Évolution Des Corteges Piscicoles Au Regard Des Programmes De Restauration, Des Cours D’Eau Et De Leurs Berges, Menes Par Les Collectivites Locales
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ÉVOLUTION DES CORTEGES PISCICOLES AU REGARD DES PROGRAMMES DE RESTAURATION, DES COURS D’EAU ET DE LEURS BERGES, MENES PAR LES COLLECTIVITES LOCALES Aurélien BANSEPT (Fédération des Vosges pour la pêche et la protection du milieu aquatique) RESUME L’essentiel des Communautés de communes vosgiennes mène des programmes de restauration et d’entretien des cours d’eau. Ces opérations ont des conséquences sociales, économiques et environnementales. Dans ce contexte, l’étude de l’ichtyofaune apporte des arguments en faveur d’interventions adaptées. En 2016, la Fédération de pêche des Vosges a réalisé le suivi de 16 sites (12 pour la Communauté de communes de Bruyères vallons des Vosges et les Communautés associées au programme qu’elle porte ; et 4 pour la Communauté de communes Terre de granite). Ces inventaires s’inscrivent dans le cadre d’une démarche globale soutenue par l’Agence de l’Eau Rhin- Meuse. Il ressort des suivis piscicoles réalisés un net impact des barrages sur la composition des peuplements observés à leur amont, en la défaveur des Salmonidés et de leurs espèces accompagnatrices. Ceci entraine des perturbations sur la continuité piscicole et impacte négativement les phénomènes de migration génésique et de reproduction. Les Cyprinidés, en particulier rhéophiles bénéficient de ces conditions artificielles. Cet impact semble se cantonner essentiellement à la zone de remous. De même, la composition arborée des ripisylves peut avoir une incidence négative sur l’ichtyofaune. En présence de peuplements denses de résineux, les populations piscicoles s’effondrent, désertant le milieu devenu inhospitalier. Néanmoins, la capacité de résilience du milieu semble être un atout. Et, l’étude au cours des années à venir des stations inventoriées pour la première fois en 2016 devrait permettre d’apporter des éléments de réflexion complémentaires à l’évaluation des actions engagées. MOTS CLEF : restauration, collectivités, cours d’eau, berges, peuplement piscicole, truite, cyprinidés rhéophiles. Après avoir rappelé le contexte conduisant à l’émergence d’actions de restauration menées par les collectivités locales, cette synthèse a pour but de faire un point d’étape sur les retours d’expérience récents qui y sont liés, en matière de faune piscicole. Elle s’articule autour de 2 axes que sont les résultats d’inventaire de l’ichtyofaune et les pistes de réflexion qui en découlent. p. 1/22 Mars 2017 INTRODUCTION ET CONTEXTE D’INTERVENTION La prise en charge de l’entretien des cours d’eau et de leurs berges constitue une compétence récente mais prégnante pour les collectivités territoriales. L’exercice de cette compétence est vouée à s’intensifier au cours des mois et des années à venir. Les collectivités territoriales ou locales (expressions équivalentes dans le langage courant) sont des personnes morales de droit public et distinctes de l’État. D’un point de vue historique, la collectivité territoriale a été introduite récemment (Constitution de 1946). Ces structures s’administrent librement dans les conditions prévues par la loi. Et, elles bénéficient de compétences administratives (non étatiques) également déterminées par la loi. Parmi ces compétences, l’assemblée délibérante cadre les compétences exercées (obligatoires et optionnelles). Ainsi, dans le département des Vosges, l’essentiel des « communautés de communes » a été créé au cours des années 1990. Ces collectivités exercent des compétences en matière de restauration de cours d’eau et des berges qui leurs sont associées. Antérieurement et encore actuellement, des syndicats de coopération peuvent également exercer des compétences dans ce domaine. Avec l’évolution croissante de la prise en compte des enjeux environnementaux et la désaffection forte de l’entretien des berges par les propriétaires riverains, ces communautés se sont par nécessité emparées des questions relatives à l’entretien des cours d’eau. De plus, pour l’avenir, la loi du 27 janvier 2014 a créé une compétence obligatoire relative à la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations. Cette compétence dite « GEMAPI » est attribuée à ces collectivités locales (compétence devant entrer en application au cours des mois à venir ; au 1er janvier 2018). Dans ce contexte, l’essentiel des collectivités territoriales vosgiennes, en particulier les Communautés de communes, sont (ou ont été) engagées dans des programmes de restauration. Après une période d’étude et de concertation devant regrouper l’ensemble des acteurs concernés, ces programmes se divisent généralement en deux phases opérationnelles : travaux et entretien. Les pêcheurs, via la fédération départementale et les associations locales y sont généralement associés (comités de pilotage, suivi de chantier, réunion diverses et suivi scientifique). Actuellement, une quinzaine de programmes sont en cours, en particulier sur la Moselotte aval (Communauté de communes Terre de granite : C.C.T.G.) et sur la Vologne (Communauté de communes de Bruyères vallons des Vosges : C.C.B.2.V.). En 2016, la Fédération de pêche des Vosges a, pour ces deux collectivités, réalisé des inventaires piscicoles sur des sites concernés par les actions de restauration. Les résultats, issus de ces programmes, présentés et étudiés dans le présent document, sont complétés à l’aide d’éléments complémentaires issus de suivis antérieurs. p. 2/22 Mars 2017 I. RESULTATS D’INVENTAIRES DE L’ICHTYOFAUNE Au cours de l’année 2016, des pêches d’inventaire ont été réalisées dans le cadre des programmes de restauration menés par les Communautés de communes de : - Bruyères vallons des Vosges (programme Vologne) ; - Terre de granite (programme Moselotte aval). Ces pêches interviennent au cours de la première phase (première année) de travaux des programmes de ces collectivités. Elles constituent un point de départ pour le suivi de l’évolution des sites inventoriés. I.1 Brefs rappels méthodologiques Préalablement aux pêches, le tronçon de rivière choisi est prospecté pour définir le site le plus représentatif à inventorier. Le choix est à faire au regard des difficultés d’accès aux berges et de prospection dans l’eau. Une fois les sites définis, il convient de solliciter les autorisations administratives d’usage et l’accord des propriétaires riverains concernés. I.2 Stations inventoriées Ce sont 16 stations qui ont été inventoriées au cours de l’année 2016 (C.C.T.G. : 4 ; C.C.B.2.V. : 12). Pour la Moselotte, toutes les pêches ont été réalisées à l’aide du matériel « Héron » de la marque Dream Elelctronic, 3 pêches ont été faites en bateau (inventaire par points) et une à pieds (prospection totale). Pour la Vologne, 9 pêches ont été réalisées avec le matériel « Héron » et 3 l’ont été avec le matériel « Martin pêcheur » de la même marque. Toutes les pêches se sont déroulées à pieds (prospection totale). Le TABLEAU I présente les principales caractéristiques des stations inventoriées. TABLEAU I : CARACTERISATION DES STATIONS INVENTORIEES p. 3/22 Mars 2017 Vol-Génazeville Vol-Frambéménil Vol-Blanchefeigne Vol-Aumontzey Jam-ChaletsCuny Jam-Elephantbleu Cor-amont Cor-aval p. 4/22 Mars 2017 Gro-amont Gro-aval Joinrupt Mos-Thiefosse Mos-avalZainvillers Mos-stadeZeller Vol-Docelles Mos-Nol V p. 5/22 Mars 2017 I.3 Résultats obtenus concernant les stations suivies pour les seuils Les stations Mos-Nol, Mos-avalZainvillers, Mos-stadeZeller et Vol-Aumontzey sont implantées à l’amont immédiat d’un barrage. Les trois premières doivent faire l’objet d’un effacement de seuil dans le cadre du programme de restauration mené par la collectivité. I.31 Densités globales et des espèces « repères » théoriques A l’amont immédiat des seuils, la densité observée est parfois plus faible que lorsqu’il n’y a pas de seuil (Vologne). Ce constat se vérifie systématiquement et s’accentue pour les espèces « repère » de 1re catégorie piscicole (truite, ombre). Les stations Vol-Aumontzey, Mos-avalZainvillers, Mos-stadeZeller et Mos-Nol sont toutes quatre situées à l’amont immédiat d’ouvrages infranchissables. L’ouvrage de la station Vol-Aumontzey est de taille plus modeste que les ouvrages implantés sur la Moselotte et son impact sur le transport sédimentaire semble plus faible (moins de matériaux fins accumulés observés qu’à l’amont des ouvrages de la Moselotte). Le milieu n’en demeure pas moins homogénéisé et les habitats sont limités. Les résultats obtenus sur cette station sont confrontés aux résultats obtenus sur les stations Vol-Génazeville, Vol-Frambéménil et Vol- Blanchefeigne. La densité totale des poissons inventoriés y est proche de la station la moins riche des trois autres (Vol-Genazeville) comme l’illustre le TABLEAU II. Néanmoins, lorsque l’on s’intéresse à la densité observée pour l’espèce truite fario, elle est plus de deux fois inférieure à la station la moins riche des trois autres (Vol-Frambéménil). TABLEAU II : DENSITES OBSERVEES DES PECHES VOLOGNE Densité totale Densité TRF Code station (ind / 100 m²) (ind / 100 m²) Vol-Génazeville 15,5 11,8 Vol-Frambéménil 36 10,8 Vol-Blanchefeigne 19 13,7 Vol-Aumontzey 16,7 4,3 TRF : Truite fario Les inventaires réalisés à l’amont immédiat des seuils des stations Mos-Nol, Mos- avalZainvillers et Mos-stadeZeller peuvent être confrontés aux résultats obtenus sur la station Mos-Thiefosse (choisie comme station de référence pour le secteur Moselotte aval : absence d’infranchissable et cours d’eau non soumis à débit réservé). Les densités globales observées sont moyennes à élevées. Par contre, les densités observées pour la truite et l’ombre sont très faibles à nulles. Elles sont inférieures à la station Mos-Thiefosse, qui demeure toutefois faible, comme l’illustre le TABLEAU III. TABLEAU III : DENSITES OBSERVEES DES PECHES MOSELOTTE Densité totale Densité TRF Densité OBR Code station (ind / 100 m²) (ind / 100 m²) (ind / 100 m²) (*) Densités Mos-Thiefosse 27,1 5,2 3,8 calculées sans Mos-avalZainvillers 39,7 0,3 0,3 tenir compte de la population de Mos-stadeZeller(*) 52,7 2,6 0 vairons très élevée Mos-Nol 14,9 0 0 sur cette station (Densité totale TRF : Truite fario OBR : Ombre commun avec les vairons : 170 ind / 100 m²).