LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 1er JUIN 2001

SAINT-MALO DES BOUDDHAS PARTOUT Le 12e festival international La chronique du livre Etonnants voyageurs, de Roger-Pol Droit qui se tient du 31 mai page V au 4 juin, met le cap sur le Grand Nord FRANCE-ANGLETERRE : FREDERICK G. BURNABY pages II et III CLEMENCEAU Histoire d’une passion Le feuilleton de Pierre Lepape page II a JOURNALISTE page VI tumultueuse page VII Etonnants Stevenson et ses « brownies » Le parcours de Robert Louis Ste- mentateurs. Lui, au moins, s’évade et la brièveté. Il admire Victor Hugo rumeur insulaire. Le voilà accusé de venson, marqué par une enfance cloî- l’âme légère et prend un contact C’est entre 1878 et 1885 mais il n’en a pas le souffle. Il aurait viol et d’incendie volontaire. Il est trée à Edimbourg, ses fugues en direct avec cette prose qui a un lien pu écrire Au cœur des ténèbres ou frappé d’une congestion cérébrale le Europe, son chemin de croix en Amé- ténu avec la transe et l’hypnose. que ce conteur fabuleux, Bartleby, sûrement pas Lord Jim ni 3 décembre 1894. Cette version rique et sa mort dans une petite île Robert Louis Stevenson l’avait Moby Dick. apocryphe des faits n’ajoute rien au des Samoa, contribue à étoffer la sim- d’ailleurs expliqué sur le mode comi- aidé nuitamment par de Dr Jekyll et Mr. Hyde fut écrit en travail des biographes. Elle prouve ple lecture de ses textes. Le moindre que qui est souvent le sien : la nuit, trois jours. L’état d’urgence permet simplement que l’œuvre, souterrai- our deux livres, L’Ile au écrit, dès lors, est le signe d’un des- des petits démons, des elfes, des petits esprits, écrivit la légèreté, l’unité de ton et surtout nement, nuitamment, se poursuit. trésor et Dr Jekyll et Mr. Hyde (aux- tin, d’une course à l’abîme, comme si trolls, des tomtes, des « brownies », l’essentiel de ses romans, une sorte d’inachèvement que Ste- Nous sommes tous des stevenso- Pquels il faudrait ajouter Enlevé !, Le sa fin – due à une probable rupture viennent le visiter. Ils écrivent à sa venson recherche. Le préfacier de niens sans le savoir. Maître de Ballantrae et Au creux de la d’anévrisme – éclaircissait totale- place et, le jour, il n’a plus qu’à « La Pléiade » cite d’ailleurs un exem- vague), Robert Louis Stevenson est ment sa vie. Comme si aucun doute, retranscrire la dictée de la nuit. Non nouvelles et autres récits ple de pensée fulgurante dont Ste- (1) Voir par exemple Une apologie des devenu un écrivain mythique, totem aucun zigzag, aucune erreur ne seulement les « brownies » produi- venson avait le secret : «Lavéritéde oisifs (éd. Allia, 80 p., 40 F [6,09 ¤]). d’une idée nouvelle de la littérature. venait se glisser dans sa trajectoire. sent des images et des intrigues, de voyages. Une œuvre l’art, c’est l’omission. Si je savais omet- Pris entre Melville et Conrad, mort à mais ils veillent à ce que tre, je ne demanderais rien d’autre. Un e A noter : l’Intégrale des Nouvelles quarante-quatre ans, il a écrit en un leur entreprise rapporte mythique qui entre enfin homme sachant omettre transforme- de Stevenson, publiée en deux éclair ses œuvres complètes. Il séduit Jacques Meunier quelque argent ! Cet rait en Iliade le journal du matin. » tomes chez Phébus libretto, sous la les enfants, les adultes et les universi- aveu, en forme de bla- dans « La Pléiade » Tout au long de sa vie, Robert direction de Michel Le Bris (nº 77 et taires. Il attire aussi bien les anarchis- Sa notice nécrologique ressemble à gue, signale les obsessions galopan- Louis Stevenson a fui l’enferme- 78, 596 et 764 p., 85 et 95 F ) : chaque tes que les conservateurs. C’est donc du Lagarde et Michard. tes de l’auteur : l’écriture, la hantise séjours, et ses amis sauront y pour- ment, l’oppression, la sclérose, l’as- nouvelle fait l’objet d’une présenta- un classique en marge. Certains le Ces idées toutes faites ne convien- de la ruine et le goût de l’inconscient voir. Sans doute trop par moments. phyxie. Il n’ignore pas la précarité. tion. tiennent pour un « petit maître » et nent pas à Robert Louis Stevenson. Il (des forces obscures). Sa silhouette Drôle de retrouver cet homme-là « La glace est de plus en plus mince d’autres pour un « grand écrivain ». n’est ni rebelle ni convenu. Il est dou- filiforme, son œil à la fois dense et sous la forme d’un missel. La collec- sous nos pieds », dit-il, avec une poin- ŒUVRES 1 La nuance ne vaut que par la qualité ble, triple et quelquefois pire. Il fau- émerveillé, le côté dandy, artiste, tion de « La Pléiade », il est vrai, l’ac- te d’ironie et d’humour noir. Sa vie de Robert Louis Stevenson. de ses lecteurs. Il a dans son camp dra l’enthousiasme d’un Michel Le esthète, doublé d’incessantes difficul- cueille tardivement. Moins roman- et sa mort forment un ensemble Edition publiée sous la direction Henry James, Jorge Luis Borges, Bris pour faire comprendre que le tés respiratoires, son charme disert, cier que fabuliste du réel, soucieux mythique. C’est du moins ce que lais- de Charles Ballarin, avec Nabokov et beaucoup d’autres. séraphin Stevenson cache un Steven- trahissent aussi un trait assez saillant de vivre en beauté, plus sensible à la se entendre Alberto Manguel, la collaboration de Laurent Bury, voyageurs Michel Le Bris, en France, a fait beau- son noir, révolté contre le victorianis- de son caractère : un besoin infini de parole qu’au discours, amoureux de l’auteur du Dictionnaire des lieux ima- Patrick Hersant, Marc Porée coup pour qu’il soit reconnu. Et voi- me et possédé par l’écriture. consolation et de protection. Sa fem- l’ellipse, de l’allusion, de la litote, il ginaires et d’Une histoire de la lecture, et Marc Rolland, ci, maintenant, qu’il entre dans la col- Il faut envier le lecteur qui s’atta- me, Fanny Osborne, sa mère, qui l’ac- était surtout connu pour des récits dans un roman pas plus long qu’un Gallimard-NRF, 1296 p., lection « La Pléiade »… que à l’œuvre sans le souci des com- compagnent dans ses plus lointains d’aventures, qui sont généralement long chapitre, Stevenson sous les pal- 375 F (57,16 ¤). tenus pour des livres d’apprentissa- miers. Très stevensonien dans son ge. Panachant la grâce et l’effroi, approche, il raconte la fin de Steven- STEVENSON SOUS cachant mal un grain de neurasthé- son. Prisonnier des mers du Sud, LES PALMIERS nie, c’était un candidat mal armé reclus dans son domaine de Valima, d’Alberto Manguel. pour la canonisation. L’entreprise de dans l’île d’Upolu, qui fait partie de Traduit de l’anglais (Canada) Charles Ballarin, qui dirige cette édi- l’archipel de Samoa, le « diseur d’his- par Christine Le Bœuf, tion, vient donc – dans le sillage d’un toires », malgré son indigénisme, va Actes Sud-Leméac, « Un endroit Michel Le Bris, qui de son côté a être confronté à ses fantômes et à la où aller », 90 p., 79 F (12,04 ¤). supervisé la réédition de l’intégrale des nouvelles et d’une très abondan- te exégèse anglo-saxonne – combler une lacune. Et ce n’est que justice puisque – pour paraphraser Henry James – Robert Louis Stevenson occupe une province de notre imagi- nation… Le volume contient des récits de a voyages, des nouvelles et des romans courts. L’amateur les con- naît déjà : Croisière à l’intérieur des terres, Voyage avec un âne dans les Cévennes, Les Nouvelles Mille et Une Nuits, L’Ile au trésor, Le Prince Othon, Clemenceau Le Dynamiteur et L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr. Hyde. Il couvre une période qui va de 1878 à 1885. Les dates sont importantes. En faisant l’impasse sur ses poèmes, ses arti- cles, qui sont autant d’essais en modèle réduit (1), Robert Louis Ste- venson avait donc écrit ses deux livres majeurs à l’âge de trente-cinq ans. Les « brownies » n’avaient pas chômé ! Une telle production ne s’explique que par des visions et des états seconds. C’est souvent un détail, un objet ou une séquence-choc qui déclenchent le processus de créa- tion. Ainsi, dans Dr Jekyll et Mr. Hyde, une porte close sert de prétexte à l’histoire. Une carte naïvement crayonnée sert de point de départ à L’Ile au trésor. Un jeune homme qui distribue des gâteaux à la ronde, sans se faire payer, et un casino de la mort jouent le même rôle dans Le Club du suicide. Stevenson a le don particulier de faire tourner ses histoi- res autour d’un axe obscur, une « scè- journaliste ne primitive ». Cela implique une grande vitesse de saisie et, par voie de conséquence, favorise la dextérité HULTON ARCHIVES

www.lemonde.fr er 57e ANNÉE – Nº 17527 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 1 JUIN 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

France Télécom et Cegetel (Vivendi) Le jugement qui accable Roland Dumas b L’ancien ministre a été condamné à six mois de prison ferme b En profitant des sommes versées devaient obtenir par Elf à Christine Deviers-Joncour, il a « résolument franchi les limites de la loi pénale » b Il en a tiré des licences pour « avantages » et « bénéfice personnel » b Les juges écartent sa « complicité » dans les détournements DE LOURDES peines d’emprison- « complicité » dans les détourne- le téléphone du futur nement ont été infligées, mercredi ments poursuivis. Bénéficiaire direc- 30 mai, aux principaux acteurs de l’af- te de ces sommes, dont le montant L’AUTORITÉ de régulation des faire Dumas. Estimant que l’ancien avoisine 64 millions de francs, télécommunications (ART) devait ministre des affaires étrangères avait Mme Deviers-Joncour a été condam- attribuer, jeudi 31 mai en fin de « résolument franchi les limites de la née à trois ans de prison, dont matinée, à France Télécom et Cege- loi pénale », les juges de la 11e cham- 18 mois avec sursis. L’ancien PDG MIKE GOLDWATER/NETWORK/RAPHO tel (Vivendi Universal), seuls candi- bre du tribunal correctionnel de d’Elf-Aquitaine, Loïk Le Floch-Pri- dats en lice, les deux premières licen- Paris ont condamné Roland Dumas à gent, et celui qui était son bras droit, PAR BERNARD-HENRI LÉVY ces de téléphonie mobile de troisiè- trente mois de prison, dont deux ans Alfred Sirven, sont les plus lourde- me génération (UMTS). Le secrétai- avec sursis, et 1 million de francs ment sanctionnés : trois ans et demi re d’Etat à l’industrie, Christian Pier- d’amende. « Il convient de tenir comp- de prison ferme pour le premier ; Les damnés ret, a un mois pour valider ce choix. te des fonctions qu’il a occupées dans quatre ans pour le second. Interpellé Le gouvernement n’a pas l’intention la vie de l’Etat et dans le monde judi- aux Philippines au mois de février, de se dépêcher pour décider si un ciaire », ont indiqué les magistrats alors que le procès était déjà ouvert, de la guerre second tour d’attribution doit inter- pour justifier la sévérité de la sanc- M. Sirven avait refusé de s’expliquer venir, avec éventuellement un tion prononcée contre l’ancien avo- devant le tribunal. Les dénégations rabais pour les nouveaux, mais aus- cat, familier de François Mitterrand, de M. Le Floch-Prigent, avant et 3. Fin de l’Histoire si les anciens candidats. Aucune qui avait dû démissionner du Conseil après le retour forcé du fugitif, n’ont à Bujumbura ? décision ne devrait intervenir avant constitutionnel, en 2000, sous la pres- pas convaincu les juges, qui ont attri- l’élection présidentielle de 2002. sion de l’enquête judiciaire. Le juge- bué les malversations poursuivies à Et si, comme les individus, les pays se Une baisse trop rapide du coût des ment, dont Le Monde publie les prin- une « stratégie commune » des deux suicidaient ? De retour du Burundi, licences aurait un effet inattendu cipaux extraits, souligne dans ses hommes à la tête de la compagnie pays saisi d’une rage d’autodestruction, sur les finances publiques, l’Etat per- attendus que M. Dumas a « bénéficié pétrolière, entre 1989 et 1993. miné par l’affrontement entre rebelles dant de l’argent au lieu d’en gagner. d’avantages » et « retiré un bénéfice hutus et armée tutsie, Bernard-Henri personnel » d’une partie des sommes Lire pages 8 et 9 Lire page 19 versées par Elf à sa compagne, Chris- et notre éditorial page 18 Lévy nous pose cette question. Troisiè- tine Deviers-Joncour. Toutefois, les me épisode de l’enquête de l’écrivain f www.lemonde.fr/umts juges ont écarté l’accusation de f www.lemonde.fr/elf sur les guerres oubliées. p. 14 et15 4 000 chômeurs Le président mexicain veut offrir un « kit de survie » à ses compatriotes émigrés MEXICO Hernandez, en a d’ailleurs nié l’existence dans Cette tragédie est venue rappeler que, chaque de moins en avril de notre correspondant un premier temps. Mais un peu plus tard, il a année, plus de trois cents Mexicains meurent en Les Mexicains candidats à l’émigration aux indiqué que Mexico n’avait pas l’intention de voulant réaliser leur « rêve américain » et fuir la LE NOMBRE de demandeurs Etats-Unis, légale ou clandestine, pourront rece- « faire marche arrière ». « Les Mexicains qui vont pauvreté qui, dans leur pays, frappe 40 % d’une a d’emploi a très légèrement voir un « kit de survie » offert par les autorités et aux Etats-Unis reviennent avec le sida, la tuberculo- population d’environ 100 millions d’habitants. baissé en avril. Selon les statistiques contenant du sérum physiologique, des vaccins se ou l’hépatite », a-t-il déclaré au quotidien Refor- Malgré les nombreuses mises en garde, diffusées publiées, jeudi 31 mai, par le minis- antivenin, des aliments déshydratés et même ma. « L’été prochain, a ajouté Juan Hernandez, régulièrement à la télévision, l’attrait reste extrê- AFP tère de l’emploi, on comptait 4 000 des préservatifs. Baptisée ironiquement « cajita des centaines de Mexicains vont mourir en mement fort. Par an, quelque 350 000 personnes INDONÉSIE chômeurs de moins en avril, soit feliz » (la petite boîte du bonheur), cette « trous- essayant de franchir la frontière, et il est urgent en moyenne émigrent aux Etats-Unis, dont les une diminution de 0,2 % par rap- se d’urgence » devrait être distribuée dans les pour nous de défendre leurs droits et de garantir deux tiers de manière clandestine. port à mars, le taux de chômage res- aéroports, terminaux d’autobus ou postes-fron- leur santé. » Le président Vicente Fox rêve de transformer « Gus Dur » ne tant inchangé (8,7 % de la popula- tières. Elle est destinée avant tout à venir en aide Quelques jours à peine après cette déclara- l’Accord de libre-échange nord-américain (Ale- tion active). Après les très fortes aux illégaux qui prennent des risques considéra- tion, quatorze Mexicains ont été retrouvés na) qui le lie aux Etats-Unis et au Canada en une veut pas partir baisses de l’automne 2000, ces chif- bles, comme traverser à pied le désert de l’Arizo- morts dans le désert de l’Arizona, où ils avaient zone de libre circulation des personnes. Il a multi- fres confirment le ralentissement de na ou franchir à la nage le rio Bravo. Pour l’ins- erré pendant cinq jours sur près de 50 kilomè- plié les requêtes auprès du président George Alors que les partisans du président Abdur- la décrue. Le principal syndicat des tant, ce n’est encore qu’un projet sur lequel tra- tres, pratiquement sans eau et sans nourriture, W. Bush pour atténuer l’attitude, jusqu’à présent rahman Wahid avaient envahi le Parlement, personnels de l’Agence nationale vaille le Bureau présidentiel pour les Mexicains sous une chaleur atteignant parfois 44 0C. Fai- essentiellement répressive, des autorités améri- les députés indonésiens ont voté mercredi pour l’emploi fait état de pratiques de l’étranger, un organisme nouveau créé par le sant partie d’un groupe de vingt-huit personnes, caines à l’égard des clandestins, qui représentent la convocation de l’Assemblée consultati- conduisant à gonfler artificielle- président Vicente Fox, qui a voulu par cette inno- leurs corps ont été ramenés au Mexique le plus du quart des 18 millions de Mexicains vivant ve du peuple (MPR) en vue de le desti- ment le nombre d’offres d’emplois vation démontrer l’importance qu’il accorde au 30 mai. Ils avaient été abandonnés sans pitié par aux Etats-Unis. Il a indiqué récemment qu’il et de chômeurs ayant été embau- problème de l’émigration. leurs passeurs, appelés « coyotes » ou « polle- négociait avec M. Bush la légalisation de ses quel- tuer. Celui qu’on appelle « Gus Dur » chés grâce à l’agence, afin de respec- Craignant que cette initiative ne soit interpré- ros » au Mexique, où ils sont, selon des statisti- que 4 millions de compatriotes résidant illégale- continue de s’accrocher au pouvoir et ter les objectifs de sa direction. tée aux Etats-Unis comme un encouragement à ques officielles, organisés en une centaine de ment aux Etats-Unis. ses fidèles de manifester (photo). p. 4 l’émigration clandestine, le responsable du groupes distincts faisant payer leurs services jus- Lire page 6 Bureau pour les Mexicains de l’étranger, Juan qu’à 1 000 dollars (1 175 euros) par personne. André Renaud f www.lemonde.fr/indonesie Poutine s’empare POINT DE VUE de Gazprom Le temps des projets par Laurent Fabius

ANS moins d’un an, fini. Pour des raisons politiques : l’élection présidentielle. certaines réformes majeures ne

On ne comprendrait pourront être accomplies qu’après D. R. Dpas certains épisodes de un nouveau choix clair des Fran- SCIENCES la vie politique actuelle – tournées çais. Afin d’être comprises et soute- papillonnantes à droite, divisions nues, les réformes nécessaires préoccupantes à gauche – si on devront être inscrites dans une Les guetteurs négligeait ce calendrier. Je voudrais dynamique d’ensemble. Sans vraie me situer ici sur un autre terrain, perspective, il n’existe pas de de pollution ALEXEÏ MILLER celui du contenu. Et essayer de modernisation réussie. Notre pro- répondre à la question centrale qui jet devra donc énoncer à la fois les Puces de mer, moules, vers ou clopor- APRÈS UN AN de guerre de devrait, tôt ou tard, mobiliser notre axes qui donneront cohérence et tes (photo) deviennent des sentinelles tranchées, Vladimir Poutine a pays : quel projet pour la France sens à notre action future et les antipollution. En surveillant la santé congédié le patron de Gazprom, la des années 2002-2007 ? Tout en chantiers prioritaires à engager lors de ces animaux ou des végétaux, les première entreprise russe, pour le précisant, au cas où des esprits obli- de la prochaine législature. remplacer par un de ses proches geants s’interrogeraient, qu’on Cette méthode va à l’encontre, je scientifiques peuvent identifier les collaborateurs, Alexeï Miller. peut parfaitement réformer au pré- le reconnais, de deux courants poli- substances chimiques responsables sent, comme je m’y attache sous tiques à la mode. D’abord, la prime des atteintes au milieu naturel. L’inté- Lire page 2 l’autorité amicale du premier minis- à l’émotionnel. Au nom d’un princi- rêt de la biosurveillance, dont nous tre (baisse des impôts, passage à pe de proximité développé jusqu’à proposons un état des lieux avec la f www.lemonde.fr/russie l’euro, réforme de l’épargne sala- la caricature, la tendance est de riale, nouveau code des marchés, paraître sans cesse plus en phase revue Nature et El Pais, est qu’elle Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, développement des technologies avec nos concitoyens. On songe à fournit un enregistrement continu de 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; nouvelles, possible nouvelle consti- Molière : « Un peu d’ostentation l’environnement. p. 25 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- tution budgétaire, simplification de vaut mieux que beaucoup de réalité gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; l’action en matière de commerce et cachée et la montre donne comme Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 22 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; d’artisanat, réforme-modernisa- un second être. » Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 25 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. tion du ministère, etc.), et réfléchir, Société...... 8 Météorologie-Jeux...... 28 ainsi que nous y invite le Parti socia- Lire la suite page 16 Carnet...... 12 Culture ...... 29 liste, à la suite. M 0147 - 601 - 7,50 F Régions ...... 13 Guide culturel ...... 31 Car tout ne sera évidemment pas Horizons ...... 14 Kiosque ...... 32 possible d’ici un an. Pour des rai- est ministre Laurent Fabius Entreprises...... 19 Abonnements ...... 32 sons pratiques : le calendrier parle- de l’économie, des finances et de 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@g@a@b@k; Communication...... 21 Radio-Télévision ...... 33 mentaire n’est pas extensible à l’in- l’industrie. 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

RUSSIE Le patron du géant gazier vice-ministre de l’énergie, Alexeï comme d’autres dirigeants en mier client est l’Allemagne, suivie de ans. b À NADYM, dans l’extrême russe Gazprom, Rem Viakhirev, qui Miller, proche de Vladimir Poutine. détournant des actifs du groupe, qui l’Italie et de la France. L’Etat russe nord de la Russie, la vie tourne régnait sur l’entreprise depuis 1992, b REM VIAKHIREV, surnommé le était secoué par une série de scanda- est son principal actionnaire, mais autour de l’exploitation de trois a été écarté, mercredi 30 mai, de la « général du gaz », était très criti- les. b GAZPROM fournit un tiers du les besoins de financement sont esti- grands gisements, qui assurent 15 % direction. Il a été remplacé par le qué et soupçonné de s’être enrichi gaz consommé en Europe. Son pre- més à 50 milliards de dollars sur dix de la production totale du groupe. Vladimir Poutine impose un de ses proches à la tête de Gazprom Rem Viakhirev, qui régnait depuis près de dix ans sur le premier groupe gazier au monde, et qui est soupçonné de malversations financières, a été mis à l’écart, mercredi 30 mai. Il est remplacé par un fidèle du président. Une décision économique et politique bien accueillie par les investisseurs

MOSCOU Par cette nomination, le Kremlin drait le risque politique d’affronter « Il faudrait le décorer pour l’œuvre de notre correspondant prend le contrôle de la première directement une direction du grou- qu’il a accomplie », a jugé Mikhaïl Au terme d’une année de guerre entreprise russe – l’état en détient pe soudée autour de son patron et Kassianov, premier ministre. La de tranchées, Vladimir Poutine l’a 38 % des actions - et, selon les ana- dont l’agressivité est proportion- présidence du conseil d’administra- emporté par une offensive éclair. lystes, montre sa détermination à nelle à l’immensité des scandales tion devrait revenir à l’ancien Rem Viakhirev, soixante-six ans, réformer cet immense monopole. financiers qui la menacent. « Cette baron, lors de l’assemblée des patron de Gazprom depuis 1992, a Ces derniers jours, peu de spécia- nomination est plus importante actionnaires du 29 juin, même si la été congédié, mercredi 30 mai, lors listes penchaient pour l’hypothèse qu’un changement de gouverne- fonction est d’abord honorifique. de la réunion du conseil d’adminis- d’un renvoi de M. Viakhirev, dont ment », a noté le libéral Boris « L’expérience de M. Viakhirev doit tration. Il est remplacé par un pro- le mandat expirait le 31 mai. Une Nemtsov. être bien utilisée », a noté Vladimir che collaborateur de M. Poutine, formule transitoire était envisa- Poutine. Alexeï Miller, trente-neuf ans. Cet- gée : M. Viakhirev serait reconduit NOMINATION D’UN PÉTERSBOURGEOIS A trente-neuf ans, Alexeï Miller, te décision a étonné les milieux pour six mois, un an, ou « enca- Il y a quelques semaines, un éco- que personne n’envisageait à ce d’affaires russes. Les actions de dré » par de nouveaux directeurs nomiste notait qu’« être président poste, présente comme principale Gazprom à la Bourse de Moscou dits « réformateurs ». Bien peu pen- de la Russie, c’est tenir le Kremlin et caractéristique d’avoir grandi sous gagnaient en quelques heures 5 %. saient que le président russe pren- Gazprom ». Car Gazprom n’est pas l’aile de Vladimir Poutine. « Sa seu- seulement le premier producteur le vraie qualification est sa totale mondial de gaz, la première loyauté au président », note un Le premier groupe gazier au monde entreprise russe (16 milliards de financier. Vice-ministre de l’éner- dollars de chiffre d’affaires, gie depuis un an, M. Miller a tra- b La production : Gazprom est 5 représentants de l’Etat, 4 de la 300 000 employés), pesant 8 % du vaillé de 1992 à 1996 comme le premier groupe gazier au direction du groupe, 2 des PIB russe et 25 % des recettes fisca- adjoint de M. Poutine alors chargé monde, avec 25 % de la actionnaires étrangers. les de l’Etat fédéral. C’est une arme des relations économiques exté- production mondiale, une part b Les revenus : le marché politique de premier plan : la rieures de la ville de Saint-Péters- huit fois plus importante que le intérieur russe est le premier « diplomatie du gaz » organise les bourg. Né dans la capitale du numéro deux, Shell. Mais, faute débouché de Gazprom. Mais les relations de la Russie avec les groupe fortement intégré, comp- Son ralliement dès janvier 2000 à Nord, diplômé de l’institut écono- d’investissements, sa production impayés et les très bas prix qui y anciens pays de l’URSS (Ukraine, tant environ trois cents filiales ; ne Vladimir Poutine, sa prise de con- mique et financier de Leningrad, le est en baisse : 523 milliards de sont pratiqués font que la pays baltes, Biélorussie en particu- pas poser de questions sur une ges- trôle de la chaîne privée NTV, prin- nouveau patron de Gazprom était mètres cubes en 2000, contre 565 majorité des recettes du groupe lier); elle organise également les tion où l’opacité et les soupçons cipale opposante au Kremlin, n’ont demeuré à Saint-Pétersbourg en 1996. proviennent de l’exportation et relations entre Moscou et les de corruption massive découra- pas pour autant permis à M. Viakhi- avant d’être appelé par le Kremlin b Les actionnaires : l’Etat russe du marché européen. 21 % régions russes, qui se voient four- geaient tout investisseur. Proprié- rev de sauver son empire. Vladimir en 1999. demeure l’actionnaire principal seulement de la facture gazière nir du gaz à des prix très bas, de dix taire d’une centaine de journaux Poutine s’est directement impliqué Pourra-t-il s’imposer à un comité avec 38 % des parts. Employés et russe a été payée en espèces en fois inférieurs aux prix européens. régionaux et de quatorze télévi- dans ce dossier, allant, mercredi, de direction largement tenu par les management contrôlent 31 % du 1999. M. Viakhirev, élevé dans la sions locales, devenu actionnaire jusqu’à téléphoner au conseil d’ad- hommes de Rem Viakhirev ? Il est groupe. Avec 4 %, l’Allemand b Les pays importateurs : nomenklatura industrielle soviéti- principal du groupe Media-Most ministration du groupe, puis rece- considéré comme étant un proche Ruhrgas est le premier des Gazprom fournit un tiers du gaz que puis installé à la tête de Gaz- de Vladimir Goussinski, Gazprom vant, dans la soirée, les principaux d’un autre Pétersbourgeois, Ger- actionnaires étrangers, qui consommé en Europe. Son prom par l’ancien premier minis- s’était, lors de la campagne législa- protagonistes. M. Viakhirev paraît man Gref, ministre du développe- détiennent en tout 5,5 % des premier client est l’Allemagne, tre Viktor Tchernomyrdine, mon- tive de 1999, mis au service du mai- avoir réussi à échanger son départ ment économique, et stratège des actions. Les onze membres du suivie de l’Italie puis de la France nayait sa puissance politique à re de Moscou, Iouri Loujkov, et de contre la garantie que les dessous réformes des monoples naturels. conseil d’administration se (27 % du gaz consommé en deux conditions : ne pas engager l’ancien premier ministre Evgueni financiers du groupe ne seraient répartissent ainsi : France). de réformes structurelles d’un Primakov. pas portés sur la place publique. François Bonnet Un « petit îlot de communisme » sur les terres du Grand Nord, autour de trois gisements NADYM êtes aux sources de Gazprom », lance en gui- La "terre de Nadym" ne ? Le kilo de tomates à 30 roubles, soit le sur la grande terre et, aujourd’hui, 200 jeunes (territoire autonome se d’introduction Viktor Kononov, son même prix qu’à Moscou ? Tout cela est, diplômés attendent d’être embauchés par Péninsule des Iamalo-Nenets) directeur. Mer de Iamal peu ou prou, redevable au géant gazier. Nadym-Gazprom », assure cet ancien mili- de notre envoyée spéciale C’est à la fin des années 1960 que géolo- de Kara cien, arrivé du Kazakhstan en 1984. Ici, quand on parle du reste de la Russie, gues et ingénieurs du Komsomol (jeunesses « SYNDROME POLAIRE » L’exploitation de deux autres gisements, on dit : « Là-bas sur la terre », « sur la gran- communistes), venus de toute l’URSS, pri- Champs de gaz Depuis quatre ans, les habitants de Ioubileïnoié en 1992 et Iamsoveïskoié en de terre ». Comme tous ceux qui vivent dans rent possession de ces contrées désertes où Nadym ont même le droit de prier dans 1997, a compensé la chute de la produc- l’extrême nord de la Russie, les habitants de de gigantesques gisements de gaz venaient une petite église blanche que tout visiteur tion à Medvejie. Dans l’usine flambant Nadym – ville du gaz surgie du néant il y a d’être localisés. Dans l’urgence, on installa étranger se doit d’admirer. « Alexis II, neuve de compression et de retraitement Ien is trente ans, juste en dessous du cercle polai- les pionniers à Nadym. De 1949 à 1953, les s patriarche de toutes les Russies, est venu de gaz qui jouxte le gisement de Ioubileï-

e re – ont du mal à se sentir tout à fait ter- lieux abritaient quelques baraques de zek t s Novy Por t ï deux fois en personne pour la bénir », expli- noié, un jeune spécialiste, Dmitri o n M a l riens. A seulement trois heures et demie de (prisonniers du Goulag), le long d’une voie u r Iar-Salé que Valeri Antonov, du service de presse. Dachkov, âgé de trente ans, ingénieur en O vol de Moscou, atterrir sur la « terre de de chemin de fer construite sur ordre de Sta- Cercle polaire « Merci à Nadym-Gazprom pour sa généro- chef, hésite à répondre aux questions socia- Salekharde Nadym » (comme l’annonce une banderole line. On les rasa pour élever, en 1971, une Pangody sité », souffle un groupe de femmes. La vil- les. Il confie toutefois que les nouveaux à l’aéroport), c’est se poser sur une autre pla- cité moderne. Au même moment, la terre le a une autre fierté : un Musée des ressour- arrivants sont moins bien lotis que lors de nète : recouverte de neige et de glace en des Nenets, « petit peuple » nomade éle- Nadym ces de la nature, où se côtoient herbiers de son arrivée, en 1992. Anatoli Alexandrov, hiver quand les températures sont en des- veur de rennes, était confisquée, creusée de Ob la toundra, perroquets et cochons d’Inde président du syndicat, s’inquiète du nom- sous de – 50 ˚C ; infestée de moustiques trous. Dès 1972, la « découverte du siècle », vivants, gamelles de prisonniers du Gou- bre croissant de travailleurs de Nadym- E durant les deux mois d’été, alors que se le gisement Medvejie – 1,7 trillion de I lag et costumes traditionnels de Nenets. Gazprom, « enlisés » dans le Grand Nord. É R découvrent les lacs et les marécages ; et tout mètres cubes de gaz – donnait le coup d’en- S I B Selon les responsables locaux de Gaz- Ceux qui ont dépassé les dix ans réglemen- MOSCOU RUSSIE entière administrée par le géant Gazprom. voi d’une fièvre de l’or bleu dans toute la 200 km prom, Nadym et sa jumelle, le bourg de Pan- taires, au-delà desquels le « syndrome Pour visiter Nadym et ses environs, région de Tioumen. gody, sont encore capables d’attirer la « jeu- polaire » – bouquet de maladies – s’aggra- impossible d’échapper aux excursions de nesse ». « Ici le salaire moyen dépasse ve. Le programme de relogement en Rus- groupe organisées par Nadym-Gazprom, LA VIE EN VASE CLOS 10 000 roubles [360 dollars contre 85, en sie centrale, en grande partie financé par filiale régionale qui exploite, sur le territoire Trente ans plus tard, il reste de ce passé pied du gisement Medvejie, est à 120 kilo- moyenne, en Russie]. Les congés payés sont Gazprom, fonctionne pourtant à peu près. autonome des Iamalo-Nenets, trois grands bouillonnant une ville proprette de mètres, une heure d’hélicoptère. La vie en de deux mois l’été et les femmes travaillent « Mais, souligne M. Alexandrov, beaucoup gisements de gaz – 15 % de la production 48 000 habitants, posée sur la toundra. Des vase clos avec Gazprom, le seul vrai pou- une heure de moins. Nous avons conservé un hésitent à partir. Ailleurs, ils n’ont souvent totale de Gazprom – et autour de laquelle barres d’immeubles gris, comme partout voir, s’organise. L’école n˚ 1 ? La maison de petit îlot de communisme », explique Anatoli rien : ni contacts, ni famille, ni travail. » tourne l’essentiel de la vie économique, en Russie, perdues dans l’immensité. Pan- la culture et ses soirées dansantes du same- Alexandrov, président du syndicat de Pan- sociale et culturelle du district. « Ici vous gody, le premier bourg, lui, construit au di soir ? Le palais des mariages ultra-moder- gody. « Il n’est pas facile de trouver du travail Agathe Duparc Le dépeçage d’un empire MOSCOU Gazprom ni ses dirigeants ne sont actionnaires d’Ite- de notre correspondant ra », était-il affirmé. Hélas, les actionnaires présen- « Chaque année, 2 à 3 milliards de dollars disparais- tés sont essentiellement des sociétés, dont plusieurs sent de Gazprom par la corruption, le népotisme ou le off-shore, ce qui laisse entières les interrogations. simple vol », accusait dernièrement Boris Fiodorov, un ancien ministre des finances, nommé l’an der- TRANSFERTS DES ACTIFS nier au conseil d’administration du groupe au titre Un autre scandale a éclaté avec la publication de de représentant des actionnaires minoritaires et documents dans le quotidien allemand Frankfurter étrangers. Rundschau montrant comment des actifs pesant plu- Endetté à hauteur de 12 milliards de dollars, ne par- sieurs milliards de dollars avaient été transférés à des venant pas à enrayer la chute de sa production, Gaz- proches des dirigeants. La société Interprocom, enre- prom a été régulièrement dénoncée pour « l’opaci- gistrée à Budapest, a ainsi été transférée gratuite- té » de sa gestion. C’est une formule diplomatique ment à une société, Horhat, dont 90 % des actions résumant les soupçons d’un pillage en règle de la pre- furent achetées en 1998 – et pour la somme totale de mière entreprise russe par sa direction. M. Viakhirev 2,50 dollars ! – par le fils de M. Tchernomyrdine, les et ses proches, mais aussi l’ancien premier ministre filles de M. Viakhirev et de son adjoint, M. Sheremet. Viktor Tchernomyrdine, qui a organisé la privatisa- Le fils de M. Viakhirev, Iouri, qui dirige Gaz- tion, auraient organisé le dépeçage de l’empire en promexport, la filiale gérant les exportations vers transférant ses actifs ou ses marchés les plus renta- l’étranger, est également impliqué dans une opéra- bles à des sociétés amies ou contrôlées en sous-main. tion semblable portant sur une « banque de poche » La première affaire tient aux relations entrete- du groupe, ÆB. Plusieurs audits du groupe, dont un nues entre Gazprom et le groupe Itera. Enregistré mené par la Cour des comptes russe, sont en cours. dans une zone off-shore, ce holding aux cent trente Mais le labyrinthe de sociétés, passant par les princi- filiales s’est imposé en quelques années comme le pales zones off-shore de la planète, empêchera sans septième groupe gazier mondial, vendant 85 mil- doute d’atteindre cette « transparence » promise liards de mètres cubes de gaz à l’étranger. par le nouveau patron d’un groupe qui a aujour- Itera serait contrôlée par des directeurs de Gaz- d’hui besoin d’attirer des dizaines de milliards de prom qui siphonnent ainsi le chiffre d’affaires et les dollars d’investissements. bénéfices en devises. En avril, Itera contre-attaquait en rendant publique la liste de ses actionnaires. «Ni F. Bt INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 3

Ankara assouplit sa position Le durcissement turc sur la question chypriote sur la coopération OTAN-UE risque de devenir un casse-tête pour les Quinze A Budapest, la Turquie a laissé entendre Ankara réclame la reconnaissance de deux Etats indépendants qu’elle n’entraverait plus Les dirigeants civils et militaires d’Ankara multi- – seul Etat internationalement reconnu mais qui, que sur la partie sud, où vit la communauté chy- plient les mises en garde contre une adhésion à depuis l’occupation du nord de l’île par l’armée priote grecque. Le président turc propose un le lancement de la défense européenne l’Union européenne de la République de Chypre turque en 1974, ne peut exercer sa souveraineté divorce à l’amiable, « à la tchécoslovaque ».

BUDAPEST part, que le traité de Washington a ISTANBUL Ismail Cem, le ministre turc des tion chypriote menaçait l’élargisse- est un Etat indépendant et que la de notre envoyé spécial été suivi par celui de Nice, en de notre correspondante affaires étrangères. Rejetant tout ment de l’Union et constituait le Turquie ne peut dès lors être Le blocage maintenu depuis des décembre 2000, lequel prévoit une Rejetant la solution fédérale prô- compromis, le Conseil national de plus grand obstacle à l’intégration tenue pour responsable d’aucune mois par la Turquie sur les « arran- large « consultation » des pays née pour Chypre par les Nations sécurité turc a réitéré, le 28 mai, la de la Turquie. Les autorités d’An- violation. gements permanents » entre l’Al- partenaires. unies, le premier ministre turc position d’Ankara : « Un accord kara, pour qui Chypre est une cau- Les Chypriotes turcs ne sont pas liance atlantique et l’Union euro- La « question turque » est Bülent Ecevit a suggéré un divorce acceptable pour les deux parties à se nationale, n’excluent pas la pos- unanimes sur la position à adop- péenne (UE), qui tient de facto en d’autant plus complexe qu’Ankara à l’amiable, « à la tchécoslo- Chypre dépend de la reconnaissan- sibilité d’annexer la RTCN, avec ter. L’été dernier, une dispute otage la mise en œuvre d’ici à 2003 ne dit pas toute la vérité : la Tur- vaque », pour les communautés ce de l’égalité souveraine des deux laquelle elles ont des relations de avait éclaté entre le commandant de la défense européenne, est en quie redoute que l’Union décide de turque et grecque qui se partagent Etats sur l’île. » La communauté plus en plus proches, si les Chy- militaire turc de l’île et Mustafa train de se relâcher. Devant la pres- lancer, sans les moyens de l’OTAN l’île méditerranéenne. « Les Tché- internationale tente depuis près priotes grecs entrent dans l’Union Akinci, ministre de la RTCN, qui se de son pays, Ismail Cem, minis- (ce qui la priverait d’émettre des coslovaques se sont serré la main et de trois décennies de convaincre européenne. voulait placer la police et les pom- tre turc des affaires étrangères, réserves), une opération dont elle se sont séparés. Ils poursuivent les deux camps de former une piers sous contrôle civil et avait parle même d’« accord de princi- serait exclue à la demande de la maintenant chacun leur propre fédération. La République turque RÉSISTANCE AU DIALOGUE remis en question l’influence des pe ». Lord Robertson, le secrétaire Grèce, dans une région hautement voie, sans problème, a fait valoir le de Chypre du Nord (RTCN, auto- Le récent verdict de la Cour militaires turcs. général de l’Alliance atlantique, se sensible comme la mer Egée ou les chef du gouvernement turc ; pour- proclamée), dirigée par Rauf européenne des droits de l’hom- La semaine dernière, la coali- contente d’évoquer des « signaux environs de Chypre. Des émissai- quoi déploie-t-on autant d’efforts Denktas, avait décidé, à la fin de me, qui a condamné la Turquie tion au pouvoir dans le nord s’est positifs », tandis qu’Hubert Védri- pour réunir deux peuples à Chypre l’année dernière, avec l’appui pour diverses violations commises effondrée en raison de différends ne et Joschka Fischer, respective- qui ont des différences de langage, d’Ankara, d’abandonner une série à la suite de l’intervention armée sur la solution au problème du sta- ment ministres français et alle- De vraies consultations de religion et de nationalité ? » de négociations indirectes menées de 1974, n’a fait qu’envenimer l’at- tut de l’île. C’est donc sans le Parti mand des affaires étrangères, conti- Alors que la République de Chy- sous l’égide de l’ONU. Rauf Denk- mosphère et renforcer la résistan- de libération communautaire, diri- nuent de demander à la Turquie de entre Washington pre, représentée par son gouverne- tas affirme qu’il ne reprendra pas ce au dialogue des nationalistes gé par Mustafa Akinci, que le pre- cesser son obstruction, estimant ment grec et seul Etat chypriote les pourparlers tant que la partie turcs. « La décision de la Cour euro- mier ministre Dervis Eroglu forme- qu’elle est contre-productive pour et ses alliés internationalement reconnu, avan- turque de l’île, au nord, n’est pas péenne ne reflète pas les réalités de ra son nouveau gouvernement – un pays qui souhaite adhérer un ce à grands pas en direction de reconnue officiellement comme Chypre », a déclaré M. Ecevit. vraisemblablement plus nationalis- jour à l’UE. Les discussions, à Budapest, l’Union européenne, la Turquie un Etat indépendant. En 1998, la Turquie avait déjà te, plus proche des vues de Rauf La « question turque » a été l’un entre les Etats-Unis et leurs alliés durcit le ton. « Si l’administration Ce problème pourrait devenir refusé de payer des dommages à Denktas, et dès lors inflexible sur des sujets dominants de la réunion de l’OTAN sur le projet améri- chypriote grecque est admise au un casse-tête pour l’Union euro- une réfugiée chypriote grecque, une question à laquelle l’Union des ministres des affaires étrangè- cain de défense antimissile ont- sein de l’Union européenne en tant péenne dans les mois à venir. Gün- comme l’y avait condamné la européenne va bientôt se trouver res de l’OTAN, qui s’est achevée elles été tendues, au risque de que représentante de toute l’île, ter Verheugen, Commissaire euro- Cour. Ankara, qui maintient une confrontée. mercredi 30 mai à Budapest. Lors créer une « division » au sein de ceci ouvrira la voie à des troubles péen chargé de l’élargissement, a présence militaire de 30 000 hom- des discussions entre chefs d’Etat l’Alliance ? A lire les comptes ren- sérieux », a récemment averti récemment affirmé que la ques- mes sur l’île, affirme que la RTCN Nicole Pope et de gouvernement de l’OTAN, dus de la presse anglo-saxonne, qui se retrouvent le 13 juin, à on serait tenté de le croire. Tel Bruxelles, les Européens espèrent n’est pas l’avis de Lord Robert- que le président Bush exercera à son, le secrétaire général de cette occasion une pression décisi- l’OTAN, qui, interrogé mercredi ve sur le premier ministre turc, 30 mai par Le Monde, a qualifié Bülent Ecevit. Pourquoi Ankara de « totale absurdité » une telle fait-il preuve d’une telle obstina- thèse, d’autant plus, a-t-il ajouté, tion ? Les diplomates turcs souli- qu’il n’y a pas eu « la moindre pro- gnent que sur les seize scénarios position américaine sur la table ». de crise qui justifieraient une inter- Cette version est confirmée au vention de la force européenne de Quai d’Orsay, où l’on considère réaction rapide de 60 000 hommes que « la réunion a abouti à de bon- – prévue par l’« objectif global » de nes conclusions », que « le rôle de l’Initiative européenne de défense la dissuasion a été rappelé » et que –, treize affecteraient l’environne- « tout cela augure de la poursuite ment géopolitique de la Turquie. d’un dialogue confiant et construc- tif avec Washington ». Elle est aus- COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MIXTE « DROIT DE REGARD » si celle de Colin Powell, le secré- D’où les revendications en for- taire d’Etat américain, satisfait DU 29 MAI 2001 me de veto (les décisions à l’OTAN des « vraies consultations » avec 145 000 COLLABORATEURS sont à l’unanimité) d’Ankara. En les alliés. – (Corresp.) substance : « Nous ne sommes pas n’importe quel pays de l’OTAN. A l’occasion de l’Assemblée Générale Mixte de ses actionnaires, réunie à Paris Nous devons avoir un droit de res britanniques et américains se le 29 mai 2001, Accor a rappelé sa position de leader européen et groupe regard sur l’accès des Européens sont relayés à Istanbul pour expli- mondial dans ses deux grands métiers internationaux, l’Hôtellerie et les aux ressources de l’Alliance. » La quer comment les dispositions de HÔTELLERIE Turquie prend prétexte de son sta- Nice entreront en vigueur. Services. tut un peu privilégié dans l’Union Les autorités turques commen- 3 500 hôtels En 2000, Accor a enregistré une progression à deux chiffres pour la septième de l’Europe occidentale (le « bras cent à se montrer plus réceptives. armé » de l’UE, dont l’existence M. Cem souhaite que soit prévue 90 pays année consécutive, avec un résultat net en croissance de 27 % à _ 447 millions. militaire a été virtuelle), pour exi- une « participation active » de la Le bénéfice net par action a augmenté de 17,5 %. ger d’être associée de la même Turquie dans le mécanisme de L’Assemblée Générale a approuvé le versement d’un dividende net de _ 1,00 façon aux décisions des Quinze. consultation de l’UE. Jusque-là, les Sofitel, Novotel, Mercure, _ Ankara se fonde notamment sur Européens n’ont pas de raison de ( 1,50 avec avoir fiscal), en hausse de 11,1 %. Le taux de distribution du bénéfice le traité de Washington penser que Washington se sert des Ibis, Etap Hotel, Formule 1, est de 44,3 % et le rendement global du dividende est de 3,3 %. Le versement aura d’avril 1999, qui prévoit que les objections d’Ankara pour retarder lieu le 14 juin 2001. alliés européens non membres de la mise en œuvre de la défense Motel 6 et Red Roof Inns... l’UE seront associés aussi pleine- européenne, un projet qui ne susci- Accor s’est fixé pour objectifs 2001-2005 de maintenir une croissance annuelle ment que possible « sur la base te pas l’enthousiasme du Pentago- moyenne à deux chiffres de son résultat avant impôt et de doubler son bénéfice des arrangements de consultation ne. A toutes fins utiles, M. Védrine net par action en 5 ans (sur la base d’un bénéfice net par action de _ 2,28 en 2000). existant au sein de l’UEO ». a mis les points sur les « i » : « Les M. Cem souligne que son pays Européens ne laisseront pas ce pro- n’autorisera pas les Européens à jet être bloqué, sous quelque pré- Stratégie dans l’Hôtellerie : développement et rentabilité utiliser les forces turques au servi- texte que ce soit. » Dans l’Hôtellerie, les moteurs de la croissance reposent sur : ce de l’OTAN si ceux-ci ne lui per- mettent pas de participer aux déci- Laurent Zecchini SERVICES – les fondamentaux favorables du secteur : en Europe, la croissance de la demande sions concernant leur emploi. Les est supérieure à celle de l’offre ; elle est aujourd’hui équilibrée aux États-Unis Européens rappellent, pour leur f www.lemonde.fr/turquie 12 millions de dans l’hôtellerie économique, tandis que le tourisme international continue sa forte expansion à long terme, consommateurs quotidiens – la poursuite du développement dynamique de Accor en Europe et dans les Selon Bruxelles, les Européens 31 pays grandes métropoles mondiales, sur toute la gamme du 1 au 5 étoiles, – l’amélioration de la profitabilité grâce aux économies d’échelle et aux nouvelles technologies. doivent se protéger du réseau Echelon Ticket Restaurant, LES ENTREPRISES européen- néo-zélandais. A ce jour, aucun Clean Way, Childcare Vouchers Stratégie dans les Services : croissance vigoureuse et fort potentiel nes, mais aussi les simples particu- des cinq Etats concernés n’a recon- liers devraient davantage protéger nu que ce système d’écoute pou- Top Premium Dans les Services, le développement rapide et rentable s’appuie sur : la confidentialité de leurs commu- vait être utilisé dans des affaires – la croissance interne et le développement géographique, nications et les crypter, selon commerciales et économiques. l’auteur d’un rapport sur le systè- « Le risque d’être entendu est très – la diversification de produits favorisant la productivité et la motivation des me anglo-saxon d’écoute Echelon, élevé, a estimé le député, dont le salariés, Gerhard Schmid (député allemand rapport sera discuté en septembre – une migration technologique avec le passage du ticket vers la carte électronique du groupe socialiste). à Bruxelles. L’existence de ce systè- et internet. M. Schmid, qui rendait compte me ne fait plus de doutes et les entre- des conclusions d’une enquête de prises doivent s’en protéger. » la commission du Parlement euro- La position officielle américaine, Activité à fin avril 2001 péen créée en 2000 sur le réseau selon le député européen, est que Agences de voyages Echelon, a expliqué, mercredi l’interception des communica- En Europe, le revenu par chambre disponible (RevPAR) à fin avril est en hausse 30 mai, à Bruxelles, que les inter- tions, effectuée sur la planète par Casinos de 7,4 % pour l’hôtellerie d’affaires et de loisirs et de 8,7 % pour l’hôtellerie ceptions concernent la transmis- les Etats-Unis, a pour objectif de économique ; le RevPAR pour l’hôtellerie économique aux États-Unis augmente sion d’informations par des grou- lutter contre la grande criminalité Restauration pes installés sur plusieurs conti- internationale et de vérifier qu’il de 3,0 %. nents, les vidéoconférences par n’existe pas de « distorsions de con- Services à bord des trains Le volume d’émission des services est en progression de 14,0 % à périmètre et satellite ou les liaisons câblées des currence liées à la corruption » sus- change constants. multinationales et la communica- ceptibles d’entraver l’activité des tion à la maison mère par leurs entreprises américaines. Si un tel filiales des négociations menées cas de corruption était constaté, sur d’éventuels marchés. Le réseau l’ambassadeur américain dans le Retransmission vidéo de l’Assemblée Générale des Actionnaires du 29 mai 2001 sur : Echelon regroupe les activités, à pays concerné démarcherait les www.accor.com/finance travers le monde, des services de autorités locales, mais les entrepri- renseignement américains, britan- ses américaines ne seraient pas Service Relations Actionnaires 0811 01 02 03 (prix appel local) niques, canadiens, australiens et informées. – (AFP.) 4 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 INTERNATIONAL En Indonésie, le collège électoral est convoqué en vue de destituer le président A Djakarta, les députés ont voté, par 365 voix contre 4, en faveur d’une session spéciale de l’Assemblée consultative du peuple afin qu’elle se prononce sur le sort du chef de l’Etat, Abdurrahman Wahid, accusé de corruption. Mais celui-ci refuse de démissionner au profit de la vice-présidente Les députés indonésiens ont voté, mercredi dent Abdurrahman Wahid, élu le 20 octobre politique n'est cependant pas réglée, le pré- avec l’actuel chef de l’Etat. Ouléma tolérant ington, le département d'Etat a appelé à 30 mai, à une écrasante majorité, la convoca- 1999. Même si les partisans du chef de l'Etat sident refusant de démissionner au profit et érudit, M. Wahid continue de se croire le « une solution de la crise politique », en pré- tion d'une réunion de l'Assemblée consulta- ont envahi, mercredi, l'enceinte du Parle- de sa vice-présidente, Megawati Sukarnopu- seul à même de réduire le fossé entre natio- cisant que les Etats-Unis sont « prêts à sou- tive du peuple (MPR) qui pourrait conduire, ment, les violences ont été limitées à Djakar- tri. La fille de l’ancien président Sukarno nalistes et islamistes, tout en évitant la tenir toute résolution passant par des dans les deux mois, à la destitution du prési- ta, comme dans le reste du pays. La crise avait progressivement pris ses distances sécession de provinces séparatistes. A Wash- moyens constitutionnels et pacifiques ».

DJAKARTA attaques d’églises. Plusieurs villes et, dans l’Est javanais, bastion de naise peut paraître d’autant plus de notre envoyé spécial Un pays plongé dans une période d'incertitudes de la région ont connu des mani- M. Wahid, entre 5 000 à 50 000 rou- surréaliste qu’une guerre contre Alors que le président Abdurrah- MALAISIE festations parfois violentes mais piahs, ce qui a réduit peut-être l’am- des séparatistes dans la province man Wahid régalait ses invités du BRUNEBRUNEÏÏ sporadiques. Hasyim Muzadi, pleur de leur détermination. Faute d’Atjeh (Sumatra) fait de nouveau sommet du G 15 des pays émer- l’ouléma qui a succédé à M. Wahid d’instructions, selon l’un des chefs une demi-douzaine de victimes gents dans un salon de l’hôtel Hil- SINGAPOUR Halmahera à la tête du Nahdlatul Ulama – la des supporteurs du président, ces par jour, que le procès de la direc- ton, mercredi 30 mai en soirée, les RIARIAUU (Born(Bornéo)éo) Jayapura plus grande association musulma- derniers sont repartis de Djakarta tion d’un mouvement indépendan- députés indonésiens, réunis trois Kalimantan Sulawesi Moluques ne d’Indonésie – a dénoncé les sans faire de vagues. tiste papou en Irian Jaya se pour- cents mètres plus loin, lui ont fait Banda SumatraSumatra (C(Célèbes)élèbes) IrianJaIrian Jayaya attaques contre les lieux de culte Le chef de l’Etat n’a pas réagi for- suit, ou que des éléments incon- Atjeh un sort peu amène. A l’issue d’un I DJAKARTA Amboine et les écoles liées à d’autres mouve- tement au vote des députés. Selon nus tentent de rallumer le conflit débat tumultueux, mais par N Surabaya ments ou d’autres religions. Akbar Tanddjung, président de l’As- religieux qui sourd à l’archipel des D Bali Flores 365 voix contre 4, l’Assemblée O Surtout, après avoir rencontré les semblée nationale, il « dispose d’en- Moluques. L’action gouvernemen- N Javaa nationale (DPR) a voté la convoca- É Pasuruan TIMOR-ORIENTAL chefs des forces armées et de la poli- core un peu de temps pour survivre à tale est paralysée par la crise entre S Timor tion d’une session spéciale du col- I E 500 km ce, le super-ministre de la sécurité, une session spéciale » du MPR, à le président et le Parlement depuis lège électoral présidentiel, connu Susilo Bambang Sudhoyono, a mis condition qu’il « s’amende » et maintenant quatre mois et l’écono- sous le nom d’Assemblée consulta- CARACTÉRISTIQUES ÉCONOMIE • 2000 en garde contre toute action ou tive du peuple (MPR). Le MPR PNB 119,5 milliards de $ tout propos « provocateurs ». «En signifiera probablement au chef NATURE DU RÉGIME Présidentiel PNB/HAB. 580 $ cas d’émeute orchestrée par un diri- Les groupuscules gauchistes en ligne de mire de l’Etat, après l’avoir entendu, SUPERFICIE 1 919 000 km2 TAUX D'INFLATION (1998) 2% geant ou si un dirigeant laisse une que son temps est révolu et qu’il POPULATION 212,2 millions TAUX DE CHÔMAGE (1998) 15-20 % émeute se dérouler, la personne en Le général Surojo Bimantoro, chef de la police nationale, a déclaré devra céder sa place à la vice-prési- question sera tenue pour légalement mercredi qu’en cas de « provocations », il s’en prendrait à Budiman LANGUES indonésien (off.), EXPORTATIONS 48 milliards de $ dente Megawati Sukarnoputri. 200 langues ou dialectes responsable », a averti ce ministre Soedjatmiko, le chef d’un petit mouvement radical en contact avec le IMPORTATIONS 24 milliards de $ En séance, les députés du Parti auquel le président Wahid avait Parti du réveil national (PKB) du président Wahid. Emprisonné du MONNAIE roupie indonésienne du réveil de la nation (PKB), la for- demandé, lundi, de prendre les temps de Suharto, M. Budiman avait été libéré par Abdurrahman mation de M. Wahid, se sont battus ETHNIES Javanais (45%), RELIGIONS Musulmans (88%), mesures nécessaires pour « restau- Wahid. Le général Bimantoro a également cité la syndicaliste Indah pour reporter le scrutin avant de Sundanais (14%), protestants (5%), catholiques (3%), rer l’ordre ». Ce qui ne manque pas Sari et l’universitaire Thamrin Amal Tomagola. « Si des émeutes ont Madurais (7,5%),Malais (7,5%), hindous (2%), bouddhistes(1 %), quitter la salle sans en attendre le autres(26 %) autres (1%) de piment quand les seuls fauteurs lieu, ces personnes seront les premières arrêtées », a-t-il dit. déroulement. A l’extérieur, deux Source : Bilan Le Monde de troubles ont été, jusqu’à nouvel De son côté, le général Sutanto, inspecteur général de la police mille partisans du président sont ordre, des partisans du président. dans l’est de Java, a estimé que la violence était le fait d’une « troisiè- parvenus à franchir un premier cor- té, M. Wahid sera invité à l’amen- tution. Le MPR devra-t-il voter Le bain de sang a cependant été me partie ». Introduite dans le vocabulaire des années Suharto, cette don de police et se sont installés sur der. Un deuxième vote aura alors une troisième fois pour élire évité. L’une des banderoles expression fait souvent allusion à la « subversion communiste » dans les pelouses du Parlement. Mais, lieu et, s’il est négatif, le chef de Megawati ? La loi fondamentale déployées, mercredi, devant le Par- un pays où le communisme est interdit depuis 1966. – (Corresp.) face à un deuxième barrage formé l’Etat sera destitué. Le sens des ne le dit pas. Plusieurs semaines lement par des fidèles du président par une brigade anti-émeutes dont votes du MPR ne fait guère de dou- semées d’embûches vont enfin Wahid affichait pourtant un messa- les membres avaient reçu l’ordre de te : ce collège est composé des cinq s’écouler d’ici à la réunion du collè- ge explicite, en référence aux inter- accomplisse des « progrès significa- mie, qui s’était redressée en 2000, tirer en dernier recours, ils n’ont cents députés de l’Assemblée natio- ge électoral présidentiel. dits de l’islam : « Le sang du cochon tifs » dont la nature n’a pas été pré- menace de plonger. rien pu faire d’autre qu’exprimer nale et de deux cents autres délé- est haram [prohibé] mais le sang cisée. Mais Wahid pourrait aussi Jeudi 31 mai en matinée, le cal- leur rancœur et négocier leur éva- gués, pour l’essentiel régionaux. Les « LA PATIENCE ET LE CALME » d’Amien et d’Akbar est 100 % halal continuer de flirter avec l’idée de me régnait dans l’Est javanais et à cuation en fin de journée. Les jeux partisans de M. Wahid ne contrô- Malgré la mort par balle d’un [permis] ». Amien Rais, adversaire proclamer l’état d’urgence pour Djakarta, où l’on spéculait surtout étaient donc faits au Parlement. lent, au mieux, que 10 % de ces voix. manifestant, mercredi, dans l’Est le plus déterminé de M. Wahid, est peu que la situation dégénère. Pour sur la prochaine sortie d’un chef de Même si la présidence de M. Testée pour la première fois, la javanais, bastion de M. Wahid, les président du MPR, tandis qu’Akbar l’instant, il se borne à prêcher «la l’Etat dont la crédibilité semblait Wahid chancelle, la crise n’est pas procédure est toutefois longue et forces de l’ordre ont contrôlé la Tandjung, président du DPR, diri- patience et le calme » en répétant largement minée et l’emprise sur la pour autant réglée. La réunion du complexe. En outre, si la Constitu- situation. Le port de Surabaya, ge le Golkar, l’ancien parti de qu’il refuse de démissionner. Et le situation fortement entamée. MPR doit avoir lieu le 7 août, au tion indique clairement que la vice- principale agglomération dans Suharto. La police a affirmé que ministre des affaires étrangères, plus tard. Elle sera chargée de se présidente remplace le président l’est de Java, a été verrouillé par des manifestants avaient été payés, Alwi Shihab, a estimé qu’un « com- Jean-Claude Pomonti prononcer sur un rapport d’exercice en cas d’incapacité, elle est plus les forces de sécurité. Le calme a à Djakarta, de 25 000 à 50 000 rou- promis » est encore « possible ». du président. Si ce rapport est reje- floue dans l’hypothèse d’une desti- été rétabli à Pasuruan, après des piahs la journée (de 20 à 40 francs) Cette partie d’échecs djakarta- f www.lemonde.fr/indonesie

PROFIL déçue, quatre mois plus tard, enfants. Sa deuxième union, avec me quand un collège électoral prési- un diplomate égyptien, a été annu- Le déclin de « Gus Dur », ou la défaite M SUKARNOPUTRI, dentiel lui avait préféré Abdurrah- lée sur-le-champ. En 1973, elle a man Wahid. Elle avait dû se conten- épousé Taufik Kiemas, son mari PLUS QU’UNE HÉRITIÈRE ter de la vice-présidence dans un actuel, homme d’affaires de Suma- de l’autorité morale au contact de la politique duo qui n’a pas fonctionné. Echau- tra, dont elle a eu un troisième Megawati Sukarnoputri est adu- dée, elle est depuis restée sur ses enfant. DJAKARTA En dépit d’une cécité virtuelle et irrecevable et s’est opposé à tout lée, et le phénomène dépasse large- gardes, ne voulant pas être tenue Elue député en 1987, Megawati de notre envoyé spécial de deux attaques cardiaques, son dialogue avec le Parlement, ce qui ment les îles de Java et de Bali, où pour responsable d’une gestion sur Sukarnoputri ne s’engage vraiment L’élection d’Abdurrahman emploi du temps est demeuré sur- lui a valu une première motion de elle a ses racines. En juin 1999, lors laquelle elle n’a aucune prise. Tout en politique qu’en 1993, quand le Wahid à la présidence, le 20 octo- chargé et indiscipliné, ainsi qu’il censure en février puis une deuxiè- des premières élections libres depuis indique aujourd’hui qu’elle devrait Parti démocrate indonésien (PDI), bre 1999, avait été saluée, en Indo- l’avait fait pendant ses quinze me trois mois plus tard. quatre décennies, son mouvement, succéder à son vieil allié. l’une des trois formations autorisées nésie, comme la victoire de la rai- années à la présidence du Nahdla- A-t-il estimé qu’il pouvait à la le Parti démocrate indonésien de lut- La fille aînée de feu Sukarno n’a par Suharto, la porte à sa présiden- son et un pas vers l’apaisement. tul Ulama – l’association musulma- fois affronter des généraux rétifs et te (PDI-P), a remporté le tiers des suf- pas toujours eu la vie facile. Après ce. Suharto la chasse de la direction Après une trentaine d’années de ne que son grand-père avait fon- un Parlement hostile ? Ferme parti- frages et devancé largement le Golk- une enfance dans les palais prési- du PDI et fait prendre d’assaut, le régime autocratique et même si dée. Comme si Abdurrahman san de la laïcité de l’Etat, « Gus ar, une formation s’appuyant pour- dentiels, son univers s’est défait 27 juillet 1996, le siège de ce parti à elle s’était réalisée au prix d’une Wahid n’avait jamais vraiment su Dur » s’est sans doute convaincu tant sur l’administration encore en quand l’armée s’est retournée con- Djakarta au prix de cinq morts et de entourloupette de dernière minu- changer de présidence. qu’il est le seul à pouvoir réduire le place et qui a été, pendant un quart tre son père en 1965. Elle avait vingt-trois disparus. Mme Sukarnopu- te dont la populaire Megawati fossé entre nationalistes et islamis- de siècle, le relais politique de l’auto- alors dix-huit ans. Son premier tri devient ainsi le symbole de la Sukarnoputri avait été la victime, PARTISAN DE LA LAÏCITÉ DE L’ÉTAT tes dans un pays qui compte plus cratique Suharto. mari, un pilote de l’armée de l’air, résistance à un autocrate vieillissant. l’arrivée d’un ouléma modéré et Mais si le président, que tout le de 80 % de musulmans. Il a répété Se voyant alors présidente, s’est tué dans un accident d’avion Légaliste, s’opposant à toute violen- érudit avait été accueillie avec sou- monde appelle « Gus Dur », l’oncle que sa conduite de l’Etat est l’uni- Mme Sukarnoputri avait été très en 1970 après lui avoir donné deux ce, elle attend son heure. En jan- lagement. Impulsif mais tolérant, Dur, a de sérieux torts, beaucoup que moyen de prévenir la séces- vier 1998, cinq mois avant le limo- Abdurrahman Wahid allait offrir lui ont mené la vie très rude. Domi- sion de quelques provinces. Mais le geage de Suharto, elle condamne le une bouffée d’air frais. Dix-neuf nant l’administration et l’armée, manœuvrier s’est retrouvé, peu à régime et le pillage des ressources mois plus tard, sa présidence est l’ancienne nomenclature du régime peu, dans le fond d’une trappe. du pays par la famille régnante. au bord de la banqueroute et de Suharto a réduit systématique- Qu’il n’ait rien fait pour s’assurer le Au côté de M. Wahid, un ami l’homme esseulé semble prêt à ment sa marge de manœuvre. Ses soutien de Megawati Sukarnopu- d’enfance, elle trouve de moins en tout pour se maintenir au pouvoir, tentatives pour traîner devant la jus- tri, la personnalité la plus populai- moins ses marques. Découragée au risque de provoquer le chaos. tice Suharto et ses enfants se sont re du pays, a largement contribué à par le comportement erratique du Comment a-t-on pu en arriver là ? heurtées à un mur. Sa volonté de sceller son sort. président, elle se réfugie dans un Les adversaires du chef de l’Etat dialoguer avec les séparatistes à Les fortes convictions de «Gus silence désapprobateur. Dans la ne sont pas les seuls à lui repro- Atjeh ou en Irian-Jaya a été contre- Dur » lui ont probablement fait cacophonie ambiante, ce silence cher sa façon de gouverner puis- carrée par des militaires qui n’envi- perdre le contact avec la réalité. Il tranche favorablement : ceux qui que même l’un de ses proches col- sagent que la manière forte. Elu par a laissé descendre dans la rue des la connaissent ne doutent pas de la laborateurs a reconnu publique- une coalition d’intérêts bien divers, fidèles qui le considèrent comme fermeté, de la patience et de la ment, voici quelques mois déjà, il s’est laissé imposer, dès le début, un intouchable. Il a envisagé d’im- capacité à s’organiser d’une fem- son « incompétence ». Alors que un gouvernement hétéroclite et peu poser la loi martiale et n’y a renon- me de principes, dont la défense les crises s’aggravaient à demeure, solidaire. Enfin, les membres d’une cé que lorsque les militaires ont de l’unité indonésienne – héritage le président s’est rendu dans plus Assemblée nationale qu’il a traitée refusé de l’appliquer. Quand il a paternel – arrive au premier rang. de cinquante pays, où il a usé peu un jour de « jardin d’enfants » ont offert, voilà dix jours, de confier la Face à la paralysie croissante des à peu son large crédit internatio- voulu imposer un système parle- direction de son gouvernement à institutions et du gouvernement, nal. Ces absences ne l’ont pas mentaire inconsistant alors que la Mme Sukarnoputri, il a laissé dire Mme Sukarnoputri est contrainte empêché de multiplier les interven- Constitution indonésienne est d’ins- que, si la vice-présidente acceptait d’organiser la suite sans attendre, tions et les commentaires dans piration présidentielle. ce compromis, elle échouerait s’il le faut, la fin en 2004 du man- tous les domaines sans prévenir Raison ou prétexte, l’Assemblée assez vite pour que l’opinion dat de M. Wahid. Mais elle ne veut ses ministres. Avec des jugements s’est emparée de deux scandales demande au président de repren- ni créer un précédent ni affaiblir à l’emporte-pièce, notamment à financiers qui ont éclaboussé la pré- dre les choses en main. Aimant les l’institution présidentielle, à un l’encontre de sa « petite sœur » sidence l’an dernier pour faire chu- bons mots, « Gus Dur » a dit un moment où l’Histoire semble la rat- Megawati, publiquement qualifiée ter M. Wahid. Au lieu de calmer le jour que le premier président de traper et où l’héritière a l’intention de « stupide ». Le dédain du prési- jeu, ce dernier a jugé la manière l’Indonésie, Sukarno, était fou de d’imposer sa marque. dent pour l’économie a été évident femmes, que le second, Suharto, et ses capacités à déléguer et à était fou d’argent, que le troisiè- J.-C. P. écouter fort limitées. me, Habibie, était fou tout court et que le quatrième, lui-même, ren- dait les autres fous. S’il ne s’était pas impliqué direc- tement en politique, Wahid serait resté l’un des personnages les plus écoutés du vaste archipel. Mais le démon de la politique l’a démangé. Il y a laissé son autorité, peut-être son humour. Entre le rassurant ouléma de 1999 et le président qui s’accroche aujourd’hui au pouvoir que peut-il rester de commun ?

J.-C. P. INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 5 Décès de Fayçal Husseini, Le Liban sud à l’heure du redéploiement haut responsable palestinien KOWEÏT. Fayçal Husseini, responsable de l’OLP en charge du dossier de des casques bleus des Nations unies Jérusalem, est décédé d’une crise cardiaque, jeudi 31 mai, au Koweït, ont annoncé des responsables palestiniens. M. Husseini était le premier responsable palestinien à effectuer une visite au Koweït depuis la Allégée, la Finul ne surveillera plus une zone, mais la ligne qui sépare la région d’Israël brouille de la guerre du Golfe au cours de laquelle la centrale palestinien- ne avait soutenu l’Irak. Il devait assister jeudi à un congrès du Comité Présente au Liban sud depuis vingt-deux ans, la des forces israéliennes. Elle a déjà démantelé à en édifier de nouvelles le long de la ligne qui populaire de lutte contre la normalisation avec Israël, basé à Koweït. Force intérimaire de l’ONU pour le Liban (Finul) plus de la moitié de ses cent cinquante-deux posi- sépare Israël du Liban. Les habitants du Sud Fayçal Husseini était né à Bagdad en 1940, après que son père, Abdel prépare sa reconfiguration un an après le retrait tions dans l’ancienne zone occupée et se prépare dressent le bilan de sa présence. Kader Husseini, représentant d’une famille illustre de Jérusalem, eut été expulsé de Palestine par les Britanniques pour avoir mené, avec YATAR (Liban sud) zone anciennement occupée par seuls 2 000 mètres carrés sur les- d’autres, la grande révolte arabe de 1936. Abdel Kader Husseini avait de notre envoyée spéciale l’Etat juif, ils vont prendre posi- LIMITE DE LA ZONE quels était érigé le poste d’observa- été tué en 1948 lors de la guerre qui devait aboutir à la création de D'OPÉRATION Nabatiyé Depuis que, il y a plusieurs tion sur la seule « ligne bleue » DE LA FINUL tion des casques bleus, alors même l’Etat d’Israël. – (AP, AFP.) jours, les casques bleus népalais qu’ils ont eux-mêmes délimitée que ceux-ci avaient entouré de bar- Litani Merjayoun de la Force intérimaire de l’ONU pour séparer Israël du Liban, en Tyr belés les 4 500 mètres carrés du ter- attendant le tracé définitif de la LIBAN rain. Aujourd’hui, c’est cela mon Skopje serait disposée à satisfaire REPORTAGE frontière internationale. Les auto- Tebnine problème. » rités libanaises souhaitent pour Kyriat Un peu plus à l’ouest se dresse « Grâce aux casques Chmoneh leur part que les effectifs de la Yatar Bint une importante position du certaines revendications albanaises bleus, nous avons Finul soient maintenus à 4 500, Jbaïl bataillon irlandais de la Finul. GOLAN découvert l’électronique, aussi longtemps que le conten- Leur départ est prévu en octobre, SKOPJE. Le premier ministre macédonien Ljubco Georgievski a la musique... » tieux avec Israël n’aura pas été Nahariya et Tayssir Daqiq l’envisage avec annoncé, mercredi 30 mai, à la télévision nationale, un « probable définitivement réglé, ce qui est ISRAËL inquiétude. Propriétaire d’un com- changement », dans les mois à venir, de la Constitution macédonien- loin d’être le cas. Cette question merce où il vend un peu de tout – ne, une des principales revendications de la minorité albanaise. Le pour le Liban (Finul) ont évacué figurait à l’ordre du jour des entre- 5km CD, jeux et gadgets électroniques, chef du gouvernement envisage d’« abandonner le préambule de la leurs positions à Yatar, Abou Ali tiens du chef de l’Etat libanais, Lac de Tibériade bijoux et breloques, parfums, pro- Constitution, ou [d’]annoncer la création d’une seconde nation constituti- Soueidane a repris possession de Emile Lahoud, lors de sa visite ANCIENNE ZONE OCCUPÉE PAR ISRAËL duits d’artisanat… –, il s’attend à ve [et] d’une seconde langue officielle ». la colline sur laquelle ils avaient d’Etat à Paris, les 28 et 29 mai. Source : ONU une chute vertigineuse de ses C’est le premier geste aussi clair fait par le gouvernement en direction installé l’un de leurs postes d’ob- Le départ des casques bleus ne recettes. de la minorité albanaise depuis l’apparition, cet hiver, de l’Armée de libé- servation. Il inspecte les lieux, fait ni chaud ni froid à certains Et puis, il y a bien quelques postes « Nous allons perdre quelque six ration nationale (UCK). Autre signe de conciliation, le président, Boris constate qu’ils ont bouché le habitants de Yatar. « Ils ne fai- de gendarmerie dans la région et mille touristes, dit-il. C’est vrai que Trajkovski, a proposé d’amnistier une partie des rebelles albanophones, puits, attend des réparations de la saient qu’observer et n’ont jamais des patrouilles mixtes de gendarmes le pouvoir d’achat varie d’un à l’exclusion de ceux qui ont organisé et dirigé l’insurrection et de ceux Finul, fait une évaluation des per- empêché des agressions israélien- et des commandos de l’armée ». bataillon à l’autre, que celui d’un coupables d’avoir tué des soldats macédoniens. – (AFP, Reuters.) tes et profits de sa présence et ten- nes », dit un jeune homme. Plus « Si vous allez du côté du quartier Irlandais n’est pas le même que te d’entrevoir l’avenir. politisé, et donc plus informé de la général de l’ONU à Naqourah [sur celui d’un Ghanéen, mais globale- DÉPÊCHES Sur recommandation de Kofi véritable mission impartie à la la côte], dites-leur que j’attends tou- ment, c’est principalement de leurs a ÉTATS-UNIS/GOLFE : les forces américaines stationnées à Annan, le secrétaire général des Finul, Abou Ali Soueidane est jours des réparations pour ce puits, achats que nous vivions. » « Je peux Bahreïn et au Qatar ont été mises en état d’alerte renforcée, mercredi Nations unies, le Conseil de sécuri- d’un avis différent. Il ne « déplo- là, qu’ils ont bouché ». vous assurer que sur les quelque 30 mai, après que quatre membres présumés du réseau d’Oussama Ben té doit entériner, fin juillet, un allé- re » ni ne « se félicite » du départ deux cents commerces qui comp- Laden eurent été reconnus coupables dans les attentats contre deux gement et une reconfiguration des casques bleus. « Ils ont rempli « TOUTE UNE VIE » taient essentiellement sur eux dans ambassades américaines en Afrique en 1998, a indiqué un responsable des casques bleus, un peu plus leur mandat et accompli au moins Pour ce qui le concerne – et sans la région, il ne restera plus qu’une du Pentagone sous couvert d’anonymat. Selon lui, les troupes américai- d’un an après le retrait de l’armée deux choses essentielles, dit-il. Ils doute pour nombre d’agriculteurs vingtaine, ajoute M. Daqiq. Cela se nes déployées en Arabie saoudite avaient déjà été mises en état d’alerte israélienne de la bande qu’elle ont confirmé la libanité de la terre du Liban sud –, le problème est répercutera sur notre niveau de vie plus élevé avant que le tribunal de New York ne prononce, mardi, son occupait depuis 1978 en territoire et en ont été les garants et ils ont été ailleurs : ce sont les pertes finan- et jusqu’à nos fournisseurs à Bey- verdict dans cette affaire. La décision concernant les émirats de libanais. Les Népalais, qui avaient les relais aux yeux du monde de la cières subies du fait de l’hypothè- routh. Sans oublier que grâce à eux Bahreïn et du Qatar a été prise en raison « de renseignements, ainsi que installé sept postes d’observation réalité de ce qui se passait ici et de que de leurs biens pour y installer nous avons découvert des tas de du verdict », a dit ce responsable, ajoutant qu’avec « ces deux éléments dans le village de Yatar, ont déjà l’agressivité d’Israël. » les casques bleus. choses, l’électronique, la musique… combinés, il fallait être prudent ». Par ailleurs, les talibans au pouvoir à plié bagage. Abou Ali Soueidane sait égale- « Ici, explique-t-il montrant Ils ont aidé les écoles, les orphe- Kaboul ont réitéré, mercredi 30 mai, qu’ils ne livreraient pas Oussama Fin juillet, les effectifs de la ment gré à la Finul d’avoir finan- d’un geste ample l’étendue de son lins… Et les employés libanais de la Ben Laden, contre lequel, affirment-ils, les Etats-Unis ne leur ont don- Finul devraient passer de 5 800 à cièrement aidé des écoles, « com- champ, je cultivais du tabac et cela Finul, que vont-ils devenir ? » né aucune preuve de culpabilité. Un porte-parole du ministère de l’in- l’heure actuelle à 4 500, me ici à Yatar, où ils ont également me rapportait entre 2 millions et « Et puis, enchaîne-t-il, plus lyri- formation a jugé « injuste » la condamnation à New York. – (AFP.) c’est-à-dire revenir à leur nombre créé un terrain de foot. C’est posi- 3 millions de livres libanaises [un que, vingt-trois ans de présence, a FRANCE/AFRIQUE DU SUD : Lionel Jospin est arrivé, jeudi d’avant le retrait israélien. Deux tif », souligne-t-il. Il aurait souhai- peu moins de 1 500 dollars] selon c’est toute une vie. J’en connais cer- 31 mai, au Cap pour une visite de deux jours. Le premier ministre nouveaux allégements sont pré- té voir l’armée libanaise se les années. L’Etat libanais, qui paie tains personnellement. Je connais est accompagné d’Hubert Védrine (affaires étrangères), de Jean Gla- vus en 2002, qui porteraient leurs déployer dans la région pour y le loyer de la terre pour les casques leurs familles, je sais comment ils vany (agriculture) et de François Huwart (commerce extérieur), ain- effectifs à 2 000 fin juillet. Simulta- garantir la paix civile, mais « bon, bleus, ne m’en a offert que le dixiè- vivent… » si que d’une délégation de chefs d’entreprise. Un entretien est pré- nément, et alors que jusqu’à main- pour des raisons que l’on peut com- me. Ils sont venus arpenter le ter- vu avec le président Thabo Mbeki et une rencontre avec Nelson tenant ils surveillaient toute la prendre, l’Etat ne veut pas le faire. rain et n’ont tenu compte que des Mouna Naïm Mandela. – (AFP.) 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

EMPLOI Pour le deuxième mois (– 0,2 %) pour atteindre 2 075 400, 10,2 % sur un an). b L’ANPE aurait le SNU, syndicat majoritaire à l’agen- définitions du licenciement économi- consécutif, la baisse du chômage a selon les statistiques publiées, jeudi tendance à gonfler artificiellement ce. La direction juge ces pratiques que, recouvrant des conceptions dif- donné des signes d’essoufflement. 31 mai, par le ministère de l’emploi. le nombre de ses offres d’emploi et « très marginales ». b LE DÉBAT sur férentes des marges de souplesse Le nombre de demandeurs d’emploi b LES LICENCIEMENTS ÉCONOMI- celui des chômeurs ayant retrouvé la modernisation sociale voit s’oppo- offertes aux employeurs en matière n’a reculé que de 4 000 en avril QUES sont en recul de 2 % (et de un emploi grâce à ses services, selon ser, au sein de la majorité, plusieurs de gestion de leurs effectifs. Le chômage continue à reculer, mais de moins en moins vite Selon les chiffres publiés, jeudi 31 mai, par le ministère de l’emploi, le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 4 000 en avril par rapport à mars. Après les très fortes baisses de l’automne 2000, ce ralentissement de la décrue accroît les incertitudes sur l’évolution de l’activité économique

CELA se confirme : la baisse du « Ces résultats, qui traduisent glo- 4 000 demandeurs d'emploi en moins en avril aussi, moins nombreuses. Et les ment de l’activité. Il y a une semai- chômage donne des signes d’es- balement une moindre diminution reprises d’emploi diminuent de ne tout juste, le ministre de l’éco- soufflement. En avril, et pour le du chômage que les mois précé- CATÉGORIE 1+6 CHÔMEURS DE LES DEMANDEURS D’EMPLOI 6,8 % en avril, après avoir déjà nomie et des finances, Laurent second mois consécutif, selon les dents, restent néanmoins positifs », Chômeurs qui ont LONGUE DURÉE régressé de 8,6 % en mars. Fabius, qualifiait de « décevant » travaillé + de 78 h/mois données CVS en millions statistiques publiées, jeudi 31 mai, se réconforte le ministère de l’em- en millions Avec la moindre performance et d’« un peu surprenant » le chif- par le ministère de l’emploi et de ploi dans un communiqué. Les ser- d’avril se dessine néanmoins un fre de la croissance au premier tri- 3,0 la solidarité, le nombre de deman- vices d’Elisabeth Guigou font, par environnement plus incertain mestre. Sur les trois premiers mois deurs d’emploi n’enregistre ailleurs, valoir que la diminution quant à la poursuite – à rythme de l’année, le produit intérieur qu’une faible décrue, diminuant du nombre de chômeurs de lon- – 12,9 % soutenu – de la décrue du chôma- brut n’a, en effet, progressé que de seulement de 4 000 pour atteindre gue et de très longue durée (plus 3 551,8 sur 1 an ge. Le ministère fait donc savoir 0,5 %, quand l’Insee tablait, quel- 2 075 400 en données corrigées de deux ans), qui bénéficient ANCIENNE 2,502 700 qu’il n’entend pas lever le pied. Il ques mois plus tôt, sur 0,8 %.

des variations saisonnières. Le notamment du programme « Nou- 2,502 7 COURBE table, pour maintenir l’effort, sur M. Fabius a reconnu que la crois- recul n’est ainsi que de 0,2 % par veau départ » de l’ANPE, ne se les mesures en faveur des plus sance française pourrait être « légè-

0,664 2,5 rapport à un chiffre du mois de dément pas (-1,2 % en un mois, défavorisés contenues dans son rement en dessous » des prévisions mars déjà un peu anémique puis- -24,4 % sur un an). Fin avril, ils programme de lutte contre les du gouvernement si la tendance 1 088,5 qu’il avait affiché une baisse ténue étaient 664 000, représentant ainsi – 13,8 % exclusions, sur la relance de la du premier trimestre se poursui- de 0,6 % par rapport à février. Cer- 32 % de l’ensemble des deman- juin 1997 avril 2001 sur 1 an dynamique des créations d’emploi vait. tes, sur un an, le recul est de deurs d’emploi. Le ministère souli- NOUVELLE 2,075 400 avec le passage aux 35 heures dans A ceci s’ajoute la légère révision COURBE 332 900, soit une baisse de 13,8 %. gne également que la situation de En juin 1997, le chômage avait atteint les entreprises de moins de vingt à la baisse des prévisions d’investis- Certes, en incluant les chômeurs toutes les catégories de deman- son plus haut niveau avec 12,6 % 2,0 salariés à partir de janvier 2002 et sement pour 2001 dans l’industrie qui ont pu exercer une activité deurs d’emploi, quels que soient de demandeurs d'emploi. sur la mise en œuvre des plans telles qu’elles ressortent de la der- réduite, le résultat d’avril est un leur âge ou leur sexe, continue à En avril 2001, ce taux est de 8,7 %. d’actions personnalisés proposés à nière enquête Insee auprès des peu meilleur : le nombre total de s’améliorer. En avril, cette amélio- Le recul concerne toutes les catégories AJJM ASO NDJ FM A partir du 1er juillet 2001 à tout chefs d’entreprise (Le Monde du demandeurs d’emploi recule de ration a profité aux femmes, aux de chômeurs. 2000 2001 demandeur d’emploi dans le cadre 30 mai). Sans oublier une conjonc- 1 % par rapport au mois précédent 50 ans et plus et aux 25-49 ans Sources : minist. de l’emploi, ANPE et Insee de la nouvelle convention Unedic. ture européenne qui se fait plus et s’élève à 2 502 700. Pour autant, alors que l’effectif des deman- Il y a quelques jours, Mme Guigou a difficile puisque la plupart des un troisième indicateur, le taux de deurs d’emploi de moins de 25 ans fait rage, la ligne des entrées à rapport au mois précédent et de assuré que le nombre de deman- pays de la zone euro semblent chômage calculé au sens du a augmenté très légèrement. Sur l’ANPE pour cause de licencie- 10,2 % sur un an. Le nombre d’ins- deurs d’emplois « passera sous la commencer à ressentir les effets Bureau international du travail un an, il baisse toutefois de 13,2 %. ment économique n’affiche pour criptions à l’ANPE – tous motifs barre des 2 millions avant la fin de du ralentissement économique (BIT), envoie lui aussi des signes le moment aucune dégradation de confondus – est en repli de 4,2 % l’année ». aux Etats-Unis. Bref, pour le gou- de stagnation. A 8,7 % (contre RECUL DES INSCRIPTIONS la situation. En données corrigées en avril, et seules les inscriptions Reste que le chiffre d’avril, parce vernement, les indicateurs se font 9,9 % il y a un an), il demeure Après l’annonce d’une série de des variations saisonnières, cette consécutives à des fins de mission qu’il affiche une quasi-stagnation, plus fragiles. inchangé par rapport au mois de plans sociaux et alors que le débat catégorie d’entrées à l’ANPE est d’intérim augmentent légèrement. ne peut qu’alimenter les interroga- mars. sur les mesures antilicenciements même en recul de 2 % en avril par Les sorties de l’ANPE sont, elles tions sur un éventuel fléchisse- Caroline Monnot Les astuces de l’ANPE pour gonfler ses offres et améliorer le nombre de chômeurs placés Huit catégories b Catégorie 1 : chômeurs LES RÉSULTATS de l’Agence MISES EN RELATION FICTIVES dans une agence du Val-d’Oise et vus par des demandeurs d’emploi tions habilement posées suffisent immédiatement disponibles nationale pour l’emploi (ANPE) La première de ces « dérives » secrétaire départemental du SNU. souvent inconnus de l’ANPE. parfois à faire basculer des chô- (même s’ils travaillent jusqu’à sont-ils surévalués ? En 2000, l’éta- concerne une pratique « très répan- « L’agence ne contrôle que les meurs dans des catégories qui ne 78 heures par mois) cherchant un blissement public a recueilli due », affirme Christophe Moreau, « OFFRES BIDON » demandes, jamais les offres », déplo- sont pas comptabilisées dans le emploi à temps plein et à durée 3,2 millions d’offres d’emploi chef d’équipe dans une agence des Il arrive cependant qu’une re M. Moreau, qui a rassemblé au chiffre « officiel » du chômage indéterminée. Elle seule sert de (+ 6,6 % par rapport à 1999), dont Hauts-de-Seine et secrétaire dépar- « MER + » soit comptabilisée alors fil des mois une liste similaire (lire ci-contre). Le demandeur « baromètre » mensuel. 87 % ont été satisfaites, comme temental du SNU. Elle consiste à qu’aucune demande n’a été dépo- d’« offres bidon ». Parfois, l’agence d’emploi, surtout si c’est une fem- b Catégorie 2 : chômeurs l’indique son rapport annuel d’acti- obtenir auprès des entreprises sée par l’employeur ! Dès qu’un se contente d’enregistrer des me, accepterait-il un poste à immédiatement disponibles vité. Ces chiffres sont en partie ayant déposé une offre à l’ANPE le recrutement est connu, l’offre offres qu’elle trouve dans les peti- temps partiel ou un emploi d’intéri- cherchant un CDI à temps partiel. contestés par le Syndicat national nom des personnes qu’elles ont d’emploi correspondante est alors tes annonces de la presse locale ou maire, à défaut – ou en attendant – b Catégorie 3 : chômeurs unitaire (SNU), majoritaire parmi finalement recrutées par d’autres créée de toutes pièces avant d’être sur les listings d’agences d’intérim. d’un emploi à temps plein ? Une immédiatement disponibles les salariés de l’agence, qui s’est biais que celui de l’établissement aussitôt déclarée satisfaite et annu- réponse affirmative l’écarte alors cherchant un emploi à durée récemment alarmé, dans des let- public (bouche à oreille, petites lée dans la foulée. Certains sec- NOMBRE DE RADIATIONS de la catégorie 1, la seule prise en déterminée (CDD), temporaire ou tres envoyées à la direction et dans annonces, candidatures sponta- teurs d’activité affectés par un fort Certaines des « dérives » dénon- compte pour mesurer le taux de saisonnier. des tracts diffusés parmi les sala- nées…). Une fois le nom connu, turn-over, comme l’hôtellerie ou cées par le SNU ont une incidence chômage. b Catégorie 4 : chômeurs non riés, de la pérennité d’« un système l’agence peut alors le rajouter à la la restauration, « servent souvent directe sur les chiffres de l’emploi. La direction de l’ANPE ne contes- immédiatement disponibles, à la pernicieux et très ancré » à l’ANPE : liste de ses demandeurs d’emploi d’alibi pour faire du chiffre », expli- Pour faire baisser le nombre de te pas l’existence de « pratiques recherche d’un CDD ou d’un CDI, celui du « bidouillage des chiffres » et comptabiliser après coup son que M. Moreau. chômeurs de longue durée – une iconoclastes », mais en souligne le à temps plein ou partiel. du service public de l’emploi, sou- recrutement comme s’il résultait Dans le sud des Yvelines, les filia- des priorités du gouvernement –, caractère « très marginal ». « C’est b Catégorie 5 : personne en mis par sa tutelle, le ministère de d’une « mise en relation » effec- les d’un grand groupe de restaura- une pratique efficace consiste à l’arbre qui cache la forêt », déplore activité, mais à la recherche d’un l’emploi, à « des objectifs démesu- tuée par son intermédiaire entre le tion collective employant une quin- augmenter leur taux de radiation Alain Jecko, directeur général autre emploi. rés au mépris de la manière dont ils demandeur et l’entreprise. zaine de personnes en moyenne en organisant régulièrement des adjoint, assurant que l’ANPE «ne b Catégorie 6 : chômeurs non seront atteints ». Sur les listings de l’ANPE, cette font régulièrement appel à l’ANPE convocations collectives de chô- construit pas ses résultats par des immédiatement disponibles (activité Pour 2001, les 18 000 employés pratique est « facilement détec- pour trouver une dizaine meurs, auxquelles les plus démoti- bidouillages ». Dans tous les cas, de plus de 78 heures par mois) de l’ANPE ont reçu pour mission table », indique M. Moreau, car les d’« extras » par an. Mais, dans les vés finissent par ne plus se rendre. poursuit-il, la responsabilité de tels cherchant un CDI à temps plein. de collecter 3,1 millions d’offres, noms des demandeurs d’emploi fichiers de l’agence locale de Ver- « On n’a pas d’emploi à leur propo- actes, si elle venait à être prouvée, b Catégorie 7 : chômeurs non dont 66 % doivent être satisfaites ainsi « récupérés » ne sont pas sailles où sont traitées toutes les ser. On les convoque pour qu’ils ne ne peut être qu’individuelle et immédiatement disponibles par l’agence, et de faire baisser de assortis de leur numéro individuel demandes liées au secteur de la res- viennent pas », résume Annette sévèrement sanctionnée. M. Jecko cherchant un emploi à durée 1,2 million le nombre de chômeurs d’identification national. Or celui- tauration, ce sont entre 80 et 300 Dubois, conseillère dans une unité revendique, en revanche, la « mise indéterminée et à temps partiel. de plus d’un an. Ces objectifs sont ci doit être systématiquement men- offres provenant de chacune de de reclassement à Paris. sous pression » du réseau par un b Catégorie 8 : chômeurs non assortis de primes (3 000 francs en tionné, précise le règlement de ces filiales qui sont enregistrées « management serré » sur les objec- immédiatement disponibles moyenne), versées aux agents en l’ANPE, pour que soit comptabili- artificiellement au cours de l’an- BASCULER LES CHÔMEURS tifs que « la société attend de nous ». cherchant un autre emploi, à fonction des résultats obtenus sée comme une mise en relation née, avant d’être aussitôt annu- Militante au SNU, celle-ci expli- durée déterminée, temporaire ou localement et sur le plan national. positive (MER +) l’« embauche lées, tous les postes ayant été pour- que aussi comment quelques ques- Alexandre Garcia saisonnier. S’ils sont inférieurs aux objectifs, d’un candidat présenté directement les primes diminuent ou sautent. par l’agence sur une offre enregis- Instaurée sous la direction de trée ». Certaines agences peu scru- Michel Bon (1993-1995), cette poli- puleuses ne prennent même pas la Des définitions et des conceptions divergentes du licenciement économique tique « managériale » est toujours peine de se procurer le nom des en vigueur. Certains directeurs personnes recrutées sans leur inter- LA DÉFINITION du licencie- contrat de travail, consécutive invoquée par l’employeur (…). La loi tion destinée à remplacer l’actuel- d’agence fixent même des objec- médiaire : « Il arrive que des mises ment économique figure aujour- NOTAMMENT à des difficultés éco- doit prévoir, pour mieux l’encadrer, le, qui ne « répond pas aux nécessi- tifs individuels à leurs salariés, ce en relation soient faites sur un sim- d’hui au cœur du débat qui oppose nomiques ou à des mutations tech- une troisième cause possible ». tés nouvelles et aux besoins de proté- qui constitue, pour le SNU, « une ple X, un Dupont, ou encore avec le gouvernement à trois des parte- nologiques ». C’est cet adverbe, Faute d’adhésion des autres ger les salariés ». A la place, ils ont ouverture flagrante sur les déri- des noms piochés dans l’annuaire », naires de la majorité plurielle – com- « notamment », et la recherche de composantes de la majorité à ces proposé : « consécutive (…) à des ves ». assure Philippe Barriol, conseiller munistes, Verts et chevénementis- solutions de substitution qui ont, définitions, le gouvernement et le difficultés économiques qui n’ont pu tes. Ce n’est pas la première fois. en particulier, nourri la crise. PS se sont finalement résolus à ne être surmontées par tout autre Mais l’annonce, au mois de mars, b Les propositions du gouver- rien changer du tout. Sous l’impul- moyen que la réduction des coûts de suppressions d’emplois dans des nement et du PS. En s’appuyant sion de l’inspecteur du travail salariaux, soit à des mutations tech- grands groupes comme Danone ou sur la jurisprudence liée au licencie- Gérard Filoche, membre du nologiques indispensables à la péren- Marks & Spencer a déclenché, lors ment économique, plusieurs ver- bureau national du PS, 28 députés nité de l’entreprise et dès lors que de la discussion du projet de loi de sions ont été proposées par le pré- socialistes ont cependant soutenu l’entreprise n’a pas recours au tra- modernisation sociale, une vérita- sident de la commission des affai- un autre amendement visant à sup- vail intérimaire ou à la sous- ble bataille sémantique et techni- res sociales, Jean Le Garrec, et le primer l’adverbe « notamment ». traitance pour exécuter des travaux que. Avant le vote du texte, prévu rapporteur du texte, Gérard Ter- Selon eux, sa présence autorise qui pourraient l’être par le ou les le 13 juin, une nouvelle façon de rier. La première a fait long feu : des licenciements « si la réorganisa- salariés dont le poste est supprimé ». parvenir à un accord va être tentée. elle remplaçait la terminologie de tion est nécessaire à la sauvegarde Derrière ce combat de mots, Chacune des définitions défendues l’actuelle définition par « consécuti- de l’activité de l’entreprise, c’est la conception même du licen- jusqu’ici par les différentes compo- ve à des difficultés économiques, à c’est-à-dire, bien souvent, à des ciement économique qui est en santes de la gauche plurielle révèle des mutations technologiques ou à licenciements de convenance ». jeu. Malgré la disparition du mot cependant des conceptions bien dif- des réorganisations destinées à pré- « Cette notion de compétitivité », « notamment », les propositions férentes du droit social. server la compétitivité de l’entrepri- poursuivaient-ils dans l’exposé du gouvernement laissaient ouver- b Le point de départ. Constitue se concernée ». La seconde, cal- des motifs de leur amendement, tes des marges de souplesse aux aujourd’hui un licenciement pour quée exactement sur le même « est trop souvent utilisée pour employeurs. Pour la Gauche socia- motif économique, selon la loi du modèle, remplaçait le mot « compé- camoufler une recherche de liste, les Verts et le PCF, il s’agis- 2 août 1989, renforcée en 1992 titivité » par les « capacités de déve- meilleurs profits ». sait bien, en revanche, d’interdire, (article L-321-1 du code du tra- loppement ». L’adverbe supprimé b Les Verts. Présenté par Marie- dans les grands groupes, ce que vail), le licenciement « effectué par laissait, selon ses auteurs, « ouver- Hélène Aubert, l’amendement des d’aucuns appellent les « licencie- un employeur pour un ou plusieurs tes d’autres possibilités (…) [Il] ne écologistes supprimait, sans expo- ments boursiers » des grandes motifs non inhérents à la personne permet pas un encadrement législa- sé des motifs, l’adverbe. entreprises, destinés à augmenter du salarié résultant d’une suppres- tif suffisant (…) et fait peser sur le b PCF. En plus du fameux la rentabilité de leurs activités. sion ou transformation d’emploi ou juge une responsabilité trop lourde « notamment », les communistes d’une modification substantielle du de la réalité et du sérieux de la cause ont rédigé une tout autre défini- Isabelle Mandraud FRANCE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 7

Jacques Chirac est pressé par ses amis de reprendre Des députés socialistes l’offensive dans le débat sur son immunité pressent le gouvernement MM. Juppé, Sarkozy, Balladur et Madelin lui conseillent de réunir une commission de juristes d’améliorer la CMU Après le dépôt, par les socialistes, d’une proposi- sieurs dirigeants RPR, de même que M. Madelin, statut juridique de tout l’exécutif. Les députés tion de loi constitutionnelle visant à réformer le conseillent à Jacques Chirac de nommer une com- UDF ne devraient finalement pas voter la propo- statut pénal du président de la République, plu- mission chargée de réfléchir à une réforme du sition PS, vue d’un bon œil par M. Bayrou. Ils ont reçu le renfort de parlementaires de droite

LAISSER PASSER l’offensive du Balladur puis Patrick Devedjian, République me met mal à l’aise », l’article 68 de la Constitution, d’ici LE GOUVERNEMENT résiste, la me, des anciens titulaires de l’AMG. Parti socialiste sur le statut juridi- ancien avocat de M. Chirac, ont a-t-il confié, en ajoutant qu’«il au 12 juin, date de l’examen en séan- députée insiste. Chargée du suivi Surtout, ajoute-t-elle, le budget que du président de la République, plaidé dans le même sens. Le dépu- serait bon que Jacques Chirac pren- ce de la proposition de loi socialiste. de la couverture maladie universel- de la CMU, estimé à l’origine à en adoptant la formation de la tor- té des Hauts-de-Seine imagine ne une initiative ». M. Madelin s’est La veille, quelques députés proches le (CMU), Odette Grzegrzulka (PS, 9 milliards pour 6 millions de béné- tue comme le faisaient les soldats même que le président de la Répu- prononcé, de nouveau, pour la créa- du président de l’UDF, François Bay- Aisne), réclame l’intégration dans ficiaires potentiels est aujourd’hui romains, protégés de tous côtés blique et/ou le premier ministre tion d’« une commission de grands rou, avaient évoqué la perspective le dispositif de nouveaux bénéficiai- loin d’être utilisé : 5,7 milliards ont par leurs boucliers ? Ou faire mou- pourraient nommer une commis- juristes, codésignés par le président d’une proposition de loi plus large, res au moment où d’autres été dépensés pour 5 millions de per- vement, et de quelle manière ? sion de « grands juristes », chargée de la République et le premier minis- visant non seulement le chef de devraient en sortir. Sinon, a-t-elle sonnes. Et selon les dernières esti- C’est la question qui se pose désor- de proposer une réforme du statut tre, qui ferait rapidement une propo- l’Etat, mais aussi le premier minis- estimé mercredi 30 mai, en présen- mations présentées dans son rap- mais dans le camp chiraquien. juridique de l’ensemble de l’exécu- sition de consensus, de façon à sortir tre et les membres du gouverne- tant son troisième rapport sur le port, la population des personnes C’est la question qu’a posée Jean- tif, voire des titulaires d’un mandat cette question du débat présiden- ment. Mercredi matin, une majorité sujet devant la commission des âgées de plus de 60 ans est sous- Louis Debré, mercredi 30 mai, lors parlementaire, qui serait mise en tiel ». « On pourrait ainsi déboucher de participants a préféré inscrire la affaires sociales de l’Assemblée représentée en comparaison des de la réunion du groupe RPR de réforme dans le cadre du projet nationale, « il en ressortirait, dans l’Assemblée nationale. pour 2002. Chacun y trouve ainsi les faits, une véritable CMU à “deux En réponse à Nicole Catala et Les « montebourgiens » persistent et signent son compte : les chiraquiens sont vitesses” ». Pour M. Kouchner, Pierre Lellouche, députés de Paris, soulagés de ne pas apparaître à la Le 30 juin, en effet, le bénéfice de adeptes de la tortue, qui ont invo- Non, ils ne regrettent rien. Une dizaine de députés socialistes, signa- remorque des socialistes, et les la CMU, qui concernait au 31 mars la situation des urgences qué Montesquieu et la séparation taires de la motion d’Arnaud Montebourg (PS, Saône-et-Loire) visant « bayrouistes », tel Dominique « exactement 5 169 929 » person- des pouvoirs, Nicolas Sarkozy est à renvoyer Jacques Chirac devant la Haute Cour de justice, se sont Paillé (Deux-Sèvres), jugent qu’un nes, aurait dû s’arrêter pour un mil- « n’est pas satisfaisante » intervenu pour expliquer que, bien réunis autour de M. Montebourg, mercredi 30 mai, dans les salons tel thème sera « plus dévastateur » lion d’entre elles, celles dont les sûr, le président de la République Mars de la rue Saint-Dominique, à Paris. pour M. Chirac pendant la campa- revenus dépassent le plafond de res- Plusieurs services d’urgence des n’est pas un citoyen ordinaire, que, Faut-il maintenir la motion – qui a jusqu’à présent recueilli 31 signa- gne. M. Bayrou a d’ailleurs averti sources fixé, depuis le 11 janvier hôpitaux publics étaient en grève, bien sûr, il fallait repousser la pro- tures –, alors que la proposition de loi du PS modifiant le statut pénal ses troupes : « On n’évitera pas le 2001, à 3 600 francs par mois. La jeudi 31 mai. Le ministre de la san- position de loi socialiste, mais que, du président de la République sera examinée à l’Assemblée nationa- débat dans l’opinion. » Seul le dépu- majorité de ces sorties s’expliquent té, Bernard Kouchner, a reconnu, pour autant, il ne fallait pas rester le, mardi 12 juin ? « Oui ! », ont répondu les participants, parmi les- té européen Jean-Louis Bourlanges par la fin de l’attribution automa- mercredi à l’Assemblée nationale, immobile. L’ancien secrétaire géné- quels Jean Codognès (Pyrénées-Orientales), Monique Collange (Tarn), s’est déclaré favorable au texte du tique de la CMU, votée en que la situation des urgences n’est ral du RPR avait du reste plaidé René Mangin (Meurthe-et-Moselle) et Yvette Roudy (Calvados), tan- PS. Maurice Leroy, député de Loir- juillet 1999, à tous ceux qui bénéfi- « pas satisfaisante ». Il a rappelé dans le même sens, la veille, lors dis que Michèle Rivasi (app. PS, Drôme), absente, faisait connaître et-Cher, ne participera pas au vote. ciaient antérieurement de l’aide « l’enveloppe supplémentaire de d’un entretien avec Jacques Chirac, son souhait de poursuivre la démarche engagée. Les députés ont souli- « Le texte du PS vise à décoller le spa- médicale gratuite (AMG) gérée par plus de 300 millions de francs » au cours duquel il avait même fait gné que le texte du PS « ne règle pas » la question de la prescription, en radrap Montebourg qui colle au les départements. Dans une dizaine offerte par les agences régionales valoir les avantages qu’il y aurait à avril 2002, de l’une des accusations portées contre M. Chirac. doigt de Jospin. Laissons les socia- d’entre eux, cette aide était en effet d’hospitalisation et « la création reprendre l’initiative. listes régler entre eux leurs problè- supérieure. Dans un souci d’apaise- de 100 postes de praticiens hospita- mes ! », a-t-il ironisé. ment, la ministre de l’emploi et de liers et de 70 postes de praticiens « RÉFLEXION SEREINE » œuvre après l’élection présidentiel- sur une solution qui aurait l’aval de Philippe Douste-Blazy, lui, était la solidarité, Elisabeth Guigou, a adjoints ». Il a assuré qu’il faudrait Cela tombait bien : Alain Juppé le. A l’Elysée, le secrétaire général tous les candidats à l’élection prési- absent. Après un déjeuner avec annoncé, le 15 mai, le maintien encore « faire des sacrifices finan- défendait la même thèse dans un de la présidence de la République, dentielle, ce qui nous permettrait de Jean-François Copé, secrétaire dans le dispositif de ces personnes ciers » et « coordonner » le travail entretien au Monde du 31 mai. Le Dominique de Villepin, défend la sortir de ce climat un peu glauque et général adjoint du RPR chargé du jusqu’au 31 décembre 2001. avec les « praticiens de ville ». maire de Bordeaux, qui avait reçu même idée, mais rien n’indique que fétide », a ajouté le député d’Ille-et- projet d’alternance, le président du Loin de calmer les esprits, ce Mercredi, le président de la M. Chirac, dans sa ville, quatre le chef de l’Etat soit déjà convaincu Vilaine, qui juge par ailleurs groupe UDF a agacé certains de ses report irrite. « Autant dire que nous République recevait à déjeuner jours plus tôt, a affirmé devant le par ces différents interlocuteurs. « malencontreux » l’avis du 22 jan- collègues en annonçant, dans sommes partis dans cette voie jus- une vingtaine de praticiens hospi- groupe qu’il fallait engager « une A vrai dire, c’est Alain Madelin vier 1999 du Conseil constitution- l’après-midi, que « le groupe UDF qu’aux élections présidentielles », taliers. Soulignant que la réfor- réflexion sereine », s’inspirant des qui, le premier, avait formulé cette nel étendant le privilège de juridic- votera contre » la proposition socia- proteste ainsi Mme Grzegrzulka. Car me de 1996 engagée par le gouver- exemples étrangers, et, pourquoi proposition, dimanche 27 mai sur tion du président de la République liste, avant même que les députés d’un autre côté, pour 52 francs de nement Juppé lui paraissait pas, nommer une commission de France 3. Le président de Démocra- à l’ensemble de ses actes. centristes en aient débattu. plus par mois, les titulaires de l’allo- « dans l’ensemble être bien rentrée sages, à l’image de la « commission tie libérale, candidat potentiel à De leur côté, les centristes ont cation adulte handicapé (AAH) et dans la vie des hôpitaux », Jacques Vedel », formée en 1993 par Fran- l’élection présidentielle, a renchéri, renoncé, mercredi, lors d’une réu- Service France du minimum vieillesse sont aujour- Chirac a appelé à la création d’un çois Mitterrand pour proposer un mercredi, lors d’un déplacement à nion du comité exécutif de l’UDF, à d’hui exclus de la CMU, qui assure observatoire national de la démo- toilettage des institutions. Edouard Nîmes. « L’inertie du président de la présenter leur propre réforme de f www.lemonde.fr/chirac-affaires une couverture complémentaire graphie médicale. santé gratuite. « Cette situation n’est pas acceptable », affirme le rappor- teur, qualifiant la proposition du jeunes, notamment des moins de Maxime Gremetz dément avoir été désavoué par Robert Hue gouvernement de « fausse bonne 20 ans (41,9 % des « CMUistes » solution ». Ceci « aurait pour effet contre 20,4 % pour l’ensemble des UNE CRISE ? Quelle crise ? Les protestations sur « un ou deux points du texte », une nouvelle pos : « Vous me connaissez, j’ai fait une répartie de créer une rupture du principe assurés). de Maxime Gremetz, destitué de sa fonction de définition des licenciements économiques et en plaisantant », déclarait-il au Monde, niant d’égalité » au détriment des plus Pour le gouvernement, le problè- porte-parole du groupe communiste sur le pro- « un meilleur contrôle » des représentants des farouchement avoir été désavoué. « Dans le grou- pauvres, écrit-elle. me est complexe. La position de jet de loi de modernisation sociale, au profit salariés sur les plans sociaux. pe, tout le monde s’est félicité de la façon dont le La députée ajoute : « Certains Mme Grzegrzulka est en effet large- d’Alain Bocquet (Le Monde du 31 mai), émeu- Le PCF, engagé dans une partie à haut risque, dossier avait été conduit. C’est notre osmose dans départements comme le Var ou la ment partagée par des députés de vent peu la Place du Colonel-Fabien. « On est ne veut pas s’en remettre à un député engagé le travail qui a contraint à accepter le report », pré- Charente-Maritime, qui ont décidé droite comme de gauche mais éga- face à une situation nouvelle, très importante, il est dans un parcours solitaire. Le parti a peu appré- cise M. Gremetz, qui ajoute : « Compte tenu de la d’anticiper la sortie des anciens béné- lement au Sénat. Les sénateurs assez naturel que le président du groupe prenne cié le pas de deux du député de la Somme, nouvelle situation, sur proposition de Robert Hue ficiaires de l’AMG, ont commencé à communistes ont ainsi déposé un les choses en main », expliquait-on, mercredi louant les capacités d’ouverture d’Elisabeth et avec mon accord, pour que l’on respecte le grou- mettre en place des systèmes locaux amendement, examiné mercredi 30 mai, à la direction du PCF. « Il n’y a pas de Guigou après son entrevue avec la ministre, le pe, il est normal de mettre dans la balance l’autori- pour compenser les effets de seuil. Si avec bienveillance par la commis- crise, ni dans le groupe ni ailleurs », ajoutait un 21 mai au soir, pour déchanter le lendemain té du président du groupe. » Au reste, c’est lui qui cela n’est pas encadré, nous allons sion des affaires sociales, pour attri- proche de Robert Hue. L’Humanité du 31 mai ne matin au vu des amendements du gouverne- recevra, le 7 juin, « les salariés des entreprises vic- repartir vers des inégalités géogra- buer la CMU aux bénéficiaires de souffle mot de l’affaire. ment (Le Monde du 24 mai). L’attaque frontale times de plans de licenciement pour examiner les phiques, c’est-à-dire le contraire du minima sociaux. L’opposition est Dans l’après-midi, M. Bocquet, qui avait déjà de M. Gremetz contre les amendements des amendements du groupe et vérifier avec eux qu’ils principe de la CMU. » tout aussi critique. « Tous les mini- rencontré la ministre de l’emploi et de la solida- sénateurs communistes sur les licenciements correspondent à ce qu’ils attendent ». Face aux arguments financiers ma, ça ne passera pas mais je sou- rité pour faire « un état des lieux » des positions avait achevé d’agacer la direction du parti. Jeudi matin, le groupe n’avait manifesté aucu- avancés par le ministère de l’écono- tiens la démarche de Mme Grzegrzul- de chacun sur les licenciements, s’est montré ne solidarité particulière avec M. Gremetz. La mie, qui chiffre à 3 milliards de ka pour l’AAH et le minimum vieilles- avare de commentaires : « Je m’occupe du dos- « LE DOSSIER, C’EST MOI QUI LE CONNAIS » plupart de ses collègues s’étaient montrés, les francs supplémentaires l’intégration se car le plafond actuel constitue un sier à la demande de mon groupe. Je m’en occu- L’intéressé ne décolérait pas, mercredi après- jours précédents, moins virulents que lui face au des titulaires de minima sociaux, couperet inacceptable. Nous l’avons pais déjà, mais il semblerait que, maintenant, il midi, devant l’AFP. « Qui peut décider que je ne gouvernement. Six d’entre eux, maires sortants, Mme Grzegrzulka estime à « pas plus dit dès le départ », déclare Charles faut évoluer », s’est-il contenté de déclarer. suis plus le porte-parole ? Le dossier, c’est moi qui ont été battus aux élections municipales, ce qui de deux milliards » le coût de l’inté- Descours (RPR, Isère), membre du C’est donc M. Bocquet qui mènera les discus- le connais, pas Bocquet ! », a pesté le député, en donne à réfléchir à tous dans la perspective des gration des 1,2 million de personnes conseil de surveillance du fonds de sions avec le gouvernement d’ici au 13 juin, dénonçant par avance des « arrangements législatives de juin 2002. bénéficiaires de l’AAH ou du mini- financement de la CMU. date prévue pour le vote solennel sur la loi de sociaux-démocrates » entre Robert Hue et Lionel mum vieillesse. Ce coût serait en modernisation. Selon lui, un accord est possible Jospin. Jeudi matin, le député minimisait ces pro- B. G. partie compensé par la sortie, à ter- Isabelle Mandraud

DÉPÊCHES La compétition s’aigrit chez les Verts pour l’élection présidentielle a IVG : le Parlement a définitivement adopté, mercredi 30 mai, le projet de loi portant de dix à douze semaines le délai légal de l’interrup- tion volontaire de grossesse (IVG) par un ultime vote à l’Assemblée Dominique Voynet ne dissimule plus sa préférence pour Alain Lipietz contre Noël Mamère nationale. Le texte contient également des dispositions sur la contraception et donne un cadre légal à la stérilisation à visée UNE SÉVÈRE explication a eu ser ». La ministre, qui s’était refu- re », estime-t-il, jugeant le résultat té – de voir que les avatars de la pri- contraceptive. lieu, mercredi 30 mai, entre les sée à prendre position publique- final « très ouvert ». maire des Verts circulent jusqu’au a DÉMOCRATIE SOCIALE : Nicole Notat prône « l’ouverture d’un deux candidats qui restent en lice ment, y dément qu’elle soutienne Cette chasse aux voix agace plus haut niveau de la gauche plu- chantier sur la démocratie sociale » dans un entretien publié jeudi 31 mai pour les primaires des Verts à la M. Mamère. En ce qui concerne le beaucoup le maire de Bègles, qui rielle. Lors d’une réunion restrein- par Les Echos. La secrétaire générale de la CFDT estime que ce dossier présidentielle, Noël Mamère et second tour, « il est “Ouvert” (!), doit débattre avec M. Lipietz à te du groupe RCV (radical, « doit évidemment se discuter entre l’Etat, les syndicats et le patronat ». Alain Lipietz. Le député de Giron- écrit-elle. Alain doit faire sa campa- Lille, le 11 juin, sur les terres de citoyen, Vert) de l’Assemblée, « Nous serons cependant très attentifs à ce que les partenaires sociaux et les de, qui s’était félicité du bon climat gne sans arrière-pensées. Il n’y a pas Marie-Christine Blandin, chef de M. Chevènement s’est amusé, gen- salariés ne soient pas les otages de surenchères politiques », ajoute du premier tour – il avait obtenu de “deal” répartissant les rôles (…). file de Maison verte. Pour l’ins- timent, en s’adressant à M. Mamè- Mme Notat qui, par ailleurs, rappelle son attachement à la réforme de la 42,7 % des voix, et M. Lipietz Quelle que soit ma préférence inti- tant, ni elle, ni son « associé » Sté- re. « Nous avons parlé de toi, au représentativité des syndicats. 25,6 %, le 18 mai – est exaspéré par me, qui est, je crois, connue de tous, phane Pocrain n’ont exprimé de dîner de la majorité, tu as servi de a MAGISTRATURE : le Parlement a définitivement adopté, mercre- la tournure que prend le second je ferai loyalement la campagne du préférence. Ils se sont contentés hors-d’œuvre, de mise en bouche », di 30 mai, le projet de loi visant à faciliter le déroulement de la carrière tour. Le député européen, persua- candidat que les Verts auront choi- d’interpeller M. Mamère sur le a raconté le président du Mouve- des magistrats. L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité et dans les dé qu’il est « le meilleur candidat si. » cumul des mandats, question chè- ment des citoyens. Mme Voynet mêmes termes le texte adopté par le Sénat. Ce projet permet d’augmen- pour rassembler les Verts », a publié re aux plus puristes des Verts. «Ily ayant fait état de son penchant ter le nombre de postes disponibles dans les échelons hiérarchiques éle- une liste de signatures de soutien LA SIGNATURE DE RENÉ DUMONT longtemps que j’ai dit que je ne ferai pour M. Lipietz, le député de Bel- vés de la magistrature et facilite la mobilité géographique. au bas d’un texte intitulé « douze M. Lipietz se prévaut également pas plus de trois mandats à Bègles. fort a rapporté : « Comme la table a SÉCURITE QUOTIDIENNE : le Sénat a adopté en première lectu- raisons de choisir Alain Lipietz ». de la signature de René Dumont, Ceux qui voteront en 2007 pour la était composée pour l’essentiel d’an- re, mercredi 30 mai, le projet de loi sur la sécurité quotidienne en y Ce texte est signé notamment candidat écologiste à l’élection pré- première fois auront dix-huit ans et ciens marxistes, c’est Alain Lipietz apportant de profondes modifications sur le rôle des maires, la par des fidèles de Dominique Voy- sidentielle de 1974, où il avait n’auront connu que moi », calcule qui a eu la préférence ! » délinquance des mineurs et le commerce des armes. Le groupe des net, comme Denis Baupin, Yves recueilli 1,32 % des voix. Le député M. Mamère. En revanche, il souhai- Cette boutade n’a guère inquié- centriste a voté le texte avec les élus RPR et les Républicains et Indépen- Cochet, Eric Alauzet, Gérard Bor- européen, qui a tenu à rencontrer te se représenter aux élections té M. Mamère. La réticence de dants. Le projet devrait être réexaminé par l’Assemblée nationale dans von, mais aussi par le chef de file tous les candidats éliminés au pre- législatives en 2002 et caresse l’es- Mme Voynet à accepter que les le courant du mois de juin. du courant Autrement les Verts, mier tour, assure aussi qu’Alice poir, si les Verts ont un groupe, de Verts empruntent pour financer a OUTRE-MER : le Parlement a adopté, mercredi 30 mai, un texte Martine Billard, ou encore par Crété (12,5 % des voix) et Yves Fré- le présider. « Je ferai mon choix au leur campagne, en tablant sur un autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour adap- Yves Contassot. M. Lipietz, qui mion (8,2 %), le soutiennent, lendemain des législatives en fonc- résultat au-dessus de 5 %, le gêne ter et actualiser le droit outre-mer, avec un vote unanime de l’Assemblée n’était pas soutenu officiellement « même s’ils ne le feront pas publi- tion des possibilités de voir un Vert davantage. « Si je pensais que l’on nationale. Le Sénat s’était déjà prononcé en faveur du texte le 3 mai. Les par le courant « voynétiste », quement ». « Etienne Tête [9,7 %] élu à Bègles », dit-il. pouvait faire 5 %, j’y serai allée moi- habilitations concernent notamment l’organisation des transports intéri- Ouverts, fait aussi circuler sur votera pour moi aussi », assure Le député de Gironde se lasse même », lui a répondu la ministre. eurs et permettront au gouvernement de prendre des mesures sociales à Internet une lettre de Mme Voynet, M. Lipietz. « Tout le monde se aussi – alors Mme Voynet avait pro- Mayotte dans le cadre du nouveau statut de cette collectivité. que « Dominique autorise à diffu- regroupe autour de ma candidatu- mis d’observer une stricte neutrali- Béatrice Gurrey 8 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

AFFAIRES La onzième chambre francs d’amende pour « recel d’abus ne Deviers-Joncour, l’ancien ministre 800 000 francs par les juges, qui ont prisonnement, presque autant qu’Al- du tribunal correctionnel de Paris a de biens sociaux ». b LE TRIBUNAL a des affaires étrangères avait « réso- écarté sa « complicité » dans les fred Sirven, qui écope de quatre ans condamné, mercredi 30 mai, Roland estimé qu’en profitant de l’argent lument franchi les limites de la loi détournements effectués. b L’EX- ferme. b CHRISTINE DEVIERS-JON- Dumas à six mois de prison ferme, illégalement perçu du groupe Elf- pénale ». b LES BÉNÉFICES directs PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, est COUR est condamnée à trois ans de deux ans avec sursis et 1 million de Aquitaine par sa compagne, Christi- dont il a profité sont évalués à condamné à trois ans et demi d’em- prison dont dix-huit mois avec sursis. La justice inflige à Roland Dumas une peine de six mois de prison ferme En profitant des sommes versées à sa compagne, Christine Deviers-Joncour, au préjudice du groupe Elf, l’ancien ministre des affaires étrangères a « résolument franchi les limites de la loi pénale », estime le tribunal. L’ancien PDG d’Elf-Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, est condamné à trois ans et demi d’emprisonnement

UN À UN, à l’appel de leur nom, ils rendant coupable d’un « recel d’abus selon les juges, à l’origine de l’em- affaires, ne s’explique que par la rela- tructions éventuelles « ne sont pas mité affective. » M. Dumas savait se sont levés et, à l’exception de deux de biens sociaux » au préjudice du bauche par Elf de celle-ci et du verse- tion qu’elle entretenait avec Roland certaines », et rien ne vient démon- donc que « les rémunérations manifes- d’entre eux – relaxés – se sont rassis, groupe pétrolier Elf, évalué, pour la ment tant des salaires et avantages Dumas », estime le tribunal. trer que M. Dumas ait pu connaître, tement importantes qui lui étaient ver- mine abattue. Loïk Le Floch-Prigent, part le concernant, à 800 000 francs. que de deux commissions litigieu- Cependant, les juges ont écarté par avance, la nature complaisante sées n’étaient pas justifiées ». En consé- l’ex-PDG d’Elf, qui disait n’avoir rien Sa peine, comme toutes les autres ses, en 1991 et 1992, de 14 et 45 mil- l’idée que l’ancien ministre ait pu du travail proposé. « Ce n’est qu’au quence, l’ancien ministre « a bénéfi- vu et se retrou- peines prononcées, est inférieure lions de francs. Un rôle conforté par donner quelques instructions préci- cours des mois postérieurs à cette cié d’avantages, que l’on pourra certes ve condamné, cependant aux réquisitions du par- Loïk Le Floch-Prigent, qui, « afin de ses pour favoriser l’embauche de embauche, estiment-ils, que [l’ancien qualifier de minimes au regard de ses légèrement quet, qui réclamait contre lui deux satisfaire leurs intérêts personnels son ancienne compagne, bien que, ministre] a pu constater que les avan- propres ressources, mais en sachant moins que son ans ferme (Le Monde du 21 mars). communs », « a laissé son bras droit notent-ils, « il n’ait jamais été avare tages matériels consentis à sa maîtres- qu’ils ne pouvaient avoir été financés ancien bras Il convient, précisent les juges, […] user des facilités offertes par un d’interventions destinées à permettre se étaient inversement proportionnels que par des rémunérations indues ». droit, Alfred « de tenir compte dans l’appréciation grand groupe pour héberger des sala- à ses amis ou proches d’obtenir des à la consistance de son emploi. » Sur un même raisonnement, les Sirven, volon- du quantum de la peine des fonctions riés de complaisance » et « a permis emplois ». « La thèse selon laquelle juges ont rejeté l’idée que les deux ² tairement qu’il a occupées dans la vie de l’Etat à ce dernier d’opérer des détourne- l’embauche de Mme Deviers-Joncour « UN BÉNÉFICE PERSONNEL » importantes commissions versées PROCÈS absent, déte- et dans le monde judiciaire, lesquelles ments selon une procédure [de verse- aurait été le prix à payer en contre- C’est sur cette connaissance pro- à Christine Deviers-Joncour, dont nu à la prison parisienne de la Santé. n’ont pu qu’aiguiser sa conscience du ment de commissions] impliquant partie du soutien apporté à la nomi- gressive des avantages consentis à sa l’une via un compte de Gilbert Mia- Gilbert Miara, l’homme d’affaires contenu de la règle de droit ». Un rap- nécessairement son accord ». nation de Loïk Le Floch-Prigent, ne maîtresse, dont lui-même a profité ra, aient pu correspondre, pour la affable, que son avocat présentait pel sec à la loi, autant qu’à la morale Ainsi les juges n’ont-ils accordé peut qu’être écartée », disent-ils. par le biais de plusieurs repas, de première, à la compensation d’un comme « un personnage rapporté ». publique : « La connaissance toute aucun crédit à la thèse de Christine « Rien ne permet d’affirmer que cadeaux – achat de bottines, de sta- travail de lobbying mené pour assu- Christine Deviers-Joncour, l’ex-maî- particulière […] qu’il a eue du carac- Deviers-Joncour, selon laquelle Roland Dumas soit intervenu dans le tuettes antiques – que l’ancien prési- rer la nomination de Loïk Le Floch- tresse de l’ancien ministre, qui avait tère illicite de la fortune acquise par elle avait mené une activité de com- processus officiel de nomination et dent du Conseil constitutionnel, pré- Prigent à la tête du groupe pétro- espéré « le pardon judiciaire abso- Christine Deviers-Joncour grâce à son munication, exercée dans une tota- que son “poids” ait compté. » cisément, voit sa condamnation lier – la fameuse « clé en or » lu ». Et Roland Dumas, le dernier des passage chez Elf aurait dû lui interdi- le confidentialité, et tout entière De même, s’« il ne peut être exclu, pour « recel » scellée : « S’il n’a pas qu’aurait proposée Alfred Sirven appelés, main gauche calée dans la re d’en tirer le moindre avantage. » tournée vers la personne du minis- selon eux, qu’il ait été décidé de exigé ni même réclamé l’embauche de pour abriter les amours du minis- poche de son veston, canne à la main tre des affaires étrangères. « L’em- devancer les souhaits de Roland Christine Deviers-Joncour, indiquent tre – et, pour la seconde, à un autre droite, raide comme un supplicié. « UN RÔLE MAJEUR » bauche, en 1989, de Christine Dumas, dans le but de s’attirer ses les juges, [Roland Dumas] n’a pas lobbying en lien avec l’affaire des A peine la présidente de la onziè- Cependant, le tribunal a fait la Deviers-Joncour, sans qualification faveurs, et de voir grandes ouvertes pour autant ignoré que le motif de cet- frégates vendues à Taïwan. Ils ont, me chambre correctionnelle du tri- part des choses. Roland Dumas est professionnelle ni expérience des les portes du Quai d’Orsay », ces ins- te embauche résidait dans leur proxi- de même, rejeté l’idée que Roland bunal de Paris, Sophie Portier, lui relaxé des faits de complicité Dumas ait pu intervenir dans le pre- signifie-t-elle qu’il est condamné à d’abus de biens sociaux qui lui avec sursis et 1 million de francs mier de ces deux versements. deux ans et demi de prison dont six étaient reprochés et qui, s’il avait Cinq condamnations et deux relaxes d’amende pour « recel d’abus de En revanche, observant que l’ar- mois ferme, le reste assorti du sursis, été reconnu coupable, aurait fait biens sociaux ». gent de ces commissions avait servi et 1 million de francs d’amende, l’an- de lui un protagoniste plus actif b Alfred Sirven, ancien directeur mois avec sursis, et 1,5 million de b André Tarallo, ancien à acheter le somptueux apparte- cien président du Conseil constitu- dans les délits sanctionnés. des affaires générales d’Elf francs d’amende pour « recel directeur de ment de la rue de Lille, les juges ont tionnel tombe sur sa chaise, comme A chacun, le tribunal a en effet dis- Aquitaine : quatre ans d’abus de biens sociaux ». l’exploration-production, puis estimé que Roland Dumas avait une masse, puis se retourne vers son tribué son rôle dans cette affaire de de prison et 2 millions de francs b Gilbert Miara, homme des hydrocarbures, chez Elf, toutefois, au titre du « recel », « reti- avocat. « J’ai pas compris », aurait-il gros sous, estimant finalement que d’amende pour « abus de biens d’affaires : dix-huit mois a été relaxé. ré un bénéfice personnel [de cet dit. Ou a-t-il déjà trop compris ? 64 311 410 francs avaient été abusi- sociaux » et « complicité d’abus d’emprisonnement et 1 million de b Jean-Claude Vauchez, ancien appartement], devenu en quelque Dans l’épais jugement qui est dis- vement soustraits des caisses du de biens sociaux ». francs d’amende pour administrateur chez Elf Aquitaine sorte son propre lieu de réception ». tribué aux parties dans le prétoire groupe pétrolier. « Un rôle majeur » b Loïk Le Floch-Prigent, ex-PDG « complicité et recel d’abus de International (EAI) a été relaxé. Des conclusions rejetées, mercredi transformé en étuve, il est écrit, en pour Alfred Sirven tout d’abord, d’Elf Aquitaine : trois ans et demi biens sociaux ». b Les condamnés devront en 30 mai, par les défenseurs de l’an- guise de conclusion, que l’ancien avo- qui, selon les juges, « a immédiate- de prison et 2,5 millions de francs b Roland Dumas, ancien outre solidairement verser cien ministre, qui ont annoncé que cat, ancien député, ancien ministre ment perçu les avantages personnels d’amende pour « abus de biens président du Conseil 64 311 410 francs à Elf Aquitaine, leur client faisait appel, de même des affaires étrangères, ancien juge qui pouvaient être retirés de la proxi- sociaux ». constitutionnel et ancien ministre partie civile, la solidarité étant que tous les autres condamnés. constitutionnel, a « résolument fran- mité de Roland Dumas et de Christine b Christine Deviers-Joncour : des affaires étrangères : trente limitée à 800 000 francs pour chi les limites de la loi pénale » en se Deviers-Joncour » et a été, toujours trois ans de prison, dont dix-huit mois de prison, dont deux ans Roland Dumas. Jean-Michel Dumay « Il convient de tenir compte des fonctions qu’il a occupées dans la vie de l’Etat et dans le monde judiciaire » Voici les principaux extraits du Christine Deviers-Joncour qui lui a Roland Dumas n’est pas parve- res rendent aussi peu vraisemblable pas ignoré que Christine Deviers- nière et a suscité les versements jugement rendu par la onzième été faite par Alfred Sirven ; nu, malgré les efforts qu’il a la thèse de la trahison que celle de Joncour, à laquelle il avait été don- dont elle a bénéficié ; en raison du chambre du tribunal de Paris. b Les cadeaux à Roland déployés de concert avec Christine l’erreur ; né carte blanche pour choisir l’ap- rôle majeur qui a été le sien, il lui b La nomination de Loïk Le Dumas Deviers-Joncour, à donner une quel- […] au vu de ces éléments partement répondant à ses conve- sera fait l’application la plus rigou- Floch-Prigent Il ne ressort pas de la procédure conque consistance au rôle de mes- concordants, il convient de conclu- nances, et qui a continué à l’occu- reuse de la loi pénale, le prononcé Il n’est cer- que la liaison de Roland Dumas et sager occulte qui aurait été dévolu re que Loïk Le Floch-Prigent, dont per, sans que cette circonstance ne d’une mesure de sûreté s’imposant tes pas claire- Christine Deviers-Joncour se soit à cette dernière […]. Sachant que, on rappellera la proximité constan- provoque la moindre inquiétude de pour prévenir toute velléité de ment démon- traduite par une réelle et constante grâce à lui, Christine Deviers-Jon- te avec Alfred Sirven, a permis à ce sa part, plusieurs années après l’ex- fuite ; tré que Loïk cohabitation ; Roland Dumas a tou- cour avait bénéficié d’un emploi de dernier d’opérer des détourne- piration des contrats de travail, en Loïk Le Floch-Prigent, qui a laissé Le Floch-Pri- jours disposé de plusieurs résiden- complaisance, [il] n’a pas ignoré ments selon une procédure impli- était la réelle propriétaire ; il l’a « son bras droit », afin de satisfaire gent se soit ces […]. Christine Deviers-Joncour, que les rémunérations manifeste- quant nécessairement son accord ; d’autant moins ignoré que seuls les leurs intérêts personnels communs, cru redevable qui a successivement demeuré rue ment importantes qui lui étaient Loïk Le Floch-Prigent ne préten- liens qu’il a entretenus avec Christi- user des facilités offertes par un à l’égard de Robert-Estienne puis rue de Lille, a versées n’étaient, de même que l’ap- dant pas être atteint de confusion ne Deviers-Joncour, alors qu’il était grand groupe pour héberger des VERBATIM Roland entretenu, à compter de l’été 1990, partement de fonction et autres mentale, il sera considéré qu’il a lais- ministre d’Etat, expliquent que cel- salariés de complaisance et se servir Dumas de sa nomination à la tête une autre liaison avec Gilbert Mia- avantages, pas justifiées ; sé faire Alfred Sirven, en sachant le-ci ait bénéficié non seulement de l’opacité d’une procédure de ver- du groupe en raison du soutien ra ; il est par ailleurs établi que Roland Dumas n’a pas soutenu que ce dernier servait tout autant d’embauches mais de cet avantage sement de commissions préser- qu’il lui aurait apporté et que l’em- Roland Dumas a disposé de reve- au cours de la procédure avoir cru ses propres intérêts que les siens ; tout aussi indu ; vant, pour des motifs à l’évidence bauche de Christine Deviers-Jon- nus importants ; […] ou su que Christine Deviers-Jon- non exclusivement commerciaux, cour en ait été le prix ; il n’est donc nullement reproché cour disposait d’autres ressources, l’anonymat des réels titulaires des il n’est en revanche pas douteux à Roland Dumas d’avoir été « entre- se gardant bien notamment d’évo- Cinq ministres déjà condamnés à de la prison ferme « comptes bénéficiaires », sera éga- qu’Alfred Sirven […] se soit livré à tenu » par Christine Deviers-Jon- quer celle pouvant provenir d’une lement condamné à une peine d’em- une intense action de lobbying en cour, la prévention s’étant attachée activité de lobbying dont il s’est dit Jacques Médecin, secrétaire d’Etat au tourisme de 1976 à 1978, a été prisonnement ferme ; faveur de Loïk Le Floch-Prigent, ne à rechercher s’il n’avait pas tiré quel- totalement étranger ; il convient condamné en 1992 à un an ferme pour délit d’ingérence, à deux ans de Christine Deviers-Joncour, qui négligeant aucun cercle d’influen- que bénéfice des sommes perçues d’en conclure que Roland Dumas a prison ferme en 1995 pour abus de confiance, et à trois ans et demi de apparaît dans la présente affaire ce ; c’est vraisemblablement à la d’Elf par Christine Deviers-Jon- bénéficié d’avantages, que l’on prison ferme, en 1995, dans l’affaire dite de la Serel. Bernard Tapie, être la bénéficiaire quasi exclusive faveur de cette campagne qu’Alfred cour ; […] pourra certes qualifier de minimes ministre de la ville en 1992 et 1993, a été condamné à un an de prison des détournements, a été, manifes- Sirven a appris la proximité des S’agissant des bottes Berlutti, on au regard de ses propres ressour- ferme en 1995 dans l’affaire OM-VA – peine ramenée à 8 mois ferme tement, un maillon destiné, en rai- liens entre Roland Dumas et Christi- ne peut que constater que Roland ces, mais en sachant qu’ils ne pou- en appel –, à 6 mois ferme en 1996 dans l’affaire du Phocéa et 18 mois son de ses liens avec Roland ne Deviers-Joncour et mesuré les Dumas ne justifie pas de leur rem- vaient avoir été financés que par ferme en 1997 dans l’affaire des comptes financiers de l’OM. Alain Dumas, à servir les intérêts des diri- avantages qu’on pouvait en retirer ; boursement ; pour les repas, la com- des rémunérations indues ; Carignon, ancien ministre de l’environnement puis de la communica- geants dans des entreprises leur Loïk Le Floch-Prigent n’a pu igno- paraison entre les notes réglées par b Les intérêts communs tion, a été condamné en 1996 à quatre ans de prison ferme pour cor- étant personnelles et extérieures au rer les efforts constants ainsi Roland Dumas et Christine Deviers- d’Alfred Sirven et Loïk Le Floch- ruption. Jean-Michel Boucheron, ancien secrétaire d’Etat aux collecti- groupe Elf ; elle sera condamnée à déployés par Alfred Sirven […] ; l’hy- Joncour au restaurant Le Pichet, Prigent vités locales, a été condamné deux fois, en 1997 puis en 1999, à deux une peine d’emprisonnement pour pothèse selon laquelle Alfred Sir- proche du quai d’Orsay, où ils se La responsabilité pénale de Loïk ans de prison ferme. Enfin, Maurice Papon, ancien ministre du budget partie assortie du sursis ; ven aurait décidé, dès son arrivée à sont fréquemment rendus, révèle Le Floch-Prigent est mise en cause de 1978 à 1981, a été condamné à dix ans de réclusion criminelle en Gilbert Miara, dont le rôle plus la tête du groupe, de le « trahir » en que le premier n’a réglé que du chef d’abus de biens sociaux au 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité. secondaire s’est révélé particulière- se livrant à son insu à des embau- 20 000 francs et la seconde titre des deux versements de ment efficace dans l’aide qu’il a ches ne devant servir qu’à ses pro- 293 000 francs ; 14 278 000 francs et de apportée à la mise en œuvre des pres intérêts ne peut être retenue ; il paraît donc établi que Roland 8 250 000 dollars qui ont crédité les b Les 45 millions de francs Roland Dumas ne s’est pas plus détournements et à leur emploi, et même s’il n’a pas tenu à connaître Dumas a bénéficié d’avantages, comptes suisses de Christine reçus par Mme Deviers-Joncour interrogé sur l’origine des écono- qui a fait chèrement rémunérer ses le détail des avantages qui ont été même minimes au regard de son Deviers-Joncour et Gilbert Miara ; Il n’est pas crédible qu’elle ait mies substantielles lui ayant permis services, sera condamné à une pei- consentis à Christine Deviers-Jon- propre train de vie […] ; l’information et les débats, levant imaginé que les 45 millions de de financer, après septembre 1993, ne d’emprisonnement ferme ; cour, Loïk Le Floch-Prigent a adhé- b L’emploi de complaisance de toute ambiguïté, ont démontré que francs qui lui ont été versés aient les charges liées à l’appartement Roland Dumas a résolument ré à la proposition d’embaucher Christine Deviers-Joncour ces deux versements avaient été pu provenir des économies person- ainsi que son train de vie, incluant franchi les limites de la loi pénale ; opérés via la filiale Elf Rivunion, nelles d’Alfred Sirven ; en effet, les notamment le coût de nombreuses la connaissance toute particulière, sous couvert du règlement de com- précautions prises pour faire encais- réceptions ; puisque liée à sa propre personne, missions, et avaient été comptabili- ser les fonds, dans un premier b L’application de la loi pénale qu’il a eue du caractère illicite de la sés comme tels ; […] il est très révé- temps sur un compte Miara, et l’atti- La présente procédure a mis en fortune acquise par Christine lateur que Loïk Le Floch-Prigent, tude de dénégation totale qu’elle a lumière les conditions dans lesquel- Deviers-Joncour grâce à son passa- qui s’est attaché à démontrer qu’il adoptée au début de la procédure, les 65 millions de francs ont été ver- ge chez Elf, aurait dû lui interdire avait été étranger au circuit de et qui ne saurait s’expliquer par la sés par le groupe Elf, sans contre- d’en tirer le moindre avantage ; il détournement mis en œuvre, n’ait seule crainte d’un éventuel redres- partie, à Christine Deviers-Joncour, convient de tenir compte, dans l’ap- pas tenu à développer la thèse sement fiscal, démontrent qu’elle a révélant par là-même les libertés préciation du quantum de la peine, selon laquelle sa confiance aurait parfaitement eu conscience de l’ori- qui ont été prises par les dirigeants des fonctions qu’il a occupées dans pu être abusée ; […] il sera observé gine illicite de ces fonds, ayant déjà avec la trésorerie de l’entreprise ; la vie de l’Etat et dans le monde que les déclarations d’André Taral- pu constater, à l’occasion du pre- Alfred Sirven, qui a immédiatement judiciaire, lesquelles n’ont pu lo selon lesquelles chacune des com- mier versement, la liberté totale perçu les avantages personnels qui qu’aiguiser sa conscience du conte- missions versées faisait l’objet de dont disposait Alfred Sirven pour pouvaient être retirés de la proximi- nu de la règle de droit ; il lui sera discussions portant tout à la fois se servir de la trésorerie du groupe ; té de Roland Dumas et de Christine fait en conséquence une applica- sur les développements à en atten- b Ce que savait Roland Dumas Deviers-Joncour, a été à l’origine de tion pour partie ferme de la loi dre et sur l’identité des bénéficiai- Roland Dumas n’a évidemment l’entrée dans le groupe de cette der- pénale. SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 9 Devant le tribunal correctionnel, Gérard Colé admet avoir perçu des rémunérations occultes L’ancien PDG de la Française des jeux est poursuivi pour abus de biens sociaux Jugé par le tribunal correctionnel de Nanterre l’existence de fausses factures qui lui ont permis ge de François Mitterrand. « Je plaide coupable (Hauts-de-Seine), Gérard Colé, l’ancien PDG de la de bénéficier d’une rémunération occulte pen- de A à Z » , a-t-il indiqué à l’audience, expliquant Française des jeux, a reconnu, mercredi 30 mai, dant qu’il était, à l’Elysée, conseiller pour l’ima- qu’il avait cédé à la facilité.

DEVANT le tribunal correctionnel A l’époque, certains conseillers ons demandé à des entreprises publi- rapprocher du nouveau pouvoir, de Nanterre, Gérard Colé, l’ancien du président étaient rémunérés par ques de prendre en charge le salaire « il avait d’autres amis dans l’entou- PDG de la Française des jeux, pour- l’Elysée, d’autres par les grandes de certains de nos collaborateurs, rage de François Mitterrand ». suivi d’abus de biens sociaux, doit entreprises publiques : Air France, cela ne nous venait pas du tout à l’es- M. Colé écoute M. Colliard : « Il me répondre de 19 fausses factures émi- la RATP, la SNCF, « Air France prit de le faire avec une entreprise pri- navre. Il me fait mal, il se fait mal aus- ses par sa société de communication étant la plus prisée à cause des billets vée .» Selon lui, une simple prime si.» TPS, pour un montant de d’avions gratuits », ajoute le préve- de cabinet suffisait pour compléter Quand il accède au poste de PDG 765 000 francs au préjudice de la nu. Selon M. Colé, M. Colliard avait le salaire de M. Colé. « Il estimait de la Française des Jeux, M. Colé société d’achat publicitaire Carat, « dans son portefeuille quelques que sa valeur méritait une rémunéra- choisit Carat pour l’achat d’espaces entre 1984 et 1989. A cette époque, jokers, comme la société Carat ». tion plus importante que ce qu’il per- publicitaires, pour un budget de M. Colé n’était pas à la présidence Devant le tribunal, le prévenu l’ac- cevait. Appelons ça le choc de culture 350 millions de francs mais unique- Derrière M. Le Floch-Prigent, de la Française des jeux mais con- cuse de l’avoir invité à utiliser sa entre le privé et le public », a ajouté ment « parce que cette société était seiller en image de François Mit- société, TPS, alors en sommeil, M. Colliard. la mieux disante ». terrand. En 1984, l’image du prési- pour adresser chaque trimestre une Aujourd’hui, M. Colé reconnaît la condamnation d’un « système » dent de la République était « même facture de 45 000 francs à Carat, UN « DÉLIT INDISCUTABLE » que ces fausses factures constituent désastreuse », se souvient M. Colé. qui, selon lui, voulait entretenir de L’avocat de M. Colé, Me Jacques un « délit indiscutable » et qu’il a LA CONDAMNATION sévère de A l’audience de l’affaire Dumas, « Il nous [a] rappellé, Jacques Pilhan bons rapports avec le nouveau pou- Maisonneuve, s’étonne que les diri- cédé à la facilité. « Je plaide coupa- Loïk Le Floch-Prigent marque un l’ancien directeur financier d’Elf est et moi-même. Il [savait] bien que nous voir. « Colliard était un camarade de geants de Carat, les frères Gros, ble de A à Z. » Quand le président tournant dans le traitement judiciai- venu expliquer – ainsi qu’il l’avait n’avions pas été étrangers à son élec- combat. Il était qualifié en droit. Je n’aient pas prévenu la présidence Hayat l’interroge sur sa propension re des affaires Elf. En soulignant lon- fait, en parallèle, dans l’instruction tion. » M. Colé a accepté ce poste à me disais que ce n’étais pas quelque de la République que la société à détenir d’importantes sommes guement, dans leur jugement, la de l’affaire Elf – le « système des com- la condition d’être bien payé. Lors chose de bien grave. J’ai eu cette fai- rémunérait un de ses collabora- d’argent dans son coffre, il dit qu’il « proximité » de l’ancien PDG du missions » au sein du groupe pétro- d’un entretien, il a expliqué au prési- blesse de ne pas exiger une rémunéra- teurs. M. Colliard se souvient avoir fait « partie de ces ploucs qui aiment groupe pétrolier avec Alfred Sirven lier, avec son opacité volontaire dent qu’il en avait assez « de s’être tion normale pour un travail normal déjeûné plusieurs fois avec Gilbert avoir des espèces ». Quand au reste, et en invoquant l’existence, derrière vis-à-vis de l’extérieur et ses méca- sacrifié à la cause du PS, payé à coup au sein de la légalité républicaine.» Gros, « nous avons sympathisé ». il considère qu’on a accru l’idée les malversations poursuivies, nismes de contrôle internes, repo- de SMIC ». Il estimait que son salaire M. Colé perçoit en outre une som- Mais il affirme n’avoir appris l’ex- qu’il a été mis à la tête du Loto d’une « stratégie commune » aux sant sur l’intégrité des – rares – res- de 17 000 francs, versé par le Service me de 4 000 francs mensuels tirée istence des relations entre M. Colé « pour pomper les caisses et amener deux hommes, les juges ont mani- ponsables habilités à ordonner et à d’information et de diffusion (SID), du fonds des primes de cabinet. et Carat qu’en 1995, lors d’une inter- des valises à Mitterrand ». « Je m’at- festement écarté la thèse d’une effectuer de tels versements. La organisme dépendant de Matignon, Interrogé comme témoin, M. Col- view de l’ancien président de la tendais à des médailles et je suis cou- organisation parallèle dont M. Sir- signature du président du groupe était insuffisant. M. Mitterrand ren- liard, aujourd’hui membre du Con- Française des Jeux dans le Journal vert de plumes et de goudrons. » ven aurait été le chef, hors la con- était indispensable, a-t-il affirmé, voie alors M. Colé à son directeur de seil constitutionnel, a démenti les du dimanche. Pour M. Colliard, Gil- naissance de son supérieur et ami. pour permettre la sortie des fonds. cabinet, Jean-Claude Colliard. allégations de M. Colé. « Si nous avi- bert Gros n’avait pas besoin de se Dominique Le Guilledoux « J’ai été trahi », avait avancé M. Le A la barre, M. Le Floch-Prigent l’a Floch-Prigent au cours des débats, confirmé. Cette franchise l’a con- qui s’étaient ouverts en l’absence damné. de son ancien bras droit, en fuite aux Philippines. L’arrestation du DES MONTANTS ÉNORMES fugitif, le 2 février, et son retour en Derrière ce jugement semble, de plein procès, avait rendu impossi- fait, se dessiner la condamnation ble la poursuite de cette stratégie. d’un autre « système » : celui mis en L’autre axe de la défense de l’an- place sous la présidence de M. Le cien PDG d’Elf était sa méconnais- Floch-Prigent, reposant sur un grou- sance du détail des commissions pe de cadres dirigeants nommés par versées. « Il ne faut jamais perdre de lui – dont la plupart sont aujour- vue que j’étais le PDG de la première d’hui poursuivis pour avoir perçu, entreprise industrielle française et sur des comptes personnels en Suis- que, par la force des choses, je ne se, d’importantes sommes soustrai- pouvais pas m’occuper des détails », tes à la compagnie pétrolière. L’énig- affirmait-il aux juges dès le matique M. Sirven évoluait au cen- 12 décembre 1996, deux semaines tre de ce réseau, mais rien ne permet avant la fin de sa détention provisoi- d’affirmer qu’il en était le concep- re. « Je n’exclus donc pas que certai- teur, ni encore moins le chef. nes des commissions mises à jour Les montants énormes qui ont cir- dans la présente instruction aient pu culé – et pour certains disparu – par servir [la] politique nécessaire d’Elf, ces filières ont été proportionnels à sans que je puisse l’affirmer avec cer- ceux utilisés par le groupe dans ses titude, n’étant pas en charge de l’in- activités pétrolières. Pilier de la com- tendance. » pagnie et longtemps maître de ses Au cours d’un interrogatoire ulté- filiales africaines, André Tarallo – lui rieur, le 3 avril 1997, il déclarait, aussi poursuivi mais relaxé dans l’af- devant l’accumulation des sorties faire Dumas – avait observé que le de fonds suspectes : « Le propre des montant annuel des commissions commissions et le propre des intermé- versées par Elf avait crû de 100 mil- diaires, c’est de faire en sorte que la lions à 1 milliard de francs par an compagnie ne sache pas à qui la com- « sous le second septennat de Fran- mission a été versée. » Puis encore, çois Mitterrand ». Dans toutes les le lendemain : « J’ignorais ces prati- autres instructions en cours, M. Le ques si elles ont existé. » Cette ver- Floch-Prigent sera encore interrogé sion minimaliste n’a convaincu ni sur leur destination. les juges d’instruction ni la juridic- tion de jugement. H.G. Les quatre volets de l’affaire Elf encore à l’instruction SURGI à la fin de 1997, au détour res, Alfred Sirven disposait d’une de l’enquête sur les détournements galaxie de comptes bancaires en commis, entre 1989 et 1993, au pré- Suisse, au Luxembourg, au Liech- judice du groupe Elf Aquitaine, l’épi- tenstein, en Autriche, à Monaco, sode impliquant Roland Dumas et aux îles Vierges… Une part impor- Christine Deviers-Joncour est le pre- tante de ces fonds a été convertie mier volet des affaires Elf à avoir en argent liquide (240 millions de été soumis au tribunal. Bien francs), dont les destinataires res- d’autres sont encore en cours d’ins- tent inconnus. Les enquêtes sur les truction – confiée aux juges Eva rachats de la compagnie espagnole Joly, Laurence Vichnievsky et Ertoil (1991) et de la raffinerie alle- Renaud Van Ruymbeke. mande de Leuna (1992) ainsi que les b L’affaire Bidermann : c’est par commissions versées dans l’ombre elle que tout a commencé. L’enquê- de ces transactions sont également te porte sur les aides allouées par incluses dans cette instruction. Elf (787 millions de francs) au grou- b Les salariés d’EAI : président de pe textile de Maurice Bidermann, la filiale genevoise Elf Aquitaine ami personnel de Loïk Le Floch-Pri- International (EAI), Alfred Sirven a gent. Des mouvements financiers organisé le versement de salaires suspects ont été mis au jour, pas- occultes à une série de « chargés de sant par Hongkong, la Suisse et les mission » parmi lesquels figuraient Etats-Unis. Un appartement à Lon- plusieurs hommes politiques – de dres a été acquis via les comptes de second plan – et des collaborateurs l’industriel, au profit de l’ex-femme et proches de François Mitterrand de M. Le Floch-Prigent. Cette der- et de Charles Pasqua. nière a aussi perçu quelque 18 mil- b Les frégates de Taïwan : le grou- lions de francs sur un compte suis- pe Thomson a déposé une plainte se, au début de 1996, soit au pour « tentative d’escroquerie »,en moment où l’enquête des juges 1997, contre un réseau d’intermé- entrait dans sa phase décisive. diaires – dissimulant M. Sirven, b Les commissions d’Elf : au total, Mme Deviers-Joncour et M. Miara – les enquêteurs français et suisses qui prétendaient obtenir une com- estiment à quelque 3 milliards de mission de 160 millions de francs francs les sommes soustraites au sur la vente des navires, en 1991. groupe pétrolier, sous couvert de Cette enquête ne vise pas les autres commissions pétrolières et d’inves- commissions, estimées à quelque tissements immobiliers. Principal 3 milliards, qui ont été versées par animateur de ces filières financiè- Thomson en marge de ce contrat. 10 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 SOCIÉTÉ

Prison ferme requise contre Marylise Lebranchu veut cibler et harmoniser les principaux pourvoyeurs la répression pénale de la délinquance routière du peloton en « pot belge » Une circulaire livre aux procureurs un guide échelonnant les réponses judiciaires selon la gravité des faits Face au bilan alarmant des accidents de la route et cureurs, rendue publique le 30 mai, qui vise à har- vitesse en récidive » et le recours à la qualification aux disparités de la répression, la garde des sceaux, moniser la politique pénale en la matière. Elle sou- de « mise en danger délibérée d’autrui » pour les Les coureurs ont décrit leur dépendance au dopage Marylise Lebranchu, a adressé une circulaire aux pro- haite un usage effectif du « délit de grand excès de comportements les plus dangereux.

POITIERS tentés par « la solution de facilité LE MINISTÈRE de la justice a l’ensemble des infractions jugées n’a donné lieu qu’à 12 condamna- les procureurs, échelonnant les de notre envoyé spécial pour compenser un manque d’entraî- décidé de reprendre en main la ques- en France chaque année. Une large tions en 2000. La chancellerie réponses judiciaires – des stages La procureur de la République de nement ou la recherche de sensations tion de la délinquance routière. majorité de ces condamnations recommande d’accélérer le traite- alternatifs à la citation devant le tri- Poitiers, Myriam Denors, a requis, fortes ». Si elle n’a pas contesté la Alors que la répression pénale en (81 %) relevaient de conduites en ment judiciaire des premières cons- bunal correctionnel –, en fonction mercredi 30 mai, devant le tribunal part de responsabilité des instances matière de sécurité routière est très état alcoolique. 9 709 condamna- tatations d’excès de vitesse, et de de la gravité des faits. Elle recom- correctionnel, dirigeantes du cyclisme, elle a néan- disparate d’un département à tions ont ainsi été prononcées pour ne pas attendre l’inscription de ces mande notamment aux parquets des peines de moins estimé que « le système ne l’autre, voire d’un tribunal à l’autre, des homicides invontaires ou des condamnations au casier judiciaire l’usage de la « composition pénale » prison ferme à pouvait vivre que par ceux qui l’ani- la chancellerie tente aujourd’hui blessures involontaires, dont 45 % pour constater l’état de récidive. en matière de conduite en état l’encontre des maient et l’entretenaient ». Evoquant d’apporter une réponse unifiée à cet- avec une circonstance aggravante alcoolique, qui permet aux procu- principaux les dangers du « pot belge » pour la te délinquance de masse. Une circu- d’alcoolémie. ATTENTION ENVERS LES VICTIMES reurs de proposer une alternative pourvoyeurs santé, Mme Denors a indiqué que les laire de politique pénale générale, Pour autant, la répression est loin Le ministère demande également aux poursuites à la personne sous le des « pots bel- coureurs et ceux qui les approvision- portant sur la « lutte contre l’insécuri- d’être uniforme. Un même automo- aux procureurs de recourir à la qualifi- contrôle d’un juge du siège. En ce ges », vendus naient en ont fait « un usage qui s’ap- té routière », a ainsi été adressée par biliste ayant roulé en état d’ébriété cation de « mise en danger délibérée sens, la chancellerie souhaite déve- PROCÈS notamment parente à un jeu de roulette russe ». la garde des sceaux, Marylise se verra ainsi condamné à une peine d’autrui », délit passible d’un an d’em- lopper les enquêtes de personnalité au sein des pelotons de cyclistes ama- « On bascule vite du dopage à la toxi- Lebranchu, aux 181 procureurs de d’emprisonnement dans 96 % des prisonnement et de 100 000 francs et les séances de prise en charge teurs de la région Poitou-Charentes comanie », a-t-elle soutenu. France. Rendu public mercredi cas dans les Pyrénées-Orientales ou d’amende, pour les comportements sanitaire, en cas de repérage d’une entre 1988 et 1999. Au total, quaran- 30 mai, ce texte vise à « harmoniser en Haute-Vienne, contre 3 % des « les plus dangereux ». Sont spéciale- alcoolo-dépendance. te personnes sont soupçonnées « ILS ONT CÉDÉ AUX SORCIERS » les pratiques répressives sur l’ensem- cas en Loir-et-Cher. La même infrac- ment visés les courses entre automo- Parce que la délinquance routière d’avoir acquis, détenu, transporté et Au cours des débats, la majorité ble du territoire national », « cibler tion entraînera une peine d’amende bilistes organisées par de jeunes con- fait fi des frontières judiciaires, le cédé des fioles de ce cocktail médica- des coureurs avaient raconté la en priorité les comportements les plus dans 68 % des cas en Haute-Saône ducteurs ou l’emprunt d’autoroutes ministère demande aux parquets menteux, composé essentiellement situation de dépendance dans dangereux » et « améliorer l’informa- et une peine de substitution (com- à contre-sens dans un but « récréa- proches des grands axes de s’asso- d’amphétamines, enfreignant ainsi laquelle ils s’étaient retrouvés. Agé tion des victimes et de leurs proches », me un travail d’intérêt général) dans tif ». Des poursuites pour « mise en cier, notamment pour la mise en les lois sur le dopage et les stupé- de quarante-sept ans au moment en cas d’accident ayant entraîné des 88 % des cas en Corse-du-Sud (Le danger » sont également possibles œuvre de contrôles routiers sur de fiants (Le Monde du 30 mai). Importé de son interpellation, en mars 1999, morts ou des blessés graves. Monde du 10 juin 2000). en cas de dépassement par la droite grandes portions d’autoroutes. de Belgique et de Pologne, ce pro- Alain Courtial, ancien amateur de Alors que la France affiche tou- Pour remédier à ces disparités ou de conduite à vitesse très excessi- Enfin, la chancellerie invite à plus duit était utilisé en intraveineuse par haut niveau, avait reconnu avoir jours un bilan alarmant en matière judiciaires, la circulaire édicte une ve au mépris des signaux d’arrêt, par d’attention envers les victimes d’in- des cyclistes qui, à l’audience, ont dépensé 500 000 francs pour se four- de sécurité routière (7 643 tués en série de principes directeurs. En des conducteurs sans permis ou en fractions routières, qui devront être affirmé n’en avoir jamais fait usage nir en « pot belge » alors même que 2000, contre 3 423 en Grande-Breta- premier lieu, la chancellerie souhai- état alcoolique. reçues personnellement par les pro- dans des compétitions, mais unique- sa carrière de cycliste était termi- gne, en 1999), les tribunaux ont te un usage effectif du « délit de Tout en prenant acte des nom- cureurs, notamment lorsqu’un clas- ment lors des entraînements, des cri- née. Pour son avocat, Me Stéphane commencé depuis quelques années grand excès de vitesse en récidive », breuses initiatives des parquets en sement sans suite est envisagé à la tériums et à l’occasion de fêtes. Mesonès, cette toxicomanie dans à durcir leur répression en cas de entré en vigueur le 18 juin 1999. matière d’alternative aux poursuites suite d’un accident mortel, dans Suspectés d’avoir écoulé à eux laquelle avaient sombré les cou- délits routiers. En 1999, 133 559 con- Cette infraction, qui rend passible (stages de sensibilisation au risque lequel la responsabilité du conduc- deux plus de 700 unités de ce « pot reurs est une circonstance atténuan- damnations ont été prononcées par de trois mois de prison tout conduc- routier, séances vidéo organisées teur n’est pas en cause. belge », Claude Deschamps et te, d’autant que les pratiques de les tribunaux pour des délits liés à teur ayant commis un second excès avant la tenue des audiences), la cir- Jacques Guillendou, anciens cou- dopage étaient, à l’en croire, déjà l’usage du volant, soit un tiers de de vitesse de plus de 50 km/heure, culaire édicte un guide précis pour Cécile Prieur reurs amateurs aujourd’hui à la anciennes. « Les coureurs n’ont pas retraite, sont menacés de trois ans une responsabilité pleine et entière d’emprisonnement dont deux fer- mais une responsabilité partagée », me. La représentante du ministère a-t-il expliqué, avant de s’interroger La justice en accusation pour avoir placé sur écoute l’avocat d’un sans-papiers public a requis la peine la plus éle- sur le rôle des dirigeants de la Fédé- vée – cinq ans de prison ferme –, à ration française de cyclisme (FFC) : LA JUSTICE a commis une faute et elle l’a d’accusation de la cour d’appel d’Orléans pro- erreur tellement grossière qu’un magistrat sou- l’encontre de Mieczyslaw Korycki, « A cette époque, la lutte contre le reconnu avec force, mercredi 30 mai, devant la nonça la nullité des écoutes pratiquées, au motif cieux de ses devoirs n’y eût pas été entraîné ». Les absent du procès et considéré com- dopage a-t-elle été ce qu’elle aurait première chambre civile du tribunal de grande qu’elles violaient les droits de la défense. Quant écoutes ordonnées par Xavier Rolland corres- me le principal animateur de la dû être ? Evidemment non.» instance de Paris. Cette juridiction avait été sai- à Bendehiba Selamnia, qui passa huit mois en pondent à cette définition, a estimé Me Henri filière polonaise. Des peines de huit « Ces jeunes sont ici parce qu’ils y sie par Christophe Moysan, avocat à Tours, et détention provisoire, il fut condamné pour Leclerc, l’autre avocat de Christophe Moysan. mois avec sursis à deux ans ferme ont été obligés par la mécanique son épouse, qui s’estimaient victimes d’un « fonc- « séjour irrégulier » à deux mois de prison avec Me Xavier Normand-Bodard, l’avocat de l’agent ont été requises contre d’autres pré- mise en place dans le cyclisme », a tionnement défectueux du service de la justice ». sursis (Le Monde du 29 mars 2000), avant d’être… judiciaire du Trésor public (qui représente l’Etat), venus impliqués dans cette filière. précisé Me Jean Damy, conseil de L’affaire avait commencé en octobre 1997. A régularisé par la préfecture d’Indre-et-Loire ! a contesté cette analyse en invoquant une récen- Mme Denors a, en revanche, fait trois coureurs. Au-delà de la respon- l’époque, Bendehiba Selamnia, un Algérien sans te décision de la Cour de cassation (Le Monde du preuve de mansuétude pour les cou- sabilité éventuelle des instances diri- papiers, cherchait, pour régulariser sa situation, LA NOTION DE « FAUTE LOURDE » 26 février) qui aurait, selon lui, modifié la façon reurs. Contre ceux qu’elle a quali- geantes du cyclisme, l’avocat a à épouser une compatriote résidant en France Mercredi, les époux Moysan assignaient donc dont la responsabilité de l’Etat peut être engagée fiés de « toxicomanes revendeurs » replacé l’affaire dans le contexte en toute légalité. Mais le maire qui devait célé- l’Etat devant une juridiction civile pour obtenir en matière judiciaire. Pour qu’il y ait faute lourde, et qui, à ses yeux, méritent «un d’un sport pratiqué par des passion- brer la cérémonie suspecta un mariage de com- réparation. « Toute la difficulté dans cette affaire a-t-il plaidé, le service public de la justice « dans avertissement sérieux », elle a récla- nés, dont « le public attend des plaisance et alerta le procureur de la Républi- est de savoir si l’erreur d’un juge constitue une fau- sa globalité » doit avoir commis des faits « tradui- mé de la prison avec sursis, sans pro- exploits ». « Il y a aussi les sponsors, que de Tours. Le 10 novembre 1997, celui-ci sai- te lourde du service public de la justice », a insis- sant son inaptitude » à remplir sa mission. poser de quantum. Pour les autres, ces marchands du temple qui ont sit le juge d’instruction Xavier Rolland pour té le président, Jean-Claude Magendie. Que « Raisonnement réducteur », a rétorqué présentés comme des « dealers »en besoin que la compétition soit dure et qu’il ouvre une enquête. On soupçonnait Bende- disent les textes et la jurisprudence ? D’abord, Me Leclerc. Le juge Rolland a été l’auteur d’une raison des quantités écoulées, elle a que les sportifs se donnent à fond », hiba Selamnia d’avoir notamment soutiré de le secret professionnel de l’avocat est un droit « atteinte injustifiée et injustifiable des droits de la suggéré des peines d’emprisonne- a-t-il poursuivi. Selon lui, la logique l’argent à sa « promise » et d’avoir exercé des absolu, mais il peut ne plus jouer lorsqu’un avo- défense, a enchaîné Pierre Dillange, premier substi- ment variant de dix mois avec sursis même du cyclisme, « où l’on autori- pressions sur elle pour qu’elle l’épouse. cat est soupçonné d’avoir participé à une infrac- tut. Nous sommes en pleine définition de la faute à dix-huit mois dont six ferme. se des sportifs à courir 150 courses Une semaine plus tard, le magistrat demanda tion. Or « aucun élément du dossier ne permet- lourde, nous y sommes de façon primaire », a-t-il L’affaire du « pot belge » est, par an » devait inéluctablement que le cabinet et le domicile de Christophe Moy- tait de penser que Me Moysan avait quelque chose conclu. Pour le premier substitut, Christophe Moy- pour la procureur, « le dossier de conduire au dopage. « Face à cette san, avocat du sans-papiers algérien, soient pla- à se reprocher », a souligné Me Jean-Michel san a subi un préjudice moral qui va au-delà de sa tous les dangers, où l’on découvre des pression, ils ont cédé aux sorciers, cés sur écoute téléphonique. La surveillance Sieklucki, l’un de ses conseils. En prescrivant seule personne : il atteint tout un corps profession- pratiques anciennes et fort répan- aux dealers et leur responsabilité est dura du 20 novembre au 10 décembre 1997. Qua- des écoutes téléphoniques, le juge Rolland a nel et des principes fondamentaux du droit. Pierre dues, transmises comme des secrets donc extrêmement réduite. ». Le tri- rante-deux cassettes furent versées au dossier. manié « le marteau-pilon » sans motif valable, Dillange a donc requis une peine symbolique et de famille, dont personne n’est dupe, bunal devait rendre son jugement Christophe Moysan en apprit l’existence dans selon Me Sieklucki. Ensuite, en matière judiciai- demandé que l’Etat verse 1 franc de dommages et mais qui empoisonnent la vie de jeudi 31 mai, en fin de journée. des conditions rocambolesques (Le Monde du re, la « faute lourde » a notamment été définie intérêts au couple Moysan. Jugement le 11 juillet. tous ». Elle a dénoncé les « motiva- 23 juillet 1998). Mais l’avocat ne fut jamais pour- par un arrêt de la Cour de cassation comme tions pas si claires » des coureurs, Acacio Pereira suivi ; mieux, le 10 septembre 1998, la chambre étant celle « commise sous l’influence d’une Bertrand Bissuel SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 11 Mort d’un policier renversé par une voiture à Paris L’éducation nationale veut améliorer l’accueil UN MOTARD DE LA POLICE NATIONALE est mort, jeudi 31 mai, vers 3 h 45 du matin, après avoir été renversé par une voiture à l’angle e des élèves qui viennent d’arriver en France du boulevard Masséna et de l’avenue d’Ivry, dans le 13 arrondisse- ment de Paris. Trois personnes ont été interpellées dans la nuit par la brigade de répression du banditisme (BRB). L’une d’entre elles – un Le nombre de ces « primo-arrivants », près de 25 000 aujourd’hui, ne cesse d’augmenter jeune homme d’une vingtaine d’années –, soupçonnée d’être le conducteur du véhicule qui a provoqué la mort du policier, était enco- On compte actuellement 24 731 enfants ou ado- (+ 50 % en Ile-de-France sur la dernière année), a ment arrivés en France ». Les enseignements de re en garde à vue, jeudi, en début de matinée. Les deux autres ont été lescents venus de l’étranger pour être scolarisés alimenté les débats des premières « Journées langue et culture d’origine (ELCO) sont appelés à mises hors de cause. Les enquêteurs semblaient pencher pour la thèse en France. Ce nombre, en progression constante, nationales » consacrées aux « élèves nouvelle- se fondre dans le service public d’éducation. d’un accident, bien qu’ils ne disposent d’aucun témoin direct des faits. La victime, âgée de quarante-cinq ans, était en poste à la direction ILS ARRIVENT désormais «en l’académie est de voir arriver un nom- rielles – du lycée Henri-IV à Paris. Il Turquie et Algérie), qui ont pris en départementale de la sécurité publique du Val-de-Marne. Le ministre flot continu » sur toute l’année sco- bre de plus en plus important d’en- entend aussi mieux faire fonction- charge les enseignants et le contenu de l’intérieur, Daniel Vaillant, et le préfet de police, Jean-Paul Proust, laire, de plus en plus âgés, et de fants non francophones », notait l’ins- ner l’existant. Les 23 centres de for- des cours de leur langue nationale, se sont rendus sur les lieux. plus en plus souvent seuls : les pection générale, dans un rapport mation et d’information pour la sco- vont être revus. « primo-arrivants », ces enfants commandé alors par Claude Allègre larisation des enfants de migrants Dès la prochaine rentrée, la qua- ou adolescents venus de l’étranger (Le Monde du 26 février 2000). L’aca- (Cefisem), laissés sans boussole si-totalité des ELCO accueillant Mise en examen dans l’affaire frapper aux portes de l’école en démie compte 1 200 élèves étran- depuis 1989, sont appelés à mieux des ressortissants étrangers devra France, sont au nombre de 24 731 gers, dont 757 dans le seul départe- coordonner leur action. être délivrée hors du temps scolai- actuellement. Leur nombre ne ces- ment de l’Hérault. Paris, qui scolari- re. D’ici cinq ans environ, les ELCO du ranch des Collines noires se de progresser : en Ile-de-Fran- se 2 134 nouveaux arrivés, contre DANS LE DROIT COMMUN devraient se transformer en cours ce, il a crû de 50 % sur la dernière 1 783 l’an passé, a connu de ce point Surtout, l’éducation nationale de langue vivante classiques, sous LA JEUNE FILLE de dix-neuf ans, retrouvée blessée au côté du corps année, soit 1 500 jeunes environ. de vue une rentrée scolaire tendue. veut intégrer davantage les primo- la houlette de l’éducation nationa- sans vie d’un adolescent de quinze ans, tué dans la nuit du 22 au Ces chiffres, encore partiels, L’académie a dû ouvrir douze nou- arrivants dans le droit commun de le, et ne plus être réservés aux 23 mai dans un centre équestre de Barcillonnette (Hautes-Alpes), a fournis par l’éducation nationale – velles classes d’accueil en cours d’an- la scolarité : un jeune de douze ans enfants de l’immigration. L’étude été mise en examen, mercredi, pour « assassinat » et écrouée. «Ala une enquête plus complète est née dans les écoles, les collèges ou qui ne parle pas le français mais a de l’arabe ou du portugais sera ain- fin de sa garde à vue, elle a reconnu les faits, mais elle n’a pas expliqué annoncée pour juillet –, ont été les lycées, et en prévoit sept autres à été scolarisé dans son pays doit pou- si maintenue dans le temps scolai- pourquoi ; son discours est très confus », a expliqué le procureur de la scrutés, mardi 29 et mercredi la rentrée 2001. Dans les collèges de voir suivre les cours d’éducation re si le ministère déniche des inter- République de Gap (Hautes-Alpes). Originaire de Marseille, Virginie 30 mai, par les participants aux pre- Seine-Saint-Denis, le nombre de ces physique, de mathématiques ou venants qualifiés et si l’on peut Balsamo préparait une formation d’équitation. Ce ranch des Collines mières « Journées nationales d’étu- classes a été doublé en trois ans. d’anglais avec les autres, expli- offrir aux élèves la possibilité de noires abritait un centre d’accueil pour quatre jeunes en difficulté, de et de réflexion sur la scolarisa- Le système éducatif compte ainsi que-t-on Rue de Grenelle. A la poursuivre la langue au collège. dont l’adolescent retrouvé mort. Virginie avait également effectué, tion des élèves nouvellement arri- 1 264 structures (classes d’initiation maternelle, il doit être directement Une gageure. Les ELCO algériens, dans le passé, un séjour dans ce centre avant de rejoindre le ranch. vés en France », organisées à Paris pour non-francophones, classes accueilli dans des classes ordinaires. marocains et tunisiens accueillent L’avocat de la jeune fille a précisé que sa cliente « avait présenté de par le ministère. Le sujet, a rappelé pour enfants non scolarisés anté- Par ailleurs, les enseignements de 41 000 élèves arabisants dans les multiples versions des faits au cours de son audition » et qu’elle est Jack Lang en ouvrant ces travaux, rieurement...), contre une centaine langue et culture d’origine (ELCO), écoles primaires. Mais seuls « dans un tel état de choc, que cela nécessite des investigations médica- « est d’importance et d’actualité ». en 1970. « Malgré cet effort, tous les délivrés par des maîtres étrangers à 6 000 collégiens et lycéens conti- les plus poussées ». Au début de l’année 2000, en besoins ne sont pas encore cou- 86 685 élèves issus de l’immigration, nuent cet apprentissage, souvent effet, lors des grèves qui ont réuni verts », a souligné M. Lang. Le minis- sont appelés à se fondre dans le ser- faute d’une offre adéquate. parents et enseignants de l’académie tre prône l’ouverture de classes d’ac- vice public d’éducation. Les accords Baisse du nombre de candidats de Montpellier, ces enfants se sont cueil dans « des établissements d’exc- signés au cours des années 1970 Nathalie Guibert invités dans le débat sur la carte sco- ellence », à l’instar de l’expérience – avec huit pays (Portugal, Italie, Tuni- au baccalauréat en 2001 laire : « L’une des spécificités fortes de suspendue pour des raisons maté- sie, Espagne, Maroc, Yougoslavie, f www.lemonde.fr/education 631 429 CANDIDATS sont inscrits pour l’édition 2001 du baccalau- réat. L’enseignement général, qui regroupe 52,55 % des candidatures, accuse cette année un recul des inscrits de 4 %, tandis que l’enseigne- ment professionnel attire 2,2 % de candidats supplémentaires (17,82 % de l’effectif global). Pour le bac technologique, le nombre de candidats a baissé de 1 % (29,63 % de l’effectif). L’âge des inscrits va de 14 à 77 ans : le doyen présente un bac professionnel maintenance automobile dans l’académie de Paris. 483 002 élèves de première pas- seront les épreuves anticipées de français. Dans les sections littéraire et économie-social, ils se soumettront en outre pour la première fois à des épreuves anticipées d’enseignement scientifique. En métropole, les épreuves se tiendront du 11 au 19 juin pour les bacs généraux et techniques et du 25 au 28 juin pour les bacs professionnels. Le plan de sauvetage de la Mutuelle des étudiants avalisé LE CONSEIL D’ADMINISTRATION de la Mutuelle des étudiants (MdE) a voté, mercredi 30 mai, le plan de sauvetage préparé depuis un mois sous la houlette du gouvernement (Le Monde du 15 mai) portant sur 145 millions de francs sur trois ans. Il s’agit, selon Eric Chenut, pré- sident de la Mutuelle, « d’une reconnaissance de la mutualité étudian- te ». Les remises de gestion versées par la CNAM à la mutuelle, qui gère par délégation la Sécurité sociale de 640 000 étudiants, vont passer de 290 à 305 francs par affilié pour les deux prochaines années. Cette mesure exceptionnelle, qualifiée de « victoire » par l’Unef-ID, représentera 20 millions de francs. La CNAM consent de surcroît 28 millions de francs d’avances (remises de gestion, carte Vitale et CMU). Les mutualistes émettent des titres participatifs à hauteur de 72 millions de francs (Fédération nationale de la mutualité française : 35 millions ; MGEN : 13 millions ; Matmut : 23 millions ; Fédération des mutuelles de France : 1 million). Enfin, la mutuelle devra réduire ses coûts de 25 millions de francs. M. Kouchner réclame le renforcement de la sécurité sanitaire des cosmétiques INTERVENANT, mardi 29 mai, sur le thème de la sécurité sanitaire des produits cosmétiques devant l’assemblée générale de la Fédéra- tion des industries de la parfumerie, Bernard Kouchner, ministre délé- gué à la santé, a affirmé qu’il était « indispensable que les autorités sani- taires aient connaissance de la composition des produits, avant la mise sur le marché et avant la survenue de problèmes de sécurité ». Le minis- tre a rappelé l’existence d’un programme d’inspections pour l’année 2001 afin de vérifier la mise en œuvre des mesures de réduction du ris- que d’encéphalopathies spongiformes transmissibles. Il a également engagé les industriels de la parfumerie « à rechercher des alternati- ves » aux éthers de glycol, « couramment utilisés dans de nombreux pro- duits cosmétiques : crèmes pour le visage et le corps, shampoings et aux produits capillaires… ». Une partie de ces éthers de glycol est d’ores et déjà interdite du fait de leur toxicité chez l’animal. DÉPÊCHES a POLLUTION : des procédures de recommandation ont été déclenchées dans plusieurs villes de France à la suite de pics d’ozone, mercredi 30 mai. L’agglomération toulousaine, Aix-en-Pro- vence et le pourtour de l’étang de Berre, ainsi que Nîmes ont enregis- tré des taux supérieurs à 180 microgrammes par mètre cube. a GUERRE D’ALGÉRIE : la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a porté plainte avec constitution de partie civile, mardi 29 mai, contre le général Aussaresses pour « crime contre l’hu- manité », auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Paris. Une première plainte simple de la FIDH avait été classée sans suite, le 17 mai, par le parquet de Paris. a JUSTICE : cinq policiers impliqués dans une interpellation mus- clée ayant entraîné la mort d’un jeune boxeur zaïrois, fin 1998 à Tourcoing (Nord) (Le Monde du 14 novembre 1998), risquent de dix à douze mois de prison, selon les réquisitions du parquet général de la cour d’appel de Douai (Nord) en date du 30 mai. Seuls deux des préve- nus avaient été condamnés en première instance. Le parquet de Lille avait fait appel du jugement. a ÉTHIQUE : Noëlle Lenoir a été nommée, mardi 29 mai, à la prési- dence du groupe européen d’éthique des sciences et des nouvel- les technologies. Cet organe consultatif attaché à la Commission européenne doit rendre un avis sur l’utilisation des cellules souches humaines et la brevetabilité des inventions qui en découlent. 12 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Mme Bernard Dron, – Catherine Lefrançois, Anniversaires de décès née Lysiane Delanchy, Bruno et Jean-Marc, son épouse, ses enfants, –1er juin 2000, depuis un an déjà, Naissances Isabelle et Denis Blatrix ont la tristesse de faire part du décès de sa fille et son gendre, M. Jacques DUPUYDAUBY Liselotte PIGNOT Victor, Romain, Léo, Bernard OFFNER, et ses petits-enfants, Francisco Varela Mme, née Patricia Et toute la famille a quitté sa famille, ses amis, ses survenu le 21 mai 2001. de la CUEVATALEGON, ont la grande peine d'annoncer le décès collègues et tous ceux dont elle avait souci, laissant le souvenir et l'exemple de sont heureux de faire part de la naissance de L'inhumation a eu lieu, dans l'intimité La vocation des sciences biologiques de familiale, au cimetière du Montparnasse, son courage, de sa gaîté et de son ardeur M. Bernard DRON, où il repose aux côtés de son épouse, à vivre. FRANCISCO VARELA, biologis- cybernétique, les modèles et les Alvaro, survenu le 20 mai 2001, à Neuilly-sur- te, est mort lundi 28 mai à Paris. idées autour de la systémique. Alice ZEBROWSKA, Heureux ceux qui sont avides le 20 mai 2001, à Séville (Espagne). Seine, dans sa soixante-huitième année. de droiture. Né au Chili en 1946, Ph. D. de bio- C’est par toutes ces réflexions décédée le 15 mai 2000. logie de l’Université Harvard, d’ordre épistémologique que Fran- Selon ses dernières volontés, Ponay, l'inhumation a eu lieu au cimetière de directeur de recherche au CNRS, cisco Varela se forgea un esprit Mariages Cet avis tient lieu de faire- part. 58170 Tazilly. cet esprit universel appartenait à universel, devenant l’un des biolo- Saint-Valéry-en-Caux (Seine-maritime), – M. le docteur Philippe GIUSTINIANI dans la plus stricte intimité familiale. 31, rue Arthur-Diderich, cette génération de scientifiques gistes les plus complets. L’un de et Mme, née Liliane CAUDERAN, 112, rue du Bac, 1060 Bruxelles. qui a eu le privilège d’être jeune ses champs de réflexion les plus M. le docteur Francis BRISSET 64, rue de Longchamp, 75007 Paris. me dans les années 1960, c’est-à-dire originaux demeure la compréhen- et M , née Lénaïck BARRA, 92200 Neuilly-sur-Seine. sont heureux de faire part du mariage de Conférences à une des périodes de grande créa- sion du « psychisme de l’univers » 10, place du Monument, – Pierre Petitgirard a le chagrin de leurs enfants, 21540 Blaisy-Bas. tivité dans la communauté scienti- – ou comment « l’exprit peut se faire part du décès de sa femme L'université Paris-VII - Denis Diderot propose une série de conférences fique chilienne. relationner avec l’univers » – que Joseph et Anne, Milène PETITGIRARD, organisée dans le cadre des Dès son adolescence, Francisco Varela résumait par la métaphore – Laura Enckell, Pierre, Laurent, Marc, Thomas, née DUPEYROUX, « 30 ans de l'université » Varela a eu la vocation du travail d’une « synchronie neuronale ». qui sera célébré en la collégiale de la Romieu (Gers), Marianne, Marketta intellectuel, principalement pour C’est à l’étude d’une « biologie de le samedi 2 juin 2001, à 16 h 30. Et leurs familles, survenu le 29 mai 2001. « Génétique :10 ans les sciences biologiques. Ses pre- la conscience » qu’il s’est consacré ont la tristesse d'annoncer le décès de Il partage sa peine avec toute sa d'avancées spectaculaires » mières expériences, en tant que à la fin de sa vie, notamment à tra- 36, rue d'Etigny, famille et ses amis. par Elisabeth Tournier-Lasserve, jeune étudiant, ont eu lieu auprès vers une méthode dite « magnéto- 32000 Auch, Ralph ENCKELL, le lundi 11 juin à 18 heures, amphi 24, ambassadeur de Finlande, Les obsèques seront célébrées en e d’éminents scientifiques chiliens, encéphalographie », celle-ci con- 51, rue Belle-Rade, 2, place Jussieu, Paris-5 . 59240 Dunkerque, l'église Saint-Jérôme de Toulouse, le tels Juan Vial et Joaquin Luco, qui sistant à enregistrer la forme [email protected]. survenu le 18 mai 2001, à l'âge de lundi 4 juin, à 14 h 30. « Le suicide cellulaire lui donnent le goût pour la neuro- selon laquelle les différents grou- quatre-vingt-huit ans. et la sculpture du vivant » biologie. pes de neurones cérébraux se syn- Pierre Petitgirard, par Jean-Claude Ameisen, L’influence de Humberto Matu- chronisent en fractions de secon- Décès Les obsèques ont eu lieu à Helsinki dans 12, rue Deville, le lundi 25 juin, à 18 heures, amphi 24, l'intimité. 31000 Toulouse. rana est décisive dans son appren- des, à un moment où l’on prend Rose-Marie BAJAC, 2, place Jussieu, Paris-5e. tissage de jeune chercheur. Il conscience de quelque chose. Ces née DECUPPER, – Le proviseur, poursuit une formation en dehors travaux ont été publiés en 2000 – Le CREA, Centre de recherche en « Histoire de la génétique en France » Les professeurs, épistémologie appliquée de l'Ecole par Jean Gayon, de la science traditionnelle et dans la revue Nature et largement s'est éteinte paisiblement à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, entourée de sa Les élèves et l'ensemble de la polytechnique, le lundi 2 juillet, à 18 heures, amphi 24, communauté scolaire du lycée Jean de pénètre ainsi dans l’univers d’une commentés. famille, le 29 mai 2001. Ses proches collaborateurs, 2, place Jussieu, Paris-5e. La Fontaine (Paris-16e), pensée de l’organisation des systè- Enfin, chez cet esprit universel, Jean-Pierre Dupuy, Jean Petitot, www.diderotp7.jussieu.fr s'associent à la douleur et à la peine de la Paul Bourgine, Jean-Michel Roy, mes vivants : l’autopoièse. Sa il y avait aussi une pensée profon- La bénédiction aura lieu le vendredi famille et des amis de réflexion philosophique – inspi- dément humaniste, résultant 1er juin, à 14 heures, en l'église de Bernard Pachoud, Michel Bitbol, Tous ses collègues, Vendredi 1er juin, de 20 h 15 à 21 h 30 : rée de Ortega y Gasset, Sartre, d’une rencontre avec la philoso- Dourdan, suivie de l'inhumation au Catherine GAUTIER, cimetière Montmartre, à 16 heures, ont la douleur de faire part de la « Le symbolisme universel Teilhard de Chardin, Husserl, Hei- phie bouddhiste. L’originalité de professeur agrégé d'espagnol, du Saint-Esprit » 15, rue Rachel, Paris-18e. chevalier de l'ordre national disparition, le 28 mai 2001, de degger, Merleau-Ponty – lui per- ses idées et leur implication en Dimanche 3 juin, de 17 h 30 à 19 h 30 : du Mérite, met de mieux comprendre l’expé- biologie de la conscience, mais Famille Bajac, Francisco VARELA, « Expériences de mort imminente : rience de la vie. Il accède à la natu- aussi en sciences cognitives, épis- 29, rue du Rouillon, décédée, le jeudi 24 mai 2001, dans sa membre fondateur du centre, quelles leçons pour la vie ? » re sociale de la science à travers témologie et sciences humaines, 91410 Dourdan. cinquante-troisième année, spécialiste de neurobiologie, Loge Unie des Théosophes, des théories de l'auto-organisation l’histoire philosophique des scien- laissent un chantier inachevé 11 bis, rue Kepler, Paris-75116. et de la philosophie de la conscience, Entrée libre et gratuite. me dont ils n'oublieront pas la présence ces avec Alexandre Koyré, Geor- pour les jeunes générations des – M. et M Charles Nauciel, chaleureuse, la générosité et le courage. grand savant, grand inspirateur, Tél. : 01-47-20-42-87 ges Canguilhem et Gaston Bache- chercheurs à l’échelle internatio- leurs enfants et petits-fils, grand ami. www.theosophie.asso.fr lard. nale. M. Armand Antébi, Mme Camille Cori, –Mme Pierre-Noël, Les travaux d’Heinz von Foers- née Anne Ladreyt de Lacharrière, ses enfants et ses petits-enfants, – Jacqueline Godet, Cours ter ont joué un rôle fondamental Alfredo Pena-Vega ont la douleur de faire part du décès de M. Roger Pierre-Noël, directrice du département des sciences de dans le développement de ses Chercheur au Centre Ariane et Olivier, la vie, Et vous, qu'attendez-vous Mme Paul BLOCH, leurs enfants, Le personnel du département des pour vous initier à l'informatique ? réflexions, principalement dans la d’études transdisciplinaires Et toute la famille, compréhension du monde de la (Ehess-CNRS) née Yvette ANTÉBI, sciences de la vie, professeur honoraire au lycée ont la douleur de faire part du décès, Les membres de l'unité de Un formateur compétent et pédagogue se survenu le 27 mai 2001, de Sophie-Germain, neurosciences cognitives et imagerie déplace chez vous pour vous former en cérébrale (UPR 640 CNRS-LENA), Mme Gisèle GUERILLON. bureautique et à Internet survenu le 20 mai 2001, dans sa quatre- ont la profonde tristesse de faire part du (PC ou Mac). décès de leur collègue et ami, vingt-quinzième année. Les obsèques ont lieu dans la plus stricte intimité. Documentation gratuite Jacques Martin Vaskou Les obsèques ont eu lieu dans Francisco VARELA, Aldisa : 01-46-67-18-90 l'intimité familiale. directeur de recherche au CNRS, 69, bis avenue de la Belle-Gabrielle, professeur de sciences cognitives 94130 Nogent-sur-Marne. Le fondateur de l’Union bouddhiste de France 24, av. Théophile-Gautier, et d'épistémologie à l'Ecole Révisez le bac en maths 75016 Paris. polytechnique, e-formation (cours, exercices, corrigés) – L'Union bouddhiste de France L’UNIVERSITAIRE Jacques manité, dans le respect de la diversi- pour terminales S/ES Fédération nationale des associations survenu le 28 mai 2001. Martin Vaskou, fondateur de té de ses traditions ». Ce program- bouddhistes de France, téléchargez Révisions Actives http://www.scienceactive.com l’Union bouddhiste de France me ambitieux allait se réaliser rapi- L'ensemble de la communauté Ils s'associent à la douleur de sa (UBF), est mort d’une crise cardia- dement, puisque l’UBF obtenait, bouddhique de France, famille. que, dimanche 20 mai. Né le en 1987, deux sièges d’administra- ont la douleur de faire part du décès de Communications diverses 30 juillet 1948 à Lyon, ce docteur teurs aux caisses d’assurance-mala- Diplômé de l'université Harvard en M. Jacques MARTIN VASKOU, biologie, Francisco Varela était l'un des Le Haut Conseil de la francophonie en physique était disciple du maî- die et vieillesse des cultes (Camac président de l'Union bouddhiste a le plaisir de vous annoncer de France et professeur d'Université, plus brillants neurobiologistes de sa tre Sakya Tridzin et spécialiste du et Camavic), et que la première génération. Ses principaux travaux de que son ouvrage Sport et francophonie, bouddhisme Theravada (ou « éco- congrégation religieuse bouddhis- publié aux éditions de L'Harmattan survenu dans sa cinquante-troisième recherche ont porté sur l'élaboration et préfacé par Marie-George Buffet, le des anciens »). Il a joué un rôle te était reconnue légalement l’an- année. d'une théorie du vivant et, plus majeur dans l’intégration du née suivante. récemment, sur les mécanismes sera présenté à la presse le 6 juin 2001, à bouddhisme en France, en rassem- En 1997, l’émission télévisée du La crémation aura lieu le vendredi biologiques de la cognition et de la 12 heures, au ministère de la jeunesse et conscience. Dans une approche des sports, en présence de la ministre, du blant dans sa fédération, créée en dimanche matin, Voix bouddhistes, 1er juin, à 9 h 15, au crématorium du Père-Lachaise (Paris-20e). universelle de l'expérience humaine, il a secrétaire général de la francophonie, juin 1986, 80 % des pagodes, cen- était confiée à l’UBF. Jacques su, au cours de ses recherches, établir un Boutros Boutros-Ghali, et du ministre tres et instituts représentant les dif- Martin Vaskou en était le produc- UBF- BP 240 Étoile, dialogue équilibré entre les sciences du délégué à la coopération et à la férentes tendances du bouddhis- teur. Il était également professeur 75770 Paris Cedex 16. vivant, la philosophie et la spiritualité. francophonie, Charles Josselin. Il a publié plus de deux cents articles me implantées sur le sol français de physique à l’université de Com- (Lire ci-contre) La manifestation sera assortie d'une (certains courants marginaux, com- piègne. Par une curieuse coïnciden- scientifiques et écrit ou édité quinze présentation de la délégation française livres traduits dans plusieurs langues. me la Sokka Gakkai, n’en faisant ce, le secrétaire général de l’UBF, aux prochains Jeux de la francophonie pas partie). Bernard Lebeau, est mort lui-aussi (Lire ci-contre) (Ottawa-Hull, 14-24 juillet 2001). L’Union bouddhiste de France dimanche 20 mai, à l’âge de soixan- s’était donné pour but, à sa fonda- te-seize ans, des suites d’une lon- CARNET DU MONDE tion, « d’obtenir, pour les bouddhis- gue maladie. La France compterait Chaque samedi tes de toutes les obédiences, une réel- environ 500 000 bouddhistes, dont Fax : 01-42-17-21-36 le représentativité auprès des pou- 150 000 Français, qui ne sont pas Téléphone : LE MONDE TELEVISION voirs publics et d’œuvrer à représen- issus de la « diaspora » asiatique. 01-42-17-39-80 ter le bouddhisme comme l’un des 01-42-17-38-42 grands courants spirituels de l’hu- Xavier Ternisien 0123 01-42-17-29-96 avec DATÉ DIM./LUNDI e-mail:[email protected] NOMINATIONS [Né le 14 juin 1944 à Bihorel (Seine-Mariti- me), ancien élève de Navale, breveté de l’Eco- DÉFENSE le supérieure de guerre navale, Jean-Louis Le vice-amiral d’escadre Jean- Battet a successivement commandé l’aviso- Louis Battet a été nommé, par le escorteur Jean-Moulin (1981-1982), le pétro- conseil des ministres de mercredi lier-ravitailleur Durance (1984-1985), puis la 30 mai, chef d’état-major de la frégate De Grasse (1990-1992). Entre-temps, il marine nationale, en remplace- occupe diverses fonctions d’état-major. Il est ment de l’amiral Jean-Luc Delau- ensuite auditeur à l’Institut des hautes études nay, qui atteint la limite d’âge de de défense nationale (Ihedn) et au Centre des son rang fin juin. Jean-Louis Bat- hautes études militaires (CHEM). En 1995, il tet prend ses fonctions le est conseiller-marine à la délégation générale e er numéro de juin 1 juillet avec le rang et l’appella- pour l’armement (DGA). Promu contre-ami- tion d’amiral. Il était à ce jour ral en 1996, il est nommé adjoint au directeur major général de la marine (le des affaires stratégiques (DAS) au ministère Dossier spécial : 4,57 / F 30 numéro 2 de la haute hiérarchie de la défense. En 1998, il commande la zone de cette armée). A ce poste, il sera maritime de l’océan Indien depuis le bâti- remplacé par le vice-amiral Alain ment Var. Il est promu vice-amiral en 1999. Bac, Oudot de Dainville, élevé au rang En septembre 1999, il devient major général et à l’appellation de vice-amiral de la marine et il sera élevé au rang de vice- la réforme taboue d’escadre. amiral d’escadre en mars 2000.] A JOURNAL OFFICIEL sur la fortune, signée à Paris le 28 octobre 1997 ; Au Journal officiel du jeudi un décret portant publication de ● Entretien avec Alain Prochiantz : 31 mai sont publiés : la conventioon entre le gouverne- b Emploi : une loi portant créa- ment de la République française et « L’espèce n’existe pas» tion d’une prime pour l’emploi. le gouvernement de la République b Accords internationaux : un d’Arménie en vue d’éviter les dou- ● Culture : le nouveau contre-festival d’Avignon décret portant publication de la bles impositions et de prévenir ● convention entre le gouvernement l’évasion et la fraude fiscales en Débat : abus sexuels, de la République française et le matière d’impôts sur le revenu et la psychanalyse est-elle coupable ? gouvernement de la République sur la fortune, signée à Paris le CHEZ ● VOTRE d’Estonie en vue d’éviter les dou- 9 décembre 1997. A qui profitent les devoirs d’été ? MARCHAND bles impositions et de prévenir b Agriculture : un décret modi- DE l’évasion et la fraude fiscales en ficatif relatif aux expériences prati- JOURNAUX matière d’impôts sur le revenu et quées sur les animaux. Le magazine des enseignants qui avancent 13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 Poitiers à la recherche de la concordance des temps La municipalité travaille à adapter les horaires des services publics, voire privés, aux rythmes des habitants : crèches, transports en commun, mairie… Le campus est disposé à étaler les débuts de cours pour éviter les bouchons qui bloquent la ville chaque matin

POITIERS tes que les demandes à temps le », expose M. Royoux. Mais, à que de les concentrer sur les mar- de notre envoyée spéciale plein. « Les premières victimes du Poitiers, le principal métronome dis et les jeudis. L’université Hugo a deux mois. Il a les yeux décalage entre les temps collectifs et est l’université. Chaque matin, dix devrait réserver le jeudi après- de son papa, mais il préfère les les temps personnels sont les fem- mille étudiants se ruent sur le cam- midi aux activités sportives et seins de sa maman. Il se blottit mes qui ont des emplois précaires et pus pour une « embauche » à culturelles. dans son corsage. Et s’assoupit. Il peu de moyens pour faire garder 8 heures. Les bus sont pleins à cra- Convaincre les universitaires ne sait pas encore qu’il fait partie leurs enfants », relève M. Royoux. quer. Les bouchons s’éternisent. était du domaine du possible. de la joyeuse ribambelle des pen- L’impact des 35 heures a été lar- Mardi 29 mai, l’agence est parve- Mais vouloir modifier de but en sionnaires privilégiés de « Pigeon gement étudié. Elles ont entraîné nue à mettre autour d’une table blanc les horaires des services vole », la seule crèche de Poitiers une augmentation de la demande les représentants des enseignants publics eût été irréaliste. « Sur tous qui ouvre jusqu’à 20 heures. Sans d’équipements sportifs et cultu- et des étudiants et les élus de la vil- les sujets, on travaille dans la dentel- cette amplitude horaire, Hugo rels. Elles ont également modifié le. Engagement a été pris par le le », explique Catherine Coutelle. aurait été trimballé de bras en les déplacements dans la ville. Les président de l’université d’engager Plutôt que d’allonger les horaires bras. Delphine, sa mère, est gyné- heures de pointe se sont réduites des discussions pour qu’à la ren- chaque jour, l’agence milite pour cologue et travaille souvent après tandis que la mobilité s’est accrue une soirée des services publics une 18 heures. Michel, son père, est tout au long de la journée. Par fois par mois. « Je rêve d’ouvrir la médecin-légiste. Son emploi du ailleurs, de plus en plus de salariés « Les premières mairie de 18 heures à 20 heures », temps est tributaire des appels des concentrent leurs journées au lance Mad Joubert, élue déléguée juges et des gendarmes. A quel- bureau. Du coup, le nombre de victimes du décalage chargée de l’agence des temps. ques clochers de là, à deux pas de Poitevins qui, plutôt que de ren- Béatrice Charrier, directrice l’église Notre-Dame-la-Grande, trer chez eux, flânent dans les rues entre les temps d’un centre socioculturel et mem- dont la façade ressemble à un livre du centre-ville entre midi et bre de l’agence, se bat pour la créa- de pierres, la superbe médiathè- 14 heures, à la recherche de com- collectifs et les temps tion de points de services publics que François-Mitterrand ouvre ses merces ouverts, a augmenté. dans les quartiers et ouverts le soir portes jusqu’à 22 heures deux fois Enfin, l’agglomération s’est éten- personnels où « on pourrait acheter au même par semaine. due. Les déplacements entre le moment sa carte de cantine, sa car- Mais ailleurs, dans son écrin muré certains. Mais une poignée L’agence dispose, jusqu’en 2003, domicile et le travail sont de plus sont les femmes » te de bus scolaire, inscrire ses médiéval, la ville reste bien calée d’élus l’ont pris au mot. La premiè- de 300 000 francs par an de la délé- en plus longs et les flux de trans- enfants à l’école et retirer des livres sur des rythmes immuables. Les re agence des temps créée en gation à l’aménagement du terri- ports se sont modifiés. Les travaux dans la même soirée ». banques ferment toujours à l’heu- France n’a ni guichet ni bureau. toire et à l’action régionale de l’agence vont servir de base à la trée prochaine le début des cours Mais l’extrême gauche (LO- re du déjeuner. La mairie centrale Elle fonctionne en réseau, et est (Datar). mairie pour remettre à plat les s’échelonne entre 8 heures et LCR), qui a obtenu près de 10 % clôt ses services à 17 h 30. La pré- animée par le responsable du De savantes études sur les chan- horaires des bus aussi bien que 8 h 45. des voix aux dernières élections fecture ferme ses portes à 15 h 30. pôle recherche et développement gements dans la vie des Poitevins ceux des crèches. Au passage, cet étalement des municipales, dénonce par avance Apparemment, rien ne bouge… de la communauté d’agglomé- ont fait ressortir le décalage entre L’agence a organisé des forums horaires devrait faire gagner de le risque de perdre les « avantages Apparemment seulement. Car la ration de Poitiers, Dominique l’immuabilité des horaires des ser- dans les quartiers : 35 heures, l’argent à la Société des transports acquis » pour le personnel commu- municipalité a décidé de mettre les Royoux. vices publics et privés et les transports… où les femmes ont poitevins, gérée par la ville. «Au nal. Du coup, le maire marche sur pendules de la ville aux heures de Ce titulaire d’une thèse de géo- besoins de la population de l’agglo- pris la parole. Le prochain portera lieu de multiplier les bus, on va pou- des œufs : « La question du temps ses habitants. graphie urbaine est devenu le mération, soit 130 000 habitants. sur le « temps des pères ». Elle a voir faire le même trajet avec le est une question de société qui doit Maire depuis 1977, Jacques San- grand horloger de Poitiers. Qu’il L’agence a mis en évidence les aussi pris rendez-vous avec les même bus », prévoit Catherine mûrir dans la tête des gens », dit-il. trot (PS) espérait rajeunir son pro- s’agisse de faire ouvrir les commer- effets du très fort taux d’activité « producteurs » de temps de la vil- Coutelle, maire adjointe chargée Et, en matière de « nocturnes » des gramme de candidat sortant en çants du centre-ville à l’heure du féminin à Poitiers – autant d’acti- le : la poste, la chambre de com- de la vie universitaire, du dévelop- services publics, M. Santrot se gar- annonçant, pendant la dernière déjeuner, la médiathèque le diman- ves que d’actifs – sur les demandes merce, les associations de commer- pement économique et de la politi- de bien de prêcher le « grand campagne des élections municipa- che, la poste plus tard le soir, en matière de garde d’enfants : les çants. « Nous voulons leur faire que du temps. Elle a bon espoir de soir ». les, la création d’une « agence des M. Royoux ne s’est fixé aucune demandes de garde à temps par- comprendre que changer ses horai- convaincre les enseignants d’éta- temps »… « Gadget ! », ont mur- limite à son ambitieux projet. tiel sont désormais aussi importan- res influe sur les rythmes de la vil- ler leur cours sur la semaine plutôt Béatrice Jérôme Les villes italiennes multiplient les projets La France tente de combler son retard Cent soixante-dix municipalités ont d’ores et déjà engagé une démarche de gestion du temps sur ses voisins européens MILAN tous les services municipaux, ceux Florence est également pion- die, sur les entreprises qui restent POITIERS, mais aussi le Terri- En France, la sortie, en mars, du correspondance de vingt-sept organismes publics nière en matière d’ouverture des ouvertes en août et les problèmes toire de Belfort, Saint-Denis, le livre de la philosophe Dominique Omniprésence de la voiture, et la poste sont ouverts en continu établissements scolaires aux jeu- qu’elles rencontrent », explique département de la Gironde ont Méda Le Temps des femmes (édi- services publics ouverts unique- de 9 heures à 16 h 30. « Nous nes, dans les quartiers, en dehors Alessandra De Cugis, directrice du lancé des politiques publiques tem- tions Flammarion) a nourri les ment le matin, heures de pointe sommes en train de réfléchir à l’élar- des heures de cours. En associa- projet temps et horaires à Milan. porelles. Bientôt, Paris et Lille débats sur l’ouverture des crèches auxquelles toute la population se gissement de cette journée aux ban- tion avec le département, le recto- De nombreuses communes tra- feront partie du même club. « Au- et des services publics, à Paris. Le déverse sur les bureaux et les ques notamment », explique Marco rat et les lycées intéressés, la vaillent sur les horaires d’ouver- jourd’hui, avec les 35 heures, c’est Territoire de Belfort doit ouvrir, en écoles : la vie quotidienne est Maregi, consultant du bureau des municipalité finance des projets ture des commerces. Bolzano, la désynchronisation, l’individualisa- septembre, la Maison du temps et souvent compliquée dans les villes temps de la ville. L’initiative s’est émanant de groupes d’élèves ou près de la frontière autrichienne, a tion, le zapping temporel, la semaine de la mobilité. Le conseil général italiennes. Lancée par une loi de également étendue à des villes de familles favorisant l’utilisation ainsi harmonisé… les horaires des de quatre jours », affirme Jean- prévoit d’impulser la mise en place 1990 permettant au maire de coor- plus importantes : Rome a mainte- des établissements pour des activi- coiffeurs ! Ceux-ci sont désormais Louis Guigou, patron de la Déléga- de transports publics à la demande. donner les horaires des commer- nant son « jeudi du citoyen » de tés culturelles en fin de journée. autorisés à ouvrir neuf heures par tion à l’aménagement du territoire La province a pris les devants. Les ces et des services publics, l’idée 9 heures à 17 heures. jour entre 8 heures et 19 heures ou et à l’action régionale (Datar). En ministères parisiens suivent. Claude de la gestion locale du temps et Un autre important terrain d’ex- PLAGES D’OUVERTURE ÉLARGIES 20 heures : « Ceux du centre-ville septembre 1999, cette administra- Bartolone, ministre délégué à la des espaces a fait son chemin. En périmentation concerne les écoles, Bien que plus difficiles à mettre ont tendance à rester ouverts à tion a créé un groupe de prospec- ville, et Nicole Péry, secrétaire d’Etat mars 2000, une loi impose aux à l’image de l’expérience engagée en place, des projets associant le l’heure du déjeuner, ceux des quar- tive intitulé « Temps et territoire ». aux droits des femmes, ont deman- communes de plus de trente mille à Florence. « Nous avons commen- secteur privé commencent à voir tiers périphériques plus tard le Aujourd’hui, elle finance sept collec- dé à Edmond Hervé, maire (PS) de habitants la nomination d’un res- cé par “désynchroniser” les horaires le jour. Milan, qui se vide tous les soir », explique Ingeborg Bauer- tivités locales qui ont mis en place Rennes, un rapport sur la question, ponsable du temps et des horaires, d’entrée et de sortie des écoles, col- ans de sa population au mois Polo, adjointe aux politiques du des expériences sur les temps qui sera rendu public le 19 juin. ainsi que l’élaboration d’un plan. lèges et lycées, de façon à éviter les d’août, édite un guide pour les temps de la ville. sociaux en liaison avec l’Ecole fran- M. Bartolone milite pour que le Aujourd’hui, plus de cent soixante- embouteillages. Parti sur trois zones, citoyens qui restent en ville Bolzano est également en çaise d’excellence territoriale, diri- projet de loi sur la démocratie de dix municipalités italiennes sont le projet s’est aujourd’hui généra- pendant la période estivale (com- pointe dans la mise en œuvre d’ini- gée par Pierre Dommergues, qui a proximité, présenté par le ministre engagées dans cette dynamique. lisé, et de nombreuses écoles de tous merces ouverts, manifestations tiatives en liaison avec les parte- introduit en France la réflexion sur de l’intérieur, Daniel Vaillant, en Une des initiatives les plus cou- les quartiers y ont adhéré », expli- culturelles, services publics, etc.), naires privés : pour réhabiliter sa le sujet. juin à l’Assemblée nationale, prévoie rantes concerne les horaires des que Donatella Aterini, respon- renvoyant à un numéro vert. Le zone industrielle sans se limiter Les élus français rattrapent ainsi la consultation des conseils de quar- services publics. Faire la queue sable du bureau des temps de la guide, réalisé avec les associations aux travaux d’urbanisme, la ville a leur retard sur leurs voisins euro- tier sur les temps des services derrière un guichet reste, en effet, capitale toscane. « Parallèlement, de commerçants et artisans et la adopté un « pacte pour la mobi- péens. En Italie, tout a commencé publics. Même Matignon s’intéresse un sport national malgré les lois des activités pré et post-scolaires ont chambre de commerce, est diffusé lité » associant largement entre- dans les années 1980 avec la mobili- au sujet : Lionel Jospin devrait parti- de simplification administrative ! été mises en place dans le primaire, gratuitement à 150 000 exemplai- prises, syndicats, commerces et sation des mouvements de femmes ciper, en septembre, à Créteil, à une Du coup, la commune de Cré- de façon à ne pas faire simplement res. « Nous venons de démarrer une sociétés de transport. et des syndicats (lire ci-contre).En « conférence du temps ». mone, en Lombardie, a mis en garderie lors des horaires supplé- enquête avec l’Assolombarda, l’asso- Allemagne, Brême a son agence des place le « mercredi du citoyen » : mentaires », poursuit-elle. ciation des entreprises de Lombar- Marie-Noëlle Terrisse temps depuis longtemps. B. J. Quatre arrondissements de Paris se sont portés volontaires pour effectuer un test à l’échelle d’un quartier PENDANT la campagne des femmes et le « bureau des temps ». d’arrondissement, équipements élections municipales, le candidat Le projet est pour l’instant encore sportifs, transports), mais aussi socialiste à la Mairie de Paris, embryonnaire. Quatre maires d’ar- privés (commerces, banques ou Bertrand Delanoë, avait promis de rondissement – trois de gauche, un cabinets médicaux). créer, dans la capitale, un « bureau de droite – se sont portés « volon- « Il ne s’agit pas de reporter les des temps » directement inspiré de taires » pour un test en grandeur problèmes de la population sur les l’expérience milanaise. « C’est une nature sur un quartier, à la rentrée employés des services de la Ville ou démarche très positive dont je sou- de septembre : les socialistes Jac- des commerces de proximité, mais haite que nous nous inspirions pour ques Bravo (9e), Annick Lepetit de répondre à des besoins concer- Paris, écrivait-il en septembre 2000 (18e), Michel Charzat (20e)etle nant la totalité de la population pari- dans son livre-programme, Pour RPR René Galy-Dejean (15e)– sienne », explique Mme Hidalgo. A l’honneur de Paris. A travers une Mme Hidalgo étant élue d’opposi- l’issue d’une rencontre avec les concertation large et un dialogue tion dans cet arrondissement. directrices de crèche du 9e arrondis- exemplaire, c’est une nouvelle A la mi-juin, les quatre « terr- sement, le 10 mai, la première donne que nous visions, dont les itoires tests » devraient être définiti- adjointe au maire de Paris avait Parisiennes seront les premières à vement arrêtés. Un questionnaire, insisté sur la nécessité de lier la ressentir les effets. » élaboré par la direction de la vie réflexion sur « l’adaptation des Une fois M. Delanoë élu maire locale et régionale de la Ville de horaires au rythme de vie des Pari- de Paris, cette volonté s’est tradui- Paris et adapté à chacun des pro- siens » à la discussion sur la réduc- te par la nomination d’une femme, fils sociologique et économique tion du temps de travail dans les Anne Hidalgo, au poste de pre- des quartiers retenus, sera ensuite services municipaux, qui doit com- mière adjointe, à laquelle étaient adressé aux Parisiens y résidant mencer au cours du mois de juin aussi confiées deux délégations afin de cerner leurs attentes en avec les organisations syndicales. nouvelles dans l’organigramme de matière d’horaires des services l’Hôtel de Ville : l’égalité hommes- publics (crèches, écoles, mairie Christine Garin 14 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 HORIZONS RÉCIT

RRIVÉE à Bujum- nous empêcher de continuer ? Non, bura. Ciel blanc ils voulaient juste que nous fassions de chaleur. Moi- une place à deux d’entre eux et que teur. Cette odeur, nous les déposions au village sui- un peu suffocan- vant. Bref, une bonne route, c’est te, si caractéristi- vrai. Etonnamment fluide pour un que des aéro- Fin de l’Histoire à pays à feu et à sang où une maison ports africains. sur deux, quand elle est restée Et, tout de suite, debout, porte sur sa façade des au nord de la ville, le quartier hutu impacts de tirs. Jusqu’à Nyanza-Lac, Ade Kamengué. La moitié des mai- LAC la dernière grosse bourgade de bord sons est détruite, apparemment à KIVU KIGALI Tenga de lac avant de rentrer dans les ter- Mutimbuzi l’arme lourde. L’autre moitié est res, où nous sommes bel et bien blo- Kibuye Cibitoke reconstruite, mais avec un mélange qués – barrière de branches sèches, Mubone Kinama Isare de bouts de bois, débris de tissu et Kamengué sacs de sable, casemates en contre- Bujumbura ? plage de gros carton, plaques de fer blanc bas et un soldat qui m’observe plu- ou de plastique bleu encore marqué Kagera sieurs minutes, de loin, avant de se RWANDA BUJUMBURA UNHCR, que la végétation a enva- décider à approcher. « Zone de Kanyosha his. Et il règne sur le quartier une Les individus se suicident R guerre, tu ne passes pas. – Je croyais N Butare 7 atmosphère étrange, mélange de Lac que le couvre-feu était à 6 heures ? – Buhonga peur, suspicion, espoir abandonné, 4km Ici, c’est 4 heures ; tu ne passes pas. »

bien, pourquoi pas les pays ? Tanganyika fatigue : longues files d’hommes et RN 3 Sur quoi s’engage un conciliabule, de femmes marchant sans but, le Le Burundi, dévasté, pillé, en kurundi, entre lui et le chauffeur regard vide – je savais, avant de d’où ressort : primo que le chauffeur venir, que les populations sans vidé par l’affrontement Bubanza BURUNDI rebrousse, lui, immédiatement che- défense étaient, comme au Sri Lan- ZAÏRE min ; secundo que je peux, moi, si je 1 ka, comme en Angola, les principa- sans merci opposant l’armée RN le veux, et moyennant 10 dollars, les victimes de l’affrontement sans BUJUMBURA Tenga Ruvuvu dormir là, dans la maison de repos Gitega merci qui oppose l’armée gouverne- de l’unité, en espérant que passe, gouvernementale tutsie Isare mentale tutsie aux milices rebelles Buhonga demain, une autre voiture. Autre hutues, mais je n’imaginais pas que aux rebelles hutus n’est-il pas Kanyosha palabre pour obtenir de payer les la désolation fût si palpable. Magara 10 dollars en francs français. Petit Giharo Ce matin, la rumeur court qu’une saisi de cette rage RN 3 problème de susceptibilité quand il unité de rebelles se seraient infiltrés RN 7 s’agit de faire comprendre que j’ai dans le quartier et auraient, la nuit mon sac de couchage et que je n’ai d’autodestruction qui confine Rumonge Rutana dernière, devant l’église des TANZANIE pas besoin de la couverture qu’il me Karonda Témoins de Jéhovah, assassiné à la folie ? Telle est la question propose. Mais enfin, tout s’arrange. deux femmes qu’ils auraient prises Il ne me reste qu’à attendre. pour des Tutsies. Alors, les parachu- posée par Bernard-Henri Lévy Réveil à 5 heures. C’est le soldat tistes sont là. Ils patrouillent. Gui- Nyanza-Lac de la veille. Mais de bonne humeur. dés par trois « nyumbakumi », les LAC « Tu as de la chance. Il y a un convoi au terme de son périple au cœur TANGANYIKA chefs de pâté de maisons, ils 25 km qui arrive. Des renforts pour Rutana. entrent chez les gens et vident les d’un conflit insaisissable – Pourquoi des renforts ? – Parce cabanes suspectes. Mais sans bruit, qu’on a signalé une infiltration de inta- là non plus. Sans un cri. Un instant, gohekas (littéralement « ceux qui ne je me dis que c’est la présence d’un serait inutile d’insister : les regrou- unités, un sous-officier hutu qui a des soldats, au milieu de la chaus- demander à un taxi de me conduire dorment jamais », autre nom des étranger qui retient les uns de pés, le voudraient-ils, n’auraient mené les tueurs jusqu’à leurs victi- sée, affolés, tirant au jugé, droit dans le Sud et le taxi m’a répondu miliciens hutus) qui remontent de la cogner trop fort, les autres de pro- manifestement pas le droit d’en mes. Et il a identifié le corps, 10 kilo- devant eux ; d’autres, plaqués au que oui, d’accord, les routes sont Tanzanie. Et la garnison veut des ren- tester trop haut. Mais non. C’est dire davantage. Regroupés, vrai- mètres plus loin, dans une déchar- sol, à moitié cachés par les plants de bonnes au Burundi – mais à une con- forts. ». Juste le temps d’avaler un juste la vie du quartier. Violence et ment ? Ou otages ? Ou forçats ? ge, nu, décomposé, avec son numé- café, tirant aussi dans le vide ; dition, une seule, à laquelle il tient verre d’eau bouillie avec un filet de quotidienneté mêlées. La brutalité Kamengué, de nouveau. Mais de ro matricule enfilé sur un des pieds. d’autres, très jeunes, à bout de souf- beaucoup : que nous fassions la rou- lait en poudre. Et le convoi est là. Un sèche de la soldatesque d’un côté. nuit. Les soldats sont partis. Ils se Depuis, c’est sa spécialité. On dit fle, qui sortent du maquis, le visage te un samedi et, par exemple, char. Plusieurs canons de campagne, Ces femmes qui, de l’autre, conti- sont repliés sur leur cantonnement, même, à Cibitoke, le quartier tutsi couvert de boue, pliés en deux, por- aujourd’hui. Pourquoi un samedi ? montés sur des Toyota. Un camion à nuent, l’une de piler son manioc, à la lisière du quartier et ont, com- où il habite et où je suis venu le ren- tant une civière ; des grésillements Parce que les « assaillants génocidai- demi-bâché où je distingue, en vrac, l’autre de vendre ses grigris – la troi- me chaque soir, cédé le terrain aux contrer, que c’est comme un de talkie-walkie ; les hurlements de res », ces Hutus du FNL dont le des monceaux de fusils et d’armes sième, assise à même le sol, presque Hutus. Et c’est un autre quartier – métier. Ce voisin dont on a décapité l’officier ; des rafales d’armes auto- pays entier n’en finit pas de se repas- de poing. Et, juste derrière, un nue, les seins secs et flasques, d’allai- une autre atmosphère et, donc, un la femme… Cet autre qui est certain matiques qui viennent maintenant ser en boucle les crimes abomina- camion découvert où je m’installe ter un enfant gonflé d’œdèmes et autre quartier – qui prend forme à que ce corps sans tête, retrouvé, les des deux côtés ; l’image – rêvée ? bles – ce prêtre à qui l’on aurait fait au milieu d’une joyeuse cohorte de qui grelotte : cette façon qu’ont les la faveur de la nuit. Des bruits, main- testicules lestés d’épingles, sur la hallucinée ? – d’une tête terrible, et manger son sexe avant de le crucifie- jeunes gens, presque des enfants : femmes de Bujumbura de porter tenant. Des tirs, qui partent des colli- rive du lac, près du Safari, la plage comme peinturlurée, qui n’est plus r…, ces bébés enterrés vivants…, ces les uns portent des uniformes ; leurs bébés comme des petits cada- nes. Mais aussi des éclats de voix. chic, est le corps d’un de ses frères… celle d’un soldat et me semble jail- enfants empalés, arrosés d’essence d’autres non ; celui qui semble être vres ; ce désespoir mutique et exté- Des transistors. Une pétarade de Ce troisième dont le bébé a été lir, un court instant, à la pointe rous- et brûlés, dans leur école, par leur le chef, et qui parle le français, est nué, cette tristesse de monde finis- moteur de moto. Une bagarre. Un étranglé, puis découpé, et dont on a sie des caféiers ; la vérité c’est que directeur même… – sont aussi d’ex- coiffé d’un bonnet de laine blanc sur sant, qui semblent s’être abattus type qui me propose des filles. Un retrouvé les morceaux près de Ten- tout va très vite et j’ai à peine eu le cellents chrétiens, de confession lequel il a posé son béret ; un autre sur toute une population – le con- autre qui me poursuit pour me ven- ga… C’est lui, Faustin, que l’on vient temps de réaliser ce qui se passait, généralement adventiste, qui ne porte un short kaki effrangé, des bot- traire de l’effervescence qui caracté- dre un disque de Céline Dion. Un voir, chaque fois. C’est à lui que l’on de fermer ma vitre, de me baisser, fument pas, ne boivent pas, arrivent tes et, à même la peau, une veste de rise toutes les villes africaines, autre, frissonnant de fièvre, qu’on s’adresse pour recomposer ces que les hommes à la civière sont là, dans les villages en chantant des flanelle grise trop chaude ; chez même très pauvres, que je connais. amène des montagnes pour le faire corps déchiquetés. Son métier ? Il débarquent le chauffeur, se ravi- tous, mon arrivée provoque une agi- Même sentiment à Mubone, dans soigner au dispensaire. Un groupe me répond, solennel, presque fier : sent, le remettent au volant et instal- tation extrême : qui je suis… d’où je la commune de Mutimbuzi. Il n’est, de « récupérateurs » qui, pieds nus, chasseur de cadavres tutsis suppli- lent le blessé sur le siège arrière de « Ils ont brûlé viens… s’ils peuvent essayer mes ce quartier, marqué sur aucun plan. casquettes ou chapeaux de brousse ciés par les démons hutus. la voiture, près de moi, allongé. Il a lunettes… mes souliers… l’un, Ce n’est même pas un quartier, sur la tête, vont de maison en mai- Tenga, enfin. Depuis trois jours le teint gris. Le souffle court. Il deux des nôtres dans d’ailleurs, les essaie, petits pieds flot- d’ailleurs, mais un camp. Et ce son pour y prendre du ravitaille- que je suis ici, on ne cesse de me vomit des petits caillots de sang et tant dans mes tatanes, cela fait beau- camp a été créé récemment, un jour ment. Ou Chez Roméo, paisible ton- parler de Tenga, ce labyrinthe de gémit. Vite, vite, démarrez vite, des matelas comme coup rire les autres, j’ai le plus grand où l’armée, préparant une opéra- nelle de tôle et de rondins où l’on caféiers et de forêts dont les rebel- vous voyez bien qu’il est blessé. Et mal à expliquer que c’est ma seule tion de « nettoyage » dans les colli- ne parlait, l’autre matin, que de foot les hutus semblent avoir réussi à fai- la voiture redémarre en effet, le celui-ci ; alors, quand paire, que je ne peux pas la leur don- nes à majorité hutue, a, comme elle et de nourriture, où toute la ques- re, aux portes de la capitale, une chauffeur congolais couché sur son ner, et cela les fait redoubler de le fait toujours, informé les paysans tion était de savoir quand la pêche inviolable forteresse, avec tran- volant : dix minutes après, nous on en prend un, rire… Ça, les « renforts » ? Sur ça qu’ils avaient vingt-quatre heures serait ré-autorisée sur le lac et chées, bunkers, stocks d’armes sommes revenus au check point de que l’on compte pour repousser pour quitter la zone et se regrouper quand le patron recommencerait de défensives et offensives, mines. Et Kinama, puis à l’hôpital Prince hein… poubelle ! l’avancée de « ceux qui ne dorment dans la plaine, près de la caserne ; servir ses succulents « ndagala » j’ai donc, ce matin, décidé d’aller y Régent, avec le soldat blessé. jamais » ? Et quelle étrange dispro- après quoi elle bloquerait les sen- frits – la voici transformée en un voir. Une voiture tout-terrain, blin- poubelle ! » portion entre ces stocks d’armes (on tiers qui descendent à la ville, et qui- bruyant forum où, attablés devant dée, de l’ambassade de France. Un ELA n’a pas été très facile de dit que ce sont toutes les armées per- conque aurait, malgré l’avertisse- des carafes de bière de banane, une check point à Kinama, l’autre grand ressortir de Bujumbura. L’am- Un officier de dues de l’Afrique des Grands Lacs, ment, choisi de rester sur les lieux dizaine d’hommes discutent de la quartier hutu de la ville. Un groupe Cbassade, échaudée par l’épiso- l’armée de Mobutu, celles d’Amin serait tenu pour complice des rebel- façon dont on traite, dans l’armée, de soldats, torse nu, kalach en ban- de Tenga, me l’a déconseillé. Mon l’armée burundaise Dada et de Milton Obote, les les et susceptible, comme eux, les Hutus. L’un : « Il paraît que les doulière, qui tuent le temps, sous vieil ami, le colonel français Guy de ex-FAR rwandais de Habyarimana, d’être abattu à tout moment. Cer- officiers battent les soldats hutus. » un banyan, en jouant aux dominos. Battista, ancien de Sarajevo devenu englouties par la forêt tropicale, tains, bien entendu, sont restés. Ou L’autre : « J’ai vu des hommes de Un autre barrage encore, à l’entrée responsable de la sécurité de la mis- cantiques à tue-tête et considèrent dont les débris, comme après un nau- n’ont pas été informés de la consi- troupe tutsis tuer à la baïonnette leur des caféiers – une cordelette, pres- sion des Nations Unies pour les le samedi comme un jour sacré, frage, échoueraient dans les zones gne. Ou ont craint, en obéissant, de officier hutu. » Un troisième : «Le que un fil, tendue en travers de la droits de l’homme au Burundi, m’a voué à la prière, où l’on ne doit pas de guérilla du Congo et du Burundi) se mettre à dos l’autre camp, qui ne soir, quand on passe devant la garni- route, mais à laquelle on a accro- expliqué que, depuis le meurtre, il y verser le sang. Les habitués des guer- – quelle disproportion entre cette les laisserait plus jamais revenir son, on entend des cris, et des coups, ché, pour que les automobilistes ne a quelques mois, dans un camp de res africaines disent que le meilleur puissance de feu et cette troupe de dans leur maison. Alors ils ont été et des chocs sourds et mous, comme la ratent pas, des bouts de sac plasti- regroupés de la province de Rutana moment pour circuler c’est midi car gamins dépenaillés, ébouriffés, tur- déclarés complices en effet, cibles quand on tape sur de la viande. » Il que de couleur. Et puis soudain, où, justement, je veux me rendre, il fait si chaud, tout à coup, que bulents ! Une demi-heure plus tard, militaires légitimes, et il y a eu, sur est minuit. Le ton monte. Les quelques kilomètres plus loin, sur la de la responsable hollandaise du même les combattants font la sies- nous sommes à Rutana. Et nous les collines de Nyambuye et Kavu- esprits s’échauffent. C’est l’heure route maintenant déserte, une Programme alimentaire mondial, te. Voici un autre moment, spécifi- n’avons pas croisé l’ombre de la mu, plusieurs dizaines de civils tués du couvre-feu, me dit le prêtre qui explosion ; une autre, un peu plus les voitures à fanion blanc des ONG quement burundais : le samedi, tou- colonne rebelle censée remonter de à bout portant. Mutisme, là encore. m’accompagne. Il faut rentrer. proche, qui paraît sortir de terre ; ne sont plus une garantie. En sorte te la journée, parce que c’est jour de la Tanzanie. Fausse nouvelle ? Réticence des survivants à raconter. Faustin, lui, est tutsi. Il appartient une automitrailleuse dans le fossé ; que j’ai fini, tout bêtement, par relâche pour les « assaillants génoci- Rumeur ? Ou mystère d’une guerre Et une infinie douleur dans les yeux donc à l’autre ethnie, minoritaire, daires ». où, comme en Angola, les lignes de de la centaine d’hommes valides en qui tient les leviers du pouvoir En route, donc, pour Rutana. La front n’en finiraient pas de se dépla- train de creuser, sous la menace des depuis le départ des Belges et vit Nationale 7, la plus directe, qui pas- cer et de glisser ? kalachnikovs, une tranchée géante dans la hantise de la revanche et de se par l’intérieur mais où les militai- Même situation, et même surpri- qui servira de latrines à ciel ouvert. la violence hutues : le Rwanda est si res, au bout d’une vingtaine de kilo- se, après Rutana, dans la savane, à « Il n’y a plus de camps de regroupés proche ! Les deux pays sont si sem- mètres, font faire demi-tour aux voi- quinze kilomètres à vol d’oiseau de au Burundi », m’avait dit, le matin blables, presque jumeaux ! Com- tures. La Nationale 3, alors, qui des- la frontière, où l’on m’avait assuré même, Eugène Nindorera, « minis- ment être tutsi, ici, à Bujumbura, cend le long du lac Tanganyika et que les rebelles avaient un avant- tre des droits de la personne humai- sans avoir sans cesse à l’esprit le pré- sera évidemment plus longue – mais poste et où c’est, à nouveau, sur une ne ». Eh bien si. En voici un, aux por- cédent de Kigali ? Sa vie, raconte le Burundi est si petit ! Les distances unité tutsie que je tombe. « Les géno- tes de la capitale, dans la poussière Faustin, a basculé il y a cinq ans, y sont si courtes ! Le chauffeur est cidaires tenaient la position, m’expli- et la saleté, au bout de cette piste quand on a retrouvé la tête de son sûr, malgré le contretemps, d’être que l’officier, sorte d’hercule, tout non carrossable où je suis arrivé par père, avec celle de trois soldats de rendu avant 6 heures, qui est l’heure en gorge et en épaules, qui possède hasard, en cherchant mon chemin son unité, plantée sur une pique, en où l’armée rentre dans ses casernes tous les traits que les tenants de la entre Cibitoke et Kinama. « Qui tu bordure d’un champ de caféiers, et où la guérilla reprend le contrôle guerre des races prêtent, d’habitude, es, aboie un sergent, aussi maigre près de Tenga. Il est parti, ce jour- des grands axes. Roche sombre de la aux Hutus. Ils étaient là, oui, sur la que les creuseurs, aussi misérable là, à la recherche du reste du corps. montagne, sur la gauche. Herbe et butte, depuis deux mois. Ils avaient qu’eux, l’uniforme en loques, le crâ- Il a sillonné la région. Interrogé les broussaille, sur le lac. Des patrouilles des armes. Beaucoup d’armes… » Il ne galeux ? Qui tu es ? Tu n’as rien à paysans. Il a même retrouvé le frère de « bérets rouges » le long de la rou- montre une mitrailleuse, posée près faire ici ! » On sent qu’il n’a au mon- d’un des « assaillants » qui lui a te et aussi, me semble-t-il, dans les d’un projecteur de campagne et, de, ce sergent, que sa kalachnikov tout raconté : l’attaque en pleine ÉRIC BOUVET hauteurs. D’autres patrouilles, mais plus loin, dans les buissons, à l’abri neuve, pointée sur l’intrus trop nuit ; le massacre ; qu’il y avait dans Funérailles d’un enfant dans le camp de Bubamza, de civils, armés de bâtons, de d’une bâche kaki caoutchoutée, des curieux. Et on sent, surtout, qu’il l’unité, comme dans la plupart des près de Bujumbura. machettes et de marteaux : vont-ils caisses de munitions et des mortiers. HORIZONS-RÉCIT LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 15

1998. suit, de cette ville coupée du mon- Kayanza, route du Nord de, isolée, asphyxiée ? Est-ce la fati- vers le Rwanda. gue, simplement ? J’ai l’impression qu’à cet autre décor correspond un autre climat et que cette partie au Congo ; rôle joué, il y a quel- nord du pays est plus désolée, dés- ques mois, dans la négociation héritée encore que le sud. Cette d’un droit de passage, pour les frè- fontaine, brisée. Cette autre, 5 kilo- res ennemis du FDD, à travers les mètres plus loin, où une centaine maquis du Bujumbura rural ; bref de pauvres gens font la queue, des toute une activité clandestine qui bidons de plastique, des arrosoirs, fait de ce quinquagénaire massif, des calebasses, à la main – patien- aux yeux intenses, à la barbe en fer ce d’aveugles, immobilité de cada- à cheval plongeant sur la poitrine, vres. Un cimetière hutu. Un autre, l’un des cadres civils du FNL. Que tutsi, avec ses tombes renversées. dit-il de cette volonté génocidaire Une école détruite. Des champs de hutue dont parle Buyoya ? « Plai- café brûlés. La route elle-même, santerie ! » Il prend à témoin le prê- les ponts, à demi cassés. Le ventre tre qui a organisé notre entretien. énorme des enfants. L’odeur diffu- « C’est une sinistre plaisanterie de se de la charogne. Des villages parler de volonté génocidaire entiers pillés – il faut être venu ici, quand on tient, comme lui, tous les oui, dans cette région, pour savoir leviers du pouvoir. » Puis éclair de ce que c’est qu’un village pillé, vrai- haine et de ruse mêlées dans le ment pillé, quand il ne reste pas regard : « Vous a-t-il parlé, Buyoya, une tuile, pas un morceau de tôle des 400 civils massacrés par son ni de parpaing, pas un poteau armée, en août dernier, dans la pro- dehors, quand la fourmilière vince de Cankuzo ? Et des 150 morts humaine a tout gratté, jusqu’à l’os, de Muzuyé, qu’ils ont dû enterrer au-delà. Non plus la ruine, mais le dans des fosses avant que les ONG rien. Pire que la guerre, l’après de ne fassent un scandale ? Et l’église la guerre, quand la guerre elle- de la Pentecôte de Butaganza ? Est- même s’est essoufflée, quand elle ce qu’il s’est vanté de ces soldats tut- a épuisé ses dernières ressources, sis qui ont dit aux habitants de Buta- quand elle a tant tué, tant brûlé, ganza de se mettre à l’abri dans qu’elle est comme ces feux de l’église et qui, une fois qu’ils y ont forêt dont la rage incendiaire ne été, ont cerné l’église, jeté des grena- trouve plus, sur son passage, des dedans, y ont mis le feu et ont qu’une terre déserte et qui, pour- achevé à la baïonnette ceux qui tant, brûlent toujours. Cette ima- essayaient de fuir ? » Horreurs con- ge, qui me vient, d’une bombe tre horreurs. Victimes contre victi- d’un nouveau genre qui laisserait mes. Encore que commune volon- debout les choses, et même les té – face à l’hypothèse kojévienne hommes, mais les viderait, com- d’un affrontement spectral, absur- ment dire ?, de leur positivité, de de, sans enjeux, etc. – d’ancrer cet- leur substance. L’image, aussi, de te guerre burundaise dans le sol ces trous noirs dont parlent les sûr d’une rationalité politique : la astronomes : peut-être y a-t-il, en menace de génocide pour l’un ; la Histoire aussi, des trous noirs ; lutte, pour l’autre, entre exploi- peut-être y a-t-il, dans la vie des teurs tutsis et exploités hutus… peuples, l’équivalent de ces planè- « Les Hutus ont tiré sur l’aéroport. tes qui se résorbent et dont la den- Ils ont touché l’avion de la sité croît à mesure qu’elles dispa- Sabena. » Quand David Gakunzi, raissent ; peut-être le Burundi est- le patron du centre Martin-Luther- il un de ces trous noirs – une densi- King et l’un des rares intellectuels té de souffrance infinie pour un de ce pays qui m’ait donné le senti- lieu raréfié, tassé sur lui-même, en ment de ne jamais raisonner en ter- passe de s’effacer (toujours la « fin mes d’ethnies, quand ce très jeune de l’Histoire » !) de nos paysages militant des droits de l’homme, réels et imaginaires, de nos écrans avec son faux air de Bob Marley et politiques, de nos radars. Malraux, sa grosse casquette ronde multico- dans Le Temps du mépris – c’est lore retenant son chignon, surgit Kassner, dans son cachot, à la dans la salle du petit déjeuner de veille de mourir, qui parle : «La l’hôtel pour m’annoncer la nouvel- pire souffrance est celle de la solitu- le, l’information est déjà partout de qui l’accompagne. » et la ville entière ne bruit que de Hutus ? Tutsis ? Je suis au bout cet incroyable coup de main. La de la piste. Devant moi, la frontiè- dernière fois, c’était il y a deux ans, re du Rwanda. Devant le poste- le 1er janvier 1998, quand les frontière, un embouteillage de fem- « génocidaires » ont fondu sur la mes, d’énormes ballots sur la tête, garnison de l’aéroport et tué une qui vont tenter de les vendre de dizaine de soldats. L’état-major, à l’autre côté. Peut-être Luc avait-il l’époque, avait été formel : nous raison et cette guerre est-elle les avons repoussés au-delà de la réductible à une forme particulière- crête des collines ; la ville, c’est ment féroce de lutte des classes. juré, est définitivement à l’abri, Peut-être est-ce Buyoya qui disait désormais, de ce genre de raid vrai – et n’y aurait-il qu’un doute, meurtrier. Eh bien la preuve est fai- n’y aurait-il qu’une infime possibili- te que c’était faux. La preuve est té que le Burundi soit, un jour, le faite que l’ennemi peut frapper où Rwanda, qu’il faudrait tout faire il veut, quand il veut, comme il pour en conjurer le péril. Mais, veut. Et même si ce raid-ci n’a pas plus j’avance, plus je progresse sur fait de victime, la ligne Bruxelles- cette dernière route, et plus s’impo- Bujumbura, déjà réduite à un uni- se l’idée qu’il y a autre chose enco- que vol par semaine, était un des re, un autre mécanisme – qui les derniers liens du pays avec l’exté- impliquerait tous les deux, et tous rieur, et l’attentat a, forcément, les autres avec eux, et qui ne serait ÉRIC BOUVET une portée symbolique considéra- pas sans relation avec ce délaisse- « Mais ils n’avaient pas assez à plus. Ni les soldats. Ni le barrage. Ni dans cette bâtisse lugubre, fenê- d’électricité. Un aide de camp ble. Emoi, donc, dans la ville. Affo- ment radical. Soit un peuple déses- manger. Alors on a été patients. Et on même la hutte où j’ai dormi, et qui tres ouvertes sur la nuit d’orage, apporte une lanterne. Son visage, lement dans la communauté des péré. Délaissé, jeté sur son tas de n’a eu qu’à les cueillir. » Des prison- s’est volatilisée. Et c’est dix kilomè- me fait l’effet inverse. Le président éclairé par en dessous, ne vit plus expatriés français et belges qui fumier, donc absolument désespé- niers ? Il rit, d’un mauvais rire, dur, tres plus loin, au nord, là où il n’y Buyoya n’est-il pas beaucoup plus que par la mâchoire et la bouche vivaient dans l’illusion d’une ré. Soit une communauté qui, au insolent. « Dans cette guerre, person- avait rien, j’en jurerais, absolument seul, fragile, qu’il ne le dit ? Ne qui tremblent un peu. « Et puis, je guerre qui ne les atteignait pas. Et tragique de sa misère, verrait ne ne fait de prisonniers. Quand on rien, hier matin, que je retrouve le tire-t-on pas à la grenade, ce soir ne veux pas que le Burundi connais- trouble, plus grand encore, chez s’ajouter celui d’y être seule, en a un… » Il fait, en balançant les point de contrôle : même barrière même, aux portes de sa résidence, se le sort du Rwanda. Je ne veux, à les Bujumburais eux-mêmes qui oubliée de tous, effacée des grands deux bras, le geste de jeter un de branches sèches, même bloc de sur la colline de Sororezo ? Et cet- aucun prix, laisser faire les tenants vivent l’attentat d’abord, puis, sur- programmes planétaires, rayée des paquet : « Quand on en a un, quand béton surmonté de sacs de sable te garde d’élite entraperçue, en du Hutu Power qui ont ici, n’en dou- tout, presque aussitôt, la décision cartes du Tendre politique et de on a un assaillant qui nous tombe repeints couleur de camouflage, arrivant, sous l’auvent du parking tez pas, les mêmes intentions qu’à de la Sabena de suspendre tous ses leurs dispositifs compassionnels. entre les mains, poubelle ! » Et, même arrogance paresseuse chez le où elle se protégeait de la pluie, Kigali. Savez-vous combien ils ont vols, comme un coup de plus, une Ne peut-on imaginer une sorte de voyant ma réprobation, il m’entraî- chef de poste qui ressemble à ces soldats, emmitouflés dans tué de Tutsis, à la seule fin de l’an- punition, une nuit qui tombe sur la sursaut, alors ? d’onde de rage et ne vers un abri de terre où somno- l’autre comme un frère – et toujours leurs capotes, qui se sont à peine née 1993, au moment de l’assassinat ville, la geôle qui se referme, une de révolte ? Ne peut-on concevoir lent deux hommes qui se redressent le même mystère de la mobilité de dérangés pour me contrôler – est- une colère immense et folle qui, à son arrivée. « Regardez ça. » Il ces fronts qui bougent au gré d’on ce avec cela, vraiment, qu’on assu- comme toutes les colères impuis- montre un matelas de mousse neuf, ne sait quoi. « Moi je sais, patron, dit re la sécurité d’un président mena- Peut-être y a-t-il, en histoire aussi, des trous santes, se prendrait elle-même encore dans sa housse et, le doigt le chauffeur. C’est les génies de l’air. cé ? « Les enjeux de cette guerre, pour objet et se retournerait con- accusateur, crie : « Ils ont brûlé deux C’est pour dérouter les mauvais dites-vous… Les enjeux… » Il réflé- noirs ; peut-être le Burundi est-il tre soi ? Les individus se suicident des nôtres dans des matelas comme esprits. » Peut-être, après tout. Peut- chit. Tape du pied, mais à vide, bien. Pourquoi pas les pays ? Pour- celui-ci ; alors quand on en prend un, être faut-il faire, en la circonstance, comme un métronome déréglé. un de ces trous noirs – une densité quoi pas une communauté mala- hein…. » Il cherche ses mots, semble la part du diable et des mauvais « Mon enjeu personnel, en tout de, démunie de tout, nation littéra- interroger du regard les deux hom- génies. Guerre de spectres, encore. cas… Je peux vous dire pourquoi, de souffrance infinie pour un lieu raréfié, lement prolétaire qui n’aurait plus mes – mais, rien ne venant, il répè- Guerre de fantômes. Avec risque, je moi, au lieu de continuer de mener à vendre, sur le marché de l’Histoi- te : « Poubelle ! Poubelle ! » m’en rends bien compte, de la déréa- ma vie de chercheur aux USA, j’ai tassé sur lui-même, en passe de s’effacer re universelle, que la montée aux Retour, dans la même journée, liser, cette guerre. Avec risque d’en décidé de reprendre ce fauteuil que extrêmes de sa propre mort collec- par la même route, avec un taxi loué faire une guerre si parfaitement j’avais déjà occupé de 1987 à de nos paysages réels et imaginaires, tive et qui, en une sorte de chanta- à Rutana, vers Bujumbura. Je remar- spectrale qu’elle en deviendrait 1993. » Il ferme les yeux. Tape, et ge ultime dont elle s’aviserait, mais que, cette fois-ci, que tous ceux que insaisissable, aveugle, sans causes du pied, et du poing, comme s’il de nos écrans politiques, de nos radars trop tard, qu’elle n’intéresse per- je croise sur le bord de la route et clairement assignables, sans enjeux, voulait rassembler des souvenirs, sonne, déciderait de passer à l’ac- qui ne sont ni soldats ni miliciens sans effets : le vieux thème, dont je prendre son élan et bien me con- te ? Un suicide, oui. Une rage sont des femmes : où sont les hom- me suis tellement méfié, de la vaincre que le Burundi n’est pas du président Melchior Ndadaye ? mise en quarantaine : « Le diable d’auto-destruction emportant tout mes ? cachés ? dans le maquis ? J’ob- fameuse « fin de l’Histoire » – ces cette terre exténuée, définitive- 200 000 ! Le quart des morts rwan- emporte Buyoya, Luc et les autres, sur son passage. Le cas, peut-être serve aussi que nombre d’entre confins du monde, Kojève disait ces ment crépusculaire, sortie de l’his- dais. C’est donc, que vous le vouliez semblent dire les Européens, nous unique, d’un peuple entier monté elles, surtout celles qui redescen- « provinces de l’empire », où n’ad- toire du monde, désorbitée. ou non, un génocide suspendu. » décidons de fermer la porte, jeter la à l’assaut de son propre pays pour dent vers le sud, portent sur la tête viendraient que des ersatz d’événe- « D’abord je veux casser ce mythe Il m’a demandé de l’appeler Luc. clef et nous désintéresser une fois le casser. Il faut autant d’énergie des plaques de tôle empilées : les ments, sans conséquence, obscurs. de la guerre raciale entre Hutus et Il travaille pour une ONG euro- pour toutes de cet indéchiffrable pour mourir que pour vivre. tôles de leurs maisons, leur dernière Tutsis ; nous sommes le même peu- péenne dans la journée. Il est gué- conflit. » Je reprends la route, richesse, qu’elles vont vendre en HYSIQUE d’athlète. Mousta- ple ; il a fallu les colonisateurs alle- rillero la nuit. Et nul, dans sa pre- l’autre route, celle du Nord, qui Bernard-Henri Lévy Tanzanie ? Revenu au lac, après che noire et martiale. Regard mands, puis belges, pour construire mière vie, ne semble se douter de me permettra de ressortir du pays © Bernard-Henri Lévy/Le Monde Nyanza, j’ai la surprise, surtout, de Pdur. Cette façon, quand il cette fable d’une race d’éleveurs ces autres activités que, après plu- par le Rwanda, en laissant derrière constater que le check point de la parle, de battre du pied en mesure. batutsis, plus proches des Blancs sieurs heures de conversation, je moi une capitale sonnée, en état veille, celui où j’avais dû m’arrêter, a Ce timbre de voix chantant, à la que des Nègres et venus des hauts finis par reconstituer : incursions de choc, à bout de nerfs. PROCHAIN ARTICLE disparu. Il était là, j’en suis sûr. Je ne fois doux et légèrement menaçant, plateaux éthiopiens pour opprimer nocturnes dans les collines ; passa- Est-ce l’affaire du vol de la Les maux de tête rêve pas, il était là. Or je ne le vois qui pourrait dire l’autorité mais, les Bahutus. Et puis… » Panne ges, par le lac, sur les rives du Kivu, Sabena ? Est-ce l’idée, qui me pour- de Carlos Castaño 16 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 HORIZONS-DÉBATS

plus loin. Il y a nécessité : le dernier ploi ; approfondissement du rôle – au contraire – les avancées de rapport du conseil d’orientation des pivot de la région ; systématisation l’ensemble de l’Union européenne, Le temps des projets retraites confirme l’ampleur des de la validation des acquis ; dévelop- lesquelles seront symbolisées et déséquilibres à venir, tant pour le pement de la mobilité au sein de facilitées par la nomination dans régime général que pour ceux des l’Union européenne (dans le cadre chaque gouvernement d’un vice- Suite de la première page vons pas grand-chose. En revanche, notamment envers les pays pau- fonctionnaires. Plusieurs directions d’un droit individuel à la formation premier ministre en charge des nous ne devons pas accepter la colo- vres. Une puissance qui préserve devront être privilégiées : garder le professionnelle, garanti au niveau affaires européennes. Bien sûr, L’homme politique ne serait plus nisation par le marché de territoires l’environnement et la sécurité des système de répartition comme européen). aucun Etat ne devra être exclu a un éclaireur mais un suiveur, non qui lui étaient autrefois interdits : la consommateurs. Une puissance- socle de la solidarité intergénéra- La formation en continu devra priori d’une telle configuration, qui plus un rassembleur mais un res- culture qui s’uniformise et l’éduca- référence et non une puissance- tionnelle, même s’il peut être com- être complétée par une politique de devra demeurer ouverte. Mais sans sembleur. Se développe une sorte tion qui se privatise, alors même domination. plété par telle ou telle disposition ; culture en continu : partout, tout le cette avant garde, composée au de « loft-storisation » de la vie que les nouvelles technologies Notre troisième objectif doit progresser vers le plein emploi, temps, pour tous, la culture virtuel- départ par les Etats de l’Eurogrou- publique : se montrer sympathique, devraient permettre une nouvelle être le plein emploi, en stimulant c’est-à-dire notamment augmenter le doit devenir accessible grâce aux pe, le risque n’est-il pas grand que oui ; vraiment agir, non. Outre la démocratisation du savoir ; l’envi- la croissance et en consolidant la la participation des salariés âgés au nouvelles technologies, la culture la dilution soit au rendez-vous de dimension de montage qu’elle impli- ronnement qui se dégrade sous la solidarité. Naturellement, la politi- marché du travail, en leur offrant « réelle » par la démocratisation l’élargissement, signant paradoxa- que, cette stratégie bute sur une pression productiviste, le climat que économique ne peut pas maîtri- de vraies perspectives au sein de des lieux de savoir, une culture lement une victoire à retardement limite qui s’appelle la crédibilité. menacé, les eaux en danger, les ser tous les aléas conjoncturels. Le l’entreprise et en prenant en ouverte à tous dans le cadre du de l’Europe de Mme Thatcher ? Crédibilité du bilan, crédibilité des forêts en recul, alors même que nos ralentissement actuel le montre. compte leurs cotisations supplé- temps libéré, des loisirs et de l’allon- Emploi, éco-développement, engagements : telle devra être pour- écosystèmes devraient être perçus Toutefois, elle peut l’orienter positi- mentaires dans le calcul de leur pen- gement de la vie. L’éducation per- éducation permanente, équilibre tant l’une des qualités essentielles comme des biens communs de l’hu- vement par une panoplie de mesu- sion ; nous concentrer davantage manente deviendra ainsi la sécurité des retraites, Etat modernisé, Euro- du futur président de la Républi- manité et donc préservés ; le vivant, res adaptées : choisir un bon régla- sur les durées effectives de cotisa- sociale du XXIe siècle. pe-référence, voilà donc les points que. qu’il s’agisse des semences agrico- ge macroéconomique pour encou- tion et pas uniquement sur l’âge de Garantir les sécurités quoti- forts d’une politique durable, faite Seconde tendance, la prime à la les ou, pis, du corps humain, qui fait rager la consommation des ména- départ à la retraite, car il est légiti- diennes des Français. Le gouverne- à la fois d’axes structurants et de surenchère. Je pense ici notamment l’objet de tentatives d’appropria- ges et l’investissement des entrepri- me qu’un salarié ayant commencé à ment s’est jusqu’ici efforcé de chantiers concrets. Cette politique à certaines des tensions qui affec- travailler à seize ans ne parte pas en mieux mobiliser les forces de police de gauche doit pouvoir convaincre tent la majorité plurielle depuis les retraite au même âge que celui qui et de gendarmerie en mettant en et rassembler une majorité de nos dernières élections municipales. Ne Se développe une sorte est entré sur le marché du travail à place une police de proximité ; l’ef- concitoyens. négligeons pas la qualité du travail trente ans. D’où une souplesse sou- fort devra être amplifié. La sécurité Sans doute ne plaira-t-elle ni à accompli ensemble depuis quatre de « loft-storisation » de la vie publique : haitable des conditions de départ à est un droit démocratique ; nous ceux pour lesquels « le social, voilà ans. N’oublions pas qu’on ne peut la retraite. Naturellement, le princi- devons être fermes avec l’insécurité l’ennemi », ni à ceux pour qui «la remporter de succès partiel dans se montrer sympathique, oui ; pe d’équité devra prévaloir entre et fermes avec les causes de l’insé- compétitivité, c’est le vol ! ». Pour une défaite collective. l’effort de cotisation des salariés du curité. les premiers, l’argent privé, désor- J’avais écrit dans ces colonnes il y vraiment agir, non. Outre la dimension secteur privé et celui des fonction- Deux aspects importants récla- mais mondialisé, est devenu si puis- a deux ans : « Attention, la gauche naires. ment une mise à plat : le rôle des sant qu’il ne servirait à rien d’es- peut être battue par le poids des de montage qu’elle implique, cette stratégie Rendre notre Etat et nos servi- maires dans la définition et la mise sayer même de le canaliser, de impôts », et j’avais été largement ces publics plus simples, plus effi- en œuvre des politiques de sécu- poser des garde-fous à l’économie entendu. Aujourd’hui, je dis : «La bute sur une limite qui s’appelle la crédibilité caces et plus réactifs. Les Français rité ; les formes les plus efficaces et à la société : nous devrions nous gauche peut gagner, elle doit éviter sont attachés à l’Etat, qui participe de prévention de la délinquance, contenter d’applaudir les hausses le risque d’être battue par elle- profondément de notre modèle notamment vis-à-vis des mineurs. du Nasdaq lorsqu’elles se produi- même ! » Alors, rappelons cette tion inédites et de manipulations ses sans menacer l’équilibre des social. Ce n’est pas une raison pour Dans ces deux domaines, pour- sent et, à la rigueur, de déplorer les règle de bon sens : il s’agit non de douteuses, alors que sont en jeu le finances publiques ; soutenir ces en figer le fonctionnement. Aussi quoi ne pas confier à un expert res- inégalités. se diviser, mais de se respecter et respect des normes éthiques et l’ac- nouveaux piliers de la croissance devrons-nous progresser dans plu- pecté une mission, sur le modèle de Pour les seconds, l’Etat pourrait de débattre pour proposer un nou- cès à la santé. que sont l’innovation technologi- sieurs directions. ce que nous avions décidé à l’été tout, il suffirait d’un article de loi veau contrat aux Français ; de faire A cette pression du marché hors que et l’attractivité des territoires ; La décentralisation : services 1997 en matière d’immigration et pour créer des emplois, pour pren- prévaloir la cohésion et l’imagina- de lui-même, nous devons opposer construire une architecture financiè- déconcentrés de l’Etat, communes, de nationalité ? Cette méthode dre en charge la vieillesse et la misè- tion sur les idées et les comporte- un modèle de développement que re internationale plus solide pour intercommunalité, départements, nous avait permis de « désidéologi- re, les réalités internationales et ments anciens. Bref, diversité mais j’appelle l’éco-développement, prévenir les crises systémiques. régions, à force d’empilements suc- pas dénigrement. c’est-à-dire mettre le développe- Ces orientations sont précisé- cessifs, la vie locale est devenue opa- Dans cet esprit, je souhaite que ment économique en harmonie ment celles du gouvernement fran- que et ses centres de décision écla- Dans une Europe à vingt-cinq ou à trente, nous fassions le choix d’une poli- avec la démarche écologique, par çais depuis 1997. Il s’agit en somme tés ; il s’agira de clarifier les tique réellement durable, l’affirmation de règles éthiques, de créer davantage de richesses responsabilités, en préservant les nous devrons probablement construire c’est-à-dire d’une politique qui sociales et environnementales. pour mieux les répartir. D’où, dans missions régaliennes de l’Etat, en dépasse le présent de nos sociétés Corollaire, la construction le même mouvement, une politique affirmant davantage ces deux éche- une avant-garde, un groupe d’Etats décidés médiatiques pour s’intéresser à d’une Europe-référence, pour de solidarité durable : en maîtrisant lons pertinents que sont l’intercom- l’avenir de nos enfants et au monde répondre aux excès de la mondia- nos comptes sociaux, particulière- munalité et les régions. à aller plus loin ensemble, en tout cas des générations futures. Une telle lisation et à l’unilatéralisme amé- ment les dépenses maladie et les Autre enjeu : la réforme des admi- exigence se retrouve dans des do- ricain. Les Etats-Unis constituent retraites, en les équilibrant à long nistrations ; nous avons engagé le développer les coopérations renforcées maines aussi variés que la préserva- pour nous un partenaire et un allié terme, nous garantirons l’avenir de mouvement grâce à une réforme de tion de l’environnement, la pérenni- naturel. Ils le resteront. Mais, en se nos politiques de redistribution la procédure budgétaire et par la sation des systèmes sociaux, la lutte construisant et en s’approfondis- face aux tentatives de démantèle- mise en place de contrats de ges- ser » une question sensible et de techniques se pliant bien entendu contre les inégalités ou l’approfon- sant, l’Europe devra de plus en plus ment et de privatisation. Dépensolâ- tion dans les ministères ; il convien- légiférer rapidement et durable- obligeamment à la volonté du poli- dissement de l’Union européenne. fonctionner comme un contrepoids tres et dépensophobes, ces deux dra de systématiser la culture d’ob- ment. tique. Cette politique durable peut se à la puissance américaine. Le archaïsmes symétriques, seront ain- jectifs et de résultats dans tous les La sécurité ne s’arrête pas aux Ces deux approches, aussi erro- décliner autour de quatre objectifs besoin en est grand, ainsi que le si renvoyés dos à dos. Stimuler la services de l’Etat, en nous appuyant biens et aux personnes, elle doit nées l’une que l’autre, se répon- principaux. montre la récente hésitation des croissance et consolider la solidari- sur une conception plus efficace de aussi être environnementale : à dent, la seconde assurant par son té, mobiliser autour de cette ambi- la dépense publique, assortie d’une l’échelon national il conviendra irréalisme même la domination de tion tous les partenaires du dia- gestion dynamique des ressources d’adopter de véritables règles juridi- la première. A la pression du marché hors de lui-même, logue social et pas seulement l’ac- humaines. Une telle réforme est ques environnementales, seule La gauche moderne, ce n’est pas tion de l’Etat, telle est la clef d’une possible si elle est partagée par les façon de contraindre efficacement cela. Ce sont des valeurs, une syn- nous devons opposer un modèle politique durablement efficace de fonctionnaires, au lieu d’être impo- la décision politique et la pratique thèse qui, cent ans plus tard et réduction des inégalités et de plein sée d’en haut par les administra- administrative ; au niveau euro- dans un contexte radicalement de développement que j’appelle emploi. tions d’état-major. péen, la mise en place d’une éco- nouveau, restent proches de la Notre ultime objectif, repre- Troisième nécessité : poursuivre taxe assortie sans doute d’un mar- démarche de Jaurès : « Aller à l’éco-développement, c’est-à-dire mettre nant tous les autres, sera de la modernisation de nos grands ser- ché des émissions peut limiter les l’idéal et comprendre le réel. » répondre aux nouvelles attentes vices publics en réseau ; à l’avenir, pollutions des ménages comme cel- L’idéal d’une plus grande liberté le développement économique en harmonie des Français, qui peuvent parfois toutes nos entreprises publiques les des industriels, première étape individuelle et collective, d’une sembler contradictoires. La deman- devront pouvoir nouer des alliances de la démarche d’une future Autori- plus grande sécurité sous toutes avec la démarche écologique de d’une plus grande liberté person- internationales sans sacrifier les exi- té européenne de l’environne- ses formes, d’une plus grande fra- nelle se conjugue avec un besoin gences nationales du service public. ment ; à l’échelon international, le ternité des efforts, des résultats, accru de protections dans la vie Il y va de l’intérêt de ces entreprises, processus de Kyoto devra être pour- des conditions. Tout en inscrivant D’abord, favoriser l’éco-déve- Américains à ratifier le protocole de sociale. Un équilibre est à trouver de leurs salariés et des usagers. suivi. S’agissant de la sécurité sani- notre action dans un réel devenu loppement, en résistant à la mar- Kyoto ou à poursuivre une action entre l’individuel et le collectif, le Prolonger l’école de Jules Ferry taire et alimentaire, il faudra à la aujourd’hui hypercomplexe, instan- chandisation du monde. Ne nous internationale contre le blanchi- privé et le public, le « je » et le par une éducation, une forma- fois renforcer la transparence de tané, mondial, menaçant pour l’en- trompons pas de menace : ce qui ment de l’argent sale et les paradis « nous ». tion et une culture tout au long nos systèmes nationaux de sur- vironnement et réagissant en est véritablement dangereux dans fiscaux. L’Europe-référence devra Un nouveau triptyque résume ces de la vie. Malgré des carences évi- veillance et mettre en place une réseau. Ni cynisme donc, ni angélis- le nouveau capitalisme, ce n’est pas montrer au monde un autre visage demandes diverses : la citoyenneté dentes, je ne crois pas que l’augmen- véritable autorité sanitaire euro- me : une volonté de progrès pour son caractère plus volatile et moins de la puissance : une puissance qui (par l’aspiration à de nouveaux tation permanente du nombre des péenne. tous, assortie des moyens concrets matériel qu’avant, plus financier et défend un modèle de civilisation, modes de participation aux méca- personnels suffise à résoudre Construire une avant-garde du progrès pour chacun. moins industriel : ces phénomènes donc de mondialisation, profondé- nismes de décision, tant au sein de le problème de l’école. La plupart européenne et des coopérations J’entends déjà certains commen- reflètent des mutations technologi- ment humaniste ; une puissance la sphère politique que de la sphère de nos professeurs sont motivés. renforcées. Lionel Jospin s’est ex- taires : pourquoi, diable, le minis- ques contre lesquelles nous ne pou- internationalement solidaire, économique, au niveau national et Notre système scolaire reste l’un cellemment exprimé sur l’avenir de tre français de l’économie et des à l’échelle mondiale) ; la diversité finances réfléchit-il au long ter- (sans renoncer au principe d’égalité me ? Ne devrait-il pas se AU COURRIER DU « MONDE » L’AVENIR et à l’unité de la République, par J’entends déjà certains commentaires : concentrer plutôt sur la gestion DE M. MILOSEVIC une meilleure prise en compte de la immédiate du développement éco- LE PSYCHIATRE Monsieur Zoran Djindjic, pre- diversité des sexes, des choix privés, pourquoi, diable, le ministre français nomique ? Et puis les élections DE « LOFT STORY » mier ministre du gouvernement de des générations et des territoires) ; approchent ; agir ou proposer, il De nombreux psychiatres ont Serbie, s’est clairement exprimé la sécurité (conçue comme un tout, de l’économie et des finances réfléchit-il faudrait choisir. Il n’y a, évidem- critiqué la participation de leur dans vos colonnes (Le Monde du 3 englobant à la fois la sécurité des ment, aucune contradiction ! Les confrère « consultant » dans mai) sur l’avenir judiciaire de Milo- biens et des personnes, celle des au long terme ? Ne devrait-il Français consommeront, inves- l’émission « Loft Story ». Je pense sevic, tel qu’il l’envisage : l’ancien parcours professionnels ainsi que la tiront, entreprendront d’autant que cette participation est indis- président sera jugé dans son pays, gestion des risques écologique, sani- pas se concentrer plutôt sur la gestion mieux qu’ils sauront à long terme pensable. Prenons l’hypothèse dans un ou deux ans, y compris taire et alimentaire). La gauche doit leur retraite assurée, l’éducation qu’un des participants se suicide pour d’éventuels crimes de guerre, se tenir à l’écoute de ces nouvelles immédiate du développement économique ? de leurs enfants améliorée, leurs pendant l’émission, ou qu’une son transfert à La Haye n’apparais- revendications pour leur donner perspectives d’emploi confortées, fille soit violée. Après une légitime sant pas nécessaire puisque les tri- corps, le moment venu, à travers Et puis les élections approchent ; leur destin collectif clarifié. Et ce émotion, tout le monde poserait bunaux serbes sont en état de ren- des mesures concrètes. temps des projets longs, celui que la question : « N’aurait-on pas pu dre la justice aussi bien que le TPI Les objectifs que je viens d’énon- agir ou proposer, il faudrait choisir. porte une gauche moderne, ne éviter ces drames ? » Le rôle du psy- (…). Et M. Djindjic précise : « S’il cer constituent la clef de voûte phi- pourra lui-même prospérer que si chiatre est justement de dépister était jugé à La Haye, ce serait perçu losophique et la matrice politique Il n’y a, évidemment, aucune contradiction ! les responsables politiques y consa- les personnalités fragiles, les comme l’effet des pressions interna- des réformes que nous devrons crent leur réflexion et les observa- dépressifs, les pervers et d’éviter tionales sur la Serbie, et certains esti- engager dès le début de la prochai- teurs leur intérêt. leur participation à de telles exhi- meraient que c’est une atteinte à la ne législature. Je pense à cinq des plus performants au monde. l’Europe. Je partage sa vision glo- Les prochaines échéances électo- bitions. souveraineté, que les charges impu- domaines majeurs dans lesquels le Les élèves sont, dans l’ensemble, bale, je veux insister sur un aspect rales vont ouvrir en France une On demande tous les jours à des tées à Milosevic visent la politique gouvernement a clairement com- conscients des enjeux. Mais la vio- qui me paraît crucial quoique géné- période exceptionnelle, cinq ans médecins d’établir des certificats nationale serbe ». M. Djindjic four- mencé d’agir, rendant possibles des lence scolaire doit être enrayée et ralement peu souligné. Dans une sans élections majeures. D’où leur de non contre-indication à telle nit lui-même la preuve évidente de progrès rapides. l’égalité des chances mieux affir- Europe à vingt-cinq ou à trente, caractère particulièrement décisif. activité sportive ou telle compéti- l’impossibilité de juger Milosevic à Préserver l’avenir de nos retrai- mée ; nos universités et nos gran- nous devrons probablement cons- Peut-on, dans ce monde blasé de tion. La télévision est un sport à Belgrade : les crimes, non seulement tes. Le puissant mouvement social des écoles doivent relever le défi de truire une avant-garde, un groupe la politique, formuler un vœu ? hauts risques. Même les profes- de guerre, mais aussi contre l’huma- de l’hiver 1995 l’a montré : en cette l’internationalisation des diplômes. d’Etats décidés à aller plus loin Que ces échéances soient autre sionnels peuvent s’y brûler les nité, commis à l’instigation du régi- matière qui touche au patrimoine En réalité, le véritable problème ensemble, en tout cas développer chose que ce que certains, titulai- ailes. Il ne s’agit plus de savoir si me déchu, furent, comme l’a établi social le plus intime des Français, il français est ailleurs : il se situe du les coopérations renforcées. Dépas- res sur ce point d’incomparables on est pour ou contre ce type Tadeusz Mazowiecki dès 1992, les ne peut pas y avoir de solution côté de la formation continue. Tren- sant les débats parfois abstraits états de services, voudraient qu’el- d’émissions : pour navrantes qu’el- instruments de la « politique nationa- imposée à la hussarde. C’est pour- te ans après la loi fondatrice de entre fédéralistes et souverainistes, les soient : les championnats de les soient, elles existent et se multi- le serbe » que bien peu des dirigeants quoi l’exécutif s’est efforcé depuis 1971, la formation professionnelle ces Etats pourront mener à bien des France de la démagogie. Je fais un plient. Aujourd’hui, la prévention actuels de Belgrade ont condamnée 1997 de parvenir à un diagnostic profite surtout aux plus jeunes, aux projets concrets : Europe diplomati- pari qui est aussi un espoir : celui médicale passe également par la en tant que telle. Comment, avec partagé. Certaines mesures concrè- plus qualifiés et aux hommes. Les que et de la défense, stratégie de des candidats qui dira la vérité et télévision, les professionnels de la quels enquêteurs, quels juges, quels tes ont été prises, comme la consti- milliards dépensés le sont parfois croissance économique, harmonisa- traitera les électeurs en citoyens santé ont l’obligation morale d’y témoins, devant quel public, tenir tution du fonds de réserve des en vain. Progresser implique plu- tion poussée des normes sociales. responsables, celui-là gagnera en participer. correctement ce procès ? retraites, déjà doté de plusieurs sieurs séries de mesures : rappro- Nous bâtirons ainsi la tête de pont 2002. Dr Alain Pariente Maurice Lazar dizaines de milliards de francs. chement du ministère de l’éduca- de l’Europe-référence. Paris Paris Je crois les esprits mûrs pour aller tion nationale et de celui de l’em- Cela n’empêchera nullement Laurent Fabius HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 17

Proche-Orient : Un mur contre la terreur par Ehoud Barak E rapport Mitchell ouvre Il nous faut donc une stratégie des colons juifs sur plusieurs commission Mitchell. Mais elle une chance un nouveau chapitre de nouvelle, et ne pas nous contenter ensembles d’implantations qui cou- doit concevoir une stratégie plus l’histoire du conflit au Pro- d’une succession de mesures tacti- vriraient quelque 15 % de la Judée large (comme je crois qu’elle le Lche-Orient. Les conditions ques. La stratégie du Likoud de la et de la Samarie, ainsi que de fera), afin de lutter contre le terro- qu’il met au cessez-le-feu, la pério- génération précédente, dont Ariel garantir une large zone de sécurité risme, de défendre la seule démo- à ne pas manquer de d’apaisement qu’il préconise, Sharon fut un grand artisan, consis- dans la vallée du Jourdain. Dans cratie de la région et de maintenir les mesures destinées à restaurer tait à établir des colonies partout, les circonstances actuelles, ce pro- des liens étroits avec les régimes la confiance avant de retourner et non pas uniquement dans les ter- cessus devra être amorcé de façon arabes modérés, tout en se prépa- par Javier Solana enfin à la table des négociations, ritoires indispensables à la sécurité unilatérale, mais il nous faut gar- rant à affronter les réfractaires, si constituent un apport positif. der la porte grande ouverte à une nécessaire. L faut briser l’engrenage de la d’un calendrier. Le principe est Deux éléments méritent une possible reprise des négociations, Au final, ainsi que je l’ai dit plus violence qui a déjà coûté la accepté par les parties, qui retien- attention particulière. Le premier Il nous faut ériger si des responsables palestiniens d’une fois à Yasser Arafat à Camp vie à plus de 500 personnes nent quatre éléments : est qu’il est exigé un arrêt total, devaient faire la preuve d’une David, les problèmes de notre Idepuis l’automne dernier et – un cessez-le-feu ; inconditionnel de la violence. les barrières authentique bonne volonté en pre- région ne seront pas résolus par qui menace la stabilité au Proche- – une période de consolidation Cela, sans atténuation aucune. Le nant certaines décisions difficiles. un ange descendu du ciel, mais par Orient. Je ne vois pas de gagnant de l’apaisement (cooling off); second est qu’Israël ne doit pas, nécessaires Les Palestiniens auront pour des dirigeants qui auront la compé- dans cette logique mais je crains – une période pour reconstruire pour sa part, créer d’implantations cela à se montrer de nouveau prêts tence et le courage de prendre les qu’il n’y ait deux perdants : les la confiance ; nouvelles. Mais il ne faut pas non pour empêcher à honorer les accords, à mettre fin décisions difficiles, douloureuses, Palestiniens, qui voient s’éloigner – la reprise des négociations, plus empêcher un jeune homme à la violence et à faire face à leurs audacieuses qui feront avancer la la perspective de l’Etat auquel ils tant sur les questions intérimaires qui rentre du service militaire et l’entrée de poseurs propres militants extrémistes. Gar- paix. aspirent ; les Israéliens, qui ressen- en suspens que sur le statut final. veut fonder un foyer de bâtir sa der la porte ouverte à un nouveau Malgré l’amertume et les morts tent une insécurité grandissante. Il faut que ce plan opérationnel maison à côté de celle de son père. de bombes suicides dialogue assurerait à Israël le sou- de ces derniers mois, lorsque se Les parties et la communauté soit adopté rapidement : ce n’est C’est une affaire de mesure et de tien international dans sa lutte con- présenteront des chefs palesti- internationale doivent trouver le pas une question de mois mais de bon sens, comme tant de choses et autres agresseurs tre le terrorisme. niens pourvus de ce courage, l’opi- chemin de sortie de crise et de jours, peut-être de semaines. dans la vie. Hélas ! Le gouvernement Sha- nion israélienne les acceptera et retour à la table des négociations. Il Sinon, la crise durera. Je l’ai dit à La violence, elle, n’est pas affai- ron ne semble guère disposé à coopérera vraiment. existe une base pour cela, mais, tous les dirigeants de la région. re de mesure. Elle est, ou elle n’est d’Israël. Pour signifier clairement mener une telle stratégie. A court Le cadre sera pour l’essentiel pour restaurer la foi dans la paix, il Tous en conviennent. pas. Et elle doit cesser. Pour les aux Palestiniens que plus ils tarde- terme, on peut prévoir davantage celui qu’Arafat a rejeté l’été der- faut saisir cette chance et agir sans Il faut bien sûr que les parties Israéliens, les efforts de paix des raient à conclure la paix, plus les de violence, et une escalade dans nier. Chaque vie israélienne et délai. J’ai eu l’honneur de faire par- prennent sans conditions des mesu- dix dernières années s’effondrent. termes en seraient contraignants. cette violence ; mais aussi l’inter- palestinienne absurdement fau- tie de la commission d’établisse- res immédiates pour sortir du cycle Lorsque Yasser Arafat a, l’été der- Cette stratégie a échoué. Elle ne vention de la communauté interna- chée depuis lors est une consé- ment des faits créée au sommet de des violences. Il doit y avoir 100 % nier, rejeté la paix au sommet de pouvait, en fait, qu’échouer. tionale ; et peut-être un mode d’ac- quence de son absence de vision Charm el-Cheikh en octobre der- d’efforts dans ce sens et les diri- Camp David, la gauche israélienne Israël doit à présent adopter des cord intérimaire dans lequel plus de l’avenir. nier, aux côtés des anciens séna- geants doivent prendre les mesures a compris que le désir de paix d’Is- mesures pour assurer l’existence à de territoire serait cédé à l’Autori- teurs américains George J. Mitchell nécessaires. Mais je reste convain- raël et notre empressement à envi- long terme de sa majorité juive. té palestinienne – on achète des – qui présidait la commission – et cu que, pour sortir de la terrible rou- sager un compromis ne suffisaient Cela implique de prendre ses dis- périodes d’accalmie, sans s’atteler Ehoud Barak est ancien pre- Warren B. Rudman, de l’ancien pré- tine des affrontements et des repré- pas, à eux seuls, pour qu’on par- tances – même unilatéralement, si aux questions qui sont au cœur du mier ministre d’Israël. sident turc Suleyman Demirel et du sailles, les parties ont besoin d’une vienne à un accord. Et la droite a, nécessaire – par rapport aux Pales- conflit. © New York Times 2001. ministre des affaires étrangères nor- feuille de route précise, claire, qui de son côté, compris que le rêve de tiniens et d’établir progressive- Pour l’heure, l’administration (Traduit de l’anglais végien, Thorbjörn Jagland. ramène au processus de paix et aux voir les juifs vivre dans toute la ment des frontières sûres et défen- Bush a raison de poursuivre son par Sylvette Gleize). Au cours de nos travaux, nous négociations. Judée et la Samarie n’était pas un dables, délimitées de telle sorte effort pour rétablir le calme en avons rencontré des responsables Pour cela, il faut recréer la objectif politique réaliste. qu’elles englobent plus de 80 % s’appuyant sur le rapport de la f www.lemonde.fr/israel-palestiniens israéliens et palestiniens et des confiance. La commission Charm membres de la société civile. Mais el-Cheikh a identifié plus d’une aussi des familles de victimes pales- dizaine de mesures. L’une d’elles tiniennes et israéliennes : toutes invite au gel des colonies. Je com- partageaient la même douleur, et prends l’importance que les Palesti- leurs mots étaient les mêmes. niens y attachent : que le nombre Malgré la colère qui s’est accumu- des habitants des colonies ait dou- lée dans les deux communautés, il blé depuis la signature des accords ne fait aucun doute que, dans leur d’Oslo n’a certainement pas contri- écrasante majorité, les Palestiniens bué à faciliter la recherche d’une et les Israéliens veulent vivre en paix juste et durable. Les Euro- paix. Et il n’y a qu’une seule façon péens ont toujours mis en garde d’aboutir à la paix, à la justice et à la contre les effets négatifs de cette sécurité au Proche-Orient : par la politique. Je le redis aujourd’hui et négociation. Une négociation fon- je constate qu’une majorité d’Israé- dée sur la mise en œuvre sincère liens semble prête à considérer que des résolutions pertinentes du Con- le gel des colonies peut être dans seil de sécurité. C’est, ni plus ni l’intérêt même de l’Etat hébreu. moins, la base de tout le processus Si on dit accepter les recomman- depuis Madrid, il y a dix ans. dations du rapport de la commis- La commission d’établissement sion d’établissement des faits, com- des faits a maintenant rendu son me l’ont fait les dirigeants palesti- niens et israéliens, il faut les accep- ter dans leur ensemble. C’est ainsi, Sur la base des et ainsi seulement, que l’on pourra reconstruire la foi dans la paix qui recommandations fait défaut aujourd’hui tant au sein de la nation israélienne qu’au sein réalistes de la nation palestinienne. Une perspective politique doit accompa- et équilibrées gner l’apaisement et en sera le moteur. du rapport Pour briser le cycle des violences et reprendre la recherche de la paix, de la commission il faut une nouvelle relation bilaté- rale qui garantisse la sécurité et les Charm el-Cheikh, droits de chaque peuple à vivre en paix. La coopération a existé. Elle un schéma de sortie doit reprendre. L’Union européenne joue son de crise équitable rôle dans les efforts qui sont faits pour sortir de la spirale de la vio- et sérieux est lence et pour relancer le processus de paix. Depuis Charm el-Cheikh, à portée de main j’ai été en contact quasi quotidien avec les dirigeants israéliens et palestiniens et arabes. Le représen- rapport. La rigueur et l’impartialité tant spécial de l’Union européenne de ce travail ont été, je crois, large- pour la région, Miguel-Angel Mora- ment reconnues. Surtout, pour la tinos, est également actif sur place. première fois depuis bien long- L’Union travaille aux côtés de ses temps, il existe avec ce rapport une partenaires, notamment améri- base qui bénéficie d’un soutien cains, dans une volonté de faire en international sans précédent. Les sorte que les efforts de chacun se recommandations du rapport ont complètent et se renforcent. Une en effet le soutien du secrétaire coopération intensive et continue général de l’ONU, des Etats-Unis, avec Washington est au cœur de de l’Union européenne et d’autres nos efforts. pays comme la Russie et le Canada. Sur la base des recommandations L’Egypte et la Jordanie y retrouvent réalistes et équilibrées du rapport la philosophie de l’initiative qu’elles de la commission Charm el-Cheikh, avaient présentée il y a quelques un schéma de sortie de crise équita- semaines, dans un effort positif ble et sérieux est à portée de main. pour sortir du vide diplomatique. Si nous ratons cette occasion, nous Et surtout, le gouvernement israé- devrons encore déplorer des vies lien et l’Autorité palestinienne ont inutilement brisées. Et, in fine, la tous deux indiqué qu’ils acceptaient solution de sagesse et de paix sera les recommandations du rapport toujours proche de celle qui est de la commission. Beaucoup de rap- aujourd’hui sur la table. ports ont été publiés sur cette Pourquoi attendre, quand Israé- région. Rarement ils ont eu une liens et Palestiniens peuvent comp- telle audience auprès de ceux qu’ils ter sur une vaste coalition interna- concernent au premier chef. tionale pour la paix ? Les décisions Ne rien retirer de concret de cette à prendre demandent du courage. opportunité serait une absurdité C’est ce qu’attendent les peuples de politique et une tragédie sur le plan leurs dirigeants. Et nous sommes humain. Il faut saisir le fil qui se pré- prêts, au sein de l’Union euro- sente, et avancer. péenne, à fournir tout l’appui qui Car un rapport à lui seul ne peut sera nécessaire. pas faire de miracles. Ce n’est qu’une base. Il faut maintenant le transformer en plan opérationnel. Javier Solana est haut repré- C’est pour cela que je me suis rendu sentant de l’Union européenne pour dans la région la semaine dernière. la politique étrangère et de sécurité Il faut un paquet de mesures assorti commune (PESC). 18 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Les impatiences des pays baltes 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F TROIS PETITS PAYS qui n’auraient rien ou cière et de la dégradation des conditions d’exer- pour lesquels « la seconde guerre mondiale ne Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 presque en commun, sinon un nom générique cice de leur métier – par rapport à l’époque s’est terminée qu’il y a dix ans » (au moment de Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr trompeur, et l’ardent désir de s’arrimer défini- soviétique – avant de conclure qu’ils sont l’écroulement de l’URSS), et non du côté de ces tivement au monde occidental : telle est sans aujourd’hui infiniment plus heureux ? Etats « prétendus pionniers qui semblent ne voir ÉDITORIAL doute l’impression majeure qu’auront gardée Certains discours laissent encore plus per- dans l’élargissement qu’une corvée onéreuse ». un groupe de lecteurs du Monde d’une petite se- plexes. A Riga, dans cette Lettonie encore tout Et d’appeler, comme on n’ose presque plus le maine passée à découvrir ces Etats dits baltes. encombrée d’équipements soviétiques surdi- faire dans les capitales de pays candidats Terres encore largement incognitae, même mensionnés, et aussi d’une minorité russe plus depuis plus longtemps, « l’Europe juridique » Justice ordinaire pour un public ouest-européen cultivé et très forte qu’ailleurs (900 000 sur 2,4 millions d’habi- à consentir « un plus grand effort à l’égard de curieux, ces pays n’ont aucun mal à surprendre, tants), Tatiana Zdanoka, présidente du Parti de l’Europe historique et morale ». OILÀ donc un des plus qu’elles se soient appliquées à par le spectacle des rues comme par les propos l’égalité des droits, sait se faire convaincante hauts dignitaires de la Roland Dumas dès lors que le entendus. quand elle dénonce des pratiques jugées discri- « DÉSIR D’EUROPE » République française volet de l’affaire examiné par le A commencer par Vilnius, tout occupée à ren- minatoires d’un Etat qui a pourtant beaucoup A Tallinn, dans le plus « nordique » des trois Vcondamné, comme un tribunal correctionnel portait sur dre encore plus pimpante sa jolie vieille ville, assoupli, récemment, les conditions d’obten- pays baltes, celui où la présence finnoise et sué- vulgaire malfrat, à une peine de des faits de malversations exté- régulièrement rénovée depuis maintenant plus tion de la citoyenneté lettone pour les « Rus- doise est la plus visible, le discours est logique- prison ferme. Voilà un ancien rieurs aux fonctions de l’ancien de dix ans, pour mieux accueillir, fin mai, l’As- ses » qui le souhaitent. ment plus sobre : non que le « désir d’Europe » ministre des affaires étrangères, ministre. semblée des parlementaires de l’OTAN. Réu- Elle s’indigne que les passeports fassent tou- soit moins fort, mais parce que l’Estonie s’est un ancien président du Conseil Bien des secrets de l’affaire Elf nion d’autant plus appréciée que la Lituanie jours mention de la nationalité (lettone, russe, habituée à caracoler dans le peloton de tête des constitutionnel, un intime de l’an- restent à découvrir, et ils ne le n’est pas membre de l’Alliance atlantique, mais juive, etc.) des citoyens (même si c’est là l’héri- pays candidats, et que pour elle les perspec- cien président de la République seront peut-être jamais. Le rôle brûle d’y être admise. Avec son président venu tage d’une pratique soviétique, appelée à dispa- tives sont désormais très réelles. Après avoir traité comme un justiciable ordi- obscur joué par l’entreprise pétro- de Chicago, ses liens étroits, anciens et désor- raître prochainement) ; ne comprend pas que assez durement accusé le coup, au lendemain naire et jugé par le tribunal cor- lière dans les coulisses de la politi- mais assumés plus sereinement avec la Polo- l’enseignement supérieur ne soit dispensé de la crise économique russe, le pays a retrouvé rectionnel de Paris comme sont que et de la diplomatie françaises gne, ses innombrables églises catholiques et qu’en letton dans les universités d’Etat ; n’ad- une rapide croissance (plus de 6 % l’an dernier), jugés tous les jours des voleurs de ne nous plonge pas seulement une minorité russe si petite qu’elle ne lui pose met pas d’avoir été déclarée inéligible (parce acquise au prix d’une politique libérale sans voiture, des dealers de haschich dans un univers romanesque pas- aucun problème, la Lituanie, naguère consi- qu’elle s’est très activement opposée à l’indé- concession. Au point que la nécessité de pen- ou des braqueurs de super- sionnant, il suscite aussi de nom- dérée comme le moins avancé des trois pays pendance de la Lettonie), et annonce qu’elle a ser, malgré tout, à l’ébauche d’une politique marché. breuses questions sur le fonction- baltes, paraît désormais avoir perdu tous ses bon espoir d’obtenir justice devant la Cour sociale, commence à se faire sentir. La popula- Si nul ne saurait se réjouir que nement de l’Etat. Mais ce n’est complexes. européenne de Strasbourg ; affirme que l’éco- tion, après avoir accepté stoïquement de durs Roland Dumas, au terme des pro- pas cela qui était en cause dans le Elle attend que l’Union européenne lui ouvre nomie des pays baltes, comme celle de tout le sacrifices, commence d’ailleurs à donner de dis- cédures d’appel, passe éventuelle- procès de Roland Dumas. Ce que ses portes, en s’étant elle-même fixé comme monde postsoviétique, est « en ruine », qu’il crets signes d’impatience, qui se manifeste, ment six mois derrière les bar- le tribunal a jugé, ce sont les objectif l’année 2004, et s’agace discrètement aurait mieux valu suivre le « modèle chinois », paradoxalement, par des sondages témoignant reaux, il y a sans doute lieu de se actes de la vie ordinaire d’un indi- des vastes débats qui semblent préoccuper c’est-à-dire, si l’on comprend bien, libéraliser d’un beaucoup moins grand enthousiasme à féliciter que la justice ne se soit vidu peu ordinaire. essentiellement les responsables des Quinze. l’économie sans toucher à la dictature du parti, l’égard de l’Europe. pas comportée à son égard autre- Il n’est pas interdit de tirer de « Pour nous, les discussions sur le futur de l’Union et en tout cas maintenir l’URSS. A trop attendre, perdrait-on un peu la foi ? ment qu’elle ne le fait à l’égard de cet événement quelques ensei- européenne sont un peu secondaires par rapport En tout cas, à Tallinn comme ailleurs, on se tous ceux qui passent entre ses gnements pour d’autres investiga- aux négociations sur l’adhésion », explique Klau- « EUROPE HISTORIQUE ET MORALE » prend à rêver d’une Commission européenne mains et que, loin de considérer tions en cours, à commencer par dius Maniokas, un responsable du « comité de Il faut entendre cette vibrante militante des qui tarde moins à répondre aux questions son brillant parcours profession- celles qui visent l’actuel président l’Europe » constitué auprès du gouvernement « droits de l’homme » dire tout le bien qu’elle posées par les candidats, qui soit « plus précise nel comme une circonstance atté- de la République. Comme Roland lituanien. Autrement, dit l’essentiel est d’en pense de Vladimir Poutine, y compris de sa et plus claire » dans ses exigences, comme l’ex- nuante, elle l’ait tenu pour une Dumas, Jacques Chirac a soutenu être, et le plus vite possible, pour le reste on politique en Tchétchénie. Et, poussée dans ses plique Harri Tiido, secrétaire général adjoint du circonstance aggravante : c’est qu’il ne pouvait être entendu que verra bien, et cela vaut aussi bien pour l’Union retranchements, suggérer que le pays balte ministère des affaires étrangères. Par la même ainsi qu’elle procède lorsqu’elle par un tribunal spécial, la Haute européenne que pour l’OTAN, ces deux organi- qui a le moins mal réussi est la Lituanie, entre occasion, il écarte les tentations, entretenues est appelée à fixer le montant de Cour de justice, seule habilitée, sations qu’un autre responsable, letton cette autres « parce qu’elle a été peu accueillante de part et d’autre de l’Atlantique, d’une solu- la peine d’un prévenu, quel qu’il selon le Conseil constitutionnel, à fois, décrira lui comme autant de « symboles de aux minorités et donc n’a pas ce problème ».En tion de compromis, propre à calmer les « inquié- soit. juger le chef de l’Etat. En l’état l’Europe de première catégorie ». un mot, il faut suivre les méandres d’un raison- tudes » russes, et qui serait « oui » pour l’Euro- Certes l’affaire Elf est sans com- actuel du droit et de la Constitu- Partout, à Vilnius, à Riga, à Tallinn, la pré- nement qui vous transporte soudain à Mos- pe, mais « non » pour l’OTAN. La sécurité de mune mesure avec les délits qui tion, cette position se défend, au sence de ce groupe de quelques dizaines de cou pour se dire que les autorités lettones l’Europe est « indivisible », « on ne peut pas sont soumis habituellement aux point d’avoir quelques remuants lecteurs du Monde est considérée comme une n’ont vraiment pas la tâche facile avec leur faire deux potages dans la même marmite ». tribunaux, elle comporte une partisans à gauche. Mais, dans la bonne occasion de plaider la cause des deux minorité russe. Si tout cela est clair, et fortement argumenté, dimension politique qui lui confè- pratique, elle se heurte à la len- adhésions, et les ambassadeurs de France, eux Autre discours passionné, mais d’un tout il reste tout de même une petite zone d’ombre. re le statut d’affaire d’Etat. Il teur et à la lourdeur de la procé- aussi invités à donner leur sentiment, ne sem- autre objet, et lui aussi entendu à Riga : celui de Engagés séparément dans la course d’obstacles n’empêche : s’il est légitime que dure, ainsi qu’à l’inévitable cli- blent pas les moins convaincus. Les difficultés, Vita Matiss, directrice de l’Association de politi- qui doit les conduire, à peu près certainement à l’activité publique d’un homme mat de politisation qui l’accompa- un niveau de vie encore bien éloigné des stan- que étrangère, une sorte de « think tank » let- l’Europe, et sans doute à l’OTAN, ces trois politique ne puisse être jugée que gne. Autour du cas Dumas, la jus- dards ouest-européens, apparaissent aussi, et ton, qui, dans un français remarquable, dit très pays, certes différents à bien des égards, mais par des tribunaux spéciaux, sa vie tice ordinaire vient de prouver notre groupe de lecteurs ne tarde pas à décou- précisément le genre de choses qu’on n’aime au moins unis par cinquante d’histoire « sovié- privée relève, elle, des lois usuel- que, loin de souffrir de ces incon- vrir la difficulté qu’il peut y avoir à apprécier plus du tout entendre dans les cercles diri- tique » commune, envisagent-ils sérieusement les et, le cas échéant, des sanc- vénients, elle n’était pas sans correctement l’attitude des gens à l’égard de la geants ouest-européens : à savoir que « l’élan, une adhésion qui ne serait pas simultanée pour tions habituelles. Il est normal avantages de clarté et de rapidité. société où ils vivent. Que retenir des propos le sens de l’urgence » qui animaient Robert eux trois ? d’universitaires lituaniens qui commencent par Schuman et les pères fondateurs de l’Europe, se plaindre amèrement de leur situation finan- on les trouve désormais du côté de ces pays Jan Krauze 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel RECTIFICATIFS Secrétaire général du directoire : Alain Fourment Croisades par Leiter Directeur de la rédaction : Edwy Plenel « LOFT STORY » Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon A la suite d’un reportage sur Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin « Loft Story » (Le Monde du Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Rédacteur en chef technique : Eric Azan 19 mai) dans lequel nous évo- Rédaction en chef centrale : quions les jets d’œufs, bouteilles Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre et cailloux lancés contre Kenza, Rédaction en chef : l’une des concurrentes, « par une Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; centaine de jeunes venus à l’appel Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) de la station de radio Skyrock », Médiateur : Robert Solé Pierre Bellanger, président de Sky- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg rock, nous précise que cette radio Directeur des relations internationales : Daniel Vernet « n’appelle jamais ses auditeurs à la Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président violence ni contre les personnes ni Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), contre les biens ». André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE JEUX OLYMPIQUES Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Dans notre article sur la candida- Fonds commun de placement des personnels du Monde, ture de Pékin aux Jeux olympiques Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. de 2008 (Le Monde du 24 mai), il fallait lire : « Pékin prévoit 32,2 mil- liards de dollars d’investissements » ILYA50 ANS, DANS 0123 [36,7 milliards d’euros], et non pas « 32,2 milliards de francs ». Auschwitz, musée des peuples opprimés RAVES Contrairement à ce que nous DÉSIREUX DE RAPPELER aux Corée, mais il n’est pas question avons écrit dans les pages « Socié- générations futures l’immense sai- des répressions sauvages dont se té » du Monde du 24 mai, sous le gnée de la nation et soucieux de sont rendus coupables ici ou là les titre « Le gouvernement choisit la conserver en même temps un communistes russes, chinois, viet- fermeté face au phénomène des témoignage irrécusable des procé- namiens, nord-coréens, et l’on se “free parties” », René Mangin dés nazis, le gouvernement populai- garde bien de montrer les camps de (député PS de Meurthe-et-Mosel- re polonais a décidé que le camp concentration hypocritement bapti- le) n’est pas vice-président de l’As- d’Auschwitz deviendrait le musée sés camps de travail, qu’on pourrait semblée nationale. international des peuples oppri- actuellement porter à l’actif des més. Pourquoi faut-il, hélas ! que gouvernements russe et polonais. OLIVIER GUICHARD cette réalisation sacrée ait été l’oc- Jusqu’ici la politique avait respec- Olivier Guichard, maire de la casion d’une regrettable profana- té les cimetières. A Auschwitz on a Baule jusqu’en 1995, a été élu pour tion ? Car, pour servir une certaine planté le portrait de Staline dans la la première fois en 1971 – et non propagande, on a osé profaner le chair vivante des suppliciés. A Aus- en 1973 –, comme nous l’avons silence auquel avaient droit quatre chwitz, où le Christ crucifié n’a pas écrit dans notre article du Monde millions d’êtres humains qui furent droit de cité, c’est un Christ pen- du 24 mai « Peut-on encore sauver exterminés en ce lieu. sant, les mains appuyées sur une la villa “Les Tôttes” à la Baule ? ». Des slogans y développent une bêche de jardinier, qui depuis des thèse unilatérale. On évoque les siècles se dresse au carrefour des SANG CONTAMINÉ excès policiers anglais, français, chemins, un Christ résigné qui Dans une brève sur le volet non américains ; les camps de concen- n’ose disputer à Staline le titre glo- ministériel de l’affaire du sang con- tration de l’Afrique du Sud au rieux de libérateur des peuples. taminé, nous avons indiqué par temps des Boers, ceux des Indes, erreur, dans Le Monde du 31 mai, ceux de Franco ; on s’étend sur l’im- Charles Favrel que la Cour de cassation souhaitait pitoyable cruauté de la guerre de (1er juin 1951.) que « la procédure cesse d’être retar- dée, afin que les victimes encore en vie ou leurs familles puissent en voir 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS l’issue ». Il s’agissait, en réalité, de la réaction d’Olivier Duplessis, prési- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr dent de l’Association française des transfusés et partie civile au dos- Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) sier. La Cour de cassation a renvoyé ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) le dossier devant une nouvelle com- position de la chambre d’instruc- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 tion de la cour d’appel de Paris, qui Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 devra décider d’un renvoi des mises Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 en examen devant un tribunal cor- rectionnel ou une cour d’assises. 19 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

TÉLÉCOMMUNICATIONS génération (UMTS) à France Télécom licences complémentaires, avec éven- DÉCISION, pour ce second tour, ne b DANS TOUTE l’EUROPE, les procé- L’Autorité de régulation des télécom- et à Cegetel (Vivendi Universal). tuellement un rabais en faveur des devrait être prise avant l’élection pré- dures d’attribution ont buté sur de munications (ART) devait attribuer, b LE GOUVERNEMENT a maintenant nouveaux candidats mais aussi des sidentielle. Un rabais intervenant nombreuses difficultés, du fait de jeudi 31 mai, deux premières licences un mois pour valider ce choix. En deux premiers opérateurs, il entend trop vite aurait un impact dangereux l’éclatement de la bulle spéculative, de téléphononie mobile de troisième revanche, pour l’attribution de deux prendre son temps. b AUCUNE sur les finances publiques. tout particulièrenet en Allemagne. France Télécom et Cegetel obtiennent des licences pour le téléphone du futur L’Autorité de régulation des télécommunications devait accorder, jeudi 31 mai, son feu vert aux deux seuls candidats sur les rangs pour la téléphonie mobile de troisième génération (UMTS). Le gouvernement ne devrait pas lancer un nouveau concours avant l’élection présidentielle

LE SUSPENSE aura duré jusqu’à Les recettes UMTS des Etats européens varient de 0 à 50 milliards d'euros de téléphonie mobile UMTS, il la fin. Jeudi 31 mai, jour limite fixé était difficile de remettre à plat tou- par la procédure, l’Autorité de régu- LICENCES UMTS DÉJÀ ATTRIBUÉES DANS CINQ GRANDS PAYS EUROPÉENS ET DANS LES AUTRES te la procédure. lation des télécommunications ROYAUME-UNI ALLEMAGNE Nombre Recettes pour l'Etat Mode (ART) devait attribuer deux licences de licences (en millions d'euros) d'attribution PRINCIPE D’ÉGALITÉ de téléphonie mobile UMTS aux • 5 licences •6licences Reste maintenant à statuer sur le • Op. : T-Mobile, E-Plus (KPN), deux seuls candidats en lice, France • Opérateurs : Vodafone, BT, AUTRICHE 6 832 enchères sort des deux licences qui n’ont pas Télécom d’une part et Cegetel Orange (France Telecom), Vodafone, Viag Interkom (BT), trouvé preneur. Du côté du gouver- Mobilcom (France Télécom), (Vivendi Universal) d’autre part. Le One 2 One (Deutsche Telekom), BELGIQUE 3 450 concours de beauté nement, on milite pour le lancement Group 3G (Telefonica, Sonera) secrétaire d’Etat à l’industrie, Chris- Hutchison Whampoa d’un nouvel appel d’offres après • Mode d'attribution : enchères DANEMARK 4 non attribuées enchères tian Pierret, a maintenant un mois • Mode d'attribution : enchères l’échéance de l’élection présidentiel- pour avaliser le choix et signer for- 38,5 FINLANDE 40concours de beauté le. En effet, si une nouvelle procédu- mellement l’attribution. Restent re était lancée dans l’immédiat, elle GRÈCE 4 non attribuées enchères encore deux licences orphelines à devrait s’accompagner d’un rabais FRANCE attribuer. Dans l’entourage du secré- ITALIE PAYS-BAS 52700 enchères significatif pour attirer de nouveaux taire d’Etat, on souligne « que le • 2 licences 50 candidats. Or, France Télécom et • 5 licences IRLANDE 4 non attribuées concours de beauté second round sera traité le moment • Opérateurs : Cegetel n’ont cessé de répéter qu’en France Télécom, Cegetel • Op. : Vodafone, venu ». Pas de précipitation, donc LUXEMBOURG 4 non attribuées non décidée vertu du principe d’égalité, ils • Mode d'attribution : 16 IPSE (Telefonica), pour ce second tour. Le prix des devraient bénéficier rétroactive- concours de beauté Omnitel (Telecom Italia), NORVÈGE 4 12,5 + 2,5 par an concours de beauté licences, leur durée et le calendrier Wind (France Telecom), ment de tout adoucissement du seront autant de paramètres qu’il 12 Andala (Tiscali, Hutchison SUÈDE 40concours de beauté cahier des charges. Une obligation faudra subtilement doser pour atti- Whampoa) qui pourrait conduire le gouverne- 12 SUISSE 4 135 enchères rer de nouveaux candidats et sortir • Mode d'attribution : enchères ment à rembourser un trop perçu ESPAGNE d’une situation de duopole, guère PORTUGAL 4 400 concours de beauté sur les premiers versements. Un acceptable aux yeux de Bruxelles. • 4 licences comble. En jouant la montre, le gou- Les discussions n’ont pas man- • Op. : Telefonica Moviles, Airtel (Vodafone), La disparité du prix des licences UMTS est grande entre les différents pays européens, vernement et l’ART espèrent que les Arena, Xfera (Vivendi Universal) qué d’être intenses au sein du collè- alors que les pays nordiques ont opté pour la gratuité, le gouvernement allemand a conditions économiques seront • Mode d'attribution. : concours de beauté XX PRIX (en milliards d'euros) ge de l’ART. Il y a une dizaine de empoché la somme record de 50 milliards d'euros pour la vente de 6 licences. meilleures et que les incertitudes jours (Le Monde du 19 mai), la déci- 00 k Source : Idate technologiques qui pèsent sur le sion n’était toujours pas prise. Il est marché seront levées. Martin Bou- vrai que les membres du collège et en se retirant de la course. Bou- cre in extremis M. Hubert de ne pas deux candidats se déclarent intéres- orange. Surtout ce temps a permis ygues, n’a pas dit autre chose lors de le président de l’ART, Jean-Michel ygues lui a emboîté le pas cinq jours déclarer l’appel d’offres infruc- sés pour quatre licences était couru d’évaluer toutes les failles juridi- la présentation des résultats de l’an- Hubert, ont été confrontés à un véri- plus tard. Cette double défection a tueux. Et le principe d’un second d’avance. Loin de répondre à cette ques de ce dossier empoisonné. née 2000 de son groupe : « Dans table casse-tête. Alors qu’ils plai- été vécue comme un véritable tour pour attribuer les deux licen- injonction, l’ART a choisi d’exploi- Certains juristes qui se sont pen- deux ans, on sera plus intelligents. daient pour l’attribution de licences camouflet pour le gouvernement, ces UMTS orphelines a été évoqué. ter jusqu’à son terme le délai impar- chés sur la procédure la juge enta- Nous voulons du temps pour compren- UMTS quasi-gratuites en France, ils pour qui la manne espérée s’est ti par la procédure. Les quatre mois chée d’irrégularités. Mais de leur dre ». D’autant que l’expérience des ont été contraints par le gouverne- réduite soudainement de moitié. FAILLES JURIDIQUES ont été mis à profit pour dépouiller côté, les candidats ont fait savoir autres pays européens peut faire éco- ment d’accepter, en juin 2000, une Elle a été aussi source de perplexité Le gouvernement a même pous- les dossiers : les 32 000 pages de l’ac- qu’ils étaient prêts à saisir la jus- le. Partage de réseaux, consolida- taxation lourde, la redevance étant pour l’ART qui n’a reçu in fine que sé l’avantage en déclarant par la te de candidature de Cegetel livrées tice en cas de report de l’attribu- tion, aide financière des Etats, déro- fixée à 32,5 milliards de francs pour deux dossiers de candidature pour voix de Laurent Fabius, ministre de à l’ART sous la forme de huit meu- tion des licences. De même, vis- gation européenne : plus aucun chaque opérateur. Résultat : le les quatre licences à attribuer. La l’économie et des finances, que les bles en forme de téléphone mobile, à-vis de Bruxelles, qui avait fixé sujet n’est tabou pour tenter de sor- 26 janvier, une semaine avant la procédure fragilisée allait-t-elle être licences pourraient être attribuées et les 115 000 pages de celui de pour l’ensemble des pays euro- tir de l’ornière. date limite de dépôt des candidatu- remise en cause ? Une fois de plus, fin mars. Une façon d’expliquer que France Télécom présentées dans péens la date butoir du 1er janvier res, le groupe Suez a créé la surprise le gouvernement a réussi à convain- le résultat de ce concours où seuls des meubles à roulettes de couleur 2002 pour l’ouverture des services Laurence Girard Les quatre interrogations que soulève la technologie UMTS b Qu’est-ce que l’UMTS ? membres de l’UE d’attribuer des licences b Quels nouveaux services pour les évoque maintenant l’horizon de 2003, voire L’endettement des opérateurs et la néces- L’UMTS – pour Universal mobile telecom- UMTS avant le 1er janvier 2002. Cette date consommateurs et à quelle date ? 2004. En attendant, ils espèrent se faire la sité de prouver la rentabilité de l’UMTS a munications system —, autrement dénom- arbitraire fixée, toute latitude a été laissée Personne n’a aujourd’hui une réponse main et tester l’appétit des consommateurs un impact immédiat sur le marché. La chas- mée téléphonie mobile de troisième généra- aux différents pays dans le nombre des claire à cette question et ces incertitudes pour les nouveaux services – de jeux, de se à l’abonné n’est plus la priorité. Place à la tion, est considérée comme une révolution licences et la manière de les attribuer. ont contribué à jeter le trouble sur le mar- localisation, d’information, de télécharge- rentabilité. Le revenu moyen par abonné du marché de la téléphonie mobile. Pous- Concours de beauté (sélection sur dossier) ché. La technologie UMTS a les travers de ment de musique ou d’images, voire de est le nouveau credo. C’est de sa hausse que sée par les industriels, en particulier les scan- ou enchères, chacun a fait son choix et les ses ambitions. Sa mise au point est un véri- commerce électronique – en faisant évoluer dépend maintenant le salut boursier des dinaves Ericsson et Nokia, qui craignaient disparités des prix des licences UMTS, entre table tour de force. Déjà, les promesses ini- les réseaux GSM existants. La première éta- opérateurs. Pour le faire croître, toutes les un tassement de leurs ventes alors que les gratuité et spéculation, a complètement tiales sont revues à la baisse. A l’origine, l’ac- pe, le WAP, n’a guère séduit les clients : ficelles sont exploitées : augmentation du réseaux GSM couvrent maintenant quasi- bouleversé le marché. Les opérateurs GSM cès aux services devait bénéficier d’un débit accès aux services trop lent, déconnexions prix des communications téléphoniques, ment l’ensemble du territoire européen, déjà en place ont tout fait pour décrocher de 2 Mbit/s, puis ce débit théorique a été fréquentes, taille de l’écran des mobiles disparition des listes des clients qui ne télé- elle a été conçue en totale rupture avec cette précieuse bande de fréquences, gage divisé par cinq, et même ce niveau ne sem- trop exiguë… la déception a été d’autant phonent quasiment pas et tentative d’ac- l’existant. Nouvelle bande de fréquences de continuité de leurs activités. Mais aussi ble pas acquis. Les premières démonstra- plus forte que cet Internet mobile a été sur- croissement des revenus grâce à de nou- hertziennes, nouveaux réseaux, nouveaux gage d’oxygène alors que leurs réseaux, tions tardent à se mettre en place. L’opéra- vendu. Du coup, les opérateurs préparent veaux services. Pour l’instant, le service qui téléphones, nouveaux services, tout est à confrontés à l’accroissement du nombre teur japonais, NTT DoCoMo, pionnier en la très prudemment la seconde étape, le a le plus de succès est aussi le plus rustique : reconstruire et à réinventer. Les fabricants d’abonnés, risquent à plus ou moins long matière, a retardé le lancement commercial GPRS. Les premiers téléphones GPRS le SMS, autrement dit l’envoi de mini-mes- promettent avec l’UMTS l’entrée de la télé- terme l’asphyxie. Toutefois, cette course initialement fixé en mai, à octobre. Mercre- devraient apparaître à l’automne mais sages. Un engouement suscité par le goût phonie mobile dans l’ère du multimédia. aux licences les a conduits à s’endetter lour- di 30 mai, il a annoncé mener ses premiers seront réservés à une clientèle profession- des adolescents pour ce mode de communi- b Pourquoi les opérateurs se sont-ils dement alors même que la technologie tests avec près de trois mille « cobayes » nelle. Le grand public devra attendre début cation et qui a pris par surprise les opéra- jetés dans une course aux licences ? UMTS vantée par les industriels est encore triés sur le volet. Les opérateurs qui ont 2002 pour les découvrir. teurs. L’intense lobbying des industriels a dans les laboratoires et les services multimé- payé à prix d’or la licence UMTS s’interro- b L’UMTS a-t-il déjà un impact sur les conduit Bruxelles à imposer à tous les Etats- dias sur le papier. gent donc sur la date réelle de démarrage et offres actuelles ? L. Gi. Les opérateurs allemands tentent Le budget de l’Etat n’a pas intérêt à l’organisation rapide d’un « second tour » POUR les finances publiques, la UMTS. De droite à gauche, c’était pourrait donc compter sur 130 mil- Pour le gouvernement, c’était la de sortir du guêpier décision de l’Autorité de régulation l’union sacrée : quoi !… le gouver- liards de francs (20 milliards pire des solutions. Dans le schéma des télécommunications (ART) sur nement français serait l’un des d’euros) de recettes, dont 50 % actuel (deux licences attribuées), SI LA TÉLÉPHONIE mobile de poser des questions. Y a-t-il de la l’UMTS était d’une importance seuls à ne pas prélever sa dîme sur répartis sur les budgets de 2001 et l’Etat doit toucher, dès le mois de troisième génération s’apparente à place pour six opérateurs mobiles capitale. Même si, finalement, la les richissimes opérateurs de télé- 2002, soit 32,5 milliards de francs septembre, 2,48 milliards d’euros, un fiasco européen collectif, le sur le marché allemand ? Un opéra- contribution des opérateurs du phone, promis à une fortune enco- pour chacun de ces deux exercices. versés par France Télécom et Cege- paroxysme a été atteint en Allema- teur nouvel entrant a-t-il une chan- téléphone mobile de troisième re meilleure après l’avènement de Somme qui était donc inscrite dans tel, et autant en 2002, soit au total gne. Les opérateurs qui se sont ce face à des opérateurs installés génération n’est pas à la hauteur la nouvelle génération de services le budget 2001. près de 5 milliards d’euros. Imagi- entre-déchirés pour s’offrir une peti- qui possèdent un réseau et une base de ses espérances initiales, le gou- mobiles ? nons – hypothèse citée par l’un des te bande du spectre hertzien, sont de clientèle ? vernement aura au moins échappé Difficile, pour un gouvernement DÉFECTION DE DEUX CANDIDATS opérateurs concernés – que le nou- aujourd’hui pris au piège et tentent au pire : il ne sera pas contraint de de gauche, de donner l’impression Le rêve du gouvernement a failli veau prix de chaque licence tombe de trouver une issue. « TROP DE PETITS ACTEURS » payer pour dédommager France de faire des cadeaux aux entrepri- tourner au cauchemar. La défec- à 2 milliards d’euros (13,12 mil- Le gouvernement allemand, à La réponse donnée par Michel Télécom et Cegetel, les deux candi- ses, et de dilapider le bien public. tion de deux des quatre candidats liards de francs au lieu de 32,5 mil- l’instar de son homologue britanni- Bon, PDG de France Télécom, est dats qui ont soumissionné en jan- D’autant que la destination de cet- potentiels, lors du dépôt des candi- liards) sur quinze ans, dont la moi- que, a vu dans la vente des licences sans appel : « Il y a trop de petits vier, tandis que deux autres concur- te « cagnotte » inespérée était tou- datures en janvier, a déjà réduit de tié pour les deux premières années. UMTS une aubaine pour remplir acteurs qui ont payé leur licence trop rents, Bouygues et le tandem Suez- te trouvée : elle irait alimenter le moitié les perspectives de rentrées France Télécom et Cegetel auront ses caisses. Mieux, le pactole qu’il a cher. Les opérateurs attendent de Telefonica, jetaient l’éponge. fonds de réserve des retraites, dont pour l’année en cours : avec seule- payé 3 milliards d’euros de trop récolté en quelques jours en savoir si l’autorité de régulation alle- L’Etat en aurait été de sa poche si le premier ministre avait promis ment deux opérateurs, l’Etat ne (près de 20 milliards de francs), août 2000, a dépassé ses prévisions mande va prendre ou non des déci- un nouveau concours avait été qu’il atteindrait 1 000 milliards de pouvait plus tabler que sur la moi- somme que l’Etat devra alors – les plus optimistes. Le nombre de sions, s’ils vont bénéficier d’encoura- immédiatement lancé pour tenter francs en 2020. A l’heure où le ryth- tié de cette somme – 16,25 mil- théoriquement, en tout cas – leur licences pouvait varier de quatre à gement financier et s’ils vont être auto- d’attribuer les deux licences restan- me des privatisations ralentissait, liards de francs, soit 2,48 milliards rembourser. six, chaque opérateur enchérissant risés à revendre la licence ». L’autori- tes, avec un rabais pour faire reve- l’UMTS était une occasion à saisir. d’euros – pour 2001, et autant pour Le renvoi à une date ultérieure pour des blocs de fréquence. Même té devrait statuer début juin. Une nir les candidats échaudés. Restait à définir le montant qui 2002. Première déconvenue. de l’organisation du « deuxième si le nombre de candidats était décision très attendue par France A la suite des enchères qui pouvait être prélevé sans étrangler Deuxième déconvenue : le ris- tour » soulage le gouvernement, réduit par rapport à la Grande-Bre- Télécom qui détient 28 % de Mobil- avaient rapporté 36,8 milliards les opérateurs. On décida donc de que d’un mécontentement de qui accuse déjà un « manque à tagne, ils se sont battus pour obte- Com, nouvel opérateur de télépho- d’euros au Trésor britannique, en couper la poire en deux : il n’y Bruxelles, qui pourrait considérer gagner » de 2,47 milliards d’euros nir une bande de fréquence plus lar- nie mobile. MobilCom a entamé mai 2000, le gouvernement fran- aurait pas d’enchères, mais chaque qu’avec seulement deux opéra- pour cette année. Mais ce n’est que ge que celle des concurrents et ils des discussions avec E-Plus (filiale çais s’était lui aussi pris à rêver de candidat retenu paierait, au total, teurs il n’y a pas concurrence réel- partie remise. L’Etat repousse les ont perdu. Résultat : six licences ont de l’opérateur néerlandais KPN) la manne du téléphone. Il l’avait une redevance de 32,5 milliards de le. D’où la tentation, pour se rap- conséquences financières du rabais été attribuées pour un montant pour partager le coût de déploie- fait contre l’avis de l’ART, qui prédi- francs (4,95 milliards d’euros) sur procher du paysage de l’UMTS qui sera nécessairement appliqué record de 50 milliards d’euros (plus ment des réseaux. Toutes les voies sait que l’affaire finirait mal. Mais quinze ans, durée totale de la licen- dans les autres pays européens pour attirer deux nouveaux opéra- de 325 milliards de francs), payables sont explorées mais la consolida- cet organisme, qui cultive une indé- ce. Et la moitié de cette somme (voir le graphique ci-dessus),de teurs. Mais c’est un autre gouverne- immédiatement. tion sur ce marché est inéluctable. pendance farouche, était seul à serait versée dès les deux premiè- réduire la facture pour lancer un ment qui aura à les assumer. Les opérateurs ont alors commen- défendre l’idée d’une quasi-gratui- res années. Au total, pour les qua- nouvel appel d’offres, et attribuer cé à faire leurs comptes. Et à se L. Gi. té de l’attribution des licences tre licences en jeu, le Trésor public les quatre licences espérées. Anne-Marie Rocco 20 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 ENTREPRISES Le PDG de Marks & Spencer France veut reclasser tout le personnel Euroclear prône une simplification LE NOUVEAU PDG de Marks & Spencer France, Alain Juillet, a pro- mis, mercredi 30 mai, de trouver d’ici à la fin de l’année un emploi du système de transactions financières durable à l’ensemble des mille sept cents salariés français touchés par la décision du groupe de distribution britannique de fermer tous ses magasins d’Europe continentale. « Je suis venu pour reclasser tout le Pierre Francotte, directeur général, souhaite une fusion avec Clearstream personnel d’ici la fin de l’année », a affirmé M. Juillet. Pour favoriser le maintien de l’emploi pour les salariés, le PDG souhai- Dans un entretien au Monde, Pierre Francotte, me complexe des transactions financières, ce qui ciaire au Luxembourg. Il estime que la situation te une reprise globale des dix-huit magasins français par un autre directeur général d’Euroclear Bank et président générerait des économies. Il souhaite une fusion de Clearstream rend cette fusion « encore plus groupe. « Le repreneur qui nous donnera le plus de garanties de trans- d’Euroclear France, propose de clarifier le systè- avec Clearstream, visée par une information judi- possible et tout aussi souhaitable ». fert du personnel aura le plus de chance », a-t-il précisé, qualifiant « l’of- fre sociale » de « point principal » des négociations futures avec les ALORS QUE l’Europe s’apprête à ment-livraison en Europe », plaide l’arrivée de l’euro. Autre argument équivalente, les coûts sont infé- candidats. Marks & Spencer a reçu des propositions de reprise partiel- vivre la dernière étape de l’Union M . Francotte. Ce système, jugé qui milite pour un regroupement rieurs de 50 %. Explication : il existe le ou totale de « plus d’une dizaine » de groupes dans le monde. monétaire en janvier 2002, les tran- peu transparent, a été mis en lumiè- de Clearstream et d’Euroclear, cet- deux institutions pour l’ensemble sactions financières seront-elles, re dans l’ouvrage Révélation$,de te union permettrait « une réduc- des marchés . « L’objectif est de elles aussi, simplifiées ? Le système Denis Robert et Ernest Backes (Le tion plus importante des coûts ». réduire les coûts de gestion de ces Le laboratoire suisse Roche de règlement-livraison, qui consis- Monde du 27 février), aux éditions Comme « 70 % des coûts des vingt- vingt-cinq institutions de 1,2 milliard te à transférer des actifs (titres et Les Arènes, à l’origine de l’ouvertu- cinq centrales de règlement-livraison d’euros par an à 600 millions à espèces) en exécution d’une tran- re de l’enquête judiciaire. Il existe des quinze pays de l’Union Européen- 700 millions d’euros. Les réductions supprime 3 000 emplois saction (vente ou achat) de titres aujourd’hui vingt-cinq centrales de ne sont localisés dans Euroclear et de tarifs pour les banques seraient reste actuellement très comple- règlement-livraison en Europe, il y Clearstream, les économies sont d’au moins 20 à 25 % », précise M. BOUSCULÉ par les mauvaises performances de sa branche pharmacie xe. Pierre Francotte, directeur géné- en avait trente-et-une il y a trois criantes », affirme M. Francotte. De Francotte. L’enjeu est de taille puis- et l’entrée surprise de son concurrent Novartis dans son capital, en ral d’Euroclear Bank, et président ans. Euroclear contrôle quatre éta- plus, les deux groupes réunis offri- que le risque est de voir les grandes avril, le groupe pharmaceutique de Bâle (Confédération helvétique) d’Euroclear France, propose de le blissements nationaux et un inter- raient des services de règlement- entreprises européennes qui ont Roche a annoncé mercredi 30 mai la suppression de trois mille postes clarifier. « Nous souhaitons une national. « Il pourrait n’y avoir livraison intégrés pour les transac- besoin de trouver des capitaux dans sa division pharmacie au cours des deux à trois prochaines fusion avec Clearstream et voudrions qu’une seule centrale de règlement- tions effectuées sur les places « être tentés de le faire aux Etats- années. Tous les grands sites de production du groupe dans le monde entamer des discusions sur ce thème Unis, où le coût de l’émission est net- seront touchés. Les activités de recherche seront concentrées sur un avec la Deutsche Börse [actionnaire tement plus faible. », ajoute M. Fran- nombre de centres réduit. à hauteur de 50 % de Clearstream] 145 millions de transactions en 2000 cotte. Le projet de restructuration a pour objectif « d’améliorer la structure et la nouvelle direction générale de des coûts de la division », selon le groupe suisse. L’objectif est de por- Clearstream dans les semaines qui Dans l’univers du règlement livraison, Euroclear, basée à Bruxelles, « L’APPEL DE BRUXELLES » ter la marge bénéficiaire opérationnelle de cette branche à 20 % ou viennent afin d’aboutir à une fusion est le grand concurrent de Clearstream, basée à Luxembourg. Cedel L’absence de contrôle de ces 25 % du chiffre d’affaires, souligne-t-il. En 2000, cette branche a dans les mois à venir », explique (devenu Clearstream en 1999, suite à la fusion avec la société de com- organismes ne fait que renforcer la réalisé 17 milliards de francs suisses (11 milliards d’euros) de chiffre dans un entretien au Monde M. pensation de la Deustche Börse) est né en 1971 à Luxembourg, et Euro- nécessité d’une clarification. «Il d’affaires, soit les deux tiers de l’activité du groupe. Elle emploie Francotte. « Une prise de contact a clear, en 1968 à Bruxelles. JP Morgan a été l’initiateur d’Euroclear en est nécessaire que ces centrales de 41 400 personnes. déjà eu lieu au niveau des directeurs 1968, puis la banque américaine s’est désengagée fin 2000. livraison de titres soient mieux con- généraux », note M. Francotte. Aujourd’hui, JP Morgan est l’une des 120 banques internationales trôlées et mieux régulées, car leur Basé à Bruxelles, Euroclear est le actionnaires d’Euroclear ; aucune ne détenant plus de 5 % à 6 % du contrôle est aujourd’hui insuffisant, Danone poursuit pour « dénigrement » grand concurrent de Clearstream capital. Sicovam Holding (qui représente les anciens actionnaires de voire inexistant », explique le dépu- (Luxembourg), dont les déboires Sicovam SA, l’organe de compensation de la place de Paris), en détient té Vincent Peillon (PS, Somme), actuels font l’objet d’une informa- 16,67 %. Euroclear a réalisé 145 millions de transactions en 2000, pour président de la mission parlemen- des sites web appelant au boycottage tion judiciaire par la justice luxem- une valeur d’environ 100 000 milliards d’euros. Avec 2 000 clients, Euro- taire française sur « la délinquance bourgeoise pour blanchiment, abus clear comptait, à la fin de 2000, 7 400 milliards d’euros d’actifs en financière et le blanchiment des RESPECT du droit des marques contre « atteinte » à la liberté d’ex- de biens sociaux, faux et usage de dépôt. Les effectifs sont d’environ 2 000 personnes, dont 450 à Paris, capitaux en Europe ». Parallèle- pression : l’audience consacrée aux poursuites engagées par Danone faux (Le Monde du 26 mai), pour- 1 400 à Bruxelles et une centaine ailleurs dans le monde. ment à l’initiative d’Attac Bruxel- contre les sites Internet ayant appelé au boycottage de ses produits raient accélérer les choses. «La les, plusieurs personnalités vien- pour protester contre sa politique sociale a donné lieu à une confron- situation actuelle chez Clearstream nent de lancer « l’appel de Bruxel- tation de principes, lors d’une audience tenue mercredi 30 mai au tri- rend cette fusion encore plus possible livraison au niveau européen d’ici d’Amsterdam, Paris, Bruxelles, et les pour une justice financière inter- bunal de grande instance de Paris. Le groupe agroalimentaire pour- et tout aussi souhaitable », souligne cinq à sept ans », affirme M. Fran- Francfort. Les chiffres parlent nationale », cinq ans après « l’ap- suit les sites jeboycottedanone.com et jeboycottedanone.net pour M. Francotte. Le départ d’André cotte, qui considère que « la fusion d’eux-mêmes : une transaction pel de Genève », visant à la créa- contrefaçon et dénigrement. Lussi, président de Clearstream, et entre Cedel et Euroclear est le internationale entre deux clients tion d’un espace judiciaire euro- Danone réclame 2 millions de francs aux responsables de chacun des d’autres dirigeants, suspendus de meilleur moyen de donner de l’élan à d’Euroclear Bank a un coût d’envi- péen. Les signataires de cet appel sites, qui ont cessé de fonctionner à la suite de précédents jugements leurs fonctions le 15 mai par le con- la consolidation européenne ».La ron 0,5 euro. Si cette même transac- demandent que les organes de en référé leur interdisant d’utiliser le logo de la firme. Les avocats seil, pourrait faciliter les négocia- fusion d’Euroclear avec Sicovam tion a lieu entre un client d’Euro- règlement livraison soient « placés d’Oliver Malnuit, rédacteur en chef à la revue Technikart, et du Réseau tions. C’est André Roelants, prési- SA (l’organisme de compensation clear Bank et celui d’une autre cen- sous le contrôle démocratique d’une Voltaire – une association de défense de la liberté d’expression – ont dent de la BIL (Dexia), qui assure de la place de Paris), annoncée en trale de règlement- livraison, ce organisation de tutelle au niveau plaidé en faveur du « droit à l’information ». De son côté, Danone a l’intérim à la tête de Clearstream. septembre, puis concrétisée début coût peut atteindre 5 à 15 euros, européen ». estimé que l’initiative de ces sites avait « porté préjudice » à sa mar- « Un tel mariage permettrait de 2001, était déjà un pas vers la conso- explique M. Francotte. Aux Etats- que. Le jugement sera rendu le 4 juillet. clarifier le métier complexe du règle- lidation en Europe, accélérée par Unis, pour un marché d’une taille Pascale Santi Volkswagen sanctionné pour avoir interdit des remises sur ses prix DÉCIDÉMENT, Volkswagen est dans le collimateur parmi les plus élevés d’Europe », a expliqué Mario Mon- de la Commission européenne. Le constructeur auto- ti, le commissaire européen à la concurrence, quali- mobile allemand a été condamné, mercredi 30 mai, à fiant l’attitude de Volkswagen d’« infraction très grave une amende de 30,96 millions d’euros (203 millions aux règles européennes de la concurrence », méritant de francs) pour avoir restreint la liberté de ses conces- d’être « sanctionnée comme il se doit ». Le premier sionnaires de fixer les prix des voitures. Volkswagen constructeur européen a décidé de faire appel de cet- avait été déjà condamné en octobre 2000 à payer te décision en déposant un recours devant la Cour 90 millions d’euros, la plus lourde amende jamais européenne de justice. « La fixation des prix était et res- infligée par les autorités de la concurrence à une te libre. Volkswagen n’a passé aucun accord enfrei- entreprise. Le groupe avait empêché les réimporta- gnant le respect du droit de l’Union européenne. Sur- tions de véhicules d’Italie vers l’Allemagne à des prix tout, le montant de cette amende apparaît excessif »,a avantageux. contesté le groupe dans un communiqué. Cette fois, l’affaire remonte aux années 1996 et 1997. Le constructeur avait demandé à ses concession- SYSTÈME DE DISTRIBUTION EN CAUSE naires allemands de ne pas accorder de remise sur la Cette affaire vient nourrir le débat sur la révision de nouvelle Volkswagen Passat. Le constructeur avait la réglementation organisant la distribution automo- tenté de justifier ces pratiques pour, prétendait-il, sou- bile au sein de l’Union européenne (UE). Le système tenir la rentabilité de ses concessionnaires et préser- actuel, qui arrive à échéance en septembre 2002, fait ver l’image de marque de son nouveau modèle, qu’il l’objet de vives critiques de la part d’associations de voulait positionner plus haut dans la gamme. La Com- consommateurs. Dans un rapport de novembre 2000, mission a estimé que la possibilité de vendre à leur la Commission avait elle-même ouvertement mis en propre prix de revente constitue l’outil le plus impor- cause le règlement, estimant qu’il était trop favorable tant dont disposent les concessionnaires pour se faire aux constructeurs, au détriment des consommateurs. concurrence. « Les mesures avaient pour objet de modi- M. Monti a fait savoir mercredi que la Commission fier le comportement commercial des concessionnaires publierait ses idées sur le futur régime avant la fin de au détriment des consommateurs. Elles étaient destinées l’année. à maintenir les prix à un niveau artificiellement élevé sur un marché où les prix des voitures neuves sont déjà Stéphane Lauer Joaillerie : l’accord LVMH-De Beers prend du retard LONDRES se retire de la Bourse pour mieux se diale, Nicky Oppenheimer espère de notre correspondant à la City concentrer sur la production et la convaincre l’administration Bush. Mauvaise nouvelle pour Bernard commercialisation de pierres de feu. L’enjeu est de taille : le marché amé- Arnault : la prise de contrôle de la Dans le milieu diamantaire, le nom ricain représente la moitié de la De Beers par la famille Oppenhei- d’Oppenheimer rassure. Nicky demande mondiale de joaillerie. mer risque de retarder à 2002 l’ouver- Oppenheimer et son fils Jonathan Reste un obstacle de poids, la dou- ture de la première bijouterie com- peuvent se targuer, de surcroît, du ble enquête de la Commission euro- mune De Beers-LVMH, prévue succès de la récente modernisation péenne sur le fonctionnement du pour l’automne à New York. Le de la De Beers, qui contrôle aujour- marché diamantaire et sur l’accord rachat du groupe sud-africain par la d’hui plus de 60 % du négoce mon- avec LVMH. La De Beers a été long- dynastie fondatrice, annoncé le dial du diamant brut. temps protégée des interventions 18 mai, approuvé mardi 29 par les des autorités communautaires par la autorité sud-africaines, ne manque- RETOUR AUX ÉTATS-UNIS « sainte-alliance » entre la Belgique ra pas de compliquer l’examen par la Formalisation des liens avec ses (Anvers est la première place de Commission européenne du fonc- 120 diamantaires privilégiés, déve- négoce de la planète) et la Grande- tionnement du marché diamantaire. loppement dans la taille et la vente Bretagne, siège du bras commercial La dynastie Oppenheimer a atten- en bijouterie, rôle dans la lutte con- de la société. Mais au commissaire à du trois quarts de siècles pour se tre les « diamants de conflits », la concurrence belge Karel Van réapproprier l’empire des pierres pré- recentrage sur ses points forts (Afri- Miert a succédé l’Italien Mario Mon- cieuses. Aux commandes depuis qua- que australe, Canada, Russie) : l’ob- ti, pour qui le diamant est une matiè- tre générations, mais restée action- jectif déclaré est de muscler le grou- re première comme une autre. L’en- naire très minoritaire, elle détient pe contre le britannique Rio Tinto et quête doit déterminer si le contrôle aujourd’hui 45 % du capital du nou- l’australien BHP. Mais il s’agit aussi de la De Beers sur la « filière dia- veau propriétaire, le consortium DB de faciliter le retour de la société aux mants » contrevient aux règles euro- Investments, aux côtés du conglomé- Etats-Unis, où le mastodonte des péennes. Or, la levée de l’interdit rat minier Anglo-American (45 %) et gemmes est indésirable depuis les américain est étroitement lié à la de la Debswana, la compagnie dia- années 1970, en raison des lois anti- décision européenne, attendue au mantaire du Botswana (10 %). trust. Avec la fin du système de car- plus tard pour le 29 août. « Le diamant est éternel » : fidèle à tel en vertu duquel la De Beers rache- son slogan publicitaire, la De Beers tait la totalité de la production mon- Marc Roche 21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 Coup de frein sur les perspectives mondiales de croissance publicitaire Zenith Media révise à la baisse les prévisions d’investissements des annonceurs, en ne tablant plus que sur une hausse de 2 % à 4 % du marché cette année, contre 6 % initialement. Ce phénomène touche tous les médias et s’explique par la récession dans la nouvelle économie

« LOFT STORY » aura au moins prévoit que sur l’ensemble de l’an- parce qu’il est plus souple et permet économie, dont une bonne partie chez TNS-Secodip, souligne que donc leurs investissements avec une eu le mérite de mettre en lumière née la croissance des investisse- de s’adapter à la conjoncture. Le fait des acteurs a disparu depuis l’an- « pour le seul mois d’avril, le recul grande prudence ». A cet aspect la déprime publicitaire que traver- ments devrait se situer entre 2 % et que la radio soit affectée aujourd’hui née dernière, et la téléphonie qui sur ce secteur est de 33 %, soit une international s’ajoutent des préoc- sent les médias. Malgré des audien- 4 %, ce qui marque un net recul montre que nous ne sommes pas en est entrée dans une phase de déve- perte de 150 millions de francs ». cupations boursières. « Une propor- ces qui font trembler TF 1, M 6 ne par rapport au précédentes estima- crise. Simplement, un certain nom- loppement moins spectaculaire. Au Les opérateurs de téléphonie tion non négligeable de patrons esti- parvient pas à remplir complète- tions qui tablaient une hausse de bre de secteurs qui l’utilisaient beau- premier trimestre, selon TNS-Seco- mobile ont effectivement changé me encore que la publicité est une ment les écrans publicitaires de 6%. coup, commme la téléphonie, ont réo- dip, le secteur des téléphones – qui de stratégie. La quête effrénée des activité de saltimbanques. Ils ont l’émission. Après trois années rienté leurs investissements », expli- inclut dans la nomenclature de l’ins- parts de marché qui passait par une d’autant moins de scrupules à tailler d’euphorie marquées par des taux ACCÈS DE FAIBLESSE que Valérie Debord, chargée de la titut les fournisseurs d’accès à Inter- surenchère d’offres promotionnel- dans ces lignes budgétaires que cela de croissance à deux chiffres, le La morosité du marché ne signi- radio chez MPG. net et les moteurs de recherche – a les est terminée. « Il n’y aura pas de a un effet immédiat auprès des ana- monde des médias et de la publici- fie pas pour autant que la Malgré ces propos rassurants, le diminué de 6,2 % ses investisse- croissance des investissements publi- lystes financiers », remarque M. Del- té se pose des questions, à défaut récession menace. « Il ne faut pas printemps publicitaire est maussa- ments publicitaires, comparé aux citaires dans le mobile en 2001, en mas. De plus, le marché n’a pas été de s’inquiéter véritablement. «Ily oublier que, pour le moment, nous de. Les principaux responsables de trois premiers mois de 2000. Eric particulier parce que les coûts de dopé, comme en 2000, par les Jeux a incontestablement un trou d’air, calculons les évolutions par rapport ce ralentissement sont la nouvelle Trousset, directeur du marketing recrutement sont extrêmement éle- olympiques et la Coupe d’Europe mais il faut relativiser : c’est un à un premier semestre 2000 qui vés », note Benedict Donnelly, des Nations. ralentissement de la croissance, pas était euphorique comme jamais », directeur de la communication du Même s’il n’est pas dramatique, une crise », souligne Denis rappelle Sébastien Danet. Si l’on Des recettes variables selon les supports groupe Cegetel. A l’exception de le ralentissement actuel a des con- Delmas, directeur général de la compare les quatre premiers mois l’automobile, dont la croissance en séquences sensibles sur l’économie centrale d’achat d’espaces publici- de 2001 à la même période de Selon TNS-Secodip, les recettes b Télévision. 10,1 milliards avril s’est élevée à 14,8 % en raison des entreprises de communication. taires MPG, filiale du groupe 1999, on constate une progression publicitaires des quatre premiers de francs, soit un repli du lancement de nouveaux modè- Au cours des trois dernières Havas Advertising. de l’ordre de 10 % de l’ensemble mois de l’année en France ont été de 1,7 % par rapport à l’année les, les autres secteurs n’ont pas années, « les médias, portés par la Pour les quatre premiers mois du marché. Selon M. Delmas, «ily contrastées selon les médias. dernière. notablement augmenté leurs inves- croissance, ont beaucoup investi, en de l’année, les chiffres sont en a d’autant moins de raisons de Les chiffres donnés représentent b Affichage. 4,3 milliards tissements. particulier en se développant dans effet décevants avec, notamment, céder à la panique que les fonda- les recettes publicitaires de francs, en hausse de 8,2 %. Cet attentisme des annonceurs Internet. Aujourd’hui, ils se une stagnation des recettes publici- mentaux de l’économie française ne exprimées en valeur brute, avant b Cinéma. 300 millions de francs, s’explique en partie par les incertitu- retrouvent avec des structures de taires de la presse et une chute de sont pas inquiétants, en particulier toute remise ou négociation entre en progression de 22,9 % par des qui pèsent sur le marché améri- coûts qui ne correspondent plus à celles de la télévision (lire ci-des- sur le plan de la consommation. » l’annonceur et le support. rapport à la même période de cain. Selon Zenith Media, la crois- leurs recettes », remarque sous). Pire, les experts soulignent Paradoxalement, le fait que la b Presse. 12,8 milliards de francs, 2000. Tous médias confondus, sance du marché publicitaire aux M. Danet. Reste l’espoir que la que le mois de mai, tradition- radio soit particulièrement touchée soit une augmentation de 0,8 % les recettes publicitaires Etats-Unis devrait être presque nul- croissance américaine reparte au nellement l’un des plus forts de par cet accès de faiblesse n’est pas par rapport aux quatre premiers brutes en France se sont élevées, le cette année. Or, souligne deuxième semestre pour envisager l’année, sera encore plus mauvais. un si mauvais signe. « La radio est mois de 2000. entre janvier et avril, M. Danet, « la plupart des grands une année 2002 plus sereine. Sébastien Danet, président de effectivement un média de crise sur b Radio. 3,3 milliards de francs, à 30,8 milliards de francs, groupes sont liés d’une manière ou Zenith Media (groupe Cordiant) lequel se reportent les annonceurs en augmentation de 11,8 %. soit une hausse de 2,2 %. d’une autre aux Etats-Unis, ils gèrent Frédéric Roy Les sites Internet touchés de plein fouet « EN AVRIL, nous avons fait un parce que, plus que les autres, ils inté- très mauvais mois en rentrées publici- ressaient le marché des “dotcom” », taires sur notre site Internet, proches les jeunes pousses de la nouvelle de zéro, contre plus de 200 000 francs économie, secteur aujourd’hui déla- en février. » Christophe Agnus, bré, note Laurent Maury, directeur directeur de la publication de la des éditions électroniques de Libéra- revue Transfert, consacrée aux nou- tion et ancien de 01Net. velles technologies, ne cherche pas à dissimuler l’étendue des dégâts VALORISER LES CONTENUS causés par l’effondrement de ce Pour sortir de cette mauvaise pas- marché. Si tous les sites d’informa- se, les annonceurs et les responsa- tions en ligne ne sont pas aussi bles de sites recherchent de nou- exposés à la conjoncture, la plupart veaux formats publicitaires, « plus sont affectés par cette baisse. interactifs », explique Freddy Mini, D’après une étude du cabinet Jupi- directeur de publication de ter MMXI publiée fin mai, la majori- ZDNet.fr. Autre idée à l’étude, les té des éditeurs européens sur Inter- opérations spéciales, telles que le net affichent en moyenne plus de sponsoring de rubriques ou la colori- 60 % de stocks invendus d’espace sation des pages d’accueil payée par publicitaire. Les tarifs en ligne ont un annonceur. baissé de 30 % sur un an. En attendant la reprise, des titres Les sites d’informations profes- de presse français, réunis au sein du sionnelles affirment mieux s’en sor- Groupement des éditeurs de services tir que d’autres, parce qu’ils peu- en ligne (Geste), réfléchissent aux vent proposer à leurs annonceurs moyens de valoriser les contenus de un lectorat mieux défini. Directeur leurs sites. La vente payante des de publication de l’un d’eux, 01Net, archives devrait se développer. Autre Jean Weiss, par ailleurs président du piste, la vente de contenu aux entre- Groupe Tests (filiale presse profes- prises pour leur intranet. Par ailleurs, sionnelle de Vivendi Universal les sites cherchent à mieux définir le Publishing), note que, dans le profil de leurs lecteurs, afin d’être contexte actuel, « les annonceurs plus attractifs aux yeux des annon- vont au plus sûr ». Ces sites ne ceurs lorsque le marché reprendra. seraient toutefois pas à l’abri de déconvenues. « Ils sont aussi touchés Antoine Jacob « Le Parisien » diffère son départ des NMPP LE PARISIEN a décidé de différer jusqu’au mercredi 6 juin son départ des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) et la mise en place de son propre réseau de distribution, initialement prévus dans la nuit du jeudi 31 mai au vendredi 1er juin. Les dirigeants du quo- tidien ont choisi d’attendre l’arrêt de la cour d’appel de Paris, statuant en référé, dans la procédure engagée par la coopérative des quoti- diens de la société de distribution Transport presse (TP) qui conteste le principe et les modalités de ce départ. « Compte tenu de cette date très proche, le groupe Amaury a décidé d’at- tendre le jugement », indique un communiqué diffusé peu après l’audience de la cour d’appel, mercredi 30 mai. Le premier jugement, rendu le 11 mai, avait rejeté la demande de TP qui a recours aux servi- ces des NMPP. Toutefois, les négociations se poursuivent entre le quo- tidien et les messageries. De son côté, le Comité intersyndical du Livre Parisien (CGT) a de nouveau demandé au groupe Amaury de « renon- cer à sa décision de départ » et indiqué « qu’il ne saurait accepter un quelconque passage en force ». DÉPÊCHES a INTERNET : Bertelsmann a fait l’acquisition du site américain Myplay.com, créé en octobre 1999 et qui revendique 6,5 millions d’uti- lisateurs. Selon le Financial Times, le montant de la transaction s’élève- rait à 30 millions de dollars (35 millions d’euros). Spécialisé dans le stockage de musique, Myplay.com rejoindra les activités du groupe allemand en matière de distribution de musique, qui viennent d’être regroupées dans une nouvelle entité, BeMusic. a AUDIOVISUEL : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a deman- dé, mercredi 30 mai, aux dirigeants de M 6 et d’ASP Productions, de « préciser certaines clauses des contrats » des participants à l’émission « Loft Story ». Cela concerne notamment la concession de leur image au producteur, la renonciation à engager la responsabilité d’ASP en cas de préjudice moral, physique ou matériel, l’isolement du monde extérieur et le délai de douze heures avant toute sortie volontaire. a RADIO : RMC enrichit sa grille avec l’arrivée de Jean-Jacques Bourdin, transfuge de RTL, qui orchestrera les matinales, à partir du mardi 5 juin. 22 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

6032,67 5745,40 5423,64 la même époque de l’année derniè- qu’il allait céder la participation 6299 6012 5693 Hausse de 0,2 % re –, annonce, jeudi, l’Office confé- AFFAIRES minoritaire (8 %) qu’il détenait 6118 5872 5519 déral de la statistique. Le taux dans Corrections Corporation of 5938 5733 5346 en avril des prix annuel d’inflation ressort à 1,8 %, INDUSTRIES America, gestionnaire américain 5757 5593 5172 contre 1,2 % et 1,6 % en mai 2000. de prisons, estimant que cet 5577 5454 4998 de vente industriels b VALEO : l’équipementier investissement n’était plus a ÉTATS-UNIS : les stocks améri- 5396 5314 4824 automobile a confirmé, mercredi conforme à son éthique [[[ [[[ [[[en France cains de pétrole brut ont reculé la 30 mai, qu’il négociait la cession de d’entreprise. 28 F. 12 A. 31 M. 28 F. 12 A. 31 M. 28 F. 12 A. 31 M. semaine du 21 au 25 mai par rap- sa filiale Filtrauto. L’italien Sogefi, LES PRIX de vente industriels ont port à la précédente, tandis que les b Indices cours Var. % Var. % appartenant à la holding CIR de CONNEX : la filiale de Vivendi Europe 9h57 f se´lection 31/05 30/05 31/12 augmenté de 0,2 % en avril et affi- stocks d’essence et de produits dis- Carlo De Benedetti, serait sur les Environnement va recevoir EUROPE EURO STOXX 50 4390,17 – 0,53 – 8,01 chent une hausse de 2,9 % sur les tillés ont progressé, selon les der- rangs pour reprendre cette société 50 millions d’euros de la part du EUROPE STOXX 50 4219,07 – 0,46 – 7,42 douze derniers mois. L’indice des nières statistiques de l’Institut amé- spécialisée dans la filtration, qui groupe franco-anglais de EUROPE EURO STOXX 324 363,64 – 0,43 – 7,19 prix, hors énergie et agroalimen- ricain du pétrole (API). réalise 264 millions d’euros de transports Go-Via (Go-Ahead et EUROPE STOXX 653 339,47 – 0,40 – 5,65 taire, est resté stable en avril et chiffre d’affaires. SNCF) pour le transfert anticipé de PARIS CAC 40 5423,64 – 0,38 – 8,48 enregistre une progression de a JAPON : les créances douteu- la licence d’exploitation du réseau PARIS MIDCAC ...... 1,9 % sur un an, selon les chiffres ses héritées de la période de la b VOLVO : le groupe suédois ferroviaire South-Central (sud de PARIS SBF 120 3715,47 – 0,45 – 7,63 publiés jeudi 31 mai par l’Insee. « bulle » financière et immobilière de poids lourds « prévoit des l’Angleterre). PARIS SBF 250 ...... Les biens intermédiaires ont fléchi des années 1980 ont été presque réductions de personnel » pour le PARIS SECOND MARCHE´ ...... de 0,1 % en avril, les biens d’équipe- éliminées par les banques japonai- deuxième trimestre, en raison du b AOM-Air Liberté : la CGT d’Air AMSTERDAM AEX 580,50 – 0,38 – 8,96 ment sont restés stables, tandis ses, a estimé, jeudi, le ministre des ralentissement de la conjoncture Liberté a déploré, mercredi, le BRUXELLES BEL 20 2795,96 – 0,61 – 7,56 que les produits de l’industrie auto- affaires financières Hakuo Yanagi- en Europe, a déclaré, mercredi, le refus des députés de constituer FRANCFORT DAX 30 6032,67 – 0,14 – 6,23 mobile ont augmenté de 0,1 % et sawa. « Les mauvaises créances patron de Volvo, Leif Johansson. une commission d’enquête sur LONDRES FTSE 100 5745,40 – 0,89 – 7,67 que les biens de consommation générées pendant la période de la Le groupe prévoit d’utiliser plus de AOM, Air Liberté et Air Littoral, MADRID STOCK EXCHANGE 9371,80 – 0,72 2,88 ont progressé de 0,2 %. Mais les “bulle” ont presque toutes été suppri- flexibilité, le non-renouvellement « décision qui prend plus en compte MILAN MIBTEL 30 38661,00 – 0,41 – 11,57 plus fortes hausses ont concerné mées et elles seront complètement de contrats de travail à durée l’intérêt des actionnaires et des ZURICH SPI 7523,80 – 0,47 – 7,52 les industries agroalimentaires et réglées dans un an », a affirmé déterminée, et du chômage directions d’entreprise que celui des les produits énergétiques qui ont M. Yanagisawa. technique. salariés et citoyens de ce pays ». ´ bondi respectivement de 0,6 % et a L’agence d’évaluation finan- AMERIQUES 0,7 % en avril et affichent des haus- cière américaine Standard b MICHELIN : le fabricant de b LA POSTE : un accord entre La ses annuelles de 5,8 % et 4,4 %. Cet- & Poor’s (SP) s’est inquiétée, jeu- pneumatiques a annoncé, Poste française et les Poste NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR te évolution mensuelle des pro- di, des risques de détérioration de mercredi, la création de 250 à Italiane transalpines, dans le 10872,64 2084,50 0,848 duits énergétiques, précise l’Insee, la situation déjà très précaire des 300 emplois destinés aux domaine du colis express est 11337 2313 0,933 provient de la hausse de 3,4 % des banques japonaises. Après la publi- personnels licenciés de l’usine « imminent », a indiqué le 10948 2178 0,916 prix des combustibles et carbu- cation de résultats en demi-teinte Wolber (pneus pour cycles) d’ici président de l’entreprise publique rants, compensée partiellement la semaine dernière, SP a estimé 10558 2043 0,899 fin 2004 à Soisson (Aisne), au sein française, Martin Vial, dans un par la baisse de 6,8 % des prix du que la situation financière des ban- de deux entreprises de logistique. entretien publié, jeudi, par le 10168 1908 0,882 gaz à usage professionnel. ques « reste fragile et pourrait se quotidien britannique Financial 9779 1773 0,865 a Selon Jean-Claude Trichet, dégrader si la déprime de l’écono- b MOULINEX-BRANDT : Patrick Times. 9389 1638 0,848 gouverneur de la Banque de mie devait s’accentuer ». [[[ [[[ [[[ a Puy, PDG du groupe 28 F. 12 A. 30 M. 28 F. 12 A. 30 M. 28 F. 12 A. 31 M. France, il n’y a pas de retard fran- Les mises en chantier de loge- d’électroménager, a indiqué, FINANCES çais pour la préparation du bascule- ment ont chuté de 7,2 % au Japon mercredi, lors de l’assemblée Indices cours Var. % Var. % ment à l’euro. « Je n’observe pas en avril sur un an, à 99 556 unités, Ame´rique 9h57 f se´lection 30/05 29/05 31/12 générale, qu’il ne prévoyait pas de b AXA : les discussions entre qu’il y ait un retard particulier fran- après avoir déjà reculé de 1,4 % en E´TATS-UNIS DOW JONES 10872,64 – 1,51 0,80 retour à l’équilibre avant 2003. Un l’assureur français Axa et la çais en ce qui concerne la prépara- mars en glissement annuel, selon E´TATS-UNIS S&P 500 1248,08 – 1,57 – 5,47 plan de restructuration, lancé en banque allemande Deutsche tion à l’euro », a-t-il déclaré lors le ministère des transports et des E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2084,50 – 4,18 – 15,63 avril, prévoit la fermeture de Bank en vue d’une coopération d’une table ronde organisée, mer- infrastructures. Les chantiers d’ha- TORONTO TSE INDEX 8101,41 – 1,83 – 9,32 cinq usines et la suppression de dans le domaine de la SAO PAULO BOVESPA 14489,36 .... – 5,05 credi, par le quotidien La Tribune bitation à usage locatif ont dimi- 4 000 emplois. bancassurance ont échoué, affirme BOLSA 373,82 – 0,94 18,30 et les avocats du barreau de Paris. nué de 1,5 % à 35 391 unités. MEXICO a le Financial Times, jeudi. Dans un BUENOS AIRES MERVAL 427,92 – 0,53 2,68 Le nombre de comptes actifs b a CHIMIE : l’allemand Bayer et entretien accordé au quotidien, SANTIAGO IPSA GENERAL 109,80 0,13 14,37 chez les courtiers en ligne français GUATEMALA : la production son rival américain DuPont vont Henri de Castries, président du CARACAS CAPITAL GENERAL 7849,07 – 1,65 15 a progressé de 1,4 % en avril par rap- de café guatémaltèque devrait créer une société commune pour directoire d’Axa, a minimisé port à mars, pour atteindre reculer de 1 million de sacs en 2001 la construction d’une usine de l’importance de ces négociations, 470 696 comptes, selon les chiffres par rapport à la récolte précéden- 80 000 tonnes qui fabriquera le qui avaient été rendues publics en ASIE - PACIFIQUE diffusés mercredi par l’association te, pour atteindre 5,3 millions de polymère de base du polybutylène mars. Brokers On Line. Toutefois, l’activi- sacs, a annoncé mercredi l’Associa- téréphtalate (PBT) en Allemagne, TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN té des clients de l’association, qui tion nationale du café (Anacafe). b ont-ils annoncé, mercredi. ALLIANZ : l’assureur allemand 13262,14 13174,41 100,88 regroupe 21 sociétés, a accusé une Ce recul de la production, associé a réaffirmé, jeudi, qu’il s’attendait baisse de 12,8 % d’un mois sur à la faiblesse des prix sur les mar- 14529 14787 112,8 SERVICES à une progression d’environ 13 % l’autre avec 748 672 ordres exécutés. chés internationaux, devrait entraî- de son bénéfice net en 2001 et de 13987 14243 110,4 ner une baisse de 300 millions de b JC DECAUX : le groupe 5 % du revenu des primes, à 13445 13698 108 a ITALIE : l’indice des prix à la dollars des revenus tirés du café. français, numéro un mondial du 72 milliards d’euros. Allianz 12903 13153 105,6 production a progressé de 0,2 % mobilier urbain, a annoncé, jeudi s’attend que le rachat de Dresdner 12361 12608 103,2 en avril par rapport à mars et aug- a ARGENTINE : le ministre 31 mai, son intention d’introduire Bank, annoncé fin mars, génère 11819 12063 100,8 menté de 4,3 % par rapport à argentin de l’économie, Domin- 20 % à 22 % de son capital au des synergies de coûts de [[[ [[[ [[[avril 2000, a annoncé, jeudi, l’Insti- go Cavallo, s’est montré très opti- premier marché de la Bourse de 290 millions d’euros en 2002, de 28 F. 12 A. 31 M. 28 F. 12 A. 31 M. 28 F. 12 A. 31 M. tut national italien des statistiques, miste mercredi quant au succès de Paris. La fourchette indicative de 885 millions en 2005, et de Indices cours Var. % Var. % Istat. Ces chiffres sont proches des la conversion de la dette publique prix de l’action se situe entre 21 et 1,08 milliard à partir de 2006. Zone Asie 9h57 f se´lection 31/05 30/05 31/12 prévisions des économistes qui s’at- argentine, estimant que la réponse 24,5 euros, ce qui valorise TOKYO NIKKEI 225 13262,14 – 1,71 – 3,80 tendaient en moyenne à une hausse de la communauté financière inter- l’ensemble du groupe entre b WACHOVIA-First Union : les HONGKONG HANG SENG 13174,41 – 1,83 – 12,73 mensuelle de 0,2 % et à une progres- nationale, lundi 4 juin, serait « posi- 3,8 milliards et 4,4 milliards deux banques régionales SINGAPOUR STRAITS TIMES 1653,75 – 0,54 – 14,17 sion en glissement annuel de 4,2 %. tive ». M. Cavallo a rencontré à d’euros. américaines ont réaffirmé, SE´OUL COMPOSITE INDEX 76,09 – 2,86 20,11 New York, mercredi, les représen- mercredi, leur intention de mener SYDNEY ALL ORDINARIES 3317,20 – 0,61 5,15 a SUISSE : les prix à la consom- tants des plus grands établisse- b SODEXHO ALLIANCE : le à bien leur fusion en dépit de BANGKOK SET 20,91 – 0,57 12,24 mation ont augmenté de 0,5 % ments financiers mondiaux, après groupe français de restauration l’offre hostile faite par SunTrust BOMBAY SENSITIVE INDEX 3615,71 – 1,27 – 8,97 en mai, après avoir progressé de des réunions similaires, lundi à collective a annoncé, mercredi, sur Wachovia. WELLINGTON NZSE-40 2028,34 – 0,26 6,66 0,3 % en avril, – ils étaient stables à Madrid et mardi à Londres.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 30/05 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4567 Action Alcatel PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9080 Alcatel sanctionné LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,0800 en euro à Paris LA BOURSE de Paris a de nouveau LES VALEURS technologiques PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,1360 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6673 pour ses résultats 80 perdu du terrain, jeudi 31 mai, au américaines ont à nouveau SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3194 lendemain d’une chute du Nasdaq décroché, mercredi 30 mai. Les PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,6751 ´ ´ ´ ´ américain. Après avoir ouvert en investisseurs ont été effrayés par FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NEO-ZELAND 2,0467 et son échec 70 FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....253,6500 baisse de 0,43 %, l’indice CAC 40 l’avertissement lancé par le MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 24552 29,26 des valeurs vedettes cédait 0,49 %, fabricant de serveurs, Sun Micro- DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,4274 sur Lucent le 30 mai 60 pour afficher 5 417,69 points. L’in- systems, sur ses résultats, et par DURE JOURNÉE, mercredi 30 mai dice du Nouveau Marché reculait des commentaires négatifs sur la Coursdechangecroise´s à la Bourse de Paris, pour le titre de son côté de 2,38 %, atteignant conjoncture émanant des prési- 50 Cours Cours Cours Cours Cours Cours Alcatel : il a terminé la séance à 1 719,78 points. dents des réserves fédérales de Dal- 31/05 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. 29,26 euros, en recul de 5,15 %. Les las et de Chicago. L’indice Nasdaq DOLLAR ...... 0,84136 0,84820 0,12932 1,41905 0,55710 transactions ont porté sur 35,5 mil- 40 FRANCFORT a terminé la séance en repli de YEN ...... 118,85500 ..... 100,88500 15,40500 168,81000 66,28500 lions d’actions, ce qui constitue un 4,18 %, pour s’établir à EURO...... 1,17897 0,99123 ..... 0,15245 1,67240 0,65665 FRANC...... 7,73305 6,49855 6,55957 ..... 10,97015 4,30735 record depuis le 18 septembre JEUDI 31 MAI, à l’ouverture, la 2 084,50 points. L’indice Dow 30 LIVRE ...... 0,70470 0,59240 0,59795 0,09115 ..... 0,39265 1998, date à laquelle l’action avait Bourse de Francfort était en légère Jones, principal indicateur de Wall FRANC SUISSE ...... 1,79500 1,50970 1,52205 0,23215 2,54725 ..... perdu 40 % de sa valeur en une seu- baisse. L’indice de référence DAX a Street, a fini en repli de 1,51 %, ter- le séance. Selon un intervenant cité 20 cédé 0,09 %, à 6 035,61 points, minant à 10 872,64 points. L’indice Taux d’inte´reˆt(%) Matif par Reuters, l’origine de ce net DFMJ AM dans les tout premiers échanges, Standard & Poor’s 500, qui regrou- recul doit être attribué à la bizarre- 2000 2001 contre 6 041,22 points mercredi à pe un plus large éventail de Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 30/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 31/05 prix prix rie de la communication de Serge Source : Bloomberg la clôture. valeurs, a perdu 1,57 %, à FRANCE ...... 4,57 4,43 5,28 5,82 Notionnel 5,5 Tchuruk, PDG de l’équipementier : 1 248,08 points. ALLEMAGNE .. 4,54 4,55 5,15 5,71 DE´CEMBRE 2001 10578 87,35 87,59 pourquoi le groupe a-t-il émis un du ralentissement outre-Atlantique LONDRES GDE-BRETAG. 6,50 5,11 5,22 4,97 Euribor 3 mois profit warning (avertissement sur et en Europe du Nord : « Aux Etats- ITALIE...... 4,54 4,53 5,53 6,11 JANVIER 2001 .... NC NC NC TAUX JAPON ...... 0,06 0,41 1,28 2,26 ses résultats) en même temps qu’il Unis, le ralentissement est réel et plus UN MOUVEMENT de baisse a été E´TATS-UNIS... 4,09 3,70 5,51 5,85 annonçait l’échec de son rapproche- important que ce que nous avions enregistré aussi à Londres, à LE RENDEMENT des emprunts SUISSE ...... 3,12 3,03 3,50 4,22 Pe´trole ment avec Lucent ? (Le Monde du anticipé. En Europe, le paysage est l’ouverture, jeudi 31 mai : l’indice d’Etat européens se tendait, mer- PAYS-BAS...... 4,49 4,53 5,30 5,77 Cours Var. % 31 mai.) très contrasté. Alcatel s’en tire bien Footsie des cent principales credi 30 mai, dans les premières En dollars f 30/05 29/05 Serge Tchuruk a annoncé qu’il s’at- dans la partie sud, en France, en valeurs a diminué de 24 points, transactions. Le taux de l’obliga- Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 28,91 – 0,79 tendait à une perte de trois mil- Espagne, en Italie. Mais le marché pour afficher 5 772,9 points, soit tion assimilable du Trésor (OAT) WTI (NEW YORK) ...... 0,28 – 0,88 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 28,70 – 0,17 liards d’euros pour le deuxième tri- est plus difficile au Royaume-Uni, en un recul de 0,41 %. française à dix ans s’inscrivait à En dollars f 30/05 29/05 mestre de son exercice. Mais lors Scandinavie et aux Pays-Bas. » 5,31 %. Celui du Bund, son homolo- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE d’une conférence de presse, mercre- Deux autres éléments ont accentué TOKYO gue allemand, affichait 5,17 %. CUIVRE 3 MOIS...... 1687,50 – 0,15 Or di, il s’est voulu rassurant, affir- le pessimisme des opérateurs : la ALUMINIUM 3 MOIS...... 1521,50 – 0,23 PLOMB 3 MOIS ...... 476,50 – 0,52 mant qu’il avait « des raisons concrè- banque d’affaires Merrill Lynch a La Bourse de Tokyo s’est forte- Cours Var % MONNAIES ETAIN 3 MOIS...... 4920 – 0,20 En euros f 30/05 29/05 tes de penser » que les résultats du sévèrement abaissé ses prévisions ment repliée pour le second jour ZINC 3 MOIS...... 940,50 – 0,16 NICKEL 3 MOIS...... 7035 – 0,21 OR FIN KILO BARRE ...... 10180 – 1,17 groupe s’amélioreront au second de bénéfice par action pour Alcatel. consécutif, jeudi 31 mai, ébranlée L’EURO connaissait un nouvel OR FIN LINGOT...... 10200 – 1,92 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE semestre. « Nous allons bénéficier Merrill Lynch prévoit une baisse de par la chute du marché américain accès de faiblesse face au billet ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,48 – 1,21 ` dans les mois à venir, et probable- 40 % pour l’exercice 2001 et de du Nasdaq et une révision en bais- vert, mercredi 30 mai, dans les pre- PIECE FRANCE 20 F ...... 58 – 1,69 PLATINE A TERME ...... 166410,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 58,80 – 0,34 ment dès la fin juin, (des fruits) du 25 % pour 2002. Morgan Stanley, se de la notation d’investissement mières transactions. La devise GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 58,80 + 1,20 programme de réduction des coûts pour sa part, a affirmé qu’il ne de grandes valeurs des télécommu- européenne cotait 0,8513 dollar BLE´ (CHICAGO)...... 264,75 + 0,28 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 186 .... MAIS (CHICAGO) ...... 188,75 – 0,66 PIE`CE 20 DOLLARS US ... 372,50 .... que nous avons lancé », a-t-il assu- voyait aucun signe de reprise dans nications et de la haute technolo- après avoir rebondi à 0,85 dollar. SOJA TOURTEAU (CHG.) 160 – 0,12 PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 380 – 0,39 ré. le secteur des équipementiers de gie. L’indice Nikkei 225 a perdu Le yen se stabilisait à 119,18 yens SOFTS $/TONNE Serge Tchuruk a, par ailleurs, lors télécommunications. 231,21 points, soit 1,71 %, à pour 1 dollar, après avoir enregis- CACAO (NEW YORK) ...... 964 – 3,89 Cotations, graphiques et indices en temps de cette même conférence, recon- 13 262,14, et le Topix 18,92 points, tré de forts gains lors des derniers CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». nu qu’il avait mésestimé l’ampleur François Bostnavaron soit 1,42 %, à 1 310,81. échanges. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 339,47 4390,17 404 5426 383 5119

abc 346,37 346,30 4511,56 b A Milan, l’action Telecom Italia ments sur la prise de contrôle ami- 362 4813 4497,90 a terminé, mercredi 30 mai, en cale de Seat Pagine Gialle. 344,76 4415,25 340,59 342 4507 4480,06 recul de 4,86 %, à 11,12 euros, tan- b A Amsterdam, le titre de l’assu-

321 339,47 4201 dis que l’action de sa filiale de télé- reur néerlandais Aegon a reculé de 4390,17 phonie mobile TIM a essuyé une 4,41 %, à 31,25 euros. Aegon va 300 3894 [[[[[[[[ [[[[[[[[ perte de 3,17 %, en cotant émettre des actions pour une 31 MAI 27 NOV. 31 MAI VLMMJ 31 MAI 27 NOV. 31 MAI VLMMJ 6,91 euros. Le titre de la filiale valeur de 1,5 milliard de dollars

Internet et édition du groupe, Seat (1,76 milliard d’euros) afin de SODEXHO ALLIANC FR e 51,60 – 0,77 CARLSBERG AS -A DK 48,28 – 1,12 VA TECHNOLOGIE AT e 36,80 – 0,41 METRO DE e 45,50 – 1,09 Pagine Gialle, a fini en recul de financer le rachat de la filiale TELE PIZZA ES e 2,31 – 4,55 COCA COLA HBC GR 15,42 + 0,26 VEDIOR NV NL e 15,05 .... NEXT PLC GB 15,74 – 0,73 6,12 %, à 1,09 euros. Enfin, Olivet- Direct Marketing du groupe de dis- THE SWATCH GRP CH 1294,91 – 1,25 DANISCO DK 40,77 – 0,98 VESTAS WIND SYS DK 56,06 – 0,24 PINAULT PRINT. FR e 206,90 + 0,39 THE SWATCH GRP CH 272,10 – 1,19 DANONE FR e 150,40 + 0,27 VINCI FR e 70,50 – 0,14 SIGNET GROUP GB 1,28 .... ti, la holding qui contrôle le grou- tribution américain JC Penney. THOMSON MULTIME PA 46,28 – 2,36 DELTA HOLDINGS GR 7,34 + 0,27 VIVENDI ENVIRON FR e 48,55 – 1,12 VALORA HLDG N CH 206,20 + 1,13 pe de télécommunications, a vu b A Londres, l’action Marconi, à J D WETHERSPOON GB 5,99 – 0,28 DIAGEO GB 12,65 – 1,04 VOLVO -A- SE 18,06 – 0,30 VENDEX KBB NV NL e 15,40 – 0,96 son action plonger de 9,03 % à 356 pence, a perdu 9,64 % ; celle de WILSON BOWDEN GB 13,50 .... ELAIS OLEAGINOU GR 21,50 + 1,90 VOLVO -B- SE 18,72 – 0,29 W.H SMITH GB 8,63 .... WM-DATA -B- SE 4,49 – 3,77 ERID.BEGH.SAY FR e 102,90 + 1,88 f DJ E STOXX IND GO P 456,05 – 0,16 WOLSELEY PLC GB 8,52 – 0,19 2,155 euros. L’autorité boursière Spirent a reculé de 5,98 %, à WOLFORD AG AT e 17,35 + 0,12 HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 .... f DJ E STOXX RETL P 346,91 .... italienne Consob a confirmé avoir 267,25 pence. Le titre Bookham, à WW/WW UK UNITS IR e 1,13 + 0,89 HELLENIC SUGAR GR 8,34 – 1,18 ouvert un « dossier » concernant 439,5 pence, s’est replié de 6,79 %. f DJ E STOXX CYC GO P 142,32 – 0,37 KAMPS DE e 10,05 + 0,40 ASSURANCES KERRY GRP-A- GB 22,58 .... AEGIS GROUP GB 2,08 .... HAUTE TECHNOLOGIE Telecom Italia. Selon le quotidien Ces équipementiers de réseaux bri- KONINKLIJKE NUM NL e 48,35 – 0,53 AEGON NV NL e 30,69 – 1,79 AIXTRON DE e 96,49 + 1,46 MONTEDISON IT e 2,78 – 1,42 La Repubblica de mercredi, la tanniques ont été affectés par les PHARMACIE AGF FR e 67,40 + 0,07 ALCATEL-A- FR e 28,83 – 1,47 NESTLE N CH 2410,18 + 0,08 ALLEANZA ASS IT e 12,30 .... Consob a demandé des éclaircisse- résultats d’Alcatel. ACTELION N CH 156,70 + 0,10 e ALTEC SA REG. GR 5,62 .... PARMALAT IT 1,82 .... e e ALLIANZ N DE 323,70 + 1,47 ARM HOLDINGS GB 5,69 + 3,31 ALTANA AG DE 40,40 + 0,25 PERNOD RICARD FR e 79,50 .... ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ARC INTERNATION GB 1,59 – 2,04 ASTRAZENECA GB 54,33 – 1,33 RAISIO GRP -V- FI e 1,60 + 1,27 AXA FR e 33,14 – 0,39 ASM LITHOGRAPHY NL e 27,46 + 0,59 AVENTIS FR e 85,40 – 0,35 – SOLVAY BE e 55,25 + 0,45 SCOTT & NEWCAST GB 8,62 0,19 + e BB BIOTECH CH 86,22 – 0,38 BALOISE HLDG N CH 1183,45 1,06 BAAN COMPANY NL 2,66 .... Code Cours % Var. SYNGENTA N CH 58,29 + 0,11 SOUTH AFRICAN B GB 8,43 – 1,36 31/05 10 h 20 f CELLTECH GROUP GB 19,70 – 1,66 BRITANNIC GB 15,34 – 0,11 BALTIMORE TECH GB 1,08 + 3,17 pays en euros 30/05 e – TATE & LYLE GB 4,23 .... TESSENDERLO CHE BE 29,50 0,34 e CGNU GB 15,17 – 0,11 BAE SYSTEMS GB 5,83 – 0,85 ELAN CORP IR 39,35 – 2,96 TOMKINS GB 3,19 + 1,59 f DJ E STOXX CHEM P 380,36 – 0,13 CNP ASSURANCES FR e 37,15 + 0,13 e + ESSILOR INTL FR e 321,50 – 0,28 e BROKAT DE 7,99 1,14 AUTOMOBILE UNILEVER NL 64,25 + 0,63 e e CORP MAPFRE R ES 24,40 – 1,01 BULL FR e 2,84 – 2,41 FRESENIUS MED C DE 81,80 – 0,24 UNILEVER GB 8,85 – 0,74 AUTOLIV SDR SE 22,19 – 1,71 ERGO VERSICHERU DE e 166 + 0,61 BUSINESS OBJECT FR e 38,32 + 2,73 ´ GALEN HOLDINGS GB 14,89 – 0,88 UNIQ GB 3,40 .... BASF AG BE e 46,80 – 0,21 CONGLOMERATS ETHNIKI GEN INS GR 11,72 – 0,17 CAP GEMINI FR e 133,50 – 1,04 GAMBRO -A- SE 8,09 – 2,65 WHITBREAD GB 10,41 .... DE e 38,55 – e EULER FR e 54,75 + 0,37 COMPTEL FI e 11,90 .... BMW 1,41 D’IETEREN SA BE 198 .... GLAXOSMITHKLINE GB 31,71 – 0,26 + e f DJ E STOXX F & BV P 249,20 0,01 e CONTINENTAL AG DE 16,55 – 0,30 AZEO FR e 71,95 .... H. LUNDBECK DK 27,31 .... CODAN DK 92,53 .... DASSAULT SYST. FR 52,90 – 1,95 e e DAIMLERCHRYSLER DE 53,20 – 0,75 GBL BE e 300,10 .... NOVARTIS N CH 46,68 – 0,42 FORTIS (B) BE 28,76 – 3,72 ERICSSON -B- SE 7,60 + 0,73 e e e – e FIAT IT 26,86 – 1,40 GEVAERT BE 35,30 .... NOVO-NORDISK -B DK 215,91 .... ´ GENERALI ASS IT 33,45 1,47 F-SECURE FI 1,27 – 3,05 e BIENS D’EQUIPEMENT e + FIAT PRIV. IT 16,79 + 0,36 INCHCAPE GB 7,30 – 0,90 NOVOZYMES -B- DK 25,75 – 0,26 GENERALI HLD VI AT 162,80 0,04 FILTRONIC GB 4,17 – 5,28 e e MICHELIN FR 41,04 + 0,71 KVAERNER -A- NO 9,17 – 0,68 NYCOMED AMERSHA GB 9,21 – 0,36 ABB N CH 83,92 .... INDEPENDENT INS GB 1,98 – 15 FINMATICA IT 21,70 + 1,59 e + e PEUGEOT FR 326,70 – 0,76 MYTILINEOS GR 7,22 – 0,28 ORION B FI e 19,50 + 0,21 ADECCO N CH 700,24 .... INTERAM HELLEN GR 18,94 4,30 GETRONICS NL 5,71 – 1,72 e e PIRELLI SPA IT 3,45 – 0,86 UNAXIS HLDG N CH 195,06 – 0,83 OXFORD GLYCOSCI GB 17,68 + 0,28 AEROPORTIDIRO IT 9,14 .... IRISH LIFE & PE GB 13,06 – 0,88 GN GREAT NORDIC DK 12,27 – 4,69 e e e DR ING PORSCHE DE 377 – 0,26 ORKLA NO 20,61 – 0,91 PHONAK HLDG N CH 3960,14 – 0,66 AGGREKO GB 8,40 .... FONDIARIA ASS IT 6,06 – 0,98 INFINEON TECHNO DE 40,55 + 1,76 e e e RENAULT FR 55,60 – 0,27 SONAE SGPS PT e 1 .... QIAGEN NV NL e 28,80 + 0,21 ALSTOM FR 35,27 + 1,06 LEGAL & GENERAL GB 2,56 – 0,65 INFOGRAMES ENTE FR 21,52 – 2,40 e e e VALEO FR 51,45 + 0,88 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... ROCHE HLDG CH 101,95 + 0,32 ALTRAN TECHNO FR 69,10 – 1,50 MEDIOLANUM IT 12,94 – 0,31 INTRACOM R GR 19,78 + 0,92 e e + VOLKSWAGEN DE 57,65 – 0,95 ROCHE HOLDING G CH 8392,34 .... ALUSUISSE GRP N CH 826,12 .... MUENCH RUECKVER DE 316,66 0,59 KEWILL SYSTEMS GB 2,12 – 3,76 f DJ E STOXX AUTO P 242,06 – 0,74 SANOFI SYNTHELA FR e 72 + 0,91 ASSA ABLOY-B- SE 18,01 – 1,21 SCHW NATL VERS CH 649,10 – 1 LEICA GEOSYSTEM CH 327,83 – 0,99 ´ ´ e TELECOMMUNICATIONS SCHERING AG DE e 60,65 – 1,06 ASSOC BR PORTS GB 6,99 .... POHJOLA GRP.B FI 25,50 – 0,78 LOGICA GB 14,24 – 1,94 ATLAS COPCO -A- SE 23,79 – 1,14 PRUDENTIAL GB 13,13 + 0,13 LOGITECH INTL N CH 346,84 – 3,64 ATLANTIC TELECO GB 0,46 + 7,69 SERONO -B- CH 1051,67 – 2,25 BANQUES ATLAS COPCO -B- SE 23,02 – 0,48 RAS IT e 14,50 + 0,69 MARCONI GB 5,79 – 1,97 BRITISH TELECOM GB 7,07 – 1,16 SHIRE PHARMA GR GB 18,82 + 0,62 ATTICA ENTR SA GR 8,50 + 2,16 ROYAL SUN ALLIA GB 7,59 .... NOKIA FI e 33,89 – 1,20 ABBEY NATIONAL GB 20,17 – 0,41 CABLE & WIRELES GB 7,64 – 0,22 SMITH & NEPHEW GB 5,41 .... BAA GB 9,96 – 0,33 SAI IT e 16,40 + 0,24 OCE NL e 14,50 .... ABN AMRO HOLDIN NL e 22,58 – 1,05 COLT TELECOM NE GB 11,85 + 1,85 SSL INTL GB 8,67 – 4,22 BBA GROUP PLC GB 4,81 .... SAMPO -A- FI e 9,95 + 0,20 OLIVETTI IT e 2,16 .... ALL & LEICS GB 12,63 + 0,13 DEUTSCHE TELEKO DE e 24,17 + 0,29 SULZER AG 100N CH 458,96 + 2,04 BTG GB 22 – 0,23 SWISS RE N CH 2271,83 – 0,52 PSION GB 2,11 + 0,79 ALLIED IRISH BA GB 21,50 + 0,39 E.BISCOM IT e 86,25 + 0,12 SYNTHES-STRATEC CH 716,63 – 0,64 CIR IT e 1,78 – 0,56 SCOR FR e 52,45 + 1,65 SAGE GRP GB 4,65 – 2,10 ALPHA BANK GR 29,66 – 1,33 EIRCOM IR e 1,16 – 1,69 UCB BE e 35,38 – 0,34 CAPITA GRP GB 8,12 + 0,20 SKANDIA INSURAN SE 12,39 .... SAGEM FR e 86 – 1,77 B.P.SONDRIO IT e 11,25 .... ELISA COMMUNICA FI e 19,60 – 2 WILLIAM DEMANT DK 36,75 – 0,72 CDB WEB TECH IN IT e 4,38 – 1,35 ST JAMES’S PLAC GB 6,76 .... SAP AG DE e 163,40 + 0,12 B.P.VERONA E S. IT e 11,17 + 0,09 ENERGIS GB 4,42 – 1,48 WS ATKINS GB 13,03 .... CGIP FR e 47,67 + 0,80 STOREBRAND NO 8,73 – 0,72 SAP VZ DE e 163 – 0,55 BANK OF IRELAND GB 18,81 – 0,18 EQUANT NV DE e 31,50 – 2,17 ZELTIA ES e 12,35 .... COOKSON GROUP P GB 2,72 .... SWISS LIFE REG CH 796,62 – 0,16 SEMA GB 9,26 .... BANK OF PIRAEUS GR 14,74 + 0,68 EUROPOLITAN HLD SE 8,09 – 0,68 f DJ E STOXX HEAL 559,29 – 0,26 DAMPSKIBS -A- DK 8180,56 .... TOPDANMARK DK 31,52 .... SEZ HLDG N CH 665,49 – 4,25 BANKINTER R ES e 41,05 – 0,39 FRANCE TELECOM FR e 63,80 – 3,04 DAMPSKIBS -B- DK 8998,62 – 1,32 ZURICH FINL SVC CH 397,32 .... SIEMENS AG N DE e 84,20 – 0,94 BARCLAYS PLC GB 34,50 – 0,67 HELLENIC TELE ( GR 16,52 + 0,49 DAMSKIBS SVEND DK 11989,22 – 1,54 f DJ E STOXX INSU P 384,22 – 0,08 MB SOFTWARE DE e 3,01 – 4,44 BAYR.HYPO-U.VER DE e 55,10 – 0,90 KINGSTON COM GB 1,98 .... E´NERGIE E.ON AG DE e 57,50 – 1,37 SPIRENT GB 4,38 – 1,12 BBVA R ES e 15,94 – 0,44 KONINKLIJKE KPN NL e 11,14 – 1,33 BG GROUP GB 4,55 – 1,08 EADS SICO. FR e 22,75 + 1,47 STMICROELEC SIC FR e 42,40 + 0,95 BCA AG.MANTOVAN IT e 10,08 – 1,18 KPNQWEST NV -C- NL e 13,25 – 3,57 BP GB 10,41 – 0,32 ELECTROCOMPONEN GB 10,19 + 0,33 MEDIAS THINK TOOLS CH 23,11 – 9,62 BCA FIDEURAM IT e 12,70 + 0,32 LIBERTEL NV NL e 11,55 – 2,12 CEPSA ES e 13,25 – 0,67 EPCOS DE e 71,70 – 1,51 THUS GB 1,03 .... INTESABCI IT e 4,40 – 2 MANNESMANN N DE e 122 .... BSKYBGROUP GB 11,75 – 1,39 TIETOENATOR FI e 32 – 0,99 BCA LOMBARDA IT e 10,03 + 0,10 MOBILCOM DE e 19,25 + 1,37 (Publicite´) CANAL PLUS FR e 3,75 – 0,53 f DJ E STOXX TECH P 613,20 – 0,77 BCA P.BERG.-C.V IT e 19,35 – 0,46 PANAFON HELLENI GR 7,30 + 0,83 CAPITAL RADIO GB 12,78 + 0,92 BCA P.MILANO IT e 4,86 + 1,89 PT TELECOM SGPS PT e 9,54 .... CARLTON COMMUNI GB 6,27 – 1,56 B.P.EMILIA ROMA IT e 37 .... SONERA FI e 10,55 – 3,65 DLY MAIL & GEN GB 13,16 – 0,13 SERVICES COLLECTIFS B.P.NOVARA IT e 7,36 – 1,87 SWISSCOM N CH 283,90 – 0,12 ELSEVIER NL e 14 – 1,48 B.P.LODI IT e 12,42 – 0,64 T.I.M. IT e 6,89 – 0,29 EMAP PLC GB 13,78 – 0,48 ACEA IT e 9,99 – 0,10 BCA ROMA IT e 4,42 .... SONG NETWORKS SE 3,80 .... À NOS ABONNÉS FOX KIDS EUROPE NL e 9,30 – 1,06 AEM IT e 2,71 .... BCO POPULAR ESP ES e 39,26 – 0,83 TDC -B- DK 49,08 + 0,55 FUTURE NETWORK GB 1,18 – 5,33 BRITISH ENERGY GB 4,83 + 2,83 BCP R PT e 4,67 .... TELE2 -B- SE 43,83 .... GRANADA GB 2,81 – 1,17 CENTRICA GB 4,02 – 0,82 BIPOP CARIRE IT e 4,42 + 0,91 TELECEL PT e 11,20 .... GRUPPO L’ESPRES IT e 4,85 – 1,02 EDISON IT e 10,71 – 0,83 BK OF SCOTLAND GB 12,82 – 2,40 TELECOM ITALIA IT e 11,06 – 0,54 Pour vos changements d’adresse GWR GROUP GB 6,66 + 0,25 ELECTRABEL BE e 233,20 – 0,04 BNL IT e 3,80 .... TELECOM ITALIA IT e 6,24 + 0,16 HAVAS ADVERTISI FR e 15,30 – 1,29 ELECTRIC PORTUG PT e 2,90 .... BNP PARIBAS FR e 102,20 – 0,58 TELIA SE 6,39 .... INDP NEWS AND M IR e 2,54 – 0,39 ENDESA ES e 19,18 – 0,10 BSCH R ES e 10,94 – 0,36 TISCALI IT e 14,17 + 0,28 ou suspensions d’abonnement INFORMA GROUP GB 8,88 .... ENEL IT e 3,71 .... COMIT IT e 6,16 .... VERSATEL TELECO NL e 4,79 – 0,62 LAGARDERE SCA N FR e 62 + 0,32 EVN AT e 32,15 – 0,31 COMM.BANK OF GR GR 52,48 + 0,69 VODAFONE GROUP GB 2,92 – 2,22 LAMBRAKIS PRESS GR 9,92 – 2,17 FORTUM FI e 5,25 – 1,69 COMMERZBANK DE e 29,45 – 1,01 f DJ E STOXX TCOM P 578,34 – 0,57 durant vos vacances M6 METROPOLE TV FR e 33,30 – 8,26 GAS NATURAL SDG ES e 18,52 – 0,16 CREDIT LYONNAIS FR e 40,68 – 0,34 MEDIASET IT e 11,07 – 1,34 HIDRO CANTABRIC ES e 26,50 – 0,19 DANSKE BANK DK 18,24 .... MODERN TIMES GR SE 31,33 – 0,87 IBERDROLA ES e 15,15 – 0,20 DEUTSCHE BANK N DE e 89,65 – 1,10 CONSTRUCTION MONDADORI IT e 9,58 + 0,52 INNOGY HOLDINGS GB 3,67 .... DEXIA BE e 173,90 + 1,52 NRJ GROUP FR e 19,40 – 1,32 e + ACCIONA ES e 42,64 – 0,14 ITALGAS IT 9,89 0,20 DNB HOLDING -A- NO 4,91 + 0,26 PEARSON GB 21,31 – 1,91 – ACS ES e 31,68 + 0,09 KELDA GB 6,34 1,55 DRESDNER BANK N DE e 51,45 + 1,08 un seul numéro PRISA ES e 13,24 – 1,93 – AGGREGATE IND GB 1,44 .... NATIONAL GRID G GB 9,13 1,79 EFG EUROBK ERGA GR 16,64 – 2,12 PROSIEBEN SAT.1 DE e 19,60 – 2 – AKTOR SA GR 8,12 .... INTERNATIONAL P GB 5,21 3,98 ERSTE BANK AT e 57,15 + 1,10 PT MULTIMEDIA R PT e 16 .... e – AMEY GB 5,76 – 0,57 OESTERR ELEKTR AT 107,86 1,03 ESPIRITO SANTO PT e 15,90 .... 0803 022 021 PUBLICIS GROUPE FR e 36,45 – 1,54 – UPONOR -A- FI e 17,75 – 0,28 PENNON GROUP GB 10,19 0,16 FOERENINGSSB A SE 13,44 – 1,21 PUBLIGROUPE N CH 436,66 – 4,17 – AUREA R ES e 20,58 + 0,29 POWERGEN GB 11,97 0,14 HALIFAX GROUP GB 12,75 – 3,03 REED INTERNATIO GB 9,73 – 1,18 – ACESA R ES e 11,48 + 0,26 (0,99 F TTC/mn) SCOTTISH POWER GB 8,40 2,32 HSBC HLDG GB 14,49 – 0,68 REUTERS GROUP GB 15,95 – 2,44 – BOUYGUES FR e 43,27 – 1,99 SEVERN TRENT GB 11,77 0,28 IKB DE e 15,90 + 0,32 RTL GROUP LU e 71,60 + 0,42 e – BPB GB 3,85 – 3,33 SUEZ FR 35,35 1,12 KBC BANCASSURAN BE e 43,23 + 0,42 SMG GB 3,52 .... BRISA AUTO-ESTR PT e 10,72 .... SYDKRAFT -A- SE 25,88 .... LLOYDS TSB GB 11,65 – 0,43 SOGECABLE R ES e 24,99 – 0,04 BUZZI UNICEM IT e 11,34 + 0,35 SYDKRAFT -C- SE 19,27 .... MONTE PASCHI SI IT e 3,93 – 1,50 COFLEXIP FR e 171,80 – 1,83 EUROTUNNEL FR e 1,36 – 0,73 TAYLOR NELSON S GB 4,22 .... e + NOVAR GB 3,09 + 0,54 FENOSA ES 20,90 0,24 NAT BANK GREECE GR 41 – 1,49 DORDTSCHE PETRO NL e 57,80 .... EXEL GB 13,03 – 0,13 TELEFONICA ES e 17,17 – 0,87 – CRH PLC GB 33,62 – 0,10 UNITED UTILITIE GB 10,86 0,46 NATEXIS BQ POP. FR e 98,75 .... ENI IT e 7,67 – 0,78 XANSA GB 6,26 – 0,53 TELEWEST COMM. GB 2,01 .... – CIMPOR R PT e 25,45 .... VIRIDIAN GROUP GB 11,12 0,30 NORDEA SE 6,55 .... ENTERPRISE OIL GB 10,51 + 0,32 GROUP 4 FALCK DK 133,30 – 0,70 TF1 FR e 38,40 – 1,29 f – COLAS FR e 69,05 .... DJ E STOXX PO SUP P 313,05 0,64 ROLO BANCA 1473 IT e 18,40 + 0,05 HELLENIC PETROL GR 9 + 0,45 FINMECCANICA IT e 1,16 .... TRINITY MIRROR GB 7,49 – 0,66 GRUPO DRAGADOS ES e 14,61 – 1,28 ROYAL BK SCOTL GB 26,69 – 0,43 LASMO GB 2,99 .... FINNLINES FI e 25,20 .... UNITED PAN-EURO NL e 5,80 – 1,19 FCC ES e 23,65 – 1,25 S-E-BANKEN -A- SE 10,96 – 1 LATTICE GROUP GB 2,24 .... FKI GB 4,03 + 5,19 UTD BUSINESS ME GB 11,84 .... GRUPO FERROVIAL ES e 19,12 – 1,19 SAN PAOLO IMI IT e 16,07 – 0,68 OMV AG AT e 113,01 – 0,87 FLS IND.B DK 14,75 – 0,90 VIVENDI UNIVERS FR e 75,45 – 0,59 HANSON PLC GB 8,38 – 0,98 STANDARD CHARTE GB 15,80 + 0,21 PETROLEUM GEO-S NO 13,02 – 2,37 FLUGHAFEN WIEN AT e 37,49 + 0,64 VNU NL e 46,01 – 0,22 HEIDELBERGER ZE DE e 56,40 – 0,70 e REPSOL YPF ES e 21,15 + 0,19 e e EURO STE GENERAL-A- FR 70,35 – 0,92 + GAMESA ES 25,61 + 0,04 WOLTERS KLUWER NL 30,40 – 0,26 HELL.TECHNODO.R GR 7 0,29 e ______SV HANDBK -A- SE 16,52 – 0,66 ROYAL DUTCH CO NL 71,86 + 0,43 GKN GB 12,43 – 0,13 WPP GROUP GB 12,87 – 0,64 HERACLES GENL R GR 13,88 – 0,14 SWEDISH MATCH SE 5,46 – 0,80 SAIPEM IT e 7,24 + 0,56 HAGEMEYER NV NL e 23,81 – 1,04 f DJ E STOXX MEDIA P 402,55 – 0,61 HOCHTIEF ESSEN DE e 25 – 0,79 NOUVEAU UBS N CH 173,42 – 1,49 SHELL TRANSP GB 10,28 – 0,16 HALKOR GR 4,52 + HOLCIM CH 1301,47 .... 4,15 UNICREDITO ITAL IT e 5,27 – 0,75 TOTAL FINA ELF FR e 174,60 + 0,17 IMERYS FR e 119,70 – 0,25 HAYS GB 5,30 .... ´ f DJ E STOXX BANK P 325,64 – 0,50 IHC CALAND NL e 58,75 – 1,18 e + BIENS DE CONSOMMATION MARCHE ITALCEMENTI IT e 9,97 + 0,20 HEIDELBERGER DR DE 60,10 0,17 f DJ E STOXX ENGY P 384,34 + 0,07 e LAFARGE FR e 105,90 + 1,05 HUHTAMAEKI VAN FI 28,95 .... AHOLD NL e 35,60 – 0,56 e + Cours % Var. MICHANIKI REG. GR 2,89 – 0,69 IFIL IT 7,69 0,52 ALTADIS ES e 14,72 + 0,20 31/05 10 h 20 f PRODUITS DE BASE + en euros 30/05 PILKINGTON PLC GB 1,86 – 0,88 IMI PLC GB 4,18 0,80 AMADEUS GLOBAL ES e 7,72 + 0,26 SERVICES FINANCIERS e – ACERALIA ES e 14,78 + 0,54 RMC GROUP PLC GB 12,28 + 0,68 INDRA SISTEMAS ES 11,27 1,74 ATHENS MEDICAL GR 4,98 – 1,97 AMSTERDAM ACERINOX R ES e 36,90 + 0,27 SAINT GOBAIN FR e 168,60 + 0,66 3I GROUP GB 20,17 – 1,14 IND.VAERDEN -A- SE 20,15 – 0,54 AUSTRIA TABAK A AT e 72,21 – 0,26 ALUMINIUM GREEC GR 41 + 4,43 SKANSKA -B- SE 45,70 + 0,61 ALMANIJ BE e 40,64 + 0,27 INVESTOR -A- SE 14,70 – 1,84 AVIS EUROPE GB 2,54 + 0,66 AIRSPRAY NV 21,30 – 1,39 ANGLO AMERICAN GB 18,84 + 0,18 TAYLOR WOODROW GB 3,24 – 0,51 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... INVESTOR -B- SE 14,76 – 0,74 BEIERSDORF AG DE e 111,60 – 0,80 ANTONOV 0,42 – 2,33 + ASSIDOMAEN AB SE 24,89 – 0,88 TECHNIP FR e 172,50 – 1,48 AMVESCAP GB 20,85 – 2,48 ISS DK 68,13 – 0,20 BIC FR e 42,11 + 0,50 C/TAC 3,50 11,11 e BEKAERT BE e 41 – 0,97 TITAN CEMENT RE GR 43 + 1,18 BHW HOLDING AG DE e 31,20 + 0,32 JOT AUTOMATION FI 1,11 – 4,31 BRIT AMER TOBAC GB 8,85 – 1,11 CARDIO CONTROL 2,75 – 0,36 BILLITON GB 5,98 – 0,55 VINCI FR e 70,50 – 0,14 BPI R PT e 3,19 .... KINNEVIK -B- SE 26,43 – 0,83 CASINO GP FR e 101,60 – 0,59 CSS 23,90 .... BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,02 + 0,21 WIENERB BAUSTOF AT e 19,24 – 0,05 BRITISH LAND CO GB 8,55 + 0,39 COPENHAGEN AIRP DK 96,29 + 0,42 CLARINS FR e 86,15 + 0,76 HITT NV 8,40 – 2,33 e + BUNZL PLC GB 7,42 .... f DJ E STOXX CNST P 241,78 – 0,05 CANARY WHARF GR GB 8,70 – 1,13 KONE B FI 83 .... DELHAIZE BE e 65,25 – 1,21 INNOCONCEPTS NV 19,25 0,79 CORUS GROUP GB 1,15 – 1,43 CATTLES ORD. GB 4,98 – 1,96 LEGRAND FR e 236,50 – 0,21 COLRUYT BE e 41,93 – 0,17 NEDGRAPHICS HOLD 8,30 – 0,60 ELVAL GR 4,16 + 0,97 CLOSE BROS GRP GB 16,52 – 1,97 LINDE AG DE e 50,30 – 0,20 FIRSTGROUP GB 5,33 – 2,43 SOPHEON 1,36 – 2,86 HOLMEN -B- SE 23,29 – 0,47 CONSOMMATION CYCLIQUE COBEPA BE e 64,50 .... MAN AG DE e 27,70 – 0,54 FREESERVE GB 1,58 .... PROLION HOLDING 94 .... NL e 4,05 – CONSORS DISC-BR DE e 26,65 + 1,33 MG TECHNOLOGIES DE e 13,70 – 1,08 GALLAHER GRP GB 7,72 – 0,21 RING ROSA 0,22 – 12 ISPAT INTERNATI 3,34 ACCOR FR e 47,76 – 0,71 GB 16,68 – CORP FIN ALBA ES e 26,38 – 0,08 WARTSILA CORP A FI e 25 .... GIB BE e 44,02 – 0,23 UCC GROEP NV 6,90 .... JOHNSON MATTHEY 1,18 ADIDAS-SALOMON DE e 68,30 – 2,43 AT e 51,01 – CS GROUP N CH 212,76 – 0,46 METSO FI e 12,60 .... GIVAUDAN N CH 316,02 – 0,21 MAYR-MELNHOF KA 0,08 AGFA-GEVAERT BE e 17,30 – 0,57 FI e 8,65 DEPFA-BANK DE e 81,40 + 0,37 MORGAN CRUCIBLE GB 5,31 .... HENKEL KGAA VZ DE e 70,50 – 0,28 M-REAL -B- .... AIR FRANCE FR e 21,89 – 0,45 FI e 10,10 DIREKT ANLAGE B DE e 21,85 + 0,55 TELE2 -B- SE 43,83 .... IMPERIAL TOBACC GB 12,72 – 0,52 BRUXELLES OUTOKUMPU .... AIRTOURS PLC GB 4,80 – 0,34 FR e 62,90 – DROTT -B- SE 13 – 0,84 NKT HOLDING DK 24,81 + 0,54 JERONIMO MARTIN PT e 8,11 .... PECHINEY-A- 0,55 ALITALIA IT e 1,56 – 1,27 ARTHUR 5 .... FI e 4,51 – EURAZEO FR e 72 – 3,23 EXEL GB 13,03 – 0,13 KESKO -B- FI e 8,75 + 0,57 RAUTARUUKKI K 0,66 AUSTRIAN AIRLIN AT e 11,30 – 0,09 ENVIPCO HLD CT 0,48 .... GB 22,88 – FINAXA FR e 114 .... PACE MICRO TECH GB 8,13 + 0,62 L’OREAL FR e 75,80 + 0,40 RIO TINTO 1,08 AUTOGRILL IT e 13 + 1,48 FARDIS B 18 .... GR 3,46 – FORTIS (B) BE e 28,76 – 3,72 PARTEK FI e 11,55 .... LAURUS NV NL e 8,15 – 2,98 SIDENOR 7,49 BANG & OLUFSEN DK 36,07 .... INTERNOC HLD 0,51 .... GR 21,08 – FORTIS (NL) NL e 29,47 – 0,97 PENINS.ORIENT.S GB 4,91 – 0,34 MORRISON SUPERM GB 3,25 – 0,51 SILVER & BARYTE 3,13 BASS GB 12,92 – 1,64 INTL BRACHYTHER B 9 .... GB 2,12 – GECINA FR e 101 .... PERLOS FI e 14,80 – RECKITT BENCKIS GB 15,31 .... SMURFIT JEFFERS 3,03 BENETTON GROUP IT e 16,55 .... 0,34 LINK SOFTWARE B 3,60 .... FI e 13,30 + GIMV BE e 42,50 + 0,95 SAFEWAY GB 6,44 + 0,52 STORA ENSO -A- 1,53 BERKELEY GROUP GB 13,58 .... PREMIER FARNELL GB 5,51 .... PAYTON PLANAR 0,45 .... FI e 13,20 + GREAT PORTLAND GB 4,93 – 1,98 + SAINSBURY J. PL GB 7,09 – 1,39 STORA ENSO -R- 1,15 BRITISH AIRWAYS GB 6,09 – 0,27 RAILTRACK GB 7,14 0,23 SE 25,22 – HAMMERSON GB 8,43 + 0,40 e – STAGECOACH HLDG GB 1,08 .... SVENSKA CELLULO 0,22 BULGARI IT e 13,29 + 0,08 RANDSTAD HOLDIN NL 14,50 0,34 DE e 16,85 – ING GROEP NL e 75,60 – 0,13 + TERRA LYCOS ES e 9,17 – 0,22 THYSSENKRUPP 1,92 CHRISTIAN DIOR FR e 47,98 – 1,07 RENTOKIL INITIA GB 3,45 8,90 FRANCFORT BE e 48,80 – LAND SECURITIES GB 14,18 – 0,81 TESCO PLC GB 4,10 – 3,14 UNION MINIERE 0,51 CLUB MED. FR e 76,25 .... REXAM GB 5,06 – 1,61 FI e 36,80 – LIBERTY INTL GB 8,88 – 0,19 e TNT POST GROEP NL e 26,16 – 0,34 AIXTRON 115,50 .... UPM-KYMMENE COR 0,54 COMPASS GROUP GB 8,68 – 0,38 REXEL FR 78,35 – 0,38 FR e 14,90 MAN GROUP GB 14,94 – 0,55 e WANADOO FR e 6,73 – 2,75 AUGUSTA TECHNOLOGIE 20,32 .... USINOR .... DT.LUFTHANSA N DE e 21,80 – 0,46 RHI AG AT 21,18 – 0,05 GR 11,14 + MARSCHOLLEK LAU DE e 123,50 + 0,08 f DJ E STOXX N CY G P 406,64 – 0,21 BB BIOTECH ZT-D 87,60 .... VIOHALCO 1,09 ELECTROLUX -B- SE 16,96 – 2,22 RIETER HLDG N CH 281,93 – 0,92 AT e 32,72 + MEDIOBANCA IT e 13,06 – 0,31 BB MEDTECH ZT-D 16,90 .... VOEST-ALPINE ST 0,03 EM.TV & MERCHAN DE e 3,05 + 0,66 ROLLS ROYCE GB 3,85 + 0,43 FR e 19,49 – METROVACESA ES e 17,81 + 0,06 BERTRANDT AG 13,50 – 3,57 WORMS N 2,06 EMI GROUP GB 7,19 – 0,69 SANDVIK SE 24,56 – 0,22 e BETA SYSTEMS SOFTWA 6,80 .... f DJ E STOXX BASI P 195,01 + 0,17 e MONTEDISON IT 2,78 – 1,42 SAURER ARBON N CH 487,80 + 0,54 COMMERCE DISTRIBUTION EURO DISNEY FR 0,96 .... CEYONIQ 8,60 – 2,27 e PROVIDENT FIN GB 13,20 .... SCHNEIDER ELECT FR e 70,80 + 0,21 HERMES INTL FR 166,80 + 0,24 ALLIANCE UNICHE GB 9,31 – 0,36 + REALDANMARK DK 71,08 .... e CE CONSUMER ELECTRO 8,90 3,37 HILTON GROUP GB 4,08 .... SEAT PAGINE GIA IT 1,13 + 3,67 AVA ALLG HAND.G DE e 38,90 .... CHIMIE RODAMCO EUROPE NL e 44,60 – 0,22 CENIT SYSTEMHAUS 18,50 .... HDP IT e 4,48 + 0,67 SECURICOR GB 2,95 + 2,89 BOOTS CO PLC GB 9,43 – 1,56 RODAMCO NORTH A NL e 48,90 – 0,61 DIALOG SEMICOND 6,95 – 2,25 AIR LIQUIDE FR e 163,90 + 1,05 HUNTER DOUGLAS NL e 30,10 – 0,66 SECURITAS -B- SE 21,04 – 1,29 BUHRMANN NV NL e 18,50 – 1,07 SCHRODERS GB 16,19 – 0,31 DRILLISCH 2,76 + 2,60 AKZO NOBEL NV NL e 49,95 – 0,10 KLM NL e 22,40 + 0,22 SERCO GROUP GB 7,20 + 0,93 CARREFOUR FR e 65,50 + 0,15 SIMCO N FR e 77,80 – 0,06 EDEL MUSIC 4,50 .... BASF AG DE e 46,80 – 0,21 LVMH FR e 66,40 – 1,34 SGL CARBON DE e 44,50 – 1,11 CASTO.DUBOIS FR e 261,60 + 0,08 SLOUGH ESTATES GB 6,18 .... ELSA 6,60 .... BAYER AG DE e 45,80 – 0,87 MEDION DE e 100 + 0,91 SHANKS GROUP GB 3,04 .... CC CARREFOUR ES e 15,41 .... UNIBAIL FR e 189 – 0,26 EM.TV & MERCHANDI 5,90 .... BOC GROUP PLC GB 17,61 .... MOULINEX FR e 3,92 + 2,35 SIDEL FR e 46,90 – 2,29 CHARLES VOEGELE CH 139,65 .... VALLEHERMOSO ES e 7,67 + 0,66 EUROMICRON 17,95 .... CELANESE N DE e 25,80 .... NH HOTELES ES e 13,87 – 0,07 INVENSYS GB 2,34 + 5,22 D’IETEREN SA BE e 198 .... WCM BETEILIGUNG DE e 18,90 + 0,53 CIBA SPEC CHIMI CH 70,97 – 0,46 NXT GB 6,47 – 10,34 SINGULUS TECHNO DE e 26,49 + 3,27 DEBENHAMS GB 7,74 + 0,22 f DJ E STOXX FINS P 282,87 – 0,69 CLARIANT N CH 332,42 .... P & O PRINCESS GB 5,84 .... SKF -B- SE 19,49 – 0,84 DIXONS GROUP GB 3,83 – 2,53 e CODES PAYS ZONE EURO e SMITHS GROUP GB 14,01 – 0,24 e DSM NL 43,12 – 0,19 PERSIMMON PLC GB 5,63 .... GAL LAFAYETTE FR 195 – 1,76 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne + e – SOPHUS BEREND - DK 30,17 + 1,12 e + EMS-CHEM HOLD A CH 4740,36 0,14 PREUSSAG AG DE 38,05 0,39 ALIMENTATION ET BOISSON GEHE AG DE 43,40 3,33 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande ICI GB 7,32 – 2,22 RANK GROUP GB 3,77 .... SPIRENT GB 4,38 – 1,12 GREAT UNIV STOR GB 9,79 – 1,67 LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche KEMIRA FI e 6,80 .... RICHEMONT UNITS CH 2958,96 – 0,29 ALLIED DOMECQ GB 7,15 .... TECAN GROUP N CH 1055,60 .... GUCCI GROUP NL e 103,10 – 1,58 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. KON. VOPAK NV NL e 26,70 – 0,37 ROY.PHILIPS ELE NL e 32,23 + 0,47 ASSOCIAT BRIT F GB 6,76 – 0,49 TPI ES e 5,25 – 1,87 HENNES & MAURIT SE 18,83 – 0,87 LAPORTE GB 11,52 .... RYANAIR HLDGS IR e 12,70 + 0,79 BBAG OE BRAU-BE AT e 41,91 – 0,21 THALES FR e 46,62 + 0,04 KARSTADT QUELLE DE e 35,50 + 1,14 CODES PAYS HORS ZONE EURO LONZA GRP N CH 683,19 – 0,57 SAIRGROUP N CH 81,63 – 1,58 BRAU-UNION AT e 41,50 + 0,34 TOMRA SYSTEMS NO 19,73 – 1,58 KINGFISHER GB 7,35 + 0,68 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de NORSK HYDRO NO 49,70 – 0,63 SAS DANMARK A/S DK 12,87 + 0,52 CADBURY SCHWEPP GB 7,44 – 0,44 TRAFFICMASTER GB 5,43 .... MARKS & SPENCER GB 4,10 – 0,80 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. RHODIA FR e 13,77 – 1,50 SEB FR e 59,60 – 0,67 CARLSBERG -B- DK 53,37 + 0,51 UNAXIS HLDG N CH 195,06 – 0,83 MATALAN GB 7,60 + 0,66 24 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 FINANCES ET MARCHÉS

ALCATEL...... w 29 190,23 – 0,89 29,26 EURO DISNEY ...... w 0,95 6,23 – 1,04 0,96 REMY COINTRE..... w 36,70 240,74 – 0,49 36,88 w w Compen- ALCATEL O ...... 22,50 147,59 – 0,27 ... EUROTUNNEL ...... 1,35 8,86 – 1,46 1,37 RENAULT ...... 55,65 365,04 – 0,18 55,75 Cours Cours % Var. sation ALSTOM ...... w 35,18 230,77 +0,80 34,90 FAURECIA...... w 62 406,69 +1,81 60,90 REXEL...... w 78,10 512,30 – 0,70 78,65 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w 69,20 453,92 – 1,35 70,15 FIMALAC SA...... w 40,25 264,02 +0,60 40,01 RHODIA ...... w 13,80 90,52 – 1,29 13,98 ATOS ORIGIN...... w 94,10 617,26 – 0,95 95,00 F.F.P. (NY)...... 116 760,91 ...... ROCHETTE (LA ...... 8 52,48 ...... ADECCO ...... 69,85 458,19 +0,43 ... ARBEL...... FINAXA ...... 114 747,79 ...... ROYAL CANIN...... w 109,10 715,65 +0,09 109,00 AMERICAN EXP...... 50 327,98 +0,38 ... abc AVENTIS ...... w 85,55 561,17 – 0,18 85,70 FIVES-LILLE ...... ROUGIER #...... 69,75 457,53 ...... AMVESCAP EXP...... b L’action Aventis gagnait 0,12 %, jeudi AXA ...... w 33,11 217,19 – 0,48 33,27 FONC.LYON.#...... 33,50 219,75 +0,03 ... RUE IMPERIAL...... 1712 11229,98 +0,09 ... ANGLOGOLD LT .... 42,50 278,78 – 3,41 ... 31 mai dans les premières transactions, à BAIL INVESTI...... aw 127,50 836,35 – 0,08 134,80 FRANCE TELEC ..... w 64,10 420,47 – 2,58 65,80 SADE (NY) ...... 49,20 322,73 – 0,20 ... A.T.T. #...... 24,02 157,56 – 1,15 ... BAZAR HOT. V...... 131,60 863,24 ...... FROMAGERIES...... SAGEM S.A...... w 86,50 567,40 – 1,20 87,55 BARRICK GOLD...... 19,51 127,98 – 0,51 ... 85,8 euros. Le groupe franco-allemand a BIC...... w 42,10 276,16 +0,48 41,90 GALERIES LAF ...... w 195 1279,12 – 1,76 198,50 SAGEM ADP...... 60,50 396,85 +0,83 ... COLGATE PAL...... 67 439,49 ...... annoncé le regroupement de ses activités BIS ...... GAUMONT # ...... 41,90 274,85 – 4,77 ... SAINT-GOBAIN...... w 167,50 1098,73 ... 167,50 CROWN CORK O.... 6 39,36 – 1,64 ... d’agrochimie au Japon avec celles de la BNPPARIBAS...... w 102,20 670,39 – 0,58 102,80 GECINA...... w 101 662,52 ... 101,00 SALVEPAR (NY ...... 66,05 433,26 +0,38 ... DE BEERS #...... BOLLORE...... w 235,30 1543,47 ... 235,30 GEOPHYSIQUE...... w 79,70 522,80 +1,46 78,55 SANOFI SYNTH...... w 71,90 471,63 +0,77 71,35 DIAGO PLC...... 12,75 83,63 – 0,39 ... société japonaise Shionogi. Aventis Crop- BOLLORE INV...... 52 341,10 – 1,05 ... GFI INFORMAT ..... w 26,51 173,89 – 2,18 27,10 SCHNEIDER EL...... w 70,95 465,40 +0,42 70,65 DOW CHEMICAL.... 42,22 276,95 – 1,49 ... Science détiendra 66 % du capital de la BONGRAIN ...... 43,40 284,69 +2,82 ... GRANDVISION...... aw 22,25 145,95 +0,68 22,35 SCOR ...... w 52,15 342,08 +1,07 51,60 DU PONT NEMO ... 54,20 355,53 +0,28 ... coentreprise, et la société Shionogi possé- BOUYGUES ...... w 43,50 285,34 – 1,47 44,15 GROUPE ANDRE... 130 852,74 – 1,81 ... S.E.B...... w 59,70 391,61 – 0,50 60,00 ECHO BAY MIN ...... 0,98 6,43 – 7,55 ... BOUYGUES OFF..... aw 59 387,01 +0,08 60,05 GROUPE GASCO ... 83,10 545,10 – 0,48 ... SEITA...... w 48,30 316,83 ... 48,30 ELECTROLUX ...... dera les 34 % restants. BULL# ...... w 2,85 18,69 – 2,06 2,91 GR.ZANNIER ( ...... 96,20 631,03 +1,16 ... SELECTIBAIL(...... a 15,60 102,33 – 2,13 ... ELF GABON...... 198 1298,79 – 0,25 ... b Le titre Axa cédait 0,54 %, jeudi matin, à BUSINESS OBJ ...... w 38,15 250,25 +2,28 37,30 GROUPE PARTO.... 70 459,17 – 0,71 ... SIDEL...... w 48 314,86 ... 48,00 ERICSSON #...... w 7,58 49,72 ... 7,58 B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w 92,85 609,06 – 0,05 92,90 SILIC...... 172,30 1130,21 – 0,40 ... FORD MOTOR #..... 28,80 188,92 – 0,48 ... 33,09 euros. Les discussions avec la Deut- BURELLE (LY) ...... 69,50 455,89 ...... HAVAS ADVERT ..... w 15,31 100,43 – 1,23 15,50 SIMCO...... w 77,80 510,33 – 0,06 77,85 GENERAL ELEC ...... 57,50 377,18 +0,26 ... sche Bank en vue d’un partenariat dans la CANAL + ...... w 3,74 24,53 – 0,80 3,77 IMERYS ...... w 119,50 783,87 – 0,42 120,00 SKIS ROSSIGN ...... 16,66 109,28 – 1,88 ... GENERAL MOTO.... 65,70 430,96 – 0,98 ... bancassurance ont bien été rompues, CAP GEMINI...... w 133,30 874,39 – 1,19 134,90 IMMOBANQUE ...... SOCIETE GENE ...... w 70,20 460,48 – 1,13 71,00 GOLD FIELDS...... 4,89 32,08 – 4,12 ... CARBONE-LORR.... w 47,25 309,94 +0,11 47,20 IMMEUBLES DE ...... SODEXHO ALLI ...... w 51,55 338,15 – 0,87 52,00 HARMONY GOLD .. 5,90 38,70 – 5,14 ... a-t-on confirmé de sources bancaires, après CARREFOUR ...... w 65,55 429,98 +0,23 65,40 INFOGRAMES E .... w 21,35 140,05 – 3,17 22,05 SOGEPARC (FI ...... HITACHI # ...... 12 78,71 – 0,17 ... des informations dans ce sens publiées par CASINO GUICH...... w 101,70 667,11 – 0,49 102,20 IM.MARSEILLA ...... 3400 22302,54 ...... SOMMER-ALLIB ...... HSBC HOLDING .... w 14,42 94,59 – 0,41 14,48 CASINO GUICH...... 70,10 459,83 +1,01 ... INGENICO ...... w 24,18 158,61 – 0,58 24,32 SOPHIA ...... w 32,50 213,19 +0,31 32,40 I.B.M...... w 132,30 867,83 +1,46 130,40 le Financial Times de jeudi. w w w b CASTORAMA DU ... 261,50 1715,33 +0,04 261,40 ISIS...... 120,90 793,05 – 0,66 121,70 SOPRA # ...... 77 505,09 – 2,53 79,00 I.C.I...... L’action France Télécom reculait de CEA INDUSTRI...... 233 1528,38 – 0,04 ... KAUFMAN ET B..... w 22,25 145,95 ... 22,25 SPIR COMMUNI .... aw 87,30 572,65 +0,11 90,20 ITO YOKADO # ...... 3,34 %, jeudi matin, à 63,60 euros. L’opéra- CEGID (LY) ...... 113,90 747,14 +3,45 ... KLEPIERRE ...... w 104,80 687,44 +0,87 103,90 SR TELEPERFO ...... w 29,90 196,13 – 0,66 30,10 I.T.T. INDUS ...... 55,70 365,37 +0,36 ... w w teur a annoncé, jeudi matin, que le prix de CFF.RECYCLIN ...... 47,30 310,27 – 0,42 ... LAFARGE ...... 105,10 689,41 +0,29 104,80 STUDIOCANAL ...... 12,15 79,70 +0,41 ... KINGFISHER P ...... 7,38 48,41 – 0,27 7,40 CGIP ...... w 47,30 310,27 +0,02 47,29 LAGARDERE ...... w 61,85 405,71 +0,08 61,80 SUCR.PITHIVI ...... MATSUSHITA...... vente de sa participation de 9,9 % dans CHARGEURS...... 79 518,21 – 0,88 ... LAPEYRE ...... w 57,65 378,16 – 1,45 58,50 SUEZ LYON.DE ...... w 35,40 232,21 – 0,98 35,75 MC DONALD’S...... 35,90 235,49 +0,70 ... l’américain SprintFON avait été fixé à CHRISTIAN DA ...... b 95 623,16 +7,95 ... LEBON (CIE) ...... TAITTINGER ...... MERK AND CO...... 85,50 560,84 – 1,21 ... CHRISTIAN DI...... w 48,01 314,92 – 1,01 48,50 LEGRAND ...... w 235,70 1546,09 – 0,55 237,00 THALES ...... w 46,51 305,09 – 0,19 46,60 MITSUBISHI C...... 19 dollars l’action, et que la plus-value CIC -ACTIONS ...... 118,70 778,62 ...... LEGRAND ADP...... 180 1180,72 – 0,55 ... TF1...... aw 38,30 251,23 +0,13 38,90 NESTLE SA #...... w 2424,50 15903,68 +0,52 2412,00 attendue de cette cession s’élevait à 600 mil- CIMENTS FRAN ..... w 53,20 348,97 +0,19 53,10 LEGRIS INDUS ...... w 53 347,66 ... 53,00 TECHNIP...... aw 172,60 1132,18 +0,47 175,10 NORSK HYDRO...... 46,50 305,02 – 5,97 ... lions d’euros avant impôts. CLARINS...... w 86,15 565,11 +0,76 85,50 LIBERTY SURF...... 6,09 39,95 +1,50 ... THOMSON MULT . w 46,34 303,97 – 2,24 47,40 PFIZER INC...... 50,70 332,57 +0,50 ... b CLUB MEDITER ..... w 76,10 499,18 – 0,20 76,25 LOCINDUS...... 134 878,98 ...... TOTAL FINA E ...... w 174,50 1144,64 +0,11 174,30 PHILIP MORRI ...... 60 393,57 – 0,33 ... Le titre Valeo s’appréciait de 0,98 %, jeu- CNP ASSURANC .... w 36,89 241,98 – 0,57 37,10 L’OREAL...... w 75,80 497,22 +0,40 75,50 TRANSICIEL # ...... w 53,60 351,59 – 0,37 53,80 PROCTER GAMB .... 74,70 490 +0,27 ... di matin, à 51,5 euros. L’équipementier COFACE...... w 85 557,56 +0,18 84,85 LOUVRE #...... 95,10 623,82 – 0,52 ... UBI SOFT ENT ...... w 44,90 294,52 +0,22 44,80 RIO TINTO PL...... 23,90 156,77 +3,15 ... automobile a confirmé la mise en vente de COFLEXIP ...... w 172,80 1133,49 – 1,26 175,00 LVMH MOET HE.... w 67,20 440,80 – 0,15 67,30 UNIBAIL ...... w 188,70 1237,79 – 0,42 189,50 SCHLUMBERGER... 73,50 482,13 +1,45 ... COLAS...... w 69 452,61 – 0,07 69,05 MARINE WENDE... w 80 524,77 – 0,81 80,65 UNILOG ...... w 100 655,96 – 2,06 102,10 SEGA ENTERPR...... 21,80 143 – 0,46 ... sa filiale Filtrauto, mais s’est refusé à tout CONTIN.ENTRE..... 49,50 324,70 +0,71 ... MAUREL ET PR...... 11,46 75,17 +2,32 ... USINOR...... w 14,91 97,80 +0,07 14,90 SHELL TRANSP ...... 10,23 67,10 +0,10 ... commentaire concernant les informations CPR...... 58 380,46 ...... METALEUROP ...... 5,75 37,72 – 0,17 ... VALEO ...... w 51,80 339,79 +1,57 51,00 SONY CORP. # ...... w 90,05 590,69 – 0,83 90,80 CRED.FON.FRA...... 12,87 84,42 – 0,85 ... MICHELIN ...... w 41,05 269,27 +0,74 40,75 VALLOUREC ...... w 66,20 434,24 – 0,15 66,30 T.D.K. # ...... du Figaro du mercredi 30 mai, donnant l’ita- CREDIT LYONN ..... w 41 268,94 +0,44 40,82 MARIONNAUD P .. 133 872,42 – 0,97 ... VIA BANQUE ...... TOSHIBA #...... 6,70 43,95 – 2,19 ... lien Sogefi comme repreneur. CS COM.ET SY...... 9,02 59,17 ...... MONTUPET SA...... 17,52 114,92 +0,11 ... VICAT...... UNITED TECHO..... 96,20 631,03 – 0,98 ... DAMART ...... MOULINEX ...... 3,92 25,71 +2,35 ... VINCI...... w 70,70 463,76 +0,14 70,60 ZAMBIA COPPE...... 0,59 3,87 +5,36 ... DANONE...... w 149,90 983,28 – 0,07 150,00 NATEXIS BQ P ...... w 99 649,40 +0,25 98,75 VIVENDI ENVI...... w 48,84 320,37 – 0,53 49,10 ...... DASSAULT-AVI...... 289,10 1896,37 ...... NEOPOST ...... w 28,40 186,29 +0,18 28,35 VIVENDI UNIV ...... w 75,50 495,25 – 0,53 75,90 ´ DASSAULT SYS...... w 52,80 346,35 – 2,13 53,95 NORBERT DENT ... 24,15 158,41 +0,42 ... WANADOO...... w 6,77 44,41 – 2,17 6,92 ABRE´VIATIONS PREMIER MARCHE DE DIETRICH...... NORD-EST...... 28,61 187,67 +0,03 ... WORMS (EX.SO...... 19,50 127,91 – 2,01 ... ______+ w – w – B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. DEVEAUX(LY)# ...... 85,60 561,50 0,65 ... NRJ GROUP...... 19,35 126,93 1,58 19,66 ZODIAC...... 288,90 1895,06 2,07 295,00 DEV.R.N-P.CA...... 14,60 95,77 ...... OBERTHUR CAR.... w 16,56 108,63 – 5,37 17,50 ...... SYMBOLES JEUDI 31 MAI Cours a` 9h57 DMC (DOLLFUS..... 10,16 66,65 ...... OLIPAR...... 9,39 61,59 – 0,53 ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; DYNACTION ...... 26,50 173,83 ...... ORANGE ...... w 10,16 66,65 – 0,29 10,19 ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 juin w EIFFAGE ...... 79 518,21 – 0,94 79,75 OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; w w ELIOR ...... 14 91,83 – 0,36 14,05 PECHINEY ACT...... 62,90 412,60 – 0,55 63,25 ...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service Compen- Cours Cours % Var. ELEC.MADAGAS...... PECHINEY B P ...... 58,25 382,09 – 2,43 ...... sation de re`glement diffe´re´. France f en euros en francs veille ENTENIAL(EX...... 32,50 213,19 – 0,61 ... PENAUILLE PO...... w 66,30 434,90 +2,63 64,60 ...... (1) ERAMET ...... w 43,35 284,36 – 1,37 43,95 PERNOD-RICAR .... w 79,65 522,47 +0,19 79,50 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : ACCOR ...... w 47,65 312,56 – 0,94 48,10 ERIDANIA BEG...... w 102,40 671,70 +1,39 101,00 PEUGEOT ...... w 327,10 2145,64 – 0,64 329,20 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : AGF ...... w 67,40 442,12 +0,07 67,35 ESSILOR INTL ...... w 322 2112,18 – 0,12 322,40 PINAULT-PRIN...... w 206,60 1355,21 +0,24 206,10 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE(EXIMM ..... 40,90 268,29 ...... ESSO ...... 87,40 573,31 +0,34 ... PLASTIC OMN...... w 96 629,72 – 1,03 97,00 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AIR FRANCE G ...... w 21,93 143,85 – 0,27 21,99 EULER...... w 55 360,78 +0,82 54,55 PSB INDUSTRI ...... 87,90 576,59 +3,11 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR LIQUIDE ...... w 164,30 1077,74 +1,29 162,20 EURAZEO ...... w 72 472,29 – 3,23 74,40 PUBLICIS GR...... w 36,54 239,69 – 1,30 37,02 ......

COALA # ...... 19,60 128,57 +1,03 GENSET ...... w 13,86 90,92 – 7,54 MICROPOLE...... 7,85 51,49 – 3,56 GFI INDUSTRI...... 31,61 207,35 – 1,06 COHERIS ATIX...... 24 157,43 – 4,95 GL TRADE #...... 42,71 280,16 +0,49 MONDIAL PECH... 4,21 27,62 – 8,08 GRAND MARNIE .. d 7605,50 49888,81 ... NOUVEAU COIL...... 17,50 114,79 – 1,41 GUILLEMOT # ...... 37,48 245,85 – 0,85 MULTIMANIA ...... 5,15 33,78 – 1,15 SECOND GROUPE BOURB... d 45,20 296,49 ... CION ET SYS...... 4,09 26,83 – 0,24 GUYANOR ACTI .... d 0,25 1,64 ... NATUREX ...... 13,85 90,85 +1,09 ______GROUPE CRIT ...... 20,60 135,13 – 3,29 ´ CONSODATA # ..... 17,35 113,81 – 3,61 HF COMPANY ...... 56,40 369,96 ... NET2S # ...... 16,19 106,20 +0,56 GROUPE J.C.D...... 150,20 985,25 ... MARCHE CONSODATA AC .. d 19,50 127,91 ... HIGH CO.#...... 115,10 755,01 – 1,62 NETGEM...... w 7,81 51,23 – 9,71 ´ HERMES INTL...... w 166,90 1094,79 +0,30 CONSORS FRAN .. 5,15 33,78 +1,98 HIGH CO NOUV.... d 89 583,80 ... NETVALUE # ...... 2,60 17,05 +4 MARCHE HYPARLO #(LY ...... a 30,70 201,38 ... MERCREDI 30 MAI CROSS SYSTEM.... 4,44 29,12 – 5,73 HIGH BON DE ...... d 5,86 38,44 ... NEURONES #...... 4,16 27,29 – 2,12 IMS(INT.META ...... 8,88 58,25 – 0,45 CRYO # ...... 8,02 52,61 – 9,17 HIGHWAVE OPT ... w 26,46 173,57 – 8,79 NICOX #...... 69 452,61 – 2,82 JEUDI 31 MAI INTER PARFUM .... 74 485,41 +1,37 d d Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 11 CRYO NV...... 6,25 41 ... HIGHWAVE OPT ... 30,91 202,76 ... OLITEC...... 26 170,55 ... JET MULTIMED .... 32,50 213,19 ... CRYONETWORKS. 3,20 20,99 – 5,33 HIMALAYA ...... 8,30 54,44 – 4,71 OPTIMS # ...... 3,11 20,40 – 1,89 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 LAURENT-PERR .... 32,65 214,17 – 0,15 CYBERDECK # ...... 1,16 7,61 – 9,38 HI MEDIA ...... 1,99 13,05 – 3,40 OXIS INTL RG ...... 0,33 2,16 ... LDC ...... 130,10 853,40 ... Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 18,95 124,30 – 3,81 HOLOGRAM IND.. 10,40 68,22 – 1,89 PERFECT TECH .... 15,99 104,89 – 3,79 Cours Cours % Var. LECTRA SYST...... 6,04 39,62 +0,67 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 4,35 28,53 – 2,90 HUBWOO.COM ..... 3 19,68 – 13,54 PERF.TECHNO...... d 0,41 2,69 ... LOUIS DREYFU ..... 10,40 68,22 ... ABEL GUILLEM..... 13,89 91,11 +2,89 CYRANO #...... 0,52 3,41 – 26,76 IB GROUP.COM .... 9,40 61,66 – 0,11 PHARMAGEST I.... 17,76 116,50 – 1,33 AB GROUPE ...... 43,60 286 +1,40 LVL MEDICAL...... 65,90 432,28 – 1,93 AB SOFT ...... 5,04 33,06 – 8,53 DALET # ...... 5,05 33,13 – 8,18 IDP ...... 2,50 16,40 ... PHONE SYS.NE..... 2,40 15,74 – 0,41 ACTIELEC TEC ...... 6,70 43,95 +0,15 M6-METR.TV A...... aw 33,44 219,35 – 6,57 ACCESS COMME .. 8,01 52,54 – 2,55 DATASQUARE #.... d 4,02 26,37 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 13,70 89,87 – 2,70 ALGECO #...... 115 754,35 +4,45 MANITOU #...... 76 498,53 ... ADL PARTNER ...... 20,40 133,82 – 0,49 DATATRONIC ...... 3,99 26,17 ... INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 48,80 320,11 – 1,41 ALTEDIA...... 47,15 309,28 – 0,53 MANUTAN INTE... 49 321,42 ... ALGORIEL #...... 7,60 49,85 +1,33 DESK #...... 1,80 11,81 +8,43 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 11,49 75,37 ... ALTEN (SVN) ...... w 131,90 865,21 – 0,08 PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHAMEDIA ...... 1,78 11,68 – 3,78 DEVOTEAM #...... w 50,10 328,63 – 4,57 IGE +XAO ...... 9,85 64,61 – 4,46 PROLOGUE SOF ... 7,35 48,21 – 4,55 APRIL S.A.#( ...... b 21,89 143,59 – 0,45 PCAS #...... 24,20 158,74 – 2,22 ALPHA MOS #...... 5,10 33,45 +0,99 DMS #...... 13 85,27 ... ILOG #...... 22,48 147,46 – 5,15 PROXIDIS ...... d 1,28 8,40 ... ARKOPHARMA # .. 140,50 921,62 – 1,06 PETIT FOREST...... 40,04 262,65 +1,37 ALPHA MOS BO.... 0,80 5,25 – 5,88 DIAGNOSTIC N.... d 14,50 95,11 ... IMECOM GROUP.. 2,01 13,18 +0,50 QBIOGENE ...... 4,90 32,14 ... ASSYSTEM # ...... 55,50 364,06 ... PIERRE VACAN...... 64,20 421,12 – 2,28 ALTAMIR & CI ...... 127 833,07 +0,08 D INTERACTIV ..... 7,22 47,36 – 9,52 INFOSOURCES...... 1,01 6,63 – 5,61 QUALIFLOW ...... 18,80 123,32 – 3,59 AUBAY ...... 10,90 71,50 – 0,09 PINGUELY HAU .... w 23,45 153,82 – 0,21 ALDETA ...... d 4,70 30,83 ... D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ... INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... QUANTEL ...... 4,10 26,89 +1,49 BENETEAU #...... 117,70 772,06 – 1,92 POCHET...... a 97,85 641,85 ... ALTI #...... 11,90 78,06 – 2,38 D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ... INFOTEL # ...... 38,80 254,51 – 1,77 R2I SANTE...... 6,75 44,28 – 3,57 BOIRON (LY)#...... 78,35 513,94 +1,75 RADIALL # ...... 84,75 555,92 +1,86 A NOVO # ...... w 179 1174,16 – 0,67 DIREKT ANLAG .... 22,50 147,59 – 7,41 INFO VISTA ...... 11,50 75,44 – 4,96 RECIF # ...... 35,24 231,16 – 2,71 BONDUELLE...... 39,15 256,81 – 4,04 RALLYE (LY)...... w 59,70 391,61 – 0,58 ARTPRICE COM.... 10,89 71,43 – 12,18 DIREKT ANLAG .... 20,61 135,19 – 8,40 INTEGRA NET...... w 2,43 15,94 – 4,71 REPONSE # ...... 30,15 197,77 – 2,74 BQUE TARNEAU... d 99 649,40 ... ROCANI(EX FI ...... d 13,64 89,47 ... ASTRA ...... 0,83 5,44 ... DURAND ALLIZ.... 0,80 5,25 – 3,61 INTEGRA ACT...... REGINA RUBEN ... 1 6,56 – 2,91 BRICORAMA # ...... 61,90 406,04 +1,48 RODRIGUEZ GR ... 58,55 384,06 – 1,51 AUFEMININ.CO.... 2,91 19,09 – 3 DURAN DUBOI .... 15,20 99,71 – 0,07 INTERCALL #...... 1,96 12,86 – 3,92 RIBER #...... 10,75 70,52 – 4,70 BRIOCHE PASQ .... 75 491,97 +0,47 SABATE SA #...... 31 203,35 +0,81 AUTOMA TECH .... 7,63 50,05 +0,39 DURAN BS 00 ...... d 0,18 1,18 ... IPSOS # ...... w 89 583,80 ... RIGIFLEX INT...... 160,50 1052,81 +1,33 BUFFALO GRIL..... 10,69 70,12 +0,85 SECHE ENVIRO ..... 90 590,36 – 0,99 AVENIR TELEC...... w 3,91 25,65 – 7,78 EFFIK # ...... 11,90 78,06 – 2,78 IPSOS BS00...... d 3,75 24,60 ... RISC TECHNOL .... 11,41 74,84 – 5,31 C.A. OISE CC ...... d 96,95 635,95 ... SINOP.ASSET...... d 20,67 135,59 ... AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ... EGIDE #...... 186,50 1223,36 – 4,55 ITESOFT...... 4 26,24 – 5,66 SAVEURS DE F...... 8,69 57 +0,46 C.A. PARIS I...... 73,40 481,47 – 0,61 SIPAREX CROI ...... 30 196,79 – 1,32 BAC MAJESTIC...... 4,30 28,21 – 4,23 EMME(JCE 1/1...... 12 78,71 – 2,04 IT LINK...... 5,80 38,05 – 3,81 GUILLEMOT BS .... 13,20 86,59 – 12,58 C.A.PAS CAL...... 145,90 957,04 +0,14 SOLERI ...... d 253,50 1662,85 ... BARBARA BUI ...... 18,15 119,06 +0,83 ESI GROUP ...... 31 203,35 – 4,59 IXO...... 1,19 7,81 ... SELF TRADE...... 5,11 33,52 – 1,16 CDA-CIE DES...... 44,70 293,21 – 0,67 SOLVING #...... 77,50 508,37 – 0,64 BCI NAVIGATI...... 5,85 38,37 – 0,85 ESKER...... 6,27 41,13 – 0,48 JOLIEZ REGOL...... d 1,18 7,74 ... SILICOMP #...... 52,40 343,72 – 2,06 CEGEDIM #...... 57 373,90 ... STEF-TFE # ...... 46,70 306,33 – 0,21 BELVEDERE...... 16,24 106,53 +2,27 EUROFINS SCI...... 19,15 125,62 – 12,95 KALISTO ENTE...... 1,73 11,35 – 5,46 SITICOM GROU.... 21,40 140,37 – 0,47 CIE FIN.ST-H ...... d 122,10 800,92 ... STERIA GROUP ..... 126,20 827,82 – 2,17 BOURSE DIREC .... 4,04 26,50 – 3,81 EURO.CARGO S.... 11,70 76,75 +0,86 KALISTO ACT...... d 3,61 23,68 ... SODITECH ING .... 9,40 61,66 ... CNIM #...... 62,85 412,27 ... SYLEA ...... 48,46 317,88 +2,89 BRIME TECHNO... 48,19 316,11 +0,40 FIMATEX # ...... w 4,05 26,57 – 6,90 KEYRUS PROGI ..... 2,15 14,10 – 5,29 SOFT COMPUTI.... 8,60 56,41 – 2,27 COFITEM-COFI..... d 61 400,13 ... SYLIS # ...... 30,50 200,07 – 1,13 BRIME TECHN...... 1,40 9,18 +9,38 FI SYSTEM # ...... w 5,61 36,80 – 6,81 KAZIBAO ...... 0,99 6,49 – 2,94 SOI TEC SILI...... w 22,70 148,90 – 7,16 DANE-ELEC ME.... 3,75 24,60 ... SYNERGIE (EX ...... 49 321,42 +4,70 BUSINESS ET ...... 13,29 87,18 ... FI SYSTEME A...... d 4,91 32,21 ... LA COMPAGNIE.... 9,18 60,22 – 0,33 SOI TEC BS 0...... d 15,95 104,63 ... ETAM DEVELOP ... 10,05 65,92 +0,70 TEAM PARTNER ... 16,61 108,95 +0,67 BUSINESS INT ...... 5 32,80 – 3,47 FI SYSTEM BS...... 0,41 2,69 – 4,65 LEXIBOOK #...... 17,20 112,82 ... SOLUCOM ...... 48,59 318,73 – 1,84 EUROPEENNE C... 95 623,16 +0,11 TRIGANO...... w 44,55 292,23 – 2,56 BVRP ACT.DIV...... w 26,55 174,16 – 8,16 FLOREANE MED .. 8,70 57,07 – 0,91 LEXIBOOK ACT...... d 20 131,19 ... SQLI ...... 3,24 21,25 – 0,31 EXPAND S.A...... 62 406,69 – 0,32 UNION FIN.FR...... 43,01 282,13 – 0,30 CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ... GAMELOFT COM . 2,02 13,25 – 0,98 LINEDATA SER...... 23 150,87 – 1,92 SQLI NOUV.01...... d 3,10 20,33 ... FINATIS(EX.L ...... d 135,20 886,85 ... VILMOR.CLAUS ..... 71,90 471,63 – 1,10 CALL CENTER...... 9,65 63,30 – 6,31 GAUDRIOT #...... 33,80 221,71 – 0,59 LYCOS EUROPE..... 1,67 10,95 – 2,91 STACI # ...... 2,69 17,65 +6,32 FININFO...... a 35,44 232,47 +0,85 VIRBAC...... 88 577,24 ... CAST ...... 14,75 96,75 – 1,67 GENERIX # ...... 28,50 186,95 +1,97 MEDCOST #...... 7,24 47,49 – 2,16 STELAX...... 0,69 4,53 ... FLEURY MICHO ... 24,37 159,86 – 0,08 ...... CEREP...... 100,50 659,24 – 0,99 GENESYS #...... 32,20 211,22 – 6,40 MEDIDEP #...... 111,10 728,77 – 4,72 SYNELEC # ...... 17,50 114,79 – 2,72 FOCAL (GROUP.... 68 446,05 ...... CHEMUNEX # ...... 0,18 1,18 – 5,26 GENESYS ACT...... d 42,20 276,81 ... MEMSCAP ...... 6,35 41,65 – 1,55 SYSTAR # ...... 9,50 62,32 – 8,83 GENERALE LOC.... 124,90 819,29 – 0,08 ...... CMT MEDICAL ..... 18,41 120,76 – 0,75 GENESYS BS00 ..... 4,71 30,90 – 9,07 METROLOGIC G ... 77 505,09 – 3,51 SYSTRAN ...... 5 32,80 ... GEODIS ...... 42,30 277,47 ......

E´CUR. TECHNOLOGIES ...... 48,60 318,80 30/05 CIC TECHNO. COM...... 125,19 821,19 30/05 STRATE´GIE INDICE USA...... 10781,61 70722,73 29/05 INTEROBLIG C ...... 57,87 379,60 30/05 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 270,89 1776,92 30/05 INTERSE´LECTION FR. D...... 88,34 579,47 30/05 www.lapostefinance.fr E´PARCOURT-SICAV D ...... 27,73 181,90 30/05 SE´LECT DE´FENSIF C...... 195,12 1279,90 30/05 SICAV et FCP www.clamdirect.com Sicav Info Poste : GE´OPTIM C ...... 2260,67 ´ 14829,02 30/05 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... 278,80 1828,81 30/05 Fonds communs de placements EURCO SOLIDARITE´...... 222,45 1459,18 30/05 SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 183,06 1200,79 30/05 ADDILYS C ...... 105,32 690,85 ´ Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 30 mai E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,52 252,67 30/05 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 483,53 3171,75 30/05 30/05 SELECT PEA DYNAMIQUE .... 172,33 1130,41 30/05 104,49 ´ E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,06 223,42 30/05 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 422,13 2768,99 30/05 ADDILYS D...... 685,41 30/05 SELECT PEA 1 ...... 240,52 1577,71 30/05 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 30,86 202,43 30/05 SG FRANCE OPPORT. C...... 524,87 3442,92 30/05 Valeurs unitaires e Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 45,24 296,75 30/05 SICAV 5000 ...... 189,73 1244,55 30/05 E´metteurs f SLIVAFRANCE ...... 336,27 2205,79 30/05 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 30,26 198,49 30/05 SG FRANCE OPPORT. D...... 491,45 3223,70 30/05 Euros francs ee cours AMPLITUDE EUROPE C...... 37,47 245,79 30/05 SOGENFRANCE C ...... 570,89 3744,79 30/05 08 36 68 56 55 SLIVARENTE...... 40,31 264,42 30/05 AGIPI (2,21 F/mn) SLIVINTER ...... 178,94 1173,77 30/05 AMPLITUDE EUROPE D...... 36,37 238,57 30/05 SOGENFRANCE D...... 514,46 3374,64 30/05 TRILION...... 750,42 4922,43 30/05 AMPLITUDE FRANCE ...... 98,85 648,41 30/05 SOGEOBLIG C...... 109,03 715,19 30/05 28,82 ATOUT CROISSANCE D...... 475,90 3121,70 30/05 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 189,05 30/05 AMPLITUDE MONDE C ...... 272,61 1788,20 30/05 SOGE´PARGNE D...... 45,06 295,57 30/05 ATOUT FONCIER D...... 350,54 2299,39 30/05 Fonds communs de placements AGIPI ACTIONS (AXA)...... 31,28 205,18 30/05 AMPLITUDE MONDE D...... 244,52 1603,95 30/05 SOGEPEA EUROPE...... 271,33 1779,81 30/05 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 92,66 607,81 30/05 ACTILION DYNAMIQUE C * . 209,91 1376,92 30/05 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 20,60 135,13 30/05 SOGINTER C...... 75,46 494,99 30/05 3615 BNP ATOUTFRANCEEUROPED.. 213,35 1399,48 30/05 197,72 ACTILION DYNAMIQUE D * . 1296,96 30/05 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 19,99 131,13 30/05 ATOUT FRANCE MONDE D .. 53,31 349,69 30/05 Fonds communs de placements 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ACTILION PEA DYNAMIQUE 80,40 527,39 30/05 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 121,07 794,17 30/05 ATOUT FUTUR C ...... 235,58 1545,30 30/05 ´ DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 18,42 120,83 29/05 ACTILION EQUILIBRE C *..... 191,05 1253,21 30/05 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 50,04 328,24 30/05 BNP MONE´ COURT TERME.. 2453,52 16094,04 30/05 ATOUT FUTUR D ...... 213,47 1400,27 30/05 ´ DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 63,87 418,96 29/05 ACTILION EQUILIBRE D * .... 178,63 1171,74 30/05 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 36,85 241,72 30/05 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13469,33 88353,01 30/05 ATOUT SE´LECTION D ...... 127,05 833,39 30/05 ´ DE´CLIC ACTIONS INTER...... 42,56 279,18 30/05 ACTILION PEA EQUILIBRE ... 187,49 1229,85 30/05 GE´OBILYS C ...... 117,09 768,06 30/05 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11760,02 77140,67 30/05 DIE`ZE C...... 467,53 3066,80 30/05 DE´CLIC BOURSE PEA...... 59,10 387,67 29/05 ACTILION PRUDENCE C *.... 176,14 1155,40 30/05 GE´OBILYS D...... 107,70 706,47 30/05 BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 153260,19 1005320,94 30/05 EURODYN C ...... 607,52 3985,07 30/05 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 17,96 117,81 29/05 ACTILION PRUDENCE D * ... 164,14 1076,69 30/05 INTENSYS C ...... 20,26 132,90 30/05 BNP OBLI. CT...... 161,94 1062,26 30/05 INDICIA EUROLAND D ...... 134,01 879,05 29/05 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,78 110,07 29/05 INTERLION ...... 224,39 1471,90 30/05 INTENSYS D...... 17,22 112,96 30/05 BNP OBLI. LT ...... 33,05 216,79 30/05 INDICIA FRANCE D ...... 452,48 2968,07 29/05 DE´CLIC PEA EUROPE...... 29,94 196,39 29/05 LION ACTION EURO ...... 107,72 706,60 30/05 KALEIS DYNAMISME C...... 243,51 1597,32 30/05 BNP OBLI. MT C...... 149,23 978,88 30/05 INDOCAM AME´RIQUE C...... 48,64 319,06 30/05 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 73,74 483,70 29/05 LION PEA EURO...... 110,07 722,01 30/05 KALEIS DYNAMISME D ...... 236,83 1553,50 30/05 BNP OBLI. MT D ...... 136,91 898,07 30/05 INDOCAM ASIE C ...... 22,95 150,54 30/05 FAVOR ...... 397,43 2606,97 30/05 KALEIS DYNAMISME FR C.... 90,16 591,41 30/05 BNP OBLI. SPREADS...... 180,09 1181,31 30/05 INDOCAM FRANCE C ...... 408,04 2676,57 30/05 SOGESTION C...... 53,49 350,87 29/05 KALEIS E´QUILIBRE C...... 210,36 1379,87 30/05 BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1918,15 12582,24 30/05 INDOCAM FRANCE D...... 335,40 2200,08 30/05 SOGINDEX FRANCE C ...... 632,21 4147,03 29/05 KALEIS E´QUILIBRE D...... 203,79 1336,77 30/05 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 180,30 1182,69 30/05 ...... Fonds communs de placements CM EURO PEA...... 26,06 170,94 30/05 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 193,09 1266,59 30/05 OBLIFUTUR C...... 97,50 639,56 30/05 ...... BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1799,65 11804,93 30/05 CM EUROPE TECHNOL...... 6,16 40,41 30/05 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 186,65 1224,34 30/05 OBLIFUTUR D...... 80,44 527,65 30/05 ...... CM FRANCE ACTIONS ...... 41,94 275,11 30/05 KALEIS TONUS C...... 84,38 553,50 30/05 REVENU-VERT D...... 171,07 1122,15 30/05 ...... BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT CM MID. ACT. FRANCE...... 38,62 253,33 30/05 OBLITYS C...... 109,93 721,09 30/05 UNIVERS ACTIONS C...... 66,52 436,34 30/05 CM MONDE ACTIONS...... 367,99 2413,86 30/05 ...... www.bpam.fr 01 58 19 40 00 OBLITYS D ...... 108,21 709,81 30/05 UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 42,84 281,01 30/05 ...... CM OBLIG. LONG TERME .... 103,96 681,93 30/05 PLE´NITUDE D PEA ...... 47,81 313,61 30/05 BP OBLI HAUT REND...... 111,96 734,41 29/05 ...... Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM...... 35,06 229,98 30/05 POSTE GESTION C ...... 2572,30 16873,18 30/05 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 74,68 489,87 29/05 ´ ...... ATOUT VALEUR D...... 95,01 623,22 29/05 CM OPTION EQUIL...... 54,69 358,74 30/05 POSTE GESTION D...... 2280,30 14957,79 30/05 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 138,88 910,99 29/05 ...... INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 321,25 2107,26 29/05 CM OBLIG. COURT TERME .. 161,01 1056,16 30/05 POSTE PREMIE`RE...... 6990,07 45851,85 30/05 BP OBLIG. EUROPE ...... 50,74 332,83 30/05 ...... MASTER ACTIONS C...... 51,01 334,60 28/05 CM OBLIG. MOYEN TERME . 330,19 2165,90 30/05 POSTE PREMIE`RE 1 AN...... 41457,92 271946,13 30/05 BP SE´CURITE´...... 101241,63 664101,56 30/05 ...... MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,40 199,41 28/05 CM OBLIG. QUATRE...... 164 1075,77 30/05 POSTE PREMIE`RE 2-3...... 8891,51 58324,48 30/05 EUROACTION MIDCAP...... 162,53 1066,13 30/05 ...... OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 21,30 139,72 29/05 Fonds communs de placements PRIMIEL EUROPE C...... 73,19 480,09 30/05 FRUCTI EURO 50 ...... 123,51 810,17 30/05 ...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... 20,43 134,01 29/05 ´ REVENUS TRIMESTRIELS ..... 778,34 5105,58 30/05 FRUCTIFRANCE C ...... 103,20 676,95 29/05 ´ CM OPTION MODERATION . 19,25 126,27 30/05 ...... OPTALIS EQUILIB. C ...... 20,04 131,45 29/05 THE´SORA C...... 182,65 1198,11 30/05 .... FRUCTIFONDS FRANCE NM 287,53 1886,07 29/05 ´ ...... OPTALIS EQUILIB. D...... 18,75 122,99 29/05 ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 152,47 1000,14 30/05 ...... OPTALIS EXPANSION C ...... 18 118,07 29/05 TRE´SORYS C...... 46585,58 305581,37 30/05 .... www.cdcixis-am.fr ...... OPTALIS EXPANSION D...... 17,87 117,22 29/05 AME´RIQUE 2000...... 153,11 1004,34 30/05 SOLSTICE D...... 360,94 2367,61 30/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,99 118,01 ...... 29/05 ASIE 2000 ...... 83,65 548,71 30/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 16,26 106,66 29/05 Fonds communs de placements ...... NOUVELLE EUROPE...... 253,83 1665,02 30/05 ´ MULTI-PROMOTEURS PACTE SOL. LOGEM...... 77,21 506,46 29/05 DEDIALYS FINANCE...... 94,77 621,65 30/05 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3490,67 22897,29 30/05 ´ NORD SUD DE´VELOP. C...... 514,63 3375,75 29/05 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 82,11 538,61 29/05 DEDIALYS MULTI-SECT...... 74,25 487,05 30/05 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL D. 3239,79 21251,63 30/05 ´ ´ NORD SUD DE´VELOP. D ...... 397,16 2605,20 29/05 UNIVAR C ...... 189,07 1240,22 01/06 DEDIALYS SANTE ...... 102,79 674,26 30/05 ...... ST-HONORE´ CONVERTIBLES 341,09 2237,40 30/05 ´ UNIVAR D...... 186,31 1222,11 01/06 DEDIALYS TECHNOLOGIES.. 50,15 328,96 30/05 ...... Sicav en ligne : ST-HONORE´ FRANCE...... 66,07 433,39 30/05 DE´DIALYS TELECOM...... 59,35 389,31 30/05 ...... 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ST-HONORE´ PACIFIQUE ...... 116,91 766,88 30/05 POSTE EUROPE C...... 88,78 582,36 30/05 ...... ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 144,59 948,45 30/05 E´CUR. 1,2,3... FUTUR ...... 59,84 392,52 30/05 POSTE EUROPE D ...... 85,20 558,88 30/05 ...... ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 399,77 2622,32 30/05 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 20,79 136,37 30/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 190,53 1249,79 30/05 ...... CIC CONVERTIBLES...... 6,10 40,01 29/05 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 114,52 751,20 30/05 E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 77,78 510,20 30/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 174,90 1147,27 30/05 ...... CIC FINUNION ...... 171,85 1127,26 30/05 E´CUR. CAPITALISATION C.... 42,81 280,82 30/05 Fonds communs de placements REMUNYS PLUS ...... 101,48 665,67 30/05 ...... CIC OBLI LONG TERME C..... 14,88 97,61 30/05 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 51,03 334,73 30/05 WEB INTERNATIONAL ...... 32,65 214,17 30/05 ...... CIC OBLI LONG TERME D .... 14,88 97,61 30/05 SG ASSET MANAGEMENT E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 49,84 326,93 30/05 ...... ´ CIC OBLIMONDE...... 134,04 879,24 30/05 Serveur vocal : ECUR. EXPANSION C...... 14489,53 95045,09 30/05 LEGAL & GENERAL BANK ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,47 272,03 30/05 CIC PIERRE...... 37,37 245,13 30/05 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ´ E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 62,10 407,35 30/05 UNION AMERIQUE...... 530,40 3479,20 30/05 CADENCE 1 D ...... 155,57 1020,47 30/05 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 241,60 1584,79 29/05 ´ E´CUR. MONE´TAIRE C...... 220,47 1446,19 30/05 Fonds communs de placements CADENCE 2 D ...... 153,46 1006,63 30/05 LEGENDE E´CUR. MONE´TAIRE D...... 190,12 1247,11 30/05 CIC EURO OPPORTUNITE´..... 645,66 4235,25 30/05 Fonds communs de placements CADENCE 3 D ...... 153,67 1008,01 30/05 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... 179,13 1175,02 30/05 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 8,93 58,58 30/05 STRATE´GIE CAC...... 7217,95 47346,65 29/05 CONVERTIS C...... 247,89 1626,05 30/05 25 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

SCIENCES La santé des animaux pour identifier les substances chi- continu de l’environnement, au lieu complète d’un écosystème nécessite biosurveillance grâce à son apport et des végétaux reflète la qualité miques responsables. b LA BIOSUR- d’un simple instantané. Plusieurs ani- néanmoins de faire appel à plusieurs en matière d’identification des espè- de leur environnement. Les scienti- VEILLANCE se distingue ainsi des maux sont appelés à jouer un rôle organismes représentant les diffé- ces. b LES PROCÉDÉS utilisés se stan- fiques tirent parti des effets de la mesures instrumentales par le fait de sentinelles, déclenchant des aler- rents habitats. b LA TAXINOMIE de- dardisent lentement après une pério- pollution sur ces organismes vivants qu’elle fournit un enregistrement en tes en cas de pollution. b L’IMAGE vrait jouer un rôle important dans la de de développement anarchique. Puces de mer, moules, vers et cloportes deviennent guetteurs de la pollution La biosurveillance se développe parallèlement aux relevés instrumentaux classiques. Sa grande force réside dans la mesure de la « biovalidité », c’est-à-dire de l’influence d’un polluant sur les organismes vivants. Mais il reste à développer le nombre de ces sentinelles de l’environnement

NOUS SOMMES, pour la plupart, La grande force de la biosur- est, souligne-t-il, « un processus d’évaluation de la qualité de l’air au On les trouve partout en grand nom- te, les crustacés constituent souvent consternés par la quantité de détri- veillance est qu’elle mesure la «bio- long et tortueux ». cœur d’une ville, il n’y restera pas long- bre dans l’hémisphère Nord et elles des sentinelles de choix. tus qui se déposent sur les côtes à validité ». Les instruments de mesu- L’Organisation de coopération et temps, à moins d’être entouré d’une entrent dans l’alimentation de beau- Les anatifes, notamment, sont, marée haute. Mais, pour le zoologis- re sont capables de détecter et de de développement économiques clôture électrique. » En milieu marin, coup d’autres êtres vivants. Or, étu- pour Philip Rainbow, « des accumu- te Philip Rainbow, ces rebuts repré- quantifier un polluant, mais ils n’en (OCDE) impose aujourd’hui que la les moules – notamment la moule dier les effets de la pollution sur un lateurs phénoménaux des traces de sentent un don du ciel. La puce de indiquent pas les effets, qui varient toxicité de toutes les nouvelles subs- bleue (Mytilus edulis) – ont long- animal écologiquement important métaux ». Ils présentent les concen- mer, Talitrus saltator, habite les en fonction de facteurs tels que l’aci- tances chimiques industrielles soit temps été les stars de la biosur- donne aux résultats obtenus une trations les plus fortes relevées sur replis humides des cartons de lait dité ambiante et le climat. testée en laboratoire sur le ver de veillance. Ces organismes, qui fil- signification plus large. des organismes vivants. Pour la bio- qui jonchent les rives de la Baltique. Les organismes vivants ne révéle- fumier (Eisenia foetida), mais il a fal- trent l’eau dans laquelle ils vivent, surveillance, ce chercheur est favora- Or Rainbow, qui travaille au ront que la fraction de polluants lu vingt ans de querelles pour que retiennent avec leur nourriture les PROGRAMMES DE SURVEILLANCE ble à l’utilisation de crustacés « cos- Muséum d’histoire naturelle de Lon- ayant des conséquences biologi- cette disposition soit rendue obliga- polluants dont on trouve des Plusieurs pays, dont la France et mopolites » présents un peu partout dres, utilise ce petit crustacé pour ques ; de même qu’ils accumulent toire. Steve Hopkin souligne, enfin, concentrations élevées dans leurs les Etats-Unis, possèdent des pro- sur la planète, comme l’anatife Bala- ces polluants en proportion des que le cloporte présente certains tissus. grammes de surveillance des mou- nus amphitrite, qui s’est répandu quantités qui se trouvent dans l’en- avantages autres que scientifiques Les moules ont, en outre, une vie les qui visent à déceler les tendances dans le monde entier en s’attachant vironnement. Ces organismes pro- sur les appareils de mesure, qui sont sédentaire, ce qui permet d’éviter de la pollution à long terme et à à la coque des bateaux. cèdent également tout au long de coûteux et ne passent pas inaper- toute erreur sur le lieu d’origine des grande échelle. Dans les climats plus Depuis le milieu des années 1980, leur vie à un enregistrement en con- çus : « Si l’on installe un dispositif substances chimiques absorbées. chauds, d’où Mytilus edulis est absen- Philip Rainbow traque la pollution tinu de cet environnement, car ils dans les eaux de Hongkong, dont il incorporent toutes les substances L'association de l'électronique et du vivant relève les traces dans la moule et le chimiques auxquelles ils sont expo- l’anatife. L’une des victoires de ce sés. Les relevés instrumentaux, programme a été de mettre fin à quant à eux, constituent davantage une opération qui consistait à un instantané. démanteler des batteries et à laisser se déverser dans l’eau du plomb et APPAREILS COÛTEUX ET FRAGILES Vers de fumier (Eisenia foetida) des diphényles polychlorurés. Un L'OCDE impose que la toxicité de tou- Steve Hopkin, zoologue à l’uni- tes les nouvelles substances chimiques exemple de la façon dont les études versité de Reading (Royaume- soit testée en laboratoire sur le ver. sur la biosurveillance peuvent pié- mesurer la pollution par les métaux Uni), plaide depuis longtemps ger les contrevenants dans telle ou lourds dans la baie de Gdansk. pour l’utilisation du cloporte et du telle action précise, en même temps L’idée n’est pas nouvelle. La bon- ver de terre dans le contrôle de la qu’elles mettent en lumière de vas- ne ou la mauvaise santé des ani- pollution de l’air et des sols. tes schémas. maux et des végétaux reflète la quali- L’Agence pour l’environnement Aussi puissantes et prometteuses té de leur environnement. Les du Royaume-Uni « commence à Le Musselmonitor, ou moniteur à Lichens que soient les espèces modèles, un mineurs de fond emportaient déjà envisager, dit-il, l’emploi d’animaux moules, est un capteur biologique Les lichens sont utilisés pour surveiller seul organisme ne présentera jamais avec eux un canari pour être alertés comme moyens de surveillance ».Il qui contrôle en continu la qualité de la pollution atmosphérique. l’image complète d’un environne- d’un air vicié dans les galeries. estime, cependant, qu’il est plus l'eau. Il est constitué de huit moules ment. Si l’on veut, par exemple, sur- Aujourd’hui, en même temps qu’ils facile pour l’administration de fai- agissant comme des détecteurs. veiller la pollution par les herbici- cherchent à détecter la pollution, les re valoir (et pour les tribunaux d’in- En temps normal, les bivalves des, le mieux est de prendre un végé- scientifiques tirent parti de ses con- terpréter) les données qu’appor- restent ouverts pour assurer leur tal pour témoin. Mais les écosystè- respiration et leur alimentation. séquences sur les organismes tent les instruments que les infor- Cloportes mes comportent un grand nombre En cas de pollution, ils se ferment. vivants pour découvrir les substan- mations fournies par les organis- Cet animal est plus discret et robuste d’habitats différents. Pour obtenir Le système électronique émet alors qu'un appareil de mesure pour évaluer ces chimiques présentes, leurs quan- mes vivants. Introduire des mesu- une alarme. la qualité de l'air. un relevé marin complet, il faut ajou- tités et leur provenance. res nouvelles dans les textes de loi Source : www.mermayde.nl ter à l’information donnée par un organisme filtrant comme la moule l’analyse, par exemple, d’une algue qui prélève ses substances chimi- Sonder les entrailles Le « moniteur à moules », système de première alerte ques en solution, ainsi que celle d’un habitant des sédiments comme POUR FAIRE de la biosurveillance, une certaine entre deux. » Le Musselmonitor est conçu pour rédui- le ver. des sentinelles marines compétence en biologie et un laboratoire d’analyses re cet entre-deux, tout en conservant les avantages Le développement de la biosur- chimiques suffisent. Mais à peu près n’importe qui d’une biosurveillance, le fait notamment que les mou- veillance, et la nécessité qu’elle impli- COMMENT déterminer l’impact trielle, aboutissant à des mélanges peut utiliser le Musselmonitor (littéralement, le moni- les réagissent à des milliers de substances chimiques. que d’identifier les espèces, pourrait réel d’une pollution ponctuelle ou complexes de molécules chimiques teur à moules). Dans ce dispositif de la taille d’un donner un nouvel élan à cette disci- de la présence au long cours de « qui peuvent aggraver les effets ».Il seau, sont placées huit moules. Un détecteur électri- UN EXEMPLE EXTRÊME pline démodée qu’est la taxinomie. contaminants dans les milieux natu- importe aussi de distinguer les réac- que mesure l’ouverture des coquilles. Lorsque l’eau Le dispositif a été mis en place dans le Rhin et le Les botanistes ont entrepris de for- rels ? En ce qui concerne le milieu tions de défense des organismes sus- est polluée, les moules se ferment, et, à partir d’un Danube, un peu partout en Europe et aux Etats-Unis, mer les fonctionnaires à l’identifica- marin, les toxicologues s’appuient citées par les polluants de celles certain nombre de coquilles fermées, le moniteur ainsi qu’en Australie. Kees Kramer hésite à parler de tion des lichens, et Philip Rainbow depuis une trentaine d’années sur engendrées par d’autres « stress déclenche une alarme sonore. fortes pollutions détectées par le Musselmonitor, transmet ses compétences aux scien- des mesures chimiques, réalisées environnementaux » – changments L’appareil, qui coûte environ 18 000 euros, est con- mais « nous avons, dit-il, fait des observations intéres- tifiques et aux étudiants des pays notamment par le Réseau national de température, de salinité, ou de la çu pour la surveillance immédiate de petites structu- santes ». Mermayde met actuellement au point des dans lesquels il travaille. Mais le sta- d’observation, financé par le ministè- présence de bactéries ou de virus. res comme une prise d’eau potable ou une sortie d’ef- appareils de surveillance qui incorporent plusieurs tut modeste de la taxinomie peut re de l’environnement et animé par fluents industriels. Pour Kees Kramer, directeur de espèces, et peuvent donc répondre à un choix plus gêner les progrès de la biosurveillan- l’Institut français de recherche pour MARQUEURS CHEZ LES POISSONS l’agence de conseil en environnement Mermayde, large de situations. ce. Dans un monde où l’expérimen- l’exploitation de la mer (Ifremer). Il Les organismes cibles retenus dont le siège est aux Pays-Bas et qui a participé à la Le Musselmonitor est un exemple extrême de bio- tation des hypothèses domine la s’agit de prélever à intervalles régu- pour leur collecte facile, leur profu- mise au point de Musselmonitor, « c’est un système surveillance active : il s’agit d’une démarche hybride science, regrette William Purvis, liers des huîtres et des moules, mais sion et leurs contacts avec le sédi- de première alerte. En cas d’augmentation soudaine de entre les mesures instrumentales et la biosurveillan- botaniste et directeur du program- aussi des échantillons d’eau et de ment sont des poissons comme la concentration d’un polluant, les moules vont la perce- ce. Les moules sont, dans les systèmes aquatiques, me de biosurveillance au Muséum sédiments sur le littoral et dans les limande, le flet, le callionyme en voir ». les organismes les plus prisés par cette technique. A d’histoire naturelle de Londres, «la estuaires, et d’y mesurer directe- Atlantique et mer du Nord ; le rou- Les ingénieurs et les techniciens auxquels le Mus- terre, des tests sont réalisés sur les cultures normali- biosurveillance n’est pas considérée ment la présence des polluants. get barbet et le serran en Méditerra- selmonitor est destiné « sont habitués à ouvrir et à fer- sées d’herbe, de chou frisé et de lichens. comme une discipline de pointe ». Mais de telles mesures ne don- née ; la moule et l’huître chez les mer des commutateurs, indique Kramer, mais en biolo- nent qu’une idée indirecte des mollusques. L’identification de bio- gie rien n’est vraiment ni noir ni blanc, tout est plutôt J. W. John Whitfield dégâts potentiels dont sont victimes marqueurs analogues à ceux que ces organismes sentinelles. Aussi les l’on a définis chez le rat ou les ani- écotoxicologues se sont-ils inspirés, maux de laboratoire classiques est depuis une douzaine d’années, des plus facile sur les poissons, plus pro- De l’anarchie à la standardisation des procédés méthodes mises au point par le ches en terme d’évolution, que sur milieu médical. « Nous utilisons des les mollusques. Pour l’heure, l’utilisa- BEAUCOUP de biologistes consi- gées de la réglementation pour inté- eau douce. Au début du siècle der- « par la sélection naturelle », selon indicateurs biologiques, des biomar- tion de ces biomarqueurs reste expé- dèrent encore leur discipline comme grer surveillance biologique et sur- nier, les spécialistes de ce milieu ont, les termes de Pier Luigi Nimis. Les queurs, employés par exemple pour rimentale, cantonnée à des « sites le parent pauvre de la surveillance veillance chimique. » les premiers, compris que la biodi- scientifiques ayant, par ailleurs, agi tester les effets du phénobarbital sur ateliers » comme la baie de Seine ou de l’environnement. L’essentiel des La science reste, à certains égards, versité nous renseignait sur la pollu- de concert, le gouvernement a été les rats », explique Thierry Burgeot, le golfe de Fos-sur-Mer. « Ce qui sommes consacrées par les pouvoirs à la traîne de la réglementation. tion ; les relevés sont ainsi entrés alerté. L’agence nationale pour l’en- du département polluants chimi- nous intéresse, ce n’est pas tant de con- publics à ce problème vont aux ins- L’obligation de contrôle de la con- dans la législation. Mais ce domaine vironnement a, en Italie, lancé un ques d’Ifremer à Nantes. Nous mesu- trôler la qualité du produit pour la truments de relevés physiques et chi- centration des polluants dans les d’étude n’a pas évolué, alors que les projet de cartographie des lichens rons, entre autres, l’activité des systè- consommation, plutôt du ressort des miques, de sorte que ces données organismes est inscrite dans la Con- techniques de surveillance des et, dans la foulée d’une rencontre mes enzymatiques qui assurent la services vétérinaires, que de s’assurer constituent la base de la plupart des vention pour la protection des envi- milieux marins se sont affinées et organisée en Allemagne au mois de détoxication ou la métabolisation des de la qualité du milieu naturel », pré- directives et des normes édictées. ronnements marins du Nord-Est possèdent aujourd’hui un plus mai dernier, des protocoles paneuro- polluants. » Car si les polychlorobi- cise Thierry Burgeot. Il espère être « Le problème est, pour le zoologiste atlantique, dont la plupart des pays grand pouvoir prédictif. Selon Peter péens de surveillance sont nés. phényles (PCB), par exemple, sont d’ici quatre à cinq ans en mesure de Philip Rainbow, de faire passer le européens sont signataires. Mais les Matthiesen, le type d’analyse qui Les approches biologique et chi- généralement stockés et « neutrali- proposer des cartes de qualité du lit- message au gouvernement. Les déci- relevés biologiques s’étant multi- prévaut pour les écosystèmes en mique peuvent être complémentai- sés » en l’état dans les tissus grais- toral, rendant compte des niveaux deurs doivent franchir un pas concep- pliés, la diversité des méthodes eau douce indique uniquement si un res lorsque, par exemple, explique seux des poissons, d’autres pol- et effets des pollutions. tuel » vers l’information biologique. utilisées dans les laboratoires a « impact majeur s’est produit ». Pier Luigi Nimis, « nous indiquons luants, comme les hydrocarbures La catastrophe de l’Erika a mal- Sans compter que la biosurveillance empêché d’établir des comparai- Le caractère composite et désorga- [aux responsables de aromatiques polycycliques (HAP), heureusement offert « un labo gran- coûte en général moins cher que les sons significatives. nisé de la communauté des cher- l’environnement] les points chauds sont plus efficacement « biotrans- deur nature » qui permet de tester la études instrumentales. cheurs qui étudient la biosurveil- où il faut qu’ils installent leurs instru- formés » et sont alors susceptibles validité de cette méthode sur les Le retard de la biosurveillance s’ex- EN MER PLUS QU’EN EAU DOUCE lance – beaucoup sont taxinomistes ments ; 500 mètres plus loin, les résul- de prendre une forme plus toxique. organismes sentinelles que sont la plique en partie par l’histoire. Le con- En 1998, l’Union européenne a et travaillent de façon isolée sur un tats n’auraient pas du tout la même « Ces métabolites peuvent s’accro- moule et les jeunes soles. Les pre- trôle chimique s’est développé jus- entrepris de normaliser la surveil- animal, un végétal ou une technique valeur ». La normalisation facilite la cher à l’ADN, induire des mutations, mières, sédentaires, font preuve de qu’à devenir indélogeable. « Cela ne lance biologique des milieux marins. privilégiés – a fait prendre du retard biosurveillance. Une réduction du voire les premières étapes de la cancé- capacités de résistance étonnantes, se modifie pas en un jour, souligne Avant que la dernière main ne soit à d’autres domaines de cette disci- nombre des espèces prises en rogénèse, indique Thierry Burgeot. tandis que les secondes, plus sensi- Peter Matthiesen, écotoxicologue et mise à ce projet, en octobre pro- pline. En Italie, Pier Luigi Nimis, compte et des méthodes utilisées Les chercheurs sont donc à la recher- bles, peuvent se protéger en chan- directeur du Centre du Royaume- chain, les laboratoires concernés botaniste à l’université de Trieste, pour les étudier rend les données che des indicateurs biologiques geant d’habitat. Un programme de Uni pour l’écologie et l’hydrologie devront avoir réalisé une demidou- utilise les lichens pour surveiller la plus faciles à interpréter, à compa- caractéristiques de telles réactions, surveillance, lancé en 2000 par le (Windermere). Chacun se cram- zaine de tests standardisés. « Comp- pollution de l’air. Il estime qu’« une rer et à reproduire. afin de proposer un diagnostic de ministère de l’environnement, a été ponne jalousement à son petit fief. » te tenu de l’étendue du champ des anarchie totale a régné pendant toute l’état d’exposition des organismes reconduit cette année et pourrait Peter Matthiesen estime néanmoins relevés, qui s’étend de l’activité des une période où chaque scientifique J. W. dans leur milieu naturel. être prolongé au-delà pour étudier que la situation a changé, au moins enzymes à la biodiver sité des espèces, appliquait sa propre méthode ». Leur tâche est compliquée par le l’impact de la marée noire à plus en ce qui concerne les milieux ce n’est pas une petite affaire », com- Aujourd’hui que cette science est e Page réalisée par les rédactions fait que le milieu marin est générale- long terme. marins : « Une formidable dynami- mente Peter Matthiesen. devenue adulte, les chercheurs utili- du Monde,d’El Pais et de la revue ment porteur de contaminations dif- que s’est opérée ces dernières années Ce chercheur préconise d’élargir sent presque tous le même ensem- internationale Nature. Traduction fuses, d’origine domestique ou indus- Hervé Morin au sein des principales instances char- la démarche aux écosystèmes en ble de procédés qui s’est imposé de l’anglais par Sylvette Gleize. 26 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS

Perclus de crampes, Andy Roddick impose Une équipe de France inédite son charisme et son culot à Michael Chang triomphe aisément Le jeune Américain au talent prometteur écarte son compatriote en cinq sets de la Corée du Sud Andy Roddick, un adolescent américain de dix- 6-7 [5-7], 7-5), mercredi 30 mai, au tournoi de charisme et à son culot, mais aussi grâce à son sept ans, a péniblement disposé du vétéran Roland-Garros. Le jeune joueur de Boca Raton courage physique, qui lui a permis de vaincre ses Michael Chang, en cinq manches (5-7, 6-3, 6-4, (Floride) a conquis le public parisien grâce à son crampes. Un net succès (5-0) en Coupe des Confédérations

ANDY RODDICK n’avait à l’épo- sifflé ses fautes pendant quatre nait d’une façon tragi-comique à disparaissent aussi, et il y a les très DAEGU (Corée du Sud) Debout près de son banc, Roger que que sept ans, mais il jure s’en sets et demi. Ni à blottir sa carcas- chaque service. « Ma main était agi- mauvaises crampes, qui vous saisis- de notre envoyé spécial Lemerre jubile. Ses choix étaient les souvenir comme si c’était hier. se d’adolescent dans les bras d’un té de petits spasmes et mes mollets sent pour ne plus vous lâcher. Enfin, Ses manières et son verbe, sou- bons. « Cette première mi-temps a « Ça m’a tellement inspiré que, tout juge de ligne, feignant les larmes aussi et quand je servais j’avais des il y a la crampe générale dans tout vent trop convenus, le laissent été exemplaire, commentera-t-il. Un de suite après, je suis allé jouer sur après avoir expédié un coup droit crampes aux quadriceps », a-t-il le corps, qui ne vous permet plus assez peu deviner. Mais Roger modèle de fluidité et de jeu collec- un court pen- de filet sur sa première balle de expliqué plus tard, visiblement en que de marcher totalement raide, et Lemerre ne tif. » La seconde période traîne par- dant au moins match, à 5-4 dans la dernière man- bonne voie de récupération. là il vous faut une perfusion. Mais, déteste pas fois en longueur, mais elle conserve trois heures, che. Son culot a conquis le public. dans le temps, on n’en avait pas, s’offrir par- la même ligne. Le sélectionneur fait dit-il. C’est un « C’est à la fois un joueur très soli- DOCTEUR ÈS CRAMPES alors je m’hydratais et je marchais, fois un tourner ses troupes, il fait entrer Syl- peu grâce à de à l’entraînement et expressif, un En fin connaisseur des différents je m’hydratais et je marchais, jus- moment d’im- vain Wiltord, puis , ça que je me peu à la façon de Yannick Noah, stades de la crampe chez le tennis- qu’à me débarrasser des crampes. prévu. Sur- avant d’offrir à le suis vraiment explique son entraîneur, l’ancien man, Chang ne s’est pas laissé dis- Je pense qu’Andy n’allait pas trop tout loin de bonheur indélébile d’une première passionné joueur français Tarik Benhabiles.Il traire par le manège de son jeune mal dans le sens où il parvenait ses terres, sélection. Les Coréens s’y perdent. ROLAND-GARROS pour le tennis. a su utiliser à son avantage l’énergie compatriote. Il a continué à jouer encore à bouger et c’est peut-être la FOOTBALL lorsque l’exo- Youri Djorkaeff (80e) puis Sylvain Ça ressemblait à un conte de fées. » des spectateurs sur la fin. » son jeu. « Je suis bien placé pour raison pour laquelle il était encore tisme des lieux, la ville de Daegu, à Wiltord (92e) alourdissent le score. Il évoque évidemment les Dans la tribune des joueurs, le connaître les paliers [de la capable de bien servir. » moins d’une heure de vol au sud de « Je savais que nous avions encore du fameux huitièmes de finale de coach est passé par toutes les cou- douleur] », a affirmé celui dont le Son service dévastateur, régulier Séoul, incite à une certaine extrava- chemin à parcourir, j’en ai aujour- 1989. Son compatriote Michael leurs : « A un moment, je ne savais corps râblé a connu bien des occa- au-dessus des 200 km/h, lui a en gance. Mercredi 30 mai, le sélec- d’hui la certitude », soupire Guus Chang, à peine âgé de dix-sept même plus s’il devait continuer. sions de se nouer depuis 1989. effet sauvé la mise. Dominateur tionneur a joué de son effet de sur- Hiddink, l’entraîneur hollandais des ans, avait terrassé à Roland-Gar- Pour son premier match en cinq Et d’énumérer doctement les dif- dans l’échange, il a bien failli être prise en désignant du doigt les Coréens. ros – malgré des crampes qui l’obli- sets. Il n’a pas joué juste, il a mal férents stades de la crampe chez le victime de son impatience indomp- onze Bleus pour affronter la Corée Ces derniers mois, l’équipe de geaient à servir « à la cuiller » – le géré son énergie. J’ai eu peur qu’il se tennisman : « Il y a d’abord les tée et de son trop-plein d’énergie. du Sud, en match d’ouverture de la France a pris l’habitude de donner numéro un mondial, Ivan Lendl, blesse, qu’on se retrouve avec six petits fourmillements, qui sont sup- Avec le tennis américain qui brûle Coupe des Confédérations. Il a tous les coups sans jamais en rece- après cinq manches et 4 h 37 min mois d’arrêt. » portables et disparaissent parfois. de se trouver une relève, Andy montré Eric Carrière, milieu de ter- voir. « Elle est tellement pleine de cer- de jeu. Il était ensuite devenu, à Mais le jeune insolent n’aurait Puis, il y a celles qui apparaissent Roddick a pris date. rain nantais à la maigreur trompeu- titudes qu’elle récite son football en tout juste 17 ans, le plus jeune jeté l’éponge pour rien au monde. brutalement quand on force pour se, élu meilleur joueur du cham- toutes circonstances », commente vainqueur d’un tournoi du Grand « On ne joue pas trois heures trente un service ou un smash, parfois elles Patricia Jolly pionnat de France. Puis il a choisi . A Daegu, les Bleus Chelem, en battant en finale le Sué- pour se coucher et mourir quand ça Steve Marlet, attaquant lyonnais ont pourtant réussi à surprendre, dois Stefan Edberg. devient un peu plus dur, dit-il. [Le aux jambes de sprinter. Le premier en acceptant aussi vite, et tellement Mercredi 30 mai, lors du deuxiè- tennis professionnel] c’est dur tous n’avait jamais porté le maillot de bien, tous les nouveaux venus. On me tour, qui l’a opposé pendant les jours. Alors pourquoi céder Virginie Razzano, ou comment l’équipe de France. Le second une les croyait trop soudés les uns aux 3 h 50 à Chang pour le premier quand on a travaillé si dur ? » Rod- seule fois, en novembre, dans les autres pour laisser s’immiscer un match en cinq sets de sa carrière, dick n’a pas davantage obtempéré dernières secondes d’un match ou plusieurs intrus. On imaginait Roddick s’est trouvé à son tour lorsque Benhabiles lui a fait signe gagner avec le sourire contre la Turquie. Deux débutants facilement qu’un titre mondial puis dans la peau du jeune loup ambi- d’en appeler une deuxième fois au d’un coup, Roger Lemerre prend la un autre européen suffisaient aux tieux mais endolori. Et il s’est soigneur dans l’ultime set. SI LES FRANÇAIS en lice pour s’est offert le luxe d’éliminer l’Alle- raison à contrepied. On s’en éton- anciens à fermer solidement la por- imposé en cinq manches (5-7, 6-3, « J’avais peur de ne plus pouvoir me le deuxième tour, mercredi 30 mai, mande Anke Huber (6-0, 4-6, 6-1) ne. « J’avais plusieurs solutions possi- te du palais. Mais l’impression était 6-4, 6-7 [5/7], 7-5). relever si je m’asseyais trop long- ont tous été éliminés, leurs homolo- pour sa première apparition sur le bles et pas vraiment d’idées toutes trompeuse. Eric Carrière l’a expli- A ce bégaiement de l’histoire temps », a-t-il argué. gues féminines ont réalisé d’intéres- court central de Roland-Garros. faites », expliquera-t-il. qué à sa sortie du terrain, les yeux presque trop beau pour être vrai, Farouche combattant, l’ancien santes performances. Nathalie Echappant à la fameuse pression L’équipe de France offre donc encore embués par l’émotion le joueur de Boca Raton (Floride), numéro un mondial juniors a un Dechy s’est qualifiée pour le troisiè- qui paralyse traditionnellement la aux 60 000 spectateurs coréens, d’avoir joué le match d’un bout à âgé de dix-huit ans, s’est permis penchant inné pour le show. Au me tour aux dépens de la Sud-Afri- plupart de ses compatriotes aux ébouriffés par l’averse, une allure l’autre : « J’étais un peu inquiet, d’ajouter une touche personnelle, point que d’aucuns l’ont soupçon- caine Joanette Kruger et retrouvera Internationaux de France, la déten- inédite. Fait rarissime, elle compte mais les plus vieux ont su me mettre révélant un charisme qui semblait né d’en rajouter un tantinet dans la Slovaque Henrieta Nagyova, sur trice du titre juniors 2000 a expliqué cinq joueurs évoluant dans le cham- en confiance, par quelques mots, un à jamais perdu pour le tennis. ses gesticulations lorsque les cram- laquelle, dit-elle, elle a une revan- que sa seule véritable difficulté pionnat de France. Et Youri Djor- regard, une poignée de gestes. Ce Pour preuve, il n’a pas hésité, mal- pes l’ont envahi. Comme atteint che à prendre. avait été de « prendre ses repères » kaeff, pourtant désigné par Robert groupe n’est pas fermé, l’intégration gré la tension, à aller taper dans la de brusques accès de danse de Virginie Razzano, âgée de dix- sur ce court inconnu. Pires comme le remplaçant naturel y est vraiment facile. On m’a beau- main d’un fan de Chang qui avait Saint-Guy, Roddick se contorsion- huit ans et numéro 113 mondial, Malgré les cinq défaites essuyées de , astique le banc coup donné le ballon. J’ai eu un plai- en sept matches disputés depuis de touche. Les Coréens le remar- sir fou. » En son temps, Aimé Jac- février, la Nîmoise au visage de sta- quent et se mettent à rêver d’un quet avait eu un mal de chien à choi- tue antique n’a « plus peur de per- possible succès. Ils mordent dans la sir vingt-deux joueurs pour dispu- sonne ». Si elle s’est imposé un gros balle avec des airs de meurt-de- ter le Mondial. Roger Lemerre, son travail physique avant d’arriver à faim. « On a compris tout de suite successeur, en perdra sûrement lui Paris, elle bénéficie aussi du suivi qu’ils en voulaient, assurera Marcel aussi le sommeil. d’un psychologue de la FFT. « Mon Desailly. Leur motivation sautait travail [psychologique] passe avant aux yeux. » Alain Mercier tout par le sourire, explique-t-elle. J’ai besoin de rire, de m’amuser dans UN GESTE D’ARTISTE La fiche technique tout ce que je fais. A l’entraînement, La scène est saisissante. Mais elle même quand c’est dur, j’aime pren- ne dure pas. Sur le premier corner Corée du Sud - France : 0 - 5 dre le plaisir de sourire, ne serait-ce français, Steve Marlet ose un geste Coupe des Confédérations, 1er tour que deux ou trois minutes avant de d’artiste, une reprise de volée à un • Stade de Daegu ; recommencer ce que j’ai à faire. Cela bon mètre du sol. Sa frappe laisse Temps doux et pluvieux ; pelouse en bon état ; m’aide à me relâcher, à rester serei- la défense sans voix et rend le stade e 60 000 spectateurs ; ne, à trouver un bien-être chez moi. » aphone (9 minute). Dix minutes arbitre : M. Al-Ghandour (Egypte) Au prochain tour, Virginie Razzano plus tard, reprend à BUTS rencontrera la Belge Justine Hénin, son compte, sur un coup franc, le e tête de série nº 16, une autre promet- culot du jeunot. Mais il le fait avec FRANCE : Steve Marlet (9 ), Patrick Vieira (19e), (34e), Youri Djorkaeff teuse jeune joueuse de dix-huit plus de retenue, gardant les pieds (80e), (92e). ans, elle aussi en pleine confiance. au sol pour cogner un ballon ren- voyé par le mur coréen. Lui qui • LES ÉQUIPES P. Jo. n’avait encore jamais marqué en CORÉE DU SUD : équipe de France rattrape cet oubli (sélectionneur : G. Hiddink) e Lee Woon-Jae • Kim Tae-Young (Ha Seok- f www.lemonde.fr/rolandgarros2001 en y mettant les formes (19 ). Dans Ju, 76e), Hong Myung-Bo, Lee Min-Sung, la minute qui suit, Christophe Song Chong-Gug • Yoo Sang-Chul, Lee LES RÉSULTATS Dugarry commet une bourde en Young-Pyo (Hwang Sun-Hong, 46e), Park manquant un penalty. Les Coréens Ji-Sung • Ko Jong-Su (An Hyo-Yeon, e e Simple messieurs (2 tour) y voient un signe, mais leur vue 70 ), Seol Ki-Hyeon, Choi Sung-Yong b Premier quart de tableau doit leur jouer des tours. Steve Mar- FRANCE : G. Kuerten (Bre, nº1) b. A. Calleri (Arg) 6-4, 6-4, 6-4 ; (sélectionneur : R. Lemerre) K. Alami (Mar) b. H. Levy (Isr) 6-4, ab ; let et Nicolas Anelka se jettent sur Ramé • Lizarazu, Silvestre, Desailly, M. Russel (Usa) b. S. Bruguera (Esp) 4-6, 5-7, 6-3, un centre d’Eric Carrière. Le pre- Sagnol • Pires (Dacourt, 83e), Vieira • ab ; mier semble avoir fait l’essentiel, Dugarry (Djorkaeff, 73e), Carrière • Marlet X. Malisse (Bel) b. K. Pless (Dan) 4-0, ab ; mais l’arbitre attribue au second le (Wiltord, 67e), Anelka. B. Ulihrach (Tch) b. M. Puerta (Arg) 2-6, 6-3, 6-3, e 6-3 ; troisième but français (34 ). T. Robredo (Esp) b. J.-R. Lisnard (Fra) 6-3, 6-3, 6-0 ; O. Rochus (Bel) b. D. Hrbaty (Slo) 2-6, 6-4, 6-4, 6-4 ; E . Kafelnikov (Rus, nº7) b. C. Mamiit (Usa) 7-6 (7/3), DÉPÊCHES 3-6, 6-3, 7-6 (7/2). a b Deuxième quart du tableau CYCLISME : l’Espagnol Pablo Lastras (Banesto) a remporté mer- J.-C. Ferrero (Esp, nº4) b. M. Ondruska (Afs) 6-2, 6-2, credi 30 mai à Gorizia la 11e étape du Tour d’Italie. Avant d’atta- 6-0 ; quer la montagne, l’Italien Dario Frigo (Fassa Bortolo) occupait la tête J. Diaz (Esp) b. F. Gonzales (Chi) 3-6, 7-5, 6-3, 6-4 ; J. Novak (Tch) b. C. Pioline (Fra) 2-6, 6-4, 6-2, 7-5 ; du classement général du Giro. T. Enqvist (Sue, nº14) b. J. Acasuso (Arg) 4-6, 6-3, a DOPAGE : deux coureurs, un Italien et un Français dont les iden- 6-4, 7-5 ; tités n’ont pas été révélées, ont été contrôlés positif à l’EPO à l’oc- T. Henman (Gbr, nº11) b. S. Shalken 6-4, 6-4, 6-2 ; casion du Tour de Romandie disputé entre les 8 et 13 mai. G. Canas (Arg) b. A. Martin (Esp) 6-2, 4-6, 6-2, 2-6, a 6-4 ; FOOTBALL : Eric Cantona va revenir épisodiquement au Man- A. Roddick (Usa) b. M. Chang (Usa) 5-7, 6-3, 6-4, 6-7 chester United pour entraîner des équipes de jeunes. L’ancienne star (5/7), 7-5 ; française des Reds Devils, élue à deux reprises meilleur footballeur de L. Hewitt (Aus, nº6) b. N. Davydenko (Rus) 6-0, 6-1, l’année (1994 et 1996) avait quitté le club en 1997. 6-3. a RUGBY : Alain Penaud (31 ans), demi d’ouverture du Stade tou- Simple dames (2e tour) lousain, jouera la saison prochaine au CA briviste, qu’il avait quitté b Troisième quart du tableau en 1998 pour le club anglais de Saracens. Arrivé à Toulouse en 1999, H. Nagyova (Slq) b. E. Dementieva (Rus, nº7) 7-5, 7-5 ; l’international natif de Brive sera remplacé par le Palois David Auca- N. Dechy (Fra) b. J. Kruger (Afs) 6-3, 6-2 ; gne. Rétrogradé en division 2, le CA Brive s’est récemment séparé de M. Marrero (Esp) b. S. Sfar (Tun) 3-6, 7-5, 6-4 ; K. Clijsters (Bel, nº12) b. M. Diaz Oliva (Arg) 7-5, 6-1 ; ses deux entraîneurs Serge Laïrle et Jean-François Thiot. J. Dokic (You, nº15) b. M. Irvin (Usa) 6-1, 6-2 ; a LOTO : résultats des tirages no 43 effectués mercredi 30 mai. P. Mandula (Hon) b. R. De Los Rios (Par) 7-5, 5-7, Premier tirage : 1, 17, 19, 23, 28, 32 ; complémentaire : 25. Pas de 7-5 ; gagnant pour 6 numéros. 5 numéros et complémentaire : 884 555 F C. Torrens-Valero (Esp) b. M. Pratt (Aus) 6-4, 6-2 ; R. Grande (Ita) b. J. Kandarr (All.) 6-2, 6-4. (134 849 ¤) ; 5 numéros : 6 505 F (991 ¤) ; 4 numéros et complémentai- b Quatrième quart du tableau re : 278 F (42,38 ¤) ; 4 numéros : 139 F (21,19 ¤) ; 3 numéros et complé- L. Krasnoroutskaya (Rus) b. L. Nemeckova (Tch) 6-4, mentaire : 28 F (4,26 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,13 ¤). Second tirage : 3, 6-3 ; D. Chladkova (Tch) b. A. Kremer (Lux) 4-6, 6-2, 6-3 ; 8, 14, 21, 24, 33 ; complémentaire : 43. 6 numéros : 5 718 320 F D. Bedanova (Tch) b. A. Glass (All) 4-6, 7-5, 6-0 ; (871 752¤) ; 5 numéros et complémentaire : 179 475 F (27 360 ¤) ; S. Farina-Elia (Ita) b. T. Panova (Rus) 4-6, 6-3, 6-3 ; 5 numéros : 5 605 F (8 54 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 234 F J. Hénin (Bel, nº14) b. P. Suarez (Arg) 6-3, 6-4 ; (35,67 ¤) ; 4 numéros : 117 F (17,83 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : V. Razzano (Fra) b. A. Huber (All) 6-0, 4-6, 6-1 ; N. Llagostera (Esp) b. S. Plischke (Aut) 5-7, 6-0, 8-6 ; 26 F (3,96 ¤) ; 3 numéros : 13 F (1,98 ¤). B. Schett (Aut) b. A. Carlsson (Sue) 6-3, 4-6, 6-2. AUJOURD’HUI-MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 27 Hommage Des touristes à la recherche de pays à risques à la rose Une agence parisienne propose aux vacanciers en quête de sensations fortes L’ABBAYE royale de Chaalis, près de Senlis (Oise), crée les « Jour- des circuits dans des Etats parias : Irak, Afghanistan ou Corée du Nord nées de la rose », une manifesta- tion pour célébrer cette fleur en PENDANT vos vacances, prenez particulier, mais aussi offrir un ren- des risques ! Plutôt que de se con- dez-vous festif à tous les passion- tenter de lénifiants bains de mer à nés de jardin. Cette première édi- Palavas-les-Flots ou dans le golfe tion, qui a lieu samedi 9 et diman- de Siam, voire de visites de cathé- che 10 juin , doit rassembler plus drales ou de sites archéologiques de 70 exposants (professionnels, grecs, d’aventureux globe-trotters, artisans, artistes) présentants de las des émotions douces, privilé- multiples produits (rosiers, buis, gient pays à risques et Etats parias plantes vivaces, bouquets, objets à l’occasion de leurs congés. d’art, accessoires et outillages de Cette manière de voyager n’est jardin, gastronomie, livres et pape- certes pas si nouvelle. Voilà belle terie, aquarelles, parfums, bijoux, lurette que des touristes indépen- vêtements, chapeaux…), tous liés dants, enfreignant les recommanda- au thème de la rose. Des anima- tions de précaution des chancelle- tions, des démonstrations et des ries occidentales, trouvent leur bon- ateliers pour les grands et les heur en dehors des chemins battus, petits, ainsi que des expositions, parfois au risque de leur vie. Ainsi, des concerts et des lectures sont DESSIN MARCELINO TRUONG en 1994, trois touristes (dont un prévus. Le tout sur un domaine de Français) sont abattus par une N’en diront pas autant les quelques ainsi inscrit à son programme des Golfe. » Rien de tel qu’un soupçon me, il dresse un portrait percutant 30 hectares qui réunit une rose- bande de Khmers rouges, au Cam- dizaines de touristes – pourtant prochains mois la Serbie et le Mon- d’uranium appauvri dans l’air pour de l’accompagnateur français de raie, un jardin anglais, les ruines bodge. Il faudra six ans pour que plus sages – qui se sont fait délester ténégro, l’Algérie, le Soudan, la se sentir vivre intensément. Mais Cosmopolis, badge de Kim Il-sung d’une ancienne abbaye cistercien- le responsable des exécutions, le de toutes leurs valeurs sur le trajet péninsule coréenne ou… l’Afgha- l’ancien élève de Sciences-Po qu’il au revers du veston et grand admi- ne, une chapelle gothique et un « colonel » Chouk Rin, soit empri- fluvial régulier menant de Phnom nistan. Créée en 1998 par Guy est défend son initiative : « Nos rateur des valeurs du régime de château du XVIIIe siècle, une oran- sonné à Phnom Penh. Penh à Angkor Vat, le 24 mars Larderet, cette petite agence est voyages ont pour but de montrer la Pyongyang, « propreté, ordre, hié- gerie et des écuries. Abbaye de Plus près de nous, l’affaire des 2000, par quatre pirates, rattrapés il une émanation de l’Institut fran- face cachée du monde en organisant rarchie » (Au pays du grand men- Chaalis, 60300 Fontaine-Chaalis, otages de Jolo illustre tout l’intérêt est vrai peu après. çais pour la démocratie (IFD). Tout des rencontres avec des personna- songe, éd. Le Serpent de mer, 2001). tél. : 03-44-54-04-02. qu’ont les candidats à l’aventure à Que des individus inconscients au long des années 1980-1990, Guy lités locales et françaises installées De même, Grangereau dresse quel- suivre les conseils de la cellule de ou trop téméraires cherchent le ris- Larderet a promené des parlemen- à l’étranger. De plus, nous sommes ques portraits des participants au veille du ministère des affaires que est sans doute inévitable. Mais, taires (le plus souvent de droite) et assurés et nous sécurisons tous nos voyage, dont les motivations vont La boisson pop étrangères sur les pays à risques depuis peu, des professionnels du des conseillers régionaux dans des déplacements. » du rêve d’enfance un tantinet béat, (site internet www.dfae.diplomatie tourisme et des éditeurs de guides voyages d’études autour de la pla- jusqu’à l’envie de pénétrer commer- .fr/voyageurs – Le Monde du 30 sep- de voyages, en quête d’insolite s’en- nète. Une loi obligeant ces touris- UN PORTRAIT PERCUTANT cialement le pays pour un homme de l’été tembre 2000). gagent sur le créneau. On n’en est tes d’un genre particulier à justifier Exemple à l’appui : « Au Bangla- d’affaires un peu louche. certes pas, en France, aux extré- les raisons de tels déplacements ta- desh, dans la région des Sunder- On est assez loin de la vision de AVEC SES COULEURS fraîches et « POUSSÉE D’ADRÉNALINE » mités d’une agence de voyage ita- rit la manne. D’où l’idée de « voya- bands, un couple de touristes avait M. de Vaudrey, qui décrit une fruitées, son format pratique (un Frédéric, trente-deux ans, profes- lienne qui, durant les conflits en ges géopolitiques » ouverts à tous. été enlevé. Immédiatement, nous clientèle constituée de « grands litre), sa composition gourmande et seur d’anglais dans un lycée pari- ex-Yougoslavie, proposait à ses A la veille de rejoindre en Irak un avons engagé quatre gardes du corps voyageurs qui veulent découvrir les non moins légère, la nouvelle bois- sien, n’en a cure. Du Cambodge jus- clients des excursions sur les fronts groupe envoyé par Cosmopolis, armés pour protéger notre groupe. » marges du monde ». Plutôt même son de l’été, Vittel Fruits, se veut tement, qu’il a visité en décembre de guerre de Bosnie-Herzégovine. Guillaume de Vaudrey, bras droit Ambiance garantie, les touristes se prendrait-on à imaginer des pop et dans le vent. C’est d’ailleurs 1999, il rapporte un souvenir ému : Mais d’astucieux voyagistes concoc- de Guy Larderet, reconnaît : « Cer- « géopolitiques » auront des sou- hurluberlus à la recherche de fris- au Water Bar de chez Colette, la « Après la visite des temples d’Ang- tent des circuits dans les pays les tains de nos itinéraires peuvent offrir venirs forts à raconter. sons pas chers, si les tarifs des boutique branchée de la rue Saint- kor et la plage de Sihanoukville, j’ai plus déstabilisés du globe. une petite surcharge d’adrénaline, La préparation de tels voyages voyages proposés (entre 10 000 et Honoré à Paris, qu’elle a choisi de eu envie de pousser jusqu’à Kampot, Cosmopolis (4, rue de Courty, comme lorsque nous amenons les n’est pas simple. Guillaume de Vau- 20 000 francs selon les destina- faire son entrée en avant-première. un port proche du Vietnam. J’ai loué 75007 Paris, tél : 01-53-59-53-60) a gens sur le terrain de la guerre du drey reconnaît que Cosmopolis a tions) ne les rangeaient pas dans Elle a désormais rejoint les rayons un taxi. A la sortie de la ville, l’accom- « ses propres réseaux », quand il la catégorie du tourisme haut de des grandes et moyennes surfaces, pagnateur de mon conducteur a s’agit, par exemple, d’entrer en con- gamme. Mais, dans un monde où le où elle affiche ses arômes – orange- sorti un fusil d’assaut AK-47 planqué Le site Internet des baroudeurs tact avec les talibans afghans ou film de guerre est souvent présent pamplemousse, thé-pêche, framboi- sous le siège de la Toyota hors d’âge. avec le régime nord-coréen. Ce que sur les écrans, comment ne pas se-myrtille –, sa composition (eau Là, j’ai eu la poussée d’adrénaline Sur un ordinateur connecté à Internet, il suffit de taper www.come confirme le livre de Philippe Gran- avoir de l’indulgence pour cette minérale naturelle Vittel, jus de mélangée de testostérone que je cher- backalive.com et on obtient le site de Back Flag Café qui distribue gereau, journaliste à Libération envie de voyager au cœur des fruits, arômes naturels) et sa garan- chais en venant dans ce pays. » A trois ouvrages d’un Américain, Robert Young Pelton. Les titres sont sous le pseudonyme de Romain ténèbres ? tie « peu sucré » pour les adeptes de peine arrivé à Kampot, il tombe sur éloquents : The World’s Most Dangerous Places, The Adventurist et sur- Franklin. Squattant un voyage au la ligne. La bouteille est vendue à un astucieux aubergiste italien qui tout Come Back Alive sont autant de livres-kits de survie pour les tou- septentrion du pays du Matin-Cal- Marc Coutty l’unité au prix de 4,85 F (0,74 ¤). lui propose la visite d’un « village ristes extrêmes. Ambivalents, ils pointent les dangers du tourisme en d’ex-Khmers rouges ». Comment Tchétchénie ou en Afghanistan, tout en considérant qu’il est aussi résister ? Fort heureusement, le dangereux de traverser les rues californiennes où le site est hébergé. périple se terminera sans incident, Un chat donne le ton : on y bavarde électroniquement afin de savoir fortifiant Frédéric dans le senti- si « un homme peut courir aussi vite qu’une balle d’AK-47 ». Mais, pru- ment que « les diplomates français dent, l’éditeur précise qu’il « n’encourage pas à faire visiter ou tenter au Cambodge sont des timorés ». aucune des activités ou actions discutées sur le site ». Une maison-cocon ouverte sur les autres LES FRANÇAIS attendent du aux enfants) et de valeur immobi- fonction de soi et de sa personna- logement du troisième millénaire lière (revente) sont plus modeste- lité. qu’il soit sûr, sain, pratique, ment évoqués. Enfin, le loge- « Désormais, la maison est per- convivial et qu’il permette à cha- ment, en tant que signe distinctif çue comme une bulle protectrice cun d’y vivre sa vie. C’est un des et reflet du statut social (10 %), qui s’ouvre au monde extérieur points forts que révèle L’Observa- n’est pas, en ce début de troisiè- mais aussi comme un lieu où cha- toire sur les valeurs de l’habitat me millénaire, une priorité. cun développe de plus en plus d’ac- des Français, réalisée par le grou- Les caractéristiques souhaitées tivités personnelles (informatique, pe CSA TMO pour Leroy Merlin, par les Français, concernant l’ha- sport, lecture, jeux, musique, brico- l’enseigne spécialiste de la mai- bitat, riment avec « bonne sécuri- lage…) ». son. té, bonne isolation, bon éclairage, Allant dans le sens du confort, Parmi les personnes interro- bonne capacité de rangement et s’exprime chez les Français une gées, ils sont 52 % à déclarer que facilité d’entretien ». L’étude forte demande d’amélioration la première vertu d’un logement des matériaux pour un meilleur c’est le confort (« on installe sa environnement domestique. Une maison pour soi avant tout »), « Désormais, meilleure qualité de l’air et de puis la sécurité (51 %), mais dans l’eau est considérée comme la son sens large. Cette notion la maison est perçue première priorité chez les sondés recouvre en effet de nombreux (56 %). Pour 53 %, c’est tout ce aspects, comme la protection des comme une bulle qui concerne les matériaux ou gens et des biens, ou les installa- équipements de chauffage qui tions plus sûres. protectrice, devrait être amélioré. Il ne s’agit pas d’une définition Les radiateurs actuels ne con- de la sécurité qui ne serait que mais aussi comme viennent pas. La majorité des « sécuritaire ». Les Français sou- Français recherchent plutôt un haitent aussi que le logement soit un lieu où chacun chauffage intégrable dans les un espace de convivialité (49 %) murs ou les sols, qui ne se voit bien loin de cette « forteresse » développe de plus pas, mais soit économique et éco- longtemps revendiquée, de déten- logique (pourquoi pas l’énergie te et de repos (46 %). Il doit pré- en plus d’activités solaire). Viennent ensuite les server l’intimité de la famille revêtements de sols et de murs, (45 %) ainsi que sa liberté et son personnelles » pour 34 % des sondés. Les person- indépendance (44 %). Les critères nes interrogées souhaitent, par de patrimoine (héritage transmis exemple, que les revêtements Institué en 1997 par Le Monde de l’éducation, ce concours a comme retient aussi l’idée que le loge- muraux deviennent « intelli- Si vous avez soutenu objectifs : ment idéal ne doit pas, pour les gents » et changent de couleur ou votre thèse entre Français, correspondre à un es- matière. En matière de domoti- er ● Valoriser la recherche universitaire en offrant à de jeunes docteurs pace figé une fois pour toutes. Il que, les Français estiment que la le 1 octobre 2000 une audience élargie au grand public. doit au contraire, être modula- maison idéale est celle qui « tour- et le 31 octobre 2001, ● Chaque samedi avec ble, les pièces doivent pouvoir se ne, vole, change la disposition inté- Impulser un débat d’idées permanent autour des chercheurs et le Prix Le Monde de leurs savoirs. transformer selon les évolutions rieur ». Mais ce rêve n’altère pas de la famille et de ses besoins spé- leur pragmatisme. vous offre la possibilité ● Encourager des problématiques qui – traitées dans un esprit cifiques. Une atmosphère filtrée, une de publier vos travaux d’ouverture interdisciplinaire – soient susceptibles d’éveiller un 0123 Le dernier critère cité est celui eau purifiée, une maison automa- dans la collection intérêt au-delà d’un seul cercle de spécialistes et de réduire les DATÉ DIM./LUNDI de l’esthétique. « Autrement dit, tisée… mais aussi des moquettes clivages entre l'espace de production des connaissances et les relèvent les auteurs de l’enquête, anti-acariens, des peintures non « Partage du savoir ». besoins des hommes. ce qui compte aujourd’hui, ce toxiques… la définition du loge- retrouvez n’est plus le jugement des visiteurs ment idéal est proche d’un lieu (le paraître) mais plutôt la fonc- aseptisé. « Indispensable au bien- tionnalité et le confort (l’être) ». être de chacun », souligne l’étu- Renseignements : 01-44-97-54-95, [email protected] L’étude montre, à travers les de, « cette surprotection est certai- LE MONDE caractéristiques énoncées par les nement légitime face aux multiples personnes interrogées, que le agressions du monde extérieur : logement est un espace privé, à pollution, amiante… ». TELEVISION vivre au quotidien, que l’on s’ap- proprie et que l’on aménage en Véronique Cauhapé 28 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 AUJOURD’HUI ------Les nuages arrivent par le nord 01 JUIN 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une dégradation ses entre 20 et 22 degrés. vers 12h00 DU VOYAGEUR nuageuse s’amorce par le nord- Poitou-Charentes, Aquitaine, ouest en cours de journée, annon- Midi-Pyrénées. Le soleil se mon- çant l’arrivée d’une perturbation. tre bien présent tout au long de ce Peu a AUTRICHE. Transeurope City- Le sud du pays reste sous un beau vendredi. Seuls quelques nuages Belfast nuageux trips propose quatre jours à Vien- Liverpool soleil. sont présents sur la chaîne pyré- Dublin ne pour 1 999 F (305 ¤) par person- Varsovie Kiev Bretagne, pays de Loire, Basse- néenne. Amsterdam ne, prix incluant le vol aller-retour Normandie. Le début de matinée Les températures affichent de Berlin Brèves avec Austrian Airlines (de Paris, est ensoleillé, puis les nuages vont 22 à 25 degrés. Londres éclaircies Nice, Lyon, Strasbourg ou Genè- o Bruxelles progressivement envahir le ciel du Limousin, Auvergne, Rhône- 50 Prague ve) et trois nuits (dont celle, obliga- nord au sud. Alpes. Le soleil domine, juste con- Couvert toire, du samedi au dimanche) Les températures s’échelonnent trarié sur le relief par quelques dans un hôtel « 4-étoiles » avec les Paris Strasbourg Vienne entre 16 et 21 degrés. cumulus. Budapest petits déjeuners. Condition : réser- Ardennes, Nord-Picardie, Ile- Les températures maximales Nantes Brume ver avant le 2 juin pour un départ Berne brouillard de-France, Haute-Normandie, grimpent entre 19 et 24 degrés. Bucarest entre le 5 juillet et le 15 août. Pour Centre. Le soleil domine en mati- Languedoc-Roussillon, Proven- Lyon Milan deux enfants de moins de quator- née, puis les nuages, qui abordent ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le Belgrade Sofia Averses ze ans voyageant avec deux adul- les côtes de la Manche à la mi-jour- ciel affiche une belle couleur tes, il en coûtera 975 F (149 ¤). Ren- Toulouse Istanbul née, vont s’étendre aux autres bleue, sauf sur la Corse où les nua- seignements au 03-28-36-54-80. régions en cours d’après-midi. ges accrochent les montagnes. Rome Pluie a PLAGES. La qualité des eaux de Les températures varient entre Les températures restent chau- Barcelone Naples baignade continue à s’améliorer 16 et 21 degrés. des, allant de 25 à 30 degrés. 40 o Madrid dans l’Union européenne où, Champagne, Lorraine, Alsace, Lisbonne Athènes Orages selon le rapport annuel de la Com- Bourgogne, Franche-Comté. Un mission, près de 97 % des zones peu de grisaille se manifeste par Séville concernées (11 502 plages de bord endroit dans la matinée, puis le Neige de mer et 4 338 secteurs en eau ciel alterne entre nuages et éclair- Alger Tunis douce) étaient, en 2000, confor- cies. mes aux normes de qualité, contre o o o Les températures sont compri- Rabat 0 10 20 Vent fort 85 % en 1992. PRÉVISIONS POUR LE 01 JUIN 2001 PAPEETE 22/27 S KIEV 9/14 S VENISE 17/23 S LE CAIRE 21/36 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 S LISBONNE 19/35 S VIENNE 12/18 S NAIROBI 16/25 C et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 19/25 S LIVERPOOL 10/14 S AMÉRIQUES PRETORIA 10/25 S EUROPE LONDRES 10/16 C BRASILIA 18/25 S RABAT 18/28 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 9/15 C LUXEMBOURG 8/18 C BUENOS AIR. 10/16 S TUNIS 19/28 S FRANCE métropole NANCY 9/19 N ATHENES 22/30 S MADRID 15/32 S CARACAS 23/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 18/27 S NANTES 10/21 N BARCELONE 18/24 S MILAN 16/26 S CHICAGO 11/16 C BANGKOK 26/33 P BIARRITZ 15/21 S NICE 19/26 S BELFAST 10/13 C MOSCOU 5/13 C LIMA 16/19 C BEYROUTH 22/31 S BORDEAUX 12/23 S PARIS 9/19 N BELGRADE 13/16 P MUNICH 10/16 C LOS ANGELES 12/22 S BOMBAY 27/32 S BOURGES 11/22 S PAU 13/21 S BERLIN 9/16 C NAPLES 18/28 S MEXICO 12/21 P DJAKARTA 27/28 P BREST 11/17 N PERPIGNAN 17/27 S BERNE 10/18 S OSLO 7/11 P MONTREAL 10/20 S DUBAI 26/37 S CAEN 10/16 N RENNES 10/19 N BRUXELLES 9/17 S PALMA DE M. 17/27 S NEW YORK 13/18 C HANOI 24/28 C CHERBOURG 10/17 N ST-ETIENNE 12/20 S BUCAREST 12/19 P PRAGUE 8/14 C SAN FRANCIS. 10/19 S HONGKONG 24/28 C CLERMONT-F. 11/22 S STRASBOURG 10/20 N BUDAPEST 12/20 S ROME 16/26 S SANTIAGO/CHI 3/14 S JERUSALEM 18/34 S DIJON 12/21 S TOULOUSE 13/24 S COPENHAGUE 6/13 C SEVILLE 19/39 S TORONTO 11/17 P NEW DEHLI 27/33 P GRENOBLE 11/22 S TOURS 11/22 S DUBLIN 9/14 C SOFIA 13/23 S WASHINGTON 15/22 P PEKIN 20/34 S LILLE 9/17 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 9/19 C ST-PETERSB. 4/12 C AFRIQUE SEOUL 17/28 S LIMOGES 11/21 S CAYENNE 23/30 S GENEVE 13/22 S STOCKHOLM 5/15 S ALGER 16/29 S SINGAPOUR 27/29 P LYON 12/22 S FORT-DE-FR. 25/30 S HELSINKI 5/15 C TENERIFE 19/26 S DAKAR 22/24 S SYDNEY 11/17 C MARSEILLE 16/26 S NOUMEA 18/22 S ISTANBUL 19/30 S VARSOVIE 9/14 P KINSHASA 20/31 S TOKYO 19/26 S Situation le 31 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 2 juin 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a TROPHÉES DE CHASSE. Bou- quetins et mouflons, cerfs d’Euro- L’objet extraordinaire s’expose au Carré Rive gauche pe et autres animaux à cornes natu- ralisés seront mis en vente à Gien, ORGANISÉS par les antiquaires ginale, parmi leurs découvertes de loppée dans un manteau bleu qui 94 732 ¤). Peintre oublié aujour- tation ou un bal (Edouard de la dimanche 10 juin. La plus belle piè- du Carré Rive gauche (un carré l’année. Ces objets extraordinaires tombe sur une robe rouge. d’hui, José-Maria Sert a été consi- Marque, 95 000 F, 14 503 ¤). ce est une tête de rhinocéros blanc parisien délimité par le quai Voltai- seront exposés du mercredi 6 au Parmi les tableaux, deux œuvres déré comme un génie de son Dans la céramique, la rareté de d’Afrique du Sud, dont on attend re et la rue de l’Université d’un dimanche 10 juin. du XIXe siècle montrent le goût temps, exécutant de multiples com- certaines formes ou de certains 25 000 à 30 000 francs (3 817 à côté, la rue du Bac et la rue des Tableaux et sculptures sont bien très vif manifesté actuellement mandes privées et publiques, com- décors fait monter le prix des piè- 4 580 ¤). Mouflons et bouquetins Saints-Pères de l’autre), « Les sûr à l’honneur. Une spécialiste du pour cette période. Le Cortège de la me le gigantesque décor de la ces. Ainsi, une grande fontaine de sont estimés entre 3 000 et 5 jours de l’objet extraordinaire » Moyen Age, Gabrielle Laroche, reine de Saba, toile de José-Maria cathédrale de Vic (près de Barcelo- table de la fabrique de Cléricy, à 6 000 francs (458 à 916 ¤). sont devenus une des manifesta- propose une vierge lorraine en Sert (1874-1945), déploie sur un ne) réalisé à la demande d’Alfon- Moustiers, est proposée à e Etude Renard, tél. : 02-38- tions très attendues du public. pierre du XIVe siècle qui a gardé sa fond en camaieu bistre une scène se III, ou l’hôtel Waldhorf-Astoria 120 000 F (18 320 ¤ ; Jean-Gabriel 67-01-83. Cent vingt spécialistes y présen- polychromie d’origine. L’enfant animée de personnages et d’ani- de New York. Peyre et Jean-Claude Silberth). a FAÏENCE FRANÇAISE. Consti- tent la pièce qui est pour eux la dans ses bras, cette vierge au maux devant un palais oriental La Bassinoire, de Tony Faivre Les meubles comptent aussi tué en deux générations successi- plus rare, la plus belle ou la plus ori- regard lointain est à moitié enve- (galerie Frémontier, 550 000 F, (1830-1905), est une scène de quelques pièces d’exception, com- ves, un ensemble consacré à la genre inspirée du XVIIIe siècle, où me un coffret de mariage et son faïence française du XVIIIe siècle une servante passe le lit à la bassi- piètement d’époque Louis XIV, réunit des œuvres caractéristiques Calendrier (Eure-et-Loir), les samedi 2 b Houdan (Yvelines), noire dans un intérieur de style attribué à l’ébéniste Pierre Golle, de chaque grande fabrique. Parmi et dimanche 3 juin ; du samedi 2 au lundi 4 juin ; Louis XVI (Delvaille, 240 000 F, le premier à être qualifié de « mar- les pièces rares se trouvent notam- ANTIQUITÉS, BROCANTES tél. : 02-37-43-58-26. tél. : 06-86-62-67-18. 36 641 ¤). Ce tableau, qui est réfé- queteur » dans les registres royaux ment un plateau de cabaret en b Saint-Jean-Cap-Ferrat b Saint-Benoît-du-Sault (Indre), b Albi (Tarn), les samedi 2 rencé dans le Bénézit, la bible des de l’année 1665. Ce novateur, qui a faïence de Cinceny (60 000 francs, (Alpes-Maritimes), du du samedi 2 au lundi 4 juin ; et dimanche 3 juin ; amateurs de tableaux, a été adjugé également épuré les lignes de ses 9 160 ¤) et un bassin de Moustiers vendredi 1er au lundi 4 juin ; tél. : 02-54-80-75-81. tél. : 05-63-54-49-91. 1 200 francs or en 1929, soit meubles, n’en a jamais signé à décor polychrome d’une scène tél. : 06-60-64-56-65. b Bracieux (Loir-et-Cher), 700 000 francs d’aujourd’hui. aucun, et seule des œuvres de gran- mythologique (150 000 à 180 000 b Argentan (Orne), du du samedi 2 au lundi 4 juin ; COLLECTIONS Les curiosités ont une place tou- de qualité peuvent lui être attri- francs, 22 900 à 27 480 ¤). vendredi 1er au lundi 4 juin ; tél. : 02-54-46-41-85. b Saint-Amand-Montrond te trouvée parmi les objets extraor- buées. Le précieux coffret, marque- e Drouot, mercredi 6 juin. Etude tél. : 02-33-36-83-98. b Montargis (Loiret), du (Cher), du vendredi 1er dinaires. Dans cette gamme, un té de motifs floraux sur fond de Baron-Ribeyre. Expert : Jean- b Avignon (Vaucluse), samedi 2 au lundi 4 juin. au lundi 4 juin ; calorifère à bois du début du bois clair, est rehaussé de légers Gabriel Peyre, tél. : 01-42-61- du vendredi 1er au lundi 4 juin ; b Vannes (Morbihan), tél. : 03-86-59-05-14. XIXe siècle en fonte de fer se distin- bronzes dorés (Jacques Ollier, 18-32. tél. : 04-90-80-80-72. du samedi 2 au lundi 4 juin ; b La Ville-Dieu-du-Temple gue par un système de chauffage à 680 000 F, 103 816 ¤). a À LIRE. La Céramique française b Mirepoix (Ariège), du tél. : 02-43-86-66-25. (Tarn-et-Garonne), Salon du livre, trois étages superposés (Didier- des années 1950, de Pierre Stauden- samedi 2 au lundi 4 juin ; b Paris (rue Saint-Charles), les samedi 2 et dimanche 3 juin ; Jean Nénert, 57 000 F, 8 702 ¤). Catherine Bedel meyer (Editions Norma, 326 p., tél. : 05-61-68-83-76. les samedi 2 et dimanche 3 juin ; tél. : 05-63-31-51-58. Une chaise à porteurs en bambou, 450 F, 69 ¤) propose une analyse b Confolens (Charente), tél. : 01-45-89-32-07. b La Valette-du-Var (Var), inspirée par l’Extrême-Orient, est e Carré Rive gauche, du mercre- historique et thématique de cet du samedi 2 au lundi 4 juin ; b Challans (Vendée), du autos-motos, les samedi 2 en fait une fantaisie européenne di 6 au dimanche 10 juin, de 11 à art. Cette recherche est étayée par tél. : 05-45-20-60-56. samedi 2 au lundi 4 juin ; et dimanche 3 juin ; du début du XXe siècle, sans doute 21 heures, le dimanche de 14 à le parcours d’une quarantaine de b Châteauneuf-en-Thymerais tél. : 05-57-43-97-93. tél. : 04-94-48-43-38. créée pour une fête, une représen- 20 heures. potiers de cette période.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 129 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 224 En collaboration avec

123456789101112 héros. - 7. Comme une crème réussie ou ratée. - 8. Ouvre la Une sculpture non spatiale I série. Le samarium. - 9. Bonne conduite. Travaille sur l’œil. - 10. ORGANISÉE conjointement II Peut-être ont-elles mangé froid. avec la Galleria nazionale d’arte En rouge sur les cartes. - 11. Mît moderna de Rome, l’exposition III à l’ombre pour un moment. - 12. « Italies. L’art italien à l’épreuve de Vient d’arriver. Bien que végé- la modernité, 1880-1910 » vise à IV tariennes, leurs larves sont montrer la vitalité artistique de ce nuisibles. pays durant trente années souvent V méconnues, comme mises entre Philippe Dupuis parenthèses entre le mouvement VI des Macchiaioli, né à Florence au Medardo Rosso, SOLUTION DU N° 01 - 128 milieu du XIXe siècle, et le futuris- au Musée d’Orsay VII me qui explose dans les premières jusqu’au 15 juillet, Horizontalement années du XXe siècle. pour l’exposition VIII I. Rideau. Volet. - II. Emancipé. Parmi les artistes italiens de cet- « Italie. Ame. - III. Faute. Irréel. - IV. te période qui ont séjourné en L’art italien IX Ogresse. Ente. - V. Réa. Cadran. - France figure Medardo Rosso. à l’épreuve VI. Médée. Salera. - VII. Erne. Tout d’abord peintre de paysage, il de la modernité, X Nicot. - VIII. TB. Etroit. Nh. - IX. s’est très vite consacré à la sculptu- ROME, GALLERIA NAZIONALE D’ARTE MODERNA 1880-1910 ». Tors. Merci. - X. Eté. Infestée. re, prenant le contre-pied des règles établies. Ainsi, en 1883, il a che de cire, leur donnant ainsi une mois après l’exposition organisée HORIZONTALEMENT l’aspect. Examine à contresens. - Verticalement été renvoyé de l’académie Brera, à accroche particulière à la lumière par Claude Monet et Auguste VIII. A l’aise dans ses pompes. 1. Réformette. - 2. Imagée. Bot. Milan, pour avoir pris la tête d’un et un aspect éphémère. Rosso con- Rodin : I. Intermédiaire en communica- Préposition. Eclat de rire. - IX. - 3. Daurade. Ré. - 4. Enté. Eres. - mouvement de révolte contre les sidère que sa sculpture ne doit être b à la galerie Durand-Ruel ? tion extérieure. Sait tout avant Accord. Entre hautes et basses 5. Acescent. - 6. Ui. Sa. Erin. - 7. méthodes d’enseignement qu’il regardée que d’un seul point de b à la galerie Georges Petit ? tout le monde. - II. Marque le eaux. - X. Aspirations mal inspi- Pieds. - 8. Ver. Ranime. - 9. Réa- jugeait trop traditionnelles. Sa vue et photographie ses œuvres b au café Volpini ? doute dans la page. Annonce une rées. lités. - 10. Laennec. Rt. - 11. Emet. grande originalité est d’avoir recou- afin de faire savoir sous quel angle Réponse dans Le Monde du zone de turbulence. - III. Prépare Ronce. - 12. Télépathie. vert des études en plâtre d’une cou- il souhaite qu’elles soient vues. 8 juin. la descente. Jamais vieux. - IV. VERTICALEMENT Considéré comme le plus grand Passe à côté. Gourmandise de sculpteur impressionniste, son Réponse du jeu no 223 paru foire. - V. A plusieurs, ils finiront 1. Evite d’aller trop loin. - 2. influence est grande sur Rodin qui, dans Le Monde du 25 mai. par faire de grandes rivières. Sans barbes. - 3. Plus très froid, dans une lettre écrite en 1894, lui Aurélie Nemours a reçu la Pour une distribution locale. pas encore les grosses chaleurs. - déclare « sa folle admiration ». médaille de la Ville de Grenoble en Gros multiplicateur. - VI. Chez le 4. Hameau antillais. Sans exem- En 1889, Rosso figure parmi les 1996, l’ordre de chevalier de la poissonnier et le boucher, et ple. - 5. La fin du gothique. En exposants du sixième Salon de la Légion d’honneur en 1998, et le souvent à la maison. Chez la gothique. Droit au cimetière. - 6. Société des indépendants qui Grand Prix des arts plastiques de la boulangère. - VII. Changer Possessif. Virgile en a fait un ouvre ses portes à Paris quelques Ville de Paris en 1999. 29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001

ARTS Les récents conflits surgis lection. b HUIT PHOTOS d’Henri Car- propriété des tirages de ses photos. sistance publique des hôpitaux de tiplier les problèmes de propriété. lors de ventes aux enchères de photo- tier-Bresson, qui devaient être mises b LE 3 MAI, ce sont des centaines de Paris ne les réclame. b DE NOMBREU- b LA VENTE à Londres, le 6 juin, de graphies traduisent le basculement aux enchères le 30 mai, ont été reti- photographies médicales issues du SES archives publiques ou privées photographies de Lewis Caroll ayant vertigineux de cet art, passé du statut rées de la vente à la demande du pho- Musée Charcot qui devaient être ven- recèlent des tirages oubliés et aujour- appartenu à Alice Lidell s’annonce de vieux papier à celui d’objet de col- tographe, habitué à revendiquer la dues par un particulier avant que l’As- d’hui très chers, ce qui risque de mul- comme la plus excitante de l’année. De nombreux conflits enveniment le marché de la photographie Longtemps considérés comme de faible intérêt, certains tirages sont devenus un enjeu culturel et financier. En témoigne la multiplication des contentieux lors de ventes aux enchères, comme ce fut le cas récemment pour des photos d’Henri Cartier-Bresson et pour des documents médicaux

IL SE PASSE des choses étranges « C’est dégueulasse, car j’ai récupéré dans le marché de la photographie. ces photos, il y a vingt-sept ans exacte- Plusieurs conflits ont récemment ment, au milieu de gravats, dans une surgi lors de ventes aux enchères, benne qui se trouvait dans la cour avec des propriétés contestées, des même de la Salpêtrière !, dit le ven- lots subitement retirés, des avocats deur anonyme. Je n’ai pu sauver que et des huissiers qui entrent dans la trois albums sur une quarantaine. danse, des menaces de procès… Ces J’ai demandé aux responsables l’auto- affaires, au-delà de leurs spécifi- risation d’en prendre d’autres, ils cités, traduisent le basculement n’ont pas voulu. Le 27 mai, j’ai reçu vertigineux du statut de la photo- une lettre me sommant de restituer graphie. Rares étaient ceux qui se les photos sous peine de poursuites. souciaient de ces photos, il y a Je suis un sauveur, on me traite trente ou cinquante ans. Elles dor- comme un voleur ! » maient, s’abîmaient, on les perdait, Me Libert ajoute : « Quand le Lou- les jetait à la poubelle. On les a vre ne veut plus d’un tableau, il le pillées aussi. Elles sont devenues un range dans les réserves. Là, on jette enjeu culturel et surtout elles des photos à la décharge. On devrait valent – parfois – beaucoup d’ar- dire merci à mon client ! Une autre gent. D’où l’apparition de conflits. question se pose : une administration L’un des plus récents concerne la peut-elle récupérer ce qu’elle a belle curiosité d’une vente aux jeté ? » enchères qui a eu lieu le 30 mai, sous l’égide de l’étude Beaussant- DÉCOUPES AU CUTTER Lefèvre. Il s’agit de huit photos « Le tribunal dira qui est vraiment d’Henri Cartier-Bresson, né en propriétaire », répond M. Carbuccia- 1908, un des plus grands photogra- Berland. Une enquête permettra phes vivants. Beaucoup d’épreuves aussi de vérifier si le vendeur a pu d’HCB qui passent en vente sont sauver de la poubelle ces albums. des photos de presse, portant au Plusieurs témoignages le confir- dos le tampon de Magnum, l’agen- ment. Les trois albums en sa posses- ce qu’il a cofondée en 1947. Elles sion ont des planches manquantes, sont oubliées dans les archives d’un découpées au cutter. Or d’autres journal, sont « récupérées » dans albums, conservés à la bibliothèque des conditions obscures et surgis- Charcot (université Paris-VI), ont sent sur le marché – galeries, ventes subi les mêmes dommages. La aux enchères. HCB, très pointilleux conservatrice de la bibliothèque, sur la protection – légitime – de son Mme Leroux-Hugon, ajoute que l’am- droit, réputé procédurier pour cer- HENRI CARTIER-BRESSON phithéâtre et le Musée Charcot ont tains, fait régulièrement intervenir Le tirage no 60 de la vente Beaussant-Lefèvre du 30 mai. Une photo de Cartier-Bresson, prise en Espagne dans les années 1930. beaucoup souffert avant d’être ses avocats et récupérer son bien détruits. Le libraire Bernard Cla- avant toute vente. graphe, photographe elle-même et qui les aurait trouvées dans une restent en suspens. Où se trouvent par le professeur Charcot, en 1878. vreuil dit avoir vu, en 1965, le Mais pour la première fois, les qui travaille à la création d’une poubelle », répond Pierre-Marc les autres photos de l’exposition ? Elles ont abord été conservées dans bureau de Charcot « dans un état photos, prises pour la plupart Fondation Cartier-Bresson, expli- Richard. L’argument fait sourire les Qui est propriétaire : le photogra- le Musée Charcot, tombé en désué- épouvantable, avec les photos d’Al- durant l’après-guerre – Moscou, que : « Nous sommes tombés des responsables de Magnum, qui « ont phe, comme c’est vraisemblable, le tude dans les années 1920. bert Londe, un proche de Charcot, Etats-Unis, Inde, Chine –, ne sont nues en voyant le catalogue de souvent entendu ce genre de dé- Musée des arts décoratifs, le minis- Le matin de la vente, l’APHP a sous la poussière, en plein soleil. Plus pas des tirages de presse. Leur taille vente ! Ces tirages font partie de fense ». Pierre-Marc Richard in- tère des affaires étrangères, un demandé que les photos soient reti- tard, le bureau de Charcot a com- impressionne : l’une d’elles mesure l’exposition d’Henri réalisée par le siste : « Les épreuves sont arrivées tiers ? « Nous allons le vérifier »,dit rées et a lancé une procédure de mencé à être détruit au bulldozer 60 × 40 cm. Dans le catalogue, Musée des arts décoratifs, au en sale état. C’est comme si on leur Martine Franck. Ce ne sera pas fa- saisie-revendication, au motif que avant que des médecins inter- l’expert de la vente, Pierre-Marc pavillon de Marsan, en 1955 ; sa plus avait marché dessus. Elles n’avaient cile ; cinquante ans ont passé. Mais les documents lui appartiennent. Il viennent ». Richard, explique que les tirages grande exposition en France, avec pas l’aspect de photos archivées. » déjà il se murmure que d’autres s’agit d’« un bien inaliénable », Jean-Pierre Carbuccia-Berland « collés sur carton furent sans doute 356 photos. Les panneaux de l’expo- photos de cette exposition sont explique Jean-Pierre Carbuccia- comprend « l’amertume de l’étude » réalisés pour une exposition (non sition avaient été photographiés, ce LES POUBELLES DE CHARCOT dans la nature… Berland, directeur des affaires juri- et reconnaît que l’APHP « n’a sans identifiée) quelques années après la qui nous a permis d’identifier l’ori- Martine Franck regrette que Une autre affaire, à peine plus diques de l’APHP. A priori, il n’y a doute pas été un gestionnaire scrupu- seconde guerre mondiale ». Le cata- gine des tirages. » Le ministère des l’étude Beaussant-Lefèvre ne soit ancienne, implique l’Assistance rien à redire, sauf l’inélégance à leux de ses collections ». Il conclut : logue insiste sur la photo no 60, affaires étrangères a ensuite fait cir- pas venue la voir avant de publier publique des Hôpitaux de Paris revendiquer un bien quelques heu- « Si un préjudice résulte d’une faute merveilleuse de mouvement et de culer l’exposition dans le monde les photos dans le catalogue de (APHP). Le 3 mai, des centaines de res avant la vente et alors même de notre part, nous sommes prêts composition, et qui semble inédite entier. vente. « Quinze jours avant la publi- photographies médicales, pénibles que l’APHP avait été prévenue à discuter d’une indemnisation. » puisque jamais publiée dans un Quand et comment ces photos cation, je suis allé montrer ces photos à regarder pour la plupart, devaient deux mois auparavant. L’étude et l’experte évaluent leur livre d’HCB. qui, affirme Martine Franck, « n’ont à Magnum, et personne n’a émis de être vendues à Drouot par l’étude Et pourtant le vendeur, l’étude et dommage à 600 000 francs. Le prix Lundi 28 mai, deux jours avant la jamais été commercialisées » ont- réserves ! », répond Pierre-Marc Libert et Castor. Tirées de gros l’experte Viviane Esders, qui a tra- de photos jadis maltraitées, aujour- vente, l’avocat de HCB demande elles pu quitter leur lieu de conser- Richard. A l’agence, on dit qu’on a albums, il s’agit de constats patholo- vaillé des mois sur ces photos, en- d’hui fortement courtisées. que les huit photos soient retirées. vation ? « Le propriétaire nous as- « comme chaque fois informé le pho- giques réalisés par le service photo- ragent. Ils s’appuient sur les cir- Martine Franck, femme du photo- sure qu’il les a achetées à quelqu’un, tographe ». Beaucoup de questions graphique de la Salpêtrière, créé constances de cette redécouverte. Michel Guerrin Alice vue par Lewis Carroll, la vente la plus excitante de l’année La bataille des archives a commencé C’EST une des histoires les plus Xie Kitchin fut la plus assidue. Car- AUX AFFAIRES Cartier- photographe m’a demandé de reti- convoitées des photos ayant servi fascinantes de la littérature photo- roll prend ses premiers portraits en Bresson et Charcot (lire ci-dessus), rer une de ses photos d’une vente au à des expositions, de format plus graphique. Que se passait-il dans 1856, après avoir rencontré son ajoutons celle de l’agence photo- motif que son directeur artistique la grand et de qualité meilleure que la tête de Lewis Carroll quand il héroïne qui considérait la photo graphique La Bonne Presse, dont lui avait volée il y a trente-cinq les tirages de presse. On sait aussi réalisait le portrait de fillettes, par- comme « une joie ». Il arrête bruta- quatre mille tirages du début du ans », explique Viviane Esders. que des photos ayant servi à illus- fois nues, sous la rigoriste époque lement en 1880, quand Alice se XXe siècle devaient être vendus, le Mais comment retracer le circuit trer des livres ont « dormi » chez victorienne ? Qu’a-t-il ressenti marie ; il vit cette union comme 9 avril, à Drouot (Le Monde du de la photo, et comment « distin- des éditeurs et imprimeurs qui se pour son modèle préféré, Alice Lid- une tragédie, le passage de l’enfan- 6 avril). Le jour de la vente, le grou- guer le vol du don ? », demande voient ensuite assis sur un trésor. dell, sa muse pour Alice au pays ce à l’âge adulte. 1880 est aussi l’an- pe Bayard a fait savoir que « ces l’experte. Il est difficile, sauf à renier le des merveilles (1865) ? née où Lewis Carroll est attaqué photos leur appartiennent parce Le New York Times est passé à la droit d’auteur, de ne pas suivre Car- Ces questions resurgissent alors par un père de famille pour des qu’ils avaient racheté le fonds de La vitesse supérieure, au Salon Paris tier-Bresson, quand il veut récupé- que la maison Sotheby’s va ven- nus qu’il détruira avant sa mort. Bonne Presse », explique Christo- Photo, en novembre 2000, en ven- rer des images confiées pour une dre, le 6 juin à Londres, des photo- phe Goeury, expert de la vente, qui dant – avec succès – des images utilisation précise – un journal, un graphies, manuscrits, lettres et PORTRAITS SPONTANÉS a dû être annulée au dernier tirées de ses archives (Le Monde du livre, une exposition –, sauf évi- livres ayant appartenu à Alice Lid- L’apport du photographe fut moment. « Une recherche en pro- 20 novembre 2000). Un Cartier- demment s’il les avait données ou dell. C’est une provenance fasci- analysé par Colin Ford, dans le priété est en cours », ajoute ce der- Bresson pris dans une rue new- vendues. o nante pour ce qui s’annonce com- LEWIS CAROLL n 75 de la collection « Photo nier, qui ne veut donner aucune yorkaise, en 1947, était proposé D’un autre côté, et on pense sur- me la vente de photographies la Alice Lidell en mendiante, Poche » (Nathan, 1998). Il y a le « information » sur la personne qui 7 500 dollars (8 745 euros). Le pho- tout à l’affaire Charcot, les commis- plus excitante de l’année. Car ce photographiée par portraitiste de célébrités (Alfred leur a confié les quatre mille pho- tographe dénonçait un vol : « J’ai saires-priseurs, marchands et sont bien les images que l’on Lewis Carroll au cours de l’été Tennyson, poète favori de la reine tos ni sur les conditions dans les- cédé mon droit d’auteur à un jour- experts ont beau jeu de rappeler retient, leur qualité et leur rareté. 1858. Epreuve albuminique Victoria), de proches et d’enfants, quelles elle les avait acquises. nal pour une utilisation précise. Je que nombre de photos qui arrivent Le fameux portrait d’Alice en men- coloriée à la main. opposé au flou symboliste de Julia « Ces problèmes vont se répéter ne lui ai jamais vendu le support sur leur bureau ont été très mal diante (1858), colorié à la main, est Margaret Cameron, offrant des avec beaucoup d’archives », affirme même, c’est-à-dire le tirage, qui conservées par les institutions : estimé à 1,5 million de francs. Et fillette – il n’aimait pas les garçons « portraits, parmi les plus spontanés l’experte Viviane Esders, qui a tra- m’appartient. » oubli, perte, vol, détérioriations… l’estimation monte entre 5 mil- – devant l’objectif d’un diacre, et les moins guindés ». vaillé sur les photos de Charcot. « Nous, on identifie, classe, restaure, lions et 8 millions de francs pour mathématicien, entouré de jouets, Colin Ford dit aussi que le Parce que la photographie est pas- DES TRÉSORS EN RÉSERVE documente ces photos avant de les un album comprenant Alice assise qui aimait récompenser ses « peti- fameux portrait d’Alice fait surgir sée du statut de « vieux papier » à Suivi par le Daily News,leNew vendre. Mieux vaut faire vivre un de profil sur une chaise et un auto- tes amies » en les faisant asseoir involontairement – « c’était pour celui d’objet de collection. Et parce York Times a ouvert une bataille patrimoine que de le voir agoniser », portrait du photographe lisant. sur ses genoux pour « leur donner lui l’innocence même » – une que les archives contiennent des des archives de journaux des disent-ils, faisant référence au Lewis Carroll, né Charles Lut- des baisers », multipliait les séan- dimension sexuelle dans la photo- tirages souvent fatigués, mais années 1920 à 1960, souvent for- grand collectionneur André Jam- widge Dodgson (1832-1898), est ces d’habillage-déshabillage, attiré graphie. « Elle pose avec sa blouse datant de l’époque de la prise de mées d’images que photographes mes qui a sauvé nombre d’épreu- exemplaire des lectures multiples particulièrement par le nu ? Car- en loques glissant très bas sur son vue, les seuls à faire enfler les prix. et agences laissaient en dépôt. Le ves de la poubelle (Le Monde du que seule offre la photographie. roll, chrétien convaincu, était cho- épaule, un genou inconfortable- Il y a d’abord des particuliers peu marchand Howard Greenberg a 27 octobre 1999). On peut regarder ses photos com- qué quand ses intentions étaient ment plié pour dévoiler sa jambe scrupuleux qui ont accès à des ainsi signé en 2000 un contrat qui Viviane Esders craint désormais me des œuvres d’art, des reliques mal interprétées. nue. Sa main droite est posée de fonds publics ou privés – souvent l’autorise à vendre des photos des que des ensembles d’archives ne aux prix fous, le hobby d’un écri- Reste que Lewis Carroll fut un manière suggestive sur sa taille, sa mal protégés à l’époque où person- archives de Time, Life et Fortune.Il soient plus vendus à Paris, de crain- vain célèbre, un témoignage sur immense photographe, découvert tête langoureusement inclinée d’un ne ne s’en soucie encore –, se a aussi vendu pour 25 000 dollars te de saisie, mais à New York où l’époque victorienne. Ou, plus bru- par Helmut Gernsheim en 1947. Ce côté. Elle fixe son photographe – et servent et attendent que la cote (29 151 euros) une photo du débar- Londres, « comme ce fut le cas talement, le résultat des fantasmes dernier a montré combien la pas- le spectateur – sans ciller, d’un air grimpe pour les vendre. Mais les quement de Normandie prise par récemment d’un ensemble issu de la de son auteur. Car, franchement, sion de Carroll pour les fillettes et aguichant. » choses ne sont pas toujours sim- Robert Capa. police judiciaire française ». quels parents abandonneraient au- pour la photographie sont liées. Ali- ples et la recherche de propriété La dernière « affaire Cartier-Bres- jourd’hui de longues heures leur ce, là encore, est centrale, même si M. G. peut se révéler un casse-tête. «Un son » montre que sont également M. G. 30 / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 CULTURE

DÉPÊCHES a MUSIQUE : la direction artisti- Murray Perahia, pianiste des équilibres que du Festival de Menton a été confiée à Radio-France. Son pré- er sident, Jean-Marie Cavada, annon- Le musicien et chef d’orchestre américain donne un récital à Paris le 1 juin. cera, le 13 juin, une convention de partenariat avec la ville de Men- Il publie un nouveau disque consacré à Jean-Sébastien Bach ton (Alpes-Maritimes). Fondé et dirigé par André Böröcz de 1950 à QUAND on ne connaît pas Mur- grandissent. C’est une des raisons qui cet instrument. J’ai dû adapter mes 1998, ce festival a reçu quelques- ray Perahia, on a tendance à le pren- m’ont fait m’installer en Grande-Bre- habitudes de toucher, d’articulation, uns des plus grands artistes pour dre pour un Britannique d’origine tagne, où je vis toujours. » connaître la grammaire particulière des concerts donnés en plein air indienne : le teint, l’expression du Murray Perahia que l’on connaît du répertoire écrit pour lui. Cela m’a sur le parvis de l’église. L’édition visage, le nom, les disques avec l’En- surtout comme pianiste, est le nou- fait découvrir les splendeurs de la 2000 avait été confiée à Jean- veau directeur musical de l’Academy musique de François Couperin, et j’ai Marie Fournier, directeur de la PORTRAIT of St. Martin in the Fields, le fameux pu voir la musique de Bach sous un Salle Gaveau. Ce seront désor- orchestre de chambre fondé en 1956 autre angle. » Perahia n’a pas, qu’on mais Patrice d’Ollone, délégué L’étude du clavecin par Sir Neville Marriner. Lorsqu’une sache, franchi le pas au concert. «Je artistique de l’Orchestre national lui a permis de voir infection à un doigt mal opéré a ne veux pas en jouer en public, il y a de France, pour le répertoire clas- Bach et Couperin placé le musicien dans l’impossibi- suffisamment de bons clavecinistes. » sique, et Xavier Prévost, produc- sous un autre angle lité de jouer en public pendant de Des noms ? « Oh, oui ! je pourrais teur à France-Musiques, pour le longs mois, il a naturellement déve- vous en donner, et notamment des jazz, qui assureront la program- loppé cette activité de chef, dont il noms français, car vous avez, à mon mation de cette manifestation. glish Chamber Orchestra… Fausses avait acquis les bases, parallèlement avis, la meilleure école. Je connais a Les Chorégies d’Orange au- pistes : ce pianiste est né à New à des études de composition, à la leurs disques. » ront lieu du 7 juillet au 14 août. York, en 1947, de parents d’origine Mannes School of Music à New Quand on l’interroge sur d’éven- Au programme, au Théâtre anti- juive, immigrés du Portugal, parlant York, en sus de ses études de piano. tuels chefs « baroqueux » qui que, Aïda, Rigoletto et Don Carlo, une langue aujourd’hui presque Aujourd’hui guéri, il joue et enre- auraient pu influencer son travail SONY de Verdi, et, au château Malijay morte, le ladino. « Je l’ai parlée dans gistre de nouveau au clavier de son sur les symphonies de Mozart et Pianiste de formation, Murray Perahia s’est tourné vers de Jonquières, Cosi fan tutte, de ma jeunesse, mais je ne la pratique instrument, dirige naturellement l’or- Haydn, il a une mine dubitative, la direction d’orchestre et, tout récemment, vers le clavecin. Mozart. Sont également program- plus aujourd’hui, évidemment je l’ai chestre du piano (comme il l’a fait mais reste discret : « Il y a de mer- més des récitals de piano et de quelque peu oubliée. » Et New avec l’English Chamber Orchestra veilleux musiciens qui m’intéressent que aux concertos pour clavier et mes collègues. Au contraire, c’est une chant, ainsi qu’un concert de York ? Que lui fait aujourd’hui cette pour son intégrale des concertos beaucoup, mais j’ai parfois l’impres- orchestre du même Bach, qu’il joue richesse dont il faut se réjouir ! » préfiguration, le 22 juin, consacré ville qu’il a quittée après ses études pour piano et orchestre de Mozart, sion qu’on a donné trop d’importance bien entendu au piano, avec un au Requiem de Verdi, dirigé par et où nous le rencontrons, le enregistrée entre 1975 et 1983 pour à certains “papes” qui n’ont pas for- orchestre traditionnel : « J’ai fait ce Renaud Machart Myung-Whun Chung. Tél. : 04-90- 29 mars, au sommet d’un grand CBS-Sony). Mais il quitte volontiers cément fait autre chose que ce que choix, tout en sachant qu’il sera criti- 34-24-24. hôtel, le lendemain d’un concert son clavier pour prendre la baguette réussissaient aussi bien beaucoup qué. Mais nous avons beaucoup tra- e Concertos pour clavier et orches- a La violoniste lettone Baiba avec l’Academy of St. Martin in the et diriger, vraiment diriger, la forma- de glorieux aînés, dans le domaine vaillé les équilibres et je pense que tre de Jean-Sébastien Bach, par Skribe a remporté le Concours Fields, à l’Avery Fisher Hall ? «Jene tion, ainsi que le fait, à l’Orchestre de l’articulation et des tempos par cela peut parfaitement fonctionner. l’Academy of Saint Martin in the international Reine Elisabeth de la reconnais pas car elle s’est considé- de chambre de Lausanne, depuis le exemple. » Nous sommes aujourd’hui dans une Fields, Murray Perahia (piano et Belgique. Agée de vingt ans, elle a rablement bonifiée. J’y passe régulière- début de cette saison, son confrère Après son fameux enregistrement période où les pratiques musicales direction). 1 CD Sony Classical pour dauphins Ning Kam (Singa- ment quelques jours chaque année, Christian Zacharias. des Variations Goldberg, de Bach peuvent s’appliquer de manière très 89245. Récital à Paris : Œuvres de pour, vingt-cinq ans) et Barnabas pour des concerts, je n’y vis plus, mais Depuis quelques années, Murray (1 CD Sony SK 89243), et une tour- diversifiée à un même répertoire. Les Mozart, Schubert, Chopin. Théâtre Kelemen (Hongrie, vingt-deux la cité n’a plus rien à voir avec celle Perahia se passionne pour Jean- née de récitals, dont une mémorable jouer sur un piano Steinway et sur ins- du Châtelet, 1, place du Châtelet, ans). La lauréate se verra prêter que j’ai connue il y a vingt ans. C’était Sébastien Bach et la musique an- soirée au festival « Piano aux Jaco- truments modernes, à la façon qui est Paris-1er.Mo Châtelet. 20 heures, pour quatre ans le fameux « Hug- une ville violente, chaotique. Une ville cienne. « J’ai décidé de me mettre au bins » de Toulouse (Le Monde du la mienne, n’empêche pas une lecture le 1er juin. Tél. : 01-44-17-93-25. De gins », l’un des meilleurs violons où je ne voulais pas que mes enfants clavecin et d’apprendre véritablement 17 septembre 1999), le pianiste s’atta- différente de la part de certains de 90 F à 440 F (13,72 ¤ à 67,08 ¤). de Stradivarius. A Montreuil, des protestations ont fait suite à l’interdiction d’un programme consacré à la Palestine Prévu au Méliès, « Palestine, regards sur l’occupation » a suscité l’inquiétude de la municipalité

UNE MANIFESTATION aété deux arrestations. Il mentionne organisée, mercredi 30 mai, également la multiplication d’ins- devant la mairie de Montreuil criptions antisémites. Le maire après la « déprogrammation » par fait valoir que sa ville a mis en la municipalité de « Palestine, œuvre un double jumelage avec regards sur l’occupation ». Ce pro- les villes, israélienne, de Kfar Saba gramme devait proposer films, et, palestinienne, de Qalquilia, et expositions et débats du 30 mai au annonce pour la rentrée la tenue 5 juin. La manifestation a été sui- d’un débat avec des représentants vie par la projection en plein air de ces deux cités. Il rappelle enco- de l’un des films interdits. re l’organisation dans sa ville, il y Ce festival, prévu de longue a cinq ans, d’un débat entre la date (le programme publié en représentante de l’Autorité palesti- avril par le cinéma Georges- nienne et l’ambassadeur d’Israël. Méliès l’avait d’ailleurs annoncé), devait être coorganisé par l’Asso- ciation montreuilloise du cinéma La Contrebande (qui gère la salle municipale Geor- ges-Méliès), la Contrebande, asso- et l’Association ciation culturelle montreuilloise, et l’Association des Palestiniens des Palestiniens en France. C’est à partir du 8 mai que « Palestine, regards sur l’occu- en France font valoir pation » a suscité l’inquiétude de la municipalité. que « la parole Lors des célébrations de la défai- te de l’Allemagne nazie, « beau- des Palestiniens coup d’émotions se sont expri- mées », explique Jean-Pierre n’est pas synonyme Brard, le député et maire (apparen- té communiste) de Montreuil. de propos racistes Deux jours plus tard, la mairie demandait à l’association gestion- ou antisémites » naire du cinéma de déprogram- mer « Palestine, regards sur l’occupation ». Les quinze films Françoise Benoît, présidente de proposés – d’Ici et ailleurs, tourné l’Association montreuilloise du dans les années 1970, par Jean- cinéma, fait remarquer que les Luc Godard à Nous retournerons films proposés « n’étaient pas des un jour, des Palestiniens Samir brûlots antisémites » et que, parmi Abdallah et Walid Charara – ne les invités aux débats, on comp- reflétaient qu’une partie de l’éven- tait plusieurs Israéliens, ainsi que tail des thèses et des positions qui l’ex-camarade de parti de s’affrontent aujourd’hui au Pro- M. Brard, Jack Ralite, sénateur et che-Orient, du radicalisme palesti- maire d’Aubervilliers. Le Méliès nien au pacifisme israélien. On s’est « soumis à l’injonction de la retrouvait ce même parti pris dans mairie », mais l’affaire a suscité de les invitations lancées pour l’orga- nombreuses protestations, venant nisation des débats prévus après aussi bien de l’extrême gauche, les projections. des Verts, que d’associations de Pour M. Brard, cette program- l’immigration. La Contrebande et mation « donnait à haïr » et il l’Association des Palestiniens en était du rôle de la municipalité France « refusent tout amalgame » que d’empêcher « l’expression et font valoir que « la parole des publique qui encourage un climat Palestiniens n’est pas synonyme de de haine entre les communautés ». propos racistes ou antisémites ». Pourtant, le maire de Montreuil Le maire de Montreuil se refuse affirme ne pas avoir reçu de à placer le débat sur le terrain de demandes d’interdiction en bonne la censure : « La manifestation et due forme, qu’elles viennent n’était pas culturelle », estime-t-il. d’associations ou d’individus. Lors- Pour lui, le Méliès – qui est l’uni- que la municipalité a instamment que salle de cinéma de la ville, en prié l’Association montreuilloise attendant l’ouverture d’un multi- du cinéma de déprogrammer plexe – doit être « un espace de « Palestine, regards sur l’occupa- dialogue et de confrontation »,et tion », le maire a évoqué un grave les associations privées « peuvent incident antisémite qui avait eu s’exprimer dans des lieux privés ». lieu à Montreuil dans les semaines précédentes, incident suivi de Thomas Sotinel CULTURE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 31 Radu Lupu, virtuose du clavier SORTIR PARIS Dix versions Au top du hip-hop depuis En concert au Théâtre du Châtelet, le soliste roumain déstabilise par un programme inattendu Daniel Masclet son premier spectacle en 1996, Il reste quelques jours pour aller la compagnie Käfig, pilotée par sa musique doit être défendue et découvrir la première Mourad Merzouki, présente LUDWIG VAN BEETHOVEN : qu’un artiste aussi fêté peut pro- rétrospective du photographe sa troisième pièce intitulée Sonate no 12 en la bémol majeur grammer cette pièce jamais jouée français Daniel Masclet Dix versions. Invention gestuelle op. 26 ; Sonate no 21 en ut majeur sans vider la salle. La virtuosité (1892-1969), présentée à la Maison alliée à une dramaturgie simple op. 53 « Waldstein ». GEORGE retrouve sa vertu étymologique. européenne. D’abord et forte, elle impose sa singularité ENESCU : Sonate en fa dièse Malgré un tel parrainage, cette violoncelliste, il est un des sur un thème aussi rebattu que mineur op. 24. LEOS JANACEK : sonate ne sera jamais un hit : elle personnages centraux la différence. Enlevé par neuf Sur les sentiers herbeux. Radu est trop subtile, trop fuyante, trop de la photographie en France interprètes d’excellence, Lupu (piano). peu rhétorique avec sa couleur des années 1930 à 1960. Il adopte qui signent collectivement THÉÂTRE DU CHÂTELET, le modale, ses ruptures, ses éclats à ses débuts le style pictorialiste la chorégraphie, Dix versions 30 mai, 20 heures, dans le cadre intériorisés. emprunté à son mentor, le baron (comme diversion !) affirme, de Piano Quatre Etoiles. de Meyer, puis plonge dans s’il en est encore besoin, « FINALE » CONQUÉRANT la photographie moderniste, la beauté d’une danse aussi Splendide idée que de la faire mutlipliant les portraits en gros puissante que suggestive. A quoi pense Radu Lupu quand suivre par Sur les sentiers herbeux plan et les natures mortes. Dans Théâtre national de Chaillot, il entre en scène ? On ne saura de Janacek, musique elle aussi l’après-guerre, il adopte un style 1, place du Trocadéro, Paris-16e. jamais l’angoisse du soliste qui va, interdite aux foules, jouée avec plus subjectif, réalisant des vues Mo Trocadéro. 20 h 30, le 1er juin ; pendant deux heures, faire appel une juxtaposition de couleurs dou- abstraites du paysage urbain à 14 h 30 et 20 h 30, le 2 ; 15 heures, à toutes ses ressources physiques ces, de ruptures effacées par un Paris. Daniel Masclet était aussi un le 3. Tél. : 01-53-65-30-00. et psychiques pour jouer. Cet jeu oublieux de soi-même, boule- théoricien et critique qui exerçait 70 F, 90 F et 120 F. effort sur soi-même, sur ses peurs versant par ses failles mêmes, son influence, publiant des livres, Trio Como/Bramerie/Ceccarelli et ses doutes, cette crainte de petits défauts qui font le prix des articles, devenant le conseiller de L’ancien clavier du groupe faillir, de ne pas être à la hauteur grands musiciens, dont ils sont photographes au sein du Club des Sixun, Jean-Pierre Como, du défi que représente la confron- même parfois la marque et que le 30 × 40, ainsi que commissaire des est un mélodiste accompli, tation entre le public et l’œuvre, refus du développement mis en premières expositions de Berenice sensible et réservé. De ses entre le travail solitaire et le œuvre par le compositeur morave Abbott et d’Edward Weston ; origines italiennes il a ramené grand saut dans le vide, cette mise appellerait presque d’une certaine autant de facettes que l’on des airs de soleil, une manière de à nu de soi, l’exposition de ses fai- façon, musique qui ne doit pas découvre dans la monographie romantisme lyrique qui n’est pas blesses, qui commencent dès que être jouée propre mais humée, que Christian Bouqueret consacre encombré de pathos. Avec lui, les mains se posent sur le clavier. devinée à mesure qu’elle avance à Masclet aux éditions Marval sur disque Storia (Naïve) et sur Inventé par Franz Liszt, qui fut difficultueusement. (156 p, 125 photos, 280 vignettes, scène, le contrebassiste Thomas le premier à jouer seul, à ne pas Tout le contraire de la Sonate 188 F, 28,66 ¤). Bramerie et André Ceccarelli partager la scène avec des chan- Waldstein, de Beethoven. Une for- Maison européenne de la à la batterie. teurs ou des instrumentistes à cor- DECCA/MARY ROBERT ce en mouvement qui emporte photographie, 5-7, rue de Fourcy, Sunside, 60, rue des Lombards, des, le récital de piano condense à Radu Lupu est un artiste secret, fêté unanimement tout dans son passage, grande étu- Paris-4e.Mo Saint-Paul. De Paris-1er.Mos Châtelet, Les Halles. lui seul le rituel du concert, specta- par les mélomanes et par ses pairs. de de sonorité qui balaie le cla- 11 heures à 20 heures, du mercredi Les 1er, 2, 3 et 4 juin, 21 heures. cle appelant les déchaînements de vier, oppose le martèlement élasti- au dimanche. Jusqu’au 10 juin. Tél. : 01-40-26-21-25. l’assemblée du public tout en pri- me la douce lumière d’un photo- le concours d’entrée de quelque que des accords avec l’écho scin- Tél. : 01-44-78-75-00. 30 F et 15 F. De 80 F à 100 F. vilégiant la relation intime entre phore. Il joue la Sonate op. 26 de académie de musique allemande tillant de la main droite, dont un artiste et chacun des audi- Beethoven, l’une des seules que ou autrichienne, d’autant que ses l’adagio molto central, si bref, si teurs. Chopin prisait et faisait travailler doigts ne sont pas parfaits. Mais intense, lance le finale GUIDE On ne sait pas à quoi pense à ses élèves. n’est-ce pas la marque des artistes conquérant, joyeux presque, qui Lupu, mais l’on sait que la peur le – à ne pas confondre avec les pia- pousse le piano au-delà de ses tenaille comme elle domine tant MUSIQUE INTERDITE AUX FOULES nistes – que de nous déstabiliser possibilités en le transformant en TROUVER SON FILM Quentin Rollet & Charlie O., d’artistes. Calé dans sa chaise Lupu prend son temps, adoucit dans ce que nous tenons pour vrai un immense corps sonore. Et là, Erik M. & Akosh S. pliante, le corps loin du piano les contrastes du premier mouve- et qui ne l’est devenu que par la soudain, les ressources physiques Tous les films Paris et régions sur le Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Mains Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : d’œuvres, 1, rue Charles-Garnier. comme s’il le repoussait, le pianis- ment qui prend une couleur force de l’habitude ? et psychiques de Radu Lupu mar- er 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). 20 h 30, le 1 juin. Tél. : 01-40-11- te plante ses mains dans la profon- automnale, quasi schubertienne, Est-ce parce qu’il est roumain quent le pas. Qui irait le lui repro- 25-25. 60 F. deur des touches. Le son est lumi- voire quasi brahmsienne, capti- que Lupu a choisi ensuite de jouer cher ? ENTRÉES IMMÉDIATES Otomo Yoshihide et Sachiko M, neux, qui s’élève, un peu vacillant vante et si peu rationnelle que la Sonate op. 24 d’Enescu ? Peut- Xavier Charles Le Kiosque Théâtre : les places de cer- dans le Théâtre du Châtelet, com- l’on se dit qu’il ne franchirait pas être, mais plus encore parce que Alain Lompech Montreuil (Seine-Saint-Denis). Instants tains des spectacles vendues le jour chavirés, 7, rue Richard-Lenoir. même à moitié prix (+ 16 F de commis- 20 h 30, le 1er juin. Tél. : 01-42-87- sion par place). 25-91. 80 F. Place de la Madeleine et parvis de la gare Montparnasse. De 12 h 30 à RÉGIONS Christoph Eschenbach se révèle dans Chostakovitch 20 heures, du mardi au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Convoi partout takovitch, comme Mahler, pratique cette couleur gouaille d’une rengaine échappée de Petrouchka, Raillerie, satire, ironie de et avec les compagnies Générik LUDWIG VAN BEETHOVEN : Concerto no 1 douce-amère qu’il faut savoir contrôler comme de Stravinsky. Le premier mouvement est rendu et signification profonde Vapeur et Collectif AOC. pour piano et orchestre en ut mineur op.15. une diphtongue stylistique, ni trop douce ni trop dans son ton juste, celui d’une douleur distante, Théâtre du Fust. Châlons-en-Champagne (Marne). Fu- DIMITRI CHOSTAKOVITCH : Symphonie no 5 amère. Comme Mahler, Chostakovitch est grotes- poliment désespérée. Grande Halle de la Villette, 211, ave- ries, festival de cirque et de théâtre de nue Jean-Jaurès, Paris-19e.Mo Porte- rue, parc du Grand-Jard, avenue du en ré mineur op. 47. Orchestre de Paris, Chris- que mais pas ridicule, extrême mais savamment de-Pantin. 22 heures, les 1er et 2 juin. Général-Leclerc. 22 h 15, le 2 ; 18 heu- toph Eschenbach (piano et direction). contrôlé, impudique au point de cacher sa CHANT DE DOULEUR Tél. : 01-40-03-75-75. De 45 F à 110 F. res, le 3. Tél. : 03-26-65-90-06. Entrée Salle Pleyel, Paris, le 30 mai. Même program- pudeur par son exact opposé. Un roulement de La vulgarité glisse sur Eschenbach comme l’eau Bambi (en anglais avec livret) libre. me donné le 31 mai à 20 heures, Salle Pleyel, tambour, une marche militaire, chez Chostako- sur les plumes d’un canard. Il est immunisé. Alors avec la Compagnie Green Ginger. Jardin de femmes e Parc de La Villette. Parquet de bal, 211, mise en scène de Jean-Marie Mad- 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8 . vitch, ce ne sont pas des signes intériorisés, la Cinquième symphonie devient chant de douleur, e o o avenue Jean-Jaurès, Paris-19 .M Porte- deddu. M Ternes. Tél. : 0825-000-821. De 60 F (5,45 ¤) réduits à leur essence, comme dans les Lieder de étrange, décalé, dérangeant sans qu’on puisse er de-La-Villette. 20 h 30, les 1 et 2 juin. Châlons-en-Champagne (Marne). Fu- à 380 F (34,55 ¤). Prochain concert : Concerto Hugo Wolf, ou passés au tamis sourdement ironi- dire pourquoi et comment. Inattaquable. La Tél. : 01-42-57-82-04. De 45 F à 110 F. ries, festival de cirque et de théâtre de o n 2 pour violon et orchestre, Le Prince de bois, que de son compatriote Serge Prokofiev. Chez réponse en perverse chausse-trappe d’« un artiste Nuits dans les jardins d’Espagne rue, parc du Grand-Jard, avenue du de Bela Bartok, par Gil Shaham (violon), Chostakovitch, il faut oser, jusqu’au bout. Et soviétique à de justes critiques ». d’Alan Bennett, mise en scène de Général-Leclerc. 17 h 30, le 2 ; 16 h 30, Pierre Boulez (direction), les 6 et 7 juin à pourtant ne pas faire semblant. C’est comme En première partie, Christoph Eschenbach rem- Thierry Harcourt, avec Annie Girardot. le 3. Tél. : 03-26-65-90-06. Entrée libre. Théâtre Molière – Maison de la poésie, Les Tambours 20 heures, au Théâtre du Châtelet, place du l’exercice-clé de la douche de l’Actors Studio, plaçait Marta Argerich s’illustrant, in absentia, 157, rue Saint-Martin, Paris-3e.Mo Ram- er de et avec la compagnie Transe Châtelet, Paris 1 . dont l’acteur Harvey Keitel parle si bien dans la dans l’une de ses spécialités : l’annulation. Du cla- er buteau. 21 heures, les vendredi 1 ,2, Express. célèbre émission de James Lipton : l’essentiel est vier, placé en biais, Eschenbach, qui a toujours 6, 7, 8 et 9 ; 17 heures, le 3. Tél. : 01-44- Châlons-en-Champagne (Marne). Fu- On n’imagine pas Christoph Eschenbach diri- de se jeter à l’eau, de le faire, un point c’est tout. des doigts et de la mémoire, dirigeait l’orchestre 54-53-00. De 65 F à 130 F. Jusqu’au er ries, festival de cirque et de théâtre de ger Dimitri Chostakovitch. On imagine le chef Dans la Cinquième, il faut faire le final comme il du clavier dans le Premier concerto de Ludwig van 1 juillet. rue, parc du Grand-Jard, avenue du Hamlet sur la route Général-Leclerc. 11 heures et 14 h 30, allemand si fin, sec et noir, comme le disait, en est écrit, un peu inconvenant, couvert de Beethoven. Lecture vive, sans arêtes, alanguie, d’après Shakespeare, mise en scène de substance, Jules Renard de Maurice Ravel, médailles de chocolat, surtout après ce Largo àse sans mollesse. Des dialogues réussis avec les le 2. Tél. : 03-26-65-90-06. Entrée libre. Paul Golub. Traboule qu’on ne le voit pas se colleter avec les outran- pendre, sonnant comme un adagio mahlérien qui vents, des équilibres pas toujours idéaux (la posi- Itteville (Essonne). Salle Georges-Bras- er mise en scène de Raymond Peyra- ces grinçantes et un rien débraillées des sym- se serait auto-bâillonné, qui se serait emprisonné tion du piano ?), mais, toujours, de la musique, de sens. 20 h 30, le 1 juin. Tél. : 01-60- maure. phonies du musicien russe. Pourtant, la Cinquiè- dans les rêts de son chromatisme clos, refusant à l’élégance, de la pensée alerte, qui règnent, magni- 85-20-85. 50 F. Châlons-en-Champagne (Marne). Cha- Orchestre philharmonique piteau du Grand-Jard. 20 h 30, du 2 au me symphonie (1937) de Chostakovitch a les la ligne de s’épandre, la contenant dans un lyris- fiques. (Et des toux inexcusables, et, bien enten- de Radio France 4. Tél. : 03-26-65-90-06. De 30 F à 60 F. atours d’une symphonie de Gustav Mahler, un me d’autant plus fort qu’il est contr(a)it. L’Alle- du, un téléphone portable au beau milieu de Œuvres de Willi, Bruch, Tchaïkovski. Fin de partie auteur qu’Eschenbach dirige fort bien et avec gretto, deuxième mouvement en forme de sche- moment le plus ténu du Largo de Chostakovitch.) Nicolas Znaider (violon), Manfred de Samuel Beckett, mise en scène de Honeck (direction). lequel il entretient plus d’une affinité. rzo délicieusement grinçant, cherche et trouve sa François-Michel Pessenti. Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Le pont est tendu entre les deux rives : Chos- voie entre un Ländler mahlérien, là encore, et la Renaud Machart e o Marseille (Bouches-du-Rhône). La Fri- Saint-Honoré, Paris-8 .MTernes. 20 heures, le 1er juin. Tél. : 08-25-00- che Belle-de-Mai, 23, rue Guibal. 02-52. De 50 F à 190 F. 21 heures, le 2. Tél. : 04-91-11-45-65. 0123 Masterclasse internationale 45 F et 70 F. Dernière. Christa Ludwig Le Gardien Les élèves très bien formés de l’Ecole des beaux-arts exposent d’Harold Pinter, mise en scène de A LA TELEVISION Atelier d’interprétation du lied et de ET A LA RADIO l’opéra réservé aux chanteurs profes- Stuart Seide. l’ENSBA, où le cursus normal Beaux-Arts, Gustave Moreau, sionnels. Christa Ludwig (professeur), Tourcoing (Nord). Ancien Hospice, rue d’Havré. 20 h 30, les 2, 5, 6, 7, 8 et 9. SINCÈRES FÉLICITATIONS, Eco- dure cinq ans, ils ont été nom- avait entrepris de citer tous ses Le Monde des idées Susan Manoff (pianiste, chef de chant). le nationale supérieure des breux à suivre l’enseignement inspirateurs en manière d’autofla- Méry-sur-Oise (Val-d’Oise). Château, De 55 F à 140 F. Dernières. LCI beaux-arts, 13, quai Malaquais, d’une école régionale, d’une uni- gellation. Moreau l’interrompit avenue Marcel-Perrin. 15 heures, les Compagnie Mulleras Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 er Mini@tures. Paris-6e.Mo Pont-Neuf. Tél. : versité ou d’une école spécialisée, d’une phrase : « Vous avez aussi 1 , 2, 3 et 4 juin. Tél. : 01-30-36-77-77. Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 De 70 F à 120 F. Saint-Brieuc (Côtes-du-nord). La Passe- 01-47-03-50-00. Du mardi au telle l’Ecole Boulle. Ils ne sont pas un père et une mère, sans doute ? » Le lundi à 11 h 10 Simon Goubert Quartet relle, place de la Résistance. 18 heures, dimanche de 13 heures à 19 heu- moins nombreux à avoir séjourné Comme Rouault il y a un siècle, Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- le 2. Tél. : 02-96-68-18-40. 30 F. res. Entrée : 25 F (3,81 ¤). Jus- à Amsterdam, à Canberra, à Franc- les élèves d’aujourd’hui ont des ࡯ bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, Kayassine : les Arts Sauts qu’au 1er juillet. fort ou à Londres. On ne s’étonne- pères, des mères et des querelles Le Grand Jury les 1er, 2 et 4 juin. Tél. : 01-42-33-22-88. mise en scène d’Hervé Lelardoux. Nantes (Loire-Atlantique). Chapiteau. ra donc pas de n’être pas étonné œdipiennes en cours de règle- RTL-LCI 100 F. Jean-Benoît Culot Quartet 21 heures, les 2, 5, 8, 9, 11, 12 ; 18 heu- Tous les printemps, depuis par la plupart de leurs travaux. ment. On n’en tirera aucune Le dimanche à 18 h 30 Petit Opportun, 15, rue des Lavandiè- res, les 3, 4, 10. Tél. : 02-51-88-25-25. onze ans, l’Ecole nationale supé- conclusion. ࡯ res-Sainte-Opportune, Paris-1er.Mo Châ- 110 F et 160 F. Jusqu’au 19 juin. rieure des beaux-arts expose ceux SENTIMENT DE DÉJÀ-VU Des constantes se dégagent telet. 22 h 30, les 1er et 2 juin. Tél. : Il Tito de ses élèves qui ont obtenu leur Ce sont ceux d’élèves parfaite- cependant, affaire de génération. La rumeur du monde 01-42-36-01-36. De 80 F à 100 F. de Cesti. William Christie (direction), FRANCE-CULTURE diplôme avec les félicitations du ment informés des mouvements L’installation et la photographie Marcel Azzola invite Alain Germain (mise en scène). Le samedi à 12 heures le Jacques Vidal Trio Strasbourg (Bas-Rhin). Opéra national jury. Ce principe est excellent à et des engouements actuels, visi- tiennent le premier rang, devant Sunset, 60, rue des Lombards, Paris-1er. du Rhin, 19, place Broglie. 20 heures, ࡯ o er plus d’un titre : il permet de savoir teurs de biennales et de rétrospec- la vidéo et la peinture, cette der- M Châtelet. 22 heures, le 1 juin. Tél. : les 2, 4, 6 et 8 ; 17 heures, le 10. Tél. : ce qui se passe dans les ateliers de tives, lecteurs de revues, habitués nière n’étant que peu et mal repré- Libertés de presse 01-40-26-46-60. De 80 F à 100 F. 03-88-75-48-23. De 70 F à 330 F. la rue Bonaparte, il initie les étu- du Net probablement. De là un sentée. Les objets, tels quels ou FRANCE-CULTURE diants aux us et aléas de l’exposi- sentiment fréquent de déjà-vu, transformés, et les grands tirages Le troisième dimanche tion publique, il produit un instan- tout à la fois décevant et compré- en noir et blanc ou en couleurs de chaque mois à 16 heures tané des tendances et références à hensible. Il serait facile de rétor- l’emportent visuellement. Le F2 ࡯ la mode du moment. Cette année, quer à l’un qu’il est trop proche carcéral et imaginaire conçu par sur 108 élèves candidats, 98 ont de William Kentridge, ou à un Virginie Yassef et Julien Berthier A la « une » du Monde obtenu leur diplôme, dont 29 avec autre que l’histoire du ready- domine une salle de sa hauteur et RFI Du lundi au vendredi des félicitations votées à l’unani- made est longue et qu’il ne la de sa masse géométrique. La à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) mité ou à la majorité des cinq renouvelle pas. Ce serait vrai – et construction en bois, fer blanc et membres de leur jury, un profes- vain. On pourrait aussi s’amuser à ventilateurs de Vincent Mauger ࡯ seur et quatre extérieurs, dont deviner de quel professeur tel déconcerte un instant, à la fois clo- La « une » du Monde deux artistes. Ce sont donc ces 29 diplômé a médité l’exemple. Ce se et vibrante. Quant à Nourou’l BFM qui sont réunis dans les salles du serait facile souvent – et tout aus- Kébir Assouma, il agrémente le Du lundi au vendredi quai Malaquais. si vain. recyclage des rebuts d’une ironie à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Nés pour la plupart au début de Selon une anecdote, Georges qui gratte où ça fait mal. Le samedi la décennie 1970, ils ont entre 25 Rouault, présentant sa dernière 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 et 30 ans. Avant d’entrer à peinture à son professeur aux Philippe Dagen 32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 EN VUE a Avant de rediffuser un dessin De vraies histoires d’amour en Chine animé datant de 1942, où le lapin, la face peinte en noir, imite le chanteur de jazz Al Jolson en Le « Quotidien de la jeunesse de Pékin » publie une page, qui n’est pas toujours à l’eau de rose, roulant des yeux, la chaîne Cartoon Networks s’interroge : sur la vie sentimentale des Chinois « Bug Bunny est-il raciste ? » C’EST UNE PAGE gentillette, où mier) a collé des avis de recherche térêt. A mille lieues des chemins de Et puis il y a les inévitables histoi- a Son avocat a demandé l’eau de rose s’égoutte au coin des partout. En vain. Il renonce. Et puis, terre, voilà l’histoire de deux res d’amour sur Internet, ce média l’expertise psychiatrique de Piet paupières, mais on y trouve aussi cinq ans plus tard, c’est le réveil, la bureaucrates. Ils sont assis l’un en en pleine explosion en Chine. Dans Odendaal, un entrepreneur blanc des histoires fortes, dures, boulever- renaissance. La femme surgit sur le face de l’autre, lui et elle. Ils s’en- les grandes villes gagnées par l’ano- de Sasolburg en Afrique du Sud, santes, de vrais scénarios de films seuil de la maison. Elle a retrouvé nuient et boivent donc du thé. Des nymat, c’est désormais dans le car, avant de traîner sur qu’on se prend à rêver de voir à son chemin. Que s’est-il passé ? Un journées entières à s’humecter la cyberespace que les jeunes se ren- 5 kilomètres un Noir attaché l’écran sous la signature des grands jour qu’elle travaillait dans les gorge de thé brûlant. contrent. Une multitude d’idylles derrière son camion pick-up, puis noms du cinéma chinois. La rubri- champs près de son nouveau villa- s’y nouent. Elles peuvent tourner de jeter le corps dans un champ, que « Sentiments » du Beijing Qin- ge, le serment d’une vie antérieure CODE SECRET mal. Il y a eu des divorces et même son client « s’était disputé la veille gnian Bao (Le Quotidien de la jeu- lui est subitement revenu en Insensiblement, ils s’habituent des suicides provoqués par tous ces avec sa femme et avait bu ». nesse de Pékin) – la plus grosse diffu- mémoire : « Pour notre dixième l’un à l’autre. Le thé devient leur amours cybernétiques. Pour éviter sion dans la capitale – n’est pas couple est ballotté par la foule et se anniversaire de mariage, je t’offrirai univers partagé, un lien intime, l’échec, un garçon et une fille ont a Un rapport de la Commission qu’un rendez-vous pour midinet- sépare quelques instants. Là, tout un bracelet en bois sculpté. » C’était comme un code secret. Puis, c’est le pris leurs précautions. Ils se sont d’enseignants de la province du tes. C’est un fragment de vie crue. bascule. C’est le trou de mémoire, justement le jour du dixième anni- cataclysme. Il doit changer d’affec- donné rendez-vous dans un restau- Gauteng en Afrique du Sud Voilà par exemple l’histoire d’un le grand vide : la femme ne se sou- versaire et le bracelet en bois sculp- tation. Ils se quittent. C’est l’arra- rant. Lui était censé porter un jean déconseillait aux élèves de paysan et de son épouse, balluchon vient plus de rien, ni de son mari ni té l’attendait. chement. De l’exil, chacun songe à et un tee-shirt blanc. Elle une robe terminale la lecture d’Hamlet sur l’épaule, s’en allant faire des de son village. Elle disparaît. Ou, Cette histoire est une des plus la tendresse perdue de ces instants rouge. Mais à l’ultime instant elle « eurocentrique, pas assez achats en ville. La femme a eu jadis plutôt, elle erre. Le temps passe. fameuses de la page « Senti- de thé. Alors, ils reprennent con- opte pour un prudent stratagème. optimiste, insuffisamment un accident dont elle est sortie am- Elle se retrouve mariée dans un ments » du Beijing Qingnian Bao.Il tact. Ils se donnent rendez-vous Elle enfile plutôt un short noir : elle édifiant ». nésique. Qu’importe : elle continue autre village – lointain de y en a des brassées d’autres. Pas for- dans une… maison de thé. Là, il lui pourra ainsi le dévisager par le d’arpenter les sentiers de poussière 2 000 kilomètres ! –, ignorant cément spectaculaires, souvent fait une déclaration dans des efflu- menu sans être reconnue. Lui a Une restauratrice d’art avec son homme. Arrivé en ville, le qu’elle l’était déjà. Son mari (le pre- banales, mais c’est ce qui en fait l’in- ves de jasmin. conçoit exactement la même ruse. sud-africaine paiera des Il s’est vêtu d’une veste marron : il dommages et intérêts au pourra l’inspecter à distance sans propriétaire d’Intérieur de taverne, DANS LA PRESSE traduit le silence gêné observé Christine Deviers-Joncour était LIBÉRATION être identifié. un tableau du maître hollandais par la classe politique. (…) Sur rémunérée. Ils n’ont pas établi Jacques Amalric Ce jour-là donc, ils sont tous les Adriaen Van Ostade (1610-1685), LCI cette colossale affaire Elf, la d’intervention directe de a La justice a refusé de poursuivre deux attablés, jetant des regards cir- pour avoir rajouté une barbe à un Pierre-Luc Séguillon justice n’a fait que lever un petit Roland Dumas dans l’emploi l’ancien ministre pour abus de fonc- culaires, mais ils sont transparents fumeur de pipe et posé sur la a Un prestigieux minis- coin du voile. Il lui reste encore consenti à sa maîtresse. Ils le tion (trop difficile à prouver ou trop l’un pour l’autre. Jusqu’à ce qu’en- cheminée une marmite typique tre – Roland Dumas –, qui eut la de nombreux aspects à explorer condamnent donc pour les risqué ?) préférant s’en prendre à tre une fille moulée de rouge, une d’Afrique du Sud. charge d’être la voix de la Fran- si elle y parvient jamais. cadeaux reçus – bottines, sta- l’ancien amant indélicat et passable- cliente quelconque. Il la dévore du ce durant plusieurs années, Demeure le terrible sentiment tuettes, invitations – et financés ment goujat, coupable de ne pas regard. Il pense que c’est « elle », se a Le gouvernement iranien ne condamné à six mois de prison que deux hommes, qui avaient illégalement. Il s’agit clairement avoir remboursé à sa maîtresse une lève et lui fait une proposition. Il se s’oppose nullement à la ferme. Un grand patron – Loïk qualité de serviteur éminent de de faire un exemple et de souli- paire de (coûteuses) bottines, fait sèchement éconduire. Il n’y publication dans la presse de Le Floch-Prigent –, qui eut la res- la République, se sont copieuse- gner ainsi qu’un élu de la Répu- d’avoir été rétif du portefeuille lors- comprend rien. Elle, la vraie galan- lettres de journalistes prisonniers, ponsabilité de diriger tour à tour ment et indûment servis de cette blique a d’autres contraintes qu’il dînait avec elle au restaurant te masquée de noir, s’est vite éclip- « à condition qu’elles soient au de grands fleurons de notre République comme d’une qu’un simple citoyen, qu’un et d’avoir utilisé un appartement sée. Elle n’a point aimé sa manière. préalable certifiées par industrie nationale, de Rhône- prébende. ministre doit s’appliquer une dont il n’a pas été prouvé qu’il lui Mais elle recommencera. « J’ai l’administration pénitentiaire ». Poulenc à la SNCF en passant grille plus sévère qu’un quidam, était destiné pour multiplier les essayé d’arrêter le “chat” sur Inter- par Elf, puni de trois ans et demi RTL et que le président du Conseil réceptions. Six mois de Santé pour net 38 fois, écrit-elle au Beijing Qin- a A peine Mohammad d’enfermement. Les sanctions Alain Duhamel constitutionnel ne saurait être de tels écarts de conduite, c’est cher gnian Bao, mais j’ai échoué 38 fois. » Mobarhan, maire de Kermanchah prononcées hier contre ces deux a Les magistrats ont disculpé soupçonné d’irrégularités ou de payé. A moins que Roland Dumas en Iran, avait-il rappelé à ses figures de la République mit- Roland Dumas de toute confu- légèretés. La condamnation de n’ait été aussi et surtout condamné Frédéric Bobin conseillers : « Patience, mon terrandienne laissent un pro- sion entre ses décisions politi- Roland Dumas est donc aussi à une telle peine pour sa mauvaise mandat n’a pas encore expiré ! », fond sentiment de malaise que ques et l’influence pour laquelle morale que pénale. réputation justement acquise. f www.lemonde.fr/chine qu’ils lui sont tous tombés dessus pour le rouer de coups. SUR LA TOILE a Les parents d’Azizeh, jeune www.vie-lyceenne.education.fr Iranienne qui vient de subir le TROPHÉES DU TOURISME fouet « à cause de la perversité de a Le deuxième Festival des tro- ses mœurs », emmènent la Un site simple et sérieux, pour aider les élèves à s’impliquer dans la vie du lycée phées du Webtourisme, qui aura convalescente en promenade au lieu à Val-d’Isère du 13 au bord du lac d’Oroumieh où ils « RESTEZ INFORMÉ. » Le site effet, et attendent d’être alimen- 16 décembre, a mis en ligne son l’étranglent et « lavent leur Vie lycéenne, qui vouvoie l’inter- tées. Ce côté « canevas à finir », dossier d’inscription. Tout créa- honneur » en la jetant à l’eau. naute et lui propose de laisser son que les instigateurs du projet teur ou propriétaire d’un site tou- mél, deviendra peut-être le rendez- disent délibéré puisque le site doit ristique peut poser sa candidature a Un habitant de Kerman, dans le vous incontournable des quelque être interactif, en déroute certains : dans l’une des huit catégories : sud de l’Iran, apprend que son fils deux millions de lycéens. Lancé par « En tant qu’internaute, je trouve voyagiste, hébergement, restaura- est séropositif : il le tue d’un coup le ministère de l’éducation nationa- cela frustrant », commente Antony, tion, transporteur, collectivité loca- de hache. le le 29 mai, il a pour vocation de qui a installé un système d’intranet le, attraction touristique, services permettre aux élèves d’« être des dans son lycée parisien. au voyage, sport et aventure. a Bernard Kouchner, qui, avant acteurs dans la vie quotidienne de Pour faciliter la mise à jour, le www.festivaltwt.com de devenir ministre délégué à la leur établissement ». site repose sur une architecture sim- santé, avait signé une charte de Pour cela, il leur délivre les der- ple et sans fantaisie : pas une once PROTECTION DE L’ANONYMAT l’OMS préconisant la prohibition nières « actualités » scolaires, leur du « fun » auquel on pourrait s’at- a La société californienne Medinex, du tabac chez les jeunes, estimait, expose une « galerie d’initiatives » tendre pour des pages destinées à qui publie des informations médica- mercredi 30 mai dans la cour de et les informe sur leurs « droits et un public jeune. Mais celui-ci sem- les sur Internet, a retiré sa plainte l’Elysée : « On leur interdit assez de devoirs » (droits d’expression, d’affi- ble apprécier : « Ils n’ont pas essayé contre quatorze internautes anony- trucs comme ça. » chage)… Un forum de discussion de faire quelque chose de trop char- mes, à qui elle reprochait d’avoir cri- sera ouvert prochainement – « sans gé », approuve Antony. Et son voi- tiqué sa gestion et la qualité de ses a Mardi 22 mai, un Népalais âgé censure », assure Thomas Rogé, sin d’abonder dans son sens : services sur un forum de Yahoo ! de 16 ans devenait « le plus jeune délégué national à la vie lycéenne. « C’est bien, c’est clair. » « C’est sûr, L’Electronic Frontier Foundation alpiniste » à gravir l’Everest ; le Quelques « outils pour agir » sont ils auraient pu mettre plus de pho- (EFF), association de défense de la vendredi suivant « le plus vieux », à la disposition de ceux qui vou- tos », remarque un troisième. Ce ne liberté d’expression sur Internet, un sexagénaire du Connecticut, dront s’impliquer davantage : serait pas difficile, car il n’y en a avait pris la défense des quatorze atteignait à son tour le sommet fiches pratiques pour « réussir une dants… L’internaute peut entrer en ment du site au Web Bar à Paris qu’une : celle de Jack Lang, qui anonymes et leur avait fourni une où le rejoignait le même jour réunion » ou « créer un journal », contact avec chacun d’entre eux sont encouragés dans cette démar- signe l’éditorial d’accueil. « Mais ça assistance juridique gratuite. Dans « l’aveugle le plus haut du textes officiels classés par thèmes, d’un simple clic : banal pour les che : « N’hésitez pas à envoyer un aussi, c’est très ouvert, précise Tho- plusieurs affaires récentes, les tribu- monde », un Américain du composition des diverses instances habitués du Web, ce geste représen- mél pour poser des questions, évo- mas Rogé. Le prochain édito pourra naux américains ont protégé le Colorado. représentatives des lycéens, coor- te un progrès dans l’univers scolai- quer un problème ou dire ce qui se être fait par un lycéen. » droit à l’anonymat de participants à données du médiateur de l’éduca- re, peu aguerri à la communication. passe dans vos établissements. » Plu- des forums de discussion. Christian Colombani tion nationale et de ses correspon- Les lycéens conviés au lance- sieurs rubriques sont vides, en Marie-Laure Phélippeau www.eff.org PartezPartez enen vacancesvacances avecavec

Pour les suspensions ou transferts vacances : 0 803 022 021 (0,99 F TTC la minute) FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE Vous êtes abonné(e) ou par Internet : [email protected] Michel et Christine par Luc Rosenzweig VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... C’EST FAIT ou presque : Chris- nous reste donc plus que Gérard pour le compte de ce dernier, Commune de résidence habituelle (impératif): tine Boutin a annoncé, vers Miller à nous mettre sous la dent, avait rendu Christine responsable ● Retournez ce bulletin au moins ❏ Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) 23 heures, le mercredi 30 mai et lui aussi commence à nous las- des banderoles du genre « Les 10 jours à l’avance sans oublier de 2001, qu’il y avait « plus de 50 % ser grave, comme dirait Philippe pédés au bûcher ! » de la grande du: ...... au: ...... nous indiquer votre numéro d’abonné de chances » pour qu’elle soit can- de Villiers. manifestation anti-pacs. Accusa- ❏ (en haut à gauche de la «une» de votre Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) didate à l’élection présidentielle. Mais revenons à Christine tion qui la mit en rage et faillit ain- journal). du: ...... au: ...... C’était dans l’avant-dernier numé- Boutin, personnage déconcertant si nous priver de cette annonce fai- Votre adresse de vacances: ro de « Ce qui fait débat », émis- que nous n’hésiterons pas à quali- te au téléspectateur, dont Michel ● Si vous êtes abonné par prélève- sion que la direction de France 3 fier de postmoderne, non pas tant Field fut en quelque sorte l’archan- ment automatique, votre compte sera Prénom:...... Nom: ...... a décidé de faire passer à la trap- par les idées qu’elle défend, qui ge Gabriel. prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... pe, ainsi que toutes les produc- sont relativement anciennes, que Réfléchissons un instant : dans le mois. Code postal: Ville: ...... tions de son animateur, Michel par sa posture politique, qui qu’aurait été notre vie si, par mal- Vous n’êtes pas abonné(e) Pour tout autre renseignement : 01.42.17.32.90 de 8 h 30 à 18 h Field. Nous regretterons ce gar- mélange tradition et radicalité, heur, Christine Boutin avait quitté RECEVEZ LE MONDE SUR du lundi au vendredi, ou par Internet : [email protected] çon, dont nous avons suivi la car- idées réactionnaires et méthodes le plateau avant de lever le suspen- Votre adresse de vacances: 101MQVAC LE LIEU DE VOS VACANCES. rière depuis le temps où il jouait, gauchistes. On a pu le constater ce se ? Aurions-nous pu, alors, pas- du:...... au: ...... Retournez-nous au moins 10 jours à avec Patrice Carmouze, les souf- soir-là, lorsqu’elle faillit quitter ser, l’esprit en paix, au résumé de l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... fre-douleur chez Dechavanne. Il l’émission, arrachant d’un geste la journée à Roland-Garros ? Pleu- votre règlement. Adresse: ...... a eu le tort, nous semble-t-il, de rageur son micro, au motif que rer avec Cédric Pioline et rire avec Code postal: Ville: ...... vouloir faire trop de choses à la Field aurait manqué à sa parole de Virginie Razzano sans nous tortu- DURÉE FRANCE Votre adresse habituelle: fois, d’être un boulimique des pla- ne pas laisser Philippe Meynard, rer les méninges sur les intentions ❏ 2 semaines (13 n°) ...... 96F/14,64F teaux, au lieu de se limiter à ce un responsable gay de l’UDF, l’at- présidentielles de Mme Boutin ? ❏ 3 semaines (19 n°) ...... 139F/21,19F Adresse: ...... qu’il sait le mieux faire, animer taquer sur ses positions concer- Son « Retenez-moi ou je fais un ❏ 1 mois (26 n°)...... 173F/26,37F Code postal: Ville : ...... des débats politiques. Sa tentati- nant le pacs. Ce dernier, qui porte malheur ! » laisse en tout cas pré- ❏ 2 mois (52 n°)...... 378F/57,63F Votre règlement: ❏ Chèque bancaire ou postal joint ve, par exemple, de se mêler de le titre ronflant de « responsable sager d’une candidature à haute ❏ 3 mois (78 n°)...... 562F/85,68F ❏ Carte bancaire n°: variétés a été un bide monumen- des questions citoyennes » du par- valeur ajoutée récréative, ce dont ❏ 12 mois (312 n°) ...... 1 980F/301,85F En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: tal. De la famille agrégée, sous- ti de François Bayrou, en fait pré- nous nous réjouissons, pour la Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements espèce des ex-gauchistes, ne posé au ratissage des voix homos bonne santé de notre démocratie. Offre valable jusqu’au 15/12/2001 60646 Chantilly Cedex RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / 33 JEUDI 31 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 22.50 Légendes. Stefanie Powers. Téva 23.45 La Traviata. 16.20 Bronco Billy aa TÉLÉVISION ARTE 23.30 Les Grands Fleuves. Opéra de Verdi. Par l'Orchestreet Clint Eastwood (Etats-Unis, 1979, 130 min). TCM 21.00 Peut-on mesurer l'univers ? Forum Le Mekong. Odyssée les Chœurs du Royal Opera House, 19.00 Voyages, voyages. Naples. dir. sir Georg Solti. Mezzo 16.50 L'Année de l'éveil aa TF 1 22.00 L'Amazone, 23.35 Légendes. Judith Light. Téva 19.45 Météo, Arte info. 0.35 Jazz à Vienne 1998. Muzzik Gérard Corbiau (France - Belgique, 20.15 Reportage. premier fleuve du monde. Forum 0.00 Irak, 5 000 ans 1990, 125 min). Festival 17.30 Sunset Beach. aa 18.20 Exclusif. Une femme chez les motards. 23.00 La Poste, et 6 semaines. Histoire TÉLÉFILMS 18.20 Un homme et une femme 20.45 Thema. Claude Lelouch (France, 1966, 19.00 Le Bigdil. de la lettre à l'e-mail. Forum 0.10 Thema. Wall Street. Arte Le marché carrefour des échances. 20.30 Deux frères. Philippe Laïk. Festival 105 min) &. Ciné Cinémas 3 19.50 Vivre com ça. 0.30 Les Grandes Batailles. Le marché, carrefour des échanges. 20.45 Substitute 2, la vengeance. 18.45 Les Frissons de l'angoisse aa 20.46 La Scandaleuse de Berlin aa Gallipoli. La Chaîne Histoire 19.55 et 0.28 Parce qu'il y aura MAGAZINES Steven Pearl ?. TF 6 Dario Argento (Italie, 1975, Film. Billy Wilder. 1.00 Pilot Guides. 105 min) %. Ciné Cinémas 1 toujours des hommes. 19.00 Nulle part ailleurs. 21.55 Safe, point limite zéro. 22.40 Le Marché chinois. L'Afrique de l'Ouest. Voyage & aa 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 0.10 Wall Street. Invités : Yannick Noah ; Stephen Frears. . CinéCinémas 20.46 La Scandaleuse de Berlin Beauté fatale. Naomi Klein. Canal + Billy Wilder (Etats-Unis, 1948, 20.55 Julie Lescaut. 1.15 Le Clown braqueur. 22.10 L'Amour assassin. 114 min). Arte SPORTS EN DIRECT Elisabeth Rappeneau. Festival 22.40 De parfaits petits anges. Téléfilm. Tim Trageser. 20.55 Envoyé spécial. 20.50 Polar aa Téléfilm. Timothy Bond %. Le ciel nous tombe-t-il sur la tête ? 2.05 Hockey sur glace NHL. 22.40 De parfaits petits anges. Jacques Bral (France, 1984, e % 0.30 Exclusif. Passeurs d'ombres : les filières. Coupe Stanley (finale, 3 match) : Timothy Bond . TF 1 105 min). 13ème Rue M6 Post-scriptum : New Jersey Devils - 23.05 Un si violent désir. aa 18.10 Buffy contre les vampires &. la France qui rave. France 2 Colorado Avalanche. Canal + ! 21.00 La Grande Menace Lean Storm. . TF 6 Jack Gold (Grande-Bretagne, FRANCE 2 23.25 Courts particuliers. 19.00 et 20.50 Loft Story. 23.15 Légende maléfique. 1978, 105 min). France 3 14.50 Tennis. Internationaux Invité : Jacques Doillon. Paris Première MUSIQUE % 19.50 I-minute. Sebastian Niemann. . M6 21.00 La Machine de France de Roland-Garros. En direct. 23.45 Le Club. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 21.00 Bach. La Passion selon saint Jean. 23.35 La Douleur du passé. à explorer le temps aa 19.50 Un gars, une fille. Invité : John Boorman. Ciné Classics & 20.05 Madame est servie &. Avec Christophe Prégardien, baryton ; Anita W. Addison . Festival George Pal (Etats-Unis, 1960, 19.55 Les Jours euros. 100 min) &. Cinétoile 20.38 Un jour à part. Anton Scharinger, baryton ; 0.55 Le Secret des Flamands. 20.00 Journal. Invité : Bernard Kouchner. DOCUMENTAIRES Andreas Scholl, contre-ténor ; Robert Valey [2/4]. Monte-Carlo TMC 21.00 La Nuit de San Lorenzo aaa 20.40 Loft Story, Décrochages info. Sibylla Rubens, soprano ; 20.55 Envoyé spécial. 20.15 Reportage. Vittorio Taviani et Paolo Taviani Le ciel nous tombe-t-il sur la tête ? 23.15 Légende maléfique. Klaus Mertens, basse. Par l'Orchestre COURTS MÉTRAGES (Italie, 1981, 120 min) &. Histoire Téléfilm. Sebastian Niemann %. Une femme chez les motards. Arte du Royal Concertgebouworchestra aa Passeurs d'ombres : les filières. et le Dutch Chamberchoir, 23.25 Les Tuniques écarlates P.-s. : la France qui rave. 0.50 Drôle de scène. 21.00 L'Art de la direction d'orchestre. 20.40 Courts au 13. La Mule. Cecil B DeMille (Etats-Unis, 1940, Eric Collado. Stéphane Rousseau. [3/3]. Mezzo dir. Ton Koopman. Muzzik Jean-Christophe Sauvaire. 13ème RUE & 23.05 Ronde de nuit v.o., 125 min) . Ciné Cinémas 1 Film. Jean-Claude Missiaen %. Grégory Juppin. Lisa Bayou. 21.05 François Mitterrand, 21.55 Beethoven. Missa solemnis aa en ré majeur opus 123. 23.40 La vie est belle 0.40 Journal, Météo. 1.15 Ça me révolte ! SÉRIES Roberto Benigni (Italie, 1998, le roman du pouvoir. [3/4]. Avec Lella Cuberli, soprano ; & 1.00 CD' aujourd'hui. Samaha. Les illusions perdues (1981-1988). TV 5 110 min) . Ciné Cinémas 2 Trudeliese Schmidt, alto ; Vison Cole, 20.40 Buffy contre les vampires. aa 22.00 Les Brûlures de l'Histoire. ténor ; José Van Dam, basse. Les liens du sang. Série Club 0.05 Kissed RADIO Par l'Orchestre philharmonique Lynne Stopkewich (Canada, 1996, FRANCE 3 Mai 1968, la danse 20.55 Julie Lescaut. Beauté fatale. TF 1 80 min) !. Cinéfaz du pouvoir. La Chaîne Histoire de Vienne et le Chœur des amis de la musique de Vienne, 23.45 Homicide. 18.15 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE 22.40 Grenouilles et compagnie. dir. Herbert von Karajan. Mezzo Franck a perdu la tête %. Série Club 18.20 Questions pour un champion. Le triton amoureux. Odyssée 20.30 Fictions 30 (rediff.). 23.30 Rabih Abou Khalil. 0.35 That 70's Show. La grande fête 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Charité, de Linda Lê. & 22.40 Thema. Le Marché chinois. Arte Stuttgart, 1994. Muzzik de Hyde . Canal Jimmy 20.10 Tout le sport. 21.00 Le Gai Savoir. 20.15 Le Journal de Roland-Garros. 22.12 Multipistes. 20.30 Tous égaux. 22.30 Surpris par la nuit. aa 21.00 La Grande Menace 0.05 Du jour au lendemain. Film. Jack Gold. Corinne Boujot (Le Venin). 22.45 Météo, Soir 3. 23.20 Passé sous silence. FRANCE-MUSIQUES Arte Ciné Cinémas 1 France 3 Docteur la mort. aa 0.10 Texto. Le grand déballage : 20.00 Concert Euroradio. 20.45 La Scandaleuse 23.25 Les Tuniques écarlates 23.20 Docteur la mort vie publique, vie privée. Par le Chœur de Radio France de Berlin aa Cecil B. De Mille a porté à l’écran Réalisé à partir d’une enquête de Tris- et l'Orchestre national de France, dir. Zdenek Macal : Œuvres Dans La Scandaleuse de Berlin, réa- la rébellion des métis du Nord- tan Mendès France, ce remarquable CANAL + de R. Schumann ; Brahms. lisé par Billy Wilder en 1948, une Ouest canadien contre la domina- documentaire met en lumière le terri- f En clair jusqu'à 19.00 22.00 Jazz, suivez le thème. The Man I Love [4/4]. jeune femme (Jean Arthur) décou- tion de l’Angleterre en 1885. Jac- ble « project coast » du gouverne- 18.00 Dilbert &. aa 23.00 Le Conversatoire. vre les dessous de la vie berlinoise ques Corbeau, qui a fait alliance ment sud-africain, visant à la créa- 0.05 Guêpier pour trois abeilles 18.30 Canal + classique. alors qu’elle enquête, en 1946, sur avec les tribus indiennes, est recher- tion d’armes biochimiques pour éli- Joseph L. Mankiewicz. Théâtre de rue &. Avec Rex Harrison, RADIO CLASSIQUE la moralité des soldats américains ché pour un meurtre commis au miner la population noire de l’apar- Capucine (Etats-Unis, 1966, 18.40 Nulle part ailleurs. v.o., 125 min) &. Cinétoile Cinéma 19.00 Magazine &. et la protection dont bénéficie une Texas par le ranger Dusty Rovers theid. Quatre années d’investiga- a 20.40 Les Rendez-vous du soir. aa 20.35 A l'attaque ! Par l'Orchestre de Paris, dir. Christoph 1.25 L'Empire des sens & chanteuse de cabaret (Marlene (Gary Cooper). Celui-ci va appor- tions de la commission Vérité et Nagisa Oshima (France - Japon, 1975, Film. Robert Guédiguian . Eschenbach, Tzimon Barto, piano. Dietrich) proche des nazis. Ce film ter son aide à la police montée. Ce Réconciliation établirent la culpabili- v.o., 100 min) !. Cinéfaz 22.10 Instinct Œuvres de Prokofiev, Stravinsky. aaa Film. Jon Turteltaub (v.o.) %. romancé est un documentaire fidè- scénario mêle histoire d’amour et té du docteur Basson. Un praticien 1.55 Zéro de conduite 22.15 Les Rendez-vous du soir (suite). Jean Vigo (France, 1933, 0.15 Mamirolle Œuvres de Biber, Bach, Graun, le sur l’Allemagne de la défaite. aventures mouvementées. En v.o. qui exerce encore aujourd’hui… 45 min) &. Ciné Classics Film. Brigitte Coscas. J.C. Bach, Haydn, Mozart.

VENDREDI 1er JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 22.30 Les Dossiers de la Crime. VARIÉTÉS 14.10 L'Année de l'éveil aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Les Nouveaux Détectives. Gérard Corbiau (France - Belgique, ème 21.00 Etre autrement, La double hélice. 13 RUE 0.00 Souvenir. 1990, 105 min). Festival 13.45 et 18.40 Le Journal de la santé. 14.25 La vie est belle aa TF 1 vivre normalement. Forum 22.55 Biographie. Franklin D. Roosevelt, Top à Guy Bedos 14.05 Les Pages rouges de l'Histoire. les années de guerre. Chaîne Histoire et Sophie Daumier. Canal Jimmy Roberto Benigni (Italie, 1998, 22.00 Bonne fête mamans ! Forum v.o., 115 min) &. Ciné Cinémas 3 13.55 Les Feux de l'amour. 14.35 Françoise Dolto. 23.00 Raid Eco-Challenge 15.30 Jangal. 23.00 Les Œuvres inachevées. Forum TÉLÉFILMS 15.50 Un homme et une femme aa 14.45 Cœurs coupables. Maroc 98. [4/4]. Voyage Claude Lelouch (France, 1966, Téléfilm. Marcus Cole. [2/2]. 16.00 Le Système Ikea. & 23.10 Promenade aux montagnes. Planète 17.30 A l'est d'Eden. 105 min) . Ciné Cinémas 1 16.35 Les Dessous de Palm Beach. 16.30 Les Ecrans du savoir. MAGAZINES & aa e 0.00 La Guerre des cancers. Harvey Hart. [2/4] . Téva 16.05 Ne pas avaler 17.30 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2 génération. France 3 Gary Oldman (Fr. - GB, 1997, 18.10 Le Monde des animaux. 15.05 C'est mon choix. [3/4]. Identifier les causes. Histoire 18.30 Les Gens de Mogador. ? 18.20 et 1.40 Exclusif. Robert Mazoyer. [5/6]. Festival v.o., 115 min) . Cinéfaz 18.55 Météo. 18.40 Nulle part ailleurs. Canal + 0.25 Civilisations perdues. La Grèce, l'ère aa 19.00 Le Bigdil. 18.55 Le Serre aux truffes. 16.10 Les Vikings 19.00 Tracks. Spécial Manu Chao. 19.00 Tracks. Spécial Manu Chao. Arte de l'excellence. La Chaîne Histoire Richard Fleischer (EU, 1958, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. Jacques Audoir &. CinéCinémas 19.45 Météo, Arte info. 19.30 et 0.30 Rive droite, 0.30 Les Chinois v.o., 110 min) &. Cinétoile 20.55 Stars à domicile. 19.00 Démons et merveilles. 20.15 Reportage. L'Ecole des centaures. font leur cirque. RFO Sat 23.15 Sans aucun doute. rive gauche. Randall Miller. Disney Channel 20.45 Mort dans le chais. Best of. Paris Première 0.40 L'Homme technologique. [4/8]. 20.30 L'Ile du retour. 1.00 Les Coups d'humour. Téléfilm. Julian Roman Pölsler. 20.55 Thalassa. Le principe de répétition. Planète Marijan D. Vajda. Festival 22.15 Grand format. Désert. Escale en Norvège. France 3 20.45 Mort dans le chais. FRANCE 2 23.56 Sombre a SPORTS EN DIRECT Film. Philippe Grandrieux !. 21.00 Recto Verso. Julian Roman Pölsler. Arte 13.50 Derrick &. Invité : Claude Rich. Paris Première 1.50 Le Dessous des cartes. 13.10 Tennis. Internationaux de France. 20.45 Le Retour de Rick Hunter. 14.45 Un livre. 22.35 Bouillon de culture. 5e jour. A Roland-Garros. France 3 Bradford May. RTL 9 C'est mon choix. 14.50 Tennis. Internationaux de France 14.50 Tennis. Internationaux de France. 23.30 La Proie et l'Ombre. de Rolland-Garros. M6 Invités : Frédéric Beigbeder ; e Jag Mundhra ?. TF 6 Hector Bianciotti ; Pietro Citati ; 5 jour. A Roland-Garros. France 2 19.45 Un gars, une fille. 13.34 et 18.09 Bi6clette. Jean-Jacques Brochier ; Philippe Sollers ; 0.30 Le Secret des Flamands. 19.55 Tirage du loto. 13.35 L'Innocence perdue. DANSE Robert Valey. [3/4]. Monte-Carlo TMC Bernard Giraudeau. France 2 20.00 et 23.50 Journal, Météo. Téléfilm. Bethany Rooney &. 23.35 On ne peut pas plaire & 21.00 La Veuve joyeuse, de Lehar. SÉRIES 20.50 Nestor Burma. Atout cœur. 15.20 Les Routes du paradis . à tout le monde. France 3 Chorégraphie de Ronald Hynd. 16.15 M comme musique. 22.30 Bouche à oreille. & 0.15 Live Zone. Invitée : Jeanne Mas. M6 Par le ballet national du Canada. 18.00 Dilbert. The Prototype &. Canal + 22.35 Bouillon de culture. 17.10 Highlander . Avec Karen Kain (Hanna Glawari % 0.55 Envoyé spécial. 18.10 Buffy contre les vampires. C'est mon choix. 18.10 Buffy contre les vampires . la veuve joyeuse), John Meeham % Le ciel nous tombe-t-il sur la tête ? (le prince Danilo). Mezzo [1/2]. Une revenante . M6 0.15 Retour à Roland-Garros. 19.00 et 20.40, 1.15 Loft Story. Passeurs d'ombres : les filières. 18.15 Mélissol. Lynchage. TV 5 16.35 Désir aa 0.40 Mezzo l'info. 19.50 I-minute. P-s : la France qui rave. France 2 MUSIQUE Frank Borzage. 0.55 Envoyé spécial. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 19.10 La Vie à cinq. Avec Marlene Dietrich, Retour aux sources &. Téva 20.05 Madame est servie &. DOCUMENTAIRES 19.30 Classic Archive. Gary Cooper, John Halliday (EU, 19.25 Hill Street Blues. 1936, v.o., 95 min) &. Ciné Classics FRANCE 3 20.50 Les Aventures du vendredi. Symphonie n˚38 », dite Prague , & Stargate SG-1. Réaction en chaîne &. 17.30 Des oreilles Les Bleus . Monte-Carlo TMC 17.20 Le Mors aux dents aa & en ré majeur, KV 504, de Mozart ; 13.10 Tennis. Internationaux de France. 21.45 2010 . dans le désert. Monte-Carlo TMC Prélude et Mort d'Isolde, extraits 19.50 Homicide. Burt Kennedy (Etats-Unis, 1965, & 90 min). TCM 15.05 C'est mon choix. 22.35 Sliders, les mondes parallèles. de Tristan et Isolde, de Wagner, [1/2]. Incendie . Série Club Un monde de cobayes &. 17.35 Les Métiers du cinéma. par l'Orchestre national de l'ORTF, 18.15 Titanic aa 15.50 L'Ile fantastique. & [3/3]. Les costumiers. CinéCinémas 19.55 Switch. Au large 23.30 Un monde virtuel . dir. Igor Markevitch ; etc. Mezzo ème Herbert Selpin et Werner Klingler 16.40 MNK. de Puerto Vallerta. 13 RUE & 0.15 Live Zone. 18.00 Détours du monde. Voyage 19.30 Tony Bennett. En juin 1985, (Allemagne, 1943, 95 min) . Histoire 20.05 Madame est servie. aa 17.35 A toi l'actu@. 18.10 Le Monde des animaux. lors du Festival de Montréal. Muzzik Le grand combat d'Angela &. M6 18.50 Chasseur blanc, cœur noir 17.50 C'est pas sorcier. Clint Eastwood (Etats-Unis, 1990, Animaux rescapés. [14/24]. 21.00 et 22.45 Soirée Jazz à Vienne 1998. 18.15 Un livre, un jour. RADIO Le tigre du Bengale, le pigeon 20.45 Felicity. 115 min). TCM Avec Taj Mahal, chant et percussions ; On tourne la page. TF 6 de l'île Maurice, l'addax. La Cinquième Joe Sublett, saxophone ; Darrell Leonard, 18.20 Questions pour un champion. 18.25 L'Actors Studio. trompette ; Denis Freeman, guitare ; 20.50 Stargate SG-1. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. FRANCE-CULTURE Réaction en chaîne &. M6 Jack Lemmon. Paris Première Michael Weaver, piano et orgue ; 20.10 Tout le sport. 19.30 Appel d'air. Lary Fulcher, chant et basse ; 20.50 New York District. 20.15 Le Journal de Roland-Garros. 18.30 Les Leçons de musique Tony Braunagel, batterie. % 20.30 Black & Blue. Disparitions . Le pouvoir de vie 20.30 Tous égaux. de Leonard Bernstein. Réal. Jean-Marc Birraux. Muzzik ou de mort %. 13ème RUE 21.30 Cultures d'islam. 20.55 Thalassa. Escale en Norvège. Avez-vous l'oreille musicale ? Mezzo 22.30 Prokofiev. Symphonie n˚1 Concert 20.50 Nestor Burma. 22.12 Multipistes. 19.15 Robert Louis Stevenson, enregistré en 1988. Par l'Orchestre Atout cœur. France 2 22.15 Faut pas rêver. Laos : Nakaï City. 22.30 Surpris par la nuit. philharmonique de Munich, France : Les hommes du lac. Portrait de Sabine Macher. écrivain voyageur. [1/2]. Planète & dir. Sergiu Celibidache. Mezzo 21.45 Stargate SG-1. 2010 . M6 Liban : La bataille du cèdre. 0.05 Du jour au lendemain. 20.00 Régions de France. Concert enregistré aux 22.15 Alien Nation. 23.10 Météo, Soir 3. Pietro Citati (Portraits de femmes). 23.05 Story Tellers. & La Corse. Voyage Etats-Unis, en juillet 2000. Canal Jimmy The Red Room . Série Club 23.35 On ne peut pas plaire 0.40 Chansons dans la nuit. 20.15 Reportage. 22.25 Dharma & Greg. à tout le monde. 23.45 Jeanne d'Arc. & L'Ecole des centaures. Arte Opéra de Verdi. Par l'Orchestre Dutch Treat (v.o.) . Téva 1.25 Toute la musique qu'ils aiment. FRANCE-MUSIQUES 20.55 Fleurs de Chine. Odyssée et les Chœurs du Theâtre communal 22.50 Ally McBeal. Mr Bo (v.o.) &. Téva 19.07 A côté de la plaque. 21.20 Les Mystères de l'Histoire. de Bologne, dir. R. Chailly. Mezzo 23.45 Homicide. CANAL + 23.55 Michel Petrucciani Trio. [1/2]. Incendie &. Série Club 20.05 Concert franco-allemand. Invasion EU. La Chaîne Histoire Par l'Orchestre symphonique A la Liederhalle 0.10 Un cas pour deux. 13.45 Hockey sur glace. 21.45 La Fusée Ariane, de Stuttgart, en 1998. Muzzik de la Radio de Francfort, Le fils indigne. RTL 9 a 14.20 Je préfère le bruit de la mer dir. Hugh Wolff. un succès de l'Europe. Odyssée 20.30 Esther Waters Film. Mimmo Calopresti &. 0.50 The Golden Palace. Ian Dalrymple et Peter Proud. Œuvres de Haydn, Chostakovitch. 22.00 Dancing in the Street. [1/10]. THÉÂTRE Ebbtide for the Defense (v.o.). &. Téva Avec Kathleen Ryan, 15.45 Mickro ciné. 22.30 Alla breve (rediff.). Whole Lotta Shakin'. Canal Jimmy Dirk Bogarde (GB, 1948, 22.05 La Répétition ou l'Amour puni. 1.00 Friends. Celui qui offrait un vélo 16.40 South Park, plus grand, 22.45 Jazz-club. Dewey Redwey, Planète v.o., 110 min) &. Ciné Classics saxophone, avec Rita Marcotulli, 22.05 Phénomènes de foire. Pièce de Jean Anouilh. (v.o.) &. Celui qui se déguisait plus long et pas coupé a & 20.45 Celui par qui le scandale Film. Trey Parker ?. piano, John Menagon, contrebasse 22.15 Grand format. Désert. Arte Avec Anny Duperey. Festival (v.o.) . Canal Jimmy et Mark McLean, batterie. arrive aa f En clair jusqu'à 20.35 Vincente Minnelli (Etats-Unis, & 1960, 145 min). TCM 18.00 Dilbert . RADIO CLASSIQUE aa 18.30 Canal + classique &. 21.00 Atlantic City 18.30 L'Actualité musicale. Louis Malle (France - Canada, 1980, 18.40 Nulle part ailleurs cinéma. 100 min) &. Cinétoile 19.00 Nulle part ailleurs &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. aa François-Antoine Habeneck, Voyage Arte Ciné Classics 22.20 Le Rapt 20.35 Allons au cinéma ce week-end. fondateur de la société des concerts Charles Crichton (GB, 1952, v.o., 21.00 La Tête dans le carton du conservatoire. a 85 min) &. Ciné Classics Œuvres de Beethoven, Viotti, Rossini, 18.00 Détours du monde 19.00 Tracks : 20.30 Esther Waters aa à chapeaux Berlioz, Cherubini, Meyerbeer, Lalo. 22.40 Les Trente-neuf Marches Film. Antonio Banderas %. Partis en juillet 2000, cinq jeunes Spécial Manu Chao Ce film de Ian Dalrymple n’a Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne, 22.45 Chants traditionnels d'Azerbaïdjan. 22.50 Intrusion. Film. Rand Ravich %. reporters indépendants ont parcou- C’est l’histoire d’un bohémien for- jamais été distribué en France. 1935, 85 min) &. Cinétoile Aga Khan Abdoulaïev, chant, aaa 0.45 Nag la bombe Firouz Aliev, tar., 23.15 Trop belle pour toi ? ru le monde pour la chaîne Voyage. tuné et sans compromission que Adaptation d’un roman de George Bertrand Blier (France, 1989, Film. Jean-Louis Milesi . Adalat Vezirov, kamantché. Un continent pour chacun. De nous retrouvons dans Tracks. L’ex- Moore, dont l’action s’étale sur les 90 min) %. Ciné Cinémas 3 retour, ils racontent, dans une spécia- leader des Hot Pants puis de la années 1870-1890, il est une étude 0.05 La Dame au manteau SIGNIFICATION DES SYMBOLES le trotte-globeurs, les temps forts. Suit Mano Negra, groupe de rock alter- de mœurs, parfois âpre quant au d'hermine aa Ernst Lubitsch Les codes du CSA Les cotes des films le documentaire inédit, « Quatre natif français, a une dégaine de rapport de classes. Il évite le mélo- et Otto Preminger (Etats-Unis, 1948, & Tous publics aaa On peut voir mariages et un enlèvement », tourné voyageur sans destin. Il développe drame par une mise en scène v.o., 90 min) &. Cinétoile % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aaa ? aaa en Corée, Turquie, Nouvelle-Calédo- une philosophie de la nonchalan- sobre, une belle reconstitution his- 0.10 Yol, La permission Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Yilmaz Güney et Serif Gören (Turquie, ? Les symboles spéciaux de Canal + % ou interdit aux moins de 12 ans nie et Afrique. Ce petit film montre ce. Pour Tracks, il livre ses archives torique et l’admirable interpréta- 1982, v.o., 110 min) . Ciné Cinémas 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion avec fraîcheur l’importance d’un tel personnelles, où il a attrapé dans tion de Kathleen Ryan (Esther 1.15 Marie Walewska aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Clarence Brown (EU, 1937, v.o., # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants événement dans chaque culture. ses filets des bribes du quotidien. Waters) et Dirk Bogarde (William). 115 min) &. Ciné Classics 34

VENDREDI 1er JUIN 2001 Une « marche de l’espoir démocratique » Une maladresse Extraordinaire, ordinaire de Wim Duisenberg par Pierre Georges est organisée dans les rues d’Alger DE LA DOUCE FOLIE des saire éthique, font un peu froid fait chuter l’euro temps. Dans Le Parisien,ce dans le dos. En sommes-nous matin, une phrase qui fait titre arrivés à quelque olympisme Les manifestants réclament « l’arrêt immédiat de la répression » en Kabylie sous les 0,85 dollar et tilt. Elle est du gynécologue procréatif ? Toujours plus haut, qui, dans une clinique de Fréjus, toujours plus fort, toujours plus ALGER sur ce parcours. Prétexte « falla- tien de nombreuses associations POUR la première fois depuis a aidé une femme de 62 ans à tard ? correspondance cieux », affirmait le FFS, dont les et personnalités politiques. Le six mois, la devise européenne a mettre au monde son premier, Autre phrase, Le Parisien enco- La mobilisation en faveur des responsables ont rencontré le pre- Rassemblement pour la culture et chuté sous le seuil des 0,85 dollar, et dernier sans doute, enfant. Et re, la phrase d’une condamnée. libertés démocratiques ne faiblit mier ministre. Ce dernier, Ali Ben- la démocratie (RCD), qui avait jeudi 31 mai au matin, s’établis- que dit cet homme de l’art ? Elle est de Christine Deviers-Jon- pas en Algérie, alors que le calme flis, confirmant la volonté manifes- demandé un débat sur les mots sant à 0,8463 dollar vers 10 h 30. « C’est comme si j’avais accouché cour, inutile de présenter donc. revient laborieusement en Kaby- te d’apaisement des autorités, d’ordre, a essuyé un refus catégori- La dernière incursion de l’euro la Vierge Marie. » Et que dit, que crie, la charman- lie, encore émaillé d’affronte- s’est engagé « à lever toutes les que de la part du FFS. Le parti de sous le seuil psychologique des La Vierge et l’enfant se por- te de la République et désor- ments parfois violents dans certai- entraves et restrictions à l’organisa- Hocine Aït Ahmed prône depuis 0,85 dollar date du 24 novembre tent bien, merci ! Quand on lit mais reprise de justice ? nes localités. La capitale est deve- tion de la marche ». Le FFS crai- dix ans une solution politique, tan- 2000. L’euro se rapproche aussi de cela, comment, au-delà des ques- « Quand même, on a tué per- nue, depuis quelques jours, le gnait en effet les classiques « bar- dis que le RCD avait admis la voie son record de faiblesse enregistré tions graves sur un sujet aussi sonne ! » champ d’expression de la contesta- rages filtrants ». « sécuritaire » pour résoudre les il y a sept mois, le 25 octobre 2000, sérieux, l’art d’être mère-grand Ah voilà bien une phrase, un tion et de la solidarité avec les jeu- problèmes de l’Algérie en rejoi- lorsqu’il avait coté 0,8272 dollar. en somme, ne pas sourire un mot, d’entre colère et accable- nes de Kabylie. « DES BALLES DANS LE DOS » gnant le gouvernement ; il l’a quit- La fragilité de l’euro fait suite à peu ? Ainsi donc, ce qui s’est pas- ment qui relève d’un genre abso- Après quarante jours d’émeutes Les organisateurs ont accepté té après le début des émeutes de une nouvelle maladresse du prési- sé dans une clinique de Fréjus, lument coutumier dans les qui ont fait plus de 70 morts, une que la manifestation emprunte le Kabylie. dent de la Banque centrale euro- et en amont grâce à quelques enceintes judiciaires. Nous qui grande « marche de l’espoir démo- parcours traditionnel, place du A Tizi Ouzou, des milliers de péenne, Wim Duisenberg, à l’issue médecins-mages, relève-t-il de avons usé nos fonds de culotte cratique » devait être organisée, 1er Mai-place des Martyrs, pour « blouses blanches », les person- d’une conférence de la Banque l’opération de la Sainte Procréa- sur les inconfortables bancs de jeudi 31 mai à Alger, par le Front réclamer « l’arrêt immédiat de la nels médicaux, ont manifesté, mer- nationale d’Autriche, à Vienne. «Il tion. Et notre Marie de labo, pri- prétoire pouvons le certifier. des forces socialistes (FFS de Hoci- répression et des provocations, la credi, en silence contre la « répres- faut que je me répète. Le taux de mipare sexagénaire, a-t-elle Cette phrase-là est celle de tous ne Aït Ahmed) pour « briser le mur levée immédiate et inconditionnelle sion barbare ». Les médecins ont change de l’euro n’est pas un objec- accouché d’un divin enfant, car les justiciables ordinaires con- du silence et rendre visible la dimen- des dispositifs policiers, une solution dénoncé les propos d’un colonel tif pour nous », a dit M. Duisen- conçu in vitro dans quelque loft damnés par une justice ordinai- sion politique et nationale de la concertée concernant les examens, de la gendarmerie qui affirmait berg. « Il ne deviendrait important laboratoire. Avec l’accord re et qui, avant de maudire leurs révolte des citoyens en Kabylie ». le statut de langue nationale et offi- que les forces de sécurité que s’il ne soutenait plus notre objec- d’ailleurs de son compagnon juges, ont cette espèce de cri du Selon le parcours initialement pré- cielle à la langue tamazight, l’arres- n’utilisaient que « des balles tif d’inflation de manière sérieuse, qu’on présume Joseph. condamné : Tout de même, on a vu, la marche devait aller du quar- tation et le jugement des commandi- normales ». Scandalisés, les et ce n’est pas le cas . » Lundi, La mère, l’enfant, garçon fille tué personne ! La phrase compa- tier du Maurétania à la présidence taires et des auteurs des assassinats, chirurgiens ont rétorqué que ce M. Duisenberg avait pourtant affir- on ne sait, et Joseph vont bien et rative par excellence. de la République ; mais le FFS a le retrait immédiat du texte portant sont « des balles qui tuent et dans le mé que l’intervention directe de la sont, selon le directeur de la cli- Tout auteur de délit étant par accepté, mercredi soir, de changer modification du code pénal et l’ar- dos ». Banque centrale, sur le marché des nique, partis à l’étranger. Afin, définition dans la conviction de l’itinéraire sur la demande insistan- rêt immédiat du bradage et du pilla- changes, pour soutenir l’euro « est certainement, d’échapper à la n’avoir pas commis un crime y te des autorités qui affirmaient ne ge du patrimoine national ». une arme qui fait partie de notre chronique des naissances extra- trouve, à l’énoncé des peines, pas « pouvoir maîtriser la sécurité » La marche du FFS a reçu le sou- f www.lemonde.fr/algerie arsenal ». ordinaires et paramiraculeuses. matière à comparaison, à indi- Ce n’est pas de la publicité ou gnation et à stupéfaction. Pour- un scandale qu’ils voulaient. quoi tant de haine, tant de pei- Mais un enfant, un enfant com- nes quand d’autres en ont com- me déjà de préretraité de la vie, mis de pires et d’abominables. un enfant fût-il de vieux, com- Cette phrase est celle des gens me l’on disait, pour moquer sonnés. Des gens ordinaires ordi- autrefois. nairement jugés par des juges Ici l’on ne moque point ou ordinaires. Et sonnée, Christine plus. Ce désir d’enfant satisfait Deviers-Joncour l’est manifeste- au-delà du raisonnable médical, ment. Comme le sont probable- sinon du possible, la preuve, est ment les autres condamnés, illus- en lui-même respectable. Mais tres connus, comme il en est les miracles procréatifs autori- quotidiennement d’inconnus. sés désormais par certains hom- Juste, injuste, ce jugement, sus- mes de science et en même ceptible d’appel, est tombé : temps prohibés par une néces- redoutablement ordinaire.

Adoption définitive par les députés de la loi anti-sectes LA PROPOSITION de loi About- députée (PS) Catherine Picard, Picard, « tendant à renforcer la n’a pas hésité à qualifier ce texte prévention et la répression des mou- de « première mondiale ». vements sectaires », a été définiti- Les diverses pressions exercées vement adoptée par les députés, sur les parlementaires n’ont appa- mercredi 30 mai, à l’unanimité remment pas porté leurs fruits. des groupes parlementaires. « Nous sommes absolument ravis Ce texte, adopté par le Sénat en que les sectes soient furieuses »,a deuxième lecture le 3 mai (Le Mon- déclaré à la tribune Philippe Vuil- de du 5 mai), permet la dissolu- que (PS), pour qui « la haute admi- tion par le tribunal de grande ins- nistration américaine est vérolée tance des personnes morales par la Scientologie ». Le député ayant pour but « d’exploiter la (app. communiste) Jean-Pierre sujétion psychologique ou physique Brard a dénoncé « une campagne de personnes », et qui ont été sans précédent du lobby internatio- condamnées définitivement à plu- nal des mouvements sectaires » sieurs reprises. Il étend la respon- contre le texte de loi. sabilité pénale de personnes Il a estimé que l’intervention du morales à certaines infractions président de la Conférence des graves. évêques de France, le cardinal Il élargit le délit d’abus fraudu- Billé, et du président de la Fédéra- leux de faiblesse à la situation de tion protestante, le pasteur de personnes « en état de sujétion psy- Clermont, critiquant le texte de chologique ou physique résultant loi dans une lettre adressée au pre- de pressions graves et réitérées ou mier ministre (Le Monde du de techniques propres à altérer le 23 mai), violait « la séparation des jugement ». Enfin, il permet aux pouvoirs ». René André, représen- associations de lutte contre les tant le groupe RPR, a jugé pour sa sectes, reconnues d’utilité publi- part que les deux responsables que, de se porter partie civile à la religieux avaient « le droit et le place des victimes. devoir de s’exprimer » et que «ce La garde des sceaux, Marylise serait mal augurer de l’application Lebranchu, a demandé, au nom du texte de loi que de leur contester du gouvernement, le vote confor- ce droit ». me du texte adopté par le Sénat. Le rapporteur du projet de loi, la Xavier Ternisien

DÉPÊCHE a PRESSE : Les groupes Le Monde et Editpress Luxembourg – la mai- son mère d’un groupe de presse luxembourgeois qui publie notamment Tagesblatt et Le Jeudi – ont procédé, mardi 29 mai, à une prise de partici- pations croisée. Le Monde SA a pris 4,3 % du groupe luxembourgeois. Ce dernier a acquis 12 % du Monde Europe SA – qui détient 2,9 % de la socié- té éditrice du journal Le Monde. Les deux groupes consolident une coopé- ration qui s’inscrit dans une vision européenne : Le Monde, le Tagesblatt et Le Jeudi publient avec Le Soir, El Pais, La Stampa et Süddeutsche Zeitung un supplément trimestriel commun, Eurofonds. Par ailleurs, Edit- press publie, sous licence, l’édition allemande du Monde diplomatique.

A NOS LECTEURS. La diffusion des éditions du Monde daté 30 et 31 mai a a été perturbée en raison d’incidents techniques sur l’une des rotatives de notre imprimerie d’Ivry. Nous prions nos lecteurs et diffuseurs de presse de bien vouloir nous en excuser. Le Monde Poche qui devait paraître avec Le Mon- de des livres aujourd’hui est reporté d’une semaine pour les mêmes raisons.

Tirage du Monde daté jeudi 31 mai 2001 : 490 080 exemplaires. 1-3 VENDREDI 1er JUIN 2001

SAINT-MALO DES BOUDDHAS PARTOUT Le 12e festival international La chronique du livre Etonnants voyageurs, de Roger-Pol Droit qui se tient du 31 mai page V au 4 juin, met le cap sur le Grand Nord FRANCE-ANGLETERRE : FREDERICK G. BURNABY pages II et III CLEMENCEAU Histoire d’une passion Le feuilleton de Pierre Lepape page II JOURNALISTE page VI tumultueuse page VII Stevenson et ses « brownies »

Le parcours de Robert Louis Ste- mentateurs. Lui, au moins, s’évade et la brièveté. Il admire Victor Hugo rumeur insulaire. Le voilà accusé de venson, marqué par une enfance cloî- l’âme légère et prend un contact C’est entre 1878 et 1885 mais il n’en a pas le souffle. Il aurait viol et d’incendie volontaire. Il est trée à Edimbourg, ses fugues en direct avec cette prose qui a un lien pu écrire Au cœur des ténèbres ou frappé d’une congestion cérébrale le Europe, son chemin de croix en Amé- ténu avec la transe et l’hypnose. que ce conteur fabuleux, Bartleby, sûrement pas Lord Jim ni 3 décembre 1894. Cette version rique et sa mort dans une petite île Robert Louis Stevenson l’avait Moby Dick. apocryphe des faits n’ajoute rien au des Samoa, contribue à étoffer la sim- d’ailleurs expliqué sur le mode comi- aidé nuitamment par de Dr Jekyll et Mr. Hyde fut écrit en travail des biographes. Elle prouve ple lecture de ses textes. Le moindre que qui est souvent le sien : la nuit, trois jours. L’état d’urgence permet simplement que l’œuvre, souterrai- our deux livres, L’Ile au écrit, dès lors, est le signe d’un des- des petits démons, des elfes, des petits esprits, écrivit la légèreté, l’unité de ton et surtout nement, nuitamment, se poursuit. trésor et Dr Jekyll et Mr. Hyde (aux- tin, d’une course à l’abîme, comme si trolls, des tomtes, des « brownies », l’essentiel de ses romans, une sorte d’inachèvement que Ste- Nous sommes tous des stevenso- Pquels il faudrait ajouter Enlevé !, Le sa fin – due à une probable rupture viennent le visiter. Ils écrivent à sa venson recherche. Le préfacier de niens sans le savoir. Maître de Ballantrae et Au creux de la d’anévrisme – éclaircissait totale- place et, le jour, il n’a plus qu’à « La Pléiade » cite d’ailleurs un exem- vague), Robert Louis Stevenson est ment sa vie. Comme si aucun doute, retranscrire la dictée de la nuit. Non nouvelles et autres récits ple de pensée fulgurante dont Ste- (1) Voir par exemple Une apologie des devenu un écrivain mythique, totem aucun zigzag, aucune erreur ne seulement les « brownies » produi- venson avait le secret : « La vérité de oisifs (éd. Allia, 80 p., 40 F [6,09 ¤]). d’une idée nouvelle de la littérature. venait se glisser dans sa trajectoire. sent des images et des intrigues, de voyages. Une œuvre l’art, c’est l’omission. Si je savais omet- Pris entre Melville et Conrad, mort à mais ils veillent à ce que tre, je ne demanderais rien d’autre. Un e A noter : l’Intégrale des Nouvelles quarante-quatre ans, il a écrit en un leur entreprise rapporte mythique qui entre enfin homme sachant omettre transforme- de Stevenson, publiée en deux éclair ses œuvres complètes. Il séduit Jacques Meunier quelque argent ! Cet rait en Iliade le journal du matin. » tomes chez Phébus libretto, sous la les enfants, les adultes et les universi- aveu, en forme de bla- dans « La Pléiade » Tout au long de sa vie, Robert direction de Michel Le Bris (nº 77 et taires. Il attire aussi bien les anarchis- Sa notice nécrologique ressemble à gue, signale les obsessions galopan- Louis Stevenson a fui l’enferme- 78, 596 et 764 p., 85 et 95 F ) : chaque tes que les conservateurs. C’est donc du Lagarde et Michard. tes de l’auteur : l’écriture, la hantise séjours, et ses amis sauront y pour- ment, l’oppression, la sclérose, l’as- nouvelle fait l’objet d’une présenta- un classique en marge. Certains le Ces idées toutes faites ne convien- de la ruine et le goût de l’inconscient voir. Sans doute trop par moments. phyxie. Il n’ignore pas la précarité. tion. tiennent pour un « petit maître » et nent pas à Robert Louis Stevenson. Il (des forces obscures). Sa silhouette Drôle de retrouver cet homme-là « La glace est de plus en plus mince d’autres pour un « grand écrivain ». n’est ni rebelle ni convenu. Il est dou- filiforme, son œil à la fois dense et sous la forme d’un missel. La collec- sous nos pieds », dit-il, avec une poin- ŒUVRES 1 La nuance ne vaut que par la qualité ble, triple et quelquefois pire. Il fau- émerveillé, le côté dandy, artiste, tion de « La Pléiade », il est vrai, l’ac- te d’ironie et d’humour noir. Sa vie de Robert Louis Stevenson. de ses lecteurs. Il a dans son camp dra l’enthousiasme d’un Michel Le esthète, doublé d’incessantes difficul- cueille tardivement. Moins roman- et sa mort forment un ensemble Edition publiée sous la direction Henry James, Jorge Luis Borges, Bris pour faire comprendre que le tés respiratoires, son charme disert, cier que fabuliste du réel, soucieux mythique. C’est du moins ce que lais- de Charles Ballarin, avec Nabokov et beaucoup d’autres. séraphin Stevenson cache un Steven- trahissent aussi un trait assez saillant de vivre en beauté, plus sensible à la se entendre Alberto Manguel, la collaboration de Laurent Bury, Michel Le Bris, en France, a fait beau- son noir, révolté contre le victorianis- de son caractère : un besoin infini de parole qu’au discours, amoureux de l’auteur du Dictionnaire des lieux ima- Patrick Hersant, Marc Porée coup pour qu’il soit reconnu. Et voi- me et possédé par l’écriture. consolation et de protection. Sa fem- l’ellipse, de l’allusion, de la litote, il ginaires et d’Une histoire de la lecture, et Marc Rolland, ci, maintenant, qu’il entre dans la col- Il faut envier le lecteur qui s’atta- me, Fanny Osborne, sa mère, qui l’ac- était surtout connu pour des récits dans un roman pas plus long qu’un Gallimard-NRF, 1296 p., lection « La Pléiade »… que à l’œuvre sans le souci des com- compagnent dans ses plus lointains d’aventures, qui sont généralement long chapitre, Stevenson sous les pal- 375 F (57,16 ¤). tenus pour des livres d’apprentissa- miers. Très stevensonien dans son ge. Panachant la grâce et l’effroi, approche, il raconte la fin de Steven- STEVENSON SOUS cachant mal un grain de neurasthé- son. Prisonnier des mers du Sud, LES PALMIERS nie, c’était un candidat mal armé reclus dans son domaine de Valima, d’Alberto Manguel. pour la canonisation. L’entreprise de dans l’île d’Upolu, qui fait partie de Traduit de l’anglais (Canada) Charles Ballarin, qui dirige cette édi- l’archipel de Samoa, le « diseur d’his- par Christine Le Bœuf, tion, vient donc – dans le sillage d’un toires », malgré son indigénisme, va Actes Sud-Leméac, « Un endroit Michel Le Bris, qui de son côté a être confronté à ses fantômes et à la où aller », 90 p., 79 F (12,04 ¤). supervisé la réédition de l’intégrale des nouvelles et d’une très abondan- te exégèse anglo-saxonne – combler une lacune. Et ce n’est que justice puisque – pour paraphraser Henry James – Robert Louis Stevenson occupe une province de notre imagi- nation… Le volume contient des récits de voyages, des nouvelles et des romans courts. L’amateur les con- naît déjà : Croisière à l’intérieur des terres, Voyage avec un âne dans les Cévennes, Les Nouvelles Mille et Une Nuits, L’Ile au trésor, Le Prince Othon, Le Dynamiteur et L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr. Hyde. Il couvre une période qui va de 1878 à 1885. Les dates sont importantes. En faisant l’impasse sur ses poèmes, ses arti- cles, qui sont autant d’essais en modèle réduit (1), Robert Louis Ste- venson avait donc écrit ses deux livres majeurs à l’âge de trente-cinq ans. Les « brownies » n’avaient pas chômé ! Une telle production ne s’explique que par des visions et des états seconds. C’est souvent un détail, un objet ou une séquence-choc qui déclenchent le processus de créa- tion. Ainsi, dans Dr Jekyll et Mr. Hyde, une porte close sert de prétexte à l’histoire. Une carte naïvement crayonnée sert de point de départ à L’Ile au trésor. Un jeune homme qui distribue des gâteaux à la ronde, sans se faire payer, et un casino de la mort jouent le même rôle dans Le Club du suicide. Stevenson a le don particulier de faire tourner ses histoi- res autour d’un axe obscur, une « scè- ne primitive ». Cela implique une grande vitesse de saisie et, par voie de conséquence, favorise la dextérité HULTON ARCHIVES II / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b En surface, il y a l’écrivain et le journaliste racontant KHIVA pour le plus grand plaisir de ses lecteurs londoniens le Au galop vers les Cités interdites détail de ses aventures. De la couleur, du mouvement, d’Asie centrale, 1875-1876 de l’humour, des images fortes, des dialogues enlevés, (A Ride to Khiva) un style qui vaut par son allant et sa fraîcheur. Au-des- de Frederick G. Burnaby. sous se trouve ce qu’il faut bien appeler un rapport Traduit de l’anglais par Hephell, d’espionnage. On ne sait pas si les supérieurs du capi- Phébus, 326 p., 139 F (21,19 ¤). taine Burnaby lui ont confié une mission de renseigne- Le chevalier ment précise, mais A Ride to Khiva ne s’est pas conten- ’Angleterre victorienne nous a légué un lot té d’être un best-seller de l’édition britannique ; on a inépuisable d’excentriques en tous genres dû le décrypter sérieusement chez les diplomates et qui font le bonheur de nos bibliothèques. les militaires. L’apogée de l’Empire et de l’industrialisation Lcoïncide avec le développement optimum d’une socié- des neiges urnaby dresse d’abord un tableau très précis té monstrueuse dont Dickens demeure le peintre iné- des forces et des faiblesses de l’armée tsa- galé. Une extraordinaire volonté de puissance conte- riste dans la région. Il démonte vigoureuse- nue dans des cadres sociaux aussi rigides qu’artificiels ment la politique d’annexion de la Russie, dont on ne s’échappe que par effraction : dans l’excès, rapporteB les exactions des colonisateurs, le commerce la folie, le jeu, le crime, la performance, l’inutile. forcé, les populations déplacées en masse déjà, la résis- Prenez Frederick Gustavus Burnaby. Il est, bien sûr, tance locale assimilée à du brigandage, les sultans fan- de bonne famille : fortune confortable, alliances avan- toches installés au pouvoir à coups de canon. Mais il tageuses, relations étendues. C’est aussi une force de ne se contente pas de ces informations générales : il la nature, un géant de deux cents centimètres pour un sieurs reprises, il a failli périr, enseveli sous la neige, note aussi l’état des forts russes, les dissensions et les bon quintal de muscles soigneusement entretenus par Hiver 1875-1876 ; Frederick G. Burnaby, noyé dans les glaces d’un fleuve, statufié par le gel, rivalités au sein de l’armée, l’indiscipline des troupes la pratique du sport, des salles d’armes, de la boxe, de haché par un vent tranchant comme une lame de cosaques, les périodes de gel et de dégel des rivières, l’équitation et de l’haltérophilie. Un joyeux vivant bouillonnant officier britannique, rasoir, perdu par des guides ivres. Comment il a connu le relevé des points d’eau. Les Russes ont bien raison aussi, amateur de jolies femmes, de repas plantureux la perfidie, le mensonge, la trahison, la violence, mais de se méfier de lui. Il note : « J’entre dans ces détails et de libations en proportion. Note un peu discordan- décide de se rendre dans les territoires aussi la faim, la maladie, la saleté répugnante, les nour- minutieux parce que cette route n’est indiquée sur aucu- te dans ce portrait aristocratique et rustique : Burnaby ritures immondes, le dénuement, l’épuisement de tou- ne carte anglaise que je connaisse. » aime lire, sur ce corps bien fait repose une tête bien d’Asie centrale tenus par les Russes. tes ses forces. On pense à ces romans de chevalerie où Le capitaine Burnaby a une idée derrière la tête : pleine. Entre deux chasses au renard, deux conquêtes, l’élu ne surmonte un obstacle que pour mieux devoir convaincre le clan pacifiste du Foreign Office, les deux gueules de bois, le colosse se plonge avec une Au terme d’innombrables péripéties, affronter un obstacle plus infranchissable encore, un hommes du « splendide isolement », qu’ils font égale avidité dans la lecture et dans l’écriture. Il géant furieux ou un dragon crachant flammes et fausse route en ménageant le tsar et que l’impéria- apprend des langues, parle le français, l’allemand, qu’il conte avec délectation, ce preux venins. lisme russe ne se contentera pas de « civiliser » l’Asie l’italien ; puis, au fil de ses aventures, l’arabe, le russe, centrale. Tôt ou tard, Londres et Moscou se battront l’espagnol. Il est passionné de géographie, amoureux chevalier de la Couronne atteindra omme un preux chevalier, Fred Burnaby pour l’Inde ; Burnaby pense que pour l’Angleterre le de littérature ; il raconte bien, de manière enjouée, triomphe toujours ; ses nuits sont terribles plus tôt sera le mieux. vive, légère et précise. non sans mal Khiva, l’inaccessible mais il connaît des aubes éblouissantes. Il est impossible de décider si son expédition hiver- Fred Burnaby était tout naturellement destiné à fai- Seul l’impossible le met en appétit ; quand nale est un nuage de fumée spectaculaire destiné à re une belle carrière dans l’armée. Malgré quelques mée impératrice de cet immense territoire. De son ilC manque au rendez-vous, il le provoque et le ter- cacher ses véritables buts, ou s’il s’agit d’une manière heurts inévitables avec ses supérieurs, quelques rixes côté, le tsar de Russie, entraîné par ses généraux, rasse. L’hiver épouvantable et le désert infini ne lui suf- de chevauchée expérimentale destinée à tester les con- de régiment, il est rapidement nommé capitaine de la pousse ses troupes en Asie, de plus en plus loin, de fisent pas : il affirme être pressé, brûle les étapes et les ditions d’une campagne militaire autrement plus diffi- Royal Horse Guard. En 1872, le voilà aide de camp du plus en plus au sud, annexant ou « protégeant » les gîtes de repos et fonce en aveugle sous la lune, dans la cile que la guerre de Crimée. Ou encore si Burnaby n’a prince de Galles, qu’il accompagne dans ses tournées principautés musulmanes de la région. Le moment bourrasque, sur son traîneau tiré par trois chameaux, ramassé ces renseignements qu’en guise de petite européennes. Mais il n’est guère dans son caractère approche où la Russie et l’Angleterre vont se retrou- toujours à la limite de la rupture, de la catastrophe et monnaie d’une aventure qui se suffisait à elle-même. de servir d’ornement. Il demande des permissions, de ver face à face. La guerre est dans l’air, même si les de l’anéantissement. Un voyage où Khiva l’interdite n’est qu’un but de plus en plus longues. En 1873, il tente un premier raid deux puissances sont officiellement amies. Burnaby pourtant n’en rajoute pas dans son récit. Il hasard, un nom sur la carte des exploits, un pur objet vers l’Asie centrale, qu’une typhoïde interrompt à Dans ces conditions, le voyage d’un officier anglais ne se hausse pas du col ni ne roule des épaules. Il est de désir qui ne vaut que par les difficultés à l’atteindre. Naples. Il met à profit sa convalescence pour gagner dans les territoires récemment conquis par la Russie fou avec le plus grand naturel. Dans la partie qu’il a Il se peut que Burnaby lui-même ne sache pas ce qui l’Espagne et se mêler de très près à la rébellion carlis- apparaît comme une sorte de provocation. Sans pou- engagée avec lui-même, il s’est donné les plus mau- le pousse. Lorsqu’il atteint enfin Khiva, qu’il pénètre te. Puis il essaie de traverser la mer du Nord en ballon. voir s’y opposer ouvertement, l’administration russe vaises cartes mais il les joue ensuite raisonnablement, dans la cité du dernier descendant des empereurs Il lui faut de l’action, du danger, du vertige ; la discipli- va tout faire pour écarter Burnaby de la royale cité de avec gaieté, avec humour, sans la moindre forfanterie, mongols, on sent brusquement fondre sa formidable ne du régiment l’ennuie à mourir. Khiva (aujourd’hui une petite ville près d’Urgensh, en comme s’il ne se préoccupait pas de sa personne. Il est énergie ; il est au bord de la déception, il flotte, il tan- Il se fait engager par le Times pour une expédition Ouzbékistan). Pour corser le jeu, notre beau capitai- sensible aux paysages, au génie des lieux, à la confron- gue. Il ne se ressaisit qu’à la perspective d’aller plus au Soudan, où il remonte le Nil en suivant la route des ne, qui professe un mépris de fer pour les voyages tation honnête des coutumes, aux paroles et aux senti- loin, de poursuivre par Boukhara, Tachkent, la Sibérie esclaves. Il y gagne l’ivresse du désert, des conditions organisés par M. Cook, a décidé de monter son expédi- ments des gens qui l’entourent. On est même surpris peut-être. Lorsque l’ordre tombe – de Londres – de extrêmes, de la traversée d’un pays hostile à la pré- tion depuis Saint-Pétersbourg et en pleine saison froi- du faible nombre de préjugés que transporte avec lui rentrer à Moscou par le chemin de tout le monde, on sence anglaise. Burnaby aime être indésirable ; c’est de. Le ciel est avec lui : l’hiver 1875-1876 sera épouvan- ce riche britannique confronté à la rudimentaire civili- le sent si dépité qu’il arrête là son livre, comme on cla- probablement ce qui, en 1875, le pousse à profiter de table entre tous. sation des steppes. Il interroge, il compare, il s’adapte, que une porte : « Nous sommes à la moitié de mars. quelques mois de permission pour tenter d’atteindre En train, en traîneau, à cheval, à chameau, voilà sans un soupçon d’arrogance. Tout juste s’il reproche Mon voyage en traîneau est achevé. Je serre cordiale- Khiva, la cité interdite d’Asie centrale. Il faut un peu donc notre héros lancé à toute allure sur des milliers aux Russes de trop aimer l’alcool et pas assez le ment la main de Nazar en lui disant adieu. C’est aussi le d’histoire et de géographie pour comprendre la folie de kilomètres de désert glacé et de tempêtes tonitruan- savon. moment de prendre congé du lecteur, en le remerciant de Fred. En 1875, les Anglais contrôlent les Indes, tant tes. Il raconte tout cela avec une évidente délectation. On pourrait même le taxer d’une certaine naïveté si de m’avoir accompagné pendant toute la durée de ce bien que mal. Victoria, l’année suivante, sera procla- Comment il a souffert mille morts ; comment, à plu- son récit ne révélait pas, assez vite, son double fond. voyage. »

b Saint-Malo Le 12e Festival international du livre Etonnants Voyageurs se déroule du La flibuste, vent en poupe ! 31 mai au 4 juin, au palais du Grand-Large Les débats du « Monde » (animation : Jean-Luc Douin) - « Pour une Europe de la littérature », avec Jacques Darras, Jean-Marie Abordages, échouages, chasses au trésor, trahisons, actes de bravoures, oyez moussaillons, Laclavetine, Björn Larsson, Michel Le Bris et Vidosav Stevanovic (le 3 juin à 11 heures, rotonde Surcouf). pirates et corsaires reprennent la mer, pour notre plus grand plaisir - « Romans : le retour de l’Histoire », avec Per Olov Enquist, Fréderic-H. Fajardie, Iain Pears et Patrick Rambaud (le 4 juin à 11 h 30, rotonde e 8 juillet 1822, embar- mes pour offrir le dépaysement Surcouf). qués imprudemment sur unanime que l’écrit n’atteint pas si Autres débats l’Ariel, le poète Percy Shel- sûrement. Puis la vague reflua, – Le 2 juin : « Cap au Nord », avec Leena Lander, S. Sigurdardottir, Her- ley et son ami le lieute- après quelques fameux morceaux borg Wassmo (11 h 15, Café littéraire) ; « Rencontre improbable », avec Lnant Williams disparaissaient en d’anthologie, à l’heure du cinémas- Björn Larsson, Jean Raspail, Jorn Riel, James Welch (16 h 15, Café littéraire). mer au large de Viareggio, par gros cope et du technicolor. Aussi la pro- – Le 3 juin : « Pour saluer Ryszard Kapuscinski », avec Ryszard Kapucinski, temps. Bientôt le Bolivar appareilla jection à Cannes en 1986 du Pirates Moussa Konaté, Jacques Meunier, Pedro Rosa Mendes (14 heures, roton- pour croiser le long de la côte, en de Polanski avait-elle surpris – et de Surcouf) ; « Sagas et eddas », avec Régis Boyer, Jacques Darras, Gérard quête des disparus. A la barre du rendu à nombre de spectateurs Oberlé (15 h 30, rotonde Surcouf) ; « Carnets de voyage », avec Alain yacht, un pirate de légende, dont la une âme d’enfant. Dugrand, Jacques Ferrandez, Christine Jordis, Eric Poindron, Antonin chronique répétait à l’envi les cour- Reste en effet ce créneau où le Potoski (16 h 15, Café littéraire) ; « Amériques, rêve ou cauchemar ? » avec ses prodigieuses, les conquêtes genre résiste mieux ; tandis que la T.C. Boyle, Jon A. Jackson, William Kitredge (17 h 45, Café littéraire) ; féminines et les prouesses hors nor- vie aventureuse imaginée par « Retour à Stevenson », avec Björn Larsson, Michel Le Bris, François Place, mes – exploits sportifs et scandales Alain Demouzon pour son Bandou- Eric Poindron (18 h 30, rotonde Surcouf). mondains –, Edward John Tre- lier du Mississippi, agréable divertis- – Le 4 juin : « Poussière des routes », avec Bernard Ollivier, Eric Poindron, lawney. Les corps mutilés repê- sement où les clins d’œil taquinent Emmanuel de Roux, Herbjorg Wassmo (10 h 30, rotonde Surcouf), « Ces chés, le sulfureux héros prit en l’historien (Fayard, 288 p., 98 F polars qui viennent du froid », avec Elena Arseneva, Stig Holmas, Andreï charge la crémation et l’inhuma- [14,94 ¤]), use des traversées sans Kourkov, Georgui Vaïner (11 heures, Café littéraire). « Coup de cœur tion de son ami poète, au grand jamais en faire un ressort romanes- d’Etonnants Voyageurs », avec Kossi Efoui, Dany Laferrière (14 heures, soulagement de Mary Shelley qui que, Nicole Maymat ne renonce à Café littéraire). confessa plus tard : « Les autres aucun poncif narratif dans sa for- pleuraient, lui seul aidait. Tous les midable Vanille flibustière des désagréments, toutes les fatigues, il Antilles (Seuil, 144 p., 85 F les prenait sur lui… Sa générosité [12,96 ¤]). Abordages, échouages, était sans bornes. » Et tant pis pour massacres et mises à prix, rien ne Byron, que le prestige authentique manque mais tout se joue au-delà du marin irritait autant qu’il le de l’anecdote, remarquablement fascinait au point d’alimenter la conduite, puisqu’il s’agit, autour perfide rumeur d’un Trelawney du trésor d’Ix Chilam Balam, de FRANÇOIS ROCA imposteur. donner à voir une réalité humaine A la lecture des Mémoires d’un Hawkins, n’a rien d’un vaincu –, la pas confondre corsaires avec pira- plus complexe où la traite des gentilhomme corsaire, publiés ano- littérature d’aventure est souvent tes… Le pirate était un bandit qui noirs, la spoliation des Amérin- nymement en 1831 et dont Phébus moins subtile. exerçait en tout temps son métier diens, la faillite des cultures indigè- republie dans la collection Ainsi l’épatant Surcouf roi des infâme. Le corsaire, lui, n’armait nes comptent plus que le sort du « Libretto » la vénérable traduc- corsaires d’Arthur Bernède (504 p., qu’en temps de course, muni d’une malheureux Jason ou la révolte de tion de Victor Perceval (446 p., 130 F [19,82 ¤]), que Fayard sem- autorisation expresse de son gouver- Bravy-la-Manille. La nuit caraïbe 75 F [11,43 ¤]), le doute n’a plus ble vouloir rendre à un nouveau nement appelée “lettre de marque”. est ici la matrice d’un monde nou- lieu d’être et même les plus scepti- public – après Belphégor, à quand Et les corsaires, noblement, accom- veau où la donne se corrige à cha- ques rendront les armes, tel Alexan- Mandrin, Vidocq ou Jean plirent de fameux exploits. » Simple que coup d’éclat. Les fortes illustra- dre Dumas qui prit l’ouvrage du Chouan ? – défend une psycholo- en effet. Peut-être trop. D’où une tions de François Roca donnent à bout des doigts avant, emporté par gie des plus sommaires, où l’héroï- intrigue souvent édifiante, au ter- ce retour pirate un charme qui la force du formidable récit d’aven- que malouin est aussi fort que me des nécessaires péripéties. devrait séduire tous les âges, com- ture, de l’intégrer un temps au généreux, emporté mais magnifi- Chez Bernède comme chez nom- me l’exposition consacrée aux nombre de ses œuvres. La religion que de bravoure face à des enne- bre de ses devanciers. Il est vrai « Pirates et flibustiers des Caraï- de l’indiscipline, que Trelawney ser- mis souvent dignes, mis à part les que les scènes de genre (combats bes » (le catalogue paraît chez Hoë- vait seule, fit rapidement école traîtres idéalement cruels et douce- navals, sauvetage ou délivrance beke), qu’abrite depuis le 23 avril chez les feuilletonistes du XIXe siè- reux. La typologie de l’homme de improbables, ruses heureuses et l’abbaye de Daoulas (Finistère). A cle, avec ou sans la sanction mora- mer telle que chacun l’envisage en émouvantes retrouvailles) doivent quelques encablures de Saint- le que la société appelait pour com- est en partie responsable. On ne beaucoup à la conception d’origi- Malo. penser le frisson délicieux que lui confond pas le mécréant Barbe- ne de ce cinéroman, où le découpa- Philippe-Jean Catinchi causaient ces terribles hors-la-loi. rousse avec Jean Bart, Francis Dra- ge est de fait celui d’un scénario. Si la profondeur de l’œuvre de Ste- ke ou le captain Kidd. Bernède lui- Eminemment dynamique, la for- e Signalons aussi le livre de Michel Le venson complexifie la figure du même ouvre son roman solide- mule était banale dans les années Bris, D’or, de rêve et de sang. L’épopée pirate – dans L’Île au trésor, John ment documenté par une mise au 1920. Très vite le 7e art prit la relè- de la flibuste (Hachette Littérature, Silver, malgré les vertus de Jim point toute didactique : « Il ne faut ve du roman d’aventures mariti- 380p., 139F [21,19¤]). Saint-Malo LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / III b Jörn Riel, l’ethno-romancier du Grand Nord C’est à l’adolescence qu’il attrape le virus du Groenland, où il s’installe pendant seize ans avant de parcourir le monde. Pour autant, la grande île reste la terre d’élection de la plupart de ses écrits

i les étonnants voyageurs malouins devaient mettre réellement cap au nord, le Danois Jörn Riel serait l’un desS rares à pouvoir les guider. Ce Groenlandais d’élection, qui a vécu seize ans sur la grande île avant de parcourir le monde, vient de se met- tre en congé de Malaisie où il demeu- re habituellement. Après une qua- rantaine de publications, il a décidé de reprendre souffle dans sa ferme de Scanie à l’occasion de ses soixan- te-dix ans. Depuis que les vaillantes éditions Gaïa ont inauguré leur curieux papier sanguine avec ses Racontars (Le Monde du 22 octobre 1994), Jörn Riel est devenu proche des Français. En sept ans, quinze titres (60 000 exemplaires) ont été publiés, appuyés d’une centaine de lectures. Les Racontars arctiques (sept tomes) alignent leurs saynètes comiques de trappeurs déglingués. La Maison de mes pères (trois tomes), Le Chant pour celui qui désire vivre (trois tomes) et Le Jour avant le lendemain parcourent les grands espaces arctiques. La Faille, enfin, est un RAGNAR AXELSSON ethno-thriller qui se déroule en Nou- Chasseurs inuits du nord du Groenland velle-Guinée. Huit de ces titres ont été repris par 10/18 (110 000 exem- monde à ce monde ». Celui des renne”, m’a t-il répondu. “Au nord, il « sérieux » qui racontent l’Inuit, com- plaires). Inuits. Le sien. « J’ai vécu avec eux, n’y avait rien.” Heq avait pris le bon me Le Chant de celui qui désire vivre. Jörn Riel se veut conteur. Rien de comme eux. » Pas besoin de recher- chemin, contre ma fantaisie roma- Pour cette trilogie, il a suivi le che- plus, rien de moins. Est conteur ches livresques pour dire son Groen- nesque. » min que ses héros avaient parcouru celui qui raconte les histoires des land. A condition d’être aussi exact Parfois l’histoire lui tombe dessus des siècles auparavant, de l’Alaska autres. Qui en fait des histoires. Ici, que l’ethnologue : « Je détesterais sans préavis. Un jour qu’il crapahute aux territoires du Nord-Ouest et sur les autres ont ceci de particulier écrire quelque chose sans fondements dans une île groenlandaise, il tombe la grande île. Six mois de traversée. qu’ils vivent par moins quarante ethnographiques. L’imagination ne sur les restes d’une vieille dame et Quant à connaître leurs sentiments, degrés, dans une lumière, des éten- peut rien contre la vérité. Même les d’un enfant. « En touchant leurs os, il s’en remet à sa conviction : « Ils dues et un silence où chaque détail personnages doivent lui obéir. » une histoire, leur histoire, celle de ces n’étaient pas fondamentalement diffé- est événement. D’autant plus forte- Et d’illustrer aussitôt : «Un deux personnes, s’est mise en bran- rents des nôtres. » Tout de même. Il ment que la vie se joue à ces détails. moment donné, quand j’écrivais Le le. » Ce sera Le Jour avant le lende- reconnaît une « faille » entre eux et L’imaginaire aussi. Jörn Riel le sait. Il Chant pour celui qui désire vivre, main. Nous sommes en 1974. Il nous. Entre eux et eux. De Groen- en a pesé les risques, comme il pèse Heq [personnage central] a voulu repart à Bangkok, où il écrira son land en Nouvelle-Guinée, il a suivi les situations romanesques. Avec aller vers le nord-est alors que je cher- récit, avec le crâne de la vieille cette faille passant par l’Afrique, l’In- flegme, patience et le souci d’être chais à l’entraîner vers le nord. Nos dame : « Le gosse était trop fragile, je de, l’Asie du Sud-Est, et lui a consa- écouté jusqu’au bout. Par tous. chemins se séparaient. Impossible n’ai pas pu l’emmener. » Depuis, cré cinq volumes – non encore tra- Dès ses premières expéditions, à d’écrire dans ces conditions. J’ai fini « elle » l’accompagne. Aujourd’hui duits. « Cela pose la question de notre l’âge de dix-neuf ans, il a commencé par céder, et je l’ai laissé aller vers le encore, « elle » est là, devant lui, en développement. A quel stade en som- à prendre des notes sur ce qu’il nord-est. Rentré au pays, j’en parle au Suède. « Elle » a aimé son histoire. mes-nous ? Evidemment, la vie de ces approchait de peuples, de langages patron du Musée ethnographique. Et il lui a promis qu’il la ramènerait peuples était plus dure. Mais n’était- et de paysages. Parfois sous forme “Pourquoi voulait-il absolument aller au Groenland et l’enterrerait là-bas. elle pas plus saine, et ne vivaient-ils de dialogues. Il est passé à la forme vers le nord-est ?” “Parce qu’il y a Avec « elle », pas question de pas plus heureux ? » romanesque « pour intéresser plus de quatre cents ans, c’est là qu’était le « racontar ». Mais de ces livres Jean-Louis Perrier Impressions scandinaves Le cycliste des glaces Une anthologie de textes d’hommes de lettres, de Yves Gauthier évoque le Russe Gleb Travine savants, d’explorateurs ayant parcouru le nord du Nord qui, vers 1930, parcourut la Sibérie à vélo

« magie », dans laquelle le Lapon les millénaires, sans les regarder. S’il LE VOYAGE EN SCANDINAVIE excelle, elle est parée d’une telle puis- LE CENTAURE pédale, c’est un peu pour célébrer Anthologie réunie sance que nos explorateurs, fervents DE L’ARCTIQUE l’homme nouveau soviétique, et par Vincent Fournier. catholiques ou adeptes des Lumiè- d’Yves Gauthier. beaucoup, sans doute, pour recher- Robert Laffont, « Bouquins », res, sont prêts à basculer dans l’in- Actes Sud, 251 p., 129 F (19,66 ¤). cher ses propres limites. On touche 832 p., 178 F (27,29 ¤). croyable. ici – et l’auteur le met bien en éviden- Un siècle plus tard, le pouvoir des L’ÉTRANGÈRE ce –, à un appétit humain mysté- ls sont chroniqueur, savant, chamans suscite moins d’étonne- AUX YEUX BLEUS rieux mais assez répandu : la soif de journaliste, homme ou ment que l’instruction généralisée. de Youri Rytkhèou. se dépasser pour un but, même s’il femme de lettres, diplomate, Giuseppe Acerbi (1799) découvre Traduit du russe apparaît futile. Dans ce genre de ten- philosophe, metteur en scène, dans les vallées les plus reculées par Yves Gauthier, tative, celui qui l’entreprend se heur- touriste.I Ils ont parcouru le nord du d’humbles paysans, parfaitement Actes Sud, 276 p., 139 F (21,19 ¤). te aux autres autant qu’à lui-même. Nord, entre 1627 et 1914. En service alphabétisés. Jean-Jacques Ampère La bureaucratie entrave souvent commandé, en promeneurs, en aven- (1827) y voit cause de « la probité des ’est à l’est de l’Est, là où la l’aventurier. Il en est ainsi pour Travi- turiers d’eux-mêmes ou en curieux classes inférieures » en Norvège, de Sibérie pointe le nez vers ne, toujours soupçonné, tant son des autres. Et ils l’ont fait savoir. « l’égalité absolue entre les citoyens » l’Alaska. Les compas s’af- projet paraît étrange, donc louche. Il Avec un soin tout particulier dans la et de la dignité de leur Storting folent et les longitudes doit se battre pour pouvoir importer description des coutumes et des pay- (Assemblée nationale), devant s’embrouillentC : la Tchoukotka, où une bicyclette (américaine). Les auto- sages. Vincent Fournier, qui a choisi laquelle même le roi doit plier (Louis vivent les Tchouktches. Ils élèvent rités locales rechignent parfois à le et réuni leurs textes, s’interroge sur Enault, vers 1850). Le souci de la des rennes et chassent le morse sur laisser poursuivre sa route, les spécia- leur style. Comment les départager ? chose publique est général, la peine les rives du détroit de Béring ; on les listes du Grand Nord font tout pour Celui qui écrit d’une aurore boréale de mort « presque inconnue », et les croit apparentés aux Inuits. L’An- le dissuader, au nom de leur expé- qu’elle « a le regard d’un feu volant et femmes appelées aux urnes à partir glais Billings leur rendit jadis visite rience. Et c’est finalement chez les s’étend en l’air comme une longue de 1910. pour le compte de Catherine II. Quel- ethnies primitives, comme juste- palissade » est-il greffier ou poète ? Replaçons cette société dans ses ques autres, depuis, se sont aventu- ment les Tchouktches, qu’on le com- En avisé des mondes nordiques, paysages abrupts. Devant les fjords, rés chez eux, bravant les ours, les prend le mieux. Le périple accompli, l’auteur de cette anthologie introduit les cimes, les cascades et les forêts, blizzards et la faim. Ils venaient en il faudra le cacher pour survivre à savamment et minutieusement à ses même le voyageur pressé se décou- bateau, en traîneau, et pour l’un Staline, brûler les archives, se faire choix, avec ce qu’il faut de cartes et vre contemplatif. Il en faut à peine d’eux, en 1931, à vélo. tout petit, et attendre vingt ans de tableaux, de glossaires et d’index, plus pour ressentir la lumière Celui-là s’appelait Gleb Travine. avant d’être reconnu et célébré. pour couvrir un territoire qui s’étend comme « inquiétante et comme sur- Yves Gauthier avait brièvement évo- L’écrivain tchouktche Rytkhèou bien au-delà de la Scandinavie géo- naturelle ». En visitant un hospice qué ce cycliste des glaces dans son venait de naître quand le cycliste tra- graphique, puisque qu’elle englobe d’aliénés venus du Nord extrême, excellente Exploration de la Sibérie.Il versa son pays. Son dernier livre le lointain Groenland. La cohérence Paul Ginisty (1890) découvre cette donne aujourd’hui le récit de l’invrai- décrit en détail les mœurs de son eth- historico-politique du projet fait ain- folie « dont la nature implacable est semblable exploit du jeune Russe ins- nie et sa cruelle assimilation par le si monter sur scène ces étrangetés la cause ». Ajoutons aux rigueurs du tallé au Kamtchatka qui résolut un pouvoir stalinien, vers 1947. venues de l’autre bord des océans : protestantisme la crainte de l’opi- jour d’effectuer le tour de l’Union L’auteur a choisi la forme romanes- les Esquimaux. Des « sauvages », nion et les vertus de l’eau de vie, et soviétique : plus de vingt mille kilo- que pour écrire une élégie navrée autrement dits Skrelingues, selon ce tableau des siècles passés ouvrira mètres de vélocross, dont la moitié sur le destin de son peuple. Une Isaac de la Peyrère (1647), auxquels à une nouvelle traversée de l’excep- en région sub-polaire, sur les côtes anthropologue russe épouse un éle- « la langue sert de serviette et de mou- tion scandinave contemporaine, de la Sibérie. L’auteur connaît parfai- veur de rennes, un peu par inclina- choir ; et ils n’ont nulle bonté de ce que capable d’éclairer les films d’Ingmar tement le contexte de l’aventure, tion, un peu pour mieux faire son tra- les autres ont honte ». Bergman ou Lars von Trier ; le théâ- c’est-à-dire l’histoire, la géographie vail de scientifique. Les commissai- L’Esquimau ne connaît qu’un rival tre de Jon Fosse ou de Lars Noren ; et la littérature des régions traver- res du parti, obsédés par la collectivi- en impudeur : le Lapon. Pour le Fran- les romans de Torgny Lindgren ou sées. C’est aussi un écrivain de sation des troupeaux, réglementent, çais des temps classiques, Regnard d’Arto Paasilinna. talent, qui raconte et décrit avec élé- modernisent et finalement détrui- (1681) par exemple, «iln’yena J.-L. P. gance. Il sait surtout bien cerner les sent ce qu’elle décrit et ce qu’elle point, après le singe, qui approche enjeux de l’aventure, atteindre, à tra- aime. Un peu trop schématique, ce plus de l’homme ». Sa vie sexuelle lais- e A signaler : Mondes blancs, antho- vers l’exploit qu’il narre, la personna- roman intéresse plus qu’il n’émeut. se pantois le bon Regnard comme logie de textes de Jörn Riel, Omruvié lité de celui qui l’accomplit. Jean Soublin Johannes G. Scheffer (1678), qui Trevor Ferguson, Björn Larsson, Son héros, Travine, est un ouvrier s’alarme d’un « furieux penchant à Einar Mar Gudmundsson, Nicolas simple, un patriote convaincu, un e Signalons, jusqu’au 4 juin, à Saint- l’amour » où ce qui est « déshon- Vanier, Ailo Gaup, Stéphane Nicot, communiste sincère. Que poursuit- Malo, l’exposition « Peuples de Sibé- neur » pour la chrétienne est gloire G.-J. Arnaud, présentée par Michel il ? Le tourisme ne l’intéresse pas, il rie », des photographies de Claudine du peuple Same. Quant à la Le Bris (Librio, 90 p., 10 F [1,52 ¤]). traverse des régions sublimes, des vil- Doury (Seuil, 144 p., 149 F [22,71 ¤]). IV / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 littératures b SCIENCE-FICTION Jean Chalon b Par Jacques Baudou La gloire du nomade un « Sisyphe Un premier roman, un recueil de poèmes : Conte fantastique William Cliff poursuit sa quête singulière de la liberté de la biographie »

amalgame entre précision et délire traverse les miroirs aux alouettes. STARDUST LA SAINTE FAMILLE n’est pas aussi paradoxal qu’il Le narrateur sait d’avance que JOURNAL D’UN BIOGRAPHE de Neil Gaiman. de William Cliff. paraît. Il faut au poète ressaisir tout rêve est déçu quand il prend (1984-1997) Traduit de l’anglais par Frédérique Le Boucher, La Table ronde, 158 p., sans cesse par les mots les particu- corps, toute espérance flouée. La de Jean Chalon. J’ai lu, « Millénaires », 232 p., 89 F (13,56 ¤). 89 F (13,56 ¤). les élémentaires de sa dérive, joie est dans la quête inassouvie. Il Plon, 342 p., 129 F (19,67 ¤). Narrer un conte de fées aux enfants que nous ne sommes plus est la quand dès le départ on refuse les prend des trains, discute avec des gageure réussie de Neil Gaiman. Cet enchanteur malin a beau se cacher ADIEU PATRIES biens coutumiers et les certitudes étrangers, boit du vin, s’attarde a biographie est une prison. derrière les références culturelles – Le Voyage du pèlerin de John Bunyan de William Cliff. de l’amour quotidien, que le baga- dans la tendresse de ses hôtes, Prison des dates, des faits, ou le Tristram Shandy de Lawrence Sterne –, ce qui séduit surtout dans Anatolia/éd. du Rocher, ge n’est que de survie et que l’or explore l’infini des utopies, puis des fiches. Le roman, c’est son merveilleux voyage en Féerie, c’est qu’il a pris résolument le parti de 154 p., 89 F (13,57 ¤). est une liberté sans avenir, livrée marche en sens inverse, retraverse la liberté. » C’est pourtant jouer avec la galerie complète des personnages de contes de fées : licor- Lcette réclusion qu’a choisie, avec au hasard des corps. les décors, s’attarde un instant sur ne, petit peuple farceur, sorcières expertes en sortilèges, prétendants au es titres des livres de La sainte famille est le récit d’un les tribulations de l’époque, accep- acharnement, assiduité, lassitude trône en quête du talisman qui leur conférera le pouvoir, jeune amou- William Cliff doivent être voyage au but mystérieux qui con- te qu’à l’assouvissement brutal du parfois, Jean Chalon au cours des reux errant à l’aventure pour les beaux yeux de sa belle, princesse victi- compris par antiphrase. duit le narrateur belge de sa ville désir succède l’échec de toute années dont il retrace le laborieux me d’un maléfice qui l’a métamorphosée en animal. En y ajoutant toute- La sainte famille, un pre- du Nord aux provinces du sud de fusion. cheminement au fil de ce dernier fois une petite touche personnelle avec le personnage de l’étoile filante Lmier roman, Adieu patries,un la France, sous le prétexte de William Cliff a publié ses pre- volume d’une trilogie commencée transformée en jeune femme nostalgique du firmament. Et une dose de recueil de poèmes, exaltent, com- retrouver un étrange baron reclus miers poèmes en 1973 : « Je suis né avec le Journal d’Espagne cruauté toute shakespearienne qui colore le tout d’humour noir. Mais me l’ensemble de son œuvre, la dif- et de visiter le monastère de Mon- au début de la dernière guerre, au (1973-1998) et poursuivie avec le surtout, c’est qu’il les a mis en scène, avec un sens très avisé des trajectoi- férence, la solitude, le compagnon- tolieu, dans l’Aude. L’écriture de cours d’un hiver terriblement Journal de Paris (1963-1983) (1). Ce res, dans une intrigue qui ne cesse de ravir le lecteur par son déroule- nage furtif et l’errance. Proche de William Cliff, épurée, son ironie froid. » L’âge n’a pas altéré ses con- « Sisyphe de la biographie » mène ment ingénieux. Avec ce conte d’un charme fou, Neil Gaiman confirme, Rimbaud et d’Augiéras, ses frères suggèrent un au-delà onirique plus victions. On retrouve dans son une double vie : « La sienne et celle après Neverwhere et Miroirs et fumées, qu’il est un auteur de première en nomadisme définitif, il hait les vrai que la réalité et donnent à cet- roman le même « emploi du de son personnage. C’est épuisant. » magnitude. dimanches, les églises et le cocon te déambulation une force quasi temps » terrestre et la même lucide Au gré des saisons, nous assistons à b LE PRESTIGE, de Christopher Priest douteux des liens affectifs : « il lui mystique. La sainte famille, c’est vigilance que dans Adieu patries. l’élaboration d’ouvrages dont Ce roman a obtenu en 1996 le World Fantasy Award : une distinction faudrait continuer sa vie/n’ayant ni bien sûr la famille qu’on n’a pas La patrie de l’âme, la patrie d’adop- l’agencement sera toujours diffici- sanctionne sans doute tout autant la singularité de son sujet que la har- femme ni enfants qui rient/à la sot- eue, qu’on a quittée, qu’on renie, tion, la patrie des goûts homo- le : dénicher l’inédit, vérifier les diesse de son traitement formel. Le Prestige fait le récit d’une bataille de tise de cette question. » le refus de tout engagement passé sexuels sont opposées à la mère faits, traquer l’aveu rare. Témoigna- magiciens : entendez par là des prestidigitateurs, des illusionnistes de Fermé sur un temps intérieur ou futur – l’absence de majuscule patrie. Mais, dans ses poèmes, le ges, recoupements, enquêtes e music-hall ou de salon de la fin du XIX siècle, qui, à la suite d’une premiè- immuable, mais malmené par les dans le titre en fait foi. « Donc, je lyrisme est musclé. Immergés dans auprès des dépositaires de docu- re altercation, ne vont plus cesser de guerroyer l’un contre l’autre, jus- provocations extérieures, l’hom- fus un enfant étonné et malheu- les somptueux crépuscules des pay- ments importants, tout ici se met en qu’à entraîner la mort de l’un d’eux et à laisser peser sur leurs descen- me est confronté à la « peur qui reux. » sages de fin de jour, les corps finis- place, pour servir à la restitution de dants une étrange malédiction. Mais derrière la façade « réaliste » de ce vous prend dans le ventre et vous Si le roman de Cliff évite le style sent par s’abandonner aux « étran- figures célèbres qui, à l’évidence, duel, qui ne dédaigne pas de faire appel, avec la participation de Nikola fait fuir absurdement n’importe poétique, il s’enracine dans une ges chimères de la chair ». Le poète font partie du panthéon personnel Tesla, le père de l’électricité, à un argument science-fictif, ce sont les thè- où ». Détaché de la horde, soumis conscience poétique du monde. clame l’immense soif d’une vie qui de l’essayiste : Alexandra David- mes mêlés de la gémellité et du double que traire Priest avec une virtuosi- aux rencontres, enchanté par le Récit discret, pudique, La sainte ne parle que de la mort : « il m’a Néel, George Sand, Natalie Barney, té confondante. D’autant plus confondante qu’il a choisi un mode de nar- désir – souvent limité au regard, le famille est autobiographique si laissé au milieu de la dune/devant la Liane de Pougy, Thérèse de Lisieux, ration très particulier : la bataille des magiciens nous est retracée par le voyeurisme des grands abîmes –, tant est que la vérité de notre être mer hostile et impassible/il m’a lais- Colette. biais des journaux intimes du Professeur de Magie et du Gand Danton, il fait l’expérience de la radieuse n’est pas dans l’accumulation des sé sur le sable comme une/coque Mais le journal de Chalon, loin tandis que le prélude, l’interlude et le final se situent à l’époque contem- macération de soi. Cette solitude détails d’une soi-disant intimité vomie par l’entraille marine/alors je d’avoir la sécheresse d’un rapport poraine et mettent en scène leurs arrière-petits-enfants, marqués tous essentielle donne aux poèmes de mais dans l’exploration des caver- n’eus plus qu’à rouvrir la érudit, reste le carnet de bord d’une les deux par une histoire familiale qui finira par livrer tous ses secrets, jus- William Cliff, et aujourd’hui à son nes où le désir traque la jouissance bible/vieille et interne qu’on n’a vigie en alerte, parfois en alarme, qu’au dernier qui n’est pas le moins terrifiant (traduit de l’anglais par roman, leur puissance d’attrac- et où l’amitié console le désamour. jamais vue/écrite ou imprimée pour qui cherche ses repères. La vie inti- Michèle Charrier, Denoël, « Lunes d’encre », 410 p., 145 F [22,10 ¤]). tion. Pour le lecteur, la découverte L’art particulier de William Cliff être lue/et j’y entends ceci : lève- me recoupe la vie « extime » : ingra- b LES INNAMORATI, Le labyrinthe des rêves, de Midori Snyder d’une joie souterraine, arrachée au est de nous attacher à un personna- toi/va-t’en sans savoir pourquoi ta titude des obligations journalisti- On reproche trop souvent à la « fantasy » d’être routinière et convenue désespoir des origines. ge auquel on ne peut s’identifier venue/au monde va toujours au ques, déclin et mort d’une mère, pour ne pas saluer ici une œuvre qui prend autant de distances avec les La sainte famille mêle une biogra- qu’après avoir capitulé. Il ne faut désarroi ». rencontres mondaines et littéraires, canons du genre et fait preuve d’une inspiration aussi excentrique. Mais phie « expansée », intemporelle plus s’étonner de croiser des margi- « On ne sait pas où le “chemin” passages à vide… Ici introspection, le grand mérite du roman de Midori Snyder n’est pas seulement de s’af- comme un permanent exorcisme, naux, des enfants perdus, de jeu- nous conduit », affirme le roman- pudique, allusive, et investigation franchir des normes, il est surtout de le faire avec beaucoup d’intelligen- et une chronologie précise, pres- nes bourgeois assoiffés d’aventu- cier. Il nous faut donc sans cesse fiévreuse du biographe se recou- e ce et de talent. Il nous transporte dans l’Italie du XV siècle, au pays de la que maniaque. Le roman est la res, et de succomber à des attiran- déplacer le corps, dérouler les pay- pent dans une belle sincérité, com- commedia dell’arte et des condottieres, mais dans une Italie parallèle où chronique fantaisiste et fragmen- ces dangereuses. Il faut accepter sages, être celui « qui marche mun accord entre les mouvements les passions sont toutes aussi exacerbées que dans la vraie, d’où les per- tée d’un voyage dans le sud de la d’être abandonné au bord des con- dehors à l’aide seulement de ses pro- du cœur et ceux de la pensée. sonnages de la mythologie romaine n’ont pas entièrement disparu et où France. Les poèmes, plus sombres, clusions, dans l’inachevé des fan- pres jambes (…) un fou ou un ban- Pierre Kyria se trouve la ville mythique de Labirinto, la cité du Grand Labyrinthe, qui relatent cinq années d’une vie, du tasmes, en rester là où le roman- dit ». attire des milliers de pèlerins désireux de pénétrer un dédale à qui l’on printemps 1994 à l’été 1998. Cet cier est roi, dans l’imaginaire qui Hugo Marsan (1) Le Monde du 10 mars 2000. prête des vertus rédemptrices et salvatrices. C’est en véritable passion- née de théâtre que Midori Snyder a réglé le ballet complexe de ses per- sonnages, dehors et dedans le labyrinthe : dehors pour que leurs routes convergent ensemble vers ce lieu miraculeux, dedans pour que s’expri- ment les fantasmes, que se guérissent les blessures psychologiques, que se renouent, dans l’apaisement, les destinées, à un moment où le labyrin- the lui-même est affecté par la présence perturbatrice d’une visiteuse. Proses nues Mourir d’absence Mais plus encore que de théâtre, c’est d’amour dont il est question tout au long de ce beau roman subjugant (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Monique Lebailly, Rivages/Fantasy, 454 p., 150 F [22,86 ¤]). Tandis qu’Yves Charnet met en écriture sa difficulté d’être, Avec délicatesse, Jocelyne François dépeint la lutte b L’IGNORÉ, de Bentley Little Le reflux, ces dernières années aux Etats-Unis, de la vague du roman Bernard Sichère évoque une figure amoureuse et mystique d’un homme pour accepter le deuil de sa femme d’horreur échouée sur les rives de la complaisance et de la surenchère, n’a laissé subsister que les auteurs de toute première grandeur comme Un livre, semble penser Yves Char- sentiment de ne pas connaître ses Stephen King ou Peter Straub, ou ceux qui tentent d’explorer des voies MON AMOUR net, c’est fait pour se livrer. Alors, la PORTRAIT D’HOMME enfants « comme lui-même avait originales. C’est le cas de Bentley Little, révélé dans la collection « Ter- d’Yves Charnet. voix implore qu’on l’écoute, qu’on AU CRÉPUSCULE échappé à sa mère devenue veu- reur » (Pocket) avec des titres comme Le Postier ou Révélation. Il met en La Table ronde, 154 p., l’entende, qu’on la console. Les de Jocelyne François. ve ». Une sorte d’indifférence scène non pas un monstre abominable, mais tout au contraire un Améri- 89 F (13,56 ¤). pages de Charnet, s’il faut définir un Mercure de France, 120 p., absolue le gagne. Jocelyne Fran- cain moyen et même tellement moyen qu’il en devient littéralement invi- genre, sont des proses d’expérience 79 F (12,04 ¤). çois excelle à montrer comment, sible, ou tout du moins tellement transparent qu’aucun de ses camarades SPLENDEUR DE FAWZI et d’émotion. Au plus vif de cette de manière presque impercepti- de bureau ne le remarque. Poussé à bout par un chef de service arrogant, de Bernard Sichère. expérience, elles s’inscrivent, mais ’est un soir de novem- ble, Charles perd le contact avec Bob Jones – même son nom est synonyme d’anonymat ! – se rebelle vio- Ed. Pauvert, 152 p., 95 F aussi s’enferment. Restent la qualité, bre, le 27 très exacte- son entourage. Une étrange dis- lemment et est recruté par un gang d'« ignorés » comme lui, animés par (14,48¤). le grain de la voix : celle d’un vérita- ment, que Charles Dieu- tance s’installe, comme s’il exis- l’idéal du « terrorisme pour l’homme ordinaire » : se venger d’une socié- ble écrivain. donné est « entré dans tait un énigmatique no man’s land té qui les relègue dans l’insignifiance. Une épopée terroriste assez déliran- ’autobiographe est un ama- C’est aussi de nudité et d’incarna- leC temps d’après ». Il a cinquante- entre lui et le reste du monde. te les conduira finalement jusqu’à une ville-fantôme uniquement peu- teur de nudité. Et d’abord tion qu’il est question dans le beau six ans. Jeanne, sa femme, vient Il retourne à Majorque, « l’île plée d’ignorés, où bientôt se manifeste un clown meurtrier… Sur ce cane- de la sienne, à l’égard de récit de Bernard Sichère, mais d’une de mourir. Le roman de Jocelyne rebelle, extraordinairement contras- vas inattendu, Bentley Little a développé un roman d’une fort belle effica- laquelle il nourrit une pas- nudité solaire, mystique. Universitai- François, Portrait d’homme au cré- tée », qu’ils ont tant aimée, Jean- cité (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Jacques Martinache, Presses Lsion probablement excessive. Il ne re, enseignant (comme Charnet), puscule, est un livre d’accompa- ne et lui. Il a invité son fils Tho- de la Cité, « Paniques », 454 p., 120 F [18,29 ¤]). conçoit son existence d’homme et essayiste et romancier, Sichère est gnement, écrit avec une grande mas et sa fille Céline « dans l’ap- d’écrivain qu’exposée, abandonnée né en 1944. Il y a trois ans, il publiait délicatesse. Une élégance et une partement (…) désiré et aménagé JUIN 2001 au regard d’autrui, son lecteur. D’où un essai ouvrant des perspectives émotion que l’on retrouve dans par Jeanne pour des vacances heu- un « pacte » personnalisé de lecture. qu’on ignore souvent sur Le Dieu des son Journal 1990-2000, publié en reuses ». Mais rien n’y fait. Char- Jacques Borel, dans la préface qu’il écrivains (Gallimard, 1999). Splen- même temps (1). A la fin du Jour- les demeure « entravé dans son écrivit pour le premier et saisissant deur de Fawzi parle aussi de Dieu, au nal, elle évoque son roman, qu’el- chagrin ». Il comprend qu’il ne livre d’Yves Charnet (Proses du fils,La travers de ce nom, le plus beau, par le est en train de terminer « J’en reviendra plus jamais à Majorque Table ronde, 1993), notait qu’il ne lequel les musulmans l’invoquent suis aux derniers jours de mon livre. et que, finalement, son deuil se pouvait y avoir une voix sans person- parfois : le Compatissant. Portrait d’homme au crépuscule fait à l’inverse de ce qui arrive ne – Samuel Beckett lui donnerait En Tunisie, « au milieu de l’été par- se referme sur son énigme. Je sors généralement. Au lieu de prendre tort, mais qu’importe ! Yves Char- fait de mille neuf cent soixante-sept », peu, juste pour ce qui est indispen- peu à peu congé de la personne net, c’est d’abord cela : une voix l’auteur rencontre un jeune homme, sable (…). J’écris intensément ces disparue, « il prenait congé de incarnée dans un corps, dans une Fawzi. Loin de son « maigre moi »et jours-ci durant lesquels mon tout », « quelque chose rongeait les TORTURE ET COLONIALISME personne souffrante ; une voix qui se de sa « violente ignorance » d’Euro- manuscrit va vers sa fin. Tout se res- jours, une obsession, un envahisse- module selon les circonstances de la péen, l’homme jeune qu’il est lui aus- serre autour de Charles D. Ce ment de la mémoire ». Une obses- vie et les angoisses de l’âme ; une si découvre et juge que Dieu est insé- roman d’un homme qui vit ses der- sion qui prend aussi le lecteur, De Madagascar à l’Indochine, la torture voix plaintive, pathétique, s’attendris- parable des « sourires », des niers jours, et que j’accompagne, une angoisse qui monte au fur et n’était pas seulement liée à des conflits, sant parfois jusqu’au plus coupable « moues », des « coquetteries »de est un acte vital comme la mémoire à mesure que l’année avance, sentimentalisme, ou criant dans un celui qui n’est pas une banale vive, il me brûle comme la mémoire qu’on va vers la date de la mort de elle était consubstantielle à la colonisation. désert. Comme la nudité, la sincérité conquête, pareille à celles de Wilde me brûle chaque fois que je la lais- Jeanne et vers le 5 décembre, où, est sa vertu, sa valeur primordiale. ou de Gide sous la même lumière. se suivre son cours incessant. Etre constatant qu’il est « déjà entré Elle révèle les rapports de l’Europe Le « je » de l’auteur – ce « je » qui Pareille aussi à ces jeunes gens que dans le silence et écrire sont les seu- dans la mort psychologique », Char- « n’en vaut pas la chandelle », com- Michel Foucault, nageant à Amilcar, les conditions pour retrouver les les décide de ne plus lutter. à l’Autre et les contradictions me il écrit, enfiévré par le rythme de décrivait à l’auteur comme « des êtres, les ramener parmi nous dans Josyane Savigneau son écriture – est là, sans fard ni mas- petits animaux », dont il « ne faut pas le cercle de lumière. Je n’ai pas de la France républicaine. que, comme il l’était dans ses trois être amoureux ». « Dieu est Celui qui d’autre but. » (1) Journal 1990-2000, une vie d’écri- premiers livres. Charnet, qui est né a voulu s’imposer à moi en passant Charles tente d’apprivoiser le vain (Mercure de France, 250 p., 110 F Par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire, Nicolas en 1962, parle ici de son couple, mis par lui », écrit Sichère dans un sens deuil. Avec calme. Le 5 décembre, [16,77¤]) fait suite au Cahier vert, jour- à l’épreuve de la détresse, d’une fata- opposé. on enterre Jeanne, puis « Charles nal 1961-1989 (Mercure de France, Bancel, Olivier Le Cour Grandmaison et Alain Ruscio lité où angoisse et littérature s’affron- Plus tard, l’auteur reviendra en redevient du jour au lendemain, 1990). Jocelyne François y consigne tent, comme dans un combat amou- Tunisie, retrouvera Fawzi, marié, Charles Dieudonné ». Un homme bien sûr des moments de sa vie quoti- –––––––––––––––––––––––– et aussi : ––––––––––––––––––––––– reux, comme dans une arène. Il ne père de famille. Puis « Dieu malmène- qui travaille – « agenda, horaires, dienne, des rencontres, mais aussi sa Hors des frontières, la France à la recherche d’une ambition s’épargne guère, cet époux, ce père ra » le corps splendide du jeune hom- ordres glissés à la manière qui est passion de la musique, de la peinture, culturelle ; Le Maroc attend le grand changement ; En Haïti, la en perpétuelle révolte contre lui- me, jusqu’à sa mort. Mais un « corps la sienne, légère » –, voit ses deux de la lecture. C’est en 1992 seulement drogue comme substitut au développement ; Manu Chao, même ; tout en protestant de son de gloire » et de mémoire subsiste, enfants (le troisième, Guillaume, qu’elle découvre Philip Roth, avec amour, il s’invective, se fâche d’être auquel Bernard Sichère rend un hom- est mort avant sa mère), sa sœur Patrimoine, la fin de sa trilogie autobio- musicien de l’autre mondialisation ; etc. si encombré de son propre malheur, mage pudique et vrai, dénué de miè- bien-aimée et l’amie qui partage graphique. Mais, dit-elle « chaque lec- ne trouvant dans la foi chrétienne vrerie, hypocrisie ou cynisme. la vie de celle-ci. Pourtant, tout En vente chez votre marchand de journaux - 25 F - 3,81 e ture vient en son temps, je dirais même qui est la sienne nul apaisement. Patrick Kéchichian est désormais loin de lui, il a le qu’elle vient toute seule ». LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / V La chronique

de Roger - Pol Droit b quatre-vingt-quatre, elles DICTIONNAIRE Considérer foisonnent. Comme si, dans un ENCYCLOPÉDIQUE univers qui du point de vue ultime DU BOUDDHISME le bouddhisme est censé être discontinu, sans subs- de Philippe Cornu Des bouddhas partout tance, marqué par des apparitions- Seuil, 844 p., 350 F (53,35 ¤). comme une unité est disparitions instantanées, il était exi- gé, indéfiniment, de regrouper, d’or- uel exploit ! Le travail pour une part trompeur. donner, de nombrer. accompli par Philippe Cor- Pour comprendre Ce n’est qu’une hypothèse, mais il Q nu force l’admiration et le n’est pas impossible de penser qu’il respect. Qu’on se représen- existe un rapport entre la vacuité, te un pharmacien de formation, la variété des écoles, et évidemment soustraite à toute devenu traducteur du tibétain, spé- numération possible, et le souci de cialiste en particulier de l’école ne plus se perdre retenir sous forme de listes closes et Nyingmapa, qui se lance pour des fixes les aspects conventionnels de années dans cette tâche apparem- dans le dédale des textes la réalité. On n’oubliera pas que les ment insensée, démesurée, irréalisa- nombres fuient, malgré tout. En ble : rédiger seul, à l’usage du grand et des notions, effet, dès qu’il s’agit des univers, de public aussi bien que des étudiants leur quantité, de leur durée, les chif- et des chercheurs, un dictionnaire Philippe Cornu propose fres s’affolent, s’enflent à l’infini, de tous les aspects du bouddhisme. dépassent l’entendement. Tandis Précisons : une vraie somme ency- un dictionnaire unique que l’Occident a longtemps inscrit clopédique, pas un lexique approxi- l’histoire dans un seul monde et sur matif unifiant des données dispara- en son genre une durée de quelques milliers d’an- tes. Donc un ouvrage capable de nées (Buffon, au XVIIIe siècle, calcu- tenir compte des écoles les plus ment être amélioré –, ce dictionnai- lait que la Terre avait moins de diverses, de la multiplicité des lan- re rendra donc les plus grands servi- 10 000 ans), les bouddhistes ont gues, de la variété des cultures, des ces. Pourvu de toutes les commodi- construit des empilements d’infinis époques, des tendances, des rites et tés d’usage (traduction des termes et des entassements de cosmos à des mythes dans lesquels le boudd- clés dans les différentes langues perte d’imagination. Un bouddha a hisme s’est à la fois inscrit et trans- d’origine, orientations bibliographi- pour champ d’action un milliard formé. Le simple énoncé de ce pro- ques, système de renvois), il renfer- d’univers (chacun constitué par une jet suffit à en indiquer le caractère me en outre quantité d’utiles com- série de continents, de cieux et impossible. On eût été enclin à en pléments (liste des textes boud- d’enfers emboîtés les uns dans les dissuader l’auteur. Comme on tente- dhiques fondamentaux, noms pro- autres), et la durée de chacun de ces rait de retenir le marcheur téméraire pres des déités et des lieux, listes des univers se chiffre en milliards partant traverser seul les massifs termes bouddhiques spécifiques en d’années. himalayens. Voilà qu’il y est quand sanskrit, pâli, tibétain, japonais, Pendant ce temps, cela va de soi, même parvenu, avec l’aide de quel- chinois). les bouddhismes évoluent. On n’en ques amis et complices, apparte- Parmi toutes les rêveries que peut a pas fini. Ainsi, chez les Nyingma- nant à la nouvelle génération des susciter une promenade dans ce pa, que Philippe Cornu a contribué connaisseurs du bouddhisme. Inat- mandala labyrinthique, le rôle des à mieux faire connaître aux Occiden- tendu, élaboré plus ou moins en les horizons – linguistiques, doctri- ment délimité. D’autre part, n’étant donnent une vision d’ensemble plus nombres, inhabituel pour nous, taux, les tertön peuvent toujours marge des institutions, cet imposant naux, culturels – du bouddhisme. En pas soumis au contrôle d’une autori- unie, voire unifiée, peut-être trouve- mérite attention. Il existe en effet dénicher des terma. Traduction : des dictionnaire vient de paraître. effet, il prend en compte aussi bien té religieuse centrale gardienne du ra-t-on ce paysage morcelé, émiet- une véritable obsession bouddhique personnes prédestinées aux trou- Impossible de l’avoir déjà lu entiè- les différentes écoles, aujourd’hui dogme et de l’orthodoxie, il s’est té. Encore faut-il ne pas se tromper des classifications. Décomptes et vailles sont capables de mettre la rement, on s’en doute. Pour tout disparues, du bouddhisme indien développé en des directions parfois de porte : cette somme ne convient dénombrements ne cessent jamais. main sur des objets, des textes, des scruter à la loupe, il faudra quelques ancien, le développement spécifique fort différentes. A tel point qu’il fau- pas à une toute première approche Ainsi recense-t-on trois nobles prin- formules qui sont réputés avoir été mois au moins. Viendront alors les du Theravâda au Sri Lanka et dans drait presque parler des bouddhis- du bouddhisme, pour laquelle on cipes, trois poisons, trois portes de dissimulés, mis en attente pour des critiques capables de travailler les le Sud-Est asiatique, les écoles du mes et non du bouddhisme. trouve à présent en librairie des ini- l’être humain, trois préceptes purs, temps meilleurs, par le fondateur de nuances, discuter des détails, criti- mahâyâna (Grand Véhicule) et du Le travail encyclopédique de Phi- tiations de qualité. En revanche, trois sceaux de l’existence, etc. Vont cette école, Padmasambhava lui- quer les inévitables petites erreurs, Vajrayâna (Véhicule du Diamant) et lippe Cornu le confirme de manière aucun volume, jusqu’à présent, ne par quatre, pour leur part, les atta- même. Ainsi peut-on toujours trou- montrer les éventuels oublis, propo- leurs évolutions dissemblables éclatante : d’un article à l’autre, on rassemblait une telle quantité de chements, les ères cosmiques, les ver du nouveau. Mais il sera réputé ser diverses améliorations. Ce n’est d’une part en Chine et au Japon, passe d’un auteur indien à une données dispersées. On remarquera nobles vérités, les objets de ancien, caché depuis le commence- pas de cela qu’il s’agit ici. Marquer d’autre part en Inde et au Tibet. Cha- notion chinoise, d’une divinité tibé- que la branche tibétaine, et de confiance et quelques autres. On dis- ment, destiné depuis toujours à un étonnement, décrire une surprise cune de ses branches, elles-mêmes taine à un maître japonais, d’un ter- manière générale le Véhicule du Dia- tingue également cinq agrégats, n’être découvert qu’à présent. jubilante, une première découverte ramifiées à l’extrême, possède ses me sanskrit à un rituel du Laos. Rare- mant, est particulièrement présente. cinq perfections, cinq dégénérescen- Façon somme toute élégante de con- avant les inventaires détaillés, voilà particularités. On se souviendra en ment la diversité des bouddhismes, Cela tient évidemment à la forma- ces, cinq degrés de l’éveil, cinq cilier innovation et tradition. Tant pour l’heure la seule possibilité. Ce effet que le bouddhisme, à la diffé- dans leur foisonnement et leur dis- tion de l’auteur. Mais cette forte moyens de préserver les préceptes de gens en Occident s’efforcent de qui domine, dans les impressions de rence des religions révélées, n’a parité, fut donnée à voir avec tant coloration ne le conduit pas à négli- de la discipline, etc. De telles listes faire du neuf avec de l’ancien que le première lecture, c’est l’extrême jamais possédé un corpus de textes de précision. Si l’on compare cet ger les autres aspects du bouddhis- ne s’arrêtent pas. Par six, par sept, geste inverse a quelque chose de ouverture de ce dictionnaire à tous sacrés définitivement clos et stricte- ouvrage à bon nombre d’autres, qui me. Tel qu’il est – et il peut évidem- ou huit, ou seize, ou trente-deux, ou touchant.

livraison Joan Lluis Vives, l’humaniste oublié b L’ÉCHAPPÉE AUSTRALIENNE, d’Annick Cojean Alors que Sydney vivait à l’heure des Jeux olympiques du millénai- re, Annick Cojean est partie traverser l’Australie d’est en ouest, C’est en 1524 que ce Catalan, tenu pour l’égal d’Erasme et de Guillaume Budé, définit avec ce court pour une série de reportage publiés dans Le Monde (du 15 septem- e bre 2000 au 19 mars 2001). Elle a rendu visite aux médecins volants traité de vie morale qui connaît sa première traduction depuis le XVII siècle une éthique moderne et aux instit’ des enfants du bush, constaté les ravages des dingos, confessé un vieil orpailleur, plongé dans les soucis des chercheurs sans, à la diffusion de l’anabaptisme 1520 –, il mène de front activité intel- d’établir les fondements juifs de la de perles, appris à ne pas paniquer en se retrouvant nez à nez avec INTRODUCTION en Suisse et à une tension diplomati- lectuelle et vie mondaine : il livre des philosophie de Montaigne (1) – son un crocodile, reculé devant une mer infestée de méduses, traqué le À LA SAGESSE que nouvelle entre l’empereur Habs- Méditations sur les sept psaumes péni- indifférence, déjà édifiante, à tout chameau sauvage, essayé de prendre un Aborigène en photo, (Introductio ad sapientiam) bourg Charles Quint, le roi Tudor tentiels qu’il dédie à Budé et surtout sectarisme et son authentique curio- appris que la meilleure façon de protéger les kangourous menaçés de Joan Lluis Vives. Henry VIII et le Valois François Ier, les Commentarii in libros de civitate sité quasi-ethnographique pour des d’extinction était de les manger… Un piquant carnet de route Traduit du latin l’équilibre précaire de l’Occident Dei (Commentaires à la Cité de Dieu), usages religieux prohibés suffisent, (Seuil, 96 p., 79 F [12,04¤]). J.-L. D. par Etienne Wolff, vacille en 1524, bousculé tant par la réclamés avec impatience par Eras- sans ce déterminisme, à établir sa sin- présentation de Patrick Gifreu, disparition de figures symboliques me qui le recommanda à son éditeur gularité –, l’engagement religieux de Anatolia/Le Rocher, 144 p., telles que celle de Bayard que par la bâlois Jean Froben, tout en assurant Vives n’est pas en cause et la conver- 90 F (13,72 ¤). publication du De libero arbitrio du la charge éphémère de précepteur sion au christianisme du lettré ne lais- vieil Erasme, dont le pape comme du jeune archevêque de Tolède se guère de doute. On chercherait ’année 1523, qui voit la tra- Luther veulent s’assurer le soutien. Guillaume de Croy, familier de Char- vainement des indices d’une résistan- duction en français du Nou- Si le chantier de Chambord com- les Quint. Les Commentaires sur l’œu- ce crypto-judaïque dans une œuvre veau Testament par l’huma- me celui, plus lointain, de la cathé- vre d’Augustin, dédiés à Henry VIII, qui aborde nombre de points brû- L niste Jacques Lefèvre d’Eta- drale de Mexico peinent à couvrir les et l’entremise de Thomas More per- lants. On ne peut cependant lire le ples, rallié dès 1521 au camp réforma- craquements du vieux monde, le cer- mettent au Catalan de se fixer outre- Satellitium animi (La Garde de teur animé par l’évêque de Meaux cle des humanistes tente encore de Manche en 1523. Lecteur au Corpus l’âme), offert à Mary Tudor, ni l’Intro- Guillaume Briçonnet, s’achève sur minorer la profondeur du déchire- Christi College d’Oxford, il est bien- ductio ad sapientiam, dont le texte l’ouverture du procès du connétable ment en cours. On peut douter que tôt le conseiller du prince, dont la connaît aujourd’hui la première édi- de Bourbon. En proie à une agita- ce soit le cas du Catalan Joan Lluis pieuse épouse, Catherine d’Aragon, tion française depuis le XVIIe siècle tion sociale qui aboutit en terre alle- Vives, tenu avec Erasme et Guillau- voit d’un bon œil l’arrivée de ce com- (!), sans avoir en tête ce terrible dra- mande au début de la guerre des pay- me Budé pour l’un des triumvirs de patriote, jusqu’à lui confier la forma- me, strictement contemporain de la République des lettres au moment tion de la princesse Mary. C’est du leur publication. où l’« affaire Luther » bouleverse la reste à la reine que Vives dédie le Pourtant les quelque six cents prin- Chrétienté. Nettement plus jeune plus célèbre – et l’un des plus singu- cipes de vie morale, répartis en dix- que ses deux aînés, Vives les a ren- liers – de ses ouvrages éducatifs, une huit rubriques d’une inégale lon- contrés au hasard d’une vie errante Institution de la femme chrétienne gueur, masquent le poids des contin- où la crainte des persécutions renfor- (De institutione feminae christianae). gences humaines. Le jeune garçon ce la tradition paisible de l’itinérance On pourrait croire donc qu’en destinataire de ce traité parfaite- estudiantine. Quittant la péninsule 1524 l’humaniste connaît un sort par- ment accessible – certains fragments Ibérique dès 1509 – né l’année ticulièrement heureux. Certes, le semblent aujourd’hui des truismes, même où la chute de Grenade per- 26 mai, il épouse à Bruges une jeune qui, au début du XVIe siècle, avaient met à la fois la première expédition juive convertie de Valence, Margari- un poids d’audace que le lecteur de transatlantique de Christophe da Valldaura ; mais l’heureux événe- 2001 saisit mal – y bénéficie d’un res- Colomb et l’expulsion des juifs des ment coïncide avec la tragique dispa- pect et d’une considération qui terres des rois Très Catholiques, il rition de son père, condamné au n’étonneront pas ceux qui savent n’a que dix-sept ans lorsqu’il quitte bûcher par l’Inquisition espagnole. que Vives posa les fondements de la définitivement les siens –, Vives Pour retour au judaïsme. L’épisode psychologie expérimentale, obser- gagne Paris et le collège de Mon- tragique et longtemps occulté – il fal- vant le vécu pour définir une condui- taigu. Une brève expérience qui lut attendre 1964 et la divulgation te humaine digne sans être héroï- devait alimenter peu après sa charge des archives de l’officialité de Valen- que. Condamnation du mensonge, virulente contre l’esprit scolastique ce, comme le souligne Etienne Wolff éloge de l’amour, de la justesse du de l’université du lieu (le In pseudo- dans son avant-propos, pour que jugement pour garantir la droiture dialecticos qui assoit la réputation du l’origine juive de l’humaniste ne sup- du comportement, liaison détermi- jeune humaniste paraît dès 1519). porte plus la contestation – connut nante entre la connaissance et l’ac- Malgré son départ pour Bruges du reste un épilogue plus atroce tion, ce petit manuel pour tous défi- trois ans plus tard, Vives revient par- encore lorsque, quatre ans plus tard, nit par touches insensibles une éthi- fois à Paris, où il se lie dès 1514 avec les restes de la mère de Vives, décé- que si scrupuleuse, toute de modéra- Budé, comme il ne manque pas de dée en 1509, furent exhumés, brûlés tion et d’exigence, qu’on conçoit rencontrer à Bruxelles la gloire des et dispersés, la dépouille de la mal- qu’elle ait connu un vif succès jus- Pays-Bas qui est aussi le chef de file heureuse, tenue pour relapse, ne qu’en terre réformée. incontesté des penseurs du temps, pouvant corrompre la terre consa- Philippe-Jean Catinchi Erasme lui-même. Etabli bientôt à crée qui l’avait indûment abritée. Louvain – il contribue à la création A l’heure où Sophie Jama s’effor- (1) L’Histoire juive de Montaigne (Flam- du Collège trilingue qu’il dirige dès ce, avec un certain volontarisme, marion, 240 p., 110 F (16, 77¤]). VI / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 essais b Vies endeuillées Le grand œuvre de Clemenceau A partir de récits, Stéphane Audoin-Rouzeau tente Inaugurant une belle entreprise éditoriale, le premier des sept volumes de ses écrits journalistiques de saisir la « douleur laissée par la Grande Guerre » (1894-1898) permet d’éclairer sous un jour nouveau l’engagement dreyfusard de ce Tigre à la plume acérée

du fils mort lors de la bataille de la qu’était le Clemenceau de la fin de l’histoire d’un Joseph Reinach est à comme le souligne Michel Drouin, CINQ DEUILS DE GUERRE Somme en septembre 1916, culte L’INIQUITÉ 1897 : un homme perdu, politique- cet égard édifiante : son courage à se que Darlan et Carcopino, en avril 1914-1918 poussé jusqu’à la constitution de la de Georges Clemenceau. ment, qu’on avait laissé terrassé dire dreyfusard, à l’occasion des légis- 1941, aient ordonné le retrait des de Stéphane Audoin-Rouzeau. maison familiale en véritable « sanc- Edition établie après lui avoir fait payer sa toute- latives de 1898 et 1902, lui valut, au bibliothèques publiques de L’Iniquité Ed. Noesis, 264 p., tuaire » – les photos judicieuse- par Michel Drouin, puissance des précédentes années ; terme d’une campagne d’insultes et et des volumes suivants, alors que 120 F (18,29 ¤). ment publiées aident à se le figurer Mémoire du livre, 588 p., un homme qui avait subi les attaques de calomnies, deux sévères défaites. Pétain devait très largement son – avec son « monument au mort » 159 F (24,24 ¤). acharnées et les rancunes de ses Combien il eût été facile à Clemen- bâton de maréchal à Clemenceau ! omment rendre par des dans le jardin. Sans vouloir rendre adversaires politiques et qui, pensait- ceau, alors, de reprendre au refrain le Il faut saluer l’apport de Michel mots la profonde souf- compte de tous les détails, évo- e « tombeur de ministères », on, ne s’en relèverait jamais. Compro- thème du respect de la chose jugée et Drouin qui non seulement nous per- france des endeuillés de la quons le terrible retour du paqueta- le « Tigre », fut, on le sait, un mis dans l’affaire de Panama, com- de marcher avec la foule. Ses élec- met de lire un texte passionnant C Grande Guerre ? Stépha- ge du fiancé de Vera Brittain que ardent dreyfusard. Chroni- promis dans un fantastique et invrai- teurs du Var ne l’auraient pas oublié. mais l’enrichit d’une éclairante intro- ne Audoin-Rouzeau choisit le récit. l’auteur présente comme « cadavre L queur principal de L’Aurore, semblable montage tendant à prou- Mais Clemenceau préféra suivre la duction, d’une chronologie, d’un Il raconte, sans prétention à la symbolique » et qui provoque un fondé en octobre 1897 par Ernest ver qu’il avait trahi au profit de l’An- voix de sa conscience et se jeter avec bien pratique résumé de l’Affaire et représentativité (ici pas de deuil choc considérable. Vaughan, il écrivit, chaque jour ou gleterre, Clemenceau avait perdu rage dans un combat qui semblait de sept articles, non retenus par Cle- paysan ou ouvrier), cinq histoires Le récit du deuil de Jane, thème presque, pendant toute l’Affaire, une son siège à la Chambre et avec lui ses perdu d’avance et pour lequel aucu- menceau et parus dans La Dépêche de deuil touchant des milieux culti- de son livre La Prière sur l’enfant chronique dans laquelle il donnait grandes ambitions politiques. Le ne concession n’était possible. de Toulouse. Il restitue ainsi une vés, où l’écriture, le « récit d’une mort (1921), emmène dans un tour- son avis sur le rebondissement de la œuvre introuvable et quasi oubliée. douleur », sert souvent de support billon de souffrance, parfois brute, veille. Michel Drouin, attaché de Une entreprise éditoriale d’envergure On y voit quel dreyfusard fut Clemen- cathartique. L’historien ne fait pas, parfois plus construite. L’attente recherche au CNRS, directeur de L’Af- L’Iniquité n’est que le premier d’un ensemble tout ceau et quel engagement fut le sien, non plus, le choix d’une méthodolo- des nouvelles est infernale : « Dans faire Dreyfus de A à Z (Flammarion, à fait extraordinaire qu’on peut tenir pour le engagement qui faisait de lui, selon gie spécifique. Il entend « saisir au les rues, dans les taxis, dans les 1994), réédite le premier volume de meilleur de l’œuvre de Clemenceau. Constitué Léon Daudet, figure de l’autre camp, plus près, saisir au cœur la douleur métros, je ne songe qu’à cela. Ou plu- ce monumental ensemble qui regrou- d’articles – 3 300pages ! – recueillis en volume au « un des meneurs de l’affaire Dreyfus, laissée par la grande vague de tôt je ne songe à rien, je suis absen- pe les articles publiés entre le fur et à mesure chez Stock, éditeur fortement un des plus acharnés, des plus butés, 1914-1918, une fois celle-ci enfin reti- te… Je laisse passer les stations, 25 décembre 1894 – au lendemain engagé dans la défense du capitaine diffamé, ce des plus nocifs » et qui dépasse infini- rée (…), comprendre le deuil, la j’oublie où je vais, je ne reconnais de la condamnation du « traître » – corpus exceptionnel n’avait pas été réédité depuis ment, en volume et en qualité, l’heu- dimension intime de la perte ». plus les maisons où j’arrive. Tout le et le 20 juillet 1898 – après le départ sa première publication, échelonnée entre 1899 et reuse trouvaille du « J’accuse !… » à Pour autant, ces cinq deuils par- mouvement de la vie me devient de Zola, à nouveau condamné, pour 1906. Les six tomes suivants devraient paraître à laquelle on le réduit souvent. lent au-delà de leurs propres machinal et étranger. » La tombe de l’Angleterre. On y voit Clemenceau, raison d’un par an. Signalons que, pour l’heure, Nombre d’articles devaient suivre acteurs. Par analogie ou portrait en Jane (on ne sait si Primice s’y trouve en 1894, fustiger l’« âme immonde » l’entreprise ne bénéficie d’aucun soutien institu- ceux présentés ici. Et quand on sait creux, ils disent les malheurs des aussi), au cimetière du Montparnas- et le « cœur abject » du traître et, tionnel, ce qu’on peut espérer provisoire tant elle qu’ils sont d’une égale valeur on ne autres. Les « privilèges » de Jane se, dernière évocation – complétée après un silence de trois ans, à l’occa- s’avère dans son projet comme sa réalisation aus- peut que souligner la nécessité de Catulle-Mendès, femme d’un écri- d’une photographie – d’un livre sion de la relance de l’Affaire, cher- si importante et remarquable. Parallèlement Jean- leur réédition. Dans l’attente, on lira vain reconnu – information rapide « sans conclusion », rappelle l’inex- cher à comprendre, se poser des Jacques Becker propose chez Geste éd. un Clemen- L’Iniquité au sujet duquel un autre sur les circonstances de la mort de tinguible malheur : un bas-relief questions, lutter contre les doutes ceau en 30 questions d’une sobre efficacité (64 p., dreyfusard, Octave Mirbeau, pouvait son fils chéri Primice et capacité représente le profil de Primice dans qui l’assaillent pour, finalement, au 48 F [7,32 ¤]). écrire : « Il faut lire ce livre ; il faut le sociale à récupérer la dépouille les plis d’un drapeau, juste au-des- fil des articles, exiger inlassablement relire ; il faut se pénétrer de lui. C’est pour lui donner une sépulture choi- sus du nom de Jane, «Mme Vve Catul- la nécessité de la révision du procès « tombeur de ministères » était anéan- « Nous nous ferons tous briser plutôt plus que de la polémique, c’est de l’his- sie –, témoignent en négatif des le-Mendès ». du capitaine et proclamer bientôt ti. Devenu journaliste, dans sa Justice que de reculer d’un pas [car] être vain- toire, de la forte et tragique histoire… angoisses de tant de familles qui Nicolas Offenstadt son innocence. puis à L’Aurore, journaux sans gran- cu vaut mieux que d’être vainqueur du Bien qu’écrit au jour le jour, selon l’ac- « sont restées dans une ignorance Ce Clemenceau journaliste est de audience, le redoutable opposant côté des scélérats. » En une langue cident de l’heure, et le coup de théâtre totale » du sort des pauvres morts. e Dans Les Fables du deuil. La Grande tout à fait prodigieux. Prodigieux par avait les griffes et les crocs limés. superbe, d’une plume acérée et préci- de la journée, il a, par la pensée direc- Quant à Blanche Maupas, la veuve Guerre : mort et écriture, Carine Trevi- sa force de travail, prodigieux par la S’engageant dans l’Affaire, fin 1897, se, Clemenceau démonte la mécani- trice qui l’anime, par l’esprit philoso- d’un soldat fusillé pour refus san étudie la construction d’un imagi- qualité et la vivacité d’un style – vrai quasi seul contre tous, naviguant à que qui devait perdre un innocent. phique qui en relie, l’une à l’autre, les d’obéissance, elle trouve les autres naire littéraire autour du deuil (PUF, régal de polémiste – que ses précé- contre-courant, doucement, en se Mais, plus que cela, il y dresse le feuilles éparses, une valeur d’unité, familles de fusillés bien mièvres « Perspectives littéraires », 224 p., dents livres ne laissaient guère espé- laissant gagner petit à petit, Clemen- tableau du monde politique du une ampleur de synthèse qui étonne, dans leur deuil, elle qui lutte tant 134 F [20,43 ¤]). Signalons aussi la tra- rer, prodigieux par la justesse de ses ceau jouait gros. moment et y expose les principes qui qui passionne et qu’on admire… » pour la réhabilitation de son mari. duction d’une histoire- « bataille » de analyses et sa capacité à saisir, sur Bien injuste est le reproche, sou- sont les siens – principes qu’il oublie- « Histoire journalière d’un grand Stéphane Audouin-Rouzeau la Grande Guerre, à l’ancienne, que l’instant, la signification et la portée vent formulé, d’un opportunisme qui ra parfois par la suite, quand il sera esprit », comme le disait de son côté retrace les étapes du deuil de chacu- François Cochet situe dans une préfa- politiques de l’événement, et, sur- lui fit flairer dans l’Affaire l’occasion au pouvoir – et qui font de ces pages Léon Blum, L’Iniquité et sa suite s’af- ne de ses « héroïnes », Jane, Blan- ce bienvenue. L’ouvrage est conçu tout, prodigieux par la force qu’il de se racheter et de se refaire une san- un livre de réflexion politique sur la firment comme l’un des témoigna- che, Louise Clermont, qui pleure année par année et centré sur les opé- dégage. A cet égard l’article « Ils ne té politique. C’est lui accorder une démocratie, la justice, la séparation ges fondamentaux sur l’Affaire. Peu son frère écrivain, mais aussi l’An- rations militaires : Robin Prior et Tre- sont pas assez » (CXXXVI) est un som- bien inhumaine clairvoyance et des pouvoirs, la raison d’Etat, le rôle le savaient au bout d’un siècle glaise Vera Brittain qui perd son vor Wilson, La Première guerre mon- met qui compte parmi les plus belles oublier que se dire révisionniste des élites et de la foule, et la place de d’oubli. Aujourd’hui, chacun est en fiancé et son frère. La famille Gallé diale 1914-1918 (Autrement, « Atlas pages de la littérature de l’Affaire. Il – dreyfusard viendra plus tard – fin l’institution militaire et du clergé mesure de le vérifier. est, elle, toute tendue vers le culte des guerres », 224 p, 198 F [30,18 ¤]). ne faut pas oublier, d’ailleurs, ce 1897 était se suicider politiquement… dans la République. On comprend, Philippe Oriol Penser l’imaginaire social Un héraut de l’antisémitisme d’Etat Une réédition et un recueil d’articles qui dessinent avec finesse l’engagement A travers le parcours édifiant de Xavier Vallat, responsable vichyssois, d’un chercheur intègre imposent la formidable vigilance de Pierre Laborie Laurent Joly éclaire sur l’entreprise de spoliation des juifs

au fil des ans, la maturation d’une mais des mémoires du silence. Egale- 1936 quand, dans une saillie mûre- Condamné à dix ans d’emprison- LES FRANÇAIS œuvre originale. Enfin, parce que ment objet d’un article, la définition XAVIER VALLAT ment préparée, il interpelle hai- nement et à l’indignité nationale DES ANNÉES TROUBLES l’avant-propos conçu pour l’occa- de l’idée de Résistance est une quête Du nationalisme chrétien neusement le nouveau président à vie, Vallat est libéré en décem- de Pierre Laborie. sion n’est pas une banale mise en tout à la fois « indispensable, infaisa- à l’antisémitisme d’État du Conseil, Léon Blum : « Pour la bre 1949, amnistié en 1954. Dans Desclée de Brouwer, 266 p., perspective de vingt ans de travaux. ble, illusoire ». Plutôt que de se satis- 1891-1972 première fois, ce vieux pays gallo- ses chroniques à Aspects de la 125 F (19,05 ¤). Ceux que l’histoire la plus récente faire d’une définition commode, de Laurent Joly. romain sera gouverné par un France, il donne à nouveau libre intéresse, tant du point de vue du Laborie préfère insister sur la diversi- Grasset, 446 p., 143 F (21,80 ¤). juif. » Dans l’atmosphère électri- cours à sa veine antisémite dès u moment où l’ouvrage de déroulement et du vécu des événe- té et la plasticité de la Résistance, ce que de ce début d’exercice du l’année suivante. Son dernier arti- Pierre Laborie, L’Opinion ments que des contraintes d’une qui est une manière d’appeler à un a biographie que Laurent pouvoir par le Front populaire, cle paru dans Aspects de la Fran- française sous Vichy, publié écriture à chaud, croiseront cet effort redoublé d’intelligence. Joly consacre à Xavier Val- son antisémitisme qui puise loin ce, en 1969, est consacré à la réédi- A en 1990, est opportuné- avant-propos avec la préface de la En filigrane de ces textes, l’histo- lat vient à point nommé dans le passé est avivé par la peur tion de l’ouvrage de Bernard Laza- ment réédité chez « Points-Seuil », réédition. rien plaide pour que les problémati- L éclairer le parcours d’un viscérale du danger communiste. re, dreyfusard de la première heu- paraît un recueil d’articles du même L’article le plus ancien risquait ques de l’histoire politique contem- responsable de Vichy situé au Cette double hantise n’est pas re, L’Antisémitisme, son histoire et auteur qui dissèquent le mental et une analyse fort neuve en 1983 : poraine intègrent l’imaginaire cœur de cette entreprise de spo- sans lien avec la deuxième ses causes. les émotions des Français au long l’idée que les Français ont de la social. Le rôle majeur des représenta- liation qu’on connaît mieux inflexion de sa carrière. D’abord Le 8 janvier 1972, Beate et Ser- des années noires. Heureuse initiati- Résistance a moins dépendu de ses tions mentales est donc mis en évi- aujourd’hui grâce aux travaux de associé au gouvernement de ge Klarsfeld, le photographe Elie ve que la publication de ces dix quatre années d’existence que des dence. La réflexion qu’exige cette la Commission Mattéoli. Qui fut Vichy comme secrétaire général Kagan sont présents à sa levée de essais dont l’écriture court de 1983 à derniers mois de 1944. L’histoire de démonstration l’amène, dans cet homme dont la mémoire est aux anciens combattants, Vallat corps à Annonay. Ils portent une 2000. D’abord, parce que de pré- la Résistance ne se termine pas avec l’avant-propos, à poser un regard indissociable de l’action antisémi- prend, fin mars 1941, la tête du grande étoile jaune et arborent cieux outils de méthode et de l’Occupation, et sa compréhension dénué de complaisance sur une his- te de l’Etat français ? « Un second Commissariat général aux ques- chacun un tome de l’étude de réflexion redeviennent accessibles. reste inséparable des représenta- toire du très contemporain assidû- couteau », précise Philippe Burrin tions juives nouvellement créé. A Joseph Billig, Le Commissariat Ensuite, parce que s’y donne à voir, tions qu’elle a suscitées. D’où la ment courtisée. A la visibilité média- dans sa préface, non sans ajouter ce poste, il est celui qui dévelop- général aux questions juives, nécessité de restituer une réalité tique que lui vaut cette surexposi- immédiatement : « Mais il y a pe la politique antisémite de publiée entre 1955 et 1960. Ils complexe dont des pans entiers ont tion, Laborie oppose le déficit de sa beaucoup à apprendre des seconds Vichy. Le second statut des juifs assistent également à l’inhuma- été « égarés en cours de mémoire ». légitimité scientifique chez les histo- couteaux. » L’ouvrage confirme et leur recensement (2 juin 1941), tion. Des proches de Vallat cru- Cette complexité est explorée et riens d’autres périodes. Placée sous pleinement cette assertion. la loi du 22 juillet 1941 qui organi- rent voir dans ce geste un homma- déclinée dans tous les écrits sui- les feux de la rampe, elle innove peu Né dans le Vaucluse en 1891, se « l’aryanisation » des biens ge rendu à l’ancien commissaire vants. Tel est le cas pour le « penser- et cède parfois à la facilité. En som- Xavier Vallat grandit dans une « juifs », c’est-à-dire leur spolia- général aux questions juives ! Jus- double », une clef décisive pour com- me, cela même qui assure sa notorié- famille profondément catholique. tion, tout cela est son œuvre. que dans la dernière apparition prendre le comportement des Fran- té la rend vulnérable et fragile. Enfant des luttes anticléricales du Tenant d’une ligne « française », publique de Vallat se sera ainsi çais sous l’Occupation. Ont-ils bascu- Souhaitons que cette analyse qui début du XXe siècle, il milite à l’As- qui ne le cède en rien à celle des donné à voir le vertigineux gouf- lé, comme on l’a souvent dit, par appelle à la vigilance méthodologi- sociation catholique de la jeu- Allemands dans la stricte applica- fre entre la vision de ses amis et opportunisme, voire par cynisme, que et éthique suscite un débat intel- nesse française, lisant assidûment tion de mesures draconiennes, il le souvenir qu’il laisse à tous ceux d’un camp dans l’autre quand la lectuel à la hauteur du problème Le Pèlerin avant de découvrir L’Ac- n’est dans ses fonctions « qu’un que la négation des droits de situation s’est renversée ? Tout en qu’elle pose. D’autant que la criti- tion française. Son éducation pion dans la stratégie allemande l’homme révulse. se gardant de donner dans un relati- que prend pour première cible les nourrit un antisémitisme que ses de la “solution finale” ». Rempla- Laurent Joly a eu le grand méri- visme qui arase les niveaux de res- propres travaux de l’auteur, tant il lectures confortent. Licencié ès cé en mai 1942 par Darquier de te, par un travail étayé et puisé ponsabilités, Pierre Laborie préfère est vrai que cette intelligence acérée lettres, professeur au collège Pellepoix, il travaille auprès de aux sources les plus sûres, de res- insister sur leur ambivalence : les et, de ce fait, inquiète, questionne catholique d’Aix-en-Provence, il Laval au problème du ravitaille- tituer les aberrations mais aussi Français, en majorité, n’ont pas été immédiatement ce qu’elle a patiem- s’illustre par une guerre courageu- ment non sans continuer à tra- la logique d’un homme que ne d’abord vichystes, puis résistants, ment élaboré. Se défiant de cette se. Blessé en mars 1918, il doit quer les juifs. Le 29 juin 1944, il semble pas avoir même effleuré pétainistes puis gaullistes, mais ils paresse qui conduit à accepter les être amputé de la jambe gauche. remplace Philippe Henriot, abat- l’idée de regretter les persécu- ont pu être, pendant un temps plus idées reçues pour peu qu’elles Elu député en 1919, battu en tu la veille par la Résistance, au tions dont il avait été le maître ou moins long, et selon les cas, un soient parées des oripeaux de la 1924, réélu en 1928, il siège sans micro du Radio-Journal de Vichy d’œuvre. L’ex-commissaire géné- peu les deux simultanément. Le scientificité, Laborie propose une discontinuer jusqu’en 1940. Répu- et tiendra l’antenne jusqu’au ral de Vichy ne formula jamais le même souci de ne pas s’accommo- conception exigeante du métier : blicain national, catholique et 19 août. moindre remords et ne cessa jus- der de prêt-à-penser s’observe lors- « Faire de l’histoire du très contempo- social, c’est un parlementaire Jugé par la Haute Cour de jus- qu’à son dernier souffle de pour- que Laborie scrute la mémoire des rain, c’est s’efforcer de regarder autre- zélé. Ferraillant pour la défense tice en décembre 1947, Vallat s’y fendre les juifs. Cette absence de années noires, qui est « moins pré- ment un monde proche pour retrou- de l’enseignement catholique, montre offensif, prétendant récu- remords assise sur une véritable sence du passé que présent du pas- ver son étrangeté. » Exigeants, déca- puis pour l’interdiction de la ser Maurice Kriegel-Valrimont, fixation antisémite lui vaut de sé ». Une mémoire dont les aphasies pants et dérangeants, ses travaux franc-maçonnerie, il s’impose disqualifié à ses yeux comme juge n’être plus célébré aujourd’hui mêmes sont une façon de se souve- attestent que cette incitation à sui- comme un orateur respecté et parce que juif naturalisé et com- que par les nostalgiques de Vichy nir. Il existe des mémoires murées vre sa pente en montant n’est pas craint à la Chambre. Un parcours muniste, d’une formule qui peut et les antisémites de toujours. dans le silence. Il n’y a donc pas seu- utopique. sans faute, en somme. être transposée aux juifs en géné- Triste postérité ! lement les silences de la mémoire Laurent Douzou Sa trajectoire bifurque le 6 juin ral : « Pour moi, il est absent. » L. Do. essais LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 / VII b France-Angleterre : une liaison passionnée Tandis qu’Henriette Walter relate l’histoire qui unit les deux langues, Ian Buruma trace les portraits de célèbres anglophiles et Christine Geoffroy décrit les malentendus qui perdurent de chaque côté du Channel

Henriette Walter entend raconter début du XVe siècle. C’est seulement tor, en fait un peu une affaire de HONNI SOIT « l’incroyable histoire d’amour entre en 1362 que le discours d’ouverture famille. Ses grands-parents mater- QUI MAL Y PENSE le français et l’anglais », qui dure du Parlement est prononcé, pour la nels étaient anglais, et il a pu consta- L’incroyable histoire d’amour depuis des siècles, et qui est consti- première fois, en anglais et non plus ter enfant, à La Haye, au début des entre le français et l’anglais tuée d’innombrables allers et retours en français. Pendant la guerre de années 1960, le prestige dont bénéfi- d’Henriette Walter. entre les deux langues. Et elle par- Cent Ans, les soldats anglais com- ciaient encore les Britanniques, sor- Ed. Robert Laffont, 364 p., vient à le faire sans cesser de divertir prennent suffisamment le français tis vainqueurs de la seconde guerre 139 F (21,19 ¤). son lecteur. Il y a comme un reste pour échanger, de loin, des injures mondiale. Son livre est une galerie d’enfance chez cette grande érudite. avec Jeanne d’Arc… de portraits qui commence avec Vol- L’ANGLOMANIE A preuve, ces encadrés qui posent A propos de Jeanne d’Arc, Hen- taire, « le premier, ou du moins le plus Une fascination européenne des questions embarrassantes sur riette Walter a cette remarque icono- célèbre, le plus éloquent, le plus drôle, de Ian Buruma. l’origine de tel ou tel mot, et dont les claste : « En boutant les Anglais hors le plus provocant et souvent le plus Traduit de l’anglais réponses, comme dans les blagues de France, elle a du même coup fait lucide des anglophiles modernes ». par Denis Griesmar, Carambar, sont écrites à l’envers. Ou perdre à la langue française les chan- Une certaine idée de la liberté et la Ed. de Bartillat, 382 p., 139 F cette liste, à côté de celle des « faux ces d’expansion mondiale que l’an- modernité des institutions politiques (21,19 ¤). amis », contre lesquels des généra- glais connaîtra beaucoup plus tard.» séduisent Voltaire lorsqu’il découvre tions de collégiens ont été mis en Si Henri V, qui était déjà comte du l’Angleterre en 1726. Ses Lettres LA MÉSENTENTE CORDIALE garde, de ces « très bons amis » qui Maine, duc de Normandie et de concernant la nation anglaise, Voyage au cœur de l’espace ont exactement le même sens et la Guyenne avait été couronné à Reims publiées à Londres en 1733, sont un HULTON ARCHIVES interculturel franco-anglais même graphie dans les deux au lieu du « gentil dauphin », le fran- immense succès d’édition. « Avant de Christine Geoffroy. langues. çais « aurait pu devenir la langue des Voltaire, les Français ignoraient régime de bains froids et de cricket, Le Monde de la recherche universitai- Grasset, 400 p., 149 F (22,71 ¤). Le français, langue latine, et l’an- deux pays réunis en un seul royau- jusqu’au nom d’Addison, de Pope, et était insolite ». Theodor Herzl, le fon- re. Il n’est pas facile pour un Français glais, langue germanique, ont en me ». Ainsi finissent, en tout cas, ces même de Shakespeare. Ceux-ci devin- dateur du sionisme, s’habille comme de comprendre que l’usage immé- eut-on imaginer institution effet beaucoup plus de points com- « trois siècles d’intimité » entre le fran- rent bientôt follement à la mode, tout un dandy anglais et croit, lui aussi, diat du prénom, dans les relations plus anglaise que celle du muns qu’on ne le pense générale- çais et l’anglais. Pendant cette pério- comme les romans sentimentaux de aux vertus du cricket. Dans le futur professionnelles, n’implique nulle « butler », ce majordome ment. De nombreuses villes anglai- de, c’est essentiellement l’anglais qui Samuel Richardson, les courses de Etat juif, tous les garçons devront, familiarité, et encore moins des senti- P impassible qui sert le thé sur ses gardent le souvenir du passage emprunte au français, souvent par le chevaux, le jardinage, le frac et le bien sûr, apprendre à pratiquer ce ments personnels. Les Anglais sont un plateau d’argent et repasse au fer des légions romaines. On retrouve détour du normand. La situation se pudding », écrit Ian Buruma. sport… toujours choqués par la façon qu’ont chaud l’exemplaire quotidien du « castra » (camp militaire, ville forti- retourne au XVIIIe siècle. Ce sont L’anglomanie s’empare de l’Euro- Loin de ces emportements, Chris- les Français d’interrompre leur inter- Times pour qu’il ne salisse pas les fiée) dans Lancaster, Manchester, alors les mots anglais qui partent à pe tout entière à la fin du XVIIIe siè- tine Geoffroy décrit froidement les locuteur lorsqu’ils estiment avoir mains de son maître ? Eh bien, ce Worcester ou Dorchester, « vicus » l’assaut du français, comme ils le cle, en particulier de Goethe, grand malentendus qui ne cessent de se quelque chose d’intéressant à dire. mot est la déformation anglaise de (ferme) dans Gatwick ou Greenwich, font toujours aujourd’hui. admirateur de Shakespeare. Plus dresser dans la communication Aux deux extrémités du tunnel sous l’ancien français « bouteiller », qui « colonia » (colonie) dans Lincoln. C’est également au XVIIIe siècle inattendus sont les anglophiles du entre Français et Britanniques. Son la Manche, le Français réputé « arro- désignait le sommelier. Quant à L’anglais a même réussi, après de qu’apparaît sur le continent une nou- XIXe et du XXe siècle. Du baron Pierre livre, fondé sur des entretiens avec gant » contemple toujours l’Anglais « roast beef », autre terme incontour- nombreux détours, à enrichir le fran- velle passion : l’anglomanie. Ian de Coubertin (1863-1937), rénova- des ressortissants des deux pays, en présumé « hypocrite ». Les « média- nable dès lors qu’on parle de l’Angle- çais de termes latins, comme « cam- Buruma, un auteur né aux Pays-Bas teur des Jeux olympiques, Ian Buru- particulier des expatriés ou des sala- teurs culturels » ont encore, comme terre, il vient lui aussi du français, pus », qui a donné « champ » en et établi à Londres, où il a longtemps ma dit drôlement que « son idée, con- riés de filiales dont la maison mère on voit, du pain sur la planche. très exactement du « rot-de-bif », français, mais qui est revenu à l’épo- collaboré au magazine The Specta- sistant à ranimer les Français par un se situe sur l’autre rive, a reçu le prix Dominique Dhombres c’est-à-dire rôti de bœuf. Voilà quel- que contemporaine pour désigner ques-unes des curiosités contenues l’ensemble du territoire et des bâti- dans l’ouvrage d’Henriette Walter ments d’une université. C’est même qui renoue avec une tradition un peu à un Anglais, Alcuin, né à York en oubliée, qui eut ses lettres de nobles- 735, qui fut chargé par Charlemagne se au XIXe siècle, celle de l’érudition de la direction de l’Ecole du palais à amusante. Car Dieu sait si elle est Aix-la-Chapelle, qu’on doit la réappa- savante, Henriette Walter, profes- rition du latin sur le continent lors de seur émérite à l’université de Haute- la renaissance carolingienne. Bretagne, directrice du laboratoire La grande affaire est évidemment de phonologie à l’Ecole pratique des la conquête de l’Angleterre par hautes études et disciple du grand lin- Guillaume, duc de Normandie, en guiste disparu André Martinet. Mais 1066. Pendant trois cents ans, de elle pratique assidûment la « capta- Henri II (1152) à Henri VI (1455), tio benevolentiae », cet art, cher aux tous les rois d’Angleterre, sans excep- anciens pédagogues, de se concilier tion, épousent des reines choisies en les bonnes grâces de l’auditoire par France. Le français règne sans par- des anecdotes plaisantes. tage à la cour d’Angleterre jusqu’au Voyage en Intifada De son séjour en Israël, Marc Weitzmann rentre avec plus de perplexité que de certitude

des livres ?) et l’insaisissable réalité LIVRE DE GUERRE de cette terre, ce contraste a quel- de Marc Weitzmann. que chose de fascinant et pour tout Stock, 152 p., 79 F (12,04 ¤). dire d’épuisant. A la fin d’une jour- née passée à discuter, vous voilà ela devait bien finir par dans votre chambre la tête échauf- arriver. Il était écrit que fée, drogué, persuadé d’avoir tout Marc Weitzmann pousse- compris et, incapable de trouver le C rait sa plume jusqu’en sommeil, cherchant dans d’autres Israël. Après trois romans hantés livres d’autres arguments, d’autres et torturés par l’identité et le rap- théories. » Long faux reportage port à soi, la peinture au couteau définitivement subjectif dont sont de sa famille (Chaos), la gravure volontairement exclus les Palesti- au vitriol d’une certaine France niens, publié en partie dans les antisémite à travers un fait-divers Inrockuptibles,ceLivre de guerre romancé (Mariage mixte), il fallait oscille entre les genres au gré de bien que l’auteur juif, le Juif écri- souvenirs, de rappels historiques vain, en vienne à l’Etat des Juifs. et politiques et surtout de ren- L’histoire n’a pas été chiche. On contres choisies ou imposées par imagine mal Weitzmann se prome- le hasard et qui donnent au livre ner dans le nouveau Proche- toute sa chair. Orient rêvé un temps par Shimon C’est une fatalité, Weitzmann Pérès, éden inouï et pacifié de en son miroir a le don de tomber « dragons » high-tech et de sur ceux qu’il traque. Juifs peu Livre.com. Au contraire, l’Israël casher de « l’émigration-saucisse » arpenté est l’Israël plongé depuis russe, « ariel-sharonomane » en- le 28 septembre dans le grand durci, Salomé radieuse prompte à chambardement de l’Intifada. demander la tête de tous les Ara- Celle où la grande question du bes : tels sont ses compagnons de « nous » (les Juifs) et des voyage, sur un itinéraire qui le con- « autres » (les Arabes) est tran- duit de Tel-Aviv la jouisseuse à chée chaque matin par les commu- l’univers hallucinant de Hébron, niqués de Tsahal qui rendent après des étapes à Jérusalem et compte des « opérations terroris- dans la colonie de Beit El, près de tes et des répliques » de l’IDF Ramallah. On ne saurait d’ailleurs (Israël défense force, trouvaille mieux imaginer pour tenter de se géniale qui permet de désigner dissuader de jamais revenir. une armée d’occupation par un Car Israël reste pour l’auteur terme défensif). perplexité plutôt que certitude. Le carnet de voyage commence « Tout ne se passe-t-il pas au fond en octobre, aux premiers jours du (…) comme si l’entrée dans l’his- soulèvement. Après une brève toire qu’a représentée pour les juifs interruption, il reprend trois mois le sionisme politique s’était faite à plus tard, en janvier, alors que bat reculons et avec l’intention d’en son plein la campagne électorale sortir au plus vite ? L’idée même qui porte Ariel Sharon au pouvoir, d’un pays conçu comme un “refuge et retourne au débat par nature pour les juifs” et qui a fait d’Israël inachevé. « Le contraste entre l’in- l’un des endroits les plus dangereux telligence investie dans ces discus- au monde pour eux, cette idée, avec sions virtuellement infinies et l’ab- son corollaire d’une violence provi- sence totale d’effet sur le terrain soire, préparant une éternité de (…) ce contraste constant, depuis la paix, n’est-elle pas en soi utopique, création de l’Etat, entre un dis- a-historique, voire messianique ? cours, rien moins que littéraire (car Peut-être n’y a-t-il pas de refuge ? » quoi de plus littéraire qu’un pays né Gilles Paris VIII / LE MONDE / VENDREDI 1er JUIN 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Chaises musicales chez Hachette « Mein Kampf » b Colère des libraires de l’outre- mer. La coordination des libraires Jean-Etienne Cohen-Séat, patron de la branche littérature, perd une partie de ses fonctions pour se concentrer à Bucarest de l’outre-mer a adressé une « lettre ouverte à Lionel Jospin pour que sur Calmann-Lévy et le développement du groupe. Un changement qui suscite des interrogations lusieurs éditeurs rou- vive la librairie outre-mer ». Cette mains ont protesté dès coordination, qui regroupe les librai- es chaises tournent beau- 11 juin, secrétaire générale de la souhaitait, en accord avec moi, que explique-t-il après ces nouvelles l’ouverture de la Foire du res des quatre DOM (Guadeloupe, coup chez Hachette Livre. branche littérature. On y apprend je consacre plus de temps au dévelop- nominations. Les relations entre livre de Bucarest, le Guyane, Martinique et Réunion), Parfois, elles valsent également que Jean-Etienne Cohen- pement de Calmann-Lévy, qui est en Jean-Etienne Cohen-Séat et Claude 23P mai, après avoir constaté la pré- avait appelé ses adhérents à fermer même. Dans ce jeu de chai- Séat, « directeur délégué d’Hachette pleine santé et qui dispose de moyens Durand sont au cœur de la polémi- sence de livres de propagande les librairies jeudi 17 mai « pour que sesL musicales, Jean-Etienne Cohen- Livre, veillera, aux côtés de Jean- qui ne sont pas utilisés. Il y avait une que en cours. Claude Durand a pris nazie, interdits en Europe – dont vive le livre ». La loi d’orientation Séat faisait figure de chef d’orches- Louis Lisimachio, au développement volonté pour que je consacre plus de l’habitude de mettre les points sur Mein Kampf d’Adolf Hitler – sur les prévoit « l’alignement au 1er janvier tre, depuis qu’il a été nommé en jan- stratégique des activités éditoriales temps également au développement les i, dans des droits de réponse à la stands. La vente s’est poursuivie 2002 du prix du livre dans les DOM vier 2000 directeur délégué chargé du Groupe. Il est par ailleurs prési- éditorial du groupe. C’est pour cela presse, forts lus, quai de Grenelle et sans encombre en dépit des protes- sur celui pratiqué en métropole ».La de la branche littérature. Il y a un dent des éditions Calmann-Lévy ». que le choix a été fait de me déchar- à Saint-Germain-des-Prés. Quand tations des maisons d’édition, de loi Lang avait prévu des majorations an, Denis Bourgeois était brutale- On en déduit qu’il n’est plus chargé ger de tout le suivi de gestion quoti- M. Cohen-Séat nous indique que le nombreux écrivains et d’intellec- de prix, en raison des frais d’achemi- ment limogé de la présidence de Cal- de la branche littérature. dienne, qui est très chronophage. journal de Renaud Camus « pue », tuels, comme le représentant de nement des livres. Selon les librai- mann-Lévy, six mois après sa prise Cela s’inscrit dans une logique ambi- M. Durand se moque de la « délica- l’association des éditeurs de Rou- res, la suppression de cette majora- de fonctions (« Le Monde des DISGRÂCE ? tieuse d’Hachette qu’on comprendra tesse d’odorat » de certains éditeurs manie, l’écrivain Gabriel Liiceanu, tion « aura des conséquences écono- livres » du 16 juin 2000), pour y être « Il est clair que ce n’est pas une peu à peu. » A ceux qui glosent sur (Le Monde du 22 mai 2000). Une let- qui a dénoncé la vente de ces livres miques terribles : la disparition du remplacé par Jean-Etienne Cohen- promotion », « C’est l’arroseur arro- une mise au placard, il propose de tre publiée dans Livres-hebdo du néo-nazis et antisémites, traduits réseau des librairies et la suppression Séat, ancien PDG de la maison. sé », « C’est un retour à la case « prendre rendez-vous dans sept ou 4 mai relevait autant du billard à du français. d’emplois qualifiés ». Quelques mois auparavant, Louis départ », soulignent ses ennemis, huit mois ». Avant de prévenir : «Le trois bandes que de la précision. Le directeur de l’Office national b Changement à France Edition Audibert avait quitté Hachette Litté- satisfaits de voir le chef d’orchestre développement stratégique des activi- Claude Durand explique avoir des expositions, M. Mihai Orovea- Inc. Filiale de France Edition basée rature. Sa remplaçante était Isabelle victime du jeu de chaises musicales. tés éditoriales du groupe concerne « beaucoup d’amitié pour Jean-Etien- nu, s’est lui aussi indigné de ces à New York et chargée d’assurer Seguin, proche du directeur délé- Il y a une quinzaine d’années, aussi les maisons de littérature géné- ne Cohen-Séat ». Les deux hommes pratiques et a souhaité que la Rou- une fonction d’agent pour les ouvra- gué, tout comme Olivier Nora, qui a M. Cohen-Séat était le numé- rale. Ont-elles toutes une stratégie ? sont amateurs d’opéra. « La musi- manie s’aligne sur les lois euro- ges français aux Etats-Unis, France succédé à Jean-Claude Fasquelle à ro 2 d’Hachette Livre avant d’en Le directeur délégué ne se désintéres- que adoucit les mœurs », remarque péennes. Le parquet a annoncé le Edition Inc s’adressait jusqu’à pré- la tête de Grasset. être licencié par le PDG d’alors, sera donc pas de ces filiales. » Claude Durand. 28 mai qu’il allait ouvrir une enquê- sent à un « club » d’éditeurs acquit- Jean-Etienne Cohen-Séat a ratta- Jean-Claude Lattès, pour prendre Le choix d’un éditeur reconnu, Depuis deux ans, Hachette Livre te… Le code pénal roumain prévoit tant une cotisation pour y adhérer. ché Edition 1 à Calmann-Lévy et en 1985 la présidence de Calmann- créateur des éditions Mazarine, à vit au gré des rumeurs et de change- des peines de 6 mois à 5 ans de pri- A compter du 1er juillet, tout adhé- organisé les noces du Masque et de Lévy. Il redresse la maison avant de un poste de centralisation de mai- ments multiples de personnes ou de son pour « la propagande nationa- rent de France Edition devient, de Lattès. A cinquante-six ans, le direc- la vendre à Hachette, dix ans plus sons qui ont tendance à se méfier maisons, tout en donnant l’impres- liste-chauvine et l’incitation à la hai- droit, adhérent de France Edition teur délégué est incontournable et tard, où il gravit à nouveau les prin- de leurs voisins a beaucoup inquié- sion de perdre de la vitesse par rap- ne raciale », ce qui n’empêche pas Inc, moyennant une participation omniprésent chez Hachette Livre. cipaux échelons. « C’est une erreur té certains éditeurs. Le prédéces- port à Vivendi universal publishing des maisons d’édition, comme de 1 200 F (183 ¤) par titre confié à Beaucoup trop, selon ceux qui ne d’interprétation, met en garde Valé- seur de M. Cohen-Séat, Jacques Fir- (VUP). VUP annonce sa volonté de Antet et Beladi, de diffuser un lar- cette agence. Celle-ci percevra une comptent pas parmi ses amis. Dans rie Bignon, directrice de la commu- min, n’avait aucune prétention édi- débourser 1,7 milliard de dollars, ge échantillon d’ouvrages néga- commission de 15 % sur le montant ce contexte, la publication, mardi nication, Jean-Etienne Cohen-Séat toriale et une parfaite connaissance (1,94 milliard d’euros) pour acquérir tionnistes, antisémites et néo- de chaque cession. France Edition 29 mai, d’un communiqué laconi- ne pouvait cumuler ses deux fonc- des rouages et des gens. Les choses l’éditeur américain Houghton Mif- nazis. Inc, dirigée par Kathryn Nanovic- que dont Hachette Livre a le secret, tions. Il a toute la confiance de Jean- se sont encore dégradées quand flin. Le groupe Lagardère va-t-il réa- La presse négationniste est égale- Morlet, a vendu 50 titres français à a suscité bien des interrogations. Louis Lisimachio et c’est mal connaî- M. Cohen-Séat a pris la présidence gir, au-delà de la reprise du petit édi- ment largement représentée. C’est des éditeurs américains en 2000. On y apprend que Nathalie Jouven, tre le patron d’Hachette Livre que de de Calmann-Lévy. « On ne peut pas teur espagnol Bruno ? C’est sur ce la deuxième affaire en dix jours : b Des Américains à Paris. Pour quarante-cinq ans, directrice géné- croire qu’il remplit les placards. » être juge et partie », commente terrain-là que « le développement l’ambassade d’Israël avait porté percer sur le difficile marché des rale des Editions juridiques associés Le principal intéressé réfute vive- Claude Durand, PDG de Fayard. stratégique des activités éditoriales plainte après la parution d’un livre droits américains, la Fondation fran- (LGDJ, Montchrestien) et PDG des ment les rumeurs qui évoquent sa « Ça ne change rien pour nous, car je du groupe » est attendu. de blagues à caractère violemment co-américaine, le ministère de la éditions Joly, devient à partir du disgrâce. « Jean-Louis Lisimachio n’avais pas de sentiment de tutelle » Alain Salles antisémite. culture et France Edition ont organi- sé à Paris, du 12 au 20 mai, un voya- ge d’étude France-Etats-Unis, au cours duquel huit professionnels de l’édition américaine ont pu nouer des contacts directs avec leurs homologues français. Il s’agit de Bref périple en « célanie » Lettres de Hongkong Princeton University Press, The New Press, Ecco Press, Little Brown & Co, Ruminator Books, Seven Sto- a publication récente de la Correspondance du part, des témoins, acteurs et lecteurs de la vie-œuvre a ville des « stock-bro- la langue littéraire par excel- ries, Modern Library et George Bra- poète Paul Celan avec sa femme Gisèle Celan- de Celan, étaient également au rendez-vous. Jean Staro- kers » et des banques se lence : choisie par Xu Xi, chinoise ziller Inc. Lestrange constitue une forme singulière binski, empêché d’être présent, avait fait parvenir une prend de passion pour la d’origine indonésienne, ou par b Prix. Diane de Margerie a rempor- d’événement. En premier lieu d’un point de longue et belle lettre, où il explique notamment que la littérature. Après l’orga- Goh Poh Seng et Kirpal Singh, de té le cinquantième prix Prince Pier- vueL éditorial : parue simultanément en français aux édi- force que le poème transmet a pour contrepartie l’ex- nisationL de soirées de poésie, et Singapour, mais aussi pour un re de Monaco, d’un montant de tions du Seuil et en allemand chez Suhrkamp, cette édi- trême exposition de son auteur. Starobinski commente la création de nombreux cercles nombre croissant d’auteurs 100 000 francs (15 245 ¤), pour l’en- tion est un modèle d’exactitude et de souci des faits également la lettre que Celan lui a écrite en 1965, sans et revues littéraires, Hongkong a vivant au croisement de trois ou semble de son œuvre. L’écrivain (« Le Monde des livres » du 9 mars). Mais l’événement l’envoyer (elle figure dans le tome II), pour lui deman- organisé à la mi-mai son premier quatre frontières différentes. algérien résidant en France Salim est aussi de nature plus obscure, encore difficile à cer- der de l’aide dans une orientation psychiatrique. Yves Festival international de littéra- Une ville qui se pose souvent Bachi a obtenu le Prix de la découver- ner : lire Celan en poèmes et en vie, penser différem- Bonnefoy, de son côté, a rappelé une série de souvenirs ture, sponsorisé par le géant de manière obsessionnelle des te de la Fondation Princesse Gra- ment l’œuvre, non plus comme constituée des seuls tex- de ses multiples rencontres avec le poète, avant d’insis- financier Standard Chartered. questions sur son identité est un ce, d’un montant de 80 000 francs. tes publiés, mais tissée, aussi, dans le quotidien d’un ter sur le fait que le geste fondamental de Celan était Les invités d’honneur étaient le endroit idéal pour jouer ce rôle Le Grand Prix littéraire des lectri- amour intense et pour une part impossible. Cette nou- de tenter d’empêcher l’anéantissement de la parole romancier sino-britannique, né à de carrefour. Comme le dit Timo- ces de Elle a été attribuée à L’Evangi- velle perspective, qui n’a pas fini de susciter des tra- que le nazisme avait préparé après celui des corps. Hongkong, Timothy Mo et le Sri- thy Mo, qui passe sa vie entre les le selon Pilate d’Eric-Emmanuel Sch- vaux multiples, une journée de réflexion et de débats, Parmi les lectures proposées, celle de Carlo Ossola, Lankais Romesh Gunesekera, Philippines et la Thaïlande, mitt (Albin Michel) et au Portail de organisée à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, professeur au Collège de France, a insisté sur le « sans accompagnés par des révélations « dans cinquante ans il n’y aura François Bizot (La Table ronde). dimanche 27 mai, a commencé à l’explorer avec un fond » (Ungrund) chez Celan, et sur sa volonté de se littéraires comme Hsu-ming Teo, aucun doute sur ceux qui sont les Andrée Chedid a reçu le premier rare bonheur. soustraire définitivement à l’horizon de Heidegger en chinoise de Malaisie naturalisée vrais protagonistes de notre épo- Grand Prix du roman des lectrices La qualité de cette rencontre tenait d’abord à la parti- refusant les « chemins qui ne mènent nulle part ». Julia australienne, et Lau Siew Mei, que : ce sont les sans-papiers, les de Côté Femme pour son roman Le cipation de ceux qui ont permis à ces volumes d’exister, Kristeva a conclu elle aussi un exposé particulièrement australienne originaire de Singa- clandestins, les immigrés. C’est sur Message (Flammarion). Le Prix des à commencer par Eric Celan, le fils du poète, que des brillant par l’opposition de Heidegger et de Celan, mon- pour. leur expérience que doit se cons- Maisons de la Presse a été décerné dizaines de lettres ne cessent d’évoquer, et par Ber- trant que le philosophe choisit d’habiter, alors que le Deux mondes littéraires se truire la littérature contemporai- à Frédéric H. Fajardie pour Les Fou- trand Badiou, qui a parachevé un travail impression- poète, « étranger radical », a pour mot d’ordre de seule- côtoient à Hongkong sans trop se ne, celle qui veux privilégier les lards rouges (Jean-Claude Lattès) et nant de notes et de mises en contexte. Tous deux ont lu ment « tenir », dans la mesure où la poésie est « une rencontrer : la littérature en lan- vrais thèmes nouveaux de notre le Prix Sciences Aujourd’hui à Pier- un choix de lettres permettant de mettre en lumière le tension tenue dans la fragmentation des langues, des gue chinoise et celle en anglais. époque ». re Potier et François Chast pour Le cheminement suivi par ces missives passionnées. Mau- êtres et de la solitude extrême ». La littérature en langue anglaise La littérature veut regarder et Magasin du Bon Dieu (Jean-Claude rice Olender, qui a édité cette correspondance dans la Sans doute n’est-ce qu’un premier et bref périple est le fruit d’une population mix- analyser ces mouvements en lais- Lattès). Le Prix Alain-Fournier a été « Librairie du XXIe siècle », qu’il dirige, et qui avait orga- dans cette non-terre que le poète lui-même dénom- te, multiculturelle, et profondé- sant une fois pour toutes de côté remis à à Adeline Yzac pour son nisé cette journée, a insisté pour sa part sur la proximi- mait « célanie » et qui est en un sens indéfiniment loin- ment internationale. Hongkong le « politically correct » et les pré- roman Le Dernier de la lune, paru té de Celan et de Kafka, sur leur « langue mineure », taine. Cet éloignement serait à rapprocher de la souf- veut devenir un carrefour asiati- jugés libéraux. Avant tout, aux éditions du Rouergue. comme disait Deleuze. Celan l’écrivait à sa femme à france de Gisèle de ne pouvoir partager la vie de Paul, que de la nouvelle littérature vis-à-vis de la culture chinoise : Düsseldorf en septembre 1955 : « La langue dont je fais que Lydia Flem a rappelée : « Je souffre beaucoup de anglaise, loin des restrictions poli- « C’est une culture oppressive, qui, mes poèmes ne dépend en rien de celle que l’on parle ici n’être pas capable de partager avec vous tout ce que vous tiques qui pèsent sur Singapour même en littérature, empêche un A NOS LECTEURS ou ailleurs. » lisez, ressentez, vivez… J’ai parfois l’impression que je ne et la Malaisie et du chauvinisme développement individuel », com- b En raison d’impératifs techni- Parmi ceux qui ont fait ce grand livre, on n’oubliera serai jamais qu’une spectatrice (de poulailler, dernier « blanc » australien ou améri- mente Timothy Mo, qui n’a pas ques, le supplément « Le Monde pas Philippe Blaizot, préparateur aux éditions du Seuil, rang) de votre vie. » Peut-être devrions-nous en dire cain, et loin, également, du rôle peur de déclarer qu’il « déteste » des livres de poches » sortira qui a livré sur le sens et les paradoxes de son métier autant de l’œuvre. Mais le voyage se poursuit. central de l’Inde, jugée parfois éli- la culture chinoise. avec « Le Monde des Livres » une méditation à la fois subtile et sensible. D’autre R.-P. D. tiste. L’anglais s’impose comme Ilaria Maria Sala jeudi 7 juin daté vendredi 8 juin.

te, 75011 Paris ; rens. : entrée 30 F [4,57 ¤] ; rens. et réserva- AGENDA 01-47-00-31-61.) tions : 04-78-27-02-48.) b DU 1er AU 4 JUIN. POÉSIE. A b LE 6 JUIN. SEXUALITÉS. A b LE 7 JUIN. WALSER. A Paris, Rodez, se déroulent les Journées de Paris, dans le cadre du « XXe siècle Martin Walser donnera à la librairie la poésie, au cours desquelles sera des historiens », la Bibliothèque Arts et littérature une lecture de son rendu un hommage à René Char, nationale de France propose une dernier livre Une source vive (Robert avec la participation de Paul Veyne conférence autour du thème « His- Laffont). (De 18 heures à 20 heures, et Jocelyne François. Egalement au toires de sexualités », dirigée par 120, boulevard du Montparnasse, programme : une exposition « Voi- Michelle Perrot. (A 18 h 30, site 75014 Paris ; rens. : 01-43-20-63-70.) sinages de René Char », et une évo- François-Mitterrand, grand audito- b LE 7 JUIN. PSAUMES. A Paris, cation d’Antonin Artaud, de Thierry rium, quai François-Mauriac, 75013 pour la parution de Gloires, les édi- Metz et de Jean Senac. (Rens. : Paris ; rens. : 01-53- 79-59-59.) tions Desclée de Brouwer organi- 05-65-77-88-49.) b LE 6 JUIN. MULTICULTURA- sent une rencontre-débat entre b DU 1er AU 30 JUIN. PAUL COX. LISME. A Lyon, la Villa Gillet et Henri Meschonnic, traducteur des A Paris, l’Atelier Frank Bordas expo- la Licra proposent un débat sur Psaumes, et Philippe Sollers. (A se, dans le cadre du Mois de l’estam- « Citoyenneté, multiculturalisme et 20 h 30, auditorium Saint-Germain- pe, des lithographies de Paul Cox violence », avec Gilles Kepel, Denis des-Prés, 4, rue Félibien, 75006 pour son ouvrage Ces nains portent Lacorne et Nicolas Weill. (A 19 h 30, Paris ; rens. : 01-45-49-61-92.) quoi ? (Seuil). (2, rue de la Roquet- 25, rue Chazière, 69004 Lyon ; b DU 8 AU 17 JUIN. EURO-ARA- BE. A Paris, la 6e édition du Salon euro-arabe du livre, qui accueille cette année les Emirats arabes unis en invité d’honneur, propose un col- loque, « Littératures du monde, fin des littératures nationales ? », et se consacre particulièrement à la litté- rature destinée à la jeunesse. En fin de manifestation, remise du Prix de la meilleure traduction de et vers l’arabe. (Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris ; rens. : 01-40-51-39-13.)