourraient K. W. T., Engels P. et Malaisse F., 1997). être appliquées en utilisant des plantes Les besoins en bois de feu interviennent hyperaccumulantes qui seraient de façon appréciable dans la réduction incinérées après récolte. Mais les études de la végétation ligneuse. On estime que et l’expérimentation de ces techniques la consommation annuelle moyenne par n’en sont encore qu’à leurs débuts personne à Kinshasa est, en 1990, de 160 (Leteinturier B. et Malaisse F., 1994). kg de bois sec. Une enquête a été menée Le Mayumbe, bien que son climat soit sur les principaux axes d’accès à la ville marginal pour la forêt dense, fournissait, (3 axes routiers, le chemin de fer, le fleu- en 1969, 70 % du volume national de la ve). 77 % du bois viennent du Bas-Congo production forestière congolaise avec et 18 % du Bandundu (Tshibangu K. et 1,4 % seulement de la superficie forestiè- Malaisse F., 1995). re totale du pays. Aussi, dès avant 1960, Sur la dorsale Congo-Nil, au Burundi, la des programmes de reboisement (du forêt de la Kiribu ne représente plus que Limba pour 78 %) ont été organisés par la 10 % d’une ancienne forêt ombrophile. Le technique des layons combinés à des recul est dû aux activités agro-pastorales

264 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 mais a peut-être été facilité par une fluc- teur dresse une carte, présentée en hors- tuation paléoécologique (Peyrot B., texte, de l’évolution de la limite de la 1997). Une enquête menée pendant un grande forêt pour la partie nord du an dans des ménages sur huit sites diffé- Congo. On pourra la comparer avec celle rents du Rwanda montre qu’en 1992, des limites forêt-savane publiée en 1964 98 % des ménages utilisent des combus- par Peeters L. dans la Revue Belge de tibles traditionnels (bois, charbon de bois, Géographie, qui couvrait la même portion déchets de récoltes, un petit peu de tour- de territoire (avec en plus la partie extrê- be). Le citadin, qui utilise du charbon de me-orientale). En extrapolant les données bois, consomme trois fois plus d’équiva- de sa carte, l’auteur estime à 10,1 % la lent-bois qu’un rural. En 1992, consom- diminution des surfaces forestières pour mation totale de bois: 5,658 millions de l’ensemble du Congo de 1955 à 1989, m³. Il aurait fallu presque quadrupler la soit 0,3 % par an. Elle concerne essen- superficie des bois de 1992 si on avait tiellement des espaces à l’intérieur même voulu assurer la consommation de l’an de la forêt, le long des voies de commu- 2000 en maintenant la valeur totale de la nication et autour des agglomérations. biomasse (Karenzi P. E., 1994). Pour l’auteur, la dégradation de la forêt au Un mémoire d’un géographe de Congo ne prend pas encore des propor- l’Université de Varsovie étudie de façon tions catastrophiques et pourrait être générale la déforestation en Afrique cen- contenue si l’on remplaçait l’agriculture trale. Il s’efforce de délimiter l’extension sur brûlis par de nouvelles méthodes des forêts denses humides avant que ne (Giralowski J., 2002). s’exerçât l’action anthropique (plus exac- Deux symposiums ont étudié les pro- tement celle de l’agriculteur). Comme blèmes d’exploitation durable des forêts l’auteur estime que le climat peut être tropicales avec quelques exemples pris considéré comme à peu près stable en Afrique centrale (De Dapper. M., 2004 depuis deux mille ans, et plus particuliè- et 2005). Une communication, après avoir rement dans toute la partie nord du décrit le complexe forestier congolais et Congo, la réduction de la forêt est due analysé les causes de la destruction de la essentiellement à l’homme. En tenant forêt, énumère les initiatives officielles en compte des exigences climatiques de la faveur de sa gestion durable (Koyo J.P., forêt dense humide, il en trace la limite d’il 2005). Une réserve de biosphère, dans y a deux mille ans et établit la chronologie un projet soutenu par l’Unesco et la des épisodes historiques qui se sont mar- Commission européenne, a été organisée qués par le recul de la forêt. Celui-ci est à Luki, à 60 km de Boma, dans une région lié principalement à la culture sur brûlis dont l’exploitation est soumise, non seule- qui a fait disparaître les formations végé- ment, aux pressions venant de la ville de tales intermédiaires entre les forêts Boma, mais aussi, depuis la construction denses humides et les végétations à du pont de Maradi, à celles émanant de caractère xérophile, mettant ainsi en Matadi et de Kinshasa. (Mankoto S. et contact direct la forêt humide et la sava- Maldague M., 2005). ne. Le recul aurait été de 150 à 200 km La question générale des changements à depuis 2000 ans. Les épisodes princi- court et moyen terme du couvert végétal paux seraient donc a) l’introduction de en Afrique tropicale est traitée aujourd’hui l’agriculture par l’arrivée des populations dans de grands programmes internatio- bantoues, b) l’invasion des peuples sou- naux. Celui, dont il est question ici, utilise danais au nord, c) à partir du XVIe siècle, les images satellitaires. Il a détecté les l’introduction des plantes américaines, d) points névralgiques (hot spots) pour les- le développement de la métallurgie du quels les risques de changements impor- cuivre au Katanga, e) les effets de la tants sont les plus grands. Pour 15 d’entre colonisation puis de l’explosion démogra- eux répartis sur toute l’Afrique, il a établi phique du XXe siècle. En comparant les des modèles spatiaux spécifiques qui photos aériennes des années 50 et les permettent des simulations tenant comp- documents de télédétection actuels, l’au- te des processus identifiés. Mais l’article

BELGEO • 2009 • 3-4 265 essentiellement méthodologique ne dit chimique et mesure la valeur énergétique pas quels sont ceux qui ont été retenus de différents produits de récolte et de au Congo (Lambin E., 1998). Une carte chasse du même milieu: reptiles, insectes des grands types de formation végétale a (dont 17 espèces de chenilles), poissons été établie pour la partie nord-ouest du (12 espèces), crustacés (2 espèces), Congo à partir d’images satellitaires mollusques (2 espèces) (Malaisse F. et recourant à plusieurs senseurs. Une suc- Parent G., 1997). Les champignons cession chronologique de cartes de ce comestibles font l’objet d’une étude spé- type devrait permettre de suivre les chan- cifique pour un territoire voisin (la provin- gements de végétation (Mayaux P., De ce du Copperbelt en Zambie): liste des Grandi G. et Malingreau J.-P., 2000). Les champignons, teneur en protéines, en mêmes auteurs présentent une carte acides gras, en minéraux, techniques de générale de l’Afrique centrale réalisée récolte. Les champignons sont une sour- selon les mêmes méthodes. Les images ce de revenus non négligeable et une optiques permettent de distinguer les source alimentaire particulièrement bien- forêts de terre ferme des formations venue avant la soudure des récoltes agri- secondaires et des savanes. Les images coles. Ces ressources sont cependant radar fournissent des informations sur les menacées par la déforestation (Bour - milieux humides (forêts et savanes deaux Q. et al., 2003). inondées) et les plantations industrielles F. Malaisse dresse aussi, pour l’ensemble (Mayaux P. et Malingreau J.-P., 2000). Un de l’Afrique tropicale, le tableau général autre programme concerne la dégrada- des ressources alimentaires non conven- tion de l’environnement dans les espaces tionnelles: consommation de Cyanobac - péri-urbains. L’article qui le présente téries, mycophagie, consommation de énumère aussi les questions posées à cet Gymnospermes et de Pinophytes, de effet aux habitants des périphéries de Magniophytes, consommation d’insectes Kinshasa et de Lubumbashi (Trefon T. et (coléoptères, termitophagie, campéopha- Cogels S. 2005). gie, acridophagie, etc.). Ces ressources, qui sont d’une grande diversité, permet- Les ressources du milieu végétal tent de pallier les situations alimentaires critiques saisonnières (Malaisse F., 2004). Nous voilà abondamment informés sur les Les chenilles sont très recherchées pour ressources, que la forêt claire (Miombo) leur valeur alimentaire par de nombreux peut fournir à ses habitants, grâce à une groupes africains, mais pas par tous. Une étude ethnobiologique qui concerne sur- carte d’Afrique tropicale donne la réparti- tout le pays bemba, dans le sud du tion des groupes campéophages, c’est-à- Katanga. Après une description générale dire consommateurs de chenilles, avec le du milieu, elle présente les produits sau- nombre d’espèces consommées dans vages comestibles et les techniques de chacun d’entre eux. Les données ont été leur récolte et de leur préparation. Elle recueillies auprès de 98 groupes ethnolin- estime aussi leur valeur nutritionnelle. guistiques. La composition chimique Sont envisagés ainsi les champignons, (acides aminés, lipide, vitamines) est les plantes sauvages, les miels, les aussi fournie pour les différentes espèces grands mammifères, les rongeurs, les (Malaisse F., 2002). oiseaux, les poissons, les reptiles, les Dans les savanes soudano-guinéennes, chenilles, les termites et autres insectes, les chasseurs ou les cultivateurs, quand les boissons, le sel. L’étude passe en ils sont loin du village, se désaltèrent revue également les plantes de l’agricul- avec la sève contenue dans une liane ture traditionnelle, estime l’impact envi- ligneuse, Cissus Populnea. Cette sève est ronnemental de la période coloniale, dis- potable mais avec une teneur élevée en cute la question de la savanisation et du potassium. On pourrait envisager son reboisement et propose une gestion de exploitation (Ambe G.A., Delcarte E. et type écologique du territoire (Malaisse F., Malaisse F., 1999). 1997). Un article analyse la composition

266 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Autres aspects de l’environnement Nous ne saurons pas pourtant pourquoi le directeur J.M. Derscheid, qui avait été le Un mémoire est consacré aux végétaux et pionnier des Parcs pendant les années aux algues des eaux de la plaine de la vingt, a été écarté lors de l’installation offi- Ruzizi. La première partie décrit le cadre cielle de l’Institut (Harroy J.-P., 1993). La physique général et l’action de l’homme, comparaison de photos prises respective- la deuxième, les différents biotopes aqua- ment en 1958 et en 1988 montre, dans le tiques (Mpawenayo B., 1996). Parc National des Virunga (ex Parc La jacinthe d’eau (Eichornia crassipes) a Albert), l’évolution de la végétation suite à été une peste végétale qui a gêné forte- l’arrêt des feux de brousse (savanes enva- ment la navigation sur le fleuve Congo et hies par des buissons d’Acacia) et les ses affluents à la fin de la période colo- évolutions différentielles de part et d’autre niale. Les méthodes de lutte utilisées de la limite du parc. Occupation totale par dans les années 1950 se sont soldées par les cultures des espaces limitrophes du un échec. On se contenta finalement de côté extérieur, reforestation de l’espace nettoyer les parties extérieures intérieur (Verschuren J., 1993). Un des immergées des bateaux (Lederer A., points positifs des gouvernements congo- 1995). Après 1960, plus aucun budget ne lais/ zaïrois et aussi de ceux du Rwanda et fut consacré à la lutte contre la jacinthe. du Burundi avait été de maintenir et même Cependant la situation ne s’est pas de multiplier leurs Parcs Nationaux. Ils aggravée comme s’il s’était établi une devraient pour poursuivre dans cette sorte d’équilibre naturel (Charlier J., direction bénéficier de l’aide internationa- 1995). le (Hecq J., 1994). L’arrivée en 1994 de La protection des milieux naturels: plusieurs centaines de milliers de réfugiés le Rift occidental serait un des lieux pri- rwandais en bordure du Parc et les opéra- vilégiés dans le Monde pour la diversité tions militaires, qui ont suivi, ont entraîné, des oiseaux. D’où l’importance de avec une forte recrudescence du bracon- mesures de conservation et de protec- nage, la menace de disparition des ani- tion. Le taux d’endémicité le plus élevé maux rares du parc des Virunga (gorilles pour les oiseaux se rencontrerait dans le de montagne sur les volcans de la frontiè- plateau de l’Itombwe, au nord-ouest du re, éléphants). Il y a eu un véritable mas- lac Tanganyika (Louette, M. 2006). sacre d’hippopotames. De graves dégâts La forêt de l’Itombwe serait la deuxième ont été commis à la végétation forestière en importance en Afrique des forêts de et les cultures vivrières ont empiété sur le montagne, avec une très forte biodiver- territoire du Parc. Certains en parlent sité et un large éventail de types de comme d’un des grands désastres écolo- forêts. Il faudrait la protéger et assurer sa giques de la fin du XXe siècle (Lelo Nzuzi, durabilité (Doumenge, C., 1998). 1999). Les images satellitaires ont été uti- Voici une bibliographie des études (et lisées pour suivre une phase particulière- notamment des diverses expéditions) qui ment rapide de déforestation en 2004. se sont préoccupées des bonobos, ces Grâce à l’action combinée d’organismes petits chimpanzés de la cuvette centrale, divers, cette phase a pu être arrêtée. La qui ne seraient plus que 15 000 en 1990 réhabilitation est suivie par le recours alors qu’ils étaient estimés à 54 000 vingt systématique à ces images (de Wasseige ans plus tôt (Vink H., 2000). C., 2006). Il manquait une étude rappelant les condi- Voici une série de réflexions sur les straté- tions de création des Parcs Nationaux au gies à mettre en oeuvre pour combattre le Congo Belge entre les deux guerres. Elle braconnage et réglementer la chasse en nous est donnée par J-P. Harroy, qui a été vue d’une gestion durable des ressources un des secrétaires de l’Institut des Parcs fauniques (Monsembula J.C., 2005). nationaux et un de ses conservateurs.

BELGEO • 2009 • 3-4 267 LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTÉ

Ici aussi, on pourrait dire que les thèmes ont connu plus de succès dans les terres n’ont guère changé et que les situations les plus basses et moins de succès dans sur place ont fort peu progressé. les terres situés à altitude plus élevée. Certaines se sont même aggravées. Nous Mais beaucoup semblent avoir été reven- ne prendrons en considération que des dues dans les pays voisins. Il faudra amé- publications qui s’occupent plus précisé- liorer la diffusion de l’information en asso- ment d’épidémiologie et de santé ciant le personnel de santé, les autorités publique en laissant donc de côté tout ce locales et les instituteurs (Van Bortel W. et qui concerne la recherche fondamentale al., 1996). et la recherche thérapeutique. Une forte prévalence de l’anémie et l’exis- On notera la disparition depuis 1996 des tence de bas niveaux d’hémoglobine Annales de la Société belge de Médecine chez les jeunes enfants examinés à tropicale, qui étaient étroitement liées à Kivunda (Territoire de Luozi, Bas-Congo) l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, seraient-elles liées à l’importance de la et même l’effacement progressif de la malaria? à une carence en fer? à une société éditrice. Certes les questions, que carence protéo-énergétique? (Kuvibidila l’on y traitait, ont été reprises par une S. et al., 1993). revue internationale, Tropical Medicine A Katana, sur le lac Kivu, un peu au nord and International Health, publiée par la de Bukavu, on a relevé, entre janvier 1985 maison d’édition scientifique Blackwell, et mars 1986, de nombreux cas d’hémo- dont le premier numéro est sorti en février globinurie et de blackwater fever. Cela a 1996 mais elle n’a pas la même spécifi- coïncidé avec l’utilisation accrue de quini- cité centrafricaine sinon congolaise. Nous ne suite au développement de la résistan- ne l’avons pas dépouillée de façon systé- ce du parasite malarien à la chloroquine. matique. La blackwater fever serait une complica- tion de la malaria à P. falciparum en rela- LES MALADIES DITES TROPICALES tion avec l’usage de quinine (Dela collecte C., Taelman H. et Wéry M. (1995). Le paludisme La maladie du sommeil Dans la lutte contre le paludisme, on continue à préconiser la distribution dans Sur la maladie du sommeil, voici deux les villages de moustiquaires imprégnées études à caractère historique de P.G. d’insecticides. Une expérimentation faite Janssens. en 1991 sur les plateaux Bateke, à 60 km Les autorités médicales coloniales ont eu à l’est de Kinshasa, a montré que la den- recours à des méthodes parfois vigou- sité des populations d’Anopheles gam- reuses pour la combattre. L’action d’un de biae avait diminué de 94 % dans le villa- ces médecins, Emile Lejeune, comparée ge protégé par ces moustiquaires par à celle d’Eugène Jamot dans l’Afrique rapport à deux villages voisins non française, est décrite à partir d’un texte protégés. La prévalence du paludisme a qu’il a consacré à la prophylaxie de la baissé à partir du cinquième mois. Les maladie du sommeil au Congo belge en résultats ont donc été encourageants 1923. On trouvera, dans le même article, (Karch S. et al., 1993). une description de la méthode utilisée par Des moustiquaires imprégnées ont été J. Schwetz, à la même époque, en milieu distribuées à bas prix (2 US $), vers 1995, hyperinfecté (par exemple dans le dans la région de l’Imbo, au Burundi, Kwango-Kwilu) (Janssens P.G., 1995). Le c’est-à-dire dans une partie basse du deuxième article nous donne quelques pays, en bordure du lac Tanganyika indications sur l’apparition de la trypano- (commune de Nyanza-Lac). Les résultats somiase et ses ravages dans le Bas- ont été très irréguliers. Les moustiquaires Congo et le bassin de la Cwanza (Angola)

268 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 en utilisant le rapport d’un médecin portu- 230 000. Il existe aussi un petit foyer dans gais chargé en 1900-1901 d’évaluer l’im- le sud-est (52 000 personnes à risque) portance de la maladie qu’on estimait res- (Newell E., 1995). ponsable du déclin des plantations de la Cwanza. On pensait alors que la maladie LE SIDA était d’origine bactérienne et que l’épidé- mie, qui aurait commencé trois décennies Le Sida continue ses ravages. Le virus est plus tôt, était en voie d’extinction. La pre- largement disséminé à bas niveau aussi mière mention écrite de l’existence de la bien en milieu rural qu’en milieu urbain maladie au Congo date de 1859. Un chi- mais il investit de plus en plus fortement rurgien français la décrit parmi les «émi- les métropoles et les villes secondaires. grants» (c’est-à-dire les esclaves) des Certains pensent que, dans une grande factoreries de l’embouchure du fleuve partie de l’Afrique centrale, donc du (Janssens P.G., 1996). Voir aussi sur ce Congo, on a affaire à un champ endé- sujet l’article de P. Salmon (1995), men- mique ancien autant rural qu’urbain mais tionné dans la partie historique de cette que la montée de la prévalence à chronique. Kinshasa, par exemple, serait peut-être Le nombre de cas nouveaux de trypano- due à l’apparition de nouveaux virus (ou somiase a doublé, des années 70 à la fin de souches nouvelles?) (Remy G., 1993). des années 80. Chez les pêcheurs Dans l’Afrique au sud du Sahara, l’infec- Bayanzi, sur les rives du Kasai (Zone de tion VIH/Sida se caractérise par les Bagata, Bandundu), un traitement à la valeurs élevées du taux de transmission pentamidine avait pratiquement fait dis- hétérosexuelle, du taux de prévalence paraître l’endémie dans les années 50. moyen, du taux de transmission du VIH Une forte recrudescence s’est produite de la mère à l’enfant. Au cours de la au début des années 70 et a connu son décennie 1990, l’épidémie a déferlé sur apogée en 1978. On a appliqué une nou- l’Afrique australe. Mais il y a peut-être en velle méthode de dépistage (par tests fait plusieurs épidémies distinctes. sérologiques) et de traitement des habi- L’impact majeur de l’épidémie est peut- tants de trois villages. Les résultats ont être encore à venir (Amat-Roze J.-M., été satisfaisants mais cinq années plus 1995 et 2001). tard (en 1992), on est revenu au même L’historien John Iliffe, qui nous avait niveau d’infection. Tout cela est fort donné une brillante étude sur la pauvreté décourageant (Bruneel H. et al., 1994). en Afrique, a consacré un livre à l’histoire La recrudescence de la trypanosomiase de l’épidémie africaine de Sida. Il a cher- s’est accrue encore après 1990 suite à la ché à répondre ainsi à la question que fin de la coopération belge et du change- posait le président Thomas Mbeki, ment de statut du Fonds Médicat tropical d’Afrique du Sud, quand celui-ci déclarait (FOMETRO), devenu simple ONG. La que l’épidémie était liée principalement à dégradation des systèmes de santé de la pauvreté et à l’exploitation de la popu- base a aggravé la situation. Il faut cher- lation africaine. A ce moment, d’autres cher de nouvelles approches pour mettaient en cause un système sexuel reprendre la lutte de façon moins onéreu- propre aux Africains. J. Iliffe montre se et avec une dépendance moindre vis- brillamment que l’histoire du Sida en à-vis de l’aide extérieure (communication Afrique s’inscrit, au départ, dans le pro- de Gigase P., 1998, à l’ARSOM en 1997, cessus de la pénétration humaine de l’é- non publiée). cosystème naturel de la partie occidenta- le de l’Afrique centrale et que le dévelop- L’onchocercose pement épidémique est lié à la croissan- ce démographique, à l’expansion urbaine On a délimité trois foyers d’onchocercose et aux changements sociaux (Iliffe J., au Burundi. Le plus vaste, au nord-ouest, 2006). menace 360 000 personnes. Un deuxiè- L'anthropologue Daniel Vangroenweghe a me, dans le sud-ouest, en menace consacré un livre au même thème général

BELGEO • 2009 • 3-4 269 du Sida en Afrique. Dans la première par- d’une douzaine de chercheurs américains, tie, il retrace l'histoire mondiale du Sida et congolais, belges, néerlandais, austra- fait notamment une longue analyse cri- liens, etc., a analysé à l’Université tique de l'hypothèse selon laquelle le d’Arizona, 813 échantillons histopatholo- mode de fabrication de vaccins antipolio- giques conservés dans la paraffine dans myélitiques au Congo à la fin des années les archives du Département d’anatomie et 1950 et leur utilisation dans une grande de pathologie de l’Université de Kinshasa campagne de vaccination seraient res- et datant de 1958 à 1962. A l’issue d’un ponsables de son développement dans traitement mathématique tenant compte ce pays. La deuxième partie étudie les de la vitesse des différenciations, cette comportements sexuels dans les diffé- équipe a conclu que l’ancêtre commun a rentes parties de l'Afrique tropicale avec dû apparaître entre 1902 et 1921. C’est à notamment comme objectif de déterminer Kinshasa qu’on observe aussi la plus gran- s'ils ne rendent pas certaines sociétés de diversité des virus du groupe M, qui est plus vulnérables que d'autres (Vangroen- responsable de 95 % des infections VIH weghe D., 1997 et 2000). dans le monde. Comme les souches VIS A l’occasion de la remise du Prix Roi (virus d’immunodéficience simiesque) les Baudouin à une organisation ougandaise plus proches du groupe M, ont été de prévention du Sida et d’accompagne- trouvées chez des chimpanzés de l’extrê- ment des malades (The Aids Support me sud-est du Cameroun (bassin de la Organization TASO), plusieurs communi- Sangha, donc au coeur de la cuvette cations concernent le Sida en Afrique congolaise), à 700 km de Kinshasa, on (SIDA et développement en Afrique, peut supposer que c’est là qu’il y a eu 1995). Outre celle d’Amat-Roze déjà transfert du virus à l’homme, par le sang citée, on retiendra celle de Y. Verhasselt de chimpanzé, chez des chasseurs prépa- sur le fonctionnement de cette organisa- rant de la viande de chimpanzé pour la tion (pp. 21-26), celle de P. Bouvier consommation. Mais pour que l’épidémie concernant les conséquences du Sida se développât, il a fallu attendre que le sur les structures socio-parentales (pp. virus arrive, par les déplacements le long 39-53) et celle de G. Carrin, traitant ses des rivières, dans des noyaux suffisam- effets sur les ménages ruraux (pp. 55-78). ment denses de population. Il les a trouvés Voici quelques précisions sur les dates dans les agglomérations qui commencent possibles d’apparition du Sida au Congo. à croître à cette époque. L’expansion sera Elles confirment que l’épidémie est née et exponentielle: quelques individus concer- s’est développé à partir de l’Afrique cen- nés vers 1910, quelques milliers vers 1960, trale. Dans notre chronique précédente, tous en Afrique centrale (à ce moment, il y nous avions cité la découverte du virus aura transfert de souches du sous-type B, dans le sérum d’une femme congolaise par Haïti, vers l’Amérique du Nord puis traitée à Bruxelles en 1977. On en dédui- l’Europe), 55 millions dans le monde en sait que le virus avait dû apparaître dans la 2007 (Sharp P. et Hahn B., 2008; Worebey première moitié du XXe siècle. Depuis lors, M. et al., 2008). on a découvert des fragments de virus Voici le cas d’une petite ville de 40 000 dans des biopsies de ganglions lympha- habitants (Inongo, sur le lac Mayi tiques effectuées en 1960 à Léopoldville, Ndombe), donc assez proche du milieu ce qui a permis d’analyser une partie du rural. La prévalence brute est de 1,1 %, génome d’une souche VIH-1 (DRC 60). un peu plus forte chez les femmes que Des séquences virales ont été décou- chez les hommes. Une campagne de vertes dans un plasma sanguin datant de prévention devrait viser d’abord les 1959 à l’hôpital universitaire de Kinshasa migrants masculins (travailleurs saison- (ZR 59). Les deux souches étaient diffé- niers et itinérants) (Garin B. et al., 1993). rentes, leurs génomes différant de 12 %. Au Rwanda, l’épidémie a progressé de On estime qu’elles ont dû avoir un ancêtre 91% par an de 1983 à 1990. Les deux commun au plus tard 50 ans plus tôt soit tiers des malades dépistés étaient dans donc au début du XXe siècle. Une équipe les villes et près des bourgs de services

270 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 le long des axes commerciaux. La mala- LES MALADIES VIRALES NOUVELLES die est une grave menace pour le pays. Au moment où l’article, qui cite ces Parmi celles qui ont ravagé l’Afrique cen- données, a été écrit, certains n’étaient trale, la fièvre Ebola a sans doute semé le pas loin, dans le pays, de considérer l’é- plus d’effroi. Nous ne disposons pas pidémie comme un moyen pour le cependant d’études permettant de lier Rwanda, avec la guerre, de rajuster sa cette maladie aux conditions du milieu densité démographique à ses res- congolais, sinon l’existence probable d’un sources! C’était avant le drame de 1994 réservoir du virus parmi les chimpanzés. (Gotanègre J.F., 1993). Dans une autre partie de notre chronique, Une enquête menée auprès d’un groupe on pourra voir comment la maladie a pu d’adolescents au Rwanda, dans cinq bouleverser les rites funéraires et l’attitude écoles secondaires de la province de envers les morts. Il semble d’autre part, Gitarama, montre que les interventions que le transport clandestin de mourants ou de prévention du Sida, qui leur ont été de cadavres vers leur village d’origine, destinées, ont eu peu d’effets sur leur pour accomplir les rites funéraires tradition- comportement sexuel. La pandémie de nels, notamment lors de l’épidémie de sida a un effet dévastateur sur l’organi- Kikwit en 1995, a dû favoriser la diffusion de sation de l’enseignement, en frappant la maladie. les élèves et le corps enseignant (Michielsen K., Bosmans M., Temmer- PERSISTANCE ET RECRUDESCENCE DE man M., 2008). LA TUBERCULOSE La lutte contre le Sida peut être perturbée par l’attitude de la population envers la Bien que la situation troublée, qui a per- maladie. Dans la Zambie voisine, le Sida sisté dans plusieurs régions du Congo, est considéré par certaines Eglises chré- n’ait pas permis de mesurer l’intensité tiennes comme un signe annonciateur du actuelle du phénomène, il est évident que jugement dernier (Gausset Q. 2001). Au la tuberculose reste une menace grave Congo, alors que la maladie du sommeil d’autant plus qu’elle est souvent associée avait été considérée comme la maladie au Sida. Or la prévalence de celui-ci est coloniale, apportée par le colonisateur estimée à 4,2 % de la population de 15 à belge, le Sida a été associé à l’indépen- 49 ans et a dû augmenter dans les terri- dance puis considéré comme la maladie toires parcourus par les troupes armées. de Mobutu, c’est-à-dire apportée par son La résistance aux antibiotiques antituber- régime. culeux s’est accrue. On a estimé l’inciden- Dans un numéro de Congo-Afrique ce annuelle de la tuberculose à 160 cas consacré uniquement au Sida en RDC et pour 100 000 habitants (Kayembe Kalam- en Afrique, on lira un article extrait d’un bayi P. & Kimpanga Dianga P., 2006). mémoire de licence en sciences géogra- phiques de l’Université de Lubumbashi, LA MALNUTRITION ET LES MALADIES DE qui a utilisé les données de cinq cliniques CARENCE et de deux centres de dépistage de cette ville de janvier 2003 à septembre 2005. La malnutrition infantile et les maladies de Les taux de prévalence ont peu varié au carence restent un gros problème dans les cours de ces trois années mais ils sont provinces du Kivu. Les interventions nutri- assez différents d’un quartier à l’autre. La tionnelles au niveau du couple mère-enfant tranche d’âge la plus affectée est celle de contribuent largement à améliorer l’état de 35 à 43 ans, les groupes d’activités les l’enfant mais il faut en même temps amé- plus affectés sont les gérants de bars, res- liorer la situation sanitaire générale par une taurants, hôtels puis les fonctionnaires, politique de soins de santé primaires impli- particulièrement ceux des services des quant une participation de la communauté douanes et des migrations (Insoni A., concernée (Hennart Ph., Porignon D., 2007). Donnen Ph., 1996).

BELGEO • 2009 • 3-4 271 Comme on a constaté, dans la zone de La carence en iode a été combattue par la santé rurale de Kapolowe, au Katanga distribution de sel iodé à la population. (projet CIF «Village Katanga»), que les Une évaluation faite au cours de la derniè- enfants, qui avaient été traités à l’hôpital re décennie en RDC et en RCA a montré pour malnutrition, étaient victimes de une régression très significative du goitre, rechutes fréquentes, on a proposé un pro- la disparition du crétinisme mais aussi le gramme de réhabilitation nutritionnelle à développement de cas d’hyperthyroïdie et domicile en y faisant participer les familles. de maladies auto-immunes thyroïdiennes On les aide à identifier les causes pro- inconnues auparavant dans la région. fondes de la malnutrition et on favorise des L’OMS devrait s’inspirer de l’exemple de la réseaux collectifs d’entraide pour acquérir Suisse qui a su résoudre ses problèmes de les aliments recommandés pour enrichir la carence en iode avec un minimum d’effets bouillie quotidienne (Tellier V. et al., 1996). secondaires (Bourdoux P. et al., 2005). La dégradation de la situation nutritionnel- le dans la Région des Grands Lacs doit LE FONCTIONNEMENT DES SYSTÈMES être considérée comme un des facteurs de DE SANTÉ la crise politique de 1994 (Vis H., 1997 b). Dans cette région, de nombreux pro- Les deux dernières décennies du vingtiè- blèmes sanitaires découlent de la malnutri- me siècle ont vu l’application, dans une tion ou contribuent à la renforcer (charges bonne partie des pays en développement, infectieuses bactériennes, parasitaires et des résolutions d’Alma Alta (1978) sur la virales, mauvaises conditions d’hygiène – Santé pour Tous à l’Horizon 2000, c’est-à- voir les reprises des endémies de gastro- dire d’une politique généralisée de soins entérite à vibrion cholérique et à shigella, de santé primaires. Parmi les essais, qui etc.). En outre, les troubles ont dégradé les ont été menés dans différents pays pour systèmes de prévention et de médecine aboutir à la formulation de ce modèle, figu- curative (Goyens P., 1997). re le projet de recherche-action de La malnutrition sévit aussi dans les villes. Kasongo, au Maniema, entrepris par Des enquêtes anthropométriques faites de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. novembre 1991 à mars 1994, à Kinshasa, Celui-ci avait repris les activités hospita- ont montré une fluctuation saisonnière de lières de Kasongo peu avant l’indépen- la malnutrition en relation avec les prix des dance du Congo (une partie, dont le sana- produits vivriers sur les marchés et une torium, était gérée auparavant par le tendance générale à la hausse. En mars Cemubac) et y avait développé un systè- 1994, 10,7 % des enfants examinés se me de santé intégré au service du déve- trouvaient dans une situation de malnutri- loppement général: un réseau de centres tion globale aiguë. Ce sont évidemment de santé, un hôpital de référence, une les enfants des milieux les plus défavorisés pharmacie, une contribution financière for- (Arbyn M. et al., 1995). faitaire des prestataires. Dans le périmètre L’aide à la nutrition ne devrait-elle pas tenir couvert, 90% de la population étaient ins- compte du problème de l’intolérance au crits dans les centres de santé à la fin des lactose que l’on rencontre dans une partie années 80 mais la dégradation générale de la population de la région des Grands de l’économie rendait difficile le fonction- Lacs? La guerre et les déplacements de nement de beaucoup de ceux-ci. L’arrêt populations y ont engendré une situation de la coopération belge après 1990 a endémique de malnutrition. Les enfants compromis tout le système (Van Balen H., lactose-intolérants (cette intolérance aurait 1997). une origine génétique) souffrent davanta- Dans certaines régions, ce système de ge de cette situation que les lactose-tolé- centres de santé, qui comportait une par- rants qui récupèrent mieux quand l’état ticipation active de la population locale, a nutritionnel s’améliore. Il faudrait tenir continué à fonctionner souvent avec l’ai- compte de ces faits quand on envisage de indirecte et les conseils de diverses une aide alimentaire par apport de lait ONG. Mais dans l’est du Congo, il a été (Brasseur D., Goyens Ph. et Vis H., 1998). confronté à une situation de guerre. Un

272 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 événement essentiel a été d’abord, à la qui a sévi parmi les réfugiés à Goma. Or suite des mouvements de réfugiés et des des épidémies de choléra avaient été sur- épidémies diverses survenant dans leurs montées efficacement dans la même camps, l’intervention de grandes organi- région quelques années auparavant, sations internationales dotées de moyens notamment en 1978, grâce à des études puissants, installant des hôpitaux tempo- biologiques approfondies qui avaient per- raires, distribuant gratuitement nourriture mis l’utilisation de solutions de réhydrata- et médicaments (Croix-Rouge Inter - tion adaptées à la situation de malnutri- nationale, Croix-Rouge allemande, tion chronique dans laquelle se trouvaient Médecins Sans Frontières, organisations les malades. Une prise en considération onusiennes de secours aux réfugiés, insuffisante de cette situation à Goma en etc.). Beaucoup de réfugiés se sont aussi 1994 et le fait que les équipes d’urgence installés en dehors des camps. Comment n’ont pas tenu compte des analyses et les systèmes de santé, qui étaient en des études antérieures – ou ne les place, se sont-ils comportés face à ces connaissaient pas – ont certainement agi interventions? Certains de leurs propres sur le nombre des victimes (Vis H. et équipements, qui fonctionnaient encore Goyens P., 1996, Goma Epidemiology correctement, ont souvent été utilisés par Group, 1995, Siddique A. K. et al., 1995). les organismes internationaux. Mais la Comment la recherche en santé peut-elle démarche de ceux-ci est par définition être menée aujourd’hui dans les condi- temporaire, essentiellement dans l’urgen- tions particulièrement difficiles de l’est du ce. Dans quelle mesure peut-elle se Congo? Une équipe du Cemubac expose concilier avec une action de développe- la méthodologie qu’elle a mise au point ment sanitaire qui se fait dans la durée? (Porignon D. et al., 2006). De façon générale aussi l’aide humanitai- Il est intéressant de suivre sur près de re ne répond-elle pas à une autre problé- deux décennies l’évolution des décès matique que l’aide au développement? maternels, des décès de nouveaux-nés et Ces questions sont soulevées dans plu- des naissances de faible poids dans une sieurs articles qui montrent une bonne maternité du Nord-Kivu (Rutshuru) résistance de certaines zones de santé, (Mugisho E. et al., 2002). comme celles du district de Rutshuru (qui Dans la zone de santé de Ngaba, à a traité 65 000 cas de pathologie parmi Kinshasa, on a voulu vérifier si l’accessi- les réfugiés rwandais installés en dehors bilité aux soins de santé ne dépendait des camps) ou de Kirotshe, toutes deux pas aussi d’autres facteurs que le revenu. dans le Nord-Kivu. Le district de santé A un certain niveau de revenu, d’autres s’est révélé une structure efficace pour facteurs interviennent pour expliquer les faire face à des conditions exception- différences dans le recours à ces soins. Il nelles. Citons, à titre d’exemple, les s’agit notamment de la religion et de la articles de Porignon D. et al., 1995, Vis H. prise en charge des soins de santé par et Goyens P., 1996, Goyens P. et al., 1996, une association. Les membres de reli- Porignon D. et al., 1998. Un article de gions «classiques» (catholiques, protes- Porignon D. et al. (2006) revient sur le tants, kimbanguistes, musulmans) ont sujet de la «résilience», c’est-à-dire la une accessibilité cinq fois supérieure à capacité à résister et à «rebondir», des celle des membres des religions afri- zones de santé en traitant particulière- caines (Eglise des Noirs en Afrique, ment le cas du district de Rutshuru. Bundu dia Kongo, etc.). Parmi les Les organismes, qui sont intervenus dans membres des Eglises de réveil (Témoins l’aide humanitaire d’urgence, connais- de Jéhovah, etc.), certains s’en remettent saient mal les problèmes sanitaires et à la prière pour obtenir la guérison nutritionnels locaux, ce qui les a conduits (Kebela Kebela P., 2004). Pour celles-ci, à commettre des erreurs de diagnostic et voir notamment les articles de R. Devisch de prise en charge. Cela a été particuliè- cités plus loin. rement vrai pour l’épidémie de choléra

BELGEO • 2009 • 3-4 273 LA DÉMOGRAPHIE ET LA GÉOGRAPHIE DE LA POPULATION

LES DONNÉES ANCIENNES effectué avec maîtrise et enthousiasme. L’enquête n’avait pas été confiée à des On sait que la valeur des données démo- agents coloniaux territoriaux, comme c’é- graphiques en Afrique a été le plus sou- tait le cas auparavant, mais à des vent fort médiocre. J. Stengers nous rap- équipes de fonctionnaires africains, spé- pelle les différents facteurs qui ont pu cialement formés pour cette opération. affecter leur qualité. Il n’est pas toujours Les données de cette enquête consti- certain non plus que les données les plus tuent les références essentielles pour récentes soient nécessairement plus toutes les études démographiques ulté- dignes de confiance que les données rieures même si certains ont suggéré que anciennes (Stengers J., 1992). Nous ses résultats comportaient une part de pourrions ajouter que, pour les opérations sous-estimation parce que, en situation de dénombrement et d’enrôlement des coloniale, une partie de la population électeurs du référendum sur la nouvelle aurait cherché à se soustraire aux constitution et des premières élections de enquêtes (Romaniuk A., 2006). la RDC, qui équivalaient à un recense- La politique sociale de l’Union Minière du ment d’une partie de la population (celle Haut-Katanga, qui avait créé une infra- de plus de 18 ans), certaines relèvent du structure médico-sociale, construit des surréalisme, comme le transport, en logements et qui intervenait dans l’ali- pirogue parfois, vers des régions isolées mentation de ses travailleurs en fournis- (et bien sûr dépourvues de toute ressour- sant une ration alimentaire (remplacée ce électrique), de matériel informatique partiellement par un versement en argent pour la confection de cartes d’électeur après 1950, supprimée en 1961 puis électroniques. Mais la communauté inter- réinstaurée sous la forme d’un accès à nationale n’avait pas voulu lésiner sur les des cantines, c’est-à-dire des magasins à moyens financiers pour réussir la «démo- prix réduits en 1964) avait fait diminuer cratisation» du pays! fortement les taux de mortalité infantile On se réjouira de la réédition du livre dans les familles qui dépendaient d’elle. qu’Anatole Romaniuk avait publié en De 316 pour mille en 1929-31, la mortalité 1961 et qui synthétisait la grande enquê- infantile était tombée à 160 en 1938-40 et te sociodémographique qu’il avait dirigée 95 pour mille en 1947-49. Son minimum a de 1955 à 1957. Elle donnait enfin une été de 51 pour mille en 1959-61. Elle vue précise de la situation dans les der- remonte ensuite à 66 pour mille en 1965- nières années de la période coloniale. 67 pour redescendre aux environs de 61 Cette enquête par échantillonnage (10 % pour mille en 1968-1970 (Dibwe dia de la population rurale, 15 % de la popu- Mwembu, 1993). lation urbaine), la plus vaste à avoir été organisée au Congo belge, a été menée LES DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES voici donc un demi-siècle, à un moment ACTUELLES où la perspective d’une diminution de la population préoccupait encore certains Le vieillissement de la population, sinon esprits. Elle avait révélé que le pays avait, même tout simplement la transition démo- dans son ensemble, un taux de croissan- graphique, n’est pas encore sensible au ce naturelle de 2,3 % (1,8 % pour le Congo. Le pourcentage des personnes milieu rural, 4,3 % pour le milieu urbain et de plus de 64 ans est de 2,8 seulement 3,7 % pour le milieu mixte). Elle avait en 2000 et ne dépassera pas 5,6 en 2025. confirmé l’existence de poches de faible L’espérance de vie reste faible: 47 ans croissance et de médiocre natalité dans pour les hommes et 49 ans pour les certains districts de la Province Orientale femmes en 1998. Elle n’atteindrait 70 ans (Bas et Haut-Uele) et de la Province de qu’en 2050 (sans tenir compte des effets l’Equateur (Tshuapa). Le travail avait été du Sida!). Le taux de fécondité ne faiblit

274 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 pas. Le taux de croissance naturelle est et sa famille? Les procédures prévues par passé de 1,2 % en 1950 à 3,1 % en 1998. la Conférence Nationale Souveraine sont La femme congolaise passe sa brève vie apparues très vite comme inapplicables dans les maternités, l’éducation et la sco- (Ngondo a Pitshandenge S., 1995). Nous larisation de ses six enfants et meurt le n’avons pas d’information précise sur ce plus souvent avant la fin de la scolarisa- qui a été fait. Nous avions nous-même tion de son dernier enfant (Ngondo a évoqué ce problème à propos du recen- Pitshandenge S., 2001). sement de 1984, qui contrairement à La mortalité maternelle atteindrait des toute évidence, indiquait très peu d’étran- taux effrayants. Une enquête de 1998 gers dans le Kivu (voir Nicolaï H., 1998, aboutit à un taux de 1837 décès mater- pp. 15-18). nels pour 100 000 naissances vivantes Nous retrouvons, une dizaine d’années alors que la valeur calculée par le PNUD plus tard, exprimées cette fois par L. de pour la décennie 1980 était de 870 (une Saint Moulin et plus précisément du point enquête du CEMUBAC avait fourni la de vue démographique, les inquiétudes valeur de 750 pour les zones rurales du que l’on pouvait nourrir sur les résultats Kivu, en 1982-83) et que, pour les autres qui sortiraient des opérations d’inscription pays de l’Afrique tropicale, il varierait des électeurs pour les élections prévues entre 215 et 960. Faut-il croire à un effet en 2006. D’autant plus qu’un essai de combiné de la crise économique et du recensement de la population dans une Sida (détérioration des conditions écono- commune de Kinshasa avait donné des miques et alimentaires, augmentation des résultats peu fiables et qu’une enquête avortements à risques par suite du sur la perception des élections par les manque de moyens contraceptifs, habitants, indiquait qu’une très forte pro- manque d’accès financier aux soins) ou portion des personnes enquêtées (46 %) bien ces chiffres catastrophiques sont-ils craignaient que les perdants des futures la conséquence de la méthode suivie élections ne recourent à des tentatives de pour le calcul ou d’une trop petite taille de rébellion (de Saint Moulin L., 2005). Le l’échantillon? Les taux de mortalité infanti- même auteur rappelle, dans un autre le auraient par contre diminué entre1984 article, cité à propos de la préparation et 1998 sauf dans l’Equateur, les deux des élections (de Saint Moulin L., 2006 a), Kivu, le Bas-Congo et le Maniema. Le que la population totale du Congo, atten- taux de natalité à Kinshasa serait passé, due pour 2005, était de 59 millions d’ha- pour la même période, de 5,14 à 2,8 %! bitants, étrangers non compris. (Ngondo a Pitshandenge S., 2000). On Sur la géographie et l’histoire de la popu- devine que tous ces chiffres peuvent être lation proprement dite, L. de Saint Moulin sujets à contestation. a continué à nous fournir régulièrement Les démographes, après les décisions de des mises au point et des précisions nou- la Conférence Nationale Souveraine, ont velles. Voici d’abord un article sur l’évolu- été très inquiets sur la façon dont pouvait tion des densités. Y a-t-il eu concentration être réalisé le recensement préalable à accrue de la population entre 1948 et des élections générales. Comment traiter 1984? Oui si l’on envisage l’accroisse- en effet le problème de l’identification, ment de la part de la population urbaine. c’est-à-dire concrètement de la distinc- Mais, dans le milieu rural, la courbe de tion entre les habitants de nationalité concentration est restée fondamentale- congolaise et les étrangers? Dans le Kivu ment la même. Il n’y a eu que de faibles notamment, si on laisse de côté le problè- mouvements de concentration. Par pro- me des réfugiés de fraîche date qui sont vince (= région), la croissance la plus parqués dans des camps, un simple forte a été enregistrée pour les deux fonctionnaire pourra-t-il refuser la recon- périodes 1948-1970 et 1970-1984, par le naissance de la nationalité congolaise à Kivu-Maniema; la plus faible, par le Haut- un immigrant de vieille souche, cette Zaïre (Province Orientale), connu pour décision risquant d’avoir un effet de vie ses poches de faible natalité. La crois- ou de mort pour la personne concernée sance du Kivu est liée en grande partie à

BELGEO • 2009 • 3-4 275 une forte immigration rwandaise. Le (conséquences des événements du Shaba (Katanga) a connu une très forte Rwanda, flux et reflux de plus d’un million croissance pendant la première période, de réfugiés) (Nicolaï H., 1998). une croissance beaucoup plus faible Les problèmes démographiques du ensuite. Le Kasai oriental a eu la crois- Rwanda ont fait l’objet de plusieurs sance la plus forte, après celle du Kivu, études approfondies. La plus importante pendant la période 1970-1984 (retour de est la thèse que John May a soutenue à la Kasaiens du Shaba et développement de Sorbonne en 1996, et dont les grandes la production minière artisanale de dia- lignes sont reprises dans un article de la mant). Il y a eu des glissements de popu- revue Population. La thèse s’intitulait lation vers les zones d’agriculture vivrière «Urgences et négligences: pressions commercialisable et les zones d’exploita- démo graphiques et réponses politiques tion artisanale de matières précieuses. La au Rwanda (1962-1994)». L’auteur croissance de la population rurale dans montre, après une étude très détaillée et l’ensemble a été manifestement réduite très précise de l’évolution démogra- par l’exode (de Saint Moulin L., 1995). phique du Rwanda indépendant, que, Poursuivant la série des cartes au dans le courant des années 1980, toutes 1/1000 000 de la répartition et de la den- les soupapes qui avaient permis de sou- sité de la population couvrant les diffé- lager la pression démographique rentes provinces du Congo, dont quatre (récupération des terres occupées jadis avaient été dressées à la fin des années 50 par les éleveurs Tutsi réfugiés en Uganda, et au début des années 60 dans le cadre intensification de l’agriculture, mise en du CEMUBAC, nous avons établi celles du place de fronts pionniers dans les régions Kivu (Nord et Sud Kivu) à partir des orientales encore peu peuplées) étaient à données du recensement de 1984. Une la limite de leurs possibilités de fonction- carte donne la population par localité. nement. Or, elles avaient conforté les L’autre fournit la densité calculée par autorités rwandaises dans leurs réti- mailles géométriques. Il n’a pas été pos- cences à adopter une politique efficace sible de calculer les densités par groupe- de contrôle de la natalité, en grande par- ments ou collectivités comme cela avait tie d’ailleurs à cause de l’opposition de été fait pour les cartes précédentes car l’Eglise catholique. Une timide tentative nous n’avons pu en connaître les limites. de planification familiale avait commencé Un mémoire, qui comporte d’abord une seulement en 1987. Elle n’avait pu encore analyse ces cartes, critique les données porter tous ses fruits bien qu’elle eût per- du recensement et décrit les variations mis de faire baisser l’indice conjoncturel spatiales de la densité. Il analyse les fac- de fécondité de 8,5 enfants par femme en teurs explicatifs des fortes densités de la 1983 à 6,2 en 1992 (May J., 1995 et partie orientale (versant intérieur du Rift 1996). Sur le cas du Burundi, voir le livre centrafricain avec des extensions vers de Ch. Thibon (2004). l’ouest, dans le Nord-Kivu (Territoire de La perception par les populations pay- Masisi) et, dans le Sud-Kivu, à hauteur de sannes rwandaises du problème démo- Bukavu, et insiste sur l’importance de l’im- graphique a été un facteur du drame de migration à partir du Rwanda. Ces pro- 1994. La peur de devoir partager des vinces connaissent le taux d’urbanisation terres considérées déjà comme trop exi- le plus bas du Congo. Cependant un cha- guës a été utilisée par les hommes poli- pelet de localités s’égrène du nord au sud tiques pour déclencher les actions des dont certaines comptent en 1984 déjà plu- masses paysannes hutu contre les Tutsi. sieurs centaines de milliers d’habitants Nous avons commenté ces questions à (Uvira, Bukavu, Goma, Butembo, Beni). l’occasion d’un colloque organisé par Certaines surfaces connaissent une char- l’ARSOM. Nous y décrivons les implica- ge (surcharge?) démographique compa- tions démographiques de la catastrophe rable à celles du Rwanda voisin. Un cha- de 1994 d’abord pour le Rwanda même, pitre décrit les modifications apportées à la ensuite pour les régions voisines du Kivu situation depuis le recensement de 1984 jusqu’au mouvement de retour des réfu-

276 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 giés à la fin 1996 (Nicolaï H., 1997). Une J.P., 1997). On trouvera un peu plus loin étude faite dans le nord-ouest du Rwanda dans cette chronique des considérations de 1988 à 1993 montre la montée de ten- de même type sur les relations entre les sions très fortes dans les relations faits démographiques et les événements sociales résultant de la crainte d’une historiques récents. pénurie de terres (André C. et Platteau

L’HISTOIRE

GÉNÉRALITÉS Nziem. Ce travail monumental, écrit avec un souffle évident, n’évite pas tous les Bibliographie et sources pièges des grandes synthèses mais est, à coup sûr, une pièce essentielle dans la Voici d’abord un ouvrage de référence bibliographie historique africaine. Peut-être indispensable: une bibliographie, qui ras- lui reprochera-t-on une vision un peu idyl- semble, de façon quasi exhaustive, ce qui lique de l’avenir du pays. L’auteur estime a été publié entre 1960 et 1996 sur l’his- que le Congo-Zaïre a vocation de construi- toire du Congo de 1880 à 1960. Elle re une fédération d’Afrique Centrale Latine compte près de 4000 références classées avec le Congo (Brazzaville), le Gabon, la en 11 rubriques principales avec un index République Centrafricaine (Oubangui), le des auteurs (Loriaux F., Morimont F., Vellut Rwanda, le Burundi et (ou des parties de) J.-L., 1996). l’Angola (pp. 789-780). Cette conclusion, L’Académie royale des Sciences d’Outre- qui atteste d’une grande confiance dans Mer a commencé la publication de sa col- l’avenir, est assez peu conforme à la tour- lection Fontes Historiae Africanae, qui nure actuelle des événements (Ndaywel è s’insère dans un projet de publication Nziem I., 1997) et l’auteur la rejettera internationale créé sous les auspices de d’ailleurs ou la nuancera dans des articles l’Union Académique Internationale et dont postérieurs. La publication de ce livre a été l’objectif est l’édition critique de sources l’occasion pour J.-L. Vellut d’un commen- relatives à l’histoire de l’Afrique au sud du taire approfondi dans lequel il le situe dans Sahara. Un volume est consacré aux la tradition des histoires nationales trans- sources des missions protestantes rela- posée à un cas africain et analyse dans tives à Simon Kimbangu (Vellut J.-L., quelle mesure ce livre se conforme aux 2005), un autre à une correspondance idées qui ont sous-tendu ce genre histo- privée de Pierre Ryckmans (Vanderlinden rique dont il rappelle les ambiguïtés, les J., 2007) (voir plus loin). objectifs proclamés ou cachés et les Un inventaire, utile pour tous ceux qui dérives aux conséquences parfois redou- s’intéressent aux acteurs de la colonisa- tables (Vellut J.-L., 1999). tion belge, a été établi pour les archives Un autre ouvrage général, à caractère historiques privées du Musée royal de plus politique, mérite aussi d’être signalé l’Afrique centrale (Van Schuylenbergh P., (Nzongola-Ntalaja G., 2003). On retiendra 1997). aussi l’aperçu général de J.-P. Peemans Dans la collection des African Historical (1998), qui comporte une vue de l’évolu- Dictionaries, le n° 76 est une édition tion de l’économie et de la société. Il exis- révisée du volume sur le Congo (Bobb S., te d’autres publications du même type 1999). D’autres fascicules revisés concer- mais de valeur fort inégale. Nous ne pou- nent le Burundi (1997, par Eggers E. K.) et vons les citer toutes ici. le Rwanda. Pour les régions orientales du Congo et les pays voisins, on lira, de J.-P. Chrétien, Les histoires générales et l’historiographie un ouvrage consacré à l’histoire générale de l’Afrique des Grands Lacs (Chrétien Une vaste synthèse de l’histoire du Zaïre- J.P., 2003). Sur la période du mandat au Congo a été établie par I. Ndaywel è Burundi, avant la deuxième guerre mon-

BELGEO • 2009 • 3-4 277 diale, voir Gahama J. (2001). miques. Il faudrait prendre davantage en Voici un autre ouvrage général sur l’histoi- considération les initiatives des Africains re du Congo qui intéressera par l’origina- dans leur histoire et la continuité de leurs lité de sa démarche. Comme l’indique le systèmes politiques et économiques sous-titre «Empreintes d’une colonie», il (Vanhee H. et Castryck G., 2002). étudie non pas l’histoire proprement dite En hommage à Frans Bontinck, ses amis du Congo, dont il trace cependant une et ses anciens élèves lui ont offert un volu- rapide synthèse, mais son effet sur l’his- me de mélanges sous le titre «La toire de la Belgique, c’est-à-dire sur sa Nouvelle Histoire du Congo». Il contient politique intérieure, sa position extérieure, nombre de textes intéressants, sur la pro- son économie. Il est évident, par blématique des langues nationales (par exemple, que, sans le Congo, la Belgique Obotela Rashidi), sur l’intérêt de l’étude n’aurait pas eu la même place, à certains des anthroponymes (par Mabiala moments, sur la scène internationale. Le Mantuba-Ngoma), sur l’autoreprésenta- livre décrit aussi les relations entre la tion de la société «moderne» de Belgique et le Congo indépendant Kinshasa, à travers les tableaux de ses (Vanthemsche G., 2007). peintres (par B. Jewsiewicki), sur la natio- Un gros ouvrage d’histoire économique et nalité congolaise à l’épreuve du séisme financière étudie tout spécialement les des Grands Lacs (par Ndaywel è Nziem), entreprises coloniales qui ont travaillé au et sous le régime Mobutu (par Sabakinu Congo de 1885 à 1960, y compris l’action Kivilu), etc. Cependant, contrairement à des hommes qui les ont dirigées (Buelens ce que le titre général de l’ouvrage F., 2007). suggère, ces travaux ne se distinguent L’auteur de l’histoire générale du Zaïre- pas fondamentalement, ni par la nature Congo citée plus haut a publié un bref des sujets traités, ni par les méthodes uti- article sur l’historiographie du Congo lisées, des autres publications historiques postcolonial. Il y constate que les cher- de ces dernières années (Mabiala cheurs congolais sont peu représentés, Mantuba-Ngoma P., 2004). Certains de sans doute en grande partie en raison ces articles font l’objet d’un commentaire des difficultés matérielles des universités un peu plus loin dans cette chronique zaïroises. Mais il s’inquiète aussi du fait que ses concitoyens liraient peu (séquel- L’HISTOIRE PRÉCOLONIALE le, suggère-t-il, d’une culture traditionnel- lement orale?) (Ndaywel è Nziem I., Quelques données archéologiques 1995). Pour la situation de l’historiographie afri- Des phytolithes ont été recueillis et ana- caine en Belgique depuis 1960, un débat lysés dans trois sites archéologiques de portant notamment sur les intentions attri- la forêt de l’Ituri. Les plus anciens, datés buées aux historiens ou écoles d’histo- de 19 000 à 10 000 B.P. indiquent que la riens, s’est amorcé entre J.Vansina et J.-L. région nord-est du bassin congolais était Vellut (2002) à la suite d’une interview du couverte de forêts à la fin du Pléistocène premier dans une newsletter des quand elle a été occupée par l’homme. Africanistes belges qui lui était consacrée Depuis lors, l’occupation humaine semble (Arnaut K. et Vanhee H., 2001). avoir été continue (Mercader J. et al., Dans un numéro de la Revue belge d’his- 2000). D’autres articles dirigés par le toire contemporaine consacré à L’histoire même auteur utilisent ces fouilles pour africaine. Tradition belge/ Afrikaanse ges- reconstituer l’histoire ancienne du peuple- chiedenis. Belgische Traditie» édité par ment de la grande forêt équatoriale Castryck G., François L. et Vanhee H., (Mercader J. et al., 1998) et aussi celle deux des éditeurs expriment l’avis que les des deux derniers millénaires (Mercader préoccupations des historiens africa- J. et al., 2000 et 2001a). Des restes nistes belges se concentreraient encore humains vieux de 800 ans ont été décou- trop fortement sur «les Belges au verts dans un abri sous roche (Mercader Congo», ce qui serait une source de polé- J. et al., 2001b).

278 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 E. Cornelissen (2002) étudie les effets du Congo (Vansina J., 2001). vraisemblables qu’ont eus sur les L’histoire de la banane plantain peut-elle sociétés humaines les changements de aider à reconstituer la diffusion des l’environnement entre 40 000 et 12 000 peuples «bantous»? L’adoption de la dans l’ensemble de l’Afrique centrale tan- banane plantain aurait permis aux dis que D.L. Schoenbrun (1994-1995) Bantous de coloniser la forêt équatoriale tente de préciser les changements dans qui ne se prête ni à la céréaliculture ni à la l’agriculture qui se sont produits dans la culture de l’igname par suite de l’absence région des Grands Lacs pendant la de saisons marquées. Quand la banane deuxième moitié du premier millénaire de plantain est-elle arrivée dans les régions l’ère chrétienne. de la grande forêt? Comme les bananiers comestibles ne donnent pas de semences L’expansion bantoue ni un pollen durable et ne comportent pas de parties ligneuses, on ne trouve pas de Une controverse, qui n’est pas tout à fait traces archéologiques de leur culture. neuve, est plutôt une invitation à la pru- L’opinion générale est que le bananier est dence qu’une véritable avancée sur la originaire de l’Inde et qu’il s’est propagé question. Il ne faudrait par parler de «l’ex- en Afrique à partir de la côte de l’Océan pansion bantoue» car on ne peut établir Indien. En se fondant sur le degré de de corrélation entre l’expansion des diversification des variétés actuelles et la langues bantoues et la diffusion d’un cer- fréquence des variations somatiques, tain nombre de techniques concernant mesurée à partir de quelques expé- les aliments de base et la métallurgie riences, les auteurs de cette étude esti- attestée par les données archéologiques ment qu’en suivant peut-être un itinéraire (Vansina J., 1995). le long duquel la banane ensete était déjà J. Vansina, dans le chapitre de conclusion connue, à une époque sans doute un peu d’un ouvrage consacré à une exposition plus humide que l’actuelle, le bananier de masques d’Afrique centrale, trace plantain serait arrivé dans la grande forêt cependant les grandes lignes de l’expan- entre 1600 et 2000 B.P. Des considéra- sion bantoue au cours des deux derniers tions linguistiques suggèrent une exten- millénaires dans le bassin du Congo (bien sion ultérieure du plantain vers le sud (De que les masques soient absents des Langhe E. et al., 1994-1995). traces archéologiques). Les masques La linguistique peut-elle être utilisée pour sont un héritage des traditions des reconstituer l’histoire de l’agriculture chez Bantous occidentaux et la plupart étaient les peuples bantous? Un essai a été fait associés à des rites d’initiation ou de pour la domestication des cucurbitacées, chasse. La diffusion de certains d’entre en raison de l’absence jusqu’à présent de eux peut témoigner de certaines expan- découvertes de restes floraux de cale- sions politiques (relativement récentes) basses, qui se conserveraient mal dans comme celle des Lunda dans le Kwango les sites archéologiques. Des populations et le sud-est du Congo (Vansina J., 1993). proto-bantoues auraient eu un terme J. Vansina a publié aussi plus récemment (cópa) désignant une calebasse utilisée (en 2001) un ouvrage qui poursuit la pour la conservation de liquides, il y a 4 à reconstruction de l’histoire de la partie 5000 ans (Bulkens A., 1998). Mais les occidentale de l’Afrique centrale avant bases de cette affirmation sont-elles vrai- l’arrivée des Européens qu’il avait com- ment solides? mencée avec son livre sur les sentiers de Sur les relations anciennes de l’intérieur la forêt. Fondée sur des données archéo- avec les régions littorales, L. de Saint logiques et linguistiques, cette recons- Moulin signale, mais sans citer ses truction, très hypothétique, ambitionne sources, que des «creuseurs» de diamant, d’expliquer comment les différentes sur les bords de la rivière Kwango, ont sociétés sont nées et se sont diversifiées. trouvé à une profondeur assez grande, Un part importante de l’ouvrage concerne des cauris attestant donc de relations avec les sociétés du nord de l’Angola et du sud l’Océan Indien (de Saint Moulin L., 1998).

BELGEO • 2009 • 3-4 279 L’utilisation des sources orales vers 1840. Kinguri serait venu du plateau de Benguela et n’aurait eu aucun lien • Comment utiliser les traditions orales avec les Lunda. L’expansion lunda se pour écrire l’histoire des peuples sans serait faite un siècle plus tard et aurait pris écriture? une centaine d’années (Vansina J., 1998 et 2000). La question préoccupe depuis longtemps W. MacGaffey montre que l’histoire réelle les historiens de l’Afrique Noire. P.Salmon, des Kongo de Mbanza Manteka est l’in- qui l’avait discutée, en 1986, dans un verse de celle que raconte leur tradition. ouvrage sur l’ensemble des sources de Ils affirment avoir participé à un grand l’histoire africaine, la reprend dans une mouvement centrifuge issu de Mbanza réédition posthume, enrichie de nom- Kongo. En fait, ils sont constitués d’un breux exemples nouveaux, dont plusieurs ensemble de petits groupes venus de choisis en Afrique centrale (Salmon P., différentes directions. Le modèle centrifu- 2007). Sur les différents problèmes qui se ge est une projection dans le passé d’un posent à l’historien en Afrique, J.-P. idéal de centralisation politique. La tradi- Chrétien apporte son témoignage appuyé tion est donc un bricolage actuel et le pré- sur ses recherches au Burundi (sur le sent risque ainsi de créer le passé thème général du Burundi entre les voix (Macgaffey W., 1993). Dans un ouvrage du passé, les drames du présent et les plus récent, l’auteur donne son point de clichés médiatiques), dans un ouvrage vue sur une remise en question de l’histo- qui rassemble des articles publiés dans riographie de l’Afrique centrale précolo- différentes revues (Chrétien J.-P., 1993). niale (MacGaffey W., 2005). Plusieurs publications de J. Vansina four- Sur le poids des sources orales dans l’é- nissent des exemples de la façon pru- criture de l’histoire du Katanga, on lira dente avec laquelle il faut utiliser les Dibwe Dia Mwembu (2004). sources orales, matière dans laquelle il fut Dans un chapitre de supplément à la fin pionnier. Signalons en passant la réédi- d’une réédition à l’identique d’un texte de tion récente de la traduction anglaise de 1960 sur l’histoire du royaume rwanda, son livre sur la tradition orale (Vansina J., J.Vansina fournit l’historiographie de la 2006). Dans un article, il se demande question depuis la première édition et pourquoi, parmi les quatre traditions qu’il montre la difficulté à établir une chronolo- avait récoltées sur deux épisodes de la gie précise des règnes à partir d’une esti- résistance des Kuba à l’installation du mation de leur durée moyenne. Il n’est pouvoir colonial en 1899 et en 1900, l’une, guère possible de remonter au delà du qui télescope notamment les deux épi- XVIIIe siècle. Il montre aussi que, depuis sodes, est devenue dominante. Il la com- la première édition de son ouvrage, les pare avec les rapports des chefs de interprétations sur les relations entre Tutsi, poste belges impliqués dans les opéra- Hutu et Twa sont devenues plus com- tions militaires et montre que, parmi les plexes. La subdivision en trois groupes différentes versions orales de ces événe- devient de plus en plus confuse. Notons ments, elle est celle qui s’inscrit le mieux cette opinion: «Le débat est fallacieux dans la tradition du royaume kuba puisque les groupes actuels Hutu et Tutsi (Vansina J., 1993 a). Un article rappelle ne sont pas les descendants de deux eth- les témoignages sur l’histoire des Kuba nies «pures» arrivées en bloc dans le qu’apportent les statues de leurs rois pays. «Hutu» ne désignait aucune ethnie (Belepe Bope Mabintch, 2004). et le groupe actuel tutsi comprend beau- Autre exemple: pour l’histoire de la coup de gens qui ne sont pas des des- conquête lunda du Kwango, J.Vansina cendants du groupe ethnique tutsi d’origi- arrive à la conclusion, à la suite de la ne» (Vansina J., 2000 b, p. 92). comparaison avec des sources écrites, J. Vansina se penche sur «l’origine» des que les traditions relatives à Kinguri selon Tutsi. Depuis 1950, on a abandonné lesquelles celui-ci serait arrivé au Kwango l’idée que Tutsi et Hutu étaient des au milieu du XVIe siècle, ont été inventées groupes «biologiques» différents. Mais

280 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 comment expliquer leurs différences? Les les données qui ont été recueillies sur premiers agriculteurs fondant et tra- celle-ci sont nombreuses et de grande vaillant le fer et élevant un peu de bovins, importance pour la compréhension des qui vivaient dans la région de Butare, dès événements récents (Newbury C. & D., les premiers siècles avant J.-C., parlaient- 2000). ils le bantou parce que le mot Butare est En 1933, A. Pagès avait attribué à ce qu’il un mot bantou signifiant «minerai de fer»? appelait le royaume hamite du Rwanda L’affirmation est bien téméraire! J. une ascendance égyptienne. Il avait mis Vansina soutient l’idée que des groupes l’accent sur une origine «égypto-pharao- Tutsi sont arrivés depuis longtemps sur le nique» des Tutsi. Un des arguments prin- territoire du Rwanda mais que leur systè- cipaux était la présence de bovins à me social et politique s’est constitué seu- longues cornes en forme de lyre, sem- lement au cours des quatre derniers blables à ceux des bas-reliefs de l’Egypte siècles pour prendre sa forme actuelle au antique. Manifestation d’égyptosophie? XIXe siècle. De toute façon, il ne faudrait On comparera avec les thèses inverses pas confondre «l’origine» d’une catégorie que sont l’origine négro-africaine de la sociale tutsi avec celle d’une population civilisation égyptienne et son corollaire, la biologique tutsi. Y a-t-il un lien entre les Black Athena. Même type d’affabulation? Tutsi et le peuple nomade tuusi, qui vit (Sturtewagen C., 2006). dans le nord de la Tanzanie mêlé à des agriculteurs et parlant une langue sud- • Les études combinant sources orales et nilotique? (Vansina J., 1993c). sources écrites La tendance dominante de nombreux auteurs, qui ont écrit sur le drame du Venus d’abord en caravanes depuis le Rwanda, a été d’en faire la conséquence nord-ouest de l’actuelle Tanzanie pour le d’une manipulation coloniale de l’ethnicité. commerce du cuivre et de l’ivoire, les Pour J. Vansina, le contexte a été plus Yeke ont construit un royaume au complexe et les antagonismes sont plus Katanga (le chef le mieux connu a été anciens. La royauté de la seconde moitié Msiri). Une thèse leur est consacrée qui du XIXe siècle (le Rwanda de Rwabugiri et combine sources écrites et sources des grandes familles de la Cour tutsi) a orales (Legros H., 1996 a). Soucieux de une responsabilité certaine dans les cli- légitimer leur implantation au Katanga, les vages sociaux, le culte de la violence, l’af- Yeke se sont incorporés dans l’univers firmation des identités physiques. Elle a mythique et rituel des autochtones en failli à l’exigence du bien public et a créé intégrant ceux-ci ainsi que les esclaves des exploités, pasteurs et agriculteurs, ce dans des rapports de parenté. Ils y ont qui devait à terme conduire à des révoltes réussi au point que l’imaginaire actuel des (Vansina J., 2001b et 2004). habitants du Katanga n’est pas loin de Voici une autre contribution à la critique considérer les Yeke comme des pionniers des sources orales de l’histoire du de l’identité katangaise (Legros H., 1996 Rwanda. D. Newbury rappelle le rôle des b). Ils ont joué un rôle de premier plan en écrits de Marcel d’Hertefelt sur l’interpré- 1960 dans l’expulsion des Luba du Kasai tation critique de ces sources et montre et dans la sécession katangaise, fournis- par exemple que les chronologies de sant le ministre de l’intérieur du gouverne- quatre Etats voisins du Rwanda ont été ment Tshombe. Leur cas illustre bien déformées pour les mettre en accord comment a pu se constituer, s’enraciner avec la chronologie officielle rwandaise. Il et s’affirmer une ethnie, depuis les débuts signale aussi qu’il n’a trouvé aucune trace de la période coloniale jusqu’à l’époque d’une conquête militaire rwandaise du actuelle (Legros H., 1995). pays Shi, de Masisi ou d’Idjwi, au Kivu Pour le Katanga également, et à peu près (Newbury D., 1993). pour la même époque, voici deux On a peut-être trop étudié l’histoire de la sources, toutes deux orales à la base et royauté rwandaise et peut-être trop peu transcrites au début du XXe siècle, l’une celle des paysanneries rwandaises. Or extraite du récit autobiographique de

BELGEO • 2009 • 3-4 281 Tippo Tip, l’autre d’un rapport d’un admi- ron y décrit des cas de maladie du som- nistrateur de territoire, qui relatent le pas- meil. La maladie y serait apparue deux sage de Tippo Tip dans la chefferie luba ans avant son arrivée et elle aurait pris, de Mulongo (dans la partie nord de la selon lui, une forme épidémique. C’est la dépression de l’Upemba) et le début de première mention qui est faite de cette la pénétration arabe dans cette région maladie pour cette région et pour le (de Maret P. et Legros H., 1993). Congo (Salmon P., 1995 a). Le royaume Kuba est le seul de tous les Les autres aspects de l’histoire précoloniale grands royaumes précoloniaux à avoir subsisté pendant la période coloniale. J. Les croisettes de cuivre sont un des Vansina y voit trois facteurs explicatifs témoignages archéologiques les plus principaux: 1) la solidité de l’organisation connus du Katanga précolonial. P. de politique centrale, 2) le caractère quasi- Maret en fournit une classification qui se sacré du roi, 3) la réputation des arts fonde sur l’évolution de leurs formes. En kuba (Vansina J., 2007). remontant le temps: croisettes en X et en Un gros article étudie le rôle de la pirogue barres du XXe au XVIIIe siècle, formes au milieu du XIXe siècle dans l’ouest du intermédiaires entre le H et le X au sud et bassin du Congo. Il défend l’hypothèse formes NN et HX au nord, du XVIIe au que la pirogue a été introduite à partir du XIIIe siècle, croisettes HX, HIH et HI avant nord (depuis les bassins du Nil et du le XIVe siècle; enfin pour la période la plus Niger) dans le courant du premier millénai- ancienne (Ve –VIIe siècles) croisettes et re avant J.-C., c’est-à-dire à un moment où lingots. La ressemblance de forme entre se répand l’usage du fer, ce qui permet de les croisettes et les lingots de métal des creuser le tronc d’arbre qui donnera l’em- Phéniciens serait une simple manifesta- barcation. L’article décrit les différents tion de convergence. Les croisettes ont types de pirogues. Dans les eaux lentes et été tout à la fois «regalia, monnaie, les marais, les pirogues étaient petites insigne, moyen d’échange, objet d’art et comme le libenge à fond plat de la Ngiri; matière première» (de Maret P., 1995). sur les eaux profondes et rapides, les A la fin du XVIe siècle, le petit Etat côtier pirogues étaient longues et effilées. Les de Ngoyo est un exemple intéressant plus grandes pouvaient porter une centai- d’Etat précolonial qui fut partenaire des ne de personnes. Les pirogues servaient à commerçants portugais et hollandais puis la pêche et au transport. Elles étaient aussi courtier au moment de la traite atlantique. utilisées dans les guerres entre popula- Connus pour leur activité de «carava- tions riveraines. Au milieu du XIXe siècle, niers» (pourvoyeurs d’esclaves), les les grandes pirogues servaient au com- Woyo étaient aussi les gardiens des bar- merce de l’ivoire. Elles seront de moins en racons où les esclaves étaient entassés moins utilisées au XXe siècle sauf par avant leur embarquement. Ils ont fourni quelques commerçants africains pour des matelots aux navires négriers. Le relier leurs établissements (Mumbanza royaume déclina avec la fin de la traite mwa Bawele, 1997). (Mulinda Habi Buganza, 1993). Des vestiges de villages entourés de La traite des esclaves s’est maintenue sur fossés avaient été découverts dans les la côte du Congo jusqu’au milieu du XIXe années vingt dans le Sud-Ubangi. Ces vil- siècle sous l’appellation «émigration». lages ont été abandonnés au milieu du Une relation du chirurgien Gaigneron, de XIXe siècle. On a émis diverses hypo- la marine française, qui a visité différentes thèses sur les peuples qui les ont habités. factoreries d’une maison de Marseille Mumbanza mwa Bawele estime qu’il dans l’estuaire du Congo, en 1859, décrit s’agissait de Bomboma-Likaw, venus de le vaste barracon qu’était Saint Victor sur la rive droite de l’Ubangi, et de Bobo la péninsule de Banana où étaient ras- (Ngombe). Ils auraient été repoussés vers semblés des esclaves destinés aux le sud par l’arrivée des Ngbandi, Mbanza Antilles. Boma était encore un grand mar- et Ngbaka (Mumbanza mwa Bawele, ché d’esclaves. Fait intéressant: Gaigne - 2003).

282 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 L’HISTOIRE COLONIALE PROPREMENT (Huetz de Lemps C., 1994). DITE Nous avons rappelé, dans un bref article, les relations entre la géographie, les géo- Un livre accompagnant une grande expo- graphes et l’histoire du Congo, thème sition organisée au Musée de Tervuren dont nous avions déjà abordé plusieurs sur la mémoire coloniale, dans le cadre aspects dans des articles antérieurs du 175e anniversaire de la Belgique, com- (Nicolaï H., 2007). porte une mosaïque de contributions (43 Pour susciter l’adhésion à ses entreprises au total) qui en illustrent les multiples africaines, Léopold II les a placées sous facettes ainsi que la variété des acteurs le couvert de ce que nous appelons de toute origine. Il comporte trois parties. aujourd’hui l’action humanitaire (à ce La première est une interpellation sur des moment, la lutte contre la traite des problèmes généraux, la deuxième analy- esclaves) et de l’action scientifique (l’ex- se quelques thèmes regroupés en «pou- ploration géographique) et dans le cadre voirs, transactions, rencontres, savoirs, général de l’ouverture à la civilisation. Il représentations» et se prolonge dans «le n’est donc pas étonnant de voir naître, en temps d’après» (l’époque postcoloniale). 1876, dans les mois qui encadrent la La troisième présente quelques individua- Conférence géographique qu’il réunit lités généralement peu connues, soit dans son palais de Bruxelles, les deux comme on les voyait dans les documents sociétés géographiques belges de d’époque soit comme on les voit aujour- Bruxelles et d’Anvers. Elles accompa- d’hui. Les professeurs de géographie de gnent l’action coloniale sans y participer l’enseignement secondaire trouveront, directement. Celle de Bruxelles affirmera dans ce livre, de multiples illustrations et ses priorités scientifiques, celle d’Anvers documents qui leur seront fort utiles visera plutôt la promotion des activités (Vellut J.-L., 2005a). commerciales. Elles contribueront à rendre familière, à l’opinion publique, la Les débuts de la période coloniale présence belge en Afrique (Nicolaï H., 1994). L’explorateur allemand Max Buchner a Le Mouvement Géographique, par effectué de décembre 1878 jusqu’au contre, fondé peu avant la Conférence de mois d’août 1881, une expédition à Berlin et dirigé pendant plus de 30 ans caractère scientifique pour l’Afrikanische par A.-J-. Wauters, sera ouvertement un Gesellschaft in Deutschland (c’est-à-dire, organe de propagande tout autant que de en version complète, la Deutsche vulgarisation. Il deviendra, après 1892, Gesellfschaft zur Erforschung Aequatorial l’organe des sociétés belges au Congo. Afrikas). Il a traversé le pays lunda et Si sa création a répondu très certaine- séjourné pendant un semestre à la cour ment à des sollicitations directes du Roi, il du Mwant Yav, grand chef des Lunda, à entrera en conflit avec lui au moment où Mussumba. Un article résume son voya- Léopold II appliquera sa politique des ge et commente ses observations et ses grands domaines et des monopoles com- remarques sur les peuples et les person- merciaux (Nicolaï H., 1993 b). Un article nages qu’il a rencontrés. Celles-ci vont analyse le contenu de ce périodique jus- souvent à l’encontre des idées de son qu’en 1908 et montre la part prépondé- époque mais ne sont pas toujours rante qu’y prennent le Congo et les acti- exemptes de contradictions (Heintze B., vités des Belges dans ce territoire 2004). Signalons que l’auteure de cet (Brugaillère M.C., 1993). Un autre s’inté- article a assuré aussi en 1999 la publica- resse plus particulièrement à son finance- tion complète des articles, lettres et notes ment. L’essentiel de celui-ci est venu de de l’explorateur. la Compagnie du Congo pour le Sur un personnage africain caractéris- Commerce et l’Industrie. Mais Léopold II tique des débuts de l’Etat indépendant du semble être intervenu directement dans le Congo, voici quelques pages qui résu- paiement du traitement de son directeur, ment la vie et les activités de Tippo Tip ce que révèle un échange de lettres avec

BELGEO • 2009 • 3-4 283 le secrétaire de l’E.I.C., au moment où le d’avis qu’il devait être consacré unique- journal devient officiellement l’organe des ment à un travail scientifique en évitant sociétés belges au Congo. Le roi enjoint tout ce qui aurait pu avoir un aspect poli- dans sa lettre de cesser ce paiement et tique. Un ancien directeur de cette institu- d’en verser le montant à un journal tion trace un tableau de l’évolution de la d’Anvers pour qu’il soutienne sa politique. recherche qui s’y est faite. Dans les Jusqu’alors les contemporains considé- années 1920 encore, par exemple, la raient le Mouvement comme l’organe offi- Bibliographie ethnographique, qui fut cieux de l’E.I.C. (Henry E., 2008). demandée par le Ministère des Colonies, Si le Mouvement Géographique exprime devait rester de caractère documentaire les liens entre la géographie et le mouve- et inventorial, à destination des fonction- ment colonial, l’époque de sa publication naires coloniaux, sans implication poli- (fin XIXe, début XXe siècle), a été aussi tique ou même sociologique. Mais l’eth- une période privilégiée pour les liens nologie, la linguistique, la sociologie et entre l’ethnographie (et l’ethnologie), la l’histoire affirmèrent progressivement sociologie et le colonialisme. L’Institut de leurs champs de recherches et leur auto- Sociologie Solvay, inauguré en 1902, crée nomie (Thys van den Audenaerde D., en 1910, parmi ses groupes multidiscipli- 2002). naires, un «groupe d’études coloniales» L’histoire des frontières du Congo est qui comprend plusieurs collaborateurs du d’un grand intérêt. Un article, auquel nous Mouvement géographique. Ceux-ci ré- avions collaboré et dont nous parlons per cutent dans le périodique le résultat plus loin (Maboloko, 1999), insistait peut- de ses réunions. Ce groupe décida d’en- être trop lourdement sur l’idée que la fron- voyer trois missions au Congo, plus pré- tière entre l’Angola et la province actuelle cisément au Katanga. L’une étudiera les du Bandundu avait été tracée de façon moyens de pénétration du commerce totalement arbitraire sans aucun souci belge dans le Haut-Katanga et sera des organisations politiques territoriales dirigée par un géographe économiste et ethniques existantes. Elle comporte en (Georges De Leener), la deuxième, effet beaucoup de tronçons utilisant des dirigée par Georges Paquot, étudiera les parallèles géographiques Nous laissions possibilités d’établissement de colons seulement entendre que le décrochement belges et s’intéressera tout particulière- d’un degré vers le nord de sa partie orien- ment à la question de la main-d’oeuvre tale était lié à la prise en considération dans ce pays peu peuplé (avec un d’une de ces organisations. Un article recours éventuel à l’immigration chinoi- décrit avec finesse la naissance de cette se). La troisième, confiée à l’ingénieur frontière. En 1885, l’empire lunda n’avait agronome A. Hock, étudiera la question pas été incorporé au territoire de l’Etat agricole et son avenir. Mais aucune n’en- indépendant du Congo sur les cartes de visagera d’étudier systématiquement les cet Etat. La frontière était fixée sur le 5e populations et les sociétés autochtones parallèle sud. En 1890, un décret annexa (Crombois J.-F., 1998). le Lunda tout entier. Le Portugal réagit. Un La colonisation du Congo a conduit à l’in- compromis résulta de pourparlers subtils vention d’une vocation coloniale nationale entre Léopold II et le Portugal, avec inter- et d’un pouvoir colonial doté d’une idéolo- vention indirecte de l’Angleterre. Les gie. Les sciences coloniales belges, qui petits royaumes reconnaissant l’autorité en sont issues, ont été conçues à la fois du Mwant Yav, souverain des Lunda, comme la connaissance scientifique de furent répartis entre le Congo et l’Angola. l’Afrique et comme l’analyse du proces- Comme il n’était pas possible de carto- sus colonial. Toutes les institutions graphier leurs limites avec précision, on contemporaines belges liées à la les a, sur place, fixées sur des tronçons connaissance des mondes lointains en de cours d’eau et des parallèles. Les mis- sont dérivées (Poncelet M., 2008). sions de délimitation (Grenfell pour Quand le Musée de Tervuren fut fondé, l’E.I.C., Sarmento pour l’Angola) eurent à en 1898, l’administration de l’E.I.C. était souffrir fortement de la faim dans ces

284 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 régions du Kwango méridional dévastées (Bontinck F., 1995b). alors par la disette (Vellut J.-C., 2006). Dès l’époque de l’Etat Indépendant, des La frontière est du Congo, entre le lac Congolais sont venus, à la suite de cir- Tanganyika et le lac Edouard est restée constances diverses, recevoir une forma- longtemps dans une certaine imprécision. tion scolaire en Belgique. Ce fut le cas En 1909 encore, les revendications des d’un fonctionnaire de Boma, probable- Anglais sur Rutshuru, avec l’accord des ment originaire du pays yaka. Faut-il le Allemands qui leur avaient donné une considérer comme un précurseur de l’in- bande de territoire allant jusqu’à Goma, telligentsia congolaise? La démarche est ont provoqué quelques incidents qui ont peut-être téméraire (Makamu, 2002). été finalement aplanis par un accord entre Bien que l’Etat Indépendant eût érigé le les trois puissances coloniales concer - franc comme monnaie officielle en 1887, nées, en mai 1910 (Lederer A., 1993). différents objets importés ont servi long- Les frontières internationales du Katanga temps de moyens d’échange: mitako (fils restent imprécises en de nombreux de cuivre ou de laiton), cauris, perles, tis- points: ligne médiane du lac Tanganyika, sus, couvertures, mouchoirs, etc. Les accès de Pweto au lac Moero, accès mitako ont été utilisés, même par l’Etat, théorique mais inexistant en pratique au jusqu’en 1912. Des croisettes de cuivre lac Bangweolo, etc.; seuls le méridien ont même été fabriquées en Belgique oriental et la crête Congo-Zambèze ont avec une contremarque officielle été bornés. Plusieurs groupes ethniques (Schoonheyt J., 2005). sont divisés entre plusieurs Etats et/ou Les transports au début de la colonisation deux provinces (Yemba P.T., 1999). Un fait anecdotique montre un aspect Evidemment ce ne sont pas là constata- mineur des tentatives faites pour résoudre tions nouvelles. le problème du transport et de l’utilisation Les Belbases, un fait frontalier particulier. de l’énergie animale, l’acclimatation des A la suite de sa participation à la lutte chevaux de trait paraissant impossible en contre les troupes allemandes de Afrique centrale. La mémoire populaire a l’Afrique orientale, la Belgique a obtenu conservé le souvenir de l’arrivée, en des facilités douanières de transit pour 1904, à Léopoldville, depuis Ténériffe, à les marchandises en provenance ou à l’initiative d’un Commissaire de District du destination de ses territoires africains, aux Stanley Pool, d’une douzaine de droma- deux extrémités du rail traversant le daires. Ils étaient une trentaine en 1910 Tanganyika Territory, Dar-es-Salaam et après un deuxième arrivage et furent Kigoma. Les équipements de ces zones employés sur les chantiers de construc- portuaires, en somme des zones tion. On n’en parle plus après 1913 franches, ont été gérés par une société (Bontinck F., 1995a). belge jusqu’en 1996 (Darcis L., 2007). De 1882, lancement de l’En Avant, 5 Parmi ses nombreuses études étymolo- tonnes, le navire de Stanley, à giques (et toponymiques), souvent sur- Léopoldville jusqu’à 1898, arrivée du che- prenantes, publiées dans Congo-Afrique min de fer dans ce poste, la navigation, ou dans les Annales Aequatoria, F. en amont du Stanley Pool, se fit sur des Bontinck se penche sur l’origine du mot bateaux de petites dimensions, dont les mundele, au pluriel mindele, qui désigne éléments devaient être acheminés par le Blanc européen. Ce mot kongo est-il portage depuis Matadi. Les conditions de une référence à la couleur de la peau navigation étaient certes pittoresques (mais dans la cuvette équatoriale, la mais souvent difficiles (Geladé V., 2002). langue populaire qualifie de rouges les Européens)? Une référence à un mot Cent ans de présence missionnaire proche désignant la baleine (avec laquel- le auraient été comparés les premiers Le centième anniversaire de l’arrivée des navires européens)? Ou au fait que les missionnaires belges au Congo a été blancs étaient toujours porteurs d’étoffes? commémoré par la publication de plu-

BELGEO • 2009 • 3-4 285 sieurs ouvrages et articles. Nous avions aussi des exploitations agricoles assurant mentionné déjà, dans notre chronique la subsistance des élèves et vendant par- précédente, celui des Scheutistes fois des produits au dehors (caoutchouc (Congrégation du Coeur Immaculé de provenant de la culture de lianes, par Marie C.I.C.M.) arrivés les premiers exemple, ou bien, le long du Kwango, bois (Bontinck F., 1988). pour les chaudières des bateaux de pas- Les missionnaires jésuites sont arrivés en sage). Les fermes-chapelles disparurent 1893 après que leur Compagnie eut après 1911, d’abord à la suite des cri- refusé par deux fois les propositions de tiques très sévères de la Commission Léopold II. Comme la congrégation des d’enquête de 1904-1905 puis surtout à la Scheutistes, elle avait beaucoup hésité à suite du rapport du substitut Leclercq qui aller travailler à côté d’Européens, aventu- accusait les Jésuites d’avoir volé la plupart riers de toutes espèces, gens sans des enfants qui s’y trouvaient et de vouloir moeurs et sans foi, où les hérétiques constituer au Congo des «réductions» (entendez les protestants) étaient nom- comme au Paraguay. Les articles et breux et où gouvernement et administra- ouvrages dont il est rendu compte ici tion risquaient d’être entre les mains reprennent les arguments qui ont été d’une majorité de libéraux et même de développés à l’époque et, sans nier totale- francs-maçons! Il semble que ce soit la ment les faits reprochés, en atténuent sou- proposition de confier aux religieux l’édu- vent le caractère comme ils le firent il y a cation d’enfants orphelins (ou libérés des un siècle. Il faut dire que, dans de tels esclavagistes), rassemblés dans de ouvrages, qui célèbrent surtout les succès grands établissements qui devaient en obtenus, il n’est pas d’usage que les faire des travailleurs et des soldats, qui points noirs soient mis en évidence. Le emporta l’adhésion de la Compagnie. Elle recrutement forcé des enfants et l’aide y vit l’occasion d’en faire des chrétiens. demandée par un missionnaire à la Force Toutes ces argumentations sont reprises publique pour récupérer les enfants enfuis à peu près telles quelles, sans guère de (avec même l’organisation d’une véritable commentaires critiques, dans les expédition militaire) sont expliqués en par- ouvrages commémoratifs. Citons d’abord tie par la nécessité du recours à la une thèse d’histoire religieuse, soutenue à contrainte, un mal qui aurait été nécessai- Rome en 1981, remaniée et mise à jour à re à cette époque. La crise, qui éclata fina- cette occasion par L. de Saint Moulin lement entre les Jésuites et les autorités (Mukoso N. F., 1993) et un article synthé- était en partie aussi le résultat d’un malen- tique de L. de Saint Moulin (de Saint tendu. Les autorités de l’Etat Indépendant Moulin L., 1993). fournissaient des enfants pour que les Un livre rassemble les communications missionnaires les préparent à être des sol- présentées lors d’un colloque commémo- dats et des fonctionnaires, et secondaire- ratif à Kimwenza en décembre 1993 (La ment des ouvriers et des employés pour Compagnie de Jésus..., 1993).Comme les sociétés coloniales. Les missionnaires dans l’ouvrage précédent, il y est ques- voulaient former des communautés rurales tion, à plusieurs reprises, des fermes-cha- chrétiennes et voulaient éviter que leurs pelles, notamment dans la communication membres partent ensuite dans ces lieux de L. de Saint Moulin sur le fondateur de la de perversion morale qu’étaient les nou- Mission et dans le discours de clôture de veaux centres urbains. Autre remarque: à S. Decloux. Leur cas est intéressant pour notre époque, où l’on stigmatise les les géographes car cette opération d’en- mariages précoces et les mariages vergure avait, parmi ses objectifs, une arrangés sinon forcés dans certaines com- transformation des campagnes congo- munautés immigrées en Europe, serait-ce laises. On sait que les Jésuites y rassem- un anachronisme de s’étonner que les blèrent les enfants qui leur étaient confiés missionnaires mariaient, à 12 ans, dans (ou fournis?) par l’Etat. Ces établisse- des unions plus ou moins consenties, les ments, dirigés chacun par un catéchiste, filles dont ils avaient la charge, pour les étaient non seulement des écoles mais garder du dévergondage?

286 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Une communication expose comment se l’armée congolaise, le cinquième restant fit l’extension de la Mission dans le étant destiné à devenir des catéchistes et Kwango, à la suite notamment d’accords à former des ménages chrétiens. Mais la avec les Huileries du Congo belge (groupe maladie du sommeil a décimé la colonie Lever) mais rien n’y est dit sur le compor- qui fut supprimée en 1899, les enfants tement des missionnaires face aux abus étant renvoyés dans leur pays d’origine commis par les sociétés huilières envers ou à Kisantu. Le poste est abandonné de leurs coupeurs de fruits. Il y est fait allusion 1901 à 1946. Il est rouvert peu avant l’im- dans d’autres publications, plus spéciale- plantation de Lovanium. Les catéchistes ment en ce qui concerne les réticences de formés à Kimwenza devinrent souvent certains missionnaires (mais les cas sem- des capitas de fermes-chapelles (Moya blent avoir été rares) vis-à-vis des expro- Mamonabwa H., 1993). priations de fait des terres indigènes qui L’implantation des Jésuites au Kwilu- résultaient de l’application des «contrats Kwango est souvent décrite par eux tripartites» délimitant les terres concédées comme une course contre les progrès aux H.C.B. Il fallut attendre aussi les des hérétiques (les protestants). Il est années qui suivirent la Seconde Guerre intéressant d’entendre le point de vue de mondiale pour que les Jésuites remettent ceux-ci, particulièrement celui des mis- en cause leurs réserves à l’égard des villes sionnaires de l’American Baptist Foreign et de l’évolution sociale qui s’y produisait Mission Society. Les missionnaires bap- (L. de Saint Moulin, 1993, cité plus haut). tistes eurent à se plaindre de la discrimi- Le livre commémoratif donne aussi de nation dont ils étaient l’objet par exemple nombreuses informations sur les relations pour la concession de terres, ou dans leur entre Jésuites et Scheutistes, notamment exclusion de l’enseignement dans les sur la façon dont s’est fait le partage de centres H.C.B. (pourtant société d’origine leurs territoires respectifs. La ligne de britannique), ou dans leurs difficultés à «démarcation» à Léopoldville fut la voie obtenir des subventions pour leur action ferrée nord-sud jusqu’au Pool. On verra médicale pourtant très importante. aussi comment un projet universitaire des L’attitude des missionnaires catholiques à Jésuites, sur leur site de Kimwenza, en leur égard était même parfois très offensi- somme dans le prolongement de leurs ve. Ainsi en 1931, l’un de ceux-ci, après grands établissements d’enseignement du une exhortation digne de Pierre l’Ermite, Bas-Congo, a été accaparé par entraîna les villageois de la région de l’Université de Louvain, donc par les auto- Kingungi dans une véritable croisade rités diocésaines belges, pour devenir pour reconquérir les villages gagnés au l’Université Lovanium, dont les Jésuites protestantisme pendant l’absence, pour furent, en partie au moins, écartés. On des raisons diverses, de missionnaires trouvera également, dans le même ouvra- jésuites depuis 1929. Les missionnaires ge, des informations sur la coopérative de catholiques réfutèrent cependant les allé- Kisantu qui fut une grande opération de la gations de certains journaux qui avaient fin de la période coloniale et sur des accusé les missionnaires baptistes actions menées plus récemment par les d’avoir encouragé la révolte des Pende Jésuites dans d’autres parties du Congo, (Smith R., 2003). notamment la prise en charge des enfants Plusieurs livres sont des éditions com- des rues à Bukavu après 1970. mentées d’écrits de missionnaires, dont La paroisse jésuite de Kimwenza, sur le des journaux, notamment de Fernand site de l’Université de Kinshasa, a fêté Allard, qui a travaillé dans les fermes-cha- son centenaire en 1993. Elle avait été pelles et d’Emeri Cambier, scheutiste au créée comme «colonie scolaire» pour Kasai. Ils montrent bien les problèmes accueillir des enfants libérés des cara- rencontrés au début de leur installation vanes esclavagistes et qu’un décret avait (Gallez D., 2001; Cornet A. et Bontinck F., confiés à la tutelle de l’Etat. Il était conve- 2001). nu que les quatre cinquièmes d’entre eux Le Père Cambier rêvait d’un royaume seraient incorporés plus tard dans chrétien sur terre. On trouve ainsi, chez

BELGEO • 2009 • 3-4 287 les missionnaires scheutistes, une version américain, Adam Hochschild, leur a flamande, romantique et nationaliste, d’un consacré un livre passionné qui s’appuie christianisme colonial. Les missions ont sur de très nombreuses sources dont évi- été implantées à l’écart des postes de demment le rapport du consul anglais l’Etat car les missionnaires flamands Casement et celui de la Commission auraient vu dans l’Etat (francophone) un d’Enquête de 1904-1905, les écrits de E. instrument d’oppression culturelle du Morel mais aussi les livres de D. peuple mais aussi parce qu’ils ne vou- Vangroenweghe et de J. Marchal. Ce livre laient pas que les Noirs chrétiens se com- est certainement un brillant travail de jour- portassent comme les fonctionnaires. Par naliste mais il n’apporte rien de vraiment la suite cependant les missionnaires s’im- nouveau sur les événements qu’il décrit. planteront dans les centres d’activité de C’est surtout un réquisitoire qui reproche la vie coloniale, notamment le long du aussi aux milieux politiques et intellec- chemin de fer B.C.K. ainsi qu’à tuels belges d’avoir jeté volontairement un Bakwanga et à Tshikapa. L’article traitant voile d’oubli sur ces événements ce sujet considère que, depuis l’action (Hochschild A., 1998 et 2007). des missionnaires scheutistes, «l’espace Un film documentaire de Peter Bate du pensable sera désormais celui des (White King, Red Rubber, Black Death- convertis et baptisés [...] tandis que celui Roi blanc, caoutchouc rouge, mort noire), de l’impensable regroupera les non-bap- réalisé pour la B.B.C. et fondé en partie tisés [...] Les premiers sont élus et se veu- sur ce livre, avec des interviews de lent les modèles de la nouvelle société, quelques scientifiques belges, a été dif- tandis que les seconds seront refoulés...» fusé à la VRT et à la RTBF en avril 2004. (p.277). Les missionnaires blancs seront Peu après cette diffusion, des contesta- identifiés aux héros mythiques ancestraux taires flamands se sont attaqués à des (Kalulambi Pongo M., 1993). monuments commémoratifs de cette période. La main d’un personnage afri- Les violences dans l’Etat Indépendant de cain du monument à la gloire de Léopold Léopold II II sur la digue d’Ostende, a été symboli- quement coupée (il a fallu trois jours pour Il a été beaucoup question, au cours de la qu’on s’en aperçût et encore à la suite dernière décennie, de «mémoire colonia- d’une information communiquée à la le» et particulièrement des crimes contre presse par les auteurs de l’opération!). l’humanité commis pendant la période Une statue de Baudouin, en 2005, à coloniale. Ceux de l’esclavage et de la Ostende, à l’occasion de l’anniversaire de traite des esclaves, qui ont fait l’objet de l’assassinat de Lumumba et, en 2008, débats animés au sein d’enceintes inter- celle de Léopold II à Bruxelles, ont été nationales, sont antérieurs à l’action belge peintes en rouge. Des menaces ont visé outre-mer. Mais ceux qui ont (ou auraient) le monument De Bruyne-Lippens à été commis notamment dans l’Etat Blankenberghe et la statue du Général Indépendant du Congo, ont été rappelés Jacques à Dixmude (Meeuwis M., 2005). et dénoncés avec virulence dans des Cependant l’Arcade du Cinquantenaire, ouvrages anglo-saxons qui ont ranimé qui aurait dû avoir la charge symbolique ainsi la campagne qui avait été menée en la plus forte dans ce domaine, car elle Angleterre et aux Etats-Unis, au début du était, pour Emile Vandervelde, l’arcade XXe siècle. Il s’agit là d’une question que des mains coupées, construite avec l’ar- les géographes ne peuvent ignorer en rai- gent du caoutchouc rouge, a été épar- son des séquelles que les événements gnée jusqu’à présent. évoqués ont pu laisser dans les sociétés A côté d’approbations enthousiastes, le africaines actuelles, par exemple, pour livre de Hochschild et le film ont nourri prendre un cas concret, dans leurs une polémique qui s’est exprimée dans caractéristiques démographiques et les de nombreuses notes et articles. Citons à souvenirs qu’ils ont laissés dans la titre d’exemple, une note de A. Knockaert mémoire des villageois. Un journaliste dans Congo-Afrique, qui reprend notam-

288 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 ment les critiques de Barbara Emerson, mate, est devenu un pourfendeur de l’ac- un commentaire de J. Stengers dans un tion coloniale belge et particulièrement de entretien publié par Le Soir du 13 octobre l’action des sociétés privées. Après plu- 1998, «Entre le coup de poing et la cari- sieurs livres passablement virulents, cature» et, dans le livre sur «La mémoire publiés en néerlandais, sous le pseudo- du Congo», la mise au point de Philippe nyme d’A.M. Delathuy, sur la Commission Marechal sur «La controverse sur de 1904-1905 et sur les missionnaires au Léopold II et le Congo dans la littérature Congo (Pères Blancs, scheutistes, et les médias» (Marechal P., 2005). jésuites, rédemptoristes, trappistes, nor- Beaucoup de journaux et périodiques bertins, etc.), il a publié en français, belges, anglais, américains, français et depuis 1996, cinq livres, deux sur les même japonais ont repris, le plus souvent exactions de l’Etat Indépendant du sans nuances, les accusations de Congo et trois sur le travail forcé (pour les Hochschild, allant jusqu’à utiliser le terme mines de cuivre et d’or, pour la construc- de génocide. L’exposition de Tervuren tion des chemins de fer, pour la produc- elle-même a provoqué de nouveaux sou- tion d’huile de palme). Ces livres, dont bresauts comme ceux qui ont eu lieu, on plusieurs ont été largement utilisés par A. l’a vu plus haut, à Ostende. Elle a entraîné Hochschild, contiennent un grand une forte réaction de Hochschild lui- nombre de données nouvelles, provenant même, dans The New York Review of d’archives du ministère des Affaires Books (In the Heart of Darkness, October Etrangères, habituellement inaccessibles 6, 2005). Il a vu, dans l’exposition, une mais que, sans doute par son apparte- tentative de réfutation de son livre et s’est nance à l’administration diplomatique, indigné qu’on y ait donné une estimation l’auteur a pu consulter. On peut se aussi basse que 20 % pour la diminution demander cependant si certaines ont été de la population congolaise pendant la soumises à une critique historique suffi- période léopoldienne (les auteurs avaient sante (Marchal J., 1996a, 1996b, 1999, repris pourtant la propre estimation d’E. 2000, 2001). Morel, une des sources de Hochschild, J. Vansina, dans l’interview recensée plus dans sa préface au pamphlet de Mark haut (Vansina J., 2001, Forum, n°21, p. Twain contre Léopold II, pamphlet qui a 17) s’interrogeant sur l’ampleur de l’indi- été réédité en français en 2004). Dans un gnation manifestée par J. Marchal (et échange de lettres avec J-L. Vellut, dans aussi par Vangroenweghe), tout particu- le New York Review of Books du 12 jan- lièrement à l’égard de Léopold II, suggè- vier 2006, Hochschild se défend d’avoir re qu’elle était peut-être dirigée surtout parlé de génocide, contrairement à cer- contre la haute bourgeoisie francophone tains de ses lecteurs, mais estime que le de Bruxelles: «vooral ging over de hoge- mot holocauste est tout à fait adéquat. On re franstalige burgerij van Brussel en dat remarquera cependant que le terme hun anti-nationale inquisitie vooral ook «holocauste» disparaît du sous-titre de la daartegen gericht was» (p. 17). Pour eux, version française en format de poche cette haute bourgeoisie aurait dirigé toute publiée en 2007. Le sous-titre «Un holo- l’action coloniale belge. causte oublié» de l’édition 1998 y est D’autres publications découvrent (ou remplacé par «La terreur coloniale dans redécouvrent) ou apportent des éléments l’État du Congo 1884-1908», plus confor- nouveaux sur le recours à la violence me au sous-titre de la version originale. pendant l’ère coloniale, surtout au début Dans un épilogue inédit, l’auteur donne de celle-ci. Un colloque entier lui a été son avis sur les réactions que son livre a consacré. Est-ce à dire que l’époque suscitées en Belgique (Hochschild A., antérieure a été idyllique? Pour J.-L. 2007). Vellut, avant la pénétration coloniale pro- Un fonctionnaire territorial dont la carrière prement dite, les zones de violence se a été interrompue par l’indépendance du trouvaient dans l’intérieur ravagé par les Congo et s’est poursuivie par une carriè- incursions esclavagistes venant des re de conseiller technique puis de diplo- régions côtières plus stables de

BELGEO • 2009 • 3-4 289 l’Atlantique ou de l’Océan Indien. Sabakinu Kivilu, 2004. L’occupation coloniale du Congo a com- Le Territoire de Banzyville a souffert de mencé avec Stanley, qui était enclin à la l’exploitation du caoutchouc à partir de conquête par la violence. Cette violence 1900. Une zone y avait été érigée en s’est ensuite amplifiée, à partir de 1890- domaine privé de l’Etat. La contrainte a 1891, quand l’Etat puis les sociétés colo- été ici d’autant plus forte que les savanes niales ont adopté le modèle swahili d’ex- prédominent et que les ressources fores- ploitation, remplaçant l’esclavage inclus tières en caoutchouc ont été vite dans ce système par la fourniture forcée épuisées. De nombreux habitants ont fui de caoutchouc. Il faut cependant se les opérations militaires en gagnant la rive méfier de la «légende noire» qui entoure française. La cueillette du caoutchouc a l’histoire du Congo. Elle a connu une certainement favorisé la propagation de recrudescence quand, dans un raccourci la maladie du sommeil (Ngbwapkwa Te imprudent et suite à une lecture erronée M., 2003). du roman de Joseph Conrad, dont elle avait négligé l’aspect exotique et dont elle La période du Congo belge (1908-1960) ne s’était pas rendu compte qu’il décrivait un Congo antérieur au développement de Pierre Ryckmans a été incontestablement la cueillette du caoutchouc, Hannah une des grandes figures de l’histoire colo- Arendt a établi une filiation directe entre le niale belge. J. Vanderlinden lui consacre colonialisme de Léopold II et les régimes une imposante biographie où se trouve totalitaristes nazi et stalinien et l’a décrit notamment exaltée son activité pendant ainsi comme un précurseur de l’holocaus- la deuxième guerre mondiale (Vander- te des années 40. La thèse a été reprise linden J., 1994). On lira, à ce sujet, les et amplifiée par Adam Hochschild et diffé- réflexions de B.Verhaegen, d’une part sur rents médias (Vellut J.-L., 2004). les risques que comporte la méthode bio- P. Salmon, dans des carnets tenus par graphique et d’autre part, sur l’absence des fonctionnaires ou des commerçants d’allusion (et d’explication) dans ce texte de l’Etat Indépendant, livre des témoi- à ce qu’il considère comme la position gnages accablants sur la facilité avec immobiliste de Ryckmans, pendant sa laquelle on recourait à la violence pour carrière de gouverneur général, vis-à-vis obtenir la soumission des villageois. La d’une émancipation politique des Congo- litanie des villages brûlés et des rafales lais. J. Stengers objecte sur ce dernier de coups de feu tirées dans la brousse ou sujet que Ryckmans ne disposait pas, la forêt, où pouvaient se cacher des villa- dans la politique coloniale, d’une autono- geois insoumis, laisse pantois. Tous ces mie suffisante et qu’il faut mettre à son carnets nous éclairent sur les comporte- actif, pendant la guerre, d’avoir su conte- ments des acteurs de cette époque et nir la revendication des colons belges qui plus particulièrement sur leurs relations réclamaient une participation à la gestion avec les Africains (Salmon P., 2004). politique de la colonie (Verhaegen B., On remarquera, en tout cas, que la 1995). «repentance» qui s’est manifestée au On lira aussi avec intérêt la correspon- cours des deux dernières décennies à dance privée de Pierre Ryckmans, futur propos du passé colonial belge, explique gouverneur général, sur la façon dont se sans doute l’absence de toute commé- faisait le recrutement de la main-d’oeuvre moration ou même de toute allusion offi- dans les districts des H.C.B. (Huileries du cielle ou dans le médias du centième Congo Belge). Il avait été chargé d’une anniversaire de la reprise du Congo par la mission sur ce sujet en 1930-1931, dans Belgique. Seul un colloque, très discret, le Congo-Kasai. Le ton est assez différent en 2009 a discuté la figure et les actions sans doute de celui du rapport qu’il a de Léopold II. Triomphe du politiquement rédigé. On y trouvera notamment une cri- correct actuel? tique des données démographiques dis- Sur la continuité dans la pratique de la ponibles à l’époque. A de nombreuses violence, sous le régime Mobutu, voir reprises, Ryckmans fait des tentatives

290 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 infructueuses pour calculer la population guerre (1940-1944), la construction des des différents territoires qu’il a parcourus routes, la construction des bâtiments et par conséquent la main-d’oeuvre qui y publics, le regroupement et le déplace- était «recrutable» en confrontant des esti- ment des villages dans le cadre de la lutte mations qu’il fait lui-même et les chiffres contre la maladie du sommeil, le recrute- des documents officiels, On y trouve ment pour la reconstruction du chemin de aussi des descriptions très vivantes des fer Matadi-Léopoldville, le recrutement lieux et des personnages (européens sur- pour la Force Publique, une liste aussi tout) (Vanderlinden J., 2007). d’exactions commises par les policiers, et C’est quelques mois après la mission de parfois par les agents territoriaux P. Ryckmans qu’éclate, dans le sud du européens eux-mêmes, d’interventions territoire de Kikwit et dans le nord de celui de ces derniers pour empêcher les évé- de Kandale, en partie à cause des nements de la vie villageoise (danses mesures de contrainte qui y étaient prati- qualifiées d’ob scènes, cérémonies quées et du comportement des agents diverses) qui auraient empêché le travail des sociétés huilières, la révolte des dans les palmeraies, du recours à la chi- Pende, qui fut une des plus graves, sinon cotte (jusqu’en 1959), etc. (Smith R. E., la plus grave, de l’histoire du Congo 2005). Les cas cités sont nombreux mais belge. Un mémoire rappelle ses causes leur fréquence réelle ne peut être pré- et, grâce à l’utilisation d’archives cisée. Dans le Kwilu également voici une conservées à Bruxelles, et du rapport contribution mineure à l’histoire de la géo- d’enquête Jungers, décrit en détail et de graphie administrative: la constitution du façon critique les opérations militaires Territoire d’Idiofa, dans l’actuelle province ainsi que la répression qui suivit. de Bandundu (Mufogoto G., 2007). Rappelons au lecteur qu’une thèse d’his- La crise économique des années trente, toire avait été soutenue sur cette révolte par suite de la chute des prix offerts aux par Sikitele Gize a Sutumbula à villageois et de la pression exercée par l’Université de Lubumbashi en 1986 mais les société coloniales, a été une des qu’elle n’avait pu disposer de ces docu- causes indirectes de la révolte des ments et reposait en grande partie sur les Pende. Les conséquences de la crise souvenirs conservés par la population pour les villageois des différentes régions locale (Vanderstraeten J., 2001). Sur le de l’Afrique centrale ont varié selon le rôle de la Force Publique dans le maintien degré d’encadrement colonial. Dans le de l’ordre au Congo belge, vu notamment Haut-Ogooué (Moyen Congo, Congo du côté africain, voir Vellut J.-L. (1994). français), le faible encadrement adminis- L’interview de vieux villageois, entre 1966 tratif contraignait les autorités à passer et 1986, dans les Territoires de Bulungu et par l’intermédiaire des chefs africains de Masi Manimba et le dépouillement des pour percevoir l’impôt et accroître la pro- archives de ces territoires, montrent quels duction et donc à user de palabres et ont été les rapports des chefs (médaillés, d’encouragements verbaux. Comme les coutumiers, de secteurs non coutumiers) chefs ne pouvaient pas trop demander à avec l’administration coloniale, tiraillés leurs dépendants, le supplément de pro- entre les exigences des autorités belges duction exigé n’avait pas d’implication et les demandes des villageois. Si importante sur la production de subsis- quelques points positifs de l’époque colo- tance. Par contre, dans le territoire de niale apparaissent dans leurs propos Lisala (Congo belge), l’imposition ou le (comme le fait qu’on pouvait voyager d’un renforcement de la culture obligatoire de village à l’autre sans être tué ou enlevé coton, en 1933, perturba davantage l’é- comme esclave, ou bien la fin des conomie de subsistance notamment par guerres entre villages), leurs témoi- ses implications sur le calendrier agricole, gnages sont une liste de contraintes qui entraîna aussi un recours plus impor- imposées à la population pour la partici- tant à la culture du manioc et par consé- pation au recensement, la fourniture de quent l’aggravation des carences alimen- caoutchouc dans le cadre de l’effort de taires (Driesmans I., 2002).

BELGEO • 2009 • 3-4 291 La crise de 1930 a eu aussi des consé- clans d’origine. Un degré supplémentai- quences importantes sur les structures re dans cet arrachement a été atteint économiques et administratives du avec le cas des familles originaires du Congo. Les structures administratives Kasai qui ont été chassées du Katanga sont remaniées en 1934-1935 et se main- (voir plus loin le problème des «refoulés») tiendront ensuite jusqu’à l’indépendance. (Dibwe dia Mwembu D., 2001). La crise a accentué les monopoles La dernière décennie de la période colo- notamment les monopoles régionaux des niale fut marquée par l’application d’un grandes sociétés coloniales (groupe «Plan décennal pour le développement Empain au Kivu, Société Générale au économique et social du Congo belge» Katanga et au Kasai, Cominière en publié en 1949. D’une ampleur considé- Equateur, etc.), a renforcé la voie nationa- rable, ce plan d’investissements publics a le, a entraîné la création de l’INEAC et été financé uniquement par les ressources l’apparition des premiers centres de propres de la Colonie (l’Etat belge intervint recherches (ou d’application) liés à des seulement pour garantir les emprunts que université belges (Tshibangu Kabet le Congo dut contracter sur le marché inter- Musas, 1995). national). Un mémoire analyse sa genèse, Après 1925 et surtout après 1928, l’Union l’esprit dans lequel il fut conçu, l’accueil qui Minière du Haut-Katanga, en vue de sta- lui fut réservé, les lacunes qu’il comporta (la biliser sa main-d’oeuvre, a encouragé part des investissements pour le dévelop- l’installation de femmes dans les camps pement de l’agriculture traditionnelle a été de travailleurs pour que se constituent tout à fait insuffisante contrairement à l’ob- des ménages. Elle payait les dots pré- jectif proclamé de sortir de l’économie de vues par la coutume mais, comme elle subsistance), la façon dont il fut réalisé (20 voulait des femmes résistantes, elle alla % à peine des investissements du pro- jusqu’à intervenir dans le choix des gramme routier par exemple furent exé- épouses. Celles de moins de 45 kg et cutés) et montre que ce Plan, loin de modi- celles ayant un petit bassin, par exemple, fier les structures extraverties de l’écono- étaient écartées. L’Union Minière voulait mie congolaise, les a renforcées. que ces femmes soient aussi des parte- Un énorme travail (trois volumes, un total naires économiques, en cultivant un jar- de plus de 1200 pages) a été consacré à din vivrier (parfois sous la contrainte), en l’histoire du rail au Congo. Réalisé par même temps qu’un élément de reproduc- des passionnés de la question, il compor- tion de la force de travail (avec des te une iconographie d’une telle abondan- encouragements comme des primes de ce qu’un lecteur un peu moins passionné naissance, des cadeaux aux bébés, etc.). risque de s’y perdre (Blanchart C. et al., La société minière entra en conflit avec 1993, 1999 et 2008). les sociétés cotonnières parce que la La production de cacao au Congo belge vente du coton permettait aux polygames fut précoce mais resta peu importante. villageois de se procurer plus facilement L’État Indépendant avait décidé de la des épouses supplémentaires et de faire développer autour de ses stations. C’est concurrence ainsi aux jeunes travailleurs au Mayumbe, à la fin du XIXe siècle, U.M.H.K. Elle prit prétexte de la lutte qu’apparurent les premières plantations contre la polygamie pour combattre cette privées dans un système qui associait le concurrence (Dibwe dia Mwembu, 1993). Roi, des familles de la noblesse belge, les L’effondrement de la Gécamines après missionnaires scheutistes et quelques 1990 a marqué la fin d’une longue histoi- colons indépendants, avec une main- re sociale qui avait conduit à la formation d’oeuvre africaine quelque peu forcée. de familles ouvrières au Katanga. Celle-ci Les plantations villageoises préconisées est analysée par un historien issu de ces par l’INEAC après 1935, dans le cadre familles. Il montre que cet effondrement a des cultures imposées, puis par le Plan laissé beaucoup d’«orphelins» à la fois décennal, n’eurent pas un grand succès orphelins de la société mourante et (Vellut J.-L., 1996b; sur le cas du orphelins de leurs familles et de leurs Mayumbe, voir Vantieghem L., 1996).

292 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Autres aspects de la société coloniale Européens, dont ils n’auraient ni l’autorité ni les droits et qui mépriserait profondé- La «ménagère», c’est-à-dire la concubine ment les noirs et s’en ferait détester. En africaine de l’homme européen, a été une 1938, la Commission permanente pour la institution de toute une époque de la colo- Protection des Indigènes préconisait nisation. Plusieurs publications lui ont été qu’un enfant mulâtre reconnu par un consacrées (Lauro A., 2005). Européen fût éduqué dans la société Entre les deux guerres mondiales, les métropolitaine. Il n’y eut que quelques autorités coloniales avaient confié un rôle interventions ponctuelles de l’administra- «civilisateur» aux femmes européennes tion coloniale dans cette voie (création (religieuses, infirmières, épouses de fonc- d’orphelinats, par exemple). tionnaires ou de cadres d’entreprises) Sur la façon dont le droit colonial belge a surtout à l’égard des femmes africaines. intégré ou non les mécanismes juridiques L’épouse devait aussi soutenir le moral (et précoloniaux, on lira une importante com- le comportement moral) du mari. Des munication de J. Vanderlinden (2004). femmes européennes se sont investies En ce qui concerne le rôle des minorités dans la protection de l’enfance et la pro- ethniques dans les villes d’Afrique centra- motion de la femme africaine. L’article le, voir le résumé d’une thèse soutenue à étudie le rôle de certaines d’entre elles, l’université de Gand, en 2006, sur l’histoi- dont Jeanne Rogissart qui, arrivée avant re sociale des communautés islamiques la première guerre mondiale, milita pour d’Usumbura (Castryck G., 2007). la création d’un enseignement pour les filles afin qu’elles puissent devenir les Sur l’émergence des «évolués» et sur leur épouses des jeunes Africains instruits. rôle dans le développement du nationalis- Elle aura peu de succès (Jacques C. et me congolais dans la dernière décennie Piette V., 2003). coloniale, on lira l’ouvrage très fouillé de Sur la répartition des rôles entre hommes Mutamba Matombo (1998). C’est un tra- et femmes par le pouvoir colonial, on lira vail indispensable pour comprendre la la belle synthèse de Nancy Rose Hunt façon dont s’est faite une décolonisation (2005). Une thèse de doctorat a été qui a pesé d’un poids essentiel sur la vie défendue à l’UCL sur le rôle que les ultérieure de la population congolaise. femmes (religieuses, femmes d’adminis- L’Eglise catholique a encadré beaucoup trateurs coloniaux, infirmières africaines, d’associations d’évolués, comme celle etc.) ont joué au Rwanda, pendant la des anciens élèves des Pères de Scheut, période d’entre deux guerres, dans le l’ADAPES, qui fut au départ liée à l’Action fonctionnement des systèmes de santé et catholique. Elle visait la formation d’une parfois aussi dans un objectif de contrôle élite intellectuelle chrétienne qui devait social (Cornet A., 2005). constituer «le levain dans la pâte» Le cas des mulâtres a posé un problème (Tshimanga C., 2001a). Sur les réticences délicat à la société coloniale. Le thème des autorités coloniales à former une était assez largement tabou. Voici, sur ce élite, sur l’ambiguïté de leur position à cet sujet, un livre et un article (Jeurissen L., égard et sur les maigres résultats obte- 2002 et 2003). Le cas des «mulâtres», nus, on lira Thsimanga C. (2001b). issus d’un blanc et de sa ménagère et La question de la nationalité, qui s’est abandonnés par leur père à son départ, posée notamment à propos des mulâtres n’avait pas été envisagé dans le cadre et des «évolués» est restée très confuse législatif qui ne distinguait que deux caté- pendant toute la période coloniale. Aucun gories, les indigènes (c’est-à-dire les texte officiel ne l’avait définie explicite- Africains) et les non-indigènes (les ment. Pourtant on considérait que la blancs). Certains, comme le Dr nationalité belge s’appliquait aux habi- Dryepondt, en 1923, étaient d’avis qu’il tants noirs du Congo belge. Mais elle était fallait les laisser se fondre peu à peu dans purement théorique et ne les protégeait la masse indigène pour éviter la création pas des mesures de ségrégation raciale d’une «caste» qui haïrait et envierait les et ne leur donnait pas de toute façon les

BELGEO • 2009 • 3-4 293 droits des citoyens belges. Les Congolais du Procureur Général «intègre mais pas étaient des sujets belges. Cependant le téméraire» qui demande la grâce royale Parlement belge n’a pas jugé contradic- pour Kimbangu, qu’une cour militaire toire ou inutile d’en naturaliser quelques- vient de condamner à mort, et qui l’ob- uns dont un employé du Musée de tiendra (Vellut J.-L., 1996). J.-L. Vellut a Tervuren (De Meester T., 1998). Les ques- édité, dans la collection Fontes Historiae tions de nationalité ne disparaîtront pas Africae, les sources relatives à Simon avec l’indépendance. C’est la nationalité Kimbangu que l’on trouve dans les congolaise qui désormais sera en cause. archives des missionnaires protestants Elle sera source de graves conflits. du Bas-Congo, plus particulièrement les missions suédoises dont il était issu La naissance des Eglises africaines (Vellut J.-L., 2005). Il décrit dans l’intro- duction générale l’itinéraire du prophète La période coloniale a vu l’apparition (pp. IX-XXVI). La position des milieux d’Eglises congolaises que l’on peut catholiques à l’égard de Kimbangu est considérer, dans une certaine mesure, restée très hostile, même lorsque l’admi- comme une réappropriation africaine des nistration coloniale eut adouci la sienne, Eglises chrétiennes. Ces religions nou- et cette hostilité se maintiendra par la velles procèdent-elles aussi des cultes suite dans le Congo indépendant. Après traditionnels? Une étude en fait l’hypothè- le décès de Kimbangu, ils firent même se et estime qu’il y a eu un processus de circuler l’information (fausse) qu’il s’était transformation des cultes qu’elle appelle converti au catholicisme à l’article de la «territoriaux» vers les églises chrétiennes mort. Cette position se greffait sur l’hosti- congolaises modernes. Elle concerne la lité vis-à-vis des protestants dont il a été partie du Bas-Congo qui se trouve au question plus haut (Zana Aziza Etambala nord de Boma. Après une période d’hos- M., 2004). tilité ouverte envers les missionnaires, les L’Eglise kimbanguiste annonce l’instaura- Kongo ont compris qu’il fallait rechercher tion du Royaume de Dieu sur Terre dans des voies nouvelles pour faire face aux lequel le peuple kongo aura un rôle cen- défis du colonialisme et reprendre le tral de même que Nkamba, lieu de nais- contrôle des relations entre leur société et sance du prophète, ville sainte, nouvelle le monde surnaturel. Comme ils ont Jérusalem. Depuis 1969, l’Eglise kimban- considéré que les missionnaires appa- guiste, qui avait officiellement cessé raissaient plus efficaces que leurs d’être interdite par le pouvoir colonial propres prêtres dans la relation avec les deux années avant l’indépendance du divinités (et ce qu’on attendait de celles- Congo, a obtenu son adhésion, sous ci comme faire tomber la pluie par conditions, au Conseil Oecuménique des exemple), ils ont décidé d’intégrer des Églises. Elle avait dû pour cela élaborer éléments de la religion des missionnaires une théologie plus orthodoxe. dans leurs propres cultes. Un fait à noter: Cependant, vis-à-vis du peuple, elle certains de leurs sites sacrés sont deve- conserve une théologie où la race noire, nus des lieux de pèlerinage chrétiens l’ethnie kongo et la personne de (Vanhee H., 1998). Kimbangu et de ses successeurs trouvent J.-L. Vellut, en utilisant des documents leur place dans une filiation avec les contemporains de la prédication de récits de la Bible. Dans les années 70 et Simon Kimbangu, montre que sa person- 80, le mouvement a connu un renouveau nalité et sa trajectoire s’inscrivent dans spirituel avec l’apparition de groupes de une modernité, qui cherche à récupérer prières. Les ambitions déclarées d’univer- les symboles d’un Occident hégémo- salisme n’ont pas fait disparaître un nique. Il donne une interprétation appro- ancrage dans l’ethnicité. Le peuple kongo fondie des réactions des missionnaires doit mener le monde vers le Royaume des protestants et catholiques, du pouvoir cieux (Mélice A., 2001). Depuis la mort, colonial et des milieux coloniaux. On lira, en 1992, de Joseph Diangienda, fils de à la fin de son article, la lettre du substitut Simon Kimbangu, le mouvement qui

294 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 connaissait depuis longtemps des forces nelle (n’atteignant que rarement le niveau centrifuges, a connu aussi des tentatives supérieur) et religieuse (Serufuri Kakiza de décentralisation et même un véritable P., 2004). schisme provoqué par une partie des Les manuels en usage dans les écoles petits-fils du fondateur, particulièrement congolaises, écrits dans les langues ceux qui résident à l’étranger, dans la dia- locales, nous donnent d’intéressants spora. Un nouveau site sacré, Monkoto, reflets des préjugés et des comporte- ancienne résidence de Diangienda à ments des Blancs et des Noirs. Outre le Kinshasa, concurrence même aujourd’hui fait qu’ils constituent une contribution élé- celui de Nkamba (Mélice A., 2006). mentaire à la naissance d’une littérature Sur un autre mouvement prophétique en langue locale et qu’ils sont aussi l’ex- apparu lui aussi en pays Kongo, à la fin pression de certaines idées pédago- de l’entre-deux-guerres, «la Mission des giques, ces manuels ont un contenu idéo- Noirs», issue de l’Armée du Salut, voir logique et politique qui mérite d’être ana- l’article de Zana Etambala (2005). lysé. Le centre Aequatoria de Bamanya En pays Zande, dans le nord-est du (Mbandaka) a publié dans ses Annales Congo, une Eglise chrétienne syncrétique Aequatoria de nombreux articles sur le «Mission ti Africa MTA», née dans les sujet, généralement sous la plume de H. années 40 avec un culte marial prononcé, Vink. Celui qui est publié dans le Bulletin rechristianisée par son fondateur dans les de l’ARSOM, compare deux manuels des- années 50, compte des prophétesses tinés aux enfants Mongo. L’un, rédigé aussi bien que des prophètes (Grootaers (vers 1920?) par un missionnaire, J.L., 1999). l’évêque de la Nouvelle-Anvers et de Sur la situation actuelle des Églises chré- Lisala, décrit les bienfaits de la colonisa- tiennes africaines, on consultera aussi, tion. L’autre, écrit vers 1937, est l’oeuvre dans cette chronique, le chapitre consa- d’un enseignant africain, fortement ins- cré à la géographie des villes congo- piré par un missionnaire farouchement laises puisque c’est là que l’effervescen- critique de la colonisation. Le premier dit, ce religieuse se manifeste le plus vigou- par exemple, qu’avant l’arrivée des reusement. Blancs, les Africains mouraient comme des mouches, l’autre, qu’il n’y avait pas L’enseignement, les associations pour la de maladies graves et que ce sont les jeunesse, les nouveaux groupes sociaux Blancs qui les ont apportées et dissé- minées dans le pays. Le premier affirme A la fin de la période coloniale, on a sou- que, selon la Bible, toute autorité provient vent soutenu l’idée que les élèves des de Dieu. Mobutu, qui avait probablement missions protestantes recevaient une for- utilisé ce manuel, a pu rappeler ainsi mation inférieure à celle des élèves des dans une interview accordée à une jour- écoles catholiques parce que les auto- naliste sud-africaine en 1997, que, si Dieu rités belges avaient une attitude discrimi- ne l’avait pas voulu, il n’aurait pu devenir natoire envers l’enseignement protestant. président du Zaïre (Vink H., 2000 b). Sur On peut se demander si cette prétendue les interférences entre le Congo et l’en- infériorité n’était pas aussi (et principale- seignement tant en Belgique qu’au ment) le résultat de l’application d’un Congo, on lira le petit texte écrit à l’occa- modèle éducatif mis au point aux Etats- sion d’une exposition sur ce thème à Unis peu après la Guerre de Sécession, Ypres (Depaepe M., 1994). pour les Noirs américains (un des foyers Le scoutisme, par ses origines et son de ce modèle a été l’Institut normal et pro- idéologie, s’inscrit, constate J.-L. Vellut, fessionnel de Tuskegee, en Alabama). dans les histoires impérialistes de l’é- Conçu, comme on le disait peu élégam- poque. Malgré diverses réticences, les ment, pour assurer l’instruction des missionnaires l’ont introduit au Congo dès «arriérés ethniques, Nègres et Peaux- 1920, les Pères Blancs à Mpala, sur le lac Rouges», ce modèle visait l’acquisition Tanganyika puis les Scheutistes à d’une formation uniquement profession- Léopoldville en 1922. Ils y ont vu assez

BELGEO • 2009 • 3-4 295 vite un instrument pour l’émergence d’une Luba. Sur le développement des activités élite chrétienne. Les trois premiers prêtres sportives, de certains aspects physiques congolais ont été scouts. Ce fut le cas du du scoutisme, au Rwanda, à la fin de la futur cardinal Malula. Les principaux période coloniale et leur contrôle par l’Etat auteurs du manifeste de Conscience et les missions catholiques, avec la prise Africaine (1956) étaient d’anciens scouts en compte des clivages ethniques, on lira ainsi que le tiers des délégués à la Table Riot T. (2008). Ronde (Tshimanga C., 1999). L’implan- Sur les différents aspects de la culture à tation du scoutisme en général (vers l’époque coloniale, un colloque a été orga- 1930, les effectifs des scouts congolais, nisé à Kinshasa en 2004 par le Centre essentiellement africains, représentaient Wallonie-Bruxelles. Les communications près du cinquième des effectifs des fédé- ont été publiées dans la revue Congo- rations catholiques belges) et surtout son Meuse (volumes 6,7; 8,9) (Quaeghe beur implantation à Elisabethville sont étudiées M. et Bibiane Tshibiola, 2007 et 2008). On aussi par Tilman S. (2001). lira notamment la contribution de S. Le rôle du football dans l’émergence d’une Cornelis sur les arts visuels. nouvelle société congolaise est décrit par Dès l’époque de l’Etat indépendant du Van Peel B. (2001). D’abord cantonné à la Congo, des artistes belges ont été société blanche, il en a accentué le qua- engagés pour accompagner des expédi- drillage en identités sociales (Léo-Est plus tions et en rapporter des documents ico- populaire, Léo-Ouest plus bourgeois) ou nographiques ou bien ont été chargés nationales (Belges, Portugais, Léo contre directement de telles missions. Nous dis- Brazza, etc.). Il a contribué ensuite à diver- posons ainsi de tableaux de sites, de sifier les identités africaines elles-mêmes. Il localités et de paysages, de scènes de la a été utilisé lui aussi comme instrument vie rurale et de la vie urbaine qui sont sou- missionnaire par l’Eglise catholique. On vent d’un grand intérêt historique et géo- rappellera que le premier très grand stade graphique en plus de leur valeur artis- de Léopoldville, le stade Roi Baudouin, fut tique. Une exposition leur a été consa- l’oeuvre du missionnaire scheutiste crée à Woluwe-Saint-Pierre en 2003. Le Raphaël de la Kethulle de Ryhove. Il fut beau livre, qui l’a accompagnée, en rebaptisé stade Tata Raphaël après l’indé- contient de nombreuses reproductions. pendance avant de devenir le stade du 20 Certains de ces artistes ont continué en mai. Fait à noter mais d’interprétation Europe à être inspirés par leur séjour au ambiguë: le règlement des matches entre Congo, d’autres y sont retournés pour équipes africaines stipulait que les joueurs d’autres oeuvres de commande (Guisset devaient jouer sans souliers. Sur le déve- J., 2003). loppement du football à Léopoldville, voir aussi Mumbanza mwa Bawele (2008). LA DÉCOLONISATION ET LES DÉBUTS L’auteur constate que très peu d’encoura- DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO gements ont concerné les sports «natio- naux», comme par exemple la lutte, telle Les acteurs belges qu’elle était pratiquée chez les groupes de la cuvette. P. Salmon rappelle les graves La réédition de l’entrevue accordée en incidents qui se produisirent à l’issue du 1980 par J.J. Van Bilsen, qui fut l’auteur, en match entre l’Union Saint-Gillois et une décembre 1955, d’un Plan de trente ans équipe africaine le 16 juin 1957 quand des pour l’émancipation politique de l’Afrique émeutiers lapidèrent les voitures des belge, puis conseiller du président Européens après le match qui avait vu la Kasavubu et enfin cheville ouvrière de la victoire de l’équipe saint-gilloise. Un prélu- Coopération belge outre-mer, permet de de aux émeutes de janvier 1959 (Salmon se rendre compte combien l’establishment P., 1992). Nous pourrions ajouter qu’en politique et académique belge était peu 1959, c’est à l’occasion d’un match à préparé à envisager l’indépendance au Luluabourg que se produisirent les pre- milieu des années 50. D’où l’atmosphère miers affrontements violents entre Lulua et de panique et de précipitation dans laquel-

296 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 le celle-ci se fit en 1960. (Blondeel W., tiques dans un manifeste d’août 1956. En Foutry F. et Van Mensel F., 2000). Le rôle et atténuant les thèses autonomistes de ses la vision de J.J. Van Bilsen sont décrits débuts, il joua un rôle essentiel dans les dans un article qui accompagne cette réé- négociations qui virent la naissance du dition (Beke D., 2000). Congo indépendant et, avec Kasavubu, Il est intéressant de connaître les idées de fournit le premier président de la répu- L. Pétillon qui était gouverneur général au blique (Verhaegen B., 2003). cours des années qui ont précédé le pro- On aura une idée de la rapidité de l’évo- cessus vers l’indépendance, donc au lution des idées dans la population moment de la déclaration de J.J. Van congolaise elle-même en comparant le Bilsen (Stenmans A. et Reyntjens F., 1993). comportement public et les écrits de D’un point de vue anecdotique, on lira les Patrice Lumumba de 1950 à 1958, quand impressions peu optimistes du il glorifie encore l’apport de la colonisa- Commandant de la gendarmerie nationale tion belge et l’action du roi bâtisseur, et de Belgique, le lieutenant-général son discours du 30 juin 1960 (Verhaegen Godfroid, venu au Congo en 1953 pour B., 1993). Voir aussi, sur ce sujet, un étudier le projet de création d’une gendar- mémoire du même auteur et de J. merie congolaise, projet qui n’eut pas de Omasombo (Omasombo Tshonda J. et suite (Salmon P., 1995 c). Verhaegen B., 1998). On lira aussi les témoignages qu’apportent Sur Patrice Lumumba, personnage tra- les notes et les récits d’André Ryckmans, gique de l’indépendance congolaise, de fils de l’ancien gouverneur général, qui fut nombreux livres ont été publiés au cours jeune administrateur territorial dans les de ces quinze dernières années. Une années qui précédèrent l’indépendance, à commission parlementaire d’enquête a qui l’on doit notamment des rapports même travaillé sur les circonstances de dépourvus de préjugés sur le mouvement son assassinat, à la suite de la publication kimbanguiste et qui essaya vainement de d’un ouvrage d’un journaliste dénonçant convaincre ses supérieurs d’amorcer plus l’implication directe ou indirecte d’acteurs rapidement la décolonisation de l’adminis- belges et même de personnalités poli- tration. On sait qu’il fut assassiné en 1960 tiques importantes. Un ouvrage, publié par des soldats de la Force Publique dans la série des Cahiers africains, traite alors qu’il négociait la libération de pri- de l’action de Lumumba dans une phase sonniers belges (Ryckmans G., 1995). cruciale des négociations pour l’indépen- Y a-t-il eu un modèle belge de décoloni- dance (Omasombo J. et Verhaegen B., sation? Dans un colloque consacré aux 2005). Un historien congolais vient de décolonisations, Stengers J. (1995) dis- décrire toute cette période et celle qui a cute la question. Il est intéressant de suivi (Zana Aziza Etambala, 2008). comparer l’évolution des deux Congos, On relira avec intérêt un livre, publié en belge et français, de 1956 à 1965 (Le anglais au début des années 1960 et dont Callenec S., 1995). Dans l’ouvrage qui la traduction française a été assurée en contient ces deux articles, les cas du 1994. En décrivant la naissance d’un parti Rwanda et du Burundi sont également à caractère non ethnique, le Parti traités (Chrétien J.-P. et Gahama J., Solidaire Africain, il montre les méca- 1995). Lire aussi pour le Congo le point nismes qui ont pu réaliser brièvement, sur de vue de Vellut J.-L. (2000). le terrain et dans l’action, l’union de popu- lations rurales et d’un petit groupe d’intel- Les acteurs congolais lectuels idéalistes (et sans doute un peu naïfs) (Weiss H., 1994). Voici une grosse étude sur l’ABAKO, le C’est sous la direction d’un des dirigeants premier parti politique congolais à avoir de ce parti, Pierre Mulele, que se dévelop- vu le jour. Conçu d’abord au départ, en pa, au Kwilu, de septembre1963 à la mi- 1950, comme une association de défense 1966, une rébellion, qui a eu, dans de la langue et de la culture kongo, il affir- quelques-uns de ses aspects, l’allure ma explicitement ses revendications poli- d’une jacquerie en ce sens qu’elle expri-

BELGEO • 2009 • 3-4 297 mait les ressentiments d’une population Bolivie (Verhaegen B., 2000). paysanne contre les profiteurs de l’indé- Kabila, dont le maquis était installé dans pendance (hommes politiques nationaux cette région, a fait sa réapparition et nouvelle bourgeoisie congolaise). Elle publique, quand il a été propulsé à la tête se produisit en pays pende et mbunda et de la coalition anti-mobutiste en 1996. On renoua ainsi avec la tradition d’insubordi- lira avec intérêt l’avant-propos de J.-L. nation qui s’était manifestée, trente ans Vellut à un mémoire de licence de plus tôt, par la révolte des Pende, mais en l’Université de Kisangani consacré au y ajoutant un habillage marxiste-léniniste et maquis Kabila. Celui-ci avait pu maintenir, certains aspects de la pensée révolution- dans les montagnes au-dessus de Fizi, naire chinoise et algérienne. Voici un livre un îlot de résistance de caractère socia- sur le personnage tragique que fut Mulele liste, sans doute en partie grâce à une et sur la spécificité de sa révolution certaine connivence avec des forces mili- (Verhaegen B., 2006). taires zaïroises locales, connivence maté- Un épisode curieux des débuts des pre- rialisée vraisemblablement par une parti- mières années de l’indépendance illustre cipation commune à un trafic d’or (or arti- bien les mythes et fantasmes qu’a toujours sanal ou or prélevé sur la production des nourris le Congo aussi bien en Europe que sociétés minières). Un avant-poste perdu dans d’autres parties du monde, et les des affrontements entre opposants de la dangers de certaines idées géopolitiques. guerre froide par Africains interposés Il s’agit de la malheureuse expédition (Wilungula B. Cosma, 1997)! Un essai entreprise par une des icônes tiers-mon- biographique a été consacré au person- distes pour exporter la révolution cubaine nage de Kabila (Kennes E., 2003). Voir au Congo. Après l’échec de la révolution aussi Willame J.-C. (1999). de Stanleyville, Ernest Che Guevara crut que les montagnes du Kivu, au-dessus du Le départ de la population européenne lac Tanganyika, à la latitude de Fizi, allaient lui permettre de reproduire le succès de la Ce départ a été d’un grand poids dans l’é- guérilla de la Sierra Mæstra et qu’il pourrait volution du pays après l’accès à l’indépen- y entraîner, dans le mouvement, les popu- dance. Cette population était cependant lations locales. Il arriva avec un contingent de toute façon d’installation temporaire car de 120 soldats cubains, tous noirs, à l’ex- il n’y avait pas eu de colonisation de peu- ception du médecin. Croyance naïve dans plement et l’on n’avait jamais encouragé la vocation des montagnes à être des l’installation de «petits blancs». Au 1er jan- foyers victorieux de rébellion? vier 1958, il y avait 109 400 Européens Méconnaissance totale de la géographie dont 86 700 Belges, pour la plupart fonc- aussi bien physique qu’humaine du tionnaires, missionnaires et agents de Congo? Pourquoi aller faire le Tarzan en sociétés coloniales. Il n’y avait que 5 200 Afrique? lui avait pourtant dit Ben Bella «colons» belges c’est-à-dire établis à leur qu’il avait rencontré peu avant. L’opération compte personnel. Au Ruanda-Urundi, en reçut l’appui – mais un appui très mou – de 1960, la population européenne était de Laurent Kabila dont le propre maquis était 7 976 personnes dont 6 064 Belges. Il y installé dans ces lieux. Les populations eut plusieurs vagues de retours. La plus locales sont restées indifférentes. Sept importante se place en 1960 (44 484 rapa- mois plus tard, après divers fiascos dont triés en juillet), puis il y eut 1963 (fin de la une tentative avortée de s’emparer sécession katangaise), 1964 (séquelles de d’Albertville, l’expédition retraversa le lac la rébellion de Stanleyville), 1973 (zaïriani- Tanganyika. Le monde ne fut guère averti sation des entreprises étrangères), 1978 de ces événements. Fait curieux: il semble (événements de Kolwezi), 1990 (fin de l’as- que la CIA n’eut pas connaissance de la sistance technique belge), septembre- présence de Guevara. Celui-ci fit une opé- octobre 1991 et janvier 1993 (pillages à ration semblable peu après, avec les Kinshasa). En février 1993, il ne reste plus mêmes erreurs «géopolitiques» et, cette officiellement que 2 800 Belges au Congo- fois, de façon définitivement tragique, en Zaïre (dont 600 à Kinshasa). Par contre on

298 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 évalue, en 1990, à 20 000 les Zaïrois ins- gnage, leur point de vue, leur explication. tallés en Belgique (dont 12 000 officielle- Deux groupes de publications sont à dis- ment). L’article qui traite ces questions tinguer. Il y a eu d’abord, c’est-à-dire par envisage aussi comment s’est faite la réin- ordre chronologique, les commentaires sur sertion des rapatriés en Belgique ou dans l’évolution politique du Zaïre de Mobutu d’autres pays (Salmon P., 1995 b). suite à la constitution de la Conférence nationale souveraine dans ce qu’on espé- Les différences d’évolution politique du rait être une transition vers la démocratie. Il Rwanda et du Burundi y a eu ensuite tout ce qui a été écrit sur les tragédies du Burundi et du Rwanda et sur Jusqu’au début des années 1990, en sim- leurs répercussions dans l’est du Congo et plifiant, on pourrait dire qu’au Rwanda, où finalement dans le Congo tout entier, c’est- les revendications politiques ont été à-dire la conquête du pays par l’Alliance exprimées en termes ethniques dès les des Forces Démocratiques pour la années 50 (sur cette question voir aussi le Libération du Congo, la fin du régime livre de Daley P. (2006), le pouvoir politique Mobutu, la prise de pouvoir de Kabila et a été accaparé par la majorité ethnique tous les soubresauts qui ont suivi dont ce (hutu) tandis qu’au Burundi, où ces reven- que certains ont pu considérer comme la dications ont été plus tardives et où une première guerre continentale africaine tentative de coup d’Etat hutu avait échoué, mettant en scène le Congo, le Rwanda, il l’était par la minorité (tutsi). Fort logique- l’Uganda, l’Angola et le Zimbabwe et, de ment, le maintien de la situation avait façon indirecte, le Burundi et la engendré plus de violence au Burundi République centrafricaine. qu’au Rwanda et il avait fallu y imaginer des procédures pour protéger la minorité L’évolution politique du Congo au pouvoir (Reyntjens F., 1993). Au Burundi, les manifestations de nature folk- • Les pillages de 1991 et 1993 lorique ont même été l’objet de manipula- tions politiques et sociales qui ont renforcé Du premier groupe, nous signalerons les identités ethniques et par conséquent d’abord quelques articles sur les violences et la division nationale, aboutissant ainsi à l’é- les pillages qui se sont produits à Kinshasa chec des tentatives de démocratisation et en 1991 et 1993 (Ndaywel è Nziem, 1998; de multipartisme. Les affrontements entre Devisch R., 1998), publiés dans la revue une armée à dominance tutsi et les popu- française Cahiers d’Etudes Africaines. lations paysannes hutu (200 000 morts en 1972!), entraînèrent le départ de réfugiés • La période de transition vers le Rwanda et contribuèrent par là à y favoriser les réactions anti-tutsi (Kadende- Dans la série des Cahiers Africains, G. de Kaiser R.M., Kaiser P.D., 1997). Villers s’est intéressé tout particulièrement aux relations entre les événements poli- LES ÉVÉNEMENTS DES DEUX DER- tiques au Congo-Zaïre et la Belgique (de NIÈRES DÉCENNIES Villers G., 1994 et 1995) puis il a décrit les différentes phases d’une transition chao- Les événements politiques, qui se sont tique et peu efficace vers la démocratie produits en Afrique centrale depuis la date (instauration du multipartisme à la fin 1990, de notre dernière recension, ont donné ouverture officielle d’une Conférence natio- naissance à une multitude de publications nale souveraine en août 1991 qui adopte surtout à partir de l’implosion qu’a été la en 1992 une nouvelle Constitution, puis catastrophe rwandaise. Il est malaisé de multiples péripéties). La prise de pouvoir choisir ce que pourrait retenir le géo- de Kabila, en mai 1997, a mis fin à cette graphe dans cette masse où historiens, période (de Villers G. et Omasombo anthropologues politiques, spécialistes de Tshonda J., 1997). Sur les événements qui sciences politiques et aussi journalistes et se sont produits entre cet épisode et la moralistes ont apporté chacun leur témoi- guerre de 1998 (tentative rwandaise d’é-

BELGEO • 2009 • 3-4 299 carter Kabila), voir le livre de de Villers G. façon assez alerte par deux journalistes sur et Willame J.-C. (1998). Sur ce qui a suivi la géopolitique du Congo (Cros M.-F. et la guerre de 1998 jusqu’à l’assassinat de Misser F., 2000). Cet aperçu présente les Laurent Kabila, voir de Villers G. (2001). qualités mais évidemment aussi les défauts Sur l’arrivée de Joseph Kabila au pouvoir, des ouvrages de ce type où la pertinence les amorces de guerre civile, les négocia- de l’information peut être très variable selon tions entre fractions concernées sous cou- la période ou le thème. Notons par exemple verture internationale, les élections et les que le poids de la population rurale, qui débuts de la Troisième République, G. reste la population majoritaire du pays, et de Villers publiera un gros livre récapitula- celui de toutes les activités traditionnelles et tif en 2009 (de Villers G., 2009). Sur la modernes du milieu rural sont quasi façon dont se sont déroulées les négocia- absents (deux pages au maximum) de ce tions entre fractions congolaises et sur tableau géopolitique. leurs résultats, voir Willame J.-C. (2002) et Dans les dernières années du régime aussi Bouvier P. (2004). mobutiste, les symboles de l’Etat zaïrois Bien sûr, beaucoup d’articles publiés dans perdent toute leur force. La dénomination les deux premiers tiers des années 1990 «Zaïre» a été immédiatement contestée. ont été assez vite dépassés par les événe- La Conférence Nationale Souveraine avait ments. Ils contiennent pourtant des élé- proposé «République fédérale du Congo». ments d’analyse intéressants sur diffé- Le pouvoir en place ne l’accepta pas mais rentes questions (la nationalité, la pression on se mit à utiliser l’expression Congo- ethno-régionaliste, etc.). Ils jettent aussi Zaïre ou Zaïre-Congo. Dans un article qui quelques lueurs sur les conditions de vie est plutôt en faveur du maintien de la des populations bousculées par ces évé- dénomination «Zaïre» parce qu’elle était nements, notamment les fonctionnaires et une création qui prétendait symboliser la salariés qui ont vu disparaître leurs «supratribalité» de la nation, en remar- sources de revenus. Ainsi dans l’article quant toutefois que, lors de son adoption, d’Obotela R.N. (1997), on lira, ce qui avait les grandes sociétés congolaises ne déjà été évoqué par Ngondo a Pitshan- l’avaient pas toutes introduite dans leur denge, que, dans l’incapacité de payer nom en remplacement de la référence au leur loyer, des enseignants des écoles pri- Congo (la Gecomin était devenue la maires de Kinshasa, font camper leur Gecamines et l’Otraco, l’Onatra), l’historien famille dans la cour de leur école et la nuit Ndaywel propose un nouvel hymne natio- occupent les salles de classe. Même com- nal et prend position en faveur du retour de portement pour des membres du person- l’étoile jaune sur fond bleu ciel dans le dra- nel administratif de l’Université qui occu- peau national (Ndaywel è Nziem I., 1996). pent les sous-sols des amphithéâtres avec On est revenu aussi aux noms anciens des femmes, enfants et même petit bétail. provinces (Bas-Congo, Province Orientale, La revue Afrique contemporaine (Docu- Katanga). En 1998, la revue Afrique-Zaïre mentation française), consacre un dossier reprend son titre Congo-Afrique et publie spécial au thème «Du Zaïre au Congo» (n° 324, pp. 238-239) le texte du décret-loi (Gaud M., 1997a). On y trouvera notam- de 1997 sur l’actualisation des dénomina- ment une chronologie politique (Gaud M., tions des entités et autorités administra- 1997b), une comparaison avec le précé- tives. Elle publie aussi un résumé des dent ougandais, un article de géopoli- actes d’une Conférence sur la Territoriale, tique de Pourtier R. (1997) sur un territoi- qui décrit tous les fléaux qui ont frappé re en quête d’Etat, un article sur la façon l’administration territoriale depuis l’indé- dont la presse a traité la question des pendance (irresponsabilité, improductivité, réfugiés, un article sur le thème un peu tribalisme, népotisme, clientélisme, éculé du «scandale géologique». manque d’esprit d’initiative et de créativité, Chevauchant les thèmes de l’évolution du trafic d’influence, corruption, affairisme, Congo et les événements de la région des tracasseries administratives et policières, Grands Lacs, signalons aussi la vue d’en- arbitraire, etc.) (Conférence..., 1998). semble que donne un petit livre écrit de Etudiant le rôle du sentiment ethnique

300 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 dans les conflits de la RDC, L. de Saint question le témoignage et le point de vue Moulin estime qu’un facteur dont il faut d’un journaliste (Kabongo Malu E., 2007). tenir compte aussi, est l’inégale répartition de la population urbaine et celle des inves- La tragédie rwandaise et ses répercus- tissements. Elles seraient à l’avantage du sions sud-ouest et du sud-est par rapport au nord du pays. L’insuccès relatif des rébel- • Les événements du Rwanda et du lions dans le sud s’expliquerait, selon lui, Burundi par cette donnée fondamentale de la géo- graphie humaine (de Saint Moulin L., Sur ceux-ci et leurs conséquences, la 2002). littérature est mondiale et ne peut être détaillée ici. Il faut peut-être rappeler • Les «refoulés», une forme d’épuration qu’avant que ne se produise la catas- ethnique pendant la période de transition trophe, l’Université Nationale du Rwanda (campus de Ruhengeri) avait publié un Le régime mobutiste a commencé à tré- rapport de huit universitaires destiné bucher en 1990 avec des manifestations explicitement à combattre «la campagne d’étudiants à Lubumbashi qui ont été internationale menée par les mouvements réprimées violemment par les autorités ce de réfugiés tutsi» (Bangamwambo F.X. et qui a entraîné la rupture de l’assistance al., 1991). Un document à verser au dos- technique belge. Peu après, des pillages sier des perceptions hutu. Sur tout ce qui commis en partie par les soldats suivis s’est passé ensuite, il faut consulter la par la population ont frappé Kinshasa à source précieuse qu’est l’Annuaire de deux reprises. Au Shaba-Katanga, la l’Afrique des Grands Lacs, publié de crise économique et politique a provoqué façon récurrente depuis l’année 1996, par un phénomène qui a répété celui qui s’é- le Centre d’étude de la région des Grands tait produit lors de la sécession katangai- Lacs d’Afrique (Rijksuniversitair Centrum se en 1960, c’est-à-dire le «refoulement», Antwerpen), sous la direction de S. souvent violent, de populations d’immi- Marysse et F. Reyntjens (et aussi de S. gration intérieure, en l’occurrence les Vandeginste). Il permet de suivre les évé- gens originaires du Kasai. On estime que, nements dans leur succession chronolo- de 1992 à 1994, entre 600 000 et 800 000 gique mais traite aussi certains sujets fon- personnes ont dû fuir le Katanga et damentaux. Un document irremplaçable retourner dans leurs anciennes pro- est la vaste enquête menée par l’organis- vinces. Cette «épuration ethnique» aurait me international Human Rights Watch où fait de 50 000 à 100 000 morts. Cet exode sont consignés les crimes contre l’huma- perturba la vie économique et sociale du nité commis par toutes les parties en pré- Katanga. Au Kasai, la plus grande partie sence (Des Forges A., 1999). des refoulés s’établirent dans la ville de On lira ainsi les ouvrages de Chrétien J.-P. Mbuji Mayi et dans le pays rural de (1995, 1997, 2000, 2002, 2003, 2007), Kabinda (Pourtier R., 1998). Dans la seule Guichaoua A. (1995, 2004, 2005), ville de Kananga, au Kasai occidental, Lemarchand R. (1996, 2002 a et b), Prunier entre octobre 1992 et août 1993, on a G. (1995, 1997, 2006), Reyntjens F. (1994, enregistré 70 717 Kasaiens refoulés, soit, 1995, 1997, 1999) et Willame J.-C. (1995, avec tous ceux qui n’ont pas été enregis- 1996, 1997 a, 1997 b) et différents articles trés, un total de l’ordre de 100 000 per- de Pourtier R. (1996, 1997, 1998). Les uns sonnes (Luishiye, 1993). Sur ce problè- traitent spécifiquement du Rwanda, me, voir aussi le livre de Bakajika B. d’autres du Burundi, d’autres de l’en- (1997). En 2005, un professeur de semble des trois pays concernés. Deux Lubumbashi proposera, dans un gros ouvrages de Chrétien J.-P. ou dirigés par article, une «relecture» de l’histoire des lui (1997, 2002) traitent plus précisément rapports entre les Katangais et les du thème de l’ethnie et de l’ethnisme pour Kasaïens du Katanga (Dibwe Dia lequel nous avons déjà donné plus haut Mwembu D., 2005). Voici aussi sur cette les avis de J. Vansina, de Salmon et

BELGEO • 2009 • 3-4 301 d’autres auteurs comme L. de Saint prétation de la tragédie rwandaise (de Moulin. Lemarchand R. (2002a) rappelle Villers G., 1995). Voir aussi les points de le précédent des massacres de 1972 au vue des géographes Gotanègre J.-F., Burundi (des Hutu par des Tutsi). On ajou- 1996; Imbs F., Bart F. et A., 1994; Imbs F., tera sur tous ces événements la version 1997, ainsi que ceux de Lanotte O., 2003; discordante et outrancière de B. Lugan, Mamdani, 2001; Mathieu P. et Willame J.- connu pour des positions antérieures du C., 1998; Olson J., 1995. même type. Elle conteste les thèses offi- Diverses revues ont consacré à ces évé- cielles du nouveau Rwanda en accusant nements des numéros entiers. La revue même son président de ne pas avoir cher- Les Temps Modernes a publié un gros ché à empêcher le massacre des Tutsi de volume sur les politiques de la haine (Les l’intérieur parce qu’ils n’avaient pas parti- Temps Modernes, 1995). Dans un numé- cipé à la rébellion et qu’ils pouvaient ro triple des Cahiers d’Etudes Africaines concurrencer, pour l’accès à la terre, les consacré aux «Disciplines et déchirures. Tutsi revenant de l’Uganda (Lugan B., Les formes de la violence» (1998), on 2007). Récemment également A. compte cinq articles relatifs aux événe- Guichaoua a publié les résultats de la ments du Rwanda, du Burundi et du grosse enquête qu’il avait menée dans la Congo (Kivu et Kinshasa), notamment un préfecture de Butare, une préfecture très article de Cl. Vidal qui s’interroge sur le peuplée du sud du Rwanda où la popula- rôle des paysans pendant le génocide au tion tutsi était proportionnellement plus Rwanda, un article de B. Ndarishikanye importante que dans d’autres régions du sur les rapports entre l’Etat et les paysan- pays et où Tutsi et Hutu étaient fort imbri- neries dans le conflit ethnique du qués et même unis par de nombreux Burundi, un article de P. Mathieu et A. métissages (Guichaoua A., 2005). Des Mafikiri Tsongo sur les guerres paysannes politologues rwandais ont apporté leur au Nord-Kivu, un article de I. Ndaywel è contribution (par exemple Kimonyo J.-P., Nziem sur le lien entre les rébellions et les 2008). Certains articles évoquent l’idée pillages, ces derniers faisant l’objet de que les interventions du nouveau gouver- réflexions de R. Devisch. D’un point de nement rwandais dans les territoires vue plus spécifiquement géographique, congolais voisins, pendant certains épi- on citera un numéro double de la revue sodes des conflits, pourraient annoncer Hérodote intitulé Géopolitique d’une des revendications territoriales (par Afrique médiane (86-87, 3e et 4e trimestre exemple Newbury D., 1997). Des biblio- 1997), avec des contributions de R. graphies critiques des événements ont été Pourtier, G. Prunier, F. Reyntjens, J.-C. publiées dans diverses revues africanistes Willame, J.H. Bradel et A. Guitaert, F. comme par exemple par Jefrenovas V. Imbs et A. Bart. Pour les trois derniers (2000). On ne peut ignorer non plus divers auteurs, qui sont des géographes et qui livres écrits par des journalistes, qui ont ne semblent pas, dans leurs travaux anté- certes été composés dans le feu des évé- rieurs, s’être rendus compte de l’imminen- nements, mais qui contiennent de nom- ce de la catastrophe, l’enjeu du conflit breux témoignages (par exemple serait territorial, la croissance démogra- Braeckman C., 1994). Signalons, dans phique rendant impossible le partage. cette catégorie, un ouvrage collectif Une combinaison de facteurs sociaux, auquel ont collaboré différents journalistes économiques et politiques aurait provo- belges de la presse quotidienne et de la qué l’explosion. radio-télévision et des spécialistes en L’article de Françoise Imbs est particuliè- sciences politiques (cités dans plusieurs rement intéressant parce qu’il essaie, de nos références) sur les événements qui deux à trois années à peine après le ont conduit Laurent-Désiré Kabila au pou- drame, de dresser un bilan démogra- voir (Braeckman C. et al., 1998). Dans le n° phique et un bilan économique. Des 53 de Politique Africaine (1995), on lira cartes montrent l’ampleur de la diminution notamment l’article de G.de Villers sur de la population d’avril à novembre 1994, l’«africanisme» belge confronté à l’inter- l’évolution de la population des diffé-

302 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 rentes préfectures d’avril 1994 à juin 111 de la revue Hérodote revient en 2003 1997. En avril 1994, la population du sur les Tragédies africaines. Dans la liste Rwanda était estimée à 7 740 000 habi- des publications géographiques propre- tants, elle était tombée en août 1995 à 5 ment dites, signalons que nous avons millions (compte tenu du retour des Tutsi nous-même traité des composantes vivant à l’étranger). L’estimation des morts démographiques du drame rwandais fluctue entre 500 000 (chiffres de l’ONU, (Nicolaï H., 1997), esquissé ses consé- en trois mois, mais pour le seul génocide) quences pour le Kivu, dans un mémoire et 850 000 (1 million selon les nouvelles consacré à la répartition et à la densité de autorités gouvernementales). Les pertes la population dans cette région (Nicolaï les plus fortes sont dans le sud, dans la H., 1998a) et tenté une brève synthèse préfecture de Butare où elles auraient des relations entre la géographie, la concerné 24 % de la population. Les démographie et la violence pour une cartes montrent que le pourcentage des revue italienne (Nicolaï H., 1998b). morts est proportionnel à la part des Tutsi Des médecins ont donné aussi leur avis dénombrés en 1991. La diminution de la sur les événements. H. Vis rappelle qu’il population due aux morts et à la fuite de avait annoncé un effondrement (un collap- familles hutu a été compensée par le sus) du Rwanda dans un avenir proche retour de quelques centaines de milliers (vers 1995) si des mesures n’étaient pas de Tutsi (d’Uganda, du Burundi, du prises pour contrôler la croissance de la Congo, de la diaspora). Comme les population et combattre la malnutrition hommes ont été tués, ou se sont enfuis ou (voir nos comptes rendus de ses publica- ont été emprisonnés en plus grand tions dans nos chroniques antérieures par nombre que les femmes, celles-ci fai- exemple dans Nicolaï H. et al., 1996, p. saient en 1996 les deux tiers des actifs 267). Pour le Kivu d’altitude, le pronostic dans les campagnes où leur charge dans était identique mais à une échéance un les travaux agricoles se trouvait fortement peu plus lointaine. Les chercheurs avaient alourdie. Avec les retours massifs de bien défini tous les problèmes et souvent 1996 depuis le Congo, la Tanzanie et le proposé des solutions mais les autorités Burundi et malgré le fait que 280 000 réfu- n’ont pas pris à temps les mesures néces- giés ne sont pas revenus du Congo, la saires malgré les symptômes qui auraient population en juin 1997 a rattrapé et dû les alerter, comme le développement aurait même dépassé de 3 % son niveau de la disette dans le sud-est du Rwanda à d’avril 1994! Elle serait de 8 millions. Les la fin des années quatre-vingt rendant mesures prises par les autorités pour nécessaire le recours récurrent à l’aide ali- regrouper une partie au moins de la mentaire internationale. Les événements population rentrée au pays dans des imi- politiques (les attaques des Tutsi revenant dugugu (habitat regroupé) vont-elles de l’Uganda, dans le nord du pays provo- modifier le paysage rural en dégageant quant la fuite de milliers de réfugiés) ont de l’espace pour les cultures et en amé- précipité le cours des choses (Vis H. et liorant la desserte en équipements collec- Goyens P., 1996). Les mêmes auteurs tifs? On a réactualisé ainsi un vieux projet avaient exposé leurs vues sur ces ques- de l’époque coloniale. D’innombrables tions dans un article de la revue Lancet questions sont posées par l’auteur dont (Vis H. et al., 1994) et reviennent sur le nous ignorons encore aujourd’hui les sujet dans un article de 1997 (Vis H., réponses. C’est que, après la profusion 1997b). des travaux sur les événements des Une dizaine d’années après le drame années 1994 à 1996, travaux produits sur- rwandais, on commentera sa signification tout d’ailleurs par des politologues, nous à l’occasion de sa commémoration offi- n’avons pas jusqu’à présent de publica- cielle et notamment son traitement poli- tions sur l’évolution qui s’est produite tique et judiciaire en Belgique et au dans les campagnes, en dehors des rap- Rwanda (de Lame D., 2003, Vidal Cl., ports à caractère général des grands 2004). organismes internationaux. Le numéro

BELGEO • 2009 • 3-4 303 • Les répercussions au Congo et particu- de l’attribution ou du retrait de la nationa- lièrement au Kivu lité zaïroise (congolaise) aux populations d’origine rwandaise vivant au Kivu. La Pour le Kivu proprement dit, la situation politique du gouvernement zaïrois avait est restée si confuse jusqu’à l’époque été très fluctuante sur cette question. actuelle que les spécialistes peinent à (Kafarhire Murhula, 2003). Celle-ci avait compter les conflits (Balencie J.P., 1999), abouti, dans le Sud-Kivu, au problème (Kabamba B. et Lanotte O., 1999). On des Banyamulenge (Willame J.-C., 1997). rappellera qu’au Nord-Kivu, plus spécia- On sait que la protection de ceux-ci a été lement dans le territoire de Masisi, une un des prétextes invoqués par les nou- immigration rwandaise avait été orga- velles autorités rwandaises pour intervenir nisée par l’administration coloniale dès la au Congo en septembre 1996. Il y avait, fin de l’entre-deux guerres pour procurer au départ, les quelques milliers de pas- de la main-d’oeuvre aux plantations et teurs installés sur le haut plateau de élevages des colons belges. Elle s’était l’Itombwe, dont parle G.Weis dans son prolongée de façon spontanée par la étude sur le pays d’Uvira en 1959, arrivés suite et comportait une part importante de dans le derniers tiers du XIXe siècle, puis réfugiés Tutsi, surtout après 1960. Ces différents immigrés tutsi venus par la immigrés sont entrés en conflit pour les suite, notamment au cours des remous de terres et les postes politiques avec les l’indépendance du Rwanda, dans la autochtones (généralement des Hunde) plaines de la Ruzizi. Le terme fut ainsi ce qui provoqua des affrontements vio- étendu à l’ensemble des Tutsi installés au lents et même des massacres. Au cours Sud-Kivu et à qui le gouvernement refu- de l’année 1993, avant le déclenchement sait la nationalité zaïroise soit finalement de la tragédie rwandaise, dans le territoi- plusieurs centaines de milliers de per- re de Masisi, les populations autochtones sonnes. Celles-ci se heurtèrent aux hunde, avec l’aide de gendarmes congo- groupes hutu réfugiés de 1994 ce qui, lais, massacrèrent des immigrés tutsi, s’ajoutant aux incursions en territoire provoquant ainsi le déplacement de plu- rwandais des milices hutu des camps de sieurs dizaines de milliers de personnes. réfugiés du Nord-Kivu, déclencha l’inter- Dans le territoire de Rutshuru, les vention de la nouvelle armée rwandaise Banyarwanda prirent les devants en mas- qui ramena une grande partie de ces sacrant leurs voisins hunde. Ces affronte- réfugiés au Rwanda et conduisit d’autre ments s’exacerbèrent encore suite à l’ar- part à la conquête du Congo au bénéfice rivée de réfugiés hutu fuyant le Rwanda de Laurent Kabila. Pour le Sud-Kivu, dans en 1994. Ces conflits sont traités dans les la région d’Uvira, voici une contribution articles de Tegera A. (1995), de Kafarhire importante à l’étude des affrontements Murhula (2003) et dans la première partie entre d’une part les Barundi et les d’un ouvrage dirigé par Mathieu P. et Bayamulenge et d’autre part les Bafuliira Willame J.-C. (1999) (articles de et les Bavira (Bosco Muchukiwa, 2006). Kabamba B. et Lanotte O., de Mathieu P., Sur la question de la nationalité, on lira Laurent P.-J. et al., de Mathieu P. et aussi l’article de Ndaywel è Nziem I. Willame J.-C., de Mathieu P. et Mafikiri (2004) qui conclut qu’une solution à ce Tsongo, de Laurent P.J.). Ceux-ci décri- problème ne peut être trouvée dans le vent une escalade conflictuelle autour seul cadre congolais, ni même dans d’enjeux fonciers et identitaires, la désta- chaque pays séparément mais qu’elle bilisation des paysanneries et certains doit résulter d’une concertation entre les évoquent ou proposent quelques différents pays concernés Des articles à remèdes possibles. Voir aussi pour le cas caractère plus juridique ont été écrits sur de Masisi, Vlassenroot K. (2004). le sujet. Nous ne les citerons pas ici. Le numéro 84 de la revue française - Le problème de la nationalité «Politique africaine» (décembre 2001) est Parmi les facteurs intervenant dans ces consacré en grande partie à la guerre qui conflits au Kivu, il y eut aussi la question a sévi au Congo, sous le titre « RDC, la

304 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 guerre vue d’en bas» et a l’ambition de question des réfugiés et des exilés pour faire connaître le point de vue des vic- l’ensemble de l’Afrique orientale. Les times. Le thème est Vivre dans la guerre. conclusions des articles publiés au Imaginaires et pratiques populaires de la moment des grands flux ont été rapide- violence en RDC. Des dessins d’enfants, ment dépassées. Un livre coordonné par par exemple, illustrent les violences qu’a un Père Blanc expose par exemple le pro- connues le Maniema. Sur le Kivu aussi, on blème des réfugiés rwandais (hutu) au retiendra la tentative de définition des Congo, à un moment où l’on craint que Maï-Maï (Van Acker F. et Vlassenroot K., leurs camps ne deviennent pérennes 2001): «une nébuleuse de milices et de comme ceux des réfugiés palestiniens bandes armées... dont la raison sociale dans le Proche-Orient (de Dorlodot Ph., combine dans des proportions variées la 1995). On lira à leur sujet une mise au point résistance à l’occupant rwandais, une d’un géographe allemand (Wiese B., 1997) logique d’épuration ethnique et le pur et une bonne analyse du problème faite à banditisme». chaud en 1997 par quelqu’un qui a parti- L’intégration aux Maï-Maï n’est-elle pas cipé à une mission des Nations-Unies aussi une façon d’échapper à l’exclusion? (Mubiala M., 1997). Revenant quelques Des jeunes marginalisés, exclus du années plus tard sur cette question, R. monde scolaire, se révoltent contre l’envi- Pourtier rappelle que les camps de réfu- ronnement politique et social qu’ils ren- giés tutsi en Uganda puis de réfugiés hutu dent responsable de leur sort et s’expri- au Kivu ont été indissociables des conflits ment dans la violence. Ils ont trouvé un qui les ont fait naître, ont contribué à leur motif supplémentaire à leur action dans la pérennisation et ont fonctionné comme résistance à l’occupant Tutsi. Pendant des lieux de réorganisation politique et de longtemps ces groupes armés ont été, bases de reconquête d’un pouvoir perdu. dans les campagnes du Kivu, les seuls Pourtier rappelle aussi l’importance, dont représentants d’une structure d’autorité. on a moins parlé, des réfugiés de la nébu- Ces milices issues du monde rural ne leuse kongo, résultant de flux dans les paraissent pas d’ailleurs s’être tournées deux sens entre les deux Congos et sur- contre celui-ci. Quel sera finalement leur tout de flux de l’Angola vers le Congo- impact sur l’ordre social local? Kinshasa. Ceux-ci avaient commencé (Vlassenroot. K., Van Acker F., 2001; avec les révoltes angolaises de la fin de la Vlassenroot K., 2002). période coloniale et se prolongèrent ensui- Une équipe de chercheurs de l’Université te dans une interminable guerre civile. Ici de Kisangani a publié un intéressant les conditions ont été plus favorables à recueil d’articles sur les événements qui se l’accueil et à l’intégration grâce à l’appar- sont produits dans le Congo oriental de tenance à la même entité. Au début 2002, 1996 à 2007 (Maindo M.N.A., 2007). le HCR dénombrait ainsi, dans le Bas- Est-ce par suite du souvenir qu’avaient Congo, 81 000 réfugiés non assistés laissé les rébellions «mulélistes» des contre 23 400 assistés. (Pourtier R., 2006). années 1960 dans la région, que malgré Sur ces réfugiés du Bas-Congo, voir aussi un certain repli identitaire et l’importance une communication de Sabakinu Kivilu de sa population non autochtone (tra- (2004). [En achevant la rédaction de cette vaillant par exemple dans ses centres chronique, nous apprenons que le sort de miniers) que le Maniema n’a pas connu ces réfugiés est menacé par la dispute d’importantes violences physiques, entre les deux Etats sur la délimitation de contrairement au Nord-Kivu? (N’sanda leurs zones d’exploitation océaniques res- Buleli L., 2005). pectives]. Sur les réfugiés dans l’est du Congo, on lira les communications de - Les réfugiés Bazen guissa R. (2004) et de Royer A. Les déplacements de réfugiés ont joué un (2004) dans le livre dirigé par Guichaoua rôle essentiel, comme conséquence et signalé plus haut. On rappellera aussi que comme facteur, dans les guerres civiles. des Hutu, surtout des miliciens et d’an- Un livre de Guichaoua A. (2004) traite de la ciens militaires, fuyant le Kivu, sont arrivés

BELGEO • 2009 • 3-4 305 au Congo-Brazzaville et ont été installés Sur ce thème des pillages par les interve- dans des camps dans la Likouala. Sur le nants étrangers, voir aussi le livre d’histo- séjour d’un groupe de réfugiés rwandais riens «radicaux» (Renton D. et al., 2007). arrivé ainsi à Bamanya, près de Mayoyo défend la thèse d’un grand com- Mbandaka, sur la rive gauche du Congo, plot occidental, médias compris, contre le en 1997, dans l’espoir de passer au Congo (Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo, 2006). Congo-Brazzaville, voici le témoignage Alors que l’exploitation artisanale des pro- d’un habitant de ce village (Bofeko Etaka, duits miniers était considérée, il y a peu 2004). Malgré les différentes opérations encore, comme la forme la plus accomplie militaires menées pour forcer les réfugiés à des systèmes de débrouille, elle est main- retourner au Rwanda tant au Congo que tenant criminalisée dans la mesure où le dans les pays limitrophes, comme en contrôle et l’exportation de la production Tanzanie, certains réfugiés ont pu résister sont entre les mains d’étrangers (rwandais aux pressions exercées sur eux. A , et autres) accusés de piller le pays au Kenya, ils étaient encore entre 8000 et (Jackson S., 2001). 15 000 en janvier 1997. Un géographe a mené une enquête auprès d’eux en hési- Les dernières années tant d’ailleurs à publier tous les résultats qu’il avait obtenus de peur qu’ils ne susci- Dans la foulée des réflexions qui précè- tent des réactions défavorables à leur dent, voici une lecture géopolitique de égard (Cambrézy L., 1997 et 1998). l’histoire congolaise depuis l’indépendan- ce et surtout depuis 1990. Elle analyse le • Les interventions étrangères et les res- rôle des grandes puissances et particuliè- sources minières rement celui de la «troïka» occidentale (Etats-Unis, France, Belgique) dans la Dans une étude de Kennes E. (1997), transition zaïro-congolaise. Elle s’interroge outre une analyse des répercussions de la sur une logique «statocidaire», c’est-à-dire tragédie rwandaise sur le régime Mobutu visant à la destruction d’un Etat, dans ce incapable de les gérer au Kivu, on trouve- cas-ci pour s’emparer de ses richesses, ra un exposé sur la façon dont des logique qui aurait été celle de ses voisins sociétés internationales ont tiré parti de proches (Rwanda, Uganda) ou lointains situations troublées et indécises pour (comme le Zimbabwe et l’Afrique du Sud) prendre en mains une partie du secteur (Ntumba Luaba Lumu, 1999). minier, prise en mains déjà amorcée Un article critique cependant un certain d’ailleurs par des négociations antérieures nombre d’idées émises sur la situation avec les gouvernements mobutistes. Au congolaise en examinant l’ère Mobutu (jus- cours de la dernière décennie, on a sou- qu’à 1997) et la guerre (1996-2003) et en vent mis en relief le rôle que les ressources tirant quelques conclusions de la longue minières du Congo ont pu jouer dans les période de «transition» politique. C’est conflits: intervention de pays étrangers ainsi que la RDC est présentée souvent demandant en retour une participation à comme un exemple de faillite et d’effon- certaines exploitations, financement des drement d’un Etat. Pourtant elle montre rébellions par une partie de l’exploitation une remarquable capacité de «résilience», artisanale de l’or, du diamant, du coltan comme on dit aujourd’hui, une étonnante (minerai de colombo-tantalite). Le géo- capacité à rebondir. Quoi qu’on puisse dire graphe R. Pourtier voit lui aussi, dans la sur leur fonctionnement réel, les structures «guerre continentale» qui a impliqué une administratives par exemple se sont main- dizaine de pays africains, une manifesta- tenues. La période de guerre a été une tion de pillage des ressources minières au continuation de la violence par d’autres profit des groupes dirigeants de ces pays moyens. Des réseaux politiques mafieux et des réseaux financiers internationaux. ont été remplacés par des réseaux mili- La forme la plus aboutie de l’économie de taires (rebelles, milices, «entrepreneurs de prédation qui a toujours sévi sur le Congo l’insécurité»). Le rapport de l’ONU, qui depuis sa fondation? (Pourtier R., 2002). décrivait une organisation criminelle visant

306 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 à dépouiller le Congo de ses ressources, Journées sociales du Centre d’études pour ne serait qu’une vue très tronquée de la l’action sociale (Kinshasa) sur le thème réalité. Des organisations politiques nou- «Elections et bonne gouvernance pour la velles ont joué, au moins temporairement, IIIe République en RDC: avec quels diri- un rôle non négligeable, comme le geants et quel projet de société?» Rassem blement Congolais pour la L. de Saint Moulin a dressé ensuite les Démocratie, RCD-Goma. L’évolution de cartes des élections présidentielles. Au l’Etat correspond-elle à une privatisation ou premier tour au scrutin du 30 juillet 2006, à une banalisation de sa souveraineté Joseph Kabila domine dans la partie orien- (Vlassenroot K. et Raeymaekers T., 2008)? tale du pays, Jean-Pierre Bemba, dans le En octobre 2006, la nouvelle République nord-ouest et une partie du Kasai, Antoine démocratique du Congo a procédé à ses Gizenga dans la province de Bandundu premières élections avec l’aide de la com- (de Saint Moulin L., 2006b). Au second tour, munauté internationale. Pour les préparer, le candidat Bemba étend son emprise sur la population de plus de 18 ans a dû se le Bas-Congo, le nord du Bandundu et une faire enrôler en 2005 pour obtenir une carte grande partie des deux Kasaï. Le vain- d’électeur. Le taux d’enrôlement (pourcen- queur, Kabila, a renforcé sa position dans la tage des enrôlés par rapport à la popula- partie orientale du pays et notamment au tion attendue calculée à partir des données Katanga, avec des majorités beaucoup du recensement de 1984) a été de l’ordre plus élevées que celles obtenues par son de 90 %. Les deux tiers des enrôlés ont concurrent dans les circonscriptions où ce participé au référendum sur la nouvelle dernier l’emporte. Les deux articles com- Constitution en décembre 2005 qui a été portent un tableau des résultats par territoi- approuvée par 84 % des votes valables. re ou ville (de Saint Moulin L., 2007). On Les cartes et un tableau donnent ces trouvera aussi les cartes du deuxième tour, valeurs par territoire, y compris la popula- leur commentaire ainsi qu’un aperçu du tion totale attendue qui était de 59 millions processus électoral dans BELGEO, qui sur pour l’ensemble du Congo, étrangers non son site (www.srbg.be) a présenté ces compris (de Saint Moulin L., 2006 a). Cet cartes en couleurs, avec les tableaux des article figure dans un numéro de Congo- données (de Saint Moulin L. et Wolff E., Afrique consacré au compte rendu des 2006).

LA VIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DES CAMPAGNES

LES GROUPES ETHNIQUES TRADITION- son villageoise, est d’une brièveté décon- NELS, LEURS TECHNIQUES D’EXPLOI- certante. Il faut dire que les rubriques sont TATION DE LA NATURE ET LEURS TECH- nombreuses: religion, littérature, art, archi- NIQUES D’ENCADREMENT tecture, cuisine, habillement, coutumes sociales et style de vie, mariage, famille, Généralités «gender roles», musique et danse (Tshile- malema Mukenge, 2002). On trouvera des rubriques généralement bien au point sur différents groupes eth- Les ethnies et l’ethnicité niques congolais dans le tome consacré à l’Afrique et au Moyen Orient d’une grande Les affrontements entre groupes ont donné encyclopédie sur les cultures mondiales un sens tragique à la notion d’ethnie. (Middleton J. & Rassam A., 1995). Quel- Plusieurs colloques internationaux ont été que peu curieux est, dans une autre col- consacrés à cette question. Dans le but de lection américaine, l’ouvrage qu’un pro- contribuer à une meilleure connaissance fesseur africain de l’Université d’Atlanta du pays par ses habitants et dans l’espoir (Géorgie) consacre aux cultures et aux ainsi de leur permettre de développer une coutumes du Congo. Ce qui est dit, par culture de la paix, L. de Saint Moulin a exemple sur l’art traditionnel ou sur la mai- dressé des cartes ethniques régionales du

BELGEO • 2009 • 3-4 307 Congo. Il reconnaît d’abord que la notion Sur la difficulté à définir une ethnie et en d’ethnie est très floue. Si l’ethnie est tout cas à accepter un ethnonyme, L. de considérée généralement comme une Heusch rappelle le cas des Tetela. Cet unité supérieure à la tribu, les deux termes ethnonyme est un produit de l’histoire colo- sont utilisés souvent l’un pour l’autre. Les niale. Il s’agit en fait de Nkutshu. Le terme dénominations sont de provenance tetela est apparu au moment où les variable et souvent ont été données par troupes de Ngongo Lutete ont enrôlé (de des voisins. Ainsi, pour L. de Saint Moulin, force) les hommes des villages nkutshu l’ethnie est une construction établie sur qu’ils conquéraient (de Heusch L., 1995). des bases diverses mais non systéma- Le politologue américain Thomas Turner a tiques. «Les identités ethniques..., écrit-il, étudié longuement les Tetela. Il décrit, sont des stratégies sociales. Mais elles ne dans un livre écrit directement en français, sont pas une simple traduction du présent. tous les éléments historiques, généalo- Elles sont des constructions historiques». giques réels ou imaginaires et les interven- Ses cartes veulent renouveler celles qui tions extérieures qui ont construit cette eth- accompagnaient l’Introduction à l’ethno- nie. On ne peut comprendre la trajectoire graphie du Congo, de Jan Vansina (1966). de Patrice Lumumba si l’on ne tient pas Celui-ci cherchait à représenter la situation compte de ce qu’il appartenait à l’ethnie avant l’occupation européenne mais il tetela mais que cette appartenance n’a reconnut par la suite que cet objectif était pas empêché (et au contraire a peut-être fallacieux. La situation représentée était en favorisé) sa vision transethnique de la poli- fait celle de la fin de la période coloniale. tique congolaise (Turner T., 2000). Les cartes de L. de Saint Moulin sont Comment être un Luba au XXe siècle? Le réparties en huit grands ensembles au livre qui pose cette question traite en fait 1/5 000 000. Deux annexes fort utiles don- uniquement des Luba du Kasai, ce grou- nent la liste des ethnies et tribus par terri- pe qui a connu une forte expansion pen- toire, soit 281 au total et celle des collecti- dant la période coloniale, qui a fourni aux vités (759), subdivisions administratives centres miniers du Katanga une grande des territoires (de Saint Moulin L., 1998). partie de leur main-d’oeuvre et, qui, avec L’auteur revient sur le sujet en 2002, en un certain soutien des autorités publiques rappelant comment la notion d’ethnie s’est et de l’Eglise catholique, a occupé beau- modifiée pendant la période coloniale. coup de postes subalternes dans l’admi- Dans la trame administrative coloniale, nistration. Ces Luba du Kasai ont été comment s’est faite la prise en considéra- expulsés par la suite en 1960 des terres tion des ethnies, comment celles-ci ont- lulua, près de Luluabourg, et surtout du elles été identifiées et se sont-elles Katanga minier (une nouvelle fois en affirmées, de quelle façon leur rôle s’est-il 1992). Ainsi cette identité Luba du Kasai maintenu depuis l’indépendance? P. «relève moins d’un univers de traditions Salmon traite ces questions dans le cas de ancestrales que d’une recomposition l’ethnie zande, unité culturelle composite sociale et culturelle de l’époque colonia- (Salmon P., 1998). le». Ils ont joué du christianisme comme Voici une pièce à verser au débat sur l’ori- d’un nouveau cadre identitaire (Kalulami gine et la signification des ethnies Pongo M., 1997). Très curieusement ce actuelles et sur celles de leur nom. Les livre ne parle pas des Luba du Katanga ni Topoke du territoire d’Isangi, en aval de de leurs liens avec les Luba du Kasai ni Kisangani, dans la Province Orientale des grandes constructions politiques luba (Haut-Zaïre), sur l’Equateur, sont connus précoloniales. Il ignore en outre totale- sous huit noms plus ou moins différents. Le ment les recherches menées par P. Petit, mot Topoke lui-même signifierait simple- sur l’ethnie luba. ment «nous ne comprenons pas», premiè- Or Pierre Petit, qui défendra, en 2003, à re réponse sans doute aux questions des l’ULB, une thèse sur les rites familiaux et agents coloniaux. Leur vraie dénomination royaux des Luba, avait écrit, en 1996, un est-elle encore inconnue? (Bilusa Baila article très riche sur l’ethnicité luba. Boingaoli, 1993). L’ethnonyme est attesté avant l’occupa-

308 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 tion coloniale d’abord sous sa forme swa- auprès d’informateurs Tutsi (de Lame D., hilisée, Warua. L’ethnie luba «doit... se 1993). concevoir non pas comme un ensemble Pendant l’année qui a vu la fin du pouvoir discret mais comme un ensemble pola- tutsi et le triomphe électoral des Hutu, risé, auquel un individu peut s’identifier comment les trois groupes (Tutsi, Hutu et ou non, selon les contextes». A son exten- Twa) se percevaient-ils? Une enquête sion maximum (vers 1800), le royaume faite sur 252 Rwandais, à l’époque, avait luba était composé de cercles concen- montré que les réponses des personnes triques avec décroissance progressive du interrogées reflétaient les préjugés de pouvoir royal depuis la capitale. Le terme chaque caste vis-à-vis des deux autres luba a parfois été utilisé pour désigner tout en concédant que les relations poli- uniquement le roi (par l’explorateur tiques entre les castes avaient changé Cameron, par exemple), parfois aussi les (Codere H., 1993). dignitaires de la cour royale et tout ce qui Tout Rwandais était intégré à l’un des 18 se trouve au centre du royaume. Chaque clans qui mêlaient Tutsi, Hutu et Twa. A souverain construisait sa capitale, partir d’un échantillon de plusieurs d’abord un campement de chasseurs, le dizaines de milliers d’individus, en 1960, musumba, puis le dipata, ensemble d’Hertefelt a fait l’hypothèse que certains constitué par le palais entouré des mai- clans ont été à l’origine de groupements sons des dignitaires. La construction du territoriaux, autour d’un bloc central plus dipata était accompagnée de sacrifices densément peuplé (Vidal Cl., 1993). humains (généralement d’un «pygmée» On trouvera d’autres commentaires sur autochtone), les victimes devenant ainsi les aspects ethniques des événements les premiers occupants de la terre et les du Rwanda, dans les ouvrages et articles protecteurs des hommes vivant sur ces que nous avons cités dans la partie histo- lieux. A la mort du roi, la capitale était pro- rique de cette chronique. Voir notamment gressivement abandonnée mais son site de Saint Moulin L., 2002; Chrétien J.-P., conservait ses caractères sacrés. Le 1997; Chrétien J.-P. et Mururi M., 2002; pays est ainsi constellé de sites histo- Chrétien J.-P. et Prunier G., 2003; riques (Petit P., 1996 a). Sur ces capitales Reyntjens F., 1993; Vansina J., 1993 et disparues mais dont les sites sont encore 2001; Williame J.-C., 1997. visibles, parmi les royaumes voisins, Au Burundi, on a vu récemment un grou- notamment le royaume kanyok, voir l’ar- pe revendiquer une identité ethnique. Il ticle de R.Ceyssens, commenté dans le s’agit des Bangwana, c’est-à-dire des paragraphe sur les villes précoloniales. princes tutsi de sang royal qui formaient (Ceyssens R., 2007). Le roi luba est le un groupe politique dans l’ancien royau- prolongement vivant de ses prédéces- me du Burundi et se prétendaient une seurs comme le matérialisent trois institu- catégorie sociale distincte des Hutu, des tions: le culte des ancêtres royaux, l’é- Tutsi et des Twa. Favorisés parfois par preuve d’intronisation qui marque l’ac- l’administration coloniale pour les postes cord des esprits au candidat-roi, l’emploi de chefs coutumiers, ils ont perdu toute de reliques pour transmettre un principe importance après l’avènement de la spirituel (Petit P., 1996 b). République. Depuis les réformes consti- C’est pour le Rwanda, avant et après la tutionnelles de 1992, ils cherchent à tragédie de 1994, que la notion d’ethnie a retrouver un rôle politique et veulent être suscité le plus de commentaires. Danielle reconnus comme une ethnie à part entiè- de Lame, avant 1994, avait rappelé que re. Leur résurgence a été une des mani- l’hypothèse hamite (avec les Ethiopiens, festations de la crise de la citoyenneté les Tutsi auraient été apparentés à des burundaise et est une expression supplé- Caucasiens comme les Berbères) avait mentaire du clivage ethnique (Mworoha gardé ses partisans jusqu’en 1960. E. et Chrétien J.-P., 2003). D’autre part, toutes les informations Les tensions qualifiées d’ethniques au recueillies par les missionnaires mais Sud-Kivu, particulièrement dans le terri- aussi par les anthropologues l’avaient été toire d’Uvira, entre Barundi et Banyamu-

BELGEO • 2009 • 3-4 309 lenge d’une part, Bafuliiru et Bavira, de raît avec cet usage, par exemple lorsque l’autre, sont surtout des conflits fonciers, la jachère n’est plus cultivée; défricher un résultats d’une dynamique territoriale champ garantit ainsi des titres fonciers à d’appropriation de la terre par des immi- sa descendance. La législation de l’Etat grés récents (Bosco Muchukiwa, 2006). moderne ne tient pas compte du système Un ouvrage traite des mêmes pro- traditionnel et est donc une source de blèmes au Maniema (N’Sanda Buleli L., conflits (Mfukula Moke Key W.-R., 1994). 2005). Revenant en pays lele, une trentaine d’années après les recherches qu’elle y Les institutions traditionnelles et leur avait menées, Mary Douglas constate transcription dans la société moderne qu’un mouvement anti-sorciers, dirigé par deux prêtres catholiques à partir de la fin Chez les Mbo, groupe de cultivateurs et de des années septante, a eu pour résultat de pêcheurs, sur les rives de l’Epulu, dans faire ranger tout ce qui était du domaine l’Ituri, l’institution du Nkumi, rite de circon- des rites traditionnels dans le domaine des cision, est un puissant facteur d’intégration démons et du diable, ce qui donne ainsi, des groupes en présence, face aux au sein du christianisme, une place aux pygmées mbuti. Cette institution forme la croyances locales dans la sorcellerie base d’une confédération politique qui (Douglas M., 1999). transcende les différences linguistiques et Pendant l’époque coloniale, à l’exception tribales et a même été acceptée par des de L. de Heusch et de J. Maquet, on a très groupes musulmans (Towles J.A., 1993). peu comparé les institutions du Rwanda Les Luntu, qui habitent la province du avec celles des autres civilisations interla- Kasai oriental, près de Dimbelenge, ont custres. Les spécialistes du Rwanda par une association du léopard, comme les exemple se seraient même peu préoc- Mongo, qui remplit d’importantes fonctions cupés de comparer les institutions du politiques et religieuses (Petridis C., 2000). Rwanda avec celles du Burundi Chez les Songye (Kasai oriental), le titulai- (Trouwborst A., 1993). re d’une charge politique cède sa place, Une institution cherche à refaire surface au après quelques années, à un membre d’un Burundi, celle des bushingantahe qui autre groupe de parenté de sorte que étaient chargés autrefois d’arbitrer les chaque groupe accède, à son tour, au conflits sur les collines avec aussi une mis- pouvoir (Anthoine C., 1996). sion de conseil auprès de la population. Il paraît indéniable que Chokwe et Lunda Depuis les réformes de 1992, ils cherchent (aLuund) sont deux groupes distincts, par- à intervenir dans les élections commu- fois antagonistes dès avant la période nales. Un conseil de 40 bushingantahe a coloniale. Pourtant, dans le sud du été créé pour émettre des avis sur les par- Kwango, les Lunda n’hésitent pas à recou- lementaires nommés pour représenter la rir aux Chokwe pour des interventions thé- société civile. Mais l’avenir de cette institu- rapeutiques, en faisant appel à leurs tion ne paraît pas assuré (Deslaurier C., devins, guérisseurs et autres spécialistes 2003). rituels (De Boeck F., 1993). Sur les relations entre le pouvoir «moder- Il faut citer, dans ce domaine des rites thé- ne» et les chefs détenteurs du pouvoir rapeutiques, l’article du regretté Stefan traditionnel, et notamment sur les malen- Bekaert sur les Sakata (rive droite du tendus ou les ambiguïtés du rôle que s’at- Kasai, province de Bandundu) (Bekaert S., tribuent les deux parties, on lira le cas 1996). des relations du chef lunda de Kahemba Dans la même province, au sud du Kasai, avec le pouvoir mobutiste dans un article un article décrit les structures de parenté de F. De Boeck (1998 a). Les chefs tradi- des Yansi du territoire de Bagata. Il montre tionnels interprètent les actes du pouvoir, comment les stratégies matrimoniales qui cherche à se les attacher, comme une assurent la circulation des femmes et des reconnaissance de leur suzeraineté. Le titres fonciers. L’appropriation de la terre poids du chef luunda du sud du Kwango concerne l’affectation à un usage et dispa- par rapport à celui du Katanga s’est ren-

310 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 forcé depuis l’exploitation artisanale du tos en couleurs, où les relations entre ces diamant et le trafic du diamant angolais. peuples et leur milieu sont étudiées de façon approfondie (Bahuchet S. et de Les techniques traditionnelles d’exploita- Maret P., 2001). Le premier des quatre tion de la nature rapports est une présentation générale de la question que l’on retrouve succinc- Une analyse originale des fronts pion- tement dans un article qui rappelle, dans niers, qui attaquent la grande forêt de son titre (Forêts des tropiques, forêts l’Ituri depuis un siècle, s’inspire de anthropiques), que la grande forêt équa- concepts écologico-culturels et de toriale est un milieu profondément trans- critères utilisés pour des études du même formé par l’homme (de Maret P. et al., type en Amazonie. Elle envisage la 2002). Le volume III concerne l’Afrique concurrence entre les groupes, leur per- centrale. Son chapitre 5 traite de la RDC. ception de l’espace comme ressource et Le gel de la coopération européenne n’a la façon dont se structurent les relations pas permis d’y mener des recherches de pouvoir. L’Etat colonial ou postcolonial aussi approfondies que dans d’autres n’est pas intervenu institutionnellement pays. Les gouvernements Kabila ne sont dans cette colonisation des terres (Rösler pas apparus non plus très soucieux de la M., 2004). protection de l’environnement et ont envi- Voici une description des techniques et sagé pour soutenir leurs actions, notam- de leur évolution pour des riverains de la ment leurs actions militaires, d’intensifier Ngiri et de l’Ubangi, en forêt équatoriale: l’exploitation forestière. L’étude couvre aménagement de l’habitat (hameaux sur quatre sites de recherches principaux: des tertres artificiels, villages-îlots), tech- Kinshasa, Kikwit, le Kivu, le parc national niques de navigation, de pêche, d’agri- de la Garamba. A Kinshasa, ont été spé- culture, techniques artisanales (vannerie, cialement abordées la déforestation liée tissage, métallurgie, poterie –apanage aux besoins alimentaires, la ruralisation des femmes-, extraction de l’huile, du vin de certains quartiers de la ville, la pénurie de palme, du sel végétal) (Mumbanza du bois de chauffe et du charbon de bois, mwa Bawele, 1995). la nécessité d’un plan stratégique global Pour d’autres peuples de la grande forêt, impliquant les acteurs locaux de tous étudiés tout particulièrement près de niveaux et la communauté internationale. Mbandaka, dans le bassin de la Ruki, A Kikwit, c’est aussi le thème de la défo- voici un article sur les Elinga, c’est-à-dire restation de l’hinterland de la ville qui a des gens d’eau disséminés dans l’aire été traité. Le Parc National de la mongo (Kanimba Misago, 1995). Garamba, menacé par le déclin de sa Les pêcheurs Ntomba, autour du lac population de grands mammifères, a été Tumba, dans la forêt inondée, exercent pris comme exemple d’un transfert de leur activité dans un contexte magico-reli- responsabilité aux institutions locales qui gieux. Ils dépendent du bon vouloir des auraient à réglementer elles-mêmes les génies bilima qui dispensent les poissons captures permises aux chasseurs locaux. pour les femmes, le gibier pour les Malgré une situation particulièrement hommes. Les campements de pêche et la troublée et violente, des enquêtes ont pu pêche collective sont régis par des être menées parmi les populations rive- maîtres de pêche, descendants du pre- raines des deux Parcs Nationaux du Kivu mier occupant qui avait conclu un pacte (Virunga et Kahuzi-Biega) notamment sur avec le génie, chef du lieu (Pagezy H., leur perception du rôle et de l’importance 2006). Sur les problèmes alimentaires des de leurs écosystèmes forestiers. Parmi les Ntomba, voir plus loin. questions qui se sont posées, il y a celle Sur l’avenir des peuples des forêts tropi- du maintien de groupes pygmées dans le cales, une vaste étude a été menée dans Parc National de Kahuzi-Biega. Les le cadre d’un programme financé par la Pygmées sont le groupe qui a été le plus Commission Européenne. Elle a fait l’objet marginalisé par la création des Parcs de gros rapports et d’un CD-rom de pho- Nationaux. L’étude envisage aussi les

BELGEO • 2009 • 3-4 311 effets écologiques des événements qui vité s’est maintenue à peu près telle qu’el- ont bouleversé le pays (guerres civiles, le était à la fin du XIXe siècle. La crise opérations militaires, mouvements de économique actuelle, qui impliquerait un réfugiés, etc.) (de Maret P. et al., 2000). repli sur des activités traditionnelles, n’ex- Le type et la liste des questions qui ont plique qu’en partie sa persistance. Celle- été posées au cours des enquêtes sont ci correspond surtout au fait que le sau- exposés succinctement dans un article nage représente un fait social total qui qui explique la nature et le but du projet intègre les sphères de la vie économique, qui a été poursuivi (de Maret et al., 2004). politique et symbolico-religieuse et est perçu comme un élément de patrimoine. Les Hema du Sud, peuple pasteur du Les populations du Katanga gardent leur nord-est du Congo (Haut Ituri), au-dessus préférence à un sel traditionnel et les du lac Albert, autour de Bunia, sont chefs locaux mettent toute leur énergie à décrits dans une vaste étude ethnohisto- défendre leurs droits sur les salines. Le rique, genre particulièrement pratiqué par mémoire décrit avec finesse les proces- des missionnaires, à partir des traditions sus techniques, les réseaux sociaux orales (l’auteur est un Père Blanc autour de cette activité, notamment par d’Afrique) mais aussi des sources écrites l’utilisation monétaire du sel, les circuits de l’époque coloniale. Cette étude commerciaux et le cadre religieux qui, contient une grande masse de données comme dans le cas cité plus haut des mais n’apparaît pas toujours d’une très capitales des rois luba, comporte un culte grande clarté. Elle fournit quelques indi- aux esprits territoriaux rendu possible, au cations sur les relations entre les Hema et départ, par une cérémonie sacrificielle, les groupes paysans auprès desquels ou qui pouvait être jadis la mise à mort de au milieu desquels ils vivent mais ne fait l’inventeur des lieux (Petit P., 2000). que quelques allusions aux tensions et au risque d’affrontements entre groupes eth- Les paysages agraires, l’habitat et l’habi- niques tels qu’ils se sont produits au tation cours de la dernière décennie. Les Hema sont apparentés aux Hima de la région On trouvera quelques exemples de struc- interlacustre. Les Hema du Sud ont tures des paysages agraires d’Afrique conservé l’usage de la langue nyoro (ils centrale dans un article de réflexions sur seraient originaires du Bunyoro en les caractères originaux des paysages Uganda) tandis que les Hema du Nord agraires de l’Afrique tropicale (Nicolaï H., ont adopté la langue des groupes lendu 1996). parmi lesquels ils sont implantés. Sur l’habitat dispersé des hautes terres L’activité pastorale joue un rôle plus orientales, on citera plus loin des articles important chez les Hema du Sud que sur ses problèmes et sur de nouvelles chez les Hema du Nord (Thiry E., 1996). opérations de regroupement. On signalera une bibliographie des Shi Sur le thème de la maison «traditionnel- du Sud-Kivu (autour de Bukavu) (Mwenze le», un des thèmes privilégiés des géo- D., 1999). graphes de la première moitié du dernier Sur la persistance d’activités tradition- siècle en Europe et des ethnologues en nelles, on retiendra le mémoire que Pierre Afrique, presque plus rien n’a été publié Petit consacre aux sauniers du Katanga après 1965. Un article sur la maison chef- et des régions voisines de la Zambie, fale des Pende est donc particulièrement c’est-à-dire dans une aire qui se trouve à bienvenu. La recherche a été menée en l’intérieur des royaumes luba, lunda et 1987 et 1988. Alors que beaucoup de bemba et de l’espace linguistique luba- Pende, du Kwilu comme du Kasai, y com- bemba. L’extraction du sel, qui se pra- pris les chefs, construisent de plus en tique en saison sèche, assure une pro- plus de maisons «en dur» (en briques duction annuelle de 20 à 40 tonnes par adobe, par exemple), la case «officielle» saline soit 1000 à 1500 tonnes pour l’en- du chef, sa résidence, le kibulu, ne peut semble de la région étudiée. Cette acti- être construite en matériaux durables. Le

312 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 kibulu est une case carrée de 3 m de domaine féminin. Les enfants s’y attrou- côté, faite de matériaux végétaux avec un pent et les femmes s’y asseyent en pré- toit de paille en coupole dont l’extrémité parant les repas. On y emmagasine le supérieure est ornée d’une sculpture et bois pour le feu, on y sèche le manioc et avec un vestibule précédant la porte. les arachides, on y trouve le mortier, la Cette case dure rarement plus de douze passoire, la houe, etc. ans et doit donc être reconstruite périodi- quement. A la mort du chef, le kibulu est Les systèmes fonciers abandonné. La construction du kibulu du nouveau chef obéit à un rituel précis. Des Dans le cadre d’un grand programme de semences de millet sont enfouies dans le l’administration coloniale pour une prise trou (le «ventre»), où sera planté le en compte des structures foncières dans poteau central et qui deviendra ainsi le l’application des grands projets de déve- «coeur du village» et un symbole de ferti- loppement rural, une enquête avait été lité. Le kibulu est donc un espace intensé- menée en 1960, dans un groupe tetela du ment religieux. On notera que le chef ne territoire de Lubefu (actuel Kasai oriental). peut pénétrer dans la deuxième chambre Restée inédite, elle vient d’être publiée du kibulu. Seul un ministre en a le droit ce (Derolez C., 2006). qui signifierait symboliquement que le En pays nande, dans la localité de Luhotu chef n’a pas tous les pouvoirs. Le (Nord-Kivu), une analyse multivariée caractère non durable de la case cheffa- indique qu’il n’y a pas de relation entre le le, son«impermanence», serait une autre système foncier et le système d’exploita- expression de cette limitation du pouvoir. tion du sol. Une loi foncière de la fin du Des têtes sculptées au sommet des régime mobutiste, qui aurait dû protéger piquets de la palissade, devant l’entrée, les petits paysans, a été utilisée pour per- surveillent d’ailleurs l’intérieur, donc le mettre l’accaparement des terres par des chef. La reconstruction périodique de la fonctionnaires et a accéléré l’individuali- case cheffale exprime aussi la renégocia- sation des droits fonciers (Mafikiri Tsongo tion du contrat social entre le chef et son A., 1994). La question est reprise par le peuple (Strother Z., 2004). Signalons que même auteur pour montrer comment se la même auteure a publié d’importants combinent les règles coutumières et les ouvrages sur l’art des Pende et tout parti- lois foncières nationales. Cette combinai- culièrement sur leurs masques (Strother son entretient un sentiment d’incertitude Z., 1998, 2005, 2008). Pour elle, les donc d’insécurité pour les paysans tradi- danses masquées ont été, pendant la tionnels. L’article analyse tout particulière- période coloniale, des manifestations de ment les problèmes que posent les acqui- l’identité pende et une forme de résistan- sitions foncières des immigrés rwandais ce au colonisateur. Nombre de nouveaux dans la zone de Masisi où les autoch- personnages ont été introduits dans l’uni- tones (Hunde) estiment avoir perdu ainsi vers des masques. Cette période a connu une grande partie de leurs terres. Il en est ainsi une grande création artistique, ce résulté des affrontements sanglants dans qui ne sera plus le cas après l’accession les années qui ont précédé la rédaction du Congo à l’indépendance. de cet article, affrontements qui prendront On trouvera dans un article de De Boeck une ampleur accrue dans les années sui- F. (1995), sur lequel nous reviendrons vantes (Mafikiri Tsongo, 1996). plus loin, des informations sur l’organisa- Les questions foncières sont traitées de tion de l’espace dans l’habitation des façon plus générale dans un article qui Lunda du sud du Kwango et plus spécia- montre qu’à côté du droit traditionnel et lement sur l’opposition entre le devant et du droit formel moderne, apparaît un troi- le derrière. Devant la maison, l’espace est sième système juridique. Par exemple, surtout masculin, délimité et réaffirmé dans la province de Bandundu, on a auto- chaque matin par le chef de famille, lors risé l’accaparement individuel par les du balayage de la cour. C’est là qu’il exploitants eux-mêmes de terres accueille les visiteurs. L’arrière est un exploitées sur un mode traditionnel alors

BELGEO • 2009 • 3-4 313 que ces terres relevaient de la commu- Rwanda nauté. Des agriculteurs, qui se désignent comme de «petits fermiers», ont réussi, Plusieurs grandes études portant sur les avec l’accord du chef de terre traditionnel paysanneries des hautes terres ont été et grâce à quelques papiers obtenus des accomplies ou publiées au début de la fonctionnaires locaux, à développer un dernière décennie du XXe siècle. nouveau droit foncier informel, ce qui Un économiste, à partir de l’étude des crée une grande insécurité juridique. Au pratiques d’élevage, a analysé les trans- fond l’Etat a reconnu ainsi indirectement formations de la colline de Gafunzo, dans l’autorité des chefs de terre traditionnels la préfecture de Gitarama, au Rwanda. supprimée théoriquement par la loi fon- Une grande partie de la population se cière de 1973 (Beke D., 1996). trouve dans une situation d’auto-subsis- tance. La croissance démographique et LES PROBLÈMES DES HAUTES TERRES la raréfaction des terres disponibles la ORIENTALES (RWANDA, BURUNDI, contraignent à une intensification des KIVU, ITURI) techniques. Dans le domaine de l’éleva- ge, cela s’est marqué par le recours à la Les problèmes des régions du Congo stabulation permanente du bétail. Une oriental, du Rwanda et du Burundi sont minorité de la population a accès à des replacés dans le cadre général de emplois salariés (auprès de l’administra- l’Afrique des Grands Lacs dans un article tion ou d’organismes de développement) qui analyse les ruptures et les recomposi- ce qui, malgré une certaine redistribution tions engendrées par les guerres dans la de ses revenus, qui se fait souvent de production agricole (les baisses de pro- caractère ostentatoire ou symbolique, duction ont été en partie compensées par n’empêche pas l’apparition de tensions l’aide alimentaire internationale), les avec les autres groupes. La création déplacements temporaires ou définitifs, d’une entreprise hydraulique à laquelle les relocalisations autour de centres n’a accès qu’une partie de la population administratifs. Il prend notamment est un autre facteur de disparité. L’étude comme exemple les conséquences des analyse l’articulation de ces facteurs avec regroupements forcés de paysans hutu, la dynamique propre de la colline organisés par une armée à dominante (Migeotte F., 1997). tutsi au Burundi, qui ont déstructuré des Un important ouvrage d’anthropologie campagnes entières et entraîné des situa- rurale qui reprend l’essentiel d’une thèse tions de disette. Il ne croit pas que les soutenue, en 1996, à la Vrije Universiteit solutions aux problèmes de ces territoires Amsterdam, décrit la vie et les problèmes puissent être envisagées en dehors d’un d’une «colline» (c’est-à-dire d’une commu- modèle à prépondérance rurale, ni sans nauté rurale) du Rwanda, la colline de l’arrêt de l’emballement démographique Murundi et son annexe de Gizebeya, qui (Cazenave-Piarrot A., 2007). forment ensemble la zone de développe- Dans l’Ituri, des densités de population ment rural de Munzanga, dans le centre- supérieures à 300 habitants au km² se ren- ouest du Rwanda (on regrettera, au passa- contrent au pied des Monts Bleus au des- ge, qu’aucune carte ne permette de la sus du lac Albert. Ici aussi on trouve les situer avec précision). Ce petit espace mêmes problèmes d’érosion des sols, de rural compte 180 enclos (ou familles déboisement ainsi que les conflits fonciers nucléaires). L’auteure, Danielle de Lame, entre agriculteurs proprement dits et éle- rappelle d’abord les caractéristiques veurs de bétail. Les auteurs de l’article générales des sociétés rurales du Rwanda pensent qu’une redistribution de la popula- dans une perspective historique. Elle tion pourrait aplanir beaucoup de diffi- décrit les liens sociaux, le vécu quotidien, cultés. Mais, dans les conditions actuelles les systèmes de relations. Elle analyse du pays, cette option est-elle réaliste et qui ensuite les échanges économico-symbo- pourrait se charger de la promouvoir et de liques fondamentaux qui font circuler les l’effectuer? (Nyori I. A. et Buga B.L., 1996). boissons, les vaches et les femmes. La

314 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 lecture de cette étude anthropologique trouvées dans les campagnes elles- holiste d’une communauté rurale est indis- mêmes, où les terres sont proches de la pensable à qui veut essayer de com- saturation. On s’étonnera qu’aucune réfé- prendre, de l’intérieur, le milieu rural rwan- rence ne soit faite au problème politique, dais (de Lame D., 1996). Une postface c’est-à-dire aux tensions entre Hutu et expose la vision de l’auteure sur les évé- Tutsi (c’est à peine si les mots sont utilisés nements dramatiques de 1994. Elle y rap- dans le texte), sous prétexte qu’elles n’au- pelle cette phrase atroce d’un de ses infor- raient eu aucun effet géographique visible mateurs en 1990: «Quand on a semé trop et échapperaient ainsi au domaine traité serré, il faut sarcler». Bien qu’elle affirme par le géographe. Les événements qui ont avoir été, au cours de son enquête, pessi- suivi ont démenti cette vue des choses. miste sur l’évolution du pays, il n’en reste Ou bien s’agissait-il de points auxquels le pas moins que le titre même de l’ouvrage chercheur ne pouvait toucher sans danger (le calme avant la tempête) témoigne que pour ses possibilités de travail ? (Bart F., l’on croyait encore avant 1990 que le 1993). Ce livre avait déjà été signalé déjà calme exprimait au moins une volonté ou dans notre chronique précédente en un souhait de cohésion et qu’il n’annonçait même temps que la thèse dont il était issu pas de tempête. mais nous le citons à nouveau en raison Dans une autre publication, la même de la date de sa parution. auteure montre comment toute étude en Le rôle attribué aux femmes s’est-il modifié milieu rural est indissociable d’une récemment au Rwanda? Dans le Rwanda anthropologie du changement socio-cul- ancien et pendant toute la période colonia- turel (de Lame D., 1997). Or les enquêtes le, le corps de la femme, la maison familia- en milieu rural sont affectées de nom- le et son enclos étaient régis par les breux biais. Il en est ainsi dans la déter- mêmes règles rituelles que le royaume. mination des priorités pour lesquelles Une fois mariées, les femmes devaient cul- l’opinion du paysan est sollicitée. En fait, tiver le champ de leur mari et limitaient celui-ci n’a généralement le choix que leurs déplacements aux nécessités du parmi les alternatives que le chercheur ou ménage et à quelques visites à leurs le développeur lui présente et qu’il croit parents. Pendant la deuxième république les plus pertinentes. Les réponses sont (après 1973), une forte croissance liée à ainsi en partie suggérées aux paysans l’aide étrangère (et non à un véritable interrogés. développement) a provoqué un afflux d’ar- Un autre ouvrage fondamental, issu lui gent dans les régions rurales qui a accru aussi d’une thèse doctorale, cette fois de les inégalités sociales car il a profité sur- géographie, a été publié sur le Rwanda. tout aux fonctionnaires et aux com- Après avoir décrit les traditions rurales, F. merçants. Mais cela a entraîné aussi une Bart montre comment le paysan rwandais certaine ouverture sur le monde extérieur. a relevé le défi démographique et a réagi La crainte du manque de terres a changé aux crises qui le frappaient: accroisse- aussi la perception de l’enfant comme ment de la superficie cultivée vers les force de travail pour les champs. La repré- sommets, mise en valeur des marais, sentation du monde s’en est trouvée modi- colonisation des régions orientales plus fiée. Les événements de 1994 ont tué, basses et moins peuplées, intensification semble-t-il plus d’hommes que de femmes de l’exploitation y compris des techniques si bien que les femmes font désormais d’élevage (bovins à l’étable, chèvres au près de 70 % des chefs de ménage. Leur piquet), recherche de revenus monétaires, rôle s’est donc modifié. Cependant, dans soit issus de l’agriculture (bière de bana- les camps de réfugiés au Kivu, on a ne, café) soit provenant de quelques constaté que les hommes ont maintenu gains salariés, par exemple au service leur rôle. Deux faits sont à noter. D’une d’organismes de développement et part, les femmes rwandaises ne partici- d’ONG diverses. Mais le pays s’est trouvé pent pas aux activités commerciales menacé par des situations de blocage comme les femmes d’Afrique occidentale dont les solutions ne pourront être par exemple, car elles doivent accepter la

BELGEO • 2009 • 3-4 315 protection d’un homme. D’autre part, triste sociale. Malaise d’une classe d’âge mas- constatation, faut-il considérer comme une culine confrontée au manque de terre et évolution vers l’égalité avec les hommes le au désoeuvrement. Les milices ont fait fait que les femmes ont participé aussi miroiter aux yeux de ces jeunes les terres activement que leurs maris aux massacres de leurs futures victimes. Au moment où de1994 et au dépouillement des victimes? l’article a été rédigé, la situation foncière (de Lame D., 1999). était en outre très incertaine suite au F. Bart nous donne une intéressante lectu- retour des réfugiés (Amelot X., 1997). re, pratiquement un demi-siècle après sa Deux pédologues, après avoir constaté réalisation, du livre que Pierre Gourou avait que l’agriculture rwandaise avait atteint consacré à la répartition et à la densité de son point de rupture vers 1990, estiment la population au Ruanda-Urundi. En rap- cependant que la production vivrière pelant la nouveauté de cette étude, à l’é- pourrait encore être accrue par une utili- poque (c’est le premier livre que Gourou a sation plus rationnelle des terres et une consacré à l’Afrique) et le modèle de spécialisation des cultures en fonction de démarche géographique qu’il constitue, il la qualité des terres (Gallez A. et Van montre ce qu’il faut retenir encore aujour- Ranst E., 1997). d’hui de ses mises en garde, notamment sur le drainage des marais et sur les tenta- • Les revenus des paysans tives de regroupement de la population en villages (Bart F., 2000). Une enquête menée en juin-août 1990 à On trouvera la description d’une région Kirarambongo, localité du sud-ouest du particulièrement peuplée, le sud-ouest du Rwanda, à 30 km de Butare, montre que Rwanda, et une vue générale de ses pro- les revenus monétaires en milieu rural blèmes dans un article qui la qualifie de sont loin d’être homogènes (voir plus haut collines de turquoise (cette expression les publications de D. de Lame). Les avait été utilisée pour dénommer l’opéra- commerçants et les fonctionnaires ont tion militaro-humanitaire française qui a des revenus plus élevés que les agricul- traversé cette région en 1994) (Prioul C., teurs. Parmi ces derniers, les riziculteurs 1995). (qui sont généralement jeunes) ont les Une étude portant sur le nord-ouest du revenus les plus élevés, puis viennent les Rwanda et plus spécialement sur deux caféiculteurs et enfin ceux qui pratiquent secteurs représentatifs du géosystème une agriculture de subsistance. Il n’est des hautes terres de la crête Congo-Nil pas étonnant que les paysans les mieux (Birembo) et d’un géosystème appala- dotés en terres et en ressources moné- chien (Tare) montre comment les taires soient aussi les plus dynamiques systèmes ruraux ont réagi face à la pres- (Marysse S. et Ndayambaje Waeterloos sion démographique: conquête des terri- E., 1993). toires marginaux, avec disparition pro- L’appauvrissement qu’a connu le Rwanda gressive des pâturages, recul de moitié à partir de 1985, a été un des facteurs des surfaces en jachère, modification de des événements de 1994. Le pays aurait l’éventail cultural (extension de la bana- atteint les limites de son modèle de déve- neraie, diminution de la part relative des loppement et était entré dans une phase céréales, forte progression des tuber- de décroissance. L’aide internationale cules, patates douces, pommes de terre avait eu des effets pervers en finançant et surtout manioc qui est devenu le pro- plus de la moitié des dépenses du bud- duit ayant le plus haut taux de monétari- get de fonctionnement de l’Etat. Les sation). Mais dès le milieu des années 80, crises du prix de l’étain, entraînant la failli- la disette se généralise. A partir de 1990, te de la société mixte d’exploitation de la le recours à l’aide alimentaire devient per- cassitérite, ajoutées à celle du café ont manent. Les ménages s’appauvrissent. imposé le recours au FMI et à la Banque La reproduction du modèle d’organisation Mondiale. L’ajustement structurel imposé sociale et spatiale est de plus en plus dif- par ces organismes a empêché le gou- ficile, ce qui entraîne une déstructuration vernement de venir en aide aux paysans

316 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 victimes de la dévaluation du café. Ainsi basse au fond du fossé du lac s’est formé un terreau favorable à une Tanganyika), les Mumirwa (escarpement politique de violence (Marysse S., de occidental), les hauts versants abrupts du Herdt T. et Ndayambaje E., 1994). Mugamba-nord, le paysage des «mille Un aperçu général des contraintes natu- collines» des plateaux centraux, le sud- relles et techniques auxquelles doivent est (Kirimiro, Buyogoma, est du Bweru et faire face les paysans rwandais aboutit à sud du Bugesera), les franges périphé- la conclusion que la majorité de ceux-ci riques de basse altitude (Kumoso, sud- sont acheteurs nets de produits vivriers est du Bweru, nord du Bugesera). Il s’in- alors que les emplois non agricoles sont terroge aussi sur l’ancienneté des traits rares. Les problèmes que les paysans constitutifs de ces paysages. La forte considèrent comme les plus importants couverture arbustive, par exemple de sont la faible fertilité des terres, le risque Grevillea, est récente, de même que les de pluies insuffisantes, le manque de innombrables parcelles de caféiers. La terre et d’engrais. Leur situation ne pour- grande extension des bananeraies ne ra être améliorée sans un ensemble com- commence pas avant le début du XXe plexe de mesures à court et à moyen siècle. Récente aussi la place importante terme requérant un partenariat équitable occupée par le taro (sous les bananiers), de la part des pays industrialisés la patate douce, les pommes de terre, le (Ngwabije, 1994). manioc, qui étaient presque inexistants voici un peu plus d’un siècle, quand sor- Burundi gho, maïs, éleusine et haricot consti- tuaient les cultures et l’alimentation de Contrairement à l’image que l’on a géné- base. Et maïs et haricots ne remontent ralement du paysan burundais, celle d’un pas non plus très loin dans le temps. «Le défricheur acharné, déclenchant l’érosion système agraire d’aujourd’hui apparaît des sols par sa culture des fortes pentes, ainsi comme éminemment moderne». Le il serait en fait très soucieux de la gestion Burundi a donc connu deux révolutions et de la conservation de la biomasse. Un agraires majeures; l’une qui correspond à article en donne quelques exemples. Il l’adoption du maïs et des haricots (XVIIe faudrait aider le paysan en lui fournissant et XVIIIe siècles), l’autre qui correspond à les moyens nécessaires (Cochet H., la période coloniale. Les plantes cultivées 1996). Le même auteur a consacré une ont changé avec les systèmes d’assole- thèse d’agronomie sur le devenir de l’agri- ment. Il y a eu récupération des déjections culture et des agriculteurs burundais. Il nocturnes des bovins, mise en valeur des défend l’hypothèse d’une capacité bas-fonds, etc., mais l’outillage technique endogène de la petite paysannerie à se est resté ce qu’il était depuis la toute pre- développer et à accumuler. Il définit un mière révolution de l’introduction du fer. modèle d’évolution du système dominant L’auteur, s’il reconnaît que la grande exten- qu’il nuance en fonction des particula- sion de la bananeraie pour la bière repré- rismes régionaux. Le dernier chapitre de sente une déperdition alimentaire certaine, sa thèse est une critique des rôles de fait remarquer aussi que la bananeraie pro- l’Etat et de l’encadrement technicien et duit une biomasse importante, se substi- insiste sur leur responsabilité majeure tuant ainsi à la fumure du bétail dans la dans la crise actuelle (Cochet H., 2001). reconstitution de la fertilité du sol et fournit On trouvera un bref compte rendu de aux paysans des ressources monétaires cette thèse dans Charlery B. (2003), (Cochet H., 2000). revue Autrepart, 27, pp. 133-143. H. Au Burundi encore, dans les Mwira, versant Cochet, également, dans deux articles escarpé oriental du fossé du lac publiés en 2000 et en 2001, s’interroge Tanganyika, les fortes pentes, l’intensité des sur la diversité et l’âge des paysages précipitations, la baisse de la température agraires du Burundi. Il propose d’abord (au dessus de 2000 m, le bananier donne de reconnaître au Burundi au moins sept mal, de même que la patate douce et les grands paysages agraires: l’Imbo (région haricots au dessus de 1900 m), la pression

BELGEO • 2009 • 3-4 317 démographique (300 et parfois 400 habi- exploitations, la troisième, les contacts, les tants au km²) sont des contraintes très fortes échanges et les mutations aux XIXe et XXe et nécessiteraient, outre une politique de siècles. On retiendra notamment les com- conservation et de restauration des sols (les munications sur l’évolution des paysages et techniques de labour favorisent l’érosion), le développement agricole, avec des des opérations de reboisement (les feux cartes donnant des exemples de paysages pour l’aménagement de pâturages ont agricoles de montagne, de haut plateau, détruit le couvert végétal) et une diversifica- de vallée d’altitude, de crête, etc. tion des activités économiques. L’exode (Ndayirukye S., 1994), sur les densités de rural vers Bujumbura est d’ailleurs important population dans leurs relations avec l’occu- (Nkurunziza F.-X., 1996). pation du sol et sa fertilité (Bidou J.-P., 1994 Une étude d’économie agricole, pendant a), sur les types d’exploitations agricoles à une durée de cinq ans, de 58 exploitations partir d’une analyse en composantes prin- des deux collines voisines de Campazi et cipales (Bidou J.P., 1994 b) et sur la mise Muruta, sur le versant oriental de la crête en valeur des marais (Nsabimana T. et Congo-Nil (1800 à 2000 m d’altitude), où la Manirakisa, 1994). population est passée de 398 habitants au La guerre civile a ruiné l’économie du km² en 1965 à 613 en 1990, montre que les Burundi. Cependant l’agriculture vivrière a paysans burundais se sont intégrés de plus permis la subsistance d’une population en plus à l’économie de marché en éten- particulièrement dense. Les recettes des dant les cultures de rente (café, thé, tabac, cultures de rente sont en forte baisse. pomme de terre), en abandonnant partiel- L’auteur de l’article envisage les possibi- lement les cultures vivrières traditionnelles lités de sortir de la crise (Cazenave-Piarrot (sorgho, éleusine), en recherchant du tra- A., 2005). vail salarié en dehors de l’exploitation. L’analyse de photos aériennes de 1959, L’emprise du café 1975 et 1984 a permis de mesurer par exemple le recul des pâturages (13 à 15 % L’importance du café dans l’économie par an) et la disparition des jachères de des hautes terres est décrite dans un longue durée. Cependant l’agriculture reste ouvrage consacré à cette question en dans une logique de subsistance avec tout Afrique et en Amérique latine (Tulet J.-Ch., compte fait de simples ajustements pour Charlery B., Bart F. et Pilleboué J., 1994). maintenir les équilibres fondamentaux ali- F. Bart analyse plus particulièrement le mentaires, monétaires et de fertilité des cas du Rwanda où les structures de pro- sols. Mais le système atteint ses limites. duction sont atomisées (les parcelles indi- Très curieusement rien n’est dit sur la cultu- viduelles de café ont de 7 à 8 ares seule- re de la banane, ni sur la production de ment). La culture, encouragée ou même bière. Serait-ce que l’altitude est trop souvent imposée par le pouvoir colonial élevée pour cette production? (Verhaegen puis par la suite par le pouvoir national, se E. et Degand J., 1993). fait en dessous de l’altitude de 2000 m. Une grosse enquête franco-burundaise a Deux régions principales entre 1400 et porté sur les régions du sud-est du 1900 m d’altitude: le Plateau central et les Burundi, le Buyogoma et le Kumoso, qui se régions riveraines du lac Kivu. Le café est comportent comme une périphérie dans le le principal pourvoyeur de revenus moné- système spatial du pays (Gahama J. et taires pour le paysan et de devises pour Thibon C., 1994). La première partie s’inter- l’Etat. D’où la forte vulnérabilité des exploi- roge sur les aspects répulsifs qu’avaient les tations paysannes et de l’économie rwan- deux régions: perception d’un environne- daise en général aux crises des prix, parti- ment malsain, d’espaces peu peuplés, culièrement à la crise de 1985 (Bart F., hantés par les esprits et les sorciers. Cet 1994). La croissance démographique et la ensemble se tournait davantage vers le remise en cause de la sécurité alimentaire Buha (Tanzanie) que vers le reste du compromettent le fonctionnement du Burundi. La deuxième partie traite la démo- système et entraînent l’affaiblissement de graphie du front pionnier et la structure des l’Etat (Uwizeyimana L., 1996 et 2001).

318 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Au Burundi, où la culture du café avait été une meilleure fourniture des services à rendue obligatoire dès 1931, l’Etat, large- la population, on a préconisé souvent de ment tributaire du café pour ses res- regrouper les enclos. La plupart des ten- sources en devises, exerce sa mainmise tatives en ce sens avaient échoué. sur la filière. Comme dans les régions Après 1994, diverses opérations d’ins- caféières, qui sont aussi les régions les tallation de villages groupés ont été plus densément peuplées, la production effectuées comme mesures d’urgence. Il vivrière est devenue souvent déficitaire, s’agissait de donner un toit à des gens beaucoup de paysans comptent sur le qui n’en avaient pas comme les exilés café pour couvrir leurs dépenses alimen- tutsi revenus au pays ou les réfugiés taires. Il est possible d’étendre la culture hutu rentrés du Congo et dont les mai- dans certaines régions ou d’accroître les sons avaient été détruites ou occupées rendements. Mais dans certaines parties par des Tutsi. Parfois on a voulu regrou- du pays, l’extension de la caféiculture per des populations hostiles au nouveau menacerait la sécurité alimentaire (Bidou pouvoir pour mieux les surveiller. Des J.E., 1994c). opérations du même type ont visé la Dans le Kivu, au Congo, les plantations colonisation de l’est du pays. D’autres européennes de café qui avaient été ont répondu aussi à un objectif de déve- créées avant 1960, ont été pour la plupart loppement (points de fixation d’un éven- abandonnées par leurs anciens proprié- tuel exode rural) et à un objectif de taires. Certaines avaient été reprises par réconciliation nationale. L’auteure de des barons du régime mobutiste. Dans l’article a recherché l’avis des habitants les années 80, la production est désor- concernés. Celui-ci a été majoritaire- mais essentiellement assurée par les pay- ment positif. Elle s’est interrogée sur sans (67 000 ha, 140 000 planteurs). Le l’avenir et les possibilités de généralisa- café, en 1988, était le deuxième produit tion de ces opérations à l’ensemble du d’exportation du Congo-Zaïre et faisait pays (Imbs F., 2000). On a vu plus haut 85 % des recettes d’exportations de pro- que des opérations du même type duits agricoles. La contrebande à l’expor- avaient été effectuées au Burundi. tation aurait porté sur 10 à 30 % de la récolte (Bushoki Batabiha J., 1994). Dans Les fortes densités rurales et la capacité leur introduction à l’ouvrage collectif dans des terroirs lequel cette étude est publiée, les édi- teurs affirment que le Kivu est le type Les fortes densités agricoles atteintes sur même de la montagne coupée du monde des surfaces du Kivu d’altitude ont extérieur à la fois par la distance, l’insé- conduit des pédologues à calculer les curité et la faillite du système de trans- potentialités de quatre surfaces-tests de port. Le propos est quelque peu excessif 2500 km² chacune (Lubero, Butembo, mais il est vrai que la caféiculture y est Masisi et Sud-Kivu au nord-ouest de pratiquement abandonnée à elle-même, Bukavu). Pour chaque échantillon, la surfa- enclavée dans une région aux infrastruc- ce cultivable est déterminée en fonction tures déficientes et tributaire de circuits des sols et du relief. La production poten- parallèles de commercialisation passant tielle par le système traditionnel est cal- par les pays voisins. Cela avait été écrit culée en tenant compte de la durée des avant les événements de 1994 et la série jachères et des disponibilités en main- de guerres intérieures. La situation n’a d’oeuvre. La densité potentielle est cal- donc pu s’améliorer. culée sur la base d’une ration alimentaire de 2200 kcal par personne. C’est dans l’é- La question de l’habitat dispersé chantillon de Masisi que, grâce à la pré- sence d’un saupoudrage de cendres vol- Depuis l’époque coloniale, on s’interro- caniques, les meilleurs résultats peuvent ge sur les avantages et les inconvé- être obtenus en culture traditionnelle (297 nients de l’habitat dispersé qui caracté- habitants au km²). L’intensification de l’agri- rise les campagnes rwandaises. Pour culture apparaît indispensable pour

BELGEO • 2009 • 3-4 319 résoudre les problèmes des surfaces qui après 1994. Il a traité notamment la ques- ont déjà plus de 300 habitants au km² et tion de l’approvisionnement en eau sur lesquelles les paysans cultivent, sans potable dans les espaces ruraux qui reste mesures de protection, des pentes supé- un problème général de santé publique. rieures à 70 % (Sys C. et Van Ranst E., D’une part, il y a toujours le problème de 1996). la corvée d’eau. D’autre part, le stockage Les pédologues offrent de nouveaux instru- est une source de contamination (Gatera ments pour la définition d’une politique agri- F., 1993). Au Burundi, on a mis la priorité cole au Rwanda. En numérisant les 43 sur l’alimentation en eau potable des cartes topographiques du pays au 1/50 000 centres hospitaliers en espérant une et les cartes pédologiques correspondantes généralisation ultérieure de l’opération et en les connectant à une base de (Ndayishmiye J.-P., 1993). Par défaut de données des profils géologiques, on peut, maintenance, de nombreux aménage- en appliquant les techniques des ments ne sont plus utilisables. Dans ce systèmes d’information géographique, dernier pays cependant, vers 1990, un (SIG) établir de nombreuses cartes théma- quart de la population rurale est desser- tiques (classification des terres, terres irri- vie en eau potable. (Nsabimana S., 1993 gables, vulnérabilité des sols, etc.). b). Dans la préfecture de Ruhengeri, au L’article en donne quelques exemples Rwanda, où les pluies sont abondantes et (Imerzoukene S. et Van Ranst E., 2001). les sources nombreuses, la population Voir aussi sur le même sujet l’article de peine à maîtriser l’érosion des versants et Verdoodt A. et Van Ranst E. (2006). les inondations tandis que les habitants Divers auteurs préconisent une agriculture des sommets souffrent d’une pénurie plus «écologique» au Rwanda car ils d’eau (Nzamwita D., 1993). considèrent que le modèle d’agriculture Les mêmes problèmes se posent, on s’en appliqué depuis 1970 a échoué à résoudre doute, dans les provinces congolaises les problèmes de surpopulation et de voisines du Kivu, au Congo. A Bukavu, le dégradation du sol. Deux d’entre eux pré- ravitaillement en eau potable suit malaisé- conisent d’associer le fumier à des engrais ment la croissance rapide de la ville et minéraux comme le travertin et les cendres souffre de la vétusté du réseau ainsi que volcaniques pour maintenir la fertilité du sol des carences dans le traitement des eaux (Stache N. et Drechsel P., 1997). (Muzalia Wakyebwa K., 1993). Dans le Bwisha, région très peuplée coincée Eau et aménagement entre le parc des Virunga et la frontière du Rwanda et de l’Uganda, de grands pro- Un colloque réunissant des enseignants- jets d’adduction d’eau étaient en cours de chercheurs des départements de géogra- réalisation avant 1994. Trois petites cen- phie de l’Université du Burundi, de trales hydro-électriques avaient été ins- l’Université Nationale du Rwanda et de tallées dans le sud de cette région (Ilunga l’Institut Supérieur Pédagogique de L., 1993). De même, dans la province du Bukavu s’est tenu en mai 1991 à Sud-Kivu, la plaine de la Ruzizi a des Bujumbura sur le thème L’eau et l’aména- pluies peu abondantes mais peut dispo- gement dans l’Afrique des Grands Lacs. ser de grandes ressources en eaux flu- Dix-neuf communications ont traité de l’é- viales. De grands aménagements hydrau- valuation des ressources en eau et de liques pour l’irrigation et la production d’é- leur aménagement, de l’aménagement lectricité ont été réalisés à la fin de la des marais, de l’approvisionnement en période coloniale et par la suite. Plusieurs eau potable, de l’exploitation des res- ne fonctionnent plus (Ilunga L. et Londa sources halieutiques, de l’hydroélectri- L., 1993). La Région des Grands Lacs est cité, des transports lacustres, etc. (Sirven propice à divers aménagements hydroé- P., éd., 1993). Ce sera le dernier grand lectriques. Certains barrages peuvent colloque scientifique organisé sous la jouer un rôle régional, en animant des coupole de la coopération française dans pôles de développement, comme celui ces régions, qui cessera d’y fonctionner sur la Ruzizi, ou pourraient le jouer lors-

320 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 qu’ils seront réalisés, comme celui de plus faibles du pays et est aussi peu peu- Rusumo sur la Kagera. De petits barrages plé. Son histoire tectonique et géomor- locaux fonctionnent également au phologique y a créé de vastes étendues Rwanda, au Burundi et au Kivu mais les de lacs et de marais. Le gouvernement y réseaux sont mal ou peu connectés a donc encouragé des mouvements de (Ndayirague G., 1993). colonisation à partir des régions très peu- plées. Cela ne s’est pas fait sans conflits Les changements dans les fonds de ente les «autochtones» et les immigrants vallée et les régions basses (Barambirwa J.B., 1993). Des marais ont été mis en valeur aussi • Les situations anciennes dans le Kivu voisin, non loin de Bukavu, depuis 1950. Ils donneraient des résultats Alors que l’histoire traditionnelle de convenables pour les cultures maraî- l’Afrique des Grands Lacs est générale- chères (Sebakunzi Ntibibuka et ment associée aux complexes agricoles Birembano Bahati, 1993) et pastoraux des collines et des plateaux, De nombreux projets combinant piscicul- J.-P. Chrétien insiste sur l’importance ture et utilisation agricole des marais qu’avaient les régions basses, rives des continuent à être exécutés au Rwanda. lacs, fonds marécageux des vallées, Un colloque leur a été consacré à Butare, avant la fin du XIXe siècle. C’est là qu’on en 2001. La plupart des communications produisait les poteries, le sel, qu’on fabri- préconisent le recours à des systèmes quait les pirogues. On y pratiquait la agro-piscicoles inspirés de ceux qui sont pêche beaucoup plus qu’on ne l’a sou- pratiqués au Mexique et en Extrême- vent prétendu. Des bas-fonds étaient Orient et plusieurs insistent sur l’intérêt du aménagés en plates-bandes séparées riz irrigué (ou inondé) d’autant plus que le par des canaux. Ces techniques d’irriga- riz semble bien accepté par toutes les tion se seraient même développées enco- couches de la population. Il est recom- re pendant le XIXe siècle. Il y avait une mandé que toute opération soit précédée véritable civilisation «aquatique». Mais d’une étude d’incidence et de faisabilité les marques de celle-ci auraient été conduite par une équipe multidisciplinaire effacées par le dépeuplement causé à la et que les communautés locales soient fin du XIXe et au début du XXe siècle par associées à toutes les phases du projet. la maladie du sommeil (Chrétien J.-P., Un objectif prioritaire est la réhabilitation 2007). Un géographe burundais rappelle de marais aménagés mais actuellement d’ailleurs que, d’après les récits des pre- dégradés. Les marais de haute altitude miers Européens qui visitèrent le Burundi, doivent être préservés car ils constituent les marais étaient exploités pour l’agricul- des châteaux d’eau (Kanangire C.K., ture, l’élevage, la chasse. Il retrace l’évo- Micha J.C., Gashagaza J.-B.M., 2001). lution de leur exploitation pendant l’é- La pisciculture avait démarré au Rwanda, poque coloniale et postcoloniale dans les années 40, avec trois espèces (Nsabimana T., 1993a). de Tilapia. Depuis les années 80, on a eu recours à des souches plus résistantes • L’aménagement récent aux basses températures, ce qui permet de pratiquer leur élevage jusqu’à 2200 m Dans le Buyenzi, région très peuplée du d’altitude. Depuis 1989, le Tilapia est nord du Burundi, les marais, qui étaient associé au Clarias. L’association de ces utilisés pour des cultures de saison sèche espèces complémentaires en ce qui mais restaient inondés le reste de l’année, concerne leur alimentation, donne des ont été transformés en rizières depuis rendements supérieurs de 50 % à ceux 1980. Mais la production a été affectée à de l’élevage d’une seule espèce. Dans plusieurs reprises par des maladies du riz les stations piscicoles gouvernementales, et parfois par la mévente du produit on élève en même temps des porcs, des (Bidou J.E., 1993). poules, des canards, des lapins, des Le sud-est du Rwanda a les pluies les chèvres et des moutons. Cette formule

BELGEO • 2009 • 3-4 321 est préconisée pour résoudre les pro- il a été le principal coordinateur blèmes de l’alimentation paysanne «Développement rural en Afrique centrale (Verheust J., Rurangwa E. et Ollevier F., 1910-1960/62» et dont nous avons rendu 1995). compte dans notre chronique précédente, V. Drachoussoff rappelle que le monde • La pêche dans les lacs rural de l’Afrique centrale est confronté aujourd’hui à cinq impératifs: survie, déblo- La pêche artisanale dans le lac cage et relance, recherche, développe- Tanganyika au Burundi s’est développée ment, protection de l’environnement. Il esti- surtout après 1950. Ses récoltes sont me qu’on ne pourra y répondre efficace- écoulées principalement à Bujumbura ment qu’en commençant dans un cadre (Ndayirukiye S., 1993). La pêche est acti- régional ou local progressivement étendu ve aussi dans le lac Kivu. A Kalengera, en gardant toujours à l’esprit que c’est aux près de Bukavu, une centaine de familles Africains qu’il importe d’élaborer leur type vivent uniquement de la commercialisa- de société moderne (Drachoussoff V., tion des produits de leur pêche. Mais 1994). elles devraient être mieux encadrées Voici un exemple de reconversion qui (Kanyingini Mwenyimali, 1993). Comme, semble avoir réussi; celle de Yuki, sur la dans ce lac, le milieu est anaérobique en rive droite du Kasai, à 110 km en aval profondeur, la productivité est plus gran- d’Ilebo. Jadis poste à bois pour les stea- de près du littoral que dans la zone péla- mers, il s’est reconverti, à partir des gique. L’introduction de la sardine années 50 en exploitation forestière Limnothrissa miodon avait permis d’aug- envoyant à Kinshasa ses grumes et aussi menter les ressources de la pêche. On a du charbon de bois produit dans des fours introduit de nouvelles méthodes dont traitant les déchets. Dans les années 80, celle au filet maillant. On a déterminé la ouverture d’une petite piste d’aviation, dimension optimale des mailles de celui- création d’une école, établissement de ci mais il faudrait procéder à un survey plantations de caféiers dans les espaces scientifique de la masse des poissons déboisés avec des cultures vivrières sous pour éviter toute exploitation exagérée les arbustes. Indice d’une augmentation (Kanyingini B. et al., 1997). du niveau de vie: le taux de natalité aurait Dans les lacs du Rwanda (Muhazi et diminué fortement. La population a changé Mugesera), à la fin des années 1980, on a d’attitude envers son environnement fores- introduit un Protoptère. Mais comme tier et accepte des mesures de protection celui-ci, qui consomme des mollusques (Paelinck H., 2004). gastéropodes, consomme aussi des ale- La population des campagnes affirmerait vins de Tilapia, il faudrait un suivi pour aujourd’hui de plus en plus sa volonté de vérifier s’il ne perturbe pas la commu- se prendre en charge. D’où l’abondance nauté ichthyologique actuelle (Micha J.- des projets de développement issus des C. et Gashagaza J.-B., 2002). communautés de base et soutenus par des ONG (zaïroises à l’époque de l’article). LES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT En 1993, 64 % des organismes travaillant AGRICOLE ET RURAL en milieu rural sont laïques, 36 % confes- sionnels (parmi ceux-ci, 48 % catholiques, Sur les interventions de l'Etat en matière 42 % protestants, 10 % kimbanguistes et agricole du début de la période coloniale autres). Cependant, malgré le nombre jusqu'à la fin du XIXe siècle (notamment les croissant des projets, la paupérisation croît cultures obligatoires, les corvées ainsi que la part de la population margina- imposées aux paysans, les plantations en lisée. Outre les causes générales (détério- collaboration, les paysannats, les coopéra- ration du contexte politique et socio-éco- tives, etc.), on lira le livre de J. Mokili nomique), des facteurs d’explication doi- (1998). vent être recherchés dans un mauvaise ou A l’occasion d’une présentation de l’ou- une insuffisante prise en compte des vrage de la Fondation Roi Baudouin, dont conditions du milieu, dans l’amateurisme

322 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 des promoteurs, dans la non-participation remorqueurs-pousseurs et de barges pour des communautés et des populations- assurer le transport jusqu’à Kinshasa. Elle cibles à la conception et parfois à la ges- a créé aussi diverses structures de condi- tion du projet, dans la persistance des tionnement des produits dans l’Ubangui et contraintes socio-culturelles, dans les à Kinshasa. Bref, elle a diversifié ses acti- lacunes du partenariat nord-sud (relations vités et est devenue une véritable entrepri- de subordination, imprécision du rôle de se (Zana Aziza Etambala et Marysse S., chaque partenaire, absence d’actes juri- 1995). Elle a même envisagé de s’étendre diques dans les accords de financement) au Bandundu en prenant en charge (ou en (Makwala ma Mavambu J., 1995). On trou- parrainant) la reprise par une communauté vera dans un autre article, d’autres locale d’établissements huiliers apparte- réflexions sur cette question et notamment nant à une firme d’origine portugaise. Suite sur les effets de l’arrêt de financements à une inspection, le gouvernement congo- extérieurs qui a entraîné l’abandon de réa- lais a estimé en 1997 qu’elle ne pouvait lisations en cours (Lubana Ngiyenze plus être considérée comme une associa- Amena, 1992). tion sans but lucratif mais comme une On aura trouvé des exemples de projets société privée, et donc soumise à la légis- de développement rural inspirés et gérés lation sur le personnel salarié. Le cas du par des ONG dans les collines rwandaises DPP (Développement Progrès Populaire) étudiées par D. de Lame et F. Migeotte d’Idiofa, au Kwilu, est une histoire du dont il a été question plus haut. De façon même type. Au départ, dans les premières générale, on peut dire que les ONG tra- années d’indépendance, petite coopérati- vaillent avec enthousiasme mais aussi par- ve créée par un missionnaire et une per- fois avec une certaine ambiguïté qui expo- sonnalité locale à Mateko, cette ONG s’est se à quelques dérapages. On a fêté, en étendue à tout le diocèse d’Idiofa, aména- 1995, à l’Université de Gand, le 25e anni- geant des structures d’animation rurale et versaire de l’une d’entre elles, le Centre de de développement communautaire. Consi- Développement Intégral de Bwamanda dérée longtemps, elle aussi, comme un (C.D.I. Bwamanda), non loin de Gemena modèle, elle a dû assurer le transport de (Equateur). Conçue au départ, à la fin des ses produits vers Kinshasa, construire des années 60, par un missionnaire et des ponts, ouvrir ou rouvrir des routes. La dis- médecins pour faire participer la popula- persion de ses efforts l’a menée, semble-t- tion à un programme de santé publique, il, au bord de la faillite en 1996 (M’Pene elle a cherché ensuite à améliorer les reve- Ngaluley Z., 2002). D’autres ONG, trop nus de cette population pour qu’elle puis- étroitement associées à la personne de se subvenir elle-même à un programme leur fondateur (souvent un missionnaire) social. Elle a mis sur pied une mutuelle et parfois dirigées par lui de façon autori- d’assurance-santé. D’abord centrée sur le taire, n’ont pas survécu au départ de développement de la production vivrière, celui-ci (voir l’exemple cité dans l’article elle a aidé, pour accroître les revenus de F. Migeotte). monétaires, à développer la culture du Une conséquence inattendue d’un projet café et assurer sa commercialisation, sous de développement est la propagation de la forme d’une production éthique avec le rumeurs débouchant sur des psychoses label Max Havelaar. Etendant son aire et allant jusqu’à perturber la vie sociale d’action à une population de près de des régions rurales. Après la rébellion 500 000 habitants, elle a pu être muleliste, l’association Mouvement considérée comme un véritable modèle. Progrès Populaire (MPP), qui donna par Mais elle a dû aussi s’occuper des la suite naissance au DPP Idiofa dont il a systèmes de communication nécessaires été question dans le paragraphe précé- à l’exportation de la production. Devant la dent, a été créée par un missionnaire déficience de l’Etat, elle doit entretenir 400 européen et un enseignant congolais. Elle km de pistes (en signant des conventions a introduit dans le diocèse de Mateko avec l’Office des Routes) et construire des (nord-ouest du territoire d’Idiofa) l’élevage ponts. Elle a constitué une petite flotte de bovin, au cours de la seconde moitié de

BELGEO • 2009 • 3-4 323 la décennie 1960. Aussitôt une rumeur a d’une société civile en milieu urbain, voir circulé dans les villages affirmant que des le chapitre «Géographie urbaine». mitumbula, c’est-à-dire des ravisseurs à la solde de certains Blancs, capturaient LE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL des Noirs pour les transformer, dans des laboratoires, à la suite d’injections Beaucoup de chercheurs se sont inté- diverses et d’un régime alimentaire parti- ressés au développement régional. L’un culier, en vaches destinées à la produc- d’eux montre que les projets de dévelop- tion de viande. Au départ, on situait le pement du Katanga doivent prendre en laboratoire à Kinshasa ou dans les compte les spécificités des sous-régions grandes villes minières, puis ce fut dans qu’il y a reconnues. Il analyse les grands le centre de formation d’éleveurs et projets agricoles qui ont été entrepris d’agents vétérinaires, dans le diocèse dans ces différents ensembles, à la fin même. Une des causes de ce «malenten- des années 70 ou dans la deuxième par- du» a été sans doute l’absence de toute tie de la décennie 80 (Bushabu participation de la population à la défini- Mbengele-Ming, 1998). tion et à la mise en oeuvre du projet, qui a Dans le Bulletin Géographique de été perçu comme une nouvelle manifesta- Kinshasa, plusieurs articles (datés de tion de Blancs (le MPP était même sur- 1992 mais ils avaient été en fait publiés nommé le Mouvement des Bapères, après notre chronique antérieure qui ne c’est-à-dire des missionnaires blancs). les a donc pas cités) traitent de questions L’auteur aurait pu rappeler que la rumeur analogues. L’un cherche à définir, pour dont il parle n’a été que la réactivation toute la partie sud du pays, du Bas- d’une rumeur ancienne (notamment pen- Congo au Katanga, les régions priori- dant la dernière guerre mondiale) selon taires pour des projets de développement laquelle les Blancs s’emparaient la nuit de rural sur base de critères de population, Noirs sur les routes pour en faire du cor- de production agricole et de l’existence ned beef (Tshiala L., 2000). éventuelle d’organismes de développe- Au moment de la Conférence nationale ment (Mlibwa Wazye, 1992). Un autre souveraine, on a pu considérer que les énumère les données disponibles sur les ONG d’origine nationale allaient contri- régions riveraines du Kasai dans la pro- buer à la formation d’une société civile. vince de Bandundu et propose des Une étude portant sur les ONG du Sud- thèmes d’études (Noti N’Sele Zoze, Kivu présentait ce processus comme en 1992). Un autre encore s’interroge sur les marche avant 1994. Une des premières stratégies spatiales à mener dans le ONG avait été le Comité Anti-Bwaki cadre du développement régional, analy- (1982-1983) qui comportait une prise en sant quelques grandes opérations, insis- charge par des communautés locales de tant sur les faiblesses des petites, propo- leurs problèmes de malnutrition et de sant d’évaluer le développement régional façon générale de leurs problèmes sani- à partir de groupes-cibles, de diviser le taires. Deux Instituts supérieurs à Bukavu pays en compartiments d’aménagement avaient fourni les cadres de ces mouve- et préconisant l’autonomie régionale dans ments qui s’étaient structurés au niveau le cadre d’un système fédéral (Mashini, régional. Grâce à cette structure, les ONG 1993). Les espoirs qui ont été mis dans du Sud-Kivu ont donc pu participer à la une décentralisation territoriale des res- Conférence nationale souveraine. Une ponsabilités ont été déçus. La politique plaquette qui expose les péripéties de de décentralisation des dernières années cette participation est brièvement de l’ère mobutiste a été à peine amorcée. résumée dans une note de la revue Zaïre- Elle n’a créé qu’une dualité de pouvoirs et Afrique (Kikassa F., 1995). Mais nous ne ne s’est accompagnée d’aucune straté- savons pas quel aura été le rôle de ces gie de développement. Le cas du ONG dans la période de troubles et de Kwango-Kwilu est pris comme exemple guerres que le Kivu a connue peu après. (Mashini 1995). Sur le rôle des ONG pour la formation Le Bas-Uele a été affecté fortement par la

324 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 révolte dite des Simba (1964-1966) qui a B.C.K., le Kasai a connu des tensions eth- détruit une grande partie de ses infra- niques en 1959-1960 entre Luluwa et Luba structures et provoqué de grands mas- qui ont contraint ces derniers à se replier sacres. La remise en ordre de la région a sur leurs territoires d’origine dans l’actuel été gênée par les interventions bureau- Kasai oriental. Il a vu le retour d’une partie cratiques du parti MPR puis par la zaïria- de ses ressortissants (près de 100 000) nisation. Depuis 1980, cette sous-région installés dans les régions minières du est négligée de plus en plus par le pou- Katanga lors de la sécession de cette pro- voir central. La libéralisation de l’extrac- vince en 1960. De 1991 à 1994, c’est près tion minière, c’est-à-dire ici surtout de l’or, d’un demi-million de Kasaïens qui ont été a détourné les paysans, les élèves des «refoulés» du Katanga, dans une seconde écoles et le personnel enseignant de vague «d’épuration ethnique». En 1960, le leurs activités normales et a conduit fina- Kasai était un espace essentiellement agri- lement à davantage de précarité (Mily cole, fournissant en produits vivriers le Denda-Sakala D., 1996). Katanga industriel, avec deux centres Nous avons rappelé comment les d’exploitation du diamant (Tshikapa et constructions régionales se font et se Bakwanga). Depuis lors, le Kasai a connu défont en fonction des évolutions écono- l’effondrement de son économie agricole, miques et politiques. Le Kwilu, que nous la crise de ses transports terrestres (rail et prenons en exemple, s’est développé route), la disparition des paysannats pendant la période coloniale comme un cotonniers de Ngandanjiga, la libéralisa- espace producteur d’huile de palme, sous tion de la production de diamant, une le contrôle de grandes sociétés huilières. croissance importante de sa population Cette économie s’est fortement dégradée urbaine (aujourd’hui 35 % de la population depuis 1960. Les Plantations Lever (ex- totale) dont la grande agglomération de H.C.B.) ont même revendu des usines et Mbuji Mayi, coeur de la région diamantai- des plantations à des hommes politiques re, et de nombreuses villes, petites ou (en même temps hommes d’affaires) moyennes. Actuellement l’espace est locaux. L’ouverture d’une route macada- dominé par la région du triangle Kananga- misée a permis à la région de devenir un Mbujimayi-Mwene Ditu où se trouvent les important bassin d’alimentation de pôles d’encadrement politico-administratif Kinshasa, surtout pour les cossettes de des deux provinces du Kasai occidental et manioc. La dégradation ultérieure de cette du Kasai oriental, les principaux équipe- route a rendu quelque vigueur aux trans- ments socio-économiques, les principaux ports fluviaux (organisés par des entrepre- foyers de production artisanale du dia- neurs privés). Le Kwango-Kwilu est deve- mant. Au sud-ouest, le pôle diamantaire nu une «périphérie» de Kinshasa. secondaire de Tshikapa. Le nord, couvert Hommes d’affaires et commerçants de la par la grande forêt, est resté en dehors de capitale contrôlent désormais une part l’évolution économique générale et toutes importante de ses activités. L’article fait ses activités agricoles sont en déclin allusion à une activité qui s’est déve- (Kabamba K., 2002). L‘auteur, qui s’inté- loppée fortement après la date de sa resse au concept de territorialité, a consa- publication: les trafics transfrontaliers por- cré une thèse de doctorat aux relations à la tant sur le diamant de l’Angola et même ville dans la campagne environnante de l’extraction de diamant sur le territoire Kananga. Il part de l’idée que, pour les congolais, notamment dans la vallée du paysans, la ville fait partie d’une aire d’ap- Kwango (voir notamment les articles de F. propriation qui permet la satisfaction des De Boeck et de Maboloko cités plus loin) besoins de survie face à la crise et qui se (Nicolaï H., 1996b). base sur un sentiment d’appartenance Le Kasai est un autre exemple de restruc- ethnique, la ville étant considérée comme turation du territoire. Le processus est bien lieu d’identité dans les représentations et décrit dans un article de Kabamba. Déjà les imaginaires. La relation à la ville est recentré autour de Luluabourg (actuel aussi une relation au pouvoir (Kabamba K., Kananga) après la construction du rail 2000).

BELGEO • 2009 • 3-4 325 LES PROBLÈMES ALIMENTAIRES les maris. Cette période des campe- ments, pendant laquelle l’alimentation est Un colloque a développé le thème des riche en protéines, permet aux villageois relations entre l’alimentation, les traditions de récupérer leur capacité biologique. et le développement en Afrique tropicale Pendant la période des pluies, les (Devisch R., De Boeck F., Jonckers J., protéines sont surtout fournies par la 1995). Après un long chapitre introductif chasse mais celle-ci est aléatoire. La (De Boeck F. et Devisch R., 1995), plu- grande saison des pluies est vécue sieurs communications concernent les comme une saison de «faim». On retien- territoires qui nous intéressent. dra les rituels particuliers concernant les Celle qui traite des Zande s’occupe femmes primipares. Pendant un an ou davantage de leurs traditions agricoles plus, elles sont exemptées de tout travail que de leurs problèmes alimentaires. Les agricole (et même domestique). Les rela- Zande réfutent la qualification de tions sexuelles leur sont interdites pen- nomades qui leur a été parfois attribuée dant trois ans, d’où l’espacement des parce qu’ils se déplaçaient à travers trois naissances. Ces jeunes mères, à peine frontières. C’était en fait surtout pour sorties de l’adolescence, peuvent ainsi échapper aux impôts et corvées. Ils achever leur croissance tout en portant vivaient dispersés dans un réseau inextri- puis en allaitant leur enfant. Tout ce systè- cable de chemins. Les autorités colo- me est cependant en voie de dégradation niales voulurent mettre de l’ordre dans et des formes de malnutrition apparais- cette «sauvagerie». Au Soudan, dans le sent chez les enfants des Oto comme cadre du Zande Scheme (pour la culture chez ceux des Pygmées. Les pêcheurs du coton), les autorités anglaises ont vendent presque tout leur poisson et n’en disséminé les exploitations loin des routes envoient presque plus au village. Le parce qu’ils considéraient que c’était gibier se raréfie suite à la pression démo- dans la nature des Zande. Sur le territoire graphique qui oblige aussi à cultiver de de l’actuelle RCA, les Français, au plus en plus loin des villages. On remar- contraire, les ont rapprochées des routes, quera aussi une conséquence du rempla- parfois par la force. Les politiques cement des commerçants portugais par agraires coloniales, comme les projets de des commerçants libanais. Les premiers développement aujourd’hui, ont mal com- avaient souvent, en plus de leur commer- pris les interdépendances entre la culture ce en ville avec leur famille portugaise, de rapport et le contexte des pratiques et une plantation dans les villages, avec une des croyances culturelles et ont abouti femme congolaise et avaient des relations souvent à des répercussions qui n’avaient étroites et nombreuses avec les villa- pas été prévues (Grootaers J.-L., 1995). geois, entretenant les routes, réparant les Hélène Pagézy, spécialiste de l’alimenta- camions, intervenant activement dans les tion des Ntomba, qui habitent les forêts transports. Les Libanais vivent essentiel- inondées, autour du lac Tumba, récapitu- lement en ville (Pagezy H., 1995). le les résultats de ses études dans une Si les bières restent le véhicule de toutes communication très fouillée. Les villages les ritualisations sociales et la marque et les champs des Ntomba sont installés quotidienne des liens sociaux et du rap- sur les parties hautes. Les agriculteurs port à l’argent, la production de la bière (des Oto) vivent en relation étroite avec de banane est devenue une des sources les Twa. Le régime alimentaire est à base principales de revenus monétaires dans de manioc et de produits animaux avec le monde rural rwandais. Sur une colline une sauce d’huile d’Elaeis. Pendant les où la bière de sorgho reste relativement saisons sèches (deux fois par an), les Oto plus importante que la bière de banane, installent des campements de pêche sur l’expansion récente de cette dernière a les rivières, les Twa leur fournissent du été sensible: premier «cabaret» en 1990, bois pour le fumage du poisson. Pendant quinze en une dizaine d’années. La bière ce temps, les femmes restées au village de sorgho garde son rôle social tradition- s’occupent des champs puis rejoignent nel. Elle est consommée surtout lors des

326 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 fêtes. Sa production est l’affaire de la que chez les femmes (qui tenaient la mar- femme. Celle de la bière de banane est mite). Des solidarités traditionnelles se l’apanage des hommes. Le développe- sont dissoutes. Les Européens ont été ment de sa production a été ici indirecte- très sensibles à cette crise mais celle-ci a ment lié à l’implantation d’un projet de donné à l’administration coloniale l’occa- développement qui a apporté des res- sion d’accélérer sa pression et de mieux sources monétaires à la colline. Il en a été contrôler l’espace territorial. Elle a intro- de même pour la consommation de la duit de nouvelles cultures dont le manioc bière en bouteille (de Lame D., 1995). Sur ce qui ne s’est pas fait sans de fortes la consommation des boissons alcoo- résistances. Elle a aussi, par la suite, lisées en Afrique, on consultera le livre développé le réseau routier, notamment d’A. Huetz de Lemps qui comporte un pour favoriser les échanges de nourriture. chapitre sur les vins de palme, un sous- De même le rôle des missionnaires s’est chapitre sur la bière de banane dans les renforcé. Leurs rencontres plus nom- Hautes Terres et un sous-chapitre sur la breuses avec la population ont entraîné puissance de l’industrie de la bière en de nombreuses conversions. En échange R.D.C.(Huetz de Lemps A., 2001). de la fourniture de vivres, ils ont pu faire Les famines et les disettes étaient fré- effectuer de nombreux travaux (Cornet A., quentes avant la période coloniale et même 1995). pendant celle-ci. Chez les Luunda du sud Dans la collectivité de Kafuba (Kasai du Kwango, c’était le cas dans la région occidental, Territoire de Kazumba, à 130 des Mabeete («vallées» en contrebas du km de Kananga), les menaces de diffi- haut plateau près de Panzi, groupement cultés alimentaires sont fréquentes mal- Nzofu), où l’alimentation repose sur le gré une production importante de maïs. manioc qui connaît des crises répétées et C’est qu’une part importante de celui-ci où, faute de routes convenables, les habi- est transformée en alcool pour assurer de tants ne peuvent se procurer des res- meilleures rentrées d’argent (Bidinkama sources monétaires par la vente de leurs Kupa Ngandu et Bilowa Bidiku, 1993). produits (sinon la vente des chenilles pour Toutes ces publications concernent des Kinshasa). L’article comporte différents milieux ruraux. Elles montrent que les pro- récits de famines et en fait l’analyse anthro- blèmes alimentaires se rencontrent dans pologique. Lors des famines, il n’était pas toutes les parties du pays. Une étude rare d’échanger des enfants contre de la macro-économique indique que la propor- nourriture. On comptait sur les rites prati- tion de la population congolaise sous-ali- qués par le chef luunda «pour faire cesser mentée a augmenté de 29 % de 1990-92 à la faim» (De Boeck F., 1995). 1997-99. Ce serait la plus forte augmenta- Le Rwanda a connu de nombreuses tion mondiale pendant cette période. Cette famines. Celle dite Rwakayikura (1927- situation est due essentiellement à l’ac- 1930) (sa dénomination ferait allusion au croissement de la pauvreté et touche donc chef tutsi dont la chefferie en aurait été le fortement la population urbaine car la pro- noyau initial) est la première où il y a eu duction agricole ne paraît pas avoir dimi- interaction entre la population africaine et nué. La commercialisation ne paraît pas un encadrement européen. Elle est surve- non plus avoir été défaillante. Le manioc nue après plusieurs mauvaises saisons reste la culture de sécurité, notamment agricoles, à une époque où l’Est du pays suite à la guerre mais il est victime de était encore mal relié au réseau commer- maladies et de parasites. L’article contient cial et s’est donc trouvé isolé. Il y a eu au des tableaux de la consommation alimen- moins 30 000 morts. Plus de 100 000 per- taire par année de 1961 à 2000, de l’ap- sonnes ont émigré. Beaucoup d’hommes provisionnement de Kinshasa, des prix ont quitté temporairement les rugos pour des divers produits, de la consommation se procurer des vivres sur des marchés annuelle à Kinshasa, de 1975 à 2000, et éloignés. On a consommé de nombreux des résultats d’enquêtes nutritionnelles produits de substitution. La mortalité a (Tollens E., 2003). été, semble-il, plus forte chez les hommes Une étude plus ancienne et dont les

BELGEO • 2009 • 3-4 327 données sont aujourd’hui certainement potentialité agricole, à population rurale très vieillies, affirme que la zaïrianisation importante et avec un bon accès aux avait non seulement diminué la produc- marchés) en préconisant des méthodes tion en décourageant les investissements et des structures qui ressemblent très for- mais surtout qu’elle avait désorganisé les tement à celles des paysannats pendant systèmes d’approvisionnement, de pro- la colonisation (Tshingombe Mulubay F., duction et de commercialisation. Par rap- 2008). port à 1982, l’habitant du Congo-Zaïre de L’accroissement de la pauvreté des habi- 1990 consomme davantage de glucides tants des campagnes est manifeste. Un mais beaucoup moins de lipides. La article général l’étudie pour l’ensemble de consommation de protides s’est légère- l’Afrique sudsaharienne en prenant ment améliorée surtout grâce à l’accrois- quelques exemples en Afrique centrale sement de la consommation de viande et (effets des prélèvements de l’Etat sur les de volaille importées. La consommation ressources des paysans au Burundi, des légumineuses a fortement diminué effets du déclin des transports terrestres (Muzigwa Kashema, 1993). dans le Kasai occidental, effets de la La hausse des prix des produits alimen- diminution relative de la population mas- taires en 2008 s’est fait sentir dans l’ali- culine des campagnes, etc.) (Mwanza H. mentation des ménages congolais. En et Kabamba K., 2002). deux mois (de mai à juillet), le coût du Pour accroître la consommation en panier de la ménagère a augmenté de protéines des populations africaines, sur- 42 %. L’indice des prix alimentaires est tout dans les grandes villes, les autorités passé de 288 en juin 2007 à 366 en juin coloniales ont voulu, après la deuxième 2008. Si l’on exprime la vulnérabilité ali- guerre mondiale, développer la pêche mentaire en nombre de repas par jour, on maritime. A la suite de plusieurs expédi- constate que les ménages à un seul tions, notamment celle d’A. Capart, on repas, à 2 repas et à 3 repas, qui faisaient créa en 1950 les Pêcheries Maritimes au respectivement 6 %, 79 % et 15 % du Congo. Elles connurent un certain succès total des ménages en 2004 font 19 %, mais se dégradèrent fortement après 73 % et 8 % en 2008. La part des 1974. La zaïrianisation les a dépecées. La ménages très vulnérables a donc aug- flotte disparut aussi presque complète- menté de 216 %, celle des ménages non ment par suite de naufrages ou d’arrai- vulnérables a diminué de 46 %. Pour sonnements par les Angolais. L’usine sécuriser les approvisionnements, les construite pour traiter les poissons existait experts de la Banque Mondiale proposent encore vers 1990 mais les installations fri- de concentrer les efforts sur une augmen- gorifiques étaient en panne depuis long- tation de la production agricole dans un temps (Lederer A., 1992). certain nombre de régions (à haute

LE SECTEUR INFORMEL

GÉNÉRALITÉS du «capitalisme sauvage», il constate que l’informel existe aussi au niveau de l’Etat L’économie informelle est une composan- puisque, en 1994, des ministres ont laissé te essentielle de l’économie nationale. A imprimer l’équivalent de plusieurs partir des années 80, le secteur informel dizaines de millions de dollars de fausse aurait acquis au Zaïre un poids équivalent monnaie. Une grande partie des exporta- à celui du secteur formel. L’ouvrage qui tions de diamant a suivi des voies infor- fournit cette information à partir de l’évolu- melles (contrebande) pour un montant tion du PIB, reconnaît trois segments dans équivalant à la totalité des dépenses de ce secteur: le capitalisme sauvage, le l’Etat en 1995. Le même ouvrage étudie segment du petit artisanat et des services, l’évolution du secteur du petit artisanat et les activités de survie. Dans le segment des services depuis 1946 et, à partir des

328 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 résultats d’une enquête menée à apportées par la mondialisation (de Villers Kinshasa, décrit les stratégies de survie G., 2000). MacGaffey J. (1995) avait, elle des citadins. Des indicateurs sanitaires aussi, insisté sur l’instabilité des entre- montrent l’accroissement de la pauvreté prises du secteur informel, même celles pendant la période dite de transition. La d’une certaine dimension, doutant malnutrition globale a augmenté de 1991 qu’elles puissent apporter une solution à 1995 avec des pics saisonniers, au mois satisfaisante face à l’insécurité permanen- de mars particulièrement, avant les te. Sur un thème voisin, mais en relation récoltes de la dernière partie de la saison avec les pratiques politiques, voir des pluies et quand l’acheminement des Peemans J.-P. (1997). produits vivriers par la route est le plus dif- C’est dans les villes que le secteur infor- ficile. L’ouvrage cherche aussi à estimer mel prend les formes les plus diverses. Un l’efficacité des stratégies d’intervention livre sur «l’économie de la débrouille» en qui ont été utilisées pour lutter contre la donne de nombreux exemples à pauvreté, notamment pour la population la Lubumbashi, Mbuji Mayi, Kisangani et plus touchée par les mesures du plan Kinshasa à partir d’enquêtes menées par d’assainissement structurel. Le dernier des chercheurs congolais comportant des chapitre (par Lubuimi Mukaya Lalaby) interviews et des récits de vie recueillis de décrit le rôle du secteur informel dans la 1995 à 1997 (de Villers G., Jewsiewicki B. gestion des déchets (De Herdt T. et et Monnier L., 2002). Ces cas concernent Marysse S., 1996). le plus souvent des personnes qui ont une Voici quelques considérations générales occupation officielle (dans l’enseigne- macro-économiques sur le secteur infor- ment, l’administration, l’université, le mel à partir du portrait de l’homo econo- milieu hospitalier, etc.) mais qui, faute de micus kinois et de ses relations avec les toucher leur salaire, donc victimes de ce groupes dont il a besoin pour assurer sa qu’on a appelé la «désalarisation», sont survivance et avec lesquels il doit parta- contraintes d’exercer une autre activité ger ses revenus. L’économie informelle dans la sphère informelle. A Kisangani, est une force cohérente. Elle comporte un par exemple, où, à la fin des années 90, mélange de marchés concurrentiels et de les taxis ont pratiquement disparu (et où redistribution des terres, de capitaux, etc. même les camions se font de plus en plus Il serait dangereux de formuler des poli- rares), les transports de personnes se font tiques économiques et sociales qui l’igno- souvent en toleka. Le toleka est un vélo reraient totalement (Leclercq H., 1993). transportant un client sur son porte-baga- Un colloque, organisé conjointement, en ge. Le plus souvent il n’appartient pas au décembre 1994, par l’Association belge conducteur (le porteur) mais est loué à des Africanistes et l’Institut Africain, a été son propriétaire qui en tire ainsi quelques consacré aux relations entre les phé- ressources (Omasombo Tshianda J., nomènes informels et les dynamiques cul- 2002). Un autre cas significatif est celui turelles en Afrique (de Villers G., 1996). d’infirmières de l’hôpital universitaire de Trois thèmes: 1) le droit foncier et les pra- Kinshasa, qui, pour survivre, sont tiques foncières, 2) les identités et les contraintes de vendre, aux mères de la changements culturels, 3) la linguistique maternité, des pulls qu’elles tricotent, des et la création langagière. Plusieurs com- confitures ou des beignets qu’elles fabri- munications concernant spécifiquement quent, des produits cosmétiques ou des le Congo sont citées dans d’autres para- bijoux de pacotille que leur envoient des graphes de cette chronique. G. de Villers, parents d’Europe, etc. (Ndaywel è Nziem dans un bref article, s’interroge sur la I., 2002). Un chapitre traite le cas des capacité que pourrait avoir le secteur cambistes, partie visible du marché des informel à aider à la recomposition des devises, dont les centres se sont systèmes politiques et sociaux, à la déplacés dans la ville de Kinshasa: au restructuration d’un «ordre» social qui départ le beach Ngobila (d’où partent les serait le résultat d’une synthèse entre des navettes pour Brazzaville) puis un quartier formes d’origine africaine et des formes de Gombe qui fut surnommé Wall Street,

BELGEO • 2009 • 3-4 329 puis éparpillement en dehors de cette tion» de l’économie de ces régions fron- zone, notamment à Matonge (De Herd Y. talières, dollarisation qui s’est étendue à et Marysse S., 2002). Une communication une bonne partie de l’espace congolais. traite aussi de la paupérisation des Des localités comme Kahemba et Tembo familles petites-bourgeoises après 1991, ont connu un boom remarquable. c’est-à-dire à partir de la crise qui a Kahemba est passé ainsi de 10 000 habi- accompagné la «transition démocra- tants environ en 1984 à plus de 100 000 tique». Auparavant ces familles vivaient dix ans plus tard pour retomber fortement décemment grâce à des salaires certes après 1998. La recherche du diamant est très médiocres mais qui étaient payés assimilée à une opération de chasse, de (Falangani Myondo Pashi, 2002). capture, de domptage des diamants et La situation des jeunes médecins issus des dollars. On y retrouve donc les rites de l’Université de Lubumbashi en 1997 et des chasseurs. L’argent obtenu de cette 1998 est par certains côtés plus difficile façon par les Bana Lunda, ces jeunes encore car ils considèrent que l’image de gens, souvent des diplômés sans emploi, leur profession ne leur permet pas d’ins- qui partent dans les régions frontalières, crire leurs stratégies économiques dans est consommé d’une façon généralement une logique de la «débrouille». Ils persis- ostentatoire dans les villes comme Kikwit tent dans une logique de dépendance à pour la bière, les filles, les appareils élec- l’égard du seul travail salarié tout en troniques (De Boeck F., 2001). Un article espérant qu’un jour la situation s’amélio- traite de la répartition des rôles respectifs rera et, objectif idéal, qu’ils pourront des hommes et des femmes dans cette créer une clinique privée (il y en a aujour- chasse au diamant. Les femmes ne d’hui plus de deux cents dans la ville). «creusent» pas ou ne plongent pas pour Certains émigrent vers l’Afrique du Sud récolter les diamants mais elles fournis- après souvent une sorte de stage en sent des services aux jeunes gens: repas, Zambie (Rubbers B., 2003). commerces divers, services sexuels et parfois aussi participation à l’écoulement LE DÉVELOPPEMENT DE L’INFORMEL des diamants, du moins à un niveau élé- DANS L’EXPLOITATION MINIÈRE mentaire, le commerce à un niveau plus élevé étant entre les mains soit de per- Une certaine libéralisation de l’exploita- sonnages politiques ou militaires soit sou- tion minière, à la fin de l’ère mobutiste, et vent d’étrangers comme les Libanais (De la crise, qui a frappé les grandes entre- Boeck F., 1999, 2001). prises minières du Katanga, ont entraîné Un article écrit par des géographes étu- la prolifération de petites exploitations die les effets sur la géographie régionale artisanales parfois clandestines. C’est des activités liées au diamant qui se sont dans le domaine du diamant surtout que développées dans cette zone frontalière. celle-ci a pris le plus d’ampleur. De nom- Celle-ci était une sorte de bout du monde breux ex-salariés paupérisés par l’infla- pendant l’époque coloniale. Peu peuplée, tion ou l’arrêt ou les retards de paiement dotée de sols généralement très (employés, fonctionnaires, enseignants) médiocres, sur de hauts plateaux ont pu, dans cette activité, «produire» sableux, éloignée des centres actifs des dollars. Comme une partie des gise- (Kinshasa et pays huilier du Kwilu), elle ments chevauche la frontière angolaise et connaissait fréquemment de graves pro- que le diamant en Angola a été, à plu- blèmes alimentaires. Depuis le début des sieurs reprises la grande ressource finan- années 80, l’exploitation artisanale de cière de la rébellion, on a là un monde gisements alluviaux de diamant dans la particulièrement violent où cette activité vallée du Kwango, en territoire congolais, participe aussi à une intense contreban- et la participation de jeunes Congolais à de. Plusieurs articles de F. De Boeck l’exploitation des mines du Lunda, ont décrivent le monde de ces garimpeiros à entraîné un afflux de population et même la frontière du Kwango et du Lunda Norte. donné naissance à de nouvelles Leur activité a contribué à une «dollarisa- agglomérations comme Tembo (près des

330 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 chutes du Kwango) et accru fortement ment d’un puits par exemple, sont perçus l’importance de l’ancien poste administra- souvent comme des sacrifices quasi tif de Kahemba qui est devenu une sorte nécessaires par lesquels on s’attache la de Far West. Il n’y eut guère de transfor- bienveillance des esprits du lieu et qui mation de la production agricole mais les garantissent la fécondité du gisement flux à travers la frontière, souvent à (Indring’ia N. et Bahuminga I.B., 1998). caractère clandestin, se sont développés. Cette exploitation a connu une forte Ils ont permis, pendant tout un temps, à accélération à partir de 1990 quand le pro- des régions angolaises rebelles au gou- cessus de «démocratisation» a fait croire vernement national, de recevoir par la que toute forme de gouvernement hiérar- route, du Congo-Zaïre, carburant, ali- chique relevait du défunt parti unique et ments, produits manufacturés et arme- n’avait donc plus de raison d’être. Ici aussi ments, qui ne pouvaient plus lui parvenir l’article décrit un certain nombre de per- directement de la côte. Mais toutes ces sonnages caractéristiques: le propriétaire situations sont précaires et fluctuent en ou PDG qui a découvert le gisement, fonction des aléas des guerres civiles. l’ayant droit, c’est-à-dire le chef de terre à L’exploitation du diamant n’apparaît qui l’on verse des royalties, le fournisseur, guère comme un ferment régional de homme d’affaires citadin ou riche com- développement ou d’unité (Maboloko merçant qui fournit les capitaux et le maté- Ngulambangu et Nicolaï H., 1999). riel, le chef de camp, souvent déserteur de Un volume des Cahiers africains a repris la l’armée ou repris de justice qui surveille les métaphore relative à la chasse comme titre travailleurs, les boulonneurs, manoeuvres d’un ouvrage collectif consacré à l’activité des puits, le brigadier, agent de l’ordre diamantaire (Monnier L., Jewsiewicki B. et recourant aux châtiments corporels, le tra- de Villers G., 2001). On y lira notamment fiquant, en contact avec les acheteurs qui une présentation des Bana Lunda, avec parcourent le pays. plusieurs récits de vie particulièrement Plusieurs publications traitent de l’utilisa- éclairants, par Sabakinu Kivilu et une com- tion légale ou illicite des revenus issus munication sur l’apparition de seigneurs des diamants par les hommes politiques du diamant à Kisangani, par Omasombo au pouvoir et les mouvements rebelles Tshonda. Le cas de Kisangani est très ainsi que des rivalités entre différents significatif car le diamant n’y est exploité pays africains pour les contrôler. Le terme que depuis la découverte de quelques «gemmocratie» est utilisé pour qualifier gemmes en 1986 à une quarantaine de les régimes qui recourent à cette ressour- kilomètres sur la route de Buta. Auparavant ce (Misser F. et Vallée O., 1997). Un sémi- les sociétés minières considéraient que les naire a été consacré à cette question par ressources étaient beaucoup trop faibles l’Association Belge des Africanistes. On pour permettre leur exploitation. Kisangani trouve aussi, dans le livre sur «La chasse a connu une véritable fièvre du diamant. La au diamant», des mêmes auteurs, un communication se fonde sur une enquête article qui montre comment la Miba, qui menée par le prof. Bilusa (Université de produit les diamants de Mbuji Mayi et qui Kisangani) de février 1993 réactualisée par était parvenue à maintenir son activité l’auteur en 1996-97, dans une trentaine de grâce notamment à sa gestion par une carrières de la forêt où près de 20 000 per- société belge, actionnaire minoritaire, liée sonnes vivent dans des villages de «creu- au groupe De Beers, a été pillée par seurs», commerçants, acheteurs. Mobutu et ses ministres puis par ceux de L’exploitation artisanale de l’or et du dia- Laurent Kabila (Misser F. et Vallée O., mant et plus particulièrement ses réper- 2001). Un autre article évalue l’importan- cussions sur l’environnement ont été étu- ce du diamant (formel et informel) dans diées dans l’ancienne Province Orientale l’économie congolaise (Leclercq H., (Haut-Zaïre). Notons qu’ici aussi, comme 2001). dans le cas des plongeurs du Kwango- Pour le petit secteur informel et les acti- Lunda, les accidents mortels qui frappent vités de survie, on consultera plus loin le parfois les «creuseurs», lors de l’effondre- chapitre consacré aux villes.

BELGEO • 2009 • 3-4 331 L’ÉCONOMIE NATIONALE FORMELLE

L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE mique du gouvernement (Masangu Mulambo, 2004), un bilan du programme Il va de soi que l’évolution économique du intérimaire renforcé (Ngonga Nzinga, Congo a été traitée dans de nombreux 2004), l’intervention du Fonds Monétaire articles de périodiques financiers ainsi que International (de Kouwenaar A., 2004). Les dans des rapports émanant des ministères dernières années du régime mobutiste ont concernés, dans les rapports annuels de été tumultueuses du point de vue écono- la Banque du Zaïre-Congo et dans la revue mique. «Notes de conjoncture». Nous ne citons ici que quelques exemples d’articles publiés LA RÉFORME MONÉTAIRE dans des revues de sciences humaines. Des chroniques régulières de la revue La réforme monétaire de 1993 a créé une Zaïre (Congo)-Afrique fournissent le texte nouvelle unité de compte, le nouveau ou des extraits, et souvent des commen- zaïre (NZ) qui s’est échangé contre 2 mil- taires, des multiples programmes gouver- lions de zaïres anciens, 3 NZ contre 1 dol- nementaux successifs de stabilisation et lar américain. Elle a été accompagnée de de relance de l’économie. Un article publié manoeuvres douteuses, équivalant prati- en 1993, par exemple, sur la politique éco- quement à la fabrication par l’Etat lui- nomique zaïroise et ses perspectives n’a même de fausse-monnaie quand la évidemment plus beaucoup de valeur en confection des billets a été confiée à des ce qui concerne les perspectives qui y commerçants libanais qui ont été étaient tracées mais il garde de l’intérêt rémunérés par un prélèvement sur les pour sa synthèse de l’évolution écono- billets qu’ils émettaient et qui, semble-il, mique du pays avant 1993. Le taux d’ac- ont imprimé cinq à six fois les mêmes croissement du PIB est devenu négatif séries (à l’insu ou non des responsables depuis 1989 avec, chaque année, une politiques?). Ces incidents et toutes les valeur absolue de plus en plus forte tentatives de réformes, dans cette pério- (Muhinduka Di-Kuruba, 1993). Le numéro de agitée, sont décrits dans le livre de 321 de la revue (janvier 1998), expose le Mutamba Lukusa (1999). Une autre Programme de stabilisation et de relance expression du désordre monétaire, vrai de l’économie congolaise, communication cas d’école pour les économistes, a été, du Gouvernement à la réunion des Amis dans certaines parties du territoire, le de la République Démocratique du Congo refus de la monnaie émise par l’Etat cen- qui s’est tenue a Bruxelles en décembre tral. Le nouveau zaïre de 1993 a été 1997. Dans le numéro 375 (2003), on trou- refusé par les habitants des deux Kasai vera des extraits du rapport de la Banque qui ont continué à utiliser et à n’accepter Centrale du Congo sur l’évolution écono- que les anciens zaïres, circulant d’ailleurs mique du pays de 1990 à 2003. Le PIB, en en même temps que le dollar. Cela s’est termes réels, a reculé de 43,7 %, la plus produit dans une province qui avait une forte diminution se produisant en début de ressource locale forte (le diamant de période, soit 10,8 % par an entre 1990 et Mbuji Mayi) qui lui a permis de soutenir 1993. Un chiffre montre le déclin de l’éco- l’ancienne monnaie. Ce refus de confian- nomie formelle: le nombre de salariés a ce dans la monnaie nationale a peut-être diminué de 85 % de 1990 à 2000, passant aussi été renforcé par l’écartement au de 12,3 % de la population active à 3,1 % plan national d’un leader politique local et (Institut National de la Statistique, 2003). aussi par le délabrement des moyens de Le numéro 383 (2004) «Les problèmes communication qui a assuré un isolement actuels...») comporte des articles de hauts relatif par rapport à la capitale. Cet espa- fonctionnaires congolais ou internationaux ce monétaire kasaïen, qui se situait à la sur les problèmes de l’économie, notam- fois dans et hors de la zone monétaire ment un exposé du programme écono- nationale, en somme une révolte monétai-

332 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 re, s’est maintenu jusqu’en 1998 alors de la dernière décennie. Le téléphone qu’on s’attendait à ce qu’il disparût après mobile a bouleversé les relations entre les un an par suite de l’usure de billets qui ne diverses parties du pays mais aussi à pouvaient être remplacés. Son histoire est l’intérieur des grandes villes, les systèmes décrite avec talent dans un livre qui la antérieurs (téléphones fixes et radio-télé- replace aussi dans le cadre de la théorie phones) étant peu fiables ou très encom- de la monnaie. Il n’est pas absurde d’en- brants. On pourrait dire que le Congo a visager que de nouveaux espaces moné- accédé directement à l’âge du téléphone taires de type kasaïen seraient possibles mobile sans être passé par le stade du encore au Congo en cas de reproduction téléphone fixe. Aucune étude ne semble des mêmes conditions économiques et avoir encore été faite jusqu’à présent sur politiques (Kabuya Kalala et Matata Ponyo ce sujet. Par contre voici un article sur un Mapon, 1999). service lié à la diaspora et qui est de plus Un autre événement économique a été la en plus visible dans la ville: l’agence de la dollarisation d’une partie de l’économie société de transfert de fonds par où tran- pour faire face à l’hyperinflation. Cette dol- site une grande partie des fonds envoyés larisation est traitée succinctement dans le d’Europe (Bagalwa-Mafatano J. et Monnier livre dont il vient d’être rendu compte. Une L., 2002). des sources initiales de dollars a été l’ex- ploitation artisanale (parfois clandestine) LA MOBILITÉ ET LES TRANSPORTS du diamant et de l’or et leur trafic dans les régions frontalières dont nous avons déjà Ce qu’on appelle traditionnellement la parlé. Voir aussi Ngonga Nzinga (1999). Voie nationale, et dont le tronçon principal est la liaison mi-ferroviaire mi-fluviale du LE PILLAGE DES RESSOURCES Katanga au port de Matadi, était en 1993 (et est encore aujourd’hui), dans un état Les rébellions armées et les troupes de forte détérioration. Les structures flu- étrangères, qui ont occupé une partie du viales étaient menacées tant sur le Kasai pays pendant la guerre de 1998, sont (le quai d’Ilebo) que dans les passes mal accusées d’avoir organisé un pillage des entretenues du secteur maritime. Les ressources. Qu’en a-t-il été à Kisangani? communications étaient meilleures par le Le monopole d’achat de la production rail Tanzara vers Dar es Salaam auquel locale de diamant a été attribuée par les était promise une importance de plus en occupants rwandais à un commerçant plus grande étant donné la part croissan- libanais de la ville. Une partie des res- te prise par les clients asiatiques des pro- sources locales a été dirigée vers duits katangais (Charlier J., 1993). l’Uganda. Plusieurs machines de l’usine La dégradation de tous les modes et textile auraient été transférées à Kigali. systèmes de transport hérités de la coloni- Les taxes locales (par exemple sur les sation belge a paralysé progressivement cyclistes-taximen) auraient été confis- les échanges dans tout le Congo. Un quées par les occupants. Pendant la article en fait une analyse générale. La rup- guerre, la principale source de revenus ture des encadrements après 1960 a été monétaires pour les habitants de un facteur essentiel. Une bonne partie de Kisangani a été constituée par les presta- la qualité du réseau routier, pendant la tions fournies aux fonctionnaires de la période coloniale, était en effet la consé- MONUC. La mortalité générale aurait été quence d’encadrements contraignants doublée par rapport aux années d’avant pour la population et notamment pour la la guerre et la mortalité infantile multipliée population des campagnes. La zaïrianisa- par quatre (Kabamda P., 2004). tion des entreprises de transports de toute taille a aggravé encore la situation. La L’APPARITION DU TÉLÉPHONE MOBILE dégradation des transports a handicapé le développement de l’agriculture tout parti- Celle-ci a été un événement technique culièrement de l’agriculture vivrière des- essentiel pour l’Afrique centrale au cours tinée aux agglomérations urbaines. Cela

BELGEO • 2009 • 3-4 333 vaut aussi pour les tentatives de relance dans la desserte périphérique des de l’activité cotonnière dans le nord-est du grandes agglomérations (Pourtier R., pays. La société textile de Kisangani a été 2007). contrainte par exemple d’usiner du coton Une étude topologique du réseau routier américain dans une proportion de 50 %. congolais aboutit à des conclusions peu L’état des routes est trop aléatoire pour surprenantes. La connectivité est faible et permettre la mise en place de chaînes de mauvaise tant pour l’ensemble du pays froid avec des camions frigorifiques (pour que pour chaque province. Il en est de le ravitaillement en viande des grandes même de l’accessibilité. Les résultats sont agglomérations par exemple à partir de très théoriques car ils ne tiennent pas régions éloignées comme l’Ituri). Un systè- compte de l’état des voies (Bukome me qui a donné quelques résultats: la Itongwa D. et Kingoma Munganga J.-P., concession par l’administration centrale de 2002). l’entretien d’une route à une entreprise Le désenclavement du Rwanda et du (société agroindustrielle) ou une institution Burundi se fait principalement par la liai- (religieuse comme un diocèse par son avec l’Océan indien (ports de exemple) mais le tableau d’ensemble reste Mombasa et de Dar es-Salaam). Au sombre. Des régions, dont l’isolement départ du Rwanda, celle-ci utilise la route croît, apparaîtraient condamnées à la puis le rail en Uganda. Au départ du régression (Pourtier R., 1993). Burundi, le lac Tanganyika puis à Kigoma, Un gros mémoire étudie la problématique le rail à travers la Tanzanie. Mais une part de l’intégration économique par les trans- de plus en plus importante du trafic se fait ports. Il rappelle l’effondrement progressif par acheminement routier direct. de l’organisation des transports héritée de Cependant de nouvelles formules inter- l’époque coloniale et l’émergence des modales s’appuyant sur des terminaux acteurs privés depuis 1960. Il insiste sur le intérieurs en Tanzanie et en Uganda ont dynamisme de ceux-ci dans la reconstruc- permis au chemin de fer de regagner du tion du système, par exemple dans la terrain (Charlier J., 1997). création de nouveaux itinéraires comme Le lac Kivu est une voie de transport com- ceux qui relient Kikwit aux centres miniers mode. Une flotte de pirogues assure une de la frontière angolaise. Il analyse le rôle partie du ravitaillement vivrier des de certaines ONG comme le CDI- agglomérations de Bukavu et de Goma et Bwamanda et le Développement Progrès même de l’île très fortement peuplée Populaire Idiofa dont il a été question plus d’Idjwi (Gakinahe G., 1993). haut. Aucun investissement nouveau dans Revoici l’idée d’une liaison fluviale entre les transports n’aurait été effectué de 1990 l’Atlantique et Kinshasa contournant les à 1997 ni de la part de l’Etat ni de sources rapides et les chutes. Des études étrangères. Le gouvernement Kabila aurait menées depuis 1972 à l’Université de remis en question la politique de privatisa- Liège concluent à la fiabilité d’un canal tion et de restructuration des gouverne- de navigation à grand gabarit (péniches ments de transition, le Sizarail, par de 6 000 tonnes). Le projet comporterait exemple, redevenant la Société Nationale un canal entre l’amont d’Inga et la région des Chemins de Fer du Congo (SNCC) de Boma, avec une grande écluse ou un (M’Pene Ngaluley Z., 2002). ascenseur funiculaire. A 200 km en La débâcle ferroviaire en RDC, manifeste amont d’Inga, un barrage en pierres dans le cas emblématique du rail Matadi- lancées ajouterait une puissance d’au Kinshasa (Charlier J. et M’pene Z., 2006) moins 15 000 MW aux 39 000 MW dispo- est replacée dans le cadre général de nibles d’Inga. Ces travaux évidemment l’avenir du rail en Afrique par R. Pourtier. colossaux représenteraient une dépense Pour cet auteur, malgré la présentation (50 milliards d’euros dont 3 milliards périodique de projets utopiques, le rail ne pour le canal et les écluses) du même pourra se maintenir que dans le transport ordre de grandeur que celle de l’aména- des produits miniers (ce qui ne permet pas gement des Trois Gorges sur le Yang-Tsé la constitution de réseaux) ou peut-être (Arnould R., 2005).

334 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 LE PROBLÈME DE L’ENSEIGNEMENT UNIVERSITAIRE

Un article rappelle la brève existence de pratiques favorisaient la participation de l’Université protestante du Congo ses membres à l’exercice du pouvoir, (Université Libre du Congo). Née peu protégeaient leurs droits, les associaient après l’indépendance du Congo (la pres- au choix de leurs dirigeants, limitaient le se belge la qualifia, à l’époque, d’univer- pouvoir des chefs, assuraient l’instruction sité «américaine»), elle s’installa de façon des jeunes gens destinés à devenir des éphémère à Stanleyville en 1963 puis fut chefs. Des mécanismes sauvegardaient accueillie à Lovanium en 1964 avant de se la paix, comme le recours à la palabre et limiter finalement à une Faculté de théolo- l’appartenance à des clans qui étaient gie protestante installée sur le campus de représentés dans tout le pays kongo Kinshasa (Deelstra H., 2001). (Makwala, 1999). Une communication de R. Devisch peint un tableau désolant de la Sabakinu Kivilu montre que si la dégradation de l’université de Kinshasa Conférence nationale souveraine n’a pas depuis l’époque de Lovanium. Elle se abouti à son projet de grande réconcilia- trouve depuis des années sans budget de tion nationale, elle a été un facteur de fonctionnement et sans aides substan- mobilisation politique et sociale et a tielles. Fleuron de l’activisme catholique éveillé les consciences politiques belge des années cinquante-soixante, elle (Sabakinu Kivilu, 1999). L. de Saint Moulin s’écroula après sa nationalisation en 1971 analyse quelques-uns des obstacles qui puis s’effondra davantage encore après s’opposent à l’avènement de la démocra- 1990. Certains professeurs, qui se sont tie en se fondant sur différentes enquêtes opposés au pouvoir en place, se sont qu’il a menées avec ses étudiants dans trouvés clochardisés. R. Devisch s’interro- différentes communes de Kinshasa sur la ge sur le modèle que cette université a perception de la démocratie et des élec- représenté et plaide pour une «endogéni- tions, sur celle de la justice et du mal. sation» des universités africaines du Plusieurs de ces enquêtes ont été citées moins en sciences humaines, concept plus haut dans la présente chronique (de multidimensionnel assez flou qu’il serait Saint Moulin L., 1999). Parmi les nom- trop long de développer ici (Devisch R., breux thèmes abordés dans le même 1999). ouvrage, on notera une recherche sur le Au cours des dix dernières années, les rôle que la femme peut jouer dans une intellectuels congolais et particulièrement culture de paix, une communication sur la les professeurs des universités se sont question de la nationalité (par Kapeta demandé comment ils pourraient contri- Nzovu), une réflexion sur les dérives iden- buer à rétablir la démocratie, la paix et la titaires qui montre par exemple les identi- bonne gouvernance dans leur pays. En fications erronées et précipitées fondées septembre 1999, l’Association des sur le nom ou sur la langue parlée (par Professeurs de l’Université de Kinshasa, Obotela Rachidi N.). Une quatrième partie présidée par Sabakinu Kivilu, association étudie les rapports entre les conditionna- qui a joué un grand rôle dans le maintien lités démocratiques et les exigences poli- d’un fonctionnement acceptable de tiques et économiques. La cinquième par- l’Université, a organisé un colloque sur tie traite des jeux et des enjeux de la paix «Démocratie et paix en RDC» (Sabakinu en Afrique centrale face aux exigences Kivilu, 1999). Dans la partie consacrée internationales, avec notamment un article aux expériences historiques dans ce de Ndaywel è Nziem qui invite à réfléchir domaine au Congo, on retiendra une com- sur la notion d’Afrique centrale et sur le munication de Makwala dans laquelle il danger de croire que, par ses ressources s’efforce de montrer que la société kongo naturelles, le Congo est un pays prédes- traditionnelle comportait des instruments tiné à jouer un rôle précis dans le monde qui assuraient la paix et un certain type de africain. Une communication de Ntumba fonctionnement démocratique. Diverses Luaba sur la géopolitique des grandes

BELGEO • 2009 • 3-4 335 puissances a été présentée plus haut Makwala, 2000). De telles publications dans cette chronique (p.306). Une autre malheureusement aboutissent rarement publication dirigée par Sabakinu Kivilu dans des bibliothèques d’Europe. Il est s’interroge sur le rôle que doit jouer l’uni- fort probable qu’il y en ait eu ainsi bien versité congolaise dans le rétablissement d’autres dont nous n’avons pu avoir de la paix et la construction de la démo- connaissance. cratie. On y trouve, une communication Après la répression des étudiants de cet auteur sur l’émergence «d’une décidée par les autorités publiques en nouvelle conscience politique et sociale 1990 (qui avait entraîné la rupture de la au sein du corps professoral de coopération belge), des fondations cana- l’Université de Kinshasa» (Sabakinu Kivilu diennes ont aidé l’Université de Lubum- I., 2000). Les mêmes préoccupations bashi à survivre. Des associations afri- apparaissent dans un colloque organisé à caines et américaines soutenues par les Bujumbura en 1998 (Gahama J., 2001). Fondations Ford et Rockefeller ont lancé Dans la foulée des mêmes préoccupa- un programme sur «Le rôle public des tions et plus précisément dans la universités en Afrique». Dans le cadre de recherche d’un projet de société, des ce projet, un ouvrage a été publié sur séminaires ont été organisés sur la mora- l’histoire de l’Université de Lubumbashi lisation de la vie publique et sur les nou- de 1990 à 2002 (Jewsiewicki B. et velles institutions à mettre en place. Un Klauber V., 2003). L’historique même de Institut pour la Démocratie et le leader- l’Université y fait l’objet d’un rapport de ship politique (I.D.L.L.P.) créé par des Donatien Dibwa dia Mwembu, qui est le professeurs des universités de Kinshasa coordonnateur du projet à Lubumbashi. et du Bas-Congo, dans le but de contri- On retiendra par exemple que le recteur buer, par le travail scientifique et la vulga- était parvenu à empêcher l’expulsion des risation, à l’émergence d’institutions membres du corps enseignant originaires démocratiques au Congo, a ainsi mis sur du Kasai. Il faut dire que cela aurait privé pied en 1999 et 2000 cinq séminaires et l’Université de la majorité de son person- publié quatre fascicules sur le rôle de la nel scientifique. Le livre est publié dans police dans la reconstruction nationale, une collection soutenue par le CELAT sur la justice et la société, sur les finances (Canada) et intitulée «Mémoires lieux du et la démocratie, sur l’administration et le savoir. Archives congolaises» dirigée par développement. Chaque fascicule se ter- B. Jewsiewicki. Cette collection, publiée mine par un rapport et parfois par des par L’Harmattan, Paris, compte aujour- recommandations. Comme pour l’ouvra- d’hui près d’une vingtaine de volumes. ge de l’Association des professeurs de On y trouve de nombreux récits de vie l’université de Kinshasa cité plus haut, (d’étudiants, de professeurs) mais aussi ces séminaires et ces fascicules ont par exemple, une étude sur les bénéficié du soutien financier de la Banyamulenge (2001, 292 p.) et un Fondation Konrad Adenauer (Mabiala, aperçu historique «De l’Union Minière à la 1999; Mutunda, 1999; Tshungu, 2000; Gécamines» (2001, 256 p.).

LES VILLES ET LES PROBLÈMES URBAINS

L’HISTOIRE URBAINE Les villes précoloniales

J.-L. Vellut a coordonné un numéro des On peut considérer comme des orga- Cahiers Africains où la problématique de nismes urbains les capitales royales l’histoire urbaine en Afrique noire est étu- d’Afrique centrale, particulièrement celles diée de façon pluridisciplinaire. On trou- des royaumes de la savane, kanyok, vera ci-dessous le compte rendu de plu- ruund (lunda) et luba dans le Kasai orien- sieurs des articles qui le composent tal et le Katanga. Leurs marques (Vellut J.-C., 2007). actuelles, visibles sur les photos

336 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 aériennes accompagnant l’article qui les presque toutes les grandes villes congo- décrit, sont des îlots forestiers englobant laises ont atteint ou dépassé leur centiè- les tombes des rois kanyok sur le lieu où me anniversaire, on s’y intéresse davanta- se trouvait le sérail du roi. Ces espaces ge. L’architecte John Lagae a consacré à étaient entretenus par un esclave, gardien ce sujet une thèse de doctorat à de la tombe, qui mettait le feu tout autour l’Université de Gand, en 2002. Une autre vers le mois d’avril pour empêcher les thèse a été soutenue à la KUL en 1994 par grands feux de brousse de la saison Bruno De Meulder sur l’architecture et la sèche de détruire l’îlot. Ces capitales poli- planification urbaines à Lubumbashi. Ces tiques étaient aménagées généralement thèses sont restées inédites mais plu- sur une crête, selon un modèle compor- sieurs publications et des expositions en tant un plan orienté et une organisation en ont repris et parfois développé certaines quartiers. Au centre, le bâtiment presti- parties. Voici d’abord un article sur la mai- gieux du roi; en aval, la cuisine pour le roi son coloniale idéale au Congo de 1885 à et ses invités, en amont une place semi- 1960. Le débat a concerné longtemps publique pour les audiences et, plus en l’adaptation de la maison européenne aux amont encore, la résidence de la reine- conditions climatiques tropicales, y com- mère où se trouvait l’entrée publique. Des pris aux menaces de l’environnement sur quartiers homogènes (épouses fécondes, la santé. On a généralement privilégié un épouses stériles, notables, artisans, guer- modèle repris des colonies anglaises ou riers) s’organisaient tout autour, reprodui- hollandaises, le bungalow. Le plus sou- sant l’image du pays. C’est à côté de cette vent au milieu d’une grande parcelle, il capitale que venaient camper les com- était pourvu d’une galerie extérieure, la merçants étrangers, les hommes fuyant barza. Parfois des bâtiments annexes d’autres territoires et où se sont installés, étaient prévus pour loger la domesticité, par la suite, les représentants de l’autorité comme dans les villes katangaises. Du coloniale. Il est fâcheux que ce thème très modèle du bungalow, on passa à celui de intéressant soit traité de façon fort confu- la villa. C’est seulement au milieu des se et que l’auteur, dans sa première ligne, années 1950 que l’on a construit, à situe le pays des Kanyok à des altitudes Léopoldville, les premiers grands andines ou tibétaines (4 000 m! sans immeubles à appartements. La préoccu- doute s’agit-il de pieds et non de mètres!) pation psychologique n’était pas (Ceyssens R., 2007). On trouvera aussi négligée. La maison devait donner une des informations sur la naissance et l’or- sensation de bien-être à l’Européen isolé, ganisation des capitales luba dans les puis, lorsque celui-ci est venu d’Europe publications de P. Petit signalées plus avec son épouse, l’objectif était qu’on haut (Petit P., 1996a, 1996b). puisse y vivre «comme chez soi», sous- Les enclos royaux agro-pastoraux, qui entendu «comme en Europe». Mais dans constituaient les capitales de l’ancien la carrière coloniale, la maison est tou- Burundi, pouvaient-ils être considérés jours restée un lieu de résidence tempo- comme des villes? Il est difficile de le sou- raire. On s’est préoccupé aussi de la mai- tenir car la population n’y était pas stable, son des travailleurs africains qui aurait dû il n’y avait pas d’échanges commerciaux également pouvoir faire face aux à longue distance, ni de métiers spécia- menaces de l’environnement tropical mais lisés contrairement à ce qui existait par qui devait être de construction simple, exemple au Buganda (Chrétien J.-C., rapide et bon marché et rester compatible 2004). avec les habitudes de populations récem- ment arrivées de la campagne (Lagae J., L’urbanisme colonial et postcolonial 2000). L’Illustration congolaise, une revue Depuis 1960, peu d’études ont été publiée entre les deux guerres et qui a publiées sur l’architecture de la ville colo- repris certains rôles du Mouvement niale. Depuis que les lieux de mémoire Géographique, comme celui de familiari- retiennent une attention croissante et que ser les Belges à leur action coloniale et

BELGEO • 2009 • 3-4 337 susciter des vocations, consacre une tectes qui avaient travaillé sur les projets grande part de son iconographie à des de planification des quartiers africains, en vues des villes du Congo. Il n’est pas y appliquant certains théories urbanis- étonnant qu’un tiers de celles-ci concer- tiques, sont revenus en Belgique, ont nent Elisabethville et Jadotville (beau- constitué un bureau d’études et ont coup plus que Léopoldville) qui montrent transféré ces théories à plusieurs projets le mieux l’Afrique moderne et industrielle dont ils ont été chargés à Bruxelles, construite par les Belges (Morimont F., notamment dans le Pentagone (Lagae J., 2001). Voir aussi, sur un sujet proche, 2008a). Le numéro 38 des Cahiers de la mais pour la période 1946-1952, l’analyse Fonderie, consacré au thème «Bruxelles de la représentation de la ville coloniale et et le Congo» comporte plusieurs articles des valeurs urbaines, dans une collection sur la présence (ou le souvenir) du Congo de photographies d’un organisme public dans la ville actuelle. d’information (Hiraux F., 2007). Que faire du patrimoine bâti colonial? Il est La conception urbanistique de la capitale commun de prétendre que la ville colonia- du Congo belge se réfère pour de nom- le congolaise compte rarement des bâti- breux points à certains quartiers de ments de grande valeur architecturale ou Bruxelles. Dès les années 1920, des de grande originalité. Les bâtiments plans ont été dressés pour le quartier où étaient conçus par des ingénieurs ou des devaient s’installer l’administration géné- architectes des services techniques de rale de la colonie et les résidences des l’administration. Il y avait très peu d’archi- hauts fonctionnaires, c’est-à-dire le quar- tectes indépendants. La Grand-Poste de tier de Kalina (actuellement Ngombe) en Kinshasa était à peu près le seul édifice bordure du fleuve. Le premier modèle a public témoignant de quelque recherche. été le quartier bruxellois du Parc où se Elisabethville comportait davantage de côtoyaient pouvoir exécutif, direction des bâtiments conçus par des architectes. milieux d’affaires (y compris les affaires Tout le centre de la ville européenne, près coloniales) et pouvoir législatif. Le Mont de la gare, affichait une incontestable des Arts aussi a servi de référence. En homogénéité. Mais aujourd’hui, avec la tout cas les péripéties de la construction reprise de l’activité économique, beau- d’une résidence pour le gouverneur coup de bâtiments sont détruits au profit général, qui aurait été à la hauteur de sa de bâtiments plus «fonctionnels» ou plus fonction, sont très instructives. On imagi- «modernes». Problème de toutes les villes na d’abord quelque chose qui ressem- coloniales: faut-il préserver le patrimoine blait au bâtiment du Musée de Tervuren et construit par le colonisateur? L’ICOMOS au Palais Royal de Bruxelles, puis un (International Council on Monuments and palais de style mauresque avec une tour Sites) a banni l’expression d’héritage minaret, qu’on considérait comme bien construit colonial pour la remplacer par adapté à un milieu tropical mais dont l’as- celle d’«héritage construit partagé» pect était en contradiction avec les (Shared Built Heritage) étant donné mythes fondateurs du Congo, tout parti- notamment qu’un Etat ou un organisme culièrement la campagne arabe. Le bâti- public peut difficilement avoir aujourd’hui ment, qui fut enfin construit dans les comme projet de restaurer une marque du années 1950, n’était pas achevé en 1960 passé colonial. Dans le «patrimoine par- et fut utilisé comme siège du parlement tagé» de Lubumbashi, il y a incontesta- du nouvel Etat. En fait, les autorités blement le théâtre conçu par C. Strebelle, belges de Bruxelles ont toujours été réti- construit au milieu des années 50 avec de centes à édifier une construction qui grosses subventions de l’Union Minière et aurait pu faire croire que le gouverneur du B.C.K. Le théâtre est devenu le siège général disposait d’un pouvoir et d’une du parlement de l’Etat du Katanga en autonomie que l’on n’a jamais voulu lui 1960, a figuré sur les billets de la Banque accorder (Lagae J., 2007). Nationale du Katanga et est aujourd’hui le Autre phénomène de miroir mais en sens siège de l’Assemblée provinciale. Le inverse cette fois: en 1960, des archi- centre culturel qui y était annexé est deve-

338 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 nu le Musée national de Lubumbashi. La voulu parfois «tropicaliser», mais le plus synagogue, construite en 1929 par l’archi- souvent cela consistait à laisser l’air entrer tecte R. Cloquet, qui fut l’architecte de et circuler. On a voulu aussi, mais plus l’exposition internationale d’Elisabethille rarement – et plus tardivement – «africani- de 1931, témoigne d’une présence juive ser» (on disait «indigéniser») mais cela n’a naguère importante et pourrait être souvent concerné que des détails de la considéré comme un autre élément de ce décoration intérieure. Il faudra attendre la patrimoine ou du moins d’un «lieu de période postcoloniale pour que de nou- mémoire», ainsi que le cimetière israélite velles recherches stylistiques apparaissent (mais certains ont contesté l’idée que la avec des architectes africains. On le voit notion de «lieu de mémoire» conçue par bien dans le cas des églises catholiques Pierre Nora soit transposable en Afrique de Kinshasa. Signe des temps: alors que ex-coloniale). Le «lieu de mémoire» princi- l’église se dressait au milieu d’un espace pal de Lubumbashi n’est-il pas la che- public ouvert, elle est désormais dans un minée de l’Union Minière-Gécamines avec enclos ceint de hauts murs avec une grille le crassier (aujourd’hui en voie de des- métallique d’entrée (Mabiala Mantumba truction)? (Lagae J., 2008b). Ngoma, 2007). Sur les traces du passé à Lubumbashi, voir aussi le numéro des Cahiers africains, LA CROISSANCE URBAINE ET LES édité par Danièle de Lame et Donatien RÉSEAUX URBAINS Dibwe Dia Mwembu (2005) et une commu- nication, par ce dernier auteur, sur une L. de Saint Moulin continue à suivre la opération de sensibilisation de la popula- croissance des villes du Congo et les tion de Lubumbashi à la mémoire de sa structures de son réseau urbain. Une de ville et notamment de son passé industriel, ses dernières publications sur ce sujet à travers plusieurs expositions organisées comporte des tableaux donnant la popu- par le département d’histoire de l’univer- lation des villes et cités en 1958, 1970, sité au musée national. Sur la question des 1975, 1984 et 2004 et commente la situa- musées en Afrique, où, trop associés à l’é- tion de 2004. A cette date, la population poque coloniale, ils seraient boudés par urbaine fait 34,5 % de la population totale les autochtones, voir le livre édité par et compte 25 villes de plus de 100 000 Bouttiaux A-M. (2007). habitants, 19 villes de 50 000 à 100 000 et Les minorités urbaines dans la ville 35 centres de moins de 50 000 habitants européenne. La ville coloniale comportait, (de Saint Moulin, L., 2007). dans sa population non-africaine, des J.C. Bruneau avait constaté, dix ans plus communautés ayant conservé leur origina- tôt, que la crise avait ralenti l’accroisse- lité. On trouvera des informations sur la ment urbain (5,6% par an de 1970 à 1984 communauté juive, qui était particulière- contre 8,7% de 1958 à 1970), avec une ment présente dans les villes du Katanga tendance à la stagnation pour Kananga, (Juifs sépharades surtout, venus de l’île de Matadi, Mbanza Gungu, Boma, Kikwit, Rhodes) dans plusieurs ouvrages (Bourla Bandundu, Bukavu et même à la régres- Errera M., 2000; Rahmani M., 2002; sion pour Kasongo et Kisangani. Il affir- Benatar J. et Pimienta-Benatar M., 2000), mait aussi avoir constaté des phé- ainsi que dans un livre sur la communauté nomènes d’exurbanisation, c’est-à-dire juive le long du rail du Cap au Katanga de retours d’habitants des grandes villes (Macmillan H. et Shapiro F., 1999). La loca- dans les campagnes où la baisse du lisation des autres minorités (portugaise, niveau de vie aurait été moins forte. Le grecque, italienne) n’était pas non plus poids des villes moyennes et des petites sans signification. villes avait augmenté. Mbuji Mayi, Les églises occupent une place importan- Kolwezi, Tshikapa, Uvira et Butembo, te dans l’architecture urbaine coloniale, pour des raisons quelque peu différentes tant dans les quartiers européens que d’une ville à l’autre, avaient cependant dans les quartiers africains. Là aussi, on a maintenu leur croissance. Malgré une

BELGEO • 2009 • 3-4 339 certaine décélération, Kinshasa avait ren- des parcelles foncières a fait l’objet d’un forcé sa primauté (Bruneau J.-Cl., 1995). enregistrement réglementaire (Lelo Nzuzi, Mais les troubles de la fin du siècle ont 1992). provoqué une reprise de l’exode vers les Un document à verser au dossier des grandes villes, postérieure à la publica- ségrégations ethniques des groupes mino- tion de cet article. Nous n’avons pas de ritaires. Les Tetela, à Kananga, se regrou- données précises sur l’ampleur de cette pent dans quelques quartiers, utilisent le reprise ni sur son évolution. même pôle commercial péricentral et se Nous avions quelque peu actualisé, au distinguent par la pratique de la riziculture même moment, un article antérieur sur les (Kabamba K. et Lukenga C.E., 2002). réseaux urbains en Afrique tropicale (Nicolaï H., 1995) et utilisé, dans une L’APPROVISIONNEMENT VIVRIER comparaison de la ville en Afrique et de la ville en Europe, quelques cas concernant Sur le thème de l’approvisionnement le Congo en nous interrogeant notamment vivrier, qui avait été développé assez for- sur les nouveaux types de villes que pro- tement avant 1990, de nouvelles publica- duit l’Afrique et sur les nouveaux types de tions prolongent généralement des citadins (Nicolaï H., 1994 b). études antérieures comme par exemple Un petit atlas fort utile (20 planches en for- la grande enquête sur la commercialisa- mat A4) donne des informations sur la tion des produits vivriers à Kinshasa localisation et la hiérarchie démogra- dirigée par Eric Tollens dont il a été large- phique et administrative des villes, l’évolu- ment rendu compte dans notre chronique tion récente de leur population (les précédente (Nicolaï H., 1993) et qui avait données de base sont le plus souvent de été menée de mars 1987 à juin 1990. Elle 1994 mais les commentaires, y compris est synthétisée dans un gros livre qui ana- pour les autres planches, fournissent lyse la structure et la performance du quelques données plus récentes), leur système de commercialisation ainsi que structure par rang, la relation avec la den- les comportements des acteurs, les sité rurale environnante, leur structure conditions physiques et institutionnelles, démographique comparée, leur niveau la production agricole dans le bassin d’équipements, leur consommation en eau d’approvisionnement (Bas-Congo, et électricité, la part du secteur secondaire Bandundu et autres régions du Congo), et celle du secteur tertiaire, leur place dans les revenus paysans, la collecte et le les régions écologiques et dans le systè- transport, la fluctuation saisonnière des me des voies de communication, leur prix, la distribution à Kinshasa et la dépendance alimentaire, leurs infrastruc- consommation. On y trouve une estima- tures de santé et de scolarisation, l’origine tion de la performance de la chaîne de de leur population. On y trouvera aussi des commercialisation. Les auteurs croient schémas de l’organisation urbaine de qu’une amélioration de celle-ci aurait des Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji Mayi et effets positifs sur la production et la Kisangani. Le commentaire de chacune consommation et font quelques recom- des vingt planches est suivi de recomman- mandations en ce sens (Goossens F., dations sur les interventions éventuelles à Minten B., Tollens E., 1994). Mais E. envisager (Wolff E. et al., 2001). Tollens s’interroge sur la possibilité pour Depuis 1960, la ségrégation coloniale qui ce système d’entraîner un véritable déve- existait dans les villes congolaises s’est loppement économique, notamment dans transformée en ségrégation sociale. Dans le cas des commerçants «par colis», les années 80, il y a eu tendance au déve- c’est-à-dire qui louent une place sur un loppement spontané d’un habitat mixte où camion pour eux-mêmes et la marchandi- pauvres et riches vivent côte à côte, par se qu’ils sont allés acheter dans la région suite de l’envahissement par les premiers rurale. Le système est peu efficace à des espaces verts des quartiers riches. La cause de la durée des transports, des gestion foncière est devenue «spon- faibles quantités négociées par com- tanée». On estime qu’un quart seulement merçant, des mauvaises conditions de

340 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 conservation des produits et il évoluerait uns sont de véritables villages flottants difficilement vers une économie formelle (Baya Ki Malanda, 1999). (Tollens E., 1994). Une étude prolonge Des articles étudient l’approvisionnement cette enquête en insistant sur le marché en produits spécifiques. Ainsi, au début du manioc et analyse le comportement des années 1990, la viande consommée des acteurs de ce marché (Goossens F., à Kinshasa venait pour 35 % du Nord- 1996). Voir aussi, pour la même époque, Kivu, pour 25 % du Bandundu, pour 17% un article dans une revue française du Bas-Congo et pour 15 % de l’Ituri. On (Rapoport H., 1993). notera que du Bandundu, une partie de la A Kinshasa, quelques années plus tard, la production arrive à Kinshasa par «balei- situation n’a guère évolué. La sécurité ali- nières» artisanales (grosses pirogues de mentaire n’est assurée que grâce au 5 t, avec deux moteurs hors-bord, qui recours à des activités d’agriculture et peuvent charger une cinquantaine de d’élevage urbains ou périurbains: éleva- bovins de 300 kg). De 1978 à 1990, il y a ge de poules pondeuses, maraîchage, eu accroissement sensible de la produc- transformation et commercialisation du tion (3% par an) grâce à de grands pro- manioc. Cela apparaît nettement dans les jets soutenus par des organismes interna- budgets de consommation des ménages tionaux (FAO, PNUB, BIRD) ainsi que par à partir de relevés faits dans trois quar- le Canada et la France. La bourgeoisie tiers pauvres (Mukadi Kankonde et urbaine (grands commerçants, hauts et Tollens E., 2001). Cependant malgré les moyens fonctionnaires, hommes poli- crises politiques, on ne peut pas dire que tiques) a investi dans les grands éle- la situation se soit vraiment dégradée. En vages, bon placement en raison de l’in- fait le problème d’approvisionnement en stabilité monétaire. Mais, notamment par tant que tel a fait place à un problème de suite des coûts élevés du transport, la pauvreté. L’alimentation absorbe 39% du viande reste trop chère pour la grande revenu familial dans les communes les masse de la population. La consomma- plus pauvres. Il y a eu crise du manioc. tion individuelle a baissé. Les viandes De nouveaux produits de culture et de importées, de second choix mais de consommation se sont développés moindre prix, font une forte concurrence à comme le niébé. L’approvisionnement par la viande indigène. La concurrence la bateau depuis la province de l’Equateur plus forte vient du poisson congelé et la Province Orientale a pratiquement importé (le mpiodi c’est-à-dire du chin- cessé. Par contre, il a augmenté forte- chard, poisson ressemblant à du maque- ment à partir du Bandundu par suite de la reau mais de plus faible qualité) dont le dégradation du réseau routier (Tollens E., prix est beaucoup plus bas (Nzeza K.Z.- 2004). K. J.-P., 1999). Une étude plus modeste décrit les modes Le commerce des huiles végétales sur les d’approvisionnement en produits vivriers marchés de Lubumbashi est un bon de Kisangani. Les commerçants citadins exemple des circuits commerciaux des prennent le camion pour aller se ravitailler produits vivriers. L’huile de palme arrive, dans les marchés ruraux le long des par la voie ferrée, du Bandundu, du routes vers l’intérieur jusqu’à une centaine Kasai, du Maniema et du nord du de kilomètres. Mais on utilise de plus en Katanga, l’huile de maïs est importée de plus le vélo en raison de la diminution du Zambie par la route. Pléthore d’intermé- nombre de camions et de camionnettes, diaires. Le bidon d’huile n’est accessible conséquence de la crise et aussi de la qu’aux ménages aisés. Les autres achè- paupérisation de nombreux consomma- tent des bouteilles d’un demi-litre. Aussi teurs. En outre, en raison de l’état des les prix sur les marchés des quartiers routes, beaucoup de villageois apportent pauvres, où la vente se fait au microdétail, leurs produits en pirogues sur la Tshopo, sont-ils aussi élevés (sinon plus élevés) la Lindi et le Congo. Des marchés sont que sur les marchés des quartiers aisés apparus ainsi dans l’agglomération sur (Assani A. et al., 1993). les berges de ces cours d’eau. Quelques- Les vendeurs en dehors des marchés. De

BELGEO • 2009 • 3-4 341 nombreux petits vendeurs attirés par les maraîchères sont donc des «acteurs éco- marchés s’installent tout autour. Ces ven- nomiques» importants, qui gèrent de deurs à la sauvette récupèrent parfois les façon autonome leurs entreprises, préser- déchets des marchés. Leurs produits, qui vent bénéfices et capital des convoitises sont donc généralement de mauvaise masculines et participent ainsi à un déve- qualité, posent un problème sanitaire loppement endogène, c’est-à-dire s’ap- (Kayembe C.P.M., Kakese K.B., Solotshi puyant sur les ressources internes d’un M., 1993). groupe. Mais il n’est pas certain, cepen- La production vivrière de la ville. Une part dant qu’elles changent en profondeur non négligeable des aliments l’ordre établi par les hommes (Mianda consommés dans la ville provient de la D.M.G., 1996). Signalons en passant que ville elle-même. Les Kinois par exemple la même auteure discute ce dernier pro- ont généralement plusieurs arbres frui- blème dans une revue canadienne et ne tiers dans leur parcelle (2, 5 en moyenne croit pas à une réelle émancipation de la à Limete). Dix-neuf espèces ont été femme sous le régime mobutiste (Mianda répertoriées à Limete, soit environ 47 000 D.M.G., 1995). pieds. Les six espèces principales sont le Soixante-cinq pour cent des légumes mis manguier, l’avocatier, le palmier à huile, le en vente et consommés dans l’agglomé- papayer, le safoutier et une espèce non ration de Kinshasa sont produits ainsi ligneuse, le bananier (que les auteurs dans la ville même et dans sa périphérie classent parmi les arbres!). Elles produi- immédiate. La pauvreté des sols essen- sent un peu plus de 4000 tonnes de fruits tiellement sableux exigerait l’utilisation par an. Il semblerait que la part relative de d’engrais que les producteurs sont inca- ces espèces varie au sein des différents pables d’acheter. Il faudrait développer la quartiers de l’agglomération. On pourrait production de compost utilisant les certainement accroître la production déchets domestiques, les déjections d’é- (Makumbelo E. et al., 2005 et 2002) levages de porcs et de poulets mais aussi Une autre part de l’alimentation de base les sous-produits d’industries urbaines est produite par les citadins eux-mêmes, (brasseries, usines de traitement du dans les espaces périurbains. Un groupe café), les gadoues, etc. (Boeckx P. et al., de maraîchères de Kinshasa, à majorité 2006). manianga (originaires du territoire de Voici une étude préliminaire sur l’approvi- Luozi, dans le Bas-Congo; elles ont pris le sionnement vivrier de Kikwit. On remar- relais, après 1954, des femmes Lari, grou- quera qu’une part importante arrive pe très proche mais du Congo- aujourd’hui à la ville par la rivière (Mpuru Brazzaville) a été étudié dans une thèse M.B., 1993). de doctorat, Elles ont leurs potagers dans A Kananga, des points de vente périphé- la commune de Ndjili (44 jardins) et dans riques, qui sont soit des marchés hebdo- la vallée de la Funa (60 jardins) en 1989 et madaires, soit des points de vente flot- 1990. De petits bâtiments en briques sont tants installés à des carrefours ou à des occupés par des gardiens de nuit. ponts, sont des lieux où des consomma- Certaines maraîchères ont une activité teurs urbains ou des vendeurs des mar- spécifique de pépiniéristes. Ces femmes chés urbains viennent rencontrer des pro- assurent elles-mêmes la commercialisa- ducteurs-vendeurs de l’arrière-pays tion de leurs produits (les hommes ne sau- immédiat, c’est-à-dire d’un espace rural raient pas fixer les prix!) mais en associant situé entre 15 et 30 km du centre-ville. Une cependant les hommes à la gestion de enquête a été menée dans sept d’entre leurs revenus (pour ne pas nuire à l’image eux notamment pour délimiter l’aire de de leurs maris!). Elles veillent à assurer la résidence de leur clientèle (Kabamba transmission de leur propriété à leurs Kabata et Nyoka Mupangila, 1998). enfants et à en écarter la famille de leurs Dans les villes petites et moyennes, la maris (en veillant cependant à se protéger quasi-totalité des ménages utilisent des des actes de sorcellerie que celle-ci pour- combustibles végétaux. A Kananga, on a rait commettre à leur égard). Ces femmes évalué en 1998 à 595 tonnes la quantité

342 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 totale de charbon de bois entrant chaque manifestation de l’amour de Dieu. Le mois dans la ville. La plus grande part Pentecôtisme a ainsi promu l’individualis- arrive par la route de Mbuji Mayi dont la me, donc une attitude envers le travail et moitié par vélo. Dans la forêt de l’argent, en opposition avec l’identité eth- Muanzangoma, au nord-est de la ville, la nique antérieure. Un phénomène inquié- production de charbon de bois est l’acti- tant: l’attribution de beaucoup d’enfants vité principale de la population. La zone des rues à la catégorie des enfants-sor- d’approvisionnement ne s’étend pas au- ciers, rangés dans le monde des démons delà d’une trentaine de kilomètres. 28 % (Elongo Likulunga V., 2002). Matangila des ménages utilisent directement le bois rappelle qu’une enquête récente a qu’ils vont récolter eux-mêmes car ils dénombré plus de 3000 groupes de n’ont pas les moyens d’acheter du char- prières ou d’Eglises de réveil dans l’ag- bon de bois sur les marchés. L’électricité glomération de Kinshasa dont 391 étaient n’est utilisée que dans une toute petite régulièrement enregistrés par la Ligue des partie de la ville (dans la commune de Eglises et Ministères de Réveil au Congo. Kananga même) (Bushabu M.-M., Mabira Leur discours répond à un certain nombre M. et Kapend M., 2002) Dans le cadre d’enjeux: le salut de l’âme, la santé du des relations ville-campagne, un article corps, la protection contre les mauvais analyse les flux de véhicules motorisés esprits, le bien-être matériel et social des entre Kananga et son arrière-pays immé- conducteurs du groupe et de leurs diat (Ntumba K., 1999). adeptes et assume des fonctions messia- niques, prophétiques et thérapeutiques L’EFFERVESCENCE DE LA VIE RELI- (Matangila A., 2006). GIEUSE L’anthropologue René Devisch, qui suit depuis des années des groupes de popu- C’est dans les villes surtout que se mani- lation yaka qui vivent à Kinshasa, a créé feste ce que l’historien Ndaywel considè- une expression originale pour décrire les re comme l’amorce d’une «troisième effets de la crise, après les épisodes de évangélisation» du Congo. Le groupe de pillages de septembre 1991 et janvier prière (fraternité de prière) est devenu un 1993. «Misère et incohérence de la vie, lieu de mobilisation par excellence des écrit-il, brisent les modèles postcoloniaux citadins et apparaît comme une recette de progrès et les miroirs d’identification». de survie. Le religieux envahit la ville et Comme les citadins continuent à porter ses manifestations. La chanson religieuse au fond d’eux-mêmes la loi parentale et est en passe de concurrencer la chanson ancestrale établie au village, au moins en de cabaret. Les espaces de prière ont fait tant que principes de perception et d’ap- leur apparition dans les communautés préciation, ils cherchent refuge dans une congolaises en Europe. Ndaywel parle solidarité de voisinage (une «villagisa- même d’un climat de «surchristianisa- tion» de la ville) et dans les églises de tion» caractérisant «une volonté unanime guérison, avec aussi un repli sur l’espace d’assainissement moral de l’ensemble de autour des mères (marché, maison, la vie nationale» (Ndaywel I., 1993). champs) (Devisch R., 1994 et 1995). Cette «surchristianisation» se manifeste L’implantation des églises de guérison dans le paysage urbain de Kinshasa par charismatiques et prophétiques dans la multiplication des lieux de culte, un au toutes les couches de la société comble moins pour dix parcelles d’habitation ainsi d’une certaine manière le vide (Kakese C., 2000). Armée de Victoire, éthique et législatif creusé par la déser- Armée de l’Eternel, Restauration, Rache- tion des tribunaux et la dissolution du tés de Jésus-Christ, Arche de Noé, Manne parti-Etat. R.Devisch en a étudié la filia- cachée, Eglise de la Nouvelle-Jérusalem, tion à partir des enseignements des mis- etc., tous ces groupes sont fidèles à un sionnaires protestants en pays kongo, qui type pentecôtiste issu du monde outre- accordaient une grande importance au atlantique, surtout des Etats-Unis où la Saint-Esprit. L’image du Saint-Esprit a été réussite matérielle apparaît comme une rapprochée de celle de l’esprit ancestral.

BELGEO • 2009 • 3-4 343 Les églises de guérison ou de l’Esprit tant dans leur organisation. Les funé- Saint sont des communautés charisma- railles ne sont plus l’affaire unique des tiques réunies autour d’un homme ou vieux comme jadis mais les jeunes y d’une femme considéré comme leur pro- prennent une part plus grande. La mort phète ou leur chef spirituel. Elles ont est devenue le moteur de toute une éco- repris les traditions des églises kimban- nomie informelle nouvelle (De Boeck F., guistes et protestantes en ce qui concer- 2006). ne la Bible, les chants et les manuels de Le rapport à la mort se présente-t-il de prières. Plutôt que de viser à transmettre façon particulière dans les villes? Il est l’Evangile, les prophètes ont pour tâche certain déjà que, dans le Congo actuel, la d’aider et de guérir les gens. L’union au relation à la mort telle qu’elle s’exprime Saint-Esprit donne lieu à des liturgies qui par exemple dans les rites funéraires durent de cinq à six heures, avec parfois n’est plus la même que dans la société des épisodes à la limite de la violence. traditionnelle. La crise économique et Ces églises auraient ainsi indirectement politique, en aggravant la situation des contribué au soulèvement populaire de gens, ajoute ses propres perturbations. décembre 1990 et de septembre 1991 Outre une communication (T.K. Biaya) parce qu’il s’agissait d’une réaction aux portant sur la façon dont les artistes, idéaux et aux modes de vie postcoloniaux peintres et chanteurs, représentent le et capitalistes, axés sur une consomma- thème de la mort, on trouvera, dans un tion ostentatoire. Mais en promettant un livre dirigé par Grootaers J.-L. (1998), une nouvel ordre du monde et en donnant aux étude, par ce dernier, des enterrements et gens, par leur encadrement, la conscien- des cimetières à Kinshasa à partir des ce d’avoir une certaine prise sur la vie articles de la presse locale. Le prix exor- publique, au moins dans leur voisinage, bitant d’un enterrement empêche d’inhu- elles auraient peut-être désamorcé les mer dignement ses morts. La désaffecta- risques d’explosions catastrophiques tion de fait de certains cimetières trans- comme en ont connues le Rwanda, formés en potagers urbains ou en lotisse- l’Angola et le Soudan (Devisch R., 1996). ments pose aussi des problèmes. Une Les femmes y jouent un grand rôle communication décrit les rites funéraires (Devisch R.,1999) classiques et les rites des jeunes (par G.- Les nouvelles Eglises interviennent dans M. Kamandji). De ces deux communica- les soins de santé. A côté des guéris- tions, on retiendra notamment que la diffi- seurs initiés ou improvisés pratiquant des culté à accomplir les rites traditionnels formes variées de soins, à côte de ser- engendre la crainte d’une zombification vices médicaux modernes, Pentecôtistes des morts qui viendraient dès lors hanter et églises de guérison indépendantes les vivants. On trouvera aussi des pratiquent le traitement charismatique exemples assez hallucinants sur les pra- des maladies par la foi (Van Wolputte S., tiques de séquestration des nouveaux- Devisch R., Le Roy J. et Lapika D., 2002). nés et des cadavres par les institutions L’annonce de l’apocalypse. L’idée que la hospitalières, tant publiques que privées, vie quotidienne actuelle, avec ses pro- pour essayer de recouvrer les honoraires blèmes et ses malheurs, annonce la fin et frais non payés. Le ministre de la santé des temps, est présente dans une partie a dû les interdire par une circulaire offi- importante de la population de Kinshasa. cielle. On lira aussi la tendance des Celle-ci y voit la mort d’une société jeunes, lorsqu’un des leurs meurt (par dominée par le Mal (De Boeck F., 2001d). exemple du sida), à poursuivre, souvent Cependant tout ce qui concerne la mort dans la famille du mort, celui ou celle qui échappe au contrôle des Eglises de serait le sorcier responsable du décès. Ils réveil. Les funérailles s’accompagnent n’hésitent pas non plus à racketter les souvent de manifestations de contesta- passants et les automobilistes pour se tion politique, dans les chants notam- procurer l’argent nécessaire aux funé- ment, surtout de la part des jeunes. Les railles. Dans un important chapitre, De «Ecuries» de jeunes jouent un rôle impor- Boeck F. (1998), à côté de réflexions théo-

344 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 riques sur ce sujet, fournit nombre de faits graphies illustrant l’histoire de la ville éclairants. L’épidémie de la fièvre Ebola, (Eale B. J.-Cl., 2004). qui a fait plus de 200 victimes en 1995 à L’utilisation d’images satellitaires SPOT Kikwit, illustre bien le désarroi des per- de 1995 a permis de délimiter l’extension sonnes concernées. D’abord dans les spatiale de l’agglomération de Kinshasa explications qui en font le produit d’une et de calculer la densité de population sorcellerie moderne: vengeance d’un par rapport à la surface bâtie. La compa- missionnaire américain chassé parce qu’il raison avec la situation de 1969 montre se transformait la nuit en hippopotame que l’extension spatiale s’est accompa- dans la rivière Kwilu pour effrayer la popu- gnée aussi d’une densification de l’espa- lation ou bien vengeance de celui qui ce bâti qui a absorbé près des deux tiers était chef du village de Kipuka (un des de l’accroissement de la population sites de l’actuel Kikwit) à l’arrivée des (Delbart V. et Wolff E., 2002). colonisateurs et qui avait résisté à leur En 1995, malgré une tendance à la bais- intrusion, vengeance contre ceux qui se de la fécondité, la taille du ménage est auraient prélevé de la terre sur sa tombe. plus grande à Kinshasa que dans le Ensuite sur le sort de ces corps emballés milieu rural (7,7 membres contre une dans du plastique et inhumés, dans des moyenne nationale de 5,4). Elle est en fosses anonymes par des gens eux- augmentation continue depuis 1974 mar- mêmes habillés de combinaisons quant ainsi une évolution vers un ménage- étanches. Une intéressante description refuge, conséquence de la crise de l’em- aussi de ces sortes de revenants que ploi et de celle du logement. Il y a cohabi- sont certains Bana Lunda, jeunes gens tation des enfants mariés avec leurs partis chercher du diamant en Angola et parents. Le vieillissement de la structure rentrés au pays avec des marques sur le de la population et le retard de l’âge au corps: marques de coups de fouet ou de mariage annoncent une transition vers une blessures par balles ou éclats d’obus, plus faible fécondité. Les personnes de membres amputés par l’explosion d’une moins de 15 ans qui faisaient 50,3 % de la mine, oreilles coupées par les combat- population totale en 1974 ne font plus que tants de l’UNITA ou les soldats du MPLA. 42,4 % en 1995. La part des adultes est Sur cette question, voir aussi De Boeck F., passée de 48,5 % en 1974 à 56,1 % en 1999. 1995 (Ngondo a Pitshandenge, 1996). Les enquêtes que L. de Saint Moulin LES ÉTUDES SUR LES GRANDES organise sans relâche avec ses étudiants AGGLOMÉRATIONS depuis de nombreuses années, dans différentes communes de Kinshasa, sont La plupart des exemples de problèmes une mine d’informations originales dans urbains, qui ont été cités dans les para- des domaines variés. Nous en citons graphes précédents, ont été pris dans les quelques-unes ici. Elles ont été publiées grandes agglomérations et plus précisé- presque chaque année dans la revue ment à Kinshasa et à Lubumbashi. Nous Congo-Afrique, à laquelle nous renvoyons allons examiner maintenant les études qui le lecteur. Le compte rendu de l’enquête concernent plus précisément des fournit le plus souvent les données aspects spécifiques de ces aggloméra- sociodémographiques des quartiers étu- tions. diés. Comme certains de ceux-ci ont été revisités à plusieurs années d’intervalle, Kinshasa on peut suivre ainsi l’évolution de ces données. Si les thèmes étudiés peuvent • L’expansion de l’agglomération et les parfois paraître éloignés des préoccupa- données socio-démographiques tions des géographes, les réponses aux questions posées sont souvent très ins- A l’occasion du quatre-vingtième anniver- tructives et révèlent des faits ou des fac- saire de son accession au rang de chef- teurs dont on ne soupçonnait pas toujours lieu du Congo, voici un album de photo- l’importance. Voici comme exemple d’une

BELGEO • 2009 • 3-4 345 enquête qui fournit indirectement des niques). 60,1 % sont d’avis cependant indications sur les changements socio- que les étrangers exploitent le pays ou économiques survenus dans la popula- empêchent son vrai développement (de tion en trois décennies, celle sur la per- Saint Moulin L., 1998). Dans une autre ception de la justice (54% des Kinois esti- enquête de ce type, en 1999, portant cette ment que c’est dans l’exercice du pouvoir fois sur la perception des identités et des par les gouvernants qu’il y a le plus d’in- responsabilités sociales, dans un quartier justice). L’étude a porté en effet sur un voisin lui aussi de l’université, on trouvera échantillon construit de la même façon d’intéressantes réponses (mais pas tou- que celui qui avait été utilisé pour l’enquê- jours inattendues) à des questions comme te menée par le même auteur en 1967: «où est-il préférable de trouver du tra- 1175 personnes réparties dans les diffé- vail?» chez le Blanc: 31,4 %, dans les ser- rents quartiers de l’agglomération, sauf vices publics: 34,3 %, comme indépen- Nsele et Maluku. Les célibataires, par dant dans les activités informelles: 30,3%, exemple, qui représentaient 25,6 % des chez quelqu’un de son ethnie: 5,6% ou plus de 17 ans en 1967 sont passés à un bien «pourquoi les jeunes s’enrôlent-ils peu plus de 50% en 1996. L’allongement dans l’armée?» pour avoir un emploi: des études et l’augmentation du coût de la 43,6 % (de Saint Moulin L. et Kabongo mise en ménage ont retardé l’âge du Mpunga, 2000). mariage. Les niveaux d’études ont forte- ment augmenté: 8% d’hommes et 3% de • Les activités commerciales et les mar- femmes ayant fait des études supérieures chés en 1967, 38,2 % et 20,8% en 1996. Le pourcentage des sans emploi parmi les Dans le cadre de ce thème de la géogra- hommes n’a pas sensiblement varié (un phie urbaine africaine, qui a été souvent peu plus de 13 %). Par contre, il s’est for- privilégié, Kanene analyse ce qu’elle tement réduit chez les femmes (29,9 % en appelle le commerce «sédentaire» repré- 1996 contre 92,4% en 1967). La part des senté surtout dans le centre-ville où elle catholiques et des protestants (et même distingue 1) le commerce européen, 2) le des kimbanguistes) s’est réduite, respecti- commerce libano-pakistanais, qui a sup- vement de 6,4, de 3,6 et de 4,5 %, au planté, après 1960, le commerce des bénéfice des membres de multiples Grecs et des Portugais, 3) le commerce sectes chrétiennes (+12,1 %) et d’autres zaïrois qui fait seulement 11% des com- religions comme l’islam (de Saint Moulin merçants du centre-ville. De nombreux L., 1996a). Une enquête portant sur diffé- commerçants-transporteurs assurent le rentes perceptions (utilité de l’instruction, ravitaillement de la ville en produits ali- causes de la délinquance, application de mentaires régionaux. Des femmes com- la justice, etc.) fournit des renseignements merçantes internationales contrôlent le socio-démographiques de même type commerce des wax, des chaussures, des pour le quartier de Kindele, qui s’est déve- bijoux et de l’électro-ménager. L’article loppé le long de la route de l’Université à étudie aussi la genèse, la localisation et la Kimwenza (de Saint Moulin L., 1996 b). Il structure des marchés (585 au total) et les en est de même pour une enquête ulté- relations entre les marchés et les com- rieure menée dans la commune de Ngaba merçants «sédentaires» (Kanene Mpali sur la perception de la mondialisation. Sitela, 1992). Ndjili la première cité satel- Dans ce quartier modeste, 25 % des lite de Kinshasa, planifiée à la fin de la hommes et 10% des femmes ont un diplô- période coloniale sur la route du nouvel me d’études supérieures. Remarquons aéroport, s’est fortement agrandie par la que l’idée d’une participation à la mondia- suite en englobant et transformant les lisation comme voie obligée du dévelop- anciens villages de Kibanseke et de pement y a été approuvée par 42,7 % des Macina pour atteindre une population enquêtés (il n’y a eu que 29,8 % d’avis estimée à 900 000 habitants en 1990. Elle défavorables; 17,7% y ont vu aussi un compte de nombreuses exploitations moyen de dépasser les problèmes eth- maraîchères dans la vallée de la Ndjili

346 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 (voir plus haut le livre de Mianda G.). ménages consacrent plus de 50 % de Ndjili fonctionne aujourd’hui comme le leurs dépenses à l’alimentation, ce qui est noyau central de la partie orientale de un autre critère de pauvreté (D’Zouza S., l’agglomération de Kinshasa. On y trouve Makaya Mboko Mbenza et Kalendi deux marchés de gros pour les produits Muhindo, 1995). agricoles arrivant des régions rurales, Un autre livre sur la pauvreté à Kinshasa essentiellement du Bandundu (Maku - a été réalisé par des chercheurs africains, maya Nsamba Kiambamba, 1992). avec le soutien d’une ONG (Cordaid), en grande partie néerlandaise, à partir des • La pauvreté urbaine et les stratégies de éléments d’une enquête menée dans les survie communes de Lingwala et de Ngaliema en avril 2003. L’étude analyse les caracté- Un thème particulièrement développé ristiques socio-démographiques des dans les études urbaines est celui de la ménages enquêtés, le cadre et la qualité pauvreté. Il est abordé dans des de vie (nombre de chambres à coucher, enquêtes menées par des organismes nombre de personnes par chambre, sta- très divers. Une d’entre elles, exécutée en tut d’occupation – l’échantillon comporte 1997, avec l’appui du PNUD et de 49 % de propriétaires –, raccordement à l’UNICEF, a porté sur un échantillon de l’eau et à l’électricité, présence de 1970 ménages (environ 16 000 per- latrines, évacuation des déchets), la vie sonnes). La taille moyenne du ménage quotidienne des ménages, l’accès à l’é- est de 8,1 personnes (7,7 dans l’étude de ducation et aux soins de santé, la fré- Ngondo Pitshandenge citée plus haut), quence et le volume des conflits (très avec un logement de 2,5 chambres. 21 % faibles). Elle s’interroge sur la perception des chefs de ménage sont des femmes, de la pauvreté par les habitants et les 11 % sont au chômage, 43 % vivent du stratégies mises en oeuvre pour en sortir. commerce informel, qui fournit un revenu En fait on ne se considère pas comme moyen mensuel de 102 US $. Parmi ceux pauvre mais comme momentanément qui ont un revenu, seuls 10 % le considè- «en manque». Les habitants de Ngaliema rent comme suffisant. 80 % des ménages apparaissent plus pauvres que ceux de sont raccordés à l’eau potable, 60 % à l’é- Lingwala. L’étude s’interroge aussi sur le lectricité, 21,6 % seulement ont accès rôle que l’ONG qui a organisé l’enquête aux soins de santé. Contrairement à ce pourrait jouer pour relever le niveau de qui apparaît dans une l’étude de Cordaid vie. On remarquera que peu de per- commentée plus loin, 72,1 % des ména- sonnes enquêtées connaissent son action ges se considèrent effectivement comme (Lelo Nzuzi F. et Tshimanga Mbuyi Cl., pauvres. Cette perception est très proche 2004). des données statistiques. En effet si l’on Un autre livre sur la pauvreté, publié lui prend, comme seuil de pauvreté, une aussi en 2004, exprime un point de vue dépense journalière individuelle de 1 $, plutôt économique. Il est le résultat d’une 78,5 % des ménages sont pauvres Table ronde organisée par l’Observatoire (Mususa Ulimwengu J., 1998). d’Economie et de Développement Voici une autre évaluation de la pauvreté humain, unité de coopération scientifique faite en 1994 dans 4 des 51 divisions de réunissant la Faculté d’Economie et la zone de Matete. Composition moyenne Développement des Facultés Catholiques des ménages, 7,7 personnes (avec un de Kinshasa (FCK) et les Facultés maximum de 18 et une valeur modale de Universitaires Saint Ignace d’Anvers 15). Pour la consommation de calories, (UFSIA) (Vivre et survivre à Kinshasa, 80,6 % de la population est en dessous 2004). Il s’agissait de faire le point au sor- de la limite de 2960 calories, 42,1 % en tir de cinq années de guerre succédant dessous de la norme de 2200. Si l’on aux pillages de 1991 et 1993. La plupart considère le volume des dépenses, des études ont concerné la commune de 61,3 % de la population peuvent être Kisenso, certaines en vue d’accompa- considérés comme pauvres. 93,5 % des gner le fonctionnement d’un projet de

BELGEO • 2009 • 3-4 347 coopération, le Fonds Social Urbain. des déterminants du budget de consom- Parmi les nombreux thèmes traités, citons mation des ménages dans les quartiers une analyse multidimensionnelle de la pauvres de Kisenso, Kindele et Makala pauvreté dans les ménages de Kisenzo, dans l’ouvrage de Kankonde Mukadi et par Cl. Tshimanga (pp. 181-180) et une Tollens E., cité plus haut (N’toto M’vubu, étude de l’évolution de la pauvreté moné- 2001). taire de 1997 à 2002, par T. de Herdt, Voici une description pittoresque et le dans laquelle l’auteur cherche à construi- vocabulaire des petits métiers de l’infor- re un indicateur de la pauvreté monétaire mel: mamans bipupula (qui grattent le sol basé sur des données d’enquêtes budgé- des marchés), bana cirage (cireurs de taires. La reprise de l’exode vers la ville, à chaussure), kadhafi (vendeurs d’essence cause de la guerre, a exercé une forte au détail), bana cabria (rôtisseurs pression sur le marché immobilier. De publics), ba cambistes (changeurs de moins en moins de personnes sont pro- monnaie), bana-Koweit (cambrioleurs en priétaires de leur logement. On renonce liaison avec les receleurs du marché), de plus en plus à utiliser l’électricité pour bana mayi (vendeurs d’eau ambulants), la cuisine, ce qui a entraîné par ricochet, dactylographes (écrivains publics), etc. une augmentation du prix du bois. On (Lukeso P., 2005). notera aussi une étude de la situation Dans l’ouvrage Vivre et survivre à socio-économique des «navetteurs» de Kinshasa, une communication analyse Kisenso, avec une foule de tableaux sta- tout particulièrement, dans le secteur du tistiques dont certains sont pleins petit commerce, le fonctionnement des d’intérêt mais d’autres parfois apparais- liglabos, c’est-à-dire des échoppes sent peu utiles (par Lelo Nzuzi F., Dickens mobiles, sans local fixe, les stratégies E., Loka Kongo et Mvubu Ntoto). Une développées par les boutiquiers, y com- communication fait le bilan de l’impact du pris les petites fraudes sur les poids et Fonds Social Urbain sur la qualité de vie. mesures et les procédés à la limite de la Des améliorations sont incontestables. Le magie pour attirer la clientèle. Il semble FSU a soutenu 44 «Initiatives Locales de que l’auteur ne mette pas vraiment en Développement» dans le secteur du drai- doute l’efficacité de ces derniers. Il nage et des voiries, la lutte anti-érosive, la conclut d’ailleurs qu’«il y a un «mystère» réhabilitation d’écoles, l’appui à des acti- dans cette façon congolaise de survivre, vités génératrices de revenus (vendeuses on dirait qu’il y a une puissante main invi- de pain, couturières, maraîchage, éleva- sible qui soutient la traversée tumultueuse ge de volaille, de porcs, etc.), l’aménage- de la pirogue congolaise devant les ment de points d’eau, de latrines, les pro- tempêtes dévastatrices dans cet océan grammes de formation pour 130 ONG. de la misère vers des horizons inconnus». Mais que deviendra tout cela quand le Ce n’est pas la première fois que nous projet se terminera (sa durée prévue était rencontrons dans des ouvrages scienti- de quatre ans)?(Kamavu Dungo). Notons fiques, ou que nous avons entendu dans aussi une mise au point sur les petites et des réunions scientifiques, y compris des moyennes entreprises de production soutenances de thèse, des réflexions sur- dans la commune de Kalamu (Ali prenantes de ce type (l’auteur n’hésite Emedi A). Certaines communications pas à la souligner dans le texte) sur la étendent leurs préoccupations à l’en- prétendue puissance d’une magie africai- semble du Congo, comme celle sur la ne qui expliquerait ce que le chercheur «pauvreté féminine et sécurité alimen- ne peut expliquer (Ngunu Kasai D.P., taires des ménages en RDC» (Bambila 2004). Mulumba H.). Une autre traite le cas de Pourrait-on vivre uniquement des res- l’accessibilité aux soins de santé dans la sources d’une activité agricole dans la commune de Ngaba (Kebela Kebela P.). ville? L’analyse comptable de plus de 300 D’autres envisagent des stratégies de exploitations de divers quartiers de survie spécifiques. Kinshasa (120 exploitations maraîchères On trouvera une étude de la structure et produisant de l’amarante, 40 exploitations

348 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 de tilapia, 60 exploitations porcines, 120 se». La hausse considérable des prix du exploitations de poules pondeuses, 3 charbon de bois a entraîné une réduction exploitations de champignons), arrive à la du nombre de repas chauds. La viande conclusion qu’aucun exploitant n’arrive à de gibier devient de plus en plus rare. La rentabiliser son exploitation (la vente de la voie d’eau prend une part accrue dans production ne couvrant pas les frais fixes) l’approvisionnement de la ville. On assis- parce que celle-ci est trop petite, parce te à une surexploitation de la mosaïque que le niveau de formation de l’exploitant écologique (Trefon Th., 2000). est insuffisant et qu’il manque de crédit. Pour survivre, l’habitant de Kinshasa com- Mais peut-on croire qu’il s’agisse vraiment bine ainsi des comportements tradition- d’un simple passe-temps? De tels résul- nels et des comportements qui expriment tats ne dépendent-ils pas aussi du systè- sa vision de la «modernité». Il utilise de me de comptabilité qui est utilisé? On multiples réseaux de solidarité: commer- notera, fait particulièrement intéressant, ciaux, communautaires, religieux, paren- que de plus en plus d’hommes manifes- taux. Mais, face à ses problèmes et à tent de l’intérêt pour le maraîchage (ils ceux du pays, il ne semble pas parvenir à sont 80 % dans l’échantillon retenu), que transformer ses discours et ses attentes beaucoup d’exploitants ont un niveau en une mobilisation politique (Trefon Th., d’instruction élevé (30 % des éleveurs de 2002). poules pondeuses ont fait des études Un phénomène largement lié à la pau- supérieures ou universitaires) (Kinkela vreté est la prostitution. On trouve, à Savy et Mpanzu Balomba, 2004). Kinshasa, en 1994, cinq catégories de Pour lutter contre la pauvreté, le micro- prostituées: 1) les prostituées d’hôtels, de crédit (épargne et crédit) est souvent pré- maisons de passe, 2) les prostituées de la conisé. Un projet de ce type, soutenu par rue (les «londoniennes», surnommées la faculté catholique de Kinshasa et la ainsi en raison de leur tenue à l’occiden- faculté catholique d’Anvers, est discuté tale), 3) les prostituées des bicoques, les dans un colloque (Erpicum R. et Luzolele, Mingando, généralement plus vieilles, 1998). dans les quartiers populaires, 4) depuis Theodore Trefon a rassemblé une douzai- une dizaine d’années, les phazeures, ne de communications de 18 auteurs, adolescent(e)s qui passent la nuit en congolais pour la plupart, sur le thème dehors du toit familial, dans la rue, des des réponses populaires à la faillite de hangars, etc., 5) les prostituées clandes- l’Etat. Y sont envisagés différents aspects tines (et occasionnelles), femmes de la vie quotidienne: les activités de mariées, étudiantes, écolières, etc.. débrouille, l’approvisionnement en eau et L’information sur le sida est très déficien- en produits alimentaires, la santé te dans tous ces groupes où l’analphabé- publique, le rôle des ONG, les transferts tisme est très fréquent (Nzilambi Nzila E. d’argent des immigrés en Europe, l’évolu- et al., 1996). tion de la composition du ménage en rap- Un autre fait caractéristique de la ville port avec le déclin économique, les congolaise actuelle – et de nombreuses enfants de la rue et le monde occulte, les autres villes africaines – est l’abondance phénomènes de violence dans la des enfants de la rue que les guerres musique et la politique, etc. (Trefon T., civiles et les effets du sida ont multipliés. 2004). Dans une autre publication, T. On trouvera quatre communications sur Trefon analyse les aspects de la pauvreté les enfants de la rue et les jeunes filles de dans la ville. Malgré un certain ralentisse- Kinshasa et un sur les jeunes de la rue de ment de la croissance démographique, Kisangani dans un ouvrage collectif l’espace urbain et périurbain continue à consacré à ce phénomène en Afrique être phagocyté par les habitations, les Noire (Marguerat Y. et Poitou D., 1994; cultures vivrières, la destruction des Muwalawala K., Mukenz-Dibayam Kabn, forêts pour le bois de chauffe. Les Mnongompasi a’Nkuba, Mpey-Nka espaces intraurbains disponibles sont uti- Ngubusim). De nombreux termes s’appli- lisés pour les potagers. La ville se «rurali- quent à ces enfants: moineaux, vaga-

BELGEO • 2009 • 3-4 349 bonds, shege, enfants abandonnés. On te seulement un autobus pour 8 000 habi- distingue généralement les «enfants de la tants. Mwanza ma Mwanza a soutenu une rue» qui passent leur vie dans la rue et ne thèse sur ce sujet. Il en a tiré un livre qui gardent pas leur contact avec leur famille en reprend quelques parties et qui fournit et les «enfants dans la rue» qui rentrent notamment une vue historique très com- chez eux le soir. Avec la situation de guer- plète de la question. Après un rappel des re, sont apparus aussi les «enfants tendances lourdes de la croissance séparés» et les «enfants associés aux urbaine et des structures socio-écono- forces et groupes armés». Kakudji expo- miques, il analyse les rapports, études et se les méthodes qui lui ont permis de projets techniques successifs ainsi que nouer des contacts avec ces enfants et les études académiques. Il a mené une de reconstituer leurs itinéraires de vie, enquête auprès des transporteurs dans l’est du Congo où l’UNICEF a monté urbains et a analysé les déplacements un programme de recherche sur leur réin- quotidiens en insistant sur les déplace- sertion (Kakudji A., 2006). Une grande ments des écoliers qui en représentent menace pèse sur eux, celle d’être une part importante (55 % des déplace- accusés de sorcellerie (De Boeck F., ments journaliers). Il s’interroge sur l’é- 2000) et rangés dans le monde des chec d’une tentative de monopole public démons (Elongo Likulunga V., 2002). Sur et décrit les stratégies d’adaptation de la le rôle des enfants dans la société urbai- population à la crise (Mwanza ma ne congolaise actuelle, dans et hors des Mwanza, 1997). Dans des articles anté- familles, et la question des enfants-sor- rieurs, il avait décrit l’atomisation de l’offre ciers, voir aussi les articles de De Boeck privée et la baisse de la capacité (1995) F. (2005) et De Boeck F. et Honwana A. et montré qu’une décentralisation des (2000) et sur les shege de Kinshasa, ceux équipements scolaires pourrait contribuer de Biaya Tshikala K. (2000 et 2005). Le à réduire quelque peu les problèmes de numéro 80 (décembre 2000) de Politique mobilité pour les écoliers. Il avait proposé africaine est consacré à ce thème qu’une cellule spéciale soit chargée d’é- (Enfants, jeunes et politique) qui englobe tablir et d’ajuster à intervalles réguliers un aussi celui des enfants-soldats (Honwana canevas opérationnel (1996). Dans un A., 2000). Sur les enfants-sorciers, voir article plus récent, il revient sur la néces- aussi Tonda J., 2008. sité, dans la période de crise que traver- Des bandes de jeunes transforment la rue se le pays, de minimiser les déplace- en scènes de violence la nuit. Ces ments scolaires. L’analyse des facteurs bakumbusu (gorilles en lingala) se livrent de choix des établissements scolaires à des combats inspirés des gorilles, montre que ces choix sont surtout qualita- inventés semble-t-il dans la dernière tifs. Il faudrait donc améliorer la qualité décennie du Congo colonial, combinant des écoles des quartiers périphériques une lutte traditionnelle des Mongo avec ou des quartiers défavorisés et, de façon des pratiques de combat asiatiques et générale, améliorer l’offre en services orientales. Elles proposent un modèle de socio-collectifs (Mwanza wa Mwanza, masculinité différent de celui du sapeur et 2000) du staffeur (Pype K., 2007). • Les problèmes de gestion urbaine et • La mobilité urbaine d’environnement

Dans l’énorme agglomération qu’est La gestion de Kinshasa pose de multiples aujourd’hui Kinshasa, et dans les condi- problèmes: problèmes de pentes, pro- tions de précarité de ses habitants, les blèmes de spéculation foncière, soit de problèmes des transports urbains appa- petite spéculation, une famille achetant raissent difficilement solubles. Non seule- plusieurs terrains, soit de spéculation ment il y a sous-équipement des quartiers capitaliste lorsque l’achat porte sur de récents mais il y a dégradation de la grands espaces encore libres, problèmes situation des quartiers anciens. On comp- de services urbains (malgré les efforts

350 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 faits dans certains quartiers), de trans- d’organismes internationaux n’ont le plus port, d’enseignement, de services de souvent qu’un effet éphémère. La seule santé, problèmes de moyens pour les col- méthode efficace serait d’empêcher l’ins- lectivités locales qui ont à leur charge tallation anarchique d’habitations sur les toute une série de services, avec la cir- pentes dépassant une certaine valeur constance aggravante que des services (4%?). La ville basse souffre d’inonda- restant à la charge de l’Etat ne sont pas tions pendant la saison des pluies (crues rendus, problèmes d’environnement. Très des rivières dont le lit a parfois été curieusement, dans les quartiers dits encombré par les alluvions apportées par d’habitat spontané, l’insécurité foncière les ravines d’érosion, remontée de la crue n’est pas aussi grande qu’on pourrait le du fleuve dans les régions les plus croire, d’abord parce que l’administration basses, remontée de la nappe phréa- n’a pratiquement aucune capacité de tique, mais aussi rupture d’un bassin modifier les situations acquises, ensuite d’orage mal entretenu, etc.). Ces inonda- parce que les acquisitions foncières se tions peuvent causer en outre de gros font dans des cadres semi-traditionnels dégâts aux cultures rizicoles pratiquées qui leur assurent une certaine garantie dans certaines régions basses. Un autre (Kankonde Mbuyi, 1993). problème est l’absence d’évacuation des Nous avons évoqué déjà les problèmes ordures ménagères. Des décharges non typiques de l’environnement tropical contrôlées se développent autour de urbain, celui des ravines d’érosion, à pro- chaque marché. Les ordures sont pos de Kikwit et d’Uvira (voir le chapitre déversées dans les collecteurs d’évacua- consacré à la géomorphologie). Un livre tion des eaux ou dans les ravines (pour d’un professeur de l’Université de les combler et dans le but de lutter ainsi Kinshasa l’envisage avec l’ensemble des contre l’érosion?). Seuls quelques quar- problèmes environnementaux de l’ag- tiers bénéficient d’une collecte organisée glomération. Il évoque d’abord la façon privée ou publique. Quelques ONG en dont une partie de la population aborde organisent dans des quartiers populaires. encore ces problèmes en leur attribuant Certes des chiffonniers récupèrent une des causes surnaturelles sur lesquelles partie des déchets, surtout le papier, et elle n’aurait donc pas de prise (érosion des ordures sont utilisées comme com- déclenchée par des sorciers, inondations post par les maraîchers mais cela est provoquées par des monstres vivant dans insuffisant. Il faudrait une éducation de la les fleuves et les rivières, maladies population. L’auteur compte beaucoup considérées généralement comme sur les jeunes pour amorcer une prise de n’ayant aucun lien avec l’insalubrité du conscience des problèmes environne- milieu). Il rappelle les effets sur la végéta- mentaux et faire disparaître le sentiment tion environnante de l’accroissement d’une ville-poubelle, conséquence d’une d’une agglomération, qui compterait 8,2 mauvaise gouvernance et surtout de la millions d’habitants en 2007. A l’intérieur pauvreté. Le livre contient beaucoup de du périmètre urbain, les arbres qui ne détails pittoresques (Lelo Nzuzi F., 2008). portent pas de fruits utilisés par la popu- lation sont condamnés à fournir du bois • La vie et la culture urbaines de construction ou du bois de feu. Certes, après un certain temps, les quartiers nou- Pour l’étude de la ville vue par ses habi- veaux se couvrent d’arbres fruitiers tants, les publications de l’équipe de l’an- plantés à l’intérieur des parcelles mais, en thropologue Filip De Boeck sont une sour- dehors de celles-ci, tous les arbres non ce indispensable. Dans l’une d’elles, des fruitiers disparaissent rapidement. anthropologues et un architecte discutent L’auteur a établi personnellement plu- avec des Kinois (un écrivain, un psy- sieurs rapports demandés par le chiatre, un spécialiste des droits de Ministère des Travaux publics sur les l’homme, etc.) de la spécificité de l’urba- ravines d’érosion. Les mesures prises par nité en Afrique centrale et dessinent la les services techniques avec le soutien géographie d’un imaginaire dans lequel

BELGEO • 2009 • 3-4 351 la ville est mise en relation avec le corps, monies sociales (comme les deuils et les la sexualité, l’argent, la mort et la folie funérailles). C’est là aussi que les musi- (Deboeck F., Van Synghel K. et Lombune ciens africains sont en contact avec les Kalimasi V., 2005). Un autre livre illustre chansons venant d’Europe puis, par l’in- les imaginaires sociaux et culturels des termédiaire de l’Europe, avec la musique habitants de Kinshasa. Il reprend une par- négro-américaine. C’est là aussi que les tie des très belles photographies d’une missionnaires ont cherché à africaniser exposition réalisée par ses auteurs, com- les chants liturgiques (Romain V., 2001). mandée par la Communauté Flamande et Sur le développement de la rumba à qui avait obtenu le Lion d’Or à la Biennale Léopoldville, pendant l’époque coloniale, d’Architecture de Venise (De Boeck F. et on lira l’article de Munda Tehebwa, 2008. Plissart M.-F., 2005). La musique moderne congolaise est Si l’on veut sentir le pouls de l’aggloméra- essentiellement un produit de la ville. A tion kinoise, écouter les rumeurs et perce- partir de groupes de jeunes musiciens voir jusqu’aux plus humbles des pro- qui ont fait leur apparition à Léopoldville blèmes de la vie quotidienne, on lira les pendant la deuxième guerre mondiale, recueils des chroniques publiées dans elle a été le terrain par excellence où des périodiques de la capitale et l’Africain a pu échapper au patronage quelques périodiques européens par Lye européen. Depuis les années 70, il y a eu M. Yoka. Ces textes très vivants, pleins effacement de la musique brazzavilloise d’humour ou parfois très profonds, ont un par rapport à la musique kinoise et dépla- défaut mineur mais quelque peu gênant, cement d’une partie des espaces de celui de ne pas toujours être datés. Ils création vers Paris (Strasbourg-St-Denis) couvrent les deux dernières décennies du et Bruxelles (Matonge). On retiendra XXe siècle et traitent notamment les évé- aussi des phases d’inhibition locale par nements et les effets de la transition poli- les logiques politiques (socialisme scien- tique entamée en 1990. Dans le deuxiè- tifique au Congo-Brazzavillle, authenticité me recueil, on trouvera, par exemple, une au Zaïre) qui ont contraint les musiciens à chronique sur la guerre du 26 août 1998 célébrer les régimes en place, mais aussi avec d’intéressantes réflexions sur les une mondialisation de la production ainsi formes prises par la violence des habi- que des phases de renouvellement. La tants contre les envahisseurs et leurs pré- musique congolaise «demeure solidaire tendus complices, sur la diabolisation des de l’évolution sociale et politique» détenteurs de téléphones portables ou (Gondola C.D., 1993). d’appareils satellitaires soupçonnés d’ap- La vie au quotidien dans les villes est partenir à une communauté ennemie illustrée de façon naïve mais vigoureuse omniprésente Peut-être y décèlerait-on dans la peinture populaire. Celle-ci com- parfois un peu trop d’indulgence, ou de mence d’ailleurs à être connue en Europe complaisance, envers les auteurs des vio- et en Amérique du Nord (Knockaert A., lences (Yoka Lye M., 1995, 1999) 2004; Jewsiewicki B., 2002). Voici une nouvelle contribution à un Sur divers aspects de la culture urbaine, thème qui a inspiré déjà divers auteurs: la particulièrement dans le domaine de la comparaison entre Kinshasa et littérature et surtout pendant l’époque Brazzaville (Gondola C., 1997). coloniale, on consultera les ouvrages de C’est dans les villes que la musique afri- (ou édités par) Halen P. (1993). L’un de caine a évolué le plus fortement. La ceux-ci traite des images de l’Afrique et musique «traditionnelle» a été longtemps du Congo dans la littérature des lettres mal connue (à part le stéréotype des françaises de Belgique. chants des piroguiers de l’Uele). On s’intéressait davantage à l’ethnographie Lubumbashi des instruments de musique. Dans les villes, entre les deux guerres, on assiste à Lubumbashi a fait l’objet d’études une adaptation des danses et des chants récentes entreprises dans le cadre de villageois accompagnant certaines céré- son Université en collaboration avec des

352 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 centres de recherches de Belgique et du consacré un autre ouvrage, intitulé Canada. Ainsi un projet de recherches Byakula, c’est-à-dire «les aliments» (Petit élaboré en commun avec des centres de P., 2004). Sont étudiés ainsi 1) les réseaux l’Université de Bruxelles et de l’Université d’approvisionnement (aliments de brous- de Liège a créé un Observatoire des se, agriculture périurbaine, calendrier ali- changements urbains (devenu par la mentaire, réseaux formels et réseaux suite un centre de recherches de informels); 2) la sphère domestique de l’Université de Lubumbashi) qui a dressé l’alimentation (repas, préparation, conser- des images précises et détaillées de la vation, la journée alimentaire, la part dans situation. Plusieurs ouvrages en rendent les budgets ménagers); 3) les concep- compte, sous la direction ou sous la tions sur la disette, la malnutrition et la plume de Pierre Petit. Voici d’abord, sous prise en charge de ces problèmes; 4) les sa direction, un premier rapport des réseaux sociaux et les interdits alimen- recherches faites de juin à octobre 2000 taires; 5) les représentations populaires et (Petit P., 2001) puis un article qui com- les aspects symboliques de l’alimenta- mente les premiers résultats. Par suite du tion.. On verra notamment dans ce der- regroupement de Kasaïens «refoulés» nier et gros chapitre que, si la crise a d’autres villes du Katanga et de l’afflux de contraint les Lushois à renoncer à cer- réfugiés de guerre, la ville aurait atteint taines habitudes de consommation et à 1 200 000 habitants en 2002. Rappelons en adopter d’autres, cela s’est toujours qu’en 1994, la population de la ville dont fait en respectant les interdits. la croissance avait fortement ralenti, était Un autre ouvrage résume les résultats de estimée à 750 000 habitants (Bruneau J.- l’enquête portant sur un dixième des Cl., 1995). L’analyse d’un échantillon de ménages de l’agglomération en juillet- 84 ménages répartis dans les différents août 2002, analyse les sources de reve- quartiers montre que, par rapport à 1973, nus et évalue la qualité de l’habitat il y a augmentation de la taille des (Nkuku Khonde et Rémon M., 2006). ménages: 7,5 personnes en 2000 contre L’Observatoire sur le changement urbain 6,6 en 1973. Il y a diversification des res- a dénombré en 2003, 2000 enfants dans sources budgétaires (63 % des ménages la rue et 700 enfants de la rue, Ces der- pratiquent au moins une forme de com- niers dorment dans des abris précaires, merce quel que soit leur niveau social). les «karemas» (sous un étal de marché, La part du travail salarié s’est fortement dans une cabine téléphonique, dans un réduite. Celle des dépenses alimentaires kiosque de magasin). Ces shege sont à la dans le budget a diminué: 44,6 % en fois, pour les autorités politiques et la poli- 2000 contre 61,5 % en 1973, dans un ce, un instrument informel à manipuler, budget total moyen mensuel actuel de des victimes à sauver, des êtres insigni- l’ordre de 160 US $ par ménage. Mais fiants à bafouer et une force dangereuse c’est grâce à l’accroissement de l’auto- à réprimer. «Du fait de la logique d’action production vivrière y compris dans les des représentants de l’ordre et des parcelles habitées. L’ingéniosité du voca- enfants de la rue, la tension sous-jacente bulaire de l’économie seconde, dont l’ar- à leurs rapports est traversée par un cou- ticle fournit quelques exemples, traduit rant alternatif, entre collaboration et bien les difficultés de la vie en ville (Petit confrontation» (Kahola Tabu O. et P., 2002). Celles-ci sont développées Rubbers B., 2008). dans un ouvrage publié en 2003, avec le même éditeur, qui, outre de nombreuses Les relations quotidiennes avec l’Etat. informations sur la vie quotidienne, com- porte une étude des budgets ménagers La situation peut paraître paradoxale. Alors permettant une comparaison avec l’en- que l’Etat est défaillant et quasi inexistant quête de Houyoux J. et Lecanoet Y. et ne fournit plus en tout cas tous les ser- publiée en 1975 (Petit P., 2003). Ces diffi- vices qu’il doit au citoyen, les fonction- cultés apparaissent aussi très bien dans naires sont omniprésents dans la vie quoti- le domaine de l’alimentation auquel est dienne: douaniers ou agents du fisc préle-

BELGEO • 2009 • 3-4 353 vant des taxes officielles ou officieuses, maladies sont mal identifiées par la popu- policiers réclamant des amendes pour des lation (Assumani S., Kakese B. et Solotshi délits réels ou imaginaires, employés M., 1993). municipaux percevant une rémunération occulte pour la délivrance de tout docu- LES AUTRES VILLES ment officiel, etc. Ces scènes de la vie courante sont décrites dans les interviews Le petit commerce reste un élément de d’acteurs caractéristiques de la vie urbai- stabilité sociale. A Kisangani, ville qui ne: un transporteur (à vélo) de charbon de compte 330 000 habitants au début de la bois, un boulanger (grec), un marchand de décennie 1990, il emploie 12 000 per- matériaux de construction, un taximan, un sonnes dont une bonne part de façon tenancier de nganda (lieu de rencontre de occasionnelle. Il y a 1100 étals dans les type snack-café), une commerçante du rues et 247 boutiques dans les quartiers marché, un pasteur, des changeurs d’ar- où les grandes artères sont équipées en gent, un tenancier d’un cybercafé, etc. électricité. Il y a une vingtaine de marchés (Trefon Th., 2007). Voir aussi sur le secteur de jour et 46 marchés nocturnes (alimen- informel dans la ville, l’article de Rubbers taires d’appoint). Les Libanais ont repris B. (2007). la plupart des commerces «zaïrianisés» La multiplication des ONG locales depuis qui ont fait faillite et tiennent donc le com- la fin des années 80 en milieu urbain merce «moderne» (Baya Ki Malanda, (auparavant elles étaient mal tolérées par 1993). le régime mobutiste) serait une étape vers Un autre exemple de la relation avec l’ad- l’éveil d’une société civile. Le cas est ministration nous est fourni par l’analyse traité à Lubumbashi, en comparaison du fonctionnement du cadastre, notam- avec la situation à Cotonou (Pirotte G. et ment à Mbuji Mayi. Documents et autori- Poncelet M., 2002; Poncelet M. et al., sations ne s’obtiennent pas par des voies 2006). directes mais par un système indirect de Voici quelques contributions mineures à relations avec les différents membres de des aspects de la vie sociale et écono- l’administration où chacun de ceux-ci mique Un signe de différenciation socia- perçoit sa part (Piermay J.L., 1993). le a été l’apparition de grandes antennes La libéralisation de l’exploitation et de la paraboliques orientables (plus de 2,7 m commercialisation du diamant artisanal a de diamètre) permettant de capter les accéléré encore la croissance démogra- émissions de télévision retransmises par phique de Mbuji Mayi, qui compterait vers satellite. Elles sont possédées par 0,6 % 1995 environ 700 000 habitants. Dès des ménages et sont localisées presque 1984, 10 000 «diamantaires» y sont exclusivement dans la «ville» (centre d’af- recensés officiellement. Cette activité a faires et quartiers résidentiels aisés) et entraîné le développement d’un réseau sont absentes des quartiers populaires parallèle de postes et de télécommunica- (Lufuma Kapenda A., 2000). tions, version informelle congolaise de Une recherche intéressante, mais qui n’a DHL, les coursiers-convoyeurs (les «tin- pas donné de résultat concluant, a été deurs») qui transportent le diamant à menée dans un échantillon de 1000 Kinshasa et en rapportent des valises ménages répartis dans 28 quartiers, sur d’argent-papier. Nombreux hôtels, bars, la corrélation entre les caractéristiques de restaurants. L’aéroport est le deuxième du l’environnement et la nature des maladies pays pour le transport des voyageurs. dont ces ménages ont souffert. Les quar- Dans le Kasai occidental, Tshikapa, autre tiers ont été classés par l’analyse facto- ville du diamant, est aussi en pleine rielle puis il a été procédé à une analyse expansion (Nzuzi Lelo, 1995). combinée de la matrice de l’environne- Bien que le chef-lieu ait été transféré à ment et de la matrice des maladies. Bandundu depuis 1967, Kikwit est resté la Aucune corrélation n’a pu être établie, en ville la plus importante de sa province grande partie sans doute parce que les (200 000 habitants en 1998? les autorités

354 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 communales parlent de 450 000). Et cela petits commerces mais aussi dans l’hôtel- malgré l’absence d’industrie, la pénurie lerie, les bars, etc. et des activités qu’on d’eau (on puise dans les rivières) et d’é- ne s’attendrait pas à trouver dans une ville lectricité (la ville est en permanence dans intérieure comme des cambistes ou des l’obscurité), les menaces de l’érosion (une comptoirs de diamant. Au total, la présen- quarantaine de ravines déchirent la ville, ce et les activités des Bana Lunda voir l’article de Salomon, 1998, cité plus auraient contribué à la résistance à la haut). C’est que Kikwit bénéficie de sa crise (Sima J., 2001). relative proximité de Kinshasa, par la Au confluent du Kwango et du Kwilu, route, de sa localisation dans une région Bandundu, cet ancien poste colonial bien peuplée et à forte activité agricole, assoupi (il s’appelait Banningville de 1932 d’une population relativement instruite et à 1966), dont le rang administratif a varié fortement christianisée (la radio locale est au cours du temps (chef-lieu d’un grand celle de l’évêché). Formée essentielle- district avant 1932 puis simple chef-lieu ment de gens venant des régions de territoire), port en déclin, est devenu, à proches, sa population a conservé de la suite d’une réorganisation du Zaïre en nombreux liens avec le milieu rural et par 1969, le chef-lieu de la grande province, conséquent continue à être contrôlée, qui porte son nom et qui est constituée de dans une certaine mesure, par les anciens toute la partie orientale de l’ancienne pro- du milieu rural, ce qui se marquerait par vince de Léopoldville. Il a reçu ainsi de l’absence d’enfants de la rue (du moins nouveaux équipements et a vu s’installer une bien plus faible proportion qu’à de nombreux fonctionnaires. Sa vie poli- Kinshasa) ou de petits voleurs à la tire. La tique était dominée par des «barons» du majeure partie des ménages recourent à pouvoir Mobutu. On y parle d’ailleurs le l’agriculture pour assurer leur subsistance. lingala. La ville, qui avait 64 000 habitants Fait remarquable: la ville est à prédomi- en 1970, en aurait 134 000 en 1990. La nance féminine. Les jeunes hommes sont ville semble s’imposer difficilement dans attirés par les zones minières de l’Angola sa province en raison de l’existence d’une (où ils travaillent de façon clandestine) ou ville plus importante, Kikwit (Maboloko de la zone frontalière (exploitations de dia- Ngulambangu C.E. et Mbenga Mpiem mant de Tembo, dans le lit du Kwango). Le Ley, 1995). ménage moyen est plus petit qu’à Qu’est devenue la ville de Kigali, après la Kinshasa (6,8 membres contre 7,9). La catastrophe de 1994? Un rapport établi situation sanitaire est préoccupante. La pour un organisme de l’ONU, indique qu’un ville a connu en mars 1995 une épidémie an plus tard, la ville a retrouvé le même de fièvre Ebola (Ngondo a Pitshandenge, nombre d’habitants qu’avant le génocide 2000b). Dans la vie économique de la (en 1993, 262 000; en avril 1994, 80 000 ville, les Bana Lunda ont joué un rôle non morts; en juillet 1994, moins de 90 000 négligeable. Mais le bilan social est sans habitants; en 1995, 270 000) mais la com- doute assez lourd: déstabilisation des position a totalement changé. Au cours des foyers, développement du sida, accrois- massacres, peu d’immeubles ont été sement du coût de la vie, perte d’une par- détruits. La ville est tenue désormais par tie scolarisée de la population masculine. des élites tutsi et l’on peut craindre un Par contre on notera une amélioration de développement fondé sur des exclusions l’habitat, le développement du plurilinguis- ethniques et sociales (Pérouse de Montclos me (le portugais est parlé dans la ville), M.-A., 2000). Sur les enfants de la rue à des investissements dans de nombreux Kigali, voir Lenoble-Bart A., 1996.

BELGEO • 2009 • 3-4 355 LA DIASPORA

Ecrit d’une plume alerte, pourfendant cer- de Secours et de Développement taines idées reçues et jetant sur les faits Intellectuel et Moral de la Race Congo- un regard souvent caustique, un livre s’in- laise!) à Bruxelles, en 1919, l’arrivée aussi terroge sur les causes de la migration afri- de quelques commerçants, et, au milieu caine vers l’Europe, sur les problèmes des années 50, celle des premiers étu- rencontrés dans le pays d’arrivée et sur la diants universitaires que se disputent contribution que la migration peut appor- Bruxelles et Louvain. ter au développement du pays de départ. En 1991, il y a un peu plus de 13 000 Il s’intéresse principalement aux étudiants Africains non méditerranéens dans l’ag- (pendant longtemps les Congolais de glomération de Bruxelles dont 8 000 Belgique ont été surtout des étudiants) et Congolais, avec quelques noyaux de aux demandeurs d’asile. La déception concentration à «Matonge» (près de la devant la difficulté à obtenir un emploi Porte de Namur), dans l’ouest du correspondant à ses diplômes et devant Pentagone et dans quelques îlots à Laeken. l’obligation d’accepter des travaux Cette population a un niveau d’instruction considérés comme dégradants, transfor- généralement élevé, les adultes étant sou- me le jeune immigré, comme le dit la vent venus pour des études supérieures ou chanson du musicien congolais Vital, en post-universitaires et n’étant pas rentrés au une «feuille morte». Il paraît que le livre, pays, parfois en raison des conditions poli- lors de sa publication, avait suscité tiques. Elle est cependant marginalisée quelque émotion parmi la communauté dans l’accès à l’emploi (28 % seulement de africaine de Bruxelles, inquiète que l’auteur personnes actives). L’étude, subsidiée par dévoilât les astuces ingénieuses mais illi- la Région de Bruxelles-Capitale, analyse les cites utilisées pour contourner les obs- processus de survie, décrit des exemples tacles que l’administration belge cherchait d’itinéraires et de processus d’intégration et à opposer aux immigrants ou pour bénéfi- fait quelques propositions, notamment pour cier d’aides diverses. Dans sa conclusion que cette population puisse mieux valoriser dans l’ensemble peu optimiste, l’auteur son savoir dans la société d’accueil plaide notamment pour le rapatriement au (Mashini Dhi Mbita Mulenghe, 1998). Les Congo, rapatriement éventuellement assor- Congolais sont plus nombreux en France ti d‘une amnistie pour les capitaux qui ont qu’en Belgique (22 740 en 1993 contre été transférés en Europe par les bénéfi- 14 606 en Belgique). Lututala a mené une ciaires du régime mobutiste (Mayoyo enquête qui montre que 14 % seulement Bitumba Tipo Tipo, 1995). Sur le même des migrants à Paris ont l’intention de thème, mais avec une perspective plus his- retourner définitivement dans leur pays, torique, voir aussi la publication de Zana 12 % sont indécis, tous les autres ont Aziza Etambala Z.A. (1993), qui avait pré- décidé de rester en France. Il montre la dif- senté une thèse à la KUL en 1989 sur ficulté à estimer le montant des transferts «Présences congolaises en Belgique, monétaires, l’intérêt d’enquêter au Congo 1885-1940». Elle décrit l’arrivée de sur la façon dont les fonds transférés sont Congolais, depuis les expositions d’Anvers utilisés. Il établit un tableau de la pertinence de 1885 et 1894, celle de Bruxelles- et des limites des sources de données que Tervuren en 1898, les petits boys, souvent l’on peut recueillir (sources documentaires enfants de chefs envoyés par des officiers, et enquêtes). Il a ressenti la difficulté pour des enfants venant vers 1900 pour acqué- un Congolais, qui continue à résider dans rir une instruction de niveau primaire et son pays, d’enquêter auprès des Congolais devenir des auxiliaires de missions, des de la diaspora, qui, malgré souvent la pré- jeunes Congolais qui, se trouvant en carité de leur propre situation, manifestent Belgique, se sont enrôlés dans l’armée fréquemment un sentiment de supériorité belge et ont combattu sur le front en 1914, envers ceux qui sont restés au pays la création de l’Union Congolaise (Société (Lututala B., 2006).

356 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008 Sur le rôle des membres de la diaspora ron): dans un groupe de demandeurs dans les trafics entre l’Europe et le d’asile arrivés à partir de 1980, des Congo, voir MacGaffey J. et Bazenguissa, femmes ont reconstitué des tontines et des 2000. mutuelles informelles (likembela et moziki) Un exemple de transferts d’encadrements analogues à celles de Kinshasa (Bagalwa du Congo à la communauté congolaise Mapatano J., 2000). installée en Suisse (3 100 personnes envi-

CONCLUSION

Avec cette chronique, qui couvre une reprises, l’impression de redites, plusieurs grosse quinzaine d’années et qui est la auteurs traitant parfois des mêmes sujets vingt et unième de sa série, c’est donc en allant jusqu’à utiliser des titres à peu soixante années de publications sur le près identiques. Le domaine rural, très Congo, le Rwanda et le Burundi qui ont négligé, a été traité souvent à partir de été passées en revue, d’abord par Pierre recherches antérieures à 1994. Les études Gourou de 1949 à 1960, par Pierre urbaines ont été nettement plus fournies Gourou et nous-même de 1961 à 1964, mais sur des thèmes déjà abordés dans la par nous-même à partir de 1965. décennie antérieure. Là aussi il y a sur- S’il apparaît difficile et sans grande signi- abondance de certains sujets comme par fication de tenter un bilan de la période exemple les activités du secteur informel couverte par cette chronique, on ne peut qui tend à être considéré désormais s’empêcher de faire quelques constata- comme un élément permanent du système tions. économique et social. La figure 1 confirme ce qui a été dit dans Pour les espaces qui ont été frappés par l’introduction de cette chronique, c’est-à- les événements les plus violents, nous dire, dans le domaine des sciences manquons, du moins à notre connaissan- humaines, la forte proportion des études ce, de travaux qui permettraient de faire le menées en milieu urbain (un peu plus de point sur les changements qui en ont 40 %) et, pour l’ensemble des recherches, résulté et finalement sur la façon dont les une localisation prédominante sinon problèmes se posent aujourd’hui. Tout au exclusive, d’une part au sud-ouest d’une plus disposons-nous de témoignages de ligne allant du confluent Congo-Kasai au journalistes. Nous connaissons mal les sud du lac Tanganyika et, d’autre part caractères et les effets des interventions dans les hautes terres orientales (Kivu, de nouveaux agents extérieurs, comme Ituri, Burundi, Rwanda). ceux qui, à la faveur des événements et Dans des pays déchirés par des événe- des changements gouvernementaux, se ments dramatiques, des guerres civiles, disputent les anciennes concessions des passages de troupes armées diverses, minières. Aucune étude précise n’a été l’effondrement de l’économie et de l’Etat et faite jusqu’à présent sur les effets des la crise de l’enseignement et des univer- interventions de la Chine que sa faim de sités, cette période n’a guère été propice à matières premières conduit à s’intéresser une recherche scientifique détachée des de plus en plus au Congo. contingences matérielles. Cela se marque Un vaste champ s’ouvre certainement aux dans les thèmes étudiés. Il y a eu pléthore chercheurs. Le rétablissement de la paix et de thèmes politiques traités souvent par l’aboutissement des réconciliations natio- des observateurs extérieurs. Mais pour les nales devraient leur permettre de l’exploi- autres domaines, en dehors de la ter. Mais il est à craindre que ce ne soit pas recherche historique proprement dite où le dans l’immédiat. Au moment d’achever point de vue africain s’affirme progressive- cette chronique, nous avons sous la main ment, il y a eu peu d’orient ations nouvelles. un de ces bons ouvrages de vulgarisation On a progressé très modérément dans les et de documentation qui vient d’être publié domaines habituels. On éprouve, à maintes en 2009 (Huart A. et Tombeur F.). Le titre

BELGEO • 2009 • 3-4 357 Congo, un pays magnifique, est d’un tialités de ce territoire? Mais leur mise en enthousiasme communicatif, peut-être un valeur exige, tant dans les campagnes peu trop appuyé (le livre est destiné à ser- que dans les villes, une évolution des vir de document de référence pour tout le encadrements sociaux et politiques, qui système éducatif du pays). Son optimisme est bien lente à se manifester et qui ne certes ne manque pas de fondements. Qui peut être accomplie que par les habitants pourrait nier en effet les immenses poten- eux-mêmes.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ABRÉVIATIONS UTILISÉES POUR LES (depuis 2000), Belgisch Tijdschrift voor REVUES ET LES ÉDITEURS CITÉS DANS Geografie, Belgische Zeitschrift für CETTE BIBLIOGRAPHIE Geographie, Belgian Journal of Geography ARSOM: Académie Royale des Sciences GEO-ECO-TROP: Journal International de d’Outre-Mer, Bruxelles; Koninklijke Acade - Géographie et d’Ecologie Tropicales, mie voor Overzeese Wetenschappen. édité à Liège. Depuis 2006, la géologie Bull. ARSOM: Bulletin des Séances de est aussi mentionnée dans le titre. l’ARSOM: Mededelingen der Zittingen van MRCA: Musée royal de l’Afrique centrale, de KAOW Tervuren. Bull. SOBEG: Bulletin de la Société Belge Lorsqu’un article comprend plusieurs d’Etudes Géographiques. Tijdschrift van auteurs, les noms du deuxième et du de Belgische Vereniging voor Aardrijks - troisième sont repris séparément avec un kundige Studies. renvoi au nom du premier. RBG: Revue Belge de Géographie (Bulle tin Pour certains auteurs congolais, nous de la Société Royale Belge de Géogra- n’avons pu établir avec certitude leur nom phie), jusqu’à l’année 1999 incluse. principal. En cas d’erreur de notre part, Belgeo: Revue Belge de Géographie nous prions les auteurs de nous excuser.

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Henri Nicolaï henri.nicolai@ scarlet.be

manuscrit déposé en novembre 2009; révisé en février 2010

BELGEO • 2009 • 3-4 403 PLAN DES MATIÈRES

INTRODUCTION ...... 248 GÉNÉRALITÉS ...... 250 Le débat sur la recherche africaniste en Belgique...... 250 Les ouvrages généraux et encyclopédiques...... 251 La connaissance cartographique...... 251 LE MILIEU NATUREL...... 252 La climatologie ...... 252 La géologie ...... 255 La géomorphologie ...... 257 Les paléoenvironnements ...... 261 L’hydrologie et la limnologie ...... 262 La biogéographie ...... 263 LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTÉ ...... 268 Les maladies dites tropicales ...... 268 Le sida ...... 269 Les maladies virales nouvelles ...... 271 Recrudescence de la tuberculose ...... 271 La malnutrition et les maladies de carence ...... 271 Le fonctionnement des systèmes de santé ...... 272 LA DÉMOGRAPHIE ET LA GÉOGRAPHIE DE LA POPULATION ...... 274 Les données anciennes ...... 274 Les données actuelles ...... 274 L’HISTOIRE ...... 277 Généralités ...... 277 L’histoire précoloniale ...... 278 L’histoire coloniale proprement dite ...... 283 La décolonisation et les débuts du Congo indépendant ...... 295 Les événements des deux dernières décennies ...... 299 LA VIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DES CAMPAGNES ...... 307 Les groupes ethniques traditionnels et leurs techniques ...... 307 Les problèmes des hautes terres orientales ...... 314 Les problèmes de développement agricole et rural ...... 322 Le développement régional ...... 324 Les problèmes alimentaires ...... 326 LE SECTEUR INFORMEL ...... 328 Généralités ...... 328 Le développement de l’informel dans l’exploitation minière ...... 330 L’ÉCONOMIE NATIONALE FORMELLE ...... 332 L’évolution économique ...... 332 La réforme monétaire ...... 332 Le pillage des ressources ...... 333 L’apparition du téléphone mobile ...... 333 La mobilité et le transport ...... 335 LES PROBLÈMES DE L’ENSEIGNEMENT UNIVERSITAIRE ...... 335 LES VILLES ET LES PROBLÈMES URBAINS ...... 336 L’histoire urbaine ...... 336 La croissance urbaine et les réseaux urbains ...... 339 L’approvisionnement vivrier ...... 340 L’effervescence de la vie religieuse ...... 343 Les études sur les grandes agglomérations ...... 345 - Kinshasa ...... 345 - Lubumbashi...... 352 Les autres villes ...... 354 LA DIASPORA ...... 356 CONCLUSION ...... 357 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 358

404 Progrès de la connaissance du Congo, du Rwanda et du Burundi de 1993 à 2008