Double page précédente : carte postale du lavoir de Saint-Sauveur-sur-École. De gauche à droite : non identifiée, Mme Duchon, Mme Bertouille, non identifiée, Mme Lhuillier, Mme Hélène Quinton, née Lhuillier, fille de la précédente, Mme Ernestine Rognon, Mme Berthier, dite Cassepot. Cette identification a été faite grâce à : Mme Robert Legain, née Fillol, Mlle Simone Quinton, fille de Hélène Quinton, Mlle Carmen Lemelle, les 24 et 26 avril 1988.

Couverture : Aquarelle de Robert Frühauf, blanchisseuses au pont de Valvins, à Vulaines, près de . La couverture du Tome II est une aquarelle exécutée d'après une carte postale ancienne. Les blanchisseuses de Valvins-Vulaines étaient employées par M. et Mme Hubert, propriétaires-exploitants du bateau-lavoir établi dans les années 1900 sur la rive droite de la Seine, en aval du pont de Valvins. Le linge des « pratiques » était lavé au bateau, coulé dans la grande lessiveuse à leur maison située sur la rive, quai Mallarmé, puis rincé au bateau, séché en été sur les haies et les étendoirs, repassé à la maison. Il était enfin livré par voiture à cheval dans les hôtels, châteaux et maisons aisées de Fontainebleau et des environs. Dans les années 1920, M. et Mme Hubert firent construire une blanchisserie importante équipée de machines à laver mécaniques située au 14, quai Mal- larmé. Celle-ci fut malheureusement détruite par les bombardements sur le pont en 1945. HISTOIRE D'EAU en Seine-et-Marne

—Tome 2 — C 1988, Editions Amattéis - 77350 LE MÉE-SUR-SEINE ISBN : 2.86849.050.6 Hélène FATOUX

HISTOIRE D'EAU en Seine-et-Marne

—Tome 2 —

Culte des fontaines, des sources, des puits, les sources minérales, les thermes et bains publics, les blanchisseuses, la lessive, les grands lavoirs.

Editions AMATTEIS 77350 LE MÉE-SUR-SEINE 1988

CHAPITRE 1 Culte des sources, des Fontaines, des Puits.

Proverbe« « Quandtu chinois. bois l'eau, pense à la source »

1 - Les sources : 7 Elles semblent remonter à l'origine des choses et sourdre naturellement dans des endroits isolés, sous les ombrages des bois, sur le flanc des collines. L'eau, dans laquelle nous ne voyons qu'un phénomène géologique naturel, était pour le primitif, puis plus tard pour le croyant, une force douée d'une grande portée spirituelle. Toutes les foules, à toutes les époques, depuis les temps les plus reculés, ont été sensibles aux « miracles de Veau» qui évoquaient toutes sortes de traditions frappantes. Presque toutes les religions du monde, ont pratiqué les lustrations sacrées : bains ou aspersions se retrouvent en Chine, en Inde, à Babylone, en Perse, en Egypte, en Grèce. Nous trouvons, le rite du bain de purification dans la religion égyptienne d'Isis ; dans l'Ancien Testament, le prophète Isaïe exhortait le peuple à se purifier l'âme par le bain. Dans la religion israélite, (où les ablutions étaient nombreuses), certains jours, pour les fonctionnaires du Temple de Jérusalem, le bain rituel « le mikwek» se multipliait à l'instar des bénédictions pour la fête du « kippour » où le grand prêtre devait en prendre dix plus solennels au nom du peuple. D'autres cérémonies de purification par l'eau se retrouvent en maints pays et accompagnaient l'affranchissement d'un esclave, l'effacement d'une tache sym- bolique sur le front en Asie Mineure ou « le bain de purification » en Mésopotamie. Les Celtes croyaient en une vertu divine qui résidait dans les forces naturel- les : les sources, les arbres. Le rôle des légendes était considérable. De tout temps, la tradition orale, puis écrite, a transmis le respect ou la crainte qu'elles inspi- raient, en raison de leur origine merveilleuse. Le peuple était encore persuadé que beaucoup de sources pouvaient exercer une influence sur la destinée, sur les éléments et les affections des êtres, sur la santé ou la maladie des hommes et des animaux. René Dussaud, dans l'Introduction à l'Histoire des Religions, nous dit : « Les sources ont été naturellement comme le réceptacle d'une force vitale particulièrement puissante et féconde ». « Le culte des sources a partout été très actif. Elles manifestaient leur puissance par des prodiges, elles accueillaient ou refusaient les offrandes suivant que celles-ci allaient au fond ou surnageaient... elles guérissaient », écrit René Blaise, dans le Bulletin Folklorique d'Ile-de-. « Le peuple les consultait comme des espèces d'oracles ; on allait accomplir sur le bord des sources ou des fontaines, des actes que nous sommes nous, loin de connaître tous. » Le rayonnement bienfaisant d'une source enveloppait généralement tous ceux qui vivaient dans son ambiance. Cette conviction existait dans d'autres cultes naturels, plus ou moins christianisés, sans oublier la croyance en la propriété des eaux thermales, déjà exploitées depuis bien des siècles. L'eau fut l'élément du premier sacrement chrétien. Le christianisme naissant a souvent pratiqué le baptême dans des grottes ou des cryptes à usages anté- rieurs. Le rite du baptême devait être célébré par immersion, dans une eau courante, fleuve, source, piscine ou à défaut, en versant simplement de l'eau sur le front, comme on le fait de nos jours. Jean-le-Baptiste, baptisa sur les bords du Jourdain, puis durant la période chaude, dans le pays de Scythopolis, où il y avait de belles fontaines dites « sources de la paix» (d'après Daniel Rops : Histoire de l'Eglise).

-001- Baptistère datant du IVe siècle de notre ère, à Aix-en-Provence, dans la cathédrale Saint-Sauveur, qui fut construite sur une ancienne chapelle au XIIe siècle. Quelques marches sont visibles sur la photographie, elles permettaient au « catéchumène » de descendre dans le baptistère où arrivait une source canalisée. A l'extrêmité opposée, un orifice situé dans le fond de la cuve, laissait l'eau s'écouler dans une autre canalisation. La cérémonie se déroulait pendant la nuit pascale, (en Orient, c'était à la Pentecôte). On baptisait également à Noël, qui était alors la fête de l'Epiphanie. : 8 (Photo Fatoux) -002- Cuve baptismale du XIIe siècle à , canton de Moret-sur-Loing. Le village est situé sur la rive gauche de la rivière Orvanne ; il est adossé à la butte qui porte le nom de « Butte de Dormelles » et culmine à 136 mètres, au signal de « Montaigu ». La région est boisée et marécageuse. Dormelles est d'origine pré-celtique, dont le nom signifiait ' « Forteresse sur la colline ». La commune tire son nom de l'un de ses seigneurs : Ancel de Dormelles. L'église construite au xir siècle sur l'emplacement d'une chapelle est dédiée à Saint-Martin ; elle fut reconstruite au XVe siècle, à la fin de la Guerre de Cent Ans, ainsi que de nombreuses églises du département. Son clocher de forme quadrangulaire est massif ; à l'intérieur une statue polychrome du XVe siècle de Saint-Martin est portée sur 9 une saillie du pilier, à gauche du chœur, (d'après : Promenade en Gâtinais, opus cité) Dans cette région, l'anticiclinal de « Villemer » a fait affleurer des couches géologiques profondes. A la base de la Butte se trouvent superposés, le calcaire de Brie, Tes sables et tes grés stampiens et au-dessus, le sable plus grossier de Sologne. Les Buttes de Flagy et de Dormelles, les Bois de la Montagne Guérin (156 m), sont des sites recherchés par les botanistes et les entomologistes. Pour terminer notre promenade à Dormelles, j'ajouterai que la route monte très raide en lacets, pour arriver à ce joli village où quelques habitants très aimables ont renseigné « la chercheuse » que j'étais ! (Photo Patrick Loison)

-003- Cuve baptismale en forme de corps humain, composée de deux cuves adhérentes, dans l'église de Verdelot, canton de , datant du xir siècle. (Photo Fatoux) -004- Cuve baptismale double, en forme de corps humain, datant de la fin du XIIIe siècle à l'église de Saint-Loup-de-Naud, canton de . (Photo Fatoux)

10 -005- A Sablonnières, dans l'église Saint-Martin, datant du XIIe siècle, la cuve baptismale du xive siècle, est circulaire, raccordée par une margelle octogonale décorée de feuillages, d'animaux et de personnages naïfs. (Photo Fatoux) -006- A Douy-la-Ramée, can- ton de Lizy-sur-Ourcq, village d'une assez haute antiquité, dont l'église actuelle ne date pas de ptus de trois cents ans, a pourtant un baptistère très an- cien à double cuve adhérente, il est de forme octogonale sans aucune décoration extérieure. (Photo Fatoux)

-007- Chambry, canton de : cuve baptismale du XVe 11 siècle. (Photo Fatoux) -008- Le village de Doue, canton de Rebais, se trouve situé au pied d'une petite montagne, communément appelée « La Butte de Doue », dite « La Garenne ». C'est une des rares éminences du plateau de Brie ; on a retrouvé des traces d'occupation humaine contempo- raine de la période néolithique. Sur la partie nord-ouest de la Butte, exploitée pour son sable, les fouilles ont permis de dire que celle-ci récèle des sites superposés de la période gauloise, puis gallo-romaine, (trouvailles et fouilles de M. Garnier, écrit M. L. Fontaine : 12 « La Brie Chapenoise » opus cité). L'église de Doue fut construite au XIue siècle, sur l'emplacement d'un oratoire, sur le sommet de la Butte, et dédiée à Saint-Martin. La légende raconte que saint Martin, passant à Doue, aurait fait démolir un temple païen construit au sommet de la Butte, pour construire un oratoire, qui lui fut dédié. La légende raconte aussi que « la Fontaine de Doue » était appelée « Fontaine de Saint-Martin » (Roger Lecotté, opus cité). L'église de Doue a connu plusieurs restaurations au cours des siècles ; elle est depuis vingt-cinq ans à nouveau restaurée, par tranches successives, dans la nef et les bas-côtés. Les fonts Daptismaux en pierre, de forme triangulaire, datent du XIIIe siècle, ils furent autrefois à double cuve adhérente en fonte, dont il ne reste que la margelle et la simple cuve en pierre couverte d'un couvercle en cuivre articulé en son milieu afin de permettre l'ouverture sur l'une ou l'autre des deux cuves. Une particularité de cette cuve, elle est munie extrérieurement d'un bec en pierre, où l'on devait mettre le sel. Chacune des faces portait un blason sculpté des seigneurs de Doue, des seigneurs d'Harville des Ursins ; ces blasons furent dégradés pendant la Révolution, mais portent encore l'empreinte sur la pierre. (Photo Fatoux)

A Provins, dans l'église Sainte-Croix située dans la ville basse, près du Durteint et fondée vers le xne siècle, existe à gauche en entrant une cuve baptismale ornée de sculptures de pierre, qui fut offerte vers 1233 par Margue- rite de Sergines, noble et riche Provinoise. Il ne m'a pas été possible de prendre la photographie, l'église étant fermée à cause des travaux. -009- Les fonts baptismaux de l'église paroissiale de Blandy-les-Tours, dans le canton du Châtelet-en-Brie, sont classés au catalogue inventaire des Monuments Historiques ; ils dateraient du xvme siècle. Tout en bois de chêne sculpté, ils sont à double cuve adhérente ; tout porterait à croire qu'ils sont beaucoup plus anciens... (Photo Fatoux) 13

2 - Pénétration du christianisme.

« Le christianisme a placé la charité comme un puits d'abondance dans les déserts de la vie. » CHATEAUBRIAND.

Dans la Gaule du nr siècle, sous l'impulsion des sept évêques envoyés par Rome sur la terre gauloise, se multiplièrent les évêchés. Il y en eut désormais une douzaine. La pénétration du christianisme fut alors générale en Gaule. Les villes et leurs habitants restèrent très en avance sur les campagnes. Celles-ci opposèrent une résistance à l'évangélisation car elles étaient difficiles d'accès, fortement attachées à leurs mythes, à leurs vieilles croyances et à leurs superstitions qui avaient des racines profondes parmi le peuple, ainsi qu'à leurs antiques rites naturistes. Par ailleurs, il faut se rappeler que les formes officielles du culte de l'Empire romain, avaient dû elles-mêmes s'adapter à cet état de fait. Le christianisme mit plusieurs siècles à disloquer ces « bastions » de résis- tance. Le passage des sources et fontaines sous vocable chrétien est un phénomène des premiers siècles du Moyen Age. En règle générale, il s'est opéré par l'inter- médiaire d'un édifice religieux, chapelle ou église, et par les grandes abbayes, dont on peut dire qu'elles furent nombreuses dans notre département. Ce fut par elles que nous ont été transmis les messages des sciences connues dans l'antiquité. Les moines de ces grandes abbayes avaient assez de connaissances médicales, pour saisir l'importance du rôle guérisseur de l'eau de certaines sources. Ils leur donnèrent un nom de saint pour canaliser la reconnaissance des malades. Les grandes abbayes s'installèrent là où des foyers importants de paganisme existaient, pour cristalliser la dévotion populaire dans un nouvel élan de la foi. L'Eglise s'efforça de donner un vernis chrétien aux fontaines, en substituant leur nom ancien (celui des divinités topiques qui y présidaient), au nom des apôtres de la Gaule et à ceux des saints locaux célèbres par leurs miracles. Les légendes dont les sources et les fontaines étaient l'objet, se transformèrent aussi. De leur mélange avec l'élément chrétien naquit la légende locale des fontaines. La fontaine sainte était par son vocable l'émanation d'un culte officiel local et son reliquat fut tenace. M. Roger Lecotté, a pendant de longues années, fait une recherche appro- fondie sur les cultes populaires dans notre département, publiée en 1953. Il a recensé quelques 200 fontaines liées à un saint. Voici des exemples à propos de ces fontaines-sources : - 27 sources guérissaient des fièvres, - 19 s'enrichissaient du patronnage de 19 saints, 7 sources, sous le patronnage de 7 saints guérissaient les maux d'yeux, - 14 sources sous le patronnage de Notre-Dame, guérissaient toutes les 14 maladies, - 90 sources, soit 57 %, étaient l'objet d'un pèlerinage ou d'un culte et parmi elles, 45 comportent ou ont comporté un pèlerinage à la fontaine .... - d'autres sources avaient des propriétés curatives variées, contre la stérilité, favorisaient le mariage ou la virilité... Il est sûr que toutes les sources connues comme ayant des propriétés curati- ves, ne furent pas sacralisées et n'ont pas été recensées, mais beaucoup sont connues « des anciens ». Il y aurait également beaucoup à dire sur la toponymie concernant les noms des sources. Parmi les documents consultés, nous trouvons : Fontaine-Couverte, Fontaine-la-Ramée, Croix-Fontaine, Fontaine-du-Dy, Fontaines-les-Nonnes, Fontaine-la-Reine, , Fontenailles, et j'en oublie, sans parler des suffixes et autres noms les identifiant. Nous allons parcourir le département à la recherche de quelques unes de ces sources, qu'elles aient été sacralisées ou non, sans faire pourtant une étude approfondie de la part « paganisme» et de la part « christianisme», mais en étant plutôt l'écho du passé. Le XXe siècle a peu à peu éteint nombre de convictions populaires relatives aux sources sacrées. Les progrès médicaux et pharmaceutiques, la publicité faite par les médias, les facilités de déplacement (train, automobile), sans oublier l'évolution des esprits et la déchristianisation de nos campagnes et de nos villes, ont contribué au déclin des sources et des grands pèlerinages, ainsi qu'à leurs processions vers les fontaines. Certaines ont pourtant survécu ; nous en parlerons au cours de notre promenade. La carte des sources portant un nom de saint, dressée par M. R. Lecotté, donne une idée plus précise de leur établissement. 15

-010- Carte des sources sacrées, dressée par M. Roger Lecotté. 3 - Culte des sources-fontaines sacrées Culte de Saint-Martin. C'est vers l'an 338, qu'arriva en Gaule un jeune soldat romain du nom de Martin. Il était né en Pannonie, la Hongrie actuelle, d'un officier païen. Converti à l'âge de dix ans, Martin, à quatorze ans rêvait de se consacrer au Christ, quand son père le fit s'engager. La vie des camps ne porta point atteinte à son idéal, au contraire. Un jour, à Amiens où il tenait garnison, Martin, un soir d'hiver glacial, rencontra un mendiant qui grelottait dans l'aigre bise picarde. Il coupa de son épée « sa chlamyde rouge » et, en donna la moitié au miséreux. La nuit suivante, jésus lui apparut portant ce morceau de manteau que le jeune catéchumène avait offert pour « son Amour ». Baptisé, mis en congé sur sa demande, Martin allait suivre sa vraie route, obéir à sa vocation. Sa chance fut d'avoir pour maître « la lumière de l'Eglise gauloise, l'Athanase de l'occident : Saint Hilaire de Poitiers. » Vivant dans son entourage, il progressait en sainteté, quand un remords de conscience le prit : « Avait-il le droit d'abandonner au paganisme ses parents et ses amis de Pannonie ? » Il s'en retourna vers le Danube, convertit sa mère, vécut la vie d'ermite dans une île Ligure, puis rejoignit saint Hilaire en Gaule et entreprit désormais cette grande œuvre des fondations monastiques et des missions paysannes dans toute la Gaule. Dans ce siècle de la paix et de sa grande extension en Occident comme en Orient, il connut une popularité telle qu'aucun saint —hormis la Vierge — peut-être, ne put jamais en terre de Gaule, rivaliser avec la sienne. Il a fait des miracles grâce à sa prière, car il fut le saint du terrain, du tout venant. Dans les faits, dans le concret et le quotidien, il inséra le ferment qui devait lever et transformer l'homme. Il marchait sur les chemins gaulois, non pas sur les voies romaines, à dos d'âne ou de mulet. Sa prédication coïncidait avec l'effritement de l'empire romain, où « le pagus » retrouvait sa vie propre. Sa route était 16 jalonnée de petits villages. Il allait vers le peuple, avec quelques compagnons, s'arrêtait au hasard des rencontres de paysans restés païens, plantait des jalons qui allaient devenir les futures paroisses et y laissait un compagnon-moine, qui devenait leur premier curé. Saint Hilaire meurt et Tours réclame Martin pour le faire nommer évêque, car il a la réputation d'être un saint, un apôtre merveilleux, un guérisseur. Mais, il continue à vivre dans le privé, l'existence de moine dans l'abbaye de Marmou- tier, à quatre kilomètres de Tours, lorsqu'il revient de ses missions. Il meurt en l'an 397 pendant une de ses tournées à Candes. Plus de quatre mille églises paroissiales sont encore sous son patronage, quatre cent quatre vingt-cinq bourgs ou villages portent son nom, dans notre pays. En Seine-et-Marne, où sans nul doute saint Martin a cheminé vers Reims et vers Sens, le culte rendu au saint était tel, que l'on ne trouve pas moins de vingt fontaines aux vertus curatives, des sources, parfois deux par commune, sous sa protection. Quant aux chapitres, aux prieurés, chapelles sous son vocable, on en dénombre plus de quarante dans le département ; sans compter les villages, prés, forêts, fermes, croix, attestant de son passage ou du renouveau du culte du peuple pour saint Martin entre les VIne et XIe siècles. A l'époque où saint Martin prêcha le christianisme, les sources étaient un accessoire obligé des oratoires de la Gaule. Ces derniers, ainsi que les fontaines qui les avoisinaient le plus souvent, étaient le but de pèlerinages publics ou isolés, mais incessants. 17

-011- Carte du culte de Saint-Martin, indique l'importance du culte et de la dévotion rendue au saint dans notre département de Seine-et-Marne. (Extrait de l'ouvrage de M. R. Lecotté : Recherches sur les Cultes Populaires dans l'actuel diocèse de Meaux). LA SOURCE DE SAINT MARTIN,

Au détour d'un long chemin Qui mène depuis ce matin, Par monts et par vaux, le pèlerin, Appuyé sur son gourdin, Seul son instinct, Lui fait entendre le son cristallin, De ta source bénie de Saint-Martin, Flanquée de deux peupliers anodins. Au-dessus de ce don divin, Il se penche et se désaltère sans fin, De cette eau douce comme du satin, Puis, il rend grâce à Saint-Martin. La légende raconte qu'un jour le saint, Fatigué, assoiffé, sur ce chemin, Frappa le talus de son gourdin, Aussitôt, jaillit ce don divin. Vous qui passez, contemporains, Paysans ou citadins, Faites une halte à la source cachée à dessein Et, sans dédain, Invoquez le nom du saint. Abreuvez-vous, pauvres humains, Vous en partirez plus sereins, Ceci est certain... Hélène Fatoux -1984-

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Tel est le rayonnement bienfaisant d'une source sacrée ! Il s'agit ici de la fontaine Saint-Martin à Vaudoy, canton de Rozay-en-Brie : L'enquête menée par René Blaise en 1955, publiée dans le Bulletin Folklori- que d'Ile-de-France, au sujet de cette fontaine fut difficile : « Cependant, un ancien agriculteur élevé à la ferme de Courtanel, nous a fait savoir », écrit-il dans ce Bulletin, « que dans son enfance une chapelle s'élevait à cet endroit. Il se souvenait même des processions, des petites fêtes religieuses... » « Que vient faire ici saint Martin ? » Les recherches que René Blaise "effectuées par la suite, font ressortir qu'en 1050 fut fondée à Pontoise, une abbaxe à la tête de laquelle on mit un religieux de Rebais, saint Gautier. En 1080, des seigneurs de la Brie firent don à cette abbaye de diverses terres, dont l'une à la Buhotière-en-Brie, sur le territoire de Vaudoy. En 1092, un prieuré y fut établi par les moines de Pontoise, sous le vocable de Saint-Germain, patron de l'abbaye. C'est précisément en 1092 et 1093, que la dévotion à Saint-Martin se manifesta à Pontoise. Elle prit une telle ampleur, que le monastère associa d'abord les deux saints, puis élimina saint Germain et le prieuré passa sous le vocable de Saint-Martin, d'où la fontaine dédiée au saint. 19

-012- La dévotion à Saint-Martin s'est également manifestée à Thorigny, canton de Lagny, où l'église datant du XIIIe siècle, est sous le titre du saint patron fêté le 4 juillet. Elle est située place du Général Leclerc où se dresse la statue du saint évêque du haut de son socle ; la fontaine coule dans un bassin circulaire. Cette fontaine pourtant sacralisée, n'a jamais connu de pèlerinage. Au début du xixe siècle, l'eau de la fontaine coulait dans une auge devant les maisons, venant de la source Saint-Germain. L'ensemble constituait une servitude pour le château de Thorigny, qui était également alimenté par cette même source. Le partage des eaux entre la fontaine et le château, s'effectuait dans un regard en maçonnerie fermé à clef ; c'était une petite construction qualifiée de « misérable » alors qu'ellee Thorigny-sur-Marne de était sur le point de », disparaître,1984). Ce fut(d'après l'un l'ouvragedes propriétaires écrit par M.du Eberhartchâteau, « leLes comte Rues Tyskieswick, de nationalité russe, gentilhomme de la Chambre de l'empereur Alexan- dre II, qui fit ériger la fontaine Saint-Martin, l'auge où coulait la source Saint-Germain a disparu, et l'eau fut canalisée jusqu'à la nouvelle fontaine. Une statue de saint Martin en fonte sur un socle important la surmontait. Elle fut rapportée par le grand'père de Mme Gillon, membre du Comité Départemental du Patrimoine, au retour d'une de ses livraisons de vin à Paris. La fontaine fut bénie le 4 juillet 1866, le jour de la Saint-Martin d'été et ainsi sacralisée. Une plaque commémorative fut apposée sur le socle. L'eau de la source Saint-Germain fut malheureusement tarie il y a une dizaine d'années. Elle passait sous terre en-dessous du passage des Ecoles ; les riverains n'y attachèrent pas d'impor- tance, son lit fut obstrué et peu à peu le cours de l'eau de la source se trouva dévié. Quant à la statue, au soir du 26 janvier, une voiture « enfonça » la fontaine, sous le choc la crosse du saint évêque fut cassée et la plaque en marbre commémorative disparut. La crosse, remplacée par la suite n'est qu'une pâle réplique de la précédente ! (entretien avec Mme Philippe, Présidente de la Société Echange et Culture à Thorigny, juillet 1987). (coll Amatteis) 20 -013- Statue équestre Saint-Martin à Doue. « Sous le clocher-porche, l'entrée principale de l'église de Doue, dans le même canton, conserve encore sa porte médiévale à panneaux de bois sculptés. Elle est surmontée du côté de la nef, par une statue équestre en pierre polychrome du XVIIe siècle représentant Saint-Martin se préparant à couper son manteau pourDoue le», éditéepartager par avec l'Association un pauvre pour ». (extraitla Sauvegarde de la Brochure de l'église « deL'Eglise Doue, Saint-Martin1984). de J'ajouterai quel'épée de Saint-Martin manque, ayant été brisée. (Coll. Association pour la Sauvegarde de l'église de Doue)

-014- Statue équestre Saint-Martin à Sablonnières, canton de Rebais, il y avait une fontaine Saint-Martin, où l'on allait encore en pèlerinage à la fin du xixe siècle. L'église dédiée à Saint-Martin date du XIIe siècle, en ce qui concerne le carré du transept et le clocher. La statue équestre du saint datant du xiir siècle, en pierre tendre, se trouve dans une niche extérieure de l'église, au-dessus de la porte latérafe sud. Elle fut classée par les Monuments Historiques en 1908, un grillage la protège des actes de vandalisme éven- tuels. (Photo Fatoux) Chalautre-la-Petite, dans le canton de Provins, est située entre Hermé et Provins. Le ruisseau des Méances, qui prend sa source sur le territoire de la commune, au lieu-dit « Fontaine Saint-Martin », à l'est du village, sur la route de , traverse le pays dans toute sa longueur. « Cette eau, ainsi que celle de nombreuses sources qui se trouvent dans le pays même, est légèrement ferrugineuse. On trouve du minerai de fer dans certaines parties du territoire de la commune, ainsi que des carrières de craie, de pierres et de glaise » (L. Michelin : Essais Historiques en Seine-et-Marne, opus cité). La fontaine Saint-Martin est le trop plein des sources du ruisseau des Méances. Celui-ci ne se jette pas dans la rivière de la Voulzie, ainsi que l'attestent quelques écrits, mais coule parallèle à cette rivière, et va se jeter dans la Seine, à Saint-Sauveur. Il n'y eut aucun pèlerinage connu à la fontaine. Alors, pourquoi « La fontaine Saint-Martin » ? Peut-être fut-elle sacralisée, lors du renouveau de la dévotion à Saint-Martin au XIe siècle ? Par ailleurs, l'église datant du XIIe siècle est sous le vocable de Saint-Martin, ainsi que le prieuré simple qui est attenant, dont les moines suivent la règle de Saint-Benoît. A l'intérieur de l'église, on peut admirer Saint-Martin : une statue équestre de bois sculptée dans un seul bloc. M. Gaillard, maire de la commune m'a renseigné, sur les changements survenus sur les lieux de la fontaine Saint-Martin où l'eau fut captée en 1954 et alimente depuis, la commune et le casernement du 2e Régiment de Hussards à Sourdun. La station de pompage a remplacé la fontaine Saint-Martin ; son eau toujours fraîche, ne gelait pas en hiver, mais n'avait pas de qualités curatives particulières. La source, ou plutôt la nappe d'eau et ses résurgences, viennent du plateau de Langres. Citons encore une commune où la dévotion à Saint-Martin fut et reste très 21 vivace : Moisenay, canton de Châtelet-en-Brie. La monographie écrite par Charles Richard en 1959, « Moisenay à travers dix siècles d'histoire », nous offre deux possibilités pour expliquer l'origine du nom de la commune : le vieux mot « Moïse » qui, il y a bien longtemps désignait une terre humide, à proximité d'une rivière, et le mot ancien « Moison ou Moyson », qui correspondait à notre « Moellon, Moisenay », pays de pierres, la meulière. « Moisenay est située sur le plateau briard, à la lisière de Vaux-le-Vicomte, dominant les pentes de l Ancœuil couvertes de bois humides, au nord-est de . » D'après les documents consultés par M. Richard, on peut dire qu'à Moisenay, un ensemble de constructions à usage d'habitation et ses dépendances, connu sous le nom de l'ancien couvent Saint-Martin-des-Champs, était encore occupé au moins au XIIIe siècle par les moines de ce célèbre prieuré de Paris. Des vestiges ont été mis à jour qui confirment les écrits. « Au XVIIe siècle, ce qui restait dépendant du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, passa aux chanoines de Saint-Laurent de Sens, par rachat. Ils furent vendus comme Biens Nationaux en 1793 et profitèrent principalement aux laboureurs, cultivateurs de Moise- nay, nouvellement enrichis et sont à l'origine de la petite propriété. » L'église de Moisenay a naturellement pour saint patron, Saint-Martin, fêté le 4 juillet, à la Saint-Martin d'été, qui fut pendant des siècles célébrée ce jour-là dans la paroisse, le jour ayant été chômé jusqu'à la Révolution. Il commémorait ainsi la consécration épiscopale de Martin, nommé par persuasion évêque de Tours, le 4 juillet de l'an 371. A cette fête —pèlerinage —participaient jadis les moines, le clergé paroissial et les confréries locales profanes ; les réjouissances ne manquaient jamais de terminer cette journée. Ajoutons que l'église Saint-Martin date du XIe-Xne siècles, qu'elle contient toujours les reliques du saint, une statue «La Charité de Saint-Martin », un tableau-retable signé « Boisduval fecit 1775 », représentant l'évêque Saint-Martin, revêtu de ses ornements sacerdotaux, officiant dans une cathédrale, entouré de quinze membres de son clergé. Un plan datant de 1740, révèle la présence d'une source miraculeuse, dont l'eau guérissait de leur fièvre ceux qui en buvaient ; apparemment, seuls « les très anciens» de la commune, pourraient encore connaître l'emplacement. Elle était de plus située à la limite du territoire de Moisenay, près de la lisière de Vaux-le-Vicomte. Par ailleurs, la monographie de M. Richard signale la fontaine Saint-Martin alimentant le lavoir Saint-Martin, « qui fut autrefois amélioré dès 1823, avant de se présenter 110 ans plus tard, modernisé, avec une terrasse et le petit coin d'hygiène, ainsi que nous l'avons tous connu. Une source passant sous le Grand Moisenay, de faible débit, alimente le lavoir communal, la fontaine Saint-Martin, et se perd sur l'emplacement d'un ancien canal avec les nombreuses sources filtrant du coteau. » Dans les livres des délibérations du Conseil municipal, nous trouvons le 19 mai 1930, des propositions de travaux au lavoir du Grand-Moisenay, dont le devis s'élève à 14 000 F y compris la construction des cabinets avec décharge dans les eaux de l'égout de la fontaine. Après délibération, une adjudication fut décidée, le coût des travaux étant jugé trop élevé. Ces travaux furent effectués, mais nous n'en avons pas trouvé trace sur les livres des délibérations. De nos jours, le bassin du lavoir a été comblé, il est devenu Salle communale. -015- Un dernier lieu où s'est manifesté la dévotion à Saint-Martin se trouve dans le canton de Bray-sur-Seine à Fontaine-Fourches. La paroisse a comme patron Saint-Martin, la fête communale est le jour de la Saint-Martin d'été et d'hiver. Il semble qu'un pèlerinage permanent ait eu lieu jusque dans les années 1950, qui partait de l'église après la grand-messe, pour se rendre en procession à la fontaine du même nom, qui était fréquentée et renommée pour guérir toutes sortes de fièvres. Autrefois, Fontaine et Fourches étaient deux seigneuries ; dans leurs limites se trouvait le fief de la Motte-Gravoir ou Tilly. C'était près de ce fief qu'existe encore la fontaine Saint-Martin. L'eau de cette source jaillit avec force et pousse un sable très fin, ce qui la 22 rend légère et très bonne à boire. (d'après L. Michelin, opus cité et l'Almanach Historique, Topographique et Statistique de Seine-et-Marne, années 1861-1918.) Sur la carte postale ancienne, nous découvrons la fontaine Saint-Martin au premier plan ; elle est protégée par une grille sur son pourtour. Le petit bassin carré est entouré de grosses pierres ; cette fontaine remonte aux temps les plus anciens, son aspect extérieur n'a pas changé au cours des ans. L'eau s'écoule abondamment dans un petit canal aérien assez étroit et va alimenter le lavoir tout proche, où nous voyons une villageoise s'activer à sa lessive, des enfants assis et, plus près de la fontaine, deux messieurs en grande conversation. L'eau de la source donne naissance à un petit ru et va rejoindre le ruisseau Orvin qui se jette lui-même dans la Seine. (Coll. Fatoux) 23

-016- Document: Carte du culte de Notre-Dame extrait du livre de Roger Lecotté : Recherches des Cultes Populaires dans le Diocèse de Meaux. Le culte de Notre-Dame

Quand Louis XIII fut assuré de la grossesse de la reine, qui depuis vingt- deux ans priait pour obtenir l'héritier du royaume, il rendit, en témoignage de pieuse gratitude cet édit du 10 février 1638, dans lequel il déclarait consacrer à Marie sa personne, son état, sa couronne et ses sujets : « Nous enjoignons à l'archevêque de Paris, disait-il, que tous les ans, le jour de la fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand- messe, qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres dudit il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville avec pareille cérémonie que celles qui s'observent aux processions les plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises, tant paroissiales que -017- A l'entrée du bourg du Châtelet-en-Brie, la petite cha- pelle dédiée à Sainte-Reine, se dresse sur le côté de la route allant à Fontaine-le-Port. Elle surplombe du haut de son talus la fontaine où sourd le ru du Châtelet, qui se jette dans la Seine. (Photo Fatoux)

-018- La Fontaine Alice-Sainte- Reine, descendons la pente du talus 24 assez raide, puis quelques marches, jusque dans un abri cimenté où jaillit la source bien protégée der- rière une porte cadenassée, où pointe « la goulotte ». Chaque an- née le 7 septembre, « un lien fer- vent se tisse entre le bourg et Alice- Sainte-Reine qui guérissait les in- firmités inavouées que la médecine de jadis n'avaient pas encore nom- mées » (d'après Claude Cherrier « A Travers Notre Patrimoine », CDDP, Melun 1985). La sainte « guéris- seuse » devint martyre et fut décapi- tée lors de la septième persécution contre les chrétiens, que lança De- cius, empereur romain au nie siècle (Omer Englebert « La Fleur des Saints »). Ajoutons que la chapelle faisait dans les temps reculés partie d'un Chapitre « Le Clos-Sainte- Reine », (cadastre 1809) qui fut détruit. (Photo Fatoux) celles des monastères de ladite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris. Exhortons pareillement lesdits archevêques... d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement, que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés, car tel est notre plaisir. » (extrait du Tome 1 : Dom Toussaint Duplessis, Histoire de l'église de Meaux, op. cit.)

Dans le canton de Rebais, la paroisse de Verdelot perpétue un pèlerinage à Notre-Dame-de-Pitié, qui daterait du XIe siècle. Fixé de nos jours au 3e dimanche de septembre, il regroupe encore actuellement entre 600 et 800 pèlerins, jeunes et moins jeunes. La légende de « La Fontaine-aux-Fièvres », semble s'être fondue dans le pèlerinage de Notre-Dame-de-Pitié depuis 1864. Cette fontaine est située dans les bois qui couvrent la colline entourant Verdelot, le long du ru Moreau, à vingt minutes de marche environ, de l'église. Celle-ci, est elle-même juchée sur un piton rocheux. En sortant du village, sur la droite, sur un socle assez élevé, la statue de Notre-Dame, indique le point de départ du chemin vers la Fontaine- aux-Fièvres. Attention ! Grimpez toujours tout droit, traversez une route, conti- nuez à grimper dans le bois ; quand vous vous trouverez à l'embranchement de deux sentiers, surtout prenez celui de gauche, à flanc de colline. Vous arriverez enfin à un endroit un peu dégagé des grands arbres qui entourent la fontaine. C'est une petite source qui coule joyeusement dans son lit étroit. Elle est un peu protégée par un muret en pierre cimenté, surmonté d'une croix en fer ornée de rubans et de fleurs séchées, portant l'inscription : « Notre-Dame-de-Pitié ». Il y avait autrefois, écrit M. J-M. Desbordes, dans le « Bulletin Folklorique d'Ile-de- France », opus cité, un arbre au pied duquel se trouvait cette fontaine : dans un creux de cet arbre, une statue en bois très ancienne, rongée par les vers. L'arbre en question, a de nos jours disparu, abattu sans doute ; la statue fut amenée à 25 l'église et placée dans une niche du porche ; elle fut dérobée il y a quelques années ! L'eau de la fontaine guérissait des fièvres. 26

-019- Notre-Dame-de-Pitié. Sur la carte postale ancienne, la chapelle de Notre-Dame-de- Pitié. Hiératique, la Vierge-à-l'Enfant, sculptée dans un bloc de noyer, d'une hauteur de 1 m 49, est assise sur un trône byzantin (le dos de la statue fut brisée) ; elle porte sur les genoux, l'Enfant Jésus, qui semble bénir les hommes. Elle était l'image de la mère qui recevait les prières des serfs, comme celles des seigneurs. Cette statue a également son histoire, contée par M. Desbordes : « Pendant les dures années de la Révolution, la statue de Notre-Dame-de-Pitié fut cachée et enfin restituée au curé de l'église de Verdelot, en 1811. Celui-ci demanda à un agriculteur de la lui rapporter. Elle fut donc installée sur une charrette. Mais au moment de franchir « le pont des écoles », la statue devint si pesante, que le cheval refusa d'avancer. Des voisins accourus à la rescousse aidèrent à tirer 1 attelage. Mais rien n'y fit. A ce moment-là, le curé et tout le village arrivèrent en procession au-devant de la statue. Des jeunes filles s'approchèrent et, sans effort, enlevè- rent la statue, puis l'amenèrent sur leurs épaules jusqu'à l'église, dans l'allégresse générale, selon la tradition locale... » (Coll Fatoux) -020- Verdelot, Notre-Dame-de-Pitié de nos jours. La première église de Verdelot fut construite au XIe siècle, sur l'éperon rocheux qui sépare la vallée du Petit Morin de celle de la Venture. De cette église subsistent des bases de piliers et des colonnes de bois à décorations géométriques (commentaire de M. Fontaine, dans l'église). Des moines bénédictins, venant du Languedoc, fuyant les persécutions religieuses au xne-xine siècle, amenèrent avec eux, selon la tradition, la Vierge en bois de Notre-Dame-de-Pitié, envers laquelle ils avaient une piété intense, d'où naquit le culte de Notre-Dame-de-Pitié. Ils s'installèrent d'abord près de l'église, dans le presbytère ; ne trouvant pas d'eau, ils émigrèrent dans le prieuré Notre-Dame, au lieu-dit « Le Prieuré », dont il reste de nos jours quelques vestiges, qui furent restaurés par leur propriétaire. (Photo Fatoux)

27 -021- La fontaine Notre-Dame, à Germigny-sous-Coulombs, canton de Lizy-sur-Ourcq, l'eau de la fontaine Notre-Dame, guérissait les maux de ventre et plus particulièrement 28 l'entérite. Cette source sacrée a connu des pèlerinages jusqu'au xvme siècle, ils avaient lieu le dernier dimanche du mois de septembre. La Sainte Vierge est patronne du pays, mais à cause des moissons on a reculé sa fête. Une légende locale dit « qu'un curé ayant voulu déplacer la Vierge dorée, posée sur le maître-autel, une épidémie de choléra se déclara, auC'est on uneattribua source à laqui colère coule de abondamment la Madone ! » etLa se population déverse par exigea trois sagoulots, remise dansen place. un petit lavoir carré, dont le bassin cimenté est à ciel ouvert. De chaque côté, des barres à linge permettaient aux lavandières de laisser leur linge égoutter. La source est protégée par une construction carrée, couverte d'un toit à quatre pentes. L'eau qui coule claire et fraîche, n'est plus actuellement potable. (Photo Fatoux)

L'eau de la fontaine canalisée jusqu'au presbytère, maintenant l'école, où elle coulait dans un petit bassin, fut il y a quelques années, déviée par canalisa- tion jusqu'au fond de la vallée « Au Bas-Boulard » et le petit bassin bouché. Ce fut dans la même nappe d'eau que la station de pompage fut établie. Cette source donne naissance au ru du Rhône qui est souterrain et jaillit sur le territoire de la commune. La source fournit 50 m3 à l'heure. La station de pompage alimente 5 communes, Germigny-sous-Coulombs, Coulombs-en-Valois, Gandelu, Monti- gny-l'Allier, Brumetz et leurs hameaux, ainsi que La Chaussée-sur-Crouy. Depuis 1985, l'usine à gaz située à , d'une superficie de 14 hectares, fait également partie de cette répartition. La station de pompage alimente 4 réser- voirs-citernes semi-enterrés, plus celui de Dhuisy pour l'usine à gaz. De plus il y a, à Montigny-sous-Coulombs 5 sources qui jaillissent dans le village, (entretien avec M. Musnier, maire de la commune, président du Syndicat Inter-Communal des Eaux, été 1986). -022- Crouy-sur-Ourcq, canton de Lizy-sur-Ourcq. Le pèlerinage à Notre-Dame-du- Chêne, le 8 septembre, au lieu-dit « Notre-Dame-du-Chêne », où il existait dans les temps anciens un de ces arbres auxquels —jusqu'au temps de Charlemagne (suivant les Capitu- laires) —un reste de superstition païenne faisait que l'on venait encore offrir des luminai- res et apporter des offrandes. A côté se trouve « la Grotte des Fées ». La légende locale nous apprend que vers 1600 ou 1639, des bûcherons abattant de vieux chênes, en trouvèrent un dont l'écorce se brisa, laissant apparaître une statuette de Vierge assise « sculptée à même l'arbre et tenant encore au tronc ». On jugea cette trouvaille miraculeuse, on accourut de toutes parts, un culte naquit et se propagea si vite qu'on dût édifier une hutte pour protéger l'arbre et la statuette. Pèlerins et aumônes se multipliè- rent ; un couvent du tiers ordre s'y établit en 1722. Un acte de donation du Duc de Gèvres vers 1700 accrédite cette découverte. La chapelle rasée en 1793, fut rebâtie un peu plus loin en 1866, (R. Lecotté, opus cité). On y découvrit fortuitement une source, qui ne peut être considérée comme sacrée, mais à qui la ferveur populaire attribua des propriétés curatives, car les pèlerins y puisaient de l'eau pour les malades. Le pèlerinage tourne autour, mais il n'y a pas de bénédiction, La chapelle a connu plusieurs reconstructions, en 1874 et 1895. Elle se trouve sur le bord du chemin de Crouy à la rivière Ourcq. La statue fut volée en 1972, elle fut refaite mais ne ressemble pas à l'ancienne. Le pèlerinage a toujours lieu en général avant le 8 septembre. En 1987, il eut lieu le dernier dimanche d'août. Il tourne autour de la chapelle et revient à l'église, il est dédié à la Sainte Vierge, (Information de M. l'abbé Boivin, juillet 1987). (coll Fatoux)

29 « Notre-Dame de l'Ermitage », ou « La Vierge de Franchard », dans la forêt de Fontainebleau, dont l'eau ne tarit jamais, eut jadis une réputation miraculeuse ; elle est devenue « La Roche qui Pleure ». Elle passait pour préserver et guérir les maladies des yeux. La légende raconte que « c'étaient les larmes du Juif errant et de Saint-Franchard, qui auraient créé cette source, bonne pour les convulsions. Il y avait jadis messe solennelle à la chapelle. En 1873, on allait encore à la fontaine le matin du mardi de Pentecôte, y baigner la figure des nouveaux-nés. » On venait de loin à la fontaine, et l'on disait aussi « aller à la fontaine de Franchard ». (R. Lecotté, opus cité). Pour vous rendre à la fontaine, partez de la place du Général de Gaulle, à Fontainebleau, devant le palais, suivez la rue Royale, puis à droite prenez la 4eme rue, le Bd Maginot. Arrivé au Carrefour de la Libération, prenez la Nationale 837 en direction d'Arbonne. Trois kilomètres plus loin, vous êtes au Carrefour du Touring Club de France, puis vous arrivez enfin sur la gauche à la jolie route goudronnée de Saint-Feuillet. Voici le Carrefour de l'Ermitage qui prit de l'importance au Xlue siècle devant le nombre de pèlerins venant éprouver les vertus miraculeuses de l'eau suintant « de la Roche qui Pleure ». Ruiné pendant la guerre de Cent Ans, le couvent devint un repaire de malandrins. En 1717, le Régent en ordonna la destruction. Il ne reste que les murs de la chapelle. Tout près, nous voyons le puits des Ermites, creusé en 1813. Reposons-nous quelques instants sur le banc, en admirant le paysage, laissant notre regard errer... Revenant vers la maison forestière, nous aperçevons sur la gauche « la Roche qui Pleure )), table de grès couvrant une excavation où l'eau suinte après de fortes pluies.

Le pèlerinage à Notre-Dame à Thorigny, dans le canton de Lagny, avait lieu le 8 septembre, à la chapelle et à la fontaine Notre-Dame-du-Haut-Soleil. Thorigny est située sur une petite côte qui borde la rivière Marne, son 30 territoire s'étend jusqu'au pont de Lagny. M. Valois, dans sa Notice des Gaules a proposé une origine à tous les lieux-dits « Torigny ou Thorigné », qui tirent leur dénomination de quelque ancien Romain-Gaulois appelé « Taurin ». Ce nom était fort commun parmi les anciens habitants des Gaules ; de plus, l'usage de la langue vulgaire a changé en « o », la diphtongue « au ». Le village de Thorigny s'est appelé Tauriniacum. On venait en pèlerinage des environs de Thorigny depuis la fin du xir siècle, et cela dura jusqu'en 1793, date à laquelle la chapelle fut vendue comme Bien National, avant d'être démolie en 1820. Le pèlerinage fut rétabli en 1896, il durait encore en 1952, mais avait lieu dans l'église paroissiale. On allait à la fontaine Notre-Dame-du-Haut-Soleil pour y boire l'eau qui guérissait des fiè- vres. De nos jours, la fontaine a presque entièrement disparu.

Dans le canton de Provins, à , la source coulant à la fontaine Notre-Dame, favorisait les mariages. La légende raconte « que lors d'une procession, il fallut franchir le ruisseau qui prend naissance à la fontaine à pieds-joints, en tenant un cierge allumé, priant très jort la Sainte Vierge, pour demander un mari ! » (Roger Lecotté.) - 238 - 240 - 242 - 243 - 210 - 213 - 185 - 186 Crécy-en-Brie - 226 - 229 Crégy-les-Meaux- 193 Crouy-Sur-Ourcq - 023 Cuisy - 067 - 068 D'huisy - 231 - 234 Doue - 008 - 013 Douy-La-Ramée - 006 - 064 - 065 - 230 - 235 Everly - 278 - 281 Flagy - 298 - 302 Fontaine Alice Sainte-Reine - 018 Fontaine-Fourches - 015 Fontaine Monferton - 078 Fontainebleau - 258 - 261 Fontenailles - 256 - 259 Germigny-sous-Coulombs - 022 - 233 - 236 - 276 - 277 - 279 - 280 Grégy - 195 Gressy-en-France - 091 Gretz-Armainvilliers - 191 - 193 Héricy - 264 - 267 - 055 - 084 Jouy-Sur-Morin - 213 - 216 Juilly - 035 - 036 La Celle-sur-Seine - 048 La-Chapelle-Gauthier - 201 - 202 - 204 - 205 326 La Ferté-Gaucher - 211 - 214 La Fontaine de Viviais - 081 La Sabotée de Saint-Loup - 044 Lady - 200 - 203 - 046 Le Châtelet-en-Brie - 017 Les Ormes-sur-Voulzie - 279 - 280 - 282 - 283 Lesches - 93 - 241 - 244 Magny-Le-Hongre - 228 - 231 - 257 - 260 Marles-en-Brie - 180 - 181 - 182 Marlotte - 083 - 058 Melun - 310 - 315 Mitry-Le-Neuf - 070 Mitry-Mory - 071 Moisenay - 075 - 252 à 256 Montceaux-Les-Meaux - 032 - 239 - 241 Montigny-sur-Loing - 169 - 170 - 281 - 284 - 199 - 202 Moulignon - 246 - 217 - 218 - 220 - 221 - 207 - 210 Nanteau-sur-Lunain - 299 - 303 Nanteuil-Ies-Meaux - 072 - 300 - 304 Neufmontiers-les-Meaux - 049 Nonville - 301 - 305 Notre-Dame de Pitié - 020 Ozouer-le-Voulgis - 187 à 189 - 191 Pertes-en-Gâtinais - 284 - 287 - 026 à 029 Pont-Moulin - 216 Pontault - 196 - 199 Pouilly-le-Port - 251 - 254 Provins - 090 - 094 à 097 - 177 - 178 - 273 - 276 Quincy - 086 à 088 Reuil-En-Brie - 024 - 220 - 223 Roissy-En-Brie - 82 - 194 à 198 Rozay-En-Brie - 182 à 185 Saâcy-sur-Marne - 073 - 222 à 227 Sablonnières - 005 - 014 Saint-Augustin - 057 Saint-Fargeau-Ponthierry - 243 à 251 Saint-Fiacre - 031 - 033 - 034 Saint-Loup-de-Naud - 004 - 042 - 042 - 275 - 278 Saint-Méry - 203 à 208 Saint-Ouen-en-Brie - 212 Saint-Ouen-sur-Morin - 054 - 209 - 211 Saint-Sauveur-sur-École - 285 à 297 Sainte-Aubierge - 059 - 060 - 061 Sainte-Aulde - 063 - 219 - 222 Samois-sur-Seine - 263 - 266 - 267 - 270 Sancy-les-Provins - 069 Savigny-le-Temple - 249 - 252 327 Serris - Sivry- - 255 - 258 Soignolles - 198 - 201 Soisy-Bouy - 052 Souppes-Sur-Loing - 308 - 309 - 313 - 314 Thieux - 092 Thorigny-sur-Marne - 012 Tournan-en-Brie - 186 - 187 Une Blanchisserie - 175 - 234 - 237 - 066 - 074 - 085 - 229 - 232 Vaux-le-Pénil - 045 Vaux-sur-Lunain - 047 - 295 - 298 Verdelot - 003 - 019 - 021 Vernou-sur-Seine - 268 - 271 Vert-Saint-Denis - 250 - 253 Villebéon - 296 - 299 - 282 - 283 - 285 - 286 Villiers-sur-Morin - 056 - 297 - 300 - 301 Vulaines-sur-Seine - 265 - 266 - 268