PRÉFET DE LA RÉGION LORRAINE

Plan régional de l’agriculture durable de Lorraine

Annexe 1 Etat des lieux de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Lorraine

Version du 28 mai 2013 "Vu pour être annexé à l'arrêté SGAR n° 2013-313 du 17 octobre 2013"

Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt 76, Avenue André Malraux – 57046 METZ cedex http://www.draaf.lorraine.agriculture.gouv.fr

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 1 Sommaire

Sommaire...... 2 1. La Lorraine, une identité régionale marquée par la géographie et l’histoire . 4 1.1. Une position géographique privilégiée, des territoires variés ...... 4 1.2. Une région aux prises avec de profondes transformations sociales et économiques ...... 5 1.3. Un potentiel de production agricole important et diversifié...... 6 1.4. Des liens étroits entre patrimoine naturel et activité agricole ...... 8 2. Des filières agricoles et agroalimentaires en évolution...... 10 2.1. Un système de production dominé par la polyculture élevage...... 10 2.2. Entre spécialisation et diversification...... 13 2.2.1. Les productions agricoles...... 13 2.2.2. Les produits transformés ...... 19 2.2.3. Commercialisation et signes de qualité ...... 22 2.3. Des filières inégalement structurées...... 24 2.4. Une profession agricole en mutation...... 26 2.4.1. Diminution du nombre des exploitations et concentration foncière 26 2.4.2. L’essor des formes sociétaires...... 27 2.4.3. La question du renouvellement des générations...... 27 3. L’agriculture et de l’agroalimentaire lorrains interrogés sur leur caractère durable ...... 33 3.1. L’emploi global encore à la baisse ...... 33 3.2. Les disparités du revenu agricole ...... 36 3.3. Une valeur ajoutée régionale relativement faible...... 40 3.4. Un bilan environnemental contrasté...... 43 3.4.1. Une artificialisation des sols qui s’accélère...... 43 3.4.2. La ressource en eau encore loin du bon état écologique ...... 45 3.4.3. Biodiversité et paysage : une préoccupation croissante ...... 53 3.4.4. Changements climatiques et défi énergétique : le début d’une prise de conscience ...... 56 3.5. Quel devenir pour l’agriculture du massif vosgien ?...... 58 3.6. Un potentiel d’innovation insuffisamment valorisé ...... 60 Lexique...... 64

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 2 Table des illustrations...... 67 Liste des tableaux ...... 70

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1. La Lorraine, une identité régionale marquée par la géographie et l’histoire 1.1. Une position géographique privilégiée, des territoires variés

Composée des quatre départements de la -et- (chef lieu Nancy), de la Meuse (Bar-le-Duc), de la Moselle (Metz) et des (Epinal), la Lorraine couvre 23 547 km 2 représentant 4,3 % du territoire français. La région bénéficie d’une situation géographique unique en : elle est en effet la seule région française à partager ses frontières avec trois pays : l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg, et avec trois régions de la métropole : l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Franche-Comté. Cette situation géographique a placé la Lorraine en première ligne des grands conflits militaires des siècles derniers avec des incidences importantes sur l’activité (comme le développement de l’industrie textile dans les vallées vosgiennes à la fin du 19 ème siècle) ou sur les infrastructures (comme la création du canal de la Marne au Rhin à la même période). La population lorraine est à 43% regroupée dans les huit plus grandes agglomérations (Nancy, Metz, Thionville, Hagondange-Briey, Forbach, Epinal, Longwy et Sarreguemines) lesquelles concentrent à la fois l’essentiel de l’emploi, des services et des équipements. Le dynamisme démographique et économique est particulièrement bien affirmé sur les territoires centraux du « Sillon lorrain », véritable colonne vertébrale de la région s’étirant sur 160 km sur un axe nord-sud, de Thionville à Epinal. La Lorraine constitue, avec le Grand-duché du Luxembourg, les Länder allemands de Sarre et de Rhénanie-Palatinat et la région wallonne, la grande région transfrontalière. Cette situation est un atout important pour la région : près de 100 000 lorrains (soit un actif lorrain sur douze) traversent quotidiennement la frontière pour aller travailler essentiellement au Luxembourg, prolongeant ainsi le Sillon lorrain. En fin d’année 2011, les communautés d’agglomération de Portes de France- Thionville, de Metz Métropole, d’Epinal-Golbey et la communauté urbaine du Grand Nancy ont déposé les statuts du pôle métropolitain du Sillon Lorrain, premier pôle métropolitain officiellement créé en France. Le reste du territoire est caractérisé par un grand nombre de communes, la Lorraine se classant au troisième rang des régions françaises par leur nombre, 2 337 au total. Les espaces ruraux couvrent la moitié de la région, majoritairement dans la Meuse et les Vosges mais aussi dans l’est mosellan et meurthe-et-mosellan. Un certain renouveau démographique s’y observe depuis 1999, à l’instar du mouvement initié dix ans plus tôt en France, mais en Lorraine, celui-ci reste limité à quelques cantons proches des villes, dont il prolonge l’étalement urbain dans des campagnes qui bénéficient désormais des revenus tirés de l’économie résidentielle.

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Figure 1 : Zonage en aires urbaines et en aires d’emploi de l’espace rural 1

1.2. Une région aux prises avec de profondes transformations sociales et économiques 2

Avec 2 354 876 habitants au 1er janvier 2011, la Lorraine représente 3,6% de la population française. Entre 1999 et 2009, la population lorraine a augmenté en moyenne de 0,17% par an, soit une croissance annuelle nettement inférieure à la moyenne métropolitaine de 0,65% mais cette tendance vient interrompre une longue période de stagnation démographique. Le solde naturel (nombre de naissances moins nombre de décès) a compensé les pertes de population dues au mouvement migratoire (nombre de départs plus important que le nombre d’arrivées). Le solde migratoire est encore négatif, mais il a été divisé par six par rapport à ce qu’il était avant 1990. En matière d’activité, plus de 860 000 personnes travaillent en Lorraine fin 2008, ce qui représente 3,3% de l’emploi métropolitain. Les salariés constituent 92% de ces travailleurs. Le secteur tertiaire pourvoit 73,7% des emplois en Lorraine, soit une proportion proche de celle de la France de province (74%). Toutefois, l’industrie régionale tient encore une place importante (17,2% de l’emploi, contre 15,4% pour la France de province).En Meurthe-et-Moselle, la part de l’emploi tertiaire dépasse 79%. Dans les Vosges, département encore fortement imprégné par l’industrie (près d’un quart des emplois), le tertiaire concerne seulement 65% des travailleurs, et dans la Meuse, plus rurale, 69%. En 2009, le Produit Intérieur Brut lorrain s’élève à 54 milliards d’euros. La région contribue ainsi à un peu moins de 3% de la richesse nationale produite, ce qui la place en milieu de classement des régions françaises. Par habitant, le PIB lorrain est de 23 650 euros, soit 2 300 euros de moins que le niveau national (hors Île-de-France), niveau qui place la Lorraine au 19 ème rang des régions françaises. En matière de niveau de revenu, le salaire annuel médian lorrain (17 404 €) est légèrement supérieur au niveau national (hors Île-de- France) (17 214 €). Le revenu fiscal médian par unité de consommation est à l’inverse légèrement inférieur à la médiane nationale (17 583 € contre 17 858 €).

1 Source : Insee 2 L’essentiel des informations de ce paragraphe proviennent des données Insee

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 5 L’industrie pèse relativement plus en Lorraine (15,8% de la valeur ajoutée totale) qu’en France (14,1%), grâce notamment à une forte représentation des industries des biens intermédiaires (dont la métallurgie et le travail des métaux) et de l’industrie automobile. La région possède un véritable savoir-faire dans le domaine industriel, dans un contexte marqué par de profondes évolutions. La Lorraine a ainsi perdu en trois décennies l’essentiel des emplois qu’elle comptait dans l’activité minière, la sidérurgie et le textile. L’activité charbonnière, qui employait encore 7 100 personnes en 1999, s’est totalement arrêtée en 2004 ; la sidérurgie qui occupait 80 000 salariés en 1968, ne représentait plus que 8 000 emplois en 2004 et la diminution de ses emplois continue. Le textile-habillement employait 56 000 personnes en 1962, ils ne sont plus que 5 000 en 2009. Le secteur de la métallurgie emploie plus de 25 000 salariés, soit 18% de l’ensemble des salariés lorrains de l’industrie. Autres grands secteurs employeurs de la région, l’industrie agroalimentaire représente 14% des effectifs salariés de l’industrie, la fabrication de matériels de transport 11%, et la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique 10,5%. La Lorraine occupe en 2010 la huitième place des régions métropolitaines exportatrices, avec 4,1% des exportations françaises. Sa balance commerciale reste positive, malgré un solde en diminution constante depuis quelques années. La principale destination des exportations lorraines est l’Union européenne. Au sein du secteur tertiaire, le tourisme représente 24 000 emplois salariés (pour la plupart à temps partiel) et 6 800 emplois non salariés. Cette activité se concentre notamment sur le massif vosgien, autour des nombreux plans d’eau et au sein des stations thermales vosgiennes mais elle constitue également un secteur en développement que ce soit en zone urbaine ou rurale. L’année 2010 a ainsi été marquée par l’inauguration du centre Pompidou à Metz et par celle du Center Parcs du domaine des trois forêts dans l’est mosellan. Sur le plan de l’emploi, la Lorraine s’est longtemps trouvée dans une situation un peu plus favorable que l’ensemble des autres régions françaises, grâce à l’importance du travail frontalier et le départ de nombreux jeunes actifs. Mais depuis 2001, le chômage augmente plus rapidement en Lorraine. Fin 2010, il touche 9,9 % de la population active, soit 0,6 point de plus que le niveau national. La situation de l’emploi constitue un enjeu majeur pour la Lorraine. Ce constat est renforcé par les perspectives économiques du cabinet d'analyses Asterès 1 qui tablent sur une entrée en récession de la Lorraine et de la Picardie en 2012. Le PIB (produit intérieur brut) de la Lorraine devrait reculer de 0,4% et celui de la Picardie de 0,1%.

1.3. Un potentiel de production agricole important et diversifié

Couvrant 48 % du territoire régional, l’agriculture en est la première composante, devant la forêt qui représente quant à elle 37 % de la superficie. La part de l’agriculture est légèrement plus faible qu’au niveau national où elle représente 53 % du territoire mais cette différence tient essentiellement à la part plus importante de la forêt en Lorraine par rapport au niveau national où elle n’occupe que 28 % de la superficie. La Lorraine, insérée entre les forêts de l’Argonne et le massif vosgien, se caractérise par une grande diversité de paysages. Les couches sédimentaires régulières et concentriques, qui montent en pente douce depuis le Bassin parisien, sont venues au nord buter contre le massif des Ardennes et à l’est contre le massif vosgien. Ainsi, en fonction du sol, la Lorraine

1 Source : « Perspectives régionales : la croissance des régions en 2012 » - Asterès

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 6 se divise schématiquement en trois grands types de régions : les plateaux calcaires et filtrants, les régions argileuses et limoneuses, humides, et les régions gréseuses et cristallines. Les régions calcaires, situées à l’ouest, constituent un relief de plateaux entaillés de vallées aux versants plus ou moins raides. Ce sont les plateaux des côtes de Moselle, de Meuse et ceux du Barrois. Les régions argileuses sont représentées essentiellement par la Woëvre et le plateau Lorrain. Situé au centre de la région, il occupe à lui seul 40 % de la superficie lorraine. Les sols y sont d’une grande variété allant des terres très argileuses aux limons peu épais. Enfin, à l’est de la région s’étend le massif vosgien dont l’altitude s’accroît progressivement du nord au sud, passant de 400 mètres dans le pays de Bitche à plus de 1000 mètres dans les Hautes-Vosges. La roche mère d’origine gréseuse ou cristalline a donné naissance à des sols pauvres et acides. Aussi plus de 60% du massif est-il couvert par la forêt. Territoire de moyenne montagne s’étirant sur 200 km aux marges orientales de la région, le Massif Vosgien est un territoire spécifique dont 45% de sa surface et 40% de sa population sont situés en Lorraine.

Figure 2 : Délimitation des petites régions agricoles 1 L’esquisse pédologique des sols lorrains illustre cette diversité, véritable mosaïque qui combine les conditions topographiques, géologiques (majoritairement sédimentaires, métamorphiques sur la frange Est) et climatiques.

1 Source : DRAAF Lorraine

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Figure 3 : Esquisse pédologique des sols de Lorraine 1 Les potentiels de production agricoles sont corollairement très variés, ce qui constitue un véritable atout pour l’agriculture lorraine dont les liens avec le patrimoine naturel sont particulièrement étroits.

1.4. Des liens étroits entre patrimoine naturel et activité agricole

Facteur de production de base pour la production agricole, l’ eau est susceptible d’être quantitativement ou qualitativement soumise aux impacts de cette dernière. En Lorraine la ressource en eau est abondante. Elle provient essentiellement de l'apport pluviométrique. Les pluies sont réparties sur toute l ’année avec des pointes au printemps et en hiver, excepté pour le département de la Meuse, où les pointes sont essentiellement hivernales. Les pluies efficaces, c’est-à-dire la fraction des précipitations qui donne lieu à un apport d ’eau dans l ’hydro système continental, soit par ruissellement de surface, soit par infiltration dans le sous-sol, se répartissent selon un gradient lié au relief. Ainsi, pour la période 1946-2000 (septembre à août), la partie haute des Vosges connaît en moyenne entre 1250 et 1750 mm de pluies efficaces par an, alors que le reste de la région ne bénéficie que de 250 à 400 mm de lame d ’eau. La Lorraine est particulièrement bien dotée en formations géologiques aquifères. Son réseau hydrographique qui est très dense irrigue aussi d ’autres pays européens : Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. La région, et plus particulièrement les Vosges, sont parcourues par de nombreux cours d ’eau. La Moselle (550 km) et la Meuse (950 km), orientées sud-nord, sont navigables. La Moselle est alimentée par de nombreux affluents, tels la Vologne, le , la Meurthe, la et l ’ qui viennent des reliefs vosgiens ou du plateau lorrain. La Meuse a un cours plus direct qui débouche dans le delta du Rhin aux Pays- Bas. La gestion des cours d ’eau comme la Meuse, la Moselle ou la Sarre a un impact sur les flux de substances transportés, comme sur le régime hydrologique en aval, non seulement au niveau national mais aussi au niveau international. En Belgique, en Allemagne ou aux Pays- Bas, l ’alimentation en eau potable provient essentiellement des eaux de la Moselle ou de la Meuse (canal Albert).

1 Source : Inra – Cral – Ministère de l’agriculture

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 8 La recharge des nappes est assurée par des précipitations élevées, notamment sur le massif vosgien, véritable « château d ’eau » lorrain (plus de 1600 mm par an) et en Meuse, sur les côtes de Meuse dans la région de Bar-le-Duc (1000 à 1200 mm par an). La disponibilité d ’eau en nappes souterraines importantes à l ’ouest du massif vosgien est à l ’origine depuis plus de deux siècles de la valorisation économique d ’eaux minérales. Malgré cette situation favorable, la ressource en eau lorraine est localement vulnérable tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Les objectifs fixés par la directive européenne cadre sur l’eau visent à restaurer ou à préserver ce bien commun. La diversité géologique et géographique abordée précédemment ainsi qu’une situation climatique sous diverses influences donnent à la Lorraine ses milieux naturels riches et variés sources d’une grande biodiversité . La richesse de la flore et de la faune est à l’image de la diversité de ces milieux. Les vallées alluviales des principaux cours d’eau lorrains renferment des prairies inondables caractéristiques. Les sommets vosgiens accueillent landes, chaumes et forêts. Les pelouses calcaires se localisent sur les côtes de Meuse et de Moselle. Quelques 170 espèces végétales bénéficient d’une protection régionale et 46 d’une protection nationale.169 espèces de vertébrés présentes en Lorraine sont protégées au niveau national dont 114 espèces d’oiseaux. Les reptiles et les amphibiens présentent des espèces rares ainsi que les papillons et libellules (59 espèces) dont un tiers est rare ou très menacé au niveau national ou européen. Les zones humides couvrent 200 000 ha dont 5 sites désignés « zones humides d’intérêt national ». Ces zones abritent des espèces végétales et animales menacées et protégées. Elles jouent également un rôle dans le cycle de l’eau par leur fonction d’épuration naturelle et d’écoulement. Or la moitié des zones humides ont disparu de la Lorraine ces cinquante dernières années et la tendance se poursuit. Leur préservation est devenue un enjeu prioritaire, notamment dans le cadre du réseau Natura 2000. Le réseau Natura 2000 couvre 7 % de la superficie régionale et comprend 72 sites d’intérêt communautaire (directive « habitats ») et 17 zones de protection spéciale (directive « oiseaux »). Les milieux agricoles couvrent environ le tiers du réseau. Les pelouses calcaires des côtes de Meuse et de Moselle et les espèces inféodées à ces milieux telles les orchidées sont également menacées par l’abandon des pâturages et le boisement des parcelles. Ce rôle fondamental des activités agricoles dans la préservation de milieux fragiles se retrouve dans certaines vallées vosgiennes également menacées par la déprise agricole et l’enrésinement. L’évolution des pratiques agricoles a une influence forte sur les paysages lorrains qui fondent l’identité des territoires, des plateaux cultivés aux vignes et vergers, des côtes de Moselle et de Meuse au massif vosgien, des vallées de la Meuse et de la Moselle au pays des étangs. Les paysages du massif montagneux des Vosges sont particulièrement sensibles aux évolutions agricoles. Le massif occupe le sud-est de la Lorraine et se caractérise, du fait de ses conditions bioclimatiques, par une fertilité forestière élevée. A l’inverse, les productions agricoles y sont défavorisées par des conditions d’exploitation difficile et par une fertilité moindre. La conséquence directe est que les terrains éventuellement délaissés par l’agriculture se reboisent naturellement rapidement (à moins d’être reboisés par leurs propriétaires) ce qui aboutit à une fermeture des paysages et à un appauvrissement des milieux.

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Figure 4 : Défrichement en vue d’une réouverture de paysage 1 Plusieurs associations foncières pastorales ont été créées sur le massif dans le but de ré-ouvrir des terrains boisés et de leur redonner une vocation agricole. D’autres initiatives locales (comme par exemple le partenariat existant depuis la fin des années 1990 entre la commune de La Bresse et le lycée agricole de Mirecourt pour le développement d’une activité pastorale) poursuivent le même but. Les zones de vallées -dont les conditions topographiques et pédologiques sont les plus favorables à l’activité agricole- sont soumises de leur côté à une pression foncière élevée générée par l’urbanisation croissante du massif montagneux français le plus densément peuplé. 2. Des filières agricoles et agroalimentaires en évolution

2.1. Un système de production dominé par la polyculture élevage

Sur les 1 138 220 ha de surface agricole utilisée (SAU), l’orientation technico- économique des exploitations (OTEX) montre une dominance des systèmes de polyculture élevage (25 %), des élevages bovins (31 %) et des grandes cultures (21 %). Ces trois systèmes de production représentent 97 % de la SAU lorraine.

Figure 5 : Orientation économique des exploitations agricoles 2

1 Source : Communauté de communes du Pays de Senones 2 Source : RA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 10 Géographiquement, les exploitations spécialisées lait dominent dans les Vosges et les zones de piémont tandis que les grandes cultures se situent majoritairement dans la Meuse et le nord de la Meurthe-et-Moselle. La cartographie de la surface toujours en herbe (STH) recoupe logiquement celle des systèmes d’exploitation :

Figure 6 : Part de la STH par rapport à la superficie communale et par rapport à la SAU en 2010 1 Entre 2000 et 2010, l’évolution de l’utilisation de la surface agricole utilisée par les différentes orientations technico-économiques des exploitations est la suivante :

SAU 2000 SAU 2010

2% 2% Polyculture, 2% 3% Polyculture, 6% polyélevage, autres 6% polyélevage, autres Céréales et Céréales et 11% 32% oléprotéagineux 11% 31% oléprotéagineux Bovins lait Bovins lait

Bovins mixte Bovins mixte

Bovins viande Bovins viande 19% 24% Ovins et caprins Ovins et caprins

Autres Autres 23% 28%

Figure 7 : Répartition de la SAU des exploitations selon leur système de production 2 Les principales évolutions sur la période sont la part croissante des grandes cultures et, à l’inverse, celle décroissante des bovins lait. Dans un contexte général de diminution rapide du nombre d’exploitations ( cf. infra ), les exploitations spécialisées en grandes cultures constituent la seule orientation de production qui voit son effectif augmenter entre 2000 et 2010, passant de 2 277 à 2 436 unités. L’élevage reste toutefois une caractéristique forte de l’agriculture lorraine avec plus de la moitié des exploitations (58 %) détenant des bovins. Ces évolutions se retrouvent sur les surfaces dédiées aux différentes productions :

1 Sources : déclarations PAC 2 Source : RA 2000 et 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 11 500 000 450 000 400 000

350 000 300 000 2000 250 000

(Ha) 2010 200 000 150 000

100 000 50 000

-

x ïs s ales eux ntes é n Ma e Autres poraire Cér léagineu O rotéagi em P s t e s perman i e rair P Prairi Figure 8 : Evolution des surfaces des différentes productions végétales entre 2000 et 2010 1 La surface occupée par les grandes cultures (céréales, oléo-protéagineux, maïs) a progressé entre 2000 et 2010 au détriment de la surface toujours en herbe (STH) et, parmi les autres utilisations du sol, des jachères. Représentant 38 % de la SAU, la surface en herbe est la première occupation du sol agricole en dépit de son repli. Historiquement, cette surface a beaucoup évolué au cours du temps : en 1909, elle ne représentait que 22 % de la surface agricole ; avec le développement de l’élevage, sa part a progressivement augmenté pour atteindre 55 % de la surface agricole en 1970 avant de décroître progressivement avec l’évolution de la politique agricole commune jusqu’au niveau actuel d’environ 430 000 ha.

600 000

500 000

400 000

300 000 Ha

200 000

100 000

-

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Figure 9 : Evolution de la surface toujours en herbe 2 Cette tendance à la diminution de la STH regroupe des évolutions locales diverses. Ainsi, entre 2000 et 2010, c’est au sein des régions naturelles du plateau lorrain et de la Woëvre que la STH régresse le plus tandis qu’elle est en progression sur le massif vosgien.

1 Source : RA 2000 et 2010 2 Source : SAA

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Figure 10 : Evolution de la STH entre 2000 et 2010 et part de la surface drainée dans la SAU 1 Une certaine corrélation apparaît entre le retournement de prairies et les travaux de drainage. Les retournements de prairies concernent principalement des terrains argileux, lesquels ont fait l’objet de travaux de drainage dont le rythme s’est toutefois ralenti (+ 14 % entre 2000 et 2010 (2 200 ha drainés / an) contre + 35 % entre 1988 et 2000). Au total, la superficie drainée est de 185 000 ha en 2010 soit 16 % de la SAU. Dans le domaine des grandes cultures, le système cultural est relativement simplifié, largement orienté vers la production des céréales à paille, autour de la rotation triennale colza- blé-orge qui représente plus de 50 % des successions culturales en Lorraine. L’importance de la culture du colza est une des caractéristiques du système cultural lorrain où le colza constitue la principale tête de rotation. Le contexte pédoclimatique lorrain (climat continental qui allonge les durées de culture d’une part et forte proportion de sols argileux qui nécessitent un labour précoce pour fragmenter la structure d’autre part) explique l’importance des cultures d’hiver qui représentent près de 80 % de la sole cultivée.

2.2. Entre spécialisation et diversification

Les systèmes de production agricole tout comme les outils de transformation montrent une tendance à la spécialisation qui est toutefois contrebalancée par des activités de diversification en développement.

2.2.1. Les productions agricoles

Entre 2000 et 2010, l’évolution des différentes productions agricoles illustre, parallèlement à celle de la répartition de la SAU, le développement des grandes cultures au détriment des activités d’élevage (laitier notamment).

1 Source : RA 2000 et 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 13 2000 2010

8% 12% 21% 25% 15% 6% Céréales Céréales Oléagineux Oléagineux Autres productions végétales 6% Autres productions végétales Lait Lait 15% Gros bovins Gros bovins Autres productions animales Autres productions animales 14% Fourrages 18% 32% 4% 24%

Figure 11 : Répartition du chiffre d'affaires agricoles (hors subvention) en 2000 et 2010 1 La production agricole lorraine reste toutefois relativement diversifiée dans le champ des grandes cultures et de l’élevage, aucune production n’étant largement dominante. Certaines productions représentent toutefois une part significative du total national (bovins mâles de 1 à 2 ans : 11 %, colza d’hiver : 10 %, orge d’hiver ou de printemps : 9 %, STH productive : 7 %). A l’inverse, d’autres productions restent à un niveau très limité comme les protéagineux. 2000 2010 Nombre ha Nombre ha Part nationale Rang régional Colza d'hiver 136 150 142 623 10% 4ème Orge d'hiver 90 785 100 254 9% 4ème Orge de printemps 38 950 35 989 9% 4ème Maïs fourrage 67 576 69 650 5% 4ème Blé tendre 237 830 253 187 5% 10ème Triticale 4 470 13 057 3% 11ème Pois protéagineux 1 215 3 568 1% 13ème Féveroles 339 1 714 1% 14ème Maïs grain 13 615 14 186 0,9% 17ème Tournesol 1 360 2 933 0,5% 14ème Tableau 1 : Principales productions végétales en 2010 2 Les productions de fruits et légumes tout comme la viticulture sont peu étendues en surface mais il est intéressant de noter le développement de certaines d’entre elles au cours des dernières années.

2500

2000

1500 Ha 1000

500

0 Légumes secs Légumes frais Pommes de Fleurs et Vignes Vergers dont et fraises terre plantes Mirabelliers ornementales Figure 12 : Surfaces de production de fruits et légumes en 2010 3

1 Source : Comptes départementaux de l’agriculture 2000 et Compte général de l’agriculture 2010 2 Source : SAA 2010 3 Source : RA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 14 Ainsi, la Lorraine représente 8 % de la surface nationale de pruniers (3 ème rang national) dont l’emblématique mirabellier totalise près de 1 400 ha en Lorraine et 85 % de la production française. Vergers professionnels et non-professionnels représentent chacun la moitié des surfaces, avec une surface moyenne de 11 ha de verger par exploitation professionnelle. Au total, la surface de vergers a atteint 2 000 ha en 2010, en progression de 8 % par rapport à 2000, ce qui se situe à l’inverse de la tendance nationale. Toutefois, cette progression des surfaces masque un rythme modéré de renouvellement (notamment des mirabelliers et des quetschiers) qui conduit globalement à un vieillissement du verger régional. Les surfaces en vigne sont également en progression, de 7 % depuis 2000 et elles atteignent désormais 230 ha. Les viticulteurs exploitent en moyenne 2,2 ha de vigne. La production totale est d’environ 7 500 hl (6 000 hl en 2000). Les cultures légumières (pommes de terre, légumes frais et légumes secs) progressent également entre 2000 et 2010, de manière sensible (+ 13 % soit d’une centaine d’hectares) mais après une baisse importante entre 1988 et 2000. La surface totale atteint près de 800 ha mais l’évolution en surface ne s’accompagne d’aucune concentration et le nombre d’exploitations cultivant des légumes augmente également pour atteindre un total de 741 exploitations. Malgré cette évolution positive, la Lorraine se situe en avant-dernière position au niveau national pour sa surface de légumes. Parmi les facteurs explicatifs, on trouve à la fois l’absence de production sous contrat avec une conserverie et la très faible surface dédiée à la vente de proximité. Les maraichers professionnels lorrains exploitent en moyenne 4 ha de SAU et produisent en moyenne 22 légumes différents sur une campagne. Ce sont principalement des maraichers de plein champ (seuls sept sont des serristes intensifs) 1. Les productions sous serre ne représentent au total que 37 ha. Sur le plan de l’évolution, les grandes cultures dominantes (colza, blé et orge) sont stables, avec une légère progression des surfaces de colza, et secondairement de blé, depuis 2004.

450 000 160 000

400 000 140 000 350 000 120 000 300 000 100 000 250 000

Ha 80 000 200 000 Ha

60 000 150 000

100 000 40 000

50 000 20 000

0 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Blé tendre d'hiver Orge d'hiver Orge de printemps Triticale Maïs grain Avoine Colza d'hiver Tournesol Féveroles Pois protéagineux Figure 13 : Evolution des surfaces en céréales et des oléo-protéagineux 2 Même si elles ont plus que triplé entre 2000 et 2010, les surfaces de protéagineux restent très faibles (5 307 ha) et connaissent des évolutions erratiques.

1 Source : CRAL « l’agriculture lorraine : 10 années d’évolution des structures et des productions » - 2012 2 Source : SAA

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 15 Surfaces en pois protéagineux (Ha) Surfaces en Féverolles (Ha)

5 000 2 500 4 500 4 000 2 000 3 500 3 000 1 500 2 500 2 000 1 000 1 500 1 000 500 500 0 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

Figure 14 : Evolution des surfaces en protéagineux 1 Il est intéressant de noter que l’épisode de gel intense de février 2012 a permis d’appréhender le potentiel de développement des cultures de printemps telles que l’orge, le tournesol et le maïs grain. En ce qui concerne les productions animales, celles-ci sont largement dominées par l’élevage bovin : 58 % des exploitations élèvent des bovins et 30 %, des vaches laitières. L’élevage bovin laitier poursuit sa profonde restructuration avec un troupeau moyen supérieur au niveau national pour le cheptel global (129 bovins contre 100 au niveau national) et les vaches laitières (51 contre 45 au niveau national) mais légèrement inférieur au niveau national pour les vaches nourrices (32 contre 34 au niveau national). 2000 2010 Nombre de Nombre de Part nationale Rang régional têtes / hl têtes / hl Lait 12 468 331 12 281 610 5% 6ème Bovins 986 015 948 746 5% 9ème Equins 14 039 16 411 5% 9ème Ovins 244 396 259 969 3% 10ème Lapins 28 885 12 042 2% 12ème Caprins 4 463 5 777 0,4% 14ème Porcins 107 746 103 127 0,7% 17ème Volailles 1 452 000 0,7% 17ème Ruches 24 007 20 875 Tableau 2 : Principaux cheptels et productions animales en 2010 Remarque : les cheptels indiqués sont ceux recensés par la statistique agricole ; il s’agit donc des animaux détenus par les exploitations agricoles. Des animaux peuvent être détenus par des personnes qui ne sont pas exploitants agricoles. C’est le cas notamment des chevaux dont les détenteurs sont loin d’être exclusivement des exploitants agricoles du fait de l’activité de loisir liée à leur utilisation. Le conseil du cheval de Lorraine estime ainsi à 35 500 le nombre d’équidés en 2007 soit plus du double du cheptel estimé par le recensement agricole. Au niveau des exploitations agricoles, les systèmes de production équins détiennent en moyenne 22 équidés (principalement des chevaux et juments de selle) sur une surface de 17 ha. Seules 15 exploitations détiennent uniquement des chevaux de trait 2.

1 Source : SAA 2 Source : CRAL « l’agriculture lorraine : 10 années d’évolution des structures et des productions » -2012

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 16 Il convient d’ajouter à ces cheptels, la production aquacole lorraine qui se situe au 3 ème rang des régions françaises 1. Pour une surface d’étangs exploités (7 000 ha de plans d’eau vidangeables) représentant 6 % du total national, la production de poissons d’étang s’élève à 860 tonnes soit 7 % de la production nationale. Cette production est commercialisée à 90 % pour le repeuplement. La production de salmonidés totalise 1 800 tonnes soit 5 % de la production nationale. Sur le plan de l’évolution, l’élevage bovin se réoriente progressivement avec une régression des élevages laitiers qui représentent désormais moins de la moitié du nombre total d’élevage bovins.

1988 2000 2010

16% 15% 19%

49% 19% 56% 29% 65% 32%

Bovins lait Bovins viande Bovins mixt e Bovins lait Bovins viande Bovins mixt e Bovins lait Bovins viande Bovins mixte Figure 15 : Répartition des élevages bovins selon leur orientation 2 Si le cheptel régional bovin est globalement stable, autour d’un million de têtes de bétail, le nombre de vaches nourrices tend à rattraper celui de vaches laitières. Cette évolution s’est ralentie au cours de la dernière décennie.

1 200 000

1 000 000

800 000

600 000 Effectifs

400 000

200 000

- 1970 1979 1988 2000 2010 Total bovins Vaches laitières Vaches nourrices Figure 16 : Evolution du nombre de vaches laitières et nourrices 3 La tendance récente est toutefois orientée à la baisse avec une réduction du cheptel de 5,3 % entre 2009 et 2012 soit une rythme plus rapide qu’au niveau national (-4,5 %). Le passage sous le seuil des 900 000 bovins a été franchi au début de l’été 2012.

1 Source : Etat des lieux et approche prospective de la filière lorraine d’aquaculture continentale UR AFPA 2012 2 Source : RA 1988, 2000 et 2010 3 Source : RA

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 17 Figure 17 : Evolution récente du cheptel bovin 1 En l’espace de quarante ans (entre 1970 et 2010), alors que le nombre de vaches laitières a été divisé par deux, la production de lait est restée quasiment stable (autour de 12 250 000 hl) grâce à une productivité par vache laitière qui est passée de 3 421 litres/VL/an en 1970 à 6 503 litres/VL/an en 2010. Le quota moyen s’élève, en 2010, à 366 000 litres par exploitation. L’une des caractéristiques de la production laitière lorraine est sa forte saisonnalité (avec un rapport de production en décembre de 24% supérieure à celle du mois d'août) qui constitue un certain handicap pour sa transformation.

Figure 18 : Saisonnalité de la production laitière (production lorraine 2009 et comparaison 2010) 2 A l’inverse, la Lorraine (comme la Franche-Comté) bénéficie d’une densité laitière élevée favorisant la collecte. Seules les zones de grandes cultures et le massif vosgien présentent une densité laitière faible à moyenne.

Figure 19 : Densité laitière sur le bassin laitier Grand-Est 3 Les autres filières animales sont plus faiblement présentes en Lorraine voire quasiment absentes comme la filière porcine et la filière avicole. Le faible nombre d’exploitations spécialisées dans ces productions (respectivement 42 et 139) continue de décroître sur la

1 Source : BDNI 2 Source : SSP - SRISE 3 Source : Données PAC

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 18 dernière décennie (respectivement de 35 % et de 11 %) mais le cheptel recule dans une moindre proportion (- 4 % pour les porcins). Si l’on compare la production des ces filières par rapport à la consommation lorraine, la production porcine représente moins de 20 % de la consommation (qui est plus élevée par habitant qu’au niveau national) tandis que les œufs produits représentent à peine 25 % de la consommation régionale. La filière ovine est dans une situation intermédiaire avec un cheptel qui est en augmentation depuis 2000 (notamment entre 2001 et 2006) alors que celui-ci baissait au niveau national. Le nombre d'élevages ovins de plus de 80 brebis est faible, inférieur à 500 exploitations, soit 2,6 % des élevages ovins nationaux. Ces élevages sont cependant de très grande taille avec une moyenne de 350 brebis.

2.2.2. Les produits transformés

En matière de transformation, le chiffre d’affaires des industries agroalimentaires (IAA) lorraines s’élève à 2,625 milliards d’euros en 2009 1, dans la moyenne des dix dernières années. L’activité des IAA apparaît donc stable et relativement épargnée par la crise, par comparaison avec le secteur industriel dans son ensemble. Ce chiffre d’affaires est réalisé à 94 % par les 68 entreprises de 20 salariés et plus (sur un total de 332 entreprises). Six des onze plus grands groupes agroalimentaires qui emploient plus de 4 000 personnes en France sont implantés en Lorraine, en l’occurrence Nestlé (Vittel, Contrexéville, Arches), Lactalis (Verdun, Corcieux, Raival, Xertigny), Bongrain (Le Tholy), Terrena (Eloyes, Domvallier), Bigard (Metz) et Bonduelle (Maizey). A côté de ces grands groupes, les industries laitières sont également couvertes par des coopératives régionales (Union Laitière Vittelloise, Fromageries de Blâmont) ou extrarégionales (Sodiaal) ainsi que par des groupes privés (Bel, Hochland). Des sites importants de production existent également dans le domaine de la boulangerie industrielle (Neuhauser), dans celui des glaces (Thiriet), dans celui des corps gras (Saint-Hubert) et dans celui du sel (Salines de l’Est). D’un point de vue global, la filière agroalimentaire lorraine pèse relativement peu au niveau national, avec seulement 1,8 % du chiffres d’affaires de la filière agroalimentaire française. Elle se caractérise toutefois par la prédominance de la filière laitière qui représente 38 % du chiffre d’affaires régional et 4 % du chiffre d’affaires national pour le lait et dont les entreprises sont aussi les plus concentrées (47 % d’entre elles ont 20 salariés ou plus). L’industrie laitière lorraine est très spécialisée dans la production de fromages : près de 10 % de la production française de fromages de vache est réalisée en Lorraine et plus précisément près de 30 % des fromages de vache à pâte molle (93 % du Munster, 69 % du Brie de Meaux et 71 % du Brie d’autres origines) 2. Ce niveau de production permet à la Lorraine de se placer au 4 ème rang national pour la production de fromages de vache et au 2 ème rang national pour la production de fromages de vache à pâte molle.

1 Source : ESANE 2009 (répartition par région de plus forte implantation des entreprises) 2 Source : EAL 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 19 10% 13% Industrie des viandes 4% Fabrication de boissons 3% Autres industries alimentaires 16% Boulangerie-pâtisserie (indus.), pâtes Industrie laitière

Travail des grains, prod. 5% amylacés Fabrication d'aliments pour 38% animaux 11% Autres (secret statistique)

Figure 20 : Répartition du chiffre d'affaires des IAA 1 La production de lactosérum est une autre spécificité lorraine dans le secteur laitier puisque la région produit 18 % de la production française, production qui est en constante augmentation 2 :

Figure 21 : Production de poudre de lactosérum A côté du lait, les deux secteurs qui occupent une part importante de l’activité des IAA lorraines sont les boissons d’une part (notamment avec les eaux minérales de Vittel et Contrexéville) et l’industrie de la viande d’autre part. La région compte 7 abattoirs mais l’activité se concentre à 81 % dans les trois seuls d’entre eux (Metz, Sarreguemines et Mirecourt) dont la capacité dépasse 10 000 tonnes par an. Les plus petits abattoirs lorrains sont aussi les moins spécialisés (Sarrebourg, Rambervillers et Dommartin-les-Remiremont) mis à part celui de Belleville-sur-Meuse. L’activité d’abattage est étroitement liée aux productions de la région avec un tonnage qui s’est réparti en 2010 entre 90 % pour les gros bovins (5 % du total national), 1 % pour les veaux de boucherie (0,6 %), 8 % pour les porcins (0,3 %) et 1 % pour les ovins (1 %) 3. L’évolution de l’activité d’abattage est plutôt orientée à la hausse 4 avec une production des sept abattoirs lorrains qui est passée de 68 398 tonnes en poids de carcasse en 2004 à 85 465 tonnes en 2011 (+ 25 % en sept ans). Dans le même temps, la Lorraine se spécialise de plus en plus dans l’abattage de gros bovins : le taux de spécialisation est passé de 84 % en 2004 à 93 % en 2011 ; depuis 2009 les abattages de gros bovins ont progressé de 30 % pour atteindre 79 662 tonnes en 2011.

1 Source EAL 2009 2 Source EAL 2001-2010 3 Source : Diffaga 4 Source : Diffaga

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 20

Figure 22 : Evolution des abattages En dehors des gros bovins, l’activité d’abattage en Lorraine se réduit pour toutes les productions mais la diminution est particulièrement importante pour les porcs dont la production a été divisée par deux entre 2008 et 2011 (avec l’arrêt de la ligne d’abattage porcin à Metz) :

Figure 23 : Evolution des abattages hors gros bovins 1

La situation des différentes activités d’abattage est par conséquent très contrastée : Animaux abattus Tonnes équivalents carcasse Part nationale Rang régional Part nationale Rang régional Bovins 5% 8ème 6% 4ème Ovins 3% 11ème 4% 10ème Caprins 0,4% 15ème 0,5% 15ème Porcins 1% 17ème 1% 17ème Tableau 3 : Activités d'abattage en 2010 2 La filière agroalimentaire lorraine a dégagé un excédent commercial de 292 millions d’euros en 2010 (produits transformés uniquement) contribuant ainsi à hauteur de 11 % de l’excédent régional. Dans le détail, cet excédent est surtout le fait des produits laitiers ainsi que des boissons :

1 Source : Diffaga 2 Source : SAA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 21 600

500

400

300

200

100 Millions d'euros

0

-100 pour laitiers Viandes Produits animaux Aliments Produits pâtes Légumes Poissons Boissons Autres céréaliers produits graisses Huiles et animales végétales et alimentaires pâtisserie et alimentaires -200 Boulangerie-

Importations Exportations Solde

Figure 24 : Solde commercial lorrain des différents produits agroalimentaires 1

2.2.3. Commercialisation et signes de qualité

D’une manière générale, la diversification est moins présente en Lorraine qu’au niveau national bien que 1 700 exploitations (13 % des exploitations lorraines) pratiquent au moins une activité de diversification en nom propre (transformation du lait, travail à façon, hébergement, restauration, …) mais, pour 65 % d’entre elles, cette activité ne représente que 10 % ou moins de leur chiffre d’affaires. 16 % des exploitations lorraines, soit 2 046 exploitations, commercialisent leurs produits via un circuit court (pas plus d’un intermédiaire), niveau légèrement supérieur à la moyenne nationale (14 %). Pour 40 % des unités pratiquant les circuits courts, ce débouché représente plus de la moitié de leur chiffre d’affaires. L’essentiel des ventes en circuit court est réalisé en nom propre, seuls 5 % des unités le faisant par le biais d’une autre entité juridique. Ces circuits ciblent par fréquence décroissante des productions comme la viande découpée ou transformée, les œufs et les volailles, les produits laitiers, les légumes, les fruits, le miel et le vin (pour lequel il s’agit du mode de vente prédominant). Les producteurs bio sont plus proches du consommateur final : près de la moitié des exploitants agréés en agriculture biologique pratiquent les circuits courts contre 12 % pour les non bio. Les trois quarts des unités présentes sur les circuits courts privilégient la vente directe, c’est à dire qu’elles commercialisent leurs produits directement au consommateur final sans l’intervention d’un autre intermédiaire. Seuls 7 % fonctionnent par vente indirecte -où un seul intermédiaire intervient- et 17 % cumulent ces deux possibilités. La vente à la ferme est largement le mode de commercialisation en circuit court le plus répandu :

Vente à la ferme

Vente sur les marchés

Commerçant détaillant

Vente en tournée, domicile

Autres

Points de vente collectifs

Grandes et moyennes surfaces

Vente en paniers 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000

1 Source : Direction générale des douanes et droits indirects

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 22 Figure 25 : Répartition des modes de commercialisation en circuit court 1 Les signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) constituent une autre manière d’apporter de la plus value aux productions agricoles. Dans ce domaine, il est intéressant de noter que la mirabelle est, en 1996, l’un des premiers fruits (avec la poire et la pomme de Savoie) à avoir obtenu une indication géographique de provenance (IGP) qui protège son nom et sa qualité au niveau européen. L’offre de produits sous SIQO est relativement variée en Lorraine avec cinq appellations d’origine contrôlée (AOC) / appellations d’origine protégée (AOP, équivalent européen de l’AOC) (fromages, vin, miel), quatre IGP (fruit, vin, fromage, confiserie) et six Labels Rouge (viande bovine et œufs). Les aires géographiques des AOC/AOP couvrent 46 % de la superficie régionale et 11 % des exploitations lorraines sont habilitées pour des produits AOC/AOP, IGP ou Label Rouge 2 mais, globalement, les productions sous signe de qualité en Lorraine ne représentent toutefois que 2,7 % (en nombre d’exploitations concernées) des productions sous signe de qualité françaises. Dans le détail, ce ratio est particulièrement faible pour les IGP (0,8 %) et pour les AOC/AOP (0,8 %). Le vignoble lorrain fait figure d’exception en étant couvert par les deux AOC/AOP des « Côtes de Toul » (1998) et de « Moselle » (2010). La Meuse est le seul département lorrain producteur de vin IGP. La moitié des exploitations viticoles lorraines (représentant près de 90 % de la surface en vigne) produisent dans le cadre de ces SIQO. La région est par ailleurs concernée par quatre fromages AOC/AOP : le Munster (93 % de la production nationale) dans les Vosges, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle, le brie de Meaux (70 % de la production nationale) dans la Meuse, ainsi que plus secondairement le Langres et le Gruyère dans les Vosges (sans aucune collecte ni transformation en Lorraine). Sur le département des Vosges est également présente une IGP « Emmental français Est-Central ». L’apiculture lorraine dispose d’une des deux seules AOC/AOP françaises avec le « miel de sapin des Vosges ». Deux autres productions bénéficient d’une IGP avec la « Bergamote de Nancy » et les volailles de la Champagne (dans le département de la Meuse mais sans aucune production en Lorraine). La Lorraine totalise par ailleurs six Labels Rouges dont quatre en viande bovine et deux en œufs. La production reste limitée avec moins de 1% des gros bovins qui sortent des exploitations lorraines pour être abattus et qui sont produits en Label Rouge. Concernant la viande bovine, il faut également souligner l’existence d’un certificat de conformité « Lorraine Qualité Viande » qui n’est pas un SIQO mais dont l’offre est complémentaire à celle des Labels Rouges. Sur un panel de produits plus large, des démarches destinés à identifier l’origine locale des produits alimentaires ont été initiées sur chacun des quatre départements (« Saveurs Paysannes », « Meuse et Merveilles », « Mangeons Mosellan », « Vosges Terroir ») ainsi que, plus récemment, au niveau régional (« La Lorraine est notre signature »)

1 Source : RA 2010 2 Source : RA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 23 Enfin, les études menées au niveau national montrent une forte progression de la demande en produits alimentaires ou cosmétiques certifiés AB (agriculture biologique). La situation de l’agriculture biologique lorraine est détaillée dans le paragraphe 3.4.2.3.

2.3. Des filières inégalement structurées

Avec des acteurs économiques qui se répartissent de manière à peu près équivalente entre le secteur coopératif et le secteur privé, la structuration des différentes filières agricoles et agroalimentaires lorraines est relativement inégale sur le plan de la commercialisation des produits, des investissements (pour la transformation des produits notamment) et de l’appui technique. Dans le domaine des grandes cultures, les entreprises de collecte organisent le marché en assurant la logistique, le stockage et la commercialisation des grains, pour un volume moyen annuel de 2,8 millions de tonnes (céréales et oléagineux). Les trois principales coopératives céréalières lorraines (EMC2, Lorca et CAL) représentent près de 60 % du marché (les 40 % restants se répartissent entre deux grands groupes, privé (Soufflet) ou coopératif hors Lorraine (Vivescia), et des opérateurs (inclus les négoces) de dimension plus modeste). La diversification de ces trois entreprises s’est opérée dans leur cœur de métier (machinisme agricole, magasins verts, alimentation du bétail) mais sans investir directement le champ de l’agro-industrie. Elles réalisent un chiffre d’affaires global de 900 millions d’euros et emploient 1 500 salariés. Des partenariats existent de longue date pour le stockage portuaire, l’approvisionnement, la production de semences ou, plus récemment, pour la nutrition animale (création de Lorial). Outre cette mutualisation des investissements et des services, la filière grandes cultures se caractérise également par une grande expérience de la contractualisation amont et aval. Dans le domaine de l’élevage, l’activité se répartit globalement de manière égale entre des négociants privés et trois coopératives récemment reprises (à la suite de difficultés financières) par les trois coopératives céréalières (Lorca, CAL et EMC2), auxquelles s’ajoutent une organisation de producteurs non commerciale (APAL, association des producteurs d’Alsace-Lorraine) et, dans le secteur ovin, une coopérative extrarégionale (COBEVIM, Haute-Marne). L’APAL intervient en appui technique auprès des éleveurs et assure également des segmentations de marché mais sans transfert de propriété, contrairement aux trois autres coopératives. Ces dernières n’imposent toutefois pas d’apport total à leurs adhérents et certains éleveurs commercialisent ainsi une part de leur production via une coopérative et une autre part via un négociant privé. Un groupement d’intérêt économique (GIE élevage) intervient en harmonisation du conseil technique sur l’ensemble des filières viande et lait. Les sections élevage de Lorca, CAL et EMC2 sont regroupées au sein d’une union régionale (URGPAL). Les sections de Lorca et CAL ont mis en place une seconde union de coopératives (CLOE) pour mutualiser leurs activités logistiques et la mise en marché des bovins (sans transfert de propriété). La filière viande reste peu intégrée avec une quasi-totalité des abattoirs qui appartiennent à des opérateurs économiques privés ou publiques distincts des organisations de producteurs et des négociants d’animaux. Seul l’abattoir de Verdun est la propriété d’EMC2 qui n’en assure pas directement la gestion, laquelle est confiée au groupe Bigard.

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 24 La production laitière est collectée par des coopératives soit de collecte (ULM Union laitière de la Meuse) soit de collecte et de transformation (ULV Union laitière Vittelloise, coopérative de Blâmont, Unicolait, SODIAAL), ou par des entreprises privées (Lactalis, Bongrain, Senoble). Dans le domaine de la collecte, des accords entre collecteurs ont été mis en place afin de rationaliser les circuits de collecte. Dans celui de la transformation, il est à noter la construction d’une unité de prétraitement (par microfiltration) du lait « Valorlait » conjointement entre l’ULM et l’ULV. Dans le secteur de l’arboriculture, le principal acteur économique est l’UCA Végafruits, créée en 1991 par l’union de trois coopératives d’échelle départementale (Jardins de Lorraine, Vergers de Lorraine, Coteaux lorrains) pour en devenir le bureau commercial unique et assurer le conditionnement, la commercialisation et l’expédition de l’ensemble de leurs productions. La mise en route en 2003 d’un atelier de surgélation permet une meilleure maîtrise des débouchés vers l’industrie, aux côtés de la commercialisation en fruit de bouche et la distillation, ainsi que des formes innovantes de valorisation (production d’huiles de noyaux pour la cosmétique. Une seconde organisation de producteurs, Fruilest, regroupe des producteurs de fruits et légumes de Lorraine et d’Alsace. L’organisation des producteurs viticoles lorrains se limite à deux organismes de défense et de gestion (ODG) des AOC/AOP Côtes de Toul et Côtes de Moselle dont l’action porte principalement sur des contrôles internes du respect des cahiers des charges de production. Tout à la fois peu présente et composée d’exploitations de très petite taille, la filière maraîchage lorraine ne dispose d’aucune organisation agissant dans le domaine de l’appui technique ou dans celui de la commercialisation (l’essentiel de celle-ci se faisant en circuits courts). L’association alsacienne PLANETE Légumes (Producteurs de Légumes d'Alsace et du Nord Est pour la Technique et l'Expérimentation des Légumes) dispose d’un conseiller en Lorraine. La Filière Lorraine d’Aquaculture Continentale (FLAC) intervient auprès de ses adhérents en appui technique et en segmentation de marché. Les outils de transformation sont très peu nombreux (cinq au total) et non mutualisés. Non spécifique à une production en particulier, la filière bio se structure progressivement autour d’un grand nombre d’opérateurs économiques spécialisés ayant une activité régionale (coopérative Probiolor pour la collecte de céréales et oléo-protéagineux, SARL Biogam pour la collecte laitière et la commercialisation de produits laitiers, fromagerie de la Meix, SCIC Paysan Bio Lorrain pour la commercialisation de produits bio) ou nationale (Unébio pour la viande). Concernant le lait, les opérateurs conventionnels collectent également le lait bio et, pour certains, le valorisent en produits bio ; une caisse de solidarité, la CAMUGE, permet aux producteurs adhérents de mutualiser leurs primes bio. L’animation générale de la filière est assurée à la fois par le Centre des groupements des agrobiologistes (CGA) de Lorraine et par les chambres d’agriculture. L’ensemble des coopératives agricoles lorraines sont représentées au niveau régional par la fédération interrégionale Nord-Est de Coop de France dont le siège est à Laxou. Des interprofessions existent pour le secteur viande (ALIBEV pour les bovins, ovins, et ALIPORC pour les porcins), pour celui du lait (CIL Grand Est) ainsi que pour le secteur agroalimentaire (AIAL).

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 25 2.4. Une profession agricole en mutation

La profession agricole elle-même est en mutation, depuis plusieurs décennies, avec des mouvements marqués de concentration foncière et de développement des formes sociétaires. Au-delà de ces évolutions, la problématique générale est celle du renouvellement des générations.

2.4.1. Diminution du nombre des exploitations et concentration foncière

Entre 2000 et 2010, le nombre d’exploitations agricoles a diminué d’un quart en Lorraine, soit environ 4 000 exploitations en moins.

8 000

7 000

6 000

5 000

2000 4 000 2010

3 000

2 000

1 000

0 Petites Moyennes Grandes Figure 26 : Evolution du nombre d’exploitations agricoles entre 2000 et 2010 1 Chacune des catégories d’exploitation est touchée mais ce recul concerne surtout les petites exploitations qui ont régressé de 35 % en dix ans. Les grandes exploitations constituent désormais la catégorie la plus représentée en Lorraine avec 5 050 unités devant les moyennes (2 842) et les petites exploitations (4 758), pour un total de 12 650 exploitations. La surface agricole lorraine recensée ayant légèrement augmenté sur la même période (1 138 220 ha en 2010 contre 1 132 531 ha en 2000), la diminution du nombre d’exploitation est synonyme de concentration foncière au sein des exploitations restantes. La superficie moyenne d’une exploitation lorraine a progressé de 32 % en 10 ans pour passer de 68 ha en 2000 à 90 ha en 2010 soit un niveau significativement supérieur au niveau national qui est de 55 ha (42 ha en 2000). Alors que la superficie moyenne des exploitations était déjà plus élevée en Lorraine qu’au niveau français en 2000, la dernière décennie a amplifié le phénomène avec une augmentation de 22 ha en Lorraine contre 13 ha au niveau national. Cette moyenne masque des disparités fortes selon la dimension des exploitations : ce sont les grandes exploitations qui ont le plus augmenté leur superficie entre 2000 et 2010. Leur superficie moyenne a ainsi augmenté de 26 ha tandis que celle des moyennes exploitations a augmenté de 7 ha. La superficie des petites exploitations est restée quasiment stable (passant de 7 à 9 ha).

1 Source : RA 2000 et 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 26 SAU moyenne

200

180

160

140

120 2000 100 Ha 2010 80

60

40

20

0 Petites exploitations Moyennes exploitations Grandes exploitations Figure 27 : Evolution de la SAU moyenne entre 2000 et 2010 1 Les moyennes et grandes exploitations occupent 96 % de la SAU, représentent 87 % des unités de travail annuel (UTA) et contribuent à 97 % de la production agricole lorraine.

2.4.2. L’essor des formes sociétaires

Le phénomène de concentration foncière est aussi le fait d’une évolution profonde du statut des exploitations, avec une diminution importante de la part des exploitations individuelles (qui ont diminué de 36 % en l’espace de 10 ans) au profit des formes sociétaires, GAEC et surtout EARL.

2000 2010

Exploit. Ind. Exploit. Ind. GAE C GAEC

EARL EARL Autres Autres

Figure 28 : Evolution des statuts des exploitations agricoles entre 2000 et 2010 Cette évolution s’accompagne de modifications profondes des modes de faire-valoir des terres au sein des formes sociétaires avec une part croissante du fermage. Toutefois, si l’on regarde uniquement le cas des exploitations individuelles, la répartition des modes de faire-valoir des terres a en fait très peu varié entre 2000 et 2010 :

70%

60%

50%

40% 2000

30% 2010

20%

10%

0% Fermage Faire valoir direct Autres

Figure 29 : Evolution des modes de faire-valoir des terres pour les exploitations individuelles 2

2.4.3. La question du renouvellement des générations

La profession agricole se caractérise par une augmentation importante de la moyenne d’âge de ses actifs. Ce constat est avéré en Lorraine comme sur l’ensemble de l’hexagone.

1 Source : RA 2000 et 2010 2 Sources : RA 2000 et 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 27 Cette caractéristique constitue à la fois une opportunité (avec un volume conséquent de recrutements potentiels) et une contrainte (par les fragilités induites par les départs en retraite et les difficultés de concrétiser les reprises d’exploitation ou les embauches).

2.4.3.1. Des besoins en recrutement importants et différenciés

Une étude récente de la commission paritaire régionale pour l’emploi met en évidence l’existence de besoins de renouvellement de main d’œuvre en production agricole de l’ordre de 5 000 emplois sur 10 ans. Toutefois, ces besoins évoluent en même temps que se modifie la répartition des catégories d’emploi :

16000

14000

12000

10000

2000 8000

UTA 2010

6000

4000

2000

0 Chefs Conjoints non Autres actifs Salariés non Saisonniers et ETA et CUMA d'exploitation et coexploitants familiaux familiaux occasionnels coexploitants Figure 30 : Evolution de la répartition de la main d’œuvre agricole entre 2000 et 2010 1 L’évolution de la répartition de la main d’œuvre agricole apparaît bien corrélée à l’évolution de la structure des exploitations. L’augmentation structurelle de la taille des exploitations s’accompagne d’une augmentation de la part du salariat qui représente désormais 11 % des actifs permanents (soit près de 2 900 actifs) et 13 % des UTA alors qu’il n’en représentait respectivement que 7 % (2 700 actifs) et 9 % en 2000. Cette tendance est très particulière : alors que l’emploi salarié lorrain a reculé de 2,6 % en 2009, le nombre de salariés agricoles a progressé de 0,3 % sur la même période. Un constat identique peut être fait pour les effectifs de saisonniers ainsi que pour les emplois externalisés (ETA, CUMA). Dans le détail, la répartition des catégories d’emploi varie beaucoup selon l’orientation des exploitations :

Travail et orientation

Maraîchage, horticulture

Fruits et cultures permanentes

Elevages hors sol Chefs et coexploitants Autres actifs familiaux Grandes cultures Salariés non familiaux Saisonniers, ETA,,, Ovins et autres herbivores

Polyculture, polyélevage

Bovins % des UTA 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Figure 31 : Répartition des UTA selon l’orientation d’exploitation 2 Sur un plan démographique, la situation des exploitations lorraines montre une tendance marquée au glissement vers le haut de la pyramide des âges des exploitants dont la moitié a désormais plus de 50 ans et le tiers a plus de 55 ans.

1 Source : RA 2000 et 2010 2 Source : RA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 28

Figure 32 : Pyramide des âges des exploitants en 2000 et 2010 1 Le potentiel d’installation de jeunes exploitants est donc réel avec 7 544 exploitations dont le chef d’exploitation ou l’un des coexploitants a plus de 50 ans en 2010. En particulier, 5 151 exploitations individuelles sont concernées mais pour la moitié d’entre elles, il n’y a pas de successeur connu à ce jour et plus clairement pour le quart d’entre elles (33 % pour les petites exploitations, 15 % pour les moyennes et 6 % pour les grandes), l’exploitation va disparaître, faute de successeur. Les résultats des politiques menées en faveur de l’installation ne sont pas corrélés à la hauteur des besoins. Les dotations jeunes agriculteurs (DJA) sont en baisse sensible par rapport au début des années 1990 mais à peu près stables sur la dernière décennie.

France Lorraine

14 000 400

350 12 000

300 10 000 250 8 000 200 6 000 150

4 000 100

2 000 50

0 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Figure 33 : Evolution du nombre d’installations aidées en France et en Lorraine 2 En ce qui concerne les exploitations moyennes et grandes, environ un tiers des installations ne sont pas aidées et ce taux a tendance à augmenter sur la dernière décennie. Dans la moitié des cas, l’absence de diplôme agricole explique cette situation. Le taux varie entre 25 % d’installations non aidées pour les exploitations laitière ou de polyculture-élevage, 40 % pour les grandes cultures et 50 % pour les productions diversifiées (maraîchage, arboriculture, ovins).

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0% 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Figure 34 : Evolution du taux d’installations non aidées entre 2001 et 2010 1 (exploitations moyennes et grandes)

1 Source : RA 2000 et 2010 2 Source : ASP

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 29 Les candidats à l’installation sont très majoritairement d’origine agricole. Depuis 2007, le taux d’installation hors cadre familial (hors lien de parenté de 3 ème degré inclus) est de 27 %. Rapporté au nombre d’exploitations qui baisse rapidement, le taux d’installation a plutôt tendance à augmenter. Le ratio actuel est d’environ deux installations pour trois départs en retraite, corollaire de la concentration foncière au niveau des exploitations.

Figure 35 : Evolution des cessations d’activité et des installations 2

2.4.3.2. Une offre de formation complète mais un déficit d’attractivité de certaines filières

La formation agricole ne figure pas parmi les freins au recrutement. Avec 80 % des agriculteurs lorrains de moins de 40 ans qui ont un niveau Bac (ils étaient un peu moins de 50 % à avoir ce niveau d’études en 2000), la profession est mieux formée que la moyenne française (73 %) et, surtout, plus que l’ensemble des actifs (60 %). Les cinq établissements publics d’enseignement agricole fournissent une offre de formation qui couvre la quasi-totalité des filières de production implantées en Lorraine. Certains manques existent toutefois dans des secteurs de production tels que les productions végétales ou la transformation laitière, mais des offres complémentaires existent soit au sein des établissements privés (un lycée professionnel rural, une école d’horticulture et de paysage et onze maisons familiales et rurales), soit au sein de l’association lorraine de promotion agricole, soit encore dans les départements voisins (école nationale d’industrie laitière de Poligny notamment). Le niveau de formation agricole est donc de plus en plus élevé mais certaines filières d’enseignement peinent à recruter. Les effectifs des différentes formations dépendent en grande partie de leur attractivité auprès des élèves qui peut être mesurée par le « taux de pression » correspondant au rapport entre le nombre de candidats à la formation et le nombre de places offertes. Au sein de la filière professionnelle, les formations en agroalimentaire (classe de seconde professionnelle) et en agroéquipement (classe de première) se caractérisent par un indice de pression sensiblement inférieur à la moyenne de l’Académie alors même qu’il s’agit de secteurs d’activité qui recrutent en grand nombre (de l’ordre de 5 000 emplois au niveau national pour chacun de ces deux secteurs selon Observia et Aprodema). Le constat est similaire pour les formations de niveau 3 (BTS) en agroalimentaire.

1 Source : RA 2010 et ASP 2 Source : CCMSA

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 30 Toutes 1ères Pro. Académie Tous BTSA

1ère Pro. Agro- équipements Sciences et technologies 1ère Pro. CGEA élevage des aliments

Productions animales

Toutes 2des Pro. Académie Analyse et conduite des 2de Pro. Alimentation-Bio sys. d'exploit. industries-Labo

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 Indice de pression Indice de pression Figure 36 : Indices de pression de quelques formations de la voie professionnelle 1 et de BTS 2 La démarche engagée entre les organisations professionnelles et les services de l’Etat pour des engagements de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) sur la période 2012-2015, identifie plus particulièrement en tant que métiers en tension les conducteurs d’engins agricoles, les agents d’élevage ainsi que les ouvriers arboricoles. Le déficit d’attractivité est à lier aux contraintes avérées qui pèsent sur la profession agricole comme par exemple la nécessité d’une disponibilité permanente dans le cas des élevages laitiers. Malgré les progrès techniques, les agriculteurs ont un temps de travail encore nettement plus élevé que les autres groupes professionnels : 54 heures en moyenne par semaine (contre 52 heures pour les artisans, commerçants et chefs d’entreprise et 42 heures pour les cadres) 3. Plus globalement, les agriculteurs constituent la catégorie professionnelle qui prend le moins de vacances (40 % contre 65 % pour l’ensemble de la population 4). Le service de remplacement combiné à un crédit d’impôt (mis en place par la loi d’orientation agricole du 05/01/2006) constitue une réponse pour les éleveurs qui y font de plus en plus souvent appel même si cette pratique ne représente encore que 4 % du volume de travail. 9 % des moyennes et grandes exploitations (13 % des grandes exploitations contre 4 % des moyennes) y ont eu recours au cours de la campagne agricole 2009/2010. Les jeunes générations d’exploitants sont plus nombreuses à y faire appel (12 % pour les moins de 40 ans contre 3 % au-delà de 60 ans). En matière de spécialisation, les exploitations « bovins lait », « bovins mixtes » et « polyculture, polyélevage » représentent 84 % du nombre total de jours de remplacement 5.

Le recours au service de remplacement

Bovins lait

Bovins mixte

Polyculture, polyélevage, autres

Ensemble

Elevages hors sol

Ovins et autres herbivores

Bovins viande

selon la spécialisation Grandes cultures

Cultures permanentes

Maraîchage, horticulture

0 5 10 15 20 en % des exploitations Figure 37 : Recours au service de remplacement en 2010 6

1 Source : Académie Nancy-Metz « Bilan de l’orientation et de l’affectation 2011-2012 » 2 Souce : Admission Post Bac session 2012 3 Source : Insee, enquête emploi 2007 4 Source : INSEE 2004 5 Source : RA 2010 6 Source : RA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 31 Le service de remplacement apporte une certaine réponse à la contrainte de présence continue sur les exploitations, de la même manière que le développement des formes sociétaires.

2.4.3.3. Accès au foncier et transmission

Pour les candidats à l’installation, se pose la question de l’accès au foncier et de la transmission des moyens de production de manière plus générale. Le prix du foncier agricole lorrain est, d’une manière générale et constante, moins élevé qu’au niveau national. En 2010, le différentiel de prix s’est élevé à 6 % sur les biens loués et 15 % sur les biens libres.

Biens libres Biens loués

6 000 6 000

5 000 5 000

4 000 4 000

3 000 3 000

€ courants/ha € 2 000 courants/ha € 2 000

1 000 1 000

0 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Lorraine France Lorraine France Figure 38 : Evolution du prix des terres et prés 1 En volume, le marché foncier agricole lorrain est relativement stable avec environ 10 000 ha de terres agricoles faisant l’objet d’une vente chaque année. La répartition de ce marché entre les biens libres d’une part et les biens loués d’autre part a, en revanche, fortement évolué depuis 2008, avec une progression très importante de la part des biens loués. Le marché des biens libres est ainsi passé d’un niveau moyen de 5 500 ha avant 2008 à moins de 3 000 ha en 2011. La conséquence directe de la diminution du volume des cessions de biens libres est une augmentation conséquente des prix de vente. En l’espace de cinq années, l’écart de prix entre les terres libres et les terres louées est passé de 17 à 35 %. Cette tendance générale regroupe toutefois des situations différentes selon l’orientation de production des exploitations concernées, les terrains à orientation grandes cultures étant sensiblement plus recherchés que ceux à orientation élevage.

Figure 39 : Evolution du marché agricole 2

1 Source : Agreste à partir de données Safer- SSP -Terres d’Europe-Scafr- Insee - Odomatrix 208, INRA UMR 1041 CESAER, Dijon 2 Source : Safer de Lorraine

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 32 La diminution du marché de biens libres vient restreindre l’action de la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER). Certains terrains agricoles sont ainsi mis en location quelques années avant leur mise en vente afin de se soustraire au droit de préemption de la SAFER. D’autres évolutions récentes sont à noter, poursuivant le même objectif, avec notamment une augmentation de la création des groupements fonciers agricoles et des démembrements de propriété. Leur suivi est difficile à effectuer mais un décret du 14 mars 2012 oblige désormais les notaires à adresser aux SAFER une déclaration d’intention d’aliéner l’usufruit ou la nue-propriété des biens agricoles, à titre d’information. L’assouplissement de la politique du contrôle des structures par la loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006 a conduit au relèvement du seuil de surface au-delà duquel les reprises de terres agricoles sont soumises à autorisation d’exploiter, et à la suppression des contrôles spécifiques sur les mouvements de fonds au sein des exploitations ayant une forme sociétaire. La plupart des reprises de terres agricoles échappant au droit de préemption de la SAFER ne font désormais plus l’objet d’une autorisation d’exploiter. La capacité de la Safer de proposer des terrains pour des installations se trouve donc fortement réduite. Destinés à mettre en lien les demandes d’installation avec les offres de cessions, les répertoires départ-installation suivis par les chambres départementales d’agriculture font par ailleurs apparaître un net déséquilibre entre des demandes d’installation nombreuses et une offre limitée (l’obligation pour les exploitants cessant leur activité de transmettre une déclaration en ce sens étant dans les faits peu respectée). Avec un foncier de plus en plus rare et cher, c’est la difficulté plus générale de la transmission des exploitations -de plus en plus grosses- qui s’accroît. Depuis 2007, la moyenne des investissements projetés dans les dossiers de DJA (montant de la reprise et investissements sur les cinq premières années) est de 377 000 €. 3. L’agriculture et de l’agroalimentaire lorrains interrogés sur leur caractère durable

D’importance économique majeure (notamment au sein des espaces ruraux), les secteurs d’activité agricole et agroalimentaire portent des enjeux importants dans les domaines sociaux, en raison des emplois concernés, et environnementaux, du fait des multiples interactions entre agriculture et milieu naturel. C’est ce positionnement particulier au cœur du développement durable des territoires européens qui explique l’importance des aides publiques agricoles venant orienter les systèmes de production. En 2010, les aides agricoles ont totalisé en Lorraine 370 millions d’euros répartis entre 314 millions au titre du premier pilier de la politique agricole commune (85 %) et 56 millions au titre du second pilier (15 %). L’efficacité dans la durée de cette politique publique repose notamment sur la pertinence de la réponse donnée à des enjeux fondamentaux, au regard des évolutions analysées ci-dessus.

3.1. L’emploi global encore à la baisse

L’agriculture et l’agro-alimentaire lorrains constituent un secteur d’emploi d’importance en Lorraine avec 18 395 UTA (représentant 26 478 actifs dont 29 % de femmes) en agriculture et 10 704 ETP en agroalimentaire (représentant 11 471 actifs) (hors artisanat commercial : boulangerie, pâtisserie, charcuterie), soit 3,5 % de la population active lorraine.

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 33 La répartition des emplois agricoles n’est qu’en partie dépendante de la SAU. Des secteurs périurbains en périphérie de Metz ou de Nancy hébergent de nombreux actifs agricoles, lorsque l’on observe la densité des emplois agricoles sur le territoire lorrain. Des densités élevées d’emplois agricoles existent également et fort logiquement au sein des zones rurales des quatre départements mais c’est sur le plan de la proportion d’actifs agricoles parmi la population active globale que les territoires ruraux se caractérisent le plus, tout particulièrement dans le département de la Meuse et dans l’Ouest vosgien.

Figure 40 : Répartition géographique des emplois agricoles, en densité et en proportion (emploi agricole parmi les actifs occupés de 15 ans ou plus)1 Entre 2000 et 2010, le nombre d’actifs permanents dans l’agriculture lorraine a diminué de près de 7 500 (- 22 %) 2. Cette diminution importante concerne avant tout les chefs d’exploitation et coexploitants (- 3 500 actifs, - 17 %) et surtout les conjoints non exploitants (- 2 100 actifs, - 33 %) et les autres actifs familiaux (- 2 400 actifs, - 47 %). En revanche, les salariés non familiaux (+ 400 actifs, + 18 %) et la main d’œuvre non permanente (saisonniers, occasionnels, ETA et CUMA) progressent sur la période. En nombre d’UTA, la baisse atteint 3 500 UTA (- 16 %) soit à une perte moyenne de 350 UTA chaque année. Alors qu’en 2000, 100 ha de SAU en Lorraine occupaient 1,9 UTA, en 2010, 100 ha de SAU n’occupent plus que 1,6 UTA. A l’échelle nationale, cette moyenne est passée de 3,4 à 2,8 UTA/100 ha sur la même période. De façon générale, les exploitations lorraines apparaissent donc nettement moins riches en emplois que la moyenne française (1,6 UTA pour 100 ha de SAU contre 2,8). La Lorraine se caractérise ainsi par des exploitations de relativement grande taille qui recourent à peu de main d’œuvre. C’est la caractéristique d’exploitations spécialisées et productives, et la traduction d’une certaine orientation vers la simplification des techniques culturales. Au final, l’agriculture lorraine ne représente que 2,3 % de l’ensemble des actifs agricoles français. Des différences notables existent cependant selon l’orientation des exploitations, avec un écart de près d’un UTA pour 100 ha de SAU entre les exploitations d’élevage et les exploitations céréalières.

1 Source : RA 2010, Recensement 2008 2 Source : RA 2000 et 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 34 Toutes orientations Total

Polyculture, polyélevage Polyculture, polyélevage Elevages avicoles

Bovins mixte Elevages porcins

Bovins viande Ovins et caprins

Bovins mixte Bovins lait Bovins viande Céréales et oléprotéagineux Bovins lait

0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 UTA/100 ha UTA/100 UGB Figure 41 : Nombre d'emplois agricoles par 100 ha de SAU et par 100 UGB selon l’orientation d'exploitation 1 Parmi les moyennes et grandes exploitations, celles qui commercialisent en circuit court (13 % du nombre total) utilisent logiquement plus de main d’œuvre (2,6 UTA en moyenne) et ont une SAU moindre (108 ha en moyenne) que les exploitations qui ne commercialisent pas en circuit court (respectivement 1,9 UTA et 145 ha). L’écart entre ces deux types d’exploitation atteint 84 % sur le plan du nombre d’emplois par unité de SAU (2,4 UTA pour 100 ha contre 1,3). La répartition géographique des emplois agroalimentaires vient compléter celle des emplois agricoles :

Figure 42 : Répartition géographique des salariés des IAA et localisation des principales IAA 2 Avec près de 4 000 emplois, l’industrie laitière représente plus du tiers des effectifs des IAA lorraines, devant l’industrie des viandes et celle des boissons :

1 Source : RA 2010 2 Source : INSEE – CLAP 2009

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 35 Figure 43 : Répartition des emplois par secteur d'activité des IAA Par rapport aux autres filières industrielles, le secteur des IAA emploie 10 % de l’ensemble des salariés de l’industrie de la région, et se trouve en 3 ème position derrière la métallurgie (22 %) et l’industrie automobile (13 %). Bien que le secteur ait perdu 10 % de ses emplois entre 2003 et 2008, cette position privilégiée a tendance à se conforter du fait du niveau encore plus élevé des pertes d’emplois dans les autres filières.

110

100

90

80

70 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 IAA (avec artisanat commercial) et fab. produits à base de tabac Total industrie Figure 44 : Evolution du nombre de salariés des IAA et de l'industrie A l’échelle nationale, les IAA lorraines représentent 2,6 % des emplois.

3.2. Les disparités du revenu agricole

En 2010, le résultat courant avant impôt (RCAI) par actif non salarié des exploitations agricoles s’élève à 34,4 k€1 ce qui place la Lorraine au 8 ème rang national et 11 % au-dessus de la moyenne nationale qui est de 30,9 k€.

80

70

60

50

k€ 40

30

20

10

0 PACA Corse Centre Alsace France Picardie Limousin Bretagne Aquitaine Auvergne LORRAINE Bourgogne Rhône-Alpes Ile-de-France Midi-Pyrénées Hte-Normandie Franche-Comté Pays de la Loire Paysla de Poitou-Charentes Basse-Normandie Nord-Pas-de-Calais Champagne-Ardenne Languedoc-Roussillon moyenne triennale 2008 2009 2010 Figure 45 : Résultat courant avant impôt par actif non salarié selon les régions 2 Cette situation favorable est constante depuis 2004 (l’année 2009 étant mise à part), quel que soit le système de production (hormis l’orientation « bovin viande »).

40 000

35 000

30 000

25 000

20 000

15 000 en euros courants 10 000

5 000

0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Lorraine France Figure 46 : Evolution du revenu courant avant impôt par actif non salarié 1

1 Source : SSP, indicateurs de revenu 2 Source : RICA, Comptes de l’agriculture

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 36 Contrairement aux revenus des autres catégories professionnelles, les revenus agricoles se caractérisent par une grande variabilité. Sur les quatre dernières années, l’évolution a été la suivante : + 27 % en 2007, -6 % en 2008, -67 % en 2009, + 212 % en 2010. La variabilité des revenus s’est fortement accentuée au cours des dernières années, en lien étroit avec la volatilité croissante des cours qui peut impacter différemment les exploitations selon leur orientation. Ainsi, à titre d’exemple, en 2007, la hausse exceptionnelle du prix du blé et du maïs a profité aux revenus des céréaliers et impacté négativement ceux des filières animales par le biais des charges en alimentation. Sur la période 2000-2010, c’est en grandes cultures que la variabilité interannuelle est la plus grande (coefficient de variation de 44 %) et en bovins mixtes ou lait qu’elle est la plus faible (coefficient de variation respectivement de 25 et 21 %). Dans le détail, le revenu moyen masque par ailleurs des différences sensibles entre orientations de production :

60

50

40

30 k€

20

10

0 Grandes cultures Bovins lait Bovins mixtes Polyculture élevage Toutes orientations moyenne triennale 2008 2009 2010 Figure 47 : Résultat courant avant impôt par actif non salarié selon les OTEX en Lorraine 2 L’orientation « grandes cultures » est celle qui dégage le RCAI le plus élevé. Parmi les autres orientations, les résultats sont assez proches avec toutefois un niveau plus élevé en polyculture élevage qu’en bovins lait ou mixtes. Rapporté à la surface, le revenu agricole lorrain s’avère nettement inférieur à la moyenne nationale, de près d’un tiers. Parmi les systèmes de production, l’orientation « bovin lait » dégage le revenu par hectare le plus élevé.

600

500

400

300 €/ha

200

100

0 Grandes Bovins lait Bovins mixtes Polyculture Lorraine France cultures élevage

Figure 48 : Revenu par hectare selon les orientations de production 3 Une grande variabilité du RCAI existe également au sein même des systèmes de production. Il est en particulier à noter que la moyenne des résultats est systématiquement supérieure à la médiane du fait du poids des résultats les plus élevés.

1 Source : RICA, Comptes de l’agriculture 2 Source : RICA, Comptes de l’agriculture 3 Source : RICA 2010

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 37 120 000

100 000

80 000

60 000 € 40 000

20 000

0 Grandes cultures Bovins lait Bovins mixtes Polyculture élevage Toutes orientations

-20 000 Médiane Moyenne Figure 49 : Dispersion du revenu agricole par OTEX en 2010 1 Pour l’ensemble des orientations, l’intervalle interquartile (écart entre les 25 % d’exploitations aux revenus les plus élevés et les 25 % les plus faibles) du RCAI par UTANS s’élève à 31,4 k€ soit à peu de choses près le niveau moyen du RCAI. La disparité des revenus est très importante quelle que soit l’orientation de l’exploitation mais c’est pour les grandes cultures qu’elle est la plus élevée, en raison notamment de tailles d’exploitations très différentes.

400000

350000

300000

250000

200000 € 150000

100000

50000

0 0 100 200 300 400 500 600 700 -50000 Ha Figure 50 : Répartition du revenu selon la SAU pour l’orientation « grandes cultures »2 Si le RCAI lorrain est supérieur au RCAI français, la part des subventions dans le résultat y est plus importante, spécialement dans les exploitations à orientations bovins mixtes et polyculture élevage. En valeur absolue, les subventions s’élèvent à 52,8 k€ par exploitation en Lorraine contre 31,1 k€ au niveau national. Elles représentent 91 % du RCAI en Lorraine contre 69 % à l’échelle nationale.

100%

80%

60%

40%

20%

0% Grandes Bovins lait Bovins mixtes Polyculture Lorraine France cultures élevage -20% Revenu hors subventions Subventions d'exploitation Figure 51 : Part des subventions dans le résultat par OTEX en Lorraine 3 Rapporté à la surface, le constat est inverse avec un montant de subventions par hectare en Lorraine inférieur de 9 % à la moyenne nationale.

1 Source : RICA 2010 2 Source : RICA 2010 3 Source : RICA 2010, Comptes généraux de l’agriculture

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 38 380

370

360

350

340

330

€/ha 320

310

300

290

280

270 Grandes Bovins lait Bovins mixtes Polyculture Lorraine France cultures élevage Figure 52 : Montant de subvention par hectare selon l’orientation de production 1 La décomposition du revenu agricole permet d’analyser ses composantes et notamment le poids des consommations intermédiaires. Entre 2000 et 2010, l’évolution de la production agricole (hors subventions) suit globalement la même tendance que celle des consommations intermédiaires, avec des augmentations qui s’amplifient à partir du milieu des années 2000.

160

140

120

100

80

60

40 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Consommations intermédiaires Production (hors subventions) Figure 53 : Evolution de la production agricole (hors subventions) et des consommations intermédiaires 2 L’évolution globale des consommations intermédiaires masque toutefois des disparités importantes entre les différents postes de dépenses. Les dépenses liées aux engrais et amendements d’une part et celles liées à l’énergie et aux lubrifiants d’autre part ont ainsi augmenté respectivement de 58 et 47 % sur la dernière décennie alors que l’augmentation globale des consommations intermédiaires a été de 29 %. En volume, ces deux postes et celui de l’alimentation animale (en augmentation de 32 %) représentent désormais près des deux tiers des consommations intermédiaires en Lorraine.

Frais généraux

Produits et services vétérinaires

Entretien et réparation

Matériel et petit outillage

Aliments des animaux

Produits de protection des cultures

Engrais et amendements

Energie et lubrifiants

Semences et plants 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Figure 54 : Evolution 2000-2010 du prix d’achat des moyens de production agricoles en France 3 Sur un plan plus globale, l’évolution de la rentabilité ou de l’efficacité économique (ratio EBE / produits d’exploitation +subventions) ne montre pas de dégradation sur les dix

1 Source : RICA 2010 2 Source : SSP 3 Source : Agreste, Insee – Indice des prix d’achat des moyens de production agricoles (IPAMPA)

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 39 dernières années, en dehors de l’exercice 2009. Par rapport aux autres orientations de production, les exploitations grandes cultures font apparaître une meilleure rentabilité depuis 2007. Les différences entre orientations de production sont plus fortes sur le plan de leur fragilité économique (ratio remboursement des dettes LMT / EBE) ; les exploitations grandes cultures apparaissent moins fragiles que la moyenne tandis que les exploitations en polyculture-élevage le sont davantage. En moyenne, la fragilité économique de l’ensemble des orientations de production est relativement stable depuis 2000 (sauf 2009).

Rentabilité Fragilité économique

60% 60%

50% 50%

40% 40%

30% 30%

20% 20%

10% 10%

0% 0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Toutes OTEX Grandes cultures Bovins lait Toutes OTEX Grandes cultures Bovins lait Bovins mixte Polyculture-élevage Bovins mixte Polyculture-élevage Figure 55 : Evolution de la rentabilité et de la fragilité économique des exploitations selon leur orientation de production 1 3.3. Une valeur ajoutée régionale relativement faible

La production agricole lorraine s’élève à 1,9 milliards € en 20112, ce qui place la Lorraine au 16 ème rang national. Avec 4,2 % de la SAU française, la Lorraine réalise 2,6 % de la production française et seulement 2,0 % de la valeur ajoutée. En matière de transformation, le chiffre d’affaires des IAA lorraines s’élève à 2,625 milliards d’euros en 2009, soit 1,8 % du chiffre d’affaires et 2,2 % de la valeur ajoutée français 3. Les IAA lorraines présentent toutefois un meilleur taux de valeur ajoutée (25 % contre 20 %) notamment dans le domaine de la fabrication de boissons (34 %) 4. Disposant d’un potentiel de production intéressant et d’un véritable savoir-faire industriel, la Lorraine crée moins de richesse économique en agriculture et agroalimentaire que bon nombre de régions françaises. Ce constat est particulièrement attesté pour ce qui concerne la création de valeur ajoutée qui dépend étroitement, entre autres, des complémentarités existant entre les parties amont et aval de la filière. Les complémentarités sont très différentes selon les grandes productions lorraines (lait, viande et grandes cultures). En ce qui concerne le lait, celui-ci est largement transformé en région, ou plus précisément, le volume de lait transformé équivaut à 97 % du volume de lait produit. La transformation très majoritaire correspond à la fabrication de fromages, avec une valeur ajoutée relativement élevée (par rapport à celle de lait de consommation par exemple). Un centre de collecte et de prétraitement du lait a récemment été inauguré à Bras-sur- Meuse, issu d’un partenariat entre l’Union laitière de la Meuse (55) et la fromagerie de

1 Source : RICA 2 Source : Comptes régionaux de l’agriculture 2011 provisoires 3 Source : Esane 2009 4 Source : Esane 2009

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 40 l’Ermitage (88). La valorisation du lait est optimisée via un procédé de microfiltration permettant de séparer les différents éléments du lait (crème, caséine, lactose, protéines, …). La situation est également plutôt favorable dans le domaine de l’abattage bovin dont l’activité en Lorraine équivaut à 86 % de la production régionale.

Figure 56 : Flux entrants et sortants des bovins abattus en 2011 1 En ce qui concerne plus précisément les bovins produits en Lorraine, ceux-ci sont pour 60 % d’entre eux abattus en région, 25 % abattus dans d’autres régions françaises et 15 % à l’étranger. Environ les deux tiers des vaches sont abattues en région ; ce ratio est plus élevé pour les vaches laitières (76 %) que pour les vaches allaitantes (48 %) en raison notamment de la présence d’une unité de fabrication de steaks hachés (Charal) à proximité de l’abattoir de Metz, qui transforme environ la moitié des carcasses de vaches laitières lorraines. Les taurillons (mâles de 18 à 24 mois) représentent près de la moitié du total des exportations à destination de la boucherie. Pour les taurillons laitiers, cet export correspond à plus de 30 % de la production régionale.

Figure 57 : Répartition du cheptel bovin au 31/12/2011 et des abattages de bovins issus des exploitations lorraines en 2011 2 Pour les ovins et les porcins en revanche, les volumes abattus sont très largement inférieurs à la production (en dépit du niveau très limité de la production porcine), avec des niveaux respectifs de 21 % et 38 %.

1 Source : BDNI 2 Source : BDNI

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 41 16000

14000 12000

10000 Production 8000 Abattage 6000 4000 Tonnes (carcasses) 2000 0 Porcins Ovins

Figure 58 : Productions et capacités d’abattage pour les porcins et les ovins en 2010 1 Dans le domaine des céréales, avec un niveau de production céréalière conséquent (entre 2 et 2,5 millions de tonnes par an), une activité de collecte s’est développée et 219 silos maillent l’ensemble des zones de production pour une capacité totale de 2,15 millions de tonnes (dont 1,0 million de tonnes en zone portuaire). Paradoxalement, l’outil de transformation est peu développé avec 14 entreprises dans le domaine du travail des grains et 10 entreprises dans le domaine de la fabrication des aliments pour le bétail, pour un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros en 2009. La capacité de transformation des céréales n’est que d’environ 350 000 tonnes et, en particulier, la fabrication d’aliments pour animaux est très limitée en Lorraine (la production des régions Lorraine, Alsace et Champagne-Ardenne réunies ne représente que 3 % de la production française). Sur l’ensemble de la récolte collectée par les opérateurs lorrains -qui représente environ 84 % de la récolte de blé en Lorraine-, l’essentiel de la production 2010/11 de blé tendre 2 a été exporté vers l’Europe du Nord (75 %) et les autres régions françaises (Alsace principalement, 15 %) ; seuls 10 % de la production lorraine ont été transformés localement.

Figure 59 : Logistique du blé tendre 2010/11 par les collecteurs lorrains Si on compare globalement la récolte de blé lorrain et la capacité de transformation en région (quelle que soit l’origine du blé), le taux de transformation est de 13 %, notamment grâce à la principale unité de meunerie, située à Nancy (Grands Moulins de Paris), qui produit annuellement 80 000 tonnes de farine. Au total, 87 % des céréales produites en Lorraine quittent donc la région sans y avoir été transformées. Un constat similaire peut être effectué pour la production d’orge dont la part collectée par les opérateurs lorrains n’est transformée qu’à hauteur de 9 % en région. La principale

1 Sources : SAA 2010 et DIFFAGA 2 Source : FranceAgriMer

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 42 usine de transformation (Malteurop) est située à Metz et traite annuellement 100 000 tonnes d’orge.

Figure 60 : Logistique de l'orge 2010/11 par les collecteurs lorrains En ce qui concerne le colza, la part de transformation régionale est plus importante avec 28 % de la production collectée par les opérateurs lorrains qui est transformée en région, quasi exclusivement par l’usine d’agro-carburants Inéos-Champlor implantée à Verdun, laquellei dispose d’une capacité de transformation potentielle de 400 000 tonnes de graines de colza (et qui valorise ses coproduits en tourteaux de colza destiné à l’alimentation du bétail).. Si on compare globalement la récolte de colza lorrain et la capacité de transformation en région (quelle que soit l’origine du colza), le taux de transformation atteint 63 %. Bénéficiant, avec la Moselle navigable et des ports de Metz (1 er port céréalier fluvial d’Europe) et Frouard, d’une infrastructure de transport très compétitive pour des pondéreux tels que les céréales (en particulier grâce une complémentarité de transport aller et retour avec la sidérurgie), les collecteurs lorrains se sont donc spécialisés dans le commerce des céréales et oléagineux à destination de grands bassins de consommation d’Europe du Nord, au détriment du développement d’outils de transformation ou de réexportation. Au total, ce sont 2,7 millions de tonnes de céréales et de colza qui ont transité par le port d’Apach lors de la campagne 2010/11 1. Dans le domaine plus modeste de la transformation des produits arboricoles, il est intéressant de noter que les outils de transformation des mirabelles (surgélation, distillation) assurent, en complément de la valorisation en fruit de bouche, une diversité des débouchés.

3.4. Un bilan environnemental contrasté

3.4.1. Une artificialisation des sols qui s’accélère

1 Source : Voies Navigables de France

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 43 Lorraine France

2% 7% 9% 2% 3% 5%

31% 35% 51% 52%

38% 20% 17% 31%

Sols boisés Landes et friches Sols nus naturels et eaux Sols boisés Landes et friches Sols nus naturels et eaux Sols artificialisés Sols cultivés Surface toujours en herbe Sols artificialisés Sols cultivés Surface toujours en herbe Figure 61 : Utilisation des sols en Lorraine et en France en 2010 1 Avec 7% de surface artificialisée en 2010, la Lorraine est moins artificialisée que la moyenne nationale (9%) et se situe au 9 ème rang des régions les moins artificialisées. L’évolution récente montre toutefois une accélération nette de l’artificialisation des sols en Lorraine. En effet, alors que celle-ci était d’environ 1 000 ha par an entre 1992 et 2006, elle a été d’environ 3 400 ha par an entre 2006 et 2010 2. Le seul département de la Moselle représente 45 % des 3 400 ha. Par rapport au niveau national, alors que le rythme d’artificialisation en Lorraine était d’environ la moitié du rythme national entre 1992 et 2006, les deux rythmes ont été du même niveau entre 2006 et 2010. Sur cette dernière période, les disparitions de terrains agricoles s’élèvent à environ 1 500 ha par an et représentent donc environ la moitié de l’artificialisation. Le reliquat de l’artificialisation impacte les sols boisés et les autres utilisations du sol. Le suivi de l’artificialisation des terrains agricoles effectué par la Safer l’établit à un niveau similaire, à hauteur de 1 410 ha par an entre 2007 et 2010 (contre 1 170 ha par an entre 2000 et 2006). Il est par ailleurs intéressant de noter que l’urbanisation ne représente qu’environ le tiers de l’artificialisation en Lorraine entre 2000 et 2006. Le surplus est le fait des infrastructures (26 %), des zones industrielles et commerciales (18 %) et des autres sources d’artificialisation (carrières, … 23 %) 3. Toutefois, c’est avec l’urbanisation que la pression sur les prix des terrains est la plus forte : alors que le prix moyen des terrains agricoles libres s’élevait en 2009 en Lorraine à 4 050 €/ha 4, celui des terrains à bâtir (le cas échéant viabilisés) s’élevait quant à lui à 490 000 €/ha 5. L’urbanisation apparaît très peu efficace en Lorraine si on la compare à l’évolution de la population. En effet, le ratio du nombre d’habitants supplémentaires par hectare de superficie urbanisée est de 66 ha pour la France métropolitaine et seulement de 21 en Lorraine 6. Il pourrait même devenir négatif si la récente (et légère) reprise de la croissance démographique ne se confirmait pas dans les années à venir.

1 Source : Agreste – Enquête Téruti-Lucas 2 Source : Agreste – Enquête Téruti-Lucas 3 Source : Insee 2009 – « La Lorraine vue par Corine Land Cover » 4 Source : Agreste à partir de données Safer- SSP -Terres d’Europe-Scafr- Insee - Odomatrix 208, INRA UMR 1041 CESAER, Dijon 5 Source : DREAL Lorraine – Enquête EPTB 6 Source : Insee 2009 – « La Lorraine vue par Corine Land Cover »

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 44

Figure 62 : Part de l’espace lorrain artificialisé en 2008 1 L’artificialisation constitue la dégradation ultime et le plus souvent irréversible des sols. Pour autant, les sols agricoles peuvent se dégrader sous l’effet de pollutions (industrielles par exemple) ou, plus graduellement, à la suite de pratiques culturales inadaptées telles que le raccourcissement des rotations, la diminution des restitutions de matière organique, les labours profonds, le retournement des prairies, etc. qui peuvent favoriser des phénomènes de tassement, de lessivage ou d’érosion. Facteur de production de base (avec les conditions climatiques), le sol est un potentiel fragile qui assure en outre des fonctions de régulation essentielles comme la séquestration du carbone, le filtrage et l’épuration des eaux.

3.4.2. La ressource en eau encore loin du bon état écologique

La qualité des eaux constitue un enjeu majeur, que celles-ci soient superficielles ou souterraines, notamment pour la qualité des captages destinés à l’alimentation en eau potable. Sur le plan des eaux superficielles, deux grands cours d’eau, la Meuse et la Moselle alimentés par leurs affluents, irriguent la Lorraine. Leurs bassins versants se prolongent en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas où l’alimentation en eau potable provient essentiellement de pompages dans leurs eaux. En ce qui concerne les eaux souterraines, les principaux aquifères sont les grès vosgiens et les formations calcaires du Muschelkalk, du Dogger, de l’Oxfordien et du Tithonien ainsi que les nappes alluviales de la Meuse et de la Moselle. L’amélioration ou le maintien de la qualité des eaux des réservoirs souterrains est un enjeu majeur à long terme. Sur un plan administratif, la région Lorraine dépend de trois agences de bassin, Rhin- Meuse, Seine-Normandie et Rhône-Méditerranée-Corse qui couvrent respectivement 84%, 12% et 4% de la SAU lorraine 2. Les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) des bassins Rhin-Meuse, Seine-Normandie et Rhône-Méditerranée-Corse définissent des objectifs de quantité et de qualité des eaux ainsi que les aménagements à réaliser pour les atteindre,

1 Source : DREAL Lorraine 2 En cas d’absence de données régionales, la caractérisation de l’état des lieux sera approchée à partir des données de l’agence de l’eau Rhin-Meuse

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 45 conformément aux dispositions de la directive cadre sur l’eau (DCE) qui fixe un objectif général de restauration d’un bon état chimique et biologique des masses d’eau en 2015. L’impact des activités agricoles tient principalement aux nitrates (et à un degré moindre au phosphore) et aux produits phytosanitaires.

3.4.2.1. Nitrates

Le cycle naturel de l’azote a été déséquilibré au profit de la forme nitrates du fait de nombreux apports liés à l’activité humaine. Parmi ceux-ci, les apports agricoles proviennent des élevages ainsi que du lessivage de sols nus et amendés. En ce qui concerne les eaux superficielles, la situation lorraine était en 2004 relativement moyenne pour les nitrates, avec plus des deux tiers des stations suivies présentant une concentration supérieure à 10 mg/l (72% des points de mesure avec une concentration inférieure à 25mg/l, 27% avec une concentration comprise entre 25 et 40 mg/l et 1% supérieure à 40mg/l). Toutefois, au regard de l’enjeu de la Directive Cadre sur l’Eau fixant le seuil de non atteinte du « bon état » à 50 mg/l, aucune station de mesure ne présentait ces caractéristiques.

Figure 63 : Indicateurs de qualité des aux superficielles 1 En ce qui concerne les eaux souterraines, sur les 325 points de mesure analysés en 2008, 10 (3%) ont présenté une concentration moyenne annuelle en nitrates supérieure à la limite de qualité pour les eaux destinées à la consommation humaine (50 mg/l). En dépassement ponctuel, sur les 768 analyses effectuées en 2008, ce sont 37 analyses (4,8%) qui ont dépassé cette limite de qualité et 92 analyses (12%) la valeur de 40 mg/l. Ce sont les nappes calcaires qui sont principalement concernées par des problèmes de pollution qui sont pour la plupart localisés.

Figure 64 : Evolution de la teneur annuelle en nitrates dans les eaux souterraines 2

1 Source : DREAL « Profil environnemental de la Lorraine » 2 Source : DREAL – AERM (points du RCS et du RCO)

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 46 Que ce soit pour les eaux superficielles ou souterraines, leur qualité (par rapport à la teneur en nitrates) est donc globalement moyenne et plutôt orientée vers une stabilisation en dépit de toutes les mesures prises pour leur restauration depuis plus de vingt ans. Sur un plan territorial, les zones vulnérables vis-à-vis des nitrates couvrent 28 % du territoire régional. Elles sont elles-mêmes couvertes à 58 % par des terrains agricoles et à 26 % par de la forêt. Les prairies permanentes représentent 26 % de la SAU concernée. La pollution est la plus importante sur les bassins versants de la Meuse, la Chiers, la Nied et des principaux affluents de la Moselle (Madon, Seille, Orne).

Figure 65 : Qualité nitrates des eaux superficielles et souterraines et zones vulnérables 1 Face à cet enjeu, les pratiques agricoles évoluent lentement. Les différentes mesures prises conduisent à une stabilisation de la situation depuis les années 1990 mais sans gain notable sur le bilan d’azote agricole.

kgN/ha

190

170 Excédent 150

130

110

2003 90

70

50 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Apports totaux d'azote Exports d'azote par la récolte Figure 66 : Bilan d’azote agricole par ha de SAU : apports, exports et excédents 2 Le solde (écart entre les apports et les exports) du bilan d’azote est de 48 kg/ha en Lorraine sur la période 2008-2010 contre 22 kg/ha au niveau national. L’écart par rapport au niveau national se retrouve avec l’évolution de la pression azotée totale (apports organiques et minéraux). Alors que la pression azotée connaît une

1 Source : DREAL – Données OIEAU – Percentile 90 de la concentration 2010/2011 et évolution des concentrations moyennes entre 2004 et 2010 2 Source : Unifa (livraisons en kg d’éléments nutritifs par ha fertilisable)

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 47 légère contraction en moyenne en France depuis 2000, l’évolution en Lorraine est plutôt orientée à la hausse.

Figure 67 : Evolution de la pression azotée annuelle (kg/ha fertilisable) 1

3.4.2.2. Produits phytosanitaires

Selon le portail national d'Accès aux Données sur les Eaux Souterraines (ADES), en 2008, sur les 568 analyses de pesticides réalisées sur 223 points de mesure des eaux souterraines en Lorraine (dans le cadre du contrôle sanitaire par l'ARS et de la surveillance de la qualité des eaux souterraines par l ’Agence de l ’Eau Rhin-Meuse), la limite de qualité pour les eaux destinées à la consommation humaine (0,1 μg/l) a été dépassée pour 48 analyses (8,5% des cas) sur 30 points de mesures. Des traces de pesticides, en majorité de l ’atrazine et ses dérivés, ont été détectées dans 512 analyses (90% des cas). Les nappes les plus impactées par cette contamination sont celles des calcaires du Dogger et de l’Oxfordien. En ce qui concerne les eaux superficielles, des pesticides ou leurs métabolites sont retrouvés dans la quasi-totalité des stations de suivi. Au total, 82 substances (sur les 280 substances recherchées en 2010) sont retrouvées plus ou moins fréquemment dans les eaux superficielles du bassin. L ’atrazine et ses métabolites, herbicide interdit à la vente depuis 2003, se retrouvent encore dans 4% des prélèvements, alors que le glyphosate (roundup) et son principal métabolite (AMPA) sont identifiés respectivement dans 6 % et 30% des prélèvements. Le diagnostic réalisé dans le cadre du plan régional Ecophyto 2018 conclut à une présence généralisée de substances phyto-pharmaceutiques dans les milieux aquatiques. Pour environ 90 % des cas en eaux de surface et 10 % des cas en eaux souterraines, les teneurs retrouvées nécessiteraient la mise en œuvre de traitements spécifiques pour l’élimination des pesticides si l’on voulait utiliser ces ressources aquatiques pour la production d’eau destinée à la consommation humaine (valeurs supérieures à 0,1 µg/l). Par ailleurs, dans 20 % des points suivis en eaux de surface, une utilisation en vue de produire de l’eau de consommation humaine serait réglementairement impossible (valeurs supérieures à 2 µg/l par substance active). Ces éléments de diagnostic se retrouvent dans la liste des captages dégradés des SDAGE Rhin et Meuse : sur les 400 captages dégradés recensés sur ce bassin (10 % des sources), 260 le sont du fait de rejets agricoles diffus et, parmi ceux-ci, pour 186 il s’agit de pesticides et pour 40 à la fois de pesticides et de nitrates. Le premier axe de la déclinaison du plan Ecophyto (cf. ci-après) vise l’évaluation des progrès en matière de diminution de l’usage des pesticides. En 2005, les ventes de substances actives en Lorraine représentaient 2,1 % des ventes nationales, avec une tendance régionale

1 Source : SSP, estimations

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 48 allant dans le sens d’une baisse des ventes pour les usages agricoles et, à l’inverse, d’une augmentation des ventes pour les usages non agricoles. Les usages agricoles représentent toutefois encore plus de 90 % de l’utilisation des substances actives chimiques de synthèse.

Figure 68 : Evolution des quantités de substances actives 1 Le suivi des ventes des quantités de substances actives est toutefois insuffisant pour suivre l’évolution des pratiques du fait de la mise sur le marché de nouvelles molécules ou de nouveaux produits pouvant agir avec des quantités d’épandage plus faibles mais présentant une toxicité différente. Pour pouvoir évaluer les progrès en matière de diminution de l’usage des pesticides sur le plan de leur impact, le plan Ecophyto utilise un indicateur intégré qui est le nombre de doses unités (NODU). La méthodologie de calcul du NODU ne permet pas encore une déclinaison au niveau régional. Les indicateurs de fréquence de traitement des grandes cultures permettent néanmoins de compléter les données sur les ventes pour pouvoir situer, sur le plan des pratiques, la Lorraine par rapport au niveau national. Il en ressort des traitements plus fréquents en herbicides et moins fréquents en autres phytocides (insecticides, fongicides, …).

IFT herbicide IFT autres

2,5 6

2 5

4 1,5 Lorraine Lorraine 3 France France 1 2

0,5 1

0 0 Blé Orge Colza Blé Orge Colza Figure 69 : Indicateurs de fréquence de traitement des grandes cultures 2

3.4.2.3. Les mesures engagées

L’importance des enjeux liés à la qualité des eaux a amené la mise en place de différentes actions visant la restauration de cette qualité au-delà des aspects réglementaires concernant les zones vulnérables aux nitrates. Ces actions se déclinent sous forme de mesures territorialisées selon les enjeux identifiés. Ainsi, l’agence de l’eau Rhin-Meuse a défini des « zones d’action prioritaire » et des « zones sensibles » à partir d’une cartographie du potentiel de contamination des eaux par les produits phytosanitaires, du zonage des captages dégradés identifiés dans le SDAGE (dont les captages Grenelle) ainsi que des zones vulnérables.

1 Source : Base nationale de données des ventes des distributeurs 2 Source : Calcul à partir des enquêtes « pratiques culturales » 2001 et 2006 – Ministère de l’agriculture

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 49

Figure 70 : Cartographie des zones à enjeu eau sur les bassins du Rhin et de la Meuse 1 Les zones d’action prioritaires représentent 32 % de la SAU concernée par l’agence. Leur délimitation tient à la fois aux pratiques agricoles et aux conditions de milieux (sols, topographie, …) plus ou moins favorables au lessivage des nitrates et/ou des pesticides. C’est sur ces zones que les efforts portent prioritairement en vue d’une évolution des pratiques agricoles. Une « plateforme agricole » (convention de partenariat) 2010-2012 a été signée entre l’Etat, l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et les Chambres régionales d’agriculture concernées afin de cibler les actions en direction des zones d’action prioritaires et plus particulièrement encore sur les aires d’alimentation des captages dégradés identifiés dans le SDAGE et notamment les captages Grenelle. Parmi les mesures mises en œuvre en vue de la réduction de la pression azotée et de l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les zones à enjeux, les mesures agro- environnementales territorialisées (MAEt) couvrent 9 000 ha (répartis entre environ 8 000 ha contractualisés pour l’utilisation des phytocides et 1 000 ha pour les nitrates) représentant 23 % de la SAU des 44 sites concernés au titre de la DCE. Le dispositif s’appuie sur une animation locale en vue de la contractualisation d’engagements de mise en herbe de surfaces cultivées, de suppression ou de limitation de pesticides, de mise en place de cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN) (en dehors des zones vulnérables depuis 2009), de réduction de la fertilisation azotée (depuis 2010) ou de conversion à l’agriculture biologique (jusqu’en 2011).

10 000

9 000

8 000

7 000

6 000

5 000 Ha

4 000

3 000

2 000

1 000

0 2008 2009 2010 2011 Total Figure 71 : Surfaces contractualisées en MAEt « DCE »2

1 Source : Données AERM – Traitement DRAAF SRISE 2 Sources : Déclarations PAC, ASP

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 50

Figure 72 : Localisation des cultures intermédiaires pièges à nitrates (1 point = 5 ha) 1 En parallèle à ce premier dispositif territorialisé, des dispositifs d’animation locale « Agri-Mieux » ont été mis en place, associant l’agence de l’eau Rhin-Meuse, les chambres d’agriculture et le conseil régional. Sur les 10 territoires définis, l’animation locale initie des actions de démonstration de techniques, d’information et de sensibilisation. Venant en réponse à l’altération de certains usages potentiels de l’eau du fait de la présence de résidus phytosanitaires, le plan Ecophyto, élaboré en 2008, a pour ambition de réduire de 50 % les usages des pesticides dans un délai de 10 ans, si possible. Il s’agit en particulier de réduire la dépendance de l’agriculture française aux produits phytopharmaceutiques par le développement de systèmes de production plus économes vis-à- vis de ces produits. Les actions déclinées en Lorraine portent entre autres sur la promotion des techniques et systèmes de culture économes en pesticides, la concertation sur la réduction des pesticides dans les aires d’alimentation des captages prioritaires, la mise en place des réseaux d’épidémio-surveillance végétale, etc . En parallèle au plan Ecophyto, le plan national « agriculture biologique : horizon 2012 », élaboré fin 2007, a fixé un objectif de 6 % de la SAU consacrés à ce type de pratique fin 2012. Cet objectif ne sera vraisemblablement pas atteint en Lorraine puisque l’agriculture biologique ne couvrait que 3,0 % de la SAU fin 2011. Dans le détail, les différences sont importantes entre les départements :

6

5

4

3 %SAU

2

1

0 Meurthe-et-Moselle Meuse Moselle Vosges

Figure 73 : Part de l’agriculture biologique dans les départements lorrains fin 2011 2 Les 33 251 ha exploités en mode de production biologique (certifiés ou en cours de conversion) place la Lorraine au 14 ème rang national tandis que sur le plan du nombre d’exploitations, avec 425 exploitations bio, la Lorraine se classe au 17 ème rang national.

1 Source : RA 2010 2 Source : Agence Bio

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 51 La tendance observée depuis le lancement du programme d’actions est toutefois nettement à la hausse avec une augmentation de la surface en agriculture biologique de près de 75 % entre 2008 et 2011.

Figure 74 : Evolution du nombre d’exploitations et des surfaces en mode de production biologique 1 Un schéma régional d’actions a été élaboré en 2010 en partenariat entre les chambres d’agriculture de Lorraine et le centre des groupements des agrobiologistes de Lorraine (CGA) pour la période 2010-2015. Ce schéma vise notamment la structuration de la filière, laquelle devrait se renforcer courant 2012 avec la construction d’une usine de fabrication d’aliments pour le bétail bio à Roville-devant-Bayon. Plus spécifiquement en lien avec l’impact des nitrates, des investissements importants ont été consentis depuis le début des années 1990 pour la mise aux normes des bâtiments d’élevage. Différents dispositifs d’aide ont été mis en œuvre pour accompagner cet impératif. Ainsi, dans le cadre du programme de maîtrise des pollutions liées aux effluents d’élevage (PMPLEE ou PMPOA II) couvrant la période 2000-2006, 31 millions d’euros sont venus aider la mise aux normes de près de 1 400 exploitations agricoles totalisant -entre autres- 29 % des UGB présents en zones vulnérables. A compter de 2005, les investissements destinés à gérer les effluents d’élevage ont été intégrés au plan de modernisation des bâtiments d’élevage (PMBE), dispositif qui a fait l’objet de modifications importantes avec son intégration au plan de développement rural hexagonal (PDRH) en 2007. Les quatre conseils généraux lorrains et l’agence de l’eau Rhin- Meuse interviennent en cofinancement du fonds européen agricole pour le développement rural. Depuis 2005, 37 % des exploitations d’élevage ont pu bénéficier d’aides dans le cadre du PMBE. En 2011, 18 % des dossiers présentés portaient sur la gestion des effluents, principalement dans les Vosges et en Moselle. Le plan végétal pour l’environnement (PVE) a été mis en œuvre en 2007 avec un enjeu principal qui porte sur la reconquête de la qualité des eaux. Ce dispositif d’aide aux investissements à vocation environnementale rencontre un intérêt croissant et le nombre de dossiers déposés est passé progressivement de 9 en 2007 à 69 en 2011. Un tiers des dossiers déposés portent sur des alternatives à l’usage d’herbicides grâce à un désherbage mécanique (acquisition d’herses étrilles). La préservation de la qualité de l’eau en Lorraine passe aussi par la préservation de la surface en prairies permanentes qui constitue un enjeu environnemental majeur. Couvrant 38 % de la SAU régionale, elles ont un impact important sur la limitation de l’érosion des terres agricoles et constituent un atout pour la préservation de la qualité des eaux souterraines et superficielles. Souvent présentes dans les vallées alluviales, ces prairies constituent des

1 Source : Agence Bio

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 52 milieux humides souvent remarquables d’une diversité biologiques très riche. Elles constituent donc des réservoirs de biodiversité et des espaces de stockage du carbone. Typiques des systèmes de polyculture élevage des zones intermédiaires, elles sont un frein important à la spécialisation et la simplification des systèmes de production. Drainées et/ou mises en culture, ces surfaces régressent depuis cinquante ans (cf. paragraphe II-A).

3.4.3. Biodiversité et paysage : une préoccupation croissante

3.4.3.1. Biodiversité

La complexité d’analyse de la biodiversité rend nécessaire l’utilisation d’indicateurs pour caractériser l’existant et suivre son évolution. L’un des rares indicateurs robustes sur la biodiversité qui soit disponible sur une période assez longue concerne les oiseaux communs. Les oiseaux, espèces occupant des positions variées et plutôt élevées au sein des chaînes trophiques, sont considérés comme de bons indicateurs de la fonctionnalité des milieux. L'indicateur produit est un indice agrégé qui reflète les variations d'abondance de 65 espèces communes d'oiseaux nicheurs en métropole, mesurées dans le cadre du programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). Outre l'indice global (toutes espèces), l'indicateur comprend un indice pour quatre groupes d'espèces (généralistes, spécialistes des milieux agricoles, des milieux forestiers et des milieux bâtis). Sur les dix dernières années, les évolutions montrent une légère baisse de la population totale d’oiseaux communs en Lorraine, alors que les effectifs sont stables globalement en France. Cette stabilité, qui fait suite à des baisses importantes entre 1970 et 2000, est considérée comme préoccupante. En particulier, l’examen des évolutions par type d’espèce montre des diminutions fortes chez les espèces spécialistes des milieux agricoles.

Figure 75 : Evolution de l’indicateur STOC des espèces d’oiseaux spécialistes des milieux agricoles entre 2001 et 2009 1 Un indicateur plus récent, retenu par l’observatoire national de la biodiversité (ONB), est la biomasse microbienne des sols. La microflore du sol, de taille inférieure à quelques dizaines de µm, regroupe majoritairement des bactéries et des champignons. Le nombre d’espèces et leur abondance varie en fonction du milieu, des caractéristiques du sol et de son usage. La biomasse microbienne a été mesurée dans les sols de France métropolitaine lors

1 Bilan 2009 du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC)

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 53 d’une première campagne de mesures (2000-2009), grâce à une estimation de la quantité d’ADN. Cette dernière s’échelonne de 0,1 à 41,8 µg d’ADN par gramme de sol. Près des trois quarts des sols analysés ont des concentrations situées entre 5 et 15 µg, le reste se répartissant équitablement au-delà de ses deux limites. Les sols les plus riches en ADN microbien sont situés en Lorraine et en Champagne-Ardenne et dans les massifs montagneux (Alpes, Massif central, Pyrénées, Vosges). Les sols les plus pauvres en microorganismes se trouvent dans le Bassin parisien, les Landes et le Languedoc-Roussillon.

Figure 76 : Biomasse microbienne des sols 1 Cette distribution géographique s’explique par la texture des sols, la teneur en carbone organique et en azote, le pH et par l’occupation et l’usage du sol. Les caractéristiques physico-chimiques des sols sableux et acides (Podzosols) sont à l’origine des plus faibles biomasses microbiennes dans les Landes et en Sologne. Les sols présentant la plus grande abondance microbienne sont argileux, basiques (pH élevé) et riches en carbone organique. L’évolution des pratiques agricoles en vue d’une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité est inscrite au travers de différentes mesures territorialisées telles que les MAEt « Natura 2000 » ou « biodiversité » (sur les sites autres que ceux du réseau Natura 2000, comme par exemple les espaces naturels sensibles des départements) ou des actions menées localement avec des acteurs divers (fédérations des chasseurs notamment). Entre 2007 et 2011, plus de 1 000 contrats ont été passés au titre des MAEt, représentant 25 % de la SAU des 41 sites Natura 2000 concernés et 5% de la SAU des 10 sites « biodiversité » concernés. Au total, 16 000 ha de MAEt ont été contractualisés en cinq ans.

18000

16000

14000

12000

10000 Ha 8000

6000

4000

2000

0 2007 2008 2009 2010 2011 Total Natura 2000 Biodiversité Figure 77 : Surfaces contractualisées en MAEt « Natura 2000 » et « Biodiversité »2

1 Source : © Inra Dijon, plateforme GenoSol – GIS Sol , 2012 2 Sources : Déclarations PAC, ASP

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 54 Les espaces protégés et les espaces naturels importants pour la préservation de la biodiversité constitueront la maille de base du futur schéma régional de cohérence écologique instauré par la Loi Grenelle II. Outre les zonages de protection existants, la méthode retenue en Lorraine pour l’établissement de la future trame verte et bleue fait intervenir quatre autres critères à savoir les milieux aquatiques (cours d’eau et zones humides), les espèces « déterminantes » (espèces pour lesquelles la région possède une responsabilité suprarégionale et constitue un « réservoir-source », y compris pour des espèces communes), les habitats et les enjeux. L’objectif minimum de la trame verte et bleue sera de répondre aux besoins de déplacement de ces espèces « déterminantes ».

3.4.3.2. Paysage

Dans le domaine du paysage, l’activité agricole a une influence notable par l’évolution de ses pratiques renforcée par les opérations d’aménagement foncier (remembrement). La régression des surfaces en prairie, la suppression de haies ou de vergers, la mise en place des bandes enherbées le long des cours d’eau ont un impact fort sur la perception paysagère des espaces agricoles.

Figure 78 : La figure emblématique du verger de mirabelliers dans le paysage lorrain 1 A l’inverse, la déprise agricole sur les terres les moins productives ou les plus difficiles d’accès conduisent à une fermeture des paysages par enfrichement ou boisement. Des plans de paysage mettent en place des plans d’action portant entre autres sur les espaces agricoles (existants ou à reconquérir dans le cadre des réouvertures de paysages). Le massif vosgien est particulièrement concerné par la mise en œuvre de cette politique.

1 Source : DREAL Lorraine

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 55 Figure 79 : Etat des plans de paysage 1

3.4.4. Changements climatiques et défi énergétique : le début d’une prise de conscience

Parmi les enjeux environnementaux, la question des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de ses conséquences sur le climat prend une importance croissante. L’agriculture est un secteur d’activité qui est à la fois émetteur de GES et soumis aux incidences des changements climatiques. Sur ce dernier point, des premiers constats peuvent d’ores et déjà être faits sur l’évolution des indicateurs phénologiques et sur celle des pratiques culturales 2. A titre d’exemples, on note : - pour le mirabellier : une date de levée des dormances plus précoce, entraînant des risques plus importants de gelées printanières ; la récolte s’est avancée d’une douzaine de jours entre 1989 (vers le 23 août) et la fin des années 2000 (vers le 11 août) ; - pour les grandes cultures : la hausse des températures moyennes, accentuée depuis 1980, justifie en partie l’avancée des dates de semis du maïs et du blé d’hiver notamment, avec pour ce dernier une avancée de la date de récolte située aujourd’hui autour du 25 juillet ; - pour les prairies : les prairies permanentes sont aujourd’hui fauchées 15 jours plus tôt qu’avant les années 1980. Le schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) mis en place par les lois Grenelle I et II a été approuvé le 20/12/2012. L’état des lieux dressé par le projet de SRCAE met en évidence le poids de l’agriculture dans la problématique des émissions de GES. En matière de consommation d’énergie, la Lorraine était en 2002 en tête du classement des régions françaises pour la consommation par habitant (3,8 tep en Lorraine contre 2,6 tep en moyenne nationale), ce qui s’explique par le poids prépondérant du secteur industriel dont les activités sont très consommatrices d’énergie. L’agriculture est le secteur le moins consommateur en énergie ; elle représente 1 % de la consommation régionale mais elle est dépendante en quasi-totalité du pétrole. Dans le domaine des émissions de GES, la Lorraine se situe également dans la fourchette haute des régions françaises, en seconde position pour les émissions par habitant et en cinquième position pour les émissions par hectare. L’agriculture se singularise des autres secteurs par le fait que la très grande majorité des émissions provient d’émissions non énergétiques :

- le méthane, CH 4, issu de la fermentation entérique des bovins et de la gestion des effluents d’élevage ;

- le protoxyde d’azote, N 2O, issu essentiellement de la nitrification/dénitrification dans les sols cultivés notamment du fait de l’utilisation d’engrais azotés minéraux.

1 Source : AREL-DREAL 2003 2 Source : « Effets des changements climatiques sur les politiques publiques » - Préfecture de la région lorraine 2008

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 56 Au total, le secteur agricole lorrain était, en 2005, à l’origine de l’émission de 7,3 millions de teq CO 2 (dont seulement 264 milliers de teq CO 2 pour la partie énergétique) dont environ deux tiers de N2O et un tiers de CH4.

Industrie

Agriculture

Transports

Résidentiel

Tertiaire

0 2 4 6 8 10 12 Millions de teq CO2

Figure 80 : Emissions 2005 de GES par secteur d’activité 1 Les orientations du SRCAE visent en premier lieu la réduction de la consommation énergétique. Même si le secteur agricole est -de très loin- moins concerné que les autres secteurs d’activité (transport, logement, industrie, etc. ), il reste intéressé par des gains pouvant être tiré de la maîtrise énergétique des exploitations. Dans le domaine de la production d’énergies renouvelables, le secteur agricole est principalement concerné par les agro-carburants. Actuellement, une production d’agro- carburant de 1 ère génération est située à l’usine d’INEOS à Verdun qui produit 200 000 t de biodiesel annuellement, correspondant à 2 320 GWh. Au total, 4 279 exploitations avaient, en 2007, des cultures énergétiques pour une superficie de 70 346 ha 2 soit 6 % de la SAU. La méthanisation figure également dans les orientations du SRCAE, à la fois pour la production d’énergie renouvelable (en notant que malgré le tarif de rachat de l’électricité, la rentabilité des unités de méthanisation reste difficile à atteindre du fait du montant des investissements nécessaires) et pour la valorisation (et donc la non-émission) du méthane issu des effluents d’élevage. L’amélioration des process agricoles constitue le dernier objectif du projet de SRCAE pour les activités agricoles. Sont visées notamment : - la diminution de l’épandage d’engrais azotés minéraux que ce soit par la substitution d’engrais minéraux par des engrais organiques ou par la réduction nette des apports azotés via notamment davantage de cultures de protéagineux ou de légumineuses, - la diminution du méthane entérique par des modifications apportées à l’alimentation des animaux. Dans le domaine des techniques culturales, la diminution des engrais azotés évoquée ci-dessus, comme celle des autres intrants, a un impact indirect fort sur la consommation énergétique liée à la fabrication desdits intrants mais aussi à leur épandage. A l’inverse, la réduction des phytocides notamment peut induire la mise en œuvre de techniques alternatives de nature mécanique qui seront consommatrices d’énergie. Des évolutions de pratiques sont testées dans le sens d’un travail simplifié du sol.

1 Source : projet de schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie de Lorraine 2 Source : Enquête structure 2007

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 57 Le plan de performance énergétique des entreprises agricoles est un dispositif d’aide aux investissements à vocation environnementale, mis en œuvre depuis 2009. Il vise à accroître la maîtrise énergétique des exploitations afin d’atteindre un taux de 30 % d’exploitations agricoles à faible dépendance énergétique d’ici 2013. Il porte essentiellement en Lorraine sur la mise en place de pré-refroidisseurs et la réalisation de travaux d’isolation. Cinq projets de méthanisation ont été subventionnés sur un volet national du dispositif. D’autres financements publics émanent du conseil régional de Lorraine et de l’ADEME.

Figure 81 : Carte 2011 des installations de méthanisation Au total, on recense 40 projets d’installations « à la ferme » dont une seule en fonctionnement et 6 en construction.

3.5. Quel devenir pour l’agriculture du massif vosgien ?

Nota : sauf précision particulière, les éléments suivants portent sur la partie lorraine du massif des Vosges. Le massif vosgien se caractérise par une présence de l’agriculture plus limitée que sur le reste du territoire lorrain, handicapée par des conditions de production plus contraignantes et concurrencée à la fois par une artificialisation des sols les plus accessibles et par une dynamique forestière forte. L’agriculture y occupe ainsi 18 % de la superficie totale contre 48 % au niveau régional. Si la SAU a régressé par rapport à la situation de 1979 (64 000 ha), elle est en légère augmentation en 2010 (59 000 ha) par rapport à 2000 (58 000 ha) et elle représente désormais 5,2 % de la SAU lorraine. La SAU est exploitée par 1 641 exploitations dont la taille moyenne (36 ha) est nettement inférieure au niveau régional (90 ha). La tendance à l’agrandissement des exploitations constatée aux niveaux national et régional concerne également le massif vosgien mais dans de moindres proportions : l’agrandissement moyen est de 11 ha entre 2000 et 2010 alors qu’il est de 22 ha en Lorraine et de 13 ha en France. La part des moyennes et grandes exploitations (36 %) est logiquement plus faible qu’au niveau régional (62 %). De même, les chefs d’exploitation et coexploitants pluriactifs sont plus nombreux qu’au niveau régional (30 % contre 23 %). L’âge moyen des exploitants est de 51 ans (contre 49 ans en Lorraine) mais il est surtout plus élevé pour les petites exploitations (55 ans) que pour les moyennes (47 ans) ou les grandes (44 ans). L’orientation de production largement dominante est l’élevage bovin (75 %) mais l’élevage ovin et caprin n’est pas négligeable (10 %). Le système polyculture élevage

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 58 concerne 10 % des exploitations et les grandes cultures 4 % des exploitations. La répartition des systèmes de production est plus stable qu’au niveau régional même si l’on retrouve une diminution de la part des exploitations laitières.

SAU 2000 SAU 2010

2% 2% 9% 10% 10% 10% 3% 4%

14% Polyculture, polyélevage Polyculture, polyélevage Céréales et oléoprotéagineux 17% Céréales et oléoprotéagineux Bovins lait Bovins lait Bovins mixte Bovins mixte Bovins viande Bovins viande 12% Ovins et caprins Ovins et caprins Autres Autres 13% 44% 50%

Figure 82 : Répartition de la SAU selon les systèmes de production sur le massif vosgien L’importance de l’activité d’élevage se retrouve sur la répartition de la SAU qui est composée à 81 % de prairies.

45 000

40 000

35 000

30 000

25 000 2000

Ha 20 000 2010

15 000

10 000

5 000

-

x s les u es e a aïs ir nt é ine M ra e ér Autres C ag rman Olé tempo Protéagineux pe es i es ir ri ra i P ra P Figure 83 : Evolution des surfaces des différentes productions végétales entre 2000 et 2010 sur le massif vosgien 1 La légère augmentation de la SAU constatée depuis 2000 a essentiellement profité aux prairies permanentes dont la superficie augmente, à l’inverse de la tendance régionale, tandis que les grandes cultures restent à peu près stables. Avec un nombre de bovins stable entre 2000 et 2010 (61 000), la tendance régionale de diminution du nombre de vaches laitières est également observée sur le massif vosgien mais de manière moins rapide (- 9 % sur le massif contre - 12 % en Lorraine). En 2010, le nombre de vaches nourrices représente un peu moins de la moitié du nombre de vaches laitières alors qu’il en représente 75 % au niveau régional. Sur le plan du revenu agricole, les références sont peu nombreuses mais dans le domaine du lait le revenu 2010 des exploitations installées en montagne vosgienne était d’environ la moitié du revenu régional (15,12 k€2 contre 29,21 k€3) Parmi les moyennes et grandes exploitations, 21 % des exploitations de l’ensemble du massif vosgien commercialisent en circuit court alors que la moyenne régionale n’est que de 13 %. Les productions sous signe de qualité sont dans la moyenne régionale c’est-à-dire à un niveau sensiblement plus faible qu’en moyenne nationale.

1 Source : RA 2000 et 2010 2 Source : Institut de l’élevage, Alsace, Lorraine, Champagne-Ardennes 3 Source : RICA, Comptes de l’agriculture

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 59 3.6. Un potentiel d’innovation insuffisamment valorisé

Disposant d’un maillage dense d’établissements de formation ( cf. paragraphe 2.4.3.2), la Lorraine bénéficie également d’un potentiel important en matière de recherche et d’enseignement supérieur dans les domaines agricoles et agroalimentaires. La réponse de ces derniers aux défis évoqués ci-dessus passe nécessairement par de l’innovation et du transfert technologique. La recherche dans les domaines agronomique, agroalimentaire, forestier, environnemental, se caractérise par une forte interpénétration entre les laboratoires universitaires (appartenant à la nouvelle Université de Lorraine (UL) qui vient de fusionner les quatre universités préexistantes pour atteindre 55000 étudiants dans l’ensemble des champs disciplinaires) et ceux de l’INRA (notamment l’unité « AgroSystèmes Territoires Ressources » (ASTER) basée à Mirecourt) ou d’Agro-ParisTech, du CNRS et de l’ANSES (implantée en Lorraine avec le laboratoire d’analyse de l’eau de Nancy et une unité d’analyse mycologique). Dans le nouveau schéma de l’UdL existent deux types de structuration : - s’agissant de l’enseignement supérieur, l’Institut national polytechnique de Lorraine (INPL), l’une des quatre universités préexistant à l’UL, devient la matrice d’un « collegium » des écoles d’ingénieur dont l’Ecole nationale d’agronomie et des industries agroalimentaires (ENSAIA) qui compte cinq laboratoires dans les domaines agricoles et agroalimentaires dont trois unités mixtes de recherche ave l’INRA et une avec le CNRS: o laboratoire agronomie et environnement (LAE) : interactions nutritionnelles sol/racine/micro-organismes, évaluation de l'impact des techniques de production végétale sur la qualité de l'environnement (air, eau, sol, biodiversité, paysage, énergie) et développement d'indicateurs agri-environnementaux (21 chercheurs et doctorants) o laboratoire sols et environnement (LSE) : acquisition de connaissances pour la requalification durable des sites dégradés et pollués par les activités industrielles passées (36 chercheurs et doctorants) o unité de recherche animal et fonctionnalités des produits animaux (URAFPA) : micropolluants et résidus dans la chaîne alimentaire et diversification en aquaculture continentale (38 chercheurs et doctorants) o laboratoire d’ingénierie des biomolécules (39 chercheurs et doctorants) o laboratoire réactions et génie de procédés (57 chercheurs et doctorants) - s’agissant de la recherche, l’UL a défini neuf pôles thématiques et transdisciplinaires, regroupant l’ensemble de ses moyens. Le pôle « alimentation, agriculture, forêts » (A2F) couvre quasiment l’ensemble des disciplines intéressant l’agriculture et l’agroalimentaire (à l’exception du groupement d’intérêt scientifique (GIS) sur les friches industrielles qui est rattaché au pôle géosciences). Le GIS « Forêt Agroalimentaire Biologie Environnement LORraine » (FABELOR) est un « pôle de compétence » reconnu par la direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère en charge de l’agriculture et il vient coordonner cet ensemble. Il constitue une structure de coopération légère entre les écoles, universités et instituts de recherche lorrains travaillant dans le domaine de l'agronomie, de l'agroalimentaire, de l'environnement et de la forêt. Au-delà de l’UL, d’Agroparistech et de l’INRA, il fédère

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 60 également des unités ou des chercheurs du CNRS, de l’ANSES et de l’INRIA. Trois domaines d’activités stratégiques (DAS) ont été identifiés : - DAS 1 : fonctionnement des écosystèmes forestiers - DAS 2 : ingénierie et sécurité des aliments, avec deux projets structurants : ingénierie des biomolécules pour la sécurité des aliments et la conception d’aliments fonctionnels et sécuriser les aliments en évaluant et prévenant les risques de transfert de contaminants dans la chaîne alimentaire - DAS 3 : territoires : sols, eau et biodiversité, avec deux projets structurants : le GIS friches industrielles (GISFI) et la Zone Atelier Moselle (ZAM) qui fédère 20 laboratoires de recherche sur la problématique de la sureté et de la sécurité de l'approvisionnement en eau des métropoles régionales à l’échelle du bassin versant de la Moselle. FABELOR assure des missions d’animation scientifique, de communication, de concertation avec les services de l’Etat et du Conseil régional, et de répartition budgétaire, notamment dans le cadre du CPER. Une autre structure fédérative existe pratiquement sur le même périmètre, il s’agit de la fédération de recherche EFABA qui joue essentiellement un rôle d’appui à la mutualisation des équipements lourds (plateformes) et des compétences associées. Avec la présence de l’Institut Français des Boissons, de la Brasserie et de la Malterie (IFBM) à Vandoeuvre-les-Nancy, la Lorraine dispose sur son territoire d’un institut national technique largement impliqué dans la recherche et le développement en agroalimentaire. Une unité mixte technologique (UMT) « QUALMAT » a ainsi été créée entre l’IFBM et l’ENSAIA, portant sur l’impact des moisissures contaminant l’orge de brasserie sur la qualité sanitaire et fonctionnelle du malt. L’IFBM est par ailleurs intégré à plusieurs réseaux mixtes technologiques (RMT) dans les domaines de la qualité nutritionnelle des aliments (NUTRIPREVIUS), de l’éco conception et de la valorisation des déchets agroalimentaires (ECOVAL), de la gestion durable des fluides, et des produits fermentés et distillés. Par ailleurs, l’IFBM est équipé d’une plate-forme d’essais en malterie, brasserie et boissons avec des pilotes semi-industriels, d’une boulangerie d’essais et de différents laboratoires permettant des analyses très larges sur la qualité des céréales que ce soit en malterie ou en meunerie. Une filiale de l’IFBM, QUALTECH, assure des prestations en développement notamment dans le domaine des attentes qualitatives des consommateurs vis-à-vis de l'ensemble des produits alimentaires, en particulier en termes sécuritaires et sensoriels. Le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (CRITT) AGRIA à Vandoeuvre-les-Nancy intervient dans les domaines de la nutrition, de la qualité, sécurité et traçabilité des aliments, dans celui des emballages ainsi que sur la valorisation non alimentaire des produits agricoles. Le CRITT AGRIA fait partie du RMT NUTRIPREVIUS. Il a par ailleurs monté en partenariat avec l’ENSAIA un laboratoire mutualisé (« Halle de génie culinaire ») pour aider à la formulation des produits et à la résolution de problèmes techniques de fabrication, à destination des entreprises d’agroalimentaires. L’ENSAIA est, de son côté, partenaire du RMT « PROPACK FOOD » qui travaille dans le domaine des interactions entre emballages, procédés de fabrication et aliments. L’institut de l’élevage (IDELE), l’institut du végétal (ARVALIS) et le centre technique des oléagineux (CETIOM) disposent chacun d’une antenne en région respectivement à Laxou, à Saint-Hilaire en Woëvre et à Laxou. Deux structures régionales, l’Association Régionale d’Expérimentation HORticole (AREXHOR à Roville-aux-Chênes) et l’Association Régionale d’Expérimentation Fruitière de l’Est (AREFE à Hattonville)

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 61 complètent l’activité d’expérimentation des instituts, dans leurs domaines respectifs. Une plateforme d’expérimentation maraichère est suivie par l’association alsacienne Producteurs de Légumes d'Alsace et du Nord Est pour la Technique et l'Expérimentation des Légumes (PLANETE Légumes) diffuse ses résultats par le biais d’un conseiller basé à Laxou. Dans le domaine des sciences humaines, pour lesquelles les territoires et filières ruraux n’étaient pas une entrée identifiée pour les universitaires de Lorraine, un travail d’identification de « l’offre » de formation et de recherche a conduit à publier fin 2011, en lien avec le Réseau rural, un « répertoire des études rurales en Lorraine »1. Si le lien entre recherche et développement existe dans le domaine agroalimentaire, notamment au travers de l’UMT, des RMT et du CRITT AGRIA, il est à noter que la région ne dispose que d’un seul pôle de compétitivité intéressant l’agriculture et l’agroalimentaire, avec le pôle Hydréos qui implique notamment Nestlé Waters et l’ANSES dans le cadre de projets innovants en particulier sur le thème d’une agriculture protectrice des ressources en eau. De même, la région compte entre vingt et trente pôles d’excellence rurale (PER) en fonctionnement (sur 34 labellisés) mais parmi lesquels seulement trois concernent spécifiquement ou largement l’agriculture et les produits alimentaires : le projet « Produits agroalimentaires du Centre Mosellan » à Morhange, le projet « Station expérimentale, pédagogique et touristiques sur la truffe» à Commercy et le « Centre d'expérimentation du développement durable » dans le pays barrois, qui s’intéresse notamment aux valorisations non alimentaires. Dans le domaine agricole, les nombreuses structures lorraines (instituts, recherche ou enseignement supérieur) ne font partie d’aucun RMT. La chambre régionale d’agriculture de Lorraine a développé un réseau d’expérimentation en lien avec les chambres départementales, animé par son service agronomie et développement durable au travers d’une commission régionale agriculture et développement durable. La CRAL participe au RMT national « dévAB » (agriculture biologique) animé par l’ACTA et l’APCA, au RMT « systèmes de culture innovants » animé par la chambre d’agriculture de Bourgogne et au RMT « biomasse » animé par la chambre d’agriculture de Picardie. Si les chambres d’agriculture de Lorraine sont partenaires dans dix appels à projets CASDAR, le rapport d’évaluation du programme régional de développement agricole et rural, rédigé en mars 2012 note que les chambres d’agriculture lorraines n’investissent que de manière secondaire les dispositifs d’appels à projets ou de partenariats dédiés, sans se positionner fortement dans les noyaux durs d’initiateurs. Au niveau régional, si des expérimentations sont menées par les chambres conjointement avec les instituts et les associations régionales, le lien avec la recherche se limite à des actions conduites avec l’INRA de Mirecourt dans les domaines de la gestion qualitative de l’eau et de l’agriculture biologique, et plus récemment avec l’ENSAIA (site de la Bouzule) également sur des thématiques liées à la qualité de l’eau. Dans ce domaine, la mise en œuvre du plan Ecophyto a permis de mobiliser l’ensemble des acteurs pour la mise en place d’un réseau DEPHY, outil structurant reposant sur : - 9 groupes de fermes de démonstration couvrant toutes les filières végétales présentes dans la région (auxquels participent quatre des exploitations des

1 « Etudes rurales en Lorraine. Répertoire des ressources en sciences humaines (recherche, enseignement supérieur) dans les domaines concernant les acteurs des territoires ruraux » - DRAAF Lorraine - Novembre 2011

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 62 établissements d’enseignement), au sein desquels les exploitants sont volontaires pour réduire leurs IFT si possible de 50 % par rapport à l’IFT de référence régionale et sont accompagnés d’un « ingénieur réseau » - 5 sites d’expérimentation associant l’ENSAIA, l’INRA, ARVALIS, le CETIOM, Coop de France (EMC2), l’ALPA et piloté par la CRAL travaillant sur l’étude de systèmes économes en intrants. De manière symptomatique, aucun sujet de thèse n’a encore été élaboré sur « commande » du monde agricole et la Lorraine est aujourd’hui la dernière région française à ne pas disposer d’une cartographie pédologique au 1 :250 000ème (en cours d’élaboration). En dépit du nombre important de structures de recherche et de développement implantées en Lorraine, l’articulation entre les différents acteurs semble difficilement lisible pour le monde agricole. Les partenariats régionaux entre les acteurs de la recherche agronomique et les professionnels de l’expérimentation sont très limités en dépit de la présence de la chambre régionale d’agriculture au sein de certaines instances de gouvernance (conseil scientifique de l’INRA Nancy, conseil d’administration d’Hydréos) et l’existence d’instances de coordination (FABELOR notamment). L’élargissement de la commission régionale agronomie et développement durable des chambres d’agriculture de Lorraine aux acteurs institutionnels et aux établissements de recherche constitue un axe d’amélioration potentielle. Le plan d’action régional Ecophyto et le schéma régional de développement de l’agriculture biologique retiennent la passation de commandes à la recherche pour progresser dans l’innovation agronomique.

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 63 Lexique

Exploitation agricole : unité économique qui participe à la production agricole et qui répond à certains critères : - elle a une activité agricole soit de production, soit de maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales ce qui lui permet de recevoir des aides découplées de l’outil de production (DPU), soit de mise à disposition de superficies en pacage collectif qui lui permet de déposer un dossier de demande de prime herbagère agro- environnementale (PHAE). - elle atteint une certaine dimension, soit 1 hectare de surface agricole utilisée, soit 20 ares de cultures spécialisées, soit une production supérieure à un seuil (1 vache ou 6 brebis mères…) - sa gestion courante est indépendante de toute autre unité. L’existence d’une immatriculation au répertoire des entreprises et des établissements Sirene ou d’un identifiant de demande d’aide de la Politique agricole commune présume de l’indépendance de gestion. SAU : surface agricole utilisée par les exploitations qui ont leur siège dans le département concerné. Ces exploitations peuvent utiliser des surfaces sur le département mais aussi hors du département. L'ensemble des terres est ramené au siège de l'exploitation . La SAU comprend les superficies en terres arables, les superficies toujours en herbe, les cultures permanentes de l'exploitation. A compter de 2010, les superficies en arbres de Noël sont comptées dans la SAU. Orientation technico-économique (OTEX) : La contribution de chaque surface ou cheptel à la production brute standard permet également de classer les exploitations selon leur spécialisation (orientation technico-économique). Production brute standard (PBS) : Les surfaces agricoles et les cheptels sont valorisés, pour chaque exploitation, selon des coefficients permettant le calcul de la production brute standard (PBS). Ces coefficients résultent des valeurs moyennes calculées sur la période 2005 à 2009. Ils s'appliquent également pour le calcul de la PBS 2000. Comme pour toutes les variables liées à l'exploitation, la PBS est ramenée au siège de l'exploitation. Dimension économique : La production brute standard (PBS) décrit un potentiel de production des exploitations permettant de classer les exploitations selon leur dimension économique en "moyennes et grandes exploitations", quand elle est supérieure ou égale à 25 000 euros, en "grandes exploitations", quand elle est supérieure ou égale à 100 000 euros. Actifs agricoles : personnes qui participent au travail de l’exploitation agricole. Les actifs familiaux comprennent les chefs d’exploitation, les coexploitants, ainsi que les membres de la famille, conjoints du chef d’exploitation et des coexploitants, enfants dès lors qu’ils fournissent un travail sur l’exploitation. Les salariés permanents occupent un poste toute l’année, quelle que soit sa durée, temps partiel ou complet. Les salariés saisonniers ou occasionnels ont travaillé à temps partiel ou complet, mais pendant une partie de l’année seulement. Le travail effectué sur l’exploitation comprend également les prestations fournies par des entreprises ou des Cuma. Il est alors compté en temps de travail. L’ unité de travail

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 64 annuel (UTA) permet de cumuler les différents temps de travail. Cette unité correspond à l’équivalent du temps de travail d’une personne à temps complet pendant un an.

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 65 ADEME : agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie AOC : appellation d’origine contrôle CGA : centre des groupements des agrobiologistes CIPAN : culture intermédiaire piège à nitrates CUMA : coopérative d’utilisation de matériel agricole DCE : directive cadre sur l’eau DJA : dotation jeune agriculteur EARL : exploitation agricole à responsabilité limitée ETA : entreprise de travaux agricoles FEADER : fonds européen agricole pour le développement rural GAEC : groupement agricole d’exploitation en commun GREN : groupe régional d’expertise nitrates IAA : industries agroalimentaires IGP : indication géographique de provenance MAEt : mesure agro-environnementale territorialisée NODU : nombre de doses unités OTEX : orientation technico-économique PAC : politique agricole commune PDRH : plan de développement rural hexagonal PMBE : plan de modernisation des bâtiments d’élevage PPE : plan de performance énergétique PVE : plan végétal environnement RCAI : revenu courant avant impôt RCAI/UTANS : revenu courant avant impôt par unité de travail annuelle non salariée RICA : réseau d’information comptable agricole SAFER : société d’aménagement foncier et d’établissement rural SAU : surface agricole utilisée SDAGE : schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux SIQO : signe d’identification de la qualité et de l’origine SRCAE : schéma régional climat, air, énergie SRCE : schéma régional de cohérence écologique STH : surface toujours en herbe STOC : suivi temporel des oiseaux communs UTA : unité de travail annuelle VL : vache laitière

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 66 Table des illustrations

Figure 1 : Zonage en aires urbaines et en aires d’emploi de l’espace rural...... 5 Figure 2 : Délimitation des petites régions agricoles ...... 7 Figure 3 : Esquisse pédologique des sols de Lorraine...... 8 Figure 4 : Défrichement en vue d’une réouverture de paysage...... 10 Figure 5 : Orientation économique des exploitations agricoles ...... 10 Figure 6 : Part de la STH par rapport à la superficie communale et par rapport à la SAU en 2010 ...... 11 Figure 7 : Répartition de la SAU des exploitations selon leur système de production 11 Figure 8 : Evolution des surfaces des différentes productions végétales entre 2000 et 2010...... 12 Figure 9 : Evolution de la surface toujours en herbe...... 12 Figure 10 : Evolution de la STH entre 2000 et 2010 et part de la surface drainée dans la SAU...... 13 Figure 11 : Répartition du chiffre d'affaires agricoles (hors subvention) en 2000 et 2010...... 14 Figure 12 : Surfaces de production de fruits et légumes en 2010 ...... 14 Figure 13 : Evolution des surfaces en céréales et des oléo-protéagineux ...... 15 Figure 14 : Evolution des surfaces en protéagineux...... 16 Figure 15 : Répartition des élevages bovins selon leur orientation...... 17 Figure 16 : Evolution du nombre de vaches laitières et nourrices ...... 17 Figure 17 : Evolution récente du cheptel bovin...... 18 Figure 18 : Saisonnalité de la production laitière (production lorraine 2009 et comparaison 2010) ...... 18 Figure 19 : Densité laitière sur le bassin laitier Grand-Est...... 18 Figure 20 : Répartition du chiffre d'affaires des IAA...... 20 Figure 21 : Production de poudre de lactosérum...... 20 Figure 22 : Evolution des abattages...... 21 Figure 23 : Evolution des abattages hors gros bovins ...... 21 Figure 24 : Solde commercial lorrain des différents produits agroalimentaires ...... 22 Figure 25 : Répartition des modes de commercialisation en circuit court ...... 23 Figure 26 : Evolution du nombre d’exploitations agricoles entre 2000 et 2010 ...... 26 Figure 27 : Evolution de la SAU moyenne entre 2000 et 2010...... 27 Figure 28 : Evolution des statuts des exploitations agricoles entre 2000 et 2010...... 27

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 67 Figure 29 : Evolution des modes de faire-valoir des terres pour les exploitations individuelles ...... 27 Figure 30 : Evolution de la répartition de la main d’œuvre agricole entre 2000 et 2010 ...... 28 Figure 31 : Répartition des UTA selon l’orientation d’exploitation ...... 28 Figure 32 : Pyramide des âges des exploitants en 2000 et 2010 ...... 29 Figure 33 : Evolution du nombre d’installations aidées en France et en Lorraine...... 29 Figure 34 : Evolution du taux d’installations non aidées entre 2001 et 2010 (exploitations moyennes et grandes) ...... 29 Figure 35 : Evolution des cessations d’activité et des installations...... 30 Figure 36 : Indices de pression de quelques formations de la voie professionnelle et de BTS...... 31 Figure 37 : Recours au service de remplacement en 2010 ...... 31 Figure 38 : Evolution du prix des terres et prés...... 32 Figure 39 : Evolution du marché agricole ...... 32 Figure 40 : Répartition géographique des emplois agricoles, en densité et en proportion (emploi agricole parmi les actifs occupés de 15 ans ou plus) ...... 34 Figure 41 : Nombre d'emplois agricoles par 100 ha de SAU et par 100 UGB selon l’orientation d'exploitation ...... 35 Figure 42 : Répartition géographique des salariés des IAA et localisation des principales IAA ...... 35 Figure 43 : Répartition des emplois par secteur d'activité des IAA ...... 36 Figure 44 : Evolution du nombre de salariés des IAA et de l'industrie...... 36 Figure 45 : Résultat courant avant impôt par actif non salarié selon les régions ...... 36 Figure 46 : Evolution du revenu courant avant impôt par actif non salarié ...... 36 Figure 47 : Résultat courant avant impôt par actif non salarié selon les OTEX en Lorraine ...... 37 Figure 48 : Revenu par hectare selon les orientations de production...... 37 Figure 49 : Dispersion du revenu agricole par OTEX en 2010...... 38 Figure 50 : Répartition du revenu selon la SAU pour l’orientation « grandes cultures » ...... 38 Figure 51 : Part des subventions dans le résultat par OTEX en Lorraine ...... 38 Figure 52 : Montant de subvention par hectare selon l’orientation de production...... 39 Figure 53 : Evolution de la production agricole (hors subventions) et des consommations intermédiaires...... 39 Figure 54 : Evolution 2000-2010 du prix d’achat des moyens de production agricoles en France ...... 39 Figure 55 : Evolution de la rentabilité et de la fragilité économique des exploitations selon leur orientation de production ...... 40

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 68 Figure 56 : Flux entrants et sortants des bovins abattus en 2011 ...... 41 Figure 57 : Répartition du cheptel bovin au 31/12/2011 et des abattages de bovins issus des exploitations lorraines en 2011 ...... 41 Figure 58 : Productions et capacités d’abattage pour les porcins et les ovins en 2010 42 Figure 59 : Logistique du blé tendre 2010/11 par les collecteurs lorrains ...... 42 Figure 60 : Logistique de l'orge 2010/11 par les collecteurs lorrains...... 43 Figure 61 : Utilisation des sols en Lorraine et en France en 2010 ...... 44 Figure 62 : Part de l’espace lorrain artificialisé en 2008...... 45 Figure 63 : Indicateurs de qualité des aux superficielles...... 46 Figure 64 : Evolution de la teneur annuelle en nitrates dans les eaux souterraines ..... 46 Figure 65 : Qualité nitrates des eaux superficielles et souterraines et zones vulnérables ...... 47 Figure 66 : Bilan d’azote agricole par ha de SAU : apports, exports et excédents ...... 47 Figure 67 : Evolution de la pression azotée annuelle (kg/ha fertilisable) ...... 48 Figure 68 : Evolution des quantités de substances actives...... 49 Figure 69 : Indicateurs de fréquence de traitement des grandes cultures...... 49 Figure 70 : Cartographie des zones à enjeu eau sur les bassins du Rhin et de la Meuse ...... 50 Figure 71 : Surfaces contractualisées en MAEt « DCE » ...... 50 Figure 72 : Localisation des cultures intermédiaires pièges à nitrates (1 point = 5 ha)51 Figure 73 : Part de l’agriculture biologique dans les départements lorrains fin 2011.. 51 Figure 74 : Evolution du nombre d’exploitations et des surfaces en mode de production biologique ...... 52 Figure 75 : Evolution de l’indicateur STOC des espèces d’oiseaux spécialistes des milieux agricoles entre 2001 et 2009 ...... 53 Figure 76 : Biomasse microbienne des sols ...... 54 Figure 77 : Surfaces contractualisées en MAEt « Natura 2000 » et « Biodiversité ».. 54 Figure 78 : La figure emblématique du verger de mirabelliers dans le paysage lorrain ...... 55 Figure 79 : Etat des plans de paysage...... 56 Figure 80 : Emissions 2005 de GES par secteur d’activité ...... 57 Figure 81 : Carte 2011 des installations de méthanisation...... 58 Figure 82 : Répartition de la SAU selon les systèmes de production sur le massif vosgien ...... 59 Figure 83 : Evolution des surfaces des différentes productions végétales entre 2000 et 2010 sur le massif vosgien ...... 59

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 69 Liste des tableaux

Tableau 1 : Principales productions végétales en 2010...... 14 Tableau 2 : Principaux cheptels et productions animales en 2010...... 16 Tableau 3 : Activités d'abattage en 2010...... 21

PRAD de Lorraine - Annexe 1 Version du 28/05/2013 70